VOYAGE AU ROYAUME DE COQUETTERIE

1671

FRANÇOIS HÉDELIN

PARIS, CHEZ CLAUDE MERCIER, IMP. LIBRAIRIE ET HOMME DE LETTRES, Rue du Coq Saint-Honoré n°120.

Version du texte du 06/02/2015 à 07:26:03.

LE LIBRAIRE AU LECTEUR

Ce discours est un vieil ouvrage d'une des meilleurs esprits de notre siècle, qu'il ne m'est permis de ta nommer : il le fit pas divertissement, dans un temps auquel il eut pu le donner au public sans le désavouer, et on lui a dérobé dans une profession en laquelle il ne croit pas qu'il lui soit bienséant de regarder ces matières que pour les condamner ; ce n'est pas qu'il n'ait assez bine tempéré, ce qu'on peut appeler les licences de la jeunesse et du Monde, et qu'il n'ait adroitement joint ici la solidité de la Morale avec les agréments de cette invention : Mais ceux qui le connaissent savent bien qu'il n'est pas de ces flatteurs, qui ne combattent les vices qu'avec de fleurs, et qu'il est persuadé qu'on n'y peut employer de glaives assez tranchants, ni de machines assez fortes. Si ce petit travail reçoit du public autant d'approbation comme il en a eu de ceux qui par les droits de l'amitié en ont eu a lecture dans le cabinet, je m'efforcerai de tirer encore quelques autres pièces qu'il nomme ordinairement delicta inventitus et qu'il a peine à faire voir à ses familiers. Ce sont de larcins qui ne seront pas condamnables, puisque j'en enrichirai le public : il ne faut que de l'industrie pour les commettre, et quand je t'en ferai part, je m'assure que tu ne refuseras point de t'en rendre complice par tes remerciements.

AVIS DE L'ÉDITEUR.

L'OUVRAGE que nous réimprimons eut beaucoup de succès lorsqu'il parut pour la première fois en 1660. Il fut publié sous le voile de l'anonyme, parce que l'état de son Auteur ne lui permettait pas de l'avouer. Aujourd'hui qu'il est permis de tirer le rideau, nous allons donner au Lecteur un extrait de la vie et des Ouvrages de cet écrivain.

François Hédelin , Abbé d'Aubignac et de Maimiac , né à Paris en 1604, fut d'abord Avocat, puis Ecclésiastique. Il fut Précepteur du Duc de Fronsac, neveu du Cardinal de Richelieu, ce qui lui valut la protection de ce Ministre et deux Abbayes. Il fut tour-à-tour grammairien, humaniste, poète, antiquaire, prédicateur et romancier. Il eut beaucoup de feu dans l'imagination, et plus encore dans le caractère. Son humeur hautaine , présomptueuse, difficile et bizarre lui suscita des querelles avec la plupart des gens de Lettres, tels que Corneille, Ménage, Richelet, et Mlle Scudery ; celle-ci lui reprocha d'avoir copié sa CARTE DE TENDRE. ( Voyez pour le reste le Dictionnaire des Crands Hommes, page 257, tome III ) Il mourut à Nevers en 1676, 72 ans.

Ses Ouvrages sont :

1°. Macarite , ou la Reine des îles fortunées. Paris. 1666. 2 vol. in-8°.

2°. Térence justifié : Livre plein de recherches sur le Théâtre ancien.

3°. Pratique du Théâtre. 2 Vol. in-8°. Paris, in-4°.

4°. Zénobie, Tragédie en pose.

5°. On lui attribue un Traité curieux et peu commun, des Satyres, Brutes, Monstres, etc. Paris. 1627. in-8°.

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