******************************************************** DC.Title = HORATIUS COCLÈS, ACTE LYRIQUE. DC.Author = ARNAULT, DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Acte lyrique DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/03/2023 à 06:58:12. DC.Coverage = Italie DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/ARNAULT_HORATIUSCOCLES.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57722621/f4.item DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** HORATIUS COCLÈS. ACTE LYRIQUE. Représenté pour la première fois, sur le Théâtre Natioanle de l'Opéra le décadi 30 pluviôse. PRIX 25 SOLS. M. DCC. XCIV. L'andeuxième de la république française Les paroles du Citoyen ARNAULT. La musique du Citoyen MÉHUL. Diffusion radiophonique le 17 avril 1930. PERSONNAGES. VALÉRIUS PUBLICOLA, consul, Lays. HORACE surnommé COCLÈS, Chéron. MUTIUS SCÉVOLA, Laîné. LE JEUNE HORACE, Rousseau. UN AMBASSADEUR DE PORSENNA, Dufresne. SÉNATEURS. ROMAINS. SOLDATS. CAPTIFS. PEUPLE. HORACE, ACTE LYRIQUE. Le Théâtre représente une vue de Rome, on apperçoit le pont Sublicius et une des principales portes. Dans l'intervalle qui sépare la Tibre des murs de la ville est un tombeau élevé à Brutus, Le camp de Porsenna se distingue dans le lointain. SCÈNE PREMIERE. Valerius, Horace, Peuple romain. CHOEUR DES ROMAINS. Et pour l'univers et pour Rome,Ce jour est un jour de douleur ;À Rome il ravit un vengeur Au monde il ravit un grand homme. CHOEUR DES ROMAINES. Brutus, tu dois être à la fois Honoré d'un sexe et de l'autre :Du tien tu rétablis les droits Et tu vengeas l'honneur du nôtre. VALÉRIUS. Ô Brutus ! Fixe tes regardsSur les bords désolés du Tibre ; Contemple, au sein de ces remparts,Rome assiégée et toujours libre.Des rois les efforts seront vains,Nous en attestons ta mémoire ;Et la liberté des Romains Doit durer autant que ta gloire. HORACE. Bellone accable nos guerriersDe tous les fléaux qu'elle entraîne.La faim poursuit dans ses foyersLe soldat vainqueur dans la plaine. Sur ce vieillard mourant, sur l'enfant au berceau,Elle étend sa main déchirante ;Elle tarit le sein de la mère expirante :Et Rome aux regards ne présenteQue des spectres errants dans un vaste tombeau. LE CHOEUR. Mais les efforts des rois sont vains,Nous en attestons la mémoire.Oui, la liberté des RomainsDoit durer autant que ta gloire. VALÉRIUS. Dût encor s'augmenter le péril où nous sommes, Sache le contempler sans en être abattu,Peuple libre ; ah ! Ce n'est qu'à force de vertuQu'on lasse le sort et les hommes. HORACE. Vous le savez, les destins ennemisM'ont ravi l'espoir de ma race. iL n'est plus de fils pour Horace,Mais il lui reste son pays.Montrer la tendresse d'un père,Ce n'est pas se déshonorer ;Et Sur une tête aussi chère, Un homme, un romain peut pleurer;Sans que le devoir en murmure,Le sang peut élever la voix ;Du devoir je connais les droits,Et je sens ceux de la nature. Mais au sein des maux les plus grands,Non moins courageux que sensible,On n'en doit vouer aux tyransQu'une haine encor plus terrible. Il prend le poignard déposé sur le tombeau de Brutus.Par ce fer qu'à nos yeux consacraient à la fois, Et le sang de Lucrèce, et le bras d'un grand homme,Jurons la ruine des rois,Jurons la liberté de Rome. LE CHOEUR. Jurons la ruine des rois,Jurons la liberté de Rome. SCÈNE II. Les Précédents, Mutius vêtu en Toscan. MUTIUS. Horace ! HORACE. Mutius ! MUTIUS, à Horace. Remets entre mes mainsCe fer, ce monument de pudeur et de crime. HORACE. Ce glaive encor fumant au sang de leur victimeEn doit être lavé dans le sang des Tarquins. MUTIUS. Un projet encor plus sublime Romains, doit en armer mon bras. VALÉRIUS. Quel est-il ce projet ? MUTIUS. Liberté, tu verrasCe que peut un Romain que ton génie anime. HORACE. Quoi, Mutius, après ses attentatsTarquin vivrait ! MUTIUS. Malgré sa haine, Tarquin, privé d'appui, n'aurait été jamaisQue l'obscur témoin des succèsDe la vertu républicaine.Il n'est ni roi ni citoyen,On peut le condamner à vivre. Mais c'est de ce tyran, d'un tyran le soutien,De Porsenna qu'il faut que mon bras vous délivre.Romains, ne nous abusons pas.Trop longtemps notre erreur extrêmeA fait la guerre à des soldats ; Je la déclare au tyran même.J'affronterai, dans mon transport,La garde dont il s'environne ;Heureux de recevoir la mort,Pourvu que mon bras la lui donne. Je tomberai percé de coups,Mais les miens auront sauvé Rome ;Et du moins le salut de tousRomains, n'aura coûté qu'un homme. VALÉRIUS. J'admire en frémissant le plus beau des projets. LE CHOEUR. Périlleuse et noble entreprise ! MUTIUS. N'en retardons pas le succès.Près du roi des toscans j'ai tends un libre accèsSous cet habit qui me déguise.Donne ce glaive. HORACE. Arrête. Et vous, Peuple Romain, Retenez ce héros qu'un zèle aveugle entraîne.Le succès est douteux, le péril est certain. MUTIUS. La gloire n'est pas moins certaine. DUO. HORACE. Je suis vieux, et je veux par un sublime effortTerminer ma carrière en sauvant ma patrie. Mutius, laisse-moi répandre sur ma mortLa gloire dont brillait ma vie. MUTIUS. Je suis jeune, et je veux par un sublime effortÉterniser ma gloire et sauver ma patrie.Pour m'immortaliser j'ai besoin de la mort, Lorsqu'il te suffit de ta vie. HORACE. Du trépas je dois préserverEt ta jeunesse et ta vaillance. MUTIUS. À Rome je dois conserverTa force et ton expérience. HORACE. Laisse-moi finir en soldatDes jours qui bientôt vont s'éteindre. MUTIUS. Longtemps j'en admirai l'éclat,Désormais j'y prétends atteindre. ENSEMBLE. La mort inutile à l'État Est la seule qu'on doive craindre, HORACE. Je suis vieux, etc. MUTIUS. Je suis jeune, etc. VALÉRIUS. Horace, à ce dernier succèsTrop de célébrité met obstacle peut-être. L'ennemi t'a vu de trop prèsPour qu'il puisse te méconnaître. LE PEUPLE. Pars, Mutius : mais à tes coupsSi les destins étaient contraires,Sois sûr de retrouver en nous Autant de vengeurs que de frères. MUTIUS. Ô bonheur ! À choix glorieux !Le peuple a prononcé. HORACE. Je n'ai plus rien à dire :À ses décrets je dois souscrire,Et sa voix est la voix des dieux. CHOEUR GÉNÉRAL. Liberté que son bras seconde,Toi qu'il défend, veille sur lui.La cause qu'il sert aujourd'huiUn jour sera celle du monde. Mutius s'éloigne. SCÈNE III. Valerius, Horace, Le Peuple. VALERIUS. Vieillard terrible et généreux, Je n'aurai pas longtemps enchaîné ton audace.Ce passage important que l'ennemi menace,Je le confie à ton bras valeureux.Le poste le plus dangereuxDoit être le poste d'Horace. Moi je cours attaquer Porsenna dans son campÀ la tête de notre élite.Au signal convenu, que dans le même instantHors des remparts chacun se précipite.Le jour à Brutus consacré Pour les tyrans doit être un jour terrible ;Et bientôt il aura montréQu'un peuple libre est invincible. HORACE. À t'imiter en tout Horace est préparé. Le Consul sort avec une partie des soldats. SCÈNE IV. Horace, Le Peuple. HORACE. Liberté, flamme active et pure, Embrase tout ainsi que moi ;Le mortel coupable envers toi,Est coupable envers la nature.À tes pieds l'orgueil expirantFrémit de rage en admirant Ton temple auguste qui s'achève.Les préjugés sont abattus.Ce n'est plus que par les vertusQue sur ses égaux on s'élève.Mais que veut ce soldat ? SCÈNE V. Les précédents, un envoyé. LE SOLDAT. Romains, un envoyé Au nom de Porsenna sur ces bords se présente. UN ROMAIN. Lorsque son maître aura ployéDevant la liberté naissante,On pourra l'écouter. HORACE. Qu'il soit admis, Romains,Et que, dans ce péril extrême Il puisse juger par lui-mêmeCe que sont des républicains. SCÈNE VI. Les Précédents, Le Député suivi de plusieurs Romains captifs et du jeune Horace. HORACE. Le voici, qu'aperçois-je ? Ô moment d'allégresse !Mon fils que je croyais victime du trépas,Mon fils accompagne ses pas. LE JEUNE HORACE. Je vous revois, mon père. HORACE. Honneur de ma vieillesse,Viens te jeter entre mes bras. LE DÉPUTÉ, après les avoir observés. Affligé des malheurs où vous êtes en proie,Jaloux d'en terminer le cours,Jaloux de prolonger vos jours, Romains, c'est Porsenna qui dans ces lieux m'envoie.Il a vu d'un oeil de pitiéD'un peuple et de son roi la longue inimitié.Du malheur de Tarquin touché moins que du vôtre,Il vous offre son amitié. HORACE. Son amitié ! J'ai cru qu'il implorait la nôtre. LE DÉPUTÉ. À l'accepter il est porté. HORACE. Il connaît donc bien peu ce peuple et son génie,S'il vient la demander sans avoir écartéDe la terre de liberté Les soldats de la tyrannie. LE DÉPUTÉ. De sa sincérité j'atteste pour garantsCes captifs qu'en ses fers mit le droit de la guerre :Il vous les rend ; il rend les enfants à leur père,Il rend le père à ses enfants. Romains, mettez un prix à tant de bienfaisance.Les Tarquins, qui peut-être ont abusé des droitsQue leur transmis la suprême puissance,Instruits par le malheur, à de plus douces loisRéclament plus d'obéissance. À ce prix on pardonne à la rébellion.Mais quel est ce profond silence ? HORACE. Celui de l'indignation. LE JEUNE HORACE. Tyrans, laissez-moi des entravesQui ne blessent point ma fierté. LE DÉPUTÉ. Vous refusez la liberté. HORACE. Non ? Nous refusons d'être esclaves. LE JEUNE HORACE. Ces fers sont moins pesants que ceuxDont nous avons su nous défaire. HORACE. Il n'est d'esclavage honteux Que l'esclavage volontaire. LE JEUNE HORACE. Est-il un seul fils, à ce prix,Qui voulut embrasser sa mère ? HORACE. À ce prix, est-il un seul pèreQui voulut embrasser son fils ! ENSEMBLE. LE JEUNE HORACE. Mon père, adieu, séparons-nousÀ votre fils l'honneur l'ordonne ;Et c'est lorsqu'il vous abandonne,Qu'il se montre digne de vous. HORACE. Adieu, mon fils, séparons-nous ; La voix de l'honneur te l'ordonne.Romains, c'est quand il m'abandonne,Qu'il se montre digne de vous. LE DÉPUTÉ. Tant de sublimité m'étonne,Et malgré moi j'en suis jaloux. LE JEUNE HORACE. Aux rois nous n'accordons ni ne demandons grâce.Aux fers tu peux nous renvoyer.Partons. LE DÉPUTÉ. La réponse d'HoraceN'est pas celle du peuple entier. HORACE. En douter, c'est lui faire outrage. LE DÉPUTÉ, au Peuple. Souscrivez-vous à ce traité ? UN ROMAIN. Un traité plus saint nous engage. UN AUTRES. Par Brutus il nous fut dicté. Tous les Romains se rassemblent autour du tombeau.« Si dans le sein de Rome il se trouvait un traîtreQui regrettât les rois et qui voulût un maître, Qu'il meure au milieu des tourments ;Que sa cendre parjure, abandonnée aux vents,Ne laisse plus qu'un nom plus odieux encoreQue celui des tyrans,Qu'à jamais Rome libre abhorre. » LE DÉPUTÉ. Et moi je jure, au nom des rois,À vous, à vous enfants une guerre éternelle. Il sort avec les Captifs. SCÈNE VII. Horace, Romains. HORACE. Aux remparts l'honneur nous appelle.Romains, entendez-vous fa voix .Marchons. Plusieurs divisions armées sortent de différents côtés. UN SOLDAT. Pour traverser le Tibre, Les ennemis s'avancent vers ces bords. HORACE. Pour repousser leurs vains efforts,Il suffirait d'un homme libre. LE SOLDAT. D'un vain espoir c'est se flatter.Du grand nombre ils ont l'avantage. HORACE. Le nombre vaut il le courage !C'est en les immolant qu'il faudra les compter. UN AUTRE SOLDAT. Les arrêter n'est pas dans le pouvoir d'un homme.Amis, brisez ce pont. HORACE, s'élançant sur le pont. Quoi qu'il puisse en coûter,Ne songeons qu'au salut de Rome. Les Toscans attaquent le pont défendu par le seul Horace, et que la hache des Romains fait bientôt écrouler dans le Tibre. Le héros s'y précipite après les ennemis , qu'il a luiseul arrêtés. LE CHOEUR. Tombez, fiers ennemis. UN ROMAIN. Ô Rome, ton hérosDe ses succès est la victime. UN AUTRE. Voyez échanger de l'abîmeHorace triomphant des Toscans et des flots. LE CHOEUR. De Rome intrépide appui, Jouis de la double gloireDont te couvrent aujourd'huiEt ta fuite et la victoire. UN ROMAIN. Horace, tu nous es rendu. On entend un bruit de guerre. HORACE. Entendez-vous, Romains, le signal attendu ? Ce pont brisé met-il obstacle à votre audace ?Marchons à l'ennemi par des chemins nouveaux.Pour l'éviter j'ai traversé ces eaux,Pour le chercher je les repasse.Avançons. SCÈNE VIII. Les Précédents, Mutius, la main droite enveloppée dans son manteau. MUTIUS. Arrêtez. LE CHOEUR. Mutius ! MUTIUS. Oui, Romains. HORACE. Le tyran n'est plus ! MUTIUS. Rome est libre.Porsenna, pour jamais détaché des Tarquins,S'éloigne en ce moment des rivages du Tibre. HORACE. D'où naît ce changement ? MUTIUS. Romains, j'ai pénétréDans la tente du tyran même. Ils étaient deux : j'entends contre Rome un blasphème.Je frappe qui l'a proféré.C'était un courtisan. Près du roi l'on m'entraîne,Qui peut, dit Porsenna, t'inspirer tant de haine ?Que prétends-tu ? Frapper un roi Complice de la tyrannie.J'avais juré, sur toi, de venger ma patrie.Trois cents romains l'ont juré comme moi.Mon bras seul a trahi mes serments héroïques ;Je l'en veux punir : et soudain J'étends cette perfide mainSur l'autel embrasé de ses dieux domestiques.La foule admire, et le tyran pâlit.Romain, sois libre, m'a-t-il dit.Ton Peuple n'est pas fait pour ployer sous un maître. Je renonce à mes vains projets.Un peuple, je le reconnais,Est libre aussitôt qu'il veut l'être. SCÈNE DERNIÈRE. Les Précédents, Valerius. [HORACE]. Romains, apprenez nos succès,Ils ont passé notre espérance. VALÉRIUS. La victoire en nos murs ramène l'abondance.Horace, je te rends ton fils.Tarquin fuit loin de Rome ensevelir sa honte :Romains, je vous l'avais promis.Il n'est pas de danger que l'homme ne surmonte. Guerriers libres et triomphants,Célébrez vos exploits : désormais Rome compteAutant de héros que d'enfants. CHOEUR GÉNÉRAL. Les rois pesaient sur notre tête.Chantons la ruine des rois. Les tyrans usurpaient nos droits,De nos droits chantons la conquête.L'homme a repris sa dignité,Le Peuple est rentré dans sa gloire ;Le Peuple jure la victoire, Quand il jure la liberté. ==================================================