******************************************************** DC.Title = LES NOCES DE POLICHINELLE, COMÉDIE. DC.Author = BEISSIER, Fernand DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:07:43. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BESSIER_NOCESDEGUIGNOL.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57435258 DC.Source.cote = BnF LLA 8-YF-673 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LES NOCES DE POLICHINELLE 1894 Tous droits réservés. FERNAND BESSIER IMPRIMERIE GÉNÉRALE de Chatillon-sur-seine. - [...] PERSONNAGES. POLICHINELLE. PIERROT. GUIGNOL. MONSIEUR MARCUCHET. MADAME MARCUCHET. LA MARIÉE. ROSETTE. LE MAIRE. Un salon chez Monsieur Marcuchet. ACTE I SCÈNE PREMIÈRE. MONSIEUR MARCUCHET, entrant. Il est en habit noir. Il va à la pendule.Déjà dix heures... Je commence à être inquiet... Mon gendre devrait être ici. - Quand je dis mon gendre, c'est mon futur gendre que je devrais dire. Car aujourd'hui même, ce matin, je marie ma fille, ma fille unique à monsieur Polichinelle, un excellent parti, un homme sérieux, d'âge mûr, bien fait de sa personne malgré ses deux bosses. Il devait arriver à neuf heures avec ses deux témoins, deux personnages de haute condition, m'a-t-il dit. Il est dix heures et il n'est pas encore arrivé ! Tout le monde est prêt. Ma fille a mis sa robe blanche, son bouquet de fleur d'oranger. Moi, j'ai passé mon habit noir. Le maire a ceint son écharpe. Nous n'attendons plus que le futur et ses deux témoins. On sonne.Ah ! Enfin, les voilà ! SCÈNE II. Marcuchet, Pierrot, Guignol, Polichinelle. MARCUCHET. Et arrivez donc, mon gendre, j'étais d'une impatience... POLICHINELLE. Mes deux témoins n'étaient pas prêts. MARCUCHET. Ah ! Ces messieurs sont... POLICHINELLE. Les amis dont jo vous avais parlé... MARCUCHET, bas. De hauts personnages... POLICHINELLE, id. De très hauts personnages. Haut, les présentant.Monsieur Pierrot et Monsieur Guignol. MARCUCHET, saluant. Messieurs, je suis vraiment pénétré de l'honneur de... GUIGNOL, lui donnant un renfoncement. C'est bon, c'est bon, fais pas tant ta poire, vieux pot à moutarde ! Nous savons ce quo parler veut dire. MARCUCHET. Pot à moutarde ! PIERROT. Vieux chaudron fêlé ! Si vous aimez mieux. MARCUCHET. Mais... POLICHINELLE. Faites pas attention, beau-père. Ils ont le coeur sur la main. Bas.Tenez-vous bien, que diable ! PIERROT. N'aie pas peur ! À Marcuchet. À quelle heure tortille-t-on ? MARCUCHET. Hein ? GUIGNOL. On te demande à quelle heure on mange. Tu ne comprends donc pas le français ? MARCUCHET, étonné. Mais après la cérémonie. À part.Pour de hauts personnages, je les trouve un peu familiers. GUIGNOL. Eh bien ! Dépêchons-nous. PIERROT. Bâclons vite la petite fête. J'ai une faim de tous les diables ! GUIGNOL. Et moi. À Marcuchet.Va chercher ton rejeton. PIERROT. Ton singe. MARCUCHET. Mais... GUIGNOL, lui dcnwmt un rinfonctment. Ta fille, donc ! Est-il bête. MARCUCHET, à Polichinelle. Dites donc, je trouve les façons d'agir de vos amis un peu... brusque. POLICHINELLE, bas. Ils ont tant voyagé ! Mais vous vous y ferez à la langue. MARCUCHET, frottant la tête. Je les trouve néanmoins un peu trop directes... Ils vont à Pierrot et à Guignol. Messieurs, je vais chercher la mariée et madame Marcuchet. GUIGNOL, même jeu que plus haut. Eh ! Va donc, vieux blagueur ! Monsieur Marcuchet tombe sur Pierrot qui te repousse sur Guignol. PIERROT. Marchand de coco ! GUIGNOL, le poussant dehors. Vieux raseur ! SCÈNE III. Polichinelle, Guignol, Pierrot. GUIGNOL. Je croyais qu'il ne s'en irait plus !... POLICHINELLE. Et maintenant rappelons-nous bien nos rôles. Il s'agit de s'emparer de la dot que le papa Marcuchet donne à sa fille, puis de filer au plus vite. PIERROT. Sitôt le mariage fait. POLICHINELLE. Ah ! Non... Voilà justement le difficile. Je ne peux pas me marier, puisque je le suis déjà. GUIGNOL. C'est juste. Rosette? POLICHINELLE. Qui ne se doute do rien... Car si elle soupçonnait la vérité, Oh ! Mes enfants, quel carnage ! PIERROT. Mais qui t'empêche alors de te marier une seconde fois ? POLICHINELLE. Malheureux ! Je serais bigame ! PIERROT. Bigame ! GUIGNOL. Et les bigames... Couic ! Il fait le geste d'être pendu. POLICHINELLE. On les pend sans plus de façon. GUIGNOL. Eux et leurs témoins. PIERROT. Allons-nous en ! POLICHINELLE. Est-il poltron ! Puisque je ne me marierai pas GUIGNOL. Oui. - Il s'agit de trouver le moyen de te marier sans te marier. PIERROT. Est-il savant, ce Guignol ! GUIGNOL. Es-tu naïf !... J'ai été cinq ans garçon de salle dans une école primaire. Matin et soir je balayais la classe. C'est là où j'ai fait toute mon éducation. POLICHINELLE. Du bruit ! Voilà la famille Marcuchet. - Attention ! Reprenons nos rôles. GUIGNOL. Et de la tenue, Pierrot ! Il donne un renfoncement. SCÈNE IV. Marcuchet, Madame Marcuchet, La Mariée, Pierrot, Guignol, et Polichinelle. MARCUCHET. Messieurs, voici ma femme et ma fille. Leur présentant les témoins.Et voici ces messieurs qui ont bien voulu nous servir de témoins. Monsieur Guignol et monsieur Pierrot. GUIGNOL, à Marcuchet. Dites donc, vous, le vieux, pourquoi votre femme s'est elle mise un melon sur la tête ? MARCUCHET. Un melon, où ça ? GUIGNOL. Mais là, vieille citrouille ! MARCUCHET. Mais c'est son chapeau. PIERROT. Oh ! Là ! Là ! Il lui donne un renfoncement. GUIGNOL, frappant sur la tête de madame Marcuchet. Mettez-le donc droit, au moins si c'est un chapeau. MADAME MARCUCHET, appelant. Monsieur Marcuchet ! MARCUCHET. Ne fais pas attention, bobonne, il parait que c'est une manière, à eux, de faire des compliments. - À Polichinelle.Mon gendre, le bras à ma femme. Moi je prendrai le bras de ma fille. POLICHINELLE, s'avançant. Belle-maman ! Ils sortent. MARCUCHET, s'approchant delà mariée. Ma fille... GUIGNOL. Attends donc, un instant, Ferdinand ! Il lui donne un renfoncement. PIERROT, même jeu. Va mettre le couvert, Dagobert ! GUIGNOL. Une, deux ! PIERROT. Et trois ! Ils enlèvent la mariée.Enlevez ! Ils sortait. MARCUCHET, va pour les suivre. Ah ! Mon Dieu ! Mais ils emportent la mariée sur leurs épaules.. Mais ils sont fous ! Et... Au moment où il va pour sortir, Rosette entre. SCÈNE V. Marcuchet, Rosette, avec un balai à la main. ROSETTE. C'est-il ici monsieur Marcuchet ? MARCUCHET. C'est moi, mais je n'y suis pas ! ROSETTE, le retenant. Qu'est-ce qu'il dit ? MARCUCHET. Je dis que je n'ai pas le temps de vous écouter, je cours... ROSETTE. Veux-tu bien rester là, vieux déplumé! MARCUCHET. Mais... ROSETTE. Ah ! Tu sais, ne bouge pas ou je cogne ! MARCUCHET. Qu'est-ce que c'est que ça ? ROSETTE. Ça ! C'est moi, Rosette, qui viens chercher mon mari. On m'a dit l'avoir vu entrer ici, chez vous, il me le faut. Rendez-le moi, ou je fais un malheur. MARCUCHET. Mais je ne l'ai pas, votre mari. ROSETTE. Tu ne l'as pas? MARCUCHET. Et non ! Qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse ? ROSETTE. Tu n'as pas vu mon Polichinelle ? MARCUCHET. Polichinelle ? Ah ! Mon Dieu ! ROSETTE. Quoi ? MARCUCHET. Mais c'est lui qui se marie avec ma fille. ROSETTE. Il se marie ! MARCUCHET. À l'instant même... Il faut courir ! ROSETTE. Ah ! Elle s'évanouit dans les bras de Marcuchet. MARCUCHET. Allons bon, celle-ci qui s'évanouit maintenant.... et les autres qui sont à la mairie ! Madame ! Madame ! Revenez à vous, je vous en prie. Si je lui frappais dans les mains ? Il lui cogne ta tête contre le rebord du théâtre. ROSETTE. Ah ! Elle se redresse.Et c'est toi qui me prends mon mari ! Elle le roue de coups de balai.Attends ! Tiens ! Tiens! MARCUCHET. Mais je n'en veux pas de votre mari ! Reprenez-le. Au secours ! À la garde ! À l'assassin ! ROSETTE. Et maintenant courons à la mairie. MARCUCHET, se frottant les épaules. C'est peut-être par là que nous aurions dû commencer ! ROSETTE, le menaçant de son balai. File devant ! Et ne te plains pas. Les autres n'auront rien perdu pour attendre. Ils sortent. ACTE II La mairie. SCÈNE PREMIÈRE. LE MAIRE, seul. Ah ! Mais il me semble que la noce Marcuchet se fait bien attendre. Voilà près d'une heure que j'ai mis mon écharpe et ils n'arrivent pas. J'ai envie de m'en aller. Voyant entrer Guignol et Pierrot. Qui sont ces gens-là ? SCÈNE II. Guignol, Pierrot, Le Maire. GUIGNOL, à Pierrot, bas. Tu vas voir, mon moyen. C'est l'affaire de deux minutes, Haut. Monsieur le Maire, s'il vous plaît ? LE MAIRE. C'est moi. GUIGNOL, saluant. Il n'y a pas de sot métier. PIERROT. Et d'ailleurs cela se voit tout de suite. LE MAIRE. Vous trouvez ! PIERROT. Vous en avez l'air du moins. LE MAIRE. C'est de naissance. GUIGNOL, à part. Attends, je vais t'en donner de la naissance. Haut.Vous êtes tout seul, à cette heure, dans la mairie ?... LE MAIRE. Oui. À part.La drôle de question ! PIERROT, bas. Pourquoi lui demandes-tu tout cela ? GUIGNOL, id. Tu vas voir. Haut.Et vous n'attendez personne ? LE MAIRE. Si, une noce. GUIGNOL. La noce Marcuchet ? LE MAIRE. Oui. Mais pourquoi toutes ces questions ? GUIGNOL, lui montrant une porte à gauche. Tu vas le savoir, mon fils. Pierrot, ouvre ce cabinet. PIERROT. Voilà. GUIGNOL. N'a-t-il pas d'autre issue que cette porte. PIERROT. Non. GUIGNOL. Bien. Alors, tu vas empoigner délicatement monsieur et tu vas l'enfermer là-dedans, où il nous donnera sa parole de rester tranquille jusqu'à ce qu'on vienne le délivrer. LE MAIRE. Mais ils sont fous !... GUIGNOL. Pierrot, enlevez Monsieur. LE MAIRE. Mais !... GUIGNOL. À moins qu'il ne veuille y entrer de sa propre volonté convaincu par les arguments... Il prend son bâton. LE MAIRE, à part. Si je pouvais m'échapper. GUIGNOL. Que voici. Il frappe.Arguments « ad hominem » et de première qualité. LE MAIRE. Au secours ! À moi! GUIGNOL. Redoublons nos arguments ! Et aïe donc ! Un ! Deux ! Trois ! Autant que tu en voudras ! Pierrot, emmenez monsieur. Il est convaincu. LE MAIRE. Je suis moulu. GUIGNOL. C'est la même chose. Rentrez là, tranquillement. LE MAIRE. Ah ! Sacripants ! À part.Et j'ai renvoyé tous les gendarmes. GUIGNOL. Allons... vite... J'entends la noce. LE MAIRE. Bandits ! PIERROT, le poussant à coups de tête. Rentre donc ! GUIGNOL. Tes injures ne nous touchent pas. PIERROT. Ça y est ! Il ferme la porte. Bouclé... Et maintenant m'expliqueras-tu ?... GUIGNOL. Rien de plus simple... Je prends la place du maire... je mets son écharpe... je marie Polichinelle... Il louche la dot, et nous liions tous les trois, sans courir aucun risque. Le mariage sera nul... puisque ce n'est pas le maire qui l'aura célébré. Donc rien à craindre. Papa Marcuchet criera ; mais nous aurons gagné la sacoche et évité la pendaison. PIERROT, s'inclinant. Guignol ! Vous êtes grand comme le monde ! GUIGNOL. Monsieur Pierrot, vous n'êtes qu'un vil flatteur ! On vient... je vais mettre mon écharpe. Il sort. PIERROT. Pourvu qu'on ne s'aperçoive de rien avant le déjeuner. SCÈNE III. Pierrot, Polichinelle, Madame Marcuchet, Le Maire, puis Guignol. POLICHINELLE, entrant. Eh bien ! Sommes-nous prêts ? LA MARIÉE. Mais, papa... POLICHINELLE. Il nous suit ! MADAME MARCUCHET. Monsieur Marcuchet est toujours en retard. PIERROT, annonçant. Monsieur le Maire. MADAME MARCUCHET. Tiens-toi droite, ma fille. LE MAIRE. Oui, maman ! Guignol parait. POLICHINELLE, à part, à Pierrot. Mais c'est Guignol ? PIERROT, bas. Oui, c'est le moyen dont il nous avait parlé. POLICHINELLE. Bravo ! Je comprends. Saluant.Monsieur le Maire... TOUS, saluant. Monsieur le Maire... GUIGNOL. Bonjour ! Bonjour !... Petites gens !... Vous venez pour vous marier... Dépêchons-nous, car on m'attend pour présider un concours d'animaux gras... Et j'adore le boudin. MADAME MARCUCHET, le reconnaissant. Ah ! Mon Dieu ! POLICHINELLE. Quoi ! GUIGNOL. Quoi ! MADAME MARCUCHET. Mais ce n'est pas le maire. GUIGNOL. Cette femme est folle. MADAME MARCUCHET. C'est monsieur Guignol, votre premier témoin. GUIGNOL. Guignol. Qui ça ? Où çà ? POLICHINELLE. Vous avez la berlue. PIERROT. Tu es toquée, vieille limande ! GUIGNOL, gravement. Laissez ! Laissez !... Madame est victime d'une ressemblance. Il y a comme cela, de par le monde, des êtres qu'on prendrait facilement les uns pour les autres, si l'habitude ne vous les faisait reconnaître. Ainsi Madame pourrait être facilement prise pour une morue. PIERROT. Dessalée ? GUIGNOL. Dessalée !... Comme dit monsieur, mais en la regardant plus attentivement on s'aperçoit qu'elle a quelques rares points de dissemblance. PIERROT. S'exprime-t-il bien cet animal-là ! GUIGNOL. Du reste, un mot va la convaincre... Quelle est la chose qui constitue un maire ? POLICHINELLE. Oui ! PIERROT. Oui ! GUIGNOL. C'est l'écharpe ! Ai-je l'écharpe ? PIERROT. A-t-il l'écharpe ? POLICHINELLE. Il a l'écharpe. GUIGNOL. Donc je suis le maire, le seul, le vrai, garanti contre toutes les contrefaçons. Donc, dépêchons ! MADAME MARCUCHET, à Polichinelle. Êtes-vous convaincu ? POLICHINELLE. Puisqu'il a l'écharpe ! MADAME MARCUCHET. C'est égal !... GUIGNOL. Y sommes-nous ? MADAME MARCUCHET. Mais mon mari n'est pas encore là. GUIGNOL. Votre mari n'est ici d'aucune nécessité. MADAME MARCUCHET. Cependant... GUIGNOL. Ah ! Dites donc, quand vous aurez Oui de discuter avec l'autorité, il faudra me le dire ! PIERROT, criant à l'oreille de madame Marcuchet. Silence ! GUIGNOL. Je commence. À part.Par où vais-je bien commencer. Ah ! J'y suis. Ne nous trompons point : la loi... HautJe vais vous lire la loi. PIERROT, lis. Dépêche-toi donc ! GUIGNOL, id. Sauvons les apparences ! Haut.Article 1 . Quand votre belle-mère vous ennuiera, cognez dessus. - Article 2. MADAME MARCUCHET. Quelle est cette loi ? GUIGNOL, avec aplomb. La nouvelle ! Continuant.Article 2. Il n'y en a pas... - Article 3... Comme l'article 2. - Maintenant approchez-vous ? - Une - deux - trois - époux - epousum, secula, seculorum. Tout le reste en uni. C'est fini... Allez-vous en... - Bonsoir. - Ouf ! MADAME MARCUCHET. Et mon mari qui n'arrive par»! POLICHINELLE. Allons à sa rencontre... On entend la voix de monsieur Marcuchet crier. MONSIEUR MARCUCHET. Arrêtez-les ! Arrêtez-les ! GUIGNOL. Le papa ! POLICHINELLE, regardant. Et Rosette ! PIERROT. Nous sommes flambés ! - Sauve qui peut ! MADAME MARCUCHET, les regardant. Mais où allez-vous donc ? GUIGNOL. À l'isthme de Panama... - Voir les travaux ! Venez-vous ? MADAME MARCUCHET. Mais GUIGNOL. Enlevez belle maman ! Ils entraînent Madame Marcuchet qui crie :Au secours ! LA MARIÉE, appelant. Maman ! Maman ! PIERROT, lui donnant un coup de bâton. Veux-tu bien ne pas crier comme ça ! SCENE IV. La Mariée, Monsieur Marcuchet, Rosette. ROSETTE. Où sont-ils ? LA MARIÉE, courant à monsieur Marcuchet. Ah ! Papa ! MONSIEUR MARCUCHET. Un mot - un seul ! Es-tu mariée ? LA MARIÉE. Oui ! MONSIEUR MARCUCHET. Trop tard ! ROSETTE. Où est le maire ? LE MAIRE, frappant à la porte du cabinet où on l'a enfermé. Je suis là ! Ouvrez ! ROSETTE. Qui êtes-vous ? LE MAIRE. Le maire ! ROSETTE. Ah ! Tu es là ! Attends. À Monsieur Marcuchet. Prenez-moi ce bâton. MONSIEUR MARCUCHET. Est-il solide ? ROSETTE. Je le crois. Elle va ouvrir.Attention ! Au maire.Donnez-vous donc la peine de sortir. LE MAIRE. Trop aimable, chère madame. - Ouf ! Je commençais à étouffer là-dedans. ROSETTE, commandant. Une, deux ! MONSIEUR MARCUCHET. Feu partout! Ils rossent le maire. LE MAIRE. Au secours ! À la garde ! À l'assassin ! ROSETTE. Brigand ! Voleur ! Chenapan ! MONSIEUR MARCUCHET. Mais réponds donc, si tu l'oses ! LE MAIRE. Au secours ! Il tombe sur le devant en criant. MONSIEUR MARCUCHET. Et maintenant expliquons-nous. Pourquoi les as-tu mariés ? ROSETTE. Où est Polichinelle ? MONSIEUR MARCUCHET. Où est Madame Marcuchet ? LE MAIRE. Mais je ne sais pas, je ne connais pas ces gens-là. ROSETTE. Comment ? MONSIEUR MARCUCHET. Que nous chante-t-il là ? LE MAIRE. Je ne chante pas, et même, je vous prie de croire que je n'en ai nulle envie, au contraire ; je dis seulement que je ne comprends rien à toutes vos questions. MONSIEUR MARCUCHET. Tu ne viens pas de marier ma fille ? ROSETTE. Avec mon mari ? LE MAIRE. Mais je n'ai marié personne, on m'avait enfermé là-dedans. MONSIEUR MARCUCHET. Ah ! Bah ! À sa fille.Ce n'est donc pas monsieur qui vous a mariés ? LA MARIÉE. Non ! MONSIEUR MARCUCHET, au maire. Mille excuses alors. Nos coups de bâton se sont trompés d'adresse ! LE MAIRE, se frottant le dos. Si vous pouviez me les reprendre. ROSETTE. Mais tout cela ne nous dit pas où se sont enfuis les autres. MONSIEUR MARCUCHET. Ni qui les a mariés. GUIGNOL, passant sa tête par une fenêtre, dans le fond. C'est moi. ROSETTE. Guignol ! MONSIEUR MARCUCHET. Le témoin ! LE MAIRE. Mon voleur ! GUIGNOL. Pardon ! Pas de gros mots,... et écoutez ma proposition. Nous vous avons enfermés ; nous tenons Madame Marcuchet en notre pouvoir ; nous vous proposons la paix ! ROSETTE. Mon mari ! GUIGNOL. Il est là ! Il n'attend que votre pardon ! ROSETTE. Mais ce mariage... GUIGNOL. Une simple plaisanterie. Histoire de rire une heure ou deux ! ROSETTE. Je pardonne. MONSIEUR MARCUCHET. Mais... GUIGNOL. Si vous n'acceptez pas, nous vous laissons mourir de faim ; et nous emportons au bout du monde Madame Marcuchet. MONSIEUR MARCUCHET. Ma femme, ce me serait égal ! Mais mourir de faim... Non, je pardonne aussi ! GUIGNOL. Et Monsieur le maire ! LE MAIRE, solennellement, La clémence est la vertu des grands ! GUIGNOL. Ra-ta-plan ! La paix est faite, j'ouvre. Il disparaît de la fenêtre. SCÈNE V. Tous les personnages. ROSETTE, embrassant son mari. Polichinelle ! POLICHINELLE. Ma chère petite Rosette ! MADAME MARCUCHET, même feu. Monsieur Marcuchet ! MONSIEUR MARCUCHET. Tout est arrangé. GUIGNOL, lui serrant ta main. Je ne vous en veux plus. MONSIEUR MARCUCHET. Vous êtes bien bon ! Et maintenant pour fêter cet heureux dénouement, je vous invite tous à venir, chez moi, prendre part au repas que j'avais préparé. Monsieur le Maire nous fera l'honneur d'y assister. LE MAIRE. J'accepte : les coups de bâton m'ont creusé. MONSIEUR MARCUCHET. Allons nous mettre à table ! POLICHINELLE. Bravo ! Si jamais j'écris une pièce de théâtre, je finirai comme cela. C'est le dénouement le plus intéressant et le plus vrai. Au rideau ! Au public. Ainsi finit la comédie ! ==================================================