******************************************************** DC.Title = ZOROASTRE, OPÉRA DC.Author = CAHUSAC, Louis de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Opéra DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 07/03/2021 à 13:39:59. DC.Coverage = Afghanistan DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CAHUSAC_ZOROASTRE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71865f DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** ZOROASTRE OPÉRA. Représenté pour la premier fois par l'Academie Royale de Musique le 5 Décembre 1749 et remis au théâtre le 20 janvier 1756. PRIX XXX SOLS. M. DCC. LVI. AVEC APPROBATION ET PRIVILÈGE DU ROI. PRÉFACE On regarde Zorosastre comme l'inventeur de la Magie, (a) l'opinion la plus commune est qu'il fut Roi de la Bactriane. Il n'est point d'homme de l'antiquité dont on ait écrit et conté tant de fable. On ne s'accorde ni sur le temps, ni sur le lieu de sa naissance ; on n'est guère mieux instruit des climats où il la plus constamment vécu, ni de celui où il a cessé de vivre. (b) Il fut l'instituteur des Mages, les premiers Philosophes de la terre ; il inventa un bon et un mauvais principe, se combattant sans cesse, jusqu'à ce que l'auteur du bien put remporter une victoire copmplète sur l'auteur du mal. (c) Il donnait au premier le nom d'Oromase ou de Lumière, et au dernier celui d'Ariman ou de Ténèbres. (d) Il rendait un culte solennel au Soleil et au feu ; mais pas un impulsion sublime de son génie, il n'honorait l'un, (e) que comme le trône, l'autre que comme le symbole du principe immuable, objet unique de son adoration. Il supposait des Êtres inférieurs répandus dans les différentes sphères, pour y maintenir cette harmonie, si nécessaire ua monde. Selon Plutarque, il entretenait avec ces Génies le commerce le plus intime. C'était là sa magie. (f) Un personnage aussi célèbre par ses principes et par ses actions, les révolution qu'il a causé dans les esprits, la puissance surnaturelle que les traditions anciennes lui attribuent, les biens sans nombre qu'il a répandu sur l'humanité, ont paru le champ le plsu fertile pour un théâtre qui mériterait d'être mieux connu, et auquel l'opinion commune semble prescrire des bornes que l'art a craint trop longtemps de franchir. On oppose à ZOROASTRE un prêtre ambitieux, Ministre farouche du mauvais principe ; on le suppose l'inventeur de cette magie, (g) dont le pouvoir redoutable émane des esprits de ténèbres. C'est à lui qu'on attribue l'institution sacrilège du culte des Idoles, et toutes les erreurs grossières qui ont si longtemps égaré L'Univers. (h) On établie, en un mot, Zoroastre et Abramane rivaux de puissance, de gloire et d'amour. La force du sujet offre ainsi d'elle même le spectacle de la vertu toujours persécutée et jamais abattue, triomphante enfin au moment même, où l'artifice, la haine, la vengeance ont porté son infortune jusqu'au dernier période du malheur. (j) Que de grands tableaux, que des machines ingénieuses, quel jeu continuel des plus fortes passions, quelle foule de situation frappantes ne devrait-on pas attendre d'un fonds aussi riche, si le bonheur de l'art l'avait fait tomber en des mains plus gabiles. (a) On distingue deux sortes de Magie ; la Goetie qui est regardée comme diabolique ; et la Theurgie qui est toujours bienfaisante. Les bons critiques s'accordent sur la pluralité des Zoroastres, comme sur le pluralité des Hercules ; par ce moyen on peut concilier les actions tout-à-fait contraires attribuées à ce personnage célèbre. Prid. Hist. des J. Pli. Hist. hi. n. c i. Phil. or de Stanley, mise en Latin par Leclerc. (c) Et gaec duo contra se invicem insurgebant, et de victoria contendebant, donec lux viceret tenebras, et bonum malum. Hyde His. rel. vet. Pers. (d) Le mauvais principe est nommé indifféremment Arimanieu ou Ariman. (e) Plis. de et Os. Confu. En. etc. (f) La Theurgie. (g) La Goetie. (h) Zoroastre eut à combattre et à détruire l'Idolâtrie répandue dans la Bactriane, dans le Perse et dans presque tout le reste du monde. (j) Oromasés annonce ce dénouement Acte deuxième, scène troisième ; par ces deux vers. Le bonheur a son terme et doit avoir son cours. Il finit dès qu'il est extrême. L'OUVERTURE SERT DE PROLOGUE. La première patrie est un tableau fort et pathétique du pouvoir barbare d'Adramane, et des gémissements des peuples qu'il opprime. Un doux calme succède : l'espoir renaît. La seconde partie est une image vive et riante de la puissance de Zoroastre, et du bonheur des peuples qu'il a délivré de l'oppression. C'est le premier opéra représenté sans prologue. On se récria en 1749 contre cette nouveauté. L'expérience l'a justifiée. Le temps est si précieux au théâtre lyrique, une grande action exige dans ce local une si grande quantité de moyens, la poésie, la peinture, la machine, la musique doivent y être enchaînées par des mouvements si rapides et si variés, qu'on ne peut y ménager les superfluités avec trop de sévérité. On avait espéré pouvoir offrir dans les habillements de cet opéra, le tableau pittoresque de l'ancienne manière d'Être des Nations qui y ont été introduites. Des obstacles imprévus ont éloigné l'exécution de la plus grande partie du projet. Sans doute naîtra-t-il un jour des circonstance plus heureuses. On peut augurer que les FRançais ne voudront pas se priver longtemps d'un plaisir si conforme à cette instruction devenue générale, qui les distingue avec tant d(avantage de tous les autres peuples de la terre. C'est ici une occasion o=honorable pour eux de sa livrer à ce bon goût naturel qui les engage à sacrifier , de premier coup d'oeil, toutes les vieilles routines qui enchaînent et déshonorent les Arts, aux nouveautés heureuses qui embellissent leurs succès, qui sont le preuve de leurs progrès, et les seuls augures certains de leur durée. LES PERSONNAGES, les interprètes. ZOROASTRE, Instituteur des Mages. Mr Poirier. AMÉLITE, héritière présomptive du trône de la Bactiane Mlle l'Arrivée, Mzlle Fel. ERINICE, Princesse du sang des Rois de la Bactiane. Melle Chavalier. ABRAMANE, Grand Prêtre d'Ariman. Mr duChassé. CÉPHIE, jeune Bactrienne de la Cour d'Amélite. Melle Davaux. ZOPIRE, Prêtre d'Ariman. Mr Person. NABANOR, Prêtre d'Ariman. Mr Cuvelier. OROMASÈS, Roi des Génies Mr Gelin. LA VENGEANCE, Mr Larivée. UNE VOIX SOUTERAINE, Mr Desbelles. LES FURIES, Mlles Dalière, Dubois, Duval, Mrs Le Roy, Laurent. BACTRIENS et BACTRIENNES. ESPRITS DES ELÉMENTS. LA HAINE. LE DÉSESPOIR. DÉMONS. BERGERS. BERGÈRES. PASTRES. PASTOURELLES. La Scène est à Bactre, capitale de la Bactriane, et dans ses environs. Les noms des personnages dansants ne sont pas reproduits ici. ACTE I SCÈNE PREMIÈRE. Abramane, Zopire. Le théâtre représente les jardins des Rois de la Bactriane ; on y voit les traces d'un orage, qui les a ravagés, et qui vient de finir. Le théâtre représente les jardins des Rois de la Bactriane ; on y voit les traces d'un orage, qui les a ravagés, et qui vient de finir. ZOPIRE. À l'heureux Abramane, enfin, tout est propice !Le peuple, consterné de ce ravage affreux,Pour disposer du trône, attend l'arrêt des dieux:Faites-les déclarer en faveur d'Erinice. ABRAMANE. C'en est fait : qu'à son tour Amélite gémisse. Non, je ne puis assez punirUne inhumaine qui m'outrage.Dans des fers odieux est-ce à moi de languir ?Zoroastre est aimé : la haine est mon partage.Non, je ne puis assez punir Une inhumaine qui m'outrage.Trop ingrate Amélite, il est temps ue ma rageTe rende tous les maux que tu m'as fait souffrir. ZOPIRE. Et nos dieux et le peuple ont proscrit, sans retour,Le chef audacieux d'une secte ennemie. Le Roi, qu'avaient séduit les erreurs de l'impie,À la fleur de ses ans, vient de perdre le jour. ABRAMANE. Zoroastre est proscrit, il fuit ; mais il respire. ZOPIRE. Nos dieux, de leur gloire jaloux,Ont vengé leurs autels, qu'ils ne doivent qu'à vous. ABRAMANE. Est-ce assez d'un exil pour l'horreur qu'il m'inspire ? ZOPIRE. Peut-il échapper à vos coups ?De vos enchantements la force est invincible.Le pourvoir, qu'Ariman a remis en vos mains,De sa vaste puissance est l'image terrible : Vous avés à ses pieds entraîné les humains. ABRAMANE. Ce pouvoir éclatant ne touche plus mon âme.Que l'appas d'un trône est flatteur !Ce bien seul manque à ma grandeur,Et mon ambition, qui s'irrite et s'enflamme, La présente, sans-cesse, aux désirs de mon coeur.Puis-je compter sur Erinice ?Zopire, elle devait m'attendre dans ces lieux. ZOPIRE. Vous la voyez ; mes soins ont secondé vos voeux.Qu'au défaut de l'amour, la gloire vous unisse : Immolés tout, pour être heureux. SCÈNE II. Abramane, Erinice. ABRAMANE. Princesse, avec Phaerès la tyrannie expire.Ses yeux étaient ouverts d'un funeste bandeau,Et nos dieux, qu'il croyait détruire,L'ont conduit, à pas lents, dans la nuit du tombeau. Voir nos peuples heureux est le bien où j'aspire.Amélite est d'un sang qui nous donna des rois ;Mais au trône, comme elle, Erinice a des droits,Et les dieux, pour régler le sort de cet empire,Vont bientôt emprunter ma voix. ERINICE. Je l'entends. Pour régner, parle, que faut-il faire ? ABRAMANE. Nous unir, pour jamais.De mon coeur, ma juste colèreD'un{e] ingrate efface les traits.Je rends grâce à l'Amour et sa rigueur m'éclaire. Il vouloir m'inspirer le désir de vous plaire,Vous réserver un trône et venger vos attraits. ERINICE. Tu prends, pour t'excuser, une inutile peine :Laisse, laisse avec moi ce frivole détour.Je te connais: tu vas me connaître à mon tour. Je sens pour Zoroastre une tendresse vaine :L'espoir de la venger l'étouffe, sans retour.Régnons, et ne songeons aux transports de l'amour,Que pour servir ceux de la haine. ENSEMBLE. Unissons nos fureurs : Goûtons les douceursD'une vengeance éclatante. ERINICE. De ma rivale tremblanteJe verrai couler les pleurs. ABRAMANE. Je jouirai de la rage impuissante D'un ennemi jaloux, accablé de malheurs. ENSEMBLE. Unissons nos fureurs :Goûtons les douceursD'une vengeance éclatante. ERINICE. Hâtons-nous. Que les dieux se déclarent pour moi : C'est à ce prix que je me donne.Si tu me fais régner, je jure qu'avec toiJe partagerai ma couronne.Dieux terribles, dieux tout-puissants,Sur ma tête lancés la foudre : Éclatez, hâtez-vous de me réduire en poudre,Si je trahis mes serments. ABRAMANE. Je ne balance plus. [Note : Il partage la baguette magique, il en donne une moitiés à Érinice.]Que ce don soit le gageDu noeud sacré qui nous engage. Prélude.On approche... quittons ces lieux. Qu'Amélite, à son gré, me dédaigne et m'offense ;Je vous laisse un pouvoir égal à ma puissance ;Je suis assez vengé, s'il éclate à ses yeux. ERINICE. Il suffit. Réponds-moi des dieux,Je te réponds de ta vengeance. Ils sortent par les deux côtés opposés. SCÈNE III. Amélite, Céphie, Zélise, Jeunes Bactriens et Bactriennes. LE CHOEUR, sur lequel on danse autour d'Amélite. Rassurez-vous, tendre Amélite,Voyez ces jeux, écoutez-nous ;Que le trouble qui vous agiteCède à l'espoir le plus doux. CEPHIE. À tous nos tendres soins n'êtes-vous plus sensible ? Ne pourront-ils jamais adoucir vos douleurs ? AMÉLITE. Ah, Céphie ! CEPHIE. Espérez, et suspendez vos pleurs.Le ciel pour la vertu peut-il être inflexible ?C'est souvent un sort plus paisibleQue lui préparent ses rigueurs. AMÉLITE. Reviens, c'est l'amour qui t'appelle ;Cher amant, viens régner sur des peuples soumis,Et sur le coeur le plus fidèle.De tes barbares ennemisBrave la rage criminelle ; Calme, par ton retour, et ma terreur mortelleEt les peines dont tu gémis.Reviens, c'est l'amour qui t'appelle ;Cher amant, viens régner sur des peuples soumis,Et sur le coeur le plus fidèle. Accablée de douleurs, elle se laisse tomber sur un lit de gazon ; sa cour s'empresse, danse autour d'elle, et lui peint successivement les ennuis de l'absence et les doux transports que goûtent les amants, au moment du retour. CEPHIE. L'Amour pour un coeur qui l'imploreN'a point d'éternelles rigueurLes tendre pluersQue répand l'Aurore,Font bientôt éclore Les plus belles fleurs. Le Ballet continue. AMÉLITE. Cher Zoroatre, hélas ! Quel destin est le nôtre !Ton coeur, du moins, ton coeur s'occupe-t-il de moi ?Dieux ! s'il soupirait pour une autre,Lorsque je ne vis que pour toi ? Non, non, une flammme volageNe peut me ravir mon amant.Nos coeurs, guidés par leur penchant,Se sont choisis pour leur partage.Tendre Amour, cet accord charmant D'un seul de tes traits fut l'ouvrage.Non, non, une flamme volageNe peut me ravir mon amant. Le ballet continue, il est interrompu par un bruit semblable à celui qui précède les tremblements de terre, le ciel s'obscurcit etc. AMÉLITE, CÉPHIE, CHOEUR. Les rayons du soleil palissent.La terre tremble : le jour fuit. Au bruit dont les éclairs retentissent,Les cris des échos s'unissent.Quelle affreuse nuit. SCÈNE IV. Erinice, Amélite, Céphie, Zélise, Jeunes Bactriens et Bactriennes. AMÉLITE, en courant vers Erinice. C'est vous, chère Erinice... Ah ! dans mon trouble extrême,Votre danger redouble ma terreur. Fuyons des lieux remplis d'horreur :Venez, je crains pour vous autant que pour moi-même. ERINICE. Il n'est plus temps de feindre. Apprends quel est ton sort,Et tremble, en connaissant ma haine et ma puissance. AMÉLITE. Qu'entends-je ?... Eh ! d'où peut naître un si cruel transport ? ERINICE, à la suite d'Amélite. Éloignés-vous, ou craignez ma vengeance ;Redoutez des tourments plus affreux que la mort. La suite sort. SCÈNE V. Erinice, Amélite. AMÉLITE. Hélas ! Tout fuit : tout m'abandonne. ERINICE. Ton bonheur disparaît, et leur fuite t'étonne !Venez, Esprits cruels, soumis à mon pouvoir ; Abramane commande et ma voix vous appelle,Venez, faites régner à jamais autour d'elleLa terreur et le désespoir. Elle disparaît. SCÈNE VI. Amélite, Esprits cruels. AMÉLITE. Dieux, protecteurs de l'innocence,Dieux justes, prenez ma défense ! LE CHOEUR DES ESPRITS CRUELS, qui saisissent et entraînent Amélite. Tremble, tremble, suis nos pas :En vain l'innocence crie,L'enfer ne l'écoute pas.Il la poursuit pendant la vie ;Il la venge après le trépas. ACTE II Le théâtre représente le Palais d'Oromasès, Roi des Génies. SCÈNE PREMIÈRE. ZOROASTRE, seul. À mes tristes regards, dans ce riant empire,Des jeux, toujours nouveaux, font briller les attraits.Hélas ! Rien ne saurait adoucir mes regrets.Mon coeur se trouble et je soupire,Dans le sein même de la paix. Aimable et digne objet de l'amour le plus tendre,Sans toi, je ne vis plus ; mon âme est avec toi.De mille ennuis mortels, qui s'emparent de moi,Le plaisir, qui me fuit, veut en vain me défendre :Eh ! Puis-je l'écouter, m'y livrer, ni l'attendre Que dans les lieux où je te vois ?Aimable et digne objet de l'amour le plus tendre, Sans toi, je ne vis plus, mon âme est avec toi. SCÈNE II. Zoroastre, Oromasès. OROMASÈS. Dans cet asile favorableTu n'as vu que des jours sereins ; Mais la terre gémit, un monstre impitoyable,Sous un sceptre de fer, fait trembler les humains.Au coup le plus cruel que ton coeur se prépare. ZOROASTRE. Je frémis !... Amélite ?... OROMASÈS. Il faut briser ses fers. ZOROASTRE. Ses fers !... Elle serait au pouvoir d'un barbare ? Et l'espace immense des airsD'un objet si cher me sépare ! OROMASÈS. De charme des plaisirs, et du poids des revers,J'ai vu triompher ta constance.Du ciel, qui l'éprouvait, va prendre la défense, Zoroaste, il est temps d'affranchir l'univers. ZOROASTRE. Mais ses jours ?... Pardonnez à ma tendresse extrême.Hélas ! Mille fois, sans effroi,J'ai vu le danger, la mort même :Je n'ai jamais rien craint pour moi ; Et je crains tout pour ce que j'aime. OROMASÈS. L'arbitre souverain de la terre et des cieuxVeut faire briller à tes yeuxUn rayon éclatant de sa foi immortelle.Si rien ne peut lasser ton courage et ton zèle, Vois quel doit être un jour ton destin glorieux.Esprits du feu, de l'air, de la terre et de l'onde,Volez, volez, accourez tous. SCÈNE II. Zoroastre, Oromasès, Esprits des divers Éléments. OROMASÈS. Aux accents de ma voix, cieux, ô cieux, ouvrez vous !Entends nos voeux, Maître du monde. Que du sort et des temps l'obscurité profonde,S'anéantisse devant nous. Les Esprits des éléments font leurs conjurations autour de Zoroastre, pendant le morceau précédent. ZOROASTRE. Où suis-je ?... Un nouveau jour m'éclaire...Quels parfums enchanteurs !... Quels sons mélodieux !Des secrets éternels je perce le mystère : Mon âme vole dans les cieux. Il tombe sur un lit de fleurs, et les Esprits des éléments forment un enchantement autour de zOROASTRE. OROMASÈS, CHOEUR. Zoroastre, vole à la gloire ;Triomphe, éclaire l'univers.Sur tes pas conduis la victoire ;Donne des chaînes aux enfers. ZOROASTRE. Secondez l'ardeur qui me presse,Ouvrez-moi la route, et j'y cours. OROMASÈS. Redouble de constance: il y va de tes jours.Pour te perdre, il suffit d'un instant de faiblesse. ZOROASTRE. Puis-je craindre un tyran, que je bravais toujours ? OROMASÈS. Il lui donne le Livre de la Vie, que les anciesn persans appelleront dans les suites le Zend. Voy. d'Herb. B. p?. 931. Hyde Hist Ver. per. ep. ded. Eteh 26 et 31.C'est un présent du Ciel dont la bonté suprêmeSait si bien au danger mesurer le secours.La malheur à sont terme, et doit avoir son cours.Il finit, dès qu'il est extrême. ZOROASTRE. Ah ! C'est trop m'arrêter... Sous le poids de ses fers, Amélite gémit, et succombe peut-être. OROMASÈS. Puissent l'ordre et la paix, rendus à l'univers,Faire aimer aux humains un père dans leur maître !Vas : pars : désire où tu veux être. ZOROASTRE. Tendre Amélite, hélas !... Tout disparaît. Le Théâtre change. Il représente l'intérieur redoutable du château-fort des rois de la Bactriane SCÈNE IV. Amélite, entourée des Démons et chargée des chaînes, et Erinice, qui survient. LE CHOEUR DES DEMONS. En vain l'innocence crie ;L'enfer ne l'écoute pas.Il la poursuit pendant la vie ;Il la venge après le trépas. AMÉLITE. Juste ciel, quelle barbarie ! Suivrez-vous sans-cesse mes pas ? ERINICE, en paraissant. Arrête. Cet instant est le seul qui te reste.Renonce au trône, ou meurs. AMÉLITE. Je brave ton pouvoir:Frappe. Je crains bien moins la mort la plus funeste, Que l'horreur de te voir. ERINICE, en fondant sur Amélite, un poignard à la main. Ah ! C'est trop balancer : expire ! Une porte de fer se brise. SCÈNE V. Amélite, Erinice, Zoroastre, Démons. ZOROASTRE. Barbare !... Le poignard lui tombe des main ; les démons disparaissent AMÉLITE et ERINICE. Zoroastre ?... Ah, Dieux ! AMÉLITE. Cher amant ! Si l'Amour n'eût daigné vous conduire, Je ne jouirais plus de la clarté des cieux. ERINICE. Que deviens-je ?... Mon bras, à ma haine infidèle,Fait éclater mon crime, et lui laisse le jour.Affreux moment ! Fatal retour !...Elle vivra pour toi : tu ne vis que pour elle. À l'excès de ma rage, à ma douleur mortelleConnais du moins, ingrat, l'excès de mon amour. ZOROASTRE, à Erinice. Cruelle... Je frémis !... Qu'ose-t-elle m'apprendre ?...Tous mes sens sont glacés d'horreur.Ciel, quel amour ! ERINICE. Je vois ce que je dois attendre, Je lis dans vos regards ma honte et son bonheur.C'en est trop, et l'espoir d'une vengeance extrêmePeut seul adoucir mon malheur. À Zoroastre.Je confondrai dans ma fureurCe que je hais et ce que j'aime. Tremble ! Pour égaler sa peine à ma douleur,Avant de lui percer le coeur,J'oserai t'immoler toi-même.Je confondrai dans ma fureur,Ce que je hais? et ce que j'aime. Elle sort. SCÈNE VI. Amélite, Zoroastre. AMÉLITE. Hélas ! Je bravais son courroux :J'ai souffert les plus rudes coupsSans pâlir, sans daigner me plaindre.La barbare à la fin, m'a forcée à la craindre,En me faisant trembler pour vous. ZOROASTRE. Je vois de ses fureurs toute la violence ;Mais vos jours sont en sûreté,Que peut contre moi sa vengeance ? AMÉLITE. Eh ! Contre l'enfer irritéQuel sera votre défense ? ZOROASTRE. Le bras, qui vient pour vous d'enchaîner sa puissance,Au jour, qu'elle obscurcit, rendra sa pureté.Je vous revois, je ne sens plus d'alarmes ;Je goûte enfin le prix de mes tendres soupirs :L'Amour, qui vous rend à mes larmes, Dans vos yeux répand tous ses charmes,Et dans mon coeur tous ses plaisirs. AMÉLITE. Ah ! Je n'écoute plus que ma tendresse extrême...Je retrouve tout ce que j'aime,Je perds le souvenir des maux que j'ai soufferts. ZOROASTRE. Je cours les réparer : l'éclat du rang suprêmeEffacera bientôt l'opprobre de vos fers. AMÉLITE. Est-ce pour un empireQue mon âme soupire ?Vous le savez, l'Amour la remplit de ses feux, Vous voir à tous moments, vous aimer, vous le dire,Voilà l'unique bien qui peut combler mes voeux. ZOROASTRE. Vous enchantez mes sens, vous ravissez mon âme...Qu'on s'oublie aisément dans les bras de l'Amour !Le devoir m'appelle à son tour, Je sers, en l'écoutant, et la gloire et ma flamme.Séjour, impénétrable à la clarté des cieux,Lieux terribles, cessez d'enchaîner l'innocence.Murs, élevés par la vengeance,Écroulez-vous, tombez murs odieux. Les murs disparaissent ; on voit une place de la ville de Bactre, dans laquelle sont plusieurs troupes différentes de peuples. SCÈNE VII. Amélite, Zoroastre, Peuples. ZOROASTRE, aux Peuples. Le ciel, qu'ont attendri mes pleurs et votre zèle,Vous rend le seul objet digne de votre choix. En leur montrant Amélite.Le coup allait partir, et vous perdiez en elleTout l'auguste sang de vos rois. CÉPHIE, CHOEUR. Éclatez transports d'allégresse Brillez dans nos chants et nos jeux.Célébrons le moment heureuxQui nou rend à notre tendresse. Les peuples viennent en foule célébrer le retour de Zoroastre, et la délivrance d'Amélite. CÉPHIE. Ah ! Que l'absence est un cruel tourment !Mais qu'il est doux de revoir ce qu'on aime. Tout s'embellit au retour d'un amant.Tout reprend le charme suprêmeDu plaisir, ou du sentiment.Sans lui le jour le plus charmantEst plus sombre que le nuit même. Ah ! Que l'absence est un cruel tourment !Mais qu'il est doux de revoir ce qu'on aime. Le ballet continue. AMÉLITE. Non, ce n'est pas toujours pour ravager la terre,Que les vents agitent les airs.Le Ciel, sans lancer le tonnerre Fait souvent briller les éclairs.Si l'amour pour un temps éprouve un coeur sincère,Et semble appesantir ses fers,Qu'il soupire ; mais qu'il espère.Le bonheur quelque fois naît du sein des revers. Non ce n'est pas pour ravager la terre,Que les vents agitent les airs.Le ciel sans lancer le tonnerre,Fait souvent briller les éclaire. Le ballet continue. ZOROASTRE, aux peuples. Cessez de redouter des prêtres criminels. Renoncez à des dieux cruels,Qui frappent quand on les implore.Qu'une fête éclatante, au lever de l'aurore,De tous les tendres coeurs récompense les feux.Que l'amour seul offre nos voeux, Au Dieu bien faisant que j'adore. AMÉLITE, CÉPHIE, CHOEUR. Qu'il triomphe des autres Dieux. AMÉLITE. Le jour qui va nous luire est un jour de victoire :Qu'il nous rassemble à son retour.Cher Zoroastre, c'est l'amour Qui veut y couronner la gloire. LE CHOEUR. Tendres amants, formez les plus beaux noeuds. AMÉLITE. Chantez, chantez ; vos malheurs cessent :Que les plus doux plaisirs renaissent. CÉPHIE, CHOEUR. Chantons, chantons, nos malheurs cessent, Que les plus doux plaisirs renaissent :Que Zoroastre soit heureux. ACTE III Le théâtre représente les dehors de la ville de Bactre, et le rivage du fleuve qui la partage. SCÈNE PREMIÈRE. Erinice, Abramane. L'acte commence avant la fin de la nuit. ABRAMANTE. Arrêtez ! Modérez cette fureur extrême :Le moindre éclat peut écarterL'ennemi, qui s'offre lui-même Aux coups que je dois lui porter.Laissez agir ma haine, et quittez ce rivage. ERINICE. C'est ici qu'ils doivent s'unir. ABRAMANTE. Je l'attends dans le piège où son amour l'engage :Son tombeau se prépare et mon art va l'ouvrir. ERINICE. Ah ! C'est à moi de la punir...Il croit donc consommer son crime et mon ouvrage ? ABRAMANTE. Le peuple en sa faveur paraît se réunir :Je vais dissiper cet orage :Mais vous pouviez le prévenir. ERINICE. Ô trop funeste souvenir !Ma rivale triomphe : elle échappe à ma rage. ABRAMANTE. Ô Dieux ! Qu'importe à nos desseinsOu la vie, ou la mort d'une faible rivale ?C'est en frappant l'objet d'une falmme fatale Qu'il fallait d'un seul coup assurer nos destins. ERINICE. L'ingrat !... En le voyant paraîtreLe poignard m'est tombé des mains. ABRAMANTE. Eh ! Si vous le voyez, malgré tous ses dédains,L'Amour sera-t-il moins le maître ? ERINICE. Non, tout sert à rallumerLe dépit qui me dévore ;L'amour ne peut plus le calmer.Dieux ! Une autre a su le charmer !Il me fuit, le cruel ; il me hait ; je l'abhorre. Contre lui que ne puis-je armerTout ce qui voit le jour, du couchant à l'aurore !Non, tout sert à rallumerLe dépit qui me dévore ;L'amour ne peut plus le calmer. ABRAMANTE. Un coeur fier, qui brise sa chaîne,Reprend un calme heureux, avec sa liberté.Votre âme est déchirée, un vain dépit l'entraîne.Puis-je prendre pour de la haineLes cris de l'amour irrité ? Il faut aider votre faiblesse :Pour risquer ces instants, ils sont trop précieux.Ici que votre pouvoir cesse,Et qu'un nuage épais vous cache à tous les yeux. Un nuage épais l'environne. ERINICE, en disparaissant. Ah, le perfide ! SCÈNE II. ABRAMANE, seul. Osons achever de grands crimes :J'en attends un prix glorieux.Leur nom change, s'ils sont heureux :Tous les succès sont légitimes.Superbe ennemi de mes dieux, La mort t'environne en ces lieux ;Sous tes pas la vengeance a creusé mille abîmes.Et toi, que j'adorais... vous, peuples odieux,Vous bravez mon pouvoir ; soyez-en les victimes.Osons achever de grands crimes : J'en attends un prix glorieux.Leur nom change, s'ils sont heureux:Tous les succès sont légitimes.Le jour va rassembler ces peuples inconstants.Attendons dans ces bois le moment de paraître. Il faut, par des coups éclatants,Affermir un pouvoir, qu'on ose méconnoître. Il sort. Les premiers rayons du jour paraissent. SCÈNE III. Zoroastre, et sa Suite. ZOROASTRE. Sommeil, fuis de ce séjour.Pour la fête la plus belle,La voix de l'Amour nous appelle ; Volons à la voix de l'Amour. SCÈNE IV. Zoroastre, et sa Suite, Amélite et sa Suite. AMÉLITE. L'Aurore vermeillePresse son retour.Les tendres oiseaux, qu'elle éveille,Par leurs chants annoncent le jour. AMÉLITE et ZOROASTRE. Sommeil, fuis de ce séjour, ...Pour la fête la plus belle,La voix de l'Amour nous appelle ;Volons à la voix de l'Amour. ZOROASTRE. De notre flamme mutuelle L'Hymen va, pour jamais, assurer le bonheur.L'Amour, qui l'alluma pour la rendre éternelle,Offre un nouveau charme à mon coeurDans le devoir de vous être fidèle. AMÉLITE. Les plus beaux noeuds se préparent pour vous, L'Amour doit les former, le bonheur va les suivre.Ah ! Que mon destin sera doux !J'aurais voulu mourir pour vous,Et c'est pour vous que je vais vivre. SCÈNE V. Zoroastre, et sa Suite, Amélite et sa Suite, Peuples Bactriens. LE CHOEUR, auquel se joignent Zoroastre et Amélite. Sommeil, fuis de ce séjour. Pour la fête la plus belle,La voix de l'Amour nous appelle ;Volons à la voix de l'Amour. Les jeunes habitants des rivages divers du fleuve de Bactre, dont l'hymen doit embellir cette fête, arrivent. L'Aurore successivement fait place au grand jour : les rayons nouveaux du Soleil et embellissent le théâtre. ZOROASTRE. Mille rayons brillants embellissent les airs.Faisons éclater nos concerts. ZOROASTRE. Hymne au Soleil.Ô lumière vive et pure ;Les fleurs, les fruits, la verdureSemblent renaître à ton retour.Les couleurs brillent, l'air s'épure,La terre reprend sa parure ; Tu lui donne l'éclat du céleste séjour. CHOEUR. Ô lumière vive et pure ;Les fleurs, les fruits, la verdureSemblent renaître à ton retour. ZOROASTRE, AMÉLITE. Tout se ranime aux premiers feux du jour. L'oiseau chante, l'onde murmure;Ce sont les doux concerts que t'offre la nature.Et les accents de son amour. AMÉLITE. Ô lumière vive et pure,Les fleurs, les fruits, la verdure Semblent renaître à ton retour.Les couleurs brillent, l'air s'épureLa terre reprend sa parue,Tu lui donnes l'éclat du céleste séjour. Les jeunes filles, qui doivent être unies à l'objet de leur tendresse, vont adorer l'astre du jour ; et les Peuples célèbrent par leurs danses le retour de la lumière. ZOROASTRE. Accourez, jeunesse brillante ; Laissez éclater vos désirs.Aimez d'une flamme constante ;L'hymen va remplir votre attente,Par une chaîne de plaisirs.Accourez, jeunesse brillante, ... Laissez éclater vos désirs. SCÈNE VI. Jeunes Gens habitants des Montagnes et les acteurs pérécédents. Entrée des jeunes habitants des montagnes et ballet avec les jeunes filles que l'hymen leur destine. AMÉLITE. Sur nos coeurs épuise tes armes,Amour vole et lance tes traits.Tu nous offres le prix de nos tendres alarmes,Et l'hymen paré de tes charmes, Va nos dispenser tes bienfaits.Sur nos coeurs épuise tes armes,Amour vole et lance tes traits. Les jeunes habitants des montagnes continuent leurs danses. ZOROASTRE. Hâtons notre bonheur, venez tendres amants. Tous les jeunes amants qui doivent être unis, forment un demi cercle autour de Zoroastre et d'Amélite.Dieu bienfaisant, Être suprême, Tes lois pour notre coeur sont des liens charmants :Tu veux qu'il t'adore et qu'il aime.Daigne écouter nos voeux, et reçois nos serments. Il présente la main d'Amélite : tous les autres se la présentent en même temps et se la donnent. AMÉLITE et ZOROASTRE. Je vous jure... Un coup de tonnerre éclate, l'obscurité s'empare de toutes les parties de l'horizon. AMÉLITE. Quels feux ? Quels éclats de tonnerre ? LE CHOEUR. Ciel, Ô ciel ! ZOROASTRE. Le jour fuit. AMÉLITE. Je sens trembler la terre. ZOROASTRE. Une mortelle vapeur empoisonne les airs...Sous nos pas, tout-à-coup, que d'abîmes ouverts. LE CHOEUR. Ciel, Ô ciel ! AMÉLITE. Tout mon sang se glace... À Zoroaste.Il va périr... hélas ! Tout s'ame contre toi...Ah ! Si ton courroux nous menace, Juste ciel, ne frappe que moi. ZOROASTRE. Il protège toujours et ne veut jamais nuire.L'amour est dans nos coeurs, le ciel sera pour nous.Il m'éclaire... Rassurez-vous,Ce n'est qu'un charme affreux, et je vais le détruire. Un amas d'épais nuages paraît rapidement dans les airs ; il s'ouvre au bruit du tonnerre ; on voit Abramane sur un char enflammé. SCÈNE VII. Abramane dans les airs, Zoroastre, et sa Suite, Amélite et sa Suite, Peuples Bactriens, Jeunes Gens habitants des Montagnes. ABRAMANTE. Dieux, armez-vous, armez mon bras.Coulez, torrents de feu, pour venger leur outrage.Fiers aquilons, dans ces climatsPortés la terreur, le ravage,Et faites voler le trépas ! Il disparaît. ZOROASTRE. Ah, cruel ! AMÉLITE, qui tombe sur un tronc d'arbre. Je me meurs... CHOEUR DE PEUPLES, qui fuient. Dieux ! Fuyons tous, fuyons. SCÈNE VIII. Zoroastre, Amélite, Peuples Bactriens qu'on entend, et qu'on ne voit pas. ZOROASTRE, en courant aux piéds d'Amélite. Amélite !... Elle expire... Ô ciel !... LE CHOEUR, dans l'éloignement. Nous périssons. ZOROASTRE, aux Peuples. Ah ! Je cours vous défendre. À Amélite.Ouvrez ces yeux mourants, aux cris de ma douleur ;En tremblant pour vos jours, que pourrais-je entreprendre ? Le courage fuit de mon coeur :Vos yeux, ces yeux si beaux, peuvent seuls me le rendre. AMÉLITE. Où suis-je ?... Quel pouvoir, quels accents amoureuxArrêtent mon âme expirante ?...Ah ! C'est vous que l'Amour offre encore à mes voeux, Je vous revois... je meurs contente. ZOROASTRE. Troupe légère et bienfaisante,Venez, esprits de paix, accourez en ces lieux. Les Esprits bienfaisants paraissent et environnent Amélite. LE CHOEUR, dans l'éloignement. Nous périssons. ZOROASTRE, à Amélite. Un tyran furieux.Fait voler sur leurs pas la mort et l'épouvante, Il faut ou les sauver, ou périr avec eux.Tendre Amélite, chère amante.Adieu !... Prenez soin de ses jours,Daignez la garantir des périls où je cours. Il part : les Esprits bienfaisants environnent Amélite et l'emmènent. Dans le même moment des colonnes de feu se détachent du ciel, fondent sur la ville de Bactre et l'embrasent. ACTE IV Le théâtre représente le Temple souterrain et secret d'Ariman. On voit, dans le fond, un autel d'ébène, teint de sang. SCÈNE PREMIÈRE. ABRAMANE, seul. Cruels tyrans, qui régnez dans mon coeur, Impitoyable haine, implacable vengeance ;Des remords dévorants épargnez-moi l'horreur,Ou cédez à leur violence.Dans le fond de mon âme, une importune ardeurS'irrite, par ma résistance. Pour me reprocher ma fureur,Le crime unit sa voix aux cris de l'innocence :De l'abîme où je cours, je vois la profondeur...Tout m'alarme et me nuit, tout, jusqu'à ma puissance,Répand autour de moi le trouble et la terreur. Cruels tyrans, qui régnez dans mon coeur,Impitoyable haine, implacable vengeance,Des remords dévorants épargnez-moi l'horreur,Ou cédez à leur violence. SCÈNE II. Zopire, Abramane. ZOPIRE. Votre ennemi triomphe et les moments sont chers. Échappé des périls extrêmesQu'à son courage opposaient les enfers,Nos soldats, animés par vos ordres suprêmes,Couraient, pour l'accabler de fers.Sa voix éclate dans les airs ; Ils tournent aussitôt leurs armes contre eux-mêmes. ABRAMANE. Dieux d'Abramane, dieux vengeursQuel pouvoir suspend vos fureurs ? SCÈNE III. Narbanor, et les acteurs précédents. NARBANOR, au désespoir. Du jour le plus serein la clarté vive et pureA dissipé l'horreur de vos enchantements. Les vents sont enchaînés, les fleurs et la verdureDans nos champs désolés ramènent le printemps. SCÈNE IV. Erinice, Abramane, Zopire. ERINICE. C'en est donc fait, perfide. Il n'est plus d'espérance.Je me vois, pour jamais,Unie à tes forfaits ; Et je perds, sans retour, ma gloire et ma vengeance. ABRAMANE. Un revers d'un instant doit-il vous ébranler ?Vous savez quelle est ma puissance.Est-ce à vous de trembler ?Rappelez votre courage. Un honteux désespoirNe doit être le partageQue des malheureux, sans pouvoir. ERINICE. Eh ! Que puis-je espérer encore ?Amélite respire, et ton rival l'adore. Que leur vue à mon coeur a coûté de tourments !Qu'ils étaient amoureux, et qu'ils étaient contents !Qu'ils goûtaient de douceurs à resserrer leur chaîne ! ABRAMANE. Arrêtez !... Eh pourquoi retracer, inhumaine,Le souvenir affreux de ces cruels instants ? ERINICE et ABRAMANE. Ô dieux ! Quelle douleur mortelle !L'amour et le bonheur éclataient dans leurs yeux. ABRAMANE. Que Zoroastre était heureux !Qu'Amélite était belle ! ERINICE. Je vois, avec horreur, la lumière du jour. Ah ! Quel supplice ! Quelle peine !De sentir déchirer un coeur, fait pour l'Amour,Par toutes les fureurs d'une impuissante haine ! ABRAMANE. La haine, qui fait agir,Est toujours assez puissante. Les trésors de mon art à vos yeux vont s'ouvrir,Le danger disparaît, quand le courage augmente.La haine, qui fait agir,Est toujours assez puissante. SCÈNE V. Erinice, Abramane, Zopire, Prêtres. ABRAMANE. Qu'une double porte d'airain Rende à nos ennemis ce temple impénétrable.Erinice, osez voir, avec un front serein,Les mystères secrets d'un culte redoutable. Erinice se place : la cérémonie commence Abramane, entouré de prêtres.Suprême auteur des maux et des tristes revers,Qui désolent la terre et l'onde; Ô, toi ! Que sous des noms divers,J'ai fait connaître à l'universPour le maître absolu du monde ;On attaque ta gloire : arme ton bras vengeur ;Fais briller dans les airs les flammes du tonnerre ; Éclate ; venge-toi : ce n'est qu'à la terreurQue tu dois l'encens de la terre. ZOPIRE, et LES CHOEURS. On attaque ta gloire: on arme ton bras vengeur ;Fais briller dans les airs les flammes du tonnerre ;Éclate ; venge-toi : ce n'est qu'à la terreur Que tu dois l'encens de la terre. ABRAMANE, en prenant une hache sacrée. Épuisons le flancDes tristes victimes.Redoutable Ariman,Nourris tes fureurs légitimes Dans des flots de sang. Abramane, précédé et suivi de prêtres, va à l'autel et il immole les victimes. Pendant ce temps on forme, sur le devant du théâtre les danses que les peuples anciens appelaient danses d'expiation. ABRAMANE, en quittant l'autel. Princesse, tout m'annonce un secours invincible,Et je ne vis jamais d'augures plus heureux !Réunissons nos voix, et qu'un charme terribleAssure encor le succès de nos voeux. ABRAMANE et ERINICE. Ministres redoutés du plus puissant empire,Des mortels et des dieux, de vous-mêmes ennemis ;Vous, esprits, que l'ardeur de nuirePeut seule forcer d'être unis.Volez, volez, troupe cruelle, Donnez un libre essor à toutes vos fureurs.L'amour outragé vous appelle :Accourez à ses cris, implacables vengeurs. Les Esprits malfaisants sortent en foule de toutes les parties du théâtre. La Haine paraît dans le fond avec les Furies, le Désespoir, etc. Cette troupe s'ouvre et la Vengeance arrive, armée d'une massue hérissée de pointes de fer. SCÈNE VI. La Vengeance, la Haîne, le Désespoir, les Furies, Erinice, Abramane, Zopire, Prêtres. BALLET. BALLET. LA VENGEANCE et LE CHOEUR. À ta voix, nous quittons sans peineL'éternelle nuit. La HaineNous mène,La Vengeance nous suit. LA VENGEANCE. Les biens que notre main dispenseOnt plus de douceurs qu'on ne pense : Nous offrons, pour secours, dans leurs maux rigoureux,Aux coeurs outragés, la vengeance,Et le trépas, aux malheureux. BALLET. La Haine donne à la Vengeance une poignée de serpents ; le Désespoir lui donne un poignard ensanglanté. LA VENGEANCE, à Erinice. Vengez-vous, cessez de souffrir.Plus une injure est éclatante, Plus il est doux de la punir.[Note : En lui montrant les serpents.]La Haine se plaît à jouirD'une vengeance lente ;Mais quand le moment se présente,On ne peut trop tôt le saisir. Vengez-vous, cessez de souffrir.Plus une injure est éclatante,Plus il est doux de la punir.[Note : Elle lui donne le poignard que le désespoir lui a remis.] ERINICE, en saisissant le poignard. Ah ! Je crois voir déjà ma rivale sanglanteChanceler, tomber et mourir. À Abramane.Portons les coups les plus terribles:Immolons deux ingrats, frappons-les, tour-à-tour.La haine, dans les coeurs sensibles,Est extrême, comme l'amour. LA VENGEANCE, à Abramane, en lui donnant sa massue. Va, cours : j'arme tes mains ; n'écoute que la rage. Par les plus funestes éclats,Signale ton courage :Que la fureur guide ton bras.Que la flamme, que le ravagePrécède et suive ton passage : Brave les plus affreux trépas ;Fait voler partout le carnage.Des coeurs, qui ne se vengent pas,L'opprobre est toujours le partage.L'honneur parle : combats. Meurs, s'il le faut ; mais venge ton outrage. ABRAMANE, à la Vengeance. Que le vengeance a de douceurs !Un plaisir inconnu passe, avec tes fureurs,Jusques dans le fond de mon âme.L'amour a moins d'attraits que l'ardeur qui m'enflamme. Que la vengeance a de douceurs ! LA VENGEANCE. Que de votre ennemi le supplice commence. Une Statue, représentant Zoroastre, paraît sur l'autel.Qu'il se sente frappé par d'invisibles coups.Volez, secondez ma puissance,Esprits cruels, esprits jaloux, Faites triompher la Vengeance. Elle se place au pied de l'autel. LA VENGEANCE, encore au pied de l'autel. La flamme le consume ! ABRAMANE. Ah ! Quel espoir plus doux. ABRAMANE, ERINICE, ZOPIRE, LES FURIES, LE CHOEUR. Quel bonheur ! L'enfer nous seconde.Que ses feux embrasent les airs : Qu'ils dévorent la terre et l'onde :Que tout se confonde.Les plus grands maux sont nos biens les plus chers. Les Esprits infernaux forment un ballet de joie vive, qui termine cet acte, avec la reprise du Choeur précédent. LA VENGEANCE. Ah ! Nos fureurs ne sont point vaines.De l'empire des morts, les voûtes souterraines, Paraissent s'écrouler à ces terribles sons...Ils redoublent... L'enfer va parler. Écoutons. SCÈNE VII. Une voix souterraine, et les Acteurs précédents. LA VOIX SOUTERAINE. Cours au armes. Offre aux EnfersDes forfaits dignes de leur rage.Fais trembler la vertu, fais pâlir le courage. Un revers éclatant va changer l'Univers. SCÈNE VIII. Abramane, Erinice, et les Acteurs précédents. ERINICE, LA VENGEANCE, ABRAMANE, ZOPIRE, NARBANOR, LES FURIES, PRÊTRES, DÉMONS. Courrez, courrez aux armes.Courrons courrons aux armes.La victoire est à vous rien ne peut vous troubler.La victoire est à nous rien ne peut nous troubler. LA VENGEANCE, avec le Choeur. Pour vous quelle gloire :Tout va trembler.Le sang va couler,On va s'immoler,Triomphe victoire. Le bruit, le ravage,La mort, le carnage.Sont nos plaisirs.La fureur, la rage,Ne sont que l'image De nos désirs.Pour vous quelle gloire :Tout va trembler.Le sang va couler,On va s'immoler, Triomphe, victoire. ACTE V Le théâtre représente le champ antique de Zerdoust, où se faisait l'inauguration des rois de la BActriane. Il est entouré de rochers, coupé de prairies, et borné dans le fond par la chaîne de montagnes, qui sépare cette partie de l'Asie, de l'Indostan/ SCÈNE PREMIÈRE. ERINICE, seule. [Note : L'ami du feu, les plus anciens persans nommaient ainsi Abraham. Ce même nom fut donné dans les suites à Zoroastre, que l'amour de tout l'Orient confondit avec le premier. [NdA]]Quel tourment !... Où trouver trace de ses pas ?Un barbare aurait-il assouvi sa furie ?Je frémis... Zoroastre, hélas !...Malheureuse !... Est-ce à moi de trembler pour sa vie ? Amour, cruel Amour, ton funeste bandeauCache à nos yeux l'abîme, où ta main nous entraîne.Elle a déjà formé tous les noeuds de ta chaîne,Quand tu fais briller ton flambeau.Mon coeur s'irrite en vain, son penchant la ramène. C'est un combat toujours nouveau,Et je vois tout-à-tour, et l'amour et la haineS'armer pour mon supplice, et creuser mon tombeau.Amour, cruel Amour, ton funeste bandeauCache à nos yeux l'abîme, où ta mains nous entraîne. Elle a déjà formé tous les noeuds de ta chaîne,Quand tu fais briller ton flambeau.Il approche... Enfin je respire. SCÈNE II. Erinice, Zoroastre. ZOROASTRE, en se détournant. C'est Erinice. Ô Ciel !... ERINICE. Respecte mes douleurs, Et cache moi du moins l'horreur que je t'inspire.Ne redoute plus mes fureurs ;On menace tes jours, tout mon courroux expire. ZOROASTRE. Qu'un perfide conspire et s'arme contre moi,À trembler, croit-il me contraindre ? La mort ne m'a jamais inspiré de l'effroi.C'est la mériter que la craindre. ERINICE. Ah ! Crains nos prêtres furieux ;Leur cruauté, leurs cris, leurs complots odieuxÀ mon coeur éperdu se retracent sans cesse... Éloigne-toi, fuis, le temps presse ;Abramane a pour lui les Enfers et les Dieux. ZOROASTRE. Je brave les dieux d'un barbare:Je hais leurs prêtres criminels;Et c'est sur les débris de leurs sanglants autels Que mon triomphe se prépare. ERINICE. Hélas ! Ta confiance augmente ma terreur.Connais d'un art fatal la pouvoir redoutable.Dans un enchantement terrible, épouvantable,Même moi qui t'adore... (en frémissant d'horreur...) J'éprouvais les transports d'une troupe coupable.La rage, la fureurDe l'Enfer implacableOnt passé malgré moi, jusqu'au fonds de mon coeur. ZOROASTRE. Ô ! Mystères affreux d'un culte détestable ! Cruelle !... Eh ! Vous ne craignez pas ? ERINICE. Ah ! Je ne crains que ton trépas.Tu vois le désespoir où mon âme me livre,Sois touché d emes pleurs, fuis cet affreux séjour.Mes malheurs, tes mépris ma mort qui va les suivre, Je te pardonne tout, ingrat, si tu veux vivre,Et c'est l'unique prix qu'exige mon amour. on entand une symphonie qui éclateQu'entends-je ? Ô Dieux ! ZOROASTRE. C'est un peuple fidèleQui fait pour Amélite éclater ses transports. Jugés quels sont nos voeux pour elle,Par ses vertus, même par vos remords. ERINICE. Mes remords !... Ce reproche étouffe leur murmure...Notre sort est de nous haïr.Il manquait à mon coeur cette nouvelle injure Pour le forcer à m'obéir. Elle sort. SCÈNE III. ZOROASTRE, seul. Elle court d'abîme en abîme,En cherchant la paix qui la fuit.Tel est le juste sort du crime,Le trouble l'environne, et l'opprobre le suit. Le peuple dans ces lieux, par un antique usage,Aux rois, qu'il s'est choisi, doit rendre son hommage.Il y guide Amélite et vient s'y rassembler... LE CHOEUR DE PEUPLES, qu'on ne voit point. Dieux, ô dieux ! Quel coup terrible ! ZOROASTRE. Ciel ! Quel nouveau malheur vient encor me troubler ! SCÈNE IV. Céphie, Peuples, Zoroastre. CÉPHIE, et LE CHOEUR, en paraissant. Jour funeste ! Sort inflexible ! ZOROASTRE. Céphie... Eh ! Quel est donc le sujet de vos pleurs ? CEPHIE. Au milieu de son peuple, et charmant tous les coeurs,Amélite en ces lieux au trône était conduite,Par des chemins semés de fleurs. Tout-à-coup l'air agite,Un tourbillon de feuxEntre elle et nous se précipiteEt, plus prompt qu'un éclair, la ravit à nos voeux. ZOROASTRE. Que deviens-je, Amélite, ô disgrâce cruelle !... Que me sert désormais un immense pouvoir ?Qu'ai-je à faire du jour sans elle ?...Ô ciel ! Quelle honteux désespoir ! LE CHOEUR DE PRÊTRES armés, qui paraissent en foule au fond du théâtre. Que la fière EriniceTriomphe et régné en ces lieux. CHOEUR DE PEUPLES. Quels sons ! Quels cris tumultueux ! SCÈNE V. Erinice, entourée de Zopire, de Prêtres d'Ariman, armés de cuirasses, de casques, de massue, etc. Abramante, sur un nuage enflammé, et les acteurs précédents. ERINIE et ABRAMANTE. Que tout cède ; que tout fléchisse. ABRAMANTE. Adorez, en tremblant, le choix qu'ont fait les Dieux. ZOROASTRE. Traître, c'est trop longtemps suspendre ton supplice... ABRAMANTE. Arrête ! Je connais ton pouvoir odieux. Si par un geste, un mot, ta crainte, ou ta vengeanceOse implorer l'aide des Cieux, Il lève sa massue, une partie du nuage s'ouvre, on voit à ses pieds Amelite chargée de fers.Amélite est en ma puissance.Tremble. Je l'immole à tes yeux. ZOROASTRE. Quel horrible moment pour le coeur le plus tendre ! Je sens que je succombe à cet affreux revers...Non, non le Ciel est juste, il saura la défendre,Et je saurai du-moins, si je la perds. Il élève ses mains vers le ciel.Tombez, monstres, tombez dans le fond des Enfers. La foudre éclate, tombe sur Abramane, Erinice et les prêtres : les entrailles de la terre s'ouvrent, et ils y sont tous engloutis. Dans le même temps le théâtre change : on voit un édifice éclatant, rempli d'une foule de divers Esprits des Éléments. C'est le premier temple élevé à la lumière. Oromasès, roi des Genies, paraît sur des nuages légers et brillants; on revoit Amélite entourée des Esprits Élémentaires, qui la délivrent de ses chaînes, etc. SCÈNE VI. Zoroastre, Céphie, Amélite, Oromasès, Peuples, Esprits Élémentaires. OROMASÈS, dans les airs. Par un dernier revers, digne de ton courage, Le ciel voulait encore éprouver ta vertu. En lui montrant Amélite que les esprits bienfaisants conduisent à Zoroastre.Zoroastre, en veillant sur son plus bel ouvrage,Je gardais le prix qui t'est dû.Régnez dans ces climats, où la paix va renaître.Ces peuples vous sont chers, répondez à leurs voeux L'amour des sujets et du maîtreFait les rois, qui seuls devraient l'être,Les empires puissants et les règnes heureux. Aux EspritsUnissez ces amants des plus aimables noeuds. Oromasès disparaît. SCÈNE VII. Zoroastre, Amélite, etc. Les Esprits bienfaisants couronnent Amélite et Zoroastre: ils les unissent avec des noeuds de fleurs. ZOROASTRE. Que ces noeuds sont charmants ! AMÉLITE. Qu'ils flattent ma tendresse ! ZOROASTRE. Que je vous aime ! AMÉLITE. Doux retour ! ENSEMBLE. Toute mon âme est à l'Amour.Il l'enchaîne à jamais ; qu'il l'enflamme sans cesse ! ZOROASTRE. Venez Peuples, venez : qua dans cet heureux jourL'orgueil du trône disparaisse. AMÉLITE. Autour de nous que tout chante et s'empresse.Bergers, mêlés vos jeux aux fêtes de la Cour. ZOROASTRE. Que ces noeuds charmants. AMÉLITE. Qu'ils flattent ma tendresse ! ZOROASTRE. Que je vous aime ! AMÉLITE. Doux retour ! ENSEMBLE. Toute mon âme est à l'Amour. Il l'enchaîne à jamais ; qu'il l'enflamme sans cesse ! SCÈNE VIII et DERNIÈRE. Peuples, Bergers et Bergères, qui viennent en dansant, se mêler à la fête. AMÉLITE. [Note : On a espéré que des Bergers de l'ancienne Asie seraient vus sans peine sous des habits différents de ceux, dont on a masqué jusqu'ici la bergerie de nos théâtre.]L'amour vole au son des hautbois.Il vient sur le gazon chanter vos chansonnettes.C'est aux doux accents de sa voixQue vous accordez vos musettes. Tendres bergers un premier choixRemplit tous les voeux que vous faites.Nos coeurs suivront les même loix ;Vous nous verrez toujours heureux comme vous l'êtes.L'amour vole au son des hautbois. Il vient sur le gazon chanter vos chansonnettes.C'est aux doux accents de sa voixQue vous accordez vos musettes. Les Esprits bienfaisants, les peuples et les bergers, etc., font éclater leur joie et leur amour, en se réunissant tout pour aimer et servir Zoroastre et Amélite. Cette union vive termine la fête, et l'opéra. ==================================================