******************************************************** DC.Title = L'AUTEUR ET L'AMATEUR, COMÉDIE DC.Author = CARMONTELLE, Louis de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Proverbe DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:08:18. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CARMONTELLE_AUTEURAMATEUR.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5837941z/ DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'AUTEUR ET L'AMATEUR QUARANTE-QUATRIÈME PROVERBE. Trois livres le Volume. M. DCC. LXXI. Avec Approbation et Privilège du Roi. de CARMONTELLE. À PARIS, chez Sébastien JORRY, vis à vis le Comédie Française, chez Le JAY, rue Saint Jacques, près celle des Mathurins. PERSONNAGES MONSIEUR DELOUREVILLE, Amateur. MONSIEUR PASTOUREAU, poète. BÉRY, Laquais de Monsieur Deloureville. La scène est dans le cabinet de Monsieur Deloureville. Texte extrait de "Proverbes dramatiques...", Louis de Carmontelle, Paris : Jorry, Lejay, 1774. pp. 77-101. L'AUTEUR ET L'AMATEUR SCÈNE PREMIÈRE. Monsieur Deloureville, Béry. MONSIEUR DELOUREVILLE. À quelle heure vous a-t-on dit qu'on répétait ? BÉRY. Monsieur, les musiciens arriveront à six heures. MONSIEUR DELOUREVILLE. À six heures ? BÉRY. Oui, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. Allons, c'est bon. Apportez-moi ces papiers qui sont dans le salon. BÉRY. Je les ai mis ici, sur votre bureau. Il s'en va. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui, les voilà. SCÈNE II. MONSIEUR DELOUREVILLE, feuilletant des papiers. De la musique travaillée, ce n'est point là ce qu'il nous faut, je lui ai dit... Bon, en voici un autre qui ne fait pas un seul vers alexandrin dans son récitatif... SCÈNE III. Monsieur Deloureville, Monsieur Pastoureau, Béry. BÉRY, annonçant. Monsieur Pastoureau. MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, ces Messieurs m'ont dit qu'ils avaient eu l'honneur de vous parler de moi, et que vous aviez eu la bonté de leur dire que vous verriez volontiers mon poème. MONSIEUR DELOUREVILLE. Ah, oui, je me rappelle, c'est un Opéra-Ballet ? MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, Monsieur, c'est Jupiter et Léda. MONSIEUR DELOUREVILLE. Jupiter et Léda. Ah, Monsieur, c'est une chose bien difficile à faire qu'un Opéra. Asseyez-vous donc. MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, je serai charmé que vous vouliez bien me donner vos conseils ; je les suivrai avec grand plaisir. MONSIEUR DELOUREVILLE. J'ai toujours été épouvanté de cette entreprise ; c'est ce qui fait que je n'ai jamais osé la tenter : je sais bien tous les moyens qu'il faut employer pour réussir, et bien des auteurs m'ont eu l'obligation de leurs succès ; mais c'est après bien du travail. MONSIEUR PASTOUREAU. J'espère, Monsieur, que vous voudrez bien avoir les mêmes bontés pour moi. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui-dà, voyons, voyons votre poème. MONSIEUR PASTOUREAU. Voici, Monsieur, comme je commence. Je veux d'abord une ouverture analogue au premier Acte. MONSIEUR DELOUREVILLE. Monsieur, ce n'est pas cela, ce n'est pas cela. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais je vous demande pardon, je veux une musique douce, qui peigne le repos, l'ennui même, s'il est possible. Je ne veux que des flûtes très adoucies... MONSIEUR DELOUREVILLE. Vous voyez bien que vous voilà tout-à-fait hors des principes. MONSIEUR PASTOUREAU. Comment, Monsieur, je ne peux pas commencer par des flûtes ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, Monsieur, gardez-vous-en bien ; vous ne trouveriez pas de musicien, qui voulût se charger de mettre votre poème en musique, et il aurait raison. MONSIEUR PASTOUREAU. Pourquoi donc cela ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Rien n'est plus aisé à comprendre. Avec des flûtes, où serait le premier coup d'archet ? MONSIEUR PASTOUREAU. Mais le premier coup d'archet... MONSIEUR DELOUREVILLE. Ne saurait se retrancher, non, Monsieur, vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. Eh bien, Monsieur, voyez toujours le plan de mon poème. MONSIEUR DELOUREVILLE. Monsieur, Monsieur, vous aurez de la peine... MONSIEUR PASTOUREAU. Lorsqu'on lèvera la toile, on verra l'Olympe assemblée ; les Grâces, les Jeux et les Ris dansent dans une Gloire ; Jupiter bâille. Neptune vient parler à Jupiter, qui se réveille : Junon est inquiète ; les Grâces, les Ris et les Jeux disparaissent et suivent Jupiter. La Jalousie s'offre à Junon et elle la suit. MONSIEUR DELOUREVILLE. Eh, Monsieur, vous n'y êtes pas, ce n'est pas cela, ce n'est pas cela. MONSIEUR PASTOUREAU. Quoi, Monsieur, vous n'êtes pas enchantée de cet acte-là ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, Monsieur, l'acte du Ciel n'est jamais le premier, vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais, Monsieur, cela fait une espèce de Prologue ; il me semble qu'on ne peut pas mieux commencer. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oh ! non, ce n'est pas cela, il faudrait... MONSIEUR PASTOUREAU. Ah ! Monsieur, dites ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, non, voyons la suite. MONSIEUR PASTOUREAU. La décoration représente un bocage, au bord de la mer. Léda paraît suivie des Nymphes, qui dansent pour l'amuser, mais Léda, après avoir reçu leur hommage, leur ordonne de s'éloigner ; elle confie son amour pour le Triton Glaucus, à Corinne son amie. La mer s'agite : elle espère qu'elle va voir son amant : il paraît un cygne qui s'approche d'elle ; elle le croit envoyé par Glaucus ; elle le caresse, et elle est entourée d'un nuage épais, dans lequel elle est enlevée. Les Nymphes se réunissent pour plaindre Léda. Choeur de plaintes qui attirent Glaucus, et lui apprennent son malheur. Il va implorer Neptune. MONSIEUR DELOUREVILLE. Mais, Monsieur, un moment, vous voyez bien que vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. Comment, Monsieur ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Votre acte ne finit pas par un ballet, je n'approuve point cela. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais, cependant à présent... MONSIEUR DELOUREVILLE. Je le sais bien ; et puis Glaucus n'a pas un entretien avec Léda. MONSIEUR PASTOUREAU. Il n'en aura point, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. Il n'en aura point ? MONSIEUR PASTOUREAU. Non, Monsieur, je ne veux point de récitatif, ni de scènes. MONSIEUR DELOUREVILLE. Vous n'en voulez point ? MONSIEUR PASTOUREAU. Non, Monsieur, tout est en action. MONSIEUR DELOUREVILLE. Vous ne réussirez pas, Monsieur, ce n'est pas cela. MONSIEUR PASTOUREAU. Voyez jusqu'au bout. MONSIEUR DELOUREVILLE. Je vous attends à l'Enfer. MONSIEUR PASTOUREAU. Je n'ai point d'Enfer. MONSIEUR DELOUREVILLE. Point d'Enfer ! Point d'Enfer ! Et vous faites un Opéra ? MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. Mais, Monsieur, il faut des oppositions. MONSIEUR PASTOUREAU. Je ne dis pas le contraire. MONSIEUR DELOUREVILLE. Allons, voyons, voyons ; mais vous n'y êtes pas, si vous ne mettez pas d'Enfer. Faites donc un... MONSIEUR PASTOUREAU. Quoi, Monsieur ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Je vous dirai après, continuez. MONSIEUR PASTOUREAU. La scène représente le Palais de Neptune, bâti en coquilles, en corail, en perles, et toutes les productions de la mer, que l'on trouve dans les cabinets d'Histoire Naturelle. MONSIEUR DELOUREVILLE. Il doit être formé de glaçons verts et de pierres rouges, avec des herbes. Vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. [Note : Christoph Ludwig Agricola (1667-1719), peintre de paysages.]Mais tout cela n'est pas cher, et je ne veux rien épargner pour Neptune ; je veux que cette décoration soit peinte par Agricola. MONSIEUR DELOUREVILLE. Monsieur, Monsieur, ce n'est pas cela ! MONSIEUR PASTOUREAU. Glaucus vient attendre Neptune. Monologue de Glaucus. Neptune paraît, il l'implore contre le cygne qui a enlevé Léda. La Cour de Neptune est composée de tritons et de Néréides. Junon paraît sur un arc en ciel, et se plaint à Neptune, de ce qu'il trouve que Jupiter, pour lui faire une infidélité, prenne la forme d'un habitant de la surface des eaux. Neptune lui promet de s'en plaindre au Destin, et il lui fait donner une fête par la suite. Ixion, dont l'amour pour Junon la fait suivre partout, l'assure qu'il va la venger, en dérobant le feu du Ciel, pendant que Jupiter est sur la Terre, pour lui brûler ses ailes de cygne. Il part. Les habitants des eaux sont alarmés, et craignent la sécheresse que ce feu pourra produire. Junon remonte sur son arc en ciel, en recevant leur prière d'arrêter le projet d'Ixion. MONSIEUR DELOUREVILLE. Eh, Monsieur, vous confondez ici... MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, cela marche très bien. MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, vous dis-je, vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. Comment ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Ce n'est pas cela ; ne voyez-vous pas que voilà tous les Éléments confondus, et qu'il faut les distinguer ? MONSIEUR PASTOUREAU. Mais... MONSIEUR DELOUREVILLE. Voilà l'air, le feu, et l'eau ensemble. MONSIEUR PASTOUREAU. Non, Monsieur, ma fête est d'habitants des eaux. MONSIEUR DELOUREVILLE. Mais le feu, où sera-t-il ? MONSIEUR PASTOUREAU. À la fin. MONSIEUR DELOUREVILLE. Quoi, l'Enfer au dernier Acte ? On n'a jamais fini par des Démons ; ce n'est pas cela, vous n'y êtes pas. MONSIEUR PASTOUREAU. Je n'ai point de Démons. MONSIEUR DELOUREVILLE. Point de Démons, point d'Enfer ! Impossible de réussir ; vous n'y êtes pas. Il faudrait du moins... MONSIEUR PASTOUREAU. Parlez, Monsieur, je vous écoute. MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, non ; nous verrons après. MONSIEUR PASTOUREAU. Jupiter a transporté Léda à la Chine. MONSIEUR DELOUREVILLE. À la Chine ? MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. À la Chine, c'est bien quelque chose ; mais je ne vois pas là d'Enfer ; et puis ce serait trop tard. MONSIEUR PASTOUREAU. Permettez. Il est obligé de retourner au Ciel pour punir Ixion. Pendant ce temps-là, le Roi de la Chine veut enlever Léda. Mercure fait venir les combattants de Jupiter, les Chinois sont repoussés ; le Roi est prisonnier. Glaucus paraît et apprend à Mercure que le Destin lui a accordé Léda, et que Jupiter et Junon, en faveur de cet arrêt, se sont raccommodés. Mercure rend la liberté au Roi de la Chine et à ses combattants. Le Roi donne une Fête chinoise à Glaucus et à Léda, qui chantent un duo, à quoi un choeur chinois répond. Ixion, qui est précipité du Ciel après le retour de Jupiter, met, en tombant, le feu à un artifice chinois, superbe, qui termine l'Opéra. Vous voyez bien, Monsieur, que voilà du feu. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui ; mais ce n'est pas là sa place, non plus que celle des combattants : il faut corriger cela, et suivre la marche indiquée. MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, aidé de vos conseils, je ne demande pas mieux ; mais voyez, du moins, les vers, s'ils sont lyriques. MONSIEUR DELOUREVILLE. Montrez. Avec de la docilité, vous pourrez faire quelque chose ; mais vous n'y êtes pas encore : je vous aiderai, parce que je vous trouve des dispositions. Voyons quelques morceaux. MONSIEUR PASTOUREAU. Voici, si vous voulez, le Monologue de Glaucus, dans le Palais de Neptune. MONSIEUR DELOUREVILLE. À la bonne-heure. MONSIEUR PASTOUREAU. Cruel Destin, suspends ta rigueur !Charmant Amour, dont je chéris la flamme,Ne veux-tu régner dans mon coeur,Que pour troubler mon âme ?Je crois, Monsieur, que cela doit vous plaire ? MONSIEUR DELOUREVILLE. On voie bien que vous avez des idées ; mais ce n'est pas cela... Je voudrais... MONSIEUR PASTOUREAU. Mais, Monsieur, la prière au Destin amène le dénouement. MONSIEUR DELOUREVILLE. C'est la tournure de ce Monologue qui devrait être autrement. Rêvant.Cruel Destin, suspends la rigueur ! C'est une invocation ? MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. Je sens bien cela ; mais je voudrais tourner ce vers-là... MONSIEUR PASTOUREAU. Comment ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Attendez.Cruel Destin...Laissez-moi faire, laissez-moi faire. MONSIEUR PASTOUREAU. Je ne dis mot. MONSIEUR DELOUREVILLE. Passez-moi l'écritoire, je vous prie. MONSIEUR PASTOUREAU. La voilà. MONSIEUR DELOUREVILLE. Voyons. Il prend une plume.Cruel Destin, suspends ta rigueur !Je ne peux pas vous passer cela. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais... MONSIEUR DELOUREVILLE. Ne me distrayez pas... Je voudrais mettre... Non... Pourquoi pas ?Rigoureux Destin, suspend ta cruauté...Non, non ; ce n'est pas cela non plus. Que diable, Attendez.Cruel Destin, suspends... suspendsCruel Destin... MONSIEUR PASTOUREAU. Vous n'avez que ta rigueur à mettre. MONSIEUR DELOUREVILLE. Je crois que vous avez raison. Voyons.Cruel Destin, suspends... ta rigueur !Oui, c'est ce qu'il fallait mettre. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais, je l'avais mis aussi. MONSIEUR DELOUREVILLE. Suspends ta rigueur ? MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, vraiment, voyez. Lui montrant. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui, oui, vous avez raison. Allons, je vous passe ce vers-là. Mais pour... Charmant Amour, dont je chéris la flamme. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais, Monsieur, que direz-vous à la place ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Ce que je dirais ?... Mille choses au lieu de cela.Charmant Amour...Mais voyez donc comme cela est commun ! MONSIEUR PASTOUREAU. Je conviens... mais voudriez-vous mettre;;;;Tendre Amour, dont je chéris la flamme ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Non, non.Dont je chéris la flamme ! MONSIEUR PASTOUREAU. Il faut adoucir le reproche que je fais à l'Amour. MONSIEUR DELOUREVILLE. Sans doute ; par conséquent, vous n'y êtes pas. Voici ce qu'il faut dire. Il rêve.Ne m'interrompez pas. Oui, non ; c'est que ce que vous dites-là à l'Amour, me dérange. Comment y a-t-il ? MONSIEUR PASTOUREAU. Charmant Amour, dont je chéris la flamme. MONSIEUR DELOUREVILLE. Charmant Amour... MONSIEUR PASTOUREAU. Dont je chéris la flamme. MONSIEUR DELOUREVILLE. Dont je chéris la flamme.On peut laisser ce vers-là. Voyons les deux autres. MONSIEUR PASTOUREAU. Ne veux-tu régner dans mon coeur, Que pour troubler mon âme ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Un moment donc. Je ne suis pas content de cela ; vous n'y êtes pas du tout.Ne veux-tu régner... MONSIEUR PASTOUREAU. Oui, parce que le Musicien aura de quoi faire une roulade, sur le mot régner. MONSIEUR DELOUREVILLE. J'entends bien ; mais...Ne veux-tu régner dans mon coeur,Vous n'y êtes pas.Dans mon coeur, ne veux-tu régner. MONSIEUR PASTOUREAU. Comme cela, vous ne rimeriez plus à... MONSIEUR DELOUREVILLE. Comment, je ne rimerais plus ? MONSIEUR PASTOUREAU. Non, Monsieur. MONSIEUR DELOUREVILLE. Pourquoi cela, Monsieur ? MONSIEUR PASTOUREAU. Parce que le premier vers dit :Cruel Destin, suspends ta rigueur ! MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui, mais le second. MONSIEUR PASTOUREAU. Le second est :Charmant Amour, dont je chéris la flamme. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui, oui, vous avez raison, laissons :Ne veux-tu régner dans mon coeur... MONSIEUR PASTOUREAU. Que pour troubler mon âme ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Non pas, s'il vous plaît, je ne veux pas de ce vers-là. Vous me trouverez difficile... MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, je ne dis pas... MONSIEUR DELOUREVILLE. Mais je ne vous passerai pas cela. Je veux absolument que vous disiez... MONSIEUR PASTOUREAU. Voyons, Monsieur, je m'en rapporte entièrement à vous. MONSIEUR DELOUREVILLE. Vous allez voir, vous allez voir, j'ai une idée. Dites-moi une rime à flamme... Non, je le tiens.Ne veux-tu régner dans mon coeur...Dans mon coeur... Eh, mon Dieu !...Dans mon coeur... MONSIEUR PASTOUREAU. Que pour troubler mon âme ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Que pour ? MONSIEUR PASTOUREAU. Troubler mon âme. MONSIEUR DELOUREVILLE. Troubler mon âme ?N'est pas mal.Que pour troubler mon âme ?J'en suis très content ! Vous voyez bien qu'à force de chercher on trouve. Que pour troubler mon âme ?Le voilà, il faut l'écrire. MONSIEUR PASTOUREAU. Mais c'est écrit, voilà comme il était fait. MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui ? Il lit.Ah, c'est vrai. Cela ne fait rien. Je suis très content, à présent, de ce monologue. MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, j'espère que par la suite, aidé de vos lumières... MONSIEUR DELOUREVILLE. Vous y pouvez compter, je me ferai un plaisir de vous dire naturellement ce que je pense. MONSIEUR PASTOUREAU. Je vous en serai très obligé. MONSIEUR DELOUREVILLE. Il n'y a que ce moyen-là de former les jeunes gens. Ah ça, je suis très aise d'avoir fait connaissance avec vous. MONSIEUR PASTOUREAU. C'est moi, Monsieur... MONSIEUR DELOUREVILLE. Je verrai ces Messieurs, mais dites-leur toujours que je suis très content de votre poème, parce qu'avec les petites corrections que j'y ferai comme cela, je compte qu'il ira. MONSIEUR PASTOUREAU. Monsieur, je leur dirai, et si vous permettez, quelquefois j'aurai l'honneur... MONSIEUR DELOUREVILLE. Oui, le matin surtout, parce qu'on travaille mieux. Adieu, Monsieur Pastoureau, charmé de vous avoir vu. MONSIEUR PASTOUREAU. Où allez-vous donc, Monsieur ? MONSIEUR DELOUREVILLE. Adieu. Je passe de l'autre côté, puisque vous le voulez. Explication du Proverbe : 44. Plus de bruit que de besogne. ==================================================