******************************************************** DC.Title = LE SUISSE MALADE, COMÉDIE DC.Author = CARMONTELLE, Louis de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Proverbe DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:05. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CARMONTELLE_SUISSEMALADE.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE SUISSE MALADE CINQUIÈME PROVERBE. M. DCC. LXVIII. Avec Approbation et Privilège du Roi. de CARMONTELLE. À Paris, chez MERLIN, Au bas de la Rue de Harpe, vis à vis de la rue Poupée. PERSONNAGES LE BARON DE ROTTBERG, Capitaine Suisse. LE MAJOR. MONISEUR ROSELIN, Médecin. UN CAPORAL. UNE SENTINELLE. UN LAQUAIS. UN GARÇON DE CABARET. La Scene est chez le Baron de Rottberg. Dans PROVERBES DRAMATIQUES, Tome premier, Première partie, 1768. LE SUISSE MALADE. SCÈNE PREMIÈRE. Le Baron en robe de chambre , Le Major. LE MAJOR. Hé bien, Monsieur Baron, comment aujourd'hui porte-vous, porte-vous bien ? LE BARON. Non, Major, je suis tout embarrassé des jambes, de la tête, de la ventre. LE MAJOR. Fumé in bibe de tabac, cela il fera sort bien, che vous assure, moi. LE BARON. Pon. J'ai déja fumé plus que trois, et tout au contraire, il ne sait rien, je suis tout de même qu'auparavant. LE MAJOR. Tiaple ! Je comprends pas comment cela il fait : il faut envoyer chez la Docteur. LE BARON. Hé bien, envoye vous. LE MAJOR. Je vais dire tout présentement. Oh là-bas, André. SCÈNE II. Le Baron, Le Major, Un Laquais. LE LAQUAIS. Qu'est-ce que vous voulez, Monsieur le Major ? LE MAJOR. Apporte ci à ste moment la Docteur Roselin. LE LAQUAIS. Il est ici dans la maison, chez un Monsieur qui est malade. Tenez le voilà qui descend. LE MAJOR. Hé bien, fais endrer ici, chez Monsieur la Baron. Marche donc. Le Laquais sort. Cette Docteur, il dira la mal avec la remède. SCÈNE III. Le Baron, Le Major, Monsieur Roselin, Un Laquais. LE LAQUAIS. Par ici, Monsieur le Docteur. MONSIEUR ROSELIN. Ah, c'est vous, Monsieur le Major : est-ce que vous êtes malade ? LE MAJOR. C'est bien autrement ; c'est Monsieur, la Capitaine. MONSIEUR ROSELIN. Ah, cela n'est pas étonnant, dans ce temps-ci, il y a beaucoup de maladies ; voyons, voyons. LE MAJOR. Tenez, placez-vous ici, avec Monsieur la Baron. MONSIEUR ROSELIN, tatant le pouls du Baron. Qu'est-ce que vous sentez, Monsieur. LE BARON. Je sente fort la tabac de fumée. MONSIEUR ROSELIN. Je comprends fort bien cela vient d'un grand feu dans les entrailles, et crachez-vous ? LE BARON. Monsieur la Docteur, toute le jour je ne fais pas autrement ; et plus je crache, plus je suis altéré. LE MAJOR. C'est-il pon cela , Monsieur la Docteur ? MONSIEUR ROSELIN. Un moment, plus je pense et plus je vous trouve heureux, Monsieur ; votre maladie est une chose rare ! Admirable ! Surprenante ! C'est un bonheur pour moi de vous avoir vu ! LE MAJOR. Un bonheur, Monsieur la Docteur ? MONSIEUR ROSELIN, avec joie. [Note : Pituite : Terme de médecine. Humeur blanche et visqueuse, sécrétée par certains organes, et particulièrement celle qui vient du nez et des bronches. [L]]Oui, un bonheur ! Votre maladie est la pituite vitrée des anciens, que nous avions perdu depuis longtemps, et que vous nous faites retrouver. LE MAJOR. Une petite huitre vitrée, vous croyez Monsieur la Docteur ? MONSIEUR ROSELIN. J'en suis sûr, et toute la Faculté m'en aura obligation. LE BARON. Mais, Monsieur, que faut-il que je fasse ? MONSIEUR ROSELIN. Il faut... la pituite vitrée ! Cela aura des suites ! Il faut Monsieur... la pituite vitrée !... LE MAJOR. Dites à ce moment, Monsieur la Baron, il attend votre ordonnance. MONSIEUR ROSELIN. II faut, Monsieur, faire boire beaucoup le malade et lui donner une garde ; je reviendrai bientôt. La pituite vitrée !... Adieu, Messieurs, adieu, ne perdez pas de temps. SCÈNE IV. Le Baron, Le Major, Le Laquais. LE MAJOR. André, allez sur le moment, à la Corps-de-Garde, chercher une Garde de quatre hommes, avec in Caporal, et qu'ils viennent tout présentement. LE LAQUAIS. Oui, Monsieur le Major. LE MAJOR. Et faites apporter ici, six bouteilles de vin, du meilleur, et puis après on portera encore... Allons, marche. SCÈNE V. Le Baron, Le Major. LE MAJOR. Je comprends pas bien ce petit huitre que la Docteur il dit que vous avez, Monsieur la Baron. LE BARON. C'est peut-être que j'ai mangé beaucoup à Dunkerque, de celles de Blankenberg, avant de venir ici. LE MAJOR. Ho, cela il pourrait être fort bien comme cela ; mais il dit que c'est in bonheur ; c'est in tiaple de bonheur ; j'aimerais mieux avoir in pon santé. LE BARON. La remède il fera peut-être guérir un peu. LE MAJOR. Oh, pour moi, je crois bien. Ah voilà déjà la vin. SCÈNE VI. Le Baron, Le Major, Un Garçon de cabaret, avec des bouteilles de vin. Le Caporal, des Soldats, Le Laquais. LE GARÇON DE CABARET. N'est-ce pas ici que demeure Monsieur le Baron de Rottberg ? LE MAJOR. Oui, porte-là le vin, et les verres. LE LAQUAIS. Monsieur le Major, voilà le Caporal. LE MAJOR. Ah fort bon. Caporal, mettez in Sentinelle à la porte de Monsieur la Baron, qu'on ne laisse point entrer ici personne, sans mon ordre, entendez-vous ? LE CAPORAL. Fort bon, Monsieur le Major. LE MAJOR. Écoutez encore. Vous aurez soin de verser à boire à Monsieur la Baron, voilà du vin ; n'épargne pas, et vous boirez aussi avec lui pour l'inviter. LE CAPORAL. Fort bon, Monsieur le Major. LE MAJOR. Je reviendrai à fte moment, après que la parade il fera fini. Portez-vous bien Monsieur la Baron. LE BARON. Adieu Major. SCENE VII. Le Baron, Le Caporal, La Sentinelle. LE CAPORAL. Sentinelle entre dehors, et prendre garde s'il vient quelqu'un qu'il ne doit pas entrer, que Monsieur la Major. LE BARON. Caporal, je suis fort altéré... LE CAPORAL. C'est fort bon ; voilà in bouteille que nous boirons premièrement ; tenez mon Capitaine ; c'est pour votre bon santé. Ils boivent. C'est un pon vin. Puvons encore un coup. À la Major. IIs boivent. Fort bon ! LE BARON. La Docteur, je crois, il a raison. LE CAPORAL. C'est un pon ordonnance, ils donnent pas comme cela à l'Hôpital. Voulez-vous encore ? Pour moi je veux bien. Au santé de tout la Régiment. Ils boivent. LE BARON. C'est un pon Médecin, la Docteur. LE CAPORAL. Oh, in fort habile homme ! Voule-vous poire aux Compagnies de Grenadiers ; c'est braves gens, par mon foi. LE BARON. Je suis fort en train, verse, Caporal. Ils boivent. LE CAPORAL. Nous poirons après la Drapeaux. LE BARON. La Drapeaux ? Oui, il faut commencer par la Drapeaux, et puis nous retournerons après : c'est un grand bêtise que nous avons fait. Puvons, puvons. Ils boivent. LE CAPORAL. Je disais pas d'abord ; mais je pensais. LE BARON. Je suis plus gaillard, le parole il me revient. LE CAPORAL. La Tambour, la Fifre, le Musique, il faut poire aussi, mon Capitaine. Il verse. LE BARON. Le Musique, oui ; c'est un bon camarade pour poire aussi le Musique. Donne donc encore. LE CAPORAL. Votre verre il est tout plein. LE BARON. Ah, tu as raison Caporal, c'est que je ne voyais pas. Ils boivent. LE CAPORAL. Mon Capitaine, voulez-vous chanter un petit chanson, cela il vous altérera encore plus fort. LE BARON. Je veux bien, Caporal. Chante un peu, je chante avec. LE CAPORAL, chante. Air du Noël Suisse.C'est un pon grivoiseQue Mameselle Fanchon,Elle vous amboise. Et se rend sans façon. LE BARON, chante. C'est un pon grivoise...Oui, tu avais raison, cela il alt7re beaucoup de chanter, verse un peu à poire. Ils boivent. LE CAPORAL. C'est fort pon. Allons chantons. ENSEMBLE. C'est im pon grivoiseQue Mameselle Fanchon,Elle vous amboise Et se rend sans façon. LE BARON. Gott, Gott, puvons. Ils boivent. LE CAPORAL. Mon Capitaine, écoute avec moi.On lui dit MamselleJe vous aime bien. LE BARON. On lui dit MamselleJe vous aime bien. LE CAPORAL. Et jamais la belleNe dit je n'en crois rien. LE BARON. Ah, fort pon, celui-là ! Puvons à son santé. Ils boivent. ENSEMBLE. Et jamais la belleNe dis je n'en crois rien. LE CAPORAL. Chacun se l'arrache, Sans qu'elle se fâche ,Qui porte moustacheA toujours son tourDu Sergent au Tambour. LE BARON. Du Sergent au Tambour.Il est fallé celui-là, puvons. Ils boivent et ils commencent à être ivres. SCÈNE VIII. Le Baron, Le Caporal, Monsieur Roselin, La Sentinelle, tous deux en dehors. LA SENTINELLE. Où alle-vous, Monsieur ? On n'entre pas. MONSIEUR ROSELIN. Je vais chez Monsieur le Baron. LA SENTINELLE. Monsieur la Baron, là-dedans ? MONSIEUR ROSELIN. Oui, Monsieur le Baron qui est malade. LA SENTINELLE. Malade ? MONSIEUR ROSELIN. Oui, je suis son Médecin. LA SENTINELLE. Malade ? On m'a point dit. Alle-vous trouver la Major, il vous fera entrer. MONSIEUR ROSELIN. Quoi, je ne puis pas entrer sans le Major ? LA SENTINELLE. Non je vous dis, allons marche. MONSIEUR ROSELIN. Quels diables de gens ! LA SENTINELLE. Allons, allons, vous dire point autre chose. MONSIEUR ROSELIN. Hé bien, je m'en va trouver le Major. LE CAPORAL. Sentinelle, qu'est-ce que c'est donc là ? LA SENTINELLE. In Monsieur, qui est allé marcher sur la Major. LE CAPORAL. Ah, pon, pon. SCÈNE IX. Le Baron, Le Caporal. LE BARON. Caporal, qu'est-ce qui est donc là avec vous ? LE CAPORAL. C'est moi. LE BARON. Ah, je croyais voir encore un autre. LE CAPORAL. C'est la brouillard. LE BARON. Oui, je comprends. Puvons à présent. LE CAPORAL. Au brouillard ? Versant à boire. LE BARON. Non, à les treize Cantons. LE CAPORAL. Hé bien, au premier. LE BARON. Zurich ? LE CAPORAL. Non, Berne. LE BARON. Non, c'est Zurich, je fuis de Zurich, ainsi pour moi, c'est la premier. LE CAPORAL. Buve-vous à Zurich , moi je pois à Berne. LE BARON. Berne, Zurich, Zurich, Berne, je pois toujours. Ils boivent. SCÈNE X. Le Baron, Le Major, Monsieur Roselin, Le Caporal. LE MAJOR. Hé bien, Baron, comment va présentement ? LE BARON. Ah, Major, nous avons pu à votre santé, voule-vous poire avec nous ? MONSIEUR ROSELIN. Comment ! Il est ivre, je crois ! Vous lui avez laissé boire du vin, c'est donc pour cela qu'on ne voulait pas me laisser entrer ? LE MAJOR. N'avez-vous pas dit de faire poire ? MONSIEUR ROSELIN. Oui, mais pas de vin. LE MAJOR. Et de donner une garde ? Voilà la Caporal, et puis encore quatre fusiliers. MONSIEUR ROSELIN. Comment ; c'est une garde-malade, et c'était de la ptisanne qu'il fallait lui faire boire. LE MAJOR. Ah, bien Dame, il fallait donc vous expliquer mieux. MONSIEUR ROSELIN. J'ai cru que vous m'entendriez, ce n'est pas ùa faute ; mais il n'a pas besoin de moi à présent, je vous souhaite le bonjour. LE MAJOR. Bonjour, Monsieur de Docteur. ==================================================