******************************************************** DC.Title = LES GALANTS RIDICULES, COMÉDIE DC.Author = CHEVALIER, Jean Simonin dit DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 12:57:03. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CHEVALIER_GALANTSRIDICULES.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LES GALANTS RIDICULES OU LES AMOURS DE GUILLOT ET DE RAGOTIN. Comédie représentée sur le Théâtre Royal du Marais. M. DC. LXII. Avec Privilège du Roi. Par le Sieur CHEVALIER. Mademoiselle, Il faut que je vous avoue que jamais homme ne se trouva plus embarrassé que je le fus, lorsque j'entrepris de vous adresser cette Comédie, parce que vous la donner c'est la donner à tout le monde, et que vous méritez sans doute quelque chose de plus particulier, n'ayant rien en vous que de fort extraordinaire, étant incomparable en tout comme vous êtes : cependant je me trouve contraint de faire comme les plus grands hommes ont fait, qui faisant imprimer leurs écrits, ce qui les rend communs à tous, se sont toujours servis des termes, je vous les offre, je vous les donne, je vous les dédie, je vous les consacre, comme si ne les eussent donnés qu'à une seule personne, et pourtant vous voyez que c'est en faire un présent à toute la nature, c'est pourquoi j'aurais bien voulu trouver quelque autre moyen, afin que cette Comédie pût être à vous seule : outre que j'aurais eu bien lieu de la joie qu'il n'y eut eu que vous à vous railler de moi et de mes ouvrages, sans être encor exposé à la censure de tout le monde, mais ce qui me console en ceci est, que je me suis raillé de moi-même le premier, ainsi cela ne me surprendra point ; peut-être me direz-vous que ce que je dis est ridicule, j'en demeurerai d'accord, et comme ma pièce se nomme les Galants Ridicules, je prétends que tout s'ensuive, et que l'Épître ne déroge point à l'ouvrage ; au reste si les Comédies sont bonnes quand elles font rire, je puis dire que celle-ci n'est pas mauvaise : mais comme quelquefois ces sortes de choses excitent à rire à force d'être méchantes, je ne sais ce que j'en dois croire, quoi qu'il en soit, je vous la donne comme si elle était meilleure, vous assurant que si j'eusse pu faire un chef-d'oeuvre il vous eût été présenté avec autant de zèle et d'affection que cette petite pièce vous est offerte par Votre très humble, et très obéissant serviteur, CHEVALIER. LES ACTEURS. ANGÉLIQUE, Fille du Docteur, Amante de Léandre. BÉATRIX, Suivante d'Angélique. RAGOTIN, Valet de Guillot, Amoureux de Béatrix. GUILLOT, Amoureux d'Angélique. LE DOCTEUR. Père d'Angélique. LÉANDRE, Amant d'Angélique. LE BARON DE LA TOPINIÈRE, Amoureux d'Angélique. TARASQUIN, Valet du Baron. LE CARTEL DE GUILLOT. SCÈNE I. Béatrix, Léandre. LÉANDRE. [Note : Ici, il manque tout le début de la 1ère Scène. ]D'emportement, de barbarie, Le père de ce digne objet M'a su quereller sans sujet, Quand j'espérais par mon hommage Cette merveille en mariage, Bien loin d'avoir cette beauté Tu vois comme il m'a rebuté. BÉATRIX. Léandre j'ai vu cette chose Mais enfin qu'elle ne vous cause, Aucun sujet d'être alarmé Étant parfaitement aimé, Car vous savez que ma maîtresse A pour vous beaucoup de tendresse, Donc au lieu de vous affliger Songez à ne rien négliger, Pour trouver les moyens de plaire À cet esprit bourru de père, Et dedans ce moment fatal Faites le bien contre le mal, Lorsqu'il vous montre son caprice Tachez à lui rendre service, Épiez en l'occasion Parfois une belle action, Donne aux choses une autre face. LÉANDRE. Ah ! Béatrix je te rends grâce, Oui depuis que tu m'as parlé Je me trouve un peu consolé, Je vais donc faire mon possible Pour servir ce père insensible, Cherchant s'il se peut le moyen De faire de mon mal un bien, Toi Béatrix, près de ma belle Jusqu'à la fin sois-moi fidèle, Moi je ferai de mon côté. BÉATRIX. Ne soyez plus inquiété, Et mettez en repos votre âme Vous l'aurez aujourd'hui pour femme, Mais quelqu'un s'en vient en ce lieu Faites ce que j'ai dit. LÉANDRE. Adieu. SCÈNE II. Guillot, Ragotin. GUILLOT. Ragotin l'amour me tourmente Je brûle d'une flamme ardente, Depuis que certain oeil vainqueur A mis le feu dedans mon coeur, En un mot c'est l'oeil d'Angélique Qui me perturbe et qui me pique, Oui ce petit fripon d'objet [Note : Trébuchet : Prendre quelqu'un au trébuchet, pour dire, L'engager par adresse, par de belles apparences, à faire une chose qui lui est désavantageuse, ou qui est contraire à ce qu'il avait résolu. [Acad 1762]]A pris mon âme au trébuchet. RAGOTIN. Il est vrai qu'Angélique est belle Mais vous n'êtes pas moins beau qu'elle. GUILLOT. Et bien Ragotin que dis-tu De l'habit dont je suis vêtu, La petite oie est-elle belle [Note : Empaumer : Au fig. se rendre maître de l'esprit d'une personne. [FC]]Pour empaumer la Damoiselle, Et crois-tu qu'avec tant d'appas La drôlesse n'en tienne pas, Le Comte de la Guillotière Lui va donner dans la visière, Et d'abord qu'elle me verra Dieu sait si l'amour la prendra, De même qu'il m'a bien su prendre. Mais peut-on résister au tendre, Ce diable de tendre est fâcheux Et qui s'en pare est bien heureux. RAGOTIN. Pour moi je crois que qui s'en pare Possède un secret grand et rare, Et si le pauvre Ragotin S'en parait, il serait bien fin. GUILLOT. Quoi le même mal te tourmente ? RAGOTIN. Monsieur j'en tiens pour la Suivante, Et cette traîtresse aux yeux doux A mis aussi le feu chez nous. GUILLOT. Nous voilà donc bien à notre aise Moi tout de feu, toi tout de braise Nous ne chercherons point l'Enfer À dessein de nous y chauffer, Je crois que nos ardeurs extrêmes [Note : Consommer : Achever, accomplir. [L]]Consommeraient les diables mêmes, Et qu'en nous voyant ces démons Se transformeraient en charbons, Mais qu'ils brûlent, qu'ils se rôtissent, Qu'ils consomment, qu'ils s'engloutissent, Qu'ils gèlent, qu'ils soient tout glaçons Tout cela j'en dis, des chansons, Pourvu que ma chère Maîtresse Montre pour moi quelque tendresse, Et que la belle à mon abord Puisse être avecque moi d'accord, Car j'aurais l'âme mal contente Si ma femme était discordante, Ainsi pour nous bien accorder Il faut que tu l'aille aborder, Vois donc ce qu'il faut que tu fasses Pour me mettre en ses bonnes grâces Va-t'en lui dire de ma part Que c'est et sans feinte et sans fart, Que le brave et l'illustre Comte, [Note : Compte : On dit aussi, qu'un homme en a pour son compte, quand il lui est arrivé quelque malheur, quelque disgrâce, quand il a reçu quelque mauvais traitement. [T]]En tient pour elle pour son compte, Que quand nous nous assemblerons Qu'ensemble enfin nous compterons, Et que pour la faire Comtesse Je viens la voir avec vitesse, Qu'elle sait si fort éclater Que je ne puis au mieux compter, Si bien que je veux qu'elle compte Avec moi sans aucune honte, Car en ne voulant pas compter Je pourrais bien me mécompter, Parce qu'en comptant sans son hôte Bien souvent l'on se trouve en faute, C'est pourquoi l'on dit d'une voix Que sans hôte on compte deux fois, Je veux donc compter avec elle D'une façon toute nouvelle, Puisque c'est un compte amoureux Qu'il nous faudra vider tous deux. Va la voir pour me satisfaire. RAGOTIN. Moi Monsieur j'ai mon compte à faire, Depuis que je suis avec vous Je n'ai pu recevoir deux sous. GUILLOT. Tu te plains la Ragotinière. RAGOTIN. Oui Monsieur de la Guillotière. GUILLOT. Je compterai je te promets. RAGOTIN. Oui, mais vous ne payez jamais, Vous comptez avec grand délice Mais payer n'est pas votre vice. GUILLOT. Ragotin tu me fais affront. RAGOTIN. On fait payer à qui répond Ne répondez pas davantage. GUILLOT. Va-t'en donc faire le message Dont naguère je t'ai prié. RAGOTIN. J'irai quand vous m'aurez payé. GUILLOT. Ragotin, vois que je m'enflamme Veux-tu laisser griller mon âme, Parmi mille brûlants transports [Note : Fricasser : Fig. et très familièrement. Faire périr, perdre. [L]]Qui me vont fricasser le corps. RAGOTIN. Votre amour n'est pas plus ardente Que la mienne est pour la Suivante, C'est pourquoi rôtissons, grillons, Consommons, brûlons, pétillons, Que tout le feu de la nature [Note : Fressure : Fig. et très familièrement. Le coeur, le foie où s'excitent les désirs. [L]]Tombe dessus notre fressure, Quand nous deviendrions plus secs [Note : Saurets : Le même que saure, dont il est un diminutif. Maigre comme un hareng sauret, très maigre. [L]]Que les harengs les plus saurets, Qu'amour nous réduirait en poudre Vous ne me pourriez pas résoudre, [Note : Fait : La part qui revient à quelqu'un. [L]]À ne rien faire qu'ayant mon fait. GUILLOT. Ah, quel obstiné de valet, Il nous laisserait tous deux cuire Tous deux sécher et tous deux frire, Si je ne le rendais content Il faut lui donner de l'argent, Tiens, Ragotin, voilà tes gages. RAGOTIN. Maintenant pour tous vos messages, Vous n'avez qu'à me commander. GUILLOT. Va donc promptement aborder, [Note : Franchise : La liberté dont on jouit en un lieu. [L]]La voleuse de ma franchise Car la brigande me la prise, Enfin tu lui feras savoir [Note : Gros : Qui a envie de, désireux. [L]]Que je suis tout gros de la voir, Tiens donc toute prête ta langue À lui faire cette harangue, Heurte à sa porte la voilà. RAGOTIN. Holà, belle Angélique, holà, SCÈNE III. Béatrix, Ragotin. BÉATRIX. Que vous plaît-il de ma maîtresse. RAGOTIN. Je voudrais lui parler traîtresse. BÉATRIX. Pourquoi m'appeler de ce nom, RAGOTIN. Excuse-moi petit tendron, Malade de ma maladie On peut bien dire une folie, Et de la dire j'ai bien lieu Puisqu'un petit Diable de Dieu, Cet amour ou plutôt ce traître M'a fait en te voyant paraître, Appeler de cette façon Comme il use de trahison, Qu'il a filouté le coeur nôtre Je vous avais pris l'un pour l'autre, Tu ressemble à ce friponneau Tout ainsi que deux gouttes d'eau, Mais loin de t'appeler traîtresse Je te veux nommer ma déesse, Belle déesse, mon souci, Fais venir ta Maîtresse ici. BÉATRIX. Mais pourquoi, que veux-tu lui dire ? RAGOTIN. Pour lui déclarer le Martyre, De Monsieur le Comte Guillot Dont je suis le valet Ragot. BÉATRIX. Le Comte de la Guillotière. RAGOTIN. Oui. BÉATRIX. J'y vais, la Ragotinière, Madame, on vous demande en bas. SCÈNE IV. Angélique, Béatrix, Ragotin. RAGOTIN. [Note : Malepeste : Imprécation qu'on fait contre quelque chose, et quelquefois avec admiration. [M]]Malepeste qu'elle a d'appas, Ma foi la Maîtresse me tente Tout autant comme la Suivante, Et quand je les vois toutes deux Je ne sais où porter mes yeux, Contentons-nous de la Soubrette La Maîtresse est sans doute faite, Pour mon Maître, il la doit avoir Çà faisons donc notre devoir, Madame, si mon éloquence, Se déploie en votre présence, C'est que mon Maître est de vos yeux Comme de vous fort amoureux, Mais c'est un amour sans semblable Il vous aime comme le diable, Il dit qu'il vous possèdera [Note : Belzébuth : Nom d'un démon. [L]]Ou que Belzébuth vous aura, Et qu'enfin s'il ne vous possède Qu'il s'en va pour dernier remède, Se précipiter loin de vous Entre deux draps de lin bien doux. ANGÉLIQUE. Pourquoi dire cette sottise. SCÈNE V. Angélique, Béatrix, Guillot, Ragotin. GUILLOT, sort du coin du théâtre où il était caché. Ma belle, excusez la franchise, Ragotin venait en ce jour Pour vous découvrir mon amour, Mais sa maladroite personne Ne sait pas comme l'on raisonne, Car alors qu'il faut raisonner [Note : Rationiser : Terme usité seulement dans le style dogmatique. User de la raison. [L]]Il faut bien ratiociner Et quand bien l'on ratiocine La raison en est bien plus fine, Ainsi raisonnant comme il faut On a le raisonnement haut ; Or donc la raison raisonnante D'elle-même est fort éloquente, Et comme enfin cette raison N'a rien en elle que de bon, Concluons qu'étant admirable La raison est bien raisonnable. RAGOTIN, chantant. [Note : La chanson ci-dessous rompt le rythme. Plus d'alternance de rimes : 2 féminines 2 masculines. Le chanteur ayant chanté 3 vers. Il manque pour le 2ème vers, un corresp. pour la rime.]Et concluons par nos raisons Qu'il faut quitter l'eau de la Seine Pour les bateaux et les poissons. GUILLOT. Ragotin voulez-vous vous taire ? RAGOTIN. Que chacun fasse son affaire. GUILLOT. Rare objet qui me perturbez. RAGOTIN. [Note : Coquereau : Espèce de petit navire. [L]][Note : Embourber : Fig. Embourber quelqu'un dans une mauvaise affaire, l'y engager. [L]]OEil coquereau qui m'embourbez. GUILLOT. Je te défends de plus rien dire. RAGOTIN. Je veux déclarer mon martyre. GUILLOT. Finirez-vous bientôt Ragot ? RAGOTIN. [Note : Écot : Fig. Parlez à votre écot, se dit à une personne se mêlant de parler à des gens qui ne lui adressent pas la parole. Parlez à votre écot, signifie parlez à votre compagnie, et non à nous. [L]]Monsieur, parlez à votre écot, Je parle ici des amours nôtres Vous pouvez là parler des vôtres, Vous en avez permission Poussez donc votre passion, Moi je m'en vais pousser la mienne Ah, s'il faut qu'un jour je te tienne... GUILLOT. À la fin je me fâcherai Ragot je vous étrillerai. BÉATRIX. Tais-toi, laisse parler ton Maître. GUILLOT, à Angélique. Pardonnez si j'ose paraître, À vos yeux les plus grands fripons Et d'amour les plus grands tisons, Qui soient dans le reste du monde Ils m'ont, ou je veux qu'on me tonde, Emmouraché d'une façon [Note : Court-bouillon : Liquide composé dans lequel on fait cuire le poisson. [L] ici sens figuré.]Que j'en ai l'âme au court-bouillon, [Note : Compote : Fig. Avoir la tête, les yeux en compote ou à la compote, les avoir tout meurtris. [L]]Le pauvre foie à la compote [Note : À la matelote, loc. adv. À la façon des matelots. ]La fressure à la matelote, Et le coeur en un tel ragoût Qu'il peut contenter votre goût, Vous êtes, je me donne au diable Une personne incomparable, Et la nature sur ma foi Vous a faite digne de moi. Ah, trop aimable pécheresse Si vous devenez ma Maîtresse, Qu'en satisfaisant mon désir, Vous m'allez donner de plaisir, Car vous avez une prestance Qui porte à la concupiscence, D'abord que je vois vos appas Vous me mettez dans des états, Mais des états si pitoyables Qu'en voyant vos yeux adorables, J'en serais quitte à bon marché Si j'en sortais pour un péché. Vos yeux m'ayant mis de la sorte Ont causé qu'ici je m'apporte, Pour voir si vous trouverez bon Que nous fassions conjonction, En mariant nos deux personnes Répondez la bonne des bonnes. ANGÉLIQUE, bas le premier vers. Ô le ridicule Amoureux Monsieur, j'approuve fort vos voeux, Mais comme je dépends d'un père Il le faut voir pour cette affaire, Je pense qu'il s'en vient ici Dieu me garde d'un tel mari. SCÈNE VI. Guillot, Ragotin Angélique, Béatrix, Le Docteur. LE DOCTEUR. Allons chez nous bonne hypocrite [Note : Chattemite : Personne affectant des manières humbles et flatteuses. [L]]Vous aussi bonne chattemite, [Note : Muqueter : Faire le galant, le cajolleur, tascher de se rendre agreable à une Dame. [L]]Qui ne faites, que mugueter [Note : Coqueter : Se plaire à cajoler, ou à être cajolée. [F]]Que jaser et que coqueter, [Note : Caquet bon bec : personne bavarde et médisante. [L]][Note : La poulle à ma tante : une cajoleuse. [SP]]Caquet bon bec poule à ma tante Et la maîtresse et la suivante. SCÈNE VII. Guillot, Ragotin, Le Docteur. LE DOCTEUR. Et bien que vous plaît-il Monsieur. GUILLOT. Je suis venu brave Docteur... LE DOCTEUR. Je suis venu, c'est une phrase Qui met mon âme dans l'extase, Car vous ne pouviez être ici À moins que d'y venir aussi. GUILLOT. Vous saurez que ce qui m'amène. LE DOCTEUR. Sachez avant que je l'apprenne, Que c'est fort bien dit vous saurez Vous oirez, vous écoutez, Parce que pour faire comprendre Il faut avant se faire entendre. GUILLOT. Entendez-moi donc s'il vous plaît. LE DOCTEUR. Tout incontinent j'y suis prêt, Mais souffrez que je vous avoue Que vous méritez qu'on vous loue, Quand vous demandez humblement Audience pour un moment, S'il vous plaît est un si beau terme Que je vous entends de pied ferme, GUILLOT. Monsieur je vais donc commencer. LE DOCTEUR. Avant que plus outre passer, Vous permettrez que je vous die Que ce mot a grande énergie, Ne dit-on pas communément Telle fin tel commencement, Un commencement admirable Est suivi d'une fin semblable, Donc on ne doit commencer rien Qu'à dessein de le finir bien, Et de plus jamais éloquence... GUILLOT. Permettez-vous que je commence ? LE DOCTEUR. Oui Monsieur je vous le permets. GUILLOT. Ne commencerai-je jamais ? LE DOCTEUR. Commencez donc votre harangue. GUILLOT. Que le Diable emporte ta langue. LE DOCTEUR. Commencerez-vous votre point. GUILLOT. Et toi ne finiras-tu point, Comment veux-tu que je commence, Si tu troubles mon éloquence. LE DOCTEUR. Je prête silence, parlez. GUILLOT. Sachez que mes sens sont brûlés Apprenez... LE DOCTEUR. Comment que j'apprenne, Esprit grossier âme malsaine, Apprenez, ne sais-tu pas bien Qu'un Docteur n'ignore de rien, Que toutes les plus rares choses Dedans moi sont toutes encloses, Que je passe chez les savants Pour un miracle de mon temps, Qu'il n'est point d'esprit qui ne cède Aux sciences que je possède, Dont sachant tout de bout en bout Qui dit Docteur veut dire tout, Et tu me viens dire d'apprendre. GUILLOT. Ah, que ne te puis-je voir pendre, Je veux vous dire que l'amour Est cause... LE DOCTEUR. Que tu vois le jour, Que par lui seul tu tiens ton être Que sans lui tu ne pouvais naître, Que c'est lui qui nous fait aimer Qu'il sait l'art de nous enflammer, Et qu'encor qu'il ne voie goutte Il nous sait conduire à la route, Qu'il faut suivre pour les plaisirs Animant nos plus chers désirs, Il fait palpiter notre foie Il mène au séjour de la joie, Enfin par ce divin enfant On se voit souvent triomphant, De l'aimable objet qui nous charme Et pourtant lui seul nous désarme, Et quand on se voit triomphant On ne le doit qu'à cet enfant, Oui cet aveugle qui nous guide Donne de l'esprit au stupide, Il fait que le plus ignorant Près d'une maîtresse est savant, Et qui rend toutes nos paroles [Note : Hyperbole : Figure de rhétorique qui consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression. [L]]Pleines d'illustres hyperboles, GUILLOT. [Note : Hyperboliser : Parler par hyperboles.]Ah, c'est trop hyperboliser Je m'en vais à mon tour jaser Sachez que la belle Angélique LE DOCTEUR. Si c'est la beauté qui vous pique. GUILLOT. Comment donc je ne dirai rien L'amour... LE DOCTEUR. Ainsi qu'il fait du bien, Il fait du mal et de la peine Et met notre coeur à la gêne, Il porte nos intentions Souvent aux basses actions, Il nous présente des abîmes Qui nous font tomber dans les crimes, Et bien souvent nous y tombons Alors que moins nous y pensons. GUILLOT. Parleras-tu toute ta vie ? LE DOCTEUR. Non ma phrase est bientôt finie, Je ne vous dirai plus qu'un mot Sachez brave Comte Guillot... GUILLOT. Sachez docteur qui n'en sait guère [Note : Harangueur : Fig. et familièrement. Celui qui parle beaucoup, celui qui fait des réprimandes sur toutes choses. [L]]Que ta langue est une haranguère, LE DOCTEUR. Sachez... GUILLOT. Je ne veux rien savoir. LE DOCTEUR. Voyez donc... GUILLOT. Je ne veux rien voir. LE DOCTEUR. Comprenez... GUILLOT. Ni même comprendre. LE DOCTEUR. Apprenez... GUILLOT. Que peux-tu m'apprendre. LE DOCTEUR. En toutes choses d'exceller. GUILLOT. Bourreau, je ne veux que parler. LE DOCTEUR. Parlez, je suis tout prêt d'entendre. GUILLOT. J'attends... LE DOCTEUR. Vous pouvez tout attendre. GUILLOT. J'espère... LE DOCTEUR. Espérez tout de moi. GUILLOT. Croyez... LE DOCTEUR. Fort aisément je crois. GUILLOT. Pensez... LE DOCTEUR. Je sais ce que je pense. GUILLOT. Donnez... LE DOCTEUR. Je vous donne audience, Ainsi que vous l'avez voulu. GUILLOT. Dis-moi traître as-tu résolu, De m'étourdir en cette place. LE DOCTEUR. Enfin mon silence se lasse, Vous parlez trop Monsieur Guillot. GUILLOT. Je veux... LE DOCTEUR. Vous ne direz plus mot, Il faut qu'à mon tour je m'explique. GUILLOT. J'aime votre fille Angélique. LE DOCTEUR. Quoi c'est l'objet de vos souhaits Touchez, vous ne l'aurez jamais. SCÈNE VIII. Guillot, Ragotin. GUILLOT. Nous voilà bien dans nos affaires. RAGOTIN. Nos maux sont extraordinaires Jamais je ne vis tel parleur. GUILLOT. Ah ! Quel enragé de Docteur, [Note : Épigramme : Espèce de petite poësie, qui consiste ordinairement dans une seule pensée, dont la force est presque toute dans les derniers vers. [L]]Et quel grand cracheur d'épigramme Il m'a pensé vomir son âme, [Note : Chien de : Chien de, avec les noms masculins, chienne de, avec les noms féminins, locution qui se dit, par une sorte de dépréciation, des personnes et des choses. [Acad. 1762]]Au nez dans son chien d'entretien Pour un Docteur qui ne sait rien, Il fait valoir une sottise Comme un Docteur qui doctorise, Mais pourtant en doctorisant Il m'a rendu fort mal content, Le diable emporte sa doctrine Lui-même et sa maudite mine, De m'avoir ainsi refusé L'objet dont je suis embrasé, Et celle où tout mon soin s'applique. SCÈNE IX. Le Baron de la Topinière, Tarasquin, Guillot, Ragotin. LA TOPINIÈRE. Oui j'aime l'illustre Angélique, Et quiconque s'en approchera Il est certain qu'il périra, [Note : Couper le trame : se dit figurément et poétiquement en Morale, du cours de la vie. Les Parques ont filé, ont coupé la trame de ses jours. [L]]Je m'en vais lui couper la trame Et puis je lui mangerai l'âme. GUILLOT, se cachant. Où me suis-je venu fourrer. RAGOTIN. Monsieur, on nous va dévorer, Nous sommes à la boucherie. LA TOPINIÈRE. Si quelqu'un dedans ma furie, Ose se présenter à moi Sans doute il en mourra d'effroi, Me voilà dedans une rage Qui va faire de tout carnage, Où sont-ils tous ces amoureux Qui cherchent l'objet de mes voeux, Afin que sur eux mon épée [Note : Lippée : Bouchée. Il se prend aussi quelquefois pour Repas ; et en ce sens il se met presque toujours avec l'épithète de Franche. [Acad. 1762]]Attrape sa franche lippée, TARASQUIN. Mais qui s'oserait présenter À vous qui savez tout dompter. LA TOPINIÈRE. Le Comte de la Guillotière Éprouvera mon humeur fière. TARASQUIN. Pour Monsieur son valet Ragot Je lui veux couper le gigot, Et le mettre sur la litière. RAGOTIN. Adieu pauvre Ragotinière, [Note : Coupe-jarret : Brigand, assassin de profession. [L]]Quel horrible coupe-jarret. GUILLOT. Ragot, tel Maître tel valet. LA TOPINIÈRE. Qui va là ? RAGOTIN. Monsieur, je trépasse. LA TOPINIÈRE. Allons vite faisons main basse, Tuons tout, massacrons, brisons, Rompons, cassons, exterminons, Égorgeons, mettons tout par terre, Livrons à tous amants la guerre, Je veux d'un regard plein d'horreur Les immoler à ma fureur, Que la moindre de mes conquêtes Soit d'abattre cent mille têtes, De couper et jambes, et bras Ce sont là mes petits combats, Mon courage étant sans mesure Je défais toute la nature, Quand ma valeur lance ses traits Et quand je veux je la refais, Mais quelque vaillant qu'on puisse être L'amour est toujours notre Maître, Puisqu'on se rend ou tôt ou tard À ce petit chien de bâtard, Vois donc celle qui tient mon âme Dis-lui que son aspect m'enflamme, Et que je ne puis vivre heureux Qu'alors que je vois ses beaux yeux, Son port, son air, sa bonne mine, Cette douceur qui m'assassine, Enfin tous ses charmes divers Qui font que je suis dans ses fers, Va voir si la belle est visible Mon coeur est percé comme un crible, De la pointe de ses attraits. TARASQUIN, l'appelant. Holà, miracle, des objets. ANGÉLIQUE. Que veut-on ? TARASQUIN. Beauté printanière Le Baron de la Topinière, Désire vous voir un moment. SCÈNE X. Angélique, La Topinière. ANGÉLIQUE. Je vais à lui présentement. LA TOPINIÈRE. Approchez doux charme des charmes Comme on vous doit rendre les armes, Le phénix de tous les guerriers Vient mettre à vos pieds ses lauriers, Mon bras plus craint que le tonnerre M'a su gagner toute la terre, J'ai tout soumis à mon courroux Il ne reste donc plus que vous. Mais votre beauté sans seconde Est plus forte que tout le monde, Pourtant telle que vous soyez Il faudra que vous succombiez Car me voyant, la plus cruelle Peut dire qu'elle en a dans l'aile, Jugez donc si vous en tiendrez Dès que vous me regarderez. ANGÉLIQUE. [Note : Se donner garde : se défier, éviter. Donnez-vous garde de ce mauvais pas. {L]]Je me donnerai bien de garde De vous, quoique je vous regarde, Eussiez-vous cent fois plus d'appas Baron vous ne me tenez pas. SCÈNE XI. Guillot, Ragotin, La Topinière, Tarasquin. GUILLOT. Je crains qu'il ne quitte pas prise. LA TOPINIÈRE. Je crains ici quelque surprise. TARASQUIN. Je crains quelques coups de bâton. GUILLOT. Évitons la contusion. S'il se peut en faisant le brave. RAGOTIN. Songez que je suis votre esclave, Et que si vous faites le sot Adieu, vous et votre Ragot, Ce Baron de la Topinière [Note : Traîne rapière : Bretteur, ferrailleur, querelleur. [T]]Est un rude traîne-rapière, Nous aurons ici du qu'as-tu. GUILLOT. Tu ne seras jamais battu, En la présence de ton Maître. RAGOTIN. Vous fuirez des premiers peut-être. GUILLOT. Tu m'as bien la mine je crois De fuir aussi tôt comme moi. TARASQUIN. Ah, Monsieur le Baron je tremble. Et crois que nous tremblons ensemble. LA TOPINIÈRE. Je ne tremble pas mais j'ai peur Ah, que n'ai-je un peu plus de coeur. GUILLOT. Que n'ai-je un peu plus de courage L'on me verrait faire carnage. TARASQUIN. Pour éviter ces carnassiers ? Je m'en vais fuir tout des premiers. LA TOPINIÈRE. Ne crois pas qu'ici je demeure Je vais fuir aussi tout à l'heure. SCÈNE XII. Guillot, Ragotin. RAGOTIN. De peur par moi d'être assailli, [Note : Happer : Se jeter sur quelque chose brusquement et avidement pour la prendre. [T]][Note : Gagner le taillis : Figuré. se mettre en lieu de sûreté. [L]]Comme ils ont happé le taillis. GUILLOT. Quand on voit ma mine cruelle... RAGOTIN. [Note : Enfiler la venelle : prendre la fuite. [L]]Ils ont enfilé la venelle, Mais s'ils revenaient sur leurs pas. GUILLOT. Je crois qu'ils ne reviendront pas, Que ferons-nous ? RAGOTIN. Je viens d'apprendre Que Monsieur le Docteur est tendre, Sur l'article de bien chanter Il faut donc l'expérimenter, Chantant tous deux comme des anges Faisant d'admirables mélanges, De nos voix, pour toucher le coeur De ce vieux barbon de Docteur, Peut-être que notre musique Vous pourra gagner Angélique, Cherchons donc un air, promptement Et chantons méthodiquement. GUILLOT. Mais quel air dirons-nous, regarde. RAGOTIN. Monsieur nous dirons la guimbarde. GUILLOT. Que veux-tu dire esprit bourru. RAGOTIN. [Note : À l'enturlu : en chantant.]Nous dirons donc l'enturlu, GUILLOT. N'en sais-tu pas une délite. RAGOTIN dit l'air de toutes les chansons qu'il nomme. N'avez-vous point vu Marguerite. GUILLOT. Tu ne sais point d'autre chanson ? RAGOTIN. Disons, hélas Jean hélas don. GUILLOT. Va ta forte fièvre quartaine. RAGOTIN. Ou bien turlututu rengaine. GUILLOT. Ragot, vous me déplaisez fort. RAGOTIN. Léandre était dessus le bord. GUILLOT. Sont cela des chansons nouvelles ? RAGOTIN. Les plus vieilles sont les plus belles, Mais vous ne trouvez rien de bon Voulez-vous un quand dira-t-on. GUILLOT. J'en veux une toute nouvelle. RAGOTIN. Qui est celui?là qui m'appelle. GUILLOT. Il faut qu'il ait l'esprit perdu. RAGOTIN. Ah, j'en sais une d'un pendu, Qui va bien être votre affaire. GUILLOT. Ragot, si tu ne te veux taire, Je te donnerai mille coups. RAGOTIN. Petite brunette aux yeux doux. GUILLOT. Tu ne te tairas pas, j'enrage. RAGOTIN. Je n'en dirai pas davantage. GUILLOT. Laisse-moi parler un moment. RAGOTIN. Autant en emporte le vent, GUILLOT. Chanter encor âme indiscrète. RAGOTIN. L'autre jour dame Guillemette. GUILLOT. Le traître est aussi grand chanteur Que le Docteur est grand parleur, Va que la tempête t'entraîne Docteur de la Samaritaine, Sans toi j'aurai bien la vertu [Note : Impromptu : Tout ce qui se fait sur-le-champ et sans préparation. [L]]D'en faire une belle impromptu. RAGOTIN. Nous la chanterons donc ensemble. GUILLOT. Tu ne dis pas si bon me semble. RAGOTIN. Il vous semblera bon ou non Je veux être de la chanson. GUILLOT. Attends, je crois que j'en tiens une. RAGOTIN. Elle ne sera pas commune. GUILLOT. Tu n'as qu'à me suivre Ragot. RAGOTIN. Commencez donc le premier mot. Guillot commence la moitié du couplet seul, et Ragotin et lui le chantent ensemble. GUILLOT. Chanson.Chère friponne d'Angélique Mouche coquine qui me pique, Vous avez escroqué mon coeur [Note : Écornifleur : Celui qui prend subrepticement. Par extension, celui qui s'empare de quelque chose qui n'est pas à lui. [L]]Écornifleuse de mon âme Objet aimable suborneur, [Note : Entamer quelqu'un : avoir de l'avantage sur lui. ]Il faut que Guillot vous entame. RAGOTIN. Nous venons de chanter la vôtre Chantons donc s'il vous plaît la nôtre. GUILLOT. Allons, Ragotin, je le veux. RAGOTIN. Ah, je la tiens par les cheveux, Je commence si bon vous semble Et puis nous chanterons ensemble. RAGOTIN en dit la moitié seul, puis ils la disent ensemble. [Note : La chanson ci-dessous rompt le rythme. Plus d'alternance de rimes : 2 féminines 2 masculines. Le chanteur ayant chanté 5 vers. Il manque pour le 4ème vers, un corresp. pour la rime.]Vous avez ma Béatrix Plus de puces qu'un chat gris, Et si vous ne m'aimiez bien Par ma foi je vous souhaite, Bientôt la gale du chien. SCÈNE XIII. Guillot, Ragotin, La Topinière, Tarasquin. LA TOPINIÈRE. Il faut qu'ils meurent tout de bon. RAGOTIN. Voici bien une autre chanson, Monsieur souffrez que je recule Je vous laisse faire l'Hercule. GUILLOT. Ragotin ne me quitte pas. RAGOTIN. Monsieur je crains trop le trépas, Permettez-moi que je m'en aille. GUILLOT. Je crains aussi cette canaille. LA TOPINIÈRE. Commençons par le Sieur Guillot Et nous finirons par Ragot. GUILLOT. Ragotin, mettons-nous en garde. RAGOTIN. Moi ? Monsieur, hélas je n'ai garde. LA TOPINIÈRE. Nous allons avancer nos jours. TARASQUIN. Je vais appeler au secours. RAGOTIN. Monsieur, je vais crier à l'aide Au meurtre, un Diable nous possède. LA TOPINIÈRE. Quelqu'un, à la force, au voleur. SCÈNE XIV. Le Docteur, Guillot, Ragotin, la Topinière, Tarasquin. LE DOCTEUR. Qui peut causer cette rumeur ? GUILLOT. Ce drôle qui veut votre fille Mais il faut qu'ici je l'étrille. LA TOPINIÈRE, par-dessus le Docteur. Ce n'est rien qu'un coquin, Monsieur. GUILLOT par-dessus le Docteur. [Note : Faquin : Termes de mépris et d'injure.]C'est un archi-faquin, Docteur. LE DOCTEUR. La démonstration m'outrage N'en faites donc pas davantage. LA TOPINIERE, par-dessus le Docteur. Laissez-moi lui couper les bras. GUILLOT, tout de même. Je vais mettre sa tête à bas. LE DOCTEUR, appelant à lui. [Note : Outrecuider : Montrer à quelqu'un du mépris par l'idée de sa propre supériorité. [L]]On me moleste on m'outrecuide Mes gens à moi, l'on m'homicide. RAGOTIN. Hélas où nous fourrerons-nous ? TARASQUIN. Nous allons avoir mille coups. SCÈNE XV. Léandre, Le Docteur, Guillot, Ragotin, La Topinière, Tarasquin. LÉANDRE. Qui fait ce bruit quel tintamarre [Note : Barre : Pièce de bois, de fer, etc. étroite et longue. On disait autrefois donner des coups de barre à quelqu'un pour le bien battre. [L]]Ah, vous aurez cent coups de barre, Je vous fracasserai les bras. Il parle aux Amants Ridicules et les frappe. Les Galants ridicules s'enfuyant disent :Que nous ne vous attendons pas. LE DOCTEUR. [Note : Guérite : Refuge ; sens primitif conservé seulement dans cette locution : gagner la guérite, s'enfuir. [L]]Comme ils gagnent tous la guérite [Note : Dauber : Frapper à coups de poing. Fig. et familièrement, railler quelqu'un, mal parler de lui, l'injurier. [L]]Celui qui les daube est d'élite. LÉANDRE. Comment, être perturbateurs De ce grand Docteur des Docteurs. LE DOCTEUR. Mais qui venge là mon offense ? LÉANDRE. Quoi s'adresser à la science, Ô dieux, quelle témérité. LE DOCTEUR. Vous que j'ai tantôt rebuté, M'avoir fait une telle grâce Que faut-il pour vous que je fasse ? LÉANDRE. M'accorder l'objet de mes voeux Si vous voulez me rendre heureux. LE DOCTEUR. Oui je vous l'accorde Léandre. LÉANDRE. Tout vient à point qui peut attendre, Monsieur... LE DOCTEUR. Ma fille approchez-vous Léandre sera votre époux. SCÈNE XVI. Angélique, Léandre, Le Docteur, Guillot, Ragotin, la Topinière, Tarasquin. ANGÉLIQUE. Ô Ciel, que je suis fortunée. LE DOCTEUR. Allons conclure l'hyménée. ==================================================