******************************************************** DC.Title = À HUITAINE, SAYNÈTE. DC.Author = COURTELINE, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/03/2022 à 06:01:14. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/COURTELINE_AHUITAINE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11580090 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** À HUITAINE 1894. Tous droits réservés. de GEORGES COURTELINE. ÉMILE COLIN - Imprimerie de Lagny. PERSONNAGES.. L'AVOCAT. LE JUGE. LE PRÉSIDENT. LE PRÉVENU. Extrait de COURTELINE, Georges, "Ombres parisiennes", Paris, Ernest Flammarion, 1894. pp 207-213 À HUITAINE ! L'AVOCAT. Messieurs, l'homme que j'ai le plaisir compliqué de regret et le regret compliqué de plaisir de défendre aujourd'hui devant vous... UN JUGE, bas au Président. Dis donc, tu sais qu'il est six heures et que nous dînons ce soir chez les Proutrépéto ? LE PRÉSIDENT. Ah Bigre ! Haut.Pardon, maître, mais l'heure avance. Impossible de vous entendre aujourd'hui. Le tribunal renvoie à huitaine pour la plaidoirie et le jugement. LE PRÉVENU. Encore une remise ! La troisième !!!... Air : La Boiteuse.Nouveau Lesurque, homme d'honneurVictime auguste d'une erreur,En d'obscurs cachots on m'a misPour un crime que j'n'ai pas commis.Malgré le témmoignag' flateur, De ma bonne et de mon frotteur,On me garde sous les verrous [Note : L'affaire Fenayrou est une affaire criminelle de 1822 concernant la .]Ainsi qu'un simple Fenayroux.En vain je cris, en vain je me démène !On m'amène un jour, le soir on m'remmène ! Toujours j'espère être libre, et toujoursOn me renvoit de huit jours en huit jours,Cependant que je suis boucléSous clé, sous clé, sous clé :« Ah ! se dit ma femme gaiement, Poussons-nous, c'en est le moement,De l'agrément.» LE PRÉSIDENT. Tâchez de vous exprimer d'une manière plus convenable. L'AVOCAT. Je demande l'indulgence en faveur de mon client. Voilà si semaines qu'il est détenu pour un délit dont il n'est pas l'auteur... LE PRÉSIDENT. Je n'en disconvient pas. L'AVOCAT. ... et sa légitime impatience... - Au surplus, je suis aux ordres du tribunal. Tout au plus objecterai-je qu'il me sera de toute impossibilité de prendre la parole devant lui, d'aujourd'hui en huit. Je pars lundi pour Carcassonne où je plaide l'affaire Baloche. LE PRÉSIDENT. Fort bien, maître. À quinzaine ? L'AVOCAT. C'est entendu, Monsieur le Président. À quizaine ! LE PRÉSIDENT. L'audience est... LE SUBSTITUT. Pardon ! Je ferai observer à monsieur le président que dans quinze jours ce sera la semaine de Pentecôte, pendant laquelle les tribunaux ne siègent pas. LE PRÉSIDENT. C'est vrai. L'AVOCAT. Diable ! LE PRÉSIDENT. Sapristi ! Comment faire ?... Ah ma foi, tant pis ! - À trois semaines ! LE PRÉVENU. À trois semaines!!! À trois semaines !!! Il chante. Air : Anges purs, anges radieux.Nom des dieux ! Sacré nom des dieux !Seigneurs du ciel et autres lieux !Une quatrième remise ? Ça blague la blague permise.Trois c'était bine : quatre, c'est mieux.Nom des dieux : Sacré nom des dieux ! LE PRÉSIDENT. Encore une fois, veuillez vous exprimer avec moins de laisser-aller. - Donc, voilà qui est bien convenu ? À trois semaines. UN JUGE. À trois... - Au fait, non ! LE PRÉSIDENT. Pourquoi ? UN JUGE. J'ai sollicité et obtenu du Garde des Sceaux un congé de deux mois pour raison de santé, à partier du 1er mai. Or, la loi frappe de nullité tout jugement rendu par un tribunal compose d'autres magistrats que ceux qui ont assisté aux débats. LE PRÉSIDENT. Vous avez raison. - Nous attendrons donc, messieurs, le retour de notre honorable collègue pour statuer sur le cas présent. LE SUBSTITUT. Ce qui nous renvoie en juillet. LE PRÉSIDENT. Oui. Et encore, quand je dis oui, je me trompe : juilletn c'ets lépoque des vacances. LE SUBSTITUT. Renvoyons après vacations. LE PRÉSIDENT. N'est-ce pas ? - Après vacations ! Il se lève.L'audience est levée. Gardes, remmenez le prévenu. LE PRÉVENU, auquel les gardes remettent le cabriolet. On ne finira donc jamaisAvec les lenteurs judiciaires. ==================================================