******************************************************** DC.Title = LES ENFANTS, MONOLOGUE. DC.Author = FEYDEAU, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:08. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/FEYDEAU_ENFANTS.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k761631 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LES ENFANTS MONOLOGUE EN VERS DIT PAR COQUELIN AINÉ, de la Comédie Française Prix : Un franc 1887. Tous droits réservés GEORGES FEYDEAU PERSONNAGES UN HOMME. LES ENFANTS [UN HOMME]. J'entends souvent parler de l'homme Pour sa supériorité : Rien le rend-il si lâche, en somme, Si sot, que la paternité ? En vérité, je me demande, Quand je constate les tourments Qu'il faut toujours qu'on en attende : À quoi ça sert-il, les enfants ? On les adore - Eh ! Pourquoi faire ? - Et l'on se voue à leur bonheur ! À quoi bon se river sur terre Un boulet, de gaîté de coeur ? C'est le trouble, l'inquiétude, Un tracas de tous les instants ! Tout, sans espoir de gratitude... À quoi ça sert-il, les enfants ? Et l'on subit le magnétisme Qui vous plie à ce tout petit ; Est-ce orgueil ou bien égoïsme ? Devant son oeuvre on s'aplatit. L'homme est fier de sa créature, S'en fait l'esclave en même temps. Et c'est la loi de la nature ! À quoi ça sert-il, les enfants ? Ah ! je comprends vraiment la bête Insouciante à ses petits, Qui, le temps qu'il faut, les allaite, Puis, part sans l'ombre de soucis. Voilà des instincts admirables ! - À l'appui de nos arguments ! - Que les bêtes sont raisonnables !... À quoi ça sert-il, les enfants ? Puis, se séparant dans la vie, La bête va de son côté, Libre au gré de sa fantaisie, Ignorant sa postérité. Les petits peuvent bien se dire : « Ça ne sert à rien, les parents ! » Mais chacun vit comme il désire !... À quoi ça sert-il, les enfants ? Oh ! toi qui parles de la sorte, Matérialiste enragé, Toi, beau parleur, toi, tête forte, Je voudrais te voir fustigé ! Non, tu n'as jamais été père Pour tenir ces raisonnements ! En ce disant, es-tu sincère ? « À quoi ça sert-il, les enfants ? » Mais ce sont eux qui font ta vie ! Mais ils sont ta chair, ils sont toi ! Et tout leur être s'associe À ton être qui fait leur loi. Puis lorsque les destins te tuent, Tu revis dans tes descendants Car tes enfants te perpétuent C'est à qui servent les enfants ! Mais tu n'as donc plus souvenance Que tu fus jeune, toi, comme eux ! Et qu'on fit fête à ta naissance, À toi qui fais le dédaigneux ! Peux-tu blasphémer ta jeunesse ! Heureux pour toi que tes parents N'aient pas dit, avec ta sagesse : « À quoi ça sert-il les enfants ? » D'ailleurs, toute parole est vaine : Preuve que la maternité, Est une chose bien humaine... C'est qu'elle a toujours existé. Que serait la machine ronde Avec tes beaux raisonnements ! L'Enfant régénère le monde... C'est à quoi servent les enfants ! ==================================================