******************************************************** DC.Title = L'ÉPREUVE, DRAME. DC.Author = GARNIER, Thomas DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Proverbe DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 13:18:09. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GARNIERT_EPREUVE.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'ÉPREUVE DRAME. TREIZIÈME PROVERBE. M. DCC. LXXXV. Par MONSIEUR G**. À LIÈGE, Chez F.J. DESOER, Imprimeur-Libraire, sur le Pontd'Isle, à la Croix d'Or. PERSONNAGES DAMON père. DAMON fils, amant de Lucile. ORONTE. LUCILE, fille d'Oronte. LA BRANCHE, valet de Damon fils. La scène est chez Damon père. Le texte est issu de "Nouveaux proverbes dramatiques ou recueil de comédies de société pour servir de suite aux Théâtres de Société et d'Éducation" par Monsieur G[arnier], 1785. pp. 264-284. L'ÉPREUVE. Le Théâtre représente un appartement de la maison de Damon père. SCÈNE PREMIÈRE. Damon fils, La Branche. Damon fils entre le premier, il est en habit de chasse ; la Branche le suit portant deux fusils. Damon est plongé dans la plus profonde rêverie et fait plusieurs tours sur le théâtre sans rien dire. LA BRANCHE. Monsieur, voilà votre fusil. DAMON fils, brusquement. Mon fusil ; pourquoi faire ? Qui te l'a demandé ? LA BRANCHE. Vous, monsieur, à l'instant. DAMON fils. Moi ? Je t'ai demandé mon fusil ? LA BRANCHE. Oui, monsieur ; dès le matin vous m'avez réveillé pour une partie de chasse... DAMON fils, de regarde et revient à soi. Tu as raison, donne ; va-t-en. Il retombe dans sa rêverie. LA BRANCHE. Monsieur ? DAMON fils. Va-t-en, te dis-je. LA BRANCHE. Mais, monsieur ; au moins faut-il que je sache de quel côté vous chasserez aujourd'hui. DAMON fils, toujours rêveur. Eh ! Que t'importe ; va toujours. LA BRANCHE, riant. Comment, Monsieur, que m'importe ? DAMON fils, à part. Je ne fais où je suis, ni ce que je dis, ni ce que je fais. Haut.Va m'attendre aux environs de ce grand bois où nous chassâmes hier. La Branche sort. SCÈNE II. DAMON fils, seul. Quel état cruel ? Juste Ciel, aide-moi à calmer les transports qui m'animent. J'ai méprisé jusqu'à présent les coups redoublés dont la fortune n'a cesse d'accabler ma malheureuse famille ; mais depuis que j'ai vu l'aimable Lucile, depuis que je fais que le plus avare des hommes met à prix la possession de cette fille adorable ; Dieux, que ne ferais-je pas pour sortir de la situation où je fuis ? Ah, malheureux Damon! SCÈNE III. Damon père, Damon fils. DAMON père, surprenant son fils. Mon fils... DAMON fils, embarrassé. Mon père ! DAMON PÈRE. Vous me paraissez bien agité. DAMON FILS. Mon père... Non pas autrement... J'ai peu dormi cette nuit... DAMON PÈRE. L'ardeur de la chasse vous transporte ; vous parliez seul à l'instant. DAMON FILS. Mon père, il est vrai ; la chasse... DAMON PÈRE. La chasse est un divertissement honnête ; mais, mon fils, ce n'ewt qu'un divertissement qui ne doit pas vous occuper tout entier, et devenir chez vous une passion. Comme vous voilà agité ! Que les hommes sont ingénieux à se tourmenter ! DAMON FILS. Mon père, j'envie votre sang-froid et votre tranquillité. DAMON PÈRE. Et vous avez raison. Il n'est point d'état plus heureux. DAMON FILS. Je le crois, mon père ; mais c'est un bonheur qui n'est pas fait pour moi. DAMON PÈRE. Vous vous abusez, mon fils ; il ne s'agit que de savoir résister à l'attrait du plaisir. On se précipite dans un abîme de maux pour courir après je ne fais quelle séduisante image de volupté... Tiens, cette maison, ce potager, ce verger, cet enclos qui suffifsnt à mes besoins, malgré leur petitesse, bornent tous mes voeux : je les préfère aux palais que j'habitais dans ma jeunesse. - Si tu pensais comme moi, mon fils, je t'apprendrais sans crainte une nouvelle. DAMON FILS. Mon père... DAMON PÈRE. Les richesses ne te tourneraient-elles point la tête ? DAMON FILS. Comment, mon père ! DAMON PÈRE. Oui, si la fortune se montrait moins sévère, n'oublierais-tu pas bientôt les vertus de la médiocrité ? DAMON FILS. Ah ! Mon père apprenez-moi... de grâce... je vous en conjure. DAMON PÈRE. Quelle vivacité ! J'aurais dû me taire ; mais puisque je me suis si imprudemment avancé, apprenez donc qu'un nouveau coup du sort nous remet à la place d'où nous étions tombés. Votre oncle est mort à Pondichery, et vous laisse sa fortune, qui se monte à plus de cent mille écus. DAMON fils, avec transport. Juste Ciel ! Quel heureux événement ! DAMON PÈRE. Voilà une joie bien vive. Mon fils, cet attachement excessif aux richesses vous perd à mes yeux. DAMON FILS. Mon père, pardonnez-moi... mais est-il bien vrai ? DAMON PÈRE. Trop vrai pour votre malheur et pour le mien. Lorsqu'on attache aussi fortement son bonheur aux biens de la fortune, on est prêt à tout faire pour les acquérir, et à tout perdre pour les conserver. DAMON FILS. Mon père ; ne m'humiliez pas davantage, je suis plus digne de vous que vous ne pensez. Vous savez combien j'aime Lucile, vous avez agréé mon amour ; vous n'ignorez pas ce qui m'a fait essuyer le plus cruel des refus. Ah, mon père, pouvez-vous ne pas excuser mes transports ? DAMON PÈRE. Oh ! Tu es actuellement dans le cas de faire désirer cet établissement au bonhomme Oronte. DAMON FILS. Permettez que j'y coure, mon père ; je vole lui annoncer... DAMON PÈRE. Qu'allez-vous faire ? Quoi ! Après les plus insultants refus ! DAMON FILS. Ah, mon père, oublions tout. DAMON PÈRE. Quel aveuglement ! SCÈNE IV. DAMON père, seul. Est-il possible de prodiguer ainsi à de viles passions des emportements réservés pour la vertu. Ô mon fils ! Rendrais-tu inutiles les soins que je prends depuis vingt ans pour former ton jeune coeur ; es-tu digne encore d'entendre la voix de l'honneur ? Je te prépare une épreuve terrible ; si tu succombes, je suis le plus malheureux des pères. SCÈNE V. Damon père, Oronte. ORONTE, accourant les bras ouverts. Ah, bonjour, mon vieil ami, mon cher voisin. Que j'ai de plaisir à vous embrasser. DAMON père, froidement. Je suis votre serviteur. ORONTE. Eh bien, qu'est-ce ? Vous êtes bien joyeux, n'est-ce pas ? Comme j'ai pris part à votre bonheur ! Ma foi, vous avez en moi un véritable ami. DAMON PÈRE. Je vous suis obligé. ORONTE. Comment ; quel air froid ! Est-ce que vous ne me reconnaissez pas ? C'est Oronte, votre meilleur ami, qui vous parle. DAMON PÈRE. Vous me surprenez, Monfieur ; je fuis ce même homme, à qui vous fîtes refuser l'entrée de votre maison il y a quelques jours. ORONTE. Qui, moi ? À mon ami Damon ? Qui sont les impertinents... DAMON PÈRE. Ne vous fâchez pas, et n'accusez personne ; c'est vous-même qui prîtes à insulte la proposition que je vous fis de marier mon fils à Lucile. ORONTE, éclatant de rire. Ah, ah, ah ; cette bagatelle-là vous occupe. Eh, mon cher ami, point de rancune. Je fuis vif, emporté ; cette sotte de Lucile me faisait tourner la tête avec ses visions de couvent et de célibat... Morbleu, que j'étais fâché ! Mais, entre nous, je crois que votre égrillard de fils lui a fait changer ses résolutions. DAMON PÈRE. Comment ? ORONTE. Oui, parbleu ; la petite en tient. Je ne m'en serais jamais douté... Ces filles font d'une dissimulation ; mais je suis un fin compère... Oh, je suis d'une joie... Touchez là, mon vieil ami, j'accepte votre fils pour gendre. DAMON PÈRE. J'ai tout lieu d'être surpris, après l'accueil... ORONTE. Eh ! Que diable, vous en revenez toujours là. Je vous l'ai déjà dit : d'un côté, Lucile me paraissait avoir un éloignement invincible pour le mariage; d'un autre côté, je me voyais proposer un aimable jeune homme, vif, bien planté, le fils de mon meilleur ami... Morbleu, que j'étais impatienté ! DAMON père, fouriant. Et puis les cent mille écus dont mon fils vient d'hériter. ORONTE. Ah, mon ami, que dites- vous là ? Se peut-il que vous me connaissiez si peu. La fortune est pour moi peu de chose. Je ne songe qu'au bonheur de ma Lucile, cette chère enfant que j'aime de tout mon coeur. Votre fils est bien né, ils s'aiment, que faut-il davantage ? Vous êtes bien injuste, mon ami ; eh bien, tenez, je suis meilleur ami que vous, je parierais que quand je ne pourrais donner à ma Lucile qu'un bien médiocre, vous ne vous prêteriez pas à ce mariage avec moins de joie. Est-ce bien penser de ses amis cela ? DAMON PÈRE. Je vous suis bien obligé, vous me rendez justice. Ainsi donc la fortune n'entre pour rien dans votre résolution ? ORONTE. Non, parbleu ; je ne consulte que ma tendresse pour ma fille... DAMON PÈRE. Je me plais à vous voir dans ces généreux sentiments. ORONTE, intrigué. En doutez-vous, mon ami. Mais pourquoi ces réflexions ? DAMON père. C'est que je suis enchanté. Vous rassurez mon coeur alarmé, et je ne crains plus de vous apprendre que... ORONTE, l'interrompt avec vivacité. Comment, est-ce que votre frère de Pondichery ne serait pas mort ? DAMON PÈRE. Non pas cela ; mais.... ORONTE. Ah, je conçois ; il aura déshérité votre fils. DAMON PÈRE. Point du tout, daignez m'entendre. ORONTE. Morbleu ! Vous verrez qu'il ne s'est rien trouvé après sa mort. DAMON PÈRE. Pardonnez-moi, on a trouvé cent mille écus en or dans ses coffres ; mais... ORONTE, avec brusquerie. Mais, quoi, mais ; expliquez donc ce mais. DAMON PÈRE. Quel homme ! Laissez-moi parler, je vous l'expliquerai ; ces cent mille écus n'appartenaient point à mon frère ; c'était un dépôt qu'on lui a voit confié. ORONTE, consterné. Un dépôt ! DAMON père. Hélas, oui ; il nous en instruit lui-même par un écrit que l'on a trouvé dans ses papiers et que j'ai entre les mains. ORONTE. Et que comptez-vous faire de ce bel écrit ? DAMON PÈRE. Je pourrais le supprimer ; mais l'honneur, mon cher Monsieur Oronte, l'honneur me fait un devoir de le rendre public. ORONTE, avec un soupir. L'honneur, oui ; c'est une belle chose que l'honneur. DAMON PÈRE. Après les beaux sentiments que vous venez de faire paraître, je ne doute point que vous ne pensiez comme moi, et que vous n'approuviez la résolution que j'ai prise de restituer cette somme à ses légitimes maîtres. Cela ne vous empêchera pas de donner les mains au bonheur de nos enfants ; quelques médiocres que soient leurs biens, ils leur suffiront, s'ils savent s'en contenter. Mais fussent-ils dans la plus cruelle indigence, je ne voudrais pas les en tirer par une injustice. ORONTE, qui a paru rêveur pendant cette tirade, dit brusquement. Serviteur, serviteur. Il sort. SCÈNE VI. Damon père, Damon fils, Lucile. DAMON fils. Souffrez, mon père, que je vous présente Lucile ; son père consent à notre union ; je fuis le plus heureux des hommes. DAMON PÈRE. Mon fils, modérez ces transports ; il y a bien du changement. DAMON FILS. Ah ciel , que dites-vous ! LUCILE. Quel nouveau malheur nous menace ? DAMON père, tirant un papier. Tenez, lisez. DAMON fils, prend le papier et le parcourt. Tout est perdu ! LUCILE. Ah, Damon ! DAMON FILS. Aimable Lucile, je vous perds une seconde fois ; hélas ! Mon bonheur n'a été qu'un songe. DAMON PÈRE. Mes chers enfants, votre douleur me perce l'âme. DAMON fils. Ah ! Si par un heureux retour ; mais le plus dur des hommes n'y consentira jamais. Pardon, belle Lucile, c'est votre père. LUCILE. Oui, Damon, je dois lui obéir, et me taire. DAMON FILS. Malheureux que je fuis ! Mais peut-être ignore-t-il... Oui, sans doute... Ah ! Mon père, si vous vouliez. DAMON PÈRE. Quoi ! Mon fils. DAMON FILS. Pardonnez à mes transports, mon père ; excusez mon amour. Monsieur Oronte fait ma fortune ; il n'est pas instruit de ce fatal revers... Profitons de cette erreur... Mais je m'égare, mon père, je lis dans vos yeux ma faute. DAMON père, froidement. Consultez-vous bien, mon fils, quant à moi, je n'ai rien à vous dire. DAMON FILS. Eh ! Quel crime de tromper son insatiable avarice, d'éviter d'en devenir la victime ? N'a-t-il pas consenti à notre bonheur ? DAMON PÈRE. C'est donc là votre avis, mon fils. DAMON FILS. Oui, mon père ; si c'est le vôtre. DAMON PÈRE. J'en suis fâché ; mais un obstacle s'oppose à ce beau projet : je quitte Monsieur Oronte ; il sait tout. DAMON fils. Ah, je suis perdu ! SCENE VII et dernière. Damon père, Damon fils, Lucile, Oronte. ORONTE. Je vous trouve tous rassemblés fort à propos. Oh ça, mon vieil ami, je vous ai quitté tantôt un peu brusquement, n'est-il pas vrai ? Mais passons, j'avais de bonnes raisons pour cela. DAMON PÈRE. Je les soupçonne. ORONTE. Vous pouvez bien ne vous pas tromper. Au lieu de perdre le temps, ainsi que vous, en de vaines lamentations, j'ai fait quelques réflexions dont je vais vous dire le résultat. DAMON PÈRE. Voyons. ORONTE. Écoutez-moi, je vous préviens d'abord que sans biens on n'aura pas ma fille ; je voulais un gendre riche de cent mille écus ; mais je vous passe à cinquante ; voilà ce qui s'appelle être raisonnable cela. DAMON PÈRE. Et où voulez- vous que je les prenne? ORONTE. Patience ; laissez-moi faire ; mais il faudra en passer par tout ce que je dirai. DAMON PÈRE. Nous verrons. ORONTE, à Damon fils. J'examine que d'un côté, votre oncle vous fait son légataire universel ; il vous laisse ses meubles et son argent comptant ; il se trouve dans ses coffres cent mille écus en or ; donc ces cent mille écus vous appartiennent. DAMON père, souriant. Voilà un fort beau raisonnement ; mais le dépôt. ORONTE. Bon ! Ce dépôt, il n'en reste aucune trace que ce petit morceau de papier qu'on peut mettre au feu. DAMON PÈRE. L'expédient est merveilleux. Votre avis serait donc, Monsieur, de vous approprier cet or et d'en dépouiller les légitimes propriétaires. ORONTE. Non pas, morbleu, non pas ; vous ne connaissez pas Oronte. L'honneur, la probité ! Eh, je crois que nous en avons au tant qu'un autre. Je disais donc que d'un autre côté, il fallait rendre quelque justice aux propriétaires du dépôt ; ainsi on peut leur donner cinquante mille écus, et les autres cinquante mille écus demeureront à mon gendre pour lui tenir lieu du legs et lui faire épouser ma fille. Eh bien ! Que dites-vous de cet arrangement-là ? Hein. DAMON PÈRE. Vous me voyez interdit d'admiration et d'étonnement. ORONTE. Je le savais bien, moi, que je vous surprendrais. DAMON PÈRE. Oh, on ne peut pas davantage. ORONTE. Eh bien, vous approuvez mon projet, n'est-il pas vrai ? Répondez donc. DAMON PÈRE. Je ne puis rien vous dire, interrogez mon fils. ORONTE. Qui ? Mon gendre futur ; oh, je réponds de lui. DAMON PÈRE. Non, monsieur, cette affaire-ci le regarde, il faut qu'il s'explique. DAMON fils, paraît dans le plus grand accablement. Doutez-vous de ma réponse, mon père ; je préfère de mériter la charmante Lucile, au bonheur de la posséder. LUCILE. Ah ! Damon , cet aveu m'enchante , il m'arrache celui de vous assurer que fi Lucile ne peut être à vous, elle renonce éternellement à tout autre. ORONTE. Ouais , que veut donc dire ceci ? Et quel rôle me fait-on jouer? DAMON PÈRE. Celui que vous méritez, mon cher Monsieur Oronte ; pouvez-vous vous laisser aveugler ainsi par votre avarice ? ORONTE, furieux. Allez, vous êtes un vieux fou. À Lucile.Et vous, Mademoiselle l'impertinente, je vous défends de jamais penser à ce jeune sot. Partons. DAMON père. Arrêtez, un moment, je suis peu ému de vos injures ; mais avant que de sortir, je veux vous faire une nouvelle confidence qui vous plaira plus que la première. Ce dépôt est un jeu de mon imagination ; j'ai effectivement chez moi les cent mille écus pour marier mon fils à Lucile. ORONTE, avec une extrême surprise. Oh ! oh ! LUCILE. Ah, ciel ! DAMON fils, se jette aux pieds de son père. Ah, mon père. DAMON PÈRE. Relevez-vous, mon fils, et embrassez-moi. L'inquiétude et l'agitation que j'ai remarquées en vous, m'ont alarmé, mon fils ; j'ai craint de vous voir dédaigner les douceurs de la médiocrité. Mes craintes sont heureusement dissipées : jouissez du fruit de la libéralité de votre oncle : on confie sans crainte des richesses à ceux qui savent les mépriser. Recevez pour récompense la main de l'aimable Lucile. À Oronte. N'y consentez-vous pas ? ORONTE. De tout mon coeur ; je suis trop confus de ce qui vient de se passer... Mais ces cent mille écus... DAMON PÈRE. Je vous ai tant de fois trompé, que vous n'osez plus me croire ; mais passez dans mon cabinet, et je ne tarderai pas à vous convaincre. ==================================================