******************************************************** DC.Title = ANGÉLIQUE OU LES AVANTAGES DE LA CONGRÉGATION, DIALOGUE. DC.Author = GONNET, Eugène DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 20/02/2021 à 12:27:40. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GONNET_ANGELIQUE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5620486w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** ANGÉLIQUE OU LES AVANTAGES DE LA CONGRÉGATION POUR UNE RÉCEPTION DE CONGRÉGANISTES 1858 Par l'Abbé E. GONNET. AVIGNON, typ. Jacquet, rue Saint-Marc, 22. PERSONNAGES. ANGÉLIQUE, postulante. ÉMILIE, postulante, amie d'Angélique. CÉLINA, Congréganiste. LE CHOEUR. La scène se passe dans une cour ombragée. Extrait de "Dialogues en vers pour pensionnaires ou congrégations de jeunes demoiselles", 5ème cahier, de l'Abbé Eugène Gonnet. pp 11-24 ANGÉLIQUE OU LES AVANTAGES DE LA CONGRÉGATION. SCÈNE I. Angélique et Emilie. ANGÉLIQUE. Mais, quand je te le dis, il me semble pourtantQue tu devrais en croire un coeur qui t'aime tant.'Émilie, après tout tu connais ma franchise. ÉMILIE. Eh ! Bien, oui, je le crois. Mais je suis fort surpriseQue la joie en ton coeur ait pu trouver accès, Tandis qu'il nous vaut mieux exhaler des regrets. ANGÉLIQUE. Et pour quelle raison devons-nous être tristesQuand nous avons l'honneur d'être Congréganistes ?. ÉMILIE. Quoi ! ma chère Angélique, on nous forge des fers,Et nous pourrions avoir des regrets trop amers ?... Il est vrai qu'on a soin de dorer notre chaîne :On dit : c'est un honneur. Avant que l'on m'y prenne... ANGÉLIQUE. Émilie, ainsi donc, tu trompes mon espoir !Toi qui désirais tant te faire recevoir !... ÉMILIE. Oui, mais j'ai réfléchi. ANGÉLIQUE. Ciel ! Quelle forte tête ! Et, tout pesé, tu crois qu'il faut battre en retraite ? ÉMILIE. Je crois que, si l'on veut garder sa liberté,Il faut se défier d'un honneur, tant vanté.Or, moi, j'aime avant tout que l'on me laisse faire. ANGÉLIQUE. Tu n'es pas difficile, avouons-le, ma chère. Eh ! Qui ne voudrait pas faire sa volonté ?Mais le peut-on toujours en toute sûreté ?Oh ! Combien aujourd'hui regrettent en silenceD'avoir voulu marcher seules et sans défense !La vertu de leur âge, elles l'auraient encor : Hélas ! La liberté leur ravit ce trésor. ÉMILIE. Tu dis vrai : mais aussi, s'enchaîner à notre âge !...Plus qu'un mot, Angélique : et, bien sûr ,je m'engageà marcher sur tes pas, si je n'ai pas raison.Nous sommes, tu le vois, à la belle saison. La rose a revêtu sa brillante, parure ;La campagne a repris son manteau de verdure ;L'air est pur, l'onde claire et les ombrages frais ;Le printemps, en un mot, verse tous ses bienfaits.Tu promènes tes pas, au loin, dans la prairie ; Ou tu dis aux échos ta douce rêverie :Supposons-le. Soudain, quand tu n'y penses pas,Un malfaiteur survient et t'enchaîne les bras.Sans regret, il te plonge en un cachot humide.Au lieu de doux parfums, c'est une odeur fétide Que tu vas respirer dans cet affreux réduit.Plus de riants tableaux : partout, la sombre nuit.Quel contraste, ma soeur ! Quel changement terrible !Et, tu ne vouerais pas une haine invincibleÀ celui qui t'aurait ravi la liberté ?... Mon âme se soulève à cette cruauté... ANGÉLIQUE. Je ne te croyais pas si savante en peinture. ÉMILIE. C'est que, quand je m'y mets... ANGÉLIQUE. Tu peins d'après nature.J'aimerais bien pourtant quelque application.Tu n'as fait qu'écouter l'imagination : Or, si nous en croyons une antique parole,L'Imagination, du logis, est la folle.Entends plutôt la voix de la saine raison ?Et reviens avec moi sur ta comparaison.La jeunesse, dis-tu, c'est la saison fleurie ; C'est l'âge le plus beau des âges de la vie ;Sans doute ; mais cet âge, aux dangers les plus grands.Expose tous les jours mille coeurs imprudents.Il me semble te voir au bord d'un précipice :Je crains à chaque instant, que le pied ne te glisse. Dans l'abîme, où je n'ose abaisser mes regards,J'entends rugir des ours avec des léopards.Un faux pas, c'est assez, et tu deviens leur proie.Tout-à-coup, ô bonheur ! Une main se déploie.C'est un ange du ciel qui vient à ton secours : Sous son aile bénie il gardera tes jours.Oh ! Comme tu saisis, dans ta marche tremblante,Cet appui fortuné que sa main te présente !Fallût-il t'enchaîner, (je ne me trompe pas,)Tu baiserais les fers qui chargeraient tes bras. Eh ! Bien, chère Émilie, eh ! Bien, voilà la chaîneQu'on nous offre en ce jour. ÉMILIE. Oh ! Je la prends sans peine,Trop heureuse. à ce prix, d'échapper au danger !Mondains, à vos plaisirs je ne veux plus songer. ANGÉLIQUE. D'ailleurs,pour ces plaisirs dangereux ou coupables, Tu vas en retrouver d'autres bien préférables.Quand tu connaîtras mieux la Congrégation,Tu le verras, ma chère..... SCÈNE II. Les mêmes, Célina. CÉLINA. Ô douce émotion ! ANGÉLIQUE. Qu'entends-je ? ÉMILIE. Célina ! Ciel ! Je suis confondue. ANGÉLIQUE. Tu viens bien à propos. CÉLINA, à Émilie. Enfin tu t'es rendue. ÉMILIE. Excuse-moi, pardon. CÉLINA. Va, ne te trouble pas.Vous commenciez tantôt vos innocents débats,Quand je suis arrivée. « Attendons à la porte,Ai-je dit ; et voyons s'il faut prêter main-forte. »Il s'agissait, je crois, d'une comparaison. ANGÉLIQUE. Émilie alléguait une vaine raison,Pour ne pas accepter l'honneur qu'on lui défère. ÉMILIE. C'est que je n'y voyais qu'un sacrifice à faire.Mais je suis convaincue. CÉLINA. Angélique, c'est bien :Oui, ton amie, en toi, trouve un ange gardien. ANGÉLIQUE. J'allais lui dire aussi les plaisirs qu'en revancheElle pourra goûter ici chaque dimanche. CÉLINA. C'est vrai : dans ce séjour où tout sait nous charmer,On bénit le Seigneur, on apprend à l'aimer ;On chante les bienfaits de la Vierge Marie Que la sainte parole à nos âmes confie ;Parfois, des jours passés l'on ravive les jeux,Quand on veut nous offrir un passe-temps heureux.Ce n'est pas tout encor : on célèbre des fêtesQui certes ne font pas tourner les jeunes têtes : Elles tournent les coeurs vers le souverain bien. ÉMILIE. Que c'est beau Célina ! Puis, tu le dis si bienQu'il me semble déjà que ce bonheur m'enivre. ANGÉLIQUE. Ah ! C'est mon Émilie ! Elle me fait revivre.Aussi, je ne puis plus contenir mon ardeur. Elle embrasse Émilie. CÉLINA. Qu'il est doux de s'aimer dans l'amour du Seigneur ! Elle sépare les deux amies.Cependant, c'est assez : car j'entends vos amiesQui brûlent de se voir à l'autel réunies.Mais le chant se rapproche.... écoutez ces accords....À leur douce harmonie unissons nos transports. Le choeur arrive sur la scène en chantant un morceau de CONSÉCRATION. ==================================================