******************************************************** DC.Title = JULIETTE OU LA DANSEUSE, POUR LA SAINTE-ENFANCE, DIALOGUE. DC.Author = GONNET, Eugène DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:08:19. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GONNET_EUGENIE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568386w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** EUGÉNIE OU LE ZÈLE VICTORIEUX POUR LA SAINTE-ENFANCE 1858 Par l'Abbé E. GONNET. AVIGNON, typ. Jacquet, rue Saint-Marc, 22. PERSONNAGES. EUGÉNIE, agrégée à la Sainte-Enfance. ANNA, enfant de la première communion. LOUISE, maîtresse de choeur. CHORISTES, au nombre de neuf. L'ANGE DE LA SAINTE-ENFANCE. La scène se passe dans une cour ombragée. Extrait de "Dialogues en vers pour pensionnaires ou congrégations de jeunes demoiselles", 1er cahier, de l'Abbé Eugène Gonnet. pp 11-24 EUGÉNIE OU LE ZÈLE VICTORIEUX. SCÈNE I. Eugénie, Anna. EUGÉNIE. Eh ! Bien donc, chère Anna, tu te rends aujourd'hui ?Pour notre Sainte-Enfance, oh ! Quel beau jour à lui !Laisse que je t'inscrive.... ANNA. Eugénie, à mon âge,On ne me verra point faire un enfantillage.Songe que j'ai douze ans. EUGÉNIE. Et moi, douze ans passés. Et pourtant je suis loin de dire : c'est assez.Et je ne suis pas seule : il en est beaucoup d'autresQui se font un honneur d'être toujours des nôtres.J'étais Associée, avant le jour heureuxOù Jésus vint remplir le plus doux de mes voeux : Depuis, j'ai dû changer de titre et non d'idée. ANNA. Ton titre est ?.... EUGÉNIE. Agrégée. Allons ! Sois décidée. ANNA. C'est l'oeuvre des enfants : ou, si, comme tu dis,Je puis être agrégée, écoute un bon avis.Par ton zèle indiscret pour cette oeuvre nouvelle, Tu vas nuire aux progrès d'une oeuvre encor plus belle. EUGÉNIE. La Propagation ? ANNA. De la Foi : t'y voilà. EUGÉNIE. Nous faisons du chemin : tant mieux ! J'aime cela.Tu n'es plus trop âgée ainsi que tout-à-l'heure ?Ta seconde raison sera-t-elle meilleure ? Elle prend, je le vois, un air très sérieux.Mais, quand on l'examine et qu'on la juge mieux,On reconnaît bientôt que c'est l'indifférenceQui cherche à se parer des traits de la prudence. ANNA. Il faudrait le prouver. EUGÉNIE. Loin de nuire aux progrès [Note : La congrégation de La Sainte-Enfance est créée en 1865 et a été approuvée par Mrg de Bonald archevêque de Lyon. Au XIXème siècle, la maison-mère est domiciliée à Lyon. ]De l'oeuvre qui naquit sur le sol Lyonnais,La Sainte-Enfance vient, comme une soeur puînée,Embellir de sa soeur la noble destinée. ANNA. La Propagation ne refuse aucun soinAux petits comme aux grands, quand ils en ont besoin. EUGÉNIE. Oui, mais, en se vouant à cette classe uniqueQue décime à toute heure une coutume inique,La Sainte-Enfance ajoute aux admirables fruitsQue son illustre soeur avant elle a produits.Des enfants rachetés qui nous dira le nombre ? Par l'eau régénérés, les uns croissent à l'ombreDe monuments pieux, nommés Orphelinats ;Les autres, glorieux d'un précoce trépas,S'en vont peupler le ciel de myriades d'angesEt chanter au Très-Haut des hymnes de louanges. ANNA. Tu fais de l'éloquence. EUGÉNIE. Et qui n'en ferait pasEn voyant susciter d'injustes embarrasÀ cette oeuvre si belle et si compatissante ?Du peu que l'enfant donne il faut qu'on se contente.Quand il aura pris goût à faire des heureux Vous le verrez sans peine accéder à vos voeux.Attendez vingt-un ans. Ses ressources plus grandesLui permettent enfin de grossir ses offrandes.On lui déclare alors qu'il va perdre à la foisSon titre d'agrégé comme aussi tous ses droits, S'il n'accepte à l'instant, pour étouffer la plainte,D'embrasser les deux soeurs dans une même étreinte. ANNA. C'est très bien. On commence à chanter dans la pièce voisine : Mais qu'entends-je ? Oh ! Les touchants accords ! EUGÉNIE. Bon : c'est le choeur qui vient seconder mes efforts. ANNA et EUGÉNIE écoutent chanter. Vers la fin du morceau, neuf choristes arrivent sur la scène, à la suite de leur maîtresse de choeur. SCÈNE II. LES MEMES, LOUISE ET LES CHORISTES. ANNA, à Louise. Nous avons entendu votre brillant cantique. ' LOUISE. Et puis, qu'en pensez-vous ? ANNA. L'air en est magnifique. LOUISE. Aussi, j'espère bien me distinguer ce soir. EUGÉNIE. Louise, en fait de chant, on connaît ton savoir.Mais qu'as-tu préparé pour notre Sainte-Enfance ?C'est que nous attendons un morceau d'éloquence... Nous en avons besoin : depuis un bon moment,( Qui l'aurait dit d'Anna ? ) je prêche vainement. LOUISE. Cette oeuvre a, pour ma part, toutes mes sympathies.Je lui réserve un chant... : EUGÉNIE, aux choristes. Et vous, enfants chéries,Vous l'aimez, n'est-ce pas ? L'Association Bientôt sur son registre inscrira votre nom ? UNE CHORISTE. J'y serai. UNE AUTRE CHORISTE. Moi, j'y suis. Mais, à présent, j'ignoreSi ma mère voudra que j'y demeure encore. EUGÉNIE. Pourquoi ? LA 2e CHORISTE. Ce matin même, à son divin banquet,Pour la première fois Jésus me conviait. EUGÉNIE. Tu n'auras rien à perdre en étant agrégée.Qu'en dis-tu, chère Anna ? N'es-tu donc pas changée ? ANNA. Je crois que, sans risquer de passer pour enfant,Je puis être agrégée. EUGÉNIE. Ah ! Que c'est consolant ! ANNA. Mais dois-je à mes parents imposer cette aumône ? EUGÉNIE, avec surprise. Tiens ! ANNA. Que de frais déjà je leur occasionne ! EUGÉNIE. Encore un vain prétexte ? Ah ! Combien de soupirs,Avec le seul argent de tes menus plaisirs,Tu pourrais épargner aux enfants de la Chine !Sans être riches, va, fort bien je m'imagine Que nous pourrions donner de notre propre fonds ;Mais nous voulons avoir des joujoux, des bonbons.Ah ! Je le disais bien : oui, c'est l'indifférenceQui cherche à se parer des traits de la prudence À Louise.Louise, à mon secours !....Quel silence mortel ! On se tait sur la terre, adressons-nous au ciel. Eugénie tombe a genoux.Bel ange, protecteur de cette, oeuvre sublimePour laquelle mon coeur d'un saint zèle s'anime,Oh ! daigne en ce moment me prêter ton appui ! On frappe à la porte. LOUISE. Quelqu'un frappe. EUGÉNIE. Ouvrez-donc. Grand Dieu ! Si c'était Lui. ANNA, s'avançant vers la porte qui s'ouvre d'elle-même. Je suis perdue, ô ciel ! EUGÉNIE. Qu'as-tu vu ? ANNA. C'est un ange. TOUTES, en tombant à genoux. Mon Dieu ! Quelle frayeur ! SCÈNE III. LES MÊMES ET L'ANGE DE LA Sainte-Enfance, tenant-JOUa main une couronne et un album. L'ANGE. Jeunes enfants, qu'entends-je ?Relevez-vous. On se relève.Je suis un ange du Seigneur;Et vous, n'êtes-vous pas des anges par le coeur ?Si je suis votre frère, et si le ciel m'envoie , Laissez sur votre front s'épanouir la joie.À peine revenu du terrestre séjour,J'offrais à l'Éternel un enfant. (fleur d'un jour ),Quand Jéhova m'a dit : « Redescends sur la terre : Va chercher des amis à ton oeuvre si chère. » EUGÉNIE, avec un air de satisfaction. La Sainte-Enfance ? L'ANGE. Bien : je suis déjà compris.Aussi prompt que l'éclair, à l'instant j'ai repris,Sur l'ordre de mon Dieu, mes éclatantes ailes :Je m'élance soudain des voûtes éternelles.Je viens à vous d'abord, sûr d'avoir bon accueil. Car, un ange m'a dit avec un saint orgueil :« Il est dans Avignon de charitables âmesQue dévore en secret la plus pure des flammes :Telle est la jeune enfant dont je suis le gardien.Eugénie est son nom : elle le porte bien. Depuis que les Chinois ont ému son coeur tendre,Il n'est rien que pour eux elle n'ose entreprendre.Mais, hélas ! le succès ne la suit pas toujours :C'est de toi qu'elle attend un généreux secours. »Ta prière, Eugénie, à mon coeur a su plaire. Non, tout n'est pas perdu : travaille, mais espère,Et d'abord, ô ma soeur, accepte de ma mainCet encouragement à l'amour du prochain. L'ange couronne Eugénie. EUGÉNIE. Merci ! bel ange. Ton visageÉblouit par ses traits vermeils ; Mais la douceur de ton langageVa faire goûter mes conseils. L'ANGE. J'espère bien que si je plaideEn faveur des petits Chinois,Tu verras venir à ton aide Ces compagnes que j'aperçois. UNE 3e CHORISTE. Est-il vrai que, loin de leur mère,Ils ont mille morts à souffrir,S'ils n'ont le bonheur de lui plaireQuand leurs yeux viennent à s'ouvrir ? L'ANGE. Oui, tandis que l'on environneDe tant de soins votre berceau,Leur mère, hélas ! les abandonne,Ou devient leur propre bourreau. UNE 4e CHORISTE. Autant l'exécuteur du crime Fait naître en moi d'aversion,Autant l'innocente victimeM'inspire de compassion. L'ANGE. S'ils avaient du moins le baptême,Ils seraient admis dans le ciel, Témoin l'enfant qu'aujourd'hui mêmeJ'ai porté devant l'Éternel. UNE 5e CHORISTE. Mais, bel ange, que faut-il fairePour sauver ces pauvres petits ?Faut-il, pour leur servir de mère, Voler vers ce lointain pays ? L'ANGE. Calme-toi : le MissionnaireQue rien au monde ne retientDoit mettre fin à leur misère, Si ta charité le soutient. UNE 6° CHORISTE. Eh ! Quoi ! C'est assez d'une aumône ? L'ANGE. Et d'une prière au bon Dieu, LA 6e CHORISTE. Dis-moi vite ce que l'on donne. L'ANGE. Un sou par mois. LA Ce CHORISTE. Oh ! C'est bien peu. EUGÉNIE. Qu'est-ce qu'un sou par mois ? On peut bien y suffire. ANNA. Oui, c'est vrai, je l'avoue. L'ANGE. Eh ! Bien, qui veut souscrire ? TOUTES. Moi ! Moi ! Bel ange. L'ANGE. Bon : vive la charité !J'aime à voir ce combat de générosité.Enfants, vous me prouvez que les faveurs insignesDont vous êtes l'objet tombent sur des coeurs dignes ; Et moi, je vous promets que vos jeux fortunésNe pouvaient aujourd'hui mieux être assaisonnés.Comment vous nommez-vous ? Vos noms, je veux les prendre,Et sur ma harpe d'or au ciel les faire entendre.Approchez, mes enfants, approchez tour-à-tour : Car, je vais remonter à l'éternel séjour. Chacune dit son nom à l'oreille de l'ange qui écrit sur son album. L'ANGE, après avoir fermé son album, continue : Vous êtes douze. Allons, chacune sa série !Et puis, pour trésorière acceptez Eugénie. TOUTES. Oui ; bel ange. L'ANGE. À genoux ! Il faut nous dire adieu. L'on se met a genoux.Enfants, je vous bénis. Au revoir devant Dieu. L'ange sort : on se relève. SCÈNE IV. Les mêmes, excepté L'Ange. ANNA. Quel prodige !... Ma soeur, que ta victoire est belle ? EUGÉNIE. Le Seigneur a voulu réchauffer notre zèle.C'est à nous, à présent, de prouver au SeigneurQue la reconnaissance anime notre coeur.Essayons pour cela de devenir Apôtres : L'ange a pris notre nom, prenons celui des autres.Chacune sa série ! À ce désir si beauIl m'en souvient, mes soeurs, vous avez fait écho. ANNA. Oui, oui, je te promets de remplir ma douzaine. TOUTES. Et moi, de même. EUGÉNIE. Bon : mon affaire est certaine. Enfants, puisque vos coeurs battent pour les Chinois.Pour eux faites aussi résonner votre voix.Louise, apprends-nous donc la douce mélodieQue tu dois nous chanter à la cérémonie.Nous la répéterons à nos aimables soeurs : C'est le plus sûr moyen de triompher des coeurs. LOUISE entonnne le cantique de la STE-ENFANCE : Écoutez du fond de la Chine. Le choeur lui répond, en reprenant toujours le dernier vers. ==================================================