******************************************************** DC.Title = LA LAITIÈRE ET LE POT AUX ROSES. DC.Author = HERVILLY, Ernest d' DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:08:19. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/HERVILLY_LAITIERE.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9613575x DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA LAITIÈRE ET LE POT AUX ROSES FABLE EN UN ACTE 1882. Tous droits réservés. PAR M. ERNEST D'HERVILLY PERSONNAGES MAURICE HAMELIN. GEORGES DE BRACY. SIDONIE-MARTHE. Tiré de "Théâtre de Campagne. Huitième série". 1882. pp 230-261. LA LAITIÈRE ET LE POT AUX ROSES Une salle de ferme, au rez-de-chaussée, que les légers instruments de travail et les accessoires d'un peintre d'aquarelles, ont transformé en un atelier rustique. Table chargée des objets nécessaires : papier, palette, crayons, verre d'eau, etc. Petit chevalet, chaises de campagne. SCÈNE PREMIÈRE. Maurice, Georges. Entrée de Georges, vêtu en chasseur, et qui dépose son fusil dans un coin ; Maurice regarde dans la campagne par une croisée ouverte. GEORGES, à part. C'est la quatrième fois que surprends le camarade en rupture de travail. Frère Anne, que regardes-tu donc venir ? - Je crois que je le devine. Mais, pour l'instant, tu ne vois que le soleil qui poudroie sur l'horizon, qui rougeoie. Appelant.- Hé, Timon de Paris ! Hé ! Alceste de l'Opéra ! Hé ! L'homme aux rubans verts ! - Hé ! Maurice ! MAURICE, sans se retourner. Que veux-tu ? GEORGES. Pardon, Monsieur Maurice Hamelin, S.V.P. Il fait toc, toc, sur la table.Est-il chez nous ? Monsieur Georges de Bracy voudrait lui présenter ses hommages. MAURICE, se retournant, brusquement. Eh bien, quoi ! Que veux-tu ? GEORGES. Dis-donc, Maurice, sais-tu qu'il y a des jours où tu figurerais fort bien dans les armoiries du feu roi Louis XII ? MAURICE. Quelle folie nouvelle ? GEORGES. Mais, je t'assure !... Comme hérisson, au collège national des Porcs-Épics, tu aurais au moins le premier accessit. MAURICE. Eh bien, prends-moi comme je suis, ou mets des mitaines, là ! GEORGES. Fichtre ! - Comme tu y vas, toi ! On voit bien que tu es riche. - Merci ! - J'en userais trop de paires avec toi. Gaîment. Tu vas bien, depuis ce matin ? MAURICE. Oui, Georges, oui, je vais très bien. GEORGES, regardant sur la table. À part.Il paraît que ça ne va pas alors. Haut.L'aquarelle est dans le marasme ! Dis donc, ta laitière n'a pas fait de progrès... Oh ! Tu as du joliment flâner aujourd'hui. Qu'est-ce que tu faisais à ta fenêtre, comme Jenny l'ouvrière ? MAURICE. Je constatais une fois de plus, en regardant un écureuil, là-haut, dans un chêne, que les écrivains naturalistes sont d'aveugles menteurs. Car il n'est pas possible aux jeunes paysannes de négliger leur toilette, comme ces Messieurs l'affirment, quand elles ont tous les jours, sous les yeux, des professeurs de soins délicats tels que ce petit écureuil qui nettoie son petit nez avec frénésie, depuis une heure. GEORGES. En voilà une idée! - Quel diable te pousse à te faire le champion de la netteté des paysannes ! MAURICE. Je la constate, voilà tout. GEORGES. Eh bien, écoute, je serais bien aise d'en faire autant... sur ton aquarelle... Fichtre !... Elle n'a pas un joli teint clair pour l'instant, ta petite bonne femme !... Ne lui montre pas ça, surtout, à ton modèle ! C'est à dégoûter de poser... - À propos, est-ce qu'elle ne vient pas aujourd'hui, mademoiselle Sidonie, la plus jolie des laitières du département de l'Oise... ta bien-aimée Sidonie ? MAURICE, impatienté. Oh ! Mon petit Georges, tu es très drôle ; tu es bien gentil. Je t'aime beaucoup. Je t'aime tant que, partant pour la campagne, je me suis abonné à toi pour un mois ou deux. Mais, au nom du ciel ! Laisse-moi tranquille et ne parle plus de femmes, quelle que soit leur condition... GEORGES. Tu continues donc à vouloir jouer les ermites, alors ? MAURICE. Voyons Georges, tu sais pourquoi j'ai fui Paris, puisque tu as eu le dévouement de ne pas vouloir me lâcher au moment où j'ai tout envoyé promener. - Ne me force pas à regretter ta preuve d'attachement... GEORGES. Il n'y a pas eu là preuve d'attachement. Nous avons mis en commun heur et malheur, depuis longtemps. Eh bien, c'était tout simple, j'ai chanté tout l'été, mais quand la bise fut venue et qu'Oreste Hamelin s'est sauvé de Paris, le coeur brisé, poursuivi par le souvenir d'une élégante Euménide à hauts talons, alors Pylade l'a suivi en disant : part à deux ! MAURICE. Mon bon Georges ! - Ah ! Je souffre toujours!... Je ne suis pas guéri, va ! GEORGES, roulant une cigarette. Tu devrais te soigner comme un de mes amis. Il aimait éperdument une dame que ça amusait fort, mais qui était bien la plus nulle et la plus insensible de toutes les créatures... Lui, c'était un héros de sagesse. Il vivait d'amour et d'eau extrêmement claire. - C'est-à-dire qu'il était jaune comme un coing et avait l'amertume du chicotin. C'était grave. Ça tournait à la folie. Je me fis son médecin. Un jour, à ce sage admirable, qui se mourait d'inanition et de vertu, je fis remarquer combien une jeune personne frivole ressemblait, pour les épaules, à celle qu'il croyait sans pareille. Séduit par la ressemblance, il admira, de près, ces épaules. Un autre jour, je lui fis remarquer combien la cheville d'une autre personne également frivole répondait à la cheville de celle qu'il croyait sans égale. Il admira de près la cheville. Je continuai le traitement, pendant un certain temps, et au bout de ce certain temps, mon ami constata lui-même que son incomparable dulcinée n'avait rien d'extraordinaire et ressemblait fort, en somme, à toutes les autres... Alors, il rentra dans le rang, et depuis ce temps-là, c'est le plus gai des pinsons. MAURICE. Tu veux que j'aime encore. Avec amertume.Merci ! GEORGES. Marie-toi, alors ! MAURICE. Avec ta cousine Marthe, n'est-ce pas ? - Toi aussi tu me le conseilles ? GEORGES. Pourquoi non ? MAURICE. Eh bien, écoute : Je n'ai pas l'honneur de connaître Mademoiselle Marthe. - Je l'ai entr'aperçue, une nuit dans un salon. Elle était en odalisque... Elle m'a paru jolie. Il y a longtemps de cela. - Mais c'est précisément parce que ma mère, me voyant accablé de douleur, m'a parlé d'épouser quelqu'un, et. en premier lieu, ta cousine, que je me suis sauvé de Paris où j'aurais pu m'isoler tout aussi bien qu'ici... C'est pour me soustraire à cette proposition de mariage de Damoclès que je suis venu dans ce coin de campagne, pour y être libre de pleurer à ma façon. GEORGES. Et d'y faire de l'aquarelle ! - De la peinture aux larmes... À l'eau, je veux dire. MAURICE. Continue à être spirituel, de cette façon-là, mon ami Georges, et je me désabonne ! GEORGES. [Note : Rantzau, Josias (1609-1650) : Maréchal de France, réputé pour ses nombreuses victoires, dûes à sa très grande témérité.]Eh bien, je vais rester muet. Je t'accorde, que tu es l'incurable maréchal de Rantzau de l'amour, avec cette différence, qu'il ne lui restait d'entier que le coeur, tandis que chez toi, c'est le coeur seulement qui a été balafré, meurtri, percé, tailladé. - Ton coeur est à l'ambulance ici. Chut! - Parlons bas... Il parle tout bas.Le coeur de Maurice est bien malade. MAURICE. Va ! Tu n'es qu'un gavroche ! GEORGES. Avec la toilette en plus. - À propos, j'ai les mains noires sous mes gants et je vais aller faire aussi mon petit écureuil là-haut... Il va pour s'en aller.Dis donc, Maurice, on m'a dit aujourd'hui que le château des Vertugadins est plein de monde... Il y a tant de chevaux à l'écurie que les rats ne peuvent plus dormir... Je t'en avertis, afin que tu prennes tes précautions si tu ne veux pas te trouver nez à nez avec des Parisiens... Ils émaillent nos environs en ce moment et les Vertugadins sont à vingt minutes d'ici. - Au revoir, l'artiste! MAURICE. Va te laver ! SCÈNE II. MAURICE, à sa table de travail, après un silence. Elle est en retard aujourd'hui. - Déjà ! - Mais qu'est-ce que j'ai donc ? - Cette petite sotte est bien libre d'agir à sa guise. Un silence.- Épouser la cousine de Georges ?... Non, il n'y a que les mères pour avoir de ces idées-là ! - Elle a dû savoir... Les mères devinent tout... combien j'avais raison de haïr les Parisiennes. Et elle me... c'est trop fort!... et elle me parle justement d'une Parisienne ! La cousine de Georges ! Encore un joli assemblage, comme les autres, d'étoffes et de petites mines, de rubans et de babillage, de cris de désespoir pour des toutous enrhumés et de parfaite insensibilité pour les sanglots d'un coeur qui se brise... La cousine de Georges! - Une jolie blagueuse alors ! - Oh ! J'aimerais mieux, cent fois mieux, arracher une bonne et lourde fille des champs à la vache qu'elle mène à l'herbe pour en faire ma femme, que de consentir à retomber aux pieds d'une Parisienne !... Cette Sidonie, cette rieuse sans façon, - qui se fait tant attendre aujourd'hui - mais, ma parole, je la préfère à toutes les salonnières surmenées et cruelles de Paris. - Seulement, voilà, quand on est du monde, - à moins de se condamner à vivre dans un terrier, et d'y être très heureux, quand on est du monde, où les plus belles choses ont le, pire destin, et c'est joliment vrai, eh bien, on ne peut pas mener dans le monde une fille arrachée à son herbe natale, fût-elle Jeanne d'Arc ! - Jeanne d'Arc après Orléans, oui, mais la petite fille de Vaucouleurs, nenni ! - La vie est ainsi faite : on monte à l'assaut sous une batterie rasante, mais on n'ose pas escalader les usages !... Et puis, quelle bêtise ! Est-ce que les filles des champs, à notre époque de téléphone, sont plus... ou moins... que celles de la ville ? - Cette Sidonie, par exemple... Je ne le cache pas, elle est charmante, avec son petit air si pur et si doux. Eh bien !... Ça fait de la peine de penser cela, mais le premier commis voyageur un peu dans les soieries... Ah ! C'est affreux de songer à cela !... Silence. Avec tout cela Sidonie est peut-être malade ? Il ne me manquait plus que cette inquiétude-là ! - Mais elle a dû faire prévenir la mère Pinçavoine, ma propriétaire. - Allons nous en informer... Je ne peux pas rester plus longtemps comme ça, le pinceau dans l'eau... Allons voir la mère Pinçavoine. Il sort par une porte latérale. SCÈNE III. Georges, entrant par le fond, puis Sidonie. GEORGES, à la cantonade, après avoir regardé dans la salle. Tu es joliment en retard, Marthe. Entre vite. Il n'est pas là. SIDONIE, en laitière. Voyons, Georges, tu es fou ! Tu m'appelles Marthe ! GEORGES. Sidonie ! C'est juste. Fichtre ! Jolie gaffe ! SIDONIE. Fais-y attention, je te prie ! - Un seul soupçon dans l'esprit de Maurice, et notre échafaudage s'écroule : j'ai promis à sa mère, j'ai promis à sa soeur de l'arracher à son spleen. J'y tâche de mon mieux depuis quinze jours, un peu pour lui, et beaucoup pour elles. Mais ne me jette pas des bâtons dans... GEORGES, répétant les paroles de Sidonie. Un peu pour lui, beaucoup pour elles : bien ; et pour toi ? SIDONIE. Tu es bien curieux. GEORGES. Dame ! - Ma tante t'a confiée à moi, chère paysanne à la détrempe... Et je dois être informé... SIDONIE. Laisse-moi faire. Elle chante ; vieil air.[Note : Rôlet : Terme familier. Petit rôle ; il ne se dit que figurément pour signifier la vie, le rôle de chacun. [L]]« Je suis la petite laitière. Qui veut acheter de son lait ? » - Dis-moi, est-ce que je ne joue pas bien mon petit rôlet, comme disait Charles IX. GEORGES. Ma tante elle-même ne te reconnaîtrait pas, et personne ne se doute au château ?... SIDONIE. Personne. - Cette petite comédie là ne m'ennuie pas, d'ailleurs. Mais que de métiers pour une jeune fille ! D'abord, sur ton conseil, laitière, fournisseuse brevetée de la mère Pinçavoine ; puis, à la suite d'une rencontre ménagée par un hasard qui s'appelle Georges de Bracy, je deviens modèle, à quatre francs l'heure, d'un monsieur artiste qui s'est établi dans une ferme... Modèle à quatre francs l'heure quand on a une dot... GEORGES. Oh oui ! Une dot que j'aurais volontiers dissipée, si tu l'avais voulu. Mais, voilà, il te faut des héros de roman, à toi ! - Fi de la gomme ! - Oh ! Je ne suis pas jaloux, j'aime Maurice, tu ne le détestes pas : que le bonheur soit avec vous, si cela se peut ! Pour le moment, il vient bien lentement. Train omnibus, arrêt à toutes les stations, manoeuvres dans les gares... SIDONIE. Il y a tant d'accidents en express, et puis un voyageur à peine convalescent et ombrageux !... Maurice ne veut pas s'avouer qu'il revient à la vie. GEORGES. Enfin ! - Sauve Maurice et tout ira bien. Par exemple, tant pis pour toi, s'il dédaigne mademoiselle Marthe de Saint-Nicolas d'Acy ! Il chante.« Tu l'as voulu, n'ten plains pas, tir'toi, tir'toi, tir'lon laine ; tu l'as voulu, n'ten plains pas, tir'toi d'la comm'tu pourras ! » SIDONIE. Ce que femme veut... - Chut ! - On vient. GEORGES. C'est lui. Haut. - Délicieuse Perrette, ne vous étonnez pas de vous voir un miroir si foncé que cela, sur le Bristol. - Mon ami, le grand peintre Maurice, a sans doute broyé beaucoup de noir ce matin. SCÈNE IV. Les mêmes. MAURICE, entrant. Enfin ! Vous voilà ! - Bonjour, Sidonie. - Vous faites bien d'arriver. La mère Pinçavoine pleurait déjà son lolo. SIDONIE. Bonjour, Monsieur Maurice. Votre servante. J'ai porté le lait dans le cellier, au frais, comme d'ordinaire, et me voilà. - Suis-je bien coiffée à votre idée ?... MAURICE. Oui, mais vous cachez toujours trop vos cheveux... Ils sont si... naturels... GEORGES. Un faux chignon a son prix pourtant... pour qui vit d'illusions, ô poète ! MAURICE, installant Sidonie. Là, prenez la pose, ma chère petite... - Vous savez, vous faites un bouquet... Le loup va venir... Vous écoutez... GEORGES. Mais c'est le Chaperon rouge que tu peins ! Il faut une galette, alors ! MAURICE, préparant ses brosses. Georges, il y a en toi deux hommes bien différents : l'un, qui est exquis du matin à l'après-midi, quand il chasse dans les environs de ce modeste asile ; l'autre, de l'après-midi au soir, quand il se mêle des beaux-arts, est insupportable. GEORGES, riant. Ami, tu laisses en plan ta laitière. Le loup va la croquer, mon cher. - Tu n'as pas besoin de moi pour la défendre, n'est-ce pas ? Si j'ai bien compris le sens du madrigal que tu viens de m'adresser, tu désires que je m'en aille... Je t'obéis... Je vole dans la chambre voisine ! Riant.Si le loup montrait les dents, vous m'appelleriez, n'est-ce pas, laitière ? SIDONIE. Oui, Monsieur, mais j'espère bien le tenir par les oreilles... GEORGES. Le ciel vous assiste ! - Au revoir, Monsieur, Mamselle. Il sort. SCÈNE V. Sidonie, Maurice. SIDONIE. Comme vous le rudoyez, ce pauvre monsieur Georges ! MAURICE, travaillant. Il aime ça ; ça le fait reluire... SIDONIE. Il est si gai... si souriant... en effet. MAURICE. Ce qui veut dire que je suis triste et maussade... SIDONIE. Je ne dis pas cela, Monsieur Maurice ! MAURICE. Vous ne le dites pas, mais vous le pensez... C'est la même chose ! Tournez la tête de mon côté, je vous prie, Sidonie. SIDONIE, le regardant. Comme ceci ? MAURICE, baissant les yeux. Oui ! Merci. Après un silence.Et comment vont les petites affaires ? SIDONIE. Nos chèvres sont malades. On dit qu'elles ont mangé de l'herbe où un basilic a passé. MAURICE, nerveux. Ah ! À part. Quelle conversation ! Haut, brusquement.Vous avez de jolis yeux, Sidonie ! SIDONIE, riant. Oh ! Je le sais de reste ! Le dernier qui me l'a dit avant vous, c'est monsieur Georges. MAURICE, avec humeur. Il aurait pu garder sa langue dans sa poche. SIDONIE. Pourquoi cela ? MAURICE. Mais parce qu'un jeune homme ne doit pas se permettre de dire à une jeune fille sage des choses de ce genre-là. SIDONIE, naïvement. Tiens ! Vous n'êtes donc pas un jeune homme, vous ! MAURICE, amèrement. Ah ! Je l'attendais, celle-là ! Parce que je suis chagrin... parce que je ne ris pas... alors, je suis un vieillard ! Ma chère enfant, décidément, je ne suis pas de vos favoris ! SIDONIE. Mais qu'est-ce que je vous ai fait, Monsieur Maurice ? Vous avez l'air en colère ! MAURICE. En colère ! Moi ! En colère ! Ah ! Si on peut dire !... Mais, au fait, qui est-ce qui ne serait pas furieux, après avoir attendu deux heures à une fenêtre devant le plus insipide des paysages... Un modèle qui se faisait conter des douceurs pendant ce temps-là ! SIDONIE. Monsieur Maurice ! Voilà des choses qu'un jeune homme ne doit pas dire à une jeune fille... par exemple ! - Assez ! Vous me faites de la peine. MAURICE. Pardon, Sidonie. - Je suis nerveux, aujourd'hui... - Je ne sais pas ce que j'ai... Ah ! Tenez ! Je ne peux pas travailler !... J'aime mieux vous le dire tout de suite. SIDONIE, avec soumission. Comme vous voudrez. Je m'en vais. MAURICE. Vous vous en allez ! Vous vous en allez ! Mais qui est-ce qui vous dit de vous en aller ? Avouez plutôt que cela vous ennuie de venir ici. SIDONIE. Que vous êtes méchant ! Qu'est-ce que je vous ai fait ? MAURICE. Ce que vous m'avez fait !... Se parlant haut à lui-même, en marchant.Ce qu'elle m'a fait ! - J'étais si tranquille avant que ce Georges m'eût mis en tête de peindre une laitière !... J'étais si heureux !... Je maudissais tout le monde à mon aise ! Et maintenant, voilà que je maudis tout le monde, excepté elle !... SIDONIE. Mais pourquoi ça ? MAURICE, s'arrêtant. Pourquoi ? Les voilà bien, ces filles de la nature !... Elles ne comprennent rien ! Il faut tout leur apprendre. Une Parisienne aurait déjà deviné. SIDONIE. Deviné quoi ? MAURICE. Mais ce qui fait que vous trouvez monsieur Georges si à votre gré. SIDONIE. Oui, je le trouve à mon gré. MAURICE. Vous le trouvez si fort à votre gré, petite sotte, parce que vous avez deviné qu'il vous aime... SIDONIE. Lui ! - Après tout, je ne peux pas l'en empêcher... MAURICE. Vous ne le pouvez pas ! - Vous avez bien pu, chaque fois que vous êtes venue ici, me faire croire, à moi, que vous vous intéressiez à ma santé. Alors, c'était donc une comédie ? J'étais arrivé à vous regarder comme une amie, oui, une amie, une petite soeur tendre et dévouée. Je m'étais laissé prendre à cela... C'était une consolation pour moi... - Quand vous entriez dans cette chambre, je me disais : Voilà mon rayon de soleil !... Ah ! Laissez-moi... Ah ! Vous ne m'aimez pas ! SIDONIE, simplement. Mais si, je vous aime bien. MAURICE. Non ! non ! Il aurait fallu m'expliquer tout crûment, comme Georges, n'est-ce pas ? Vous dire que votre visage honnête et charmant est rassérénant à voir... qu'il ressemble à une fleur ouverte à l'ombre, qu'il n'y en pas comme cela à Paris, certes !... Que vous me manquez quand vous n'êtes pas là... Ah ! Tenez, je vous déteste ! SIDONIE. Monsieur Maurice, vous me faites peur !... MAURICE. Et si je vous disais !... Mais à quoi bon ! Je vous fais peur. Ah ! Je n'ai pas de chance ! Un petit oiseau se pose sur ma haie. Je lui dis que son chant modeste me ravit, et le voilà qui s'envole. Je lui ai fait peur ! SIDONIE. Je ne vous comprends pas. - Mais il se fait tard. Je dois m'en aller. MAURICE, douloureusement. Ah ! Vous ne me comprenez pas ? À part.Hélas ! Elle ne peut pas me comprendre. Haut.Eh bien ! Sidonie, si je vous disais que je suis beaucoup plus riche que Georges, que je vous adore, que vous êtes faite pour briller autre part que dans un village, que, si vous y consentez, je puis faire de vous la plus heureuse et la plus enviée des femmes, et que vous resterez libre !... Me comprendriez-vous ? SIDONIE, doucement. Cela veut-il dire que vous m'aimez honnêtement, et comme il faut qu'on aime ? MAURICE. Oh ! Pardon ! Pardon, Sidonie ! - Non, Dieu soit loué, vous ne me comprenez pas. Sais-je ce que je dis en ce moment ? - Non. - Sais-je ce que je rêve depuis huit jours ? Non. Je songe que vous valez mieux que n'importe quelle femme, et cependant vous me rendez mauvais, parce que je vous crois coquette autant que les autres. Pourquoi ne m'aimez-vous pas ? SIDONIE, simplement. Mais je vous aime bien, je vous l'ai dit. Combien de fois faut-il vous le dire ? MAURICE, hors de lui. Vous m'aimez ! - Eh bien, si vous m'aimez, voulez-vous essayer... Sidonie, vous êtes une fille d'esprit, d'abord ?... SIDONIE. Puisque vous le dites. MAURICE. Eh bien... Tenez ! Ayez un peu de patience... Ma petite Sidonie... Je n'ose pas m'expliquer davantage... C'est si délicat un coeur de femme !... Attendez-moi un instant... - J'ai là, depuis quelques jours, dans des cartons... - C'est pour un tableau. - Vous allez voir... Deux minutes, seulement, et je reviens ! Il sort follement. SIDONIE. Pauvre Maurice ! Comme il m'aime ! Mais il voit encore trop la paysanne, la laitière, à travers son amour ! Le monsieur, plein d'orgueil, se débat en lui et proteste. - Consultons Georges, vite. Elle frappe à la porte par laquelle est sorti Georges. GEORGES, passant la tête. Eh bien, cousine ? SIDONIE. Ton ami est bien malheureux, va ! Il m'adore et se trouve absurde ! GEORGES. Bah ! Serait-il, comme disent les juges d'instruction, serait-il enfin entré dans la voie des aveux ? SIDONIE. Il y est entré, mais avec une prudence que je ne peux tolérer. - À chaque parole qui l'engage, je sens qu'il se pose cette objection : Que dirait ma mère, si elle me voyait lui amener cette villageoise ? - Je comprends ce scrupule, mais je ne puis l'admettre. Non, je ne puis l'admettre ! - Ou je vaincrai ou son amour mourra ! - Voici Maurice, silence. La tête de Georges disparaît. SCÈNE VI. Sidonie, Maurice. Maurice apporte et dépose sur la table et par terre des cartons de tout calibre et de toute forme. Il les ouvre en silence. SIDONIE. Qu'est-ce que tout cela, grand Dieu ! - Oh ! Que c'est beau ! MAURICE, doucement. Mon amie... Voici un costume complet de Parisienne... c'est... je vous l'ai dit... c'est pour un tableau. - Je serais bien heureux de vous voir l'essayer. Vous me rendrez service en le faisant... SIDONIE. Mais je veux bien, moi. Elle s'approche de la table.Oh ! Que c'est joli ! Oh ! Que c'est riche ! - Oh ! Des gants ! Que c'est froid ! - Que tout cela est riche ! MAURICE. Oui, riche ; mais c'est élégant surtout. À part.Elle ne l'a pas dit ! SIDONIE. Et c'est pour un tableau ? MAURICE. Pas pour autre chose... Tenez ! J'ai là, dans mes cartons, un croquis du sujet... Vous allez voir. Il cherche dans ses cartons à dessins. SIDONIE, à part. Ah ! Maurice !... Oh ! Malice cousue de fil blanc !... Oui, mais alors, il m'aime beaucoup plus que je ne le pensais, puisque, depuis quelques jours, il a ruminé de juger par lui-même si je puis faire une bru présentable et acceptable... Ah ! Maurice ! Vous voulez me faire passer mon examen de belle-fille. Très bien ! - Oui, vous m'aimez beaucoup, Maurice, mais je veux que vous m'aimiez davantage !... MAURICE. Tenez ! Voici le croquis. Ce sont de simples lignes. Vous n'y voyez rien ? - Ayez la foi. Et si vous êtes mon amie, ma véritable et dévouée amie, vous m'aiderez dans le travail que je projette d'exécuter. C'est l'artiste qui fait appel à votre coeur. Mettez ces jolies choses, ô mon modèle exquis. - Je meurs d'impatience de vous voir complétée avec ces fanfreluches... C'est pour mon tableau... La rose sauvage est charmante, mais l'églantier greffé donne de si délicates roses !... - Greffez-vous, ma belle ! Vous allez fleurir à merveille, j'en suis sûr! SIDONIE. Je veux bien, moi ! - Dieu ! Que tout cela est magnifique. Elle passe avec une feinte difficulté une jupe par dessus son habit de laitière. MAURICE. Pas comme cela! Pas comme cela ! - Tenez, il faut que ça drape ici... Marchez un peu. Sidonie marche ; la robe fait un effet affreux. Maurice se précipite à genoux et arrange le plissé et la draperie. Pendant qu'il s'évertue, Sidonie rit au public.Là ! Ça va aller mieux. - Allons, allons, ayez de l'aisance. - Mais qu'est-ce que vous faites ? Sidonie endosse une « visité » ou une « confection » quelconque. SIDONIE. Eh bien ! Je mets cette blouse pendue là. Est-ce que je ne m'y prends pas bien ? Elle le met le plus gauchement possible. MAURICE, désespéré. Non ! Sapristi ! Non ! - Mais tenez-vous donc droite ! Mais ne vous tortillez donc pas comme ça pour voir derrière vous ! - C'est pourtant bien facile ! À part.Oh ! Il n'y a que les Parisiennes pour porter la toilette ! Je suis navré ! SIDONIE. Vous me pressez trop ! Vous ne me laissez pas le temps de respirer. Que vous êtes nerveux ! Je n'ai pas l'habitude de ces drôles de choses-là, moi ! Il faut me pardonner. En disant cela, elle met un chapeau sur sa tête sens devant derrière. MAURICE, énervé. Miséricorde ! - La charrue avant les boeufs ! - Oh ! Que je suis malheureux ! - Non, Sidonie, de l'autre côté ! Il lui ôte brusquement le chapeau et le lui remet.Là ! - Pas en arrière, au nom du ciel ! - Comme ceci. SIDONIE. Que vous êtes brusque ! - Mais, est-ce que je sais, moi ! - Ne vous impatientez pas, Maurice. - J'apprendrai, j'apprendrai. - Montrez-moi tout doucement. Je ne suis qu'une pauvre fille... MAURICE, furieux. Mais vous ne voulez pas saisir le sens. Non, vous ne le voulez pas !... Oh ! Cette robe fait un effet abominable !... Elle a pourtant été taillée sur une des vôtres... C'est la mère Pinçavoine elle-même qui avait pris les mesures ! Ah ! Tenez, vous n'êtes pas née pour cela ! Elle prend des gants et en crève un. SIDONIE. Ce n'est pas ma faute. Elle prend un éventail et se tape sur le nez.Hé ! Ça fait mal ! MAURICE, se tordant les mains. Ah! mon Dieu ! Bon! - Mais donnez-moi donc cela. Avec rage. Mais donnez-moi donc cela ! Tenez, voilà comment il faut s'en servir, et comment il faut marcher. Il s'évente en marchant. Sidonie rit au public.Voyons, je vous en supplie, Sidonie, répétez ! Il lui donne l'éventail et la regarde se démener lourdement.Ah ! Quelle pauvre cervelle ! Je suis anéanti. SIDONIE, avec douceur. Ne soyez pas fâché contre moi, monsieur Maurice, je tiendrai ce petit soufflet-là pendant cent ans, que je le tiendrai toujours de même. Je ne saurai jamais m'en servir. MAURICE, entre ses dents. Il faut en convenir ! Il faut en convenir ! - Oh ! Que tout cela me fait mal ! Je souffre horriblement ! Quittez cet habit, Sidonie. - Ah ! J'ai gâté ma petite laitière ! - Quittez ! Quittez ! Exaspéré. Vous avez l'air d'un singe savant. SIDONIE, feignant de sangloter. L'air d'un singe ?... Je suis ridicule alors, absurde. Et c'est vous qui l'avez voulu ! Vous l'avez voulu! MAURICE. Oui ! Oui ! J'espérais, je... mais non. Vous ne pourrez jamais vous habituer à tout cela ! Oh ! Quel malheur sans égal ! Quelle amère déception !... SIDONIE, avec des larmes feintes. Pourquoi vouliez-vous faire de moi une dame, monsieur Maurice ? - Il fallait... me peindre... comme j'étais... comme j'étais quand vous ne me disiez pas que j'avais l'air d'un singe... savant. - Je ne demandais pas cette science-là, moi... Vous voilà fâché... vous ne me parlez plus... Je vous déplais maintenant. Oui. Adieu pour toujours alors, monsieur Maurice... Oh ! Quel vilain réveil ! Je faisais un si beau rêve !... Ce n'est pas ma faute, si je suis née paysanne... MAURICE, accablé. Adieu, adieu ! Laisse-moi... Il se met la tête dans les mains. SIDONIE. Adieu ! À part.J'ai peut-être été trop loin ! - Allons trouver Georges. Elle sort. SCÈNE VII. Maurice, seul, puis Georges et Sidonie. MAURICE. Jamais ! Jamais ! Jamais ! - Flétris-toi de nouveau, triste coeur qui t'épanouissais encore ! - Pauvre enfant ! - Et quand je pense que j'ai été sur le point de lui avouer tout entier le secret de mon âme !... Fou que j'étais ! - Elle est si touchante ! - Un mot de plus de ma part, et, en la repoussant, j'étais un malhonnête homme. Heureusement elle a cru qu'il s'agissait seulement d'être belle pour un tableau. - Oh! que tout cela me fait mal !... Mais, voyons, est-ce que ma mère m'aurait jamais pardonné de lui donner cette pauvre petite pour enfant !... Et, à elle-même, ma mignonne Sidonie, que ne lui eût pas fait souffrir l'orgueilleux dédain de mes absurdes parents !... C'est égal, j'ai manqué de patience. Je n'ai pas su dissimuler. Je l'ai brusquée, offensée... J'ai criblé de paroles dures son petit coeur si tendrement naïf !... Ah ! Elle m'eût bien aimé ! - Je suis coupable !... Ma pauvre petite Sidonie ! Entrée brusque de Georges. GEORGES. Oui, ta pauvre petite Sidonie ! Ah ! Tu as bien raison de la plaindre. Tu as fait là un joli coup ! MAURICE. C'est bien à toi de parler ! Laisse-moi. GEORGES, très grave. Non, je ne te laisserai pas ! - Sais-tu ce que tu as fait, Maurice ? MAURICE. Ah ! Je ne le sais que trop : deux malheureux, oui ; elle et moi. GEORGES. Toi, malheureux ! Allons donc, égoïste ! - Mais elle... elle... oh ! Il vaudrait mieux pour elle qu'elle en mourût ! MAURICE, avec accablement. Que veux-tu dire ? GEORGES. Quoi ! Tu ne le devines pas ? - Eh bien, je l'ai rencontrée à la porte de cette maison maudite, comme elle en sortait pour toujours. Sidonie passe sa tête souriante par la porte latérale entrebâillée.Elle pleurait à arracher des larmes à un rocher. Je n'ai pas eu de peine à lui tirer son secret. Elle est à moitié folle ! Sais-tu le résultat de ton absurde et fatale expérience ? Sais-tu ce que tu as fait ? Tu lui as fait concevoir, tu lui as fait toucher un luxe et des espoirs qu'elle n'avait jamais rêvés ! Et je crois bien que, sans le vouloir, je te l'accorde, mais avec une imprudence terrible, tu l'as lancée sur cette route de la curiosité et du désir d'être belle, à n'importe quel prix, au début de laquelle la femme rencontre la honte et à la fin toujours la misère ! MAURICE. Oh ! Georges ! Mais elle est pure ! GEORGES. Aujourd'hui, oui ! Mais sa sincère douleur passée, l'éveil de la fanfreluche que tu as provoqué en elle deviendra de la fièvre et produira ses détestables fruits. Ce sera affreux, mais une nature sans guide, abandonnée après avoir été pervertie, ne peut plus se redresser ni se retenir... Tu as ouvert le gouffre devant cette innocente... Elle y tombera, désespérée et poussée par toi, et tu auras toute ta vie à te reprocher cette action infâme. MAURICE. Monsieur ! GEORGES. Ah ! Quand vous voudrez ! comme disent les bateaux mouches, mais me larder de coups d'épée ou me truffer de balles de pistolet, cela ne rendra ni sa candeur première, ni son repos, ni ce que tu lui as volé, à cette pauvre femme qui te devra son déshonneur ! Tu as tué une âme, Maurice ! MAURICE, criant. Où est-elle ! Je veux la voir ! Je veux qu'elle me pardonne ! Georges ! Georges ! Je l'aime ! Je l'aime ! - Écoute, cet abominable essai de costume, c'est un reste de stupide amour-propre mélangé d'amour filial, qui me l'a fait tenter... Oui, je l'aime, et je le dis avec fierté à présent. Mais je voulais lui apprendre à plaire à ma mère. Tu sais, les mères, elles ont des idées d'autrefois. Je voulais essayer de les tourner tout en les admettant. Oh ! Mon Dieu ! Mais, moi, j'aime Sidonie telle qu'elle est, telle que la respecteront, paysanne ou grande dame, tous ceux qui ont le respect de la loyauté, de la beauté de l'âme, de la vertu, de tout ce qui est et sera toujours ma pauvre petite laitière... Oh ! Sidonie ! Je vous sauverai ! GEORGES. Plaise au ciel qu'il ne soit pas trop tard ! MAURICE. Trop tard ! - Ah ! Tu me fais mourir de peur. Non ! Non ! Il n'est pas trop tard. Je vais à sa recherche ! Je la découvrirai. Je lui dirai combien je suis fier d'avouer que je l'aime à la face de tous, en cotillon court, en bonnet blanc ! Je la supplierai de me donner sa main, sa main de paysanne ! Adieu !... Je cours me jeter à ses pieds, plein de repentir... J'irai pour cela, s'il le faut, jusqu'au bout du monde... Il s'élance. Sidonie, se montrant, l'arrête. SIDONIE. Vous n'irez pas si loin, Maurice ! MAURICE, agenouillé. Sidonie ! Ma bien-aimée, pardon. SIDONIE. Ce n'est plus Sidonie, c'est Marthe qui vous pardonne et qui vous tend la main. MAURICE. Marthe ? GEORGES, gaiement. Eh bien, oui, ma cousine Marthe, la Parisienne, la voilà. - Entrevue odalisque jadis, passée au rang de future dédaignée ensuite, et maintenant laitière sans peur et sans reproche... MAURICE. Et adorée ! - Ah ! J'ai été vaincu... Je comprends tout !... SIDONIE. Oui, à un jeu où je trichais, mais avec l'autorisation de votre mère et de votre soeur. Vous avez perdu ! Maurice. MAURICE, lui baisant 1a main. Oh ! Que je suis heureux de payer ! GEORGES. Tout est découvert. - Ainsi finit la fable de la Laitière et son pot aux roses. ==================================================