******************************************************** DC.Title = ASTRÉE, TRAGÉDIE DC.Author = LA FONTAINE, Jean de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Tragédie lyrique DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:09. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/LAFONTAINE_ASTREE.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** ASTRÉE TRAGÉDIE LYRIQUE 1691 Jean de La Fontaine Représenté pour la première fois le 28 novembre 1691 par l'Académie Royale de musique au Théâtre du Palais-Royal. Personnages ASTRÉE, bergère. CÉLADON, amant d'Astrée. SÉMIRE, amant d'Astrée. PHILIS, confidente d'Astrée. HYLAS, berger. TIRCIS, berger. GALATÉE, princesse du Forez. LÉONIDE, confidente de Galatée. ISMÈNE, fée. TROUPE DE DRUIDES. TROUPE DE BERGERS ET DE BERGÈRES. ESPRITS AÉRIENS. NYMPHES. GÉNIES. PEUPLES DU FOREZ. TROUPE DE LA SUITE D'ISMÈNE. LIZETTE. GALIOFFO. GAMBARINI. La scène est dans le Forez. PROLOGUE LA NYMPHE. Dieu du Parnasse et du sacré vallonQuelle aventure en ces lieux vous attire ? APOLLON. Mars, de tout temps ennemi d'Apollon,Me force à quitter mon empire. LA NYMPHE. Notre monarque vous promet Un repos qu'on n'a plus sur le double sommet. APOLLON. Jupiter lui-même aurait peineÀ calmer aujourd'hui tant de peuples divers :Rien n'impose à présent silence à l'UniversEt cependant je vois les Nymphes de la Seine S'occuper à l'envi de musique et de vers. LA NYMPHE. Nous tenons ces faveurs d'un roi plein de sagesse :La Terreur et l'Effroi respectent ces beaux lieux.Des chants les plus délicieuxNos bois retentissent sans cesse. La Paix règne dans nos ombrages.Le murmure des eaux, les plaintes des amants,Les rossignols par leurs tendres ramagesOccupent seuls l'écho dans ces lieux si charmants. APOLLON. Joignons tous nos accords : approchez-vous, Acante. Fille de l'Harmonie, ô Paix douce et charmante !Comme j'unis les voix, reviens unir les coeurs.Par son retour la saison la plus belleAnnonce en mille endroits la guerre et ses fureurs ;Fais qu'en ces lieux l'amour se renouvelle. APOLLON, LA NYMPHE, et ACANTE. Ô Paix ! reviens unir les coeurs.Par son retour la saison la plus belleAnnonce en mille endroits la guerre et ses fureurs :Fais qu'en ces lieux l'amour se renouvelle. LE CHOEUR. Fais qu'en ces lieux l'amour se renouvelle. APOLLON. Et vous, compagnons du printempsZéphyrs, par qui les fleurs renaissent tous les ansEmbellissez ces bords de leurs grâces naïves ;Ramenez ici les beaux joursDoux Zéphire, invitez à danser sur ces rives Flore et la mère des Amours. LA NYMPHE. Dans ces lieux les dons de FloreFont accourir les Zéphyrs,Et les larmes de l'AuroreSe joignent à leurs soupirs. Les fleurs n'en sont que plus bellesJouissez de leurs attraits :Flore à leurs grâces nouvellesDonne ici de nouveaux traits.Toutes saisons n'ont pas ces richesses légères Dont l'émail peint nos champs de diverses couleurs :Bergers, venez cueillir les fleurs,N'y venez point sans vos bergères ;Jouissez des dons du printemps :Tout finit, profitez du temps. LE CHOEUR. Jouissons des dons du printemps.Tout finit, profitons du temps. LES CHOEURS. Est-il quelques rivagesQui ne connaissent point l'Amour ? LA NYMPHE et ACANTE. Si les bergers lui font leur cour, Les rois lui rendent leurs hommages. LES CHOEURS. Est-il quelques rivagesQui ne connaissent point l'Amour ? LA NYMPHE et ACANTE. Il n'est point de lieux si sauvages,De coeurs si fiers, d'esprits si sages, Que ce dieu ne dompte a leur tour. LES CHOEURS. Est-il quelques rivagesQui ne connaissent point l'Amour ? APOLLON. Vos chants sont pour l'amour, ma lyre est pour la gloireDu nom de deux héros je veux remplir les cieux, De deux héros que la VictoireDoit reconnaître pour ses dieux.Muses, profitez d'un asileOù tout est paisible et tranquille.Représentez, dans ce séjour, Un spectacle où règne l'Amour.Ce dieu récompensa quelques moments de peineQu'eurent Astrée et Céladon ;Faites voir aux bords de la SeineLes aventures du Lignon. LES CHOEURS. Que nos chants expriment nos flammes ;Répandons dans tout ce séjourLe charme le plus doux des âmesLes chansons, les vers, et l'amour. ACTE I Le théâtre représente le pays du Forez, arrosé de la rivière du Lignon, sur les bords de laquelle sont plusieurs hameaux et bocages. SCÈNE I. SÉMIRE. Perfide que je suis ! infortuné Sémire ! Les bruits qu'en ces hameaux je répands tous les joursSoulageront-ils mon martyre ?Que me sert de troubler d'innocentes amours ?J'aime Astrée et je tente un dessein téméraire :Je détruis son amant, mais que fais-je pour moi ? Ce qui le rend suspect de violer sa foiMe rend-il capable de plaire ?Au sein d'Astrée en vain j'ai versé cent poisons.L'implacable dépit, les injustes soupçons,L'aveugle et la sourde colère, La jalousie, au repos si contraire,Enfants de l'art dont je me sers,M'ont en vain procuré le secours des Enfers.Quel fruit aura ton crime, infortuné Sémire ?Les mensonges divers à quoi tu donnes cours Soulageront-ils ton martyre ?Que te sert de troubler d'innocentes amours ?Je me venge, il suffit ; je fais des misérables.N'est-ce pas un bien assez doux ?Achevons ; puis retirons-nous En des déserts inhabitables.Amants, heureux amants, dont je détruis la foi,Puissiez-vous devenir plus malheureux que moi !Je vois déjà cette bergère en larmesCe doit être l'effet des dernières alarmes Par qui mon imposture a séduit sa raison ;Laissons sur son esprit agir notre poison., SCÈNE II. Astrée, Philis. ASTRÉE, donnant à Philis une lettre ouverte. Avais-je tort, Philis ? Tu vois ces témoignagesDe sa main propre ils sont tracés ;Considère de quels outrages Mes feux y sont récompensés ;Ne me parle jamais du traîtreCéladon, Céladon, il est un dieu vengeur. PHILIS. Ne le soupçonnez pas, ma soeur. ASTRÉE. Voici pourtant ses traits, peux-tu les méconnaître ? PHILIS. Je connais encor mieux son coeur ;Tout m'est suspect, tout vous doit l'êtreQuelque ennemi secret vient d'imiter sa main. ASTRÉE. Dédiras-tu nos yeux, qui l'ont vu ce matinEmbrasser les genoux d'Aminte ? PHILIS. C'est un reste de feinte ;Vous-même avez pu voir avec quelle contrainteIl feignait des transports qu'il ne pouvait sentir.Qu'un véritable amant a de peine à mentir ! ASTRÉE. Eh ! qu'il ne mente plus. PHILIS. Sait-il votre pensée ? Il voit, depuis quelques joursQue sa flamme est traversée,Et qu'on trouble vos amoursil veut vous ménager, en exposant Aminte. ASTRÉE. Que ne me l'a-t-il dit ? PHILIS. Sans doute il ne l'a pu. ASTRÉE. Mon coeur à Céladon n'était que trop connuN'aurait-il pas prévu ma crainteSi l'ingrat, d'autres soins occupé, prévenu... PHILIS. Ma soeur, bannissez ces alarmesQuel objet vous peut-on préférer sous les cieux ? ASTRÉE. Aminte est engageante, et prévient par ses charmes ;Ton amitié me rend trop parfaite à tes yeux.Hélas ! qui feint d'aimer est toujours téméraireDe la feinte à l'effet on n'a qu'un pas à faire ;C'est un écueil fatal pour la fidélité : Une première ardeur n'est bientôt plus qu'un songe ;La vérité devient mensonge,Et le mensonge, vérité. PHILIS. Les coquettes les plus bellesNe touchent que faiblement. On peut, par amusementFeindre de brûler pour elles ;Et le plus crédule amantLes regarde seulementComme on fait les fleurs nouvelles, Avec quelque plaisir, mais sans attachement. ASTRÉE. Quand il plaît à l'Amour, tout objet est à craindre.Ce dieu met bien souvent sa gloire à nous atteindreDu trait le plus commun et le moins redouté ;Une première ardeur n'est bientôt plus qu'un songe La vérité devient mensonge,Et le mensonge, vérité.Il le prévoyait bien, le traître, l'infidèleJ'eus peine à l'obliger à feindre ces amours ;Il résista longtemps, je persistai toujours Trouvait-il Aminte si belle ?Je lisais dans ses yeux une secrète peurL'ingrat avait raison de craindre pour son coeur. PHILIS. C'était à vous d'avoir de la prudence,En l'éloignant du danger De changer. ASTRÉE. C'était à lui d'avoir de la constance,En résistant au dangerDe changer. PHILIS. À vos soupçons je ne saurais me rendre ; Mais voici mon dessein, ma soeur :D'Hylas depuis deux jours je ménage le coeur ;Je veux que pour Aminte il feigne de l'ardeur,C'est le moyen de tout apprendreElle lui dira son secret. Je l'attends ; vous savez combien il est discret.Le voici. SCÈNE III. Philis, Hylas, Astrée. PHILIS. J'ai besoin, Hylas, de votre adresse.Puis-je compter sur vos serments ?Vous me rendez des soins ; mais ces empressements Sont-ils des effets de tendresse ?Ou ne sont-ce qu'amusements ?Sans cesse vous allez de bergère en bergère,Jurant de sincères amours :Zéphire n'eut jamais d'ardeur si passagère ; Eh ! comment s'assurer qu'une âme si légèrePuisse ne l'être pas toujours ? HYLAS. Quoi ! Vous doutez si je vous aime ?Eh ! Qui pourrait, Philis, vous voir sans vous aimer ?Vous avez plus d'appas que n'en a l'Amour même, Des traits à tout ravir, des yeux à tout charmer,Et vous doutez si je vous aime ! PHILIS. Déclarer si bien son ardeur,Ce n'est pas ce qui nous engageLes vrais interprètes du coeur Ne sont pas les traits du langage. ASTRÉE. Ma soeur, j'ose aujourd'hui te garantir sa foi ;L'Amour ne réservait ce miracle qu'à toi. HYLAS. Si je n'aime Philis, que ce dieu me haïsse !Qu'il me livre à des coeurs ennemis de ses traits ! Qu'à la fin mon bonheur dépende du capriceD'une bergère sans attraits ! PHILIS. J'en croirai vos serments, si votre amour s'appliqueÀ m'instruire des feux d'Aminte et d'un berger. HYLAS. N'est-ce pas Céladon ? La chose est si publique Qu'à de trop grands efforts ce n'est pas m'engager. PHILIS. Il vient, partez. HYLAS. Je vole où votre ordre m'appelle. ASTRÉE et PHILIS. Voyons comment le traître, l'infidèle,Soutiendra son manque de foi. PHILIS. Adieu ; vous pourrez mieux vous éclaircir sans moi. SCÈNE IV. Céladon, Astrée. CÉLADON. Hé quoi ! seule en ces lieux, sans songer à la fêteDont vous serez tout l'ornement !C'est un triomphe qui s'apprêtePour les dieux et pour vous, aux yeux de votre amant.On n'entend en tous lieux que des chants d'allégresse ; Bergères, bergers, tout s'empresseDe célébrer ce jour charmant.Cependant vous rêvez : d'où vient cette tristesse ? ASTRÉE. Berger, vous paraissez aujourd'hui bien paréDe cet ajustement quels yeux vous sauront gré ? CÉLADON. Les vôtres, ma déesse.Il n'est rien en ces lieuxQui ne s'efforce de vous plaire ;Et c'est pour attirer vos regards précieux,Que ces prés, que ces bois, et cette onde si claire, Étalent ce qu'ils ont de plus délicieuxL'astre même qui nous éclaireNe se montre si beau que pour plaire à vos yeux. ASTRÉE. Céladon, bannissez ces discours d'entre nous ;Je sais qu'en votre coeur une autre est préférée, Et vos voeux ne sont pas pour l'innocente Astrée. CÉLADON. Ciel ! Mes voeux ne sont pas pour vous !Dieux puissants qu'ici l'on révère,Dieux vengeurs des forfaits, je vous atteste tousSi quelque autre qu'Astrée à mes désirs est chère, Faites tomber sur moi vos plus terribles coups ASTRÉE. Sois traître seulement, et ne sois pas impie. CÉLADON. Juste Ciel ! vous doutez encore de ma foi !Mais quel est cet objet dont mon âme est ravie ? ASTRÉE. Va, perfide, va, garde-toi D'oser jamais paraître devant moi. CÉLADON. Ah ! du moins... ASTRÉE. Non. CÉLADON. Quoi ! sans l'entendre,Condamner un amant si fidèle et si tendre ! ASTRÉE. Non, perfide, non, garde-toiD'oser jamais paraître devant moi. CÉLADON. Mon sort est dans vos mains, il faut vous satisfaire ;Et, puisque votre arrêt me livre au désespoir,J'y cours ; et respectant votre injuste colère,Je me fais du trépas un funeste devoir.Vous me regretterez, j'en suis sûr, et votre âme, Au vain ressouvenir d'une constante flammeSe laissant trop tard émouvoir,Me donnera des pleurs que je ne pourrai voir. SCÈNE V. ASTRÉE. Serait-il innocent ? me serais-je trompée ?Soupçons dont j'ai l'âme occupée, Dois-je donc vous bannir ?L'ai-je à tort condamné ?En quel trouble me met cette fuite soudaine !Qu'as-tu fait, bergère inhumaine ?Où s'en va cet infortuné ? Ne le pas écouter ! se rendre inexorable !Ses pas précipités, ses regards pleins d'effroi,Me font craindre pour lui ; que ne dis-tu pour toi,Bergère misérable !Tu ne l'as pu haïr, quand tu l'as cru coupable ; Que sera-ce, s'il meurt en te prouvant sa foi ?Cours, malheureuse, cours, va retarder sa fuite.Céladon ! Céladon ! Hélas ! il précipiteSes pas et son cruel dessein :Il est sourd à mes cris et je l'appelle en vain ; Je n'en puis plus, la force et la voix, tout me quitte. SCÈNE VI. Troupes de druides, de pâtres, sylvains, faunes, bergers et bergères. Un druide conduisant la cérémonie de la fête du gui de l'an neuf, à la place d'Adamas. UN DRUIDE. Maîtres de l'Univers, dieux puissants, nos hameauxVous présentent le don que viennent de nous faireCes antiques palais qu'habitent les oiseaux :Conservez dans nos bois leur ombre tutélaire. Nous ne vous demandons, en faveur de ce don,Ni des grandeurs, ni du renomNi des richesses excessives ;Que les sources de l'or soient pour d'autres que nousNos destins seront assez doux Si les bergères de ces rivesNe font régner que de chastes désirs,Et d'innocents plaisirs. LE DRUIDE ET LE CHOEUR. Conservez nos troupeaux, arrosez nos prairies ;Faites régner la paix sur ces rives fleuries : Que Mars n'y trouble point les jeux et les chansons ;Gardez nos fruits et nos moissons. UN BERGER ET LE CHOEUR. Accourez, bergers fidèles,Célébrez tous, en ce jour,Vos bergères et l'amour ; Chantez vos feux et vos belles. LE CHOEUR. Venez, Amours, volez de cent climats diversEn ce séjour tranquille.Ces feuillages épais, ces gazons toujours verts,Vous offrent un charmant asile. Venez, Amours, volez de cent climats divers,Pour enflammer nos coeurs, seuls dignes de vos fers,Laissez dans un repos languissant, inutile,Tout le reste de l'Univers. SCÈNE VII. UN BERGER. Pour pleurer Céladon cessez vos doux accords ; Du Lignon l'onde impitoyableVient de l'ensevelir. LE CHOEUR. Ô perte irréparable ! LE BERGER. Nous n'avons pu le trouver sur ces bords. LE DRUIDE. Portons ce sacré don sur un autel du temple, Et que chacun, à mon exemple,À chercher ce berger fasse tous ses efforts. SCÈNE VIII. Philis, Astrée. PHILIS. Céladon dans les flots a terminé sa vie ;Comment le dirai-je à ma soeur ? ASTRÉE. Je le sais, Philis ; ce malheur Est l'effet de ma jalousie.Déteste-moi ; c'est peu de me haïrCéladon ne périt que pour mieux m'obéir.Il s'est perdu ! je me perdrai moi-mêmeQue me sert la clarté du jour ? Je ne verrai plus ce que j'aime !Cher amant, as-tu pu me quitter sans retour ?Notre bonheur était suprême ;Les dieux nous enviaient du haut de leur séjour.Tu t'es perdu ! je me perdrai moi-même Que me sert la clarté du jour ? ACTE II Le théâtre représente les jardins de Galatée, et, dans l'éloignement, le palais d'Isoure. SCÈNE I. GALATÉE. Je ne me connais plus ; quelle nouvelle ardeurSe rend maîtresse de mon coeur ?Un berger cause ces alarmes.Doux et tranquilles voeux, qu'êtes-vous devenus ? Le sort offre à mes yeux un berger plein de charmes,Et depuis ce moment je ne me connais plus. SCÈNE II. Léonide et Galatée. LÉONIDE. Princesse, cherchez-vous ici la solitude ? GALATÉE. Je me laisse conduire à mon inquiétude.Mais que fait Céladon ? Dis-moi, qu'en penses-tu ? Je vois qu'en secret tu me blâmesD'avoir pu concevoir de si honteuses flammes ;Mais, hélas ! qui n'aurait vainement combattuContre les traits dont il a su m'atteindre ?Il allait expirer ; l'onde venait d'éteindre Le vif éclat de ses attraits :La pitié lui prêta ses traits.L'oracle, les destins, tout lui fut favorable.Rien ne vint s'opposer à ma naissante ardeur. LÉONIDE. Que de raisons ont fait entrer dans votre coeur Un ennemi si redoutable ! GALATÉE. Mes yeux me trompent-ils ? C'est à toi d'en juger. LÉONIDE. Princesse, il est charmant ; mais ce n'est qu'un berger. GALATÉE. Par les noeuds de l'hymen le sceptre et la houletteSe sont unis plus d'une fois. L'amour n'est plus amour, dès qu'il cherche en ce choixUne égalité si parfaite.Mon coeur est excusable, et Galatée enfinSerait-elle, sans toi, dans cette peine extrême ?Léonide, ce fut toi-même Qui me fis, malgré moi, consulter ce devin." Princesse, me dit-il, voici votre destinUne étoile ennemie autant que favorable,Peut vous rendre en hymen heureuse ou misérable.Dans ce miroir regardez bien ces lieux : Vers le déclin du jour il faudra vous y rendre ;Celui qui s'offrira le premier à vos yeuxEst l'époux que le Ciel vous ordonne de prendre. "J'aperçus ce berger : résisterai-je aux dieux ? LÉONIDE. Princesse, son Astrée a pour lui trop de charmes. GALATÉE. Eh ! n'ai-je pas les mêmes armes ?N'est-ce rien que mon rang auprès de Céladon ? LÉONIDE. Vous ne connaissez pas les bergers du Lignon.Leurs amours sont leurs dieux : l'offense la plus noirePour eux est l'infidélité. Aimer fait leur félicité ;Aimer constamment fait leur gloire. GALATÉE. Toutes les conquêtes d'éclatFlattent la vanité des hommes.Quelque constants qu'ils soient dans les lieux où nous sommes, La beauté dans mon rang ne fit jamais d'ingrat.Je tremble : je le vois. Quoi ! même en ma présenceIl soupire, il se plaint aux échos d'alentour ! LÉONIDE. Il n'est plein que de son amourPar ses chagrins, jugez de sa constance. SCÈNE III. Galatée, Céladon, Léonide. GALATÉE. Céladon, contemplez nos jardins et nos boisQui ne croirait que Flore y tienne son empire ?De ces oiseaux qu'Amour inspireÉcoutez les charmantes voix.À charmer vos ennuis en ces lieux tout conspire Cependant c'est en vain que tout vous fait la cour.Nos soins, nos voeux, ce beau séjour,N'ont point d'agrément qui vous flatte.Galatée a sujet de se plaindre de vous :Faut-il que sans effet sa présence combatte Cette tristesse ingrateQue vous osez conserver parmi nous ? CÉLADON. Princesse, ma douleur n'est pas en ma puissanceJe sors, vous le savez, du plus affreux danger ;Puis-je m'empêcher d'y songer ? GALATÉE. Songez plutôt à ma présence ;C'est la seule reconnaissanceÀ quoi je veux vous engager.Vous soupirez, vous vous plaignez sans cesseSi c'est d'une ingrate maîtresse, Changez : vous pouvez faire un choix rempli d'appas.À souffrir tant de maux quel coeur peut vous contraindre ?Hélas ! le mien ne comprend pasQue vous deviez jamais vous plaindre.Mais quelle est cette Astrée ? Et depuis quand ses coups Tiennent-ils votre âme asservie ?Votre esclavage était-il doux ? CÉLADON. Belle princesse, comme à vous,Hélas ! je suis bien loin de lui devoir la vie ! GALATÉE. Du Lignon en fureur dans ce fatal moment Contez-moi l'accident funeste. CÉLADON. J'y tombai, vous savez le reste ;Je ne veux vous parler que de vous seulement. GALATÉE. Vous pâlissez ; vous changez de visage. CÉLADON. Nymphe, c'est malgré moi que sous un doux ombrage L'aspect de ce fatal rivageA rappelé les maux que je viens d'endurer. GALATÉE. De vos chagrins, de cette triste imagePuisse le Ciel vous délivrer !Divertis ses soins, Léonide ; Fais-lui voir de ces lieux toutes les raretés ;Parle-lui de cet antre, où des flots enchantésFaisaient connaître un coeur ou constant ou perfide. SCÈNE IV. Céladon, Léonide. LÉONIDE. Dans le fond de ce bois est un antre sacré.Là, jadis chacun à son gré Pouvait, en regardant dans une onde fidèleQui coule en ce lieu révéré,Connaître si l'objet en son coeur adoréNe brûlait point de quelque ardeur nouvelle.Cette fontaine a nom la Vérité d'amour : On n'en approche plus ; deux monstres à l'entourInterdisent l'abord d'une source si belle. CÉLADON. Léonide, je sais que cet enchantementNuit ou sert à plus d'un amant.Voyez combien il m'est contraire Sans ces monstres pleins de fureur,Astrée aurait pu lire en cette onde sincèreMon innocence et son erreur ;Elle m'aurait trouvé fidèle. LÉONIDE. Vous aimez trop une beauté cruelle : Oubliez-la : cédez à des transports plus doux,Et songez qu'en ces lieux il est une princesseDont les appas et la tendresseSont dignes d'un amant aussi parfait que vous.Laissez la constance Aux heureux amants.Vous souffrez mille tourments ;Vous aimez sans espérance.Laissez la constance.Des plaisirs les plus charmants Amour ici récompenseDe si justes changements.Laissez la constanceAux heureux amants. CÉLADON. Vous voulez m'engager sous un nouvel empire ; Et dans mes premiers feux je veux persévérer.Ce n'est point par conseil que notre coeur soupire,Ou qu'il cesse de soupirer. CÉLADON ET LÉONIDE, ensemble. Ce n'est point par conseil que notre coeur soupire,Ou qu'il cesse de soupirer. CÉLADON. Votre princesse est jeune et belleElle mériterait le coeur d'un souverain ;Mais celui d'un berger ! quelle gloire pour elle !Nymphe, vous combattez en vainLa foi que j'ai jurée. Combattez-la quand vous verrez Astrée. LÉONIDE. Sa beauté ne saurait excuser sa rigueur.Céladon, il est vrai, votre bergère est belle ;Mais elle est fière, elle est cruelle,Elle abuse de votre coeur. CÉLADON. Ah ! si j'étais dans nos bocages !Si leurs frais et sacrés ombragesPouvaient servir de temple à l'objet de mes feux !Si mon coeur y pouvait sacrifier sans cesseAu souvenir de sa déesse, Que je me trouverais heureux ! SCÈNE V. Ismène, Fée, Léonide, Céladon. ISMÈNE. Le Ciel exaucera vos voeux ;Il me l'a fait savoir. Je suis la fée Ismène.Ma puissance et mon art vont vous tirer de peine. LÉONIDE. Qui vous rend à ces lieux, Ismène, dites-moi ? ISMÈNE. L'ordre secret des dieux ; j'exécute leur loi. LÉONIDE. Quels biens votre pouvoir ne va-t-il pas répandreDans cet heureux séjour ! ISMÈNE. Mon oracle doit vous l'apprendreAvant la fin du jour. Céladon, mettez fin à vos tristes alarmes.Votre bergère par ses larmesVeut elle-même vous venger.Elle croit que de son bergerL'âme encor dans les airs, faute de sépulture, Autour de ces hameaux errante à l'aventure,Attend qu'un vain tombeau la vienne soulager. CÉLADON. Confidente des dieux, un amant trop fidèleAttend tout de votre savoir ;Faites, par son divin pouvoir, Que, libre et dans nos bois, j'adore ma cruelle. ISMÈNE. Je ferai plus encore et pour vous et pour elleDans ce moment mon art vous fera voirSes regrets et son désespoir. ISMÈNE, aux ministres de sa puissance. Princes de l'air, Nymphes, Héros, Génies, Calmez de ce berger les peines infinies.Faites-lui voir Astrée, [et] cachez-le à ses yeux.Rendez à cet objet l'honneur qu'on rend aux dieux.Et le temple, et l'autel, et les cérémonies,Vous ont été déjà par mon ordre prescrits. Faites votre devoir, purs et légers esprits,Princes de l'air, Nymphes, Héros, Génies. Les esprits aériens descendent sur un tourbillon de nuages, et construisent un temple dédié à Astrée : le jardin se change entièrement en forêt. SCÈNE VI. Philis, Astrée. PHILIS. Nous parcourons en vain tous les bords du Lignon.Reposons-nous, ma soeur ; entrons dans ce bocage. ASTRÉE. Ô dieux ! j'y vois un temple. PHILIS. Il porte votre nom. Je viens de voir, au fond de cet ombrage,Ces mots écrits par Céladon"C'est dans cette demeureQu'un amant exilé cherche en vain quelque paix.Que, pour le prix des pleurs qu'il y verse à toute heure, Puisse Astrée être heureuse, et n'en verser jamais !" ASTRÉE. Quoi ! de son ennemie il en fait sa déesse !Au moment que je viens de causer son trépas,Il me consacre un temple, et demeure ici-basAfin de m'adorer sans cesse ! Dans ce sombre réduit retirons-nous, ma soeur.Pourrais-je, après de tels outrages,Sans honte et sans remords jouir d'un tel honneur ?Un tombeau m'est mieux dû qu'un temple et des hommages. SCÈNE VII. Astrée, Philis, Hylas, Tircis, choeur de demi-dieux, de nymphes, et des ministres d'Ismène. UN GÉNIE. N'approchez point, profanes coeurs ! C'est ici le temple d'Astrée :Qu'aucun mortel en ce lieu n'ait entrée,S'il ne sent de pures ardeurs. LE CHOEUR. C'est ici le temple d'AstréeN'approchez point, profanes coeurs ! LE GÉNIE. Soyez sensible, Astrée, au sort de votre amant.Pour lui nos voix à tout momentFont résonner ici mille plaintes nouvelles.Il ne pense qu'à vous : il n'a pour tous désirsQue de se consoler, en ses peines cruelles, Par de vains et tristes plaisirs. HYLAS. Voilà l'effet que produit la constance !Vantez, bergers, votre persévérance ! TIRCIS. C'est un devoir de persister toujoursDans les mêmes amours. HYLAS. C'est une erreur de persister toujoursDans les mêmes amours. TIRCIS ET HYLAS, ensemble. C'est un devoir de persister toujoursC'est une erreur de persister toujoursDans les mêmes amours. TIRCIS. Hylas, y songes-tu ? Profaner un tel temple ! LE GÉNIE. N'imitez pas son exemple.Régnez, divin objet, et triomphez des coeurs ;Daignez recevoir les honneursQue le Ciel fait rendre à vos charmes ; Ne les profanez point, ne versez plus de larmes.Régnez, divin objet, et triomphez des coeurs. LE CHOEUR. Régnez, divin objet, et triomphez des coeurs, etc.Que sous les pas d'Astrée ici tout s'embellisse !Que de son nom tout retentisse ! Faisons-le répéter aux échos d'alentourTous les coeurs lui rendent les armes ;Et célébrer ses charmes,C'est célébrer le pouvoir de l'Amour. SCÈNE VIII. Philis, Astrée. PHILIS. Retirons-nous aussi, quittons cette demeure ; La peur m'y saisit à toute heure.Il est tard, et chacun s'en retourne aux hameaux ;L'ombre croît en tombant de nos prochains coteaux ;Rejoignons ces bergers : déjà la nuit s'avance,Dans ces lieux règne le silence. Bergers, attendez-nous... Ils ne m'écoutent pas... ASTRÉE. C'est de moi seulement qu'ils détournent leurs pasEût-on dit qu'un jour cette AstréeSerait l'horreur de la contrée ?Tout le monde me fuit ! on a raison, Philis ; Qui ne détesterait mes fureurs excessives ?Ô lieux que mon berger a longtemps embellis,Redemandez-moi tous l'ornement de vos rives. ACTE III Le théâtre représente la fontaine de la Vérité d'amour dans une forêt agréable. SCÈNE I. ASTRÉE. Enfin me voilà seule, et j'ai trompé Philis.Venez, monstres cruels : ce n'est pas que j'espère Que ma beauté faible et légèreDonne atteinte à des sorts par l'Enfer établis.Je ne veux que mourir.Céladon, tu m'appelles.Si parmi les choses mortelles Quelqu'une peut encor t'attacher ici-bas,Plains la bergère qui t'adore ;Ce n'est plus pour moi que l'AuroreReparaîtra dans nos climats.Chère ombre, je te suis. Adieu, rives cruelles ; Adieu, Soleil, adieu, mes compagnes fidèles :N'aimez point, ou tâchez de bannir de l'amourLes soupçons, les dépits, les injustes querellesCelui que je regrette en a perdu le jour.Je ne vous fuis que pour le suivre ; À ce devoir il me faut recourirSi je vous ai promis de vivre,Aux mânes d'un amant j'ai promis de mourir.C'est trop tarder, ombre chérieViens voir mon crime s'expier Aide mon coeur à défierCes animaux pleins de furie.Mais d'où vient que je perds l'usage de mes sens ?La mort sur mes yeux languissantsÉtend un voile plein de charmes. Avec quelle douceur je termine mes jours !Quel plaisir de céder à de telles alarmes,Pour se rejoindre à ses amours ! SCÈNE II. CÉLADON. Sous ces ombrages verts je viens de voir AstréeBois, dont elle parcourt les détours ténébreux, Ne me la cachez pas sous votre ombre sacrée.Ô dieux ! Je l'aperçois aux pieds d'un monstre affreux !Des puissances d'Enfer ministre malheureux,Par quel droit nous l'as-tu ravie ?Inhumain, devais-tu seulement l'approcher ? Ce dard punira ta furie !Tous mes efforts sont vains, et je frappe un rocher.Meurs, Céladon : qui me retient la main ?Fiers animaux, je vous réclame en vain ;Tout est marbre pour moi, tout est sourd à ma peine. Léonide, est-ce là cette faveur d'Ismène ?Je meurs enfin ; et plût aux dieuxQue j'eusse pour témoins de ma mort ces beaux yeux ! SCÈNE III. Tircis, Hylas. TIRCIS. C'est ici que se doit accomplir le miracleQue la Fée a prédit aux rives du Lignon. HYLAS. Raconte-moi donc son oracle.Que vois-je, juste Ciel ! Astrée et CéladonDe ces monstres cruels ont éprouvé la rage ! TIRCIS. Le sort est accompli, ne nous alarmons pas ;Le Ciel en ces amants achève son ouvrage. Pour finir tes frayeurs, entends l'oracle, Hylas« Le plus constant et la plus belle,Pour rendre à l'Univers cette glace fidèle,Détruiront un enchantement :On les verra mourir, mais d'une mort nouvelle ; Ils revivront en un moment. » HYLAS. De ces monstres horriblesL'aspect n'est plus à redouter. TIRCIS. Ne troublons point du sort les mystères terribles ;Sortons : à nos hameaux allons tout raconter. SCÈNE IV. Astrée, Céladon. ASTRÉE. Qui me ramène au jour ? et d'où vient que je voisL'ombre de Céladon se présenter à moi ?Mes yeux me trompent-ils ? Son ombre ! C'est lui-même.Quoi ! je reverrais ce que j'aime !Hélas ! il est sans mouvement. Vains et trompeurs démons, rendez-moi mon amant.Il ouvre enfin les yeux ! il reprend tous ses charmes !L'ai-je ranimé par mes larmes ? CÉLADON. Où suis-je ? Le soleil éclaire-t-il les morts ?Quoi ! je revois les mêmes bords Où ma divinité m'interdit sa présence ?C'est elle-même que je vois. ASTRÉE. Ah ! ne rappelez point une injuste défenseMes pleurs ont lavé cette offense ;Deviez-vous suivre cette loi ? CÉLADON. Quoi ! vous m'avez pleuré ! Ces larmes précieusesAuraient arrosé mon tombeau !Divinités, de mon sort envieuses,Avez-vous un destin si beau ?Les yeux de la divine Astrée M'ont vengé de votre courroux ;Vous ignorez les plaisirs les plus douxDescendez en une contréeOù de semblables yeux puissent pleurer pour vous. ASTRÉE. N'irritez point les dieux, et craignez leur puissance Vos transports les pourraient contre nous animer.J'ai de vos feux assez de connaissanceVous m'aimez trop... CÉLADON. Peut-on vous trop aimer ? ASTRÉE. Que je vous ai causé d'alarmes !Ai-je trop pu les payer par mes larmes ? Ah ! que nous bénirons nos fers,Si l'Amour mesure ses charmesSur les tourments qu'on a soufferts. ASTRÉE ET CÉLADON. Ô doux souvenir de nos peines !Ô noeuds par qui l'Amour recommence à former L'espoir le plus cher de nos chaînes,Redoublez les plaisirs qui viennent nous charmer !Ô doux souvenir de nos peines ! SCÈNE V. Ismène, Galatée, Céladon, Astrée. CÉLADON, à Astrée. La Nymphe vient à nous. À Galatée.Princesse, notre sortVous doit faire excuser ces marques de transport. GALATÉE. J'ai déjà tout appris d'Ismène ;Tendres amants, vos voeux sont exaucésVenez voir en cette eau la fin de votre peine. ASTRÉE ET CÉLADON. Nous la voyons dans nos coeurs, c'est assez. ISMÈNE. Rien ne peut plus troubler une si douce chaîne ; Achevons de remplir les ordres du Destin.Tout obéit à mon pouvoir divin ;Rien ne peut plus troubler une si douce chaîne ;Unissons ces tendres amants :Ils n'ont que trop souffert ; finissons leurs tourments. GALATÉE, ISMÈNE, ASTRÉE, CÉLADON. Unissons ces (Unissez de) tendres amants.Ils n'ont que trop souffert, finissons (finissez)leurs tourments. ISMÈNE. Du haut de leur gloire éternelleLes dieux ont daigné voir ces amants en ce jour,Et veulent rendre leur amour Heureux autant qu'il fut fidèle. GALATÉE, ISMÈNE, ASTRÉE, CÉLADON. Unissons ces (Unissez de) tendres amants, Ils n'ont que trop souffert, finissons (finissez)leurs tourments. GALATÉE. Le printemps, avec toutes ses grâces,Ne nous paraîtrait pas entouré de plaisirs, Si l'hiver, environné de glaces,N'avait interrompu le règne des Zéphyrs. ISMÈNE. Plus on a de tourments soufferts,Plus douce est la fin du martyre ;Plus Borée a troublé les airs, Et plus le retour de ZéphireCause de joie à l'Univers. SCÈNE VI. Galatée, Ismène, Hylas ; Choeur de bergers et de bergères. GALATÉE. Que tout ce que ma Cour a de magnificenceAccompagne aujourd'hui l'hymen de ces amants ;Inventez tous des divertissements Dignes de ma présence. ISMÈNE ET GALATÉE. Amants, votre persévéranceDu sort surmonte les rigueurs ;Que l'Hymen et l'Amour, toujours d'intelligence,Vous comblent à jamais de toutes leurs douceurs. LE CHOEUR. Que l'Hymen et l'Amour, toujours d'intelligence,Vous comblent à jamais de toutes leurs douceurs. HYLAS, aux amants qui veulent aller à la Fontaine de la Vérité d'amour. Ces indiscrètes eaux vont vous accuser tous ;Vous feriez beaucoup mieux de croire que vos bellesSont fidèles. À quoi sert d'être jaloux ?C'est le moyen de déplaire,Et de faireQu'à l'objet de vos voeux d'autres plaisent que vous. ISMÈNE. Esprits soumis à ma puissance, Venez, et, sous divers déguisements,Faites connaître à ces heureux amantsLes surprenants effets de votre obéissance. SCÈNE VII. Troupe de la suite d'Ismène, Lizette, Galioffo, Gambarini. LIZETTE. Chi pet mogl' mi vuol pigliar ?Son Lizetta, Fanciulletta,Vezzozetta,Leggiadretta,Son d'amore la saettaFatta pet tutto infiammar. Chi per mogl' mi vuol pigliar ?Ogni fior, se non è colto,Cade, e da gli venti è tolto.Ahi, che tem' ch' al primo fiatoCerto fior troppo guardato Meco piu non possa star !Chi pet mogl' mi vuol pigliar ? GALIOFFO, amante de Lizetta. Di voi sono inamorato.Il fantolin dio bendatoCon un stral avelenato M' ha per voi ferito il cor.Rispondete a tanto ardor,E fate entrar, en sto di fortunato,Il mio vascel' tormentatoNel dolce porto d'amor. GAMBARINI, rivale di Galioffo. Tu sci matt' d'amar sta bella.Speri tu qualche merce ?Quest' amor convien'a te,Com' all' asino la sella.Lizetta è fatta pet me, Com' io son fatto per ella.Son gioven', le è giovanella ;Son fedel, le è pien' di fe.Com' io son fatto pet ella,Lizetta è fatta per me. LIZETTE. Ô quanti becchi,Balordi e vecchi !Qual bruttalacciolQual nazonaccio !Non voglio tal servitù, Ne mi maritaro più. GALIOFFO. Voi mi sprezatte ! GAMBARINI. Voi mi beffate ! LIZETTE, GALIOFFO, GAMBARINI. Non voglio tal servitù,Ne mi maritaro più. ==================================================