******************************************************** DC.Title = LE FRANÇAIS CHEZ LES HURONS OU LA VERTU DE LA BAGUETTE, COMÉDIE. DC.Author = LAUNAY, Charles-Louis-César de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 13/07/2023 à 14:12:48. DC.Coverage = Canada DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/LAUNAY_FRANCAISCHEZLESHURONS.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE FRANÇAIS CHEZ LES HURONS OU LA VERTU DE LA BAGUETTE COMÉDIE EN DEUX ACTES MÊLÉE D'ARIETTES [1780] Par le chevalier Charles-Louis-César de Launay, censeur royal ACTEURS SAINT-CASTIN, officier français en Canada. OUZABY, grand chef des Hurons. AZAKIA, femme du grand chef. ZIKA, jeune Huronne. PREMIER HURON. SECOND HURON. TROISIÈME HURON. TROUPE DE HURONS ET DE HURONNES. TROUPE D'IROQUOIS PRISONNIERS. La scène est dans la principale peuplade des Hurons. ACTE PREMIER. Le théâtre représente un bocage dont les arbres sont couverts de frimas et de glaçons. On voit dans le lointain plusieurs cabanes de Sauvages dont les toits sont couverts de neige. Parmi ces cabanes, on en remarque une plus spacieuse et moins éloignée que les autres. SCÈNE PREMIÈRE. Saint-Castin, Ouzaby. Saint-Castin est en habit d'officier français, sa chevelure est assez en désordre et il ne lui reste plus que le tronçon d'une épée qu'il tient à la main. Ouzabi est vêtu de peaux d'animaux et est armé d'un arc et d'un casse-tête, espèce de massue. SAINT-CASTIN, jetant ses armes. Oui, brave Huron, obligé de m'enfuir pour m'être battu contre le neveu du gouverneur de notre colonie qui m'avait insulté et l'avoir tué, j'ai préféré ta nation à celle des ennemis de ma patrie : les Anglais. OUZABY, croisant les mains sur sa tête en signe de paix. Heureux soit l'instinct qui t'amène,Touche-là, Français, ne crains rien.Ma cabane sera la tienne,Ton ennemi sera le mien.J'en jure par ce casse-tête et ces flèches que rien n'arrête :Ton ennemi sera le mien.Viens, brave Français, ne crains rien.Ma femme est jeune, affable et belle,à table tu seras près d'elle, Notre lit sera près du tien :Viens, brave Français, ne crains rien. SAINT-CASTIN. Va, généreux ami, tu n'auras pas obligé un ingrat, je me lie à toi par les mêmes serments. OUZABY. Et moi, je répète les miens. DUO. Saint-Castin? Ouzaby. Je te le jure sur ma tête,Par ma valeur que rien n'arrête,Ton ennemi sera le mien, Et j'enchaine mon sort au tien. J'en jure par ce casse-têteEt ces flèches que rien n'arrête :Ton ennemi sera le mien,Viens, brave Français, ne crains rien. SAINT-CASTIN. N'ai-je pas ouï dire que vous étiez en guerre avec les Iroquois ? J'aime assez la guerre, moi. OUZABY. Je l'aimerais aussi beaucoup si nos ennemis ne nous forçaient pas de leur rendre cruautés pour cruautés. Elles sont quelquefois d'un genre auquel mon coeur ne se fait point. SAINT-CASTIN. Il est vrai que vous n'êtes pas tendre à l'égard de vos prisonniers. Vous les brûlez, dit-on, tout vifs. OUZABY. Ce n'est pas là le grand mal, quand on n'attend point de quartier et qu'on n'en donne point. On en est plus brave dans l'action. Mais ce qui révolte la nature, c'est la barbarie avec laquelle l'ennemi traite nos vieillards, nos femmes et nos enfants lorsqu'en notre absence, il vient à surprendre nos peuplades. Ha, mon ami ! Si tu sais ce que c'est que l'amour, imagine-toi quel serait mon désespoir s'il m'arrivait jamais à mon retour d'apprendre, ou que ma femme a péri dans l'incendie de ma cabane, ou qu'on me l'a ravie pour lui faire souffrir mille opprobres en mon nom.Mourir n'est rien, chacun meurt à son tour.Mais perdre ce qu'on aime,C'est le malheur suprême,C'est le malheur suprêmeDe survivre d'un jour À ce qu'on aime. SAINT-CASTIN. Je partage bien sincèrement tes craintes pour cette épouse chérie qui, sans doute, le mérite. Tu m'en inspires aussi pour un objet qui m'intéresse. Dis-moi, les malheurs dont tu viens de me parler sont-ils bien fréquents ? OUZABY. Que trop, mon ami, que trop. SAINT-CASTIN. Tu me fais frémir. Et la cabane de votre grand chef n'est-elle pas un rempart plus assuré contre ces sortes d'inhumanités ? OUZABY. Point du tout. Il n'a que le droit d'être plus mal traité que les autres. Mais d'où te vient cette inquiétude particulière à son égard ? Tu ne le connais pas, je crois. SAINT-CASTIN. Non, mais je connais une fort aimable personne qui lui appartient. OUZABY. Hé, qui donc, je te prie ? SAINT-CASTIN. Faut-il te le dire, je connais sa femme. N'est-ce pas une jolie connaissance ? OUZABY. Comment, tu connais Azakia ? SAINT-CASTIN. Oui, vraiment, mon ami. Elle m'a même quelques obligations. Je voulais bien lui en avoir aussi, mais c'est une méchante. Elle est adorable au moins cette femme-là ? OUZABY. Plus que tu ne saurais l'imaginer. Mais enfin, où l'as-tu donc vue ? À part. Si c'était lui qui l'eût sauvée du péril qu'elle courut l'autre jour ? SAINT-CASTIN. Voici l'aventure qui me l'a fait rencontrer. Le long d'un bois sur la brune, La belle se promenait. Un homme en bonne fortune la surprit et l'emmenait. Je la vis toute alarmée Se défendre entre ses bras : J'aurais seul contre un[e] armée combattu pour tant d'appas. Je pris en mains sa défense. Je vins, je vis, je vainquis : Chaque peine vaut son prix. Le mari serv[it] d'excuse, On m'osa tout refuser, Mais au moyen d'une ruse, Je me payai d'un baiser. OUZABY, à part. C'est lui-même. J'aurais grande envie de me jeter à son cou. Le ferai-je ? Non, je veux lui ménager tout entier le plaisir de la surprise. SAINT-CASTIN. Que dis-tu de cet excès de cruauté ? Il me surprit d'autant plus que je crus m'apercevoir que je ne lui déplaisais pas. OUZABY. Il est vrai que c'est être bien rigide que de refuser un baiser à un homme qui nous a rendu un service aussi essentiel. Si j'avais été là, je l'aurais obligée à t'en donner deux de bonne grâce. Et tu serais, sans doute, bien aise de la revoir ? SAINT-CASTIN. Si j'en serais bien aise ? Ha, puisqu'il faut te le dire, apprends donc que c'est cet espoir qui ne m'a pas permis de balancer un instant sur le choix de ma retraite. OUZABY. Le plaisir sera donc bien réciproque, car elle parle souvent de toi avec une vrai complaisance. Vois-tu cette Cabane ? C'est la sienne. SAINT-CASTIN. C'est la sienne ? Elle y demeure ? Elle y est maintenant ? OUZABY, s'avançant vers la cabane. Mais je compte que oui, suis-moi ! SAINT-CASTIN. Et son mari y est-il aussi ? OUZABY. Il s'y trouvera, entrons toujours. SAINT-CASTIN, arrêtant Ouzaby. Il serait peut-être plus à propos qu'elle fût prévenue de mon arrivée. On se trahit dans les moments de surprise : si par hasard elle m'aimait, le mari pourrait s'en apercevoir. OUZABY. Rien ne saurait lui faire plus de plaisir. SAINT-CASTIN. Crois-moi, va, je sais ce que c'est que les maris. Et puisque tu as une femme jolie, tu ne devrais pas juger d'eux comme tu fais de celui d'Azakia. On ne veut pas être ingrat envers ses bienfaiteurs, mais on n'est pas bien aise que sa femme soit si reconnaissante. J'ai le plus grand intérêt à ménager un homme dont je ne connais point la façon de penser. OUZABY. Hé, viens, te dis-je. Je te réponds de sa bienveillance comme de celle de sa femme ! Il connaît son honnêteté, tu lui apprendras à connaître la tienne. Au reste, s'il faut le tranquilliser sur l'article de la jalousie dont tu pourrais le croire susceptible... Il lui montre un tronçon de baguette qu'il tire de son sein. Apprends que cette baguette qu'il rompit avec Azakia le jour qu'elle devint sa femme lui est un gage indubitable de sa fidélité. SAINT-CASTIN, à part. Dieux, quels doutes... Ouzaby, ne serais-tu point toi-même... OUZABY, à la porte de la cabane. Holà, quelqu'un ? Une troupe de serviteurs vient à la voix d'Ouzaby comme pour le servir. Il les renvoie en leur disant : Vite donc que la maîtresse paraisse, nous avons de si bonnes nouvelles à lui apprendre ! SCÈNE II. Saint-Castin, Ouzaby, Azakia. Le fond du théatre représente l'intérieur d'une cabane de sauvage autour de laquelle sont suspendu des fruits du pays : des arcs, ses flèche, ses casse-tète, des instruments de musiques huronne, groupées ensemble, et grand nombre de dépouille d'ennemis vaincus. Au milieu est un feu allumé élevé sur une grande pierre plate, Azakia est proche de ce feu assise par terre sur des peaux d'animaux, dans le fond sont quelques hommes et quelques femmes du service de la maîtresse de la cabane ; les uns s'occupent à plier des arcs et à durcir des flèches et des massues au feu de quelques réchauds allumés, les autres font des vêtements de peaux. SAINT-CASTIN, à l'instant qu'il aperçoit Azakia, à part. C'est elle-même ? C'est son mari : que je crains de lui en avoir trop appris ! AZAKIA courant à son mari sans apercevoir Saint-Castin. Te voila donc mon souverain ami, que ton absence commençait a reprendre des ténèbres dans ta cabane. Il n'y a que quelques jours que je suis à toi, et les intérêts de notre Nation ne m'ont pas encore permis de jouir un quart d'heure entier de ta présence. OUZABY. L'absinthe croit sous mes pas : quand je m'éloigne de toi, qu'il m'est doux de m'en rapprocher, je n'ai rien appris de la marche de nos ennemis ; mais vois en revanche quel rencontre j'ai eu le bonheur de faire. AZAKIA, après avoir contemplé Saint-Castin un instant Grand Esprit ! Hé c'est mon libérateur, par quel hasard ! SAINT-CASTIN, faisant vers elle un mouvement qu'il réprime. Vous daignez donc me reconnaître belle Azakia ? OUZABY. Mon ami, point de contrainte ; laisse éclater la joie que je sais que tu ressens de la revoir. Les obligeant à s'embrasser. Mes enfants que je partage vos embrassements. S'embrassant tous trois. Le voila ce moment délicieux que je ménageais à nos coeurs, et que ma reconnaissance à eu tant de peine à ne pas prévenir ! SAINT-CASTIN. Quels sentiments inconnus votre vertueuse simplicité me fait éprouver. AZAKIA. Je ne me suis jamais sentie si émue! OUZABY. Et moi jamais si satisfait. Gaiment ho ça ! Ma femme, voici notre hôte. Je te charge du soin de lui faire trouver notre cabane agréable. Puisse-t-il de ses jours ne songer à nous quitter. OUZABY, SAINT-CASTIN. Duo. Ou Trio.Entre l'amour et l'amitiéQu'il est doux de passer sa vie.Quand l'un et l'autre de moitié,S'empresse à nous filer des jours dignes d'envie. Qu'il est doux de passer qa vieEntre L'amour et L'amitié. Entre l'amour et la vertuQu'il est difficile de vivre,Quand l'un par l'autre est combattuCombattu, que notre tendre coeur À tous Les deux se livre,Qu'il est difficile de vivreEntre L'amour et la vertu. SAINT-CASTIN. Quoi qu'il puisse arriver, je te promets que si je ne suis pas assez heureux pour contribuer a ton bonheur, je périrai plutôt que de le troubler. OUZABY. Je le crois, mon ami, je le crois, mais comme jusqu'à présent nous sommes tes redevables, c'est à nous de craindre de manquer à la reconnaissance. AZAKIA, apportant un vêtement de peaux qu'elle est aller chercher sans sortir de la cabane. Mon mari, voici un vêtement que je te destinais et que j'ai fini ce matin. Si tu voulais le céder à notre ami je t'en ferais un autre. Ce lui serait une espèce d'engagement de rester parmi nous, et j'aimerais tant à me persuader que cela doit être. SAINT-CASTIN. Hélas ! Sous tel habilement que je sois ne suis-je pas tout à vous ? Donnez pour que vous n'en doutiez plus. Il prend l'habilement et le met sous son bras. OUZABY. C'est bien dit, je veux que nous nous embrassions encore tous trois, quand tu te seras vêtu comme nous ; adieu mes enfants, il faut que je vous quitte pour quelques moments, nous ferions ce Soir trop mauvaise chère si je n'allais pas faire un tour de chasse ! En attendant, ma femme, fais le rafraichir, invite le à se reposer et à choisir le coin de notre cabane qui lui conviendra le mieux. Je serai bientôt de retour.. Mon ami, je t'en conjure, fais nous la grâce de juger assez bien de notre coeur pour ne nous cacher ni tes besoins ni tes désirs. Il fait signe à deux des sauvages qui sont dans la cabane de lui apporter son arme de chasse dont il se revêt, tandis qu'ils reçoivent son armure de guerre dont il se dépouille. AZAKIA. Dis moi, mon ami, tu vas donc le laisser seul avec moi. OUZABY. Pourquoi non, je n'en serais que plus tranquille sur ton sort, je compte que Si l'ennemi venait il n'aurait pas beau jeu. SAINT-CASTIN. Tu peux être assuré.... AZAKIA. Ho ! Mais il faudrait donc lui recommander... OUZABY. Que veux-tu que je lui recommande, que son coeur n'ait déjà prévenu. AZAKIA. De se ressouvenir que je suis ta femme,Tu ne sais pas combien il est à craindre! Tu ne sens pas les dangers de l'amour!Si tu l'avais vue l'autre jourÀ mes pieds tendrement se plaindre,Prier et presser tour à tour,Tu sentirais combien il est à craindre, Tu frémirais des dangers de l'amour. Pendant toute cette ariette Saint-Castin a montré Le plus grand embarras et la plus grande inquiétude. OUZABY. Ce fut peut-être aussi, ta faute, tu ne luy dis pas, sans doute, que tu n'étais plus libre de rompre la baguette avec un autre, SAINT-CASTIN. En Effet, je ne compris pas d'abord... AZAKIA, vivement. Ce fut la première chose que je lui dis ; il dut bien s'apercevoir que sans cela... OUZABY. Après tout tu ne devais pas être si cruelle que de lui refuser ce baiser qu'il te déroba ! Le service qu'il venait de te rendre valait bien un baiser. AZAKIA. Ha ! Il t'a tout conté? SAINT-CASTIN, embarrassé. Je serais au désespoir... AZAKIA. Ho ! Puisqu'il t'a tout dit, je n'ai plus rien à craindre, il ne fera rien, sans doute, qu'il ne veuille bien que tu saches. OUZABY. Allons, ne l'afflige point, et ne le chicane point sur des bagatelles et s'il arrivait qu'il fut absolument nécessaire de le rappeler à lui-même.Dis lui qu'une tendre amitiéEst le vrai bonheur de la vie,Qu'un amant ne fait que pitié,Tandis qu'un ami fait envie, Mais toi-même distingue mieux.Un doux penchant d'une faiblesse,Un coeur tendre mais généreux,Est généreux jusques dans sa tendresse, SAINT-CASTIN. Ha ? Mon ami, tu me l'apprends aujourd'hui il n'y a que la simple nature capable de former des âmes aussi sublime que la tienne. OUZABY, prenant d'une main la main de Saint-Castin et de l'autre celle de sa femme. Adieu, adieu. AZAKIA, tendrement a Son mari. Apporte plutôt moins de gibier, et reviens promptement, le plaisir de nous revoir suppléera à la bonne chère. SCÈNE III. Saint-Castin, Azakia. SAINT-CASTIN, à part tandis qu'Azakia s'est un peu éloigné. M'ont-ils assez humilié l'un et l'autre ? Je suis accablé du poids de leur vertu, quand je la compare à ma faiblesse ! Faut-il que ce soit précisément le mari d'Azakia qui m'ait accueilli. AZAKIA, apportant un panier de fruits. Tu te plains de quelques choses je crois ? Serais-tu donc fâché de te voir avec nous ? T'aurions nous fait quelques chagrins ? Tu me paru si vif et si gai le jour que tu vins à mon secours dans ce bois, et maintenant il semble que tu sois dans la consternation la plus grande. Lui présentant un fruit. Tiens, rafraichis toi. SAINT-CASTIN, prenant le fruit d'une manière distraite Il est vrai, Belle Azakia, que c'est faire outrage à vos charmes que de ne pas paraître gouter la plus plus grande satisfaction auprès de vous ! AZAKIA. Hé bien, qui l'en empêche ? Ne la partagerons nous par la satisfaction, nous sommes si contents de t'avoir ! Tu sais bien que mon mari m'a chargé du soin de te faire trouver notre cabane agréable, si tu venais à l'y déplaire il pourrait en rejeter la faute sur moi, je ne veux pas cela au moins. SAINT-CASTIN, remettant les fruits dans le panier toujours occupé d'autres Choses. Que je voudrais un peu vous voir de mon embarras ! Votre air aussi figé que lisse porte avec lui un caractère d'indifférence qui me tue. AZAKIA. Je ne suis du tout point indifférente, c'est toi-même qui l'es et beaucoup. SAINT-CASTIN. Dieux : se peut-il que vous n'ayez pas encore compris ! AZAKIA. Oui, tu es indifférent, je le soutiens, ne viens tu pas de remettre dans le panier le fruit que je t'avais présenté ? Elle Le reprend et le lui offre encore.Tiens, goute un peu de celui-ci, Vois comme il est bien arrondi,Comme il est de couleur vermeille,Comme il est mûr et point flétri,Goute, prends, je te le conseille,C'est moi-même qui l'ai cueilli, Jamais la guêpe ni l'abeille,Le vermisseau ni la fourmi.Ne l'ont piqué, ne l'ont flétri,C'est moi qui l'en ai garanti.C'est l'image d'un coeur qui veille, Qui veille sans cesse sur lui,Il est tendre et n'est point flétri,Goute, prends je te le conseille,C'est moi même qui l'ait cueilli, SAINT-CASTIN, prenant Le fruit et mordant dedans avec vivacité. Ha, cela étant pourrait-il n'être pas exquis ! AZAKIA. Ha voilà ce qui s'appelle être complaisant, tiens, pour t'encourager j'en vais manger un aussi moi [sic]. Hè Bien comment le trouve tu, SAINT-CASTIN. Très bon ; mais faites moi s'il vous plait grâce du reste. J'ai le coeur trop serré pour en pouvoir avaler d'avantage. AZAKIA. Je crois maintenant entrevoir ce qui t'afflige si fort. Tu avais, sans doute, dans ton pays quelques belle inclination que tu regrettes, et que nous ne sommes pas capables de te faire oublier. SAINT-CASTIN. Vous l'avez bien compris, l'amour fait mon martyre. Mais se peut-il que vous ne sachiez pasPour quel objet mon coeur soupire !Ha si mes yeux n'ont pas su vous le dire,Vous connaissez bien peu L'Empire,De L'amour et de vos appas. AZAKIA. Quoi ! C'est moi qui te cause cette mélancolie ? C'est pour moi que tu t'y livres ? Je m'étais bien aperçu de ton penchant, mais je te crois assez de raison pour le surmonter, mon coeur n'est pas plus insensible que le tien, cependant je me promets bien d'étouffer dans son origine une tendresse qui ne peut ni ne doit avoir aucun but. SAINT-CASTIN, avec dépit et emportement Vous étoufferez votre tendresse, cruelle, hé bien jouissez à loisir de votre barbare triomphe, pour moi qui ne me pique pas de tant de courage, et qui me plait dans ma faiblesse. Je me garderai bien d'être le témoins de l'effort que vous n'aurez pas, sans doute, grande peine à vous faire, adieu, Je pars. AZAKIA, l'arrétant. Grand Esprit ! Quelle affreuse résolution prends-tu là, à quelle affliction veux-tu nous Livrer ? Que dirait mon mari s'il ne te retrouvait plus a son retour ? AZAKIA, SAINT-CASTIN. Duo.Tu veux partir et tu m'aimes,C'est un bien cruel amour,Sois d'accord avec toi-même.Fixe avec nous ton séjourOu ne dit pas que tu m'aimes. C'est un trop cruel amour. Si c'est ainsi que tu m'aimesC'est un bien cruel amour ................................Je veux fuir de ce séjour,Puisque La tendresse même Y veut combattre l'amour. AZAKIA, après un moment de réflexion. Je ne puis plus tenir contre tes reproches, s'en est fait, je veux te prouver que je t'aime, cent fois plus que je ne me le serais moi-même Imaginé. SAINT-CASTIN, avec transport. Qu'entends-je ? Ha vous me redonnez la vie : hé bien si cela est, ma constance, mon ardeur, ma fidélité, ma reconnaissance, tout moi-même enfin... AZAKIA, sortant. Dans un moment je suis à toi, rends le calme a tes esprits et prépare toi à rendre plus de justice a mon attachement. SAINT-CASTIN, seul. [Note : Coin inférieur droit de la page déchiré. Reconstitué d'après le contexte. [S. Côté]]Qui se fut serait imaginé que je fus Si près de mon triomphe. Allons Changer d'ajustement, puisque cela a par[u lui] plaire. L'heureux m'alheur qui ma Conduit ic[y ...] Aux transports insensés d'une douleur amère Gardons nous en amont de livrer notre coeur[Note : Coin inférieur droit de la page déchiré. Manuscrit incomplet. [S. Côté]]Le moment où [...] Touche souvent au [...] ACTE II Le théâtre ne change point. SCÈNE PREMIÉRE. SAINT-CASTIN, seul inquiet en habit de huron. C'en est fait j'ai l'aveu de l'objet que j'adore... L'amour veut adoucir la rigueur de mon sort... Mais mon coeur éprouve un remord ; Je ne suis point heureux encore. On me verrait trahir un ami généreux ? Amour, cruel amour, quel empire est le vôtre ! Ne peut on soi-même être heureux Sans faire Le malheur d'un autre ! Gaiment et d'un air de satisfaction. Mais à la voix du dieu des coeurs Peut on ne vouloir pas se rendre ? S'il nous comble de ses faveurs Est-ce à nous de nous de nous en défendre ? Aux charmes d'un tendre retour Quel amant jamais se refuse ? L'erreur ou nous conduit l'amour Trouve dans l'amour son excuse. SCÈNE II. Saint-Castin, Azakia, Zika. ZIKA, à Azakia dans le fond du théâtre. C'est donc quelques choses de bien merveilleux qu'un français, ma bonne amie. Ha montre moi vite celui dont tu m'as [par]lé , je meurs d'envie de le voir. AZAKIA. Tiens le voici, n'oublie rien je te conjure, pour lui plaire et l'engager à demeurer parmi nous. SAINT-CASTIN, à azakia Je ne croyais pas que vous reviendriez en compagnie, Belle azakia, ZIKA, après avoir tourné tout autour de Saint-Castin. He mais... comme il me regarde ? À Azakia.Dis moi, cela parle-t-il ?Il faut que je me hasarde... À Saint-CastinJe te trouve fort gentil. Je suis libre, je suis fille,Si je te plais dis-le moi.L'on dit que je suis gentille,Je veux le savoir de toi ? SAINT-CASTIN. Je vous proteste, la belle enfant, qu'il faudrait être bien difficile pour ne vous pas trouver charmante. ZIKA, toute émerveillée. Ha ! Ma bonne amie, il a parlé, il a parlé, mais il est difficile de parler mieux que cela au moins ? AZAKIA, à Saint-Castin. Que je suis enchantée de voir qu'elle est de ton goût, je craignais tant que tu ne fus obstiné à ne faire attention qu'à moi. Il faut pourtant avouer que tu n'as pas été longtemps à te faire une raison là-dessus. SAINT-CASTIN. Moi me faire une raison ? Qu'entendez-vous par me faire une raison ? ZIKA, AZAKIA. 1er CoupletVoilà sa raison, c'est qu'il m'aime, Je l'aime, voila ma raison. SAINT-CASTIN, à Zika. C'est y mettre peu de façon. ZIKA. Il faut que tu fasses de même.Je n'avais point encore aimé,Je te vois, je le sens, je t'aime, Je le dis, mon coeur est charmé. 2e Couplet. ZIKA. Je m'entends répéter sans cessePar mille et mille soupirants,"Petite, vous avez quinze ans.."Quinze ans ? Hé bien. Rien ne me presse; Je n'avois point Encore aimé,Je te vois, ton air m'interesse,Je le dis, mon coeur est charmé. 3e Couplet. SAINT-CASTIN. Si la maman vous voyait faireQue dirait elle a tout cela ? ZIKA. La maman n'a que faire La,Me marierai je pour ma mère ?Je n'avois point Encore aimé,Je le dis, ma Bouche est sincère,Je te vois, mon coeur est charmé, 4e Couplet. ZIKA, à Azakia. Il m'a dit que j'étais charmante,Charmante, ha, ha, cela s'entend ? AZAKIA, leur présentant une baguette. Hé Bien, terminez a l'instant. ZIKA, prenant la baguette et la présentant à Saint-Castin. Allons. SAINT-CASTIN. Vous êtes trop pressante. ZIKA. Je n'avais point encore aimé,Je te vois, me voilà contente,Je le dis, mon coeur est charmé. SAINT-CASTIN, à Azakia d'un ton de reproche. Avez-vous assez joui de ma contrainte et de mon embarras ? Vous en êtes vous bien donné le plaisir tout entier ? Cruelle ! C'etait donc la cette preuve indubitable d'amour que vous me réserviez ? Vous lui avez donné le mot pour me désespérer. ZIKA. À moi ? Mais point du tout, je comptais te faire autant de plaisir que je m'en faisais. AZAKIA, avec dépit. Quoi c'est par par des reproches que tu payes l'effort que je me suis fait ? Je ne puis être à toi, je veux que tu sois à la meilleure de mes amies, je veux devoir a ses charmes l'oubli de mot illisible ceux que tu me trouves, je te fais le sacrifice de mon amour et du tien, et voilà comment tu rends justice à la plus juste tendresse La plus indubitable ? ZIKA. J'ai cru moi, que vous étiez déjà d'accord là-dessus, sans mot illisible quoi... SAINT-CASTIN. Quelle étonnante façon d'aimer ! Comment me ferez-vous entendre qu'une jeune fille puisse se résoudre à faire sérieusement de pareilles agaceries à un inconnu, tandis que vous, femme mariée, un rien alarme votre délicatesse, avouez-le, Azakia, avouez-le, c'est un rôle de convention qu'elle fait là, c'est un jeu de votre part, mais en tout cas, il y a bien de la dureté dans ce procédé. ZIKA. Ma bonne amie, ton français est fort aimable, mais il n'a pas la première idée des choses. Viendrait-il donc d'un pays ou une fille à marier n'aurait pas le droit d'apprendre à son amant qu'elle l'aime avant de l'épouser ? Cela se pourrait bien au moins, ma chère, on ma dit qu'il y avait des nations si barbares, si barbares, qu'une femme ne savait que bien longtemps après être mariée, qui elle avait épousé. AZAKIA, à Saint-Castin. Il y a une chose, c'est que lorsqu'une fois notre choix est fait, et que nous avons rompu la baguette, il faut que les deux tronçons soient réunis et jetés au feu du consentement de nos maris, pour que nous puissions redevenir libres. L'infidélité conjugale est un crime inconnu parmi nous. SAINT-CASTIN. J'avoue que je ne puis me refuser d'applaudir a la sagesse de vos coutumes, quoi que les nôtres soient en effet absolument différentes.Parmi nous jamais une filleNe prend un mari de son choix.Ce soin regarde sa famille,L'épouser, voila tous ses droits. AZAKIA, ZIKA. Trio.D'après cet usage, Ami, vois tu bien. SAINT-CASTIN. Hé bien. AZAKIA, ZIKA. Je croirais que le mariageN'est qu'un simple badinage,Je croirais que le mariage, SAINT-CASTIN. He bien AZAKIA, ZIKA. Est un lien SAINT-CASTIN. Vous ne feriez rien, AZAKIA, ZIKA. Qui n'engage SAINT-CASTIN. Qu'on ne fasse bien. AZAKIA, ZIKA. À rien. SAINT-CASTIN. Qu'on ne fasse bien. SAINT-CASTIN, à Azakia. Reste toujours, que je ne vois pas comment tout cela peut justifier votre conduite a mon égard. AZAKIA. He Bien, je consens à avoir tord, venge-toi, je t'en offre les moyens. SAINT-CASTIN. Non. Zika est trop aimable pour qu'on ne l'épouse que par dépit. Elle mérite bien d'être épousée pour elle-même et ce serait lui faire injure que de lui offrir un coeur qu'un autre occuperait toujours. ZIKA, d'un ton caressant. Ho ! Moi je ne serai pas fâchée que tu continues d'aimer ma Bonne Amie, je tacherai de lui ressembler en tout, et tu nous partageras ton amitié. SAINT-CASTIN, à part. Et c'est chez des Hurons que je reçois des leçons de tant de vertu. SCÈNE III. Saint-Castin, Azakia, Zika. Troupe de hurons armés De massue qu'ils tiennent baissées en signe de deuil. Les femmes au service d'Azakia rentrent dans la cabane en écoutant derrière, avec frayeur. 1ER HURON. Ha ! Malheureuse Azakia nous venons dans L'amertume de notre coeur t'apprendre La plus affreuse nouvelle. Abandonne ta cabane, fuis, fuis, te dis je, des ennemis furieux qui s'avancent pour nous faire éprouver à tous le même sort qu'a ton époux. AZAKIA, avec horreur. Le même sort qu'à mon époux ! ZIKA, avec effroi. Nous sommes perdues. SAINT-CASTIN, sautant sur un casse tête qu'il trouve dans la cabane. Où sont-ils ses barbares ? 2e HURON. Dans la place même de notre peuplade, leur marche a trompé nos guerriers qui sont a leur poursuite d'un autre coté, notre grand chef a donné dans une de leurs embuscades. Il est déjà attaché au poteau fatal qui doit être consumé, avec lui et nous l'avons entendu, prêt à subir les cruelles lois de la guerre, entonner courageusement sa chanson de mort. AZAKIA, voulant sortir. Je vais mourir avec lui. À Saint-Castin et à Zika. Fuyez. SAINT-CASTIN, à Azakia Arrêtez. Aux Hurons. Et vous n'avez fait aucun effort pour sauver votre chef ? 3e HURON. Que nous sommes malheureux, d'être en trop petit nombres pour oser tenter de l'arracher des mains d'une si grande multitude ! ZIKA, à Saint-Castin Je t'en conjure, engage-la de fuir avec nous, et protège notre fuite à toutes deux. AZAKIA, à Saint-Castin et à Zika. Mes chers amis, puisqu'aucun lien ne vous attache encore à notre malheureuse destinée et que vous ne vous devez qu'à vous-même. Donnez-moi la consolation de savoir en mourant que vous êtes sauvés, fuyez vous, dis-je fuyez. SAINT-CASTIN, à Azakia. Moi, vous abandonner ! Vous me connaissez mal ! Aux Hurons guerriers je suis l'hôte de votre chef. J'adore Azakia, la retraite que j'ai trouvé chez vous me rend sacrés les intérêts de votre nation. Du courage, suivez-moi. Tous lèvent leur massue. Un français est bien fort quand il combat pour l'amour et La reconnaissance. AZAKIA, faisant quelques efforts pour sortir. Je veux du moins... SAINT-CASTIN, aux femmes d'Azakia. Retenez votre maitresse. À Zika. Retenez votre amie et comptez sur moi. Aux Hurons Marchez. Tous les Hurons défilent à sa suite au son d'une marche forcée. SCÈNE IV. Azakia Zika. Azakia s'est laissée choir de douleur sur ses genoux. Zika est debout toute étonnée, les femmes d'Azakia sont aussi debout et pleurent dans leur mouchoirs. ZIKA, après un moment de silence. Ma Bonne Amie, je ne sais si je m'abuse, mais j'ai la plus grande confiance dans le courage de notre français,Que son coeur paraissaitIntrépide et sensible,Son oeil fier et terrible Sur nous s'attendrissait.Quand il a pris Les armesIl invoquaient l'amour.Son fortuné retour,Va bannir nos alarmes, Quand il a pris les armes,Il invoquait l'amour. AZAKIA, affectant de la tranquillité. Hé bien, voyez toutes si en effet il ne nous arrive point quelques heureux changement. Elles ont de la peine à se hasarder de sortir. Cependant elles s'y résolvent. SCÈNE V. AZAKIA, seule assise sur ses genoux. Me voila seule avec moi même...Je puis de mes douleurs me repaitre à loisir...Mais pour sauver tout ce que j'aime, Que ne puis-je plutôt mourir !Mes doutes sont affreux, j'ignore,Si mon époux respire encore,Et si notre ami généreuxNe partagera point son destin rigoureux... Peut-être qu'a l'instant l'ennemi va paraître...Hélas ! Chère Zika, peut-être,Porterons nous les fers d'un mortel odieux,Délire... oui... notre sort n'est plus douteux...J'aperçois mon époux au milieu de la flamme... Je l'entends appeler sa femme...Je le vois désirer de mourir à mes yeux...Ou suis-je seule avec moi-même,Je puis de mes douleurs me repaitre à loisir.Mais pour sauver tout ce que j'aime, Que ne puis je plutôt mourir. SCÈNE VI. Azakia, Zika. ZIKA, toute éperdue. Ha ! Ma bonne amie, comme le coeur me bat, j'ai aperçu de loin des troupes s'avancer vers nous : j'ai ouï le Bruit des instruments de guerre, mais la peur m'a empêché de voir si c'etait où nos guerriers ou nos ennemis. Les femmes d'Azakia entrent aussi toutes effrayées, et vont se cacher dans les coins de la cabane. AZAKIA. C'est donc a dire que notre sort est décidé tout a fait décidé, fièrement hé bien, veux-tu m'en croire, mots illisibles armons nous à tout évènement. ZIKA. Dieux... Mais je n'ai jamais touché d'armes et j'en ai une frayeur horrible. AZAKIA, saute sur un arc, le bande et y joint une flèche. Du courage, tiens, prends cet arc et cette flèche, et si ce sont nos ennemis, menace de percer le premier qui s'approchera de toi. Elle bande un autre arc dont elle s'arme à son tour. J'en ferai de même, cette résistance pourra les forcer à nous accabler de traits, ou à nous bruler dans notre cabane. Une mort pareille est mille fois préférable aux opprobres de l'esclavage. ZIKA, tenant ses armes d'une main mal assurée. Faut-il que nous en soyons réduites à ces extrémités ! Azakia, d'un air intrépide va se mettre en embuscade à la porte de sa cabane. Zika toute tremblante se tient derrière elle. AZAKIA. Je me percerai plutôt moi-même que de me rendre. SCÈNE VII. Azakia, Zika, Saint-Castin, Ouzaby troupe de Hurons, de femmes, d'enfans et de viellards Saint-Castin et Ouzaby paraissent à la tête d'une troupe de hurons qui marchent Deux a deux, chargés d'armes et de Butin. Viennent ensuite Les prisonniers de guerres enchainés et conduits comme en triomphe au son d'une marche noble et éclatante, une grande quantité de femmes d'enfants et de vieillards suivent par derrière, en donnant, par gestes milles marques d'admiration, d'approbation et de joie, et d'actions de grâces. Azakia et Zika ayant reconnu les leurs, jettent Leurs armes par terre, et courent a Saint-Castin et à Ouzaby quelle accablent tour a tour de caresses tout en marchant avec eux, quand la marche est finie les acteurs se rangent en demi-cercle, les autres se trouvent derrière et sur les cotés. AZAKIA, à Ouzaby. À quel heureux événement ! Suis je donc redevables du salut se mon souverain ami ? Aurais-je encore cette nouvelle obligation au plus généreux de tous les hommes ? OUZABY. Je voyais sans effroiLa mort venir a moi.Ne craignant que pour toiLes horreurs de La guerre, Quand notre Brave amiFondent Sur L'Ennemy,Comme un coup de tonnerre,A dissipé Ses rangsDe même que Les vents, Dissipent La poussière. ZIKA, à Azakia. Hé bien, que t'avois je dit ? Suis je bonne physionomiste ? Il débat mieux qu'il ne raisonne au moins. AZAKIA. Comment pourrons nous reconnaître tant de biensfaits? SAINT-CASTIN. Ne vous inquiétez pas, Belle Azakia, je n'ai fait que suivre les impressions de mon coeur, il est satisfait, vous ne me devez plus rien. OUZABY. Si c'est assez pour toi, ce n'est pas assez pour nous... Ma femme, remets-moi le gage de notre fidélité mutuelle. Azakia hésitante.Remets-le moi te dis-je. Il avance du coté du feu qui est au milieu de la cabane, il unit les deux morceaux de baguette ensemble, et les y jette... Il s'élève à l'instant une flamme qui les consume te voilà redevenue libre.Je ne suis plus ton époux. À Saint-Castin. Mon ami, je te dois mon salut et le sien, je te dois plus encore, je te dois son honneur, je connais votre penchant mutuel. Prenant Azakia par la main et la lui présentant.Elle test acquise, reçois-la de ma main, avant de savoir, qu'il y avait des hommes tels que toi je ne l'aurais pas cédée pour ma vie. SAINT-CASTIN, à Ouzaby. Est-il possible mon ami... Azakia reste comme immobile Les yeux attendris sur son mari. ZIKA. C'est une chose inouïe. OUZABY, aux Sauvages. Et vous guerriers, qui savez si bien combattre sous ses ordres, continuez de lui obéir. Notre nation est trop heureuse s'il veut bien accepter le titre de grand Chef, dont je me démet en sa faveur. ZIKA. Hé, par exemple, ceci passe la générosité. SAINT-CASTIN, à Ouzaby. Je suis prêt à marcher à la tête des tiens, quand il s'agira de ta défense et de la leur, mais je ne souffrirai jamais qu'il reconnaissent d'autre grand chef que toi, pour Azakia, je n'ai pu le cacher, je l'adore et j'attends en tremblant son aveu pour accepter le don généreux que tu m'en fais. AZAKIA. Pousse un soupir vers son mari, jette un coup d'oeil tendre sur Saint-Castin, semble consulter les regards de tout le monde, et rabaisse les yeux sans rien dire. OUZABY, à Azakia. Souviens toi, que toi seule peux nous acquitter tous deux envers lui. AZAKIA, toujours les yeux baissés. Vous partagez également mon admiration et mon respect. À Ouzaby.Avant que tu m'eus rendue à ma liberté, je ne me serais pas même permis d'examiner si un autre partageait ma tendresse avec toi... Je sens tout ce que je perds en te quittant, mais je vous dois trop à tous les deux pour m'opposer à vos desseins sur moi. SAINT-CASTIN. À Ouzaby. Cher ami ! À Azakia Chère Azakia. OUZABY. Je ne me consolerai de qa perte qu'en songeant à qui je l'ai donnée. ZIKA, à Azakia. Mais ma bonne amie, ce n'était pas là me semble d'abord nos conventions. AZAKIA, à Ouzaby. Me permettrais-tu de te faire à mon tour un don digne de toi ? Vois-tu cette tendre amie, c'est a moi seule qu'elle a juré de s'en rapporter pour le choix d'un époux. Tu la connais, je t'en ai souvent entendu faire l'éloge avec attendrissement. Elle m'a souvent félicitée sur le bonheur de te posséder que j'avais de te déposséder un époux tel que toi. Elle formait tous les jours des voeux pour en avoir un semblable. Accepte-la pour ta femme, ce n'est qu'en vous voyant unis que mon coeur peut être soulagé. ZIKA, après un moment de réflexion et après avoir consulté les regards d'Ouzaby. Tu n'en seras pas dédite. Ce qui a plu à ma bonne amie, doit me plaire. Il est prouvé qu'Ouzaby est un excellent mari. Je n'ai pas du moins sur cela à courir les risques d'une méprise. OUZABY. Cet arrangement est trop sage et trop flatteur, pour que je m'y refuse. La conformité de vos deux caractères et de vos grâces personnelles, me font croire, que contre l'ordinaire, on peut être deux fois de suite heureux dans les noeuds du mariage ; allons, et qu'une double fête rende ce jour à jamais mémorable. ZIKA. Souffrirez-vous qu'il y ait des malheureux qui pleurent sur notre bonheur. OUZABY. Je vous entends, Belle Zika, qu'on mette en liberté es prisonniers, puissent-ils en racontant aux leurs ce qu'ils ont vu leurs inspirer pour nous plus de vénération que de crainte. QUATUOR. Goutons Les plaisirs de L'amour.C'est l'amitié qui nous nn presse.Elle a dans cet heureux séjourToute L'ardeur de la tendresse. De leurs charmes enivrons nos coeursCouronnons les des mêmes fleurs. ==================================================