******************************************************** DC.Title = LA VICTIME DE LA DÉFUNTE, SAYNÈTE. DC.Author = MOINAUX, Jules DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 23/12/2021 à 13:17:14. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/MOINAUX_VICTIMEDELADEFUNTE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5718390w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA VICTIME DE LA DÉFUNTE. 1881. Tous droits réservés. par JULES MOINEAUX, rédacteur de la Gazette des Tribunaux. 8517. - Paris. Imprimerie de Ch. Noblet, 13 rue Cujas. - 1881 PERSONNAGES. L'AVOCAT. LE PRÉSIDENT. RIMONOT. LE TÉMOIN, Julie. Extrait de MOINAUX, Jules, "Les tribunaux comiques", Paris, Chevalier-Marescq éditeur, 1881. pp 347-350 LA VICTIME DE LA DÉFUNTE. L'AVOCAT. Il n'y a, pour un mari, qu'une seule façon d'être ce qui ne se dit plus qu'à la Comédie française, mais il a de nombreux moyens de s'en assurer ; seulement, les femmes les connaissent et ont d'aussi nombreux moyens de les déjouer. Ce pauvre diable de Rimonot est tombé sur une de ces femmes-là ; convaincu qu'elle le trompait, il a, jusqu'au dernier jour de cette épouse infidèle, cherché vainement à obtenir les preuves de ses déportements ; mais, comme elle changeait d'amants autant que la lune de quartiers, quand il guettait dans le civil, elle était dans le militaire ; si bien, qu'elle a emporté sa pureté apparente dans un monde qu'on dit meilleur, et on se demande alors ce qu'il doit avoir de délices pour elle, si elle s'est autant amusée dans celui-ci que le croit Rimonot.Ses dix années de ménage passées dans les tentatives que l'on sait, l'énumération des pièges de toutes sortes qu'il a tendus à feu Madame Rimonot, jusqu'à la douzaine d'oeufs mis par lui dans la paillasse, avec l'espoir d'y trouver une omelette à son retour ; c'est tout cela qu'il invoque devant le tribunal, comme excuse du délit qui lui est reproché. Il bat comme plâtre la remplaçante illégitime qu'il a donnée à sa défunte, ne dégrise à peu près pas ; de sorte qu'on s'expliquerait difficilement pourquoi Julie Ridoux tient tant à ce qu'il l'épouse en secondes noces, s'il n'était pas né des enfants de leur association. Trois fois, messieurs, dit-elle, trois fois nous avons été à la mairie ; mais, comme il était en ribote, le maire n'a pas voulu nous marier. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Comment le laissiez-vous s'enivrer un pareil jour ? LE TÉMOIN. [Note : ribote : Terme populaire. Débauche de table ; excès de boisson. Faire ribote. Il était en ribote, il était ivre. [F]]Mais, m'sieu, quand il n'est pas en ribote, il ne veut plus m'épouser, et quand il veut bien, le maire ne veut pas parce qu'il est en ribote ; je ne sais plus comment faire. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Qu'avez-vous à dire, Rimonot ? RIMONOT. Mon magistrat, écoutez voir un peu, si c'est un effet de votre munificence. Ici, Rimonot entreprend le récit de ses malheurs conjugaux. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Tout, cela est étranger au procès. RIMONOT. Mon magistrat, croyez bien que ça ne m'est pas agréable de dire des choses comme ça devant la société ; que si je vous disais tout, ça ferait des histoires qui s'emboîteraient l'une dans l'autre, comme les tuyaux d'une lunette d'approche ; seulement voilà : un jour, ma défunte était malade... de son vivant... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Je pense bien. RIMONOT. Soit qu'elle eût peur de mourir, soit pour tout autre motif également... heu... honorable... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Mais votre femme n'a aucun rapport avec ce qui vous est reproché. RIMONOT. Faites excuse, car c'est un fait réel qu'après cette femme-là, ça ne peut pas bien me donner envie d'en prendre une autre. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Ce n'est pas une raison pour battre cette autre. RIMONOT. Faut savoir comment ça vient ces choses-là ; que si vous vouliez m'écouter, c'est plein d'intérêt, que même un auteur qui arrangerait ça, pourrait en faire un drame ou une petite pantomime très drôle. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Voyons, reconnaissez-vous avoir frappé votre maîtresse ? RIMONOT. Faut savoir comme ça vient... Ainsi, un jour à ma fête, j'invite du monde pour donner une petite soirée ; je dis à Julie de nous avoir des rafraîchissements : qu'est-ce qu'il y avait ? Rien que des groseilles à maquereau et il y avait huit messieurs et six dames. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Allons, taisez-vous, en voilà assez ; vous ne voulez pas répondre ?... Le tribunal condamne Rimonot à quinze jours de prison. RIMONOT, à Julie. Et tu viendras encore me demander de t'épouser ; tu verras comme j'irai à la mairie. ==================================================