******************************************************** DC.Title = LE PARADIS TERRESTRE, DIVERTISSEMENT. DC.Author = NADAL, Augustin DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Divertissement DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 23/05/2023 à 15:42:46. DC.Coverage = Paradis terrestre DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/NADAL_PARADISTERRESTRE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9346821 DC.Source.cote = BnF LLA Z-27876 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE PARADIS TERRESTRE Imité de Milton, poète anglais. Divertissement spirituel en un acte M. DCC. XXXV. Abbé NADAL À PARIS, chez BRIASSON, rue Saint-Jacques à La Science. Exécuté par l'Académie de Musique de Poitiers le 23 mars 1735 et mis en musique par M. Bourgeois, Maître de musique de S.A.S. Monseigneur le Duc. ACTEURS. ADAM. ÈVE. UN ANGE. LE NARRATEUR. CHOEUR DES ANGES. LE PARADIS TERRESTRE SCÈNE PREMIÈRE. Adam, Ève, Le Narrateur. LE NARRATEUR. Ce fut au jour marqué dans ses décrets divers,Que Dieu laissant agir sa puissance secrète,Vit du sein du néant éclore l'Univers :Que la clarté, dit-il se fasse : elle fut faire,Et les cieux, et la terre et les mers tout à tour Formés avec même avantage,Coururent se placer chacun dans leur séjourSemblait de son pouvoir faire l'apprentissage,Réserva la beauté pour son dernier ouvrageDans Dieu de ses augustes mains Eut fait Adam sur son modèleDe sa chair, alors immortelle,Il sut au plus beau des humainsFaire une épouse encore plus belle.Dans un jardin délicieux Qu'entre mille parfums arrose une onde pure,Sous un berceau, l'amour de la nature,Que perçait la lumière des cieux,Pour la première fois dans un lit de verdureNos amants ouvrirent les yeux. À leur aspect leur coeur ne put suffire,L'oeil s'égare, la vois sur leurs lèvres expire,Les sens sont suspendus, les transports sont divins ;Et lui-même d'un doux sourireDieu bénit l'oeuvre de ses mains. ADAM. Cher objet avec qui je me trouve liéDes noeuds sacrée d'une ardeur mutuelle,Fille du ciel, ma compagne fidèle,Cher part de moi-même, ou plutôt ma moitié,Sois pour moi, dans le cours d'une chaîne si belle, Un sujet éternel d'amour et d'amitié.Ose attacher sur moi ces yeux dont la lumièreBrûle mon coeur de feux aussi puisque ma foi,Et reçois ces regard avec qui toute entièreMon âme s'envole vers toi. ÈVE. Digne présent du ciel, hôte de ces beaux lieux,Auteur d'un doux transport que je ne puis comprendre,J'ignore encore quel bien est le plus précieux,Ou de te voir ou de t'entendre.Que béni soit l'état où je me vois : Je brûle de porter la chaîne Qui te doit unir avec moi.Esclave ensemble et souveraineMa gloire est d'obéir quand je règne sur toi ;Et cédant sans effort au penchant qui m'entraîne, Je sens que mon coeur vole au devant de ta loi. ADAM. De tes devoirs c'est à moi de t'instruireSois attentive aux objets que tu vois ;Si dieu pour les former n'employa que sa voix,Il peut d'un souffle les détruire ; Et tout dans le chaos rentrerais à la fois.Arrête m'a-t-il dit, arrête, et considère.D'Ève et de toi par un décret austèreJ'attache les destins à cet arbre fatal.Contemple ce beau fruit, qui du bien et du mal Renferme le profond mystère.C'est de ce fruit qu'il vous faut abstenir,Gardez-vous d'y porter une main téméraire,Ou la terrible mort saura vous en punir. ÈVE. C'est une épreuve bien légère De la fidélité que l'on doit à ces lois.Aux risques d'attirer l'éclat de sa colère,Est-ce à la volupté, quand elle est passagère,À déterminer notre choix ? ADAM. Il n'exige de nous que cette obéissance Pour prix de l'immortalité,Qu'avec tant d'autres biens sa faveur nous dispense.Si nous chérissons sa bonté.Craignons encore plus sa puissance. SCÈNE II. Un Ange, Adam, Ève, Le Narrateur. ÈVE. Ministre et favori de cieux, Esprit pur, ange tutélaire,Fends la céleste plaine, et vole en ces si beaux lieux.Mais sensible à notre prière,Déjà de ton aile légèreL'éclat vient de frapper nos yeux. Soutiens-nous dans l'ardeur de plaireAu Dieu qui prévient tous nos voeux. L'ANGE. De ses bienfaits, de ses faveurs extrêmesVous savez le prix qu'il attend.Les ombres de la nuit et les abîmes mêmes, L'astre du jour sur son char éclatant,Le Ciel, tout obéit à ses ordres suprêmes ;Pourrions nous n'en pas faire autant. TRIO L'ANGE, ADAM, ÈVE. Les ombres de la nuit et les abîmes mêmes,L'astre du jour sur son char éclatant, Le Ciel, tout obéit à ses ordres suprêmes ;Pourrions nous n'en pas faire autant. SCÈNE III. Adam, Ève, Le Narrateur. ADAM. Puissent de toute créatureAdorés ses ordres souverains ÈVE. Gloire à celui qui remet dans nos mains Tous les plaisirs de la nature. ADAM. C'est à nous de servir ces augustes desseins.Il a soumis à notre empireL'air, la terre, la mer, et tout ce qui respire. ÈVE. Des dons qu'il a versés sur toiLe prix sera toujours présent à ma mémoire :Mais quoiqu'il ait fait pour ta gloire,En me donnant ton coeur il a plus fait pour moi. DUO. ADAM, ÈVE. Pour hâter un bonheur suprême,Serments sacrés, unissez nos destins : Volez au trône de Dieu mêmeSur les ailes des chérubins. ÈVE. Amant si sensible et si tendre,Ou plutôt mon maître et mon roi,C'est de toi que je vais dépendre ; Un Dieu m'en impose la loi.Déjà sa voix s'est faite entendre,La terre a tremblé d'effroi ;Et dans tes bras Ève vient rendreLa premier tribut se sa foi. SCÈNE IV et DENIÈRE. L'Ange, Choeur des Anges, plusieurs vois prises du Choeur des Anges, Adam, Ève, Le Narrateur. LE NARRATEUR. La chef de ces esprits qui volent sur le faîteOù dans sa majesté repose l'Éternel,Ouvrit les honneurs de la fêtePar ce cantique solennel. L'ANGE. Rends leurs félicités plus sûres, EpithalameHymen, céleste Hymen, allume ton flambeau :Tu préserves les coeurs de cruelles blessures,Tu sais leur destin le plus beau ;Et d'un chaste main déchirant son bandeau,Tu fournis à l'Amour ses flammes les plus pures. Chantez sous ces riants lambris,Chantez les délices secrètesDe deux coeurs ardemment épris ;Si les douceurs en sont parfaites,C'est parce qu'un Dieu les a faites : Obéir à ses lois, c'est en rendre le prix. LE CHOEUR DES ANGES. Chantons sous ces riants lambris,Chantons les délices secrètesDe deux coeurs ardemment épris ;Si les douceurs en sont parfaites, C'est parce qu'un Dieu les a faites :Obéi à ses lois, c'est en rendre le prix. UNE VOIX DU COEUR DES ANGES. Tendres passagers des beaux jours,Favoris naissants de l'Aurore,Oiseaux, célébrez leurs amours, Et redoublez vos chants encore.Que sous leurs pas naissent toujoursLes fleurs qu'on y voit éclore :Qu'à jamais durent dans leur coursLes biens que leur âme dévore. Ranimés pour eux vos accents ;C'est à Dieu même rendre hommage ;Ils brûlent de feux innocents,Et plus doux que votre ramage.Que de leurs transports renaissants Vos sons nous retracent l'image :Ils brûlent de feux innocents,Et plus doux que votre ramage. LE NARRATEUR. L'Écho, lointain du noeud qui les engage,Rendait ainsi leurs voeux et leurs tendres soupirs. DUO. ADAM et ÈVE. Puisse pour nous le Dieu qui comble nos désirs,Charmant époux être toujours le même.Charmante épouse être toujours le même.Rien ne peut l'emporter sur nos premiers plaisirs,Que l'éclat seul de sa gloire suprême. L'ANGE. Vous pour qui tous les coeurs sont faits,Aimable et pure intelligence,Puissiez-vous durer à jamais !Vos biens les plus parfaitsNe coûtent rien à l'innocence ; Elle en augmente encore le prix et les attraits.Vous pour qui tous les coeurs sont faits,Aimable et pure intelligence,Puissiez-vous durer à jamais ! TOUT LE CHOEUR. Vous pour qui les coeurs sont faits, Aimable et pure intelligence,Puissiez-vous durer à jamais ! ==================================================