******************************************************** DC.Title = LES FRA-MAÇONNES, PARODIE DC.Author = POINSINET, Antoine DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Parodie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:11. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/POINSINET_FRAMACONNES.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5817981x DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LES FRA-MAÇONNES PARODIE DE L'ACTE DES AMAZONNES Dans l'Opéra des Fêtes de l'Amour, et de l'Hymen EN UN ACTE. M. DCC. LIV. Avec Approbation et Privilège du Roi. Représentée pour la première fois sur le Théâtre de la Foire Saint Laurent, le 28 Août 1754. ACTEURS. LE VÉNÉRABLE, M. Deschamps. LE PREMIER SURVEILLANT, M. de L'Isle. HORTENSE, Mlle. Deschamps. MARINE, Mlle. Deschamps Cadette. LE SECOND SURVEILLANT, M. La Ruette. TROUPE DE FRANCS-MACONS. TROUPES DE FEMMES. SCÈNE PREMIÈRE. Le Vénérable, Le Surveillant. LE VÉNÉRABLE. Air : Non, je n'en ferai rien.Eh bien , tout est-il prêt pour la cérémonie LE SURVEILLANT. Oui, Maître, vous pouvez compter sur mon génie ;À suivre vos désirs les Francs-Maçons zélés,Sont déjà, par mes soins, en ces lieux rassemblés. LE VÉNÉRABLE. Air : Ton humeur est, Catherine.Je craignais, par quelque obstacle, Qu'ils ne soient tous arrêtés,Ou qu'ils ne soient au spectacleConduits par les nouveautés ;J'aurais remis notre affaireÀ demain, sans nul détour ; Car je sais qu'à présent, Frère ,Les nouveautés n'ont qu'un jour. Air : Menuet de Grandval.Cependant j'ai l'âme ravieQue tous mes projets soient suivisCommençons la cérémonie ; Dans l'instant nous serons servis. LE SURVEILLANT. Air : La bonne aventure.Aurons-nous un bon repas ? LE VÉNÉRABLE. Oui, je t'en assure. LE SURVEILLANT. J'ai vu des ragoûts là-basD'assez bon augure. LE VÉNÉRABLE. Nous recevons l'héritierD'un vieux marchand usurier : LE SURVEILLANT. La bonne aventure.Oh gué : la bonne aventure. Air : Mais comment ses yeux sont humides.Mais savez-vous, mon Vénérable, Qu'une cohorte redoutableVeut nous jouer un méchant tour :Je viens, en surveillant habile,D'apprendre en parcourant la ville,Que trente femmes en ce jour Doivent forcer notre séjour. LE VÉNÉRABLE. Des femmes savoir nos mystères !Et quelles sont ces téméraires ? LE SURVEILLANT. Ce font celles qui dans ParisFont la ressource des maris ; Qui savent à force d'adresse,Dégourdir la belle jeunesse ;Mais qui sur les pas du plaisirGuident souvent le repentir. LE VÉNÉRABLE. Air : Du Prévôt des Marchands.En ces lieux qui conduit leurs pas. LE SURVEILLANT. C'est cet objet si plein d'appas,Cette Hortense, que l'on admireBeaucoup moins que ses diamantsEt qui, crainte de la satire,Se contente de six amants. LE VÉNÉRABLE. Air : Je n'y puis rien comprendre.Hortense ! Oh Ciel ! Que me dis-tu ?Cette Hortense ! LE SURVEILLANT. Eh bien ! LE VÉNÉRABLE. Qu'elle est belle ! LE SURVEILLANT. Quoi, votre coeur est abattu !Vous aimez cette péronnelle. LE VÉNÉRABLE. Non, je la hais. À part. Qu'elle a d'attraits ! LE SURVEILLANT. Vous l'aimez : allons, Frère, Je vois que de votre argent fraisVous voulez vous défaire. Air : Ma raison s'en va bon train.Mais quoi, ce minois trompeur Toucherait-il votre coeur ?Si vous pouviez voirQuel est le savoirDe toutes ces coquettes ;Allez, leurs appas chaque soir bis. Restent sur leurs toilettes, lon la. Air : Ne Vlà-t-il pas que j'aime.Hortense ne mérite pasCette cruelle injure ;Rien à ses yeux n'a plus d'appasQue la simple nature. Air : C'est Mademoiselle Manon.Par ses petits talentsSurtout elle m'enchante ;Toujours ses vêtementsSont riches et galants :Elle fait des noeuds, Chante au mieux,Sait jouer des yeux ;Pour persister les gensElle est toute excellente.Son goût est exquis ; Nos Marquis sont par elle instruits,Ce qui fait qu'à ParisSa conquête est de prix. LE SURVEILLANT. Air : À la façon de Barbary.Eh bien, soyez-en amoureux ;Mais si jamais, mon Frère, Elle ose conduire en ces lieuxSa troupe téméraire,Nous n'entendrons point de raison,La faridondaine, la faridondon ;Nous les arrangerons ici, biribi, À la façon de Barbari mon ami. LE VÉNÉRABLE. Air : De tous les Capucins du monde.Garde-toi de leur faire injure. LE SURVEILLANT. Je veux les rendre à la nature.Je veux que d'un fard spécieuxLeurs figures soient dépouillées; LE VÉNÉRABLE. Combien de femmes en ces lieuxCraindraient d être débarbouillées ! Air : La béquille du Père Barnaba.Mais pourquoi les bannirDe nos secrets Mystères ? LE SURVEILLANT. Pensez vous qu'au plaisir Elles soient nécessaires ? LE VÉNÉRABLE. Ce sexe né pour plaireMérite quelque soin. LE SURVEILLANT. Moi, je n'en ai que faire. LE VÉNÉRABLE. Moi, j'en ai grand besoin. Air : N°I. Printemps dans nos bocages.Dans les beaux yeux d'HortenseL'amour plaça ses traits ;Son aimable présenceEnchaîne pour jamais.Si tu la voyais, Tu céderais à sa puissance ;Si tu la voyais,Tu céderais, et tu dirais :Dans les beaux yeux d'HortenseL'amour plaça ses traits ; Son aimable présenceM'enchaîne pour jamais. LE SURVEILLANT. Air : La beauté sauvage.Ce sexe n'aspireQu'à nous asservir. LE VÉNÉRABLE. Mais sous son Empire Règne le plaisir. LE SURVEILLANT. Que dites-vous ?Ce sont les fousQui vantent sa tendresse.Par ses travers, Par ses grands airsIl sait nous émouvoir :C'est notre faiblesseQui fait son pouvoir. LE VÉNÉRABLE. Air : L'amant frivole et volage.Le jeune enfant de Cythère N'a pas toujours un bandeau ;La vertu souvent l'éclaireEt lui prête son flambeau ;En adorant une femmeOn peut honorer son coeur, Dès lors qu'il élève l'âme,L'amour n'est plus une erreur. Air : Dans un bois solitaire et sombre.Vas donner l'ordre nécessairePour prévenir tout incident,Et qu'en ces lieux, la loge entière Se réunisse dans l'instant. SCÈNE II. LE VÉNÉRABLE, seul. Air : Pour passer doucement la vie.Qu'ai-je appris ? Se peut-il qu'HortenseVeuille pénétrer en ces lieux ?Des Frères je crains la vengeance ;Pour la voir que n'ont ils mes yeux ! Air : Réveillez-vous, belle endormie.Mais j'aperçois déjà nos FrèresPensons à notre dignité,Et pour commencer nos mystères,Reprenons notre gravité. SCÈNE III. Le Vénérable, Le Ier et IIème Surveillant, L'Orateur, Le Récipiendaire. Troupe de Francs-Maçons en habits de cérémonie. LES DEUX SURVEILLANTS. Air : N°2. Marche des Satyres de l'Opéra.C'est ce jour Que vous aurez votre tour ;Mais avant de vous recevoir,Il faut savoirQuel sera votre devoir.Avançons, Commençons Loin d'ici tout profane :Nos secretsVeulent des gens discrets.Votre coeur Doit redoubler sa ferveur.Sachez donc comme il faut marcher,Parler,Toucher ;Et puis nous vous apprendrons Comment nous reconnaissonsLes fidèles Maçons. Ici les Francs-Maçons font quelques cérémonies ; et lorsque le Récipiendaire se trouve au milieu conduit par l'Orateur, le Vénérable s'approche de lui, et lui dit : LE VÉNÉRABLE. Air : Or écoutez petits et grands.Mon frère, je vais à vos yeuxDécouvrir ce secret fameux ;Ce secret, ce profond mystère, Respecté de toute la terre :C'est... On entend un grand bruit. SCÈNE IV. Le Vénérable, les Atours précédents, Hortense, Marine, Troupe des femmes de la suite d'Hortense. LES FEMMES derrière le Théâtre. Poussons, poussons fort,Jetons la porte à terre ;Poussons, poussons, poussons fort. LE SURVEILLANT. Air : La pierre sitoise.Ciel ! Qui peut causer de tels transports ! HORTENSE, en entrant avec sa suite. Faisons tout céder à nos efforts. LE SURVEILLANT. Quoi, des femmes entrer ! Quel démon !Allons vite, sortez, sortez donc. HORTENSE. Non. LE SURVEILLANT. Frères, venez tous, Défendons-nous. CHOEUR DE FEMMES. Ah, nous entrerons. CHOEUR DE FRANCS-MAÇONS. Nous le verrons. CHOEUR DE FEMMES. Nous entrerons. HORTENSE. Arrêtez, Messieurs, y pensez-vous ? Ayez un peu plus d'égard pour nous.On ne m'a jamais reçue ainsi :Nous ne sortirons point d'ici. LE VÉNÉRABLE. Si. HORTENSE. Air : Que craignez-vous, charmante Reine.Que craignez- vous, mon vénérable,On ne fuit point l'amour quand on est beau garçon. bis. LE SURVEILLANT. Air : Reçois dans ton galetas.Sortez vite de ces lieux,Ne troublez plus nos mystères. HORTENSE. Que sert d'être furieux ? LE SURVEILLANT. Elle ose nous braver, mes Frères !Allons : de leur témérités, Il faut les punir. LE VÉNÉRABLE. Arrêtez. CHOEUR D'HOMMES. Il faut les punir. CHOEUR DE FEMMES. Arrêtez. LE VÉNÉRABLE. Air : Quand un tendron vient en ces lieux.De grâce sortez de ces lieux, Croyez-m'en, belle Hortense. HORTENSE. Pourquoi ce ton mystérieux ?Craignez-vous ma présence ?Je vois que votre amusementN'est pas décent. Oui, c'est cela, là,là. LE VÉNÉRABLE. Oh, oh, ah, ah, ah, ah ! HORTENSE. Vous cacheriez-vous sans cela la, là. LE VÉNÉRABLE. Air : Sous un Ormeau.Un tel soupçonN'est pas dicté par la raison ; Oui c'est un affront,Mais tout de bonSortez donc. HORTENSE. Non.Je veux d'abord savoir Quel devoir. LE VÉNÉRABLE. Je suis au désespoir;La seule libertéFait ici notre félicité,Et dans ces lieux Nous goûtons loin de tous fâcheuxDes moments heureuxQue troubleraient vos beaux yeux. HORTENSE. Dieux ! Air : Des petits ballets. N°3.Eh pourquoi nous éloignez-vous,Pourquoi montrer tant de courroux ; Eh pourquoi nous éloignez-vous,D'un plaisir qui nous paraît si doux. FinLes ris et les jeuxSuivent nos traces :Est-on heureux En chassant les grâces ;Sans nous, en ces lieuxTout est ennuyeux.Il n'est point de plaisirsPour qui vit sans désirs. Eh pourquoi nous éloignez-vous, etc. LE VÉNÉRABLE. Air : Pour soumettre mon âme.Nous avons des mystères,Il faut garder un secret :Votre sexe, mes chères,Par goût n'est pas fort discret : Mille soins sous votre empireEmpoisonnent nos beaux jours. HORTENSE. De nous vous pouvez médire,Vous y reviendrez toujours. Air : Si des Galants de la Ville.Les Femmes, mon cher grand maître Même en vous donnant des fersSont des sieurs qu'Amour fit naîtrePour embellir l'Univers.Là discorde, ou la tristesseSans nous, occupent vos jours ; Nous apportons l'allégresse,Nous réveillons les amours.Les Femmes, etc.Quelquefois, sous notre chaîneIl en coûte des soupirs, Mais quand on connaît la peine. Bis.On sent bien mieux les plaisirs.Les femmes, etc. LE SURVEILLANT. Air : Entre l'amour et la raison.Cessez ces propos ennuyeux. MARINE. Oui, sortons, nous ferons bien mieux. HORTENSE. Marine, voulez-vous vous taire. MARINE. Ne point parler, mais on rira. HORTENSE. Mais vous savez qu'à l'OpéraOsiris fait seul son affaire. Air : Tout roule aujourd'hui dans le monde.Tant en cabriolets qu'en diables, J'ai fait voiturer en ces lieuxBon nombre de Nymphes aimables ;Vous pouvez leur offrir vos voeux.Rien n'est si beau que leur conduite :Aimez-les, vous ne risquez rien ; Je vous ai fait choisir l'éliteDes Princesses du magasin. Air : Allons gay.Mais pourquoi ce silence ?Révérez-vous toujours ?Comment chacun balance À suivre les Amours :Allons gai,Toujours gai,D'un air gai. LE SURVEILLANT. Air : Ceci fort peu m'embarrasse.Oui, morbleu de ce silence ; J'ai tout lieu d'être en courroux,Comment frère, leur présenceVous a-t-elle troublez tous ? HORTENSE. Pense-t-il par sa grimaceNous inspirer de l'effroi, Sa voix dure et sa disgrâceMe font rire malgré moi. LE SURVEILLANT. Air : Tambour d'amour.Braves Francs-Maçons,Suivez mes leçons;Par de cruels affronts Vengeons notre injure,Sans aucun égardÔtons leur ce fard,Qui sait avec tant d'artVoiler la nature. LE VÉNÉRABLE. Cruels, arrêtez,Si jamais vous m'irritezDe tant de témérités... LE SURVEILLANT. Menace vaine,Suivez tous mes pas, Perdons ces trompeurs appas. LE VÉNÉRABLE, à Hortense. Je tremble pour vous, ma Reine. HORTENSE. Je ne les crains pas. Les Francs-Maçons sortent conduits par les deux surveillants. SCÈNE V. Le vénérable, Hortense, et sa suite. HORTENSE. Air : Que chacun de nous se livre.Oui, bientôt par ma prudenceLeur fureur s'apaisera : Suivons dans cette occurrenceLes leçons de l'Opéra.Ses ressources sont fort bonnes ;C'est par de petits présentsQu'Osiris des Amazones Fait changer les sentiments. Air : Mais comment ses yeux font humides.Apportez-moi, mes Demoiselles,Des noeuds d'épée, et des dentelles ;N'oubliez pas les grands chapeaux,Les redingotes en chenille, Pour courir le matin la Ville :Les fouets, les petits couteaux,Les cocardes pour les chevaux,Les grandes cannes en usage ;Car tous cela sied au visage, Surtout apportez des liqueurs,Des fleurs,Des bouteilles d'odeurs,Des canapés, de longues chaisesPour leur procurer tous leurs aises, Enfin, il faut de leur prison,Faire une petite maison. La suite d'Hortense sort. SCÈNE VI. Le Vénérable, Hortense. LE VÉNÉRABLE. Air : Madame en vérité.À nos lois, malgré mon courrouxVous me rendez parjure. HORTENSE. Comment, je suis seul avec vous ? Quelle heureuse aventure ?Nous serons plus en liberté :Allons découvrez-moi votre âme. LE VÉNÉRABLE. Qui ? Moi Madame,Eh, mais en vérité, Vous avez bien de la bonté. HORTENSE. Menuet d'Hésione.Pourquoi nous faites-vous l'injureDe nous bannir ? LE VÉNÉRABLE. Ce sont nos lois. HORTENSE. Vos lois outragent la nature, N'en croyez jamais que sa voix. Air : J'aime une ingrate beauté.Elle a formé les doux noeudsQui nous joignent l'un à l'autre.Votre sexe n'est heureux,Qu'alors qu'il s'unit au nôtre. Il en conte à vos coeurs,Quelque soin pour nous plaire ;Mais on n'obtient des fleursQu'en arrosant la terre. LE VÉNÉRABLE. Air : Les favoris de la gloire.Votre adresse séduisante Ressemble sexe imposteur,Aux feux que la terre enfantePour tromper le voyageur,Il se perd suivant ces guides ;L'espoir aide à son erreur : Ainsi, vos faveurs perfidesNous éloignent du bonheur. Air : Ture lure.Nous jouissons en ces lieuxD'une paix tranquille et pure :Sans vous, nous sommes heureux. HORTENSE. Turelurre.J'en doute à votre encolure,Robin turelurre, turelurre. Air : Ce ruisseau, qui dans la plaine.Loin d'un sexe né pour plaire,Quel est donc votre plaisir ? La paix qui vous est si chèreVaut-elle un tendre désir ?Un Amant près de sa belleMéprise la liberté,La douceur d'être aimée d'elle Le mène à la volupté.Plus un tendre amour l'engage,Plus l'ivresse de son coeur bis.Lui dit qu'un doux esclavage,Est l'image Du bonheur. LE VÉNÉRABLE. Air : J'aime une jeune Brunette.Oui, mon coeur pourrait se rendre[Note : Cypris : nom chypriote de la déesse Aphrodite.]Au jeune enfant de Cypris,Si de l'ardeur la plus tendre,Le bonheur était le prix, Mais d'abord, c'est l'artificeQui fait naître nos désirs,Et bientôt un vain capriceEmpoisonne nos plaisirs. HORTENSE. Air : À notre bonheur l'Amour préside.Pour deux coeurs qu'un tendre amour enflamme, Un caprice est un moment heureux,Ils se quittent, mais au fond de l'âmeIls brûlent de resserrer leurs noeuds :À leurs transports, le calme succède,La Maîtresse cède, Et de son amourL'amant prend bientôt un nouveau gage,C'est après l'orageL'éclat d'un beau jour. LE VÉNÉRABLE. Air : Tout parle amour.Je veux en vain me défendre, Il faut me rendreÀ vos accents :Ils ont enchanté mes sens ;Vous voyez l'Amant le plus tendre ;Oui, mon coeur, dans ce beau jour Connaît l'Amour,Cède à l'Amour. Air : Babet que t'es gentille.Par un aveu flatteur,Répondez à ma flamme ;Non, jamais tant d'ardeur N'a régné dans mon âme,Je n'aime que vous. HORTENSE. Que ce mot est doux !Que ma joie est extrême !Votre coeur vient de s'enflammer. Quoi ! Mes yeux ont pu vous charmerAh ! puissiez-vous toujours m'aimer. bis.M'aimer.Toujours de même. Air : Bouchés Naïades vos fontaines.J'entends du bruit. LE VÉNÉRABLE. Ah ! Chère Hortense,Rassurez-vous sur ma puissance ;En vain, les frères contre vous... HORTENSE. Ne craignons rien, c'est mon escorte.Nous apaiserons leurs courroux, Par les présents qu'on leur apporte. SCÈNE VII. Le Vénérable, Hortense, Marine, suite d'Hortense, portant des corbeilles de fleurs et de noeuds de rubans. HORTENSE. Air : À l'ombre de ce vert bocage.Avez-vous rempli mes demandes ? MARINE. Oui, belle Hortense, les voilà,Mais nous n'avons pas de guirlandes,On a tout pris à l'Opéra, Pour enchanter les Amazones :Osiris en vainqueur malin[Note : Aulne : arbre fort haut et fort droit qui vient dans les lieux humides et marécageux. [F]]En emploie quinze mille aulnes,Dont on forme un grand baldaquin. On entend du bruit. SCÈNE VIII et dernière. Le Vénérable, Hortense, suite d'Hortense, les deux Surveillants, troupe de Francs-Maçons, armés de petits sceaux. LE VÉNÉRABLE. Air : Ô vous puissant Jupin.Ciel on vient en ces lieux ! Je vois, furieuxVotre projet affreux. LE PREMIER SURVEILLANT. Avançons braves Compagnons,Suivons les leçonsDe nos anciens Maçons Rappelez vos serments,Qu'en ces instants. LE VÉNÉRABLE, en les arrêtant. Air : Comme vla qu'est fait.Quoi vous oseriez téméraires ? HORTENSE. Je vais apaiser leurs fureurs. À sa suite.Vous, que l'on porte à tous les frères, Nos petits présents et nos fleurs,Qu'un noeud de rubans les enchaîne,Remplissons d'ambre la maison. Les femmes donnent aux hommes des noeuds d'épée etc. LE SECOND SURVEILLANT. Ma foi pour calmer notre haine,Vous prenez la bonne façon : Oh que ça sent bon. Tout le CHOEUR. Oh que ça sent bon. LE SECOND SURVEILLANT. Air : De tout temps le jardinage.Oui, sous votre heureux empire,Malgré nous tout nous attire,L'Amour dicte vos accents, Vos yeux brillent de ses flammes,Et pour enchanter nos âmes,Vous savez charmer nos sens. LE PREMIER SURVEILLANT. Air : La Bourgogne.Quoi, de pareilles misèresPourraient tous vous arrêter. Eh bien ! Je vais seul mes frères. LE VÉNÉRABLE. C'est trop enfin m'insulter,Je vais bientôt punir, traître,Ton impertinent fracas,En qualité de grand maître, Je te bannis du repas. LE PREMIER SURVEILLANT. Quel arrêt ! Le repentirÀ mon courroux succède ;Vous savez trop bien punir :Oui, Maître, à votre désir, Je cède, je cède, je cède. LE VÉNÉRABLE. Air : De tous les Capucins du monde.Enfin, vous l'emportez, Hortense,Formons une heureuse alliance,Que votre suite pour jamaisVienne s'unir avec nos frères, Et que les femmes désormaisSoient admises à nos mystères. Cette parodie est terminée par un ballet, dont la musique est prise dans l'acte même que l'on a eu dessein de parodier. Il commence par une marche dansante, dans laquelle les hommes s'unissent avec les femmes. Cette marche est suivie d'un pas de deux, qui forme par lui-même tout le plan et l'intrigue de la pièce. Une femme veut attendrir un homme qui lui résiste d'abord et qui lui cède à la fin. Le corps du Ballet qui succède au pas de deux, aussi bien que la contredanse connue vulgairement sous le nom des oiseaux, achève de marquer l'union des francs-maçons avec les femmes, et le Chorégraphe a donné des preuves de son talent en adoptant avec art dans une contredanse très courte et composée simplement de douze personnes, les figures les plus connues de la maçonnerie. ==================================================