******************************************************** DC.Title = LES TROQUEURS, COMÉDIE. DC.Author = VADÉ, Jean-Joseph DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 28/05/2021 à 20:08:42. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/VADE_TROQUEURS.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9809876 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LES TROQUEURS EN UN ACTE Le prix est de 24 s. Représenté pour la première fois sur le théâtre de la Foire Saint-Martin le 30 juillet 1753. M. DCC. LIV. Avec Approbation et Privilège du Roi. PAR M. VADÉ. De l'Imprimerie de BALLARD, Imprimeur du Roi. Représenté pour la première fois sur le théâtre de la Foire Saint-Martin le 30 juillet 1753. ACTEURS LUBIN, amant de Margot. LUCAS, amant de Fanchon. MARGOT, fiancée avec Lubin. FANCHON, fiancée avec Lucas. LES TROQUEURS SCÈNE PREMIÈRE. LUBIN fiuU. ÀIR. Tout cela m'est indifférent.Quand sur fis vieux jours un garçonDevient le mari d'un tendron,Un galant rit de la folle ;Le reste est bientôt projeté :Mais qu'un bon vivant se marie Les rieurs sont de son côté. Ariette.On ne peut trop tôtSe mettre en ménage,J'ai beaucoup d'ouvrage ;Et le mariage Est mon vrai ballot.Un contrat m'engage,J'épouse Margot,Son humeur volageEst presque le gage D'un mauvais lot.Mais contre l'orageOn met en usageLes moyens qu'il faut.Une femme est sage Quand l'homme en un motN'est pas un sot. SCÈNE II. Lubin, Lucas. ENSEMBLE. LUBIN. Nous voilà fiancés par un double contrat,L'indolente Fanchon va devenir ta femme. LUCAS. L'égrillarde Margot va te mettre en état De chanter chaque jour une amoureuse gamme.Compère es-tu content de ton marché, dis moi ? LUBIN. Et toi, compère ? LUCAS. Et toi ? LUBIN. Parles-toi ; Et-tu bien satisfait ? LUBIN. Compère es-tu bien aise ? LUCAS, le montrant au doigt. Pour Margot tout de feu. LUBIN le montrant du doigtà son tour. Pour Fanchon tout de braise, Es-tu bien satisfait ? LUCAS. Compère es-tu bien aise ? LUBIN. Mais dis auparavant ? LUCAS. Tu le veux ? Tiens, ma foiJe ne sais. Mais Fanchon est lente et paresseuse. LUBIN. Ariette.Margot, morbleu, Est par trop joyeuse, Elle est jaseuse,GausseusePour peuQu'on la mette en Jeu Elle prend feu. Fin.La voilà quinteuse, Grogneuse, Fâcheuse,Dites-lui Oui,Elle répondNon,Oui.Non. Non,Oui ;Un démentiVous met en colère,Prend-on le parti De la faire taire, Le bruit double encor,Jamais d'accord.On se désole,Soufflets vont leur train, On les rend soudain,Et le bonnet vole.Margot, etc. LUCAS. [Note : Trogne : Terme familier et de moquerie. Visage. [L]]Le défaut de Fanchon me fait maigrir la trogne ;Son air froid, engourdi, m'a désolé vingt fois. LUBIN. Tiens, nous avons été par trop vite en besogne,Margot te convient mieux. LUCAS. C'est bien dit, je le crois. LUBIN. Je m'accommoderais de Fanchon à merveille. LUCAS. Troquons. LUBIN. Va. LUCAS. Tope. LUBIN. Allons. ENSEMBLE. Le changement réveille. LUBIN. Troquons, troquons, LUCAS. Changeons compère. Point de façons ;Foin du Notaire.Tiens déchirons Ils déchirent leurs contrats.Ce biau chiffon. Troquons, troquons, Changeons compère,Bien n'est si bon. LUBIN. Mais de chacun de nous s'avance la future. LUCAS. Faisons les consentir. LUBIN. Va. Nous allons conclure. SCÈNE III. Lucas, Lubin, Margot, Fanchon. LUCAS, prend Margot sous le bras. Bonjour Margot. LUBIN. Fanchon bonjour. FANCHON. Tu te trompes ! LUBIN. Non ma chère. MARGOT, à Lucas qui lui baise la main. Mais, finis donc. FANCHON, à Lubin qui lui en fait autant. Veux-tu te taire ? MARGOT, FANCHON. À ton ami peux-tu jouer ce tour ? FANCHON. Margot va m'en vouloir. MARGOT. Fanchon sera jalouse. LUBIN, à Fanchon. Écoute ; c'est moi qui t'épouse. LUCAS, à Margot. C'est moi qui serai ton mari. MARGOT, lui montrant Lubin. Ariette en quatuor.Et non c'est lui. LUCAS. Et non c'est moi. LUBIN, à Fanchon. Nous nous unirons aujourd'hui. FANCHON. Pas avec toi ;C'est avec lui. LUBIN. C'est moi qui serai ton mari. FANCHON, montrant Lucas. C'est lui. LUBIN. Moi, moi. MARGOT. Lui, lui. QUATUOR. Eh non c'est lui,Eh non c'est moi. MARGOT. Ariette.D'un amant inconstant L'amour se venge,Même à l'instant.Que son coeur change, Il n'est pas content ;C'est où ce Dieu l'attend. Des feux d'un volageOn est peu flatté ;Le plus doux langageEst toujours rejetteQuand il est l'hommage De la légèreté.Sans alarmer Flore,Le badin ZéphirVole avec plaisirSur les fleurs qu'elle tait éclore. Un tendre soupirBientôt le rappelle,Il revient près d'elleSur l'aile du Désir.D'un amant, etc. FANCHON, lentement. AIR. Pourvu que Colin ah voyez vous.On dit que l'hymen est bien doux,Pour moi c'est un mystère :Qu'importe l'un ou l'autre époux,Pourvu que l'on soit femme, voyez-vous ?Le choix ici n'est pas fort nécessaire, Tous deux ne valent guère. FANCHON. Margot, si tu m'en crois nous les laisserons faire. LUBIN et LUCAS. Bon, bon, Fanchon entend déjà raison. Pendant ce temps Fanchon et Margot se parlent à l'oreille. MARGOT, à part. Je l'en dégoûterai. Haut.Terminons donc l'affaire. LUCAS. Ah ! Quel bonheur ! Margot pense comme Fanchon. LUBIN. Ariette en quatuor.Changeons, ma chère,Troquons, troquons. LUCAS. Troquons, troquons,Changeons, ma chère. MARGOT. Troquons, troquons. FANCHON. Changeons compère. TOUS QUATRE. Troquons, troquons ;Changeons compère. Lubin emmène Fancbon. SCÈNE IV. Margot, Lucas. LUCAS. Vive, vive Margot, j'aime son caractère. MARGOT, à part finement. Oui, tu vas l'éprouver. LUCAS. Que nous serons heureux ! LUCAS, ironiquement. Tu me parais charmant. LUCAS. Que tu sais bien me plaire ! MARGOT, se moquant de lui. Je brûle d'être à toi. LUCAS. Viens donc combler mes voeux. MARGOT. Ariette.Ah ! Qu'il me tardeDe te voir mon époux ;Surtout prends bien gardeD'être jaloux.Quand un galant me flatte Je ne fuis pas ingrate Si tu raisonnaisTu verraisCe que je ferais.J'aime la dépense; Ainsi je penseQue tu sauras gagnerDe quoi faire régner.Chez moi l'abondance,Les jeux et la danse ; Car autrementJe fais sermentQue le tapage,L'outrage,La rage Feront ravageDans ton ménage ;C'est mon dernier mot.À ce prix nigaud,Épouse Margot, Jusqu'au revoir, magot,Magot, magot. Magot. Jusques dans les coulisses. SCÈNE V. LUCAS, seul. Va, va, j'épouserais morbleu plutôt le diable,Ah, Fanchon, qu'à présent tu me parais aimable ! Ariette.Pauvre Lucas Quelle est ta peine ?Une femme hautaineNe te va pas,Sans cesse la gêne, L'aigreur, l'altercas, Les cris, le tracas,Les pleurs, le fracas,Sept fois la semaineJoueront une scène, Où tout hors d'haleine Tu chanterasHélas, hélas, hélas,Sortons d'embarras.Fanchon est ma reine,Je cours de ce pas Reprendre ma chaîne ;Ah, qu'elle a d'appas ! Ils sort. SCÈNE VI. LUBIN, seul. J'ai cru faire un beau coup en changeant de future,Margot était mon fait : peste soit du marché !Avec Fanchon, hélas ! Il faudra donc conclure ? Qui moi ! Garder Fanchon ? J'en serais bien fâché. Ariette.Sa nonchalanceFerait mon tourment,Une heure elle balancePour dire froidement Oui dà.... vraiment...Plait-il... Comment ?...Chaque mot est si lentQue j'en perds patience.Ou bien en silence D'un pas chancelantElle s'avance,Puis marche en dormant Et rit en baillant.Quelle différence De ce tempéramentÀ la pétulanceDe celle que j'attends ? SCÈNE VII. Margot, Lubin. LUBIN. Margot ? MARGOT. Eh bien ? LUBIN. Rends-toi, j'ai reconnu ma faute. MARGOT. Tout beau, tu comptes sans ton hôte. LUBIN. Ariette.Sans rire, comment va le désir conjugal ? MARGOT. Mal. LUBIN. Va, dès ce soir, tu porteras mon nom. MARGOT. Non. LUBIN. Va, tu ne penses pas ainsi. MARGOT. Si. LUBIN. Méprises-tu mon tendre effort ? MARGOT. Fort. LUBIN. Tu veux donc causer mon ennui ? MARGOT. Oui. LUBIN. Fais-moi plutôt un amoureux défi. MARGOT. Fi. LUBIN. Ta cruauté me désole. MARGOT. Va, cours, fuis, fors, voleSur les pas de Fanchon, je m'en tiens à Lucas. LUBIN. Reçois mon repentir. SCÈNE VIII. Lubin, Margot, Lucas, Fanchon. LUCAS, à Fanchon. Ariette en quatuor.Ne me rebute pas. FANCHON, montrant Margot. Oh, laisse-moi, voilà la tienne. LUBIN. Non, c'est la mienne. MARGOT, montrant Fanchon à Lubin. Voilà la tienne. LUCAS. Non, c'est la mienne. MARGOT, se saisissant de Lucas. Je prends le mien. FANCHON, sautant sur Lubin. Chacun le sien. LUBIN, à Fanchon qui le tient au collet. Le diable t'emporte. LUCAS, tenu par Margot. Ah, quel embarras ! MARGOT et FANCHON. Tu m'épouseras. LUBIN. Peut-on, hélas !Me punir de la sorte; FANCHON. Tu m'épouseras. LUCAS. Le diable t'emporte. MARGOT. Tu m'épouseras. LUBIN, s'échappant. Ah ! Margot. LUCAS, s'échappant. Ah ! Fanchon. MARGOT et FANCHON. Quel accès te transporte ? LUBIN, à Margot. Reprends-moi. LUBIN et LUCAS. Que je sois ton époux. MARGOT et FANCHON. Vous avez fait la loi. LUBIN et LUCAS. Je t'en prie à genoux. Ils se jettent à genoux, MARGOT, riant. Fanchon ? Ah, ah, ah, ah, ah. FANCHON, riant. Margot ? Ah, ah, ah, ah, ah. LUCAS. Cruelle. LUBIN. Traîtresse, Pardonne-nous. LUCAS. Pardonne-nous. FANCHON. Fileras-tu doux ! LUCAS. Je filerai doux. MARGOT, à Lubin. Au logis je serai maîtresse. LUBIN. Maîtresse. FANCHON, à Lucas. Et tu m'obéiras sans cesse. LUCAS. Sans cesse. MARGOT. Fanchon, je me résous. FANCHON. Margot, je me résous. LUCAS, se relevant. Fanchon, quelle allégresse ! LUBIN, se relevant. Margot, quelle allégresse ! FANCHON et MARGOT. Remettez-vous ? LUBIN et LUCAS, se remettent à genoux. Quelle tristesse ! MARGOT. Fanchon. FANCHON. Margot. MARGOT. Cédons. FANCHON. Cédons. LUBIN et LUCAS. Quelle allégresse ! MARGOT. Levez-vous. FANCHON. Nous en ferons ma foi de commodes époux. TOUS QUATRE. Quelle allégresse ! On danse. ==================================================