******************************************************** DC.Title = CAQUIRE PARODIE DE ZAÏRE. DC.Author = VESSAIRE, M. de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Parodie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 14/03/2021 à 12:57:24. DC.Coverage = (Pays fantaisiste) DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/VESSAIRE_CAQUIRE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3129005 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** CAQUIRE PARODIE DE ZAÏRE SECONDE ÉDITION CONSIDÉRABLEMENT EMMERDÉE par M. de VESSAIRE. ERRATA À la fin de chaque acte, au lieu de lire le mot fin, lisez fi. HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE. L'auteur n'eut jamais la coupable pensée de tourner en ridicule les noms et les choses qu'il a parodiés dans cet ouvrage, et pour lesquels il déclare avoir eu toujours le plus profond respect. C'est un badinage de société, dont il a donné la première édition à ses amis, et dont il a vendu la seconde pour cause (1). (1) La cause. ... c'est pour avoir de quoi faire avec les dents ce dont il est tant parlé dans sa pièce. SUJET HISTORIQUE. Tout le monde sait, que vers le milieu du douzième siècle, ceux qui chiaient mou sur les rives de la Seine, trouvèrent mauvais que d'autres peuplades chiassent dur sur les bords du Gange. Ce fut pour essayer de leur donner la foire, que l'ermite Cucupètre prêcha une cacade à Foirance, dont les habitants de tout sexe, de tout âge, prirent les armes, et partirent pour la terre peinte, sans considérer que chacun a bien le droit de chier à sa guise, sans que personne y vienne foutrer le nez. Ils traînaient après eux une artillerie dont la plupart des pièces avoient été souvent enclouées ; et pour la servir, plus de poudre à chignon que de poudre à canon : les tambourins remplaçaient les tambours, ainsi du reste. Il est aisé de deviner quelle fut la suite de cette expédition. L'indiscipline et la débauche eurent bientôt fait la besogne du Soudan d'Etronie, qui attirant ces foireux dans une embuscade, en fît une horrible boucherie. Tout ce qui échappa au glaive du vainqueur tomba dans ses fers. Tel fut le sort de Puputant, de sa fille Caquire, et de nombre de chevaliers, dont quelques-uns figurent dans cette tragédie. C'est de là qu'est venue cette grande antipathie entre les FOIREUX et les CONSTIPÉS, qui fournissent les scènes de cette pièce. Ehu qui miserrima vidi ! L'AUTEUR AUX CRITIQUES. Il me semble, Messieurs, vous voir tourner le nez à boucher les oreilles, et dire FI, l'insupportable cochonnerie ! Eh ! quoi! pendant cinq puants d'actes, n'entendre que des acteurs qui ont toujours la bouche pleine de merde ! En vérité, on n'y tient pas ; et si l'on retranchait de cette pièce la foire, les culs, les cas, les anus, les oh, les ah, les dieux et les diables, elle serait finie aussitôt que commencée. Tout beau, censeurs d'étrons ; vous êtes bien difficiles. Ouvrez le chef-d'oeuvre de nos grands maîtres dans l'art dramatique : y trouverez-vous moins souvent répétés les mots, valeur, gloire, amitié, désespoir, tyrannie, amour, etc. Mais, direz-vous, ces défauts sont rachetés par la beauté de leurs vers, qui sont infiniment plus coulants que les vôtres. Pas toujours, Mes sieurs, pas toujours. Lisez le distique suivant, dans lequel l'académicien LEMIERRE a fait le portrait de sa maîtresse en miniature. SEIN, MAIN , BRAS, PORT, TEINT, OEIL, PIED, PEAt, NEZ, DENT, CUL, BOUCHE, TOUT EN ELLE ATTENDRIT, TOUT EST TENTANT, TOUT TOUCHE, Ces deux vers ne sont-ils pas aussi tant soit peu diuruscnl s, pour ne pas dire durs ; cependant vous ne pouvez 7 pas plus que moi, vous dispenser de les admirer : il en sera de même des miens, lorsque vous aurez réfléchi que quelques rimes forcées, quelques constructions étrar AVIS DE L'ÉDITEUR. Pour répondre à la magnificence du sujet, je m'étais d'abord proposé de faire dorer tous les K et tous les Q qui se trouvent dans chaque mot de cette Parodie ; mais ayant réfléchi que ce serait vouloir dorer la dorure et et le doreur même, je changeai d'avis ; et j'allais faire peindre autant de CULS et de CAS qu'elle en renferme, lorsqu'un homme de lettres me fit observer que j'allais sans m'en douter, former une collection de tableaux et de portraits sans nez, qui enchérirait trop cette édition. Il ajouta, que les autres lettres de l'Alphabet en seraient infailliblement jalouses, surtout les S, I, F , L , E, T, qui pourraient bien faire tomber cette pièce, peu propre à être relevée par tout autre que les amateurs, qui sont fort rares en ce genre, surtout depuis la mort de Mr. Paparel. (*) Ces considérations m'ont déterminé à ne rien changer aux formes typographiques ordinaires, et à dédommager le public de la privation de ces enjolivements par des notes savantes, et le costume des acteurs à l'aide desquels tout le monde pourra jouer cette pièce avec la dignité convenable sur les théâtres de société. Quant à la table des matières, j'ai pensé qu'elle était inutile, attendu qu'il n'y en a que d'une seule qualité dans cet ouvrage. (*) Fameux mangeur de merde. COSTUME DES ACTEURS. CUCUMANE en habit turc , avec un turban formé d'un bassin d'étain de chaise percée. PUPUTANT en vieil habit de cour bien rapé, couleur musc, un bas roulé, l'autre tombant sur les talons, appuyé sur une béquille. FOIRINE en robe appelée chemise, dont le derrière est taché ou moucheté en couleur de merde d'oie. CAQUIRE en robe à la sultane, sous laquelle elle a un caleçon en nanquin couleur de chair, pour pouvoir fournir décemment les gestes et les attitudes convenables à son rôle, ayant une anse de pot de chambre suspendue au bout de son collier. NÉFLAIRANT en pantalon, avec une tache noire au milieu du derrière, un fouet à la main, ayant sur le dos un pot de chambre en havresac, rempli de papier gris coupé par morceaux. MERDILLON en gilet caca-dauphin, sa chemise en -partie hors de sa culotte, tachée de chocolat, un cadenas ouvert au soufflet de la culotte, la clef du cadenas en main. CROTENMAIN, habit turc, bourlet de chaise percée sous le bras. L'APOTHICAIRE, grosse perruque, habit noir, grande veste brodée avec des seringues en sautoir, formées avec du papier argenté. MERDEDOR, en costume turc des bachas à trois queues, de renard à défaut d'autres. ESCLAVE vidangeur, en costume du métier. ACTEURS. CUCUMANE, Soudan d'Etronie. PUPUTANT, Prince du sang royal de Foirance. CAQUIRE. FOIRINE, Esclave du Soudan. NÉFLAIRANT, Chevalier foirant. MERDILLON, Chevalier foirant. CROTENMAIN, Officier du sérail. MERDEDOR, Officier du sérail. UN ESCLAVE, vidangeur. UN APOTHICAIRE. TROUPE DE POUSSE-CULS. ACTE I La Scène se passe dans les privés du sérail qui sont dans un cul de sac de Crotine, capitale du royaume d'Etronie. Le fond du théâtre représente les chiens chassés du palais de Jupiter pour y avoir fait ce qu'on fait à Foirance. Au bas est un autel élevé au dieu CROTOCUSEC, adossé à une pyramide de crotins, dont les compartiments forment une très-odorante mosaïque. En avant est une riche chaise percée, surmontée de trois queues de chat. Les coulisses sont des rayons garnis du haut en bas de vases nocturnes de porcelaine de la Chine. La toile de l'avant-scène est faite de derrières de chemises artistement emmerdés, au milieu de laquelle est peint un gros cul dans ses fonctions, avec cette légende : Accipe quod tibi do, stercus in ore tuo. Des culs de lampes éclairent la salle. Un vent frais du couchant promène continuellement des torches-culs sur le théâtre. (*) La tête du souffleur sort d'une benne à merde au bord de l'orchestre. Quis talia fando temperet à lachrymis. SCÈNE PREMIÈRE. Caquire, Foirine. FOIRINE, regardant dans le bassin de la chaise percée que quitte Caquire. [Note : Le nom de Foirine est celui de Fatime dans Zaïre.]Je ne m'attendais pas, jeune et belle Caquire,À ces nouveaux besoins qu'un Soudan vous inspire.Quel changement s'opère en tous vos intestins !Au lieu d'étrons mollets , vous faites des crottins.La foire en ce moment n'a plus pour vous de charmes : L'état de votre cul me fait verser des larmes.Vous ne le tournez plus vers ces heureux climatsOù ce brave foireux rappelle vos appas.Vous ne me parlez plus de ces belles contrées,Où d'un sexe poli les fesses parfumées Reçoivent cet encens qu'on doit à deux beaux yeux.Compagnes d'un époux, et reines dans les lieux ,Libres sans trop d'odeur, digérant sans contrainte,Et ne foirant jamais que par goût non par crainte,Ne soupirez-vous plus pour chier en liberté ? Les communs d'un Soudan,... son cul toujours bridé ,L'état de constipé n'a-t-il rien qui vous gêne ?[Note : Merdène, rivière qui baigne les murs de la capitale de Foirance. [NdA]]Préférez-vous Crotine aux rives de Merdène ? CAQUIRE. On ne peut estimer ce qu'on ne connaît pas.[Note : Voltaire, Zaïre, vers 20-21. "Sur les bords du Jourdain le ciel fixa nos pas. Au sérail des soudans dès l'enfance enfermée,"]Vers les bords du Jourdain je fis mes premiers cas. Aux privés du Soudan dès l'enfance enfermées,Mes fesses par degrés s'y sont accoutumées.Le reste des chieurs anéanti pour moi,Vainement à mon cul offrirait de l'emploi.Je ne connais que lui, que son siège d'aisance. [Note : Cucumane est Orosmane dans Zaïre de Voltaire.]Crotter pour Cucumane est ma seule espérance . FOIRINE. Avez-vous oublié ce chevalier foirantDont le cul généreux n'eut jamais de pendant ?Qu'il était bien tourné ! Dieux ! La superbe mine !Combien nous admirions sa liquide plus fine ! Quel gloire il acquit aux champs des Chicacas !Combien il fit foirer les bourgeois de Damas !Cucumane vainqueur admirant son derrière,Le laissa sur son pot partir comme un clystère.Nous l'attendons encore : sa générosité Promit de chier dur pour notre liberté.[Note : Identique au vers 37 de Zaïre.]N'en aurions-nous conçu qu'une vaine espérance ? CAQUIRE. Peut-être un tel étron a passé sa puissance.Depuis près de deux ans il n'est point revenu.Foirine, un prisonnier serre aisément le cul, Vesse beaucoup, chie peu, permet à son courageDes serments merderets. Pour sortir de sa cage,Il devait délivrer ici dix foirantins,Venir rompre leurs fers au prix de ses crottins.J'admirais trop son cul. Ah ! Que j'étais pécore ! Il n'y faut plus songer. FOIRINE. Mais s'il chiait encore,S'il revenait pour vous baisser son caleçon,Ne vous plairait-il plus ? CAQUIRE. Qu'il chie dur ou non,Tout est changé... FOIRINE. Comment ! Que prétendez-vous dire ? CAQUIRE. Va, c'est trop te celer ce qu'amour me soutire Le besoin d'un Soudan peut encore se cacher ;Mais mon pot dans le tien se plaît à s'épancher.Depuis près de trois mois qu'avec d'autres captivesOn te fit du Jourdain enjamber les deux rives,Le ciel tout occupé du bonheur de mes jours, Du plus puissant fessier a choisi les atours.Le sultan Cucumane... FOIRINE. Eh bien !... CAQUIRE. Ce crottant même,Ce vainqueur des foireux, cher Foirine, il m'aime. Foirine fait un gros pet.Tu pètes... je t'entends : garde-toi de penserQu'à briguer certains cas je puisse m'abaisser ; Que d'un maître absolu la superbe croupièreM'offre l'honneur honteux du pot de sa chambrière,Et que j'essuie enfin son cul, et le dangerDe gober par amour un étron passager.Cette fierté qu'en moi nourrit la modestie, Dans mon arrière-train ne s'est point démentie.[Note : Voir Zaïre,vers 67-68 : "Plutôt que jusque-là j'abaisse mon orgueil, Je verrais sans pâlir les fers et le cercueil."]Plutôt que jusques-là j'abaisse mon orgueil,[Note : Battant-l'oeil : Coiffure négligée des femmes, dont les côtés avancent beaucoup sur le visage, surtout vers les tempes et les yeux, que la moindre agitation de l'air lui fait battre. [L]]Tu me verrais couvrir mon cul d'un battant-l'oeil.Je m'en vais t'étonner. Son superbe courageLui fait risquer pour moi l'état de cocuage. Parmi tant de fessiers à lui plaire empressés,Vers le mien seul il a tourné le bout du nez ;Et l'hymen confondant nos matières fécales,Va noyer dans leurs flots mes jalouses rivales. FOIRINE. [Note : Zaïre v. 75 : "Vos appas, vos vertus..."]Vos cacas, vos pipis sont dignes de ce prix. Le Sultan, après tout, pourrait bien faire pis ;Que vos félicités, s'il se peut, soient parfaites.Je serai la première à baiser vos lunettes. CAQUIRE. Sois toujours mon égale, et prise mon odeur ;À deux doigts de mon cul sens-en mieux la douceur. FOIRINE. Hélas ! Puisse le ciel souffrir cette équipée !Puisse cette grandeur, plutôt cette fumée,Ne vous porter au nez qu'agréables vapeurs,Vous sauver des regrets et des remords vengeurs !N'est-il point en secret de soucis qui vous creuse ? Ne vous souvient-il plus que vous fûtes foireuse ? CAQUIRE. Ah ! Que dis-tu ? pourquoi redoubler mes ennuis ?Lorsque j'en ai besoin... Je fais comme je puis...M'a-t-on jamais permis de savoir l'origineDu cul de mes parents, quelle était la routine. FOIRINE. Néflairant, qui trop loin d'ici fait son grand tour,Nous dit que d'un foireux vous reçûtes le jour.[Note : Caquire a cette anse attachée à son collier, comme les femmes y portent un portrait, ]Que dis-je ?... De ce pot l'anse sur vous trouvée,Parure de l'enfance avec soin conservée,D'un beau vase de nuit débris si précieux, Dont l'emblème important échappe à tous les yeux,Faïence dont cent fois mes soins vous ont parée,Est sous votre bavette à coup sûr demeurée,Comme un gage secret de la fidélitéQue vous devez aux lieux que vous avez quitté. CAQUIRE. Je n'ai point d'autre preuve ; et mon cul qui s'ignorePeut-il aimer un jeu que mon amant abhorre ?La coutume, le goût plia mes premiers ansÀ la façon de chier des heureux Cucumans.Je le vois trop , les soins qu'on prend de notre enfance Nous rendent constipés ou foireux par outrance.Du même trou j'aurais été devant vos yeux,Foireuse dans Palis, chiant sec en ces lieux.L'instruction fait tout, et la main de nos pèresGrave à fleur de nos culs de certains caractères, Imprime certains traits qu'on ne peut effacer,Pas même avec la langue... Ose te comparer.Toi, Foirine, en ces lieux tu n'y fus amenéeQu'en âge de raison, et fille assez forméePour savoir de l'amour éteindre le flambeau Moi, chez les Crotentins, esclave en mon berceau,La foire qui te plaît me fut trop tard connue ;Contre elle cependant loin d'être prévenue,Cette anse, je l'avoue, a souvent, malgré moi,Dans mes petits boyaux porté le désarroi. J'osais l'invoquer même avant qu'en ma pensée Avec le doigt elle indique son cul.De Cucumane ici l'image fût gravée.J'honore, je chéris ces bons gros culs bourgeois,Qui pour remplir un pot n'y vont pas à deux fois,Et qui toujours ouverts aux besoins de leurs frères, De leur liquide engrais fertilisent les terres ;Obligés de foirer, sans doute ils sont heureux. FOIRINE. Pourquoi donc aujourd'hui ne pas foirer comme eux ?À la loi constipée à jamais asservie,Vous allez devenir leur plus grande ennemie, Épouser leur vainqueur. Quel hymen ! Qui l'eût cru ? CAQUIRE. Eh ! Qui refuserait le présent de son cul ?De toute ma faiblesse il faut que je convienne :[Note : Antienne : Passage de l'Écriture, qu'on chante en tout ou en partie, avant un psaume, et qu'on répète en entier après. [L]]Mon derrière eût sans lui chanté toute autre antienne ;Peut-être autant qu'un autre il aurait foirassé ; Mais Cucumane m'aime , et le voilà bouché.Je ne vois que son vase , et mon âme enivréeSe repaît du bonheur d'y mêler ma couvée.Mets-toi devant le nez ce cul blanc potelé,Si propre à mettre au jour un étron bien moulé ; Et son aimable anus que le musc environne.Je ne te parle point du coton qu'il me donne.Ah ! La reconnaissance est un faible retour :Mon cul est trop heureux , oui , d'avoir bouche en cour.C'est lui que je chéris , et non son diadème ; ' L'imiter à la selle est un honneur suprême.Peut-être j'en crois trop un penchant séducteur.Mais si le ciel sur lui déployant sa rigueur,Du cul que je chéris eût condamné l'entrée ,Et m'eût donné le choix de ceux de l'empirée , Ou mon amour me trompe , ou tout autre que luiN'aurait pu de cent pas aborder mon étui. FOIRINE. [Note : Zaïre, v. 153 "On marche vers ces lieux ;"]On pète vers ces lieux : sans doute, c'est lui-même. CAQUIRE. Oui, mon cul fait chorus avec celui qu'il aime.[Note : Zaïre, v. 155 : "Depuis deux jours, Fatime...".]Depuis trois jours, Foirine, absent de ce palais, Pour me parler de merde il revient tout exprès. SCÈNE II. Cucumane, Caquire, Foirine. CUCUMANE. Ventueuse Caquire , avant que l'hyménéeDe nos digestions fasse ici la mêlée,J'ai cru sur vos étrons, sur moi, sur mon grand tour,Devoir en franc chieur vous parler sans détour Des foireux qu'à genoux la faculté contemple.Les usages, les droits, ne sont point mon exemple.Je sais que cette loi favorable à l'anus,[Note : Utérus : Signifie ventre.]Ouvre un champ sans limite au jeu de l'utérus.Que je pourrais de même , écartant les deux fesses, Recevoir au milieu le nez de mes maîtresses ;Et tranquille au sérail, suivant mes goûts blasés,Gouverner mon pays du sein de mes privés.Mais si la foire est douce, ah ! sa suite est cruelle.Je vois autour de moi cent culs salis par elle ; Je vois de Chitropclair ces lâches successeurs,Califes emmerdés au sein de leurs grandeurs,Couchés sur les débris de lzurs chaises percées,De leurs culs sans pouvoir n'obtenir que purées ;Eux qui feraient encore, ainsi que leurs aïeux, Des étrons bien cossus, étant percés comme eux.Piston les poursuivit jusques au mésentère,Et bientôt, pour venir leur boucher la gouttière,Il suscita le bras du puissant Chitouplein.Mon père après sa mort fit d'énormes boudins ; Et moi faible héritier de leur antique selle,Maître encore incertain d'un vase qui chancelle,Je vois ces fiers foireux, traînant leurs culs crottés,Vouloir aller de pair avec nos constipés ;Et lorsque la trompette étant à mon derrière, De mon centre à leur nez fait retentir la guerre ;Je n'irai point, en proie à de merdeux amours,Avec vous les filer aux communs tous les jours ;Mais j'atteste l'endroit le plus creux de Madame,De n'employer que vous pour maîtresse et pour femme, [Note : Idem vers 191 de Zaïre de Voltaire.]De vivre votre ami, votre amant, votre époux,[Note : Zaïre de Voltaire, "...entre le guerre et vous" ]De partager mon coeur entre la merde et vous.Ne croyez pas non plus que mon honneur confieVotre moule d'étrons à ces monstres d'Asie ;Des débouchés voisins gardes injurieux, Et, comme vous savez, impropres à tous deux.Je sais vous estimer autant que je vous aime,Et sur tous vos besoins m'en fier à vous-même.Après un tel aveu, vous connaissez mon cul ;Vous sentez qu'il vous sert à bouche que veux-tu ; Vous comprenez assez quelle amertume affreuseCorromprait dans mon pot la plus fine amoureuse,Si vous ne receviez les étrons que je fais,Qu'avec cet air hautain des culs à tabourets.Je vous aime, Caquire, et j'attends de vos cottes Les mêmes résultats que ceux de mes culottes.Je l'avouerai, mon coeur ne veut rien qu'ardemment ;Crotailler ne serait que m'aimer faiblement.De tous mes intestins tel est le caractère,[Note : Zaïre de Voltaire, v.210 : "Je veux avec excès vous aimer et vous plaire"]Je veux pour vos beaux yeux chier dur comme pierre, Si votre ventre peut s'asservir à mes goûts,Crottant à l'unisson, que mon sort sera doux !Mais des noeuds de l'hymen l'étreinte dangereuseMe rendrait malheureux avec une foireuse. CAQUIRE. Vous, seigneur, malheureux ! Ah ! si votre grand cul Sur ma digestion fonde un bonheur qui pût,S'il dépend en effet de mes crottes secrètes,Quel mortel fut jamais plus heureux que vous l'êtes !Les noms de constipés, et d'amanTs et d'époux,Ces noms nous sont communs ; et j'ai par-dessus vous L'avantage flatteur à ma tendresse extrême,D'avoir sacrifié pour vous la merde en crème,De voir que vos bontés m'offriront le bassin,Que je serai torché par votre auguste main,De révérer, d'aimer le héros des latrines. Ah ! si parmi les culs qu'ont flairés vos narines,Votre nez distingua la bonne odeur du mien ;Si votre auguste choix... SCÈNE III. Cucumane, Caquire, Foirine, Crotenmain. CROTENMAIN. Ce foireux, ce vaurien,Qui sur son pot, Seigneur, a passé dans Foirance,Revient au moment même, et demande audience. FOIRINE. Oh ciel ! CUCUMANE. Il peut entrer. Pourquoi n'entre-t-il pas ? CROTENMAIN. Dans la première enceinte il chie à tour de bras.Seigneur, je n'ai pas cru qu'aux regards de son maître,En ces augustes lieux un cul nu pût paraître. CUCUMANE. Qu'il paraisse. En tous lieux, sans voile et sans respect, Chacun peut désormais chier à mon aspect.Je vois avec mépris ces maximes terriblesQui font de tant de culs des faces invisibles. SCÈNE IV. Cucumane, Caquire, Foirine, Crotenmain, Néflairant. NÉFLAIRANT, précédé de deux vidangeurs portant une benne comblée d'étrons. Respectable ennemi qu'estiment les foireux,Maintenant d'un étron je sais en faire deux ; J'ai satisfait à tout. En crottins bons à frire,Je te fais apporter la rançon de Caquire,Et celle de Foirine et des dix chiassiers,Dans les murs de Crotine illustres prisonniers.Leur liberté par moi trop longtemps retardée, Quand je chierais dur, leur dût être accordée.Crottant, tiens ta parole : ils ne sont plus à toi :Les étrons que j'ai faits sont tous de bon aloi.J'ai même été plus loin : le respect que je porteÀ mes serments, à toi, m'a fait chier à ta porte, Pour remplacer ici quelques étrons tarés,Qui furent en chemin dans la benne cassés.Mais, grâces à mes soins, quand leur chaîne est brisée,À t'en chier le prix ma bedaine épuisée,Je ne te cèle pas, m'ôte l'espoir heureux D'en faire ici pour moi, comme j'en fis pour eux.Un ventre libre et noble est tout ce qui me reste ;J'arrache des foireux à leur prison funeste ;J'ai rempli mes serments, ta benne, mon devoir. Il se tourne et le montre.Il suffit : vois mon cul : l'orifice en est noir. Rends de même mon pot, que tu pris en otage. CUCUMANE. Foireux, je suis content de ton noble chiage ;Mais ton orgueil ici se serait il flattéD'effacer mon anus en générosité ?Reprends ta liberté, remporte tes largesses, À tes étrons dorés joins en vingt de mes fesses ;Au lieu de dix foireux que je dus t'accorder,Je t'en veux donner cent : tu peux les déboucher ;Qu'ils aillent sur leurs bas chiant dans leur patrie,Annoncer les vertus des culs de l'Etronie ; Qu'ils jugent, en partant, qui méritait le mieuxDe leur trous ou du mien l'empire de ces lieux.Mais parmi les foireux que ma bonté délivre,Puputant ne sera point porté sur mon livre ;Des culs qu'on peut te rendre il est seul excepté : Son odeur est suspecte à mon autorité ;[Note : Crotine est la capitale de l'empire d'Etronie.]Il est du sang foirant qui régnait à Crotine.On sait son droit au trône, et ce droit est un crime.Du destin qui fait tout tel est l'arrêt fatal ;Si j'eusse été vaincu, mon pot serait banal. Puputant dans les fers finira sa carrière,Et jamais le soleil ne verra son derrière.Je le plains ; mais pardonne à la nécessitéOù je suis de tenir toujours son trou bouché.Pour Caquire, crois-moi , sans que ton nez s'offense, [Note : Gance : Terme de pêche. Maille de filet qui a trois pouces en carré. [L]]Ce n'est pas de ces culs dont on ouvre la gance ;Tes chevaliers foirants et leur fier souverainS'uniraient vainement pour y placer un grain.Tu peux partir. NÉFLAIRANT. Qu'entends-je ? Elle naquit foireuse !J'ai pour la délivrer ta parole merdeuse ; Et quant à Puputant, ce vieillard édenté... CUCUMANE. Je te l'ai déjà dit, restera constipé.J'honore ton bon cul : mais cette humeur tripière,Se faisant estimer, commence à me déplaire ;Sors, et que le soleil levé sur mes cacas Demain près de mon pot ne te retrouve pas. Néflairant sort. FOIRINE. Ô Dieux ! Des étrons mous ! CUCUMANE. Et vous, allez, Caquire,Prenez dans mes privés un souverain empire ;Commandez à cul nu. Je vais faire raserLa barbe des étrons qui vont vous couronner. SCÈNE V. Cucumane, Crotenmain. CUCUMANE. Crotenmain, que veut donc cet esclave infidèle ?Il la flairait : son nez se tournait derrière elle.Les as-tu remarqués ? CROTENMAIN. Que dites-vous, Seigneur ?Quoi ! Vous seriez jaloux, même de son odeur ! CUCUMANE. Moi jaloux ! Qu'à ce point mon naseau s'avilisse ! [Note : Jocrisse : Terme injurieux. Benêt se laissant gouverner, ou s'occupant des soins du ménage qui conviennent le moins à un homme. [L]]Que j'aille platement faire ici le jocrisse !Je ne sais point aimer comme l'on doit haïr.Un fessier qu'on soupçonne a le droit de trahir.Le sien n'est point percé pour une perfidie,Et ne voudrait foirer pas même l'ambroisie : C'est la perle des culs... S'il prêtait au soupçon,[Note : Bondon : Terme injurieux. Benêt se laissant gouverner, ou s'occupant des soins du ménage qui conviennent le moins à un homme. [L]]Et si j'étais jaloux.... Aussitôt un bondon....Un cadenas... Mais fi, cette importune idéeDoit être rejetée en ma chaise percée.Qu'on la pare de fleurs pour cet instant heureux Qui doit y réunir tant de cas amoureux.Je vais faire un crottin ou deux pour mon empire,Et le reste du pot sera tout pour Caquire. ACTE II SCÈNE PREMIÈRE. Néflairant, Merdillon. MERDILLON. Ô ! Brave Néflairant, chiassier généreux,Qui débouchez le cul de tant de malheureux, Et qui, pour ramener vos frères dans Foirance,N'avez pas dédaigné de chier un peu rance,Paraissez, voile au vent, jouissez du bonheurDe nous voir embrasser ce cher libérateur,Aux portes des communs en foule ils vous demandent. Ne privez point leurs nez de l'étui qu'ils attendent,Et qu'unis à jamais à ce grand parfumeur... NÉFLAIRANT. Illustre Merdillon, modérez cette ardeur.Je n'ai fait après tout qu'une chose ordinaire,Crottant.... comme à ma place on vous aurait vu faire. MERDILLON. Sans doute tout foireux, tout digne chiassier,Pour servir ses amis doit se sacrifier ;Et la félicité des culs comme les nôtresEst d'être toujours prêts à faire face aux autres.Heureux à qui le ciel donna des moyens sûrs De faire à volonté ses étrons mous ou durs.Pour nous, tristes jouets du destin qui nous berne,Et toujours nous fit voir vessie pour lanterne,Oubliés dans les fers, comme sur le palier,On oublie à sa porte un fâcheux créancier, Jamais nos culs sans vous n'auraient ouvert leur fente. NÉFLAIRANT. Le mien fort à propos surpassa votre attente[Note : Mamamouchi : Nom burlesque dont s'est servi Molière pour donner une dignité turque à son bourgeois gentilhomme. [L]]Pour fléchir la rigueur de ce Mamamouchi.Mais que sert d'être heureux, d'être libre à demi ?Combien de ce Soudan l'humeur capricieuse Répand sur mes étrons son amertume affreuse ![Note : Sterculus : Dieu de la merde, qu'adoraient les Romains et les Foirantins.]Tu le sais, tu m'entends , puissant dieu Sterculus ?Tu vois le fond des coeurs, tu vois le fond des culs ;Tu sais si j'eus jamais de volonté que celleDe te rendre Caquire aussi sage que belle, Depuis que Culotin l'enlevant avec moi,Lui boucha le derrière avec je ne sais quoi :Ce fut dans ce moment où sa troupe enragéeVint, surprit Puputant sur sa chaise percée.J'échappai par hasard des lieux de ce Soudan. Repris, j'y fus serré bien plus étroitement.Et depuis renvoyé sur ma simple parole,Seigneur, je me flattais... mais cette fille est folle.Je me flattais en vain de la rendre à Culis,Sans tache, sans déchet, telle qu'on l'avait pris... Déjà même la reine, à mes désirs propice,Avait fait parfumer le vase où la cour pisse.Enfin lorsqu'elle touche au moment attenduD'aller avec éclat mettre au grand jour son cul,On la retient... Que dis-je ? Ah ! Seigneur, ah ! La chienne N'a pardieu pas besoin que par force on la tienne ;Elle aime le Soudan.... et ce n'est pas le pis ;Un plus sanglant affront.... de plus cruels soucis...Des malheureux foirants l'espérance est trahie. MERDILLON. Par qui ? Nommez-le moi : bientôt je l'expédie. Vous faut-il un premier ? Vous faut il un second ?Mon bras est toujours prêt : le tonnerre est moins prompt. NÉFLAIRANT. Seigneur, ce Puputant, dont la fesse fécondeInondoit le pays une lieue à la ronde ,Ce héros malheureux issu des montre-cuLS , Aux voeux des Foirantins ne sera point rendu. MERDILLON. [Note : Idem v.373, Zaïre de Voltaire.]Seigneur, s'il est ainsi, votre faveur est vaine.Quel indigne soldat viderait sa bedaineQuand celle de son chef est en piteux état ?Vous ne l'avez pas vu comme nous au combat. Bénissez le destin.... Sa faveur sans égaleAu bas de votre dos ne fit ouvrir l'ovaleQu'après ce jour de deuil et de calamités,Qui fut le jour du sac de nos commodités,Où je vis, sous le joug de nos barbares maîtres, Condamner de nos cuis les uniques fenêtres.Ciel ! Si vous aviez vu tous nos pots renversés,Les uns à demi pleins, et les autres cassés,Nos pères, nos enfants, nos filles, chaque femme,[Note : Trou-madame : Sorte de jeu, qui se joue avec treize petites boules, qu'on fait couler dans autant de trous, marqués pour la perte ou pour le gain. [L]]Interrompre en pleurant le jeu de trou-madame, Et notre dernier roi rendre ses excrémentsSur ses fils massacrés tous ensemble expirants.Puputant, seul espoir de sa triste famille,D'une main prend son sabre , et jetant sa béquille,Il s'élance à cul nu parmi les combattants, À l'un coupe le nez, perce à l'autre les flancs,Frappe à tort, à travers, tue à tout coup qu'il donne,Criant à pleine voix : qu'on n'épargne personneQu'après avoir au diable envoyé le dernier.Puis en braquant sur eux son énorme fessier, Avec tant d'à-propos il lâche la mitraille,[Note : Obombre : Fig. Éclipser, mettre dans l'ombre (peu usité en ce sens). [L]]Qu'il obombre d'un jet toute cette canaille.Il finit par s'armer d'un beau vase de nuit,[Note : Havre-sac : Anciennement, nom du grand sac de peau que les fantassins portaient sur le dos dans les marches. [L]]Qui dans un havre-sac dessus son dos le suit ;Tel Hercule autrefois à grands coups de massue Dissipait des brigands l'innombrable cohue ;Il fracasse son pot, qui se mêle en morceauxDans le crâne sanglant d'un de leurs généraux.L'anse seule lui reste ; il la leur montre, et jureQu'il la garde en présent de noce à sa future. Sans doute quelque dieu, si ce n'est un démon,Combattait en avant, lui servait de plastron.Quand des tristes foireux la foule délivrée[Note : Chiarrée : Capitale du royaume de Foirance. [NdA]]Vint porter avec nous ses pas dans Chiarrée.D'anus ils emportaient deux grands boisseaux bien pleins : [Note : À la bataille de Cannes. [NdA]]Annibal enleva moins d'anneaux aux Romains.Oh ! Mon cher Néflairant, le sort nous humilie.Je crois qu'il prend plaisir à nous faire avanie.Vainement pour la foire avons nous combattu ;Nous n'en avons pas moins eu tous le cul cousu. Ressouvenir affreux dont l'horreur me dévore ;Mille étrons demi-morts, hélas ! Fumaient encore ;Nos toilettes n'étaient pas faites à demi,Quand nous fûmes surpris, livrés à l'ennemi.Puputant toujours noble et grand dans ses manières, Voulait qu'on lui bouchât l'oeillet pour tous ses frères ;Mais ils eurent chacun au cul leur cadenas,De là furent conduits dans des prisons d'état ,Où, pour vider leurs ventres, on ne venait qu'à peineLeur déboucher le cul une fois par semaine. Tous se trouvant ainsi par force constipés,Chaque mois ne faisaient que trois cas raffinés.Depuis ce temps, hélas ! Notre malheureux pèreN'a pu se régaler du plus petit clystère.Resserré loin de nous, blanchi dans un cachot, Sans consolation, il pleure sur son pot.Ah ! Qu'il est affligeant pour un aussi grand princeDe n'avoir pas au moins un valet qui le rince.Tel est pourtant son sort. Qui pourrait maintenant,Sachant son trou bouché, donner au sein du vent ? NÉFLAIRANT. Ce plaisir en effet serait d'un cul barbare.Que les nôtres sont loin de sonner la fanfare !Combien tous vos récits ajoutent d'intérêtsÀ celui qu'inspiraient de son cul les hauts faits !Sans un trouble nouveau je n'ai pu les entendre : À chaque mot j'ai cru que l'anus m'allait fendre.Votre prison, la sienne, et tant d'autres revers,M'ont jadis affligé dans les contes diversQu'au sortir du berceau me faisait ma grand-mère....Au milieu des vaincus, couchés sur la poussière, Quelques enfants, Seigneur, avec moi rassemblés,[Note : Pet-en-gueule : Sorte de jeu de soldats et de gamins, où deux individus, se tenant à bras-le-corps, mais dans une position renversée, de manière que chacun ait la tête entre les cuisses de l'autre, se renversent alternativement sur un ou deux autres qui se tiennent à terre à quatre pattes et sont ainsi tour à tour sur leurs pieds, portant l'autre qui a la tête en bas, ou ont la tête en bas et sont portés par l'autre. [L]]Au jeu de pet-en-gueule étaient fort occupés,Lorsque enlevés au soin de leurs mères foirantesPar des mains et de sang et de merde fumantes,Pêle-mêle on les mit dans des fonds de paniers, Avec un gros bouchon de liège à leurs fessiers.Culotin m'éleva près de cette Caquire, Il pète.Qui depuis.... pardonnez, à rebours je soupire ;Qui depuis voulant plaire au Soudan à coups sûrs,Avec lui sans pudeur ne pond que des oeufs durs. MERDILLON. Telle est des Cucumans la funeste recette ;Ils ont l'art d'élever les culs à la brochette ;Et je bénis le ciel propice à vos destins,Qui d'un goût dépravé sauva vos intestins.Mais, Seigneur, après tout, cette même Caquire, Dont j'aime à supposer le derrière en délire,Ne pourrait-elle pas tant soit peu s'en servirPour sauver le héros que nous devons chérir ?M'en croirez-vous, mon cher ? Un philosophe, un sage,Du cul comme du nez sait tirer avantage. On pourrait de Caquire employer la faveur,L'envoyer hardiment auprès du Grand-Seigneur,Lui dire : Rendez nous le prince, ou je sirote. NÉFLAIRANT. Puputant voudrait-il ainsi contre une crotteÒtre échangé ?... Non, non, je ne le pense pas ; Et Caquire peut bien n'être pas dans le cas.Quand elle le pourrait, est-il en ma puissanceD'avoir avec son cul la moindre conférence ?Crois tu qu'un amoureux, un sultan, un jaloux,Vous laisse badiner avec de tels joujoux ? Je me suppose enfin parvenu devant elle.Que faut il espérer d'un derrière infidèleÀ qui mon seul aspect, en cette occasion,Doit causer des rougeurs, de la confusion ?Seigneur, il est bien dur pour un nez magnanime D'approcher de si près un cul qu'il mésestime.Ses refus sont piquants ; ses faveurs font sentir.... MERDILLON. Ne sentez qu'un danger, celui que peut courirUn vieillard dans les fers. NÉFLAIRANT. Soyez sûr de mon zèle.Je vais trouver Caquire.... On vient. Oh dieux ! C'est elle. SCÈNE II. Caquire, Merdillon, Néflairant. CAQUIRE, à Néflairant. C'est vous, digne foireux, que je venais chercher.Parlons à culs ouverts, sans nous rien reprocher.Car on doit présumer, qu'à notre âge un derrièreN'a pas toujours été bien net... bien exemplaire.Seigneur, nous nous craignons, nous rougissons tous deux. Notre cas, j'en conviens, peut-être un peu véreux.L'un à l'autre attachés dès notre tendre enfance,Nos fessiers ont rempli souvent même faïence.Chargés des mêmes fers, notre amitié, nos soins,[Note : Quintal : Poids de cent livres. [L]]Les rendaient plus légers d'un bon quintal au moins. À Foirance depuis vous fîtes un voyage ;Je ne m'informe point si vous y fûtes sage.Prisonnier dans Crotine enfin je vous revis ;Les captifs n'étaient pas gênés comme depuis.Esclaves dans la foule où j'étais confondue, Ensemble quelquefois nous plantions dans la rueDes bornes qu'on pouvait distinguer à l'odeur.Personne ne songeait à mon postérieur,Pas même le Sultan. Vous que la bienfaisanceVenait de ramener dans les murs de Foirance, D'un maître à chier dur prîtes tant de leçons,Que vous pûtes fournir au sultan nos rançons.Ces bienfaits resteront gravés dans ma mémoire ;À mes petits enfants j'en apprendrai l'histoire ;Mais ils sauront de plus, et c'est là mon chagrin , Que je ne pus revoir le pays Foirantin ;Que mon cul seul chargé de ma reconnaissanceAu Soudan amoureux faisait faire bombance...De nos captifs au moins je deviendrai l'appui. NÉFLAIRANT. Vous ne leur chiez pas moins du poivre aujourd'hui, Vous qui de vos aïeux foulant ici la cendre,Nous abandonnez tous. CAQUIRE. Eh ! Non, je viens vous rendreLe dernier rejeton de ces culs glorieux,Qui tour-à-tour, je crois, servent de lune aux cieux.Puputant peut partir.... Oui, notre commun père Est libre comme l'air qui sort de ton derrière. NÉFLAIRANT. Se peut-il ? CAQUIRE. Sans espoir j'osai le demander,Comptant bien qu'on allait m'envoyer promener.Jugez de mon plaisir, jugez de ma surprise,Quand le Sultan m'a dit : soit, qu'il chie à sa guise : Je le rends à vos voeux, dût-il en plein divan,En prenant son congé, foirer dans mon turban. NÉFLAIRANT. Grand dieu ! Que de crédit à tout fessier femelle ! SCÈNE III. Caquire, Puputant, Merdillon, Néflairant, plusieurs esclaves. PUPUTANT. Du fond des lieux communs quelle voix me rappelle ?Suis-je avec des foireux ? Guidez mes pas tremblants ! À la bouche je n'ai pas plus qu'au cul des dents.Suis-je libre en effet ? CAQUIRE. Oui, Seigneur, oui, vous l'êtes.Entendez résonner leurs joyeuses trompettes. De tous côtés on entend des pets. PUPUTANT, ouvrant les narines. Je les entends... les sens... Ah ! Sons délicieux !Mes oreilles, mon nez, se croient dans les cieux. Merdillon, c'est donc vous, chevalier de la foire :Combien elle vous a fait avoir du déboire !Nos maux sont-ils finis ? En quel lieu sommes-nous ?[Note : Chiaoux : Huissiers du grand Turc. [NdA]]Chez les durs Crotantins, ou chez les Chiaoux ? MERDILLON. C'est ici le palais que votre archi-grand-père, Fit bâtir sur le plan de son apothicaire.Maintenant occupé par un fils de Catin,C'est le sérail impur du fils de Noradin.Tout, jusques aux étrons, tout est ici profane. CAQUIRE. Vous médisez, Seigneur ; le puissant Cucumane Sait connaître.... chérir.... honorer la vertu.De cent pas il distingue un bon d'un mauvais cul. PUPUTANT, regardant avec ses lunettes. Quel est cet officier ?... Eunuque blanc, je pense. CAQUIRE, vivement et d'un ton piqué. Non, non... C'est un foireux, de qui la bienfaisanceSe fait sentir partout. Il vient de racheter Dix de nos prisonniers ; et c'est pour l'imiter,Que ce même sultan que Merdillon blasphème,Par-dessus le marché vous délivre de même.[Note : Coccyx : Os qui termine le croupion. [NdA]]Qu'il est grand ! Qu'il est beau de forcer son coccyxÀ laisser le passage à des étrons caffis. PUPUTANT. Des chiassiers foirants tel est le caractère ;Leur noblesse en tout temps fut bien bonne et pas chère.Chez tous les souverains on fit toujours grand casDe leurs culs aux communs, de leurs coeurs aux combats.De leur bas-ventre, amis, j'honore l'antipode : Un jour tout l'univers doit chier à leur mode...Généreux inconnu, quoi ! Pour nos seuls besoins[Note : Marsouin : Populairement et par injure, gros marsouin, vilain marsouin, homme laid, mal bâti, malpropre. [L]]Vous avez traversé l'empire des marsouins !Ah ! Parlez, à qui dois-je un service si rare ?À coup sûr votre cul est bien un cul sans tare. NÉFLAIRANT. Mon nom est Néflairant. Comme vous prisonnier,[Note : Crotine : ville de manufacture d'Etronie, où se fabriquent les torche-culs. [NdA]]Dans Crotine, mon cul vint changer de métier.J'échappai vers Culis, guidé par mon courage ;C'est là, c'est dans son camp qu'il fit un beau tapage. Il tire du papier mou de son pot.Ces morceaux de papier sont un don de ce roi. S'il m'en fit un présent, vous sentez bien pourquoi.[Note : Cacante : Rivière dont l'onde ressemble à la purée de lentilles. [NdA]]Seigneur, je le suivis au bord de la Cacante,Lorsqu'à ces fiers Anglais il donna la courante,Et que de leurs vaisseaux dans nos ports démâtés,Son génie inventif fit des commodités. Venez, prince, montrez au plus grand des monarquesCe fessier si longtemps respecté par les Parques.Paris va célébrer ses exploits tant et plus,Et la cour de Culis est l'asile des culs. PUPUTANT. À cette cour jadis je fus en temps de foire, Quand Cupipe à Bovine enchaîna la victoire.Je combattais alors avec Moncuculit,Merdun, Foirin, Cunèfle et le fier Chianlit.Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre ;Non.... L'âme par le cul je suis trop prêt à rendre. Je vais au dieu Foirant demander aujourd'huiLe prix de mes coulis tant prodigués pour lui.Vous, généreux témoins de ma merde dernière,Tandis qu'il en est temps, contemplez mon ornière.Neflairant, Merdillon, et vous dont les vapeurs Des plus jolis cacas sont les avant-coureurs,Madame, ayez pitié du plus malheureux pèreDont le ciel ait jamais perforé le derrière,Qui répand devant vous sur ses talons mourantsCe que dans leurs drapeaux répandent les enfants. Une fille, trois fils, ma superbe espérance,Me furent enlevés sur mon siège d'aisance.Oh ! Mon cher Merdillon, tu dois t'en rappeler. MERDILLON. Parbleu, s'il m'en souvient ; j'étais après foirer. CUCUMANE. [Note : Chiarrée : Ville du royaume de Foirance. [NdA]]Avec moi prisonnier dans Chiarée en flamme, Tu vis, mon bon ami, ce qu'on fit à ma femme. MERDILLON. J'avais la goutte aux mains ; je ne pus les punir. PUPUTANT. Et moi père et coiffé, je ne pus pas mourir.Veille du haut des cieux, Sterculus que j'implore,Sur mes autres enfants, s'ils sont chiants encore. Mon dernier fils, ma fille, avec soin emballés,Et pour tourner la broche à coup sûr réservés,Loin d'un père accablé furent dans une hotteTransportés, m'a-t-on dit, dans ce dépôt de crotte. MERDILLON. Il est vrai : dans l'horreur de ce péril nouveau, Voyant de votre fille intercepter l'anneau,Vainement accouru, je criais à sa bonne :Dans le tuyau des lieux cachez cette pouponne.Nos vainqueurs furieux, sacrant, jurant, crottant,Vinrent nous l'arracher malgré ses cris perçants. Votre plus jeune fils, à qui les destinéesN'avaient fait jour au cul que depuis quatre années,Trop capable déjà de sentir son malheur,Fut dans Salopéem conduit avec sa soeur. NÉFLAIRANT. De quel ressouvenir mon âme est déchirée ! À cet âge fatal j'étais dans Chiarée ;[Note : Fange : Boue, bourbe. Par extension et poétiquement, pays marécageux. Fig. Ce qui souille comme fait la fange ; bassesse, abjection. [L]]Et tout couvert de fange, attaché comme un chien,On me fit suivre ici le sort foirancien. PUPUTANT. [Note : Les gens de qualité appellent Crotance la même ville que le peuple nomme Crotine. [NdA]]Vous, Seigneur, élevé dans les murs de Crotance,Hélas ! De mes enfants auriez-vous connaissance ? Ils seraient de votre âge ; et peut être mes yeux.... Il aperçoit l'anse au collier de Caquire.Quel ornement, Madame, analogue à nos lieux ?Depuis quand l'avez-vous ? CAQUIRE. Depuis que ma nourriceMe dit : je te la donne, au lit si tu ne pisse[s]. PUPUTANT. Daignez la confier à mes tremblantes mains. CAQUIRE. De quel trouble nouveau mes boyaux sont atteints !Seigneur, vous la baisez ! PUPUTANT. Oh ! Trop chère faïence !...Mes yeux, n'abusez point ma timide espérance.[Note : Idem vers 611, Zaïre de Voltaire.]Serait il bien possible ?.... Oui, c'est elle, je voisUn reste de plus fine empreinte de mes doigts ; C'est le débris du pot de chambre de Madame,Présent qu'au lit de noces, elle obtint de ma flamme ;Pot tant de fois rempli, par mes aïeux surtout,Après ces grands repas qu'on nomme à chier partout,Et qui de nos enfants ornait toujours la tête, Les jours de médecine où leurs culs faisaient fête.Je me lâche.... Ah ! je crains quelque débordement. CAQUIRE. Quelle démangeaison je sens au fondement !Des fourmis... PUPUTANT. Dans l'espoir dont j'entrevois les charmes,Mon derrière abusé rend-il de vaines larmes ? Non, non, j'espère en toi, puissant dieu Sterculus :Ce sont là de tes coups en faveur des bons culs.Achève de changer ma triste destinée !...Quoi ? Madame, en vos mains cette anse est demeurée ?Quoi ! Tous les deux captifs en ce même palais ? CAQUIRE et NÉFLAIRANT, tous deux à la fois. Oui, Seigneur. PUPUTANT. De leur mère ils sont les vrais portraits.Deux pets ont beaucoup moins entre eux de ressemblances.Mon coeur ne suffit pas ; mon cul perd contenance.Madame... Néflairant, soutiens-moi, Merdillon ;Si ce n'est déjà fait, j'en perdrai la raison. Néflairant, auriez-vous certaine cicatriceDont mon fils fut marqué par une main novice,Qui voulant lui donner un lavement tout chaud,Enfonça la canule un bon pouce trop haut ? NÉFLAIRANT. Oui, voyez la, Seigneur ; elle n'est pas fermée : [Note : Cautère : Agent chimique ou corps brûlant dont on se sert pour désorganiser une portion des tissus organiques, et la convertir en eschare. [L]]C'est un cautère à merde. PUPUTANT. Oh ! L'heureuse journée !Et comment exprimer le plaisir que je sens ? NÉFLAIRANT. Moi ! Son fils ! CAQUIRE. Moi ! Sa fille ! PUPUTANT. Approchez, mes enfants. Ils se jettent à genoux. NÉFLAIRANT. Il chie, et c'est pour nous. Je ne me sens pas d'aise. CAQUIRE, l'embrasse tout le tour à la hauteur du cul, en tournant sur ses genoux sans se lever. Par devant, par derrière, il faut que je le baise. PUPUTANT. De vos bras, mes enfants, je ne puis m'arracher. CAQUIRE. De votre cul mon nez ne peut se décoller.Je m'y pâme. PUPUTANT, se baisse et regarde Caquire à travers ses jambes. Ah ! Ma fille ! NÉFLAIRANT. Ah ! Nouvelles alarmes !Elle se trouve mal... que faut-il ? PUPUTANT. [Note : Eau des carmes : Eau de mélisse des carmes, ou Eau des carmes, alcoolat de mélisse composé, dont on attribue l'invention aux carmes. [L]]L'eau des carmesEst le seul élixir en cette occasion Dont il faille employer à temps l'injection. Caquire revient.Je vous revois enfin, ma merdeuse famille,Mon fils, mon héritier... si ce n'est pas ma fille. Il sent de tous côtés.Mais dissipez ma crainte... Une certaine odeur...N'est-il point parmi vous de cul faux monnayeur ? Toi qui seul as réglé sa conduite douteuse,Hasard qui me la rends, me la rends-tu foireuse ? CAQUIRE, d'un air timide avec une révérence. Je ne puis vous tromper : sous la loi cucumane ,Sauf votre respect, je crottais comme un âne. PUPUTANT. Que sa crotte en carreaux n'éclate que sur moi. Ah ! Mon fils, à ces mots j'eusse expiré sans toi.Grand Dieu ! J'ai digéré cinquante ans avec gloire ;J'ai fait fumer ton temple et d'encens et de foire.Depuis... dans un cachot privé de mes enfants,Forcé de chier dur, je comptais sur leurs flancs ; Et quand je vois ma fille après tant de tempêtes,[Note : Broquette : petit clou à tête large. [Larousse]]Je la trouve... à quoi faire ?... à chier des broquettes.Je suis bien malheureux. C'est ton père, c'est moi,C'est ma prison qui met ton cul en désarroi.Ma fille, tendre objet de mes dernières vesses, Songe au moins, songe au jus qui coule entre mes fesses.C'est le jus de vingt rois comme moi tous foireux,[Note : Papaprel : Fameux mangeur de merde, connu pour tel de toute la France. [NdA]]Le jus de Paparel , autrefois si fameux.Oh ! Sang des demi-dieux !... Oh ! Fille encor trop chère,Connais-tu le destin de l'anus de ta mère ? Sais-tu qu'au même instant que son flanc mit au jourSa fille, qui faisait de son ventre un tambour,Je la vis empaler par la main forcenée,Par la main des brigands à qui tu t'es prêtée ?Tes frères, ces agneaux égorgés à mes yeux, T'ouvrent leurs culs sanglants, foirant du haut des cieux.Le dieu que tu trahis, Sterculus en personne,Pour toi, pour l'univers foirait à pleine tonne.[Note : Zaïre de Voltaire v.671-672 : "En ces lieux où mon bras" et "En ces lieux où mon sang".]En ces lieux où mon cul fit entendre sa voix,En ces lieux où ma main le torchait des cinq doigts, Vois ces murs emplâtrés jusque sous les fenêtres :Tout annonce qu'ici foirèrent tes ancêtres.Tourne les yeux, et vois la tombe aux étrons frais ;C'est ici la montagne où l'on venait exprèsRendre aux étrons morts-nés les honneurs funéraires : C'est là qu'aux culs rétifs on donnait des clystères.Tu ne saurais marcher en ce triste canton,Tu n'y peux faire un pas sans fouler un étron ;Et tu n'y peux rester sans renier ton père,Et faire à ton honneur une indigne gouttière. Elle se jette dans ses bras.[Note : Zaïre, v.683 : "Je te vois dans mes bras et pleurer et frémir ;".]Je te vois dans mes bras frétiller et pâlir :La merde en ton rectum commence à s'amollir :La vérité sur toi descend à fesse nue, Elle pète trouble.Se fait entendre au point que ton cul éternue ;Et je trouve ma gloire et ma félicité À la porte du trou que j'ai cru gangrené. CAQUIRE. Le repentir atteint mon plus bas périgée,Et de ma pièce après la moelle est allongée.Mon dîner, je le sens, tombe en eau de boudins,Et dispute le pas aux plus anciens crottins. NÉFLAIRANT. Achevez donc, ma soeur. CAQUIRE. Qu'exige-t-on, mon frère ? PUPUTANT. Que tu foires, ma fille, autant que père et mère.Bientôt ton cul sera couronné de lauriers. CAQUIRE. Vous voulez donc, mon père, en faire un moutardier ! PUPUTANT. Oui, oui, ma fille, il faut que ton ventre s'exerce, Mais dans le sens qu'il doit, mais en raison inverse. CAQUIRE. Il a pris son parti... Vous le sentez déjà ; Elle désigne le local avec son doigt.Et si vous en doutez, mettez votre doigt là. SCÈNE IV. Caquire, Puputant, Néflairant, Merdillon, Crotenmain. CROTENMAIN. [Note : Soudan : Nom qu'on donnait jadis à de certains princes mahométans, et particulièrement au souverain d'Égypte. [L]]Madame, le Soudan m'ordonne de vous direD'aller chier plus loin. Allons, qu'on se retire. De ce cas de foireux je dois vous séparer ;Sans tortiller du cul, marauds, il faut marcher.De vous tous cul pour cul il faut que je réponde. PUPUTANT. Sur vos digestions tout mon espoir se fonde.Allons, ferme des reins. Ne nous étonnons pas. Ma fille, jupe en l'air ; messieurs, culottes bas.[Note : Bran, en style oriental, signifie merde.]Que d'un fleuve de bran nos fessiers soient les sources.La foire et le secret sont nos seules ressources. ACTE III SCÈNE PREMIÈRE. Cucumane, Crotenmain. CUCUMANE. Cesse de m'alarmer par de fausses nouvelles :Culis ne viendra point troubler ici nos selles. Ses sujets sont lassés de voir qu'en ces climatsLe soleil trop ardent dessèche tous leurs cas.Abandonneraient-ils leur foireuse patrie,[Note : Crotomanie : Maladie du pays, dans laquelle les crottins s'attachent les uns aux autres, forment une espèce de ver solitaire, dont la tête sort par le cul du malade, et la queue par sa bouche, et rentrent aussitôt qu'on veut saisir l'une ou l'autre.]Pour courir les dangers de la crotomanie,Et venir arroser de leur sang odieux [Note : Etronier : Porte un fruit assez semblable à l'ananas, mais qui a beau coup plus d'odeur. [NdA]]L'étronier seul arbuste ornement de nos lieux ?Non, faisant leur physique aux confins de Syrie,Ils menacent de loin les constipés d'Asie ;Et j'apprends que le roi s'éloigne de nos ports,Pour attaquer l'Egypte, où les culs sont moins forts. Contre les Merdocus son courage l'appelle :Il croit mettre aisément tous les leurs en canelle,Et cherche Merdelin, mon secret ennemi.De leur dissention mon cul a beaucoup ri.[Note : Cuba : îles sous le vent. [NdA]]Je ne crains ni Chio, ni Cuba, ni Foirance. Plus ils vont par le bas, plus s'accroît ma puissance.Trop prodigues d'un flux qu'ils devraient ménager,La source peut tarir à force de couler.Relâche le bas ventre à ceux que je délivre.Mon cul montre toujours qu'il a du savoir-vivre. [Note : Pot de chambre : Voiture de la cour. [NdA]]Je veux qu'en pot de chambre on les mène à leur roi,Que Culis me respecte et connaisse ma foi.Rends-lui son Puputant, dis lui que je lui donneUn anus qui lui seul vaut plus que sa couronne.Celui que par deux fois mon père avait vaincu, Il fait un signe relatif.Et celui qu'en mon camp j'avais fait... M'entends-tu ? CROTENMAIN. Oui, Seigneur, mais craignez que pareilles largesses,Que son nom toujours cher... CUCUMANE. Va, je m'en bats les fesses,Et n'en fais pas le fin... Caquire l'a voulu.Si j'avais la clef de ce vieux cul, Peut être qu'à son tour à la vengeance prête,Elle aurait mis néant à pareille requête.J'ai cru m'apercevoir déjà même à l'odeur,Que son camard avait pris tant soit peu d'humeur,Sachant que j'avais fait mettre double serrure Aux culs dont j'avais lieu de suspecter l'allure.Mon conseil embourbé dans ces détails puants,M'a fait à bavarder perdre beaucoup de temps.D'une heure, malgré moi, mon hymen se diffère.Que j'emploie du moins ces moments à lui plaire. Elle veut dos à dos avoir un entretienAvec son Néflairant. CROTENMAIN. Mais y songez-vous bien ?La poudre auprès du feu... CUCUMANE. Je le sais, mais qu'y faire ?Quand un fessier femelle a parlé, faut se taire.Et puis il part demain ; mon ami penses-tu Que la veille il entame une affaire de cul ?Je brave du sérail la contrainte odieuse ;Tellement que pour plaire à ma belle foireuse,S'il fallait renvoyer tous mes eunuques noirs,Je m'en rapporterais à ses seuls réservoirs. Oui, mon derrière a beau ne chier que des briques,Il est loin d'adopter les goûts asiatiques.Né sur le mont Crotas, des Chites mes aïeux,Il a les sentiments et le ton généreux...Va : le foireux attend ; tu pourras l'introduire, Pour faire ses adieux à l'anus de Caquire. SCÈNE II. Crotenmain, Néflairant. CROTENMAIN. Vous venez à propos, Caquire va passer. NÉFLAIRANT. J'aurai peut-être bien un moment pour pisser. Il va se mettre en posture au coin du théâtre. SCÈNE III. NÉFLAIRANT, contre la muraille. En quel état ! â ciel !... â nature !... â faiblesse !En quel état ma soeur !... En quels lieux je la laisse ! SCÈNE IV. Caquire, Néflairant. NÉFLAIRANT, finissant sa besogne. Je suis à vous, ma soeur, permettez d'achever...Ah ! Dans quels lieux... le sort nous fait il digérer 2Vous ne reverrez plus la croupe d'un bon père. CAQUIRE. Ciel ! NÉFLAIRANT. La Parque a coupé le fil de son derrière.La joie, en vous voyant, a trop fort détendu Le ressort qui renvoie le sang du coeur au cul ;Et cette émotion dont son âme était pleine,A de son sac à merde atteint la mère veine.Ciel ! Pour comble d'horreur, il doute en ce momentSi votre cul s'apprête à chier rendement. Il meurt dans l'amertume, et d'une âme incertaine,Demande en soupirant l'état de cette gaine. CAQUIRE. Quoi ! Je suis votre soeur, et vous pouvez penserQu'à la selle autrement que vous je puisse aller ;Que mon cul fermant l'oeil à ce trait de lumière... NÉFLAIRANT. Ah ! Ma soeur, il est borgne : il faut bien qu'on l'éclaire.Vous avez bon besoin de voir purifierLe dedans, le dehors, enfin tout ce quartier.Jurez par nos malheurs, jurez par ma famille,Par ce que doit avoir de plus cher une fille, Que vous êtes soumise à souffrir aujourd'hui[Note : Pertuis signifie trou en vieux style. [NdA]]La réparation qu'il faut à ce pertuis. CAQUIRE. [Note : Zaïre de Voltaire, v.792 : "Oui, je jure en vos mains, par ce dieu que j'adore,"]Oui, je jure en vos mains toutes pleines de merde,J'en jure par l'amour que l'on veut que je perde ,J'en jure par l'endroit dont on craint l'ouragan , De faire, quoi ? ... dis donc... NÉFLAIRANT. De prendre un lavement,De redoubler la dose, et la tripler peut-être,De le rendre, s'il le faut, au nez de votre maître ;Toujours le cul ouvert, de vous prêter à tout,D'en faire comme nous un véritable égout. Mais, que dis-je, ma soeur ? Moins instruit que fidèle,Le mien tout bonnement sait pousser une selle.Je n'ai rien que du zèle, et suis loin du savoirQu'il faut pour diriger un pareil entonnoir.Un habile docteur, à travers sa canule, Va venir observer les phases de ta lune,L'ajustera si bien, qu'à ton intérieurIl rendra d'un seul jet sa première fraîcheur.Il a certaine fiole ; il a certaine essenceLaxative au-dedans, dont elle est l'excellence, Qu'une goutte suffit pour blanchir, mettre à neufUn cul, fût il plus noir que le crêpe d'un veuf.Pour parler clairement, c'est un apothicaire.Dis... Ne pourrais je pas, en portant ta lumière,Lui servir de commis par ta protection, Rentrer, être témoin de l'opération ?Mais à qui s'adresser ?... C'est là le difficile.Au Soudan... Fi, ce nom seul échauffe ma bile.Parente de Culis, fille de Puputant,Demander une grace... au cul d'un musulman ; Et mettre en jeu le tien... qui peut-être, je gage...Qui... crois-moi, ne m'en fais pas dire davantage. CAQUIRE. Achève-donc, cruel ; tu me trouves cent fois,Cent fois plus que je n'ai de merde au bout des doigts.Mon frère, prends pitié d'une déconstipée, Par le coeur, par le cul, par la tête égarée.La foire est en chemin. J'attends avec ardeur,La fiole en question et mon opérateur.Non, je ne serai point indigne de mon frère,De mes aïeux, de moi, du cul de feu mon père. Mais parle à ta Caquire , et né lui cache rien, : § ,Où met-on cette goutte ?... Oh ! Je m'en doute bien.Et quel serait le sort d'une dévergondée,Qui, loin de ses parents, sans fiole délaissée,D'un sultan à rebours excitant l'appétit, Aurait fait le projet de chier dans son lit ? NÉFLAIRANT. Ah ! La mort... Ah ! Mon bras, ce fer ou le tonnerre... CAQUIRE. Eh bien ! tonnez, grands dieux ; et toi, frappe, mon frère. NÉFLAIRANT. Opprobre malheureux des trous dont vous sortez,Vous demandez la mort, et vous la méritez ; Et si je n'écoutais qu'un désir de vengeance,[Note : Ganse : Cordonnet de coton, de soie, d'or, d'argent, etc. qui sert ordinairement à attacher un bouton. [L]]Et l'indignation qu'inspire votre ganse ;Si le pal trop pointu ne m'en imposait pas,Ainsi que le lacet, tour-de-col des bachas,J'irais chez ton sultan, dans ma fureur extrême, [Note : Les Turcs en portent comme ils boivent du vin par débauche. [NdA]]Arracher de son front perruque et diadème ;Puis enlevant le sceptre à ses débiles mains,L'enfoncer dans son cul... crever ses intestins ;L'en retirer trempé de sang et de plus fine,Pour percer de cent coups ta coupable poitrine ; De là, sans le saucer de nouveau dans l'anus,L'avaler tout entier comme une asperge au jus.Peut-être en ce moment... ton père, hélas ! Expire...Combien la peau du cul à ton aspect me tire ! CAQUIRE. Arrête, méchant frère, arrête , épargne-moi : L'anus de ta Caquire est digne encor de toi.Peux-tu bien le classer dans le rang des perfides ?Il serait moins sensible à des hémorroïdes.Ce reproche pour moi plus dur que le trépasPeut me faire blesser... D'un petit cervelas Que n'avais-je un étron au moins dans chaque oreille ,Le jour que le Sultan, pris du jus de la treille,Pour la première fois vint me parler amour,Rôder autour du pot, berceau de mon grand tour.Qui ne l'aurait aimé ?... Je suis bien excusable. Il disait, il faisait tout d'un air agréable.Il me souvient toujours du bouquet qu'il m'offrit,[Note : Gratte-cul : Le fruit du rosier et, en particulier, de l'églantier ou rosier sauvage. [L]]Formé de gratte-cul, mêlé de pissenlit,Et le tout renoué d'un beau ver solitaire.Qui ne l'aurait aimé ? N'est ce pas lui, mon frère, Qui me procure ici, surpassant mon espoir,Le bonheur de sentir de près ton dégorgeoir ?Pardonne... ton courroux... mon père... mes deux fessesSont autant de bourreaux pour punir mes faiblesses. Elle le montre du doigt.Vois par le soupirail... vois mon intérieur : Tout n'est que foire, ennui, repentir et douleur. NÉFLAIRANT. Je te blâme, et te plains. Sois pourtant éloignéeDe jeter par dépit manche après la cognée.Je pardonne dans toi ces combats odieux,Dont tous les résultats, après tout vont aux lieux. Sterculus apaisé par ton foireux hommage,Aux portes de ton cul fera cesser l'orage ;Il ne souffrira pas qu'un ventre humilié,Enfante avec douleur rien de pétrifié.Lanodin lavera jusqu'au moindre viscère. Pour ton palais d'en-bas ce sera bonne chère.Achève donc ici le serment commence ;Jure par tous les traits du visage sans nez,Promets au roi Culis, à l'Europe, à ton père,De ne te pas permettre un seul jeu du derrière, Avant que le docteur Visautrou n'aye misTon ventre sur le ton de tous ceux de Palis,Avant qu'en ma présence il ne t'aIe fait faireUne pinte de merde, encor de la plus claire.Pour la première fois ce n'est pas trop, ma soeur. Au moins puis-je y compter ? CAQUIRE. Oui, foi de cul d'honneur.Va fermer la paupière à celui de mon père,Et le mien désormais sera ta tabatière. NÉFLAIRANT. Je te quitte, ma soeur. Que le bouchon des lieux,Témoin de tes sermens, le soit de nos adieux. Je reviendrai bientôt précédé du clystère,En observer l'effet, et juger la matière. SCÈNE V. CAQUIRE, seule. Me voici tête à tête avec toi, mon cher cul.Parle-moi nettement... Qui suis je ?... Et que veux-tu ?Suis-je en effet foireuse, ou crottante sultane, Fille de Puputant, ou femme Cucumane,Déconstipée ou non ?... Beaux étrons que j'ai faits,Hélas ! Vous n'aurez plus de frères.... non, jamais....Foirine ne vient point. Dans ce désordre extrêmeMon bas du dos, je gage, a pris le teint bien blême. Pourra t il supporter , seul et privé d'appui,D'une indigestion le fluide et l'ennui,Passer si promptement de la crotte à la foire,Renoncer à fournir le manger pour le boire ?Cher amant, ce matin l'aurAis-je pu prévoir , Que tantôt mon anus serait un arrosoir ?Moi qui de tant d'ardeur justement possédée,Croyais avoir au cul un feu de cheminée,Qui trouvais du plaisir à digérer parfoisDes zestes, qu'on eût pris pour coquilles de noix. Hélas ! Tu les aimais... Et crotter est un crime ! SCÈNE VI. Caquire, Cucumane. CUCUMANE. Madame, haut le cul. Le beau feu qui m'animeNe saurait plus souffrir aucuns retardements.Sur l'autel de l'hymen les étrons sont fumants :Leur parfum se répand et remplit la mosquée. [Note : Dieu adoré à Crotime. [NdA]]Du dieu CROTOCUSEC la puissance invoquéeMe promet pour enfants les plus jolis crottins :Nos prêtres empressés en seront les parrains.Troussez-vous, et bientôt vos superbes rivalesVont confesser partout vos fesses sans égales... Trop heureux de les voir, bien plus de les servir,Tout mon peuple à genoux demande à les sentir.Le coton, le bassin, et les lieux à l'anglaise,Tout est prêt... moi de même. CAQUIRE. Ah ! Ne vous en déplaise,Je suis trop malheureuse... et mon postérieur... CUCUMANE. Est à croquer. CAQUIRE. Pas tant. CUCUMANE. Que dites-vous ? CAQUIRE. Seigneur... CUCUMANE. Gardez-vous d'écarter, plus qu'il ne faut, la fesse. CAQUIRE. Hélas ! C'est bien l'endroit par où le bas me blesse. CUCUMANE. Que j'aime à triompher de ce tendre embarras !Combien il me promet de beaux crottins ! CAQUIRE. Hélas ! CUCUMANE. Ce trouble à mes désirs la rend encore plus chère.D'un cul novice encor c'est bien le caractère.Digne et charmant objet, recevez en cadeauL'anus de mon aïeul ; qu'il vous serve d'anneau :De votre doigt mignon ce sera la parure. CAQUIRE. Combien vous me gâtez ! Je suis, je vous le jure,Confuse avec raison de cet excès d'honneur,De sentir que mon cul est votre confiseur.Non, je n'ai point cherché, par l'orgueil abusée,Et l'aisance et l'éclat de la chaise percée. [Note : Hottentots : Qui est relatif ou qui est propre à un peuple pasteur et nomade de l'Afrique du Sud-Ouest. [CNRTL]]Seule dans un désert, comme les Hottentots,Je me fus avec vous fort bien passé de pots.Dédaignant tous les noms que la fortune invente,J'aurais de votre cul été l'humble servante,Sa sage-femme enfin dans les accouchements Des enfants qu'un époux fait à l'aide des dents.Mais, Seigneur... ces foireux... leurs besoins... CUCUMANE. Fi, Madame,Et qu'a donc de commun leur merde avec ma flamme ? CAQUIRE. Puputant accablé d'ans et d'infirmités,Va nous faire chanter l'hymne des trépassés. CUCUMANE. Que me fait la chanson ?... Quel intérêt si tendreAu cul d'un Foirantin votre nez peut-il prendre ?Vous ne fûtes jamais tous deux du même bord : Le vôtre sent le musc, et le sien sent le fort.Un vieillard qui succombe est dans l'ordre des choses. Enterré, tout est dit... Quelles sont donc les causesQui peuvent prolonger d'inutiles regrets ? CAQUIRE. À part.Je ne sais que lui dire... Balbutiant.Ah ! C'est... pourtant... si... maisSeigneur, si vous m'aimez, si jamais vos culottes[Note : Cotte : Jupe de paysanne, plissée par le haut à la ceinture. Cotte de serge. [L]]Prétendent à servir de doublure à mes cottes, Permettez que des noeuds.... noeuds à demi formés.... CUCUMANE. Caquire, rêvez-vous ?... Est-ce vous qui parlez ? Et par où, s'il vous plaît ?... Jamais votre derrière... CAQUIRE, tremblante. Seigneur, il est affreux pour lui de vous déplaire.Mais malgré son penchant, et malgré mon respect, Je ne vous réponds plus de chier toujours sec.Il est de certains temps... par exemple, la mue...J'en dis trop... Permettez que loin de votre vue,Déplorant ses écarts, mon amour, vos ennuis,J'aille cacher mon cul et l'état où je suis. SCÈNE VII. Cucumane, Crotenmain. CUCUMANE. Le diable à tout ceci ne saurait rien comprendre.C'est du haut, c'est du bas, c'est du dur , c'est du tendre.Pour mal faire, on le voit, le ravin des étronsChez les femmes toujours s'agite en cent façons.Refuser de crotter quand mon hymen s'apprête ! En vérité, mon cher, ce caprice m'hébète. CROTENMAIN. Vous dérangez en plein tout cet intérieur,Et puis vous vous plaignez de son ventilateur ;De vos torts, de vos faits, peut-elle être garante ? CUCUMANE. Pourquoi vient-elle donc de prendre la courante ? Si c'était ce foireux... Ah ! Ventre, ah ! Tête, ah ! Mort ![Note : Rectum : Principal boyau qui dessert l'anus. [NdA]]Quel soupçon... douloureux... Dieux ! Mon rectum se tord.Un barbare, un esclave, aurait l'impertinenceDe vouloir de son cul déranger la cadence ;Et le mien désormais n'offrirait plus qu'un front Où le bois pousserait plus vite qu'un étron...Mais toi qui te trouvais en face de ses fesses,Qui pouvais observer leurs moindres gentillesses,N'en est-il rien sorti qui trahisse ses feux ? CROTENMAIN. Seigneur, il est bien vrai que de l'endroit goûteux Il a filtré des eaux, autant que je puis croire,Qu'on peut à la rigueur prendre pour de la foire,Encore fallait-il en consulter l'odeur. CUCUMANE. Ce sont larmes d'amour.... CROTENMAIN. Ou de merde, Seigneur. CUCUMANE. Mais pourquoi supposer ma Caquire infidèle ? Elle eût avec plus d'art au loin porté sa selle,Peut-être l'aurait su garder jusqu'à demain,Au moins escamoter le plus clair dans sa main.Garde-toi, s'il te plaît, de croire que ma belleVeuille faire tirer son derrière en bouteille. Au surplus, ce n'est pas au nez d'un confidentA pénétrer jamais dans nos culs trop avant...Cependant, m'as-tu dit, sa petite embouchureSemblait donner passage à certaine présure ?...Bon... L'amour est enfant : il faut lui pardonner Les pleurs, par quelque endroit qu'il les veuille verser.Et qu'ai-je à redouter d'un foireux de la trempeDe celui qui demain au point du jour décampe ? CROTENMAIN. N'avez-vous pas permis qu'en dépit de nos loisLeurs cuis pour leurs adieux mêlent ici leurs voix ? CUCUMANE. Qu'ils s'y frottent... Ah ! Parbleu, oui, je le leur conseille :C'est où je les attends... jamais scène pareille.Je fais voler leurs têtes, et c'est-là mon début.Je tire de mon cul pour ces boules un but ;Et nous, jouons ensemble à qui pourra l'atteindre. Je m'égare, mon cher... Que mon cul est à plaindre !Que le sien est barbare , et prend un mauvais ton !Pourquoi ne sus-je pas y mettre un bon bouchon ?...Ne crois pas plus longtemps qu'en sottises fertile,Je m'amuse près d'elle à faire l'imbécile, À la prendre, quitter, reprendre à tout moment,Selon le froid, le chaud, comme on se sert d'un gant.J'aime mieux, conservant la dignité d'un maître ,Sans tant de compliments enfin l'envoyer paître.Allons, que le sérail se ferme sans éclat, Comme un cul de poltron à l'instant du combat.Que tout ressente ici le frein de l'esclavage.Le mieux cadenaté toujours est le plus sage.Suivons l'usage ancien des rois de l'Orient.Un cul libre finit par être un impudent. C'est être aussi trop dupe, en craignant sa maîtresse,Que lui laisser la clef de son grenier à vesse.Ce sexe peut porter la culotte à Paris,Mais ici le jupon à peine est-il permis. ACTE IV SCÈNE PREMIÈRE. Foirine, Caquire. FOIRINE. Que je vous plains, Madame, et que je vous admire ! Votre cul cependant ne sait pas trop qu'en dire ;Entre les deux partis il demeure incertain.L'âne de Buridan ainsi mourut de faim.Croyez-moi, renoncez à la merde en praline ;Oubliez le Soudan. CAQUIRE. Le pourrai je, Foirine ! Le proverbe est trop vrai, quiconque a bu, boira ;Et de même, quiconque a crotté, crottera.Sans appui... sans parents... FOIRINE. À défaut de famille,Comptez sur Sterculus... Vous deviendrez sa fille.Abandonnerait-il un derrière orphelin, Dont le jeu peut bientôt faire aller un moulin ?Qui venant d'abjurer un usage profane... CAQUIRE. Ah ! J'ai porté la mort au cul de Cucumane ;J'ai trahi mon amant. Hélas ! Quel crève-coeur !La fistule à l'anus serait moindre douleur. Mon frère, sans tes loiS j'eusse été trop heureuseDans le rang élevé de sultane crotteuse ;Partageant les honneurs du souverain pouvoir,Seule j'aurais joui des faveurs du mouchoir.Il m'en aurait jeté par jour demi-douzaine ; [Note : Vesse : Vent qui sort du corps sans bruit. [L]] Elle vesse.Et même pour torcher un endroit.... dont l'haleine... FOIRINE, se bouchant le nez. Vous exhalez ici des regrets superflus,Des soupirs concentrés, trop longtemps retenus.Ne vous rebutez pas si près de tant de gloire.Vous allez triompher. CAQUIRE. Belle fichu victoire Que se battre soi-même ! Inhumaine vertu,De quoi t'avises-tu de te mêler d'un cul ?Non, tu ne connais pas ce que je sacrifie,En grandeur, en plaisir, pour ta dysenterie.Jeune et novice encor, mon innocent fessier, Si voisin du bonheur... devenir un bourbier !...J'offre au dieu Sterculus des peines si cruelles ;Je lui dis : prends pitié de mes tristes jumelles.Tu sais sans contredit que le plus résoluDe tous mes instruments, est celui de mon cul. Ou chasse de mon coeur le petit sans culotte,Ou souffre qu'à son gré je fasse quelque crotte.Après tout, si l'amour est un fruit défendu,Qui de nous deux a tort ?... Pourquoi le créas-tu ?Mais tandis que je fais cette vaine prière , Le Sultan m'apparaît, montrant son hémisphère ;Et le mien tout en feu prenant le mord aux dents,Se confond avec lui dans ses embrassements.[Note : Zaïre de Voltaire, v. 1071 : "Eh bien ! Race des rois, dont le ciel me fit naître,".]Eh bien, race de rois dont le sort m'a fait naître,Mettrez-vous à présent vos culs à la fenêtre ? Lancez-moi tous vos pots remplis de cacahaut,Pour foudroyer mon coeur, qu'ils servent de carreau.Mais du moins qu'en mourant la main qui me fut chèreVienne avec mon linceul me coudre le derrière.Que fait-il cet ingrat ?... Il ne s'informe plus Si je digère ou non... Tous mes cas sont perdus...Il s'occupe de moi comme de l'an quarante. FOIRINE. Vous occupez-vous mieux, Madame, de la fenteDont un dieu bienfaisant a si fort protégé ?... CAQUIRE. Eh ! Qu'il laisse chier les amants à leur gré. Nos culs sont-ils donc faits pour être sa victime ?Qu'il s'en rapporte à nous pour régler leur régime.Celui de mon sultan, net, blanc, des mieux fendus ,S'il foirait à plein trou, que serait il de plus ?Et plût au ciel cent fois que ton apothicaire Eût enfilé déjà ma route de derrière :Ce serait chose faite : on sait bien, après tout,Qu'une fois avalé, morceau n'a plus de goût.Qu'il vienne : mon anus ne fera point la mine ;Il est prêt d'essayer ta nouvelle cuisine. Pourtant je ne sais quoi sans cesse ici me dit,Et me redit tout bas, qu'avec un peu d'espritLe docteur pourrait bien m'injecter de manièreQue moitié restât dure et l'autre sortît claire ;Alors, mon frère et moi, mon cul et mon amant, Tous quatre nous aurions notre compte ; et vraiment,En donnant au Soudan le plaisir d'être père,Je pourrais aux captifs servir ici de mère.Foirine, tu le sais, ce puissant SaladinQui ravit à mon sang le sceptre et le bassin, Qui comme mon amant chiait des pyramides,Tétait un cul connu pour faire des liquides. FOIRINE. Le vôtre doit sentir qu'en cette occasion... CAQUIRE. Va, mon cul ne sent rien, au moins rien de bien bon,Cucumane un moment le flaire et le caresse, L'instant d'après le boude ou traite de jean-fesse.Je voudrais quelquefois tomber à ses genoux,Lui dire : je ne peux plus chier comme vous,Et le lui bien prouver, en montrant ma chemiseTeinte nouvellement de liqueur jaune et grise. FOIRINE. Ce serait exposer nous et votre crédit.Ah ! Gardez-vous-en bien comme de chier au lit. CAQUIRE. Non, si tu connaissais à quel point il m'adore... FOIRINE. Raison pour empêcher que la boite à PandoreS'ouvre sous vos jupons pour tout autre que lui. CAQUIRE. Quoi ! Jusques à l'amour, ici tout m'aura nuit ! FOIRINE. Madame, le docteur bientôt va vous apprendreQue ce qu'on trouve bon à prendre l'est à rendre. CAQUIRE. J'ai promis... Mes parents, vous serez satisfaits ;Oui, je l'avalerai, comme on gobe un oeuf frais Se donnant de petits coups sur la fesse.Courage, mon lutin, suivons nos destinées. SCÈNE II. Cucumane, Caquire. CUCUMANE. Madame, il fut un temps où mes fesses charméesEsclaves de vos goûts, à l'endroit, à l'envers,Se faisaient un plaisir de chier de travers.Je croyais être aimé, Madame ; et votre maître, Digérant à vos pieds, devait s'attendre à l'être.Vous ne m'entendiez point, amant faible et jaloux,Menacer de ceinture, ou parler de verrous,Cruellement berné, mais trop fier, je vous jureQue je ne voudrais pas de vous, même en peinture ; Et viens vous déclarer, que de tous vos cacasJe ne donnerais pas, même des assignats.Ne vous préparez point à duper ma tendresse,Par des étrons bâtards enfants d'une autre fesse ;Et marquant les écarts de votre indigne cul, À m'offrir pour figuette un pareil puits perdu.J'éprouvai vos refus, et j'en connais les causes.Enfin j'ai découvert à temps le pot aux roses.Madame, c'en est fait, une autre va crotterDans le pot que ma main daigna vous présenter. Une autre aura bon nez, et va du moins connaîtreDe quel prix un fessier sur le trône doit être.Il pourra m'en coûter ; mais mon coeur s'y résout.Apprenez que mon cul est capable de tout ;Que j'aime mieux vous perdre, et loin de votre vue Ramasser un étron de chienne à chaque rue,Qu'en avoir cent de vous. S'il faut de votre anusQu'il en échappe un seul, qu'on puisse dire intrus.[Note : Moutardelle : Espèce de raifort que l'on mange quelquefois râpé, avec la viande. [L]]Allez, jamais du mien vous n'aurez moutardelle. CAQUIRE. Vous me cherchez , Seigneur, une injuste querelle. Mais puisque ç'en est fait, que mes crottins perdus...Puisqu'enfin il est vrai que vous ne m'aimez plus... CUCUMANE. Il est bien vrai du moins que j'en serais capable ,Si mon cul peut jamais devenir raisonnable.Que le vôtre est ingrat !... Des plus mal élevés ; [Note : Ce qui s'exécute avec une fiole de chocolat qu'elle renverse. [NdA]]Que c'est un vrai marais !... Caquire, vous foirez ? CAQUIRE. Oui, Seigneur, j'en conviens ; mais aussi veuillez croireQu'une seule frayeur me donne ici la foire :C'est celle de vous perdre, et le sort l'a voulu.Mais si vous connaissiez bien le fond de mon cul, Si pour y pénétrer une porte cochèreVous laissait approcher de mes étrons l'ovaire,Que vous seriez surpris, que vous seriez flattéDe voir que votre image est empreinte à côté ! CUCUMANE. Vous m'aimez ? Pourquoi donc, pourquoi vous faire gloire De me percer le coeur, d'en faire une écumoire ?Vous m'aimez ?... J'en doutais si fort, que j'ai vouluRenvoyer mon amour à coups de pied au cul.Je me connaissais mal dans ce dépit extrême,Croyant qu'on se sépare ainsi de ce qu'on aime. Combien mon coeur est loin de ce fatal pouvoir,De celui d'oublier ton charmant entonnoir !Puisse plutôt cent fois la colère célesteMe boucher le gosier, le nez, le cul, le reste,Que de donner la force à ton perfide amant De quitter comme un sot tes timbales !... Comment ?Va, je n'en eus jamais la fatale pensée,Pas plus que le désir de prendre la diarrhée.Moi, ne te plus aimer ! Ah ! J'en ai bien menti.[Note : Houri : Nom de beautés célestes qui, selon l'Alcoran, seront dans le paradis les épouses des musulmans fidèles. Fig. Femme très attrayante. [L]]Cesser de t'adorer !... Ma divine houri, C'est la chose impossible ; et mon fessier radote :C'est le dernier chagrin que te fait ma culotte.Je t'aimerai toujours , du moins aussi longtempsQue le ciel à mon cul voudra bien donner vent.Te voir est le moment le plus doux de ma vie : J'excepte néanmoins le moment où je chie.Si tu sens pareils feux à tes pommes d'apis,Pourquoi faire deux pots ? Pourquoi faire deux lits ?Serait-ce un artifice, une coquetterie ?C'est bien du temps perdu quand on est si jolie. Épargne-toi, ma chère, un inutile soin.L'art n'est pas fait pour toi ; tu n'en as pas besoin :Il convient tout au plus à ces femmes ridées,Dont les joues d'en haut et d'en bas sont fanées.Ton cul, astre naissant de mes commodités, Ne peut être éclipsé. Cucumane remet un bouton. Caquire croit qu'il se déculotte , et tourne la tête. CAQUIRE. Quoi ! Seigneur, vous baissezLe pont levis !... Gardez pour quelque nez plus digneLe bonheur de pêcher vos étrons à la ligne. CUCUMANE. Ciel ! Expliquez-vous donc. Quoi ! Toujours des refus ! CAQUIRE. Mon derrière est muet, et n'en dira pas plus. CUCUMANE. Quel étrange secret me cachez-vous, Caquire ?Est-il quelque foireux qui contre moi conspire ? CAQUIRE. S'il existait au monde un pareil scélérat,De quelque pays qu'il fût.... seulement qui osâtÀ quatre doigts du cul vous regarder en face, Elle montre du doigt le bas de son dos.Je la garantirais... et voilà sa cuirasse.On ne vous trahit point ; moi seule en ce momentPeux courir des dangers... suis à plaindre... CUCUMANE. Eh comment ?Nommez-moi l'insolent qui vous cherche querelle,Et je vais lui crever au moins l'oeil sans prunelle. CAQUIRE. Souffrez qu'à vos genoux je demande en tremblantUne grâce bien chère au trou qui vous plaît tant. CUCUMANE. Une grâce !... Ah ! Parbleu ce n'est pas là le terme.Votre cul doit ici commander fort et ferme. CAQUIRE. En vérité, Seigneur, mon derrière est confus. Vous le gâtez... Eh bien , souffrez que sans abus ,Seul, s'écartant un peu des règles ordinaires,Il s'aille recueillir pour faire ses affaires.Demain vous aurez place ; et vous saurez pourquoi. CUCUMANE. Certes, je n'irai point y crier, le roi boit. CAQUIRE. Ne me refusez pas la faveur que j'implore. CUCUMANE, à part. Son chose aurait besoin de deux grains d'hellébore. Haut.Eh bien, il faut vouloir tout ce que vous voulez,Toujours à votre cul donner nouveaux congés.Allez, mais songez bien qu'il faut qu'il se constipe, Et que le mien ici va fumer belle pipe. CAQUIRE. [Note : Zaïre de Voltaire v.1215 : "En me parlant ainsi, vous me percez le coeur."]En me parlant ainsi vous m'arrachez l'anus. CUCUMANE. En décampant d'ici, je crains quelque foetus. SCÈNE III. Cucumane, Crotenmain. CUCUMANE. Ah ! C'est trop tôt chercher, perfide, à m'en revendre ;C'est trop à contre-poil vouloir ici me prendre ; Et plus j'y pense, ami, moins je puis concevoirQue mon amour ait pris son cul pour éteignoir.D'où naissent ses chagrins ?... Elle est bien difficile.N'a-t-elle pas les lieux les plus beaux de la ville ?Toujours à pot, à rôt, traitée en mon palais, Le cul sur le bassin, la tête sous le dais,A sa porte parfois les honneurs d'un SuisseQue j'y plante moi-même... Et quel est ce caprice ?Mais d'un autre côté, n'ai je point quelque tort ?Ai-je assez de son ventre apprécié l'effort, Et le prix des baisers de son très gros visage ?Oui, tout bien combiné, c'est moi seul qui l'outrage ;Je me dédis, et vois que son cul sans détoursDe la simple nature a cru suivre le cours.Elle est dans l'age heureux où la simple innocence De dur avec le mou sent peu la différence.Je lui suis cher sans doute, et je l'ai bien connu.Par un renvoi d'amour, les Pays-bas venu,Vingt fois elle a failli, dans l'ardeur qui la touche, D'un air fier.Se tirer un étron du cul... et pour ma bouche. Qui peut avoir un ventre assez traître, assez bas,Pour feindre des besoins qu'il ne sentirait pas ? SCÈNE IV. Cucumane, Crotenmain, Merdedor. MERDEDOR. Ce torche-cul, Seigneur, d'une intrigue coupableMe paraît dévoiler la trame abominable. CUCUMANE. Où l'as-tu ramassé ? MERDEDOR. Non loin de ce palais. Entendant un foireux témoigner des regretsDe s'en être servi. .. ( par qui pro quo je pense. )| Je le laisse éloigner. .. ensuite je m'avance,Relève le papier, racle le plus épais ,Et j'y lis contre vous de coupables projets ; Sitôt je suis mon homme, et vois qu'il prend la routeQui conduit au sérail. Il y venait sans douteDire le contenu, remplacer le billet.Aidé d'un pousse-cul, je l'ai pris au collet,Et jeté dans les fers. CUCUMANE. Donne, et sors. Quel martyre ! Je ne sais où j'en suis. Hélas ! Faut-il le lire ? SCÈNE V. Crotenmain, Cucumane. CROTENMAIN. Oui, dût-il vous causer un déplaisir mortel,Vous verrez s'il lui faut frotter le cul de miel. CUCUMANE. Plus qu'à toi, mon ami, de le lire il me tarde.Mais n'est-ce point vouloir remuer la moutarde ? Un amant, un époux, souvent en pareil cas,Trouve, tu le sais bien, ce qu'il ne cherche pas. Il réfléchit un instant.Hasardons le paquet ; car après tout la crainteEst pire que le mal... Lisons : ® - J'ai fait l'enceinte.Personne ne paraît : il est temps de se voir. Il est vers la mosquée une secrète issue ,ú A gauche un automane o, sans être aperçue,Caquire, vous pourrez couronner mon espoir.Tenez vous toute prête, et la toile levée ;Car je meurs de chagrin si vous êtes manquée. ¯ Est-ce clair à présent ? CROTENMAIN. Ma foi, c'est tout de bon,Ce qu'on peut appeler merde au bout du bâton. CUCUMANE. Tu vois comme on m'ajuste. CROTENMAIN. Et vous prenez l'affaireAussi tranquillement... qu'un cul prend un clystère ;Tandis que ce matin, sur un simple soupçon, Vous faisiez au sérail un chien de carillon.Des signes d'un courroux qui n'avait point de bornesVous passez froidement au signe capricorne. CUCUMANE. Cours chez elle à l'instant, va, vole, Crotenmain ;Allume cet écrit dans son perfide sein. Comme une carpe aux oeufs qu'elle soit éventrée.Sauras-tu l'écorcher ? De sa peau foirasséeJe prétends, mon ami, faire faire un tambour :Pour battre la retraite à mon stupide amour.Attends... n'éventre pas sitôt, car je désire En donner le plaisir à l'infâme satyreQui la suit au fumet... Je veux, entends moi bien,Lui chier sur le coeur ;... je veux... je ne veux rien.Je suis prÓt à foirer dans l'excès de ma rage.Jamais poire à deux yeux... CROTENMAIN. Elle est mûre avant l'âge. CUCUMANE. Le voilà donc connu ce beau secret de culs.[Note : Crépitus : Dieu des pets, qu'adoroient les Crotans, d'après les Romains. [NdA]]Que ne l'as-tu plutôt dévoilé, Crépitus,[Note : Martel : Fig. Inquiétude, ombrage, souci. [L]]Pour m'empêcher de prendre ici martel en tête.Elle feint un besoin ; je le crois de toilette ;Je donne comme un sot dans un pareil panneau, [Note : Pétaud : Usité dans cette locution : la cour du roi Pétaud, un lieu de désordre et de confusion et où tout le monde est le maître. [L]]Et me voilà traité comme le roi Pétaud ;Et pareille pilule il faudra que j'avale !... CROTENMAIN. Non, Seigneur, tout concourt à rendre son cas sale.Son derrière est gâté : changez de parfumeur. CUCUMANE. Et c'est ce Néflairant ; c'est ce joli seigneur, Ce foireux si vanté, constipé dans Crotine,Pour tromper tous les nez... escroquer mon estime.Je l'admirais moi-même ; et mon coeur combattuS'indignait qu'un foireux eût du marc dans le cul.Ah ! Qu'il va payer cher ce tour de gibecière ! [Note : Pétaudière : Assemblée confuse, où chacun fait le maître. [L]]Mais Caquire cent fois avec sa pétaudièreEst plus coupable encor que son vil muscadin.Je pouvais la laisser à vider mon bassin,Au lieu de l'élever au rang, au bien suprême,À l'honneur de pouvoir s'en servir elle-même. Elle que j'ai reçu comme un enfant trouvé,Que je pouvais laisser chier sur le pavé,S'avise... l'avenir aura peine à le croire,De venir, à ma barbe, ici prendre la foire ! CROTENMAIN. Laissez-moi faire... Il faut que j'aille... CUCUMANE. La chercher. CROTENMAIN. Pour lui casser les bras. CUCUMANE. Non, je veux lui parler. CROTENMAIN. Hélas ! en cet état que pouvez-vous lui dire ? CUCUMANE. Deux mots : baise mon cul, coquine, et te retire. CROTENMAIN. Je prévois tout l'effet de ce beau désespoir.Vous allez, préparant votre mine au miroir, À son premier abord la surcharger d'injures,La traiter de guenon, d'ingrate et de parjure ; Il parjure.L'appeler ventre mou, coeur, anus corrompu,Et puis finir.. . CUCUMANE. Paro ? CROTENMAIN. Par lui lécher le cul.M'en croirez-vous ? Cachez le poulet à sa vue Qu'un petit vidangeur pris au coin de la rue,Le lui porte à l'instant comme l'ayant trouvé,Ou reçu de Monsieur dont son coeur est charmé. CUCUMANE. C'est bien vu. Nous pourrons démêler l'artifice...Parle-moi franchement : crois-tu qu'on me trahisse ? Allons, quoiqu'il en soit, je saute le bâton ;Avec l'amour , ami, c'est jouer pair ou non.Je veux voir à quel point une femme à mal faireDresse, quand il lui plaît, tout son train de derrière. CROTENMAIN. Seigneur, je vous connais, et me méfie bien... Tête-à-tête d'un cul... non, vous ne valez rien. CUCUMANE. À l'exemple du sien jouant la comédie,Le mien saura masquer, taire sa jalousie.Ah ! Puisqu'elle m'abaisse à connaître un rival,Je m'en vais joliment ajuster son canal. Tiens voilà le billet, et choisis pour le rendreQuelqu'un d'intelligent, et qui n'aille pas prendreSes chausses pour son cul. Pour moi, je ferai mieux ;Je fuirai son aspect, surtout l'oeil du milieu. .La fuir !... Je ne le puis ; car à la garde-robe Je l'ai fait demander. L'ingrate m'y dérobePeut-être le meilleur... Je vois un pétenlair.C'est-elle, justement... Mon cul, faisons le fier. SCÈNE VI. Cucumane, Caquire, Crotenmain. CAQUIRE, en peignoir blanc. Seigneur, vous m'étonnez. Quelle raison bizarreVous fait mander ici mon derrière à la barre ? CUCUMANE. Madame, il faut enfin montrer le fond du sac,Et ne me plus répondre et ab hoc et ab hac.Cet ordre est important... Malheureux l'un par l'autre,Ma façon de chier n'est point du tout la vôtre.Peut-être qu'en effet ce que j'ai fait pour vous En mainte occasion a pu paraître mou :Quelques étrons métis lâchés par complaisanceÀ mon ventre ont donné l'air de l'intermittence ;Et votre nez toujours à l'affût des bonbons,Crut sentir de l'amour quand c'était des étrons. [Note : Gringuenaude : Petite ordure qui s'attache aux émonctoires et ailleurs par malpropreté. [L]]Mais en feignant d'avoir au cul la gringuenaude,Comptez-vous me traiter comme l'empereur Claude !Mon amour est trop grand pour prendre sans façonDe la boulie, ou bien sauce au lieu de poisson.Votre coeur est un sot : il est temps que je lise Dans ces profonds replis. Levez votre chemise ;Ou, pour parler plus clair, sans tant de compliments,Madame, de ce cul ouvrez les deux battants.Si par quelqu'autre amant la place en était prise,Je veux que franchement l'autre bouche le dise. D'indulgence en ce cas je puis encor user ;Je me contenterai de le faire empaler ;Mais votre grâce au bout de son fer attachée,[Note : Chorée : Terme de médecine. Maladie, dite aussi danse de St-Guy, qui consiste en des mouvements continuels, irréguliers et involontaires, d'un certain nombre des organes mus par le système des muscles volontaires. [L]]Lui traversant le cul, le coeur et la chorée ,Ressortira bientôt sur son crâne sanglant. C'est, malgré tous vos torts, en user galamment.À cet aveu, ma lame, il faut bien vous résoudre.Vous n'avez qu'un moment. Son ventre gazouille.Entendez-vous la foudre .Comme elle gronde ? ... Un mot peut la faire tomber.De même un mot m'apaise, et vous fait pardonner. CAQUIRE. Seigneur, est-ce à mon cul que ce discours s'adresse ?D'épouvante et d'horreur, dieux ! Mon toupet se dresse !Apprenez que ce trou, malgré tout son respect,S'il ne vous aimait pas, n'eût jamais chié sec.Je ne crains rien ici que son feu qui me brûle ; Sans reproche et sans peur, il est bien sans scrupule.N'imputez qu'à l'amour en cette occasionLa honte où je descends par cet échantillon. Elle fait deux petits crottins.J'ignore si le sort, qui toujours m'humilie,Me destine à l'hymen pour dernière folie ; Mais j'atteste ce dieu, mais j'atteste l'honneurQue j'ai d'être l'enfant gâté du grand Seigneur ;J'en jure par le pet des dieux, que le vulgairePrend ici sottement pour le bruit du tonnerre,Que si mon cul était aussi libre que l'air ; Cent rois, pour en tâter feraient des pas de clair ;Non, jamais, éclairé du flambeau d'hyménée,Il n'en voudrait gober une seule dragée.[Note : Bachas : Espèce de préfet chez les Turcs. [L]]Je vais plus loin, Seigneur ; les plus riches bachas,Quand ils auraient six queues, ne le tenteraient pas Voulez-vous tout savoir ? Mon mal est incurable,Il commence à l'endroit où finit mon gros rable.J'employai de mes nuits les moments les plus douxÀ me former dans l'art de crotter comme vous.À votre insu vingt fois accouchant de boulettes, Je sus les avaler quand je les crus mal faites.Hélas ! Si j'offensai le dieu de nos privés,Cruel, c'est pour avoir fait des marrons glacés. CUCUMANE. Votre cul d'un gascon me tient bien le langage ;Il dit blanc, et fait noir. Madame verbiage... Je ne suis plus sa dupe, et cette trahison... Il lui tourne le cul, la couche en joue avec... ) CAQUIRE. Quoi ! Vous braquez sur moi, Seigneur, le gros canon ! CUCUMANE, d'un ton dur. Sa lumière vous plaît. CAQUIRE. Ah ! Dieux ! Quel air farouche !Ton cul n'osera plus ouvrir ici sa bouche.Vous me parlez d'amour avec le même ton Dont on propose au chien la porte ou le bâton. CUCUMANE, ironiquement. Vous m'aimez ? CAQUIRE. Pouvez-vous en douter davantage,Quand le lait dans mon cul se caille et fait fromage ?Quels regards effrayants vous me lancez ! Hélas ! CUCUMANE, plus durement. Sortez, cul délavé. CAQUIRE. Le méchant Moustapha ! SCÈNE VII. Cucumane, Crotenmain. CUCUMANE. Oh ! C'est aussi trop fort : tudieu quelle effrontée !Jamais cul plus menteur... On la croit disposéeÀ chier rondement de beaux et bons étrons :Point du tout, elle fait des petits avortons.Eh bien ! Le vidangeur a-t-il fait son message ? Prendrons-nous l'épervier aux portes de la cage ? CROTENMAIN. Soyez content, Seigneur ; nous en viendrons à bout.Vous en avez, ma foi, sur la tête et partout.De cette passion, vous voilà, je crois, quitte.Vous ne me direz plus que c'est un cul d'élite : Votre amour pour le coup doit en être bien sou. CUCUMANE. Plus que jamais je l'aime, et mon cul en est fou. CROTENMAIN. Seigneur, si je l'osais, je répondrais peut-êtreQu'il faut avoir le diable au corps... étant le maîtreDe disposer de tous les culs de l'Orient, De fixer votre nez... sur ce petit puant. CUCUMANE. Que veux-tu ? Je vois luire un rayon d'espérance.Un petit-maître, ami toujours sans conséquence,Amant des nouveautés, voit un joli bassin,Croit qu'il peut mélanger la foire et le crottin ; [Note : Cacade : Décharge de ventre. Bas et peu usité. Fig. Fuite, retraite honteuse, ruine causée par la couardise, le manque de tête, d'habileté. Faire une vilaine cacade, manquer par sottise ou lâcheté une entreprise. [L]]L'étourdi ne sent pas qu'il fait une cacade,En mettant en avant ainsi sa marmelade ;Il a pu s'abuser d'un regard de pitié.Caquire dans ses torts ne fut point de moitié ;Son cul bien moins encor, car il ne sait pas lire : S'il parle à demi-voix, c'est pour moi qu'il soupire.Oui, tout bien réfléchi, c'est le seul NéflairantQue je dois accuser d'un projet insolent.Crotenmain, écoutez : sitôt que la nuit noireCouvrira de son voile et la crotte et la foire , Sitôt que l'effronté, chargé de mes bienfaits ,Croira venir s'ébattre... aux portes du palaisQu'on l'enchaîne à l'instant... et remplissez d'avanceUn bain de ce qu'on fait de plus claire à Foirance :Au cul de nos captifs vous en pourrez trouver : C'est dans leur merde d'oie que j'entends le noyer.Mais qu'on respecte ici Caquire à l'ordinaire :Mon amour a toujours la tête à sa chatière.J'en ai honte moi-même, et ne me connais pas.Mais gare le retour : malheur aux culs ingrats ! ACTE V SCÈNE PREMIÈRE. Cucumane, Crotenmain, L'Esclave Vidangeur. CUCUMANE, à l'esclave. Tu rendras ce billet à Caquire en personne.Je l'ai fait avertir... L'ordre que je te donne,Pendant qu'elle lira, c'est de bien observer Si son cyclope aveugle a l'air de s'agiter,S'il lâche des soupirs... On approche... C'est elle. À Crotenmain.Ami, je vais pousser une petite selle.Viens me tenir la tête, et charmer mes ennuis. SCÈNE II. Caquire, Foirine, L'Esclave Vidangeur dans le lointain. CAQUIRE. Qui diantre peut avoir dans l'état où je suis,L'envie de me voir ?... Est-ce l'apothicaireQui vient placer l'aiguille à mon cadran lunaire ? Allons, il faut lâcher l'écluse du bas-rein.Sterculus, je t'implore, et t'offre Lanodin. SCÈNE III. Caquire, Foirine, L'Esclave Vidangeur, s'approchant. L'ESCLAVE. Madame, par hasard, en passant dans la rue,Non loin des lieux communs... CAQUIRE, se bouchant le nez. Quel tabac ! J'éternue. L'ESCLAVE. J'ai trouvé ce billet... C'est un bonheur bien grand Qu'il ne soit pas tombé dans les mains du Sultan.Car malgré sa douceur, il aurait pris peut-êtreLa liberté... de vous jeter par la fenêtre.Quoi qu'il eu soit, mon cul se flatte de l'honneurD'avoir prouvé qu'il est votre humble serviteur. CAQUIRE. Le mien reconnaissant te promet de quoi boire,Et de son cru tout pur, à la prochaine foire. FOIRINE, pendant qu'elle lit. Que contient ce billet ?... L'heure du rendez-vous ;Je le juge à son trouble... Ah ! Qu'il me sera douxDe voir, comme un ruisseau murmurant sans murmure, Son derrière épancher une onde claire et pure. L'esclave se gratte le cul.Cet esclave est pressé. CAQUIRE. S'il a quelque besoin,Qu'il s'éloigne un moment, mais qu'il n'aille pas loin.Je le rappellerai. SCÈNE IV. Caquire, Foirine. CAQUIRE. De ce billet que faire ?Ce qu'il demande... ou bien m'en torcher le derrière. Mon frère a prononcé... ses ordres absolus. FOIRINE. Ses ordres ! Dites-mieux : c'est plutôt Sterculus,Dont votre frère ici n'est qu'un simple interprète,Qui vous dit par sa voix : ®... Toute femme qui pèteN'a pas la mort au cul. ¯ Il peut changer en bien . CAQUIRE. Hélas! Je n'entends pas justifier le mien.Mais n'est-ce pas, Foirine, une sottise extrême,D'exposer et mon frère et tant de gens que j'aime,En souffrant que mon cul se cabre insolemmentContre les volontés de celui du Soudan ? FOIRINE. Vous cherchez vainement à me donner le change.Sur nous, sur vos projets, sur ce qui vous dérange,Je me tais par respect, et par discrétionPour l'endroit où vos reins viennent perdre leur nom.Mais sentez le danger d'une telle incartade, Qu'en vous opiniâtrant à chier la muscade,Desséché dans vos flancs, le moindre saucissonPeut vous causer la mort ou quelque obstruction.Et puis, jamais amant s'y prit-il de la sorte ?Condamne-t-on d'un cul la principale porte ? Non, il vous fait l'amour comme un chat en griffant,Votre grand circoncis n'est qu'un grand insolent ;Et si vous m'en croyez sans autre préalable,En foirant à plein trou, vous l'enverrez au diable. CAQUIRE. Ton amitié pour moi t'emporte aussi trop loin. Qu'ai-je à lui reprocher ? N'a-t-il pas eu grand soin[Note : Éole : Dieu des vents. Le pet est aussi nommé un vent.]De mon petit Éole ? À la moindre demandeJe voyais arriver sa boisson de lavande ;Sans compter les parfums... Et puis-je me cacher,Que s'il fut amoureux, je l'aidais à m'aimer ? Combien de fois étant sur son siège d'aisance,Ne m'as-tu pas surpris lui faisant quelque avance ?Et lorsque tout est prêt, l'autel et caetera ,[Note : Bernique : qui s'emploie pour exprimer que l'espoir qu'on a est mal fondé et sera déçu. Vous comptez sur lui : bernique. Populaire. [L]]Mon fessier dit bernique... et je le campe là.Il en faut convenir, c'est se moquer du monde. FOIRINE. N'importe, je soutiens qu'il faut lever la bonde. CAQUIRE. Que veux-tu ? Ce cul-là n'a pas le sens commun,Et fait en ce moment l'aiguille de Melun.Tantôt je veux revoir notre heureuse contrée,Avec la flûte au cul y faire mon entrée ; Et tantôt au Soudan faire autant de pouponsQu'il accouche en un mois de superbes étrons.L'amour et l'amitié, le devoir, la sagesse,Se prennent aux cheveux, juste à mon entre-fesse.Dans mon intérieur il fait les quatre-temps. D'un côté sort la pluie et de l'autre les vents.Mais quoi qu'il en arrive, ô grand dieu de la foire !J'obéis à tes lois, protège mon histoire ;Protège nos captifs, tous ces hommes si purs,Qui toujours en horreurs eurent les étrons durs : C'est à les imiter que mon ventre s'exerce,Sans hanche il faut enfin que je le mette en perce.Mon cul en leur honneur va foirer par torrents.Qu'ils partent, puisqu'enfin ils ont la clef des champs.Ne craignant plus pour eux, fière et plus aguerrie, J'irai trouver mon turc, et d'une voix hardieJe lui dirai : Seigneur, je le dois... j'ai promis,Et je veux chier clair, comme dans mon pays ;Oui, dussé-je par jour dix fois être empalée,Et de toute façon... m'y voilà résignée. Rappelle cet esclave. SCÈNE V. CAQUIRE, seule. [Note : Le vers 1621 ne rime pas avec le vers 1622. ]Oh culs de mes aïeux ![Note : Averne : Poétiquement, les enfers mêmes. [L]]Culs de tous mes parents descendus dans l'Averne,Culs d'un père expirant, servez-moi de lanterne ! SCÈNE VI. Caquire, L'Esclave vuidangeur. CAQUIRE. Allez, fidèle ami, répondre à Néflairant,Que je suis prêt à tout, que la voile est au vent ; Que Foirine aux aguets nous tiendra la lumière ;Qu'elle entend à merveille à servir un derrière. SCÈNE VII. Cucumane, Crotenmain, L'Esclave vidangeur. CUCUMANE. Que ces moments, grands dieux ! Sont lents à ma fureur !Eh bien, qu'as-tu tiré de ce postérieur ?Qu'a-t-il dit ? Qu'a-t-il fait ? L'ESCLAVE. Eh ! Seigneur, pas grand'chose ; Mais c'était bien si clair. CUCUMANE. De la foire ? L'ESCLAVE. Je n'ose,En vérité, Seigneur, ici vous répéter... CUCUMANE. Veux-tu le pal au cul qu'on te fasse parler ? L'ESCLAVE, tremblotant.. Elle a dit... que... la farce allait être jouée,D'aller... chercher... l'acteur, que... la toile est levée. CUCUMANE, à l'esclave. Décampe, ou je te fais arracher les deux yeux.Foire, crotte, crottins, culs, tout m'est odieux. À Crotenmain.Sors aussi, Crotenmain. Dans ma douleur profonde ,Je hais tout l'univers, jusqu'à ma mappemonde. SCÈNE VIII. CUCUMANE, seul. [Note : Les plus savants astronomes sont d'accord à dire que le trou du cul est l'équateur des deux fesses. [NdA]]Ou suis-je ! Où promener mon équateur confus ? Caquire, Néflairant, abominables culs,Traîtres, arrachez-moi par le bas les entrailles ;Que vos deux nez, cruels, vous servent de tenailles.[Note : Etna : Volcan effusif de Sicile, toujours très actif depuis l'Antiquité.]J'ai dans les intestins tous les feux de l'Etna.Reviens, cruel ami. Quoi ! Tu pars ! SCÈNE IX. Cucumane, Crotenmain, L'Apothicaire, dans l'enfoncement. Nota. Il fait nuit. CROTENMAIN. Me voilà : Je n'ai fait que semblant. CUCUMANE. Oh nuit ! ô nuit affreuse !Trois fois catin de nuit, infâme appareilleuse,Quoi ! Tu prêtes ton voile à ce vil chenapan,Pour venir m'ajouter un croissant sur croissant !J'aurais pu d'un oeil sec, d'un front inaltérable, Contempler de mon pot la chute épouvantable ;J'aurois pu dans l'horreur de sa privation ;Pressé par le besoin, remplir mon caleçon.Mais me voir à ce point trompé par ce que j'aime !Le cul de mon amante être un baril de crème ! CROTENMAIN. Il faut le museler. CUCUMANE. N'entends-tu pas des cris ? CROTENMAIN. C'est le chat qui plus haut chasse quelques souris. CUCUMANE. Va chercher mon poignard ;... appelle mes esclaves...Gare l'irruption ! Mon cul jette des laves. CROTENMAIN. Je crois plutôt qu'il rêve.... Allez le mettre au lit. CUCUMANE. Non, non ; la foire coule, et son odeur me suit...À e coupable excès porter la hardiesse !Quoi ! Vouloir franciser le front de ma hautesse : Elle que j'adorais... Mias, malgré ses écarts,Mon coeur prend son parti, veut courir des hasards. Je ne puis être heureux, malheureux que par elle.Ses rigueurs à mon cul font tourner la cervelle. CROTENMAIN. Quoi ! Seigneur vous pleurez comme une petit enfant ? CUCUMANE. Je n'en pisse pas moins. CROTENMAIN. Faites donc un étangPour noyer votre amour, la tête la première. N'espérez plus de bloc d'une telle carrière. CUCUMANE. Voilà les premiers pleurs qui coulent de mes yeux. CROTENMAIN. Et pour qui ? Pour un oeil à demi chassieux. CUCUMANE. Le sang l'aveuglera... Frémis de mes souffrances,Frémis de mes fureurs, frémis de mes vengeances. On pétarade, ami. Qui foirasse là-bas ? CROTENMAIN. En effet, je sens bien ce qu'on ne nomme pas. CUCUMANE. Cours. Si c'est Néflairant, qu'on l'arrête, et qu'on entreUn piton dans le cul, et qu'on le rive au ventre,Pour attacher la chaîne... On le l'amènera, Baillonné d'un étron... Le plus gros qu'on aura. Il fait dans sa main un gros étron, auquel il donne la forme d'un poignard, et l'affile de sa main.Il faut, par son complice, effrayer le nature,Et les cocufiants de la race future.Mais en vain j'en veux faire un poignard... Ce crottin,Plus sensible que moi, s'amollit dans ma main ; Étron, fessier amant, contre moi tout conspire ;Tout sert à mes dépens... une maudit tirelire. L'apothicaire approche en tâtonnant avec sa seringue, met en joue tout ce qui l'approche. FOIRINE, elle fait un signe. Dans l'ombre j'entrevois quelqu'un... Chut, avancez.Beau jeu, Madame... Ouvrez bien ce que vous savez.Pour la première fois vous pouvez trouver rude... Mais vous y prendrez goût. CAQUIRE, tendant du cul. Montrez-moi l'attitude.Faut-il être debout, ou sur un canapé ? CUCUMANE, à part. La moutarde à ces mots me montre trop au nez. FOIRINE, conduisant Caquire sur le canapé, la trousse. Il faut la bouche ouverte, et tenant votre haleine,Vous couchez de côté, pour qu'il entre sans peine. Elle conduit la main de l'apothicaire dans le trou en question. CAQUIRE. Je ne sais où j'en suis... Qui fouille à mon cul nu ? L'apothicaire pousse sa pointe.Dieux ! Qu'est-ce que je sens ? L'APOTHICAIRE. C'est la bouillon pointu. CAQUIRE. Plus doucement, mon cher... vous brûlez mes entrailles.De grâce, retirez... Je lâche tout. Cucumane qui, en tâtonnant, s'est approché du côté de Caquire, en reçoit l'explosion, et se retirant avec vivacité, rencontre la seringue, qu'il arrache à l'apothicaire. CUCUMANE. Canailles !Quoi ! Cet arme était prête à me percer le flanc ! Je la conserverai... mais teinte de ton sang. En frappant à tort et à travers, il rencontre la bouche ouverte de Caquire, où la canule reste enfoncée, puis il jette la seringue. CAQUIRE. Je meure. Ah ! Cruel ! CUCUMANE. Ton infâme poitrine,Au cul de Lucifer va servir de latrine.Hâtons-nous de ces lieux... Fuyons... Dieu ! Qu'ai-je fait ?Rien que de bien... J'ai dû lui couper le sifflet. Jouissons du plaisir des dieux... de la vengeance...Néflairant vient l'accroître encor par sa présence. Troupe de pousse-culs qui entre avec des flambeaux allumés, tenant Néflairant enchaîné. SCÈNE X et DERNIÈRE. Cucumane, CAquire, Néflairant, Foirine, Crotenmain. CUCUMANE. Approche, malheureux séducteur de ce cul,Qui sans toi serait plein de vie et de vertu ;Méprisable ennemi, qui caches dans tes chausses Un vil empoisonneur, dont j'abhorre les saucesToi qui vint faire ici beaux semblants de crotter,Scélérat, ce n'est que pour carquiriser.Que tu vas payer cher une telle équipée,[Note : Méphitique : Aujourd'hui, qui est à la fois asphyxiant ou toxique, et puant. Gaz méphitique. Vapeur méphitique.]La méphitique ardeur dont mon âme est brûlée ! Avez-vous préparé son supplice ? CROTENMAIN. Seigneur,J'ai fait dresser un pal de vingt pied de hauteur ;J'ai fait remplir un bain de plus fine moisie,Allumer un bûcher... et limer une scie.Vous n'avez qu'à choisir. CUCUMANE. Commençons par son coeur. Vois, maraud ; vois ce cul impur distillateur ;Il est mort, et bien mort. Il préféra l'incesteÀ l'honneur de ma couche... NÉFLAIRANT. Oh ! Méprise funeste !Hélas ! C'était ma soeur... Exécrable bourreau,Osas-tu dans son sein enfoncer le couteau ? Arrière-fais du cul de quelque vilain diable,Ce n'est que son amour qui l'a rendue coupable. CUCUMANE, d'un air égaré. Tu dis qu'elle m'aimait ?... Que vos culs sont parents ?... NÉFLAIRANT. Oui, cruel, tu pouvais même en avoir les gants.Oui, oui, triple assassin, reconnais ta bévue ; Je n'étais que son frère, et son amant la tue.Je venais lui porter, de son père expirant,Et les derniers adieux, et le court testament.Je venais démontrer à ce coeur trop sensible,Que son cul n'est pas né pour te servir de cible. CUCUMANE, à Foirine. Tu crois qu'elle m'aimait ? FOIRINE. Que trop ! Monstre à deux pieds.Tous ses devoirs pour toi furent sacrifiés.Tu viens de massacrer celle qui, sans son père,De son cul et du tien n'aurait fait qu'une paire ; Celle dont les soupirs, le langage et les yeux, Annonçait le besoin d'oser suivant tes voeux,Le désir de pouvoir montrer un cul de femme.Tu balançais le dieu Sterculus dans son âme,À tel point qu'il aurait suffi d'un seul crottin,Pour que de son côté fût penché le bassin. Oui, tu l'ensorcelais si bien, que son derrièreNe nous tenais plus rien d'une chocolatière. CUCUMANE, une main sur son front et l'autre son cul. Elle m'aimait ? FOIRINE. Autant que ses petits boyaux.Je l'ai vu pour toi prête à chier des noyaux. CUCUMANE, court arracher la canule du cul de Caquire. Va, je n'ai pas besoin d'en savoir davantage. NÉFLAIRANT. Tigre, qu'attends tu donc pour assouvir ta rage ?Il ne reste que moi de ces culs glorieux,Dont les jets abondants s'élevaient jusqu'aux cieux.Rejoins un malheureux à sa triste famille,Au père dont tu viens d'encanuler la fille. Tes tourments sont-ils prêts ? Ton pal est-il dressé ?Ce n'est qu'un cure-dent pour mon cul désolé.Je brave des douleurs que ta fureur m'apprête. Dans les bras de la mort, sonnant de sa trompette,Il annonce la sienne... Oui, je marche au trépas Comme j'irais à noce... Au moins n'oublie pasQue tu m'avais promis des miens la délivrance.Mon derrière, assez cher, les a payés d'avance. Cucuman va au cul des Caquire, le sent, le souffle fort et longtemps. CROTENMAIN. Vous lui parlez en vain : il ne répondra mot.Seigneur, vous sentez bien qu'il est sourd comme un pot, Muet comme un poisson... Que faire à son oreille ?C'est bien du temps pardi... Fuyez, je vous conseille.Vous auriez beau souffler. CUCUMANE. Écoutez, Crotenmain,Desserrez Néflairant, et tout cul Foirentin ;Qu'on leur mette à l'instant la bride sur la tête, Cent crottins dans la poche... et puis, sans qu'on s'arrête,Jusqu'au port de Cupé vous conduirez leur pas. CROTENMAIN. Mais, Seigneur, mais songez. CUCUMANE. Qu'on ne réplique pas. CROTENMAIN. Cependant, vous savez la loi fondamentale. CUCUMANE. La bonne est d'obéir, entends-tu, vilain sale ? Confident de mon cul, pars ; je le veux,Ou je te fais scier le croupion en deux. À Néflairant.Et toi, jeune guerrier, remporte en ta patrieTa soeur, qui pourra faire une belle momie.Ton roi, tous tes foireux, apprenant son malheur, N'en parleront jamais sans vesser de frayeur.Mais si la vérité du fonds du puits remonte,À me justifier tu le verras bien prompte. Il donne la canule à Néflairant.Sans doute on me plaindra... Porte aux tiens ce poignard.Cette flûte de buis, que je connus trop tard ; Dis-leur que j'ai donné la mort la plus merdeuseÀ le plus belle femme et plus digne chieuse,Dont le ciel ait jamais façonné le bijou.Dis qu'elle m'adorait, dis que j'en étais fou.Dis-leur que la canule à son cul destinée, Dans son joli gosier par ma main fut plongée. Il se jette à genoux, baise le cul de Caquire, en tire un boudin fort long. Dis leur que ce cher cul, dont je fus l'assassin,Fit, quoiqu'à l'agonie, une aune de boudin ;Enfin, qu'elle expira... mais ne mourut pas seule ;Puisque je l'enfonçai tout entier dans ma gueule. Il avale le boudin et s'étrangle. CROTENMAIN. Il s'étrangle, au secours, vite un tire-bouchon. NÉFLAIRANT. Ignorant, il faudrait plutôt un tire-étron...Faut-il que son remords me touche de la sorte ?Non, tout bien réfléchi, que le diable l'emporte. Ici des claquements de fesses universels se font entendre de tous les culs, qui se portent en avant des banquettes et des loges. Un seul de ces gros sifflets, au bord de l'amphithéâtre, s'avise de vouloir parler en sens contraire pour faire tomber la pièce ; mais il ne fait tomber que des coups d'étrivières, et reçoit la bascule, au point qu'il est obligé de tirer à boulets ramés sur le parterre pour éloigner les flagellants. Après une telle pièce, on sent l'indispensable nécessité d'un grand ballet. Il est exécuté par des vuidangeurs, qui ont tous une benne à merde sur la tête en guise de capuchon, et à chaque main un bassin de chaise percée de fer-blanc, dont ils se servent comme de cymbales, et mêlent leurs sons à ceux de l'orchestre, dont tous les instruments sont à vent ; ce qui produit un effet merveilleux. ==================================================