******************************************************** DC.Title = LOU SUPPLICE D'UN PAYSAN, COMÉDIE. DC.Author = BLANC, Théodore DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:05. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BLANC_SUPPLICEDUNPAYSAN.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5542413x DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LOU SUPPLICE D'UN PAYSAN anecdote dramatigue, en vers patois et français RACONTÉE PAR UN HABITANT DU MÉDOC Prix : 30 cent. 1865. THÉODORE BLANC BORDEAUX. IMPR. C. GOUNOUILHOU, rue Guirande, 11, Représentée pour la première fois, par les Comédiens Italiens le 23 janvier 1753. ACTEURS UN PAYSAN. LOU SUPPLICE D'UN PAYSAN UN PAYSAN. Lugissén la gazette, un diménche matin,Daou Médoc à Bourdéou chéguèby lou camin.Parcourèby lous faits, lous filets, la chronique,Lous discours prounounçats à prépaou d'Encyclique ;L'article principaou, la grande questioun, Ne traitabe que lois, cibilisatioun :Didèbe qu'en tout liu lou grand puple de FrancePourtabe lou progrès. Satre noun d'un ! Quaou chance !Jamais, en me gueytént, ne me seri doutatQue l'estrange pays per jou serai dressat... Mais que baou-jou pensa ? Suey-jou dounc imbécile !Lou journal bauou parla de les gens de la bille.Ne paut pas supposa qu'un ase, un cournichoun,N'aoujén d'aoute sabé que de planta l'aougnoun,Pusque cibilisa les gens d'Océanie Ou bien cathéchisa déns la Calédonie.Sur moun tchic de sabé tout en réfléchissent,Filaby lou camin pu biste que lou bént.Daou reste, sabets bien qu'un bitoun de campagnePer marcha lestemént és lougn d'aougé la cagne. Estury déréngeat dén ma réflexiounPer dos crits internals, dos brams de passioun ;Me crédury pourtat chez un puple saoubatche.N'ay jamais énténdut un aoussi grand tapatche.Boulury me tourna, biry déns un grand prai, Séparât daou camin per un large foussat,Un groupe de moussus à faces animadesQu'adèben de gros crits et d'énormes gambades.Hurlaben touts aou cop et sur différents touns,Aourén dit un troupet composât de démouns. Pertant, dichury-jou, boudri sabé les caousesDe touts aquets hurlets et de toutes lnrs paouses ;Je boudrais vieil saboir quel est l'ébénement.Qui put, de ces gens-là, causer le moubement.Franchiry lou foussat coume un saoutur de feyre ; Mais malhérusemént qu'une méchante peyreM'estrabirait un pé, me caousait un faou pas,Me fit fa quatre gambs et toumba sur lou nas.Pénsats, moun cher lettur, si me troubèry bête ;C'est égal, mille non, brabons cette tempête, Me dichury saou cop tout en me rélébant,Puisque j'ai tant sauté j'irai plus en abant...Je me suis grafigné le mieil de la figure !...Ah ! Ma foi, malgré ça, prenons vonne tournure.M'abancèry, per lors, d'aquet rassémblmént Qu'adèbe à chaque instant un noubet hurlement.Aouri bien millou fayt de chègue moun biatche,De ne pas m'approucha d'un si triste carnatche :Déns un grand round fourmat par un tas de moussusEren dus praoubes cans que secourèben sus ; Tout lous dus, excitats per la boix de lurs mestes,A s'arracha la pet tâchaben d'esta lestes.Aourén dit lou coumbat d'un tigre et d'un lioun ;Brûlaby d'assagea lur séparatioun.Se gnacaben pertout : les paoutes et la cougue ; Un homme, én lous truquén, aouméntabe lur fougue,Aou bout d'un grand moumént de crits et de coumbat,Lou pu gros dos douguets aougut un uill crébat !La coulère, per lors, n'aougut pas de mesure :Daou petit, lou gros can attrappait la ganure, Li fit dus larges traoucs d'oun lou sang s'escapét,Li gnacoutait lou mus, lou prit, lou gourinét,Lou sang que ruisselabe aouméntét sa furie,Li picoutét la pet mince coume charpie !...Aquet dogue én furur ère affrux à gayta ! La doulou de som maou finit per l'arresta ;Toumbét, déshaléntat, sur soun june adbersaire,Et tout dus, pimpinants, inoundèren la terre.Que s'abèben dounc fayt aquets malhérus cans,Per s'aougé tant battut, s'aougé mis si sanglans ?... Ne s'abèben rés'fayt; mais per plaire à lurs mestes,En s'escourchént tout bious procuraben les festes !« Boyez, dichut l'un d'éts, s'ils étaient courajux :Ils se sont tant mordus qu'ils se rendent tous dux ;Mais, tout vorgne qu'il est, de noubeau je parie, Que mon chien, quoique biux, du bôtre aura la bie. »Lou sire s'adressabe én d'un june cadet,Que, siléou probocat, dus louis d'or pitét :« Ça ba, respoundut-ét, j'atcette la gageure !Si mon dogue est plus faivle, éh bé, tant pis ! Qu'il mure ! ? Messius, que je lur dis, poubez-bous boir les mauxQue se font sans raison ces paubres animaux,Sans bous aperceboir que de si bils carnagesNe pubent aboir liu que parmi les saubages !Crédèby lous touca dam moun charmant discours ; Mais balà que moun prône agit à la rebours :Un d'aquels bets moussus à la pet blanque et fine,Aux gestes élégants, à la charmante mine,Me toisét brusquement, puey d'un toun de mespris,Me dichut : « Biux paysan, bas semer tes radis ; Ne biens pas te mêler du tout de cette affaire ;Sonque tu feras miux, ce sera de te taire.Pourquoi tu dois penser que les gens de Vordeau,Si tu biens les guarguer, ils tanneront ta peau...- Comment, je répondis, bous seriez si varvare De m'assommer de coups... Ah ! Bous êtes vizarre!Parce que je disais que des gens (des Français!)Qui se croient supériurs aux Russiens, aux Turcais,Ne débraient pas pousser, affruse tyrannie !Dux paubres animaux à s'arracher la bie... ? Ah ! parvlu, c'est trop fort ! cridét lou moussurot,Tu boudrais nous donner des leçons, trivle sot ?...Je bais te châtier de ton air téméraire...Tu biens nous emvêter, tu ne bux pas te taire ?...Tu ne nous connais pas. Tiens, tiens, boilà pour toi... Ah ! Tu boudrais bénir ici faire la loi ?... »Accoùmpagnét sous mots de plusiurs cops de gaoule,Me truquét sur lou fronnt, me singlét une espaoule ;Puey, troubén que sa gaoule anabe doucemén,Soun cap, sous pés, sous pougns, mit tout en moubernéu. Ah ! cher ami lettur, dans quel grand emvarrasJe m'étais mis, grand Diu !... Ce n'est pas tout, hélas !Le murtrier maudit, connaissant la sabatte,Me crivla de ses pieds : puis, prenant ma crabatte.Il me serra le cou, mais me serra si fort, Que je crus un instant qu'il me donnait la mort.Se boyant maltraité, l'homme trop von s'irrite ;C'est sonqu'y m'arriba : le pan de la lébiteDe ce diavle enragé me tomva sous la main,Je le sécudis tant qu'il me lâcha soudain. Boulant mettre à profit un moment d'envélie,J'allais escarpiner pour me sauber la bie,Quand ce bil galopin, ce gux, ce polisson,M'aquissa son doguet, qui de mon pantalonFit dans un rien de temps plus de quarante pièces, Et cela, s'il-bous-plaît, en me mordant les fesses !Me boyant assailli, déchiré, puis mordu,Justement par ce chien que j'abais défendu ;Boyant que je perdais ma plus velle culotte,Ma culotte en drap fin, que m'acheta Jeannotte À l'ancien Marché-Neuf, pour trois libres cinq sous,Je ne pus retenir le fu de mon courroux ;Je me boute à bramer, à demander une arme ;Le chien mordait plus fort malgré mes cris d'alarme !Dux minutes abant je croyais qu'il crebait, Maintenant, non d'un sort ! Le contre il me prubait !...Croyez-bous qu'après çà ma torture est finie ?Pas du tout, pas du tout ; d'une autre bilainieJe dus, sans-m'en duter, su vir le triste effet.Du guignon, ce jour-là, je fus vien le jouet : Le chien me poursuibant, de crainte qu'il m'aballe,J'allais à reculons sans saboir que la jalle,Cette jalle à malhur qu'un quart d'hure plus tôtJ'abais si vien franchi, comme un fou, comme un sot,Se trubait à mes pieds, et, maudit précipice, Allait de mes vourreaux contenter la malice !...Ils boyaieut cependant que j'étais.en danger?Ça lur faisait plaisir, ils boulaient se banger...Le chien me présentant sa gule murtrière,Je boulus vpusquement faire un vond en arrière, Mais je me repentis de m'abdir tant pressé :Je benais de tomvér dans le mieil du fossé !...Ah! que je fus saisi de me sentir dans l'onde!Je crus vien, cette fois, que je quittais le monde.Hurusement pour moi que de natation L'on m'abait, dans le temps, donné la notion ;Je la mis à profit; mais cruel, plein de rage,Le bilaiii animal me suibait à la nage.Son maître, boyant eà, tremvlotâ dans sa peau ;Il croyait que son chien, s'étant jeté dans 'Peau- Tout suant'et vrisé par ses-'mille gamvades, ?'Allait se sang-glacer : « Oh! mes chers camarades!Se mit-il à crier à tous les assistans,J'aimerais miux cent fois hoir creber dix paysansQue de boir mon cabot dans une telle passe ; Il suit ce fou dans l'eau, j'ai pur qu'il se sang-glace.Qu'il mure en comvattànt abec un autre chien,Ça me fera plaisir, là je ne dirai rien;Mais qu'il aille périr à cause de ce sire!... .-Ça me met à non plus, et je tourne au délire. : Faut-il, pour ce paysan qui n'a pas sa raison,Que je perde ce chien, à se vattre si von ?...Velle-Dent! biens ici... » Tant que l'homme cridabe,Et que lou can, sounat, de jou se séparabe,Sourtiry.lou puléou d'aquet satre foussat. Ery coubert de base, et, lou corps tout brisât,Courèby, chéns sabé, pertoqt à l'abentûre ;Estourdit per lous trups, crédèby ma torturePreste à reeoumménça; ahurit per la pauou,Hurlaby saou'camin cpume un gros aouriauou. Cher letlur, moun estât ère pénible à beyre!Per ne pas s'atténdri falèbe esta de peyre.Mes gux d'assazinurts regardaient en riant;Bous debez le penser, c'était par trop beteant.Je lur montra le poing en lur disant : « Canaille! Bous payerez.tout ça, maudits chiens, rien-qui-baille!Je bous ferai passer boste bie en prison...Vien sûr, je le ferai ; bentre v.lu ! sapre non !...Je suis le siur Cadet, de Jean de la Gruelle :Abant qu'il soit demain, bous eu aurez noubelle!... Quand je debrais manger mes dux paubres cabans,Je bous ferai payer tous mes affrux tourmens... » . Je me traînas, alors, par debers ma demure :Je ne pubais rester dans si triste posture.Mais je ne fis, cent vlu, que changer devourreau : Ce fut le médecin qui trabailla ma peau!On l'emboya chercher;.il se prit Pécritoire;Il m'ordonna de suite un large sicatoire,Plusiurs pots de pommade et puis du quinquina,Des poudres, du sirop de pécacuauha... Les boyages nombrux faits chez l'apothicaireMe mirent bitement dans un état précaire.Il ne se gênait-pas, ce gux de médecin;Chaque fois qu'il benait, crac, crac, un vulktin.Je crois, qu'à ce dottur une forte remise Par quelque ami, droguiste, abait été promisé.Il benait le matin, bite unjnédicament;Il rebenait le soir, c'était un changement.J'étais, au vout d'un mois, plus sec qu'une allumette;Ce rusé scélérat me tenait en diète. ==================================================