******************************************************** DC.Title = LA PROSTITUÉE, MONOLOGUE DC.Author = CARRANCE, Évariste DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 31/07/2023 à 17:50:22. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CARRANCE_PROSTITUEE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k39249n DC.Source.cote = Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA PROSTITUÉE Prix : 50 centimes HUITIÈME ÉDITION 1884 ÉVARISTE CARRANCE AGEN, V. LENTHERIC, Imprimeur du Comité Poétique Lettre de M. Alfred Naquet, Sénateur de Vaucluse Paris, juin Monsieur Vous me demandez quelques lignes pour les publier en tête de la brochure que vous allez faire paraître sur le divorce. Que puis-je vous dire ? Que je vous remercie au nom de la vérité, dont il faut assurer le complet triomphe, dès que vous faites pour achever de déraciner ce qui reste de l'absurde préjugé sur lequel et vécu le régime de 1816. Croyez, Monsieur, à mes meilleurs sentiments. A. NAQUET. PERSONNAGES. LA PROSTITUÉE Texte extrait de "Le divorce, la prostituée : monologues en vers, précédés d'une lettre de M. Alfred Naquet".- Agen : Librairie du comité poétique et de la revue française. pp 6-8. LA PROSTITUÉE ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Voulez-vous m'écouter, Monsieur le commissaire ? Mon histoire n'est point méchante ou téméraire : Vos agents m'ont surprise et conduite en prison, Car la faiblesse a tort, et la force a raison. Avant de condamner, on doit toujours entendre ! Mon état fait horreur ! J'en conviens : je dois vendre Mon corps pour quelques sous, et je vais chaque jour, Flétrir les mots sacrés de tendresse et d'amour ; Mais ne comprenez-vous ce qu'il en coûte à l'âme. Avant de s'engager dans cette route infâme ? Écoutez !... Le travail s'arrête brusquement ; On connaît de la faim l'indicible tourment ; On râle auprès de vous... Alors, la mère abdique, Et pour sauver l'enfant, devient... femme publique ! Mon récit sera court ; c'est un récit poignant. Avez-vous jamais vu pleurer un pauvre enfant Que la faim courbe en deux sur un grabat de paille ? Ah ! Personne ne rit et personne ne raille. C'est une chose triste, allez ; on sent le coeur Qui se laisse envahir par la sombre terreur. Dieu s'efface et n'est plus que l'esprit des ténèbres ; Les rayons du soleil sont pâles et funèbres ; Vous criez... Votre enfant se meurt ! Ô désespoir ! Vous avez trente fois fouillé dans le tiroir Qui gardait autrefois votre épargne modeste ; Mais le tiroir est vide et pas un sou ne reste : Pas de pain, pas de feu, le petit va mourir ! Sur le cours, on entend les amis du plaisir, Ils sont heureux... ils ont du pain pour la famille. Mon petit va mourir comme son regard brille ! À me faire un adieu suprême il se résout ; La fièvre a redressé son corps, il est debout Il s'approche de moi, chancelant et livide ; Il vient... Entendez-vous de cette lèvre aride S'échapper ces deux mots : J'AI FAIM ! Entendez-vous ! J'entendis cet appel, et, tombant ci genoux, Je demandai pardon à l'être chaste et frêle. Oh ! Monsieur, je me dis que j'étais criminelle, Et, ne pouvant répondre au cri de mon enfant, Je lui donnai, tremblante, un verre de mon sang ! Mon fils se ranima, comme un sourire d'ange Effleura ce visage à la pâleur étrange : Je le vis s'endormir presque calme et vermeil. Moi, tandis qu'il dormait, j'attendais le réveil, Car la terrible faim, un instant assouvie, Allait venir encor. - Oh ! L'implacable envie, Contre tous les puissants contre tous les heureux, Me torturait. - Le ciel me paraissait affreux. De grands nuages noirs la lune était voilée. Je descendis alors, pieds nus, échevelée, Et devant un passant je m'arrêtai soudain Le passant prit mon corps, et me donna du pain. Et depuis, chaque soir que le besoin nous compte, Je nourris mon enfant du produit de ma honte ! Et, rêvant quelquefois à l'honnête passé, Je sers d'amusement à ce monde insensé. Ouvrez-moi la prison, Monsieur le commissaire, Mon récit est fini ? ? Je connais mon affaire. Deux mois sans voir l'enfant ! Si l'on savait combien Je l'aime, ce petit, c'est mon unique bien ! C'est en mon coeur meurtri le seul amour qui vibre. Le commissaire dit Femme, vous êtes libre ! ==================================================