******************************************************** DC.Title = M...ONSIEUR FIN DE SIÈCLE, SAYNÈTE. DC.Author = COURTELINE, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:07:44. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/COURTELINE_MONSIEURFINDESIECLE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11580090 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** M...ONSIEUR FIN DE SIÈCLE 1894. Tous droits réservés. de GEORGES COURTELINE. ÉMILE COLIN - Imprimerie de Lagny. PERSONNAGES. MONSIEUR LEDOUX. LE MONSIEUR. Extrait de COURTELINE, Georges, "Ombres parisiennes", Paris, Ernest Flammarion, 1894. pp 27-35 M...ONSIEUR FIN DE SIÈCLE MONSIEUR LEDOUX, couché. Il est extraordinaire que cette fille ne revienne pas. Voilà au moins vingt minutes qu'elle est partie aux cabinets en me disant de me mettre au lit. Je commence à être inquiet. Aurai-je agi à la légère en lâchant les vingt francs d'avance ?... Prêtant l'oreille.J'entends un pas ; ce doit être elle. La porte s'ouvre, paraît une monsieur très correct. LE MONSIEUR. Un étranger dans mon lit ! MONSIEUR LEDOUX, effaré. Un homme ! Il se dresse sur son séant.Qui êtes vous ? Qu'est ce que vous demandez ? LE MONSIEUR. La question est au moins bizarre, venant à moi d'un inconnu que je trouve couché dans mes draps. Inquiétude manifeste de Monsieur Ledoux, qui cherche des yeux sa culotte.Ne vous effrayez pas, Monsieur, c'est un homme du monde qui vous parle. MONSIEUR LEDOUX. Ouf ! Vous m'avez fait peur ! J'ai cru à une mauvaise rencontre. LE MONSIEUR. Il n'en est rien, rassurez-vous. Mais comment diable êtes-vous chez moi ? MONSIEUR LEDOUX. Ma fois, Monsieur, je n'y comprends rien. Mon histoire est celle de tout homme qui, jeune, valide, célibataire, erre seul, la nuit, par les rues, après un copieux dîner... LE MONSIEUR. Vous êtes garçon ? MONSIEUR LEDOUX. Oui Monsieur. LE MONSIEUR. Je vous en félicite. MONSIEUR LEDOUX. Il n'y a pas toujours de quoi... À preuve que ce soir... Vous savez ce que c'est ? Les fumées généreuses, l'action d'un sang rajeuni, le coup de fouet des mets épicés, et caetera, et caetera... Je me trouvais, - comment dirait-je ? - en humeur de folichonnerie. J'ignore si je me fais bien comprendre. LE MONSIEUR. Parfaitement. MONSIEUR LEDOUX. [Note : Ce carrefour est proche de la station de métro le Pelletier, il y a aussi la rue Lafayette. Il y a une placette et une brasserie nommée "La pointe Drouot".]Carrefour Montmartre, à l'angle de la rue Drouot, une fille qui prenait l'air sous le cadran de la pneumatique me héla... pour me demander l'heure. J'eus le tort... Auriez-vous l'extrême complaisance de me passer mon pantalon ?... Je vous remercie mille fois... J'eus le tort, dis-je, de la renseigner ; des pourparlers en résultèrent : bref, ayant conclu pour vingt francs, que je luis remis séance tenant, je la suivis en ce logement. LE MONSIEUR. Qui est le mien. MONSIEUR LEDOUX. Il paraît et vous m'en voyez confus... LE MONSIEUR. Déconfusez-vous , je vous en prie. Après tout erreur n'est pas crime, et vous êtes le quatrième à qui ça arrive ce soir. Étonnement de Monsieur Ledoux.Cette Irma est d'une étourderie :... MONSIEUR LEDOUX. Irma ! Qui ça Irma ? LE MONSIEUR. La personne qui prenait le frais sous l'horloge. MONSIEUR LEDOUX, stupéfait. Vous la connaissez donc ? LE MONSIEUR. Irma, c'est ma femme ! MONSIEUR LEDOUX. Votre femme ! La femme qui m'a... oui, est votre femme ? LE MONSIEUR. Sans doute. MONSIEUR LEDOUX. Mais alors vous êtes son... LE MONSIEUR. Son quoi ?... MONSIEUR LEDOUX. Son... son... Eh ! Vous savez parfaitement ce que je veux dire ! LE MONSIEUR. Oui, je le sais, mais qu'est-ce que ça fait ? MONSIEUR LEDOUX. Ça fait que je ne suis pas en sûreté ! Ça fait que j'ai été amené dans un coupe-gorge ! Ça fait que je vais crier à l'assassin si vous ne me laisse pas sortir à l'instant même. LE MONSIEUR. Hé bien ! Allez-vous-en ! Est-ce que je vous retiens, moi ? Tenez, voilà votre gilet. Monsieur Ledoux s'habille en hâte.Vous n'avez pas besoin de trembler comme une feuille et de faire des castagnettes avec vos mâchoires. MONSIEUR LEDOUX. Les gens de votre espèce... LE MONSIEUR. Quoi les gens de mon espèce ? Qu'est ce que vous prétendez dire, avec les gens de mon espèce ? Ils sont rares, les gens de mon espèce ! Je suis un monsieur très bien, moi ; d'une urbanité irréprochable et d'une courtoisie absolue, à preuve que je n'ai même pas relevé vos insolences. Que voilà donc bien l'injustice des hommes ! Vous eussiez pu tomber entre les pattes brutales d'un drôle qui vous eût roué de coups, volé, jeté ensuite dans le rue, nu comme un vulgaire Saint-Jean ; au lieu de ça vous avez affaire à un homme du meilleur monde, à un gentleman délicat qui... Attendez ! Vous avez une bretelle qui croise - à une gentleman délicat, dis-je, qui vous fait le conversation et vous vous plaignez ! Ironique.non, mais il faudrait peut-être que je vous fasse coucher avec ma femme. MONSIEUR LEDOUX. Mon Dieu... LE MONSIEUR. Allons, cela suffit, et je vois bien que j'ai affaire à un ingrat. Retirez-vous, monsieur, vous avez de mauvais sentiments. MONSIEUR LEDOUX. Pardon, et les vingt francs ? Les vingt francs que j'ai remis à la... femme du monde qui faisait le trottoir rue Drouot ? LE MONSIEUR, très grand seigneur. Est-ce que je m'occupe de cela ! ==================================================