******************************************************** DC.Title = LA PRÉSENTATION, SAYNÈTE. DC.Author = COURTELINE, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/08/2022 à 13:52:08. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/COURTELINE_PRESENTATION.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11580090 DC.Source.cote = BnF PHS 8-Z LE SENNE-3573 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA PRÉSENTATION 1894. Tous droits réservés. de GEORGES COURTELINE. ÉMILE COLIN - Imprimerie de Lagny. PERSONNAGES.. CHICHINETTE. LE BEDEAU. À Sainte-Claire du Quartier Bréda. Extrait de COURTELINE, Georges, "Ombres parisiennes", Paris, Ernest Flammarion, 1894. pp 51-56 LA PRÉSENTATION Dans les ténèbres du fiacre qui les conduit chez les Brossurbourg, Madame de Bois-Flotté et Arthur, son fils. MADAME DE BOIS-FLOTTÉ. Un instant encore, puis nous serons rendus, et tu te trouveras en présence de celle qui est appelée, - ce que je veux croire, - à devenir la compagne de ton existence. De cette première entrevue dépend toute ta destinée ; réfléchis-y, Arthur, mon fils ; tâche de sortir victorieux de l'épreuve que tu vas subir. Je te connais , car je t'ai fait ; je sais tes belles qualités mais aussi tes petits travers, et je n'ignore point que si le fond est excellent chez toi, la forme, des fois, ne laisse pas que d'autres d'apparaître défectueuse. La faute m'en revient ; je me hâte de la dire. Aveuglée par ma tendresse... - quelle mère, vraiment digne de ce nom, osera me jeter la première pierre ? - ... Je t'élevais mal, mon enfant ; je t'élevai horriblement mal, m'entêtant à ne voir en tes vices naissants que d'éphémères imperfections et d'inconséquentes mutineries. C'est ainsi que le jour où tu mis à profit le sommeil de ton grand-papa pour lui faire pipi dans la barbe, je m'extasiai et fus proclamer dans le quartier, ainsi que je l'eusse fait d'une action d'éclat, l'ingénieux imprévu de cette farce, plutôt inconvenant cependant. Combien je me repens, à cette heure, de ne t'avoir pas donné le fouet !... Mais ce sont là des regrets superflus, auxquels il ne convient point de s'attarder, auxquels il ne convient point de s'attarder. Un fait est : tu vas être présenté à celle qui va devenir ta femme, - espoir charmant, dont ce berce ma maternelle sollicitude - et à ta nouvelle famille. Efforce-toi donc de gagner l'une et l'autre, par tes séductions extérieures, les charmes de ta conversation ; et recueille de ta mère, Arthur, les sages avis que voici, fruits de son expérience déjà vieille. Arthur, montre-toi à la fois homme du monde et homme d'esprit. Tiens-toi droit ; ne mets pas tes mains dans tes poches, et souviens-toi que le bon goût est père de la bonne plaisanterie. Sois badin, mais comme il convient que le soit une personne de ta condition. Si Monsieur de Brossarbourg, ton futur beau père, te présente sa mains grande ouverte, ne t'adonne pas au plaisir d'y laisser tomber un crachat : facétie innocente sans doute ; pourtant discutable au point de vue de la correction et à laquelle, plus tard, quand tu seras marié, tu te livreras en tout tranquillité d'esprit si tu le juges à propos. Ne révèle point les jupes de la domestique ; encore moins celles de ta fiancée. Ne retire point tes chaussures, à moins que tu n'en sois prié instamment. Autre chose : tu as l'habitude de manger comme un cochon. Je t'en supplie de ne rien faire. Arthur, ne lèche pas de ta langue, la sauce restée en ton assiette ; ne prends pas ta viande à pleine main ; n'élève pas jusqu'à tes narines le pain que l'on te servira en disant pour faire rire ton monde : « Voilà un pain qui sent le pied. » Si tu danses, danse convenablement ; ne te frotte pas sur ta danseuse en poussant des cris de volupté, ainsi que tuas coutume de faire.Sois sobre dans le geste, modéré dans le discours. Fuis le mot à double entente, ennemi de la société. Ne mets pas ta chemise hors de ton pantalon pour faire croire que tu as une rhingrave, si tu te sens la morve au nez, ne te mouche pas avec tes doigts , et si tu viens à roter, dis : « Ce n'est pas moi ; c'est la lampe. » Tels sont, Arthur, les conseils qui dicte ma maturité à ta jeune expérience. J'ose me flatter de l'espérance que tu en tireras profit. Or, voici que le fiacre s'arrête devant la porte des Brossarbourg, descends et paye le cocher : trente sous pour la course, dix centimes de pourboire. Cet homme nous a menés bon train ;il faut récompenser son zèle. Le décor change. Il représente maintenant le salon des Brossarbourg. UN LARBIN, annonçant. Madame de Bois-Flotté, et Monsieur Arthur, son fils. Apparition d'Arthur de Bois-Flotté. ARTHUR, saluant, très correct. Mesdames, Messieurs !... Serviteur !... Il se prend le pied dans un pli du tapis, s'étale de tout son long, se redresse, et, d'une voix retentissante.M.... pour les Brossarbourg : Enfants de salauds, qui laissent des peaux de saucissons traîner dans leur appartement pour que Messieurs les invités se foutent la gueule par terre ! ==================================================