******************************************************** DC.Title = MOMUS À PARIS, OPÉRA-COMIQUE DC.Author = PANARD, FAGAN DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Opéra comique DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 03/05/2020 à 17:09:27. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/FAGAN_MOMUSAPARIS.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** MOMUS À PARIS OPÉRA-COMIQUE EN UN ACTE Représenté pour la première fois, à la Foire Saint-Germain, au mois de Février 1732. M. DCC. LXX. Par Messieurs PANARD et FAGAN ACTEURS. MOMUS. LA GIROUETTE. ADRASTE. MARTON. FRONTIN. LE CHEVALIER. BROCHURE. BAROCO. ARMIDON. MONSIEUR BOBINET. MADAME BOBINET. LISETTE. DEUX LAQUAIS. TROUPE DE MASQUES. SUITE DE MOMUS. La Scène est à Paris. extrait de "THÉÂTRE de M. FAGAN et autres OEUVRES DU MÊME AUTEUR.", Tome quatrième, Théâtre de la Foire, 1760. pp 357-388 MOMUS À PARIS SCÈNE PREMIÈRE. Momus, La Girouette. MOMUS. AIR : Quand on a prononcé.Illustres Calotins, Troupe aimable et badine,Que sur un cas nouveau chacun de vous opine.Ecoutez, chers amis, qui répétez mes lois :Et du Dieu des grelots reconnaissez la voix. AIR.Il est honteux, ne vous déplaire, Pour un corps aussi glorieux,Pour un corps, qui, par parenthèse,De tous les corps est le plus vieux,De n'avoir point, dans cette ville,Un hôtel, un honnête asile, Où, selon les occasions,Nous, nos agents ou commissaires,Puissions remplir les fonctionsPour le bon ordre nécessairesComme font les réceptions, Les conseils les décisionsLes règlements capitulairesLes ordonnances et décrets,Les récompenses brevets. AIR Patapan.Il faut établir un séjour, Où tout humain porte-calottePuisse, au premier coup de tambour,Sous l'ëtendard de la marotte,Patapan,Joindre aussitôt le régiment. LA GIROUETTE. AIR Quand je tiens de ce jus d'octobre.Je ne crois pas qu'aucun s'opposeÀ l'utile établissementQue notre souverain propose.Tout doit suivre son sentiment. MOMUS. AIR.Vous opinez tout seul, Monsieur La Girouette ; Attendez, s'il vous plaît, qu'à ce que je projetteMes sujets veuillent consentir. Votre louange m'est suspecte.Comme vous êtes Architecte,Vous ne demandez qu'à bâtir. Parlez, vous qui toujours consultez le caprice,Parlez, Calotine Milice. CHOEUR. A 1 ÏL Tu n'manieraspas mon Minet.Qu'on éleve dans 16sairsLes merveilleux édificesQu'on éleve dans les airs ï L'hôcel de tout l'Univers. MOMUS. AIR Tu croyais, en aimant Colette.C'est donc une chose conclue ;Amis, je ne balance plus.Quand nous aurons pignon sur rue,Nous en ferons plus absolus. AIR: Sans dessus dessous.Nous préviendrons mieux les abusQui peuvent blesser nos StatutsCar on voit la troupe ratière,Sans dessus dessous, sans devant derrière ;Tout est, dans l'empire des fous, Sans devant derrière, sans dessus dessous. LA GIROUETTE. AIR : Réveillez-vous, belle endormie.Chacun comme vous, le souhaiteTout le monde est de votre avis. MOMUS. Montrez, fameux la Girouette,Montrez vos plans et vos devis. LA GIROUETTE. AIR.Holà Corinthien, la Frise.Fidèles compagnons, dont le zèle empresséMe seconde en mon entrepriseApportez-moi le plan que je vous ai tracé. SCÈNE II. Momus, Corinthien, La Frise. MOMUS. Comment donc ! Ce projet surpasse mon attente. Il est savamment destiné,Bien conduit bien imaginé.La construction est charmante.Une échelle fait l'escalierDes trappes fervent de passage Les mansardes sont au premier,Et l'entresol est au troisième étage. AIR : Dans notre Village.Si de notre EmpireVous n'étiez sujetUn si beau projet Suffirait pour vous faire inscrire.Mais expliquez-moiCe qu'ici je vois. LA GIROUETTE. C'est l'endroit devine pour placer les peintures ;Qui des fous les plus importants Apprendront les faits éclatants,Et les diverses aventures.Par exemple, dans le talionSeront les plaideurs et plaideusesLes Pédants et les Précieuses Se verront dans ce pavillon.Là, de riches vieillards épris de leurs cassettes,Morts de faim sur un tas d'écus ;Ici ceux qui dans les bassettesPortent leurs fonds et revenus Messieurs les peintres et poètesSymphonies, musiciensFrançois, ainsi qu'Italiens,Dans ce petit panneau seront les effigiesDes amants qui se sont pendus Pour leurs maîtresses infidèles.Plus bas, quelques auteurs de brochures nouvelles,De contes bleus et de rébus.Enfin de ce côté sera peinte une Clique,Qui, dans certain pays, a tout mis en pratique Tout remué pour obtenirLe bail de l'Opéra-Comique,Ayant pour but de s'enrichir. MOMUS. AIR de la Canicule.Il suffit : présentementCherchons dans la Ville Un lieu propre au bâtiment. LA GIROUETTE. Rien n'est plus facile.Vous devez choisir l'endroitOù le plus souvent on voitDu calotinage, L'endroit le moins sage. MOMUS. Oui, c'est-là mon intention ;Mais le choix n'en est pas si facile qu'on penseÀ quel quartier donner la préférenceIl faut, dans tout ceci, grande précaution. Voyons ce qui le passe avec attention,Et que de chaque endroit une légère idéeÀ nos yeux soit tracée.[Note : Asmodée : Démon de la Bible (Tobie III ,8), roi des dévastateurs. [L]]Venez la Girouette un nouvel AsmodéeVous va conduire par la main. Nous sommes ce me semble au Faubourg Saint-GermainCommençons-notre tournée. LA GIROUETTE. Vous m'y voyez tout prêt. MOMUS. Vous, cependant, allezOù, par vos fonctions, vous êtes appelés. `Nous pourrons bien sans vous prendre cet exercice. CHOEUR. Qu'on éleve dans les airs etc. LA GIROUETTE. Quelqu'un paraît. MOMUS. Mettons-nous à i'écart. SCÈNE III. Adraste, Frontin. FRONTIN dit à son maître qu'il a toutes les peines du monde à tirer de l'argent de Monsieur Simon son usurier ordinaire mais qu'à la fin il lui a donné deux mille livres, après avoir rempli son blanc-seing de quatre mille livres. Ce sont deux mille livres qu'il m'en coûte, répond Adraste mais que ne ferait-on pas pour se tirer d'affaire avec honneur ? Va ajoûte-t-il à Frontin, assemble mes créanciers chez moi : je vais t'y joindre, et les payer. SCÈNE IV. Adraste, Marton. MARTON, après avoir assuré Adraste que la comédienne Doris n'aime que lui, lui insinue adroitement que sa maîtresse est au défefpoir d'un vol que lui a fait un Laquais qui lui a enlevé habits et diamants. Adraste lui donne les deux mille livres qu'il vient de recevoir, en lui disant : ADRASTE. AIR : Je veux boire à ma Lisette.Prends Marton cette ressourceAdoucira fon malheur. Peut-on ménager fa bourbeQuand on a donné son coeur Il la prie d'écarter Doris certain nouvel auteur qui lui adresse ses poésies. MARTON. N'en prenez point d'ombrage. AIR : Objet charmant et doux.Les vers sont ennuyeux. bis.Faire grande dépenfe, et montrer l'or aux yeux :C'est parler, croyez-moi, le langage des Dieux. ADRASTE. Va, Marton. AIR : C'est un excellent élixir.De cet objet plein de douceurTâche de calmer la douleur. MARTON. Contre le mal qui la possèdeJe tiens un excellent remède.Oui, votre argent, pour la guérir, Est un admirable,Est un agréable,Est un excellent élixir. SCÈNE V. ADRASTE. Je n'ai pu faire autrement. Il faudra que je me retourne d'un autre côté. SCÈNE VI. Adraste, Frontin. FRONTIN. La plupart de vos créanciers sont chez vous. AIR : Attendez-moi sous l'orme.Je leur ai fait entendreQue, moins impertinents, Ils seraient bien d'apprendreÀ connaître les gens.Ils vont chez vous se rendreBien joyeux, bien contents. ADRASTE. Ils m'y peuvent attendre ; Ils attendront longtemps. Il lui avoue l'emploi qu'il a fait de son argent. FRONTIN. AIR: Les Trembleurs.Une femme claire et nette,Que d'un Arabe il achètePour acquitter une dette,Disparaît en un instant. Cela me semble incroyable,Impossible, inconcevable.Il faut enfin que le diableAit emporté votre argent. SCÈNE VII. Adraste, Le chevalier, Frontin. LE CHEVALIER raconte à Adraste, comme une chose fort plasante, que Doris lui a donné une somme de deux mille livres, dont il avait besoin, que sa suivante a adroitement tirée d'un jeune innocent qui croit en être aimé. SCÈNE VIII. Adraste, Frontin. Adraste déclame contre la perfidie de sa maîtresse. FRONTIN. AIR : Grimaudin.Pour vous consoler, vos affaires Sont en bon train.De créanciers et créancièresUn noir essaimViendra bloquer soir et matin,Votre Château de Gaillardin. SCÈNE IX. Momus, La Girouette. LA GIROUETTE. Ma foi, pour ce quartier, ce trait me détermine.Je pense qu'il n'est pas besoin,De chercher, ni d'aller plus loin. MOMUS. Il est bon que chacun passe par l'étamine.Par exemple, écoutons deux Auteurs que voici : Ils sont avec un tiers qui parle et se démèneDu pays Latin jusqu'ici.Ils le suivent. LA GIROUETTE. Tant mieux, ils nous sauvent la peineD'aller courir la pretantaine. Seigneur, ce carrefour tumultueux, passant,De calotins à la douzaine,Offre un tableau divertissant.Restons-y, nous pourrons y voir plus d'une scène. MOMUS. J'y consens. Nous irons de-là Finir notre recherche au bal de l'Opéra. SCÈNE X. Brochure, Armidon, Baroco. BAROCO. AIR : Bouchez, Naïades.Il faut l'avouer les libraires,Avec nous, sont de francs corsaires. ARMIDON. Daignez un moment m'écouter. BAROCO. Je n'ai plus qu'un mot à vous dire. BROCHURE. Quoi toujours me persécuter !Messieurs, souffrez que je respire.Me suivre depuis la rue Saint-Jacques qu'au carrefour de Bussy ? Je n'y puis plus tenir. BAROCO. Quoi ! Vous ne convenez pas de l'excellence de mes ouvrages ? ARMIDON. Vous n'êtes pas frappé de la beauté du mien ? BROCHURE. AIR : Sois complaisant. etc. Vos écrits sont pleins d'esprit et de verve Et je les crois avoués de Minerve.Mais, Que le destin me préserve De les imprimer jamais. ARMIDON. Je ne veux point de vos cantates en prose, ni de vos harangues en vers. BAROCO. AIR : Changement pique l'appétit.Les vers valent mieux que la prose. ARMIDON. Et ma cantate est une choseNouvelle et qui flatte l'esprit. Changement pique l'appétit. BAROCO. Réfuter une harangue, que j'ai pris plaisir à composer en vers en décasyllabes imitée de Demostènes ! Procté ! Siphoué ! ARMIDON. Vous ne remarquez pas quelle noble simplicité règne dans ma cantate.Tircis pour Daphné avait de l'inclination.Dans la prairie les deux amantsS'amusaient ensemble... C'est pourquoi... BROCHURE. C'est pourquoi ! ARMIDON. C'est pourquoi. BROCHURE. Cela est détestable. BAROCO. Savez-vous lire, mon ami ? BROCHURE. Belle demande un libraire ! BAROCO. Vous allez convenir... Où sont donc mes harangues ? AIR : Diogene.Le déluge, la foudre, Qui réduit tout en poudreLes vents impétueux,La grêle, la tempête,Tout tombe sur ma têteEn ce moment affreux. Quel téméraire a osé porter sa main profane sur mon bien, ma vie, mes trésors, l'ouvrage de vingt ans ! On me vole ! O Jupeter altitonans ! Souffrirez-vous ce nefandum facinus. Il faut les que je les aye perdus dans ce maudit café. ARMIDON. AIR : Vivons pour le sfillettes.De désespoir, il est saisi. bis. BROCHURE. Pendant qu'il extravague ainsiTirons-nous de ses pattes.L'ami, je vous conseille aussiDe perdre vos cantates. SCÈNE XI. BAROCO. AIR : Non, je ne ferai pas.Non ce que les enfers ont de plus effroyableAux maux que je ressens n'ont rien de comparable.Rien d'un coup si cruel, ne peut me consoler.Je n'y saurais survivre il me faut immoler.Ah ! Les voici dans ma poche. Approchez, Monsieur Brochure. Mais que vois-je ? Evafit !Je vous retrouve donc, dignes fruits de mes veilles ! Écrits ingénieux, harangues non-pareilles !Si, dans ce siècle rare en parfaits connaisseurs,Vous n'avez encor pu trouver d'imprimeurs,Vous en serez vengés et vous aurez la gloireD'être inscrits pour jamais au temple de Mémoire. SCÈNE XII. Monsieur et Madame Bobinet, Lisette. Madame Bobinet se plaint de sottes façons d'agir les habitants du Faubourg Saint-Germain, où se trouvent [...] [LISETTE]. AIR : Cordon bleu.[Note : Cette réplique ne comporte aucune entête de personnage.]Un Plaisant qui récite des vers ;Un Abbé qui sans cesses ricane ;Un sot qui parle à tort et à travers,Et qui gesticule avec sa canne ;Deux précieuses sur un sofa, D'un air d'indolence,Gardant le silence ;Trois Anglais, un acteur d'opéra,Le bel assemblage de gens que voilà ![Note : La Fontaine de l'échaudé, rue Vieille du Temple, à l'angle de la rue du Poitou. Datée de 1671, c'est la plus ancienne fontaine de ce quartier.] Elle parle surtout d'une certaine Clorinde, qui ne l'a reconduite qu'à la porte de sa chambre. Monsieur Bobinet trouve fort ridicule que pendant tout le temps de la visite, on ne l'ait pas prié de mettre son chapeau. MADAME BOBINET. AIR : Ô reguingué.Peut-on voir moins d'empressement ! Me regardait-on seulement ! ROBINET. Moi, sur un mot de compliment,Qu'à Clorinde j'ai voulu dire,Tout le monde s'est mis à rire. Retournons, dit Monsieur Robinet, dans notre quartier de la fontaine de l'échaudé. MONSIEUR BOBINET. AIR : Agréable espérance.Depuis chère Poulette, Que je suis marié,De moi vous devez être satisfaite.Je vous ai toujours mis sur le bon pied. Madame Bobinet demande son équipage. Un laquais lui dit que ne donnant que vingt écus de gages de son cocher, il allé faire une course pour son compte. SCENE XIII et dernière. Momus, La Girouette. LA GIROUETTE. AIR : Des Rats.Que dans cette villeL'on voie de travers C'est la plus fertileDe tout l'Univers.Notre choix fera difficile :Ma foi, nous ne finirons pas.Dieux ! Que d'embarras Pour fixer notre domicile !Dieux ! Que d'embarrasPour connaitre les plus grands rats. MOMUS. Il est vrai qu'on ne peut bien juger de la chose ;Le pays Latin, le Marais~ Dont nous venons de voir, en passant, quelque traits,Étant pourvus de même doqeQue le quartier du Faubourg Saint-Germain, Rendent de plus en plus mon esprit incertain. LA GIROUETTE. Moi, je l'avouerai ; plus j'y pense, Moins je puis décider, et quand pour l'un des trois,Je fuis prêt à fixer mon choix,Unanie, sur le champ, fait pencher la balance. MOMUS. Je l'avais bien prévu mais ce n'est pas là tout. Il faut aller jusqu'au bout. Un quatrième peut tenir en concurrence. LA GIROUETTE. Serait-ce s'il vous plait le bal de l'Opèra ?Car je crois que nous y voilà, Du moins, ce que je vois en a quelque apparence. MOMUS. Oui, pour examiner ce qui s'y passera, Tous deux, incognito, nous y tiendrons séance. AIR : Le bon branle.[Note : Terpsichore : Nymphe de la mythologie grecque qui préside à la danse.]Terpsichore dans ce séjour,Met tout Paris en branle.C'est à qui lui fera sa cour.On y voit jusqu'au point du jour, [Note : Branle : Espèce de danse. Le branle ou branle gai est le nom générique de toutes les danses où un ou deux danseurs conduisent tous les autres, qui répètent ce qu'ont fait les premiers. [L]]Danser un joli branle.Souvent même, après le retourOn est encore en branle. LA GIROUETTE. AIR.Oh vraiment, je connais cet asile charmant ;C'est où le tendre amour débite sa recette. Des plaisirs il est la retraite,Et le centre du mouvement. AIR.Jour et nuit, d'une ardeur extrême,On y voit chacun s'empresser. MOMUS. te jour, c'est pour y voir danser ; La nuit, pour y danser foi-même. bis. [les deux vers] LA GIROUETTE. Nous sommes encor seuls mais certaine rumeurM'annonce que bientôt nous aurons compagnie.Je ne me trompe pas. Tenez, voyez, Seigneur,De quel nombreux concours l'entrée est investie L'Orchestre, cependant, n'est pas encore en train. MOMUS. L'Orchestre ? Il est, sans doute, au cabaret prochain. AIR.En attendant qu'il en revienne,Les masques que je vois venirEt le motif qui les amène, Pourront aisément nous fournirMatière à nous entretenir. LA GIROUETTE. AIR : Berger d'Amphrise.Quelle est cette ÉgyptienneQui montre un transport jaloux ? MOMUS. Elle aperçoit son époux Près d'une comédienne.Dans ce bal en rendez-vous, Tous les deux se font les yeux doux. Pour la venger de l'injure,Vient un jeune homme à son gré. LA GIROUETTE. La bonne aventure, ô gué,Ô gué, etc. AIR Du pouvoir.Quelle est cette chauve-souris ? MOMUS. Un suppôt de Thémis, bis.Qui va droit, en sortant du bal, Dormir au tribunal. bis. LA GIROUETTE. Même air.Savez-vous quel est ce coureur ? MOMUS. Un jeune Procureur. bis. LA GIROUETTE. Cet autre qui porte un turban ? MOMUS. C'est un gros partisan. bis. LA GIROUETTE. AIR.[Note : Espagnolette : Il s'est dit quelquefois pour jeune fille espagnole. [L]]Il accoste une Espagnolette.La Belle me paraît écouter la fleurette. MOMUS. Cette friponne a son dessein. LA GIROUETTE. Se font-ils quelque confidence ?Je vois qu'il lui serre la main. MOMUS. [Note : Ambulance : Vendeur en ambulance, homme qui établit son échoppe, son lieu de vente, dans les passages, dans les marchés. [L]]Il lui promet une ambulanceQue son époux aura demain. LA GIROUETTE. Un coeur d'acier ne pourrait se défendreSollicité par de si doux appas. MOMUS. Celui que vous voyez plus bas, Est un chimiste à sec, qui vient ici se rendre,Pour y dissiper ses ennuis.Il ne fort jamais que les nuits :Cela, pour deux raisons que je vais vous apprendre. AIR : Monsieur le Prévot des Marchands.Primo, c'est que plusieurs Marchands, Ont mis après lui les Sergents ;[Note : Gober : Populairement Faire prisonnier quelqu'un que l'on guette. [L]]Il craint le jour qu'on ne le gobe,S'il prend l'essor. Et, secundo,C'est que toute sa garde-robe[Note : Domino : Costume de bal masqué ou costumé qui consiste en une robe avec un capuchon ou camail. [L]]Est réduite à son domino. LA GIROUETTE. AIR : Que de gentilles pélerines.J'aperçois une pélerineQui porte sous la capeline,Des yeux brillants, friande mine,Qui ne marchande point un coeur.Celui qui de près l'examine, Est-ce un époux ? Est-ce un tuteur ? MOMUS. AIR : Il n'est plus temps.C'est un époux sexagénaire,Et sa moitié n'a pas vingt ans :Tens tens, tens.[Note : S'adoniser : S'ajuster avec un trop grand soin. [L]]Il s'adonise, il tache encor de plaire. LA GIROUETTE. Tens, terens, rens, tens,Il n'est plus temps. AIR : Non, je ne ferai pas.Je les crois fort unis : mais, entre nous, je gageQu'avec impatience elle attend le veuvage. MOMUS. N'en doutez pas. Bien plus, pour remplir ce désir, D'un fort plaisant moyen on la voit se servir. AIR : Branle de MetzPour lui cette épouse tendre,Le force à se réjouir ;Par la route du plaisir,Au tombeau le fait descendre. [Note : Noir séjour : tombeau.]Pour aller au noir séjour,Divers chemins on peut prendre ;Pour aller au noir séjour,[Note : Barbon : Vieillard, avec une idée de dénigrement. [L]]Le barbon prend le plus court. LA GIROUETTE. Vers nous en tumulte on s'avance. MOMUS. Prenons la loge que voici.Nous verrons que ce quartier-ciA droit, autant qu'un autre, à notre résidence. UN PAYSAN. AIR : Ces filles sont si sottes.À mon panier si quelqu'un va,J'ai le bras lourd, il en saura Sur le champ des nouvelles ;Arrêtez-vous, laissez cela.Mon fruit est pour les BellesLon la.Mon fruit est pour les Belles. LA BOUQUETIÈRE. AIR.La rose et le bouton,Ton, ton,La rose et le bouton, AIR.La rose et le bouton.Pour Javotte, CharlotteJeanneton,Margoton,Nanette, Fanchon,Lisette, Suzon ColetteÇa, ça, que l'on achèteLa rose et le bouton,Ton, ton,La rose et le bouton. De ma petiteMargueriteFaire emplette, beau garçon.Souvent, dans les jardins, la fleur la plus parfaiteNe vaut pas la fleurette Qui naît dans un vallon.Pour Javotte etc. LE FROTTEUR. AIR.[Note : Frotteur : Celui qui frotte les parquets. [L]]Je suis frotteur de mon métier,Aux plus fameux je fais la nique ;Tous les jours, dans chaque quartier, [Note : Pratique : ouvrage, travail.]Je vais cherchant de la pratique.Regardez si je suis au fait,Comme je frotte,Comme je frotteSur le parquet. Dans la chambre et le cabinet,Si je suis à votre service,Mesdames, tout sera bien net ;Car je ne suis pas un novice.Regardez etc. Me dit-on de monter du bois,Si c'est pour un mari, je vole ;Je fuis à tout, et quelque fois,Je tire de l'eau pour Nicole.Regardez, etc. LA GIROUETTE. Ces masques me semblent aimables.À votre tribunal, les croyez-vous coupables ? MOMUS. Ils le font l'un plein d'enjouement,Plein de saillie et d'agrément ;Dans une fête, un bal, a ce qu'il faut pour plaire ; Toujours rire, danser folâtrer est son tic ;Mais ce tic ne lui convient guère :II était né pour ne rien taireEt le sort a permis qu'il fût homme public.L'autre masquée en bouquetière ; Est un morceau friand, gentille douairière.Elle est riche, elle est belle, et de condition ;Sur son compte, bien plus, il n'est rien à redire :Mais vivant sans précaution,Elle donne à jaser. La mordante satire Noircit sa réputation.Les rendez-vous, le tête-à-tête,Les nocturnes repasTout lui convient, rien ne l'arrête,Qu'on en parle ou n'en parle pas. N'est-ce point un travers ayant de la sagesse,De n'en pas recueillir le prix ?Elle a le coeur d'une Lucrèce,[Note : Laïs : Fig. Femme galante dont la réputation fait grand bruit. [L]]Et le dehors d'une Laïs. LA GIROUETTE. Que de sujets pour votre empire. Mais, enfin, voilà donc le bâtiment à bas,Pour le choix du quartier où l'on doit le construire,C'est toujours nouvel embarras.Que faire ?... MOMUS. Il faudra nous conduire,À cet égard, le mieux que nous pourrons Avec le temps nous en déciderons.Au surplus, je prétends sur un point vous induire,Si plus qu'un autre pays,À mon pouvoir paraît soumis.Loin que ses habitants en soient moins agréables, C'est ce qui les rend plus aimables. AIR : O reguingué.Les Calotins, en quantité,Que l'on voit en cette Cité,Viennent de leur vivacitéEt c'est où brille la saillie, Que l'on voit régner la folie. COMPLIMENT Fait à la Clôture de la Foire Saint-Laurent au mois d'octobre 1731. [LA TROUPE]. MESSIEURS, AIR Un Berger de notre village.Dans cette fatale journéeQui doit mettre fin à nos jeuxC'est moi que l'on a destinéePour faire de tristes adieux. Je ne sais ce que je vais direMais je sens mon coeur qui soupire. AIR Des triolets.Les moments où je puis vous voir,Sont les plus heureux de ma vie ;Il n'est rien qui puisse valoir Les moments où je puis vous voir.Mais hélas de quel désespoirMon âme est aujourd'hui saisieJe perds, en vous quittant, ce soir,Les plus doux plaisirs de la vie. AIR : Je vous le donne.Ah ! Quel dommage !Lorsque notre théâtre est pleinPourquoi faut-il plier bagage ?S'arrêter en si beau chemin,Ah ! Quel dommage ? Mais tous ces regrets sont inutiles, il faut nous séparer. Du moins, AIR : Que j'estime mon cher voisin !Messieurs, pendant les quatre moisQue je dois être absente,Qu'il vous souvienne quelque foisDe la petite Tante.Nous allons employer cet intervalle À nous mettre en état de mériter vos suffrages. AIR : La jeune Isabelle.Que votre présence,Qui nous charme tant,Soit la récompenseD'un zèle constant. L'Opéra lui-mêmeVous dit clairementAimez qui vous aime,Rien n'est si charmant.Oui, Messieurs, AIR. le Prévôt des Marchands.Si notre Opéra quelques jours Vous amusa dans les Faubourgs,Que cela nous devienne utile ;J'ose aujourd'hui vous en prier.Venez tous nous voir à la Ville,Le troisième de Février. ==================================================