******************************************************** DC.Title = LE PETIT MÉNAGE, MONOLOGUE. DC.Author = FEYDEAU, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 12:57:06. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/FEYDEAU_PETITMENAGE.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76162p DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE PETIT MÉNAGE MONOLOGUE EN VERS DIT ET ILLUSTRÉ PAR SAINT-GERMAIN, DU THÉÂTRE DU GYMNASE Prix : Un franc 1883. Tous droits réservés. Imprimerie Générale de Chatillon-sur-Seine. - A. Pichat. PERSONNAGES UN HOMME. LE PETIT MÉNAGE UN HOMME Minet, le roi des angoras, Doux et blanc, soyeux, gros et gras, Avait pour légitime épouse Une belle chatte andalouse Aux poils brunis et pleins d'appas. C'est moi qui fis leur mariage. Oui, moi, par un beau jour d'avril ; Mais mariage tout civil... Sans messe ? aujourd'hui c'est l'usage ; Car j' avouerai que mon chat, Nouveau Daniel Rochat, Ne fait pas très bon ménage Avec la gent à rabat. Oui, ces messieurs ont la sottise De nommer péchés capitaux La luxure et la gourmandise ; Et Minet a ces deux défauts. D'ailleurs chacun son goût sur terre ! Moi, mon chat est libre penseur. C'est son droit ! Mais n'ayez pas pour : Minet n'est pas révolutionnaire. Ronronnant, dormant Bien paisiblement, Je crois qu'il pratique Peu la politique. Pourvu qu'il soit bien , C'est ce qu'il désire Et j'ai le droit de dire Qu'il ne lui manque rien. Depuis près de six semaines Durait leur lune de miel, Et leurs jours s'écoulaient sans fiel Loin des soucis et loin des peines : Toujours tous les deux, Bien heureux, Ils coulaient des moments d'ivresse, Miaulant, remplis d'allégresse, Leurs duos amoureux. Sur cette entrefaite, Connaissance est faite Avec le chat d'un mien voisin, Chat, je crois, un peu cousin De ma chatte l'andalouse, Et l'épouse De Minet. Triboulet - C'est là son nom - est une belle bête Dont la tête Enflamma le coeur De plus d'une vierge féline. Bref, ce Don Juan séducteur Vient tourner et faire la mine Auprès de sa jeune cousine. Il fait ronron doucement En se frottant lascivement Contre la robe délicate De la chatte. À quoi bon hésiter ? L'occasion est bonne ; Il compte en profiter, Et, confiant dans sa personne, Notre amoureux Se montre... plus qu'audacieux. Tout justement Minet voyage : Monsieur chasse... dans le grenier. Pas besoin de se méfier ! Hélas ! Ma chatte un peu volage Commence à plier. L'on badine, on cause En langue de chat, Et le scélérat Gagne enfin sa cause ! Mais, patatras ! Au bon moment Et par la porte entre-bâillée - Que n'était-elle verrouillée ! - Minet subitement Comme une bombe Tombe. Lui ! Nom d'un matou ! Nos deux chats Franchement ne l'attendaient pas. Dame ! On le croyait à la chasse. Ces maris! Jamais à leur place ! Le voilà furieux ! Frémissant sous l'outrage, Et faisant, plein de rage, Des bonds prodigieux. Les éclairs brillent dansa ses yeux. Il fait : « pfut ! pfut ! » son clos se voûte... Ce sera terrible, sans doute ! Oui ! Tremblez, pauvres amoureux ! Quelles effroyables tempêtes, Et quels cataclysmes affreux Vont s'amonceler sur vos têtes, Malheureux ! Déjà je prévois un carnage, Et tout pâle, les yeux hagards, Je n'en veux pas voir davantage Et je détourne les regards !... ... Mais quoi ? Rien ? Tout est en silence ! Seul, dans l'air roule un ronron régulier, Et pas de bruit, de violence, Pas de combat ? C'est singulier ! Ah çà, Minet, cette vengeance ?... Minet ! Ah ! C'est un esprit fort ! Savez-vous bien ce qui se passe ? Minet, cet époux on disgrâce, Sachant se soumettre à son sort, Philosophiquement s'endort Auprès du couple qui s'embrasse. Voici l'histoire, mes amis ! C'est celle de bien des maris ! Prenez-la comme on vous la donne : Je n'y veux désigner personne. ==================================================