******************************************************** DC.Title = CLÉMENTINE OU LES MEMBRES D'HONNEUR, DIALOGUE. DC.Author = GONNET, Eugène DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 13/03/2021 à 19:21:59. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GONNET_CLEMENTINE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5620486w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** CLÉMENTINE OU LES MEMBRES D'HONNEUR POUR UNE DISTRIBUTION DE DIPLÔMES 1858 Par l'Abbé E. GONNET. AVIGNON, typ. Jacquet, rue Saint-Marc, 22. PERSONNAGES. CLÉMENTINE, membre d'honneur. PHILOMÈNE, membre d'honneur, amie de Clémentine. JULIE, membre d'honneur, amie de Clémentine. ADÈLE, membre d'honneur, amie de Clémentine. HONORÉE, maîtresse des cérémonies. ROSINE, congréganiste. LA PRÉSIDENTE DE LA CONGRÉGATION. UNE COMMISSIONNAIRE. LE CHOEUR. La scène se passe dans une cour. Extrait de "Dialogues en vers pour pensionnaires ou congrégations de jeunes demoiselles", 5ème cahier, de l'Abbé Eugène Gonnet. pp 11-24 CLÉMENTINE OU LES MEMBRES D'HONNEUR. SCÈNE I. HONORÉE, seule. Elle place des bancs et des chaises ; suspend au mur le tableau des Membres d'honneur.Allons, dépêchons-nous !... Surtout n'oublions pasQu'au service de Dieu nul office n'est bas.Eh ! Quoi ! L'on me verrait, à ma charge infidèle,Perdre en ce jour heureux le nom dont on m'appelle ?Non, non : fuis loin de moi, triste respect humain. Je suis ce que je fus, je le serai demain :Honorée, Honorée. Elle époussette.Époussetons ce siège.Bien. Elle s'assied.Mais quelle pensée en ce moment m'assiège ?Pourquoi ranger les bancs dans un lieu découvert ?Aurait-on résolu de donner un concert ? C'est que, bien loin d'ici, notre fête est en vogue...Mais, non, ce serait trop : un petit dialogueSuffit pour expliquer ce train inusité,Et pour piquer aussi la curiosité. CLÉMENTINE. On peut représenter... Quoi donc ? Ah ! Que c'est drôle ! Rangeons, époussetons, puisque c'est là mon rôle. Elle époussette.À d'autres le souci de dire les bons mots :Je suis loin d'y prétendre. Elle regarde du côté de la porte.Il me semble, à propos,Que le moment approche, et que ces Demoiselles.... SCÈNE II. Honorée, Clémentine. CLÉMENTINE. Écoute, mon enfant. Donne-moi des nouvelles De votre belle fête. Est-il vrai qu'en ce jourOn doit en célébrer le glorieux retour ? HONORÉE. Oui, c'est le seul motif qui m'occupe à cette heure. CLÉMENTINE. Quel plaisir de revoir son ancienne demeure !Enfant, sois honorée... HONORÉE. En effet, c'est mon nom. CLÉMENTINE. Porte-le dignement. Le mien le sais-tu ? HONORÉE. Non.Mais vous me le direz. CLÉMENTINE. Mon nom est Clémentine.J'arrive de fort loin. HONORÉE. De Paris, je devine. CLÉMENTINE. Oui. Pour moi cependant ce lieu n'est pas nouveau.Comme Membre d'honneur je figure au tableau. HONORÉE, lisant. Voyons : Membres d'honneur : Célina, Catherine,Philomène, Julie, Adèle, Clémentine. CLÉMENTINE. De celles dont tu viens de me citer les noms,Pourquoi suis-je la seule arrivée ? HONORÉE. Attendons :L'heure n'a point sonné. D'ailleurs, c'est le proverbe : Près de l'Église... CLÉMENTINE. Eh ! Bien ? HONORÉE. Loin de Dieu. CLÉMENTINE. C'est superbe.Elles démentiraient leur première ferveur ?...Cette crainte déjà me pénètre le coeur. HONORÉE. Oh ! Non, assurément. J'ai voulu rendre hommageAu zèle qui vous pousse en un si long voyage Et constater un fait que vous-même prouvez :Les plus loin ne sont pas les derniers arrivés. CLÉMENTINE. C'est assez, Honorée. Ainsi, ces Demoiselles... ADÈLE, au dehors. Philomène ! Julie ! HONORÉE. Écoutez. CLÉMENTINE. Ce sont elles. SCÈNE III. Les mêmes, Adèle, PHILOMÈNE, Julie. PHILOMÈNE. Adèle, attends-nous donc. ADÈLE. C'est Clémentine ! Ô ciel ! On embrasse Clémentine.Mais, quel bon vent t'amène en ce jour solennel ? CLÉMENTINE. Le vent de l'amitié. JULIE. La réponse est heureuse. CLÉMENTINE. La vie enfin pour moi devient moins ennuyeuse :Car, à vous dire vrai, je m'ennuie à Paris. PHILOMÈNE. Pourtant, c'est le séjour ; dit-on, des beaux esprits. CLÉMENTINE. Je ne veux pas en être. Il suffit à ma gloireQue j'aie un coeur aimant, une bonne mémoire ;Et Dieu sait si jamais ils me firent défaut. ADÈLE. Va, nous te connaissons ; tu peux le dire haut. PHILOMÈNE. Ainsi le grand Paris n'a rien qui te délasse ? CLÉMENTINE. Rien : et, si, dans mon coeur vous n'aviez une placeJe serais dans Paris comme dans un désert.« Quelque espoir de retour me serait-il offert,Me disais-je ? » Soudain on m'apporte une lettre. ADÈLE. Une lettre ? CLÉMENTINE. Devine. ADÈLE, lit l'adresse. Oh ! Je crois la connaître. Elle remet la lettre à Philomène.Philomène, lis donc. PHILOMÈNE. C'est compris à l'instant.Tous les Membres d'honneur en feraient voir autant. Elle remet la lettre a Julie. JULIE. C'est l'invitation que nous avons reçue. Elle rend la lettre a Clémentine. CLÉMENTINE. Comme un éclair qui brille au milieu de la nue,Cette lettre, à l'instant dissipant mes ennuis, M'inspire le dessein de venir où je suis.Sans doute qu'on prépare une brillante fête ? PHILOMÈNE. À cette occasion, je crois que l'on projetteQuelque chose... JULIE. Quoi donc ? PHILOMÈNE. Je ne sais pas très bien. CLÉMENTINE. Il n'en est pas besoin. Ne comptes-tu pour rien Le plaisir de revoir ses anciennes amies,De jouir du coup d'oeil de ces cérémonies,Et d'entendre ces chants qui nous charmaient jadis ? PHILOMÈNE. N'importe : il est encore un projet, je vous dis. SCÈNE IV. Les mêmes, Rosine, La Présidente, Le Choeur. ROSINE, avec humeur. Quel tapage ! Vraiment, c'est à rompre la tête. Qui leur a pu souffler de venir à la fête ? CLÉMENTINE. Pardon, Mademoiselle, une invitation. LA PRÉSIDENTE. Rosine, c'est ainsi. Pas tant d'émotion. ROSINE. Faut-il donc s'y résoudre, et voir des étrangèresSe mêler à nos jeux et chasser sur nos terres ? LA PRÉSIDENTE, aux Membres d'honneur. Mes enfants, excusez un zèle peu discret.Rosine, comme vous, ne sait pas le projet. PHILOMÈNE. Je l'avais pressenti. ROSINE. Quel projet ? LA PRÉSIDENTE. Eh ! Ma fille,Crois-tu que sans raison, au banquet de famille,On convie aujourd'hui tous les Membres d'honneur ? Vous saurez le projet de notre Directeur.Mais, comme à tout bienfait reconnaissance est due.Nous allons à l'instant chanter la bienvenueÀ ces coeurs généreux qui daignent en ce jourNous faire tant l'honneur nous marquer tant d'amour. Choristes, c'est à vous de charmer notre oreille.Chantez : Jour de bonheur. Il s'applique à merveille. On chante. LE CHOEUR. Jour de bonheur !Membres d'honneur !Venez à notre fête ; Et que l'écho répèteNos transports de bonheur ! UNE VOIX SEULE. Ô vous qui présidez cette joyeuse fête,Pour la rendre complète, Accordez à nos coeurs Vos plus douces faveurs. 2ème SOLO. Ô vous dont on connaît les vertus, la science,Vous savez que l'enfance A besoin de secours,Protégez la toujours. 5ème SOLO. Ô vous à qui nos coeurs ne demandent qu'à plaire,Aimable et tendre Père,Agréez en ce jourLes voeux de notre amour. [Note : Le chant de ce compliment fait partie d'un "RECUEIL des Morceaux faciles et brillants pour pensionnats ou congrégation de jeunes demoiselles" que l'on se propose de graver si l'on en témoigne le désir.] LA PRÉSIDENTE. C'est assez, mes enfants. ROSINE. Il serait temps,j'espère. LA PRÉSIDENTE. Encore toi, Rosine ? Hélas ! Quel caractère !Qu'as-tu donc à redire à notre compliment ?Ne pourrons-nous jamais avoir ton agrément ? CLÉMENTINE. Vous attendez sans doute un personnage auguste ? LA PRÉSIDENTE. C'est notre bon Pasteur. CLÉMENTINE. Je trouve qu'il est juste De le remercier. Vous doublez mon bonheurDu reste, en m'apprenant qu'il vous fait cet honneur. ROSINE. C'est bien. Mais le projet qui demeure dans l'ombre... LA PRÉSIDENTE. Pour le dire, il faudrait que vous fussiez en nombre. On sonne.Mais l'on sonne. À Honorée.Honorée, hâte-toi d'aller voir. HONORÉE, se dirigeant vers la porte. J'y suis. CLÉMENTINE. Je sens mon coeur qui palpite d'espoir. LA PRÉSIDENTE. Et c'est avec raison, ma bonne Demoiselle. À Honorée qui revient :Dis-moi vite, Honorée, est-ce moi qu'on appelle ? HONORÉE. Une petite enfant vient en commission.;Mais elle veut entrer ; or, par précaution... LA PRÉSIDENTE. Tu peux la faire entrer. SCÈNE V. LES MÊMES, Une Commissionnaire. LA COMMISSIONNAIRE, apportant un paquet de Diplômes. Je suis votre servante. LA PRÉSIDENTE. Bonjour, ma chère enfant. LA COMMISSIONNAIRE. C'est à la PrésidenteQue je voudrais parler. LA PRÉSIDENTE. Parle donc, me voici. LA COMMISSIONNAIRE. Je viens vous apporter un paquet. LA PRÉSIDENTE. Ah ! Merci.Et c'est tout ? LA COMMISSIONNAIRE. Oui, c'est tout. Mon humble révérence. Elle sort. LA PRÉSIDENTE. Adieu ; ma chère enfant ! SCÈNE VI. Les mêmes, Excepté La Commissionnaire. PHILOMÈNE. C'est le projet, je pense. Elle regarde le paquet en même temps que la Présidente le déplie.Diplômes ! Qu'ai-je lu ? Les autres en font autant. JULIE. Des caractères d'or ! ROSINE. Membres d'honneur! Eh ! Quoi ! Que va-t-on faire encor ? ADÈLE. Et, c'est pour nous ? LA PRÉSIDENTE. Mais oui, toutes tant que vous êtes. ROSINE. Eh ! Bien, je vous demande, à quoi bon ces emplettes ? LA PRÉSIDENTE. À quoi bon ?.... Tu sauras leur destination :Et, sans te plaindre alors de cette invention,Sans la croire étrangère à notre belle fête,Rosine, tu diras qu'elle la rend complète.Laisse, que je m'explique, et, sur le champ, je veux Qu'un diplôme d'honneur soit l'objet de tes voeux.À nos réunions, ces chères DemoisellesJusqu'ici, tu le sais, se rendirent fidèles.Ce n'est pas que le monde, objet de leur mépris.N'ait tenté mille fois de les perdre à tout prix. Elles ont.résisté : tu les en félicites ? ROSINE, radoucissant le ton. Je voudrais même avoir leur trésor de mérites. LA PRÉSIDENTE. Tu l'auras, je l'espère. À présent, trouves-tuQue de récompenser tant d'efforts de vertu,Pour elles et pour toi, soit chose indifférente? Pour toi, j'aime à te voir, dans cette heureuse attente,Redoubler de ferveur et de fidélité ;Et pour elles, je vois, dans ce prix mérité,Un souvenir touchant des heures fortunées.Qu'elles coulaient ici depuis quelques années, ROSINE. Je comprends; ADÈLE. L'avenir qui s'ouvre devant vousDoit-il nous apporter un bonheur aussi doux ? JULIE. Jours trop tôt écoulés ! PHILOMÈNE. Plaisirs inestimables ! CLÉMENTINE. Non, Paris n'offre point de délices semblables. LA PRÉSIDENTE. À ces soupirs ardents qui font verser des pleurs, Je sens qu'on rassasie un besoin de vos coeurs.Puisqu'il en est ainsi, laissez que je vous diseEncore quelque chose. CLÉMENTINE. Encore une surprise ? LA PRÉSIDENTE. Oui, mes enfants. CLÉMENTINE. Ô ciel ! LA PRÉSIDENTE. Vous m'avez mise en goût :Je veux vous révéler le projet jusqu'au bout. Naguère j'attendais l'ouvrier en personne :Il me l'avait promis. On sonne.Dieu soit béni ! L'on sonne. À Honorée.Ouvre donc, Honorée. Est-celui par hasard ? HONORÉE, annonçant la Commissionnaire. La Commissionnaire. LA PRÉSIDENTE. Arrivez sans retard. SCÈNE VII. Les mêmes, La Commissionnaire. LA COMMISSIONNAIRE, apportant un coeur d'or. Mon humble révérence. LA PRÉSIDENTE. Eh ! Bonjour. L'on t'envoie... LA COMMISSIONNAIRE. Pour vous remettre un coeur. LA PRÉSIDENTE. Oh ! Quelle douce joie !Merci. ROSINE. C'est un coeur d'or ! C'est encore plus beau. LA COMMISSIONNAIRE. Votre servante. Elle sort. LA PRÉSIDENTE. Adieu ! SCÈNE VIII. Les mêmes, excepté La Commissionnaire. LA PRÉSIDENTE, montrant le coeur d'or. Vous voyez un cadeau.Il vous regarde bien : mais il n'est pour personneD'entre vous. Devinez, il est... TOUTES. Pour la Madone. LA PRÉSIDENTE. Précisément, On veut que les Membres d'honneur,Dont les noms resteront, enfermés dans ce coeur,Ne démentent jamais leur glorieuse histoire,Sous peine de rougir de ce qui fit leur gloire.Honneur, comme noblesse, oblige ; entendez-vous ? Le devoir accompli, d'ailleurs., est toujours doux.Si donc à ses plaisirs le monde vous convie,Dites : mon nom se lit dans le coeur de Marie. ADÈLE. Oui, pour que notre titre à grands frais méritéToujours, comme aujourd'hui, soit une vérité, Nous n'écouterons pas les promesses du monde. PHILOMÈNE. Je veux qu'il soit l'objet de ma haine profonde. JULIE. Au besoin, je saurai mépriser son courroux. LA PRÉSIDENTE. Dans une sainte ligue, enfants, unissez-vous,Pour fournir de concert une illustre carrière. [Note : La bannière de la grande Congrégation, dont la petite n'est que le noviciat.]Demandez à marcher sous la grande Bannière : Un seul désir suffit ; et notre bon PasteurVous enrôle à l'instant dans sa garde d'honneur. Aux choristes.Pour vous, chères enfants, qui commencez à peineÀ chanter les bienfaits de votre Souveraine, Voulez-vous dans nos rangs couler des jours heureux ? TOUTES LES CHORISTES. Nous le voulons. LA PRÉSIDENTE. Eh ! Bien, comme ces coeurs pieux,Rivalisez de zèle et de persévérance :Un jour vous obtiendrez la même récompense.Mais nous avons besoin,je crois, de nous hâter : À notre Directeur allons nous présenter. Aux membres d'honneur.Et vous, demandez-lui comme faveur suprême,Que notre bon Pasteur nous délivre lui-mêmeCes diplômes, ces Diplômes d'honneurQui, passant par ses mains, doubleront de valeur. ==================================================