******************************************************** DC.Title = L'AMANT COCHEMARD, PARADE. DC.Author = GUEULLETTE, Thomas-Simon DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Parade DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 11/02/2023 à 21:54:18. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GUEULLETTE_AMANTCOCHEMARD.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'AMANT COCHEMARD PARADE EN VERS. Théâtre des Boulevards ou receuil des Parades. Tome second. M. DCC. LVI. de Thomas-Simon GUEULLETTE À MAHON, de l'Imprimerie GILLES LANGLOIS, à l'Enseigne de l'Eglise. ACTEURS LÉANDRE. ISABELLE. GILLES. ARLEQUIN. UNE SOEUR GRISE. . SCÈNE PREMIÈRE. Isabelle, Arlequin. ISABELLE. Arlequin z'il est vrai, gna pas t'à tortiller,Je prétends voir Liandre, à gogo lui parier. ARLEQUIN. Ly parler da ! L'autr' jour vous ly parliez, la peste !J' n'entendais pas les mots, je voyais ben le geste. Il fait quelques gestes déshonnêtes. ISABELLE. Badin va m'el chercher. ARLEQUIN. Vous l'aurez pal bon bout Monsieu Gilles est mon maîte, et si j'vous sers en tout.Lorsqu'aux enfants trouvés t'il fit de vous emplette,Vous étiez mèt-avis encore à la bavette. ISABELLE. Je n'avais pas t'onze ans, ARLEQUIN. Queu drol' d'Amant c'est-là !Il aime, il est jaloux, puis l'en demeure-là ; Pour vous magner la main il prendrait des pincettes ;Dame à le voir si sage à l'endroit des fillettes.Si l'on dit qu'il est fou, on ment. ISABELLE. Lui fou ! JamaisMais Liandre, il est vrai... ARLEQUIN. Bientôt vous le verres,Y devrait être ici, t'il sait que Monsieu Gilles N'est pas tà la maison, d'autant qu'il est en ville ;Serait-il pas poltron ? ISABELLE. Arlequin, quelle erreur.'Lìandre ose m'aimer, va croi qu'il a du coeur.Sais-tu queul fort heureux m'en fit fair la conquête?Par hasard il pissait un jour sous ma fenête, Je ne sais quoi me dit, ah queu ravissement !Que Liandre était fait pour moi précisément...Il est vrai qu'il est fait tout comme un' arbalète. ARLEQUIN, apercevant Léandre qui passe la tête hors de la coulisse. Quand on parle du loup... ISABELLE. J'en vois déjà la tête. SCÈNE II. Isabelle, Arlequin, Léandre. LÉANDRE, paraissant à demi. Mamesel, entrerai-je ? ISABELLE. He, oui, dépêchons-nous. LÉANDRE. Mais... ISABELLE. Entrez tout-à-fait, ou bien retirez-vous.Mais vla qu'est fort plaisant, Liandre une moustache ! LÉANDRE. Charmante Zizabelle, il est vrai que j'men cache,Afin qu'ignorant tout, Gilles n'apprenne rien,J'ai pris l'habit d'un Turc pour être Zarménien. ISABELLE. La moustache sied bien. ARLEQUIN. Diantre ! On heurte à la porte ! ISABELLE. C'est Gilles. LÉANDRE, effrayé. Est-il armé? ISABELLE. Que cent diable l'emporte. ARLEQUIN, regardant Léandre. [Note : Venette : Terme bas et populaire. Peur, inquiétude, alarme. [F]]Comme il a la venette ! Hé n'appréhendez rien.Ouvrons, êtes-vous pas z'un Marchand Zarmenien? SCÈNE III. Isabelle, Léandre, ArlEquin, Gilles armé de Maître Gêrome. GILLES. Qu'eu magnere est ce donc ça ? On me laisse en la rue. Mais à qui en veut stici. LÉANDRE. Monsieur je vous salue yJe fuis z'un étranger qui n'est pas du pays. GILLES. Un homme cy end'dans ! Pardienn' j'en suis d'avis. ARLEQUIN. Monsieur est un marchand... y faut que je vous diseQui vient a Mameselle offrir sa marchandise. ISABELLE. Arlequin dit bien vrai, zil me l'offre à crédit,Ce qu'il montre est fort beau, zil en trouve le débit. GILLES, battant Léandre. Sa marchandise, oui ; pan, la voilà payée.Hérite mon garçon. LÉANDRE. Si c'était zune épée,Je me revancherais ; mais ce n'est qu'un bâton. SCÈNE IV. Gilles, Isabelle, Arlequin. ISABELLE. Monsieur Gilles est poli deu même qu'un cochon,Y traite bien les gens. GILLES. Vous n'avez rien qu'à dire,Si vous voulez plus loin, j'ìrons le reconduire. ISABELLE. Un Marchand vient céan-t'avec civilité,Et ne reçoit de vous que malhonnêteté, Trente coups de bâton. GILLES. [Note : Gourd : Se dit figurément et proverbialement contre ceux qui son avides de prendre ou d'aller pour gagner quelque chose. [F]]Je n'ai pas la main gourde. ISABELLE. Malappris. ARLEQUIN. [Note : Bourde : Mensonge dont on se sert pour s'excuser, ou pour se divertir de la crédulité des autres. [F]]Paix. Morguoi z'il me vient une bourde,Allez vous mettre au lit. ISABELLE. Volontiers. GILLES. Oh ma foi, Montrant son bâton.Gérome est un Docteur qui range tout cheux moi. SCÈNE V. Gilles, Arlequin. GILLES. Parle-moi, Zarlequin, ne m'es-tu pas fidèle ? ARLEQUIN. Ah ah! GILLES. Il en convient, je m'assie à ton zèle,Dis moi, sais-tu d'où vient, ou par queule raisonIsabelle a toujours queuqu'drille en la maison ?Al-songe, n'est-ce pas au tracas du ménage ? ARLEQUIN. Oui, Monsieur, elle en est friande. GILLES. J'en enrage. ARLEQUIN. Il vous faut une femme, à demeure cheux nous,Vous l'aimez ? Que ne la... GILLES. Quoi ! ARLEQUIN. Quen'la prenez-vous ? GILLES. Jaroonbille, il est vrai que j'aime ste fillette ;Mais queuq'sorcier.... ARLEQUIN. Plait-il ? GILLES. [Note : Eguillettes : C'est le nom qu'on donne à de menues cordes qui servent à divers usages. [F]]M'a noué l'éguillette. ARLEQUIN. Monsieur, n'eum' touchez pas. GILLES. Quand je l'épouserais; Tu vois bien, en un mot, queu posture je feraisPlutôt de mariage, y faut que j'la dégoûte,Saurais-tu queuque secret? ARLEQUIN. Un secret ? Je m'en doute,Je connais une femme, et c'est Madam' Jacmard,[Note : Cochemard : Cauchemar. Nom ue donne le peuple à une certain maladie qui survient principalement à des personnes qui dorment, qui sont cochées sur le dos, et qui ont l'estomac rempli d'aliments pesants et de digestion difficile. Il leur semble qu'ils ont une gros poids sur la poitrine, dont ils vont être accablés. [F]]Aux fill'alle vous sait donner un cochemard. GILLES. Un cochemard ! ARLEQUIN. Al sait fi bien son personnage,Qu'une fille bientôt croit com' ça quel mariageN'est que le cochemard, et n'en veut plus tâter; GILLES. Va tôt me la chercher. ARLEQUIN. Je cours vous contenter. SCÈNE VI. GILLES fiai. . Queux tracas! Quas-tu Gil ? Véritablement qu'ai-je ? Mais comment un sorcier fait-il un sortilège ?Pour feu ma défunt' femm' j'étais pis qu'un matou,Le train du Charpentier, toujours la cheville au trou ;Mon rossignol fait comme eul chien d'Jean de Nivelle.[Note : Rebouiser : Terme de chapellerie. Nettoyer et lustrer un chapeau à l'eau simple. [L]]Vla sitôt que je veux rebouiser Isabelle ; On l'appelle, il s'enfuit... Ah vla Madam' Jacmard ! SCÈNE VII. Gilles, Léandre déguisé en femme, Arlequin. GILLES. C'est donc vous qui donnez aux fill'un fier cochemard, ARLEQUIN. Oh dame elle y va dru. LÉANDRE. Monsieur dedans la ville,En cas d'çá je prétends être la plus habile,J'entreprends z'une fille, et cocharde si bien, Que de se marier, ne lui est plus de rien. GILLES. J'ai céans une fille qu'il faut qu'on cochemarde,Tenez, j'ai des écus. LÉANDRE. Monsieur, j'ny prends pas garde,J'travaille à mon plaisir. GILLES. Vous voyez bien iciLa chambre d'Isabelle, al dort sul pied du lit, Mais je vous conduirai. ARLEQUIN. Non pas, car Zisabelle>[Note : Reluquer : Terme familier. Lorgner curieusement du coin de l'oeil. [L]]Si vous la reluquez, croira qu'on se gauss' d'elle.Et via qu'el cochmard cahin-caha. GILLES. Pardienne il a raison, je vous attendrai-là. LÉANDRE, s'en allant. Je suis votre servante. ARLEQUIN. [Note : Cogner : Cogner quelq'un, le frapper avec quelque chose. [L]]Allez qu'on me la cogne. SCÈNE VIII. Gilles, Arlequin. GILLES. Il m'est avis qu'elle a le coeur à la besogne. ARLEQUIN. Laissez-leur tout le temps, vous verrez un bon tour,L'un portant l'autre, là quatre heures chaque jour,Le goût lui passera de se mettre en ménage,Et vous pourrez après la prendre en mariage. GILLES. Si Madame Jacmard y met bien la façon. ARLEQUIN. Laissez faire Liandre, oh queux maître garçon ! GILLES. Liandre ! Mon gourdin, mon gourdin. ARLEQUIN. Je déniche. SCÈNE IX. GILLES. Ah coquin d'Arlequin, c'est ainsi qu'on me triche !Ils ont fermé la porte. Ah les maudites gens ! Hélas ! Je suis dehors, et Léandre est dedans,Ouvrez, ouvres-moi donc... Il faut que je l'assomme, Criant au travers de la porte.Isabel' ce n'est point zun femm, c'est un homme,Un homm', comment un homm' ! Je suis fou, car je crois,Qu'elle le doit savoir à présent mieux que moi. J'enrage, ouvrirez-vous ? SCÈNE X. Gilles, Léandre, Isabelle. LÉANDRE, ouvrant la porte, tenant un bâton d'une main, et Isabelle de l'autre. Pourquoi chercher querelle ?Je me viens, il est vrai, fiancer à Mameselle.Je m'appelle Liandre, he bien zon s'épousra. GILLES. Qu'eu Diabeu de coch'mard ! SCÈNE DERNIÈRE. Gilles, Léandre, Isabelle, Une Soeur Grise, Arlequin. LA SOEUR GRISE. Monsieur Gilles est-il là ? ARLEQUIN. Oui. LA SOEUR. Des enfants trouvés je suis la soeur portière ; Et je viens lui donner un avis salutaire.Mon doux Jésus, qu'elle est grandie ! ISABELLE. Expliquez-vous. LA SOEUR. Cette fille, Monsieur, vous la prîtes ct'e^ nous,Il y a bien dix ans. GILLES. Je fis un bon voyage. LA SOEUR. Nous ignorions alors quel est son parentage, Cet écrit retrouvé peut découvrir son sort,Et pourra bien causer quelque joyeux transport. ISABELLE. Vous me fichez malheur, pourquoi tant de mystère ?De qui vient cet écrit ? LA SOEUR. Il vient de votre mère,Et contient en un mot un merveilleux secret. GILLES. La peste ! LÉANDRE. Diable ! ISABELLE. Ciel ! LA SOEUR. Écoutez ce billet.» J'exposons not' enfant par faute de richesse,;C'est une fille, un jour nous la réclamerons,Elle naquit aveuq' un mulet sur la fesse,À cette marque-là jeu la reconnaîtrons. » GILLES. Un mulet ! De sa mère, hélas ! C'est une envie,Aurais-tu ce mulet ! LÉANDRE. Je vous le certifie» ISABELLE. Monsieur en est croyable. GILLES. Oui, je m'en ressouviens,Sa pauvr' mère écrivit ste lettre de la main,Lorsque je l'exposam' à la Salpétrière. Tu serais mon enfant ! ISABELLE. Monsieur Gilles est mon père. Ici Arlequin et la Soeur Grise pleurent de tendresse. Lazzis. LÉANDRE. Monsieur j'en suis bien aise, et vous fais compliment. À Isabelle.Je vous le faits encor plus agriablement. GILLES. J'eusse fait un insecq, queu bonheur ! Mon bon Ange,Me nouit l'aiguillet'. ISABELLE. Queul évenment étrange ! GILLES. [Note : Porcherons : Ancien quartier de Paris qui était rempli de cabarets ; c'est un carrefour formé à la rencontre des rues du Faubourg Montmartre et de Saint-Lazare. [L]]Liandre, elle est à vous. Allons aux Porcherons,Je serons tous contents, je nous y soûlerons. ==================================================