******************************************************** DC.Title = L'HOMME QUI BAT LES FEMMES, SAYNÈTE. DC.Author = MOINAUX, Jules DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 31/07/2022 à 21:55:46. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/MOINAUX_HOMMEQUIBATLESFEMMES.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5718390w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'HOMME QUI BAT LES FEMMES. 1881. Tous droits réservés. par JULES MOINEAUX, rédacteur de la Gazette des Tribunaux. 8517. - Paris. Imprimerie de Ch. Noblet, 13 rue Cujas. - 1881 PERSONNAGES. LE NARRATEUR. LE PRÉSIDENT. LA FEMME BURON, prévenue. MADAME LOCHEROT, portière. Extrait de MOINAUX, Jules, "Les tribunaux comiques", Paris, Chevalier-Marescq éditeur, 1881. pp 227-231 L'HOMME QUI BAT LES FEMMES. LE NARRATEUR. On étonnerait fort les gens qui connaissent Monsieur Ribois, si on leur disait qu'il bat les femmes !La vérité est que cet homme, inoffensif et doux, s'est oublié à envoyer a Mademoiselle Justine Jambin, bonne d'enfants, un de ces coups de pied qui, généralement, ne blessent que l'amour-propre. Nous allons savoir à quelle occasion Monsieur Ribois est sorti de son caractère. MONSIEUR RIBOIS. C'est vrai, messieurs, dit-il au tribunal de police correctionnelle, c'est malheureusement trop vrai ; j'ai cédé, pour la première fois de ma vie, à un mouvement de vivacité ; mais cette voie de fait était un coup de pied postérieur à des procédés de cette personne qui m'exaspéraient depuis longtemps. Permettez-moi de vous les faire connaître : Mademoiselle... Ah ! d'abord, il faut vous dire que j'ai deux enfants... charmants. » Rire ironique de Mademoiselle Jambin. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Taisez-vous ! C'est inconvenant. MADEMOISELLE JAMBIN. Non, mais charmant est à mourir de rire. MONSIEUR RIBOIS. Alors, Mademoiselle, qui est bonne d'enfants, est chargée de garder deux polissons insupportables et si mal élevés que je défends aux miens, qui ont d'excellentes manières... MADEMOISELLE JAMBIN. L'un a trois ans et l'autre vingt-six mois. Rires. MONSIEUR RIBOIS. Ils n'en ont que plus de mérite. MADEMOISELLE JAMBIN. Charmants !... Deux gorilles !... Et sales ! MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Voulez-vous vous taire ! MADEMOISELLE JAMBIN. Je n'ai pas besoin qu'il débine ceux de Madame. MONSIEUR RIBOIS. Finalement, Messieurs, que je défends aux miens de fréquenter les deux monstres de Mademoiselle. MADEMOISELLE JAMBIN. Monsieur le Président, monsieur me diffame, il a l'air de dire que j'élève les enfants de Madame comme des petits pignoufs. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Je vous ai déjà engagée à vous taire. MONSIEUR RIBOIS. Enfin, l'un de ces petits polissons a un petit fusil, avec une petite baguette et des petites capsules. MADEMOISELLE JAMBIN, riant. Ha ! ha ! ha !... C'est à s'en tenir la rate. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Je vais vous faire sortir. MADEMOISELLE JAMBIN. C'est si ridicule que je sors tout de suite. Elle sort. MONSIEUR RIBOIS. Eh bien, messieurs, il a manqué de blesser mon jeune en lui fourrant la baguette dans l'oreille, si bien qu'ayant défendu à mes enfants de jouer avec ces deux drôles, savez-vous ce qu'a fait cette demoiselle ? Elle bat les miens pour les forcer à jouer avec les siens. MADEMOISELLE JAMBIN, au fond de l'auditoire. C'est pas vrai ! MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Gardes ! Expulsez cette femme ! MONSIEUR RIBOIS. Si bien que le jour en question, j'entends encore crier mes enfants ; je me mets à la fenêtre pour voir ; qu'est-ce que je vois ? Cette demoiselle flanquant des coups de torchon à ces pauvres petites créatures ; oh ! alors, la colère me prend, je descends ; mademoiselle avait le dos tourné... et... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Oui, eh bien, vous avez eu tort de la frapper. MONSIEUR RIBOIS. Eh ! Monsieur, mon pied a obéi à mon coeur ; quel est le père qui, en voyant donner des coups de torchon à ses enfants, pourrait rester calme ? Du reste, j'ai donné congé, je m'en vais au terme ; cela en mettra, un à tous ces désagréments que me donne... Monsieur Ribois s'arrête en entendant prononcer contre lui une condamnation à 16 francs d'amende. Il sourit, remercie gracieusement le tribunal et se retire avec un air d'entière satisfaction. ==================================================