******************************************************** DC.Title = LE CLOWN, MONOLOGUE. DC.Author = VILLARD, Nina de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 21/02/2023 à 17:02:42. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/VILLARD_CLOWN.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207939j DC.Source.cote = BnF LLA DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE CLOWN 1882. Tous droits réservés. Par Melle NINA DE VILLARD F. AUREAU - Imprimerie Lagny. PERSONNAGES LE CLOWN. M. COQUELIN-CADET. Tiré de "Théâtre de Campagne. Huitième série". 1882. pp 1-11. LE CLOWN LE CLOWN. À Coquelin-Cadet.Mon cirque fait relâche, et j'en profite, amis,Me trouvant ce soir libre et correctement mis,Pour vous dire en deux mots ma singulière histoire.J'ai commencé mes tours au bord d'un écritoire,Ah ! Dame, vous savez, on commence où l'on peut J'ai fait beaucoup de vers dont on se souvient peu,J'ai célébré l'éther, l'Océan, la mouette,La forêt, l'arc-en-ciel, l'amour: j'étais poète !Vous aurez feuilleté mes livres sur les quais,[Note : Quai Malaquais : Quai de Paris longeant la Seine entre le Pont du Caroussel et le pont des Arts.]Ils sont tous entassés sur le quai Malaquais ; J'ai rêvé des sommets altiers, Les fières cimesQu'on peut escalader sur les ailes des rimes,De ma jeunesse en fleur tel fut le clair matin. . . . . . . . . . . Mais la vie est un rink où souvent le patinNous emporte bien loin du but erreur fatale ! J'ai traîné l'habit noir du solliciteur pâleQui cache un manuscrit lourd, j'ai connu l'horreurDe l'antichambre où l'on attend qu'un directeurAit fini de causer avec des ingénues.J'ai vu naître et mourir bien des jeunes revues, Et j'ai noctambulé triste, hagard, crotté,Vêtu pendant l'hiver de jaquettes d'été,[Note : Ulster : Pardessus en forme de robe de chambre dont la mode nous est venue d'Angleterre vers 1872. [L]]Et d'ulsters poussiéreux pendant la canicule.Mais un jour, lassé d'être un martyr ridicule,Pour dompter le public il faut, me suis-je dit, Employer quelque truc aussi fort qu'inédit.Alors j'ai dédaigné les ornières connues,Que suivaient les anciens pour aller jusqu'aux nues ;Et, pour mieux m'écarter des vulgaires chemins,À la postérité j'ai marché sur les mains. . . . . . . . . . . Je suis le clown moderne et froid, ma jambe maigre,Comme un piment confit longtemps dans du vinaigre,À d'étranges zigzags où le songeur se plaît ;Je sais poser mon front pensif sur mon mollet,En faisant de petits bonjours de ma bottine [Note : Veloutine : Poudre de riz. [L]]À la brune ambrée, aux senteurs de veloutine,[Note : Promenoir : Partie d'un édifice libre et couverte ou d'un jardin destinée à la promenade. [L]]Qui profile son galbe aimable aux promenoirs.Je vois s'illuminer les yeux verts, bleus ou noirs,Quand, au son du hautbois, de mon orteil senestreJe mouche élégamment le nez du chef d'orchestre. Je porte une perruque écarlate, un maillotTout zébré de dessins fantasques, dernier motDes gommeux du tremplin; mon sourcil circonflexeAbrite mon regard qui trouble l'autre sexe.Je suis le roi des désossés . comble de l'art, Je rase une table en faisant le grand écart,[Note : Périssoire : Embarcation très légère, mise en mouvement à l'aide d'une pagaie à double palette que l'on plonge alternativement à droite et à gauche. [L]]Comme un rameur véloce en une périssoire,J'improvise des pas sur une balançoire ;Les applaudissements gantés me sont acquis,Quand je jongle avec les couteaux, d'un air exquis. Brillant d'une gaîté féroce et japonaise,Tantôt guépard, tantôt boa, toujours à l'aise,Je sais bondir, ramper, m'aplatir chaque soir,Et ce qui sert aux autres hommes à s'asseoirMe sert à à moi, le clown rêveur, de mandoline, Pour ma chanson sans mots, sans notes, mais câline.C'est alors que je plane - et je reprends mon rangDe descendant direct du père orang-outang. . . . . . . . . . . D'être son petit-fils je sens si peu la honteQue vers ce grand aïeul fièrement je remonte. Loin de répudier sa haute parenté,Je le prends pour modèle, et c'est ma vanité,Qu'on dise quand, rasé, ganté de frais, le lingeÉclatant de blancheur, je parais: « Tiens, un singe ! » ==================================================