DIALOGUE SUR LES VACANCES ET LES ENNUIS DE L'ÉCOLE
DIALOGUE, PETITS DISCOURS, RÉCITS FACÉTIEUX POUR LA DISCRTIBUTION DES PRIX DE 1858.
1858. Droits de reproduction et de traduction réservés.
PERIGUEUX. J. BOUNET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, Cours Michel-Montaigne.
PERIGUEUX. imprimerie DUPONT et C. - Juin 58.
Texte établi par Paul FIEVRE, ocotbre 2023
Publié par Paul FIEVRE, novembre 2023.
© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:17.
AVIS.
Dans les dialogues et les compliments qui composent ce petit recueil, nous nous sommes moins attaché au fond et à la forme qu'aux moyens d'intéresser les personnes qui assistent aux distributions de prix, pour lesquelles nous les faisons. Tous ces récits sont courts, parce qu'il faut éviter avec soin d'être prolixe et de fatiguer l'attention des auditeurs.
Nous citons quelquefois, dans le second dialogue, des passages du livre de M. Renaudin sur les distributions de prix, parce qu'il nous ont paru s'adapter parfaitement à notre sujet.
Comme il était impossible d'approprier ces diverses compositions à toutes les villes, nous avons dû nous tenir dans une sorte de généralité.
Il sera facile, au reste, à chaque instituteur de supprimer ce qui lui paraîtrait superflu et d'ajouter ce qu'il croirait utile dans sa localité.
Mais ce qui nous semble le plus important à propos de ces récits, c'est que les élèves qui sont destinés à les faire les sachent imperturbablement, les débitent avec énergie, avec grâce et avec aisance, faisant quelques gestes sans affectation et sans sortir jamais du naturel.
PERSONNAGES.
CLÉMENT, élève.
ÉDOUARD, idem.
LOUIS, idem.
ROBERT, moraliste.
ARMAND, élève.
RAYMOND, idem.
HENRI, idem.
Texte tiré de "Dialogues et petits discours, récits facétieux et récréatifs por la distribution des prix de 1858", Périgueux : Bounet, 1858. pp 15-26.
DIALOGUE SUR LES VAC...
CLÉMENT, se présente sur une estrade avec gaîté, faisant quelques petits sauts.
Salut, jour de bonheur ! Jour d'une heureuse ivresse,
Si chère à l'écolier, si chère à la jeunesse !
Te voilà revenu : vive la liberté !
Je vais briser les liens de ma captivité ;
5 | Adieu, devoirs, pensums, pain sec et pénitences, |
Adieu, punitions, avis et remontrances.
ÉDOUARD, arrivant joyeux en sautillant.
Bravo ! Bravo ! Mon cher, moi j'en dis tout autant.
Adieu donc, et l'école, et tout le bataclan,
Adieu tous les soucis et toute inquiétude,
10 | Adieu triste séjour, adieu travail, étude, |
Vous, ennemis jurés de nos amusements,
Qui ne nous laissez pas un moment de bon temps !
LOUIS, entre en scène, modéré.
Oui, libre désormais, nous pourrons sans contrainte,
Nous livrer au plaisir, à tous nos jeux sans crainte.
15 | Oh ! Quelle invention que celle de ce temps ! |
Et comme son auteur connaissait les enfants!
11 savait qu'à notre âge il faut, par indulgence,
Donner peu de travail et beaucoup de vacance.
CLÉMENT, arrive un peu enthousiasmé.
Quel mortel bienfaisant ! il a bien mérité
20 | De voir son nom passer à la postérité. |
Oui, le peuple écolier, consacrant sa mémoire,
Doit élever partout des autels à sa gloire.
ARMAND, sur le ton du précédent.
Il était bien meilleur, lui, que certains régents,
Qui vous privent pour rien de vos amusements.
25 | Quelle ardeur, dites-moi, peut avoir à l'ouvrage |
Un élève au pain sec ? Ça donne du courage...
Oui !...
ÉDOUARD.
Ce serait mieux d'abréger nos leçons.
On les saurait... à bas pain sec, punitions,
Retenue et piquet ! Faut-il qu'un pauvre élève,
30 | Faut-il qu'en ce séjour il n'ait ni paix ni trêve ! |
CLÉMENT.
Plus d'étude du moins pendant un mois entier.
Non, qui pense autrement, n'est pas bon écolier.
RAYMOND.
Ça vous ragaillardit, promener la journée,
Dormir le lendemain la grasse matinée,
35 | Sans craindre d'arriver à l'école trop tard, |
Sans craindre d'un censeur les arrêts, le regard.
ÉDOUARD.
C'est entendu, c'est la saison des jouissances.
À bas ! À bas l'étude ! Et vivent les vacances !
ROBERT, avec gravité. Il pourrait avoir une badine à la main, des lunettes et prendre le ton d'un professeur.
Mais, quoi ! Contre l'école ! Oh ! Oh ! Quelle sortie !
40 | Enfants, qui vous inspire, est-ce un mauvais génie ? |
Vous vouliez... je comprends... un peu vous mutiner,
Et Ton s'est empressé de vous morigéner.
C'est ainsi que toujours, guidés par la sagesse,
Les maîtres, les parents punissent la paresse ;
45 | Mais il faudrait encor vous mener au violon, |
Et vous faire à tous cinq danser un rigaudon.
Voilà la retenue et la peine qu'ensemble
L'on doit vous infliger pour donner bon exemple.
CLÉMENT.
Tiens ! Vois-tu ce maraud, cet austère Caton ;
50 | Ne vient-il pas ici nous faire la leçon ! |
Garde, garde pour toi tes morales si graves :
Crois-tu que nous voulions être toujours esclaves ?
ÉDOUARD.
S'imaginerait-il qu'on va se condamner
À pâlir sur un livre ou bien à s'échiner,
55 | Cloué, matin et soir, sur un banc, à l'étude ? |
Est-il pour un enfant, est-il tâche plus rude ?
LOUIS.
Ah ! Laissons, je vous prie, au studieux Caton,
Tout ce bel attirail de devoir, de leçon.
ARMAND.
Ne parle point surtout de la docte grammaire,
60 | De ce vieux rococo, vrai livre des chimères. |
De nos livres vraiment c'est bien le plus maudit :
Combien il m'a causé de peine et de dépit !
LOUIS.
Va ! tous mes goûts pour lui sont très peu sympathiques,
Je n'aimerai jamais ces règles syntaxiques.
65 | Tantôt je suis perdu dans ses élisions, |
Tantôt je n'aperçois que contradictions.
Par ici, je ne vois que phrases elliptiques,
Et par là que régime ou compléments logiques ;
Je tombe une autrefois sur tous les collectifs,
70 | Et me trouve empêtré dans un tas d'adjectifs. |
ÉDOUARD.
Moi je ne vois ailleurs que règles embrouillées,
De mille exceptions toujours accompagnées.
Accord et désaccord, c'est pour moi de l'hébreu,
Véritable chaos, je n'y vois que du bleu.
RAYMOND.
75 | « Bravo, mon cher, bravo, c'est parler en vrai sage ; |
Il faut un grand courage
Pour s'exprimer ainsi.
Tu hais cette grammaire, oh ! Je la hais aussi.
Tu ne dis rien des insse, ou des isse, ou des asse,
80 | Comme que j'écrivisse ou que je m'en allasse ; |
Des embrassassions ou bien des suçassiez,
Enfin, des pu... pu... pu... comme dans pussiez. »
ÉDOUARD.
Et ce monstre, dis donc, qu'on nomme participe,
Qui m'a donné déjà plus de cent fois la grippe ;
85 | Tu l'oubliais, je crois ; est-ce que, par hasard, |
De tes affections il aurait quelque part ?
C'est mon croque-mitaine, oh ! Puisse, en sa colère,
L'horrible choléra venir nous en défaire.
Je ne suis pas méchant, non, mais de tout mon coeur,
90 | Je voudrais le voir mort... Répétons tous en choeur : |
À bas le participe !...
Ils répètent à bas le participe.
ÉDOUARD, continue.
Ou bien plutôt qu'il vive,
Mais dans tout le discours, bon gré, malgré, qu'il suive,
Pour les divers accords, de l'adjectif les lois,
Et sans s'en affranchir même une seule fois.
ARMAND.
95 | Très bien ! Oui, que ce drôle |
Aille aux enfers s'il veut jouer son triste rôle.
LOUIS.
Disons à ce bouquin un éternel adieu ;
Puissé-je ne jamais le revoir en ce lieu !
RAYMOND, tenant quelques livres.
Très bien !... C'est toi, vraiment, infernale grammaire,
100 | À mes yeux irrités qui t'offres la première. |
La considérant.
M'en as-tu fait souffrir de milliers de douleurs,
M'en as-tu fait verser de ces torrents de pleurs !
Ah ! Je vais te punir, j'en tressaille d'avance,
Tu ne l'as pas volé, c'est bien juste vengeance !
105 | Mais pourquoi ce dépit ? Pourquoi ces mots railleurs ? |
Je te méprise : va te faire pendre ailleurs !
Il les jette sur une table à son côté.
ROBERT (avec gravité).
Quoi, jeunes insensés ! Tenir pareil langage
Contre l'art de parler, contre les lois, l'usage !
Contre un livre toujours qui régit lés humains,
110 | Et corrige en tous lieux les faux grammairiens. |
Oui, dans l'instruction, les arts et la science,
La grammaire toujours aura la préséance.
Gardez-vous d'attaquer ses hauts enseignements,
L'on pourrait vous rogner les oreilles... enfants !...
LOUIS.
115 | Oui, qu'on commence alors par toi-même, compère, |
Car je t'en aperçois
Il feint en le regardant d'examiner.
[une assez belle paire.]
ARMAND.
Et la chronique encor des Francs et des Gaulois,
Les contes fabuleux des peuples d'autrefois :
Chinois, Mèdes, Hébreux que l'histoire nous vante,
120 | Tous ces héros fameux de la race géante ! |
Devons-nous donc, au prix de nos amusements,
Revenir sur nos pas jusqu'à quatre mille ans !
ÉDOUARD.
Oh ! Pas le moins du monde, laissons, je vous en prie,
Ces pays inconnus, l'Egypte, la Syrie,
125 | Et l'empire éternel de nos fameux Chinois, |
Tous ces peuples : Romains, Grecs et Carthaginois ;
Il faudrait se suer pour mettre dans sa tête
Quelques grotesques noms... je ne suis pas si bête.
En voulez-vous en ir, en ert, en is, en oths ?
130 | Marcomir, Clodomir, Visigoths, OstrogothS... |
Vit-on jamais plus affreuse musique !
ARMAND, appuyant sur les mots soulignés.
Vous n'êtes pas au bout ! Et tous les mots en ique,
Salique, Childéric, et puis tous ceux en ert :
Caribert, Childebert, Clotaire et Dagobert.
ROBERT.
135 | Gardez-vous d'insulter à l'auguste mémoire |
Des grands rois que toujours nous vantera l'histoire,
Des pères des humains... de ces princes vaillants...
RAYMOND.
Est-ce les rois fameux qu'on nomme fainéants,
Ou celui que nous peint l'histoire légendaire,
140 | Tout occupé du peuple, et jaloux de lui plaire, |
À qui nos intérêts étaient tellement chers,
Qu'il mettait, par oubli, sa culotte à l'envers ?
(Et sans son grand ministre il l'eût ainsi portée,
Notre bonheur étant son unique pensée.)
ROBERT.
145 | Cessez vos tons railleurs et ces airs de mépris |
Sur de grands souverains et sur notre pays ;
Vous ne vous attachez qu'à quelques noms burlesques,
Qu'à des rois peu connus, qu'à quelques faits grotesques.
Vous ne connaissez point nos héros merveilleux,
150 | Nos actions d'éclat, nos combats glorieux ; |
Et peut-on voir avec indifférence,
Tous ces rois conquérants, ces gloires de la France,
Clovis, Pépin le Bref, Charles, qui le premier
Reçut le nom de Grand, législateur, guerrier,
155 | Qui des Saxons renversa les idoles |
Et releva la France, en fondant des écoles ;
Et mille autres qu'il est trop long d'énumérer ?
HENRI.
Mais qu'il serait vraiment bien honteux d'ignorer ;
Nous devons rappeler surtout dans cette foule,
160 | Le bon, très bon Henri, qui voulait que la poule |
Fût pour tous ses sujets chaque dimanche au pot.
ÉDOUARD.
Fallait-il que ce roi nous fût ravi sitôt ?
ROBERT.
Mais parlons de ces jours où notre belle France
Faillit perdre son nom, sa gloire et sa puissance,
165 | Sans le grand capitaine et ses braves soldats, |
Qui sortirent vainqueurs de plus de cent combats.
HENRI.
Oui, l'immortel guerrier que l'univers révère,
Aux lois qu'il lui donna soumit l'Europe entière.
Napoléon Ier sauva la France un jour,
170 | Et Napoléon III l'a sauvée à son tour. |
ROBERT.
Or, jeunes écoliers, pourriez-vous sans l'histoire
Connaître ces héros dont les noms et la gloire
Seront bénis, chantés et gravés à jamais.
Aux fastes de l'histoire et dans les coeurs français ?
ARMAND.
175 | Je trouve aussi l'histoire ennuyeuse, inutile, |
De ce peuple pour qui l'oiseau, le crocodile,
Le boeuf et la carotte, et le chat, et l'oignon,
Étaient dieux, des objets de vénération.
ÉDOUARD.
Et que penser aussi du roi Sardanapale,
180 | Qui, malgré tout un peuple et malgré le scandale, |
Affublé d'un jupon et coiffé d'un bonnet,
S'amusait à filer tout comme un grand benêt.
LOUIS.
Et les dieux, demi-dieux et la mythologie,
Ne faut-il pas encor que chacun l'étudie ;
185 | Ne faut-il pas connaître et Chloris et Clotho, |
Et Pluton et Junon, Antiope, Atropos !
ARMAND.
Tranchons le mot, peut-on rien trouver de plus bête,
Que ce dieu Jupiter qui fait fendre sa tête
Pour en faire sortir la déesse Pallas,
190 | Armée de haut en bas ? |
ÉDOUARD.
Et que m'importe, à moi, le passé, tous ses faits ?
Laissons, laissons les morts reposer tous en paix.
Pourquoi, par des récits, pour ma part, que j'abhorre,
Venir troubler ici ceux qui vivent encore ?
195 | Fi ! du livre d'histoire ; on peut vivre sans toi. |
Il le jette sur la table.
Allons donc, file vite, ou bien prends garde à moi.
CLÉMENT, montrant la géographie.
Et ce bouquin, amis, c'est la géographie,
L'Afrique, l'Amérique et puis l'Océanie,
Qu'il faut, bon gré, mal gré, mettre dans son cerveau ;
200 | J'en suis tout dégoûté, ah ! J'en ai plein le dos. |
À quoi sert, dites-moi, de connaître l'Afrique,
Climat diabolique,
Peuplé d'hommes camards et de teints bigarrés,
Noirs, jaunes et bronzés, olives, bleus, cuivrés ;
205 | Capables d'effrayer, par leur laideur extrême, |
Les hôtes des enfers et Lucifer lui-même ?
RAYMOND.
Et ces mots : Négritie et Monomotapa,
Barbarie ou Congo, Cafrerie, Angola ?
C'est fait pour rendre un enfant pulmonique.
HENRI.
210 | C'est vrai, c'est assommant ; il n'est que l'Amérique |
Qui soit digne d'attention,
Qui nous donne du sucre avec profusion.
RAYMOND.
Laisse-moi donc tranquille avec ton Amérique ;
Moi, je la hais autant que l'Asie et l'Afrique,
215 | Iroquois, Algonquins, Canada, Candabord, |
Puis Lahore, Esquimaux, Rio, Chandernagor,
C'est avec ces doux noms qu'on me casse la tête ;
Si je ne l'étais pas, c'est à me rendre bête.
ÉDOUARD.
Ce n'est pas tout ; écoutez un instant :
220 | Indoustan, Kurdistan et Houang et Kiang. |
Il faut du courage
Pour lire seulement un semblable ramage.
RAYMOND.
Puis viendra Kalmouck, Chibouk et Fernambouc,
Et jamais musique pareille
225 | A-t-elle, dites-moi, caressé votre oreille ? |
Vous n'êtes pas au bout, et Nangozakiki,
Kanischalka et puis Mississipi,
Luxembourg, Mecklembourg...
ROBERT.
« Pauvre élève, faut-il te prouver l'avantage
230 | D'une science dont l'usage |
Te prouve mieux que moi toute l'utilité ?
Sans elle pourrais-tu, loi, petit entêté,
Comprendre seulement la moitié d'une page
Des trois quarts des récits d'un journal, d'un voyage ? »
RAYMOND.
235 | Mais irons-nous jamais visiter ces peuplades, |
Les pieds noirs, les pieds blancs de ces troupes nomades,
Péruviens, Canadiens, Tonkinois et Chinois,
Lapons et Patagons et tous les Iroquois ?
Ah ! De noms si charmants, hélas ! Qu'on me délivre !
240 | Qu'on ne me vante plus ces leçons ni ce livre, |
Et, s'il ne veut avoir des malédictions,
Qu'il s'en aille au plus vite, ou nous le maudissons !
Il le jette sur la table.
Va-t'en joindre au plus tôt tes autres camarades ;
Ne te relève pas.... où bien la bastonnade !
ROBERT.
245 | Eh quoi ! Parler ainsi, petits lutins, moutards, |
L'on saura vous châtier et punir vos écarts !
Vous méritez tous cinq, pour agir de la sorte,
Vous méritez le f.... ou tout au moins la porte,
Force pensums d'abord, puis être consignés.
CLÉMENT.
250 | Les censeurs comme toi sont toujours rechignés. |
HENRI.
Moi, plus que la géographie,
J'aime le dessin linéaire ;
Ainsi que la géométrie,
Ces s[c]iences, amis, doivent aussi vous plaire.
LOUIS.
255 | Moi, j'aime le dessin de tête, de paysage ; |
De celui-ci j'ai fait quelque petit ouvrage ;
C'est amusant, au moins utile, j'en réponds ;
Mais vos lignes, vos ronds !
Triangle, angle, carré, trapèze et rhomboïdes,
260 | Eptagone, octogone ou bien trapézoïde. |
Mon Dieu, à quoi bon,
Abîmer sa mémoire avec un tel jargon !
ROBERT.
Toujours de quelques noms le bizarre assemblage !
Cessez, messieurs, cessez tout votre verbiage ;
265 | On voit que vous n'avez d'autre raisonnement, |
Pour critiquer, blâmer un bon enseignement.
Sans le dessin et la géométrie,
Y pourrait-il avoir, dites-moi, je vous prie,
Un seul bon arpenteur, un mécanicien,
270 | Un habile architecte, un seul opticien ? |
Ne méprisez jamais, vous sans expérience,
De ces arts précieux l'utile convenance.
ÉDOUARD.
Ah ! Trêve de morale et de conseils aussi ;
Laissons à d'autres temps les chagrins, le souci ;
275 | Nous faisons nos adieux aux leçons, à l'école ; |
Pour trente jours, au moins, chacun de nous s'envole ;
Nous sommes en vacance, il faut en profiter,
Il nous faut ce bon temps pour nous ravigoter.
ROBERT.
C'est ainsi que l'élève et léger et frivole
280 | Préfère un passe-temps et ses jeux à l'école ; |
Songez qu'on ne recueille, au déclin de ses ans,
Que ce qu'on a semé les jours de son printemps.
Que vous conserverez, selon ce vieil adage,
Les vices, les vertus de votre premier âge.
ÉDOUARD, d'un ton touché.
285 | Oui, je vois que, séduit par de trompeurs appas, |
Je faisais fausse route et j'égarais mes pas ;
Amis, convaincu que l'instruction, la science,
Pour tout homme ici-bas vaut une autre naissance,
À l'étude, au travail, nous voulons, dès ce jour,
290 | Après quelque repos nous livrer sans retour. |
Nous avons salué le beau temps des vacances,
Et nous allons goûter ces douces jouissances.
Mais nous reviendrons tous, dans cet asile heureux,
Nous former au vrai bien, nous rendre vertueux.
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