ANTIGONE

TRAGÉDIE EN TROIS ACTES

REPRÉSENTÉE AU THEATRE-FRANÇAIS.

M. DCCC. XX.

À PARIS CHEZ ANTH° BOUCHER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES BONS-ENFANTS, n°34 ; ET TOUS LES MARCHANDS DE NOUVEAUTÉS.

DE L'IMPRIMERIE D'ANTH° BOUCHER, SUCCESSEUR DE L. G, MICHAUD, RUE DES BONS-ENFANTS, n°34.


© Théâtre classique - Version du texte du 30/04/2024 à 20:06:13.


PERSONNAGES

CRÉON, roi de Thèbes.

HÉMON, fils de Créon.

ANTIGONE, fille d'OEdipe.

ISMÈNE, soeur d'Antigone.

UN OFFICIER DU PALAIS DU CRÉON.

GRANDS DE THÈBES.

PEUPLE THÉBAIN.

SOLDATS THÉBAINS.

TIRÉSIAS.

UN ENFANT, gui de Tirésias.

UN OFFICIER DE L'ARMÉE DE CRÉON.

.


ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

Le jour est à sa fin et la nuit commence insensiblement.

ISMÈNE.

0   Quand je veux, Antigone, adoucir vos alarmes,
0   Je n'entends que vos1 cris, je ne vois qué vos larmes.
0   Avez-vous oublié qu'il vous reste mon coeur?

ANTIGONE.

0   Hélas ! nous succombons sous la même infortune !

ANTIGONE

0   Nous traînons toutes deux une vie importune ;
0   Ma soeur, quels sont les traits du céleste courroux
0   Que le sort conjuré n'épuise pas sur nous ?
0   Ces remparts, ce palais m'offrent toujours la trace
0   Des malheurs renaissans d'OEdipe et de sa race.
0   Chère Ismène, combien notre aspect douloureux,
0   D'un père inconsolable attendrit les adieux !
0   Je crois le voir encor de sa main meurtrière
0   Dans ses yeux tout sanglans éteindre la lumière ;
0   J'ai vu ma mère, hélas ! s'enfermant au cercueil,
0   D'un crime involontaire ensevelir le deuil .
0   OEdipe, se penchant sur mon bras tutélaire,
0   A cherché pour mourir une terre étrangère :
0   Pour le suivre partout j'ai quitté mon berceau ;
0   Je voulais m'enchaîner au pied de son tombeau ;
0   Et lorsqu'en m'embrassant au terme de sa vie,
0   Il veut que je retourne au sein de ma patrie,
0   Mes frères, n'écoutant qu'un coupable transport,
0   L'un contre l'autre armés vont se donner la mort,

ISMÈNE.

0   Le vertueux Hémon qui, dans cette journée,
0   Doit conduire Antigone aux autels d'hyménée,
0   Hémon, que votre coeur a nommé votre époux,
0   De ces rivaux cruels arrêtera les coups.
0   Il promit à vos pieds d'éteindre ces querelles,
0   Ce flambeau malheureux des haines fraternelles,
0   Qui jusqu'en nos foyers, de moment en moment,
0   A porté la fureur de son embrasement .
0   Polynice, Etéocle, en déposant les armes,
0   Vont rendre le repos à Thèbes en alarmes ;
0   Qui, nous verrons, ma soeur, refleurir à jamais
0   Sur ses murs attristés l'olive de la paix.
0   Eh !

ANTIGONE.

0   pour se disputer un sanglant héritage,
0   D'un trône dégradé le dangereux partage,
0   Par combien de revers, par combien d'attentats
0   Polynice, Etéocle ont-ils marqué leurs pas !
0   Polynice, si cher à mes jeunes années,
0   Auprès de qui j'ai vu croître mes destinées,
0   Avec sa soeur porté dans le flanc maternel,
0   Lui que j'aimai le plus, est le plus criminel .
0   De drapeaux étrangers assiégeant ses murailles,
0   Polynice a couvert Thèbes de fúnérailles .
0   Notre deuil solitaire et l'autel de nos dieux.
0   Et que notre famille, en forfaits si féconde,
0   Doit
0   pour les expier disparaître du monde .

ISMÈNE.

0   Que craignez - vous aux lieux où commande Créon
0   Le frère de Jocaste et le père d'Hémon,
0   Créon qui, dans l'horreur des guerres intestines,
0   Du trône de Laïus répare les ruines ?

ANTIGONE.

0   Créon de Polynice a juré le trépas.

ISMÈNE.

0   C'est à votre bonheur que Créon sacrifie

ANTIGONE.

0   Eh bien, quand je verrai mes frères s'embrasser,
0   Je pourrai croire alors que mes maux vont cesser .
0   Apprends, Ismène, apprends quelle sainte promesse
0   Au sort de Polynice attache ma tendresse !
0   Qui, des plus chers objets quand on est séparé,,
0   Nous fait vivre avec eux en pleurant sur leur cendre,

SCÈNE II.
ANTIGONE, ISMÈNE, HÉMON.

ANTIGONE.

0   Hémon ! parlez ; mes frères...

HÉMON.

0   Ma voix a suspendu leurs fureurs sanguinaires .

ANTIGONE.

0   Ah ! vous rendez la vie à mon coeur désolé.

HÉMON.

0   Des deux côtés déjà la mort avait volé ;
0   » Et marcher sur les corps de vos concitoyens !
0   » Les voilà ces remparts qu'habita votre enfance,
0   » Ces temples où des dieux réside la présence .»
0   Égalez ses vertus pour mériter le trône !

ANTIGONE.

0   Ce coeur, où vous versez des sentimens si doux

HÉMON.

0   D'un éternel lien que l'amour nous unisse.

ANTIGONE.

0   Je suis fille d'OEdipe et soeur de Polynice .

HÉMON.

0   Ces noms à mes regards t'ennoblissent encore.

ANTIGONE.

0   Peut-être que ces noms sont l'arrêt de ma mort.

HÉMON.

0   O dieux qui m'écoutez ! dieux ! que votre colère
0   Ne trouble point le jour d'un hymen si prospère !
0   Les enfans de Laïus ont trop long- temps porté
0   Le joug impérieux de la fatalité.

SCÈNE III.
ANTIGONE, ISMENE, HÉMON, CRÉON, Grands de l'état, Vieillards, Soldats, Thébains qui portent des trophées.

CRÉON.

0   Relevez, ô Thébains ! vos timides regards ;
0   Un astre plus propice éclaire vos remparts ;
0   Le bras de Jupiter a brisé la puissance

ANTIGONE.

0   Mes frères le demandent.

CRÉON.

0   Non, ce n'est pas au trône où leurs mânes prétendent..
0   Mes frères !...

ANTIGONE.

0   Ne sont plus .

CRÉON.

0   Ciel !

ANTIGONE, se laissant tomber sur un siége.

0   J'expire !

ISMÈNE.

0   Ma soeur !

ANTIGONE, en revenant à elle, à Hémon et à Ismène.

0   Tous deux vous me faisiez espérer le bonheur !

CRÉON.

0   Nous avions embrassé le plus heureux présage,
0   Et la paix descendait sur le champ du carnage ;
0   Argiens et Thébains, long-temps si désunis,
0   Ne se regardaient plus comme des ennemis
0   Polynice, Étéocle, en un sombre silence,
0   Semblaient, l'oeil abattu, dompter leur violence ;
0   Mais leur abattement est ce calme trompeur
0   Des éclats de la foudre affreux avant- coureur ;
0   Ils s'agitent : soudain le feu qui les consume,
0   La haine forcenée en leurs veines s'allume,
0   Ils ont dit à-la-fois, dans leur brûlant transport :
0   « Guerriers, c'est trop longtemps chercher pour nous la mort; »
0   A nos longs différends que notre bras suffise,
0   l'un par
0   Ils se portent tous deux des coups précipités.
0   Leur sang coule à grands flots sans que leur front pâlisse ;
0   Leur soufflant des poisons, combattaient avec eux.
0   Étéocle, plus souple et penché vers la terre,

ANTIGONE.

0   Vous ne me parlez point, Seigneur, de Polynice !

CRÉON.

0   Polynice ! qu'ici sa mémoire périsse !

CRÉON.

0   De ses concitoyens l'exécrable bourreau,

HÉMON.

0   A la cendre des morts que le courroux pardonne !

ISMÈNE.

0   Polynice est mon frère et celui d'Antigone.

CRÉON.

0   A force de forfaits ce tigre ne l'est plus ;

ANTIGONE.

0   Dans un gouffre profond qu'ils soient plongés vivans !

UN THEBAIN.

0   Nous les y traînerons, fussent-ils nos enfans.

PLUSIEURS ENSEMBLE.

0   Tous nous le promettons.

CRÉON, à Antigone.

0   Veut par votre hymenée assurer son destin.

SCÈNE IV.
CRÉON, HÉMON, Soldats, Grands, Peuple.

CRÉON.

0   Dignes Thébains, allez ; et que vos chants nocturnes
0   Je vais bientôt vous suivre au milieu des tombeaux
0   Où vous allez porter les cendres d'un héros .

SCÈNE V.
CRÉON, HÉMON.

CRÉON.

0   Mon fils, unique espoir que chérit ma vieillesse,
0   Tu détournes tes yeux obscurcis de tristesse ;
0   Tu portes dans ton sein un chagrin dévorant,
0   Lorsque tu vas monter au trône qui t'attend !

HÉMON.

0   Ce trône est teint de sang.

CRÉON.

0   Que ta vertu l'épure.

HÉMON.

0   Ce trône fait frémir le ciel et la nature .

CRÉON.

0   Le ciel et la nature aujourd'hui dans tes mains
0   Tu peux des immortels espérer la justice.

HÉMON.

0   L'espoir sur des débris arrosés de nos pleurs !
0   On ne peut espérer que de nouveaux malheurs.

CRÉON.

0   Que dis-tu? viens, mon fils ; jette-toi dans mes bras ;
0   La douleur et l'effroi ne t'y poursuivront pas .

HÉMON.

0   Mon père ! vous savez que j'adore Antigone ;

CRÉON.

0   C'est moi qui te la donne .

HÉMON.

0   Quand vous me la donnez c'est pour me la ravir.

CRÉON.

0   Je t'enchaîne à son sort. Qui peut vous désunir ?

HÉMON.

0   Ce corps abandonné qui crie au ciel vengeance,
0   Croyez-vous qu'une soeur, qui gémit en silence,
0   Du respect filial le modèle pieux,
0   Qui seule épure l'air qu'on respire en ces lieux,
0   Qui d'un sexe timide oubliant la faiblesse

CRÉON.

0   Ainsi de mon arrêt vous blâmez la rigueur ?

HÉMON.

0   Cet arrêt... ah ! je sens qu'il me glace d'horreur !

CRÉON.

0   Les grands l'ont approuvé ; pourrait- il vous déplaire ?

HÉMON.

0   Mon père, pardonnez, si, malgré mes efforts,
0   Je n'ai pu de mon coeur retenir les transports !
0   Plus que tout autre un fils doit à votre puissance
0   Et sa soumission et son obéissance ;

HÉMON.

0   Menecée !

CRÉON, avec égarement.

0   Dans le fond de mon coeur j'entends ses cris funèbres ;
0   M'arrachant au sommeil, je le vois sur mes pas
0   Qui lentement s'avance en me tendant les brass ;
0   Du coup qui l'a percé portant la cicatrice,
0   Il me montre la place où frappa Polynice .
0   Sur le champ de la mort des siens abandonné,
0   Sans bûcher, sans cercueil, il fut trois jours traîné...
0   Barbare, tu paieras un si sensible outrage !
0   Pourquoi, dieux des enfers qui secondez ma rage,
0   Un tourment plus affreux ne peut-il exister ?
0   Mon coeur pour Polynice aurait su l'inventer.

HÉMON.

0   Ah ! Seigneur, mon amour vous a rendu mon frère !

CRÉON.

0   Ce monstre l'eût frappé dans les bras de ton père .

HÉMON.

0   Je vis et suis heureux d'être né votre fils .
0   Craignez de soulever de nouveaux ennemis ;
0   Adraste qui, cédant à l'amour de sa fille,
0   Fit entrer Polynice au sein de sa famille,
0   Ne repoussera point une veuve à genoux
0   Qui lui demandera les cendres d'un époux ;
0   Adraste, dont ces lieux ont senti la présence,
0   De la Grèce assemblée échauffant la vengeance,
0   Va venir de la guerre apportant le flambeau,
0   A son gendre lui-même élever un tombeau .

ACTE II

Le Théâtre représente la sépulture des rois de Thèbes. Au milieu des tombeaux on remarque sur le devant de la scène ceux de Jocaste et de Polynice.

SCÈNE PREMIÈRE.
CRÉON, HÉMON, Peuple, Soldats autour du tombeau d'Étéocle.

CRÉON.

0   Héros dont en ces lieux nous consacrons la gloire,

ANTIGONE.

0   Nous te jurons ici que l'ombre de ton frère,
0   Que la guerre et la haine éteignant leurs flambeaux
0   Cessent de profaner ces augustes tombeaux.

SCÈNE II.
LES MÊMES, UN OFFICIER DU PALAIS .

L'OFFICIER.

0   Ah ! Seigneur, apprenez un horrible mystère ...
0   Polynice ! ...

CRÉON.

0   Parlez .

L'OFFICIER.

0   Que ne puis-je me taire !
0   A peine un faible jour peut éclairer nos pas,
0   Seigneur, nous courons tous dans le champ des combats
0   Rendre à des morts chéris un douloureux service :
0   Nous ne retrouvons point le corps de Polynice ;

CRÉON.

0   Vous m'en répondrez tous, même sur votre tête .

L'Officier sort.

SCÈNE III.
Créon, Hémon.

HÉMON.

0   Du ciel vous le voyez s'annoncent les desseins ;
0   Il veille sur le sort des malheureux humains.
0   De la main de nos dieux reconnaissons l'empreinte,
0   Qui, lorsqu'en votre cour tout respire la crainte,
0   Veulent nous enseigner par leur autorité

CRÉON.

0   Les dieux n'honorent point la cendre d'un perfide
0   Qui, la flamme à la main, dans sa rage homicide,
0   S'arma pour les chasser de leurs temples déserts .
0   La patrie et les lois sont les dieux que je sers.
0   Que l'erreur à genoux enfante des miracles :
0   Dans les conseils des rois il faut d'autres oracles.

HÉMON.

0   Quel qu'il soit, aux dépens de sa vie
0   Songez qu'il remplissait la loi la plus chérie
0   Écrite dans son coeur.

CRÉON.

0   Quoi ! vous le défendez !...

HÉMON, éperdu.

0   Qui, mon père ?...

CRÉON.

0   Si soudain le coupable ici ne m'est livré,

HÉMON.

0   Mon coeur est déchiré.

CRÉON.

0   Quand par cet attentat ma puissance est bravée,
0   Vous devez me venger.

(A Créon. )

0   Antigone est sauvée.
0   Le criminel, c'est moi : répandez tout mon sang.

CRÉON.

0   Que de mon propre fils je déchire le flanc !
0   Retirer de son sein ma main ensanglantée !
0   La nature en mon coeur se glace épouvantée .

HÉMON.

0   Sous ces voûtes soudain quel bruit vient retentir !
0   Qu'entends-je ? malgré moi je me sens attendrir.

SCÈNE IV.
LES MÊMES, ANTIGONE, ISMÈNE .

ANTIGONE.

0   O Jocaste reçois ce don tendre et funeste ;
0   Reçois de notre sang le plus malheureux reste !

CRÉON.

0   Antigone ici !

HÉMON.

0   Dieux ! que venez-vous m'offrir ?
0   C'est donc là le séjour qui doit nous réunir !

CRÉON, à Antigone.

0   Vous tenez un dépôt que votre main révère :
0   Quel est-il ?

ANTIGONE.

0   Regardez la tombe de ma mère .
0   L'urne de Polynice !

CRÉON.

ANTIGONE, mettant la main sur le tombeau.

CRÉON.

0   Mon fils dit que lui seul il voulut entreprendre...

ANTIGONE.

0   J'allumai le bûcher ; j'en apporte la cendre.
0   Non, ne la croyez pas .

HÉMON.

0   Eh ! pourquoi me ravir

ANTIGONE.

0   L'honneur d'un dévoûment qui doit m'appartenir !

CRÉON.

0   Vous braviez un monarque et méprisiez ses lois !

ANTIGONE.

0   J'obéissais aux dieux, plus puissans que les rois ;
0   Les dieux m'ont enseigné ces lois inviolables
0   Qui, descendant du ciel et comme eux immuables
0   Gravant dans tous les coeurs leurs décrets éternels,
0   Avant qu'il fût des rois régnaient sur les mortels.

CRÉON.

0   Le ciel m'en a fait juge, et ce juge est le vôtre.

ANTIGONE.

0   La nature est mon juge, et je n'en veux point d'autre .

CRÉON.

0   Redoutez un arrêt qu'il vous faudra subir.

ANTIGONE.

0   Mon frère est au cercueil, et je pourrais frémir !

CRÉON.

0   Antigone ! êtes -vous la seule criminelle ?
0   La seule.

ISMÈNE.

0   Moi, je suis sa compagne fidèle ;

ANTIGONE.

0   Avez-vous inhumé le corps de Polynice !

ISMÈNE.

0   Ne me disputez point tous les droits d'une soeur.

HÉMON.

0   O spectacle touchant ! ô combat magnanime !
0   La tendresse devient un dévoûment sublime.

ANTIGONE.

0   C'est moi seule ; écoutez : un Dieu fit dans mon sein
0   Descendre le transport de ce hardi dessein.
0   A pas pressés j'accours sur le champ des batailles
0   Qui de tant de héros portait les funérailles .
0   Partout je vais chercher les traces de ce sang,
0   De ce sang malheureux qui circule en mon flanc.
0   Des gardes imprimant le respect et la crainte,
0   Enfermaient Polynice en leur terrible enceinte :
0   Je leur dis : « Ah ! laissez la fille de vos rois
0   >> Voir son frère, le voir pour la dernière fois ! >>
0   Les gardes contemplant mes larmes suppliantes,
0   Abaissent devant moi leurs lances effrayantes ;
0   Mes larmes ont coulé dans leurs âmes d'airain,
0   Et jusqu'à Polynice ils m'ouvrent un chemin.
0   Il respirait encore ; et soit que ma présence
0   Lui donnât pour me voir un moment d'existence,
0   Il soulève sa tête et reconnaît sa soeur.
0   « Antigone ! est- ce toi ? viens fermer ma paupière ;
0   Viens, daigne m'accorder une grâce dernière :
0   Que l'honneur du tombeau, par toi m'étant rendu,
0   >Me console du trône où j'étais attendu ! »
0   Il expire : je veux rendre à ses tristes restes
0   Ces soins pour une soeur si chers et si funestes ;
0   Mais la garde repousse un si tendre devoir,
0   Forte de ma douleur et de mon désespoir,
0   J'ose appeler des dieux les fureurs véngeresses ;
0   Je prodigue les cris, les plaintes, les
0   L'or, par qui tant de fois l'homme fut corrompu,
0   L'or, sortant de mes mains, commande la vertu .
0   « Soldats, que craignez-vous ? Adraste vous appelle :
0   Ce monarque en son camp va payer votre zèle. »
0   Tout-à- coup, éprouvant un sentiment nouveau,
0   Dans cet instant l'un d'eux me remet un flambeau ;
0   Ils partent, et de loin regardent avec joie
0   La flamme du bûcher qui déjà se deploie.
0   J'en dérobe la cendre à l'inhumanité ;
0   Dans l'ivresse du zèle et de la piété, promesses ;
0   Au temple de Pallas je me rend's, et j'y laisse
0   Ce dépôt si sacré, trésor de ma tendresse .
0   Je l'embrasse ; et bientôt, précipitant mes pas,
0   Tranquille, je reviens mériter le trépas .

(A Hémon. )

HÉMON, sejetant à ses pieds.

CRÉON.

0   Tous deux vous m'outragez ! ô jour que je déteste !
0   Eh bien ! j'imiterai la colère céleste .

HÉMON.

0   Mon père !...

CRÉON.

0   De ses mains que cette urne arrachée
0   Ma soeur, que la faiblesse en impose au pouvoir ;
0   la tombe.)

HÉMON, les bras tendus vers la tombe.

0   Jocaste, lève-toi ; vous, héros, sa famille,2
0   Sortez de la poussière et reprenez vos droits .
0   Faites à notre oreille entendre votre voix :
0   Quiconque vous honore est ici sacrilége ! .....
0   Tonnez, de vos tombeaux vengez le privilége .

CRÉON, aux soldats.

0   Soldats ! Obéissez .

On emporte l'urne.

SCÈNE V.
LES MÊMES, excepté les Soldats qui ont emporté l'urne.

ANTIGONE,

0   Toi, frère de Jocaste, et qui dans sa présence
0   Écrase ses enfants d'une injuste puissance ;

SCÈNE VI.
LES MÊMES, UN OFFICIER.

L'OFFICIER.

0   Adraste reparaît au pied de ces murailles,
0   Rebelles à vos lois, fuyant votre courroux,
0   Ont dans le camp d'Adraste apporté la nouvelle
0   Que son gendre subit une injure cruelle ;

CRÉON.

0   Allez ; qu'on se prépare à le combattre encore.

L'officier sort.

SCÈNE VII.
Les mêmes, excepté L'Officier.

ANTIGONE, se levant et reprenant courage.

0   Le ciel se justifie, et ma voix qui l'implore
0   Du pied de ce cercueil a monté jusqu'à lui .
0   A ma plainte timide il prête son appui .
0   Je puis donc te braver, je puis me montrer fière
0   Du devoir qu'a rempli mon âme tout entière :
0   Accourez, accourez ; venez, digne vengeur
0   Venez rendre à ces murs leur première splendeur .

CRÉON.

0   Va, ce double forfait a condamné ta vie.
0   C'est donc toi qui, d'Adraste excitant la furie,
0   Veux couvrir tes foyers de carnage et de morts,
0   Et nous immoler tous à tes fougueux transports .
0   Gardes, que de sa soeur elle soit séparée,
0   Qu'elle soit en ce jour au supplice livrée .
0   Je ne la quitte point.

ISMÈNE.

0   Arrêtez ...

HÉMON, furieux.

0   Non, n'écoutez que moi.
0   Songe, Hémon, que ton père est ton roi.
0   Arrêtez, arrêtez .

HÉMON.

0   Que cette criminelle

CRÉON.

0   Soit mise dans les fers, que l'on veille sur elle .

SCÈNE VIII.
CRÉON, HÉMON .

CRÉON.

0   A quelle extrémité l'ingrate me réduit !
0   Une seconde fois Adraste me poursuit ;
0   Une seconde fois il vient dans ma patrie
0   Et vous qui, dans ces jours marqués par des malheurs,
0   De la soeur d'un barbare excitez les clameurs,
0   Hémon, vous jouissez des publiques alarmes ...
0   Vous ne répondez pas !

HÉMON.

0   Qu'on me donne des armes .
0   Venez sur ces remparts où le devoir m'appelle,
0   Venez voir votre fils malheureux, mais fidèle,
0   Du monarque d'Argos repoussant tous les coups,
0   Le chasser de ces murs, vaincre ou mourir pour vous.

ACTE III

Le Théâtre représente une place publique ; le palais de Créon ; l'autel d'Apollon à la porte de ce palais ; les deux temples de Pallas . On voit dans le fond une caverne, et à l'entrée une pierre qui doit servir pour la fermer.

SCÈNE PREMIÈRE.

CRÉON, seul.

0   Adraste a vu tomber sa fortune et sa gloire !
0   C'est au bras de mon fils que je dois la victoire ;
0   Double faveur du ciel qu'aujourd'hui je reçois !
0   Hémon veut me parler ; plus soumis à mes lois
0   Il va sacrifier un moment de délire

SCÈNE II.
Créon, Hémon.

CRÉON.

0   Embrasse-moi, mon fils ; partage mes transports.

HÉMON.

0   Seigneur, honorez moins mon zèle et mes efforts .
0   Vous me permettez donc de vous nommer mon père !

CRÉON.

HÉMON.

0   Vous ne m'avez offert un rayon de bonheur
0   Que pour m'envelopper d'une nuit de douleur .
0   De tous les Argiens l'audace est terrassée ;
0   Adraste, consterné de sa grandeur passée,
0   Ils se retraceront dans leur âme indignée
0   De tous les souverains la gloire profanée .
0   Un instant de pitié peut surprendre leur coeur,
0   Et la pitié soudain se changer en fureur .

CRÉON.

0   Que m'importent les cris, les plaintes du vulgaire ?
0   Apprends que des sujets empressés à nous plaire,
0   Ne sont que l'instrument des volontés des rois .
0   Antigone est coupable, elle a bravé mes lois .

HÉMON.

0   Qui n'aurait pas voulu commettre son offense ?
0   Qui n'aurait pas voulu prendre ici sa défense ?
0   Malheureux !

CRÉON.

0   Oui, tu l'es de franchir les limites

HÉMON.

0   Et cet objet si cher, dont la noble douleur

CRÉON.

0   Je plaindrais Antigone

HÉMON.

0   Antigone périr !
0   Que vous m'aviez vous-même ordonné de chérir ! ...
0   Dans cet affreux abîme Antigone enfermée,
0   Vos bras du haut des cieux peuvent m'anéantir :
0   Ma cendre, malgré vous, vivra pour la chérir.
0   Accordez -moi, touchés de ma peine mortelle,
0   A la place du trône une tombe auprès d'elle !

CRÉON.

0   Mon fils !

HÉMON.

0   Oui, je le suis, et je tombe à vos pieds,

CRÉON.

0   Jamais...

ANTIGONE,

CRÉON.

0   Aux dieux, à mon pays j'ai promis son trépas
0   Qui pourrait à son sort la soustraire ?
0   O ciel!

HÉMON.

HÉMON.

0   Mon bras !
0   Vous avez vu cette élite intrépide
0   Croyez-vous aujourd'hui que leur zèle abattu
0   Refuse d'obéir pour sauver la vertu ?
0   J'ai payé de mon coeur la dette respectable ;
0   Maintenant je me dois au malheur qu'on accable .

CRÉON.

0   Où vas-tu ?

HÉMON.

0   Rassembler des amis généreux .

CRÉON.

0   C'en est trop qu'on l'arrête .

HÉMON.

0   Ah ! je vous devrai tout, si mon trépas s'apprête .

(Il sort. )

SCÈNE III.

CRÉON, seul.

0   Fils ingrat et cruel ! ah ! qu'il m'en a coûté
0   Pour condamner mon coeur à la sévérité !
0   Allons ; il faut hâter le trépas d'Antigone :
0   Prévenons les excès où mon fils s'abandonne.
0   Quand son fatal amour perdra tout son espoir,
0   Mes yeux verront mon fils rentrer dans son devoir .

SCÈNE IV.
CRÉON, L'OFFICIER DU PALAIS.

L'OFFICIER.

0   Seigneur, en ce moment un vieillard se présente ;
0   Ses yeux privés du jour, sa démarche imposante,
0   Son front majestueux de rides sillonné,
0   Il veut vous révéler un secret important
0   Dont, dit-il, aujourd'hui votre bonheur dépend .

CRÉON.

0   Qu'il vienne ; dans ces lieux vous pouvez l'introduire .

SCÈNE V.

CRÉON, seul.

( L'Officier sort. ).

0   Mais que prétend- il donc ? et que vient-il me dire ?...
0   Pourrait-il étouffer dans ce coeur éperdu
0   Le lamentable cri du fils que j'ai perdu.
0   Malheureux Ménecée ! ombre terrible et chère,
0   Te venger est pour moi le seul bien que j'espère .

SCÈNE VI.
Créon, Tirésias, conduit par un enfant, L'OFFICIER.

TIRÉSIAS, s'arrêtant au fond du théâtre, une main appuyée sur une colonne du palais.

0   Séjour que je chéris ! palais pour moi perdu !
0   En entrant dans ces murs, ô lieu de ma naissance !
0   Par un charme secret j'ai senti ta présence !
0   Dieux ! laissez mes regards de ténèbres couverts !
0   Que voir autour de moi ? des crimes, des revers .
0   Hélas ! pourquoi faut-il que ma bouche prononce
0   Un oracle fatal que mon aspect annonce !

L'OFFICIER,

0   Approcher c'est le roi.
0   Tirésias ! ...

CRÉON.

0   Vieillard, que me veux-tu ?

TIRÉSIAS,

0   Lui-même .

CRÉON.

0   A ce nom, éperdu ...
0   De quelque grand revers ici viens-tu m'instruire ?

TIRÉSIAS.

0   Oui, jusqu'en ton palais je viens te le prédire.
0   Je fuis l'éclat des rois, je me rapproche d'eux
0   Lorsque le ciel les frappe et qu'ils sont malheureux .

CRÉON.

0   Qui t'a donné le droit de franchir l'intervalle,

TIRÉSIAS.

0   La vérité. Les dieux, dans ma calamité,
0   A mon âme ont daigné rendre cette clarté
0   Qu'ils avaient arrachée à ma faible paupière.
0   C'est aux rayons qu'en moi jette cette lumière
0   Que les décrets du sort viennent se découvrir,
0   Que je lis dans les coeurs et perce en l'avenir .

CRÉON.

0   Tu dis vrai ; je suis un imposteur

TIRÉSIAS.

0   Ta main de Polynice insulta la dépouille .

CRÉON.

0   Thèbes l'a rejetée, et son aspect la souille.

TIRÉSIAS.

0   Antigone au cercueil doit tomber aujourd'hui .

CRÉON.

0   Qui révère un coupable est flétri comme lui.

TIRÉSIAS.

0   Écoute-moi : frémis . Le plus sinistre augure
0   Est venu m'effrayer dans ma demeure obscure
0   Lorsque pour mon pays mon coeur formait des voeux.
0   Au- dessus de mon toit, battu d'un bruit affreux,
0   Des oiseaux de la nuit les ailes prophétiques
0   M'ont annoncé l'horreur des misères publiques .
0   Dans un temple voisin je porte mes terreurs ;
0   J'immole une victime et la couvre de fleurs ;
0   D'un feu sombre et mourant la victime enflammée,
0   Se dessèche bientôt en cendres consumée ;
0   Et long-temps fatigué de mes embrassemens,
0   L'inexorable autel rejette mon encens.
0   Je sentis cet effroi, lorsque dans la Phocide
0   Laïus reçut la mort d'une main parricide ;
0   Je sentis cet effroi quand sa femme, en ces lieux,
0   A son fils vint offrir son lit incestueux.

( Dans un accès prophétique. )

CRÉON, éperdu.

0   La voix de ce vieillard et m'émeut et m'étonne ;

TIRÉSIAS.

0   L'hymen a dans le sang plongé son noir flambeau .
0   Eh ! pour qui donc encore ouvre-t-on ce tombeau ?
0   Un jeune homme, un héros vers le trépas s'avance :
0   Le ciel a sur son front imprimé sa naissance .

(Il tombe sur un siége, excédé de douleur et de fatigue. )

CRÉON.

0   Reviens à toi.

TIRÉSIAS.

0   Créon !...

CRÉON.

0   Eh bien

TIRÉSIAS.

0   Frémis, frémis !

CRÉON.

0   Qu'aurais-je à redouter ?

TIRÉSIAS, se relevant et ramassant toutes ses forces.

0   N'as-tu donc pas un fils ?

CRÉON.

0   On vient : cachons l'effroi de mes sens interdits,

(Il sort. )

SCÈNE VII.
TIRÉSIAS, L'ENFANT, grande foule de Peuple.

****

0   Sur le trône il n'est plus qu'un bourreau sanguinaire
0   Que le ciel vous donna dans des jours de colère .
0   Le pur sang de Laïus que vous deviez chérir :
0   Vous chassâtes vos rois du sein de vos murailles,
0   Il vous manquait encor d'arracher leurs entrailles .
0   Thébains, écoutez - moi ; de cet affreux serment
0   Qu'ont prononcé la haine et le ressentiment,
0   Des autels d'Apollon croyez le témoignage,
0   Ma voix de ce serment aujourd'hui vous dégage .

SCÈNE VIII.
LES MÊMES, ISMÈNE.

ISMÈNE.

0   Tombe cet appareil de l'inhumanité !
0   Retrouvant ses honneurs avec sa liberté,
0   Ma soeur ici bientôt recevra des hommages,
0   Du respect qu'on lui doit éclatans témoignages .
0   Que vous allez rougir de l'avoir condamné
0   Cet objet aussi cher qu'il est infortuné !
0   D'une foule cruelle en silence escortée,
0   J'ai vu ma triste soeur dans une tour jetée.
0   J'ai voulu pénétrer dans son séjour affreux,
0   Et lui porter mes pleurs, seul bien des malheureux ;
0   La foule me repousse, et craint que ma prière
0   Ne puisse à ses liens ravir sa prisonnière ...
0   Mais j'entends retentir : « Hémon est libre, Hémon
0   A vu briser ses fers . » Je renais à ce nom ;

SCÈNE IX.
LES MEMES, ANTIGONE, conduite par des soldats.

ISMÈNE.

0   Ah! ma soeur va périr, et mes soins superflus ...

ANTIGONE.

0   Ismène ! ... elle est ma soeur, et d'OEdipe la fille ;
0   Ne la punissez point d'être de ma famille .

ISMÈNE.

0   Comme elle j'ai, bravant un ordre injurieux,
0   Déposé Polynice auprès de ses aïeux .

ANTIGONE au peuple.

0   Un vieillard faible, aveugle ! OEdipe en ces climats !
0   Sors-tu de ton cercueil pour pleurer mon trépas ?

TIRÉSIAS.

0   Je ne suis point OEdipe, et veux être ton père.
0   Je voudrais de ce peuple enchaîner la colère ;
0   Mais qui peut résister à la fatalité

Aux deux soeurs.

0   Quand je ne puis vous voir, ô filles si chéries !
0   Retrace à votre coeur sa douloureuse image ;
0   Qui dans ces yeux fermés à la clarté des cieux,
0   Retrouve encor des pleurs qu'il répand sur vous deux .

Au peuple.

0   Vous n'êtes point émus : sa jeunesse, ses larmes
0   A vos yeux vainement ont déployé leurs charmes ! ...

ANTIGONE.

0   Peuple ! Eh quoi, tu veux donc devenir mon bourreau ?
0   Ma mère ! Je la vois s'asseoir sur mon tombeau !
0   Toi, Polynice aussi ! Mon frère, ta présence
0   Offre à mon coeur déjà sa douce récompense !
0   Pour toi je vais mourir ; hélas ! sans notre amour
0   Ce gouffre eût- il été mon éternel séjour ?
0   Puisque ma soeur encor jouit de la lumière,
0   Des victimes du sort que je sois la dernière !
0   Il est temps d'étouffer des regrets superflus ;
0   Ma soeur, embrassez-moi, vous ne me verrez plus .

Elle s'approche de la caverne.

0   Barbares ! vous osez l'arracher de mes mains !
0   N'ai-je donc pas le droit de subir ses destins ?

ANTIGONE.

0   Adieux !

Elle descend dans la caverne ; avant de disparaître elle lève les yeux et les mains vers le ciel, et jette un dernier soupir; une haie de soldats ferme l'entrée de la caverne.

SCÈNE X.
LES MÊMES, HÉMON, s'élançant sur la scène à la tête de ses amis.

HÉMON.

0   Qu'on la rende à la vie !
0   Mais je ne la vois point, me l'auriez-vous ravie ?
0   Et vous ne craignez pas, ô tigres inhumains,
0   Que dans des flots de sang je ne trempe mes mains,
0   Et ne venge sur vous l'hymen et la nature.
0   S'anéantir vos murs, prisons de l'innocence,
0   La place où parmi vous je reçus la naissance,
0   Le trône où les forfaits couronnent le pouvoir,
0   Où j'ai trop de vertu pour prétendre m'asseoir :
0   Je hais jusqu'à vos dieux puisqu'ils sont vos complices
0   Et qu'ils ne troublent point vos affreux sacrifices .
0   Qu'en a-t-on fait, cruels ?
0   Hémon ! ô ciel ! c'est vous !
0   Ah ! j'ai senti du sort les plus terribles coups .
0   Antigone !

ANTIGONE, se soulevant et paraissant à l'entrée de la caverne tenant un poignard dont elle s'est percée.

0   Ce poignard ...

HÉMON, prenant le poignard.

0   ****************

SCÈNE XI ET DERNIÈRE.
Les mêmes, Créon, arrivant au bruit du tonnerre.

CRÉON.

0   Le ciel se fait entendre, adorons sa justice :
0   Mes mains ont honoré l'urne de Polynice.

HÉMON.

0   Qu'il soit brisé le saint noeud qui nous lie !
0   Ma main va vous payer ma malheureuse vie .

CRÉON.

Il se tue.

0   Frappez, Thébains, frappez votre malheureux roi ;
0   Au défaut de leurs bras, cieux, exterminez-moi !
0   Quel spectacle ! tout fuit, tout recule à ma vue !
0   Je ne suis plus qu'une ombre aux enfers attendue :
0   C'est moi qui, dans ces murs rassemblant tous les maux,
0   Des enfants de Laïus ai creusé les tombeaux.

TIRÉSIAS.

0   Apprenez, ô Thébains ! par cet exemple affreux,
0   A toujours honorer la nature et les dieux.

 



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