Occurences de l'expression

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pour MARIVAUX

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FÉLICIE (1750)

  1. Parcourez tous les avantages possibles, et voyez celui que je pourrais augmenter en vous, ou bien ajouter à ceux que vous avez : rêvez-y. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Attendez pourtant, Madame ; des grâces, par exemple, je n'y songeais point ; qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  3. Songez que c'est peut-être de tous les dons le plus dangereux que vous choisissez, Félicie. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. Dangereux, Madame ! (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  5. Pour celui-là, je n'y songe pas, je vous assure. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  6. Vous n'y songez pas, Félicie ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. J'en ai une reconnaissance infinie ; et apparemment qu'il y a bien du changement en moi, quoique je ne le voie pas. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  8. Vous allez dans le monde, je veux vous rendre heureuse ; et il faut pour cela que je connaisse parfaitement vos inclinations, afin de vous assurer le genre de bonheur qui vous sera le plus convenable. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  9. Votre retraite m'afflige. (Acte 1, scène 2, FÉLICIE)
  10. N'y craignez rien, vous dis-je ; c'est moi qui vous y protège. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. Oui ; vous êtes extrêmement jolie, et l'endroit où vous voulez vous engager me paraît un pays trop galant. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  12. Non ; mais je prévois de l'autre côté les pièges qu'on y pourra tendre à votre coeur, et franchement, j'ai peur que nous ne nous y perdions. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  13. Sous le prétexte qu'on est aimable, on n'osera pas se montrer ; il ne faudra rien voir, toujours s'enfuir, et ne s'occuper qu'à faire la sauvage ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  14. Écoutez, Félicie, ne vous y trompez pas ; les grâces et la sagesse ont toujours eu de la peine à rester ensemble. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  15. À l'égard des pièges dont vous parlez, il me semble à moi qu'il n'est pas question de les fuir, mais d'apprendre à les mépriser ; et pourquoi ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  16. Sont-ce là ces pièges si redoutables, qu'il faille renoncer au jour pour les éviter ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  17. Et moi, c'est que je fuis le danger que je soupçonne ici. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  18. Et parce que j'en ai, il faut que je les cache, il faut que l'obscurité soit mon partage ! (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  19. Que ne m'a-t-on dit que c'était le plus grand malheur du monde que d'être jolie, puisqu'il faut être esclave des conséquences de son visage ? (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  20. Je me suis donc étrangement trompée ; j'ai souhaité d'être aimable, afin qu'on m'aimât dès qu'on me verrait, ce qui est assurément très innocent ; et il se trouverait que, selon vos chicanes, ce serait afin qu'on ne me vît jamais : en vérité, je ne saurai goûter ce que vous me dites. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  21. Les attraits qu'elle éclaire en brillent davantage. v.3 (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  22. Que de voir sur un beau visage v.5 (Acte 1, scène 3, LA MODESTIE)
  23. Vous en jugez mal, il n'a point cet air-là. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  24. Allons, Madame ; ayez cette complaisance-là pour moi, qui vous aime : considérez que je suis une jeune personne à qui l'âge donne une petite curiosité pardonnable et sans conséquence ; je vous en prie, ne me refusez pas. (Acte 1, scène 5, F?LICIE)
  25. Cette rigueur-là n'est point du tout persuasive, point du tout : austérité superflue que tout cela ; l'excès n'est point une sagesse, et je sais me conduire. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  26. Au nom de tant de charmes, ne vous rendez point ; songez qu'il ne s'agit que d'une bagatelle. (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  27. Si le plaisir qu'on sent à vous voir la chagrine, sa peine est sans remède, Félicie ; mais n'y songez plus, nous nous passerons bien d'elle. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  28. Voilà un langage qui vient fort à propos ! (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  29. Courage ! (Acte 1, scène 6, F?LICIE)
  30. Doit nous fixer sous cet ombrage. v.9 (Acte 1, scène 7, CHASSEUR)
  31. Par un juste et fidèle hommage, v.11 (Acte 1, scène 7, CHASSEUR)
  32. Toujours de l'amour, vous ne vous corrigez point. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  33. Ce jeune homme vous impatiente : promenez-vous un instant sans me quitter ; je tâcherai d'abréger la conversation. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  34. Vous frémissez de songer que je serais votre époux ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  35. Vous parlez de vertu, Félicie, les dieux me sont témoins que je suis aussi jaloux de la vôtre que vous même, et que je ne songe qu'à rendre notre séparation impossible. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  36. Se marier de son chef, sans consulter qui que ce soit au monde, sans témoin de ma part, car je ne connais personne ici ; quel mariage ! (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  37. Lucidor, ce mariage-là ne réussira pas. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  38. Non, cher Lucidor ; je vous promets de n'avoir à faire qu'à mon coeur, et vous n'aurez que lui pour juge. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  39. Je n'ai pas le courage de vouloir l'être. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  40. Non, je ne risque rien : Lucidor est plein d'honneur, il m'aime ; je sens que je ne vivrais pas sans lui ; on me le refuserait peut-être, je l'épouse ; il est question d'un mariage qu'il me propose avec toute la tendresse imaginable, et sans lequel je sens que je ne puis être heureuse : ai-je tort de vouloir l'être ? (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  41. Et ce sont deux aussi revêches, deux aussi impraticables personnes que celles-là, deux sauvages d'une défiance aussi ridicule, que vous regrettez ! (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  42. Amant dangereux et trompeur, ennemi de la vertu, perfides impressions de l'amour, effacez-vous de son coeur, et disparaissez. (Acte 1, scène 13, LA-FEE)

LA DOUBLE INCONSTANCE (1724)

  1. En vérité, je vous demande pardon, celui-là m'est échappé, mais je n'en dirai plus, je me corrigerai. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Vous ne vous corrigez pas, voilà des considérations qui ne me conviennent point non plus. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Songez que c'est sur vous qu'il fait tomber le choix qu'il doit faire d'une épouse entre ses sujettes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. Force-t-on les gens à recevoir des présents malgré eux ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  5. Je n'en sais pas davantage, voilà tout l'esprit que j'ai. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. On m'ôte mon amant, et on me rend des femmes à la place ; ne voilà-t-il pas un beau dédommagement ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  7. Une bourgeoise contente dans un petit village vaut mieux qu'une princesse qui pleure dans un bel appartement. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Otez-vous de là, je ne puis vous souffrir, laissez-moi m'affliger en repos. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  9. Ainsi continuons, et ne songeons qu'à détruire l'amour de Silvia pour Arlequin. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  10. Avec une femme, nous irions notre train ; celle-ci nous arrête, cela nous avertit d'un prodige, n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  11. Et c'est ce prodige qui augmente encore l'amour que j'ai conçu pour elle ! (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  12. Eh, Seigneur, ne l'écoutez pas avec son prodige, cela est bon dans un conte de fée. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  13. Du côté de l'ambition, Silvia n'est point en prise, mais elle a un coeur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  14. Il faudra mettre à profit l'ignorance où elle est de votre rang ; on l'a déjà prévenue que vous ne la verriez pas sitôt ; je me charge du reste, pourvu que vous vouliez bien agir comme je voudrai ! (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  15. C'est le sentiment de bien des gens. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  16. Non, elle n'est pas nécessaire : il s'agit ici d'un homme simple, d'un villageois sans expérience, qui s'imagine que nous autres femmes d'ici sommes obligées d'être aussi modestes que les femmes de son village ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  17. Il faut en effacer cela ; tu mets je ne sais quoi d'étourdi et de vif dans ton geste, quelquefois c'est du nonchalant, du tendre, du mignard ; tes yeux veulent être fripons, veulent attendrir, veulent frapper, font mille singeries ; ta tête est légère ; ton menton porte au vent ; tu cours après un air jeune, galant et dissipé ; parles-tu aux gens, leur réponds-tu ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  18. Tu prends de certains tons, tu te sers d'un certain langage, et le tout finement relevé de saillies folles ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  19. Mais de la façon dont tu arranges mes agréments, je ne les trouve pas si jolis que tu dis ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  20. Rien : tu laisseras aller tes regards comme ils iraient si ta coquetterie les laissait en repos ; ta tête comme elle se tiendrait, si tu ne songeais pas à lui donner des airs évaporés ; et ta contenance tout comme elle est quand personne ne te regarde. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  21. Que je suis fâché de n'être pas riche, je vous donnerais tous mes revenus pour gages. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  22. Mais quand j'y songe, il faut que vous soyez bien bon, bien obligeant pour m'amener ici comme vous faites ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  23. Eh morbleu, on ne prétend pas vous faire du mal ; nous avons ici d'aimables filles, épousez-en une, vous y trouverez votre avantage. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  24. Savez-vous bien que le mariage que je vous propose vous acquerra l'amitié du Prince ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  25. À ce compte, je donnerai donc ma maîtresse pour avoir le plaisir de déménager souvent ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  26. Mais rien ne vous touche, vous êtes bien étrange ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  27. Je conviens que vous ne serez point en danger de mettre ce domestique-là dehors : mais ne seriez-vous pas sensible au plaisir d'avoir un bon équipage, un bon carrosse, sans parler de l'agrément d'être meublé superbement ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  28. Ne voilà-t-il pas un équipage que ma mère m'a donné ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  29. Un moment : vous ne vous souciez ni d'honneurs, ni de richesses, ni de belles maisons, ni de magnificence, ni de crédit, ni d'équipages. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  30. Seriez-vous bien aise d'avoir un cuisinier qui vous apprêtât délicatement à manger, et en abondance ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  31. Je gage que voilà une éveillée qui vient pour m'affriander d'elle. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  32. Vous me la baillez belle avec vos sujets et vos États ; si je n'ai pas de sujets, je n'ai charge de personne ; et si tout va bien, je m'en réjouis, si tout va mal, ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  33. Dame, Mademoiselle, il n'y a rien de si trompeur que la mine des gens. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  34. Tenez, dans le fond, c'est dommage que vous soyez une si grande coquette. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  35. Point du tout : il n'y a point de mal à voir ce que les gens nous montrent ; ce n'est point moi qui ai tort de vous trouver coquette, c'est vous qui avez tort de l'être, Mademoiselle ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  36. Les premiers jours, il fallait voir comme elle se reculait d'auprès de moi, et puis elle reculait plus doucement, et puis petit à petit elle ne reculait plus, ensuite elle me regardait en cachette, et puis elle avait honte quand je l'avais vu faire, et puis moi j'avais un plaisir de roi à voir sa honte ; ensuite j'attrapais sa main, qu'elle me laissait prendre, et puis elle était encore toute confuse ; et puis je lui parlais ; ensuite elle ne me répondait rien, mais n'en pensait pas moins ; ensuite elle me donnait des regards pour des paroles, et puis des paroles qu'elle laissait aller sans y songer, parce que son coeur allait plus vite qu'elle : enfin c'était un charme, aussi j'étais comme un fou. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  37. Seigneur, vous pouvez en toute sûreté ordonner les apprêts de votre mariage, vous arranger pour cela ; je vous garantis aimé, je vous garantis marié, Silvia va vous donner son coeur, ensuite sa main ; je l'entends d'ici vous dire : Je vous aime ; je vois vos noces, elles se font ; Arlequin m'épouse, vous nous honorez de vos bienfaits, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  38. Vous m'encouragez à espérer ; mais je vous avoue que je ne vois d'apparence à rien. (Acte 1, scène 8, LE-PRINCE)
  39. Ces gens-là sont bien curieux ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  40. Le Prince, qui vous aime, commence par là à vous donner des témoignages de sa bienveillance ; il veut que ces gens-là vous suivent pour vous faire honneur. (Acte 1, scène 9, TRIVELIN)
  41. Et dites-moi, ces gens-là qui me suivent, qui est-ce qui les suit, eux ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  42. Détalez, je n'aime point les gens sans honneur et qui ne méritent pas qu'on les honore. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  43. Quand je vous dis que nous ne méritons pas d'avoir des gens à notre suite, ce n'est pas que nous manquions d'honneur ; c'est qu'il n'y a que les personnes considérables, les seigneurs, les gens riches, qu'on honore de cette manière-là : s'il suffisait d'être honnête homme, moi qui vous parle, j'aurais après moi une armée de valets ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  44. Je vois bien à présent que c'est qu'on fait ici tout l'honneur aux gens considérables, riches, et à celui qui n'est qu'honnête-homme, rien. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  45. Aimez toujours Arlequin, il le mérite ; et vous, Arlequin, quelque chose qu'il arrive, regardez-moi comme une amie, comme une personne qui voudrait pouvoir vous obliger, je ne négligerai rien pour cela ! (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  46. Allez, Mademoiselle, vous êtes une fille de bien ; je suis votre ami aussi, moi ; je suis fâché de la mort de votre amant, c'est bien dommage que vous soyez affligée, et nous aussi ! (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  47. m'amour, je vous dis de prendre patience, mais je n'ai pas plus de courage que vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  48. Nous en faut-il davantage ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  49. Il n'y aura qu'à ne pas songer que nous pâtissons ! (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  50. Ce cher petit homme, comme il m'encourage ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  51. Hum, il faut attendre Silvia ; elle aime le potage. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  52. Je n'ai jamais vu de femmes si civiles, des hommes si honnêtes, ce sont des manières si douces, tant de révérences, tant de compliments, tant de signes d'amitié, vous diriez que ce sont les meilleures gens du monde, qu'ils sont pleins de coeur et de conscience ; point du tout, de tous ces gens-là, il n'y en a pas un qui ne vienne me dire d'un air prudent : Mademoiselle, croyez-moi, je vous conseille d'abandonner Arlequin, et d'épouser le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  53. Ne valoir rien, tromper son prochain, lui manquer de parole, être fourbe et mensonger, voilà le devoir des grandes personnes de ce maudit endroit-ci. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  54. Qu'est-ce que c'est que ces gens-là ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  55. De la pâte des autres hommes, ma chère Silvia ; que cela ne vous étonne pas, ils s'imaginent que ce serait votre bonheur que le mariage du Prince. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  56. Et on a le courage de me dire : Là, fais un mauvais tour, qui ne te rapportera que du mal, perds ton plaisir et ta bonne foi. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  57. Ces gens-là pensent à leur façon, et souhaiteraient que le Prince fût content. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  58. Car c'est un abus que tout ce qu'il fait, tous ces concerts, ces comédies, ces grands repas qui ressemblent à des noces, ces bijoux qu'il m'envoie ; tout cela lui coûte un argent infini, c'est un abîme, il se ruine ; demandez-moi ce qu'il y gagne ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  59. Tenez, si j'avais eu à changer Arlequin contre un autre, ç'aurait été contre un officier du palais, qui m'a vue cinq ou six fois, et qui est d'aussi bonne façon qu'on puisse être : il y a bien à tirer si le Prince le vaut ; c'est dommage que je n'aie pu l'aimer dans le fond, et je le plains plus que le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  60. Oh que si, il y en a de plus jolies que moi ; et quand elles seraient la moitié moins jolies, cela leur fait plus de profit qu'à moi d'être tout à fait belle : j'en vois ici de laides qui font si bien aller leur visage, qu'on y est trompé. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  61. Bon, moi, je ne parais rien, je suis toute d'une pièce auprès d'elles, je demeure là, je ne vais ni ne viens ; au lieu qu'elles, elles sont d'une humeur joyeuse, elles ont des yeux qui caressent tout le monde, elles ont une mine hardie, une beauté libre qui ne se gêne point, qui est sans façon ; cela plaît davantage que non pas une honteuse comme moi, qui n'ose regarder les gens et qui est confuse qu'on la trouve belle. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  62. Y a-t-il de visage plus commun disaient l'autre jour ces jalouses entre elles ; de taille plus gauche ? (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  63. Quel âge avez-vous, ma fille ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  64. Adieu ; un pareil objet me venge assez de celui qui en a fait choix ! (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  65. Et moi, je voudrais qu'il ne m'aimât pas, car j'ai du chagrin de ne pouvoir lui rendre le change ; encore si c'était un homme comme tant d'autres, à qui on dit ce qu'on veut ; mais il est trop agréable pour qu'on le maltraite, lui, et il a toujours été comme vous le voyez. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  66. Que vous êtes obligeante, Silvia ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  67. Flaminia, je vous en fais juge, pourrait-on cesser d'aimer Silvia ? (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  68. Et moi, je vous en fais juge aussi ; là, vous l'entendez, comment se comporter avec un homme qui me remercie toujours, qui prend tout ce qu'on lui dit en bien ? (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  69. Croyez-moi, tâchez de m'aimer tranquillement, et vengez-moi de cette femme qui m'a injuriée. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  70. Il vous dira : Pourquoi n'en avoir pas pris davantage ? (Acte 2, scène 4, FLAMINIA)
  71. C'est que mon valet Trivelin, que je ne paye point, m'a mené par toutes les chambres de la maison, où l'on trotte comme dans les rues ; où l'on jase comme dans notre halle, sans que le maître de la maison s'embarrasse de tous ces visages-là, et qui viennent chez lui sans lui donner le bonjour, qui vont le voir manger, sans qu'il leur dise : Voulez-vous boire un coup ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  72. D'une bagatelle : c'est que vous ne savez pas que ce que vous avez vu faire à ce laquais est un usage pour les dames. (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  73. Mais, seigneur Arlequin, songerez-vous toujours à Silvia ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  74. Et où est-ce que je prendrai du courage pour endurer tout cela ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  75. Ces gens-là croient-ils que j'aie un coeur de fer ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  76. Je crois que vous m'auriez encore plu davantage ; mais je n'aurais pas été assez belle pour vous ! (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  77. Je serai bon, quand vous serez sage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  78. Ce ne sont point des compliments, mais des témoignages d'estime. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  79. Votre visage ne m'est point nouveau, Monsieur ; je vous ai vu quelque part à la chasse, où vous jouiez de la trompette ; je vous ai ôté mon chapeau en passant, et vous me devez ce coup de chapeau-là. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  80. Oh que si ; mais vous n'aviez pas de grâce à me demander, voilà pourquoi je perdis mon étalage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  81. Que le ciel bénisse cet homme de bien, il a vidé là sa maison d'une mauvaise graine de gens. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  82. Par ma foi, Messieurs, allez où il vous plaira ; je vous souhaite un bon voyage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  83. Comment, être exilé, ce n'est donc point vous faire d'autre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  84. Sans doute, qu'y a-t-il d'étrange à cela ? (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  85. Parce que je veux aller en exil, moi ; de la manière dont on punit les gens ici, je vais gager qu'il y a plus de gain à être puni que récompensé. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  86. N'importe, empêchez que je ne le sois ; un homme comme moi ne peut demeurer qu'à la cour : il n'est en considération, il n'est en état de pouvoir se venger de ses envieux qu'autant qu'il se rend agréable au Prince, et qu'il cultive l'amitié de ceux qui gouvernent les affaires. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  87. J'aimerais mieux cultiver un bon champ, cela rapporte toujours peu_ou_prou, et je me doute que l'amitié de ces gens-là n'est pas aisée à avoir ni à garder. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  88. Vous avez raison dans le fond : ils ont quelquefois des caprices fâcheux, mais on n'oserait s'en ressentir, on les ménage, on est souple avec eux, parce que c'est par leur moyen que vous vous vengez des autres. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  89. C'est justement recevoir des coups de bâton d'un côté, pour avoir le privilège d'en donner d'un autre ; voilà une drôle de vanité ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  90. On envoie les gens me demander pardon pour la moindre impertinence qu'ils disent de moi ! (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  91. Prix pour prix, les gens qui nous aiment sont de meilleure compagnie que ceux qui ne se soucient pas de nous, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  92. Vous soupirez à cause d'une petite villageoise, vous êtes bien de loisir ; et où avez-vous mis votre langue de tantôt, Madame ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  93. Gardez donc le silence ; car quand vous vous lamenteriez jusqu'à demain, mon visage n'empirera pas : beau ou laid, il restera comme il est. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  94. Épargnez-moi, Mademoiselle ; l'emportement que j'ai eu contre vous a mis toute ma famille dans l'embarras : le Prince m'oblige à venir vous faire une réparation, et je vous prie de la recevoir sans me railler. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  95. Vous me répondez d'une étrange manière ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  96. J'ai satisfait à ce qu'on exigeait de moi à votre égard, et je vous prie d'oublier tout ce qui s'est passé entre nous ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  97. J'ai, que je suis en colère ; cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon, et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m'a encore fâchée, m'a dit que c'était à ma laideur qu'on se rendait, qu'elle était plus agréable, plus adroite que moi, qu'elle ferait bien passer l'amour du Prince ; qu'elle allait travailler pour cela ; que je verrais, pati, pata ; que sais-je, moi, tout ce qu'elle mis en avant contre mon visage ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  98. Écoutez, si vous ne faites taire tous ces gens-là, il faut vous cacher pour toute votre vie. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  99. Vous me faites rêver à une chose, ne trouvez-vous pas qu'il est un peu négligent depuis que nous sommes ici, Arlequin ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  100. C'était le garçon le plus passable de nos cantons, il demeurait dans mon village, il était mon voisin, il est assez facétieux, je suis de bonne humeur, il me faisait quelquefois rire, il me suivait partout, il m'aimait, j'avais coutume de le voir, et de coutume en coutume je l'ai aimé aussi, faute de mieux : mais j'ai toujours bien vu qu'il était enclin au vin et à la gourmandise. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  101. D'un côté, Arlequin est un petit négligent qui ne songe ici qu'à manger ; d'un autre côté, si on me renvoie, ces glorieuses de femmes feront accroire partout qu'on m'aura dit : Va-t'en, tu n'es pas assez jolie. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  102. Si vous négligiez de vous venger pour l'épouser, je vous le pardonnerais, voilà la vérité. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  103. Vous venez : vous allez encore me dire que vous m'aimez, pour me mettre davantage en peine. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  104. En aurai-je le courage ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  105. Si je vous dis : Allez-vous en, vous croirez que je vous hais ; si je vous dis de vous taire, vous croirez que je ne me soucie pas de vous ; et toutes ces croyances-là ne seront pas vraies ; elles vous affligeront ; en serai-je plus à mon aise après ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  106. Souffrez donc que je m'afflige, et ne m'empêchez pas de vous regretter toujours. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  107. Je ne veux donc plus vous être à charge ; vous souhaitez que je vous quitte et je ne dois pas résister aux volontés d'une personne si chère. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  108. J'ai cru vous obliger. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  109. Je ne connais rien comme elle parmi les gens du monde. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  110. Non, je le dis encore, il n'y a que l'amour de Silvia qui soit véritablement de l'amour ; les autres femmes qui aiment ont l'esprit cultivé, elles ont une certaine éducation, un certain usage, et tout cela chez elles falsifie la nature ; ici c'est le coeur tout pur qui me parle ; comme ses sentiments viennent, il les montre ; sa naïveté en fait tout l'art, et sa pudeur toute la décence. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  111. Allez, allez, seigneur Arlequin, mangez en toute sûreté de conscience, et buvez de même. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  112. Ensuite nous tiendrons ici ménage avec l'amie Flaminia, qui ne veut pas nous quitter à cause de son affection pour nous ; et si le Prince a toujours bonne envie de nous régaler, ce que je mangerai me profitera davantage. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  113. Que j'ai une maîtresse qui s'appelle Silvia, bourgeoise de mon village et fille d'honneur. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  114. Courage ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  115. Arlequin, savez-vous bien que vous ne ménagez pas mon coeur ? (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  116. Vous ferez plaisir au Prince ; refuseriez-vous ce qui fait l'ambition de tous les gens de coeur ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  117. Prenez, vous dis-je : ne serez-vous pas bien aise d'être gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  118. Vous y trouverez de l'avantage, vous en serez plus respecté et plus craint de vos voisins. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  119. J'ai opinion que cela les empêcherait de m'aimer de bon coeur ; car quand je respecte les gens, moi, et que je les crains, je ne les aime pas de si bon courage ; je ne saurais faire tant de choses à la fois. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  120. Eh bien, si j'avais ce pouvoir, si j'étais noble, diable emporte si je voudrais gager d'être toujours brave homme : je ferais parfois comme le gentilhomme de chez nous, qui n'épargne pas les coups de bâton à cause qu'on n'oserait lui rendre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  121. Têtubleu, vous avez raison, je ne suis qu'une bête : allons, me voilà noble, je garde le parchemin, je ne crains plus que les rats, qui pourraient bien gruger ma noblesse ; mais j'y mettrai bon ordre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  122. Je vous remercie, et le Prince aussi ; car il est bien obligeant dans le fond. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  123. Ma noblesse m'oblige-t-elle à rien ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  124. Car il faut faire son devoir dans une charge. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  125. Elle oblige à être honnête homme. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  126. N'y songez plus, un gentilhomme doit être généreux. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  127. Et quand on ne s'en acquitte pas, est-on encore gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  128. Vous approuverez ce que cela veut dire ; c'est qu'il faut se venger d'une injure, ou périr plutôt que de la souffrir. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  129. Tout ce que vous m'avez dit n'est donc qu'un coq-à-l'âne ; car si je suis obligé d'être généreux, il faut que je pardonne aux gens ; si je suis obligé d'être méchant, il faut que je les assomme. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  130. Vous n'y songez pas. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  131. Vous voilà donc, Monsieur le babillard, qui allez dire partout que la maîtresse des gens est belle ; ce qui fait qu'on m'a escamoté la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  132. Êtes-vous gentilhomme, vous ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  133. Mardi, vous êtes bienheureux ; sans cela je vous dirais de bon coeur ce que vous méritez : mais votre honneur voudrait peut-être faire son devoir, et après cela, il faudrait vous tuer pour vous venger de moi. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  134. Puisque vous n'avez pas de rancune contre moi, ne permettez que j'en aie contre vous ; je ne suis pas digne d'être fâché contre un prince, je suis trop petit pour cela : si vous m'affligez, je pleurerai de toute ma force, et puis c'est tout ; cela doit faire compassion à votre puissance, vous ne voudriez pas avoir une principauté pour le contentement de vous tout seul. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  135. Ne changeras-tu jamais de langage ? (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  136. Monseigneur, ne vous fiez pas à ces gens qui vous disent que vous avez raison avec moi, car ils vous trompent. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  137. Vous prenez cela pour argent comptant ; et puis vous avez beau être bon, vous avez beau être brave homme, c'est autant de perdu, cela ne vous fait point de profit ; sans ces gens-là, vous ne me chercheriez point chicane, vous ne diriez pas que je vous manque de respect parce que je vous représente mon bon droit : allez, vous êtes mon prince, et je vous aime bien ; mais je suis votre sujet, et cela mérite quelque chose. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  138. Prenez quelque consolation, Monseigneur, promenez-vous, voyagez quelque part, votre douleur se passera dans les chemins. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  139. Et vous aussi, voilà ce qui m'ôte le courage : hélas ! (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  140. Que les bonnes gens sont faibles ! (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  141. Trivelin nous a trahis ; le Prince a su l'intelligence qui est entre nous ; il vient de m'ordonner de sortir d'ici, et m'a défendu de vous voir jamais. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  142. Arlequin, ne m'en dites pas davantage, je m'enfuis. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  143. Je voulais me venger de ces femmes, vous savez bien, cela s'est passé. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  144. Il faut le penser tout à fait comme moi, parce que cela est : voilà de mes gens qui disent tantôt oui, tantôt non. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  145. Cependant j'ai peur qu'Arlequin ne s'afflige trop, qu'en dites-vous ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  146. Courage, vous voilà dans la crainte à cette heure ; je crois qu'il a juré de n'avoir jamais un moment de bon temps. (Acte 3, scène 9, SILVIA)

LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE (1712)

  1. Il a de très grands biens, il est près du village; v.13 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  2. Il est vrai que l'on dit qu'il n'est pas de votre âge : v.14 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  3. Cher Cléandre, avec vous ne partage vos craintes ? v.45 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  4. Qu'exigez-vous de moi ? v.53 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  5. On peut faire aisément des leçons de sagesse, v.78 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  6. Nombre de gens, atteints de la même faiblesse, v.109 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  7. Dans leur triste gousset logent la sécheresse : v.110 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  8. Hélas ! Beau Cupidon ! Le douillet personnage ! v.129 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  9. Mais, Madame, en un mot, cessez ce badinage. v.130 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  10. Ah ! parbleu, ménagez ma cervelle. v.166 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  11. Du voyage il perdra tous les frais. v.169 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  12. Ce sont de nos cadets brouillés avec l'argent : v.178 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  13. On nous a fait de vous un si sage récit. v.233 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  14. Palsangué ! Qu'ils feront tous deux un beau carrage v.235 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  15. Je ne sais pas au vrai si la fille est bian sage ; v.236 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  16. Vous en pourrez juger, elle est très vertueuse. v.239 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  17. Plus d'argent qu'il ne faut et qu'il n'était permis ; v.250 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  18. Enfin, tout ci, tout ça, ces gens, pour son salaire, v.251 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  19. Le séjour du village a pour moi plus d'appas. v.258 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  20. Eh ! qui sont donc ces gens ? v.261 (Acte 1, scène 5, TOINETTE)
  21. Morgué, qu'elle est gentille ! v.264 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  22. Gageons que votre coeur ne tient pas d'un filet ? v.277 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  23. Courage sur ce ton. v.280 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  24. Fi donc ! Avec un singe aussi vilain que lui ! v.297 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  25. Quelle étrange folie ! v.303 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  26. Ils auraient de l'argent à courir dans les villes. v.308 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  27. Démocrite paraît : adieu, songe au projet. v.321 (Acte 1, scène 7, TOINETTE)
  28. La raison, à son âge, est, ma foi, bagatelle, v.335 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  29. En effet, est-il rien de plus avantageux ? v.345 (Acte 1, scène 9, DÉMOCRITE)
  30. Et j'aurai dans ce jour l'un des trois pour mon gendre. v.380 (Acte 1, scène 11, DÉMOCRITE)
  31. J'aurais, je gage, bu dix chopines de vin. v.386 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  32. Vous interroge-t-on ? v.389 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  33. Mon humeur lui plaira, j'en juge à son minois. v.402 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  34. Oh ! oh ! que de fontange ! v.403 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  35. Il faut quitter cela, ma mignonne, mon ange. v.404 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  36. Pour éveiller ses gens, crier comme une folle : v.416 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  37. Ce rustique bourgeois commence à me déplaire. v.420 (Acte 1, scène 13, DÉMOCRITE)
  38. Oui, je suis, dans mon genre, un grand original ; v.441 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  39. Courage, il faut ici faire un tour du métier. v.462 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  40. J'y fais un mariage. v.467 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  41. Vous mariez quelqu'un dans ce petit village ? v.468 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  42. Hé ! je loge chez lui. v.469 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  43. Quoi ! tu loges chez lui ? j'y viens moi-même aussi. v.470 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  44. Je n'exige pas, Monsieur, de récompense. v.492 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  45. J'aurais, sans son avis, fait un beau mariage ! v.495 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  46. Elle m'eût apporté belle dot en partage ! v.496 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  47. Autant qu'on peut juger, n'auront pas bonne fin. v.510 (Acte 1, scène 17, TOINETTE)
  48. Un accident, Monsieur, m'oblige de partir : v.513 (Acte 1, scène 18, LE FINANCIER)
  49. D'un changement si grand apprenez-moi la cause. v.524 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  50. Je gage que si. Je suis, pour abréger... v.581 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  51. Je n'y prends nulle_part, et ne veux point gager. v.582 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  52. Grand nombre de chevaux, de laquais, d'équipages. v.591 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  53. Quand je me marierai, ma femme aura des pages. v.592 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  54. Partagez-nous-en dix, et nous serons contents. v.602 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  55. Adieu, je mangerai tout seul mes revenus. v.610 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  56. Je l'épousai, Monsieur : mais notre mariage, v.635 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  57. À l'insu des parents, se fit dans un village ; v.636 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  58. Cet ingrat m'a séduite : Ha Monsieur, quel dommage v.647 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  59. De tromper lâchement une fille à mon âge ! v.648 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  60. Ah ! le plaisant visage, v.679 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  61. Le ragoûtant objet que j'avais en partage ! v.680 (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  62. L'argent que j'ai reçu... vous me l'avez fait prendre. v.692 (Acte 1, scène 23, CRISPIN)
  63. A dit un paysan de ce village-ci. v.718 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  64. C'est encor ton ouvrage, v.723 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  65. Quel est donc ce visage ? v.724 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  66. Je vous ménageai tous, dans la douce espérance v.731 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  67. Et l'un des trois allait devenir votre gendre. v.739 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  68. Je m'offris sur le champ de détourner l'orage, v.743 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  69. Et Toinette avec moi joua son personnage. v.744 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  70. Prononcez, et s'il faut embrasser vos genoux... v.765 (Acte 1, scène 25, CLÉANDRE)
  71. Prends ce baiser pour gage, objet de mes désirs v.782 (Acte 1, scène 25, CRISPIN)

LES ACTEURS DE BONNE FOI (1757)

  1. Adieu ; fais-nous rire, on ne t'en demande pas davantage. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  2. Allons, mes enfants, je vous attendais ; montrez-moi un petit échantillon de votre savoir-faire, et tâchons de gagner notre argent le mieux que nous pourrons ; répétons. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  3. De très jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres : toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle ; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  4. Un joli homme est inconstant, une coquette n'est pas fidèle : Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  5. Je défie qu'on arrange mieux les choses. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  6. Courage, friponne ; vous y êtes, c'est dans ce goût-là qu'il faut jouer votre rôle. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  7. Et votre façon, en vous promenant, est-elle de ne pas regarder les gens qui vous abordent ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  8. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  9. Je traitais ton langage d'impertinent. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  10. Tiens, tu es de méchante humeur ; passons notre chemin, ne nous parlons pas davantage. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  11. Cette question-là nous présage une querelle. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  12. Me quitter pour une petite villageoise ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  13. Je ne te quitte pas, je ne bouge. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  14. Ça est bien obligeant. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  15. Éloignez-vous donc pour l'encourager. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  16. Non, morguié, je ne veux pas qu'alle ait du courage, moi ; je veux tout entendre. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  17. Queu dommage ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  18. C'est que je vais gager que ça est vrai. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  19. Quoi qu'il en soit, allons notre chemin, pour ne pas risquer notre argent. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  20. Mais, Monsieur Merlin, si vous me demandiais en mariage, peut-être que vous m'auriais ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  21. Continuez ; continuez ; dans la représentation il ne les verra pas, et cela le corrigera ; quand un homme perd sa maîtresse, il lui est permis d'être distrait, Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  22. Mais, mes enfants, gagnons d'abord notre argent, et puis nous finirons nos débats. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  23. Oui, Colette, et cela va à merveille ; ces gens-là nous aiment, mais continuons encore de feindre. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  24. Tant que vous voudrais ; il n'y a pas de danger, pisqu'ils nous aimont tant. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  25. Éraste, vous n'y avez pas songé : la comédie chez une femme de mon âge, cela serait ridicule. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  26. Il faudrait que je restituasse, et j'ai pris des arrangements qui ne me le permettent plus. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  27. Ne te mets point en peine ; je vous dédommagerai, vous autres. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  28. Sans compter douze sous qu'il m'en coûte pour un moucheur de chandelles que j'ai arrêté ; trois bouteilles de vin que j'ai avancées aux ménétriers du village pour former mon orchestre ; quatre que j'ai donné parole de boire avec eux immédiatement après la représentation ; une demi-main de papier que j'ai barbouillée pour mettre mon canevas bien au net... (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  29. Vous ne devineriez pas, Madame, ce que ces jeunes gens nous préparaient ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  30. Je l'ai appris par le bruit qu'on faisait dans cette salle ; mais j'ai une grâce à vous demander, Madame ; c'est que vous ayez la bonté d'abandonner le projet, à cause de moi, dont l'âge et le caractère... (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  31. J'en serai donc réduit à l'impression, quel dommage ! (Acte 1, scène 7, MERLIN)
  32. Non, Madame Argante veut qu'on rende l'argent à la porte. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  33. Quant à moi, je ne suis bonne qu'à me tenir dans ma loge. (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  34. Écoutez-moi ; je vais feindre d'être si rebutée du peu de complaisance qu'on a pour moi, que je paraîtrai renoncer au mariage de mon neveu avec Angélique. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  35. Que la mère n'avait osé espérer que je consentisse ; jugez de la peur qu'elle aura, et des démarches qu'elle va faire. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  36. Angélique l'estimerait davantage. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  37. Courage, mon neveu, courage ! (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  38. Vous plaisantez, Madame ; et ce mariage ?... (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  39. Une comédie de moins romprait un mariage, Madame ? (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  40. Nous n'en serons pas moins bonnes amies, s'il vous plaît ; mais je viens de m'engager avec Araminte, et d'arrêter que mon neveu l'épousera. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  41. Y songez-vous, mon neveu, de parler d'amour à une autre, en présence de Madame que je vous destine ? (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  42. On dit que la pièce est un impromptu ; je veux y jouer moi-même ; qu'on tâche de m'y ménager un rôle ; jouons-y tous, et vous aussi, ma fille. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  43. Je ne présume pas, quoi que l'on fasse, que Madame veuille rompre l'engagement qu'elle a pris avec moi ; la comédie se jouera quand on voudra, mais Éraste m'épousera, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 11, ARAMINTE)
  44. Il n'en sera rien, s'il vous plaît vous-même, et je vous le dis tout franc, vous avez là un très mauvais procédé, Madame ; vous êtes de nos amis, nous vous invitons au mariage de ma fille, et vous prétendez en faire le vôtre et lui enlever son mari, malgré toute la répugnance qu'il en a lui-même ; car il vous refuse, et vous sentez bien qu'il ne gagnerait pas au change ; en vérité, vous n'êtes pas concevable : à quarante ans lutter contre vingt ! (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  45. Qu'est-ce que vous voulez que je dise davantage ? (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  46. Et au par-dessus, on se raille de ma parsonne dans ce peste de jeu-là, noute maîtresse ; Colette y fait semblant d'avoir le coeur tendre pour Monsieur Merlin, Monsieur Merlin de li céder le sien ; et maugré la comédie, tout ça est vrai, noute maîtresse ; car ils font semblant de faire semblant, rien que pour nous en revendre, et ils ont tous deux la malice de s'aimer tout de bon en dépit de Lisette qui n'en tâtera que d'une dent, et en dépit de moi qui sis pourtant retenu pour gendre de mon biau-père. (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  47. Vous n'y songez pas, Madame ; on n'a point ces procédés-là ; jamais on n'en vit de pareils. (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  48. Va, va, abrège le terme, et le réduis à deux heures de temps. (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)

ANNIBAL (1727)

  1. J'examinai pourtant s'il partageait ma flamme ; v.46 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  2. Mais j'allais partager la gloire de sa vie. v.78 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  3. Mon âme, que flattait un partage si grand, v.79 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  4. Je ne viens point, trop fier de l'espoir qui m'engage, v.89 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  5. De mes tristes soupirs vous présenter l'hommage : v.90 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  6. On attend dans ces lieux un agent des Romains, v.95 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  7. Il va même essayer l'impérieux langage v.109 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  8. Dont à ses envoyés Rome prescrit l'usage ; v.110 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  9. Et ce piège grossier, que tend sa vanité, v.111 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  10. En demander ici l'usage en ma faveur. v.116 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  11. Mais mon courage en vain médite ces desseins, v.155 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  12. Et sans doute il connut quel était l'avantage v.169 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  13. De pouvoir acquérir des droits sur son courage, v.170 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  14. Qu'Annibal juge donc, sur les desseins du roi, v.175 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  15. Juger si vous aurez besoin de mon appui. v.180 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  16. Je lui fais un honneur que l'usage autorise : v.186 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  17. Est l'ouvrage insolent de son autorité ; v.192 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  18. A de vils concurrents adjuge les États ; v.204 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  19. Ces clients, en un mot, qu'il punit et protège, v.205 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  20. Peuvent de ses agents augmenter le cortège. v.206 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  21. Vous régnez, et ce n'est qu'un agent qui s'avance. v.237 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  22. Semble vous présager quelque infidélité. v.256 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  23. M'en croirez-vous ! Fuyez un dangereux asile ; v.266 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  24. D'affliger mon orgueil d'un opprobre stérile. v.298 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  25. Doit changer dans ces lieux ou doit y prendre fin. v.300 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  26. Ne croit plus le respect d'usage sur le trône. v.326 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  27. Et s'il n'eût, autrefois, ralenti son courage, v.349 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  28. Rome était en danger d'obéir à Carthage. v.350 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  29. Elle exige Annibal, et malgré le mépris v.367 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  30. Vous a fait jusqu'ici grâce de sa vengeance, v.390 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  31. Vous dire le danger où vous met son courroux. v.392 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  32. Vous allez vous juger en me faisant réponse. v.406 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  33. Des traits vengeurs dont Rome alors vous poursuivra ! v.424 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  34. Seigneur, quand le Sénat s'abstiendrait d'un langage v.433 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  35. Qui fait à tous les rois un si sensible outrage ; v.434 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  36. Et l'outrage jamais ne le rend plus timide. v.446 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  37. Et l'engager à prendre une précaution v.467 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  38. Songez-y ; mais surtout tâchez de vous défendre v.473 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  39. Rome ira proposer son esclavage ailleurs. v.476 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  40. Ces conseils ne sont pas plus dangereux pour lui v.479 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  41. Moi, qui vous parle, moi, je m'engage à la preuve. v.482 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  42. Le fer et l'esclavage allaient faire justice ; v.502 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  43. Négligeant des progrès qui me semblaient trop sûrs, v.507 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  44. S'il ose pour lui-même employer mon courage, v.517 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  45. Je n'en demande pas à ces dieux davantage. v.518 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  46. Pourra voir arriver le danger jusqu'à lui. v.520 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  47. Je sais me corriger ; il sera difficile v.521 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  48. Du moins, cette lenteur et cette négligence v.525 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  49. Vous vous corrigerez ! Et pourquoi dans l'Afrique v.529 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  50. L'univers attentif crut la voir en danger, v.539 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  51. Douta que ses efforts pussent l'en dégager. v.540 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  52. Rome allait succomber : son vainqueur la néglige ; v.549 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  53. Elle en a profité ; voilà tout le prodige. v.550 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  54. Rome, qui tient ici ce sévère langage, v.585 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  55. N'a point dessein, Seigneur, de vous faire un outrage ; v.586 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  56. Le faible, s'il était le juge du plus fort, v.599 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  57. Leur courroux peut juger de vos droits odieux. v.612 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  58. Qu'il est avantageux de la rendre contente. v.618 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  59. Faire ce qu'elle exige, étant ce que je suis. v.620 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  60. Oui, ma charge est de vous en instruire ; v.625 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  61. Et c'est un choix, Seigneur, avantageux pour vous. v.628 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  62. Que sur ce même choix interrogeant son coeur, v.635 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  63. Les dangereux conseils d'une fatale gloire ! v.666 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  64. Égorgent par scrupule un monde de sujets, v.671 (Acte 2, scène 4, HI?RON)
  65. Qui me plonge aujourd'hui dans un péril extrême. v.682 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  66. D'un témoignage ardent dont l'éclat mette au jour v.723 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  67. Qu'à s'annoncer des rois et le juge et l'arbitre, v.730 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  68. Madame, en sa faveur, que votre âme indulgente v.733 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  69. Je dois beaucoup aux soins où le Sénat s'engage ; v.737 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  70. Mais je n'ai pas, Seigneur, dessein d'en faire usage. v.738 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  71. Je n'aurais jamais cru qu'il vît comme un prodige v.745 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  72. Des vertus où mon rang, où mon sexe m'oblige. v.746 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  73. D'ailleurs, je deviendrais le partage d'un homme v.769 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  74. Un feu moins généreux serait-il votre ouvrage ! v.781 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  75. Pensez-vous qu'un amant que Laodice engage v.782 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  76. Pût à tant de révolte encourager son coeur, v.783 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  77. Nulle_part dangereuse à l'arrêt qu'il attend. v.792 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  78. Ah ! Pourvu que ce coeur partageât ma tendresse... v.821 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  79. Mais à quel piège ici vais-je encor me livrer ! v.840 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  80. Ce que vous exigez ne regarde qu'un père. v.850 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  81. Abrégeons ces discours. Répondez, Prusias : v.855 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  82. Que son agent voudrait jeter dans votre coeur v.876 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  83. Déclarez avec qui votre foi vous engage : v.877 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  84. J'en réponds, cet aveu vaudra bien un outrage. v.878 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  85. Et vous devez juger, par son empressement, v.887 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  86. Que Rome a des soupçons de notre engagement. v.888 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  87. Qui contre elle du moins fait revivre un courage v.897 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  88. Dont jamais son orgueil n'oubliera le ravage. v.898 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  89. Je veuille encourager votre honneur étonné v.907 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  90. Et ce n'est qu'en faisant éclater sa vengeance, v.925 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  91. J'ai dû de son langage observer la rigueur : v.959 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  92. Je l'ai fait ; mais jugez s'il en coûte à mon coeur. v.960 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  93. Un roi qui choisirait Flaminius pour gendre. v.966 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  94. Songez-y ; mais sachez qu'après cet entretien, v.975 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  95. Abattu sous le faix de l'âge et du malheur, v.983 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  96. Quand je me suis perdu, la sagesse m'éclaire : v.986 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  97. Où tout semble annoncer qu'un outrage m'attend. v.1042 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  98. Un outrage, grands dieux ! À ce seul mot, Madame, v.1043 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  99. Dans un pareil danger, il doit m'être permis, v.1045 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  100. Des devoirs où pour moi votre foi vous oblige, v.1059 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  101. Un aveu qui me sauve est tout ce que j'exige. v.1060 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  102. Songez que votre coeur est pour moi dans ces lieux v.1061 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  103. Et je vous l'avouerai, mon courage s'étonne v.1067 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  104. Et que, me conformant à votre grand courage, v.1083 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  105. Si vous deviez, Seigneur, essuyer un outrage, v.1084 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  106. Et je n'exige point qu'un coeur si vertueux v.1105 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  107. Non, non, je vous dégage, et je me fais justice ; v.1108 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  108. Je n'aurais consacré mon courage et ma vie v.1115 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  109. Songez, Flaminius, songez qu'il eut ma foi ; v.1170 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  110. Que de sa sûreté cette foi fut le gage ; v.1171 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  111. Que vous m'insulteriez en lui faisant outrage. v.1172 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  112. Mais, songez-vous, Madame, à l'emploi que j'ai pris ! v.1178 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  113. Mais à me refuser quel motif vous engage ! v.1187 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  114. Suivez-vous un devoir si sauvage v.1188 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  115. De l'univers entier et la crainte et l'hommage v.1195 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  116. Sont moins de leur valeur le formidable ouvrage v.1196 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  117. L'avantage important de se faire obéir. v.1202 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  118. Rome doit sa durée aux châtiments vengeurs v.1205 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  119. Né Romain, je gémis de ce noble avantage, v.1227 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  120. Qui force à des vertus d'un si cruel usage. v.1228 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  121. Songez qu'un sentiment et plus juste et plus doux v.1241 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  122. Ce n'est pas tout encor : songez que votre amante v.1243 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  123. Vous n'en connaissez pas le souvenir vengeur. v.1266 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  124. Pour juger du parti que vous aviez à prendre... v.1287 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  125. Mais enfin ce serment pèse à votre courage, v.1295 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  126. Et je vois qu'il est temps que je vous en dégage. v.1296 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  127. Jamais je n'exigeai de vous cette faveur, v.1297 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  128. Mais il vous reste encore un autre engagement, v.1301 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  129. Fuyez pour quelque temps, et conjurons l'orage : v.1367 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  130. Essayons ce moyen pour ralentir leur rage : v.1368 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  131. N'avait pas mérité de vous tant d'indulgence. v.1380 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  132. Je changerai beaucoup, si quelque légion, v.1393 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  133. Tu les charges de fers, ô Rome ! Et, je l'avoue, v.1403 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  134. Qui n'ose s'exposer à mes regards vengeurs, v.1409 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  135. Qui pense qu'un forfait obligera son maître, v.1420 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  136. Eh ! Que dis-je ! L'amour vaut-il donc mon partage ! v.1431 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  137. Non, ce coeur généreux m'a donné davantage : v.1432 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  138. Ne me présentez point cette image sanglante. v.1444 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  139. Étaient donc d'outrager le plus grand des humains ! v.1462 (Acte 5, scène 5, LAODICE)
  140. Le motif qui m'engage à le persuader v.1485 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  141. Prusias, retenu par son engagement, v.1501 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  142. Et n'exigerait rien après votre retraite. v.1504 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  143. Tombez, mais d'un héros ménagez-vous la chute. v.1524 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  144. Où vous deviez, Seigneur, présager vos injures, v.1532 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  145. Il m'oblige. Annibal porte en effet un coeur v.1549 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)

LE TRIOMPHE DE PLUTUS (1739)

  1. Je ne songeais pas à vos ducats ; ce sont effectivement de grands orateurs. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  2. Qu'elle soit comme elle voudra, je ne m'embarrasse point ; avec de l'argent j'ai tout ce qu'il me faut ; mais qu'est-ce que votre maîtresse à vous ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  3. Je ne vous crains point, mon cher rival ; mais vous savez que voici où loge la belle. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  4. Vous pouvez ici rester, si vous voulez, et lui parler à votre tour ; voyez bien que je suis de bonne composition, quand je ne vois point de danger. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  5. Oui, on m'a dit que c'était un si honnête homme, et j'aime tous les honnêtes gens, moi. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  6. Mais je te quitte, Spinette ; mon impatience ne me permet pas de différer davantage d'entrer. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  7. Mais qu'exigez-vous donc ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  8. C'est que j'aime ta maîtresse ; je suis riche, un richissime négociant, à qui l'or et l'argent ne coûtent rien, et je voudrais bien n'aimer pas tout seul. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  9. Effectivement, ce serait dommage, et vous méritez bien compagnie ; mais la chose est un peu difficile, voyez-vous ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  10. Fort bien, je vous sers de bon coeur à ce prix-là ; mais Monsieur Ergaste, votre ami, avec qui vous êtes venu, est amoureux d'Aminte, et je crois même qu'il ne lui déplaît pas ; il parle de mariage aussi, il est d'une figure assez aimable, beaucoup d'esprit, et il faudra lutter contre tout cela. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  11. Ergaste, au reste, se dit un gentilhomme à son aise, et sous ce titre, il fait son chemin tant qu'il peut dans le coeur de ma maîtresse, qui est un peu précieuse, et qui l'écoute à cause de son esprit. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  12. Vante-moi seulement auprès d'elle, je lui donnerai tout ce qu'elle voudra ; elle n'aura qu'à souhaiter ; d'ailleurs je ne me trouve pas si mal fait, moi, on peut passer avec mon air ; et pour mon visage, il y en a de pires. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  13. Dis-lui tout cela ; dis-lui encore que mon or et mon argent sont toujours beaux ; cela ne prend point de rides ; un louis d'or de quatre-vingts ans est tout aussi beau qu'un louis d'or d'un jour, et cela est considérable d'être toujours jeune du côté du coffre-fort. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  14. Et tes gages sont-ils bons ? (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  15. As-tu besoin d'argent ? (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  16. Si Ergaste ne te paie pas tes gages, je te les paierai, moi. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  17. Ce serait bien dommage, Monsieur est si bon ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  18. Que voilà un honnête gentilhomme ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  19. On dit que oui, Monsieur ; car je ne fais que d'arriver moi-même : je m'étais arrêté dans un village pour m'y rafraîchir ; et comme il fait extrêmement chaud, vous me permettrez d'en aller faire autant dans l'office. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  20. Monsieur, mon amitié est due à tous les honnêtes gens ; et quand j'aurai l'honneur de vous connaître... (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  21. Tenez, dans les compliments on s'embrouille, et il y a mille honnêtes gens qui n'en savent point faire. (Acte 1, scène 6, SPINETTE)
  22. J'ai dessein de marier ma nièce près de moi, et je lui donnerai en mariage le provenu de la vente. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  23. La terre est à moi, et l'argent à vous. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  24. Oui, il y a quelques mois que, passant par ici, j'aperçus une moitié de visage qui me fit grand plaisir. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  25. Dis-je en moi-même, ce visage-là tout entier doit être bien aimable. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  26. Il se dit gentilhomme assez accommodé et il parle de s'établir ici. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  27. On voit bien que je fais bonne chère ; mon embonpoint fait l'éloge de ma table. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  28. Ce n'est pas l'usage que j'en veux faire. (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  29. Mais à propos, Ergaste fait des vers à votre louange, et moi il faut bien aussi que je vous imagine quelque chose ; je vous quitte pour y rêver. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  30. Gageons qu'il te l'a donnée ? (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  31. J'ai vendu cette terre dont je destinais l'argent pour te marier. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  32. Quel dommage qu'un homme d'une si brillante fortune soit si rustique ! (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  33. C'est lui qui m'a payé les gages que Monsieur Ergaste me doit ; cela est bien honnête. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  34. Tenez, j'ai donné mon coeur, et quand cela est parti, le reste en coûte plus rien à déménager ; car je vous aime, il n'y a que moi qui puisse aimer comme cela ; et cela ira toujours en augmentant. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  35. Mettons-nous à genoux devant elle. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  36. Il y a dans ses manières je ne sais quoi d'engageant qui vous entraîne. (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  37. Il partira, et je lui paierai son voyage. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  38. Il vous ennuyait, je gage, et je suis venu bien à propos. (Acte 1, scène 11, APOLLON)
  39. Que de triomphes et d'hommages v.5 (Acte 1, scène 12, CHANTEURS)
  40. D'indifférents ni de volages. v.8 (Acte 1, scène 12, CHANTEURS)
  41. Voilà ma chanson, à moi, et je déloge. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  42. Non, ce n'était pas un coquin ; c'était un fort honnête homme qui ne payait pas ses gens. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  43. Je vous avais ordonné une fête pour ce soir ; mais il ne s'agit plus de cela ; ainsi, je vous dégage. (Acte 1, scène 17, APOLLON)
  44. Vous êtes de bonnes gens ; vous m'avez fait gagner la gageure, et je vais bien faire rire l'Olympe de cette aventure. (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  45. Les suffrages de tous les dieux. v.33 (Acte 1, scène 19, SUIVANTE-DE-PLUTUS)
  46. Veut-on charge, honneurs ou crédit, v.47 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  47. Mais si l'on joint l'argent à la prière, v.57 (Acte 1, scène 19, APOLLON)
  48. Sagesse, honneur, v.81 (Acte 1, scène 19, AMINTE)
  49. Jamais l'ouvrage ne périt ; v.130 (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)

LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR (1728)

  1. Il faut bien se servir de sa raison dans la vie, et ne pas quereller les gens qui sont attachés à nous. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Ah çà, Madame, sérieusement, je vous trouve le meilleur visage du monde ; voyez ce que c'est : quand vous aimiez la vie, peut-être que vous n'étiez pas si belle ; la peine de vivre vous donne un air plus vif et plus mutin dans les yeux, et je vous conseille de batailler toujours contre la vie ; cela vous réussit on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Car vous avez le teint bien reposé ; mais vous êtes un peu trop négligée, et je suis d'avis de vous arranger un peu la tête. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Je vous disais que vous étiez plus belle qu'à l'ordinaire ; mais la vérité est que vous êtes très changée, et je voulais vous attendrir un peu pour un visage que vous abandonnez bien durement. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Je respire, vous voilà sauvée : allons, courage, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Rangez-moi ces cheveux qui sont épars, et qui vous cachent les yeux : ah ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Abrège, abrège, il t'appartient bien d'embarrasser Madame ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Tu en ris, j'en ris quelquefois de même, mais rarement, car cela me dérange ; j'ai pourtant perdu aussi une maîtresse, moi ; mais comme je ne la verrai plus, je l'aime toujours sans en être plus triste. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  9. Gageons que si... (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  10. À propos, tu as raison, et ce n'est pas la peine d'en dire davantage. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  11. Quelle fantaisie a Madame, d'avoir pris ce personnage-là chez elle, pour la conduire dans ses lectures et amuser sa douleur ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  12. Je serai ponctuel à obéir, Mademoiselle Lisette ; et Madame la Marquise ne pouvait charger de ses ordres personne qui me les rendît plus dignes de ma prompte obéissance. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  13. Pour la raison, je ne m'en mêle point, les filles de mon âge n'ont point de commerce avec elle. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  14. Vous voyez, Madame, un homme au désespoir, et qui va se confiner dans le fond de sa province, pour y finir une vie qui lui est à charge. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  15. Vous savez où elle s'était retirée depuis huit mois pour se soustraire au mariage où son père voulait la contraindre ; nous espérions tous deux que sa retraite fléchirait le père : il a continué de la persécuter ; et lasse ; apparemment, de ses persécutions, accoutumée à notre absence, désespérant, sans doute, de me voir jamais à elle, elle a cédé, renoncé au monde, et s'est liée par des noeuds qu'elle ne peut plus rompre : il y a deux mois que la chose est faite. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  16. En vérité, il semble dans le monde que les afflictions ne soient faites que pour les honnêtes gens. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  17. Non, Chevalier, ne vous gênez point ; votre douleur fait votre éloge, je la regarde comme une vertu ; j'aime à voir un coeur estimable car cela est si rare, hélas ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  18. Voici une lettre que je ne saurais lui faire tenir, et qu'elle ne recevrait point de ma part ; vous allez incessamment à votre campagne, qui est voisine du lieu où elle est, faites-moi, je vous supplie, le plaisir de la lui donner vous-même ; la lire est la seule grâce que je lui demande ; et si, à mon tour, Madame, je pouvais jamais vous obliger... (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  19. Je ne sais ce que je fais dans le trouble où je suis : puisqu'elle ne l'est point, lisez-la, Madame, vous en jugerez mieux combien je suis à plaindre ; nous causerons plus longtemps ensemble, et je sens que votre conversation me soulage. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  20. "J'avais dessein de vous revoir encore, Angélique ; mais j'ai songé que je vous désobligerais, et je m'en abstiens : après tout, qu'aurais-je été chercher ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  21. Adieu, Angélique, ma tendresse ne finira qu'avec ma vie, et je renonce à tout engagement ; j'ai voulu que vous fussiez contente de mon coeur, afin que l'estime que vous aurez pour lui excuse la tendresse dont vous m'honorâtes." (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  22. Allons, je ne partirai point ; j'ai des livres aussi en assez grande quantité, celui qui a soin des vôtres les mettra tout ensemble, et je vais appeler mon valet pour changer les ordres que je lui ai donnés. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  23. Sérieusement, je m'y crois presque obligée, pour vous dédommager de celle du Marquis : allez, Chevalier, faites vite vos affaires ; je vais, de mon côté, donner quelque ordre aussi ; nous nous reverrons tantôt. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  24. Et nous ne changeons point de maison ? (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  25. Et pourquoi en changer ? (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  26. Vos maisons se communiquent ; de l'une on entre dans l'autre ; je n'ai plus ma maîtresse ; Madame la Marquise a une femme de chambre toute agréable ; de chez vous j'irai chez elle ; crac, me voilà infidèle tout de plain-pied, et cela m'afflige ; pauvre Marton ! (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  27. J'étais sous le berceau pendant votre conversation avec Madame la Marquise, et j'en ai entendu une partie sans le vouloir ; votre voyage est rompu, ma maîtresse vous a conseillé de rester, vous êtes tous deux dans la tristesse, et la conformité de vos sentiments fera que vous vous verrez souvent. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  28. Je suis attachée à ma maîtresse, plus que je ne saurais vous le dire, et je suis désolée de voir qu'elle ne veut pas se consoler, qu'elle soupire et pleure toujours ; à la fin elle n'y résistera pas : n'entretenez point sa douleur, tâchez même de la tirer de sa mélancolie ; voilà Monsieur_le_Comte qui l'aime, vous le connaissez, il est de vos amis, Madame la Marquise n'a point de répugnance à le voir ; ce serait un mariage qui conviendrait, je tâche de le faire réussir ; aidez-nous de votre côté, Monsieur le Chevalier, rendez ce service à votre ami, servez ma maîtresse elle-même. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  29. Faites entendre raison aux gens, voilà ce qui en arrive ; assurément, cela est original, il me quitte aussi froidement que s'il quittait un rival. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  30. Courage, Monsieur. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  31. C'est ma foi bien dit, il faut être honnête homme pour l'épouser, il n'y a que les malhonnêtes gens qui ne l'épouseront point. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  32. Tenez, Monsieur, l'ennui, la langueur, la désolation, le désespoir, avec un air sauvage brochant sur le tout, voilà le noir tableau que représente actuellement votre visage ; et je soutiens que la vue en peut rendre malade, et qu'il y a conscience à la promener par le monde. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  33. Ce n'est pas là tout : quand vous parlez aux gens, c'est du ton d'un homme qui va rendre les derniers soupirs ; ce sont des paroles qui traînent, qui vous engourdissent, qui ont un poison froid qui glace l'âme, et dont je sens que la mienne est gelée ; je n'en peux plus, et cela doit vous faire compassion. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  34. Mon voyage est rompu ; on ne change pas à tout moment de résolution, et je ne partirai point ; à l'égard de Monsieur_le_Comte, je parlerai en sa faveur à votre maîtresse ; et s'il est vrai, comme je le préjuge, qu'elle ait du penchant pour lui, ne vous inquiétez de rien, mes visites ne seront pas fréquentes, et ma tristesse ne gâtera rien ici. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  35. Que pourrais-je vous dire davantage ? (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  36. Ma foi, Angélique me coupe la gorge. (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  37. Je t'oubliais d'un grand courage ; mais mon maître ne veut pas que j'achève ; je m'en vais donc me remettre à te regretter comme auparavant, et que le ciel m'assiste !... (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  38. En vérité, la Marquise y songe-t-elle ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  39. Madame la Marquise, dont j'ai l'avantage de diriger les lectures, et à qui j'enseigne tour à tour les belles-lettres, la morale et la philosophie, sans préjudice des autres sciences que je pourrais lui enseigner encore, m'a fait entendre, Monsieur, le désir que vous avez de me montrer vos livres, lesquels témoigneront, sans doute, l'excellence et sûreté de votre bon goût ; partant, Monsieur, que vous plaît-il qu'il en soit ? (Acte 1, scène 13, HORTENSIUS)
  40. À purger l'âme de toutes ses passions. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  41. Ne parlons point de raison, je la sais par coeur, celle-là ; purgez-moi plutôt avec de la morale. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  42. Le triste équipage pour gagner pays ! (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  43. Gageons que c'est avec cette morale-là que vous traitez la Marquise, qui va se marier avec Monsieur_le_Comte ? (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  44. Je me trouve bien ici, ce mariage m'en chasserait ; mais je vais soulever un orage qu'on ne pourra vaincre. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  45. C'est de la morale et de la philosophie ; ils disent que cela purge l'âme ; j'en ai pris une petite dose, mais cela ne m'a pas seulement fait éternuer. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  46. Pardi, ce n'est donc pas pour moi que tu faisais apporter des sièges ? (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  47. Je te dirai, Lisette, que je viens de regarder ce qui se passe dans mon coeur, et je te confie que j'ai vu la figure de Marton qui en délogeait, et la tienne qui demandait à se nicher dedans ; je lui ai dit que je t'en parlerais, elle attend : veux-tu que je la laisse entrer ? (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  48. Cependant, si tu me trouvais à ton gré, c'est dommage que tu n'aies pas la satisfaction de m'aimer à ton aise ; c'est un hasard qui ne se trouve pas toujours. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  49. Non, Madame, le choix ne m'en paraît pas docte ; dans dix tomes, pas la moindre citation de nos auteurs grecs ou latins, lesquels, quand on compose, doivent fournir tout le suc d'un ouvrage ; en un mot, ce ne sont que des livres modernes, remplis de phrases spirituelles ; ce n'est que de l'esprit, toujours de l'esprit, petitesse qui choque le sens commun. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  50. Je ne sais pas trop bien quelle image employer pour cet effet, car c'est par les images que les anciens peignaient les choses. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  51. Représentez-vous, dit-il, une femme coquette : primo, son habit est en pretintailles, au lieu de grâces, je lui vois des mouches ; au lieu de visage, elle a des mines ; elle n'agit point ; elle gesticule ; elle ne regarde point, elle lorgne ; elle ne marche pas, elle voltige ; elle ne plaît point, elle séduit ; elle n'occupe point, elle amuse ; on la croit belle, et moi je la tiens ridicule, et c'est à cette impertinente femme que ressemble l'esprit d'à présent, dit l'auteur. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  52. c'est une beauté si mâle, que pour démêler qu'elle est belle, il faut se douter qu'elle l'est : simple dans ses façons, on ne dirait pas qu'elle ait vu le monde ; mais ayez seulement le courage de vouloir l'aimer, et vous parviendrez à la trouver charmante. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  53. Changeons de discours ; que nous lirez-vous aujourd'hui ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  54. Je m'étais proposé de vous lire un peu du Traité de la patience, chapitre premier, du Veuvage. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  55. J'aime assez l'Eloge de l'amitié, nous en lirons quelque chose. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  56. Oui, Madame, au moyen duquel mariage je deviens à présent un serviteur superflu, semblable à ces troupes qu'on entretient pendant la guerre, et que l'on casse à la paix : je combattais vos passions, vous vous accommodez avec elles, et je me retire avant qu'on me réforme. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  57. Et ce mariage, de qui le tenez-vous donc ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  58. De Mademoiselle Lisette qui l'a dit à Lubin, lequel me l'a rapporté, avec cette apostille contre moi, qui est que ce mariage m'expulserait d'ici. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  59. Abrégez les qualités. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  60. Voilà, par exemple, de ces faits incroyables ; c'est promener la main d'une femme, et dire aux gens : la voulez-vous ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  61. Allez, Monsieur, je vous retiens pour cent ans : vous n'avez ici ni Comte ni Chevalier à craindre ; c'est moi qui vous en assure, et qui vous protège. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  62. La paix règne sur votre visage. (Acte 2, scène 5, HORTENSIUS)
  63. On parle aussi de Monsieur_le_Comte, et les comtes sont d'honnêtes gens ; je les considère beaucoup ; mais, si j'étais femme, je ne voudrais que des chevaliers pour mon mari : vive un cadet dans le ménage ! (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  64. Sentez-vous là-dedans le personnage que je joue ? (Acte 2, scène 5, LA MARQUISE)
  65. Mon mariage avec le Comte, quand le terminerez-vous, Lisette ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  66. Voilà notre ménage renversé. (Acte 2, scène 6, LUBIN)
  67. Monsieur, mon veuvage est éternel ; en vérité, il n'y a point de femme au monde plus éloignée du mariage que moi, et j'ai perdu le seul homme qui pouvait me plaire ; mais, malgré tout cela, il y a de certaines aventures désagréables pour une femme. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  68. Qui est-ce qui n'aurait pas cru là-dessus qu'il songeait à vous pour lui-même ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  69. Ce n'est pas assez qu'il le croie, ce n'est pas assez, il faut que cela soit ; il n'y a que cela qui puisse me venger de l'affront presque public que m'a fait sa réponse ; il n'y a que cela ; j'ai besoin, pour réparations, que son discours n'ait été qu'un dépit amoureux ; dépendre d'un dépit amoureux ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  70. Madame, on a parlé d'une lecture, et si je croyais vous déranger je me retirerais. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  71. Vous me faites un étrange compliment. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  72. Je n'y saurais que faire, elle ne laisse pas que d'être ; il est permis aux gens de mauvaise humeur de la trouver comme ils voudront. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  73. Mais, du moins, y a-t-il des gens qui sont plus raisonnables les uns que les autres. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  74. Vous en aurez tant qu'il vous plaira, ce sont vos affaires, et on ne vous en demande pas le compte ; mais l'auteur n'a point tant de tort ; je connais des gens, moi, que l'amour rend bourrus et sauvages, et ces défauts-là n'embellissent personne, je pense. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  75. Il n'y a plus de situation qui ne me soit à charge. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  76. Je m'attendais à plus de repos quand j'ai rompu mon voyage ; je ne ferai plus de projets, je vois bien que je rebute le monde. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  77. Représentez-vous cette action-là de sang-froid ; vous êtes galant homme, jugez-vous ; où est l'amitié dont vous parlez ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  78. L'amour est bien tendre, Chevalier ; eh bien, croyez qu'elle ménage avec encore plus de scrupule que lui les intérêts de ceux qu'elle unit ensemble. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  79. Nous n'y sommes pas, ce quelqu'un n'est pas venu, et ce n'est que pour vous dire combien je vous ménagerais : cependant vous vous plaignez. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  80. Eh bien, voilà qui change tout, je ne me plains plus, je suis contente ; ce que vous me dites là, je l'éprouve, je le sens ; c'est là précisément l'amitié que je demande, la voilà, c'est la véritable, elle est délicate, elle est jalouse, elle a droit de l'être ; mais que ne me parliez-vous ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  81. Vous ne me verrez point faire d'inclination, à moi ; je n'y songe point avec vous. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  82. à qui en dit-on, si ce n'est aux gens qu'on aime, et qui semblent n'y pas répondre ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  83. N'est-ce pas une chose étrange, qu'un homme comme moi n'ait point de fortune ! (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  84. Et vous gentil Anacréon ! (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  85. N'amusons point davantage Monsieur Hortensius. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  86. Gageons un petit baiser que je t'en donne une douzaine. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  87. Je gagerai quand nous serons mariés, parce que je serai bien aise de perdre. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  88. Quand nous serons mariés, j'aurai toujours gagné sans faire de gageure. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  89. Et toi, n'en sais-tu pas davantage ? (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  90. Le Chevalier va venir, interrogeons son coeur pour en tirer la vérité. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  91. Oui, Chevalier, vous pouvez véritablement m'obliger. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  92. Mais, en vérité, par où jugez-vous qu'il y en ait ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  93. Moi, je n'en juge point, je vous le demande. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  94. Monsieur_le_Comte, un homme d'esprit comme vous ne doit point faire de chicane sur les mots ; le oui et le non, qui ne se sont point présentés à moi, ne valent pas mieux que le langage que je vous tiens ; c'est la même chose, assurément : il y a entre la Marquise et moi une amitié et des sentiments vraiment respectables. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  95. C'est l'usage ; et à cela quelle réponse ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  96. Dites-moi, mon cher, auriez-vous renoncé au mariage ? (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  97. Je n'irai point sur vos brisées, mais qu'on me trouve un parti convenable, et demain je me marie ; et qui plus est, c'est que cette Marquise, qui ne vous sort pas de l'esprit, tenez, je m'engage à la prier de la fête. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  98. Madame, il y a longtemps que mon coeur est à vous ; consentez à mon bonheur ; que cette aventure-ci vous détermine : souvent il n'en faut pas davantage. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  99. J'ai ce soir affaire chez mon notaire, je pourrais vous l'amener ici, nous y souperions avec ma soeur qui doit venir vous voir ; le Chevalier s'y trouverait ; vous verriez ce qu'il vous plairait de faire ; des articles sont bientôt passés, et ils n'engagent qu'autant qu'on veut ; ne me refusez pas, je vous en conjure. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  100. Je vais toujours prendre les mesures qui pourront vous engager à m'assurer vos bontés. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  101. Je ne croyais pas l'amitié si dangereuse. (Acte 3, scène 16, LA MARQUISE)

L'HÉRITIER DE VILLAGE (1729)

  1. noute homme, vous prenez bian de la peine de revenir ; queu libertinage ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  2. Alle enrage, alle ne sait pas le tu autem. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  3. Je leur ons quasiment parlé ; j'ons été chez le maltôtier qui les avait de mon frère, et qui les fait aller et venir pour notre profit, et je les ons laissés là : car, par le moyen de son tricotage, ils rapportont encore d'autres écus ; et ces autres écus, qui venont de la manigance, engendront d'autres petits magots d'argent qu'il boutra avec le grand magot, qui, par ce moyen, devianra ancore pus grand ; et j'apportons le papier comme quoi ce monciau du petit et du grand m'appartiant, et comme quoi il me fera délivrance, à ma volonté, du principal et de la rente de tout ça, dont il a été parlé dans le papier qui en rend témoignage en la présence de mon procureur, qui m'assistait pour agencer l'affaire. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  4. Cent mille francs, sans compter le tricotage ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  5. Ce garçon-là sait vivre avec les gens de notre sorte. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. J'allais à mon village voir ma soeur ; mais si vous me prenez, je lui ferai mes excuses par lettre. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  7. Serviteur très humble, très obéissant et très gaillard Arlequin ; c'est le nom du personnage. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  8. Parlons des gages à présent. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  9. Le brocard, les parles et les jouyaux ne font rian à mon dire, t'en auras à bauge, j'aurons itou du d'or sur mon habit. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  10. J'avons déjà acheté un castor avec un casaquin de friperie, que je boutrons en attendant que j'ayons tout mon équipage à forfait. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  11. Eh morgué, tu ne m'entends point : c'est que je veux dire qu'il ne faut faire semblant de rian, qu'il faut se conduire à l'aise, avoir une vartu négligente, se parmettre un maintien commode, qui ne soit point malhonnête, qui ne soit point honnête non plus, de ça qui va comme il peut ; entendre tout, repartir à tout, badiner de tout. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  12. Savoir queu badinage on me fera. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  13. Et pis des petits mots charmants, des pointes d'esprit, de la malice dans l'oeil, des singeries de visage, des transportements ; et pis : Madame, il n'y a, morgué, pas moyen de durer ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  14. Et pis je m'avance, et pis je plante mes yeux sur ta face, je te prends une main, queuquefois deux, je te sarre, je m'agenouille ; que repars-tu à ça ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  15. Courage. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  16. Ensuite je devians rouge, et je te dis pour qui tu me prends ; je t'appelle un impartinant, un vaurian : Ne m'attaque jamais, ce fais-je, en te montrant les poings, ne vians pas envars moi, car je ne sis pas aisiée, vois-tu bian ; n'y a rien à faire ici pour toi, va-t'en, tu n'es qu'un bélître. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  17. Nous velà tout juste ; velà comme ça se pratique dans noute village ; cet honneur-là qui est tout d'une pièce, est fait pour les champs ; mais à la ville, ça ne vaut pas le diable, tu passerais pour un je ne sais qui. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  18. Velà l'arrangement de tout ça, velà ton devoir de Madame, quand tu le seras. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  19. Blaise, cette froidure me chiffonne ; ça ne vaut rian en ménage ; je sis d'avis que je nous aimions bian au contraire. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  20. Si le fiscal à qui je devais de l'argent arrive, dis-li qu'il me parle. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  21. Je suis de votre goût, Madame ; j'aime Paris, c'est le salut du galant homme ; mais il fait cher vivre à l'auberge. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  22. Ce genre de folie est divertissant. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  23. Vous n'y songez pas, Chevalier, c'est une impertinente qui perd le respect, et vous devriez la faire taire. (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  24. Leur as-tu dit l'héritage du biau-frère ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  25. À vous la balle, mon fils ; ne dérogez-vous point ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  26. Courage! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  27. Les velà bian ébaubis ; je m'en vais ranger tout ça. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  28. Eh bien bon voyage ; mais changez-nous de vertigo, celui-ci est triste. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  29. Le galant homme dit vrai, cousine ; je connais ce Rapin et sa signature ; voilà cent mille francs, c'est comme s'il en tenait le coffre ; je les honore beaucoup, et cela change la thèse. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  30. Monsieur, je suis votre serviteur, je vous fais réparation ; vous êtes sage, judicieux et respectable. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  31. Que de grâces et de gentillesses ! (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  32. Quant à Madame, je la supplie seulement de me recevoir au nombre de ses amis, tout dangereux qu'il est d'obtenir cette grâce ; car je n'en fais point le fin, elle possède un embonpoint, une majesté, un massif d'agréments, qu'il est difficile de voir innocemment. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  33. Ce sont des villageois : mais qu'est-ce que cela fait ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  34. Regardons le tout comme une intrigue pastorale ; le mariage sera la fin d'une églogue. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  35. Précepteur, boutez de la marge entre nous ; convarsez à dix pas. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  36. J'ai l'honneur d'être gentilhomme, estimé, personne n'en doute ; je suis dans les troupes, je ferai mon chemin, sandis ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  37. Oui, oui, Madame est prou gentille, mais je ne voyons rian de ça, moi, car ce n'est que ma femme ; poursuivez. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  38. Je n'en sais rien ; ce sera ce que l'on voudra ; je parle d'un prodige, je l'ai vu, j'en ai fait l'épreuve, et n'en réchapperai point. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  39. De beaux yeux sont un grand avantage. (Acte 1, scène 5, MADAME-DAMIS)
  40. Le titre de votre gendre me sortirait d'embarras, par exemple ; et moyennant le nom de bru, la cousine guérirait. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  41. Oh bian je nous accordons à tout, pourveu que Madame n'aille pas dire que ce mariage n'est pas de niviau avec elle. (Acte 1, scène 5, CLAUDINE)
  42. Touchez là, mon gendre ; allons, ma bru, ça vaut fait ; j'achèterons de la noblesse, alle sera toute neuve, alle en durera pus longtemps, et soutianra la vôtre qui est un peu usée. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  43. Stapendant on a un rang qui brille, des équipages qui clochont toujours, des laquais qui grugeont tout, et sans ce tintamarre-là, on ne saurait vivre. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  44. Les petites gens sont bianheureux. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  45. Mais il y a une bonne coutume ; an emprunte aux marchands et an ne les paie point ; ça soutient un ménage. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  46. Stapendant il m'est avis que je faisons un métier de fous, nous autres honnêtes gens... (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  47. Mais velà noute fiscal qui viant ; je li devons de l'argent ; mais il n'y a rian à faire, je savons mon devoir. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  48. Ne vous ai-je pas donné mon argent ? (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  49. Si ça se pouvait sans tourner au préjudice de mon état, je le ferions de bon coeur ; j'ons de l'argent, tenez, en velà. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  50. Effectivement le privilège est noble, et d'ailleurs il vous convient mieux qu'à un autre ; car j'ai toujours remarqué que vous êtes naturellement généreux. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  51. Ce n'est pas comme ça qu'on triche l'honneur des gens de ma sorte ; c'est un affront. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  52. Oh oh velà qui est bon ; j'aime le mariage, moi ; et je serai l'homme de qui ? (Acte 1, scène 8, COLIN)
  53. Ce transport est bon, je l'approuve ; mais le geste n'en vaut rien, je le casse. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  54. Mais oui ; il m'est avis qu'il a d'abord galopé de l'amour au mariage. (Acte 1, scène 9, COLETTE)
  55. Laissez-moi faire ; je saurai bien petit à petit manquer de courage, et pis en manquer encore davantage, et pis enfin n'en avoir pus. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  56. Je me mettrais à genoux devant ces paroles, je les savoure, elles fondent comme le miel ; mais donc quand sera-t-il temps de tout dire ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  57. Gageons, ma poule, que l'affaire est faite. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  58. Je vous entends, mon âme, ce regard-là décide ; je triomphe, je suis vainqueur ; mais faites doucement, la victoire m'étourdit, je m'égare, la tête me tourne ; ménagez-moi, je vous prie. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  59. Madame, il est vrai que l'honneur de voir voute biauté est une chose si admirable, que par rapport à noute mariage, dont ce que j'en dis n'est pas que j'en parle car mon amitié dont je ne dis mot ; mais..., morgué tenez, je m'embarbouille dans mon compliment, parlons à la franquette ; il n'y a que les mots qui faisont les paroles. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  60. Il parle un assez mauvais langage, mais il est amusant. (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  61. C'est une bonne criature, et moi aussi ; tenez, je prends le temps comme il viant, et l'argent pour ce qu'il vaut. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  62. Je gage que non. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  63. Il va venir ; divartissons-nous en l'attendant ; (allons, violons, courage). (Acte 1, scène 15, BLAISE)
  64. Tenez, mon gendre, dites-moi l'écriture. (Acte 1, scène 15, BLAISE)
  65. J'ai cru devoir vous avertir que Monsieur Rapin fit hier banqueroute, et que l'état dans lequel il laisse ses affaires fait juger qu'il passe en pays étranger ; il doit à plusieurs personnes, et ne laisse pas un sol ; j'ai pris toutes les mesures convenables en pareil cas, j'y suis intéressé moi-même ; mais je ne vois nulle espérance. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  66. Car les articles de notre contrat sont passés en pays étranger ; actuellement ils courent la poste. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  67. Ce n'est pas grand dommage ; mauvaise milice que tout cela, qui ne vaut pas le pain d'amunition. (Acte 1, scène 15, ARLEQUIN)
  68. Je pense que velà bian des équipages de chus, et des casaques de reste. (Acte 1, scène 15, CLAUDINE)
  69. Venez boire itou, vous ; bon voyage après, et pis, adieu le biau monde. (Acte 1, scène 15, BLAISE)

L'ÃŽLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES (1727)

  1. Ma foi, crois-moi, ce n'est pas là notre fort : pour de l'esprit, nous en avons à ne savoir qu'en faire ; nous en mettons partout, mais de jugement, de réflexion, de flegme, de sagesse, en un mot, de cela. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  2. Il faut avoir bien du jugement pour sentir que nous n'en avons point. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  3. Je le gage sur ta conscience. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  4. Ma foi, cela ne me coûte rien, et tu as raison ; un étranger se fâcherait : et je vois bien que nous sommes naturellement philosophes. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  5. L'étranger qu'on y loue n'y rit pas de si bon coeur que lui, et cela est charmant. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  6. leur science les charge ; ils ne s'y font jamais, ils en sont tout entrepris. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Sont-ils sages ? (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  8. C'est avec une austérité qui rebute de leur sagesse. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. Leur badinage n'est pas de commerce ; il y a quelque chose de rude, de violent, d'étranger à la véritable joie ; leur raison est sans complaisance, il lui manque cette douceur que nous avons, et qui invite ceux qui ne sont pas raisonnables à le devenir : chez eux, tout est sérieux, tout y est grave, tout y est pris à la lettre : on dirait qu'il n'y a pas encore assez longtemps qu'ils sont ensemble ; les autres hommes ne sont pas encore leurs frères, ils les regardent comme d'autres créatures. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  10. Et nous, tout cela nous amuse, tout est bien venu parmi nous ; nous sommes les originaires de tous pays : chez nous le fou y divertit le sage, le sage y corrige le fou sans le rebuter. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  11. L'étranger nous dit-il nos défauts ? (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  12. Toute notre indulgence, tous nos éloges, toutes nos admirations, toute notre justice, est pour l'étranger ; enfin notre amour-propre n'en veut qu'à notre nation ; celui de tous les étrangers n'en veut qu'à nous, et le nôtre ne favorise qu'eux. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  13. Vous deviez changer votre titre à cause des dames. (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  14. Quant à ce qui est de moi, noute geoulier, sa femme et ses enfants, ils me regardiont tous ni plus ni moins comme un animal. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  15. Et cependant ces petits animaux ont parfaitement la figure d'homme, et même à peu près nos gestes et notre façon de regarder. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  16. Mon père, je me charge de cette petite femelle-ci, car je la crois telle. (Acte 1, scène 3, PARMENÈS)
  17. Il me semble qu'ils se fâchent : allons, qu'on les remette en cage, et qu'on leur donne à manger ; cela les adoucira peut-être. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  18. À l'égard de marcher, nous avons des singes qui en font autant. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  19. Je vous charge du soin de les éclairer ; n'y perdez point de temps ; interrogez-les ; voyez ce qu'ils sont et ce qu'ils faisaient ; tâchez de rétablir leur âme dans sa dignité, de retrouver quelques traces de sa grandeur. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  20. Et nous reprendrons nos petites marionnettes, s'il n'y a point d'espérances qu'elles changent. (Acte 1, scène 4, FLORIS)
  21. Doucement, petits singes ; apaisez-vous, je ne demande qu'à sortir d'erreur ; et le parti que je vais prendre pour cela, c'est de vous entretenir chacun en particulier, et je vais vous laisser un moment ensemble pour vous y déterminer : calmez-vous, nous ne vous voulons que du bien ; si vous êtes des hommes, tâchez de devenir raisonnables : on dit que c'est pour vous le moyen de devenir grands. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  22. Pour moi, je crois que c'est un pays de magie, où notre naufrage nous a fait aborder. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  23. Les gens de ce pays l'appelont l'île de la Raison, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  24. Il faut donc que les habitants s'appelaint les Raisonnables ; car en France il n'y a que des Français, en Allemagne des Allemands, et à Passy des gens de Passy, et pas un Raisonnable parmi ça : ce n'est que des Français, des Allemands, et des gens de Passy. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  25. Je dis donc que j'ai entendu dire par le seigneur de noute village, qui était un songe-creux, que ceux-là qui n'étiont pas raisonnables, deveniont bian petits en la présence de ceux-là qui étiont raisonnables. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  26. Cadédis, pour moi, jé troubé l'imagination essellente ; il faut qué cet hommé soit dé race gasconne, en berité ; et j'adopte sa pensée : sauf lé respect qué jé dois à tous, jé prendrai seulément la liberté dé purger son discours dé la broussaillé qui s'y troube. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  27. Eh morgué, laissez-li bailler du large à ma pensée. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  28. Oui, je sis le pus sage de la bande. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  29. Non pas lé plus sage, mais lé moins frappé dé folie, et jé né m'en étonné pas ; lé champ dé vataillé dé l'extrabagancé, boyez-bous, c'est lé grand monde, et cé paysan né lé connaît pas, la folie né l'attrapé qué dé loin ; et boilà cé qui lui rend ici la taillé un peu plus longue. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  30. Monsieur lé philosophe nous a dit dans lé vaisseau, qu'il avait quitté la France, dé peur dé loger à la Vastille. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  31. Vous n'êtes pas chanceux en aubarges. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  32. Des gens dé botre métier, cependant, lé bon sens n'en est pas célèbre ; n'avez-vous pas dit qué bous étiez en voyage pour une épigramme ? (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  33. Pauvre faiseux de vars, il y a comme ça des gens de mauvaise himeur qui n'aimont pas qu'on les vilipende. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  34. Il n'y a qu'à la voir pour juger du paquet. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  35. Jé n'interrogé pas Monsieur, dé qui jé suis lé sécrétaire dépuis dix ans, et qué lé hasard a fait naître en France ; quoiqué dé famille espagnolé ; il allait vice-roi dans les Indes avec Madamé sa soeur, et Spinette, cette agréablé fille de qui jé suis tombé épris dans lé voyage. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  36. Cependant, quand j'y songe, où sont mes folies ? (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  37. Vous étiez donc quelque chose de bien étrange ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  38. Tenez, je m'amusais dans mon pays à des ouvrages d'esprit, dont le but était, tantôt de faire rire, tantôt de faire pleurer les autres. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  39. Des ouvrages qui font pleurer ! (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  40. Et pourquoi faisiez-vous ces ouvrages ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  41. Vous aimiez donc bien la louange ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  42. Je crois voir aussi quelque changement à votre taille. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  43. Courage, petit homme, ouvrez les yeux. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  44. Vous savez qu'on les a toutes mises chacune dans une cage. (Acte 1, scène 12, MÉGISTE)
  45. Avons-je de la pleume pour nous tenir en cage ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  46. Ne tient-il qu'à vous ouvrir votre cage pour vous rendre content ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  47. Voulez-vous gager que je sommes dans leur cage ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  48. Quel prodige ! (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  49. Courage. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  50. J'avons un tas de fautes qui est trop grand pour en venir à bout : mais, quant à ce qui est de cette ivrognerie, j'ons toujours fricassé tout mon argent pour elle : et pis, mon ami, quand je vendions nos denrées, combian de chalands n'ons-je pas fourbé, sans parmettre aux gens de me fourber itou ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  51. Comme il change à vue d'oeil ! (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  52. Tenez, mon ami ; j'avais un quarquier de vaigne avec un quarquier de pré ; je vivions sans ennui avec ma sarpe et mon labourage ; le capitaine Duflot viant là-dessus, qui me dit comme ça : Blaise, veux-tu me sarvir dans mon vaissiau ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  53. Veux-tu venir gagner de l'argent ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  54. Ne velà-t-il pas mes oreilles qui se dressont à ce mot d'argent, comme les oreilles d'une bourrique ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  55. Et pis le temps se fâche, velà un orage, l'iau gâte nos vivres ; il n'y a pus ni pâte ni faraine. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  56. En pleure, en crie, en jure, en meurt de faim ; la baraque enfonce ; les poissons mangeont Monsieur Duflot, qui les aurait bian mangé li-même. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  57. Velà tout l'argent que me vaut mon équipée. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  58. Vous ne sauriez croire avec quelle joie je vois votre changement. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  59. Ménagez-vous donc bien désormais. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  60. Comme cette gloire mange la taille ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  61. Faudrait se mettre à genoux pour écouter voute bon sens. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  62. Né pourrait-on changer l'épithéte ? (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  63. Jé né prétends pourtant pas mé ménager, car jé né m'estimé plus ; mais dans la réflétion, jé mé trouvé moins imvécile qu'impertinent, moins sot qué fat. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  64. Comme on deviant honnêtes gens avec cette raison ! (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  65. Dites-moi, sans vous fâcher, étiez-vous en ménage, aviez-vous femme là-bas ? (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  66. Encore est-ce, quand c'est la pauvreté qui oblige à tuer les gens ; mais quand en est riche, ce n'est pas la peine ; et je continue toujours à dire qu'ou êtes un sot, et que, si vous voulez grandir, faut laisser les gens mourir tout seuls. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  67. La raison dans le pays des folies, c'est comme une pelote de neige au soleil. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  68. Mais à propos de soleil, dites-moi, papa Blectrue : tantôt, en passant, j'ons rencontré une jeune poulette du pays, tout à fait gentille, ma foi, qui m'a pris la main, et qui m'a dit : Vous velà donc grand ! (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  69. Mademoiselle, vous vous gaussez, ai-je repris ; ce n'est pas moi qui baille les parvilèges, c'est moi qui les demande. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  70. Et la sagesse des femmes y résisterait-elle ? (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  71. Morgué ça est vrai, on ne voit partout que des sagesses à la renvarse. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  72. Que deviendra l'amour, si c'est le sexe le moins fort que vous chargez du soin d'en surmonter les fougues ? (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  73. Quelles étranges lois que les vôtres en fait d'amour ! (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  74. Je vous avoue que j'aurai bien de la peine à m'accoutumer à vos usages, quoique sensés. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  75. Queu dommage de rudoyer ça ! (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  76. Ma sagesse n'a pas encore résolu que ça soit divartissant. (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  77. Ne vous découragez pas, entendez-vous ? (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  78. Il ne s'agit ici que d'un petit raccommodage de çarviau. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  79. Vous voyez bian qu'on vous a baillé de la marchandise pour voute argent. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  80. Aidez-vous, Madame ; songez, par exemple, à ce que c'est qu'une toilette. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  81. N'est-ce pas une table qui est si bian dressée, avec tant de brimborions, où il y a des flambiaux, de petits bahuts d'argent et une couvarture sur un miroir ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  82. Vous souvenez-vous, ma chère maîtresse, de cette quantité d'outils pour votre visage qui était sur la vôtre ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  83. Des outils pour son visage ! (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  84. Est-ce que sa mère ne li avait pas baillé un visage tout fait ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  85. Est-ce que le visage d'une coquette est jamais fini ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  86. Non, il me rend le visage dur. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  87. Cependant on essaye, on ôte, on remet, on change, on se fâche ; les bras tombent de fatigue, il n'y a plus que la vanité qui les soutient. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  88. Mais de cette manière-là, vous autres femmes dans le monde qui tirez sur les gens, je comprends qu'ou êtes comme des fusils. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  89. Orgueil sur le chapitre de la naissance : Qui sont-ils ces gens-là ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  90. Et cette petite bourgeoise qui fait comparaison avec moi ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  91. Sans compter cette rancune contre tous les jolis visages que l'on va détruisant d'un ton nonchalant et distrait. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  92. Toutes sortes d'acabits de rubans, du vart, du gris, du jaune, qui n'ont pas d'amiquié pour une face ; une coquetterie qui n'a pas de quoi vivre avec des couleurs ; des bras qui s'impatientont ; et pis de la vanité qui leur dit : Courage ! (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  93. Tenez, un tiers d'oeillade avec un autre quart ; un visage qu'il faut remonter comme un horloge ; un étourdi qui viant voir ce visage ; des femmes qui vont à la chasse après cet étourdi, pour tirer dessus ; et pis de la poudre et du plomb dans l'oeil ; des naissances qui demandont la maison des gens ; des bourgeoises de comparaison saugrenue : des faces joufflues qui ont de la boursouflure, avec du gras ; un arpent de taille qu'on baille à celle-ci pour un quarquier qu'on ôte à celle-là ; de l'esprit qui ne saurait compatir avec un nez, et de la médisance de bon coeur. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  94. Mes enfants, ce qu'il y a de plus doux pour moi dans tout cela, c'est le jugement sain et raisonnable que je porte actuellement des choses. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  95. Dans notre pays on nous assiège ; c'est nous qui assiégeons ici parce que la place en est mieux défendue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  96. La pratique de cet usage-là m'est bien neuve ; mais j'y ai pensé plus d'une fois en ma vie, quand j'ai vu les hommes se vanter des faiblesses des femmes. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  97. Mon frère, Madame est instruite de nos usages, et elle a un secret à vous confier. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  98. Je suis pénétrée de leur sagesse ; mais... (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  99. Cela est vrai, et personne ne m'engagerait plus vite à y renoncer que vous. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  100. M'auriez-vous cru capable de ce courage-là ? (Acte 4, scène 1, LA COMTESSE)
  101. Quand je songe que voute soeur a bian pu endurer l'avanie que je li avons faite ; la velà pour le dire. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  102. Demandez-li si je l'avons marchandée, et tout ce qu'alle a supporté dans son pauvre esprit, et les bêtises dont je l'avons blâmée ; demandez-li le houspillage. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  103. Monsieur, avrégeons ; la vie est courte ; parlons d'affaire. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  104. Morgué, ça me va au coeur : allons, qu'en se mette à genoux tout à l'heure pour li demander pardon, et qu'an se baisse bian bas pour être à son niviau. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  105. Je ne saurais souffrir qu'il parle davantage. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  106. Tenez, cet étourdi qui reproche aux gens d'être généreux ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  107. Là-bas si vous l'aviez vu caresser tout lé monde, et verbiager des compliments, promettré tout et né ténir rien ! (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  108. Qué dités-vous dé ces gens qui n'ont qué des mensonges sur lé visage ? (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  109. Des gens dont les yeux ont pris l'arrangement dé dire à tout lé monde : Jé vous aime ?... (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  110. Des gens enfin qui, tout en emvrassant lé suvalterne, né lé voient seulement pas. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  111. Il dit qué vos bras ont un ressort avec lequeul ils embrassont les gens sans le faire exprès. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  112. Velà de sottes gens que ces sots-là ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  113. Rien dé plus affétueux qué vos témoignages d'affétion réciproque. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  114. Régarde mon visage et touté la tendressé dont jé lé frelate. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  115. Permets qué jé t'endorme, afin qué jé t'en égorge plus à mon aise. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  116. Aujourd'hui, il dit du mal de moi ; autrefois il faisait mon éloge. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  117. Monsieur, jé les ai pleuré ces éloges, jé les ai pleuré, lé coquin vous louait, et né vous en estimait pas davantagé. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  118. Cet emvarras qui lé prend serait-il l'avant-coureur de la sagesse ? (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  119. Encore un chiquet ; courage ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  120. D'où viant donc ce tapage-là ? (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  121. En devenant sage. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  122. Et qu'est-ce que c'est que cette sagesse ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  123. Ces gens-là sont dangereux. (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  124. Je vous conjure, par toute la tendresse que je sens pour vous, de ne me plus tenir ce langage-là. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  125. Ménagez-moi donc l'honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n'avilissez point votre coeur par l'impatience qu'il aurait de se rendre ; et pour vous achever l'idée de ce que vous devez être, n'oubliez pas qu'en nous aimant tous deux, vous devenez, s'il est possible, encore plus comptable de ma vertu que je ne la suis moi-même. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  126. Quand même vous vous en iriez tout à fait, j'aurais le courage de ne vous point rappeler. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  127. Ne bougez pas ; consarvez voute dignité humaine ; aussi bian, je vous tians par le pourpoint. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  128. Mais, en vérité, taisez-vous donc, vous n'y songez pas. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  129. Il me viant des rougeurs que je ne sais où les mettre. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  130. L'ami Blaise, j'entends qué Monsieur vous encourage. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  131. Oui, cela est fait : en voilà assez ; et je me charge du reste auprès de mon père. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  132. Où est donc le notaire pour tous ces mariages, et pour écrire le contrat ? (Acte 4, scène 9, BLAISE)
  133. L'usage le plus digne qu'on puisse faire de son bonheur, c'est de s'en servir à l'avantage des autres. (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  134. La Raison, dont les lois sont prudentes et sages, v.4 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  135. Mais d'être amants volages. v.6 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  136. Ton courage se passe, v.39 (Acte 4, scène 10, DU-MIRAIL)
  137. L'or et l'argent de lui font un géant, v.61 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  138. Six mois de mariage v.74 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  139. De ce hardi langage v.75 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  140. T'ont fait perdre l'usage. v.76 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  141. Nous en croirons vos jugements. v.96 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)

LA JOIE IMPRÉVUE (1760)

  1. Abrège. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  2. Patience, Monsieur votre père vous a envoyé pour acheter une charge : l'argent de cette charge était en entier entre les mains de votre banquier, de qui vous avez déjà reçu la moitié, que vous avez jouée et perdue ; ce qui fait, par conséquent, que vous ne pouvez plus avoir que la moitié de votre charge ; et voilà ce qui est terrible. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  3. Doucement, Monsieur ; c'est qu'actuellement j'ai une charge aussi, moi, laquelle est de veiller sur votre conduite et de vous donner mes conseils. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  4. Pasquin, me dit Monsieur votre père la veille de notre départ, je connais ton zèle, ton jugement et ta prudence ; ne quitte jamais mon fils, sers-lui de guide, gouverne ses actions et sa tête, regarde-le comme un dépôt que je te confie. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  5. Votre conduite, vous la voyez, elle est détestable ; mes conseils, vous les avez méprisés, vos fonds sont entamés, la moitié de votre argent est partie, et voilà mon dépôt dans le plus déplorable état du monde : il faut pourtant que j'en rende compte, et c'est ce qui fait ma douleur. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  6. En arrivant à Paris, je me mets dans cet hôtel garni : j'y vois un jardin qui est commun à une autre maison, je m'y promène, j'y rencontre le Chevalier, avec qui, par hasard, je lie conversation ; il loge au même hôtel, nous mangeons à la même table, je vois que tout le monde joue après dîner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu ; voilà d'où cela vient ; mais ne t'inquiète point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent ; et j'ai un pressentiment que je serai heureux. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  7. Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon père ne sache rien de ce qui s'est passé : au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance ; c'est ici où je la vois quelquefois, où je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  8. Quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation ; je vous dirai même que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrêmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle ; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue : c'est que la mère de Constance, quand elle se promène ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraît pas fort touchée de votre compagnie, sa mine s'allonge, j'ai peur qu'elle ne vous trouve un étourdi ; vous êtes pourtant un assez joli garçon, assez bien fait mais, de temps en temps, vous avez dans votre air je ne sais quoi... qui marquerait... une tête légère... (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  9. C'est peut-être ce fripon de Chevalier qui vient chercher le reste de votre argent. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  10. C'est que je n'aime pas ceux qui gagnent l'argent de mon maître. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  11. Je ne crois pas : il y a toute apparence qu'on m'engagera à souper où je vais. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  12. Cela me sera difficile, j'ai même, ce matin, reçu une lettre qui, je crois, m'obligera à aller demain en campagne pour quelques jours. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  13. Je ne joue jamais qu'argent comptant, et vous me dites hier que vous n'en aviez plus. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  14. Monsieur, cet argent qui est à deux pas d'ici, n'est pas à vous, il est à Monsieur votre père, et vous savez bien que son intention n'est pas que Monsieur le Chevalier y ait part ; il ne lui en destine pas une obole. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  15. Il faut avouer que tu abuses furieusement de ma patience : sais-tu la valeur des mauvais discours que tu viens de tenir, et qu'à la place du Chevalier, je refuserais de jouer davantage ? (Acte 1, scène 3, DAMON)
  16. Monsieur, je m'y ferais hacher, il n'y a point d'honnête homme qui puisse avoir ce visage-là : Lisette, en le voyant ici, en convenait hier avec moi. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  17. Arrêtez, Monsieur, on nous a interrompus, je ne vous ai pas quand je veux, et mes ordres portent aussi, attendu cette légèreté d'esprit dont je vous ai parlé, que je tiendrai la main à ce que vous exécutiez tout ce que Monsieur votre père vous a dit de faire, et voici un petit agenda où j'ai tout écrit. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  18. Liste des articles et commissions recommandés par Monsieur Orgon à Monsieur Damon son fils aîné, sur les déportements, faits, gestes, et exactitude duquel il est enjoint à moi Pasquin, son serviteur, d'apporter mon inspection et contrôle. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  19. C'est elle-même, sans doute, qui loge dans cette maison, d'où elle passe dans le jardin de votre hôtel. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  20. Monsieur, comme vous en rapporterez le reste de votre argent, je vous demande en grâce que je le voie avant que vous le jouiez, je serais bien aise de lui dire adieu. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  21. Oui : mais si notre mariage ne se fait jamais ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  22. Ne badine point : j'ai charge de ma maîtresse de t'interroger adroitement sur de certaines choses. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  23. Que ne nous fait-il donc demander en mariage ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  24. Oui, vraiment : ce fut le Chevalier, avec qui nous étions, qui aborda la mère dans le jardin ; ce qui continue de notre part : de façon que nous ne sommes encore que des amants qui s'abordent, en attendant qu'ils se fréquentent : il est vrai que c'en est assez pour s'aimer, et non pas pour se demander en mariage, surtout quand on a des mères qui ne voudraient pas d'un gendre de rencontre. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  25. Achevons : dis-moi, cette charge que doit avoir ton maître est-elle achetée ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  26. Sans doute ; t'imagines-tu qu'on achète une charge considérable comme on achète un ruban ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  27. Pasquin, est-il réellement question d'une charge ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  28. Quoi qu'il en soit, je conseille à ton maître de faire ses diligences. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  29. Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous êtes ici, et il y en a autant que j'y suis ; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y êtes ; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste ; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  30. Jouer, contre le premier venu, un argent dont je lui avais marqué l'emploi ! (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  31. Il me l'a toujours paru, et j'avoue que jusqu'ici je n'ai rien vu que de louable en lui ; je voulais achever de le connaître : il est jeune, il a fait une faute, il n'y a rien d'étonnant, et je la lui pardonne, pourvu qu'il la sente ; c'est ce qui décidera de son caractère : ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  32. Oui, Monsieur, rien qu'une fois, parce qu'il vous aime ; il veut rattraper son argent, afin que vous n'ayez pas le chagrin de savoir qu'il l'a perdu ; il n'y a rien de si tendre ; et ce que je vous dis là est exactement vrai. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  33. Ce soir même, pendant le bal qu'on doit donner ici, et où se doit trouver un certain Chevalier qui lui a gagné son argent, et qui est homme à lui gagner le reste. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  34. Je n'en sais rien, mais je crois qu'oui, car il y a quelques jours qu'il y eut un bal où ils l'étaient tous deux ; mon maître a même encore son domino vert qu'il a gardé pour ce bal-ci, et je pense que le Chevalier, qui loge au même hôtel, a aussi gardé le sien qui est jaune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  35. Je vais la lui remettre, dès que j'aurai porté mon argent chez moi. (Acte 1, scène 9, DAMON)
  36. Nos gens s'approchent, ne bougeons. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  37. Oui, je sais ce dont il est question, et j'en ai instruit mon maître ; mais ce n'est pas là votre dernier mot, Madame, vous changerez de sentiment ; je prends la liberté de vous le dire, nous ne sommes pas si mal dans votre esprit. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  38. Je suis si mortifié du trouble que je cause ici, que je ne songeais pas à vous rendre cette lettre, Madame. (Acte 1, scène 11, DAMON)
  39. Oui, d'un gentilhomme de votre ancienne connaissance. (Acte 1, scène 11, PASQUIN)
  40. Voilà quatre jeunes gens qui seront bien contents. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  41. Ne dis rien de ceci à ma fille, non plus qu'à Damon, Lisette ; je veux les surprendre, et c'est aussi l'intention du père qui doit arriver incessamment, et qui me prie de cacher à son fils, s'il aime ma fille, que nous avons dessein d'en faire mon gendre ; il se ménage, dit-il, le plaisir de paraître obliger Damon en consentant à ce mariage. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  42. Ne dissimulez point, ma fille, on peut ou hâter ou retarder le mariage dont il s'agit ; parlez nettement : est-ce que vous aimez Damon ? (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  43. Je les aurais combattus, si j'y avais pris garde, et je tâcherai de les surmonter, puisque vous me l'ordonnez ; il aurait pu devenir mon époux, si vous l'aviez voulu ; il a de la naissance et de la fortune, il m'aime beaucoup ; ce qui est avantageux en pareil cas, et ce qu'on ne rencontre pas toujours. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  44. Je pense pourtant comme elle, il sera mieux de ne pas différer votre mariage. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  45. Je gage que non. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  46. Sur tout ce que vous m'avez dit, vous êtes un parti convenable ; votre père a sans doute quelques amis à Paris, allez les trouver, engagez-les à parler à ma mère. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  47. J'arrive incessamment à Paris, mon fils ; je compte que les affaires de votre charge sont terminées, et que je n'aurai plus qu'à remplir un engagement que j'ai pris pour vous, et qui est de terminer votre mariage avec une des plus aimables filles de Paris. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  48. Oui, Constance, je ne négligerai rien ; peut-être nous arrivera-t-il quelque chose de favorable. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  49. Me loges-tu toujours aux Petites-Maisons ? (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  50. Mais effectivement ; je sens que ma mine s'allonge : as-tu commerce avec le diable ? (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  51. Courage ! (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  52. Tout beau, ne dérangeons rien ; ne va point faire de sottises qui gâteraient tout peut-être ; il n'y a pas le mot de ce que je t'ai dit ; la lettre en question est toujours bonne, et les conventions tiennent ; c'est ce que m'a confié Madame Dorville et je me suis divertie de ta douleur, pour me venger de la scène de tantôt. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  53. C'est le Chevalier qui vient pour jouer avec mon maître, et qui lui gagnerait le reste de son argent ; je vais tâcher de l'amuser, pour l'empêcher d'aller joindre Damon ; mais reviens, si tu peux, dans un instant, pour m'aider à le retenir. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  54. Du bonheur ; ce n'est pas là votre fort, vous êtes trop sage pour en avoir affaire. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  55. Pas mal ; et, suivant ta prédiction, je le serai encore davantage. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  56. Je ne saurais vous l'expliquer, les astres ne m'en ont pas dit davantage ; ce qu'on lit dans le ciel est écrit en si petit caractère ! (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  57. Qui gagnera mon argent ? (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  58. Cet entretien-là peut vous mettre en jolie posture ; il y a longtemps qu'on vous connaît ; on est sage, on vous aime, on a vingt-cinq mille livres de rente, et vous pouvez mener tout cela bien loin. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  59. Mais songez donc au sac. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  60. Vous êtes jeune, vous dépendez apparemment d'un père ; je me reprocherais de profiter de l'étourdissement où vous êtes, et d'être, pour ainsi dire, le complice du désordre où vous voulez vous jeter ; j'ai même regret d'avoir tant joué ; votre âge et la considération de ceux à qui vous appartenez devaient m'en empêcher : croyez-moi, Monsieur ; vous me paraissez un jeune homme plein d'honneur, n'altérez point votre caractère par une aussi dangereuse habitude que l'est celle du jeu, et craignez d'affliger un père, à qui je suis sûr que vous êtes cher. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  61. Jugez-en vous-même. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  62. J'oublie tout, mon fils ; si cette scène-ci vous corrige, ne craignez rien de ma colère ; je vous connais, et ne veux vous punir de vos fautes qu'en vous donnant de nouveaux témoignages de ma tendresse ; ils feront plus d'effet sur votre coeur que mes reproches. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  63. Mon père, laissez-moi encore vous jurer à genoux que je suis pénétré de vos bontés ; que vos ordres, que vos moindres volontés me seront désormais sacrés ; que ma soumission durera autant que ma vie, et que je ne vois point de bonheur égal à celui d'avoir un père qui vous ressemble. (Acte 1, scène 21, DAMON)

L'ÉPREUVE (1740)

  1. Je viens de mettre pied à terre à la première hôtellerie du village, j'ai demandé le chemin du château suivant l'ordre de votre lettre, et me voilà dans l'équipage que vous m'avez prescrit. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Tu sais que je suis venu ici il y a près de deux mois pour y voir la terre que mon homme d'affaires m'a achetée ; j'ai trouvé dans le château une Madame Argante, qui en était comme la concierge, et qui est une petite bourgeoise de ce pays-ci. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  3. Mais, vraiment, il y en a une chez Madame Argante de ce nom-là, qui est du village, qui y a toute sa famille, et qui a passé en effet quelque temps à Paris avec une dame du pays. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  4. Quoique à la fleur de votre âge, vous êtes tout à fait sage et raisonnable, il me semble pourtant que votre projet est bien jeune. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Doucement, vous êtes le fils d'un riche négociant qui vous a laissé plus de cent mille livres de rente, et vous pouvez prétendre aux plus grands partis ; le minois dont vous parlez là est-il fait pour vous appartenir en légitime mariage ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Il est vrai qu'Angélique n'est qu'une simple bourgeoise de campagne ; mais originairement elle me vaut bien, et je n'ai pas l'entêtement des grandes alliances ; elle est d'ailleurs si aimable, et je démêle, à travers son innocence, tant d'honneur et tant de vertu en elle ; elle a naturellement un caractère si distingué, que, si elle m'aime, comme je le crois, je ne serai jamais qu'à elle. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  7. Je tombai malade trois jours après mon arrivée ; j'ai été même en quelque danger, je l'ai vue inquiète, alarmée, plus changée que moi ; j'ai vu des larmes couler de ses yeux, sans que sa mère s'en aperçut et, depuis que la santé m'est revenue, nous continuons de même ; je l'aime toujours, sans le lui dire, elle m'aime aussi, sans m'en parler, et sans vouloir cependant m'en faire un secret ; son coeur simple, honnête et vrai, n'en sait pas davantage. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  8. Pus rougeaud, pus varmeil, ça réjouit, ça me plaît à voir. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  9. C'est que j'aime tant la santé des braves gens, alle est si recommandabe, surtout la vôtre, qui est la pus recommandabe de tout le monde. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  10. Vous savez bian, Monsieur, que je fréquente chez Madame Argante, et sa fille Angélique, alle est gentille, au moins. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  11. C'est, ne vous déplaise, que je vourais avoir sa gentillesse en mariage. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  12. Je vous entends, vous souhaitez que j'engage Madame Argante à vous donner sa fille. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  13. Et que je sis encore une jeunesse, je n'ons que trente ans, et d'humeur folichonne, un Roger-Bontemps. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  14. Soyons bons, je l'approuve, mais ne foulons parsonne, je sis voute prochain autant qu'un autre, et ne faut pas peser sur ceti-ci, pour alléger ceti-là. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  15. Velà-t-il pas une santé qui m'est bian chanceuse, après vous avoir mené moi-même ceti-là qui vous a tiré deux fois du sang, et qui est mon cousin, afin que vous le sachiez, mon propre cousin gearmain ; ma mère était sa tante, et jarni ! (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  16. Sans compter que c'est cinq bonnes mille livres que vous m'ôtez comme un sou, et que la petite aura en mariage. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  17. Je vous en donne douze pour en épouser une autre et pour vous dédommager du chagrin que je vous fais. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  18. Douze mille livres d'argent sec ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  19. Oui, je vous les promets, sans vous ôter cependant la liberté de vous présenter pour Angélique ; au contraire, j'exige même que vous la demandiez à Madame Argante, je l'exige, entendez-vous ; car si vous plaisez à Angélique, je serais très fâché de la priver d'un homme qu'elle aimerait. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  20. Les bras m'en tombont, je ne saurais me ravoir ; allons, Monsieur, boutez-vous là, que je me prosterne devant vous, ni pus ni moins que devant un prodige. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  21. J'avoue qu'elle sert Madame Argante, mais elle n'est pas de moindre condition que les autres filles du village. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  22. Dans quel appartement du château souhaitez-vous qu'on le loge ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  23. Autant que j'en puis juger, mon avis est que jusqu'ici elle n'a rien dans le coeur pour vous. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  24. Que Mademoiselle Lisette a de jugement ! (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  25. Ménagez vos termes avec Lisette, Maître Blaise. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  26. Vous tenez depuis un moment des discours bien étranges. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  27. Contemplez, voyez, ai-je aujourd'hui le visage autrement fait que je l'avais hier ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  28. Quel avantage en tirerais-je ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  29. Dame, je sis bridé, mais ce n'est pas comme vous, je ne saurais parler pus clair ; voici venir Angélique, laissez-moi li toucher un petit mot d'affection, sans que ça empêche que vous soyez gentille. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  30. Il parle vraiment d'un très grand mariage ; il s'agit d'un homme du monde, et il ne dit pas qui c'est, ni d'où il viendra. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  31. À quoi songez-vous donc en me considérant si fort ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  32. Je songe que vous embellissez tous les jours. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  33. Vous ne répondez jamais rien que d'obligeant. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  34. Vous donner des témoignages de l'extrême amitié que j'ai pour vous, à condition qu'avant tout, vous m'instruirez de l'état de votre coeur. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  35. Et je vois quelquefois bien des jeunes gens du pays qui vous font la cour ; lequel de tous distinguez-vous parmi eux ? (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  36. Je ne sais pas, Monsieur, pourquoi vous pensez que j'en distingue, des jeunes gens qui me font la cour ; est-ce que je les remarque ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  37. Je ne me souciais d'aucun quand vous êtes venu ici, et je ne m'en soucie pas davantage depuis que vous y êtes, assurément. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  38. Êtes-vous aussi indifférente pour maître Blaise, ce jeune fermier qui veut vous demander en mariage, à ce qu'il m'a dit ? (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  39. Il me demandera en ce qu'il lui plaira, mais, en un mot, tous ces gens-là me déplaisent depuis le premier jusqu'au dernier, principalement lui, qui me reprochait, l'autre jour, que nous nous parlions trop souvent tous deux, comme s'il n'était pas bien naturel de se plaire plus en votre compagnie qu'en la sienne ; que cela est sot ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  40. Oui, mais malheureusement vous n'êtes pas de notre village, et vous retournerez peut-être bientôt à votre Paris, que je n'aime guère. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  41. Ah çà, ne me trompez pas, au moins, tout le coeur me bat ; loge-t-il avec vous ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  42. Il est de mon âge et de ma taille. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  43. Qui n'a ni ambition, ni gloire, et qui n'exigera de celle qu'il épousera que son coeur. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  44. Le plaisir que me fait ce mariage ne me permet pas de différer davantage ; mais avant que je vous quitte, acceptez de moi ce petit présent de noce que j'ai droit de vous offrir, suivant l'usage, et en qualité d'ami ; ce sont de petits bijoux que j'ai fait venir de Paris. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  45. Mademoiselle, l'étonnante immobilité où je vous vois intimide extrêmement mon inclination naissante ; vous me découragez tout à fait, et je sens que je perds la parole. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  46. Ce village-ci est bien familier. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  47. Avez-vous toujours dessein de demander Angélique en mariage ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  48. Vous jugez bien que je n'aurai pas le coeur ingrat. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  49. La gentille enfant, queu dommage de laisser ça dans la peine ! (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  50. Voilà Madame Argante et Monsieur Lucidor ; il est apparemment question du mariage d'Angélique avec l'amant qui lui est venu ; la mère voudra qu'elle l'épouse ; et si elle obéit, comme elle y sera peut-être obligée, il ne sera plus nécessaire que vous la demandiez ; ainsi, retirez-vous, je vous prie. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  51. Madame, le mariage en impromptu étonne l'innocence, mais ne l'afflige pas, et votre fille est allée se trouver mal dans sa chambre. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  52. Vous avez beau dire, on a eu tort de m'exposer à cette aventure-ci ; il est fâcheux à un galant homme, à qui tout Paris jette ses filles à la tête, et qui les refuse toutes, de venir lui-même essuyer les dédains d'une jeune citoyenne de village, à qui on ne demande précisément que sa figure en mariage. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  53. Vous ne m'avez pas encore regardé, fille aimable, vous n'avez point encore vu ma personne, vous la rebutez sans la connaître ; voyez-la pour la juger. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  54. Courage ! (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  55. La connaissance est si tôt faite en mariage, c'est un pays où l'on va si vite... (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  56. Sans vanité, voici mon apprentissage ; en fait de refus, je ne connaissais pas cet affront-là. (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  57. Vous savez, belle Angélique, que je vous ai d'abord consulté sur ce mariage ; je n'y ai pensé que par zèle pour vous, et vous m'en avez paru satisfaite. (Acte 1, scène 16, LUCIDOR)
  58. C'est bien fait, je vous dirai donc, Monsieur, que je serais mortifiée s'il fallait vous aimer, le coeur me le dit ; on sent cela ; non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime ; je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre ; je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là, j'y vais de tout mon coeur ; ce n'est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous, et si je l'avais pu, il ne m'en aurait pas plus coûté de vous crier : Ne venez pas ! (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  59. Vous ne manquerez pas de filles ; quand on est riche, on en a tant qu'on veut, à ce qu'on dit, au lieu que naturellement je n'aime pas l'argent ; j'aimerais mieux en donner que d'en prendre ; c'est là mon humeur. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  60. vous avez bon courage ! (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  61. Il y a des antipathies insurmontables ; si Angélique est dans ce cas-là, je ne m'étonne point de son refus, et je ne renonce pas au projet de l'établir avantageusement. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  62. Il y a des gens qui ne font que nous porter guignon. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  63. Qui est-ce qui y songe ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  64. Vous m'offrez des maris tant que j'en voudrai ; vous m'en faites venir de Paris sans que j'en demande : y a-t-il rien là de plus obligeant, de plus officieux ? (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  65. Il est vrai que je laisse là tous vos mariages ; mais aussi il ne faut pas croire, à cause de vos rares bontés, qu'on soit obligé, vite et vite, de se donner au premier venu que vous attirerez de je ne sais où, et qui arrivera tout botté pour m'épouser sur votre parole ; il ne faut pas croire cela, je suis fort reconnaissante, mais je ne suis pas idiote. (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  66. C'est-à-dire que vous ne voulez pas que je songe à vous marier, et que, malgré ce que vous m'avez dit tantôt, il y a quelque amour secret dont vous me faites mystère. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  67. Je pleure tous les malades que je vois, je pleure pour tout ce qui est en danger de mourir ; si mon oiseau mourait devant moi, je pleurerais ; dira-t-on que j'ai de l'amour pour lui ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  68. Un homme qui ne songe point à moi, qui veut me marier à tout le monde, et je l'aimerais, moi, qui ne pourrais pas le souffrir s'il m'aimait, moi qui ai de l'inclination pour un autre ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  69. Ce n'est pas là ce qui embarrassera, et j'aplanirai tout ; puisque vous avez le bonheur d'être aimé, Maître Blaise, je donne vingt mille francs en faveur de ce mariage, je vais en porter la parole à Madame Argante, et je reviens dans le moment vous en rendre la réponse. (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  70. Il y aurait trop de lâcheté à vous de prendre de l'argent d'un homme qui a voulu me marier à un autre, qui m'a offensée en particulier en croyant que je l'aimais, et qu'on dit que j'aime moi-même. (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  71. Je ne changerai jamais. (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  72. Votre mère consent à tout, belle Angélique j'en ai sa parole, et votre mariage avec Maître Blaise est conclu, moyennant les vingt mille francs que je donne. (Acte 1, scène 20, LUCIDOR)
  73. Je n'en sais rien ; mais si jamais je viens à aimer quelqu'un, ce ne sera pas moi qui lui chercherai des filles en mariage, je le laisserai plutôt mourir garçon. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  74. Vous êtes aux genoux de ma fille, je pense ? (Acte 1, scène 22, MADAME-ARGANTE)
  75. Je vous l'expliquerai tout à l'heure ; qu'on fasse venir les violons du village, et que la journée finisse par des danses. (Acte 1, scène 22, LUCIDOR)

LES SINCÈRES (1747)

  1. Tenez, je vous vois venir ; abrégeons, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Auriez-vous par hasard dans l'esprit que je songe à vous ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Généreuse d'ailleurs, noble dans ses façons ; sans son esprit qui la rend méchante, elle aurait le meilleur coeur du monde ; vos louanges la chagrinent, dit-elle ; mais c'est comme si elle vous disait : Louez-moi encore du chagrin qu'elles me font. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Quant à moi, j'ai là-dessus une petite manière qui l'enchante ; c'est que je la loue brusquement, du ton dont on querelle ; je boude en la louant, comme si je la grondais d'être louable ; et voilà surtout l'espèce d'éloges qu'elle aime, parce qu'ils n'ont pas l'air flatteur, et que sa vanité hypocrite peut les savourer sans indécence. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. L'autre jour, un homme contre qui il avait un procès presque sûr vint lui dire : Tenez, ne plaidons plus, jugez vous-même, je vous prends pour arbitre, je m'y engage. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Nous sommes gens d'esprit. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Je vous dis qu'elle vous prie de n'envoyer votre messager qu'après qu'il aura reçu une lettre d'elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Comme de mon côté je vous cite sans vous voir ; c'est un étranger à qui je parle. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  9. Voir qu'il ne vous échappe jamais un mot à votre avantage ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  10. Revenons à vos originaux ; quelle sorte de gens était-ce ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  11. Les sottes gens ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  12. L'un était un jeune homme de vingt-huit à trente ans, un fat toujours agité du plaisir de se sentir fait comme il est ; il ne saurait s'accoutumer à lui ; aussi sa petite âme n'a-t-elle qu'une fonction, c'est de promener son corps comme la merveille de nos jours ; c'est d'aller toujours disant : Voyez mon enveloppe, voilà l'attrait de tous les coeurs, voilà la terreur des maris et des amants, voilà l'écueil de toutes les sagesses. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  13. Change-t-il de contenance ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  14. Remarquez mes gestes et mes attitudes ; voyez mes grâces dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis ; voyez mon air fin, mon air leste, mon air cavalier, mon air dissipé ; en voulez-vous du vif, du fripon, de l'agréablement étourdi ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  15. Il n'y a pas jusqu'à la personne âgée qui, à ce qu'il croit, dit en elle-même en le voyant : Quel dommage que je ne suis plus jeune ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  16. Je voudrais bien que le personnage vous entendît. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  17. Il a parlé d'un mariage qui a pensé se conclure pour lui ; mais que trois ou quatre femmes jalouses, désespérées et méchantes, ont trouvé sourdement le secret de faire manquer : cependant il ne sait pas encore ce qui arrivera ; il n'y a que les parents de la fille qui se soient dédits, mais elle n'est pas de leur avis. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  18. À côté de lui était une nouvelle mariée, d'environ trente ans, de ces visages d'un blanc fade, et qui font une physionomie longue et sotte ; et cette nouvelle épousée, telle que je vous la dépeins, avec ce visage qui, à dix ans, était antique, prenait des airs enfantins dans la conversation ; vous eussiez dit d'une petite fille qui vient de sortir de dessous l'aile de père et de mère ; figurez-vous qu'elle est toute étonnée de la nouveauté de son état ; elle n'a point de contenance assurée ; ses innocents appas sont encore tout confus de son aventure ; elle n'est pas encore bien sûre qu'il soit honnête d'avoir un mari ; elle baisse les yeux quand on la regarde ; elle ne croit pas qu'il lui soit permis de parler si on ne l'interroge ; elle me faisait toujours une inclination de tête en me répondant, comme si elle m'avait remerciée de la bonté que j'avais de faire comparaison avec une personne de son âge ; elle me traitait comme une mère, moi, qui suis plus jeune qu'elle, ah, ah, ah ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  19. Non ; car il faut que je me venge de tout l'ennui que m'ont donné ces originaux. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  20. Et cette main sans pair, si vous l'aviez vue, Monsieur, est assez blanche, mais large, ne vous déplaise, mais charnue, mais boursouflée, mais courte, et tient au bras le mieux nourri que j'aie vu de ma vie. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  21. Paix ; voici nos gens qui arrivent : tu sa le rôle que je t'ai donné ; obéis, j'aurai soin du reste. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  22. Point du tout, nous venons tout à l'heure de rompre ce mariage, Lisette et moi, dans notre petit conseil... (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  23. Nous avions déjà conclu d'affaire avec d'autres, et Madame loge chez elle la petite personne que j'aime. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  24. Monsieur, si la sincérité loge quelque part, c'est dans votre coeur. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  25. Comme un ange ! (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  26. J'ai prononcé de même sur ces deux articles, et Monsieur s'emporte ; il dit que sans vous la dispute finirait sur mes épaules ; je vous laisse mon bon droit à soutenir, et je me retire avec votre suffrage. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  27. À quoi songes-tu donc ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  28. Au reste, j'étais venu savoir si vous n'avez rien à mander à Paris, où j'envoie un de mes gens qui va partir ; peut-il vous être utile ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  29. Je le chargerai d'un petit billet, si vous le voulez bien. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  30. Le moyen d'en juger mieux, à travers toutes les emphases ou toutes les impostures galantes dont vous l'enveloppez ? (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  31. Très possible, je vous en réponds ; rien n'empêche que vous n'aimiez encore davantage : je n'ai qu'à être plus aimable et cela ira plus loin ; passons. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  32. Vous rêvez ; n'aime-t-on pas toujours les gens à proportion de ce qu'ils sont aimables ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  33. Et dès qu'elle l'était plus que je ne la suis, qu'elle avait plus de grâces, il a bien fallu que vous l'aimassiez davantage ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  34. votre badinage me charme ; il en sera donc ce qu'il vous plaira ; l'essentiel est que je vous aime autant que je l'aimais. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  35. Et si je vous disais qu'il y a mille gens qui trouvent quelque chose de baroque dans son air ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  36. J'ai dit que votre partage était de plaire plus qu'elle. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  37. Soit, je plais davantage, mais je commence par faire peur. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  38. Je ne vous écoute pas, vous voyez de travers ; ainsi changeons de discours, et laissons là Araminte. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  39. Ce n'est pas la peine de vous demander ce que vous pensiez de la différence de nos esprits, vous ne savez pas juger. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  40. Voilà où l'oracle s'est trop avancé ; je ne justifierai point votre estime : j'en suis fâchée ; mais je connais Araminte, et je n'irai point confirmer aussi une décision qui lui tournerait la tête ; car elle est si sotte : je gage qu'elle vous aura cru, et il n'y aurait plus moyen de vivre avec elle. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  41. Depuis sa mort, je me suis senti, il y a deux ans, quelque sorte de penchant pour un étranger qui demeura peu de temps à Paris, que je refusai de voir, et que je perdis de vue ; homme à peu près de votre taille, ni mieux ni plus mal fait ; de ces figures passables, peut-être un peu plus remplie, un peu moins fluette, un peu moins décharnée que la vôtre. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  42. Qu'il est plus doux, plus complaisant, qu'il a la mine un peu plus distinguée, et qu'il pense plus modestement de lui que vous ; mais que vous plaisez davantage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  43. Oui, nous aurons de l'orage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  44. À propos, quand vous écrirez à votre frère, n'allez pas si vite sur les nouvelles de notre mariage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  45. Est-il assez étrange ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  46. Après tout, peut-être pas si étrange, Lisette ; je ne sais plus qu'en penser moi-même ; il a peut-être raison ; je me méfie de tout ce qu'on m'a dit jusqu'ici de flatteur pour moi ; et surtout de ce que m'a dit ton Dorante, que tu aimes tant, et qui doit être le plus grand fourbe, le plus grand menteur avec ses adulations. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  47. Vraiment, oui ; le témoignage d'un hypocondre est bien plus sûr. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  48. Quelqu'un de mes gens pouvait être là ; ce n'est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est ; car est-ce par là qu'on vaut quelque chose ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  49. Et moi, Madame, je vous déclare que ce n'est plus ni vous ni vos grâces que je défends ; vous êtes fort libre de penser de vous ce qu'il vous plaira, je ne m'y oppose point ; mais je ne suis ni un adulateur ni un visionnaire, j'ai les yeux bons, j'ai le jugement sain, je sais rendre justice ; et je soutiens que vous êtes une des femmes du monde la plus aimable, la plus touchante, je soutiens qu'il n'y aura point de contradiction là-dessus ; et tout ce qui me fâche en le disant, c'est que je ne saurais le soutenir sans faire l'éloge d'une personne qui m'outrage, et que je n'ai nulle envie de louer. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  50. Parlez, Madame, car je suis piqué ; c'est votre sincérité que j'interroge : vous êtes-vous jamais présentée nulle_part, au spectacle, en compagnie, que vous n'ayez fixé les yeux de tout le monde, qu'on ne vous y ait distinguée ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  51. Et cette Araminte est si dupe, qu'elle en est émue, qu'elle se rengorge, et s'en estime plus qu'à l'ordinaire. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  52. Est-il permis, par exemple, avec une figure aussi distinguée que la vôtre, et faite au tour, est-il permis de vous négliger quelquefois autant que vous le faites ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  53. Écoutez-moi, Lisette ; le notaire d'ici est actuellement dans mon cabinet qui m'arrange des papiers ; allez lui dire qu'il tienne tout prêt un contrat de mariage. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  54. Marquise, je viens rire avec vous d'un discours sans jugement, qu'un valet a tenu, et dont je sais que vous êtes informée. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  55. Tout ce qu'on y pourrait souhaiter de plus, c'est qu'Ergaste fût un meilleur juge. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  56. C'est donc par modestie que vous vous méfiez de son jugement ; car il vous a traitée plus favorablement que moi : il a décidé que vous plaisiez davantage, et je changerais bien mon partage contre vous. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  57. Oui-da ; je sais qu'il vous trouve régulière, mais point touchante ; c'est-à-dire que j'ai des grâces, et vous des traits : mais je n'ai pas plus de foi à mon partage qu'au vôtre ; je dis le vôtre (elle se lève après avoir plié son billet) parce qu'entre nous nous savons que nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  58. Auriez-vous le courage de me les passer ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  59. Et par là toujours ennemi de vous-même : en voici une preuve ; je gage que vous m'aimiez, quand vous m'avez quittée ? (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  60. Je soupçonne que le notaire est là dedans qui passe un contrat de mariage ; n'écrira-t-il rien en ma faveur ? (Acte 1, scène 20, ERGASTE)
  61. Notre contrat de mariage est passé. (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  62. Allons, belle Araminte, passons dans mon cabinet pour signer, et ne songeons qu'à nous réjouir. (Acte 1, scène 21, MARQUISE)

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

  1. Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  2. Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon coeur par le vôtre... (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Peut-on se figurer de mariage plus doux ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : Pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  6. N'en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  7. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart_d_heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Ergaste s'est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  9. Quel fantasque avec ces deux visages ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Songe à ce que c'est qu'un mari. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  11. Monsieur, un visage qui fait trembler, un autre qui fait mourir de froid, une âme gelée qui se tient à l'écart, et puis le portrait d'une femme qui a le visage abattu, un teint plombé, des yeux bouffis et qui viennent de pleurer ; voilà, Monsieur, tout ce que nous considérons avec tant de recueillement. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. De tout cela, ma fille, je comprends que le mariage t'alarme, d'autant plus que tu ne connais point Dorante. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  13. Dorante vient pour t'épouser ; dans le dernier voyage que je fis en province, j'arrêtai ce mariage-là avec son père, qui est mon intime et mon ancien ami ; mais ce fut à condition que vous vous plairiez à tous deux, et que vous auriez entière liberté de vous expliquer là-dessus ; je te défends toute complaisance à mon égard : si Dorante ne te convient point, tu n'as qu'à le dire, et il repart ; si tu ne lui convenais pas, il repart de même. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  14. "Je ne sais au reste ce que vous penserez d'une imagination qui est venue à mon fils ; elle est bizarre, il en convient lui-même, mais le motif est pardonnable et même délicat ; c'est qu'il m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le personnage de son maître." (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  15. "Mon fils sait combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux, et il espère, dit-il, sous ce déguisement de peu de durée, saisir quelques traits du caractère de notre future et la mieux connaître, pour se régler ensuite sur ce qu'il doit faire, suivant la liberté que nous sommes convenus de leur laisser. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  16. Pour moi, qui m'en fie bien à ce que vous m'avez dit de votre aimable fille, j'ai consenti à tout en prenant la précaution de vous avertir, quoiqu'il m'ait demandé le secret de votre côté ; vous en userez là-dessus avec la future comme vous le jugerez à propos..." Voilà ce que le père m'écrit. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  17. Ma foi, Monsieur, puisque les choses prennent ce train-là, je ne voudrais pas les déranger, et je respecterais l'idée qui leur est inspirée à l'un et à l'autre ; il faudra bien qu'ils se parlent souvent tous deux sous ce déguisement, voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  18. Franchement, je ne haïrais pas de lui plaire sous le personnage que je joue, je ne serais pas fâchée de subjuguer sa raison, de l'étourdir un peu sur la distance qu'il y aura de lui à moi ; si mes charmes font ce coup-là, ils me feront plaisir, je les estimerai. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  19. Mais il me semble que ce nom de Mademoiselle qu'il te donne est bien sérieux ; entre gens comme vous, le style des compliments ne doit pas être si grave, vous seriez toujours sur le qui-vive ; allons, traitez-vous plus commodément, tu as nom Lisette, et toi mon garçon, comment t'appelles-tu ? (Acte 1, scène 6, MARIO)
  20. Courage, mes enfants, si vous commencez à vous aimer, vous voilà débarrassés des cérémonies. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  21. Ah, ah, ah, je te remercierais de ton éloge, si ma mère n'en faisait pas les frais. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  22. Eh bien, venge-t'en sur la mienne, si tu me trouves assez bonne mine pour cela. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  23. Mais ce n'est pas là de quoi il est question ; trêve de badinage, c'est un homme de condition qui m'est prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  24. Parbleu, si j'étais tel, la prédiction me menacerait, j'aurais peur de la vérifier, je n'ai point de foi à l'astrologie, mais j'en ai beaucoup à ton visage. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  25. Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  26. Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens ; mais je t'en prie, changeons d'entretien, venons à ton maître ; tu peux te passer de me parler d'amour, je pense ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  27. Elle a raison, Monsieur, le mariage n'est pas fait. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  28. Pourquoi donc, mon entrée est si gentille ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  29. Je serais d'abord venu ici avec Bourguignon ; mais quand on arrive de voyage, vous savez qu'on est si mal bâti, et j'étais bien aise de me présenter dans un état plus ragoûtant. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  30. Monsieur, on a de la peine à se louer soi-même, mais malgré toutes les règles de la modestie, il faut pourtant que je vous dise que si vous ne mettez ordre à ce qui arrive, votre prétendu gendre n'aura plus de coeur à donner à Mademoiselle votre fille ; il est temps qu'elle se déclare, cela presse, car un jour plus tard, je n'en réponds plus. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  31. Renverse, ravage, brûle, enfin épouse, je te le permets si tu le peux. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  32. Vous vous trompez, prodige de nos jours, un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d'oeil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces et le troisième l'a rendu grand garçon ; tâchons de l'établir au plus vite, ayez soin de lui puisque vous êtes sa mère. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  33. Cela me réjouit comme du vin délicieux, quel dommage de n'en avoir que roquille ! (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  34. J'aurais lieu à mon tour d'être étonnée de la promptitude de votre hommage ; peut-être m'aimerez-vous moins quand nous nous connaîtrons mieux. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  35. Et vous, Madame, vous ne savez pas les miennes ; et je ne devrais vous parler qu'à genoux. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  36. Ah, les sottes gens que nos gens ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  37. Est-il nécessaire de le voir deux fois pour juger du peu de convenance ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  38. Eh bien, je vous charge de lui dire mes dégoûts, et de l'assurer qu'ils sont invincibles ; je ne saurais me persuader qu'après cela il veuille pousser les choses plus loin. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  39. Je le hais assez sans prendre du temps pour le haïr davantage. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  40. Finissez vos portraits, on n'en a que faire ; j'ai soin que ce valet me parle peu, et dans le peu qu'il m'a dit, il ne m'a jamais rien dit que de très sage. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  41. Car enfin, vous m'obligez à le justifier ; il n'est pas question de le brouiller avec son maître, ni d'en faire un fourbe, pour me faire, moi, une imbécile qui écoute ses histoires. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  42. Comme ces gens-là vous dégradent ! (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  43. Je ne saurais m'en remettre, je n'oserais songer aux termes dont elle s'est servie, ils me font toujours peur. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  44. Il s'agit d'un valet : ah l'étrange chose ! (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  45. Je l'achèverais bien moi-même si j'en avais envie : mais je ne songe pas à toi. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  46. Ta maîtresse en partant a paru m'accuser de t'avoir parlé au désavantage de mon maître. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  47. Elle se l'imagine, et si elle t'en parle encore, tu peux nier hardiment, je me charge du reste. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  48. Désespère une passion dangereuse, sauve-moi des effets que j'en crains ; tu ne me hais, ni ne m'aimes, ni ne m'aimeras ! (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  49. J'agis de bonne foi, donne-moi du secours contre moi-même, il m'est nécessaire, je te le demande à genoux. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  50. C'est bien dommage de vous interrompre, cela va à merveille, mes enfants, courage ! (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  51. Je ne saurais empêcher ce garçon de se mettre à genoux, Monsieur, je ne suis pas en état de lui en imposer, je pense. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  52. Allez, et tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement que vous ne faites. (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  53. C'est que je suis bien lasse de mon personnage, et je me serais déjà démasquée si je n'avais pas craint de fâcher mon père. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  54. Puisque j'ai eu la complaisance de vous permettre votre déguisement, il faut, s'il vous plaît, que vous ayez celle de suspendre votre jugement sur Dorante, et de voir si l'aversion qu'on vous a donnée pour lui est légitime. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  55. Que vos discours sont désobligeants ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  56. J'essuie des expressions bien étranges ; je n'entends plus que des choses inouïes, qu'un langage inconcevable ; j'ai l'air embarrassé, il y a quelque chose, et puis c'est le galant Bourguignon qui m'a dégoûtée, c'est tout ce qui vous plaira, mais je n'y entends rien. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  57. Pour le coup, c'est toi qui es étrange. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  58. Courage, mon frère, par quelle fatalité aujourd'hui ne pouvez-vous me dire un mot qui ne me choque ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  59. Ce sont apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé comme elle a fait ; elle accusait ce valet de ne t'avoir pas entretenue à l'avantage de son maître, et Madame, nous a-t-elle dit, l'a défendu contre moi avec tant de colère, que j'en suis encore toute surprise, et c'est sur ce mot de surprise que nous l'avons querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence d'un mot. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  60. Ne l'avons-nous pas vu se mettre à genoux malgré toi ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  61. La seule chose que j'exige de toi, ma fille, c'est de ne te déterminer à le refuser qu'avec connaissance de cause ; attends encore, tu me remercieras du délai que je demande, je t'en réponds. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  62. Je ne sais ce qui se mêle à l'embarras où je me trouve, toute cette aventure-ci m'afflige, je me défie de tous les visages, je ne suis contente de personne, je ne le suis pas de moi-même. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  63. Je t'en offre autant ; mais écoute-moi, te dis-je, tu vas voir les choses bien changer de face, par ce que je te vais dire. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  64. C'est ici où tu vas juger des peines qu'a dû ressentir mon coeur. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  65. Mon père, en partant, me permit ce que j'ai fait, et l'événement m'en paraît un songe : je hais la maîtresse dont je devais être l'époux, et j'aime la suivante qui ne devait trouver en moi qu'un nouveau maître. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  66. Au point de renoncer à tout engagement, puisqu'il ne m'est pas permis d'unir mon sort au tien ; et dans cet état, la seule douceur que je pouvais goûter, c'était de croire que tu ne me haïssais pas. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  67. Un coeur qui m'a choisie dans la condition où je suis, est assurément bien digne qu'on l'accepte, et je le payerais volontiers du mien, si je ne craignais pas de le jeter dans un engagement qui lui ferait tort. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  68. Ayez compassion de ma bonne aventure, ne portez point guignon à mon bonheur qui va son train si rondement, ne lui fermez point le passage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  69. Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin ; mais un coquin peut faire un bon mariage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  70. Vous avez le langage bien précieux pour un garçon de votre espèce. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  71. Ah, le voici : c'est que malgré le ton badin que j'ai pris tantôt, je serais très fâché qu'elle t'aimât ; c'est que sans autre raisonnement, je te défends de t'adresser davantage à elle ; non pas dans le fond que je craigne qu'elle t'aime, elle me paraît avoir le coeur trop haut pour cela, mais c'est qu'il me déplaît à moi d'avoir Bourguignon pour rival. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  72. En vérité, je joue ici un joli personnage ; qu'il sorte donc. (Acte 3, scène 3, MARIO)
  73. Je ne suis pas fâché qu'il soit la dupe de son propre stratagème, et d'ailleurs, à le bien prendre il n'y a rien de si flatteur ni de plus obligeant pour lui que tout ce que tu as fait jusqu'ici ; ma fille ; mais en voilà assez. (Acte 3, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  74. Il ne pourra jamais se rappeler notre histoire sans m'aimer, je n'y songerai jamais que je ne l'aime, vous avez fondé notre bonheur pour la vie, en me laissant faire ; c'est un mariage unique ; c'est une aventure dont le seul récit est attendrissant ; c'est le coup de hasard le plus singulier, le plus heureux, le plus... (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  75. Monsieur, vous m'avez dit tantôt que vous m'abandonniez Dorante, que vous livriez sa tête à ma discrétion ; je vous ai pris au mot, j'ai travaillé comme pour moi, et vous verrez de l'ouvrage bien fait, allez, c'est une tête bien conditionnée. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  76. Mais vous me pressiez sur notre mariage, et mon père ne m'avait pas encore permis de vous répondre ; je viens de lui parler, et j'ai son aveu pour vous dire que vous pouvez lui demander ma main quand vous voudrez. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  77. Je vais le loger petitement. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  78. Pardi oui, en changeant de nom, tu n'as pas changé de visage, et tu sais bien que nous nous sommes promis fidélité en dépit de toutes les fautes d'orthographe. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  79. Tant y a que je vais la demander en mariage. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  80. Par la ventrebleu, voulez-vous gager que je l'épouse avec la casaque sur le corps, avec une souguenille, si vous me fâchez ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  81. J'ai eu beau décrier votre valet et prendre sa conscience à témoin de son peu de mérite, j'ai eu beau lui représenter qu'on pouvait du moins reculer le mariage, il ne m'a pas seulement écoutée ; je vous avertis même qu'on parle d'envoyer chez le notaire, et qu'il est temps de vous déclarer. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  82. Ni le courage d'en parler ; car vous n'auriez rien d'obligeant à me dire : adieu Lisette. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  83. Vous avez bien peur que je ne change d'avis. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  84. Ah, voilà qui est fini, il s'en va, je n'ai pas tant de pouvoir sur lui que je le croyais : mon frère est un maladroit, il s'y est mal pris, les gens indifférents gâtent tout. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  85. Laissez-moi, tenez, si vous m'aimez, ne m'interrogez point. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  86. Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  87. Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  88. Et Mario, vous n'y songez donc plus ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  89. Mon père me pardonnera dès qu'il vous aura vue, ma fortune nous suffit à tous deux, et le mérite vaut bien la naissance : ne disputons point, car je ne changerai jamais. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  90. Il ne changera jamais ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  91. Vous ne changerez jamais ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  92. Après cela, je n'ai plus rien à vous dire ; vous m'aimez, je n'en saurais douter, mais à votre tour jugez de mes sentiments pour vous, juger du cas que j'ai fait de votre coeur par la délicatesse avec laquelle j'ai tâché de l'acquérir. (Acte 3, scène 9, SILVIA)

LA PROVINCIALE (1750)

  1. Mais vous avez compagnie, et je ne veux point vous déranger. (Acte 1, scène 2, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  2. Déranger, Madame ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  3. Quant à moi, je ne sache rien qui m'arrange tant que le plaisir de vous voir. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  4. Vous allez attaquer un coeur novice dont vous aurez le pillage ; vous serez les chefs de l'action : regardez-moi comme un soldat qui demande sa paye. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  5. Si je désertais chez l'ennemi, ma désertion me vaudrait davantage. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  6. Et le Chevalier, à propos, l'avez-vous fait de grande maison, tout fils de bourgeois qu'il est ? (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  7. Elle a voulu que je demeurasse avec elle : elle me loge, me nourrit, m'a déjà fait quelques petits présents, que j'ai d'abord refusés par décence, et que j'ai acceptés par amitié. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  8. Avant mon mariage, j'ai passé quelques années avec des duchesses et même des princesses, dont j'avais l'honneur d'être la compagne gagée et qui me menaient partout, ce qui m'a acquis une expérience consommée sur les usages du beau monde, en vertu de laquelle je gouverne notre provinciale. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  9. Mais comme, d'un autre côté, la fortune lui donne de grands avantages sur une dame ruinée, j'ai la modestie de négliger les cérémonies avec la Marquise de la Thibaudière, de lui céder les honneurs du pas, et de laisser, entre elle et moi, une petite distance qui me gagne sa vanité, et qui ne me coûte que des égards et quelques flatteries, de façon que je suis tour à tour, et sa complaisante, et son oracle. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  10. Voilà un mariage qu'il faut gagner de vitesse, de peur que le remboursement ne change de place, et ne soit stipulé dans le contrat. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  11. Mais, Madame Lépine, au lieu de nous en tenir à ces petits bénéfices de passage, si nous épousions la future ; si nous tâchions de saisir le gros de l'arbre, au lieu des branches ? (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  12. Cela serait trop difficile, et puis j'irais directement contre mes préceptes : je lui ai déjà dit que, pour le bon air, il était indécent d'aimer son mari, et qu'il ne fallait garder l'amour que pour la galanterie, et non pas pour le mariage : ainsi il n'y a pas moyen. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  13. Je sors donc, songez à mes intérêts. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  14. Ha, ha, ha, courage !... (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  15. Madame, votre approbation met le comble à son éloge. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  16. Madame La Thibaudière m'a dit qu'elle avait une terre qui portait ce titre, et elle l'a pris elle-même, ce qui est assez d'usage. (Acte 1, scène 6, MADAME LÉPINE)
  17. Elle n'y songe pas. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  18. Il est vrai ; mais ce n'est pas là changer de nom : c'est prendre celui de sa terre. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  19. Mais, de grâce, ne changez rien aux manières que vous aviez il n'y a pas plus de huit jours ; et laissez là les pratiques galantes, et la coutume des comtesses, marquises et duchesses... (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  20. Que ce gentilhomme est grossier, Marquise ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  21. Madame Lépine, si Cathos changeait de nom ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  22. Oui, vous avez raison : Cathos ne vaut rien, il rappelle son ménage de province. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  23. Voyez-vous cette lettre-là qu'on est venu tantôt à genoux me prier de vous rendre ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  24. À genoux ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  25. Manquez-vous d'usage ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  26. Je sens bien que j'en aurai encore davantage. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  27. Des sièges à ces Messieurs. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  28. Non, c'est un billet doux, que je viens de recevoir, mais qui est extrêmement léger et joli ; et Monsieur, qui est de Paris, sait bien qu'il faut y répondre. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  29. Vous ne songez pas, Madame, que ce billet doux peut inquiéter Monsieur Derval. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  30. Vraiment, il faudra bien qu'il la suive ; il n'y manquera pas : mais je pense entre nous que ce n'est pas là le plus grand de vos soucis, Monsieur, et que nous ne nous chicanerons pas là-dessus ; nous savons bien que le coeur est une espèce de hors-d'oeuvre dans le mariage. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  31. Mais je l'aimerais encore mieux que le Chevalier, si c'était l'usage. (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  32. Ce garçon-ci fait une faute dont il est important de le corriger. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  33. C'est-à-dire que c'est sous ce nom-là que vous devez la servir, et que les étrangers doivent la demander. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  34. Eh bien, qu'on donne ordre là-bas que tous mes gens vous appellent Mademoiselle. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  35. Je vous en charge, Colin. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  36. La réception lui aura paru étrange. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  37. Il faut que je change tous mes gens. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  38. Cathos et La Ramée se font, du geste et des yeux, beaucoup d'amitié. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  39. Il n'est pas croyable que mon billet ait été pour vous un sujet de scandale ; votre sagesse sait vivre apparemment, et n'est ni bourgeoise ni farouche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  40. Pour cela non : il n'y a pas de sagesse à cela ; pas un brin. (Acte 1, scène 13, CATHOS)
  41. Et le témoignage du Chevalier sera sans appel. (Acte 1, scène 13, MADAME LÉPINE)
  42. Et mon ange, qu'en pense-t-il ? (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  43. Je suis si content de votre façon de penser, que je me repens de n'avoir pas bu davantage. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  44. Madame Lépine, protégez-moi toujours auprès de ce grand coeur, qui regarde vingt écus comme de la monnaie. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  45. Qu'il est gentil avec cette prunelle qui le filoute ! (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  46. C'est une preuve d'usage et d'expérience. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  47. L'emportement le corrige. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  48. On sait bien qu'une provinciale ou qu'une petite bourgeoise ne s'en accommoderait pas ; et vous n'avez qu'à voir si vous voulez qu'on dise que vous fuyez le Chevalier ; qu'une intrigue vous fait peur ; que vous vous en faites un monstre. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  49. Vous êtes encore plus belle que vous ne l'étiez il y a une heure ; un coeur ne sait que devenir avec vous, vous ne le ménagez pas, vous l'excédez ; il en faudrait une douzaine pour y suffire. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  50. Vous aimer, Marquise, vous n'y songez pas. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  51. Ne plaignez-vous pas l'argent ? (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  52. C'est une voie que je vous ouvrais pour abréger. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  53. Allons, courage, Madame, on n'a rien pour rien. (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  54. Petite ou grande, n'importe, dès que c'est l'honneur qui engage ; et puis, ce n'est point précisément par besoin qu'un cavalier emprunte en pareil cas ; c'est par galanterie ; pour faire briller une femme ; c'est un service qu'il lui rend. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  55. Si j'étais aussi riche qu'elle, je serais bientôt au premier étage. (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  56. Et l'argent aussi ? (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  57. Et que tu observeras de tutoyer La Ramée, comme il te tutoiera lui-même ; c'est l'usage. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  58. Quel dommage d'être un fourbe avec elle ! (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  59. Voilà donc pour qui vous me négligez ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  60. Vous êtes si dangereuse que je ne sais plus qu'en penser. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  61. C'est de votre régiment dont il est question ; un autre presse pour l'acheter ; son argent est tout prêt, m'a-t-on dit ; on diffère, par amitié pour vous, de conclure avec lui jusqu'à ce soir ; c'est notre ami le Maquis qui est venu m'en informer. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  62. Et vous, Mons de la Ramée, qui vous amusez ici à tourner la tête de ce petit oison de chambrière, qu'on détale, et qu'on marche devant moi tout à l'heure, pour aller payer ce marchand de vin avec l'argent que je porte et qu'un huissier vous demande ! (Acte 1, scène 22, MARTON)
  63. Avec l'argent que vous portez, bavarde ? (Acte 1, scène 22, CATHOS)
  64. Gardez votre argent, je vous conjure. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  65. Puisqu'on me met le poignard sur la gorge, et que j'ai affaire à la jalouse la plus incommode et la plus haïssable, oui, la plus haïssable... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  66. Votre emportement décide : vous insultez Madame ; et pour la venger, j'avouerai que je l'aime, et c'est son argent que j'accepte. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  67. Je te venge aussi, moi. (Acte 1, scène 22, LA RAMÉE)
  68. Pardonnez, Mesdames ; j'arrange pour dix mille écus de billets que cette dame si désespérée voulait fournir à Monsieur le Chevalier pour achever de payer un régiment qu'il achète. (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  69. C'est dommage qu'elle ait manqué. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)

LE PRINCE TRAVESTI (1727)

  1. Oui, comme d'un illustre étranger qui, ayant rencontré notre armée, y servit volontaire il y a six ou sept mois, et à qui nous dûmes le gain de la dernière bataille. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  2. Celui qui commandait l'armée l'engagea par mon ordre à venir ici ; depuis qu'il y est, ses sages conseils dans mes affaires ne m'ont pas été moins avantageux que sa valeur ; c'est d'ailleurs l'âme la plus généreuse... (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  3. Il est dans la fleur de son âge. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  4. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, cet homme-là vous a donné son coeur ; vous lui avez rendu le vôtre en revanche, c'est coeur pour coeur, le troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  5. Mais cet homme qui en vaut quatre, et que vous voulez que j'épouse, savez-vous qu'il n'est, à ce qu'il dit, qu'un simple gentilhomme, et qu'il me faut un prince ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  6. Il est vrai que dans nos Etats le privilège des princesses qui règnent est d'épouser qui elles veulent ; mais il ne sied pas toujours de se servir de ses privilèges. (Acte 1, scène 2, LA PRINCESSE)
  7. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, Madame, avec cela, fût-il né dans une chaumière, sa naissance est royale, et voilà mon Prince ; je vous défie d'en trouver un meilleur. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  8. Vous avez raison, et vous m'encouragez ; mais, ma chère Hortense, il vient d'arriver ici un ambassadeur de Castille, dont je sais que la commission est de demander ma main pour son maître ; aurais-je bonne grâce de refuser un prince pour n'épouser qu'un particulier ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  9. Quand on refuse les gens bien poliment, ne les refuse-t-on pas de bonne grâce ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  10. Je ne saurais me résoudre à montrer clairement mes dispositions à Lélio ; souffrez que je vous charge de ce soin-là, et acquittez-vous-en adroitement dès que vous le verrez. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  11. À la charge que, quand vous aurez épousé cet honnête homme-là, il y aura dans votre histoire un petit article que je dresserai moi-même, et qui dira précisément : "Ce fut la sage Hortense qui procura cette bonne fortune au peuple ; la Princesse craignait de n'avoir pas bonne grâce en épousant Lélio ; Hortense lui leva ce vain scrupule, qui eût peut-être privé la république de cette longue suite de bons princes qui ressemblèrent à leur père." Voilà ce qu'il faudra mettre pour la gloire de mes descendants, qui, par ce moyen, auront en moi une aïeule d'heureuse mémoire. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Cela est vrai, je n'y songeais pas, et voilà tout d'un coup ma postérité anéantie... (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  13. Mais trouvez-moi quelqu'un qui ait à peu près le mérite de Lélio, et le goût du mariage me reviendra peut-être ; car je l'ai tout à fait perdu, et je n'ai point tort. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  14. Les autres amants auprès de lui rampaient comme de mauvaises copies d'un excellent original, c'était une chose admirable, c'était une passion formée de tout ce qu'on peut imaginer en sentiments, langueurs, soupirs, transports, délicatesses, douce impatience, et le tout ensemble ; pleurs de joie au moindre regard favorable, torrent de larmes au moindre coup d'oeil un peu froid ; m'adorant aujourd'hui, m'idolâtrant demain ; plus qu'idolâtre ensuite, se livrant à des hommages toujours nouveaux ; enfin, si l'on avait partagé sa passion entre un million de coeurs, la part de chacun d'eux aurait été fort raisonnable. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  15. C'était un triste personnage après cela que le mien. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  16. J'avoue que cela est affligeant. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  17. Affligeant, Madame, affligeant ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  18. Voilà pourtant mes aventures ; et si je me rembarquais, j'ai du malheur, je ferais encore naufrage, à moins que de trouver un autre Lélio. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  19. Je revenais de mon château pour retourner dans la province dont mon mari était gouverneur, quand ma chaise fut attaquée par des voleurs qui avaient déjà fait plier le peu de gens que j'avais avec moi. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  20. Il n'y a pas d'apparence ; car Lélio perdit ses gens à la dernière bataille, et il n'a que de nouveaux domestiques. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  21. Si vous vouliez bien m'enseigner mon chemin, vous me feriez plaisir ; il y a ici un si grand tas de chambres, que j'y voyage depuis une heure sans en trouver le bout. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  22. Si vous louez tout cela, cela vous doit rapporter bien de l'argent, pourtant. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  23. Tout un village vivrait un an de ce que cela vaut. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  24. Ce qui fut dit, fut fait ; il prit encore d'autre monde ; et puis le voilà qui part pour venir ici, et puis moi je pars de même, et puis nous voilà en voyage, en courant la poste, qui est le train du diable ; car parlant par respect, j'ai été près d'un mois sans pouvoir m'asseoir. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  25. Je ne sais pas quelle mine ils ont, s'ils sont nobles ou vilains, gentilshommes ou laboureurs : mais que vous aviez l'air d'un enfant d'honnêtes gens. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  26. Et par où juges-tu que je pourrais être un prince ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  27. Est-ce par le nombre des équipages que j'avais quand je t'ai pris ? (Acte 1, scène 4, L?LIO)
  28. On peut avoir le coeur bon sans être prince, et pour l'avoir tel, un prince a plus à travailler qu'un autre ; mais comme tu es attaché à moi, je veux bien te confier que je suis un homme de condition qui me divertis à voyager inconnu pour étudier les hommes, et voir ce qu'ils sont dans tous les Etats. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  29. Depuis que j'ai quitté les États de mon père, et que je voyage sous ce déguisement pour hâter l'expérience dont j'aurai besoin si je règne un jour, je n'ai fait nulle_part un séjour si long qu'ici ; à quoi donc aboutira-t-il ? (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  30. Non, Madame ; je ne l'exige point non plus ; ce bonheur-là n'est pas fait pour moi, et je ne mérite sans doute que votre indifférence. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  31. Je vois bien que vous ne voudrez jamais en apprendre davantage. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  32. Voici un coup de hasard qui change mes desseins ; il ne s'agit plus maintenant d'épouser la Princesse ; tâchons de m'assurer parfaitement du coeur de la personne que j'aime, et s'il est vrai qu'il soit sensible pour moi. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  33. Voilà de grands transports ; mais je n'ai pas charge de les rapporter ; j'ai dit ce que j'avais à vous dire, vous m'avez entendue ; je n'ai pas le temps de le répéter, et je n'ai rien à savoir de vous. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  34. Y songez-vous ? (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  35. Vous savez que le premier secrétaire d'État de la Princesse vient de mourir, et je vous avoue que j'aspire à sa place ; dans le rang où je suis ; je n'ai plus qu'un pas à faire pour la remplir ; naturellement elle me paraît due ; il y a vingt-cinq ans que je sers l'État en qualité de conseiller de la Princesse ; je sais combien elle vous estime et défère à vos avis, je vous prie de faire en sorte qu'elle pense à moi ; vous ne pouvez obliger personne qui soit plus votre serviteur que je le suis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  36. Et par où jugez-vous que l'amitié dont je vous parle ne soit pas vraie ? (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  37. J'ignore si vous avez craint la confiance dont elle m'honore ; mais depuis que je suis ici, vous n'avez rien oublié pour lui donner de moi des idées désavantageuses, et vous tremblez tous les jours, dites-vous, que je ne sois un espion gagé de quelque puissance, ou quelque aventurier qui s'enfuira au premier jour avec de grandes sommes, si on le met en état d'en prendre. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  38. Puisque vous êtes si bien instruit, je vous avouerai franchement que mon zèle pour l'État m'a fait tenir ces discours-là, et que je craignais qu'on ne se repentît de vous avancer trop ; je vous ai cru suspect et dangereux ; voilà la vérité. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  39. Vous ne vouliez me perdre que parce que vous me soupçonniez d'être dangereux pour l'État ? (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  40. Non, en homme d'honneur, je ne suis pas fait pour me venger de vous. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  41. Unissons nos intérêts, et devenez mon gendre. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  42. Ce mariage-là serait une conspiration contre l'État, il faudrait travailler à vous faire ministre. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  43. Un espion devenir votre gendre ! (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  44. Ah vous voilà dans votre figure naturelle, je vous vois le visage à présent ; il n'est pas joli, mais cela vaut toujours mieux que le masque que vous portiez tout à l'heure. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  45. Vous faites mieux qu'un autre tout ce que vous voulez faire ; et quand votre présence sera nécessaire à l'armée, vous choisirez pour exercer vos fonctions ici ceux que vous en jugerez les plus capables : ce que vous ferez n'est pas sans exemple dans cet État. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  46. Madame, vous avez d'habiles gens ici, d'anciens serviteurs, à qui cet emploi convient mieux qu'à moi. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  47. C'est aujourd'hui le jour de ma naissance, et ma cour, suivant l'usage me donne aujourd'hui une fête que je vais voir. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  48. Aimes-tu l'argent ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  49. J'ai bon pain, bon vin, bonne fricassée et bon visage, cent écus par an, et les étrennes au bout ; cela n'est-il pas magnifique ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  50. Tu me cites là de beaux avantages ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  51. Voilà une pleine boutique de vivres, d'argent et de friandises ; par la sanguenne, vous m'aimez beaucoup, pourtant ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  52. Observe tout soigneusement ; et en attendant que je te récompense entièrement voilà par avance de l'argent que je te donne encore. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  53. Tu me serviras de meilleur courage en l'attendant. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  54. Quoi tu mets mon argent dans ta poche, et tu refuses de me servir ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  55. Ne parlons point de votre argent, il est fort bon, je n'ai rien à lui dire ; mais, tenez, j'ai opinion que vous voulez me donner un office de fripon ; car qu'est-ce que vous voulez faire des paroles du seigneur Lélio, mon maître, là ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  56. Il y a de la malice là-dessous ; vous avez l'air d'un sournois ; je m'en vais gager dix sols contre vous, que vous ne valez rien. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  57. Tu n'y songes pas, Arlequin. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  58. Songes-tu bien que je t'offre la fortune, et que tu la perds ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  59. Je songe que cette commission-là sent le tricot tout pur ; et par bonheur que ce tricot fortifie mon pauvre honneur, qui a pensé barguigner. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  60. Tenez, votre jolie fille, ce n'est qu'une guenon ; vos emplois, de la marchandise de chien ; voilà mon dernier mot, et je m'en vais tout droit trouver la Princesse et mon maître ; peut-être récompenseront-ils le dommage que je souffre pour l'amour de ma bonne conscience. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  61. Si tu parles, malheureux que tu es, je prendrai de toi une vengeance terrible. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  62. Moi, je prends cela, parce que je suis honnête, et puis vous me fourbez encore avec je ne sais combien d'autres pistoles que j'ai dans ma poche, et que je ferai venir en témoignage contre vous, comme quoi vous avez mitonné le coeur d'un innocent, qui a eu sa conscience et la crainte du bâton devant les yeux, et qui sans cela aurait trahi son bon maître, qui est le plus brave et le plus gentil garçon, le meilleur corps qu'on puisse trouver dans tous les corps du monde, et le factotum de la Princesse ; cela se peut-il souffrir ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  63. Je n'ai que cela pour tout potage, moi. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  64. Quand je nierais le fait, c'est un homme simple qu'on n'en croira que trop sur une infinité d'autres présomptions, et la quantité d'argent que je lui ai donné prouve encore contre moi. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  65. Avez-vous encore de cet argent jaune ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  66. J'aurai un commis ; et pour l'argent qu'il m'en coûtera, vous me donnerez une bonne pension de cent écus par an. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  67. Cela me confond ; je ne mérite pas le pain que je mange. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  68. Voulez-vous que je m'en accuse à genoux, ou bien sur mes deux jambes ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  69. Je ne veux ni vous battre ni vous voir à genoux ; je me contenterai de savoir ce que vous avez dit. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  70. Mais, m'amour, je n'avais pas encore vu votre gentil minois... ois... ois... ois... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  71. Allez, mon ami, ne songez plus à cela. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  72. Je voudrais pouvoir vous entretenir fainéante toute votre vie : manger, boire et dormir, voilà l'ouvrage que je vous souhaite. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  73. Je suis un grand nigaud ; mais, au bout du compte, cela avait la mine d'une friponnerie, comme j'ai la mine d'Arlequin ; je suis fâché d'avoir vilipendé ce bon seigneur Frédéric ; je lui ai fait donner tout son argent ; par bonheur je ne suis pas obligé à restitution ; je ne devinais pas qu'il y avait une prédiction qui me donnait le tort. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  74. Cet argent-là m'était dû comme une lettre de change ; si j'allais le rendre, cela gâterait l'horoscope, et il ne faut pas aller à l'encontre d'un astrologue. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  75. Monsieur le conseiller fera bien ses orges de ces bribes-là que je ramasse, et je vois bien que cela me vaudra pignon sur rue. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  76. C'est que le seigneur Frédéric m'a promis tout plein mes poches d'argent, si je lui contais un peu ce que vous êtes, et tout ce que je sais de vous ; il m'a bien recommandé le secret, et je suis obligé de le garder en conscience ; ce que j'en dis, ce n'est que par manière de parler. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  77. Vous savez que je suis pauvre ; l'argent qui m'en viendra, je le mettrai en rente ou je le prêterai à usure. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  78. Oui, reçois son argent ; je veux bien que tu lui rapportes ce que je t'ai dit que j'étais, et ce que tu sais. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  79. Adieu, Arlequin, va gagner ton argent. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  80. Un butor aurait été chagriner son maître sans lui en demander honnêtement le privilège. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  81. Ne vous fâchez point ; je suis dans une situation d'esprit qui mérite un peu d'indulgence. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  82. Oui ; mais les faiblesses d'un enfant de votre âge sont dangereuses, et je voudrais bien n'avoir rien à démêler avec elles. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  83. Quel étrange amour que le vôtre, Madame ! (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  84. Les remarques me suivent, je n'y saurais tenir ; vous me désespérez, je vous tourmente, toujours je vous fâcherai en parlant, toujours je vous fâcherai en ne disant mot : je ne saurais donc me corriger ; voilà une querelle fondée pour l'éternité ; le moyen de vivre ensemble, j'aimerais mieux mourir. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  85. Lélio m'a regardée, vous ne savez que penser, vous ne me comprenez pas, vous m'estimez, vous me croyez fourbe ; haine, amitié, soupçon, confiance, le calme, l'orage, vous mettez tout ensemble, je m'y perds, la tête me tourne, je ne sais où je suis ; je quitte la partie, je me sauve, je m'en retourne ; dussiez-vous prendre encore mon voyage pour une finesse.. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  86. Non, ma chère ; je vais faire arrêter tous vos équipages, vous ne vous servirez que des miens ; et, pour plus de sûreté, à toutes les portes de la ville vous trouverez des gardes qui ne vous laisseront passer qu'avec moi. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  87. Nous irons quelquefois nous promener ensemble ; voilà tous les voyages que vous ferez ; point de mutinerie ; je n'en rabattrai rien. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  88. Ne m'en parlez plus, vous m'affligez. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  89. Voici Lélio, qu'apparemment Arlequin aura averti de ma part ; prenez de grâce, un air moins triste ; je n'ai qu'un mot à lui dire ; après l'instruction que vous lui avez donnée, nous jugerons bientôt de ses sentiments, par la manière dont il se comportera dans la suite. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  90. Vous venez d'entendre la Princesse ; elle veut que je prononce sur le mariage qu'on lui propose. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  91. Si vous cherchez à m'attendrir, je vous avertis que je vous quitte ; je n'aime point qu'on exerce mon courage. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  92. En vérité, Monsieur, vous n'y songez pas : il n'est que trop vrai ! (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  93. Vous ne me ménagez point ; aime-t-on les gens quand on les persécute, quand ils sont plus à plaindre que nous, quand ils ont leurs chagrins et les nôtres, quand ils ne nous font un peu de mal que pour éviter de nous en faire davantage ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  94. Voilà pourquoi vous ne l'aurez point ; voilà d'où me vient ce courage que vous me reprochez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  95. Arrêtez, Lélio ; j'envisage un malheur qui me fait frémir ; je ne sache rien de si cruel que votre obstination ; il me semble que tout ce que vous me dites m'entretient de votre mort. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  96. Je ne pense pas qu'à présent vous ayez envie de parler de votre amour ; ainsi changeons de sujet. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  97. Quand je vous apprendrais qui je suis, cela ne servirait de rien ; vos refus n'en seraient que plus affligeants. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  98. Il s'agit d'un mariage entre votre Princesse et le roi de Castille, mon maître. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  99. Effectivement vos droits ne sont pas fondés, et il n'est pas besoin d'en appuyer le mariage dont il s'agit. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  100. Vous ne vous êtes soutenus que par des secours étrangers. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  101. Retranchons-nous sur des choses plus effectives, sur la tranquillité durable que ce mariage assurerait aux deux peuples qui ne seraient plus qu'un, et qui n'auraient plus qu'un même maître. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  102. Votre avis est donc de rejeter le mariage que je propose ? (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  103. Il faut examiner mûrement les choses ; après quoi, je conseillerai à la Princesse ce que je jugerai de mieux pour sa gloire et pour le bien de ses peuples ; le seigneur Frédéric dira ses raisons, et moi les miennes. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  104. Vous êtes ici dans une belle situation, et vous craignez d'en sortir, si la Princesse se marie ; mais le Roi mon maître est assez grand seigneur pour vous dédommager, et j'en réponds pour lui. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  105. On m'a averti que je vous trouverais contraire au mariage dont il s'agit, tout convenable, tout nécessaire qu'il est, si jamais la Princesse veut épouser un prince. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  106. Voyons ; j'en sais tant là-dessus, que je suis en état de corriger vos leçons mêmes. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  107. N'importe ; je serai bien aise de voir jusqu'où va la lâche inimitié de ceux dont je blesse ici les yeux, que vous connaissez comme moi, et à qui j'aurais fait bien du mal si j'avais voulu, mais qui ne valent pas la peine qu'un honnête homme se venge. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  108. La Princesse n'est sans doute que l'objet de vos respects ; mais le bruit qui court sur votre compte vous expose, et pour le détruire, je vous conseillerais de porter la Princesse à un mariage avantageux à l'État. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  109. Le roi de Castille a pris de l'inclination pour la Princesse sur un portrait qu'il en a vu ; c'est en amant que ce jeune prince souhaite un mariage que la raison, l'égalité d'âge et la politique doivent presser de part et d'autre. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  110. S'il ne s'achève pas, si vous en détournez la Princesse par des motifs qu'elle ne sait pas, faites du moins qu'à son tour ce prince ignore les secrètes raisons qui s'opposent en vous à ce qu'il souhaite ; la vengeance des princes peut porter loin ; souvenez-vous-en. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  111. Il serait plus difficile de se venger de moi que vous ne pensez. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  112. Soit ; et moi je n'ai, si vous le voulez, que mon coeur pour tout avantage ; mais les égards que l'on doit à la seule vertu sont aussi légitimes que les respects que l'on doit aux princes ; et fussiez-vous le roi de Castille même, si vous êtes généreux, vous ne sauriez penser autrement. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  113. Cependant je continuerai à vous respecter, puisque vous dites qu'il le faut, sans pourtant en examiner moins si le mariage dont il s'agit est vraiment convenable. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  114. Je n'ai point d'argent sur moi, mais je t'en promets au sortir d'ici. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  115. Cet argent promis m'envoie des scrupules ; si vous pouviez me donner des gages ; ce petit diamant qui est à votre doigt, par exemple ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  116. Quand cela promet de l'argent, cela tient parole. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  117. Oui ; mais ne dis rien de tes engagements avec moi. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  118. Quand vous êtes arrivée, Madame, il venait, disait-il, me déclarer quelque chose qui vous concerne, et que le zèle qu'il a pour vous l'oblige de découvrir. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  119. Eh quoi Madame, pouvez-vous prêter l'oreille aux discours de pareilles gens ? (Acte 2, scène 11, HORTENSE)
  120. Quand il a eu dit cela, il n'a rien dit davantage, il s'est promené ; ensuite il y a pris un grand frisson. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  121. Car, a-t-il repris, j'ai lorgné ma gentille maîtresse pendant cette belle fête ; et si cette Princesse, qui est plus fine qu'un merle, a vu trotter ma prunelle, mon affaire va mal, j'en dis du mirlirot. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  122. Qu'est-ce que c'est que tout ce tripotage-là ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  123. Toutes ces paroles-là ont mauvaise mine ; mon patron songe à la malice, et il faut avertir cette pauvre Princesse à qui on en ferait passer quinze pour quatorze. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  124. Je bataillais, je bataillais comme un César ; vous m'auriez mangé de plaisir en voyant mon courage ; à la fin je suis chu. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  125. Il me doit encore une pension de cent écus par an, et j'ai déjà reçu la fillette, que je ne puis pas vous montrer, parce qu'elle n'est pas là ; sans compter une prophétie qui a parlé, à ce qu'ils disent, de mon argent, de ma fortune et de ma friponnerie. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  126. Madame, si vous voyiez sa face, vous seriez ravie ; avec cette créature-là, il faut que l'honneur d'un homme plie bagage, il n'y a pas moyen. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  127. Tenez, Madame, voilà encore sa bague qu'il m'a mise en gage pour de l'argent qu'il me doit donner tantôt. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  128. Vous qui êtes une princesse, si on vous donnait tant d'argent, de pensions, de bagues, et un joli garçon, est-ce que vous y pourriez tenir ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  129. J'aurai bon air en cage ! (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  130. Vous savez bien le privilège que vous m'avez donné tantôt ; eh bien ce privilège est ma perdition : pour deux ou trois petites miettes de paroles que j'ai lâchées de vous à la Princesse, elle veut que je garde la chambre ; et j'allais faire mes fiançailles. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  131. Oui, c'est fort bien dit ; il m'a corrompu ; j'avais le coeur plus net qu'une perle ; j'étais tout à fait gentil ; mais depuis que je l'ai fréquenté, je vaux moins d'écus que je ne valais de mailles. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  132. Suis-je dans un âge à souhaiter un emploi si fatigant ? (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  133. J'allais dans ce cas parler à la Princesse, et la détourner, autant que j'aurais pu, de remettre tant de pouvoir entre des mains dangereuses et tout à fait inconnues. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  134. J'ai combattu vos desseins, parce qu'ils m'ont paru dangereux. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  135. Peut-être êtes-vous digne qu'ils réussissent, et la manière dont vous en userez avec moi dans l'état où je suis, l'usage que vous ferez de votre crédit auprès de la Princesse, enfin la destinée que j'éprouverai, décidera de l'opinion que je dois avoir de vous. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  136. N'importe, je vous le pardonne, sauvez-vous, je vous en promets encore davantage. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  137. Qu'a-t-elle répondu à votre message ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  138. Vous jugez bien que, dans l'état où je suis, j'ai besoin de consolation, Hortense ; et ce n'est qu'à vous seule à qui je puis ouvrir mon coeur. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  139. Je crains, à mon tour, que votre ménagement pour moi n'ait été plus loin que vous ne dites ; peut-être ne l'avez-vous pas entretenu de mes sentiments ; peut-être l'avez-vous trouvé prévenu pour une autre ; et vous, qui prenez à mon coeur un intérêt si tendre, si généreux, vous m'avez fait un mystère de tout ce qui s'est passé ; c'est une discrétion prudente, dont je vous crois très capable. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  140. C'est moi qui vous suis à charge ; notre conversation vous fatigue, je le sens bien ; mais cependant restez, vous me devez un peu de complaisance. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  141. Lélio, disiez-vous tantôt, m'a regardée pendant la fête, Arlequin en dit autant, vous me condamnez là-dessus, vous n'envisagez que moi : voilà comment l'amour juge. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  142. Je suis prête à partir tout à l'heure, indiquez-moi l'endroit où vous voulez que j'aille, ôtez-moi la liberté, s'il est nécessaire, rendez-la ensuite à Lélio, faites-lui un accueil obligeant, rejetez sa détention sur quelques faux avis ; montrez-lui dès aujourd'hui plus d'estime, plus d'amitié que jamais, et de cette amitié qui le frappe, qui l'avertisse de vous étudier ; et dans trois jours, dans vingt-quatre heures, peut-être saurez-vous à quoi vous en tenir avec lui. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  143. Je vous offre tout ce qui dépend de moi pour vous calmer, bien mortifiée de n'en pouvoir faire davantage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  144. Je l'ai envoyé chercher, et je veux le charger du soin de mettre Lélio en lieu où il ne pourra me nuire ; il m'échapperait s'il était libre, et me rendrait la fable de toute la terre. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  145. Voilà d'étranges résolutions, Madame. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  146. Arlequin est le seul par qui je puisse vous avertir de ce que j'ai à vous dire, tout dangereux qu'il est peut-être de s'y fier ; il vient de me donner une preuve de fidélité, sur laquelle je crois pouvoir hasarder ce billet pour vous, dans le péril où vous êtes. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  147. À l'égard de l'honneur, je n'y touche pas ; j'attends toujours à la dernière extrémité pour décider contre les gens là-dessus. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  148. La Princesse a des desseins contre Lélio, dont elle doit vous charger ; détournez-la de ces desseins ; obtenez d'elle que Lélio sorte dès à présent de ses Etats ; vous n'obligerez point un ingrat. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  149. C'est fort bien dit, Madame ; car les aventuriers prennent leurs mesures ; il est vrai que, lorsqu'on les tient, on peut les engager à révéler leur secret. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  150. Si vous saviez de qui vous parlez, vous changeriez bien de langage ; je n'ose en dire plus, je jetterais peut-être Lélio dans un nouveau péril. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  151. Quoi qu'il en soit, les avantages que vous trouveriez à le servir n'ont point de rapport à sa fortune présente ; ceux dont je vous entretiens sont d'une autre sorte, et bien supérieurs. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  152. La Princesse a fait arrêter Lélio, et elle ne pouvait se déterminer à rien de plus sage. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  153. Sur ce pied-là, Madame, loin de conseiller à la Princesse de laisser échapper un homme aussi dangereux que Lélio, et qui pourrait le devenir encore, vous approuverez que je lui montre la nécessité qu'il y a de m'en laisser disposer d'une manière qui sera douce pour Lélio, et qui pourtant remédiera à tout. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  154. Madame, je crois que vous voudrez bien me dispenser d'en écouter davantage ; je puis me passer de vous entendre achever mon éloge. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  155. Sauvez Lélio, Seigneur, engagez la Princesse à vous le confier ; vous serez charmé de l'avoir servi, quand vous le connaîtrez, et le roi de Castille même vous saura gré du service que vous lui rendrez. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  156. Madame, puis-je espérer que vous voudrez bien obliger le roi de Castille ? (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  157. Ce prince, en me chargeant des intérêts de son coeur auprès de vous, m'a recommandé encore d'être secourable à tout le monde ; c'est donc en son nom que je vous prie de pardonner à Lélio les sujets de colère que vous pouvez avoir contre lui. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  158. La prière que vous me faites aurait suffi, Monsieur, pour m'engager à rendre la liberté à Lélio, quand même je n'y aurais pas été déterminée ; mais votre recommandation doit hâter mes résolutions, et je ne l'envoie chercher que pour vous satisfaire. (Acte 3, scène 10, LA-PRINCESSE)
  159. Madame, il ne me siérait pas d'en entendre davantage ; c'est le roi de Castille lui-même qui reçoit le bonheur dont vous le comblez. (Acte 3, scène 11, L'AMBASSADEUR)
  160. Pourtant, sans moi, il y aurait eu encore du tapage. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)

LES FAUSSES CONFIDENCES (1738)

  1. Laissons cela, Monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m'avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j'aime ; et si j'avais bien de l'argent, il serait encore à votre service. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  2. Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  3. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  4. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  5. En vérité, tout ceci a l'air d'un songe. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  6. J'entends Madame qui vient, et comme, grâce aux arrangements de Monsieur_Remy, vos intérêts sont presque les miens, ayez la bonté d'aller un moment sur la terrasse, afin que je la prévienne. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  7. Rien ne m'affligerait tant à présent que de la perdre. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  8. Mes façons ne vous feront point changer de sentiment. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  9. Il est vrai que je suis toujours fâchée de voir d'honnêtes gens sans fortune, tandis qu'une infinité de gens de rien et sans mérite en ont une éclatante. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  10. C'est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n'avez que trente ans tout au plus ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  11. Je représente à Madame que cela ne serait pas juste : je ne donnerai pas ma peine d'un côté, pendant que l'argent me viendra d'un autre. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  12. Il faut que vous ayez mon service, puisque j'aurai vos gages ; autrement je friponnerais, Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  13. Eh bien, Marton, ma fille a un nouvel intendant que son procureur lui a donné, m'a-t-elle dit : j'en suis fâchée ; cela n'est point obligeant pour Monsieur_le_Comte, qui lui en avait retenu un. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  14. À trente ans, on est en âge d'être intendant de maison, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  15. Vous allez donc faire ici votre apprentissage ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  16. Mais Madame_la_Comtesse_Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d'une si grande distinction, qu'il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l'avoue, je serai charmée moi-même d'être la mère de Madame_la_Comtesse_Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car Monsieur_le_Comte_Dorimont est en passe d'aller à tout. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  17. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu'il y a de n'être qu'une bourgeoise. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  18. Vous n'y êtes point ; ce n'est pas là ce qu'on vous dit ; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  19. C'est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonne de la tromper à son avantage, entendez-vous ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  20. Elle est extrêmement entêtée de ce mariage, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  21. Vous m'excuserez : ce sera toujours l'engager à prendre un parti qu'elle ne prendrait peut-être pas sans cela. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  22. Oh ça, il y a une petite raison à laquelle vous devez vous rendre ; c'est que Monsieur_le_Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat ; et cet argent-là, suivant le projet de Monsieur_Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  23. C'est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j'ai prié qu'on m'en dispensât. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  24. Il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  25. Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies... (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  26. Vous ne croiriez pas jusqu'où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  27. Je me fis même ami d'un de vos gens qui n'y est plus, un garçon fort exact, et qui m'instruisait, et à qui je payais bouteille. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  28. C'est chez Madame celle-ci, c'est chez Madame celle-là ; et sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir Madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés ; car c'était dans l'hiver ; lui, ne s'en souciant guère ; moi, jurant par-ci par-là pour me soulager. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  29. Je suis si lasse d'avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l'avoir, parce qu'il a de la probité ; ce n'est pas que je sois fâchée, car je suis bien au-dessus de cela. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  30. Est-ce que vous croyez qu'il songe à être aimé ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  31. Oui, Madame, et vous alliez, je crois, ajouter que vous n'étiez pas portée à ce mariage. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  32. J'avais envie de vous charger d'examiner l'affaire, afin de savoir si je ne risquerais rien à plaider ; mais je crois devoir vous dispenser de ce travail ; je ne suis pas sûre de pouvoir vous garder. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  33. Je n'ai pas le courage de l'affliger !... (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  34. Madame est bonne et sage ; mais prenez garde, ne trouvez-vous pas que ce petit galant-là fait les yeux doux ? (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  35. J'ai même consulté plusieurs personnes, l'affaire est excellente ; et si vous n'avez que le motif dont vous parlez pour épouser Monsieur_le_Comte, rien ne vous oblige à ce mariage. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  36. Je l'affligerai beaucoup, et j'ai de la peine à m'y résoudre. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  37. Il ne serait pas juste de vous sacrifier à la crainte de l'affliger. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  38. N'êtes-vous pas un peu trop prévenu contre le mariage, et par conséquent contre Monsieur_le_Comte ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  39. Je viens d'apprendre que le concierge d'une de vos terres est mort : on pourrait y mettre un de vos gens ; et j'ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  40. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu'ils ont servis. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  41. Tenez, Madame, jugez-en vous-même ; voici de quoi il est question : c'est une dame de trente-cinq ans, qu'on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction ; qui ne déclare pas son nom ; qui dit que j'ai été son procureur ; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu'elle prouvera ; qui a vu Monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu'il n'a pas de bien, et qui offre de l'épouser sans délai. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  42. Oui, Monsieur ; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne l'épouserais pas ; nous ne serions heureux ni l'un ni l'autre : j'ai le coeur pris ; j'aime ailleurs. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  43. Est-ce là votre dernier mot, berger fidèle ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  44. Je ne saurais changer de sentiment ; Monsieur. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  45. Voilà le rêveur ; et pour excuse, il allègue son coeur que vous avez pris ; mais comme apparemment il n'a pas encore emporté le vôtre, et que je vous crois encore à peu près dans tout votre bon sens, vu le peu de temps qu'il y a que vous le connaissez, je vous prie de m'aider à le rendre plus sage. (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  46. Courage ! (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  47. Parlons à cet intendant ; s'il ne faut que de l'argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l'épargnerai pas. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  48. Ces gens-là ne sont bons à rien. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  49. Il nous a dit qu'on ne la remît qu'à lui-même, et qu'il viendrait la prendre ; mais comme mon père est obligé de partir demain pour un petit voyage, il m'a envoyé pour la lui rendre, et on m'a dit que je saurais de ses nouvelles ici. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  50. Tout a réussi, elle prend le change à merveille ! (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  51. Ensuite vient un homme qui apporte ce portrait, qui vient chercher ici celui à qui il appartient ; je l'interroge : à tout ce qu'il répond, je reconnais Dorante. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  52. Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu'un ostrogoth menace mon maître d'un mot ; j'en demande justice à Madame. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  53. En arrangeant l'appartement de Monsieur Dorante, j'ai vu par hasard un tableau où Madame est peinte, et j'ai cru qu'il fallait l'ôter, qu'il n'avait que faire là, qu'il n'était point décent qu'il y restât ; de sorte que j'ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m'en empêcher, et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  54. Interrogez-le ; sachons ce que c'est. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  55. Il vous déplaira ; je ne vous en dis pas davantage, en attendant de plus fortes preuves. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  56. Il aura pourtant beau faire, je déclare que je renonce à tout procès avec vous ; que je ne veux pour arbitre de notre discussion que vous et vos gens d'affaires, et que j'aime mieux perdre tout que de rien disputer. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  57. Le mariage terminerait tout, et le vôtre est comme arrêté. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  58. C'est ton étourderie qui me force actuellement de te parler, sous prétexte de t'interroger sur ce que tu sais de lui. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  59. Il n'y a rien de plus facile à raccommoder : ce rapport sera que des gens qui le connaissent m'ont dit que c'était un homme incapable de l'emploi qu'il a chez vous ; quoiqu'il soit fort habile, au moins : ce n'est pas cela qui lui manque. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  60. Me fierais-je à un désespéré ? Ce n'est plus le besoin que j'ai de lui qui me retient, c'est moi que je ménage. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  61. Oui, il n'y a qu'un moment, dans le jardin où il a voulu presque se jeter à mes genoux pour me conjurer de lui garder le secret sur sa passion, et d'oublier l'emportement qu'il eut avec moi quand je le quittai. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  62. J'augurais beaucoup de ce mariage avec Marton ; je croyais qu'il m'oublierait, et point du tout, il n'est question de rien. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  63. Vraiment non, voilà les usages ; je ne sais pas comment je le traiterai ; je n'en sais rien, je verrai. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  64. Le voici, j'ai envie de lui tendre un piège. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  65. Vous leur avez refusé de m'en faire accroire sur le chapitre du procès ; conformez-vous à ce qu'ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l'événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  66. Il change de couleur. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  67. Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr... Avez-vous écrit ? (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  68. Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  69. Madame, je ne songe point à elle. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  70. Vous ne songez point à elle ! (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  71. Je ne vous interroge que par étonnement. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  72. Madame, songez que j'aurais perdu mille fois la vie, avant d'avouer ce que le hasard vous découvre. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  73. À quoi songez-vous ? (Acte 2, scène 17, DUBOIS)
  74. Allez donc la lui donner : je me charge du reste auprès de Marton que je vais trouver. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  75. L'heure du courage est passée. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  76. Elle est confuse de ce que Marton m'a surpris à ses genoux. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  77. Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  78. Êtes-vous en état de juger de rien ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  79. Mais, à propos, il vient tout à l'heure d'appeler Arlequin pour lui donner une lettre : si nous pouvions la saisir, peut-être en saurions-nous davantage. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  80. Une lettre, oui-da ; ne négligeons rien. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  81. Voici Monsieur_Remy : je n'ai pas le temps de vous en dire davantage, et je vais m'éclaircir. (Acte 3, scène 4, MARTON)
  82. Courage ! (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  83. Je ne me croyais pas si dangereuse à voir. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  84. Mais dès que vous devinez de pareils secrets, que ne devinez-vous que tous mes gens sont comme lui ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  85. Ma foi, Madame, à l'âge de mon neveu, je ne m'en tirerais pas mieux qu'on dit qu'il s'en tire. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  86. Vos gens ne vous font pas peindre, vos gens ne se mettent point à contempler vos portraits, vos gens n'ont point l'air galant, la mine doucereuse. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  87. Je suis d'ailleurs comme tout le monde : j'aime assez les gens de bonne mine. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  88. C'est-à-dire que le personnage sait peindre. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  89. Mais seulement du peu que je vaux auprès d'elle, tout honoré que je suis de l'estime de tant d'honnêtes gens. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  90. Bon voyage au galant. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  91. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu'il veut courir ; voilà le mal ; car au reste, s'il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu'il adore. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  92. Quoique je n'aie aucune part à ce qui vient de se passer, je ne m'aperçois que trop, Madame, que je ne suis pas exempt de votre mauvaise humeur, et je serais fâché d'y contribuer davantage par ma présence. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  93. Vous n'y songez pas, Araminte ; on ne sait que penser. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  94. Je ne suis venu que pour dire une chose ; c'est que je pense qu'il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à Madame de le voir davantage ; ce n'est pas la peine. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  95. Il m'importait peu d'en être instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  96. Monsieur Dorante vous demande à genoux qu'il vienne ici vous rendre compte des paperasses qu'il a eues dans les mains depuis qu'il est ici. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  97. Et j'ai de l'argent à vous remettre. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  98. De l'argent... nous verrons. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  99. Je ne pourrai de longtemps m'en dédommager. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  100. Vous donner mon portrait ! songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ? (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  101. Si j'apprenais cela d'un autre que de vous, je vous haïrais sans doute ; mais l'aveu que vous m'en faites vous-même dans un moment comme celui-ci, change tout. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  102. Monsieur_le_Comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n'y faut plus penser : vous méritez qu'on vous aime ; mon coeur n'est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d'un rang qui vous convienne. (Acte 3, scène 13, ARAMINTE)
  103. Je songeais à me retirer ; j'ai deviné tout ; Dorante n'est venu chez vous qu'à cause qu'il vous aimait ; il vous a plu ; vous voulez lui faire sa fortune : voilà tout ce que vous alliez dire. (Acte 3, scène 13, LE COMTE)
  104. Qu'il soit votre mari tant qu'il vous plaira ; mais il ne sera jamais mon gendre. (Acte 3, scène 13, MADAME ARGANTE)

LE LEGS (1736)

  1. Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge il est vrai de m'épouser, ou de m'en donner deux cent mille ; cela est à son choix ; mais le Marquis ne sent rien pour moi. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Mais à quoi jugez-vous que la Comtesse ne le hait pas ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  3. Aussi ne parle-t-elle de lui qu'avec éloge. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. D'ailleurs, le Marquis est d'un âge qui lui convient ; elle n'est plus de cette grande jeunesse : il a trente-cinq ou quarante ans, et je vois bien qu'elle serait charmée de vivre avec lui. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  5. Vous n'êtes point assez riche pour m'épouser avec deux cent mille francs de moins ; je suis bien aise de vous les apporter en mariage. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. Ce début encourage. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  7. Je ne prétends vous engager à rien et voici de quoi il est question ; le Marquis, votre maître, vous estime, Lépine ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  8. Qu'elle ne songe point du tout au Marquis, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Madame, permettez que je vous rende votre argent. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  10. C'est qu'il me semble que voilà précisément le service que vous exigez de moi, et c'est précisément celui que je ne puis vous rendre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  11. Ma maîtresse est veuve ; elle est tranquille ; son état est heureux ; ce serait dommage de l'en tirer ; je prie le Ciel qu'elle y reste. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Quant à moi, je garde mon lot ; rien ne m'oblige à restitution. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  13. Monsieur_le_Marquis vit dans le célibat ; mais le mariage, il est bon, très bon, il a ses peines, chaque état a les siennes ; quelquefois le mien me pèse ; le tout est égal. (Acte 1, scène 2, L?PINE)
  14. Abrégeons. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  15. À mon exemple, envisagez-moi, je vous prie ; faites-en l'épreuve. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  16. Quelquefois pourtant nombre de gens ont estimé que j'étais un garçon assez revenant ; mais nous y retournerons ; c'est partie à remettre. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  17. Vous me direz que nos gens sont étranges personnes, et je vous l'accorde. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  18. Le Marquis, homme tout simple, peu hasardeux dans le discours, n'osera jamais aventurer la déclaration ; et des déclarations, la Comtesse les épouvante ; femme qui néglige les compliments, qui vous parle entre l'aigre et le doux, et dont l'entretien a je ne sais quoi de sec, de froid, de purement raisonnable. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  19. Dans cette conjoncture, j'opine que nous encouragions ces deux personnages. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  20. J'ai fait un petit calcul là-dessus, au moyen duquel je trouve que tous vos arrangements me dérangent et ne me valent rien. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  21. Je n'y changerai pas une syllabe. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  22. Selon vous, il ne faut pas que nos gens se marient ; il faut qu'ils s'épousent, selon moi, je le prétends. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  23. Adieu, Lisette ; ne me nuis pas, voilà tout ce que j'exige. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  24. N'exigez rien ; ne gênons point Mademoiselle. (Acte 1, scène 5, LÉPINE)
  25. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins ; gardez-moi votre coeur, c'est un dépôt que je vous laisse. (Acte 1, scène 5, L?PINE)
  26. Il ne t'aura peut-être parlé que d'estime ; il en a beaucoup pour moi, beaucoup ; il me l'a marquée en mille occasions d'une manière fort obligeante. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  27. Sur ce pied-là, je le plains ; car ce n'est pas un étourdi ; il faut qu'il le sente puisqu'il le dit, et ce n'est pas de ces gens-là qu'on se moque ; jamais leur amour n'est ridicule. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  28. Quel sot langage de domestique ! (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  29. Non, non, je ne changerai rien à ma façon de vivre avec lui. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  30. Les domestiques sont haïssables ; il n'y a pas jusqu'à leur zèle qui ne vous désoblige. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  31. Courage, Monsieur ; l'accueil est gracieux, presque tendre ; c'est un coeur qui demande qu'on le prenne. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  32. Vous n'y songez pas. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  33. Je vous prie, ne me ménagez point ; vous pouvez tout sur moi, marquis ; je suis bien aise de vous le dire. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  34. Vous y êtes ; elle songe trop à ses grâces. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  35. Je pense qu'à cet égard-là les autres songent aussi peu à moi que j'y songe moi-même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  36. J'en connais qui ne vous disent pas tout ce qu'ils songent. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  37. Vous parlez de gens sans façon ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  38. Oui ; mais je songe à une chose ; n'y aurait-il pas moyen de me sauver le deux cent mille francs ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  39. Vous me flattez, vous encouragez ma franchise. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  40. Je vous encourage ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  41. Mettez-vous donc dans l'esprit que je ne demande qu'à vous obliger, qu'il n'y a que l'impossible qui m'arrêtera, et que vous devez compter sur tout ce qui dépendra de moi. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  42. Ne perdez point cela de vue, étrange homme que vous êtes, et achevez hardiment. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  43. Je ne suis pas une âme sauvage. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  44. Ce serait bien dommage... (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  45. Courage ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  46. J'aime les gens simples et unis ; mais en vérité celui-là l'est trop. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  47. Il est vrai, c'était de vous dont il m'entretenait ; il songeait à vous proposer ce mariage. (Acte 1, scène 11, LA COMTESSE)
  48. J'en conviens ; mais le temps se passe ; on est distrait ; on ne sait pas si les gens sont de votre avis. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  49. Demandez qu'on presse notre mariage. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  50. Ses affaires exigent qu'il sache à quoi s'en tenir ; il n'y a rien de si simple, et il a raison ; il n'osait le dire, et je le dis pour lui. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  51. Mais qui est-ce qui songeait à avoir un notaire aujourd'hui ? (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  52. Vous aurez la bonté d'attendre à demain, Monsieur le Chevalier ; vous n'êtes pas si pressé ; votre fantaisie n'est pas d'une espèce à mériter qu'on se gêne tant pour elle ; ce serait ce soir ici un embarras qui nous dérangerait. (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  53. Lisette, on doit passer ce soir un contrat de mariage entre Monsieur_le_Marquis et moi ; il veut tout à l'heure faire partir Lépine pour amener son notaire de Paris ; ayez la bonté de lui dire qu'il vienne recevoir ses ordres. (Acte 1, scène 13, HORTENSE)
  54. En fait de mariage, je ne veux ni m'en mêler, ni que mes gens s'en mêlent. (Acte 1, scène 13, LA COMTESSE)
  55. Il s'agit d'un contrat de mariage entre Madame et votre maître, et il faut aller à Paris chercher le notaire de Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  56. Ce n'est pas la peine que je voyage pour avoir le vôtre ; je le compte pour mort. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  57. Je me brisai hier d'une chute sur l'escalier ; je roulai tout un étage, et je commençais d'en entamer un autre quand on me retint sur le penchant. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  58. Jugez de la douleur ; je la sens qui m'enveloppe. (Acte 1, scène 14, L?PINE)
  59. Ce garçon qui est tout froissé, qui a roulé un étage, je m'étonne qu'il ne soit pas au lit. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  60. Obligez-moi de me dispenser de la commission. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  61. Monsieur traite avec vous de sa ruine ; vous ne l'aimez point, Madame ; j'en ai connaissance, et ce mariage ne peut être que fatal ; je me ferais un reproche d'y avoir part. (Acte 1, scène 14, L?PINE)
  62. Allez toujours écrire ; un de mes gens portera la lettre, ou quelqu'un du village. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  63. Partageons le différend en deux ; il y a deux cent mille francs sur le testament ; prenez-en la moitié, quoique vous ne m'aimiez pas, et laissons là tous les notaires, tant vivants que morts. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  64. Vous n'y pensez pas, Monsieur ; cent mille francs ne peuvent entrer en comparaison avec l'avantage de vous épouser, et vous ne vous évaluez pas ce que vous valez. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  65. J'en aurai le plaisir ; il faudra bien que l'amour vous vienne ; et, pour début de mariage, je prétends, s'il vous plaît, que Monsieur le Chevalier ait la bonté d'être notre ami de loin. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  66. C'est s'égorger que se marier comme vous faites, et je ne prêterai jamais ma maison pour une si funeste cérémonie ; vos fureurs iront se passer ailleurs, si vous le trouvez bon. (Acte 1, scène 17, LA COMTESSE)
  67. Le mariage ne vous fait-il pas trembler ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  68. Pour moi, je serais d'avis qu'on les empêchât absolument de s'engager ; et un notaire honnête homme, s'il était instruit, leur refuserait tout net son ministère. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  69. Et de pareils gens disent qu'ils aiment ! (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  70. Non ; voilà qui est fini, je ne saurais le mépriser davantage. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  71. Je n'irai pas m'incommoder jusque-là ; je ne pourrais pas les trouver sans me déranger. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  72. En aimerais-je une autre davantage ? (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  73. Il vous a semblé que j'étais un serviteur excellent ; Madame, ce sont les termes de la louange dont votre justice m'a gratifié. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  74. Elle prétend que votre état de veuve lui rapporte davantage que ne ferait votre état de femme en puissance d'époux, que vous lui êtes plus profitable, autrement dit, plus lucrative. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  75. Mademoiselle, vous allez trouver le temps orageux ; mais ce n'est qu'une gentillesse de ma façon pour obtenir votre coeur. (Acte 1, scène 22, LÉPINE)
  76. Et enfin, je pense si différemment, que je venais actuellement, comme je vous l'ai dit, tâcher de vous porter au mariage en question, parce que je le juge nécessaire. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  77. Je ne savais pas que Lépine vous aimait ; et cela change tout, c'est un article qui vous justifie. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  78. Que je songeais que le Marquis est un homme estimable. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  79. Je n'ai connu mes migraines que depuis mon veuvage. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  80. Procureurs, avocats, fermiers, le Marquis vous délivrerait de tous ces gens-là. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  81. Et puis, voyez le service que vous lui rendrez chemin faisant, en rompant le triste mariage qu'il va conclure plus par désespoir que par intérêt ! (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  82. Voulez-vous que j'en parle à Lépine, et que je lui insinue de l'encourager ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  83. Voyez comme votre mariage diminuera mes profits. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  84. Il n'a voulu que vous rendre service ; il craint que vous ne le congédiiez, et vous m'obligerez de le garder ; c'est une grâce que vous ne me refuserez pas, puisque vous dites que vous m'aimez. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  85. Apprenez donc, lorsqu'on dit aux gens qu'on les aime, qu'il faut du moins leur demander ce qu'ils en pensent. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)

LA RÉUNION DES AMOURS (1732)

  1. Vous ne faisiez que des sots, que des imbéciles ; moi je ne fais que des gens de courage. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  2. Elle a sa charge, et moi la mienne ; elle est faite pour régir l'univers, et moi pour l'entretenir, déterminez-vous, vous dis-je : mais je ne vous prends qu'à condition que vous quitterez je ne sais quel air de dupe que vous avez sur la physionomie. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  3. Et moi, si vous tirez, je vous rendrai sage. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  4. De Minerve, la déesse de la sagesse ? (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  5. Tu sais bien qu'elle ne nous aime pas ; mais elle a beau faire, nous avons un peu plus de crédit qu'elle : nous rendons les gens heureux, nous, morbleu ! (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  6. Par exemple, il n'y a plus de tranquillité dans le mariage ; vous ne sauriez laisser la tête des maris en repos ; vous mettez toujours après leurs femmes quelque chasseur qui les attrape. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  7. Ce n'est point à moi à vous donner des leçons ; mais prenez-y garde : ce sont les hommes, ce sont les femmes qui crient, qui disent que c'est vous qui passez les contrats de la moitié des mariages. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  8. Ce sont des malices qui ne finissent point ; sans compter votre libertinage : car Bacchus, dit-on, vous fait faire tout ce qu'il veut ; Plutus, avec son or, dispose de votre carquois ; pourvu qu'il vous donne, toute votre artillerie est à son service, et cela n'est pas joli ; ainsi, tenez-vous en repos, et changez de conduite. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  9. Puisque vous m'exhortez à changer, vous avez donc envie de vous retirer, seigneur Mercure ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  10. Oubliez-vous que c'est moi qui met tout en mouvement, que c'est moi qui donne la vie ; qu'il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus sémillant, plus vivant que tous les dieux ensemble ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  11. Vous entendre raisonner tous les deux sur la nature de vos feux, pour juger lequel de vos dons on doit préférer dans cette occasion ici : et c'est de quoi même je suis chargé de vous informer. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  12. Je n'y songeais pas ; cela fait un sujet bien plus piquant, plus animé. (Acte 1, scène 5, MERCURE)
  13. Oui, tout le monde gesticule. (Acte 1, scène 5, MERCURE)
  14. C'est Philis qu'on attaque, qui combat, qui se défend mal ; c'est un beau bras qu'on saisit ; c'est une main qu'on adore et qu'on baise ; c'est Philis qui se fâche ; on se jette à ses genoux, elle s'attendrit, elle s'apaise ; un soupir lui échappe : Ah ! (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  15. Mais vous êtes bien hardi d'interroger la Vérité. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  16. Courage ! (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  17. Continuez de m'interroger. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  18. Vengez-vous en vous corrigeant. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  19. De quoi me corriger ? (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  20. Car enfin, n'est-ce pas vous qui dictez tous les éloges flatteurs qui se débitent ? (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  21. Quand j'ouvre un livre, et que je vois le nom d'une vertueuse personne à la tête, je m'en réjouis ; mais j'en ouvre un autre, il s'adresse à une personne admirable ; j'en ouvre cent, j'en ouvre mille ; tout est dédié à des prodiges de vertu et de mérite. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  22. Et où se tiennent donc tous ces prodiges ? (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  23. Et ce qu'il y a de plaisant, c'est que ceux que vous travestissez prennent le masque que vous leur donnez pour leur visage. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  24. Faites tout ce qu'il vous plaira ; la Sagesse et moi, nous remplirons son âme d'un si grand amour pour les vertus, que vos flatteurs seront réduits à parler de lui comme j'en parlerai moi-même. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  25. Vous fournirez les actions au Prince, et je me charge du soin de les célébrer. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  26. Ce que c'est que les gens d'esprit ! (Acte 1, scène 7, MERCURE)
  27. Tôt ou tard ils deviennent honnêtes gens. (Acte 1, scène 7, MERCURE)
  28. L'un de vous deux doit avoir quelque droit sur son coeur, mais la raison doit primer sur tout ; et vous êtes accusé de ne la ménager guère. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  29. Sage Minerve, vous devant qui je m'estime heureux de réclamer mes droits... (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  30. Je croirais manquer de respect et faire outrage à vos lumières, si je vous soupçonnais capable d'hésiter entre lui et moi. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  31. Vous, qui n'avez pour attribut que le vice, digne héritage d'une origine aussi impure que la vôtre ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  32. Funeste auteur des plus honteuses flétrissures des hommes, qui, pour récompense à ceux qui vous suivent, ne leur laissez que le déshonneur, le repentir et la misère en partage : osez-vous vous comparer à moi, au dieu de la plus noble, de la plus estimable, de la plus tendre des passions et j'ose dire, de la plus féconde en héros ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  33. Il faut que les hommes vivent un peu plus bourgeoisement les uns avec les autres, pour être en repos. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  34. Il est beau de l'être ; mais la raison n'admire que les sages. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  35. Il y a le respect, la sagesse, l'honneur, qui sont commis à sa garde. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  36. Voilà ses officiers ; c'est à eux à la défendre du danger qu'elle court ; et ce danger, c'est moi. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  37. Quand je la bats, elle me le pardonne : quand elle me bat, je ne l'en estime pas moins, et elle ne m'en hait pas davantage. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  38. Jugez-nous, Déesse, sur ce qu'il vient d'avouer lui-même. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  39. Et cet enfant-là, je vous prie, y avait-il rien de plus sage que de lui donner pour père et pour mère des parents joyeux qui le fissent naître sans cérémonie dans le sein de la joie ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  40. Je suspends encore mon jugement entre vous deux. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  41. Vous me direz, après, laquelle vous aura paru du caractère le plus estimable ; et je jugerai par là lequel de leurs dons peut entraîner le moins d'inconvénients dans l'âme du Prince. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  42. Vous jugeriez mieux de ce que nous valons par nos coups. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  43. Ses flammes héroïques ont peur de mon feu bourgeois. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  44. Je pourrais avoir peur, si nous avions pour juge une âme commune ; mais avec la Vertu, je n'ai rien à craindre. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  45. Voilà qui est bien ; votre langage est décent. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  46. Combien de fois n'ai-je pas été tenté de me jeter à vos genoux ! (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  47. C'est l'Amour à vos genoux qui vous parle. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  48. Voici le plus heureux instant qui me soit échu en partage. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  49. Finissez, Cupidon ; je vous défends de parler davantage. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  50. Oui ; mais la Vertu est sage, et vous fuit. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  51. Cupidon, la Vertu décidait contre vous ; et moi-même j'allais être de son sentiment, si Jupiter n'avait pas jugé à propos de vous réunir, en vous corrigeant, pour former le coeur du Prince. (Acte 1, scène 14, MINERVE)
  52. Je vous apprendrai à n'être plus si sot ; et vous m'apprendrez à être plus sage. (Acte 1, scène 14, CUPIDON)

LA FEMME FIDÈLE (1750)

  1. Il n'y a pas de danger : on nous croit du temps du déluge ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. C'est le village. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  3. Quand son mari mourut, il me chargea de lui rendre une lettre qu'il écrivit, de lui dire même de certaines choses, si j'étais assez heureux pour revenir dans ma patrie ; et je viens m'acquitter de ma commission, malgré l'âge où je suis. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  4. Dites-moi, braves gens, ce pauvre Frontin qui s'embarquit de compagnie avec noute maître, que lui est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  5. Faut que tout le village danse, c'est moi qui mènerai le branle ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  6. J'ai mes raisons : tu sais combien j'aimais la Marquise ; il n'y avait qu'un mois que nous étions mariés, quand je fus obligé de la quitter pour ce malheureux voyage en Sicile, au retour duquel nous fûmes pris par un corsaire d'Alger ; nous avons depuis passé dix ans dans de différents esclavages, sans qu'il m'ait été possible de donner de mes nouvelles à la Marquise, et, malgré cette longue absence, je reviens toujours plein d'amour pour elle, fort en peine de savoir si ma mémoire lui est encore chère, et c'est avec l'intention d'éprouver ce qui en est que j'ai pris ce déguisement. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  7. Elle va pourtant se marier, Colas, on me l'a dit dans le village. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  8. Alle faisait compassion à tout le monde, alle n'avait appétit à rien, un oiseau mangeait plus qu'elle... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  9. Garde-moi le secret, Colas ; et toi, Frontin, reste ici et dis à la Marquise qu'un gentilhomme qui arrive d'Alger, et qui est dans ce village, envoie savoir s'il peut la voir pour lui parler de feu son mari. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  10. Oui, Madame, du pays d'Alger. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  11. D'Alger ? (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  12. Je voudrais pouvoir soulager tous ceux qui ont langui dans les fers avec mon mari. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  13. Mon maître m'envoie demander s'il peut voir Madame la Marquise : c'est un gentilhomme des plus respectables et des plus décrépis. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  14. Il apporte d'Alger certaines circonstances touchant le défunt Marquis d'Ardeuil. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  15. Mais d'aujourd'hui nous ne finirons de captifs, tout Alger va fondre ici ! (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  16. Refuser de recevoir un homme qui a été l'ami de mon mari, et qui vient exprès ici pour m'en parler, vous n'y songez pas, Dorante ; ce n'est point là me connaître. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  17. Tout ceci n'aboutira qu'à vous replonger dans vos tristesse, ma fille. (Acte 1, scène 4, MADAME ARGANTE)
  18. Je ne vous conçois pas : y a-t-il de la raison à aimer ce qui chagrine, et ne voyez-vous pas d'ailleurs que vous affligez Dorante ? (Acte 1, scène 4, MADAME ARGANTE)
  19. Vous étiez bien en droit de regarder la maison de Monsieur_le_Marquis comme la vôtre, et de descendre ici tout d'un coup, sans s'arrêter dans le village. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  20. Je vous demande pardon si je m'attendris moi-même ; je trouble peut-être quelque engagement nouveau : il me semble que ma commission n'est pas ici au gré de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  21. À vous dire vrai, Monsieur, voilà Monsieur, à qui vous auriez fait grand plaisir de la négliger : il va épouser ma fille, mettez-vous à sa place. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  22. Mon ami est donc heureux de ne plus vivre et d'avoir ignoré ce mariage ; du moins est-il mort avec la douceur de penser que Madame serait inconsolable. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  23. Vous ne sauriez croire combien vous m'affligez, ma mère, vous ne vous y prenez pas bien, vous me désespérez. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  24. Le Marquis l'aimait beaucoup, il vous l'a dit, il est mort en vous le répétant, ce doit être là tout, il ne saurait guère y en avoir davantage. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  25. Je le reconnais, c'est le dernier gage qu'il reçut de mon amour, et il l'a gardé jusqu'à la mort. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  26. Dorante, souffrez que je vous laisse, je ne saurais à présent en écouter davantage ; j'ai besoin de quelque moment de liberté ; et vous, Monsieur, demeurez quelques jours ici pour vous reposer, ne me refusez pas cette grâce : je vais donner des ordres pour cela... (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  27. Ne voyez-vous pas que vous l'affligez, Monsieur, avec vos narrations ? (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  28. Nous sommes des personnages tout à fait bénins. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  29. Ah ça, Monsieur, après tout, vous avez l'air d'un galant homme ; à votre âge, on a eu le temps de le devenir, et je crois que vous l'êtes. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  30. Ne nuisez donc point à Monsieur, ne reculez point son mariage. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  31. Abrégez avec elle, et ménagez sa faiblesse là-dessus : à quoi bon l'attendrir pour un homme qui n'est plus au monde ? (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  32. Figurez-vous que depuis dix ans nous n'osons pas prononcer son nom devant elle ; qu'elle a vécu dans l'accablement pendant près de huit ans, qu'elle a refusé vingt mariages meilleurs que celui du Marquis. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  33. Mais enfin il n'est plus, et si vous connaissiez Monsieur, vous verriez qu'elle ne perd pas au change. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  34. Je ferai donc en sorte que Madame la Marquise ne le regrette pas davantage. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  35. Le ciel nous aurait fait une grande grâce de vous laisser à Alger. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  36. Voilà, je vous l'avoue, un étrange mort, avec sa misérable lettre ! (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  37. Et plus étrange encore le vieillard qui s'en est chargé ! (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  38. Impertinent, vous en mériteriez sans votre âge. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  39. Ils aimeraient nous voir morts, mais nous prétendons vieillir bien davantage, ah ! ah ! (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  40. Oui, je n'ai pas lieu de m'en plaindre, et malgré ce mariage qui allait se terminer, je crois qu'elle ne sera pas fâchée de me retrouver. (Acte 1, scène 7, LE MARQUIS)
  41. Je veux voir jusqu'où va son inclination pour mon rival, et si la lettre que je lui rendrai l'engagera sans peine à rompre son mariage. (Acte 1, scène 7, LE MARQUIS)
  42. Monsieur, n'êtes-vous pas l'homme d'Alger ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  43. Oui, oui, ça est juste : faut pas que les gens du dehors sachiont les petites broutilles du ménage ; j'allons nous jeter de côté, Jeannot et moi. (Acte 1, scène 9, COLAS)
  44. Vous avez pourtant su nous taxer d'honnêtes gens. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  45. J'y suis, c'est de l'argent qu'il demande. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  46. Et vous, Monsieur, vous avez tout l'air d'un aventurier qui par son industrie veut prolonger ici un séjour qui l'accommode. (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  47. Quittez le château, Monsieur, nous vous donnerons de l'argent pour faire votre voyage. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  48. Monsieur, comment avez-vous le courage de me tenir ce discours, dans l'attendrissement où vous me voyez ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  49. J'aime votre sensibilité, et je la respecte, mais vous n'êtes pas instruit ; c'est l'ami de mon mari même que je vais prendre pour juge : ne vous imaginez pas que mon coeur soit coupable ; que le vôtre ne gémisse point, le Marquis n'est point trompé. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  50. Il est question d'un mariage, Madame, et, suivant toute apparence, vous ne vous mariez pas sans amour. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  51. Vous me trouvez prête à terminer un mariage, et je ne vous dis pas que je haïsse celui que j'épouse ; non, je ne le hais point, j'aurais tort : c'est un honnête homme. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  52. Ai-je pour lui des sentiments qui pussent affliger le Marquis ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  53. J'y mis pourtant une condition, qui était de renvoyer une seconde fois à Alger ; et tout ce qu'on m'en apporta fut un nouveau certificat de la mort du Marquis. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  54. Oui, Madame, on s'est trompé ; il est vrai que la plus grande partie des captifs mourut à Alger pendant que nous y étions ; mais nous trouvâmes le moyen de nous sauver, et c'est notre disparition qui a fait l'erreur : je suis dans le même cas, et le Marquis mourut dans notre fuite, ou du moins il se mourait quand je fus obligé de le quitter. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  55. Parlez, Monsieur ; déjà je romps tout : plus de mariage ! (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  56. Monsieur, je n'ai plus rien à dire, jugez de mon embarras, et je me sauve bien confuse de tout ce qui s'est passé. (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)

L'ÉCOLE DES MÈRES (1732)

  1. J'ai dit que je voulais te parler, et l'on m'a répondu que je te trouverais ici, sans m'en demander davantage. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  2. Tu vois bien que ce mariage-là ne convient point. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  3. Pour nous, Frontin, nous ne nous chargeons que de faciliter l'entretien, auquel je serai présente ; mais de ce qu'on y résoudra, nous n'y trempons point, cela ne nous regarde pas. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  4. Si fait, cela nous regarderait un peu, si cette petite conversation nocturne que nous leur ménageons dans la salle était découverte ; d'autant plus qu'une des portes de la salle aboutit au jardin, que du jardin on va à une petite porte qui rend dans la rue, et qu'à cause de la salle où nous les mettrons, nous répondrons de toutes ces petites portes-là, qui sont de notre connaissance. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  5. Ma fille vous dit assez volontiers ses sentiments, Lisette ; dans quelle disposition d'esprit est-elle pour le mariage que nous allons conclure ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  6. C'est, je pense, ce qu'elle pouvait apprendre de mieux à son âge. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  7. Oui, une fille dissipée, élevée dans un monde coquet, qui a plus entendu parler d'amour que de vertu, et que mille jeunes étourdis ont eu l'impertinente liberté d'entretenir de cajoleries ; mais une fille retirée, qui vit sous les yeux de sa mère, et dont rien n'a gâté ni le coeur ni l'esprit, ne laisse pas que d'être alarmée quand elle change d'état. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  8. Il est bien question de l'âge d'un mari avec une fille élevée comme la mienne ! (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  9. S'il n'en est pas question avec Mademoiselle votre fille, il n'y aura guère eu de prodige de cette force-là ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  10. Qu'entendez-vous avec votre prodige ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  11. J'entends qu'il faut, le plus qu'on peut, mettre la vertu des gens à son aise, et que celle d'Angélique ne sera pas sans fatigue. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  12. On adore mal à son âge. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  13. Vous m'interrogez, et je vous réponds sincèrement. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  14. Vous voyez, ma fille, ce que je fais aujourd'hui pour vous ; ne tenez-vous pas compte à ma tendresse du mariage avantageux que je vous procure ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  15. Oui : comment regardez-vous le mariage en question ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  16. Je vous demande pardon ; je n'y songeais pas, ma mère. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  17. Eh bien, songez-y donc, et souvenez-vous qu'ils me déplaisent. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  18. Etes-vous plus sage que moi ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  19. Ce mariage ne vous plaît donc pas ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  20. Aussi voyez-vous que vous en êtes récompensée ; je ne vous donne pas un jeune extravagant qui vous négligerait peut-être au bout de quinze jours, qui dissiperait son bien et le vôtre, pour courir après mille passions libertines ; je vous marie à un homme sage, à un homme dont le coeur est sûr, et qui saura tout le prix de la vertueuse innocence du vôtre. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  21. Vous n'en devez point avoir d'autres que ceux de Monsieur Damis, aux volontés de qui vous vous conformerez toujours, ma fille ; nous sommes sur ce pied-là dans le mariage. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  22. C'est une espèce de loi qu'on nous a imposée ; et qui dans le fond nous fait honneur, car entre deux personnes qui vivent ensemble, c'est toujours la plus raisonnable qu'on charge d'être la plus docile, et cette docilité-là vous sera facile ; car vous n'avez jamais eu de volonté avec moi, vous ne connaissez que l'obéissance. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  23. Je vous laisse, songez à tout ce que je vous ai dit ; et surtout gardez ce goût de retraite, de solitude, de modestie, de pudeur qui me charme en vous ; ne plaisez qu'à votre mari, et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  24. J'en suis à m'affliger, comme tu vois. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  25. Mais avec ces sentiments-là, que ne refusez-vous courageusement Damis ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  26. Tu as raison : mais quand ma mère me parle, je n'ai plus d'esprit ; cependant je sens que j'en ai assurément ; et j'en aurais bien davantage, si elle avait voulu ; mais n'être jamais qu'avec elle, n'entendre que des préceptes qui me lassent, ne faire que des lectures qui m'ennuient, est-ce là le moyen d'avoir de l'esprit ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  27. Moi qui suis naturellement vertueuse, sais-tu bien que je m'endors quand j'entends parler de sagesse ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  28. Et pourquoi est-ce que vous portez ce visage-là ? (Acte 1, scène 8, CHAMPAGNE)
  29. Est-ce qu'il n'est pas permis à mon cousin La Ramée d'avoir son visage ? (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  30. Voilà bien, en effet, des discours d'un butor comme toi, Champagne : est-ce qu'il n'y a pas mille gens qui se ressemblent ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  31. Laisse ce minois-là en repos ; ton éloge le déshonore. (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  32. C'est que Lisette ne veut point de moi, et outre cela j'ai vu la physionomie de Monsieur votre fils sur le visage d'un valet. (Acte 1, scène 10, CHAMPAGNE)
  33. Il y a déjà bonne compagnie assemblée chez moi, c'est-à-dire, une partie de ma famille, avec quelques-uns de nos amis, car pour les vôtres, vous n'avez pas voulu leur confier votre mariage. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  34. Il est vrai que les avantages que vous lui faites... (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  35. Tous les trésors du monde ne sont rien au prix de la beauté et de la vertu qu'elle m'apporte en mariage. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  36. Enfin, charmante Angélique, je puis donc sans témoins vous jurer une tendresse éternelle : il est vrai que mon âge ne répond pas au vôtre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  37. Si vous vous en contentez, et moi aussi, et s'il n'est pas malhonnête d'avouer aux gens qu'on ne les aime point, je ne serai plus embarrassée. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  38. Que vous êtes bon et obligeant ! (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  39. N'allez pourtant pas dire à ma mère que je vous ai confié que je ne vous aime point, parce qu'elle se mettrait en colère contre moi ; mais faites mieux ; dites-lui seulement que vous ne me trouvez pas assez d'esprit pour vous, que je n'ai pas tant de mérite que vous l'aviez cru, comme c'est la vérité ; enfin, que vous avez encore besoin de vous consulter : ma mère, qui est fort fière, ne manquera pas de se choquer, elle rompra tout, notre mariage ne se fera point, et je vous aurai, je vous jure, une obligation infinie. (Acte 1, scène 12, ANG?LIQUE)
  40. Mais il n'est pas possible que je m'en doute si cela n'est pas vrai ; autrement ce serait être de mauvaise foi ; et, malgré toute l'envie que j'ai de vous obliger, je ne saurais dire une imposture. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  41. Ne m'en demandez pas davantage ; puisque vous ne voulez que vous douter que j'aime, en voilà plus qu'il n'en faut pour votre probité, et je vais vous annoncer là-haut. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  42. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-être employé contre elle ; au reste je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure ; il est actuellement dans ma chambre ; Lisette en a fait mon parent, et dans quelques moments, elle doit l'introduire ici même où je suis chargé d'éteindre les bougies, et où elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  43. Si je vois que l'amour d'Angélique aille à un certain point, il ne s'agit plus de mariage ; cependant je tremble. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR-DAMIS)
  44. Qu'on est malheureux d'aimer à mon âge ! (Acte 1, scène 14, MONSIEUR DAMIS)
  45. Tenez, Monsieur, voilà tout votre attirail, jusqu'à un masque : c'est un visage qui ne vous donnera que dix-huit ans, vous ne perdrez rien au change ; ajustez-vous vite ; bon ! (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  46. Je crois qu'il vient à moi ; changeons de place. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-DAMIS)
  47. Ne la retirez pas, Angélique, et dédommagez Eraste du plaisir qu'il n'a point de voir vos beaux yeux, par l'assurance de n'être jamais qu'à lui ; parlez, Angélique. (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  48. Il faut que vous ayez mal entendu, Eraste : est-ce qu'on méprise les gens qu'on aime ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  49. Ménager des intrigues à mon insu ! (Acte 1, scène 18, MADAME-ARGANTE)
  50. Vos avis sont prudents, vos maximes sont sages ; v.5 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  51. Si bien fermer tous les passages, v.8 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  52. Si mes soins pouvaient t'engager, v.27 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  53. dis-je au berger. v.31 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)

LE PRÉJUGE VAINCU (1746)

  1. La nôtre était la meilleure de tout le village, et que trop bonne ; c'est ce qui nous a ruinés. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Oui, qui jugeait le monde, qui était honoré d'un chacun, qui avait un grand renom. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Stapendant vous ne sarvez qu'un bourgeois. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Et si, dès aujourd'hui, on m'élevait à la dignité de concierge du château que nous avons à une lieue d'ici, votre ambition serait-elle satisfaite avec un mari de ce rang-là ? (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  5. Courage, mes enfants, vous ne vous haïssez pas, ce me semble ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  6. C'est une concierge que j'arrête pour votre château ; je concluais le marché, et je lui donnais des arrhes. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  7. Il m'a tant parlé de sa raison pardue, d'épousailles, et des circonstances de ma parsonne : il a si bian agencé ça avec vote châtiau, que me velà concierge, autant vaut. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Malgré les grands biens que m'a laissé mon père, je suis d'une famille de simple bourgeoisie. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  9. Je vais d'ailleurs être revêtu d'une charge qui donne un rang considérable ; d'un autre côté, je suis étroitement lié d'amitié avec le Marquis, qui me verrait volontiers devenir son gendre ; et malgré tout ce que je dis là, pourtant, je me suis tu. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  10. J'ai observé qu'elle est plus touchée qu'une autre de cet avantage-là, et la fierté que je lui crois là-dessus m'a retenu jusqu'ici. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  11. C'est vote biauté qui l'y oblige, ce li fais-je. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Hier encore, je li disais, toujours à vote endroit : Madame, queu dommage qu'il soit bourgeois de nativité ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  13. T'as raison, Lisette, me répartit-elle ; oui, ma fille, c'est dommage ; cette nativité est fâcheuse ; car le parsonnage est agriable, il fait plaisir à considérer, je n'en vas pas à l'encontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. Il n'y a que les gentilshommes qui soyont son prochain, le reste est quasiment de la formi pour elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Mon intention, Lisette, était d'abord de t'engager à me servir auprès d'Angélique ; mais cela serait inutile, à ce que je vois ; et il me vient une autre idée. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  16. Je sors d'avec le Marquis, à qui, sans me nommer, j'ai parlé d'un très riche parti qui se présentait pour sa fille ; et sur tout ce que je lui en ai dit, il m'a permis de le proposer à Angélique ; mais je juge à propos que tu la préviennes avant que je lui parle. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  17. D'un autre bourgeois ainsi que vous ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. Peut-être qu'alle vous excuserait, vous, maugré la bourgeoisie ; mais n'y aura pas de marci pour un pareil à vous ; alle dégrignera vote homme, alle dira que c'est du fretin. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  19. Un homme jeune, opulent, un bourgeois de sa sorte. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  20. Jusque-là que j'ai craint qu'à la fin il ne m'obligeât à le refuser lui-même. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  21. Avoir un visage qui ment, est-il permis ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  22. C'est manque de monde : ces petits messieurs-là, pour avoir bonne grâce, croient qu'il n'y a qu'à se prosterner et à dire des fadeurs, ils n'en savent pas davantage. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  23. Qui a l'air assez commun pourtant, l'air de ces gens-là ; mais ce qu'il avait d'aimable pour moi, c'est son attachement pour mon père, à qui même il a rendu quelque service : voilà ce qui le distinguait à mes yeux, comme de raison. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  24. C'est donc quelque chose de bien étrange ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  25. Attendez ; ne serait-il pas question d'un certain mariage, dont Lisette m'a déjà parlé ? (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  26. Consolez-vous donc par politesse, et changeons de matière. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  27. Je parle votre langage ; je réponds à vos exagérations par les miennes. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  28. Vous avez une douleur profonde pour avoir pensé à un mariage dont je me contente de rire. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  29. Sans doute, on a des places et des dignités avec de l'argent ; elles ne sont pas glorieuses : venons au fait. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  30. Croyez-moi, Dorante, vous estimez trop les biens : et le bon usage que vous faites des vôtres vous excuse. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  31. Car la plupart de ces gens-là sont des espèces, vous le savez. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  32. Pour vous prouver que je n'y songe plus, j'ai envie de vous prier de rester encore avec nous quelque temps ; vous me verrez peut-être incessamment mariée. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  33. Vous avez sans doute proposé à ma fille le mariage dont vous m'avez parlé ? (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  34. Quel est cet honnête homme de vos amis qui songeait à ma fille, et qui se serait cru si heureux de partager ses grands biens avec elle ? (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  35. Que j'aurais été content de vous voir mon gendre ! (Acte 1, scène 6, LE-MARQUIS)
  36. Gageons qu'alle a été bian rudanière envars vous, bian ridicule et malhonnête. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  37. J'ons rencontré ce petit bourgeois, qui avait l'air pus sot, pus benêt ; sa phisolomie était plus longue, alle ne finissait point ; c'était un plaisir. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  38. C'est toi qui n'es qu'une étourdie, qui n'as pas eu le moindre jugement avec lui. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  39. J'ons pourtant cotume d'avoir toujours mon jugement. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  40. Ça est biau et mêmement vénérable, mais vote père est bonhomme ; il ne voudrait pas vous bailler de petites gens en mariage. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  41. Pour ça oui, un gentil caractère, un brave coeur, qui se trouvait là de rencontre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  42. Mais pour à l'égard du Baron, il y aura du répit ; car il est à Paris qui plaide ; les procureurs et les avocats ne le lâcheront pas sitôt, et j'avons de la marge. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  43. Il arrive, ce malheureux Baron ; il a gagné son maudit procès que l'on croyait immortel, qui ne devait finir que dans cent ans ; il l'a gagné par je ne sais quelle protection qu'on lui a procuré ; car il y a toujours des gens qui se mêlent de ce dont ils n'ont que faire. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  44. Il ne songe qu'à son Dorante. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  45. Un moyen qui te sera même avantageux, et je suis d'avis que tu ailles le trouver de ma part. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  46. Vous le savez bien, Madame, vous qui nous renvoyez tous deux, mon maître et moi, comme de trop minces personnages ; ce qui fait que nous partons. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  47. Nous n'arriverons jamais à Paris que défunts, quoique à la fleur de notre âge ; car nous méritions de vivre. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  48. Il faudra bien du moins que Dorante retarde de quelques jours ; car toute réflexion faite, j'allais dire à Lisette que j'approuve qu'elle t'épouse ; et ton maître, qui t'aime, assistera sans doute à ton mariage. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  49. Si c'est mal fait, je vous en charge. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  50. Un concierge a bien son mérite. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  51. Il ne tient qu'à vous de le retarder, en vous mariant avantageusement. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  52. Ce n'est même que sous prétexte de votre mariage que j'envoie chercher Dorante ; et si votre refus continue, je ne vous verrai de ma vie. (Acte 1, scène 9, ANG?LIQUE)
  53. Je tombe à vos genoux, Madame, sauvez la petite. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  54. Lève-toi donc, tu n'y songes pas. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  55. Tout ce que je vous demande, c'est de la voir ; je n'en exige pas davantage. (Acte 1, scène 12, LE-MARQUIS)
  56. Il a tantôt proposé un mariage qui m'a d'abord répugné, j'en conviens. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  57. Votre refus m'afflige, Madame, mais je le respecte, et n'en murmure point. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  58. Vous m'excuserez, mon père, vous ne voulez pas me le dire, et vous me ménagez ; mais vous étiez très mécontent de moi. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  59. Il est vrai, Monsieur, j'avais à vous appendre que je consentais à son mariage avec Lisette. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  60. Madame, épargnez-moi, de grâce, le désespoir d'être témoin de votre mariage avec le Baron. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  61. Je n'ai pas l'audace d'en demander davantage. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  62. Vous avez triomphé d'une fierté que je désavoue, et mon coeur vous en venge. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  63. Dorante à vos genoux, ma fille ! (Acte 1, scène 16, LE-MARQUIS)
  64. Dispensez-moi d'en dire davantage. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  65. Sortons, je me charge de faire entendre raison au Baron. (Acte 1, scène 16, LE-MARQUIS)

LE TRIOMPHE DE L'AMOUR (1732)

  1. Mais, Princesse, faites-moi la grâce tout entière ; si vous voulez me donner un régal bien complet, laissez-moi le plaisir de vous interroger moi-même à ma fantaisie. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  2. Laissez-moi dire : quand ces copies sont finies, vous faites courir le bruit que vous êtes indisposée, et qu'on ne vous voit pas ; ensuite vous m'habillez en homme, vous en prenez l'attirail vous-même ; et puis nous sortons incognito toutes deux dans cet équipage-là, vous, avec le nom de Phocion, moi, avec celui d'Hermidas, que vous me donnez ; et après un quart_d_heure de chemin, nous voilà dans les jardins du philosophe Hermocrate, avec la philosophie de qui je ne crois pas que vous ayez rien à démêler. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  3. Ce Prince est depuis dix ans chez le sage Hermocrate, qui l'a élevé, et à qui Euphrosine, parente de Cléomène, le confia, sept ou huit ans après qu'il fut sorti de prison ; et tout ce que je te dis là, je le sais d'un domestique qui était, il n'y a pas longtemps, au service d'Hermocrate, et qui est venu m'en informer en secret, dans l'espoir d'une récompense. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  4. Figure-toi, Corine, un assemblage de tout ce que les Grâces ont de noble et d'aimable ; à peine t'imagineras-tu les charmes et de la figure et de la physionomie d'Agis. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  5. Le parti que j'ai pris l'est encore davantage ; je n'ai feint d'être indisposée et de ne voir personne, que pour être libre de venir ici ; je vais, sous le nom du jeune Phocion, qui voyage, me présenter à Hermocrate, comme attiré par l'estime de sa sagesse ; je le prierai de me laisser passer quelque temps avec lui, pour profiter de ses leçons ; je tâcherai d'entretenir Agis, et de disposer son coeur à mes fins. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  6. Oui ; mais, Madame, si, sous votre habit d'homme, Hermocrate allait reconnaître cette dame à qui il a parlé dans la forêt, vous jugez bien qu'il ne vous gardera pas chez lui. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  7. J'ai pourvu à tout, Corine, et s'il me reconnaît, tant pis pour lui ; je lui garde un piège, dont j'espère que toute sa sagesse ne le défendra pas. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  8. J'ai besoin de deux ou trois entretiens avec Agis, tout ce que je fais est pour les avoir : je n'en attends pas davantage, mais il me les faut ; et si je ne puis les obtenir qu'aux dépens du philosophe, je n'y saurais que faire. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  9. Et cette soeur qui est avec lui, et dont apparemment l'humeur doit être austère, consentira-t-elle au séjour d'un étranger aussi jeune et d'aussi bonne mine que vous ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  10. Il me répugnerait, sans doute, malgré l'action louable qu'il a pour motif ; mais il me vengera d'Hermocrate et de sa soeur qui méritent que je les punisse ; qui, depuis qu'Agis est avec eux, n'ont travaillé qu'à lui inspirer de l'aversion pour moi, qu'à me peindre sous les traits les plus odieux, et le tout sans me connaître, sans savoir le fond de mon âme, ni tout ce que le ciel a pu y verser de vertueux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  11. Qu'est-ce que c'est que ces gens-là ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  12. Il y aura bien de l'ouvrage à tout ceci, Madame, et votre sexe... (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  13. Ce serait une mauvaise auberge pour lui ; la sagesse d'Agis, d'Hermocrate et de Léontine, sont trois sagesses aussi inciviles pour l'amour qu'il y en ait dans le monde ; il n'y a que la mienne qui ait un peu de savoir-vivre. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  14. Allez, gracieuses personnes, ayez bon courage ; je vous offre mes services. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  15. Vous avez perdu votre coeur ; faites vos diligences pour en attraper un autre ; si on trouve le mien, je le donne. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  16. Nous avons trouvé celle du jardin ouverte ; il est permis à des étrangers de se méprendre. (Acte 1, scène 3, PHOCION)
  17. En a l'honnêteté d'appeler un jardinier ; en li demande le parvilège ; on a queuque bonne manière avec un homme, et pis la parmission s'enfile avec la porte. (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  18. Allez, Dimas, vous avez tort, retirez-vous, et courez avertir Léontine qu'un étranger de considération souhaiterait parler à Hermocrate. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  19. Oh pour ça, ils font tous deux une belle paire de visages. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  20. Il est vrai, Seigneur, que ce jardinier m'a traité brusquement ; mais vos politesses m'en dédommagent ; et si ma physionomie, dont vous parlez, vous disposait à me vouloir du bien, je la croirais en effet la plus heureuse du monde ; et ce serait, à mon gré, un des plus grands services qu'elle pût me rendre. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  21. Qu'avez-vous à exiger d'Hermocrate ? (Acte 1, scène 4, AGIS)
  22. Sa réputation m'attirait ici ; je ne voulais, quand je suis venu, que l'engager à me souffrir quelque temps auprès de lui ; mais depuis que je vous connais, ce motif le cède à un autre encore plus pressant ; c'est celui de vous voir le plus longtemps qu'il me sera possible. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  23. Tenez, Madame, velà le damoisiau dont je vous parle, et cet autre étourniau est de son équipage. (Acte 1, scène 5, DIMAS)
  24. Seul et ne dépendant de personne, il y a quelque temps que je voyage pour former mon coeur et mon esprit. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  25. J'ai visité, dans mes voyages, tous ceux que leur savoir et leur vertu distinguaient des autres hommes. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  26. D'abord, j'en logerai un, moi, dans ma chambre. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  27. Non, mais vous savez mieux qu'un autre que cela ne se peut pas, Agis, et que nous nous sommes fait une loi nécessaire de ne partager notre retraite avec personne. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  28. J'ai pourtant promis au seigneur Phocion de vous y engager ; et ce ne sera pas violer la loi que nous nous sommes faite, que d'en excepter un ami de la vertu. (Acte 1, scène 5, AGIS)
  29. Je ne saurais changer de sentiment. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  30. J'ai besoin d'une raison moins austère que compatissante ; j'ai besoin d'un caractère de coeur qui tempère sa sévérité d'indulgence, et vous êtes d'un sexe chez qui ce doux mélange se trouve plus sûrement que dans le nôtre ; ainsi, Madame, écoutez-moi, je vous en conjure par tout ce que vous avez de bonté. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  31. Je ne sais ce que présage un pareil discours, mais la qualité d'étranger exige des égards ; ainsi parlez, je vous écoute. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  32. Il y a quelques jours que, traversant ces lieux en voyageur, je vis près d'ici une dame qui se promenait, et qui ne me vit point ; il faut que je vous la peigne, vous la reconnaîtrez peut-être, et vous en serez mieux au fait de ce que j'ai à vous dire. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  33. On ne saurait s'empêcher de l'aimer, mais d'un amour timide, et comme effrayé du respect qu'elle imprime ; elle est jeune, non de cette jeunesse étourdie qui m'a toujours déplu, qui n'a que des agréments imparfaits, et qui ne sait encore qu'amuser les yeux, sans mériter d'aller au coeur : non, elle est dans cet âge vraiment aimable, qui met les grâces dans toutes leurs forces, où l'on jouit de tout ce que l'on est, dans cet âge où l'âme, moins dissipée, ajoute à la beauté des traits un rayon de la finesse qu'elle a acquise. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  34. Cette dame s'entretenait avec quelqu'un, elle souriait de temps en temps, et je démêlais dans ses gestes je ne sais quoi de doux, de généreux et d'affable, qui perçait à travers un maintien grave et modeste. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  35. Qu'elle n'est point mariée, et qu'elle vit avec ce frère dans une retraite dont elle préfère l'innocent repos au tumulte du monde toujours méprisé des âmes vertueuses et sublimes ; enfin, tout ce que j'en appris ne fut qu'un éloge, et ma raison même, autant que mon coeur, acheva de me donner pour jamais à elle. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  36. De grâce, laissez-moi finir, et que ce mot d'amour ne vous rebute point ; celui dont je vous parle ne souille point mon coeur, il l'honore, c'est l'amour que j'ai pour la vertu qui allume celui que j'ai pour cette dame ; ce sont deux sentiments qui se confondent ensemble ; et si j'aime, si j'adore cette physionomie si aimable que je lui trouve, c'est que mon âme y voit partout l'image des beautés de la sienne. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  37. Je résolus ensuite de parler à son frère, d'en obtenir le bonheur de passer quelque temps chez lui, sous prétexte de m'instruire, et là, d'employer auprès d'elle tout ce que l'amour, le respect et l'hommage ont de plus soumis, de plus industrieux et de plus tendre, pour lui prouver une passion dont je remercie les dieux, comme d'un présent inestimable. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  38. Quel piège ! (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  39. Figurez-vous, Madame, un coeur tremblant et confondu devant elle, dont elle a sans doute aperçu la tendresse et la douleur, et qui du moins espérait de lui inspirer une pitié généreuse ; tout m'est refusé, Madame ; et dans cet état accablant, c'est à vous à qui j'ai recours, je me jette à vos genoux, et je vous confie mes plaintes. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  40. Un amour vertueux peut-il exiger ce qui ne l'est pas ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  41. Quel étrange discours ! (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  42. Oui, Seigneur, je l'avoue, un peu de beauté, dit-on, m'était échue en partage ; la nature m'avait départi quelques charmes que j'ai toujours méprisés. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  43. Oui, j'y consens, toute charmante que vous êtes, votre jeunesse va se passer, et je suis dans la mienne ; mais toutes les âmes sont du même âge. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  44. Est-ce là le jeune étranger dont vous me parlez ? (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  45. Vous voyez, Hermocrate, le fils de l'illustre Phocion, que son estime pour vous amène ici ; il aime la sagesse, et voyage pour s'instruire ; quelques-uns de vos pareils se sont fait un plaisir de le recevoir quelque temps chez eux ; il attend de vous le même accueil ; il le demande avec un empressement qui mérite qu'on s'y rende ; j'ai promis de vous y engager, je le fais, et je vous laisse ensemble... (Acte 1, scène 7, LÉONTINE)
  46. Et si mon suffrage vaut quelque chose, je le joins à celui de Léontine, Seigneur. (Acte 1, scène 7, AGIS)
  47. Je regarde comme des bienfaits ces instances qu'on vous fait pour moi, Seigneur ; jugez de ma reconnaissance pour vous, si elles ne sont pas inutiles. (Acte 1, scène 7, PHOCION)
  48. Je vous rends grâces, Seigneur, de l'honneur que vous me faites : un disciple tel que vous ne me paraît pas avoir besoin d'un maître qui me ressemble ; cependant, pour en mieux juger, j'aurais confidemment quelques questions à vous faire. (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  49. Moi, qui entrevois ce projet, je n'y vois cependant rien de si convenable à l'innocence des moeurs de votre sexe, rien dont vous puissiez vous applaudir ; l'idée de venir m'enlever Agis, mon élève, d'essayer sur lui de dangereux appas, de jeter dans son coeur un trouble presque toujours funeste, cette idée-là, ce me semble, n'a rien qui doive vous dispenser de rougir, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  50. Et faut-il que ce soit vous qui me fassiez cet outrage ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  51. Non, Seigneur, je ne viens point ici troubler le coeur d'Agis ; tout élevé qu'il est par vos mains, tout fort qu'il est de la sagesse de vos leçons, ce déguisement pour lui n'eût pas été nécessaire ; si je l'aimais, j'en aurais espéré la conquête à moins de frais, il n'aurait fallu que me montrer peut-être, que faire parler mes yeux : son âge et mes faibles appas m'auraient fait raison de son coeur. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  52. Mais ce séjour que vous voulez faire chez moi, Madame, qu'a-t-il de commun avec vos desseins, si vous ne songez pas à Agis ? (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  53. Seigneur, épargnez à votre vertu le regret d'avoir offensé la mienne ; n'abusez point contre moi des apparences d'une aventure peut-être encore plus louable qu'innocente, que vous me voyez soutenir avec un courage qui doit étonner vos soupçons, et dont j'ose attendre votre estime, quand vous en saurez les motifs. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  54. Ne me parlez donc plus d'Agis ; je ne songe point à lui, je le répète : en voulez-vous des preuves incontestables ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  55. Elles ne ménageront point la fierté de mon sexe ; mais je n'en apporte ici ni la vanité ni l'industrie : j'y viens avec un orgueil plus noble que le sien, vous le verrez, Seigneur. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  56. Vous attaquez une âme solitaire et sauvage, à qui l'amour est étranger ; ma rudesse doit rebuter votre jeunesse et vos charmes, et mon coeur en un mot ne pourrait rien pour le vôtre. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  57. Je ne lui demande point de partager mes sentiments, je n'ai nul espoir ; et si j'en ai, je le désavoue : mais souffrez que j'achève. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  58. Mais la raison me défend d'en entendre davantage. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  59. Vous paraître estimable est le seul avantage où j'aspire, le seul salaire dont mon coeur soit jaloux : qu'est-ce qui vous empêcherait de m'entendre ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  60. Je vous dis que je vous aime, parce que j'ai besoin de la confusion de le dire ; parce que cette confusion aidera peut-être à me guérir ; parce que je cherche à rougir de ma faiblesse pour la vaincre : je viens affliger mon orgueil pour le révolter contre vous. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  61. Est-ce ainsi que vous répondez au généreux courage avec lequel je vous expose ma situation ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  62. Le sage ne l'est-il au profit de personne ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  63. Au nom de cette vertu que vous chérissez, Aspasie, laissons là ce discours ; abrégeons, quels sont vos desseins ? (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  64. Mais le soin de garantir la mienne doit m'être encore plus cher ; tout sauvage que je suis, j'ai des yeux, vous avez des charmes, et vous m'aimez. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  65. Approche, Dimas : tu vois ce jeune étranger qui me quitte ; je te charge d'observer ses actions, de le suivre le plus que tu pourras, et d'examiner s'il cherche à entretenir Agis ; entends-tu ? (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  66. Gage que non, ça ne se peut pas ; ça est par trop difficile. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  67. Queu tapage je m'en vas faire ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  68. Dimas, tu me coupes la gorge. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  69. Je m'embarrasse bian de voute gorge, ha ha ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  70. Des femmes qui baillont de l'argent en darrière un jardinier, maugré qu'il les treuve dans son jardrin, il n'y a morgué point de gorge qui tianne, faut punir ça. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  71. Mon ami, es-tu friand d'argent ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  72. Je serais bian dégoûté, si je ne l'étais pas ; mais où est-il cet argent ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  73. Queu chartée d'argent ça fait ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  74. Je savons la parte de voute coeur, et l'escamotage de stila d'Agis : je savons son argent, il n'y a que ceti-là qu'il m'a proumis que je ne savons pas encore. (Acte 2, scène 2, DIMAS)
  75. Non, Madame, ne vous découragez point ; dans votre projet vous avez besoin d'ouvriers, il n'y a qu'à gagner aussi le jardinier, n'est-il pas vrai, Dimas ? (Acte 2, scène 2, HERMIDAS)
  76. Et moi, me voilà ruiné ; car sans ma peste de langue, tout cet argent-là arrivait dans ma poche, et c'est de mes deniers qu'on achète ce vaurien-là. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  77. Si tu n'as rien dit, je ne crains rien, vous saurez de Corine à quoi j'en suis avec le philosophe et sa soeur ; et vous, Corine, puisque Dimas est des nôtres, partagez entre Arlequin et lui ce qu'il y aura à faire ; il s'agit à présent d'entretenir les dispositions du frère et de la soeur. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  78. Votre coeur partage donc les sentiments du mien ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  79. Vous ne me connaissez pas ; mon éducation, mes sentiments, ma raison, tout lui ferme mon coeur ; il a fait les malheurs de mon sang, et je hais, quand j'y songe, jusqu'au sexe qui nous l'inspire. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  80. Cet aveu change tout entre nous, Seigneur : je vous ai promis de demeurer en ces lieux ; mais la bonne foi me le défend, cela n'est plus possible, et je pars : vous auriez quelque jour des reproches à me faire ; je ne veux point vous tromper, et je vous rends jusqu'à l'amitié que vous m'aviez accordée. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  81. Quel étrange langage me tenez-vous là, Phocion ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  82. D'où vient ce changement si subit ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  83. Votre sexe est dangereux, il est vrai, mais les infortunés sont trop respectables. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  84. Non, vous dis-je, arrêtez, Aspasie ; vous êtes dans un état que je plains : je me reprocherais de n'y avoir pas été sensible ; et je presserai moi-même Hermocrate, s'il le faut, de consentir à votre séjour ici, vos malheurs m'y obligent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  85. Ainsi vous n'agirez plus que par pitié pour moi : que cette aventure me décourage ! (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  86. Le jeune seigneur qu'on veut que j'épouse me paraît estimable ; après tout, plutôt que de prolonger un état aussi rebutant que le mien, ne vaudrait-il pas mieux me rendre ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  87. Laissons donc là l'amour, il est même dangereux d'en parler. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  88. C'est à votre vertu même à qui je parle, c'est elle que j'interroge ; qu'elle soit juge entre vous et moi. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  89. De grâce, ménagez-moi, Léontine ; je m'égare à la seule idée de partir ; je ne saurais plus vivre sans vous : je vais remplir ces lieux de mon désespoir ; je ne sais plus où je suis ! (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  90. Plus nécessaire que vous ne pensez, Madame ; vous ne savez pas à qui vous avez affaire : ce Monsieur-là n'est pas si friand de la sagesse que des filles sages ; et je vous avertis qu'il veut déniaiser la vôtre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  91. Les honnêtes gens que vos maîtres !... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  92. Il en perd l'esprit : nous ne restons ici que pour lui avoir le coeur, afin qu'elle nous épouse ; car nous avons des richesses et des flammes plus qu'il n'en faut pour dix ménages. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  93. Que la sagesse s'accommode ; mariez-vous ; il y aura encore de la place pour elle : le métier de brave femme a bien son mérite. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  94. Va, je me charge de payer ton silence. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  95. Tout ceci me paraît un songe : Voyez à quoi vous m'exposez ; mais qui vient encore ? (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  96. Je ne devrais pas vous le rendre ; mais tant d'amour m'en ôte le courage. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  97. Adieu, Phocion, ne vous inquiétez pas ; je me charge du consentement de mon frère. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  98. Velà le philosophe qui se pourmène envars ici tout rêvant ; faites-nous de la marge, et laissez-nous le tarrain, pour à celle fin que je l'y en baille encore d'une venue. (Acte 2, scène 8, DIMAS)
  99. Courage, Dimas, je me retire, et reviendrai quand il sera parti. (Acte 2, scène 8, PHOCION)
  100. Où se tiant la sagesse de sa parsonne ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  101. Il me représente qu'il est sage. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  102. Je sis d'avis que vous guarissiez cet enfant-là, noute maître, en tombant itou malade pour elle, et pis la prenre pour minagère ; car en restant garçon ; ça entarre la lignée d'un homme, et ce serait dommage de l'entarrement de la vôtre. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  103. Il y a une personne que j'aime ; mais j'ignore si ce que je sens pour elle est amitié ou amour ; car j'en suis là-dessus à mon apprentissage ; et je venais vous prier de m'instruire. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  104. Allons, allons, c'est de l'amour ; il est inutile de vous interroger davantage. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  105. A quel vertueux secours ai-je reconnu le sage Hermocrate ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  106. Vous m'avez cru sage ; vous m'avez aimé sur ce pied-là : je ne le suis point. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  107. Un vrai sage croirait en effet sa vertu comptable de votre repos ; mais savez-vous pourquoi je vous renvoie ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  108. C'est que j'ai peur que votre secret n'éclate, et ne nuise à l'estime qu'on a pour moi ; c'est que je vous sacrifie à l'orgueilleuse crainte de ne pas paraître vertueux, sans me soucier de l'être ; c'est que je ne suis qu'un homme vain, qu'un superbe, à qui la sagesse est moins chère que la méprisable et frauduleuse imitation qu'il en fait. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  109. Vous augmentez mes faiblesses en exposant l'opprobre dont vous avez l'impitoyable courage de couvrir les vôtres. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  110. Vous dites que vous n'êtes point sage ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  111. M'avez-vous cru susceptible de tous les ravages que l'amour fait dans le coeur des autres hommes ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  112. L'univers est plein de gens qui me ressemblent. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  113. Seigneur, je pars : mais je suis sûre de ma vengeance ; puisque vous m'aimez, votre coeur me la garde. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  114. Jouissez, si vous voulez, d'une sagesse sauvage, dont mon infortune va vous assurer la durée cruelle. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  115. Les dieux détesteront cette même sagesse conservée aux dépens d'un jeune coeur que vous avez trompé, dont vous avez trahi la confiance, dont vous n'avez point respecté les intentions vertueuses, et qui n'a servi que de victime à la férocité de vos opinions. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  116. J'ai découvert un micmac, seigneur Hermocrate ; il s'agit d'une affaire de conséquence ; il n'y a que le diable et ces personnages-là qui le sachent ; mais il faut voir ce que c'est. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  117. Je viens de trouver ce petit garçon qui était dans la posture d'un homme qui écrit : il rêvait, secouait la tête, mirait son ouvrage ; et j'ai remarqué qu'il avait une coquille auprès de lui où il y avait du gris, du vert, du jaune, du blanc, et où il trempait sa plume ; et comme j'étais derrière lui, je me suis approché pour voir son original de lettre ; mais voyez le fripon ! (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  118. Ce n'était point des mots ni des paroles, c'était un visage qu'il écrivait ; et ce visage-là, c'était vous, Seigneur Hermocrate. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  119. Votre propre visage, à l'exception qu'il est plus court que celui que vous portez ; le nez que vous avez ordinairement tient lui seul plus de place que vous tout entier dans ce minois : Est-ce qu'il est permis de rapetisser la face des gens, de diminuer la largeur de leur physionomie ? (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  120. N'oubliez pas de vous faire rendre les deux tiers de votre visage. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  121. N'en demandez pas davantage, Hermocrate, faites-moi la grâce d'ignorer le reste. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  122. C'est l'instant où je triomphe, dites-vous ; ne le laissons pas perdre, il est précieux : vos yeux me regardent avec une tendresse que je voudrais bien qu'on recueillît, afin d'en conserver l'image. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  123. Seigneur, un peu de côté, je vous prie ; daignez m'envisager. (Acte 2, scène 14, HERMIDAS)
  124. Je vous rends grâce de votre complaisance, mon frère ; et en vérité Phocion mérite bien qu'on l'oblige. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  125. D'ailleurs, je regarde que c'est, en passant, un amusement pour Agis, qui vit dans une solitude dont on se rebute quelquefois à son âge. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  126. Quelquefois à tout âge. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  127. Je m'y ennuie souvent moi-même ; j'ai le courage de vous le dire. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  128. Qu'appelez-vous courage ? (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  129. Un homme, à votre âge, sera partout le bienvenu quand il voudra changer d'état. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  130. Oui, mon frère, peu de jeunes gens vont de pair avec vous ; et le don de votre coeur ne sera pas négligé. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  131. J'en serais charmée, Hermocrate, nous n'avons pas plus de raison que les dieux qui ont établi le mariage ; et je crois qu'un mari vaut bien un solitaire. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  132. Pensez-y ; une autre fois nous en dirons davantage. (Acte 2, scène 17, L?ONTINE)
  133. Je n'ai plus qu'un léger entretien à avoir avec Agis ; il le désire autant que moi. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  134. Hermocrate et sa soeur m'ont obsédée tour à tour ; ils doivent tous deux m'épouser en secret : je ne sais combien de mesures sont prises pour ces mariages imaginaires. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  135. Non, on ne saurait croire combien l'amour égare ces têtes qu'on appelle sages ; et il a fallu tout écouter, parce que je n'ai pas encore terminé avec Agis. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  136. Je lui dis de suivre celui qui les lui rendra ; d'arriver ici avec ses gardes et mon équipage : ce n'est qu'en prince que je veux qu'Agis sorte de ces lieux. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  137. Je vous ai dit que c'est un spectacle que je ne voulais pas donner ici, mais les mesures que nous avons prises ne me paraissent pas décentes ; vous avez envoyé chercher un équipage, qui doit nous attendre à quelques pas de la maison, n'est-il pas vrai ? (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  138. Il n'y avait que vous dans le monde capable de m'engager à la démarche que je fais. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  139. Hermocrate, je vous croyais occupé à vous arranger pour votre départ. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  140. Votre coeur fait bien des façons, Hermocrate ; soyez agité tant que vous voudrez ; mais partez, puisque vous ne voulez pas faire le mariage ici. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  141. J'élève Agis depuis l'âge de huit ans ; je ne saurais le quitter si tôt, souffrez qu'il vive avec nous quelque temps, et qu'il vienne nous retrouver. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  142. Jugez avec combien de soin il faut que je le cache, et de ce qu'il deviendrait entre les mains d'une Princesse qui le fait chercher à son tour, et qui apparemment ne respire que sa mort. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  143. On dit qu'elle épouserait Agis, si elle le connaissait, d'autant plus qu'ils sont du même âge. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  144. Il ne sera pas longtemps avec nous ; nos amis fomentent une guerre chez l'ennemi, auquel il se joindra ; les choses s'avancent, et peut-être bientôt les verra-t-on changer de face. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  145. Elle n'est que l'héritière des coupables ; ce serait là se venger d'un crime par un autre, et Agis n'en est point capable : il suffira de la vaincre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  146. Et voute ouvrage à vous, est-il avancé ? (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  147. Des portraits pour attraper les visages que vous donneriez pour rien, et qui ont pris le barbouillage de leur mine pour argent comptant. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  148. Baillez-nous voute parole en argent comptant. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  149. On ne me donne pas le temps de vous en dire davantage. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  150. Un solitaire qui médite, qui étudie, qui n'a de commerce qu'avec son esprit, et jamais avec son coeur, un homme enveloppé de l'austérité de ses moeurs n'est guère en état de porter son jugement sur certaines choses ; il va toujours trop loin. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  151. Un sentiment qui pourrait bien se venger un jour du mépris que vous en avez fait. (Acte 3, scène 7, AGIS)
  152. Préparez-vous à me voir changer bientôt d'état, à me suivre, si vous m'aimez : je pars aujourd'hui, et je me marie. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  153. La sagesse n'instruit point à être ingrat ; et je l'aurais été. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  154. Pour ne point risquer un mauvais accueil, on se déguise, on change d'habit, on devient le plus beau de tous les hommes ; on arrive ici, on est reconnu. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  155. Ma main, ma fortune, tout est à vous avec mon coeur : donnez-moi le vôtre ou guérissez le mien ; cédez à mes sentiments, ou apprenez-moi à les vaincre ; rendez-moi mon indifférence, ou partagez mon amour ; et l'on me dit tout cela avec des charmes, avec des yeux, avec des tons qui auraient triomphé du plus féroce de tous les hommes. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  156. Il est assez particulier que nous y ayons tous deux affaire ; vous vous souvenez de ce que vous m'avez dit tantôt : votre voyage ne cache-t-il pas quelque mystère ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  157. C'est le mien qui me met en voyage. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  158. Vous avez raison, et je ne partirai point non plus ; nos mariages se feront ensemble, car celle à qui je me donne est ici aussi. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  159. Quelle étrange aventure ! (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  160. C'est pour vous que j'ai trompé tout le monde, et je n'ai pu faire autrement ; tous mes artifices sont autant de témoignages de ma tendresse, et vous insultez, dans votre erreur, au coeur le plus tendre qui fut jamais. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  161. Dimas et Arlequin, qui savent mon secret, qui m'ont servie, vous confirmeront ce que je vous dis là ; interrogez-les, mon amour ne dédaigne pas d'avoir recours à leur témoignage. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  162. Agis à ses genoux ! (Acte 3, scène 10, HERMOCRATE)
  163. Allons, Seigneur, venez recevoir les hommages de vos sujets. (Acte 3, scène 11, PHOCION)

LA SURPRISE DE L'AMOUR (1723)

  1. Pargué, encore faut-il dire queuque parole d'amiquié aux gens. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  2. Eh morguenne, voilà le tu autem ; je veux de l'amiquié pour la parsonne de moi tout seul : quand tout le Village vianrait te dire, Jacqueline épouse-moi, je voudrais que tu fis bravement la grimace à tout le village, et que tu lui disi, nennin-da, je veux être la femme de Piarre, et pis c'est tout : pour ce qui est d'en cas de moi, si j'allais être un parfide, je voudrais que ça te fâchit rudement, et que t'en pleurisse tout ton soûl ; et velà margué ce qu'en appelle aimer le monde. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  3. Tians, moi qui te parle, si t'allais me changer, il n'y aurait pu de çarvelle cheux moi, c'est de l'amiquié que ça : tatigué que je serais content si tu pouvais itout devenir folle, ah ! (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  4. Je t'ai toujours trouvé une bonne philosomie d'homme, tu m'as fait l'amour, et franchement ça m'a fait plaisir, mais l'honneur des filles les empêche de parler, après ça, ma tante disait toujours qu'un amant, c'est comme un homme qui a faim, pu il a faim, et pu il a envie de manger ; pu un homme a de peine après une fille, et pu il l'aime. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  5. Tant mieux, je t'aime de cette himeur-là, pourvu qu'alle dure, mais j'ai bian peur que Monsieur_Lélio, mon maître, ne consente à noute mariage, et qu'il ne me boute hors de chez li, quand il saura que je t'aime ; car il nous a dit qu'il ne voulait point voir d'amourette parmi nous. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  6. Et pourquoi donc ça, est-ce qu'il y a du mal à aimer son prochain, et morgué je m'en vas lui gager, moi, que ça se pratique chez les Turcs, et si ils sont bien méchants. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  7. Oh, c'est pis qu'un Turc, à cause d'une dame de Paris qui l'aimait beaucoup, et qui li a tourné casaque pour un autre galant plus mal bâti que li : noute monsieur a fait du tapage ; il li a dit qu'alle devait être honteuse ; alle lui a dit qu'alle ne voulait pas l'être ; et voilà bian de quoi ; Ç'a-t-elle fait, et pis des injures, ous êtes cun indeigne, et voyez donc cet impertinent ; et je me vengerai, et moi, je m'en gausse ; tant y a qu'à la parfin, alle li a farmé la porte sur nez, l'i qui est glorieux a pris ça en mal, et il est venu ici pour vivre en harmite, en philosophe, car velà comme il dit, et depuis ce temps, quand il entend parler d'amour, il semble qu'en l'écorche comme une anguille ; son valet Arlequin fait itou le dégoûté, quand il voit une fille à droite, ce drôle de corps se baille les airs d'aller à gauche, à cause de queuque mijaurée de chambrière qui li a, à ce qu'il dit, vendu du noir. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  8. Oh, on n'est pas toujours dans la même disposition, l'esprit aussi bien que le temps est sujet à des nuages. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  9. Tenez, Monsieur, je bois à merveille, je mange de même, je dors comme une marmotte, voilà ma santé. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  10. Cependant, je me sens pesant et lourd, j'ai une fainéantise dans les membres, je bâille sans sujet, je n'ai du courage qu'à mes repas, tout me déplaît ; je ne vis pas, je traîne, quand le jour est venu, je voudrais qu'il fût nuit ; quand il est nuit, je voudrais qu'il fût jour : voilà ma maladie, voilà comment je me porte bien et mal. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  11. Oui-da, mon ami : je t'aime, tu as du bon sens, quoique un peu grossier, l'infidélité de ta maîtresse t'a rebuté de l'amour ; la trahison de la mienne m'en a rebuté de même, tu m'as suivi avec courage dans ma retraite, et tu m'es devenu cher par la conformité de ton génie avec le mien, et par la ressemblance de nos aventures. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  12. Et moi, Monsieur, je vous assure que je vous aime cent fois plus aussi que de coutume, à cause que vous avez la bonté de m'aimer tant : je ne veux plus voir de femmes, non plus que vous ; cela n'a point de conscience, j'ai pensé crever de l'infidélité de Margot, les passe-temps de la campagne, votre conversation et la bonne nourriture m'ont un peu remis, je n'aime plus cette Margot, seulement quelquefois son petit nez me trotte encore dans la tête : mais quand je ne songe point à elle, je n'y gagne rien, car je pense à toutes les femmes en gros, et alors les émotions de coeur, que vous dites viennent me tourmenter ; je cours, je saute, je chante, je danse, je n'ai point d'autre secret pour me chasser cela, mais ce secret-là n'est que de l'onguent miton-mitaine ; je suis dans un grand danger, et puisque vous m'aimez tant, ayez la charité de me dire comment je ferai, pour devenir fort quand je suis faible. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  13. Quand quelqu'un me vante une femme aimable et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  14. En vérité, c'est pourtant un joli petit animal que cette femme, un joli petit chat, c'est dommage qu'il ait tant de griffes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  15. Tu as raison, c'est dommage ; car enfin, est-il dans l'univers de figure plus charmante ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  16. C'est une créature à manger. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  17. L'homme a le bon sens en partage, mais ma foi l'esprit n'appartient qu'à la femme, à l'égard de son coeur, ah ! (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  18. Si les plaisirs qu'il nous donne étaient durables, ce serait un séjour délicieux que la terre: nous autres hommes la plupart, nous sommes jolis en amour : nous nous répandons en petits sentiments doucereux : nous avons la marotte d'être délicats, parce que cela donne un air plus tendre ; nous faisons l'amour règlement, tout comme on fait une charge, nous nous faisons des méthodes de tendresse ; nous allons chez une femme, pourquoi ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  19. Le coeur d'une femme se donne sa secousse à lui-même, il part sur un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance : elle a beau vous avoir dit qu'elle aime, le répète-t-elle vous l'apprenez toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux, en les relevant, en sortant de sa place, en y restant, enfin c'est de la jalousie, du calme, de l'inquiétude, de la joie, du babil, et du silence de toutes couleurs, et le moyen de ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ; le moyen de se voir adorer sans que la tête vous tourne, pour moi, j'étais tout aussi sot que les autres amants ; je me croyais un petit prodige, mon mérite m'étonnait : ah, qu'il est mortifiant d'en rabattre, c'est aujourd'hui ma bêtise qui m'étonne, l'homme prodigieux a disparu, et je n'ai trouvé qu'une dupe à la place. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  20. Non, ce sont là les instruments de notre supplice, dis-moi, mon pauvre garçon, si tu trouvais sur ton chemin de l'argent d'abord, un peu plus loin de l'or, un peu plus loin des perles, et que cela te conduisît à la caverne d'un monstre, d'un tigre, si tu veux, est-ce que tu ne haïrais pas cet argent, cet or et ces perles ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  21. Fi, par la morbleu, c'est bien dommage, voilà un sot trésor, de se trouver sur ce chemin-là. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  22. Mon enfant, cet argent que tu trouves d'abord sur ton chemin, c'est la beauté, ce sont les agréments d'une femme qui t'arrêtent ; cet or que tu rencontres encore, ce sont les espérances qu'elle te donne ; enfin ces perles, c'est son coeur qu'elle t'abandonne avec tous ses transports. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  23. Ah, c'est justement la bête que Margot a lâchée sur moi, pour avoir aimé son argent, son or, et ses perles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  24. Hélas, Monsieur, je ne songeais pas à ce diable qui m'attendait au bout. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  25. Je vians pourtant vous demander un petit privilège. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  26. Monsieur, franchement, c'est qu'à me trouve gentil, et si ce n'était qu'alle fait la difficile, il y aurait longtemps que je serions ennocés. (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  27. Allez, allez, si quelqu'un de nous deux se plante là, ce sera li qui me plantera, et non pas moi. à tout hasard, notre monsieur, donnez-moi tant seulement une petite parmission de mariage, c'est pour ça que j'avons prins la liberté de vous attaquer. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  28. C'est que j'avons queuque espérance que vous nous baillerez queuque chose en entrée de ménage. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  29. Queu tripotage est-ce qu'il fait donc là, avec ce remède, et ce caractère ? (Acte 1, scène 4, JACQUELINE)
  30. Je n'en sais rien, mais on dit qu'elle est belle et veuve, et je gage qu'elle est encline à faire du mal. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  31. Et moi enclin à l'éviter : je ne me soucie, ni de sa beauté, ni de son veuvage. (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  32. Voilà un jeune homme bien sauvage. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  33. Monsieur, je vous demande pardon de la liberté que j'ai prise ; mais il y a le neveu de mon fermier qui cherche en mariage une jeune paysanne de chez vous. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  34. Ils ont peur que vous ne consentiez pas à ce mariage, ils m'ont priée de vous engager à les aider de quelque libéralité, comme de mon côté j'ai dessein de le faire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  35. Il n'y aurait rien de plus louable ; mais ne faire que changer d'objet, ne guérir d'une folie que par une extravagance, eh fi ! (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  36. Courage Monsieur, vous voilà tout déferré : décochez-lui-moi quelque trait bien hétéroclite, qui sente bien l'original. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  37. C'est assurément mettre les hommes bien bas, que de les juger indignes de la tendresse d'une femme : l'idée est neuve. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  38. Mais y songez-vous ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  39. Vous demandez ce que votre espèce a de comique, qui, pour se mettre à son aise a eu besoin de se réserver un privilège d'indiscrétion, d'impertinence, et de fatuité, qui suffoquerait, si elle n'était babillarde, si sa misérable vanité n'avait pas ses coudées franches, s'il ne lui était pas permis de déshonorer un sexe qu'elle ose mépriser pour les mêmes choses, dont l'indigne qu'elle est, fait sa gloire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  40. L'admirable engeance qui a trouvé la raison et la vertu, des fardeaux trop pesants pour elle, et qui nous a chargées du soin de les porter : ne voilà-t-il pas de beaux titres de supériorité sur nous ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  41. Et de pareilles gens ne sont-ils pas risibles ! (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  42. Eh morbleu, pourquoi prêcher la fin du monde, cela coupe la gorge à tout : soyons raisonnables, condamnez les amants déloyaux, les conteurs de sornettes, à être jetés dans la rivière, une pierre au col, à merveille : enfermez les coquettes entre quatre murailles ; fort bien, mais les amants fidèles, dressez-leur de belles et bonnes statues pour encourager le public ; vous riez adieu, pauvres brebis égarées : pour moi, je vais travailler à la conversion d'Arlequin. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  43. Que trouvez-vous donc là de si étrange ? (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  44. Songez-vous à tous les millions de femmes qu'il y a dans le monde, au couchant, au levant, au septentrion, au midi, Européennes, Asiatiques, Africaines, Américaines, blanches, noires, basanées, de toutes les couleurs ? (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  45. Nos propres expériences, et les relations de nos voyageurs, nous apprennent que partout la femme est amie de l'homme, que la nature l'a pourvue de bonne volonté pour lui : la nature n'a manqué que Madame : le soleil n'éclaire qu'elle chez qui notre espèce n'ait point rencontré grâce, et cette seule exception de la loi générale se rencontre avec un personnage unique, je te le dis en ami ; avec un homme qui nous a donné l'exemple d'un fanatisme tout neuf ; qui seul de tous les hommes n'a pu s'accoutumer aux coquettes qui fourmillent sur la terre, et qui sont aussi anciennes que le monde ; enfin qui s'est condamné à venir ici languir de chagrin de ne plus voir de femmes, en expiation du crime qu'il a fait quand il en a vu. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  46. Madame, n'appelez point cette faiblesse-là, ridicule, ménageons les termes, il peut venir un jour où vous serez bien aise de lui trouver une épithète plus honnête. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  47. Tiens mon enfant, moi indigne je te fais un cercle à l'imitation de ce Romain, et sous peine des vengeances de l'Amour, qui vaut bien la République_de_Rome, je t'ordonne de n'en sortir que soupirant pour les beautés de Madame. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  48. Comme vous voilà rouge, Madame. (Acte 1, scène 8, COLOMBINE)
  49. Euh, me voilà justement sur le chemin du tigre, maudits soient l'argent, l'or et les perles ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  50. Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises : dans le fond tu me fais pitié, c'est dommage qu'un jeune homme comme toi, assez bien fait, et bon enfant, car tu es sans malice. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  51. C'est dommage qu'il consume sa jeunesse dans la langueur et la souffrance : car, dis la vérité, tu t'ennuies ici, tu pâtis ? (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  52. Pour ne point tomber dans vos pattes, race de chats que vous êtes ; si vous étiez de bonnes gens, nous ne serions pas venus nous rendre ermites. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  53. C'est que je songe à une chose. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  54. C'est que je songe qu'il n'est pas nécessaire que je voie si souvent Lélio. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  55. Mais pourquoi jugez-vous qu'il n'est pas nécessaire que vous voyiez si souvent Lélio ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  56. Je n'ai d'autres raisons pour lui parler, que le mariage de ces jeunes gens : il ne m'a point dit ce qu'il veut donner à la fille, je suis bien aise que le neveu de mon fermier trouve quelque avantage, mais, sans nous parler, Lélio peut me faire savoir ses intentions, et je puis le faire informer des miennes. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  57. Le chemin de tout le monde, quand on a affaire aux gens, c'est d'aller leur parler, mais cela n'est pas commode, le plus court est de l'entretenir de loin, vraiment on s'entend bien mieux : lui parlerez-vous avec une sarbacane, ou par procureur ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  58. Mais voilà des précautions d'un jugement... (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  59. « Vous savez la prière que je vous ai faite tantôt au sujet du mariage de nos jeunes gens, je vous prie de vouloir bien me marquer là-dessus quelque chose de positif. » (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  60. Oh je suis honnête, je ne veux point dire aux gens des injures à leur nez. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  61. Elle me regarde, elle voit bien que je fais semblant de ne pas songer à elle. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  62. Gageons que tu m'aimes ? (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  63. Je ne gage jamais, je suis trop malheureux, je perds toujours. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  64. C'est ce lutin-là qui me prend à la gorge : elle veut que je l'aime. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  65. Bon courage, Arlequin. (Acte 2, scène 4, LÉLIO)
  66. Parbleu, Madame_la_Comtesse, vos manières sont tout à fait de mon goût, je les trouve pourtant un peu sauvages ; car enfin, l'on n'écrit pas à un homme de qui l'on n'a pas à se plaindre : je ne veux plus vous voir, vous me fatiguez, vous m'êtes insupportable, et voilà le sens du billet, tout mitigé qu'il est. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  67. Ce voyage-là, pourrait bien être une culbute à gauche, au lieu d'une culbute à droite. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  68. Il faut avouer que les bizarreries de l'esprit d'une femme sont des pièges bien finement dressés contre nous ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  69. Oh, sans l'inimitié que j'ai vouée à l'amour, j'extravaguerais actuellement, peut-être : je sens bien qu'il ne m'en faudrait pas davantage, je serais piqué, j'aimerais : cela irait tout de suite. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  70. Le hasard me fit connaître une femme qui hait l'amour ; nous lions cependant commerce d'amitié, qui doit durer pendant notre séjour ici : je la conduis chez elle, nous nous quittons en bonne intelligence ; nous avons à nous revoir, je viens la trouver indifféremment, je ne songe non plus à l'amour qu'à m'aller noyer, j'ai vu sans danger les charmes de sa personne. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  71. Point du tout, cela n'est pas fini, j'ai maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies ; équipages d'esprit que toute femme apporte en naissant : Madame_la_Comtesse se met à rêver, et l'idée qu'elle imagine en se jouant serait la ruine de mon repos si j'étais capable d'y être sensible. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  72. D'une petite fantaisie magique qui prend à une femme, et qui plus est, ce n'est pas sa faute à elle : la nature a mis du poison pour nous dans toutes ses idées : son esprit ne peut se retourner qu'à notre dommage, sa vocation est de nous mettre en démence : elle fait sa charge involontairement. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  73. Monsieur, ne me parlez plus d'elle, car, voyez-vous, j'ai dans mon esprit qu'elle est amoureuse, et j'enrage. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  74. Je croyais que c'était pour moi que vous vouliez voyager. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  75. Vous : il n'y a qu'un moment, mais c'est que la mémoire vous faille, comme à moi : voulez-vous que je vous dise, il est bien aisé de voir que le coeur vous démange ; vous parlez tout seul, vous faites des discours qui ont dix lieues de long, vous voulez vous en aller en Turquie, vous mettez vos bottes, vous les ôtez, vous partez, vous restez, et puis du noir, et puis du blanc : pardi, quand on ne sait ni ce qu'on dit ni ce qu'on fait, ce n'est pas pour des prunes : et moi, que ferai-je après, quand je vois mon maître qui perd l'esprit ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  76. Je prierai pourtant la Comtesse d'ordonner à Colombine de laisser ce malheureux en repos : mais peut-être elle est bien aise elle-même que l'autre travaille à lui détraquer la cervelle, car Madame_la_Comtesse n'est pas dans le goût de m'obliger. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  77. Vous me laissez, faites comme il vous plaira, j'ai la tête remplie de femmes et de tendresses : ces maudites idées-là me suivent partout, elles m'assiègent, Arlequin d'un côté, les folies de la Comtesse de l'autre, et toi aussi. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  78. C'est que Piarre ne m'aime plus, ce méserable-là s'est amouraché de la fille à Thomas : tenez, Monsieur, ce que c'est que la cruauté des hommes, je l'ai vu qui batifolait avec elle ; moi, pour le faire venir, je lui ai fait comme ça avec le bras, et y allons donc, et le vilain qu'il est m'a fait comme cela un geste du coude ; cela voulait dire : va te promener. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  79. Oh Monsieur, je ne veux pas rester dans le village, car on est si faible ; si ce garçon-là me recharchait, je ne sis pas rancuneuse, il y aurait du rapatriage, et je prétends être brouillée. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  80. Ce voisinage-là me déplaît : je crois que je ferai fort bien de m'en aller, dût-elle en penser ce qu'elle voudra. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  81. Quant à moi, Monsieur, qui ne vous hais ni ne vous aime, qui n'ai ni chagrin ni plaisir à vous voir, vous trouverez bon que j'aille mon train, que vous me soyez un objet parfaitement indifférent, et que j'agisse tout comme si vous n'étiez pas là : je cherche mon portrait, j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte ; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris, et Colombine à qui je l'ai donné pour le remettre à un de mes gens qui part exprès, l'a perdu ; voilà ce qui m'occupe, et si je vous avais aperçu là, il ne m'en aurait coûté que de vous prier très froidement et très poliment de vous détourner. Peut-être même, m'aurait-il pris fantaisie de vous prier de chercher avec moi, puisque vous vous trouvez là : car je n'aurais pas deviné que ma présence vous affligeait ; à présent que je le sais, je n'userai point d'une prière incivile : fuyez vite, Monsieur, car je continue. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  82. Je vous le demande, Madame, cela n'est point à mon usage, et vous le définiriez mieux que moi. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  83. Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-ci, si vous vouliez : il est de votre ouvrage apparemment ; je me mêlais de leur mariage, cela vous fatiguait, vous avez tout arrêté : je vous suis obligée de vos égards. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  84. Oui, Monsieur, il n'était pas nécessaire de vous y prendre de cette façon-là, cependant je ne trouve point mauvais que le peu d'intérêt que j'avais à vous voir fût à charge : je ne condamne point dans les autres ce qui est en moi, et sans le hasard qui nous rejoint ici, vous ne m'auriez vue de votre vie, si j'avais pu. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  85. D'où vient donc que j'en changerais ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  86. Sur quoi en changerais-je ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  87. Y songez-vous ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  88. Je ne songe à rien, je vous assure. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  89. Qu'appelez-vous, Monsieur, vous ne songez à rien ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  90. J'espérais que vous me divertiriez en m'aimant : vous avez pris un autre tour, je ne perds point au change, et je vous trouve très divertissant comme vous êtes. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  91. Oh de tout mon coeur : allons, Monsieur, ne nous voyons plus : je fais présent de cent pistoles au neveu de mon fermier ; vous me ferez savoir ce que vous voulez donner à la fille, et je verrai si je souscrirai à ce mariage, dont notre rupture va lever l'obstacle que vous y avez mis : soyons-nous inconnus l'un à l'autre ; j'oublie que je vous ai vu : je ne vous reconnaîtrai pas demain. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  92. Un moment : vous êtes de toutes les dames que j'ai vues celle qui vaut le mieux, je sens même que j'ai du plaisir à vous rendre cette justice-là : Colombine vous en a dit davantage ; c'est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre:: Madame, je vous en avertis, ainsi n'en croyez jamais au rapport de vos domestiques. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  93. C'était pour abréger votre chemin à l'un et à l'autre, car vous y viendrez tous deux. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  94. Si nos paysans se raccommodent, je verrai ce que je puis faire pour eux : puisque vous vous intéressez à leur mariage, je me ferai un plaisir de le hâter, et j'aurai l'honneur de vous porter tantôt ma réponse, si vous me le permettez. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  95. Par_la_sambille, j'enrage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  96. Demande-lui à genoux pardon de toutes tes impertinences, et la grâce t'est accordée. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  97. Je me sens plus léger qu'une plume. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  98. Je la vois qui rêve, retire-toi, et reviens dans un moment, de peur qu'en nous voyant ensemble, elle ne nous soupçonne d'intelligence. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  99. Ce n'est pas son amour qui m'importe, je ne m'en soucie guère, mais il m'importe de ne point prendre de fausses idées des gens, et de n'être pas la dupe éternelle de vos étourderies ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  100. Si vos ballots sont faits, ce n'est encore qu'en idée, et cela ne dérange rien. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  101. Que signifie le discours qu'il m'a tenu en me quittant : Madame vous ne m'aimez point, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; n'est-ce pas tout comme s'il m'avait dit, je serais en danger de vous aimer, si je croyais que vous puissiez m'aimer vous-même ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  102. Cela posé, examinons ce qu'il vous dit : vous ne m'aimez pas, Madame, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; c'est-à-dire pour rester où vous êtes, j'ai besoin d'être certain que vous ne m'aimez pas, sans quoi je décamperais, c'est une pensée désobligeante, entortillée dans un tour honnête, cela me paraît assez net. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  103. Oui son honneur y est engagé, il faut qu'il m'aime, ou qu'il soit un malhonnête homme ; car il a donc voulu me faire prendre le change ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  104. Il vous aimait peut-être, et je lui avais dit que vous pourriez l'aimer ; mais vous vous êtes fâchée, et j'ai détruit mon ouvrage : j'ai dit tantôt à Arlequin que vous ne songiez nullement à lui : que j'avais voulu flatter son maître pour me divertir, et qu'enfin Monsieur_Lélio était l'homme du monde que vous aimeriez le moins. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  105. Il faut avoir le coeur bien dur, pour donner du chagrin aux gens sans nécessité ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  106. En vérité, vous avez juré de me désobliger ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  107. Mais c'est la coutume d'interroger le monde pour plus grande sûreté : je n'y pense point à mal. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  108. C'est pour vous mirer quand il ne vous voit plus : il dit que ce portrait ressemble à une cousine qui est morte, et qu'il aimait beaucoup : il m'a défendu d'en rien dire, et de vous faire accroire qu'il est perdu ; mais il faut bien vous donner de la marchandise pour votre argent. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  109. Oui, je l'ai laissé là-bas qui se fâche contre le visage de Madame ; il le querelle tant qu'il peut de ce qu'il aime. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  110. C'est bien à vous à vous apercevoir de cela ; n'avez-vous pas dessein de vivre en sauvage, de quoi vous plaignez-vous ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  111. Mais en vérité c'est une tyrannie que cette alternative-là ; si je vais dire que je l'aime, cela dérangera peut-être Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  112. Oui, et vous êtes un étrange homme, de ne m'avoir pas confié que vous l'aimiez. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  113. Ah vous voilà dans le ton, songez à dire toujours de même, entendez-vous monsieur de l'ermitage ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  114. Ah je suis un homme sans jugement. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  115. Madame, vous me feriez bien du plaisir de l'obliger à vous dire qu'il vous aime, il n'aura pas plus tôt avoué cela, qu'il me pardonnera. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  116. Avant le mariage, il en faut un peu ; après le mariage, je t'en dispense. (Acte 3, scène 6, COLOMBINE)
  117. Me dit : J'enrage contre toi. v.12 (Acte 3, scène 7, LE CHANTEUR)
  118. Si de chaque femme volage v.21 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  119. Par la ventrebille ! Je gage v.23 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  120. À travailler au jardinage. v.25 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)

L'ILE DES ESCLAVES (1725)

  1. Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous nos camarades ont péri, et j'envie maintenant leur sort. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  2. Eh, ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d'ici ; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île_des_Esclaves. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  3. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  4. Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  5. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  6. Ainsi tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  7. Oh cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je ne vous dérange pas ! (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  8. Vous vous trompez, et l'on vous apprendra à corriger vos termes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  9. Changez de nom à présent ; soyez le seigneur Iphicrate à votre tour ; et vous, Iphicrate, appelez-vous Arlequin, ou bien Hé. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  10. Souvenez-vous en prenant son nom, mon cher ami, qu'on vous le donne bien moins pour réjouir votre vanité, que pour le corriger de son orgueil. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  11. Oui, oui, corrigeons, corrigeons. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  12. Arlequin, votre aventure vous afflige, et vous êtes outré contre Iphicrate et contre nous. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  13. Ne vous gênez point, soulagez-vous par l'emportement le plus vif ; traitez-le de misérable, et nous aussi, tout vous est permis à présent : mais ce moment-ci passé, n'oubliez pas que vous êtes Arlequin, que voici Iphicrate, et que vous êtes auprès de lui ce qu'il était auprès de vous : ce sont là nos lois, et ma charge dans la République est de les faire observer en ce canton-ci. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  14. Ah, la belle charge ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  15. Oh morbleu, d'aimables gens. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  16. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après, la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  17. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  18. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès : et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs, et par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos citoyennes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  19. Quant à vous, mes enfants, qui devenez libres et citoyens, Iphicrate habitera cette case avec le nouvel Arlequin, et cette belle fille demeurera dans l'autre ; vous aurez soin de changer d'habit ensemble, c'est l'ordre. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  20. Passez maintenant dans une maison qui est à côté, où l'on vous donnera à manger si vous en avez besoin. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  21. Je vous apprends, au reste, que vous avez huit jours à vous réjouir du changement de votre état ; après quoi l'on vous donnera, comme à tout le monde, une occupation convenable. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  22. Que voulez-vous que je lui réponde, dans l'étrange aventure où je me trouve ? (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  23. Autrefois il n'y avait rien de si commode ; on n'avait affaire qu'à de pauvres gens : fallait-il tant de cérémonies ? (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  24. Mais à présent il faut parler raison ; c'est un langage étranger pour Madame ; elle l'apprendra avec le temps ; il faut se donner patience : je ferai de mon mieux pour l'avancer. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  25. Je ne puis changer nos lois, ni vous en affranchir : je vous ai montré combien elles étaient louables et salutaires pour vous. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  26. Doucement, point de vengeance. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  27. Venons maintenant à l'examen de son caractère : il est nécessaire que vous m'en donniez un portrait qui se doit faire devant la personne qu'on peint, afin qu'elle se connaisse, qu'elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu'elle se corrige. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  28. Allons, me voilà prête ; interrogez-moi, je suis dans mon fort. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  29. Vaine minaudière et coquette, voilà d'abord à peu près sur quoi je vais vous interroger au hasard. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  30. Eh voilà ma chère maîtresse ; cela lui ressemble comme son visage. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  31. Partout, à toute heure, en tous lieux ; je vous ai dit de m'interroger ; mais par où commencer, je n'en sais rien, je m'y perds ; il y a tant de choses, j'en ai tant vu, tant remarqué de toutes les espèces, que cela me brouille. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  32. Madame verra du monde aujourd'hui ; elle ira aux spectacles, aux promenades, aux assemblées ; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à voir, il n'y a qu'à le promener hardiment, il est en état, il n'y a rien à craindre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  33. Cependant on se mire, on éprouve son visage de toutes les façons, rien ne réussit ; des yeux battus, un teint fatigué ; voilà qui est fini, il faut envelopper ce visage-là, nous n'aurons que du négligé, Madame ne verra personne aujourd'hui, pas même le jour, si elle peut, du moins fera-t-il sombre dans la chambre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  34. Cependant il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame ? (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  35. Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n'est point moi, au moins ; ne me regardez pas, remettez à me voir ; ne me jugez pas aujourd'hui ; attendez que j'aie dormi. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  36. Ce sont de pauvres gens pour nous. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  37. Courage, Madame ; profitez de cette peinture-là, car elle me paraît fidèle. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  38. Cette femme-là est aimable, disiez-vous ; elle a les yeux petits, mais très doux ; et là-dessus vous ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  39. Monsieur, je ne resterai point, ou l'on me fera rester par force ; je ne puis en souffrir davantage. (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  40. C'est encore une finesse que cet habit-là ; on dirait qu'une femme qui le met ne se soucie pas de paraître, mais à d'autre ; on s'y ramasse dans un corset appétissant, on y montre sa bonne façon naturelle ; on y dit aux gens : Regardez mes grâces, elles sont à moi, celles-là ; et d'un autre côté on veut leur dire aussi : Voyez comme je m'habille, quelle simplicité, il n'y a point de coquetterie dans mon fait. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  41. Je sors, et tantôt nous reprendrons le discours, qui sera fort divertissant ; car vous verrez aussi comme quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle emphase, avec quel air imposant, quoique d'un air distrait et sans y penser ; car c'est la belle éducation qui donne cet orgueil-là. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  42. Vous verrez comme dans la loge on y jette un regard indifférent et dédaigneux sur des femmes qui sont à côté, et qu'on ne connaît pas. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  43. Bonjour, notre bon ami, je vais à notre auberge. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  44. Nous sommes d'honnêtes gens qui vous instruisons ; voilà tout : il vous reste encore à satisfaire à une petite formalité. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  45. Convenez-vous de tous les sentiments coquets, de toutes les singeries d'amour-propre qu'elle vient de vous attribuer ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  46. Si vous en convenez, cela contribuera à rendre votre condition meilleure : je ne vous en dis pas davantage. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  47. En vérité, voilà d'étranges conditions, cela révolte ! (Acte 1, scène 4, EUPHROSINE)
  48. Je ne vous demande pas votre âge. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  49. Allez rejoindre Cléanthis ; je lui rends déjà son véritable nom, pour vous donner encore des gages de ma parole. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  50. Que le ciel conserve la vigne, le vigneron, la vendange et les caves de notre admirable République ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  51. Eh bien, tout ce qu'elle vous a dit, c'était des folies qui faisaient pitié, des misères, gageons ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  52. Eh bien, je vous en offre autant, ce pauvre jeune garçon n'en fournira pas davantage ; extravagance et misère, voilà son paquet ; n'est-ce pas là de belles guenilles pour les étaler ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  53. Étourdi par nature, étourdi par singerie, parce que les femmes les aiment comme cela, un dissipe-tout ; vilain quand il faut être libéral, libéral quand il faut être vilain ; bon emprunteur, mauvais payeur ; honteux d'être sage, glorieux d'être fou ; un petit brin moqueur des bonnes gens ; un petit brin hâbleur ; avec tout plein de maîtresses il ne connaît pas : voilà mon homme. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  54. Malepeste, quand ce visage-là fait le fripon, c'est bien son métier. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  55. Si je devenais amoureux de vous, cela amuserait davantage. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  56. Soupirez pour moi, poursuivez mon coeur, prenez-le si vous pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous à faire vos diligences, me voilà, je vous attends : mais traitons l'amour à la grande manière ; puisque nous sommes devenus maîtres, allons-y poliment, et comme le grand monde. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  57. Je suis d'avis d'une chose ; que nous disions qu'on nous apporte des sièges pour prendre l'air assis, et pour écouter les discours galants que vous m'allez tenir : il faut bien jouir de notre état, en goûter le plaisir. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  58. Arlequin, vite des sièges pour moi, et des fauteuils pour Madame. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  59. Car encore une fois nous sommes d'honnêtes gens à cette heure ; il faut songer à cela, il n'est plus question de familiarité domestique. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  60. Courage ; quand ce ne serait que pour nous moquer de nos patrons. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  61. Garderons-nous nos gens ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  62. Rayez ces applaudissements, ils nous dérangent. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  63. Faut-il m'agenouiller, Madame, pour vous convaincre de mes flammes, et de la sincérité de mes feux ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  64. Cela est étrange ! (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  65. Nous sommes aussi bouffons que nos patrons ; mais nous sommes plus sages. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  66. Inspirez à Arlequin de s'attacher à moi ; faites-lui sentit l'avantage qu'il y trouvera dans la situation où il est ; qu'il m'épouse, il sortira tout d'un coup d'esclavage ; cela est bien aisé, au bout du compte. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  67. J'ai même un visage de condition ; tout le monde me l'a dit. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  68. Ils le veulent, si vous voulez ; car dans le grand monde on n'est pas si façonnier ; et sans faire semblant de rien, vous pourriez lui jeter quelque petit mot bien clair à l'aventure pour lui donner courage, à cause que vous êtes plus que lui ; c'est l'ordre. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  69. Vantez mon mérite, prêtez m'en un peu, à charge de revanche... (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  70. Vous n'avez jusqu'ici regardé les gens que pour leur en donner ; vos beaux yeux n'ont fait que cela, dédaignent-ils la conquête du seigneur Iphicrate ? (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  71. Il ne vous fera pas de révérences penchées ; vous ne lui trouverez point de contenance ridicule, d'airs évaporés : ce n'est point une tête légère, un petit badin, un petit perfide, un joli volage, un aimable indiscret ; ce n'est point tout cela ; ces grâces-là lui manquent à la vérité ; ce n'est qu'un homme franc, qu'un homme simple dans ses manières, qui n'a pas l'esprit de se donner des airs ; qui vous dira qu'il vous aime, seulement parce que cela sera vrai : enfin ce n'est qu'un bon coeur, voilà tout ; et cela est fâcheux, cela ne pique point. (Acte 1, scène 7, CL?ANTHIS)
  72. Ne mentez point ; on vous a communiqué les sentiments de mon âme, rien n'est plus obligeant pour vous. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  73. Je me mettrais à genoux devant lui. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  74. Vois l'extrémité où je suis réduite ; et si tu n'as point d'égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage, que ma douleur t'attendrissent : tu peux ici m'outrager autant que tu le voudras ; je suis sans asile et sans défense, je n'ai que mon désespoir pour tout secours, j'ai besoin de la compassion de tout le monde, de la tienne même, Arlequin ; voilà l'état où je suis, ne le trouves-tu pas assez misérable ? (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  75. Je n'ai pas la force de t'en dire davantage : je ne t'ai jamais fait de mal ; n'ajoute rien à celui que je souffre. (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  76. Autre personnage qui va me demander encore ma compassion. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  77. On m'avait promis que mon esclavage finirait bientôt, mais on me trompe, et c'en est fait, je succombe ; je me meurs, Arlequin, et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu'il a souffertes de toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  78. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; le tien y est encore ; il t'avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même, je t'avais choisi par un sentiment d'amitié pour m'accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m'aimais, et cela m'attachait à toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  79. D'ailleurs, ne fallait-il pas te corriger de tes défauts ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  80. Va, tu n'es qu'un ingrat ; au lieu de me secourir ici, de partager mon affliction, de montrer à tes camarades l'exemple d'un attachement qui les eût touchés, qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur coutume ou à m'en affranchir, et qui m'eût pénétré moi-même de la plus vive reconnaissance. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  81. Tu veux que je partage ton affliction, et jamais tu n'as partagé la mienne. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  82. Je parlerai en ta faveur à mes camarades, je les prierai de te renvoyer, et s'ils ne le veulent pas, je te garderai comme mon ami ; car je ne te ressemble pas, moi, je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  83. Ah vraiment, nous y voilà, avec vos beaux exemples ; voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, qui nous regardent comme des vers de terre, et puis, qui sont trop heureux dans l'occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  84. Fi, que cela est vilain, de n'avoir eu pour tout mérite que de l'or, de l'argent et des dignités : c'était bien la peine de faire tant les glorieux : où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas d'autre mérite que cela pour vous ? (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  85. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ? (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  86. À de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont. (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  87. Allons, ma mie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du bien sans dire d'injures ; ils sont contrits d'avoir été méchants, cela fait qu'ils nous valent bien ; car quand on se repent, on est bon ; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  88. Hélas,comment en aviez-vous le courage ! (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  89. Mettez-vous à genoux pour être encore meilleure qu'elle. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  90. Ne parle plus de ton esclavage, et ne songe plus désormais qu'à partager avec moi tous les biens que les dieux m'ont donné, si nous retournons à Athènes. (Acte 1, scène 10, EUPHROSINE)
  91. Vous ne voyez rien, nous sommes admirables ; nous sommes des Rois et des Reines ; enfin finale, la paix est conclue, la vertu a arrangé tout cela ; il ne nous faut plus qu'un bateau et un batelier pour nous en aller : et si vous nous les donnez, vous serez presque aussi honnêtes gens que nous. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  92. Je n'ai que faire de vous en dire davantage, vous voyez ce qu'il en est. (Acte 1, scène 11, CLÉANTHIS)
  93. Si cela n'était pas arrivé, nous aurions puni vos vengeances, comme nous avons puni leurs duretés. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  94. La différence des conditions n'est qu'une épreuve que les dieux font sur nous : je ne vous en dis pas davantage. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)

LA MÈRE CONFIDENTE (1735)

  1. Vous êtes tous deux aimables, l'amour s'est mis de la partie, cela est naturel ; voilà sept ou huit entrevues que nous avons avec vous, à l'insu de tout le monde ; la mère, à qui vous êtes inconnu, pourrait à la fin en apprendre quelque chose, toute l'intrigue retomberait sur moi : terminons ; Angélique est riche, vous êtes tous deux d'une égale condition, à ce que vous dites ; engagez vos parents à la demander pour vous en mariage ; il n'y a pas même de temps à perdre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Ce n'est pas le bien d'Angélique qui me fait envie : si je ne l'avais pas rencontrée ici, j'allais, à mon retour à Paris, épouser une veuve très riche et peut-être plus riche qu'elle, tout le monde le sait, mais il n'y a plus moyen : j'aime Angélique ; et si jamais tes soins m'unissaient à elle, je me charge de ton établissement. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Encore passe, voilà une humeur qui peut nous dédommager de la vieillesse et des infirmités qu'il n'a pas : il n'a qu'à nous assurer son bien. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Il ne faut pas s'y attendre ; on parle de quelque mariage en campagne pour lui. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  5. As-tu parlé de lui à la concierge du château où il est ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  6. Après cet éloge ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  7. Va, va, ne ménage pas mon coeur, il n'est pas au-dessous du tien, conseille-moi hardiment une belle action. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  8. Dorante est un cadet et l'usage veut qu'on le laisse là. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Non, tu m'encourages, mais c'est ce misérable bien que j'ai et qui me nuira : ah ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  10. Vous n'y songez pas, Lisette ; il croira que c'est moi qui le lui ai fait donner. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  11. Pour cela, Monsieur, ne vous plaignez pas ; il faut rendre justice à Madame : il n'y a rien de si obligeant que les discours qu'elle vient de me tenir sur votre compte. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  12. Y a-t-il du mal à lui dire le plaisir que vous vous proposez à le venger de la fortune, à lui apprendre que la sienne vous le rend encore plus cher ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  13. Il n'y a point à rougir d'une pareille façon de penser, elle fait l'éloge de votre coeur. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  14. Oui, j'ons tout vu à mon aise, j'ons mêmement entendu leur petit ramage. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  15. Mais ne pourriez-vous pas en même temps songer à faire durer ce plaisir ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  16. Je te crois, et je suis bien aise de te trouver, car je te cherchais ; j'ai une commission à te donner, que je ne veux confier à aucun de mes gens ; c'est d'observer Angélique dans ses promenades, et de me rendre compte de ce qui s'y passe ; je remarque que depuis quelque temps elle sort souvent à la même heure avec Lisette, et j'en voudrais savoir la raison. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  17. Vous me baillez donc une charge d'espion ? (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  18. Ceci est sérieux ; mais vous êtes bien hardi, Lubin, de vous charger d'une pareille commission. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  19. Oui ; vous connaissez Ergaste, Angélique, vous l'avez vu souvent à Paris, il vous demande en mariage. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  20. Viens donc que je t'embrasse : te voici dans un âge raisonnable, mais où tu auras besoin de mes conseils et de mon expérience ; te rappelles-tu l'entretien que nous eûmes l'autre jour ; et cette douceur que nous nous figurions toutes deux à vivre ensemble dans la plus intime confiance, sans avoir de secrets l'une pour l'autre ; t'en souviens-tu ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  21. Que tu m'affliges ; je ne mérite pas ta résistance. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  22. Soit, vous l'exigez de trop bonne grâce, j'y consens, je vous dirai tout. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  23. Ce n'est pas la peine, ce nom-là m'est cher, quand je le changerais, il n'en serait ni plus ni moins, ce ne serait qu'une finesse inutile, laissez-le-moi, il ne m'effraye plus. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  24. La question convient à ton âge. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  25. Quelque jeune homme galant, qui t'a salué, et qui a su adroitement engager une conversation ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  26. Je te tiendrai parole, mais puisque cela est si sérieux, peu s'en faut que je ne verse des larmes sur le danger où je te vois, de perdre l'estime qu'on a pour toi dans le monde. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  27. Est-ce que vous me croyez capable de manquer de sagesse ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  28. Soit, mais songe à ce que je t'ai dit. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  29. J'entends qu'il y a des scrupules qui me tourmentont sur vos rendez-vous que je protège, j'ons queuquefois la tentation de vous torner casaque sur tout ceci, et d'aller nous accuser tretous. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  30. Moi itou, et tellement honnête, qu'il n'y aura pas moyen d'être un fripon, si on ne me soutient le coeur, par rapport à ce que j'ons toujours maille à partie avec ma conscience ; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage ; à chaque pas que je fais, j'ai le défaut de m'arrêter, à moins qu'on ne me pousse, et c'est à vous à pousser. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  31. Explique-toi donc ; c'est-à-dire que ce que tu en fais, n'est que pour obtenir quelque argent d'elle sans nous nuire ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  32. Parlez-li toujours, mais ne li écrivez pas, voute griffonnage n'a pas fait forteune. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  33. Velà Lisette, intarrogez-la, je retorne à ma place pour vous garder. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  34. j'en suis quitte à moins ; pour indifférent, passe, et très indifférent ; quant à votre lettre, je l'ai reçue comme elle le méritait, et je ne croyais pas qu'on eût droit d'écrire aux gens qu'on a vus par hasard ; j'ai trouvé cela fort singulier, surtout avec une personne de mon sexe : m'écrire, à moi, Monsieur, d'où vous est venue cette idée, je n'ai pas donné lieu à votre hardiesse, ce me semble, de quoi s'agit-il entre vous et moi ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  35. Si Monsieur, comme je l'ai déjà dit, et à l'exemple de presque tous les jeunes gens, était homme à faire trophée d'une aventure dont je suis tout à fait innocente, où en serais-je ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  36. Si, de votre côté, vous êtes de ces filles intéressées qui ne se soucient pas de faire tort à leurs maîtresses pourvu qu'elles y trouvent leur avantage, que ne risquerais-je pas ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  37. Je crois vous entendre : vous gageriez, j'en suis sûre, que j'ai été séduite par des présents ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  38. Gagez, Madame, faites-moi cette galanterie-là, vous perdrez, et ce sera une manière de donner tout à fait noble. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  39. Adieu, Madame ; je vous quitte, puisque vous le voulez ; dans l'état où vous me jetez, la vie m'est à charge, je pars pénétré d'une affliction mortelle, et je n'y résisterai point, jamais on n'eut tant d'amour, tant de respect que j'en ai pour vous, jamais on n'osa espérer moins de retour ; ce n'est pas votre indifférence qui m'accable, elle me rend justice, j'en aurais soupiré toute ma vie sans m'en plaindre, et ce n'était point à moi, ce n'est peut-être à personne à prétendre à votre coeur ; mais je pouvais espérer votre estime, je me croyais à l'abri du mépris, et ni ma passion ni mon caractère n'ont mérité les outrages que vous leur faites. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  40. Il y a du brit dans le ménage, je m'en retorne donc, je vas me mettre pus près par rapport à ce que je m'ennuie d'être si loin, j'aime à voir le monde, vous me sarvirez de récriation, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 4, LUBIN)
  41. Elle en a douté pour en être plus sûre, cela est-il si désobligeant ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  42. Oui, Dorante, je vous le promets, voilà qui est fini ; excusez tous deux l'embarras où se trouve une fille de mon âge, timide et vertueuse ; il y a tant de pièges dans la vie ! (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  43. Je n'ai que ma sagesse et mon innocence pour toute ressource, et quand on n'a que cela, on peut avoir peur ; mais me voilà bien rassurée. (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  44. Me jeter à ses genoux ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  45. Et moi, je ne vous conseille pas de lui en parler, vous ne ferez que la révolter davantage, et elle se hâterait de conclure. (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  46. Va, tu n'as pas besoin de me rassurer, ma fille, tu me ferais injure, si tu croyais que j'en doute ; non, ma chère Angélique, tu ne verras plus Dorante, tu l'as renvoyé, j'en suis sûre, ce n'est pas avec un caractère comme le tien qu'on est exposé à la douleur d'être trop crédule ; n'ajoute donc rien à ce que tu m'as dit : tu ne le verras plus, tu m'en assures, et cela suffit ; parlons de la raison, du courage et de la vertu que tu viens de montrer. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  47. Voilà encore ce qui m'afflige dans l'aveu que je vous fais, c'est que vous allez le mépriser vous-même, il est perdu : vous n'étiez déjà que trop prévenue contre lui, et cependant il n'est point si méprisable ; permettez que je le justifie : je suis peut-être prévenue moi-même ; mais vous m'aimez, daignez m'entendre, portez vos bontés jusque-là. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  48. Oui, mais je ne les aimerai pas, moi, m'aimassent-ils davantage, et cela n'est pas possible. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  49. Il l'ignorait quand il m'a vue, et c'est ce qui devrait l'empêcher de m'aimer, il sait bien que quand une fille est riche, on ne la donne qu'à un homme qui a d'autres richesses, toutes inutiles qu'elles sont ; c'est, du moins, l'usage, le mérite n'est compté pour rien. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  50. tu es la franchise même, ne serais-tu point en danger d'y consentir ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  51. Mais pourrais-tu la fuir, te sentirais-tu la force de l'affliger jusque-là, de lui donner la mort, de lui porter le poignard dans le sein ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  52. Tu ne me réponds pas, à quoi songes-tu ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  53. Il n'y a pas de danger avec li, ça ne regarde rin, ça dort en marchant. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  54. La loger ailleurs, la changer de chambre : velà cen que c'est. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  55. Avec une dame entre deux âges, qu'il a mêmement descendue dans l'hôtellerie du village. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  56. Interrogeons ce paysan, il est de la maison. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  57. Il n'y a que l'horloge qui en sait le compte, moi, je n'y regarde pas. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  58. Les gens de Paris passont-ils leur chemin queuquefois ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  59. Gageons que vous savez itou qu'alle est amoureuse de li ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  60. Bon, vous êtes homme de parole, mais dites-moi, avez-vous souvenance de connaître un certain Monsieur Ergaste, qui a l'air d'être gelé, et qu'on dirait qu'il ne va ni ne grouille, quand il marche ? (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  61. Vous m'avez tout l'air d'y être en bonne fortune ; je viens de vous y voir parler à un domestique qui vous apporte quelque réponse, ou qui vous y ménage quelque entrevue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  62. Cet engagement-là ne vous réussira pas, Dorante, vous y perdez votre temps, car Angélique est extrêmement riche, on ne la donnera pas à un homme sans bien. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  63. Oui, Monsieur, elle doit y venir ; mais je ne la verrai que pour lui apprendre l'impossibilité où je suis de la revoir davantage. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  64. Voilà notre secret découvert, cet homme-là, pour se venger, va tout dire à votre mère. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  65. Achevez de m'en convaincre ; j'ai une chaise au bout de la grande allée, la dame dont je vous ai parlé, et dont la maison est à un quart de lieue d'ici, nous attend dans le village, hâtons-nous de l'aller trouver, et vous rendre chez elle. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  66. Dorante, ne songez plus à cela, je vous le défends. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  67. Quand on ouvre son coeur aux gens, leur cache-t-on quelque chose ? (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  68. Ma mère, songez que je me suis ôté tous les moyens de vous déplaire, et que cette pensée vous attendrisse un peu pour nous. (Acte 3, scène 9, ANGÉLIQUE)
  69. Madame, qu'on retienne tout son bien, qu'on me mette hors d'état de l'avoir jamais ; le ciel me punisse si j'y songe ! (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  70. L'amour seul vous fait agir, soit ; mais vous êtes, m'a-t-on dit, un honnête homme, et un honnête homme aime autrement qu'un autre ; le plus violent amour ne lui conseille jamais rien qui puisse tourner à la honte de sa maîtresse, vous voyez, reconnaissez-vous ce que je dis là, vous qui voulez engager Angélique à une démarche aussi déshonorante ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  71. Un amour infini, un respect qui m'est peut-être encore plus cher et plus précieux que cet amour même, voilà tout ce que je sens pour Angélique ; je suis d'ailleurs incapable de manquer d'honneur, mais il y a des réflexions austères qu'on n'est point en état de faire quand on aime, un enlèvement n'est pas un crime, c'est une irrégularité que le mariage efface ; nous nous serions donné notre foi mutuelle, et Angélique, en me suivant, n'aurait fui qu'avec son époux. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  72. Songez-vous que de pareils engagements déshonorent une fille ! (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  73. N'en doutez pas, chère Angélique ; oui, je me rends, je la désavoue ; ce n'est pas la crainte de voir diminuer mon estime pour vous qui me frappe, je suis sûr que cela n'est pas possible ; c'est l'horreur de penser que les autres ne vous estimeraient plus, qui m'effraye ; oui, je le comprends, le danger est sûr, Madame vient de m'éclairer à mon tour : je vous perdrais, et qu'est-ce que c'est que mon amour et ses intérêts, auprès d'un malheur aussi terrible ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  74. Jugez combien je dois l'aimer, cette mère, rien ne nous a gênés dans nos entrevues ; eh bien ! (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  75. Oui, je l'avais instruite, ses bontés, ses tendresses m'y avaient obligée, elle a été ma confidente, mon amie, elle n'a jamais gardé que le droit de me conseiller, elle ne s'est reposée de ma conduite que sur ma tendresse pour elle, et m'a laissée la maîtresse de tout, il n'a tenu qu'à moi de vous suivre, d'être une ingrate envers elle, de l'affliger impunément, parce qu'elle avait promis que je serais libre. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  76. Tout amant que je suis, vous me mettez dans ses intérêts même, je me range de son parti, et me regarderais comme le plus indigne des hommes, si j'avais pu détruire une aussi belle, aussi vertueuse union que la vôtre. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  77. Mon mariage avec Angélique était comme arrêté, mais j'ai fait quelques réflexions, je craindrais qu'elle ne m'épousât par pure obéissance, et je vous remets votre parole. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  78. Je lui pardonne ; que nos jeunes gens la récompensent, mais qu'ils s'en défassent. (Acte 3, scène 12, MADAME-ARGANTE)

LA COMMÈRE (1741)

  1. Et si je me réjouis tant de notre mariage, ce n'est pas à cause du bien que vous avez et de celui que je n'ai pas, au moins. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  2. Ce me fait quelquefois douter de votre tendresse, c'est l'inégalité de nos âges. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  3. Mais votre âge, où le mettez-vous donc ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  4. Ce n'est pas sur votre visage ; est-ce qu'il est votre cadet ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  5. Je me suis séparée d'une soeur avec qui je vivais depuis plus de vingt-cinq ans dans l'union la plus parfaite, et je brave les reproches de toute ma famille, qui ne me pardonnera jamais notre mariage quand elle le saura. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  6. Finalement, je vous dois mon nom, ma braverie, ma parenté, mon beau langage, ma politesse, ma bonne mine ; et puis vous m'allez prendre pour votre homme comme si j'étais un bourgeois de Paris. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  7. Il ne serait pas prudent d'en parler aux gens qui me connaissent. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  8. Vous faites fort bien, car Monsieur_Dumont y songe. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  9. Il a à vous entretenir de mariage, et votre volonté sera la mienne. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  10. Discourir, comme elle vous le dit, d'amour et de mariage. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  11. Ce n'est pas à elle non plus ; c'est le mot de mariage qui l'abuse. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  12. Et c'est un entretien d'amour et de mariage ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  13. Quel âge avez-vous ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  14. Arrangeons-nous, puisque vous m'aimez. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  15. À votre âge, on est bien vivant ; vous avez l'air de l'être plus qu'un autre, et je ne le suis pas mal aussi, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  16. Ainsi nous voilà déjà deux en danger d'être bientôt trois, peut-être quatre, peut-être cinq, que sait-on jusqu'où peut aller une famille ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  17. J'ai assez de bien de mon chef ; j'ai ma mère qui en a aussi, une grand-mère qui n'en manque pas, un vieux parent dont j'hérite et qui en laissera ; et pour peu que vous en ayez, on se soutient en prenant quelque charge ; on roule. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  18. Je n'en ai pourtant pas davantage ; vous en contentez-vous, Madame_Alain ? (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  19. C'est dommage ; j'ai grand regret à vos vingt ans, mais rien, que fait-on de rien ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  20. Est-ce que vous n'avez pas au moins quelque héritage ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  21. Que trouvez-vous de si plaisant à ce mariage, Madame ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  22. On a de l'amour ; on se contente ; on se marie à l'âge qu'on a ; si je pouvais vous ôter les trois-quarts du vôtre, vous seriez bientôt du sien. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  23. Vous m'en donnez une étrange preuve ; pourquoi me le dire ? (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  24. L'étrange fille ! (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  25. Par quel motif cachez-vous votre mariage ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  26. De bien loin, à la vérité, car ce sont des visages si différents ! (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  27. J'appréhenderais que par malice, par industrie, ou par autorité on ne mît opposition à mon mariage. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  28. Je sais bien que vous êtes sage. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  29. Je vous reconnais pour telle, mais pour preuve que vous ne l'êtes pas, ils apporteront vos amours, qu'ils traiteront de ridicules ; votre dessein d'épouser qu'ils traiteront d'enfance ; ils apporteront une quarantaine d'années qui, malheureusement, en paraissent cinquante ; ils allégueront son âge à lui et mille mauvaises raisons que vous êtes en danger d'essuyer comme bonnes. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  30. Mais, Madame_Alain, vous alléguez l'âge de ma cousine. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  31. Traitez votre femme en bon mari, comme elle s'y attend ; ne vous écartez point d'elle, et ne la négligez pas sous prétexte qu'elle est sur son déclin. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  32. Je ne l'ai pas informée de l'endroit où j'allais demeurer ; vous voyez même que je ne sors guère de peur de la rencontrer ou de trouver quelques gens de connaissance qui me suivent. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  33. Voulez-vous bien vous charger de me les avoir ? (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  34. Chère dame, que vous allez m'être obligeante ! (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  35. Devine-t-elle que c'est pour un mariage ? (Acte 1, scène 10, MADEMOISELLE HABERT)
  36. 'est ce que nous verrons dans le ménage. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  37. Ce qui me surprend, c'est que cette petite Agathe sache que c'est pour un mariage. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  38. Mignonne, votre propos m'afflige l'âme. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  39. Ce n'est pas qu'il n'ait du mérite, mais j'en sais qui en ont davantage. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  40. Patience, je me corrigerai avec le temps. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  41. D'un mariage, où je vous prie d'être témoin. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  42. Mais je vais dire chez moi que je suis retenu pour un mariage. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  43. Les notaires vont arriver ; ils seront discrets ; il y en a un dont je suis bien sûre : c'est Monsieur_Thibaut, qui va épouser la fille de Monsieur_Constant, à qui il ne dit qu'il paiera sa charge des deniers de la dot, ce qu'il n'ignore pas que je sais. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  44. Ce fut feu mon mari qui ajusta l'affaire de la charge. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  45. Messieurs, il est question d'un contrat de mariage pour les deux personnes que vous voyez, et Monsieur_Remy, qui est connu de vous, Monsieur_Thibaut, va servir de témoin. (Acte 1, scène 16, MADAME ALAIN)
  46. Il n'y manque rien ; le juge du lieu y a passé signature, paraphe, tout y est ; la feuille timbrée dit tout. (Acte 1, scène 16, LA VALLEE)
  47. Je les connais tous deux ; Mademoiselle loge chez moi. (Acte 1, scène 16, MADAME ALAIN)
  48. Et c'est cette amitié qui veut la détourner d'un mariage qui déplaît à sa famille et qui n'est pas supportable. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  49. Ne dois-je point savoir avant de vous les confier si la personne qui loge chez vous est celle que je cherche ? (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  50. Je gage aussi que votre demoiselle a père et mère. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  51. Le coeur me dit que vous me coupez la gorge. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  52. Cette bonne qualité a toujours été mon défaut et je ne m'en corrige point. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  53. Profitez au contraire de l'occasion qu'elle vous offre de rendre service à d'honnêtes gens et ne vous prêtez plus à un mariage aussi ridicule et aussi disproportionné que l'est celui-ci. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  54. Son véritable est Jacques Giroux, petit berger, venu depuis sept ou huit mois de je ne sais quel village de Bourgogne, et c'est de lui-même que mes tantes le savent. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  55. Berger, parce qu'on a des moutons. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  56. On dit paysan, nom qu'on donne à tous les gens des champs. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  57. Petit paysan, petit berger, Jacob, qu'est-ce donc que tout cela, Monsieur_de_la_Vallée ? (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  58. Je vous réponds qu'on arrange cette famille-là bien malhonnêtement, Madame_Alain, et que sans la crainte du bruit et le respect de votre maison et du cabinet où il y a du monde... (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  59. C'est ce qu'il y a de plus distingué parmi eux, et le petit garçon sait un peu écrire, de sorte qu'il fut trois semaines à leurs gages, mangeant avec une gouvernante qui est au logis. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  60. Diantre ; il mange à table à cette heure. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  61. Chantez mes louanges à votre aise. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  62. C'est sans doute ma tante qui lui a fait faire cet habit-là, car il était en fort mauvais équipage au logis. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  63. C'est que j'avais mon habit de voyage. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  64. Jugez, Madame, vous qui êtes une femme respectable, et qui savez ce que c'est que des gens de famille... (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  65. Je ne désapprouve pas qu'elle se marie ; toute la grâce que je lui demande, c'est de se choisir un mari que nous puissions avouer, qui ne fasse pas rougir un neveu plein de tendresse et de respect pour elle, et qui n'afflige pas une soeur à qui elle est si chère, à qui sa séparation a coûté tant de larmes. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  66. Les gens comme nous doivent se soutenir ; j'entre dans vos raisons. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  67. Ce n'est pas vous que je blâme, Jacob ; mais il n'y a pas moyen d'être, pour un petit berger. (Acte 1, scène 21, MADAME ALAIN)
  68. Il n'y a point de mariage ; il est du moins remis. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  69. Un petit Jacob qui mangeait à l'office, un cousin scribe, un oncle voiturier, un vigneron... (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  70. Ainsi, trouvez bon que je ne prête point mon ministère pour un mariage qui peut lui faire tort. (Acte 1, scène 22, L-AUTRE-NOTAIRE)
  71. Calmez-vous, Mademoiselle_Habert ; vous m'affligez. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  72. Je ne saurais voir pleurer les gens sans faire comme eux. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  73. C'est la mode ; on ne la changera pas, ni pour vous ni pour ce petit bonhomme. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  74. En France et partout, un paysan n'est qu'un paysan, et ce paysan n'est pas pour la fille d'un citoyen bourgeois de Paris. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  75. J'avais peur du tapage. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  76. Votre mari était fils de gens de rien ; vous avez perdu votre honneur en l'épousant. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  77. C'est que, dans les provinces, c'est l'usage de donner ces noms-là aux enfants dans les familles. (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  78. Apparemment que la partie est renouée et que le mariage se termine. (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  79. Est-ce que ce mariage vous déplaît ? (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  80. Ce mariage n'est pas rompu ? (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  81. Ce n'est pas lui qui a tort ; il fait sa charge. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  82. Apprenez aussi, soit dit entre nous, que La Vallée songeait si peu à vous que c'est moi qu'il aime, qu'il m'épouserait si j'étais femme à vous donner un beau-père. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  83. Et je vous paierai, Monsieur, je vous paierai, mais priez Madame_Alain de vous garder mieux le secret qu'elle n'a fait à ma femme, et qu'elle ne dise pas à d'autres qu'à moi que vous faites accroire à Monsieur_Constant, dont vous allez épouser la fille, que votre charge est à vous, pendant que vous vous disposez à la payer des deniers de la dot. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  84. Courage, Messieurs. (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  85. Ignorez ma contrebande ; et j'ignorerai l'affaire de votre charge. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  86. Sont-ce là les témoignages de ta reconnaissance ? (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)

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L'HEUREUX STRATAGÈME (1733)

  1. Adresse-toi à lui : si tu n'obtiens rien, je te ferai l'argent dont tu as besoin. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  2. Par la morgué, ce que j'entends là me dérange de vous remarcier, tant je sis surprins et stupéfait. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  3. Un brave homme comme vous, qui a une mine de prince, qui a le coeur de m'offrir de l'argent, se voir délaissé de la propre parsonne de sa maîtresse !... (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  4. Ça me baille un grand parvilége. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. Mais, Monsieur, ils étaient ensemble, ils riaient de toute leur force ; ce vilain Chevalier ouvrait une bouche plus large... (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  6. Sans doute : le Chevalier ne la quitte point ; il l'amuse, il la cajole, il lui parle tout bas ; elle sourit : à la fin le coeur peut s'y mettre, s'il n'y est déjà ; et cela m'inquiète, Monsieur ; car je vous estime ; d'ailleurs, voilà un garçon qui doit m'épouser, et si vous ne devenez pas le maître de la maison, cela nous dérange. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  7. Il serait désagréable de faire deux ménages. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  8. Tout cela est vrai ; nous y voilà : je le distinguais, vous dis-je, et je le distingue encore ; mais rien ne m'engage avec lui ; et comme il te parle quelquefois, et que tu crois qu'il m'aime, je venais te dire qu'il faut que tu le disposes adroitement à se tranquilliser sur mon chapitre. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  9. Ce coeur qui manque à sa parole, quand il en donne mille, il fait sa charge ; quand il en trahit mille, il la fait encore : il va comme ses mouvements le mènent, et ne saurait aller autrement. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  10. Qu'est-ce que c'est que l'étalage que tu me fais là ? (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  11. Bien loin que l'infidélité soit un crime, c'est que je soutiens qu'il ne faut pas un moment hésiter d'en faire une, quand on en est tentée, à moins que de vouloir tromper les gens, ce qu'il faut éviter, à quelque prix que ce soit. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  12. Ont-ils là-dessus des privilèges que nous n'ayons pas ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  13. Ce style-là ne me corrigera guère. (Acte 1, scène 5, LA COMTESSE)
  14. Soupirez, Monsieur, vous êtes le maître, je n'ai pas droit de vous en empêcher ; mais n'exigez pas que je soupire. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  15. Accoutumez-vous à penser que vos soupirs ne m'obligent point à les accompagner des miens, pas même à m'en amuser : je les trouvais autrefois plus supportables ; mais je vous annonce que le ton qu'ils prennent aujourd'hui m'ennuie ; réglez-vous là-dessus. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  16. Quel étrange discours me tiens-tu là ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  17. On me trahit, Madame, on m'assassine, on me plonge le poignard dans le sein ! (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  18. On m'étouffe, Madame, on m'égorge, on me distingue ! (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  19. Non, Dorante, je sais une manière de nous venger qui nous sera plus commode à tous deux. Je veux bien punir la Comtesse, mais, en la punissant, je veux vous la rendre, et je vous la rendrai. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  20. Si elle croit ne vous plus aimer, elle se trompe encore ; il n'y a que sa coquetterie qui vous néglige. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  21. Mais si vous ne vous sentez pas le courage d'écouter d'un air différent ce qu'il pourra nous dire, allez-vous-en. (Acte 1, scène 10, LA MARQUISE)
  22. Abrège le plus que tu pourras. (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  23. Excusez, Madame, je ne finis point quand j'abrège. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  24. Il n'en reste pas vestige, il ne sait pas qui vous êtes. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  25. Je les suis de loin ; ils entrèrent dans le bois, j'y entre aussi ; ils tournent dans une allée, moi dans le taillis ; ils se parlent, je n'entends que des voix confuses ; je me coule, je me glisse, et de bosquet en bosquet, j'arrive à les entendre et même à les voir à travers le feuillage... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  26. Cadédis, où sé rangerait-elle ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  27. Vous m'en occuperiez mille dé coeurs, si jé les avais ; mon amour ne sait où sé mettre, tant il surabonde dans mes paroles, dans mes sentiments, dans ma pensée ; il sé répand partout, mon âme en régorge. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  28. Les gages de la commission courent-ils toujours, Madame ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  29. Nous ne pouvons plus douter de leur secrète intelligence ; mais si vous jouez toujours votre personnage aussi mal, nous ne tenons rien. (Acte 1, scène 13, LA MARQUISE)
  30. Je n'ai pas le temps de vous en dire davantage. (Acte 1, scène 15, LA MARQUISE)
  31. Ce n'est pas ta modestie que j'interroge, car elle est gasconne. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  32. Je te le donne à charge de revanche. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  33. Monsieur, vous n'y songez pas ; il faut revoir la Marquise, entretenir son amour, sans quoi vous êtes un homme mort, enterré, anéanti dans sa mémoire. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  34. Ce coeur-là, je crois que l'amour y campe quelquefois, mais qu'il n'y loge jamais. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  35. Mon garçon, courage, vous n'y perdez rien ; vous voilà plus savant que vous n'étiez. (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  36. Ne m'en parlez point ; tâchons de le perdre, et qu'il devienne ce qu'il voudra : mais j'ai chargé un des gens de la Comtesse de savoir si je pouvais la voir, et je crois qu'on vient me rendre réponse. (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  37. Je vous entends : vous ne me croyez pas trop sincère ; mais votre éloge m'exhorte à l'être, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  38. Vous n'êtes point si charmée, Marquise ; je vous disais bien que vous me manqueriez de parole : vos éloges baissent. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  39. Je ne songeais pas à vous appeler coquette. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  40. C'est qu'on ne prouve que quand on réussit ; le manque de succès met bien des coquetteries à couvert : on se retire sans bruit, un peu humiliée, mais inconnue, c'est l'avantage qu'on a. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  41. Voulez-vous gager que cette aventure-ci n'humiliera point le mien, si je veux ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  42. Pas mal ; mais je vais l'aimer davantage, afin qu'il vous résiste mieux. On a besoin de toutes ses forces avec vous. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  43. Oui, je vois la Marquise et Dorante dans une affliction qui me chagrine ; nous parlions tantôt de mariage, il faut absolument différer le nôtre. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  44. Je vous dis que ces gens-là sont outrés ; voulez-vous les pousser à bout ? (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  45. Ces gens-là ont pu se flatter que nous les aimions, il faut les ménager ; je n'aime à faire de mal à personne : ni vous non plus, apparemment ? (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  46. Ce sont vos amis comme les miens : accoutumons-les du moins à se douter de notre mariage. (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  47. Savez-vous qu'on dit qu'ils s'arrangent ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  48. S'arranger ! (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  49. De quel arrangement parlez-vous ? (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  50. Monsieur, si vous me prouvez que ces gens-là s'aiment, qu'ils sentent de la douceur à se voir ; si vous me le prouvez, je vous épouse demain, je vous épouse ce soir. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  51. Jé vous tiens, et jé vous informe qué la Marquise a donné charge à Frontin dé nous examiner, dé lui apporter un état dé nos coeurs ; et j'avais oublié dé vous lé dire. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  52. Les désespérés s'agitent, se trémoussent, ils font du bruit, ils gesticulent ; et il n'y a rien de tout cela. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  53. Voyons ; n'est-il pas vrai que tu es aux gages de la Marquise, et peut-être à ceux de Dorante, pour nous observer tous deux ? (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  54. En voulez-vous davantage ? (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  55. Il est vrai aussi que sa bouche a ri, mais de mauvaise grâce ; le reste du visage n'en était pas, il allait à part. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  56. Je la connais ; je gagerais qu'elle vient finement, à son ordinaire, m'insinuer qu'ils s'aiment, Dorante et elle. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  57. Il m'est revenu que vous retardiez votre mariage avec le Chevalier, par ménagement pour moi. Je vous suis obligée de l'attention, mais je n'en ai pas besoin. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  58. En disant, comme ça, que faut qu'ils s'épousient à Paris, a mijaurée et li, dans l'intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice, qui n'est rien qu'un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vôtre, Madame, se gobarger de nous trois ; et c'est touchant ça que je venons vous demander justice. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  59. Chevalier, ceci change les choses : il ne faut plus que Frontin y songe. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  60. Allez, Lisette, ne vous affligez pas : laissez la Marquise proposer tant qu'elle voudra ses Martons ; je vous en rendrai bon compte, car c'est cette femme-là, que je ménageais tant, qui m'attaque là-dedans. (Acte 2, scène 10, LA COMTESE)
  61. Vous êtes un opiniâtre louangeur ! (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  62. Parce qu'elle sait que nous voulons les marier, et que je m'intéresse à leur mariage, elle imagine, dans sa colère, une Marton qu'elle jette à la traverse ; et ce que j'admire le plus dans tout ceci, c'est de vous voir vous-même prêter les mains à un projet de cette espèce ! (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  63. Arlequin se plaignait d'une infidélité que lui faisait Lisette ; il perdait, disait-il, sa fortune : on prend quelquefois part aux chagrins de ces gens-là ; et la Marquise, pour le dédommager, lui a, par bonté, proposé le mariage de Marton qui est à elle ; il l'a acceptée, l'en a remerciée : voilà tout ce que c'est. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  64. Y aurait-il rien de plus malhonnête que d'obliger mon valet à refuser une grâce qu'elle lui fait et qu'il a acceptée ? (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  65. Songez-vous à ce que vous faites ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  66. C'est en y songeant que je m'arrête. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  67. Renvoyez votre valet, Monsieur ; et vous, Madame, je vous invite à lui tenir parole : je me charge même des frais de leur noce ; n'en parlons plus. (Acte 2, scène 12, LA-COMTESE)
  68. C'est vous, Monsieur le Chevalier, qui êtes cause de tout ce tapage-là ; vous avez mis tous nos amours sens dessus dessous. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  69. Laissons-leur ces moments-ci, et allons, de notre côté, songer à ce qui nous regarde. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  70. Changez-vous d'avis ? (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  71. Votre pénétration n'a point perdu au change. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  72. Non, Monsieur ; je vous volerais votre argent. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  73. Abrégez avec Lisette, et revenez me trouver. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  74. Je soutiens moi-même un personnage qui n'est pas fort agréable, et qui le sera encore moins sur ces fins-ci, car il faudra que je supplée au peu de courage que vous me montrez ; mais que ne fait-on pas pour se venger ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  75. Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, Monsieur, cette bonne dame est amendée ; je suis persuadé qu'elle vous dira d'excellentes choses pour le renouvellement de votre amour. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  76. Que Madame_la_Comtesse m'ait abandonné, qu'elle ait cessé de m'aimer, comme vous me l'avez dit vous-même, passe : je n'étais pas digne d'elle ; mais qu'elle cherche de gaieté de coeur à m'engager dans une démarche qui me brouillerait peut-être avec la Marquise, ah ! (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  77. D'abord vous avez nié que c'en fût une, parce que vous n'aimiez pas Dorante, disiez-vous ; ensuite vous m'avez prouvé qu'elle était innocente ; enfin, vous m'en avez fait l'éloge, et si bien l'éloge, que je me suis mise à vous imiter, ce dont je me suis bien repentie depuis. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  78. Ne perdez point le temps à vous affliger, Madame. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  79. Oui, je les avais ; je ne m'embarrassais ni de ses plaintes ni de ses jalousies ; je riais de ses reproches ; je défiais son coeur de me manquer jamais ; je me plaisais à l'inquiéter impunément ; c'était là mon idée ; je ne le ménageais point. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  80. Jamais on ne vécut dans une sécurité plus obligeante ; je m'en applaudissais, elle faisait son éloge : et cet homme, après cela, me laisse ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  81. Calmez-vous donc, Madame ; vous êtes dans une désolation qui m'afflige. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  82. Velà comme ils se gobargeont de ça ; et jarnigoi ! (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  83. À propos de lettre, je ne songeais pas que j'en ai une sur moi que je lui écrivais tantôt, et que tout ceci me faisait oublier. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  84. Lé messager m'a paru tardif. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  85. Nos gens vont sé marier, le contrat sé passe actuellement. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  86. Ratifiez mon impatience ; songez qué l'amour gémit d'attendre, qué les besoins du coeur sont pressés, qué les instants sont précieux, qué vous m'en dérobez d'irréparables, et qué jé meurs. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  87. Ma Comtessé, finissons ; point dé badinage avec un coeur qui va périr d'épouvante. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  88. J'ai toujours différé le mariage dont vous parlez, vous le savez bien. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  89. Je n'ai point d'autre parti à vous offrir que de retourner à elle, et je me charge de vous réconcilier. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  90. Je ne vois rien encore qui nous annonce un mariage avec le Chevalier : quand vous proposez-vous donc d'achever son bonheur ? (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  91. Si je le suis, vous l'épouserez dès aujourd'hui, et vous nous permettrez de joindre notre mariage au vôtre. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  92. Quant à vous, Dorante, vous m'avez assez mal payée d'une épreuve aussi tendre : la délicatesse de sentiments qui m'a persuadée de la faire, n'a pas lieu d'être trop satisfaite ; mais peut-être le parti que vous avez pris vient-il plus de ressentiment que de médiocrité d'amour : j'ai poussé les choses un peu loin ; vous avez pu y être trompé ; je ne veux point vous juger à la rigueur ; je ferme les yeux sur votre conduite, et je vous pardonne. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  93. Voici lé compte juste ; vous avez contrefait dé l'amour, dites-vous, Madame ; jé n'en valais pas davantage ; mais votre estime a surpassé mon prix. Né rétranchez rien du fatal honneur qué vous m'avez fait : jé vous aimais, vous mé lé rendiez cordialement. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  94. Prends un regard dé ces beaux yeux pour té servir d'antidote ; demeure avec cet objet qué l'amour venge dans mon coeur : jé lé dis à régret, jé disputerais Madame dé tout mon sang, s'il m'appartenait d'entrer en dispute ; possède-la, Dorante, bénis lé ciel du bonheur qu'il t'accorde. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  95. Dorante à mes genoux ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)

LE PETIT MAÎTRE CORRIGÉ (1739)

  1. Eh vraiment, je le sais bien, on n'attend plus que votre oncle pour terminer ce mariage ; d'ailleurs, Rosimond, votre futur, n'est arrivé que d'hier, et il faut vous donner patience. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  2. On l'est ordinairement à votre place ; le mariage est une nouveauté curieuse, et la curiosité n'aime pas à attendre. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  3. Est-ce que la raison même n'exige pas un autre procédé que le sien ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. Eh oui, la raison : mais c'est que parmi les jeunes gens du bel air, il n'y a rien de si bourgeois que d'être raisonnable. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  5. Franchement c'est grand dommage que ses façons nuisent au mérite qu'il aurait. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. Si on pouvait le corriger ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  7. Je t'ouvre mon coeur, il me sera cher s'il devient raisonnable ; je n'ai pas trop le temps de réussir, mais il en arrivera ce qui pourra ; essayons, j'ai besoin de toi, tu es adroite, interroge son valet, qui me paraît assez familier avec son maître. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  8. C'est à quoi je songeais : mais il y a une petite difficulté à cette commission-là ; c'est que le maître a gâté le valet, et Frontin est le singe de Rosimond ; ce faquin croit apparemment m'épouser aussi, et se donne, à cause de cela, les airs d'en agir cavalièrement, et de soupirer tout bas ; car de son côté il m'aime. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  9. Je crains le nombre de vos maîtresses, car je vais gager que vous en avez autant que votre maître qui doit en avoir beaucoup ; nous avons entendu dire que c'était un homme fort couru, et vous aussi sans doute ? (Acte 1, scène 3, MARTON)
  10. À Paris c'est de même ; mais la fidélité de Paris n'est point sauvage, c'est une fidélité galante, badine, qui entend raillerie, et qui se permet toutes les petites commodités du savoir-vivre ; vous comprenez bien ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  11. À qui que ce soit ; on nous aime beaucoup, mais nous n'aimons point : c'est notre usage. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  12. Qu'est-ce que c'est donc que ce langage-là, Marton ? (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  13. Non, Madame, il n'y a qu'un moment que je sais ce que je vous dis là, c'est une instruction que vient de me donner Frontin sur le coeur de son maître, et sur l'agréable économie des mariages de Paris. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  14. Vous êtes un sot, taisez-vous ; vous pensez bien, Marton, que mon fils n'a nulle_part à de pareilles extravagances ; il a de l'esprit, il a des moeurs, il aimera Hortense, et connaîtra ce qu'elle vaut ; pour toi, je te recommanderai à ton maître, et lui dirai qu'il te corrige. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  15. J'en veux à ton coeur, et non pas à tes éloges. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  16. Il te parlait d'amour, je gage ; hé ! (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  17. Souvent ces coquins-là sont plus heureux que d'honnêtes gens. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  18. À propos, ce bon homme qu'on attend de sa terre pour finir notre mariage, cet oncle arrive-t-il bientôt ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  19. Mais je ne songe pas que ma maîtresse m'attend. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  20. Oui, quelque missive de passage. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  21. Elle a de la gaieté, du badinage dans l'esprit. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  22. Oui, Monsieur, et j'ai dit que non, que vous étiez un garçon sage, réglé. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  23. Le sot avec sa règle et sa sagesse ; le plaisant éloge ! (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  24. Oui, en petit aimable ; j'ai mis une troupe de folles qui courent après vos bonnes grâces ; je vous en ai donné une demi-douzaine qui partageaient votre coeur. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  25. Qui partageaient mon coeur ! (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  26. C'est Hortense qui vous les a fait faire, et il aurait été plus prudent de la tranquilliser sur pareille matière, et de songer que c'est une fille de province que je vais épouser, et qui en conclut que je ne dois aimer qu'elle, parce qu'apparemment elle en use de même. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  27. N'importe ; comme elle a dit qu'elle ne savait pas quand elle pourrait me voir, ce n'est pas à moi à juger qu'elle le peut à présent, et je me retire par respect en attendant qu'elle en décide. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  28. Marton, prends nos intérêts en main ; empêche Madame de nos haïr, car, dans le fond, ce serait dommage, à une bagatelle près, en vérité nous méritons son estime. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  29. Cependant, Marton, il y a des moments où je suis toute prête de laisser là Rosimond avec ses ridiculités, et d'abandonner le projet de le corriger. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  30. Je sens que je m'y intéresse trop ; que le coeur s'en mêle, et y prend trop de part : je ne le corrigerai peut-être pas, et j'ai peur d'en être fâchée. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  31. Courage, Madame, vous réussirez, vous dis-je ; voilà déjà d'assez bons petits mouvements qui lui prennent ; je crois qu'il est bien embarrassé. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  32. Mais c'est à vos genoux que je l'attends ; je l'y vois d'avance ; il faudra qu'il y vienne. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  33. Le bel air ne veut pas qu'il accoure : il vient, mais négligemment, et à son aise. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  34. Ma fille, je désespère de voir ici mon frère, je n'en reçois point de nouvelles, et s'il n'en vient point aujourd'hui ou demain au plus tard, je suis d'avis de terminer votre mariage. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  35. C'est que la Marquise me presse, et ce mariage-ci me paraît si avantageux, que je voudrais qu'il fût déjà conclu. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  36. Et à quel âge voulez-vous qu'on l'ait jeune ? (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  37. De la beauté, des grâces, avec ce caractère d'esprit-là, et cela dans l'âge où vous êtes ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  38. Passez-moi l'éloge de la dentelle ; quand nous marie-t-on ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  39. À la dentelle, ou au mariage ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  40. Attendez, la dentelle est passable ; de cet après-midi le hasard en décidera ; de notre mariage, je ne puis rien en dire, et c'est de quoi j'ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  41. Venons au mariage. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  42. Quant au retardement de notre mariage, dont je ne vois pas les raisons, je ne m'en mêlerai point, je n'aurais garde, on me mène, et je suivrai. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  43. Tel que vous le voyez, je vous le donne pour une espèce de sage qui fait peu de cas de l'amour : de l'air dont il vous regarde pourtant, je ne le crois pas trop en sûreté ici. (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  44. Je n'ai vu nulle_part de plus grand danger, j'en conviens. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  45. Allons, Dorante, rendez vos premiers hommages à votre vainqueur. (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  46. Avançons encore quelques pas, Monsieur, pour être plus à l'écart, j'aurais un mot à vous dire ; vous êtes l'ami de mon fils, et autant que j'en puis juger, il ne saurait avoir fait un meilleur choix. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  47. Il n'est pas aussi raisonnable que vous me paraissez l'être, et je voudrais bien que vous m'aidassiez à le rendre plus sensé dans les circonstances où il se trouve ; vous savez qu'il doit épouser Hortense ; nous n'attendons que l'instant pour terminer ce mariage ; d'où vient, Monsieur, le peu d'attention qu'il a pour elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  48. Sa conduite est ridicule, elle peut choquer Hortense, et je vous conjure, Monsieur, de l'avertir qu'il en change ; les avis d'un ami comme vous lui feront peut-être plus d'impression que les miens ; vous êtes venu avec Dorimène, je la connais fort peu ; vous êtes de ses amis, et je souhaiterais qu'elle ne souffrît pas que mon fils fût toujours auprès d'elle ; en vérité, la bienséance en souffre un peu ; elle est alliée de la maison où nous sommes, mais elle est venue ici sans qu'on l'y appelât ; y reste-t-elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  49. Elle a ma foi beau dire, puisque son fils néglige Hortense, il ne tiendra pas à moi que je n'en profite auprès d'elle. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  50. Les ennuyants personnages ! (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  51. Je pense qu'il n'y perdra pas : et vous, je veux aussi que vous nous aidiez à le débarrasser de cette petite fille ; je me propose un plaisir infini de ce qui va arriver ; j'aime à déranger les projets, c'est ma folie ; surtout, quand je les dérange d'une manière avantageuse. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  52. De Dorimène ; et malheureusement elle est d'un style un peu familier sur Hortense ; elle l'y traite de petite provinciale qu'elle ne veut pas que j'épouse, et ces bonnes gens-ci seraient un peu scandalisés de l'épithète. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  53. Elle a quelque alliance avec ces gens-ci. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  54. Ce mariage-ci lui déplaît, elle ne veut pas que je l'achève, et de vingt galanteries qu'elle a eues en sa vie, il faut que la nôtre soit la seule qu'elle honore de cette opiniâtreté d'amour : il n'y a que moi à qui cela arrive. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  55. Tu as de ces sentiments bourgeois, toi Marquis ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  56. Elle est sage. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  57. Ne devrais-je pas, si je l'en crois, être aux genoux d'Hortense, et lui débiter mes langueurs ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  58. Moi, ma foi, je n'en sais rien, je ne l'ai pas encore trop vue ; cependant, il m'a paru qu'elle était assez gentille, l'air naïf, droit et guindé : mais jolie, comme je te dis. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  59. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s'il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n'en fait rien ; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  60. Vraiment oui, Monsieur, ils n'ont pu juger qu'elle était à vous que sur la lecture qu'ils en ont fait. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  61. L'offre est obligeante et je l'accepte ; j'allais vous en prier. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  62. Tant mieux, tant mieux, je ne m'attendais pas à tant de modération ; serait-ce que notre mariage lui déplaît ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  63. C'est aussi tout l'usage que j'en fais. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  64. Rien ne l'a persuadée ; les gens de ce pays-ci ne sentent point le mérite de ces manières-là ; c'est autant de perdu. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  65. Eh bien, Marton, il faudra se corriger : j'ai vu quelques benêts de la province, et je les copierai. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  66. Non, Monsieur, vous ne vous marierez point : n'y songez pas, car il n'en sera rien, cela est décidé ; votre mariage me déplaît. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  67. Faites-moi donc la grâce d'observer que je suis la victime des arrangements de ma mère. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  68. Des gens qui s'aiment ! (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  69. Y songez-vous ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  70. Surtout, point de mariage ici, commençons par là. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  71. J'enrage ; mais n'importe. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  72. Oui, Monsieur, si vous ne changez pas de façon, nous ne tenons plus rien. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  73. Pendant que Madame vous amuse, Dorante nous égorge. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  74. Oui, cette main-ci voudra peut-être bien me dédommager du tort qu'on me fait sur l'autre. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  75. Quel dommage de négliger un coeur tout neuf ! (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  76. Cela vous afflige-t-il ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  77. Ce n'est pas que j'aie de l'éloignement pour lui, mais si j'aime jamais, il en coûtera un peu davantage pour me rendre sensible ! (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  78. Il faut qu'un mari vous aime, votre coeur ne s'en passerait pas ; ce sont vos usages, ils sont fort bons ; n'en sortez point, et travaillons de concert à rompre votre mariage. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  79. Voulez-vous gager qu'il n'osera me l'avouer ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  80. Courage, je suis en butte aux questions. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  81. Vous n'y songez pas, Monsieur ! (Acte 2, scène 10, FRONTIN)
  82. Le diable, qui a bien des secrets, n'aurait pas celui de persuader les gens, s'il était à ma place ; d'ailleurs Marton sait qu'il est à vous. (Acte 2, scène 10, FRONTIN)
  83. Cela ne se pratique pas autrement ; voilà l'usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous ; c'est ce qui nous distingue. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  84. Il y pourrait, pourtant, rester une petite difficulté ; c'est que dans cette lettre on y parle d'une provinciale, et d'un mariage avec elle qu'on veut empêcher en venant ici, cela ressemblerait assez à notre projet. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  85. Oui, Monsieur, mais quand nos maîtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat ; le maître épouse la maîtresse, et nous la suivante, c'est encore la règle ; et par cette règle que j'observerai, vous voyez bien que Marton me revient. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  86. Lisette, qui est là-bas, le sait, Lisette est jalouse, et Marton est tout de suite une provinciale, et tout de suite on menace de venir empêcher le mariage ; il est vrai qu'on n'est pas venu, mais on voulait venir. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  87. N'en parlons plus, ce n'est pas même votre amour pour Dorimène qui m'inquiéterait ; je sais ce que c'est que ces amours-là : entre vous autre gens du bel air, souffrez que je vous dise que vous ne vous aimez guère, et Dorimène notre alliée est un peu sur ce ton-là. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  88. Pour vous, Marquis, croyez-moi, ne donnez plus dans ces façons, elles ne sont pas dignes de vous ; je vous parle déjà comme à mon gendre ; vous avez de l'esprit et de la raison, et vous êtes né avec tant d'avantages, que vous n'avez pas besoin de vous distinguer par de faux airs ; restez ce que vous êtes, vous en vaudrez mieux ; mon âge, mon estime pour vous, et ce que je vais vous devenir me permettent de vous parler ainsi. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  89. Changeons de discours ; Marton est-elle là ? (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  90. Mon père, souffrez que je me jette à vos genoux pour vous conjurer qu'il n'en soit rien ; je ne croyais pas qu'on irait si vite, et je devais vous parler tantôt. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  91. Rosimond est trop honnête homme pour le nier sérieusement, mon père ; les vues qu'on avait pour nous ont peut-être pu l'engager d'abord à le nier ; mais j'ai si bonne opinion de lui, que je suis persuadée qu'il ne le désavouera plus. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  92. Oui, Madame, je l'ai rendu à Monsieur qui l'a remis dans sa poche ; je lui avais promis de dire qu'il ne l'avait pas repris, sous prétexte qu'il ne lui appartenait pas, et j'aurais glissé cela tout doucement si les choses avaient glissé de même : mais j'avais promis un petit mensonge, et non pas un faux serment, et c'en serait un que de badiner avec des interrogations de cette force-là ; ainsi donc, Madame, j'ai rendu le billet, Monsieur l'a repris ; et si Frontin dit qu'il est à lui, je suis obligée en conscience de déclarer que Frontin est un fripon. (Acte 2, scène 12, MARTON)
  93. Vous jugez bien que je n'attendrai pas les explications ; qu'il les fasse. (Acte 2, scène 12, DORIMÈNE)
  94. Tu l'as dit : c'est son coeur qui a besoin du vôtre, Madame ; qui voudrait l'avoir à bon marché ; qui vient savoir à quel prix vous le mettez, le marchander du mieux qu'il pourra, et finir par en donner tout ce que vous voudrez, tout ménager qu'il est ; c'est ma pensée. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  95. Marton, je suis bien aise de la désabuser ; allez lui dire qu'il n'en est pas question, que je n'y songe point, qu'elle peut venir avec Dorante même, si elle veut, pour plus de sûreté ; dites-lui qu'il ne s'agit que de Dorimène, et que c'est une grâce que j'ai à lui demander pour elle, rien que cela ; allez, ah ! (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  96. Marquis, je viens vous avertir que je pars ; vous sentez bien qu'il ne me convient plus de rester, et je n'ai plus qu'à dire adieu à ces gens-ci. (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  97. Je retourne à ma terre ; de là à Paris où je vous attends pour notre mariage ; car il est devenu nécessaire depuis l'éclat qu'on a fait ; vous ne pouvez me venger du dédain de votre mère que par là ; il faut absolument que je vous épouse. (Acte 3, scène 4, DORIM?NE)
  98. C'est que je veux ménager un raccommodement entre vous et ma mère. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  99. Que puis-je faire pour obliger Dorimène, Monsieur ? (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  100. Il ne s'agit plus de rien, Madame ; elle m'avait prié de vous engager à disposer l'esprit de ma mère en sa faveur, mais ce n'est pas la peine, cette démarche-là ne réussirait pas. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  101. J'en ai meilleur augure ; essayons toujours : mon père y songeait, et moi aussi, Monsieur, ainsi, compter tous deux sur nous. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  102. Notre entretien vous est si à charge que j'hésite de le continuer. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  103. Un mariage arrêté, convenable, que nos parents souhaitaient, dont je faisais tout le cas qu'il fallait, par quelle tracasserie arrive-t-il qu'il ne s'achève pas ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  104. Ne devez-vous pas être charmé, Monsieur, qu'on vous débarrasse d'un mariage où vous ne vous engagiez que par complaisance ? (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  105. Quand on n'examine pas les gens, voilà comme on les explique. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  106. Il n'y a qu'à suivre ma conduite ; toutes vos attentions ont été pour Dorante, songez-y ; à peine m'avez-vous regardé : là-dessus, je me suis piqué, cela est dans l'ordre. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  107. J'ai paru manquer d'empressement, j'en conviens, j'ai fait l'indifférent, même le fier, si vous voulez ; j'étais fâché : cela est-il si désobligeant ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  108. Et fit-on jamais aux gens les reproches que vous me faites, Madame ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  109. Tenez, Madame, vous croyez peut-être que Monsieur_le_Marquis ne vous aime point, parce qu'il ne vous le dit pas bien bourgeoisement, et en termes précis ; mais faut-il réduire un homme comme lui à cette extrémité-là ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  110. C'est que votre petit jargon de galanterie me choque, me révolte, il soulève la raison : C'est pourtant dommage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  111. Je viens de rencontrer la Marquise qui m'a saluée d'un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet ; il y a des moyens de se passer d'une cérémonie si désagréable : elle me rebuterait de notre mariage. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  112. Le moment m'a paru favorable ; présentez-vous, Madame, et venez par vos politesses achever de la déterminer ; ce sont des pas que la bienséance exige que vous fassiez. (Acte 3, scène 7, LE-COMTE)
  113. Je me charge de vous les venir dire. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  114. Son air rêveur est de mauvais présage... (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  115. Mais, Frontin, je sors du monde ; y étais-je si étrange ? (Acte 3, scène 8, ROSIMOND)
  116. On s'y moquait de nous la plupart du temps ; je l'ai fort bien remarqué, Monsieur ; les gens raisonnables ne pouvaient pas nous souffrir ; en vérité, vous ne plaisiez qu'aux Dorimènes, et moi aussi ; et nos camarades n'étaient que des étourdis ; je le sens bien à présent, et si vous l'aviez senti aussi tôt que moi, l'adorable Hortense vous aurait autant chéri que me chérit sa gentille suivante, qui m'a défait de toute mon impertinence. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  117. Par quel intérêt refusez-vous d'obliger ma maîtresse, qui vous sert actuellement vous-même, et qui, en revanche, vous demande en grâce de servir votre propre ami ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  118. C'est un malentendu qui nous sépare ; et puis, concluons quelque chose, un mariage arrêté, convenable, dont je faisais cas : voilà de votre style ; et avec qui ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  119. Marton, n'en dis pas davantage. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  120. Eh bien, portez-lui donc ce coeur tendre et repentant ; jetez-vous à ses genoux, et n'en sortez point qu'elle ne vous ait fait grâce. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  121. Je ne mérite pas, Hortense, la bonté que vous avez de m'entendre ; et ce n'est pas en me flattant de vous fléchir, que je viens d'embrasser vos genoux. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  122. Elle est présente ; et je dis que je vous adore ; et je le dis sans être infidèle : approuvez que je n'en dise pas davantage. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  123. Adieu, belle Hortense ; ma présence doit vous être à charge. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  124. Vous devez tout à mon penchant ; je voulais pouvoir m'y livrer, je voulais que ma raison fût contente, et vous comblez mes souhaits ; jugez à présent du cas que j'ai fait de votre coeur par tout ce que j'ai tenté pour en obtenir la tendresse entière. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  125. Nous les destinions l'un à l'autre, Monsieur ; vous m'aviez demandé ma fille : mais vous voyez bien qu'il n'est plus question d'y songer. (Acte 3, scène 12, LE-COMTE)

LA MÉPRISE (1739)

  1. Tu sais bien que notre conversation fut courte ; je lui rendis le gant qu'elle avait laissé tomber ; elle me remercia d'une manière très obligeante de la vitesse avec laquelle j'avais couru pour le ramasser, et se démasqua en me remerciant. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  2. Tenez, tenez, Monsieur, suis-je un bon traducteur du langage des oeillades ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Je ne t'en apprendrai pas davantage. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  4. Nous sommes des gens de condition qui retournons à Paris, et de là à la cour, qui nous trouve à redire ; nous revenons d'une terre que nous avons dans le Dauphiné ; et en passant, un de nos amis nous a arrêté à Lyon, d'où il nous a mené à cette campagne-ci, où deux paires de beaux yeux nous raccrochèrent hier, pour autant de temps qu'il leur plaira. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  5. Il n'y a que deux ans que nos parents sont morts, gens de condition aussi, qui nous ont laissées très riches. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  6. Si ton maître s'y prend bien, je ne crois pas qu'il se soutienne, le goût du mariage l'emportera. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  7. Oui, en ce pays-ci c'est l'usage en été, quand on est à la campagne, à cause du hâle et de la chaleur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Je te quitte donc ; informe-le de tout, encourage son amour. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Si ma maîtresse devient sa femme, je me charge de t'en fournir une. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  10. On ne tarit point, tous les échos du pays nous connaissent, on languit, on soupire, on demande quand nous finirons, peut-être qu'à la fin du jour on nous sommera d'épouser : c'est ce que j'en puis juger sur les discours de Lisette, et la chose vaut la peine qu'on y pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  11. Jugez si un manque de respect est compatible avec de pareils sentiments. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  12. Je vous entends : vous ne voulez pas que je vous voie davantage ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  13. J'oubliai que je retournais à Paris ; j'oubliai jusqu'à un mariage avantageux qu'on m'y ménageait, auquel je renonce, et que j'allais conclure avec une personne à qui rien ne me liait qu'un simple rapport de condition et de fortune. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  14. Dès que ce mariage vous est avantageux, la partie se renouera ; la dame est aimable, sans doute, et vous ferez vos réflexions. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  15. Il ne vient par aucun côté, car il ne bouge, et c'est moi qui viens pour lui, afin de savoir où vous êtes. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  16. vous êtes pourtant bien reconnaissable ; et de l'air dont il vous lorgna hier, je vais gager qu'il vous voit encore ; ainsi prenons par là. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  17. Mais pourquoi me fatiguerais-je à fuir un homme qui, j'en suis sûre, ne songe pas plus à moi que ne je songe à lui ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  18. c'est bien assez qu'il y songe autant. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  19. Cela revient pourtant au même, car je renonce à savoir ce qu'il vous a dit, s'il faut vous interroger pour l'apprendre. (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  20. Je l'accompagnerai chez vous, Madame, il me l'a promis : s'engage-t-il à quelque chose qui vous me déplaise ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  21. Votre maîtresse a bien des grâces ; mais le plus beau de ses traits, vous ne le voyez point, il n'est point sur son visage, il est dans sa cassette. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  22. Est-ce que les gens d'hier sont de cette taille-là ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  23. Je viens de vous apercevoir aux genoux de ma soeur. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  24. Ce maraud, qui n'a ni argent, ni crédit, ni le mot pour rire ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  25. Qu'elle s'y promène ou non, ce n'est pas ma faute, Lisette, et si quelqu'un s'est jeté à ses genoux, je te garantis que ce n'est pas moi. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  26. Monsieur, vous me fâchez aussi, et vous ne me ferez pas accroire qu'il me soit rien échappé sur cet article-là ; il faut écouter ce qu'on vous dit, et répondre raisonnablement aux gens, et non pas aux visions que vous avez dans la tête. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  27. C'est là qu'il en tient, quel dommage ! (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  28. Tenez, jugez vous-même s'il peut en revenir. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  29. Que j'attendisse sa maîtresse ici, qu'elle allait y venir pour me parler, et qu'elle ne songeait à rien. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  30. Quand j'ai vu cette action barbare, et le papier couché sur la poussière, je l'ai ramassé ; ensuite, redoublant de zèle, j'ai pensé que mon esprit devait suppléer au vôtre, et vous n'avez rien perdu au change. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  31. Quel étrange procédé que le vôtre, Madame ! (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  32. Violer le droit des gens en ma personne, attaquer la joue d'un orateur, la forcer d'esquiver une impolitesse ! (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  33. Vous venez de m'envoyer un billet, Monsieur, qui me fait craindre que vous ne tentiez de me parler, ou qu'il ne m'arrive encore quelque nouveau message de votre part, et je viens vous prier moi-même qu'il ne soit plus question de rien ; que vous ne vous ressouveniez pas de m'avoir vue, et surtout que vous le cachiez à ma soeur, comme je vous promets de le lui cacher à mon tour ; c'est tout ce que j'avais à vous dire, et je passe. (Acte 1, scène 21, HORTENSE)
  34. Je vous demande mille pardons de ma méprise, Madame ; je ne suis pas capable de changer, mais personne ne rendrait l'infidélité plus pardonnable que vous. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  35. Va, va, puisque je t'aime, je ne me vante pas d'être trop sage. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)

LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI (1729)

  1. Comme tu sais qu'elle traite tous les gens de mérite. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Je ne sens plus ses disgrâces, je n'envie point ses faveurs, et cela me suffit ; un homme raisonnable n'en doit pas demander davantage. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  3. Le mépris que je crois avoir pour les biens n'est peut-être qu'un beau verbiage ; et, à te parler confidemment, je ne conseillerais encore à personne de laisser les siens à la discrétion de ma philosophie. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. C'est le triste bagage de ton serviteur ; ce paquet enferme toutes mes possessions. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Tantôt maître, tantôt valet ; toujours prudent, toujours industrieux, ami des fripons par intérêt, ami des honnêtes gens par goût ; traité poliment sous une figure, menacé d'étrivières sous une autre ; changeant à propos de métier, d'habit, de caractère, de moeurs ; risquant beaucoup, réussissant peu ; libertin dans le fond, réglé dans la forme ; démasqué par les uns, soupçonné par les autres, à la fin équivoque à tout le monde, j'ai tâté de tout ; je dois partout ; mes créanciers sont de deux espèces : les uns ne savent pas que je leur dois ; les autres le savent et le sauront longtemps. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. J'ai logé partout, sur le pavé ; chez l'aubergiste, au cabaret, chez le bourgeois, chez l'homme de qualité, chez moi, chez la justice, qui m'a souvent recueilli dans mes malheurs ; mais ses appartements sont trop tristes, et je n'y faisais que des retraites ; enfin, mon ami, après quinze ans de soins, de travaux et de peines, ce malheureux paquet est tout ce qui me reste ; voilà ce que le monde m'a laissé, l'ingrat ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Ne t'afflige point, mon ami. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  8. Quand on renonce à la vanité, il n'en faut pas faire à deux fois ; qu'est-ce que c'est que se ménager des ressources ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Oui, mon ami ; j'eus le courage de faire deux ou trois débauches salutaires, qui me vidèrent ma bourse, et me garantirent ma persévérance dans la condition que j'allais embrasser ; de sorte que j'avais le plaisir de penser, en m'enivrant, que c'était la raison qui me versait à boire. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. C'est dommage ; car c'était un homme qui parlait bien grec. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Que non ; je pense qu'il était de Québec, quelque part dans cette Egypte, et qu'il vivait du temps du déluge. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Nous avons encore de lui le fort belles satires ; et mon maître l'aimait beaucoup, lui et tous les honnêtes gens de son temps, comme Virgile, Néron, Plutarque, Ulysse et Diogène. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Moi, pour gagner son amitié, je me mis à admirer tout ce qui me paraissait ancien ; j'aimais les vieux meubles, je louais les vieilles modes, les vieilles espèces, les médailles, les lunettes ; je me coiffais chez les crieuses de vieux chapeaux ; je n'avais commerce qu'avec des vieillards : il était charmé de mes inclinations ; j'avais la clef de la cave, où logeait un certain vin vieux qu'il appelait son vin grec ; il m'en donnait quelquefois, et j'en détournais aussi quelques bouteilles, par amour louable pour tout ce qui était vieux. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  14. Non que je négligeasse le vin nouveau ; je n'en demandais point d'autre à sa femme, qui vraiment estimait bien autrement les modernes que les anciens, et, par complaisance pour son goût, j'en emplissais aussi quelques bouteilles, sans lui en faire ma cour. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  15. Point du tout ; ils s'aperçurent du ménagement judicieux que j'avais pour chacun d'eux ; ils m'en firent un crime. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  16. La femme me chicana sur le vin vieux ; j'eus beau m'excuser, les gens de partis n'entendent point raison ; il fallut les quitter, pour avoir voulu me partager entre les anciens et les modernes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  17. Mais je ne puis en écouter davantage. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  18. J'ai trouvé un de mes amis, qui est fort brave garçon ; il sort actuellement de chez un bourgeois de campagne qui vient de mourir, et il est là qui attend que je l'appelle pour offrir ses respects. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  19. Voici votre commission, écoutez-moi : vous direz à ma soeur qu'elle ne soit point en peine de moi ; qu'à la dernière partie de bal où mes amies m'amenèrent dans le déguisement où me voilà, le hasard me fit connaître le gentilhomme que je n'avais jamais vu, qu'on disait être encore en province, et qui est ce Lélio avec qui, par lettres, le mari de ma soeur a presque arrêté mon mariage ; que, surprise de le trouver à Paris sans que nous le sussions, et le voyant avec une dame, je résolus sur-le-champ de profiter de mon déguisement pour me mettre au fait de l'état de son coeur et de son caractère ; qu'enfin nous liâmes amitié ensemble aussi promptement que des cavaliers peuvent le faire, et qu'il m'engagea à le suivre le lendemain à une partie de campagne chez la dame avec qui il était, et qu'un de ses parents accompagnait ; que nous y sommes actuellement, que j'ai déjà découvert des choses qui méritent que je les suive avant que de me déterminer à épouser Lélio ; que je n'aurai jamais d'intérêt plus sérieux. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  20. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  21. Le terme est dur ; il frappe mes oreilles d'un son disgracieux ; ne purgera-t-on jamais le discours de tous ces noms odieux ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  22. La passion que j'ai de vous servir est sans quartier ; premièrement cela est dans mon sang, je ne saurais me corriger. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  23. Ne gesticulez point de cette manière-là ; ce geste-là n'est point de votre compétence ; laissez là cette arme qui vous est étrangère : votre oeil est plus redoutable que ce fer inutile qui vous pend au côté. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  24. Voyons ; pourquoi êtes-vous dans cet équipage-là ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  25. Ma charge, sous cet habit-ci, est d'attaquer le coeur de la Comtesse ; je puis passer, comme tu vois, pour un assez joli cavalier, et j'ai déjà vu les yeux de la Comtesse s'arrêter plus d'une fois sur moi ; si elle vient à m'aimer, je la ferai rompre avec Lélio ; il reviendra à Paris, on lui proposera ma maîtresse qui y est ; elle est aimable, il la connaît, et les noces seront bientôt faites. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  26. Et je conclus encore, toujours aussi judicieusement, que, deux amis devant s'obliger en tout ce qu'ils peuvent, tu m'avances deux mois de récompense sur l'exacte discrétion que je promets d'avoir. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  27. Je ne parle point du service domestique que je te rendrai ; sur cet article, c'est à l'amour à me payer mes gages. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  28. Voici Monsieur Lélio ; retire-toi, et va-t'en m'attendre à la porte de ce château où nous logeons. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  29. Ne te fâche point, Chevalier ; ta vivacité m'oblige ; mais passe-moi cette question-là, j'en ai encore une à te faire. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  30. Tu te trompes ; je ne connais point d'aventures plus communes que les miennes ; j'ai toujours eu le malheur de ne trouver que des femmes très sages. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  31. Tu n'as trouvé que des femmes très sages ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  32. Après cela, qu'est-ce que ces femmes-là gagnent à être si sages ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  33. Quant à moi, j'ai toujours dit plus de vérités que de mensonges. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  34. J'aimais la Comtesse, parce qu'elle est aimable ; je devais l'épouser, parce qu'elle est riche, et que je n'avais rien de mieux à faire ; mais dernièrement, pendant que j'étais à ma terre, on m'a proposé en mariage une demoiselle de Paris, que je ne connais point, et qui me donne douze mille livres de rente ; la Comtesse n'en a que six. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  35. Peut-être qu'elle pleurera, qu'elle maudira l'arithmétique, qu'elle te traitera d'indigne, de perfide : cela pourrait arrêter un poltron ; mais un brave homme comme toi, au-dessus des bagatelles de l'honneur, ce bruit-là l'amuse ; il écoute, s'excuse négligemment, et se retire en faisant une révérence très profonde, en cavalier poli, qui sait avec quel respect il doit recevoir, en pareil cas, les titres de fourbe et d'ingrat. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  36. Je n'ai pas une grande vocation pour ce mariage-là. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  37. En ce cas-là, j'ai une terre écartée qui est le plus beau désert du monde, où Madame irait calmer son esprit de vengeance. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  38. Je vous laisse avec le Chevalier, il veut nous quitter ; son séjour ici l'embarrasse ; je crois qu'il vous craint ; cela est de bon sens, et je ne m'en inquiète point : je vous connais ; mais il est mon ami ; notre amitié doit durer plus d'un jour, et il faut bien qu'il se fasse au danger de vous voir ; je vous prie de le rendre plus raisonnable. (Acte 1, scène 9, LÉLIO)
  39. En vérité, Chevalier, vous êtes bien à plaindre, et je ne savais pas que j'étais si dangereuse. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  40. Comtesse, vous m'obligeriez beaucoup de me donner votre façon de voir ; car, avec la mienne, il n'y a pas moyen de vous rendre justice. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  41. Nous ne pouvons avoir notre divertissement que tantôt, Madame ; mais en revanche, voici une noce de village, dont tous les acteurs viennent pour vous divertir. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  42. J'aimerais bien le mariage... v.4 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  43. Par lui la fille la plus sage, v.6 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  44. Et boute, et gare, allons courage : v.8 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  45. Des fins premiers jours du ménage. v.10 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  46. Le coeur vous faille, et c'est dommage. v.12 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  47. Que dis-tu, gente Mathurine, v.13 (Acte 1, scène 11, UN PAYSAN)
  48. Je veux tâter du mariage. v.35 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  49. Par la sangué ! J'ons bon courage. v.38 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  50. Ce courage, dit-on, s'en va, v.39 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  51. Entrons dans ce bocage-là, v.48 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  52. Berger, dis-moi que ton coeur m'aime ; v.53 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  53. Me voici comme de moitié dans une intrigue assez douce et d'un assez bon rapport, car il m'en revient déjà de l'argent et une maîtresse ; ce beau commencement-là promet encore une plus belle fin. (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  54. L'étrange caractère ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  55. L'équipage où je suis ne prévient pas en ma faveur ; cependant, tel que vous me voyez, il y a là dedans le coeur d'un honnête homme, avec une extrême inclination pour les honnêtes gens. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  56. Moi-même, et je le dis avec un souvenir modeste, moi-même autrefois, j'ai été du nombre de ces honnêtes gens ; mais vous savez, Monsieur, à combien d'accidents nous sommes sujets dans la vie. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  57. Tu m'obligerais de retrancher tes réflexions et de venir au fait. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  58. Tu vas encore t'amuser à mon éloge, et tu ne finiras point. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  59. Je suis fier, mais je suis pauvre, qualités, comme vous jugez bien, très difficiles à accorder. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  60. L'une avec l'autre, et qui pourtant ont la rage de se trouver presque toujours ensemble ; voilà ce qui me passe. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  61. Je t'entends ; tu me demandes quelque argent pour récompense de l'avis que tu vas me donner. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  62. Pourquoi faut-il que la rareté de l'argent ait ruiné la générosité de vos pareils ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  63. Quel brigandage dans ce monde ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  64. Tout ce qui se passe dans son coeur s'écrit sur son visage, et j'ai tant étudié cette écriture-là, que je la lis tout aussi couramment que la mienne. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  65. Lui disait-elle, en souriant négligemment à ses enjouements. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  66. Laissez-moi donc, disait-elle avec un visage indolent, qui ne faisait rien pour se tirer d'affaires, qui avait la paresse de rester exposé à l'injure ; mais, en vérité, vous n'y songez pas, ajoutait-elle ensuite. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  67. Et moi, tout en raccommodant ma palissade, j'expliquais ce vous n'y songez pas, et ce laissez-moi donc ; et je voyais que cela voulait dire : Courage, Chevalier, encore un baiser sur le même ton ; surprenez-moi toujours, afin de sauver les bienséances ; je ne dois consentir à rien ; mais si vous êtes adroit, je n'y saurais que faire ; ce ne sera pas ma faute. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  68. Alors la Comtesse de s'embarrasser, le Chevalier de la regarder tendrement ; elle de rougir ; lui de s'animer ; elle de se fâcher sans colère ; lui de se jeter à ses genoux sans repentance ; elle de pousser honteusement un demi-soupir ; lui de riposter effrontément par un tout entier ; et puis vient du silence ; et puis des regards qui sont bien tendres ; et puis d'autres qui n'osent pas l'être ; et puis... (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  69. C'est ce qu'on appelle faire argent de tout. (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  70. Interrogeons un peu Arlequin là-dessus. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  71. Oui, j'ai touché le coeur d'une aimable personne, et l'amitié de nos maîtres prolongera notre séjour ici. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  72. À elle ; j'ai cru qu'elle m'interrogeait. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  73. Une bouteille par jour, cela fait trente bouteilles par mois ; pour me consoler dans ma douleur, donne-moi en argent la fondation du premier mois. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  74. Un fourbe, de qui je me vengerai. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  75. C'était donc pour tirer de l'argent de lui, Monsieur le faquin ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  76. Retranchez ces petits agréments-là de votre discours ; ce sont des fleurs de rhétorique qui m'entêtent ; je voulais avoir de l'argent, cela est vrai. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  77. Votre argent est-il insociable ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  78. Dans le temps que le Chevalier donne de l'argent à Trivelin, d'une main il prend l'argent, et de l'autre il embrasse le Chevalier. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  79. C'est de l'argent qu'il demande. (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  80. S'il ne tient qu'à cela pour venir à bout du dessein que je poursuis, emmène-le, et engage-le au secret, voilà de quoi le faire taire. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  81. Je serai sage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  82. Adieu, Madame ; je craindrais de prendre le change, je suis tenté de demeurer, et je fuis le danger de mal interpréter vos honnêtetés. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  83. Pour moi, je me ménage, je sais ce que je me dois ; et vous partirez, puisque vous avez la fureur de prendre tout de travers. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  84. Je ne songeais pas, Madame, que je vais dans un pays où je puis vous rendre quelque service ; n'avez-vous rien à m'y commander ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  85. Quel prodige ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  86. Donnez-moi votre coeur pour compagnon de voyage, et je m'embarque. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  87. C'est que le vous crois volage. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  88. Vous m'avez fait peur ; j'ai cru votre soupçon plus grave ; mais pour volage, s'il n'y a que cela qui vous retienne, partons ; quand vous me connaîtrez mieux, vous ne me reprocherez pas ce défaut-là. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  89. Je vous crois, ne vous fâchez point ; ne me chicanez pas davantage. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  90. Courage ; j'attends que vous ayez fini. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  91. Que trouvez-vous de si étrange à mon procédé, Monsieur ? (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  92. Je n'ai rien à vous répondre ; Madame aura soin de me venger de vos louables entreprises. (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  93. Cela va le mieux du monde, et je joue ici un fort aimable personnage ! (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  94. Réponds-moi : avais-tu rendu au Chevalier quelque service qui l'engageât à te récompenser. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  95. Quel étrange galimatias me fais-tu là ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  96. Va-t'en ; je tâcherai de te faire ravoir ton argent. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  97. Écoute, ton verbiage me déplaît. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  98. Oui-da, comme il convient à d'honnêtes gens. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  99. Il se dit cadet d'un aîné gentilhomme ; mais les titres, de cet aîné, je ne les ai point vus ; si je les vois jamais, je vous en promets copie. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  100. Tu t'y ranges avec plaisir, à cette règle-là. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  101. Ma foi, Monsieur, vous vous trompez, rien ne me coûte tant que mes devoirs ; plein de courage pour les vertus inutiles, je suis d'une tiédeur pour les nécessaires qui passe l'imagination ; qu'est-ce que c'est que nous ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  102. Je te ferai périr sous le bâton si tu me joues davantage ; m'entends-tu ? (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  103. C'est mon habit qui est un coquin ; pour moi, je suis un brave homme, mais avec cet équipage-là, on a de la probité en pure perte ; cela ne fait ni honneur ni profit. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  104. Songes-tu encore à me faire épouser quelque autre femme avec la Comtesse ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  105. Non ; je pense à quelque chose de plus sérieux ; je veux me couper la gorge. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  106. Quand tu te mêles du sérieux, tu le traites à fond ; et que t'a fait ta gorge pour la couper ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  107. Je n'ai rien à reprocher à ma gorge, et sans vanité je suis content d'elle. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  108. Et moi, je ne suis point content de vous, et c'est avec vous que je veux m'égorger. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  109. Allons, allons ; mais que je sache du moins en vertu de quoi je vais vous rendre sage. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  110. Je vous regarde comme un lâche si vous hésitez davantage. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  111. De quoi t'avises-tu aussi d'avoir un visage à toilette ? (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  112. Il n'y a point de femme à qui ce visage-là n'allât comme un charme ; tu es masqué en coquette. (Acte 3, scène 3, L?LIO)
  113. Tu as chargé Trivelin de donner de l'argent à Arlequin, je ne sais pourquoi. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  114. Je vous demande pardon si je vous suis importun, Monsieur le Chevalier ; mais ce larron de Trivelin ne veut pas me rendre l'argent que vous lui avez donné pour moi. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  115. Donne-moi donc de l'argent. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  116. Ensuite il a avancé la main pour prendre cet argent ; mais la mienne était là, et il est tombé dedans. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  117. J'aime surtout cet ermitage et cette laideur immanquable dont vous gratifierez votre épouse quinze jours après votre mariage ; il n'y a rien de tel. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  118. Là-dessus on vous suit, on sait que vous êtes au bal ; j'ai de l'esprit et de la malice, on m'y envoie ; on m'équipe comme vous me voyez, pour me mettre à portée de vous connaître ; j'arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connais, je trouve que vous ne valez rien ; j'en rendrai compte ; il n'y a pas un mot à redire. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  119. Pourquoi consentir à jouer auprès d'elle le personnage que vous y faites ? (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  120. Pour cet effet, vous réclamiez mon industrie ; et quand j'aurais conduit l'affaire près de sa fin, avant de terminer je comptais de vous rançonner un peu, et d'avoir ma part au pillage ; ou bien de tirer finement le dédit d'entre vos mains, sous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de pistoles payées comptant, ou en billets payables au porteur, sans quoi j'aurais menacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à zéro. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  121. Oh mon projet était fort bien entendu ; moi payée, crac, je décampais avec mon petit gain, et le portrait qui m'aurait encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma maîtresse ; tout cela joint à mes petites économies, tant sur mon voyage que sur mes gages, je devenais, avec mes agréments, un petit parti d'assez bonne défaite sauf le loup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  122. Je vous ouvre aussi mon coeur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n'est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l'honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  123. Quand le mariage sera fait, devenez ce que vous pourrez, je serai nantie, et vous aussi ; les autres prendront patience. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  124. Mais mon argent, quand me le donnerez-vous ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  125. Savez-vous qu'il se vante de vous obliger à me donner mon congé ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  126. Je lui ai promis qu'il l'aurait, et vous dégagerez ma parole. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  127. Songez pas. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  128. Ne vous alarmez point ; c'est que je lui ai prêté de l'argent. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  129. Joignez-y un sergent ; vous voilà payée. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  130. Pour m'assurer cet argent-là, j'ai consenti que nous fissions lui et moi un dédit de la somme. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  131. Tenez, Madame, il me semble que je le vois à vos genoux, que vous l'écoutez avec un plaisir, qu'il vous jure de vous adorer toujours, que vous le payez du même serment, que sa bouche cherche la vôtre, et que la vôtre se laisse trouver ; car voilà ce qui arrive ; enfin je vous vois soupirer ; je vois vos yeux s'arrêter sur lui, tantôt vifs, tantôt languissants, toujours pénétrés d'amour, et d'un amour qui croît toujours. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  132. Courage, Monsieur ; rendez-nous tous deux la victime de vos chimères ; que je suis malheureuse d'avoir parlé de ce maudit dédit ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  133. Ne m'affligez plus et tout ira bien. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  134. Souhaité qu'il prît son parti de lui-même, à cause du dédit ; ce serait dix mille écus que je vous sauverais, Chevalier ; car enfin, c'est votre bien que je ménage. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  135. Vous devriez être honteux d'exiger cela, au moins. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  136. Allons, mon cher amour, régalez ma tendresse de ce petit trait-là ; vous ne risquez rien avec moi ; laissez sortir ce mot-là de votre belle bouche ; voulez-vous que je lui donne un baiser pour l'encourager ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  137. Le voici, je n'ai pas le temps de m'expliquer davantage. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  138. Non, Madame, vos réflexions sont à mon avantage ; et si j'osais... (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  139. Payer le dédit ; donnez-moi votre main ou de l'argent. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  140. Courage ; encore une impertinence, et puis c'est tout. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  141. Et que signifie donc ce grand étalage de transports que vous venez de me faire ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  142. On vous a écrit qu'elle était belle ; on vous a trompé, car la voilà ; mon visage est l'original du sien. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  143. Tenez, mes enfants, vendez cela, et partagez-en l'argent.! (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)

LES SERMENTS INDISCRETS (1732)

  1. Damis serait un étrange homme, si cette lettre-ci ne rompt pas le projet qu'on fait de nous marier. (Acte 1, scène 1, LUCILE)
  2. Non, Madame, je ne ferai point votre message ; Damis est l'époux qu'on vous destine ; vous y avez consenti ; tout le monde est d'accord : entre une épouse et vous, il n'y a plus qu'une syllabe de différence, et je ne rendrai point votre lettre ; vous avez promis de vous marier. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  3. Oui, par complaisance pour mon père, il est vrai ; mais y songe-t-il ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  4. Qu'est-ce que c'est qu'un mariage comme celui-là ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  5. Ma physionomie ne sait ce qu'elle dit ; je me sens un fonds de délicatesse et de goût qui serait toujours choqué dans le mariage, et je n'y serais pas heureuse. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  6. Non, je ne me vante point de cela, et j'aurais tort de le faire, car j'ai l'âme tendre, quoique naturellement vertueuse : et voilà pourquoi le mariage serait une très mauvaise condition pour moi. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  7. Je les connais un peu, ces messieurs-là ; je remarque que les hommes ne sont bons qu'en qualité d'amants, c'est la plus jolie chose du monde que leur coeur, quand l'espérance les tient en haleine ; soumis, respectueux et galants, pour le peu que vous soyez aimable avec eux, votre amour-propre est enchanté ; il est servi délicieusement ; on le rassasie de plaisirs, folie, fierté, dédain, caprices, impertinences, tout nous réussit, tout est raison, tout est loi ; on règne, on tyrannise, et nos idolâtres sont toujours à nos genoux. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  8. Pour moi, j'y mettrai bon ordre, et le personnage de déesse ne m'ennuiera pas, messieurs, je vous assure. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  9. Toute jeune, et tout aimable que je suis, je n'en aurais pas pour six mois aux yeux d'un mari, et mon visage serait mis au rebut ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  10. Si j'étais mariée, ce ne serait plus mon visage ; il serait à mon mari, qui le laisserait là, à qui il ne plairait pas, et qui lui défendrait de plaire à d'autres ; j'aimerais autant n'en point avoir. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  11. Non, non, Lisette, je n'ai point envie d'être coquette ; mais il y a des moments où le coeur vous en dit, et où l'on est bien aise d'avoir les yeux libres, ainsi, plus de discussion ; va porter ma lettre à Damis, et se range qui voudra sous le joug du mariage ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  12. J'ai l'honneur d'appartenir à Monsieur Damis, qui me charge d'avoir celui de vous faire la révérence. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  13. Attendez, Madame, que j'interroge un peu ce harangueur. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  14. Dites-nous, Monsieur le personnage, vous qui jugez cet entretien si important, vous en savez donc le sujet ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  15. Est-ce que le mariage dont il s'agit ne lui plaît pas ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  16. A souhaité le mariage qu'on veut faire entre votre maîtresse et moi. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  17. Je crois en avoir d'aussi sensés ; c'est qu'en vérité je ne suis pas d'un âge à me lier d'un engagement aussi sérieux ; c'est qu'il me fait peur, que je sens qu'il bornerait ma fortune, et que j'aime à vivre sans gêne, avec une liberté dont je sais tout le prix et qui m'est plus nécessaire qu'à un autre, de l'humeur dont je suis. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  18. Dans le mariage, pour bien vivre ensemble, il faut que la volonté d'un mari s'accorde avec celle de sa femme, et cela est difficile ; car de ces deux volontés-là, il y en a toujours une qui va de travers, et c'est assez la manière d'aller des volontés d'une femme, à ce que j'entends dire. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  19. Celui-là est très fin, par exemple, et vous aviez raison de ne le vouloir pas perdre ; mais restons-en là, je vous prie ; car à la fin, tant de politesses me supposeraient un amour-propre ridicule, et ce serait une étrange chose qu'il fallût me demander pardon de ce qu'on ne m'aime point. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  20. Ma foi, si vous le prenez sur ce ton-là, tous deux, vous ne tenez rien ; je n'aime point ce verbiage-là ; ces yeux pacifiques, ces apostrophes galantes à la figure de Madame, et puis des vanités, des excuses, où cela va-t-il ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  21. Ce n'est pas là votre chemin ; prenez garde que le diable ne vous écarte ; tenez, vous ne voulez point vous épouser : abrégeons, et tout à l'heure entre mes mains cimentez vos résolutions d'une nouvelle promesse de ne vous appartenir jamais ; allons, Madame, commencez pour le bon exemple, et pour l'honneur de votre sexe. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  22. Est-ce badinage ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  23. Vous passez pour un homme d'honneur, Monsieur ; on fait l'éloge de votre caractère, et c'est aux soins que vous vous donnerez pour me tirer de cette affaire-ci, c'est aux services que vous me rendrez là-dessus que je reconnaîtrai la vérité de tout ce qu'on m'a dit de vous. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  24. Je ne suis point de caractère à persécuter les dispositions où je vous vois ; elles excluent notre mariage ; et quand ma vie en dépendrait, quand mon coeur vous regretterait, ce qui ne serait pas difficile à croire, je vous sacrifierais et mon coeur et ma vie, et vous les sacrifierais sans vous le dire ; c'est à quoi je m'engage, non par des serments qui ne signifieraient rien, et que je fais pourtant comme vous si vous les exigez, vous, mais parce que votre coeur, parce que la raison, mon honneur et ma probité dont vous l'exigez, le veulent ; et comme il faudra nous voir, et que je ne saurais partir ni vous quitter sur-le-champ, si, pendant le temps que nous nous verrons, il m'allait par hasard échapper quelque discours qui pût vous alarmer, je vous conjure d'avance de n'y rien voir contre ma parole, et de ne l'attribuer qu'à l'impossibilité qu'il y aurait de n'être pas galant avec ce qui vous ressemble. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  25. Vous craignez plus l'époux que le mariage, et moi je ne craignais que le dernier. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  26. Je ne le vante point plus qu'il ne vaut, mais je crois qu'en fait d'esprit et de figure, on aurait de la peine à trouver mieux que Damis ; à l'égard des qualités du coeur et du caractère, l'éloge qu'on en fait est général, et sa physionomie dit qu'il le mérite. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  27. Dites-moi confidemment, que pense-t-il sur le mariage en question ? (Acte 2, scène 2, ORGON)
  28. Je vois des cruautés dans vos enfants qu'on ne devinerait pas à la douceur de votre visage. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  29. Tais-toi, en voilà assez ; tout ce que j'entends me fait juger qu'il n'y a, peut-être, que du malentendu dans cette affaire-ci. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  30. Bon quartier, ma fille, je t'en conjure ; ménageons-nous, nos intérêts le veulent ; je ne suis resté que pour te le dire. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  31. Si mon maître prenait femme, c'est un ménage qui tombe en quenouille ; nous avons donc intérêt qu'ils gardent tous deux le célibat. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  32. Or, il s'agit de conserver nos postes ; les pères de nos jeunes gens sont attaqués de vieillesse, maladie incurable et qui menace de faire bientôt des orphelins ; ces orphelins-là nous reviennent, ils tombent dans notre lot ; ils sont d'âge à entrer dans leurs droits, et leurs droits nous mettront dans les nôtres. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  33. Nous réglerons fort bien chacun notre ménage. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  34. Détourne ton visage, il fait peur à mes injures. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  35. Je suis bien aise de vous trouver là, Frontin, surtout avec Lisette, qui rendra compte à ma soeur de ce que je vais vous dire ; voici plusieurs fois dans ce jour que j'évite Damis, qui s'obstine à me suivre, à me parler, tout destiné qu'il est à ma soeur ; et comme il ne se corrige point, malgré tout ce que je lui ai pu dire, je suis charmée qu'on sache mes sentiments là-dessus, et Lisette me sera témoin que je vous charge de lui rapporter ce que vous venez d'entendre, et que je le prie nettement de me laisser en repos. (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  36. Ma réponse est sur le visage de ma maîtresse. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  37. Nous lui avons donné là une bonne petite dose d'émulation ; continuons, ma fille ; le feu prend partout, et le mariage s'en ira en fumée. (Acte 2, scène 5, FRONTIN)
  38. Fort bien, je gage que ce que vous me dites là me pronostique quelque coup d'étourdie. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  39. Supprimez l'éloge de votre adresse ; point de réponse qui aille à côté de ce qu'on vous demande : vous parlez de Damis, ne le quittez point ; finissons ce sujet-là. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  40. Frontin, lui a-t-elle dit, votre maître ne s'adresse qu'à moi, quoique destiné à ma soeur ; on croit que j'y contribue, cela me déplaît, et je vous charge de l'en instruire. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  41. J'en ai senti tout l'avantage pour vous, de cette vanité-là ; je l'ai agacée, je l'ai piquée d'honneur ; mon ton vous aurait réjouie. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  42. Damis est joli, de négliger ma maîtresse, ai-je dit en riant. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  43. Lui, me négliger ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  44. Mais il ne me néglige point. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  45. Cela change d'espèce ; et c'est cette distinction-là qui vous passe ; c'est ce qui fait que je suis trahie, que je suis la victime de votre petit esprit, que ma soeur est devenue sotte, et que je ne sais plus où j'en suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  46. Vous ferez ce qu'il vous plaira ; mais j'ai cru que le plus sûr était d'engager votre soeur à aimer Damis, et peut-être Damis à l'aimer, afin que vous eussiez raison d'être fâchée et de le refuser. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  47. Y a-t-il de cruauté pareille au piège que vous lui tendez ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  48. Mais voyons, répondez-moi ; c'est votre conscience que j'interroge. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  49. Ma fille, nous vous amenons, Monsieur Ergaste et moi, quelqu'un dont il faut que vous guérissiez l'esprit d'une erreur qui l'afflige : c'est Damis. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  50. Pour moi, Madame, malgré toute la joie que j'aurais d'un mariage qui doit m'unir de plus près à mon meilleur ami, je serais au désespoir qu'il s'achevât, s'il vous répugne. (Acte 2, scène 7, ERGASTE)
  51. MONSIEUR Ergaste, les gens de notre âge effarouchent les éclaircissements ; promenons-nous de notre côté ; pour vous, mes enfants, qui ne vous haïssez pas, je vous donne deux jours pour terminer vos débats ; après quoi je vous marie ; et ce sera dès demain, si on me raisonne. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  52. Madame, dans ce qui vient de se passer, j'ai fait du mieux que j'ai pu ; j'ai tâché, dans mes réponses, de ménager vos dispositions et la bienséance ; mais que pensez-vous de ce qu'ils disent ? (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  53. Tant de peine, que je ne voudrais pas gager que nous nous en tirions. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  54. Vous n'en savez rien, Damis ; voilà qui est à merveille ; mais je vous avertis d'y songer pourtant ; car je ne suis pas obligée d'avoir plus d'imagination que vous. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  55. Voilà tous les engagements que vous m'avez fait prendre, et que je dois respecter de peur du reproche. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  56. Je n'en imagine pas davantage ; poursuivez. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  57. La dame en question n'en jugea pas comme vous, Madame ; il est vrai qu'elle avait du penchant pour lui. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  58. Prenez garde ; cette dame sentit que cette proposition, toute horrible qu'elle vous paraît, ne venait que de son respect et de sa crainte, et que son coeur n'osait se risquer sans la permission du sien ; l'aveu d'un amour qui eût déplu n'eût fait qu'alarmer la dame, et lui faire craindre que mon ami ne hâtât perfidement leur mariage ; elle sentit tout cela. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  59. Non, Monsieur, je vous l'avoue, je ne saurais plus souffrir le personnage que vous jouez auprès de moi, et je le trouve inconcevable : vous n'êtes venu que pour épouser ma soeur ; elle est aimable et vous ne lui parlez point ; ce n'est qu'à moi que vos conversations s'adressent. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  60. Quoi qu'il en soit, ces façons-là ne me conviennent point ; je l'ai déjà marqué, je vous l'ai fait dire, et je vous demande en grâce de cesser vos poursuites ; car enfin vous n'avez pas dessein de me désobliger, je pense. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  61. Je ne saurais pourtant y en mettre davantage. (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  62. Damis voulait épouser votre soeur ; c'était là notre arrangement. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  63. Nous sommes obligés de le changer ; le coeur de Lucile en dispose autrement : elle ne l'avoue pas, mais ce n'est que par pur complaisance pour moi, et j'ai quitté ce projet-là. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  64. Cela ne siérait pas ; c'est un langage qu'une fille bien née ne saurait tenir, quand elle en aurait envie. (Acte 3, scène 2, LUCILE)
  65. Si elles ne sont pas folles, c'est moi qui ai perdu l'esprit : adieu, je vais informer Monsieur Ergaste du nouveau mariage que je médite, son amitié ne m'en dédira pas. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  66. Pour vous, mes enfants, plaignez-vous ; c'est moi qui ai tort : en effet, j'abuse du pouvoir que j'ai sur vous ; plaignez-vous, je vous le conseille, et cela soulage ; mais je ne veux pas vous entendre, vous m'attendririez trop : allez, sortez sans me répondre, et laissez-moi parler à Monsieur Ergaste, qui arrive. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  67. Vous voyez un homme consterné ; mon cher ami, je ne vois nulle apparence au mariage en question, à moins que de violenter des coeurs qui ne semblent pas faits l'un pour l'autre : je ne saurais cependant pardonner à mon fils d'avoir cédé si vite à l'indifférence de Lucile ; j'ai même été jusqu'à le soupçonner d'aimer ailleurs, et voici son valet à qui j'en parlais ; mais, soit que je me trompe, ou que ce coquin n'en veuille rien dire, tout ce qu'il me répond, c'est que mon fils ne plaît pas à Lucile, et j'en suis au désespoir. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  68. Il n'y a qu'à changer d'objet ; substituons la cadette à l'aînée, nous ne trouverons point d'obstacle : c'est un expédient que l'amour nous indique. (Acte 3, scène 3, ORGON)
  69. Voilà ce qu'on appelle une véritable union de coeurs, un vrai mariage d'inclination, et jamais on n'en devrait faire d'autres. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  70. Dis-lui qu'il remercie Monsieur Orgon de la bonté qu'il a de n'être pas fâché dans cette occasion-ci ; car si Damis n'épouse pas Lucile, je gagerais bien que c'est à lui à qui il faut s'en prendre : dis-lui que je lui pardonne, en faveur de ce nouveau mariage, le chagrin qu'il a risqué de me donner ; mais que s'il me trompait encore, si après les empressements qu'il a marqués pour Phénice il hésitait à l'épouser, s'il faisait encore cette injure à Monsieur Orgon, je ne veux le voir de ma vie, et que je le déshérite ; je ne lui parlerai pas même que je ne sois content de lui. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  71. Voilà ce que c'est que de n'avoir pas laissé aller les choses : je crois que nos gens s'aimeraient sans nous. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  72. Maudite soit l'ambition de gouverner chacun notre ménage ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  73. J'aurais fait changer d'avis à Lucile. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  74. Je soupçonne, comme toi, que nos gens ne se haïssent point dans le fond, et il n'y aurait qu'à les en faire convenir pour nous tirer d'affaire : tâchons de leur rendre ce service-là. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  75. N'importe, voici ton maître ; changeons adroitement de batterie, et tâchons de le gagner. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  76. Vous m'excuserez, le calcul arrange. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  77. L'on veut m'obliger... (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  78. Ma commission ne porte point qu'on vous oblige ; on n'attaque point votre liberté, voyez-vous ; vous êtes le maître d'opter entre Phénice ou votre ruine, et l'on s'en rapporte à votre choix. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  79. Soit : mais souvenez-vous qu'elle a exigé que je ne l'épousasse point ; qu'elle me l'a demandé par tout l'honneur dont je suis capable ; que c'est elle, peut-être, qui, pour se débarrasser tout à fait de moi, contribue aujourd'hui au nouveau mariage qu'on veut que je fasse ; en un mot, je ne sais qu'en penser moi-même. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  80. Cela serait bien sauvage ; on ne fuit point ici à la vue d'un homme. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  81. Et vous, Monsieur, qui aimez ma maîtresse ; car vous l'aimez, je gage. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  82. Allez, visionnaire, allez perdre vos gageures ailleurs. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  83. Oui, je voudrais de tout mon coeur ôter à Monsieur qui se tait, et dont le silence m'agite le sang, je voudrais lui ôter le scrupule du ridicule engagement qu'il a pris avec vous, que je me repens de vous avoir laissé prendre, et dont vous souffrez autant l'un que l'autre. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  84. je ferais serment qu'il en aurait le démenti ; il saurait le respect qui me serait dû, je n'y épargnerais rien de tout ce qu'il y a de plus dangereux, de plus fripon, de plus assassin dans l'honnête coquetterie des mines, du langage et du coup d'oeil. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  85. Mort de ma vie, Monsieur, fâchez hardiment ; faites-nous cet honneur-là ; courage, attaquez-nous ; cette cérémonie-là fera votre fortune, et vous vous entendrez : car jusqu'ici on ne voit goutte à vos discours à tous deux ; il y a du oui, du non, du pour, du contre ; on fuit, on revient, on se rappelle, on n'y comprend rien. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  86. Au reste, elle ne me ménage pas plus que vous. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  87. Il est vrai qu'on peut ou haïr ou mépriser les gens de près comme de loin. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  88. Je vais vous dire où elle est, moi ; vous la trouverez dans la règle des égards qu'on doit aux dames ; vous y verrez qu'il n'est pas bien de vous divertir avec un peut-être, qui ne fera pas fortune chez moi, qui ne m'intriguera pas ; car je sais à quoi m'en tenir : c'est en badinant que vous le dites ; mais c'est un badinage qui ne vous sied pas ; ce n'est pas là le langage des hommes ; on n'a pas mis leur modestie sur ce pied-là. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  89. Qu'elle le mérite ou non, ce n'est pas son éloge que je vous demande, ni à vos imaginations que je viens répondre ; parlez, Damis, l'aimez-vous ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  90. Allez pour vous venger, violer des promesses dont l'oubli ne serait tout au plus pardonnable qu'à quiconque aurait de l'amour. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  91. J'ai le coeur incapable de vous nuire ; mais laissez-moi me tirer de l'état où je suis ; contentez-vous de m'avoir déjà procuré ce qui m'arrive ; on ne m'offrirait pas aujourd'hui votre soeur, si, pour vous obliger, je n'avais pas paru m'attacher à elle, ou si vous n'aviez pas dit que je l'aimais. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  92. Mais attendez donc, attendez, donnez-moi le temps de me justifier ; ne tient-il qu'à s'en aller, quand on a chargé les gens de noirceurs pareilles ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  93. Ni moi plus rien à vous répondre ; il n'y a qu'une chose qui m'étonne, et dont je ne devine pas la raison, c'est que vous osiez vous en prendre à moi d'un mariage que je vois qui vous plaît. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  94. A moins que ce ne soit ma soeur qui vous y engage, pour me cacher l'accord de vos coeurs et la part qu'elle a à un engagement que j'ai refusé, dont je ne voudrais jamais, et que je la trouve bien à plaindre de ne pas refuser elle-même. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  95. Le mariage rend tous les hommes si graciables ! (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  96. Tu ne fais pas leur éloge ; mais passons. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  97. Dans mon petit état de subalterne, je regarde, j'examine, et, chemin faisant, je vois par-ci, par-là, des gens que je n'aime point, d'autres qui me reviennent et à qui je me donnerais pour rien : ce ne laisserait pas que d'être un présent. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  98. C'est qu'ils ont d'abord débuté ensemble par un vertigo ; ils se sont liés mal à propos par je ne sais quelle convention de ne s'aimer ni de s'épouser, et ont délibéré que, pour faire changer de dessein aux pères, qu'on ferait semblant de vous trouver de son goût ; rien que semblant, vous entendez bien ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  99. Car la discrétion ne veut pas que j'en dise davantage. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  100. Je prétends m'en venger, ils le méritent bien ; mais puisqu'ils s'aiment, je veux que ma conduite, en les inquiétant, les force de s'accorder. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  101. Ignorez-vous que notre mariage est conclu ? (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  102. Notre mariage ira donc tout de suite ? (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  103. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  104. Laissez-moi vous exprimer ma joie, et me dédommager par l'aveu le plus tendre... (Acte 4, scène 5, DAMIS)
  105. MONSIEUR Ergaste ; voilà des amants qu'il ne faudra pas prier de signer leur contrat de mariage. (Acte 4, scène 5, ORGON)
  106. Ne rougissez point, ma fille ; vos sentiments sont avoués de votre père, et vous pouvez souffrir à vos genoux un homme que vous allez épouser. (Acte 4, scène 5, ORGON)
  107. Mon fils, je n'avais résolu de vous parler qu'à l'instant de votre mariage avec Madame ; vos procédés m'avaient déplu ; mais je vous pardonne, et je suis content ; les sentiments où je vous vois me réconcilient avec vous. (Acte 4, scène 5, ERGASTE)
  108. Je dis, Madame... que je viens d'être surpris à vos genoux. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  109. Il n'y a en vérité rien de plus plaisant ; car après ce qu'on vient de voir, qui est-ce qui ne gagerait pas que vous m'aimez ? (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  110. Madame, on gagnerait la gageure ; je ne me dédirai pas, et ne me perdrai point d'honneur. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  111. Et d'où pourrait vous venir cette étrange intrépidité-là ? (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  112. C'est que si vous ne m'aimiez point, notre mariage ne se ferait point, parce que vous n'iriez point jusque-là ; c'est qu'en y consentant, moi, c'est une preuve d'obéissance que je donnerais à mon père à fort bon marché, et que par là je le gagnerais pour un mariage plus à mon gré, qui pourrait se présenter bientôt : vous voyez bien que j'aurais mon petit intérêt à vous laisser démêler cette intrigue ; ce qui vous serait aisé en retournant à ma soeur qui ne vous hait pas, et que je croyais que vous ne haïssiez pas non plus ; sans quoi, point de quartier. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  113. Peut-on traiter plus cavalièrement le mariage ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  114. Damis qui se jette à mes genoux, que vous avez trouvé tout prêt à s'y jeter encore !... (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  115. Il se désolait tantôt du mariage en question. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  116. Je vous charge donc d'aller trouver Damis comme de vous-même, entendez-vous ? (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  117. Ménagez-moi le plus qu'il sera possible. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  118. Enfin, Madame, il n'est plus question de notre mariage ; vous voilà libre, et puisqu'il le faut, j'épouserai Phénice. (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  119. Notre mariage vous déplaît-il ? (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  120. Le danger où il est d'épouser Phénice, l'impossibilité où il se trouve de la refuser avec honneur, l'idée qu'il a des sentiments de Lucile, tout cela lui tourne la tête et la tournerait à un autre : il ne voit pas les choses comme nous, il faut le plaindre ; malheureusement c'est un garçon qui a de l'esprit ; cela fait qu'il subtilise, que son cerveau travaille ; et dans de certains embarras, sais-tu bien qu'il n'appartient qu'aux gens d'esprit de n'avoir pas le sens commun ? (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  121. Quoi qu'il en soit, qu'il se garde bien de s'en aller avant que de savoir à quoi s'en tenir ; car j'espère que la difficulté que nous avons fait naître, et la conduite que nous faisons tenir à Lucile, le tireront d'affaire ; je n'ai pas eu de peine à persuader à ma maîtresse que ce mariage-ci lui faisait une véritable injure, qu'elle avait droit de s'en plaindre, et Monsieur Orgon m'a paru aussi très embarrassé de ce que j'ai été lui dire de sa part ; mais toi, de ton côté, qu'as-tu dit au père de Damis ? (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  122. Voilà, ce me semble, tout ce qu'on peut faire en pareil cas pour ton maître, et j'ai bonne opinion de cela ; mais retire-toi ; voici Lucile qui me cherche apparemment ; je lui ai toujours dit qu'elle aimait Damis sans qu'elle l'ait avoué, et je vais changer de ton afin de la forcer à en changer elle-même. (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  123. Adieu ; songe qu'il faut que je t'épouse, ou que la tête me tourne aussi. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  124. Fort bien : cependant les préparatifs du mariage se font toujours. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  125. Est-ce que tout n'est pas plein de gens qui vous ressemblent ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  126. Mais vous n'y songez pas, Madame. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  127. Dites-moi ce que c'était, à mon âge, que l'idée de rester fille ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  128. D'ailleurs, la vie est pleine d'embarras : un mari les partage. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  129. Mais, Madame, ce serait dommage, il vous adore. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  130. Je n'en sais rien, Lisette ; car quand j'y songe, notre amour ne fait pas toujours l'éloge de la personne aimée ; il fait bien plus souvent la critique de la personne qui aime : je ne le sens que trop. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  131. Parce qu'on me défiait de plaire, et que j'ai voulu venger mon visage ; n'est-ce pas là une belle origine de tendresse ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  132. Vous ne voulez pas voir le mariage de votre soeur ? (Acte 5, scène 3, ORGON)
  133. Je sais bien qu'elle est aimable, et si vous ne l'aimiez pas, j'en serais très fâchée ; mais qu'on n'aime qu'elle, qu'on ne songe qu'à elle, qu'on la marie aux dépens du peu d'estime qu'on pouvait faire de mon esprit, de mon coeur, de mon caractère, je vous avoue, mon père, que cela est bien triste, et que c'est me faire payer bien chèrement son mariage. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  134. Approchez, Phénice ; votre soeur vient de me dire les motifs de son dégoût pour votre mariage. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  135. Quoique Damis ne lui convienne point, on sait qu'il était venu pour elle, et elle croyait qu'on pouvait mieux faire que de vous le donner ; mais elle ne songe plus à cela, voilà qui est fini. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  136. Je crois, Monsieur, que vous êtes bien persuadé du désir extrême que j'avais de voir terminer notre mariage ; mais vous savez l'obstacle qu'y a apporté Madame ; et plutôt que de jeter le trouble dans une famille... (Acte 5, scène 5, DAMIS)
  137. Approchez, vous dis-je, venez ici, et laissez-vous conduire ; allons, Monsieur, rendez hommage à votre vainqueur, et jetez-vous à ses genoux tout à l'heure... à ses genoux, vous dis-je : et vous, ma soeur, tenez-vous un peu fière ; ne lui tendez pas la main en signe de paix, mais ne la retirez pas non plus ; laissez-la aller, afin qu'il la prenne ; voilà mon projet rempli : adieu ; le reste vous regarde. (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  138. Je ne m'attendais pas à ce discours-là ; car vous me promîtes alors de rompre notre mariage. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  139. Il faut qu'on le lui ait dit, ou qu'elle l'ait soupçonné dans nos conversations, et qu'elle ait voulu m'encourager à vous le dire. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  140. Mon père, il n'est plus question de mariage avec Madame ; elle n'y a jamais pensé, et mon coeur n'appartient qu'à Lucile. (Acte 5, scène 8, DAMIS)

LA COLONIE (1750)

  1. Fort bien, vous sentez-vous en effet un courage qui réponde à la dignité de votre emploi ? (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  2. Qu'est-ce que c'est que Timagène, Madame Sorbin, je ne le connais plus depuis notre projet, tenez ferme et ne songez qu'à m'imiter. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  3. Soit, nous les interrogerons sur ce qui se passe. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  4. Quoique vous soyez massif et d'un naturel un peu lourd, je vous ai toujours connu un très bon gros jugement qui viendra fort bien dans cette affaire-ci ; et puis je me persuade que ces Messieurs auront le bon esprit de demander des femmes pour les assister, comme de raison. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  5. Courage, on vous en donnera de la drôlerie. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  6. Un peu d'attention ; nous avons été obligés, grands et petits, nobles, bourgeois et gens du peuple, de quitter notre patrie pour éviter la mort ou pour fuir l'esclavage de l'ennemi qui nous a vaincus. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  7. Nos vaisseaux nous ont portés dans ce pays sauvage, et le pays est bon. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  8. Il va y avoir de tout cela en diligence, on nous attend pour cet effet. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  9. Car le gros jugement de votre Adjoint ne va pas jusqu'à savoir ce que je veux dire. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  10. Vous m'affligez, Madame, si vous me laissez partir sans m'instruire de ce qui vous indispose contre moi. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  11. C'est nous faire un nouvel outrage que de ne nous pas entendre. (Acte 1, scène 3, ARTHÉNICE)
  12. Je viens à vous, vénérable et future belle-mère, vous m'avez promis la charmante Lina, et je suis bien impatient d'être son époux ; je l'aime tant, que je ne saurais plus supporter l'amour sans le mariage. (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  13. Écartez ce jeune homme, Madame Sorbin, les circonstances présentes nous obligent de rompre avec toute son espèce. (Acte 1, scène 4, ARTHÉNICE)
  14. Maudite guerre, en attendant que tu finisses, je vais m'affliger tout à mon aise, en mon petit particulier. (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  15. Quel dommage ! (Acte 1, scène 5, LINA)
  16. Et le mariage, tel qu'il a été jusqu'ici, n'est plus aussi qu'une pure servitude que nous abolissons, ma belle enfant, car il faut bien la mettre un peu au fait pour la consoler. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  17. Abolir le mariage ! (Acte 1, scène 5, LINA)
  18. Ne vous emportez point, elle n'a pas été de nos délibérations, à cause de son âge, mais je vous réponds d'elle, dès qu'elle sera instruite. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  19. Je vous assure qu'elle sera charmée d'avoir autant d'autorité que son mari dans son petit ménage, et quand il dira, je veux, de pouvoir répliquer, moi, je ne veux pas. (Acte 1, scène 5, ARTH?NICE)
  20. Vénérables compagnes, le sexe qui vous a nommées ses chefs, et qui vous a choisies pour le défendre, vient de juger à propos dans une nouvelle délibération, de vous conférer des marques de votre dignité, et nous vous les apportons de sa part. (Acte 1, scène 6, UNE DES DEPUTÉES)
  21. Je fais voeu de vivre pour soutenir les droits de mon sexe opprimé ; je consacre ma vie à sa gloire ; j'en jure par ma dignité de femme, par mon inexorable fierté de coeur, qui est un présent du ciel ; il ne faut pas s'y tromper ; enfin par l'indocilité d'esprit que j'ai toujours eue dans mon mariage, et qui m'a préservée de l'affront d'obéir à feu mon bourru de mari ; j'ai dit. (Acte 1, scène 6, ARTHÉNICE)
  22. Je me hâte de venir rendre hommage à nos souveraines, et de me ranger sous leurs lois. (Acte 1, scène 7, LA-FEMME)
  23. Embrassons-nous, mes amies ; notre serment mutuel vient de nous imposer de grands devoirs, et pour vous exciter à remplir les vôtres, je suis d'avis de vous retracer en ce moment une vive image de l'abaissement où nous avons langui jusqu'à ce jour ; nous ne ferons en cela que nous conformer à l'usage de tous les chefs de parti. (Acte 1, scène 7, ARTHÉNICE)
  24. L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  25. Dans l'arrangement des affaires, il est décidé que nous n'avons pas le sens commun, mais tellement décidé que cela va tout seul, et que nous n'en appelons pas nous-mêmes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  26. On nous crie dès le berceau, vous n'êtes capables de rien, ne vous mêlez de rien, vous n'êtes bonnes à rien qu'à être sages ; on l'a dit à nos mères qui l'ont cru, qui nous le répètent ; on a les oreilles rebattues de ces mauvais propos ; nous sommes douces, la paresse s'en mêle, on nous mène comme des moutons. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  27. Pour moi, je ne suis qu'une femme, mais depuis que j'ai l'âge de raison, le mouton n'a jamais trouvé cela bon. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  28. Je recommence ; regardez-la, c'est le plaisir des yeux : les grâces et la beauté, déguisées sous toutes sortes de formes, se disputent à qui versera le plus de charmes sur son visage et sur sa figure. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  29. Venons à l'esprit, et voyez combien le nôtre a paru redoutable à nos tyrans, jugez-en par les précautions qu'ils ont prises pour l'étouffer, pour nous empêcher d'en faire usage ; c'est à filer, c'est à la quenouille, c'est à l'économie de leur maison, c'est au misérable tracas d'un ménage, enfin c'est à faire des noeuds, que ces Messieurs nous condamnent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  30. Véritablement, cela crie vengeance. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  31. Ou bien, c'est à savoir prononcer sur des ajustements, c'est à les réjouir dans leurs soupers, c'est à leur inspirer d'agréables passions, c'est à régner dans la bagatelle, c'est à n'être nous-mêmes que la première de toutes les bagatelles ; voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des moeurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  32. Sans doute ; mais ce qu'il y a d'admirable, c'est que la supériorité de notre âme est si invincible, si opiniâtre, qu'elle résiste à tout ce que je dis là, c'est qu'elle éclate et perce encore à travers cet avilissement où nous tombons ; nous sommes coquettes d'accord, mais notre coquetterie même est un prodige. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  33. Quand je songe à tout le génie, toute la sagacité, toute l'intelligence que chacune de nous y met en se jouant, et que nous ne pouvons mettre que là, cela est immense, il y entre plus de profondeur d'esprit qu'il n'en faudrait pour gouverner deux mondes comme le nôtre, et tant d'esprit est en pure perte. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  34. S'enlaidir exprès pour se venger des hommes ? (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  35. Tout au contraire, embellissons-nous, s'il est possible, afin qu'ils nous regrettent davantage. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  36. Oui, afin qu'ils soupirent plus que jamais à nos genoux, et qu'ils meurent de douleur de se voir rebutés ; voilà ce qu'on appelle une indignation de bon sens, et vous êtes dans le faux, Madame Sorbin, tout à fait dans le faux. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  37. Ta, ta, ta, ta, je t'en réponds, embellissons-nous pour retomber ; de vingt galants qui se meurent à nos genoux, il n'y en a quelquefois pas un qu'on ne réchappe, d'ordinaire on les sauve tous ; ces mourants-là nous gagnent trop, je connais bien notre humeur, et notre ordonnance tiendra ; on se rendra laide, au surplus ce ne sera pas si grand dommage, Mesdames, et vous n'y perdrez pas plus que moi. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  38. Vous avez tort, ma bonne, et je trouve le projet de Madame Sorbin très sage. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  39. Mais voyez ces guenons, avec leur vision de beauté ; oui, Madame Arthénice et moi, qui valons mieux que vous, voulons, ordonnons et prétendons qu'on s'habille mal, qu'on se coiffe de travers, et qu'on se noircisse le visage au soleil. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  40. Que c'est bien dit ; oui, gardez tous vos affiquets, corsets, rubans, avec vos mines et vos simagrées qui font rire, avec vos petites mules ou pantoufles, où l'on écrase un pied qui n'y saurait loger, et qu'on veut rendre mignon en dépit de sa taille, parez-vous, parez-vous, il n'y a pas de conséquence. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  41. J'avoue que les poings me démangent. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  42. Messieurs, permettez l'importunité, je viens à vous, Monsieur Sorbin, les affaires d'État me coupent la gorge, je suis abîmé, vous croyez que vous aurez un gendre, et c'est ce qui vous trompe, Madame Sorbin m'a cassé tout net jusqu'à la paix ; on vous casse aussi, on ne veut plus des personnes de notre étoffe, toute face d'homme est bannie, on va nous retrancher à son de trompe, et je vous demande votre protection contre un tumulte. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  43. C'est une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le gouvernement du royaume ; vous saurez que les femmes se sont mises tout en un tas pour être laides, elles vont quitter les pantoufles, on parle même de changer de robes, de se vêtir d'un sac, et de porter les cornettes de côté pour nous déplaire ; j'ai vu préparer un grand colloque, j'ai moi-même approché les bancs pour la commodité de la conversation, je voulais m'y asseoir, on m'a chassé comme un gredin, le monde va périr, et le tout à cause de vos lois, que ces braves Dames veulent faire en communauté avec vous, et dont je vous conseille de leur céder la moitié de la façon, comme cela est juste. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  44. Heureusement l'aventure est plus comique que dangereuse. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  45. Ma femme est têtue, et je gage qu'elle a tout ameuté ; mais attendez-moi là, je vais voir ce que c'est, et je mettrai bon ordre à cette folie-là quand j'aurai pris mon ton de maître, je vous fermerai le bec à cela ; ne vous écartez pas, Messieurs. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR SORBIN)
  46. Vous n'y songez pas, la gravité de la magistrature et la décence du barreau ne s'accorderaient jamais avec un bonnet carré sur une cornette. (Acte 1, scène 13, HERMOCRATE)
  47. La belle pointe d'esprit, mais finalement, il n'y a rien à rabattre, sinon lisez notre édit, votre congé est au bas de la page. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  48. C'est que le mariage qui se fait entre les hommes et nous, devrait aussi se faire entre leurs pensées et les nôtres ; c'était l'intention des Dieux, elle n'est pas remplie, et voilà la source de l'imperfection des lois ; l'Univers en est la victime, et nous le servons en vous résistant. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  49. Vous avez dit à ce garçon que vous ne prétendiez plus fréquenter les gens de son étoffe, apprenez-nous un peu la raison que vous entendez par là. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  50. Le courage nous manquera peut-être ; oh ! (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  51. De fruits, d'herbes, de racines, de coquillages, de rien ; s'il le faut, nous pêcherons, nous chasserons, nous deviendrons sauvages, et notre vie finira avec honneur et gloire, et non pas dans l'humilité ridicule où l'on veut tenir des personnes de notre excellence. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  52. C'est une rage que cela, mais revenons au bon sens ; savez-vous, Madame Sorbin, de quel bois je me chauffe ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  53. Le pauvre homme avec son bois, c'est bien à lui parler de cela ; quel radotage ! (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  54. Du radotage ! (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  55. Cependant le respect est un sot ; finissons, Monsieur Sorbin, qui êtes élu, mari, maître et chef de famille ; tout cela est bel et bon ; mais écoutez-moi pour la dernière fois, cela vaut mieux ; nous disons que le monde est une ferme, les Dieux là-haut en sont les Seigneurs, et vous autres hommes, depuis que la vie dure, en avez toujours été les fermiers tout seuls, et cela n'est pas juste, rendez-nous notre part de la ferme ; gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  56. Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis ; j'ai parlé pour moi ; ma fille, que je vois là-bas et que je vais appeler, va parler pour elle. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  57. Vous en dites la raison, c'est que ce n'est qu'une enfant : courage, ma fille, prononcez bien et parlez haut. (Acte 1, scène 15, MADAME SORBIN)
  58. C'est vous qui êtes le plus mutin de la bande, Seigneur Hermocrate ; car voilà Monsieur Sorbin qui est le meilleur_acabit d'homme ; voilà moi qui m'afflige à faire plaisir ; voilà le Seigneur Timagène qui le trouve bon ; personne n'est tigre, il n'y a que vous ici qui portiez des griffes, et sans vous, nous partagerions la ferme. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  59. Et même ma charge avec, si on me le permet. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR SORBIN)
  60. Oui, mais comme nous avons la guerre avec les Sauvages de cette île, revenez tous deux dans quelques moments nous dire qu'on les voit descendre en grand nombre de leurs montagnes et qu'ils viennent nous attaquer, rien que cela ; vous pouvez aussi amener avec vous quelques hommes qui porteront des armes, que vous leur présenterez pour le combat. (Acte 1, scène 16, HERMOCRATE)
  61. Vous l'emportez, Madame, vous triomphez d'une résistance qui nous priverait du bonheur de vivre avec vous, et qui n'aurait pas duré longtemps si toutes les femmes de la Colonie ressemblaient à la noble Arthénice ; sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance nous auraient déterminés bien vite ; mais à vous parler franchement, le caractère de Madame Sorbin, qui va partager avec vous le pouvoir de faire les lois, nous a d'abord arrêtés, non qu'on ne la croie femme de mérite à sa façon, mais la petitesse de sa condition, qui ne va pas ordinairement sans rusticité, disent-ils... (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  62. Ce petit personnage avec sa petite condition... (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  63. Et moi de même ; il y en a un qui me déplaît, et que je retranche, c'est la gentilhommerie, je la casse pour ôter les petites conditions, plus de cette baliverne-là. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  64. Pardon, Madame, j'ai deux petites raisons pour cela, je suis bourgeois et philosophe. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  65. Je n'y consentirai jamais, je suis née avec un avantage que je garderai, s'il vous plaît, Madame l'Artisane. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  66. Doucement, Mesdames, laissons cet article-ci en litige, nous y reviendrons. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  67. Il est un peu plus sensé que le vôtre, la Sorbin, il regarde l'amour et le mariage ; toute infidélité déshonore une femme, je veux que l'homme soit traité de même. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  68. Voyez-vous, nous autres petites femmes, nous ne changeons ni d'amant ni de mari, au lieu que des Dames, il n'en est pas de même, elles se moquent de l'ordre et font comme les hommes ; mais mon règlement les rangera. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  69. Madame, on vient d'apercevoir une foule innombrable de Sauvages qui descendent dans la plaine pour nous attaquer ; nous avons déjà assemblé les hommes ; hâtez-vous de votre côté d'assembler les femmes, et commandez-nous aujourd'hui avec Madame Sorbin, pour entrer en exercice des emplois militaires ; voilà des armes que nous vous apportons. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)
  70. Sa sotte gloire me raccommode avec vous autres, viens, mon mari, je te pardonne, va te battre, je vais à notre ménage. (Acte 1, scène 18, MADAME SORBIN)
  71. Ne vous inquiétez point, Mesdames, allez vous mettre à l'abri de la guerre, on aura soin de vos droits dans les usages qu'on va établir. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)

LE DÉNOUEMENT IMPRÉVU (1727)

  1. J'aime Mademoiselle Argante plus qu'on n'a jamais aimé : je me vois à la veille de la perdre, et tu ne veux pas que je m'afflige ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  2. En sait bian qu'il faut parfois s'affliger ; mais faut y aller pus bellement que ça ; car moi, j'aime itou Lisette, voyez-vous ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  3. En-dit que stila qui veut épouser Mademoiselle Argante a un valet ; si le maître épouse notre demoiselle ; il l'emmènera à son châtiau ; Lisette suivra : la velà emballée pour le voyage, et c'est autant de pardu pour moi que ce ballot-là ; ce guiable de valet en fera son proufit. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  4. Quand je vous entends geindre, ça me gâte le courage. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  5. Un autre les gagne ; tant pis pour ceti-ci, tant mieux pour ceti-là ; tant pis et tant mieux font aller le monde : à cause de ça faut-il refuser sa fille aux gens ? (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  6. Non : mais il est gentilhomme, et je ne le suis pas. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  7. Pargué, je vous trouve pourtant fort gentil, moi. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  8. Je nous traitons tous deux sans çarimonie ; je sis son farmier, et en cette qualité, j'ons le parvilège de l'assister de mes avis ; je sis accoutumé à ça : il me conte ses affaires, je le gouvarne, je le réprimande : il est bavard et têtu ; moi je suis roide et prudent ; je li dis : il faut que ça soit, le bon sens le veut ; là-dessus il se démène, je hoche la tête, il se fâche, je m'emporte, il me repart, je li repars : Tais-toi ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  9. Cela n'aboutit à rien ; songe seulement à ce que je te promets. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  10. Oui, le songerons toujours à cinquante pistoles ; mais touchez-moi un petit mot de l'expédient quou dites. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  11. Je voudrais donc que, pour dégoûter le futur, elle affectât une sorte de maladie, un dérangement, comme qui dirait des vapeurs. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  12. Non, elles ne le sont pas ; car je lui défendrai d'y venir davantage. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  13. Il n'y a que les coquins qui ne sont pas honnêtes gens. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  14. Voute farme, et tous les animaux qui en dépendont, me baillont moins de peine à gouvarner que vous tout seul ; par ainsi, prenez un autre farmier : je varrons un peu ce qu'il en sera, quand vous ne serez pus à ma charge. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  15. Je lui fais un grand tort, en vérité, de lui donner un homme pour le moins aussi riche que ce fainéant de Dorante, et qui avec cela est gentilhomme ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  16. Nous y velà donc, à la gentilhommerie ! (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  17. Ça est vilain à voute âge de bailler comme ça dans la bagatelle ; en vous amuse comme un enfant avec un joujou. (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  18. Et toi encore plus impertinent de me rapporter de pareils discours ; mais mon gendre va venir, et nous verrons qui sera le maître. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  19. De voute noce avec le fils de ce gentilhomme. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  20. Je ne sais ; mais je suis au désespoir de me voir en danger d'épouser un homme que je n'ai jamais vu ; et seulement parce qu'il est le fils de l'ami de mon père. (Acte 1, scène 3, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  21. Lisette, sarmonne-la un peu là-dessus, et songe toujours à noute amiquié : ça ne fait que croître et embellir cheux moi, quand je te regarde. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  22. Qu'est-ce que c'est que la société entre nous autres honnêtes gens, s'il vous plaît ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  23. Ce n'est pas comme à Paris, où il faut tous les matins recommencer son visage, et le travailler sur nouveaux frais. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  24. La manière les prendre est très aisée ; une face large, massive, en fait l'affaire ; et en moins d'un an vous aurez toutes ces mignardises convenables. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  25. Vous aurez parfois des galants houbereaux qui viendront vous rendre hommage, qui boiront du vin pur à votre santé ; mais avec des contorsions !... (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  26. Allons, vite, choisissez de quel genre de folie vous voulez le dégoûter ; il va venir, comme vous savez, et vous aimez Dorante, sans doute ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  27. Chemin faisant je rencontre de certains visages qui me remuent, et celui de Pierrot ne me remue point ; n'êtes-vous pas comme moi. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  28. Qu'est-ce que c'est qu'un homme toujours tendre, toujours disant : Je vous adore ; toujours vous regardant avec passion ; toujours exigeant que vous le regardiez de même ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  29. C'est que cela est fini ; je n'y songe plus. (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  30. Adieu, Madame ; songez que mon bonheur dépend de vous. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  31. Laissez là votre clavecin ; mon gendre arrive, et vous ne devez pas le recevoir dans un ajustement aussi négligé. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  32. J'en pleurerai, si vous le jugez à propos. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  33. Les petites filles n'obéissent point, mon père ; et puisque j'en suis une, je ferai ma charge, et me gouvernerai, s'il vous plaît, suivant l'épithète que vous me donnez. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  34. Je me retrouve : vous m'avez proposé, il y a quelques jours, un mariage qui m'a bouleversé la tête à force d'y penser : tout rompu qu'il est, je n'en saurais revenir, et il faut que j'en pleure. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  35. D'où vient tant de répugnance pour un mariage qui t'est avantageux ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  36. Me le proposeriez-vous s'il n'était pas avantageux ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  37. Continuez, allez votre train, mon père ; continuez, n'écoutez pas mes dégoûts, tenez ferme, point de quartier, courage ; dites : je veux ; grondez ; menacez, punissez ne m'abandonnez pas dans l'état où je suis : je vous charge de tout ce qui m'arrivera. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  38. Je ne te l'ai jamais entendu dire, et je serais fâché que tu t'en servisses devant mon gendre futur. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  39. Je ne le dirai plus ; mais revenons ; contez-moi un peu ce que c'est que votre gendre : n'est-ce pas cet homme des champs ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  40. Soit, vous êtes plus vieux que moi ; je ne chicane point là-dessus ; j'aurai votre âge un jour ; car nous vieillissons tous dans notre famille. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  41. Un vilain faune, un ours mal léché sort de sa tanière, se présente à moi, et vous demande en mariage. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  42. Je chante, j'ai des appas, et je n'aurais qu'un magot, qu'un sauvage ! (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  43. Mais il est gentilhomme. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  44. Monsieur, tout le monde me dit que Mademoiselle Argante est charmante et tout le monde apparemment ne se trompe pas ; ainsi quand je demande à la voir sous cet habit-ci, ce n'est pas pour vérifier si ce que l'on m'a dit est vrai ; mais peut-être, en m'épousant, ne fait-elle que vous obéir ; cela m'inquiète ; et je ne viens sous un autre nom l'assurer de mes respects, que pour tâcher d'entrevoir ce qu'elle pense de notre mariage. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  45. Stapendant la fille est sage ; mais quand on a bouté son amiquié ailleurs, et qu'en a un mari en avarsion, sage tant qu'ou vourez, il faut que sagesse dégarpisse ; et pis après, toute voute médecine ne garira pas Monsieur Eraste du mal qui li sera fait, le paure niais ! (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  46. Qu'il me ménage, et qu'il soit docile, entendez-vous, Monsieur ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  47. Il verrait que la chasse est dangereuse. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  48. On ne saurait désapprouver le parti que vous avez pris : l'autorité d'un père ne vous a laissé que cette ressource, et tout est permis pour se sauver du danger où vous étiez : mais c'en est fait ; livrez-vous au penchant qui vous est cher, et pardonnez à mon ami les frayeurs qu'il vous a données ; je vais l'en punir en lui disant ce qu'il perd. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  49. Je ne devais dire ce que je pense sur Eraste que dans un certain temps ; et si vous voulez, j'abrégerai le terme. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  50. Ils sont, ce me semble, d'assez bonne intelligence. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-ARGANTE)
  51. Ne songeons donc plus qu'à nous réjouir ; et que, pour marquer notre joie, nos musiciens viennent ici commencer la fête. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-ARGANTE)

LA DISPUTE (1747)

  1. Où allons-nous, Seigneur, voici le lieu du monde le plus sauvage et le plus solitaire, et rien n'y annonce la fête que vous m'avez promise. (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  2. Comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la timidité naturelles qu'elles avaient, et qu'elles ont encore depuis que le monde et sa corruption durent, comment veut-on qu'elles soient tombées les premières dans des vices de coeur qui demandent autant d'audace, autant de libertinage de sentiment, autant d'effronterie que ceux dont nous parlons ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  3. Oui, c'est la nature elle-même que nous allons interroger, il n'y a qu'elle qui puisse décider la question sans réplique, et sûrement elle prononcera en votre faveur. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  4. On va donc pour la première fois leur laisser la liberté de sortir de leur enceinte, et de se connaître ; on leur a appris la langue que nous parlons ; on peut regarder le commerce qu'ils vont avoir ensemble comme le premier âge du monde ; les premières amours vont recommencer, nous verrons ce qui en arrivera. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  5. Mais hâtons-nous de nous retirer, j'entends le signal qui nous en avertit, nos jeunes gens vont paraître ; voici une galerie qui règne tout le long de l'édifice, et d'où nous pourrons les voir et les écouter, de quelque côté qu'ils sortent de chez eux. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  6. C'est là moi, c'est mon visage ? (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  7. Quel dommage de ne l'avoir pas su plus tôt ! (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  8. C'est ma pensée, mais on ne peut pas se voir davantage, car nous sommes là. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  9. Je n'en changerai point, je l'aurai toujours. (Acte 1, scène 4, AZOR)
  10. Non, vous n'avez qu'à regarder dans cette eau qui coule, mon visage y est, vous l'y verrez. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  11. Mais il n'y a qu'un moyen de la conserver, c'est de nous en croire ; et si vous avez la sagesse de vous y déterminer, tenez, Eglé, donnez ceci à Azor, ce sera de quoi l'aider à supporter votre absence. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  12. Adieu, nous reviendrons vous trouver dans quelque temps, mais, de grâce, songez aux petites absences. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  13. Nos visages vont se toucher, voilà qu'ils se touchent, quel bonheur pour le mien ! (Acte 1, scène 7, AZOR)
  14. Vous nous dérangez, à présent je ne vois plus que moi, l'aimable invention qu'un miroir !. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  15. Carise et Mesrou sont pourtant de bonnes gens. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  16. Le courage me manque. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  17. Restez donc pourvu qu'il n'y ait point de danger. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  18. A-t-elle un langage ?... (Acte 1, scène 9, ADINE)
  19. Il est vrai que vous êtes passable, et même assez gentille, je vous rends justice, je ne suis pas comme vous. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  20. Il n'y a que votre visage qui m'en empêche. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  21. Mon visage ! (Acte 1, scène 9, ADINE)
  22. Abrégez, car j'ai autre chose à faire. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  23. Voici à présent comme elle est faite : c'est un visage fâché, renfrogné, qui n'est pas comme celui de Carise, qui n'est pas blanc comme le mien non plus, c'est une couleur qu'on ne peut pas bien dire. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  24. Adieu tout ce que j'aime, je ne serai pas longtemps, songez à ma vengeance. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  25. Voilà ce que c'est, je vous trouve de même, un bon camarade, moi un autre bon camarade, je me moque du visage. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  26. Moi de même, et nous serons deux, peut-être quatre, car je le dirai à ma blanche qui a un visage : il faut voir ! (Acte 1, scène 13, AZOR)
  27. Eglé, c'est là ce visage fâché ? (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  28. Ne vous a-t-on pas dit qu'il n'y a rien de si dangereux que de nous voir ? (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  29. Et moi je me doute que ce n'est pas un mensonge. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  30. Il n'a qu'a me plaire davantage, car à l'égard d'être aimée, je suis bien aise de l'être, je le déclare, et au lieu d'un camarade, en eût-il cent, je voudrais qu'ils m'aimassent tous, c'est mon plaisir ; il veut que ma beauté soit pour lui tout seul, et moi je prétends qu'elle soit pour tout le monde. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  31. Vous vous méprenez encore là-dessus, ce n'est pas qu'il vaille mieux, c'est qu'il a l'avantage d'être nouveau venu. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  32. Mais cet avantage-là est considérable, n'est-ce rien que d'être nouveau venu ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  33. Quels étranges motifs de changement ! (Acte 1, scène 15, CARISE)
  34. Je gagerais bien que vous n'en êtes pas contente. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  35. Je ne suis contente de rien, d'un côté, le changement me fait peine, de l'autre, il me fait plaisir ; je ne puis pas plus empêcher l'un que l'autre ; ils sont tous deux de conséquence ; auquel des deux suis-je le plus obligée ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  36. N'importe, efforcez-vous, courage ! (Acte 1, scène 15, CARISE)
  37. Non, c'est ce beau visage-là qui veut que je la laisse. (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  38. Non, laissez-moi, Prince je n'en veux pas voir davantage ; cette Adine et cette Eglé me sont insupportables, il faut que le sort soit tombé sur ce qu'il y aura jamais de plus haïssable parmi mon sexe. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  39. Je me charge de sa fortune. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  40. Je vous prie, mettez-y quelque différence : votre sexe est d'une perfidie horrible, il change à propos de rien, sans chercher même de prétexte. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)

ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR (1723)

  1. C'est bien dit, poursuivons : vous portez le jeune homme endormi dans votre palais, et vous voilà à guetter le moment de son réveil ; vous êtes en habit de conquête, et dans un attirail digne du mépris généreux que vous avez pour la gloire, vous vous attendiez de la part du beau garçon à la surprise la plus amoureuse ; il s'éveille, et vous salue du regard le plus imbécile que jamais nigaud ait porté : vous vous approchez, il bâille deux ou trois fois de toutes ses forces, s'allonge, se retourne et se rendort : voilà l'histoire curieuse d'un réveil qui promettait une scène si intéressante. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. C'est-à-dire qu'il soupire après sa collation ; mais voici un paysan qui veut vous donner le plaisir d'une danse de village, après quoi nous irons manger. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  3. Emmenez-le, il se distraira peut-être, en mangeant, du chagrin qui le prend ; je sors d'ici pour quelques moments ; quand il aura fait collation, laissez-le se promener où il voudra. (Acte 1, scène 3, LA FÉE)
  4. Ce n'est pas ma faute, je sais bien que toutes nos bergères ont chacune un berger qui ne les quitte point ; elles me disent qu'elles aiment, qu'elles soupirent ; elles y trouvent leur plaisir. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  5. Adieu donc, belle Silvia, songez quelquefois à moi. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  6. Que ce berger me déplaît avec son amour ! (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  7. Vous êtes bien obligeant. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  8. Je demeure tout près ; mais il ne faut pas venir; il vaut mieux nous voir toujours ici, parce qu'il y a un berger qui m'aime ; il serait jaloux, et il nous suivrait. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  9. Ce berger-là vous aime ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  10. Allez, ne vous affligez pas, mon petit coeur. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  11. Ce serait bien dommage de me tromper, car je suis si simple. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  12. Je me lave quelquefois le visage, et je m'essuie avec. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  13. En vérité, Madame, c'est bien dommage que ce petit innocent l'ait chassé de votre coeur ! (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  14. Je gagerais moi que c'est un linge qui sent le musc. (Acte 1, scène 7, TRIVELIN)
  15. Quand on aime, mon cher enfant, on souhaite toujours de voir les gens, on ne peut se séparer d'eux, on les perd de vue avec chagrin : enfin on sent des transports, des impatiences et souvent des désirs. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  16. J'aimerais autant ne point aimer que d'être obligée d'être sévère ; cependant elle dit que cela entretient l'amour, voilà qui est étrange ; on devrait bien changer une manière si incommode ; ceux qui l'on inventée n'aimaient pas tant que moi. (Acte 1, scène 10, SILVIA)
  17. Oh si fait, il n'en faut pas davantage. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  18. Non : quand on aime les gens, on ne les empêche pas de baiser sa main. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  19. Tous ceux qui vous ont dit cela ont fait un mensonge : ce sont des causeurs qui n'entendent rien à notre affaire. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  20. Juste ciel, quel langage ! (Acte 1, scène 12, LA FÉE)
  21. Peut-être qu'elle va tuer mon amant, elle ne lui pardonnera jamais de m'aimer, mais je sais bien comment je ferai ; je m'en vais assembler tous les bergers du hameau, et les mener chez elle : allons. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  22. Cette magicienne m'a jeté un sortilège aux jambes. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  23. Je n'ai pu paraître aimable à tes yeux, je n'ai pu t'inspirer le moindre sentiment, malgré tous les soins et toute la tendresse que tu m'as vue ; et ton changement est l'ouvrage d'une misérable bergère ! (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  24. Mon cher Arlequin, regarde-moi, repens-toi de m'avoir désespérée, j'oublierai de quelle part t'est venu ton esprit ; mais puisque tu en as, qu'il te serve à connaître les avantages que je t'offre. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  25. Tenez, dans le fond, je vois bien que j'ai tort ; vous êtes belle et brave cent fois plus que l'autre, mais j'enrage. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  26. Elle t'abusait, je le sais bien, puisqu'elle doit épouser un berger du village qui est son amant : si tu veux, je m'en vais l'envoyer chercher, et elle te le dira elle-même. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  27. Je n'ai lieu d'aimer plus que je n'aimais, que pour en souffrir davantage ; cependant il me reste encore quelque espérance ; mais voici ma rivale. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  28. Arlequin va paraître ici : je vous ordonne de lui dire que vous n'avez voulu que vous divertir avec lui, que vous ne l'aimez point, et qu'on va vous marier avec un berger du village ; je ne paraîtrai point dans votre conversation, mais je serai à vos côtés sans que vous me voyiez, et si vous n'observez mes ordres avec la dernière rigueur, s'il vous échappe le moindre mot qui lui fasse deviner que je vous aie forcée à lui parler comme je le veux, tout est prêt pour votre supplice. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  29. Allez-vous être la femme d'un vilain berger ? (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  30. Le courage me manque. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  31. Ce serait bien dommage d'abandonner de si tendres amants à sa fureur : aussi bien ne mérite-t-elle pas qu'on la serve, puisqu'elle est infidèle au plus généreux magicien du monde, à qui je suis dévoué : soyez en repos, je vais vous donner un moyen d'assurer votre bonheur. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  32. Pour vous, Arlequin, quand Silvia sera sortie, vous resterez avec la Fée, et alors en l'assurant que vous ne songez plus à Silvia infidèle, vous jurerez de vous attacher à elle, et tâcherez par quelque tour d'adresse, et comme en badinant, de lui prendre sa baguette ; je vous avertis que dès qu'elle sera dans vos mains, la Fée n'aura plus aucun pouvoir sur vous deux ; et qu'en la touchant elle-même d'un coup de la baguette, vous en serez absolument le maître. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  33. Tout beau, asseyez-vous là ; et soyez sage. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  34. Soyez bien sage, madame la sorcière, car voyez bien cela ! (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)

Dans les 1895 textes du corpus, il y a 35 textes (soit une présence dans 1,85 % des textes) dans lesquels il y a 3023 occurences de la forme recherchée, soit une moyenne de 86,37 occurences par texte.

Titres Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4 Acte 5 Prologue Total
1 F?LICIE380000038
2 FÉLICIE4000004
3 LA DOUBLE INCONSTANCE515738000146
4 LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE710000071
5 LES ACTEURS DE BONNE FOI480000048
6 ANNIBAL25403132170145
7 LE TRIOMPHE DE PLUTUS420000042
8 LE TRIOMPHE DE PLUTUS7000007
9 LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR443819000101
10 L'H?RITIER DE VILLAGE690000069
11 L'?LE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES5003634013133
12 LA JOIE IMPR?VUE630000063
13 L'?PREUVE750000075
14 LES SINC?RES620000062
15 LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD29382500092
16 LA PROVINCIALE690000069
17 LE PRINCE TRAVESTI667024000160
18 LES FAUSSES CONFIDENCES343931000104
19 LE LEGS850000085
20 LA R?UNION DES AMOURS520000052
21 LA FEMME FID?LE560000056
22 L'?COLE DES M?RES490000049
23 L'ÉCOLE DES MÈRES4000004
24 LE PR?JUGE VAINCU650000065
25 LE TRIOMPHE DE L'AMOUR656731000163
26 LA SURPRISE DE L'AMOUR524222000116
27 L'ILE DES ESCLAVES940000094
28 LA M?RE CONFIDENTE28242600078
29 LA COMM?RE860000086
30 L'HEUREUX STRATAG?ME35352500095
31 LE PETIT MA?TRE CORRIG?454832000125
32 LA M?PRISE350000035
33 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI414150000132
34 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI110000011
35 LES SERMENTS INDISCRETS25333625210140
36 LA COLONIE710000071
37 LE D?NOUEMENT IMPR?VU510000051
38 LA DISPUTE400000040
39 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR340000034
40 LA SURPRISE DE L'AMOUR0040004
41 L'ÎLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES0008008
  Total18715724309938133023

 

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