Occurences de l'expression

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pour MARIVAUX

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FÉLICIE (1750)

  1. Aussi y a-t-il longtemps que nous nous promenons. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Je crois, en effet, que vous m'aimez, Félicie. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  3. Vous croyez, Madame ? (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  4. Il est vrai que vous avez toujours été l'objet de mes complaisances ; et s'il vous reste encore quelque chose à désirer de mon pouvoir et de ma science, vous n'avez qu'à parler, Félicie ; je ne vous ai aujourd'hui menée ici que pour vous le dire. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  5. Il n'y en a point dont vous n'ayez voulu embellir mon âme. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  6. Parcourez tous les avantages possibles, et voyez celui que je pourrais augmenter en vous, ou bien ajouter à ceux que vous avez : rêvez-y. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. J'y rêve, puisque vous me l'ordonnez, et jusqu'ici je ne vois rien ; car enfin, que demanderais-je ? (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  8. Attendez pourtant, Madame ; des grâces, par exemple, je n'y songeais point ; qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 1, F?LICIE)
  9. Il me semble que je n'en ai pas assez. (Acte 1, scène 1, F?LICIE)
  10. Je m'en garderai bien ; la nature y a suffisamment pourvu ; et si je vous en donnais encore, vous en auriez trop ; je vous nuirais. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  11. Ah, Madame ! (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  12. ce n'est assurément que par bonté que vous le dites ? (Acte 1, scène 1, F?LICIE)
  13. Non, je vous parle sérieusement. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  14. Hélas, Madame ! (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  15. Dangereux, Madame ! (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  16. Mais, de plaire : non, ce n'est pas positivement cela ; c'est qu'on a l'amitié de tout le monde quand on est aimable, et l'amitié de tout le monde est utile et souhaitable. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  17. Je vous suis bien obligée, Madame. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  18. J'en ai une reconnaissance infinie ; et apparemment qu'il y a bien du changement en moi, quoique je ne le voie pas. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  19. Comment vous trouvez-vous ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  20. Allez, Madame, vous n'aurez pas lieu de vous en repentir. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  21. Vous allez dans le monde, je veux vous rendre heureuse ; et il faut pour cela que je connaisse parfaitement vos inclinations, afin de vous assurer le genre de bonheur qui vous sera le plus convenable. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  22. Voyez-vous cet endroit où nous sommes ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  23. C'est le monde même. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  24. et je croyais être encore auprès de notre demeure. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  25. Vraiment ! (Acte 1, scène 2, FÉLICIE)
  26. Voilà un canton qui me paraît bien riant ; ma chère compagne, allons-y ; voyons ce que c'est. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  27. Oui ; vous êtes extrêmement jolie, et l'endroit où vous voulez vous engager me paraît un pays trop galant. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  28. Est-ce qu'on m'y fera un crime d'être jolie, dans ce pays galant ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  29. Ne sommes-nous ici que pour y visiter des déserts ? (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  30. Non ; mais je prévois de l'autre côté les pièges qu'on y pourra tendre à votre coeur, et franchement, j'ai peur que nous ne nous y perdions. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  31. Comment l'entendez-vous donc, s'il vous plaît, ma chère compagne ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  32. Je ne crois point cela du tout ; il vaudrait mieux être laide : je redemanderais la médiocrité des agréments que j'avais, si cela était ; et à vous entendre dire, ce serait une vraie perte pour une fille que de perdre sa laideur ; ce serait lui rendre un très mauvais service que de la rendre aimable, et on ne l'a jamais compris de cette manière-là. (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  33. À l'égard des pièges dont vous parlez, il me semble à moi qu'il n'est pas question de les fuir, mais d'apprendre à les mépriser ; et pourquoi ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  34. Voilà mes idées, que je crois bonnes. (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  35. Supposons même qu'on m'y parle. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  36. qu'on m'y regarde, qu'on m'y parle, qu'on m'y fasse des compliments, si l'on veut, quel mal cela me fera-t-il ? (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  37. Me prenez-vous pour un enfant ? (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  38. C'est qu'il me réjouit moins la vue. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  39. Disons mieux ; vous avez des charmes, et vous voulez qu'on les voie. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  40. Je me suis donc étrangement trompée ; j'ai souhaité d'être aimable, afin qu'on m'aimât dès qu'on me verrait, ce qui est assurément très innocent ; et il se trouverait que, selon vos chicanes, ce serait afin qu'on ne me vît jamais : en vérité, je ne saurai goûter ce que vous me dites. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  41. Il en sera ce qui me plaira ! (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  42. Mais me trompé-je ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  43. Nous nous y amuserons assurément ; il doit y avoir quelque agréable fête. Que cela est vif et touchant ! (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  44. Parlez franchement ; c'est qu'on a tort d'avoir des yeux et des oreilles, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  45. Ce que j'entends là me fait pourtant grand plaisir... (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  46. C'est un charme différent. Mais, que vois-je ? (Acte 1, scène 4, LA-MODESTIE)
  47. Tenez, Félicie : voyez-vous cette dame qui nous regarde d'une façon si riante, et qui semble nous inviter à venir à elle ? (Acte 1, scène 4, LA MODESTIE)
  48. Elle sort de chez elle, apparemment ; voulez-vous l'aborder ? (Acte 1, scène 4, LA-MODESTIE)
  49. Mais voici bien autre chose ; regardez à votre tour, et voyez à gauche ce beau jeune homme qui vient de paraître, accompagné de ces jolis chasseurs, et qui nous salue ; il ne nous épargne pas non plus les avances. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  50. Ne le regardons point, il m'inquiète ; allons plutôt à cette dame. (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  51. Peut-être ne connaissez-vous pas ces lieux, et vous voyez l'envie que j'ai de vous y servir. Ne me refusez pas d'entrer chez moi ; je chéris la vertu, et vous y serez en sûreté. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  52. Je vous rends grâces, Madame, et je verrai. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  53. Votre jeunesse et vos charmes vous exposent ici ; n'hésitez point ; croyez-moi, suivez le conseil que je vous donne. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  54. Voici un jeune homme qui vous distrait, et qui pourtant mérite bien moins votre attention que moi. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  55. J'en fais beaucoup à ce que vous me dites ; mais cela ne me dispense pas de le saluer, puisqu'il me salue. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  56. Emmenez-la, Madame, avant qu'il nous aborde. (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  57. Commencez par les lieux que j'habite ; plus d'irrésolution ; venez. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  58. L'on vous entraîne, et vous me rejetez ! (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  59. Non, je vous l'avoue, il n'y a rien d'égal à l'embarras où vous me mettez tous deux ; car je ne saurais prendre l'un que je ne laisse l'autre ; et le moyen d'être partout ! (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  60. Vraiment, je sais bien que vous n'y feriez pas tant de façons ; vous en parlez bien à votre aise. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  61. Vous me haïssez donc ? (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  62. Je suis sûre qu'il vous en coûte pour me résister, et que votre coeur me regrette. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  63. Pour moi, j'y consens : que Madame vous suive où je vais vous mener, je ne l'en empêche pas ; ma douceur et ma bonne foi me rendent de meilleure composition qu'elle. (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  64. Voilà un accommodement qui me paraît très raisonnable, par exemple ; ne nous quittons point, allons ensemble. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  65. Allons, Madame ; ayez cette complaisance-là pour moi, qui vous aime : considérez que je suis une jeune personne à qui l'âge donne une petite curiosité pardonnable et sans conséquence ; je vous en prie, ne me refusez pas. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  66. Non, Félicie ; vous ne savez pas ce que vous demandez ; son commerce et le mien sont incompatibles ; et quand je vous suivrais, j'aurais beau vous donner mes conseils, ils vous seraient inutiles. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  67. Je vous en promets, moi, de plus satisfaisants, quand vous les aurez un peu goûtés, des plaisirs qui vont au profit de la vertu même. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  68. Je n'en doute pas un instant, j'en ai la meilleure opinion du monde, assurément, et je les aime d'avance ; je vous le dis de tout mon coeur. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  69. Quel ridicule entêtement ! (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  70. Tenez, vous parlerai-je franchement ? (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  71. Cette rigueur-là n'est point du tout persuasive, point du tout : austérité superflue que tout cela ; l'excès n'est point une sagesse, et je sais me conduire. (Acte 1, scène 5, F?LICIE)
  72. Au nom de tant de charmes, ne vous rendez point ; songez qu'il ne s'agit que d'une bagatelle. (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  73. Cette dame s'en va. (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  74. Que vous m'alarmez ! (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  75. Dites-moi donc le crime que j'ai fait ; car je l'ignore ! (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  76. Vous repentez-vous déjà d'avoir bien voulu demeurer ? (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  77. Que nous sommes différents l'un de l'autre ! (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  78. Je ferais ma félicité d'être toujours avec vous : oui, Félicie, vous êtes les délices de mes yeux et de mon coeur. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  79. À merveille ! (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  80. Qui pourrait condamner les sentiments que j'exprime ? (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  81. Vos regards me pénètrent ; ils sont des traits de flamme. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  82. Je vous dis que ces flammes-là vont encore effaroucher ma compagne. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  83. Vous ne m'inspirez que des transports, et je vous en parle ; vous me ravissez, et je m'écrie ; vous m'embrasez du plus tendre et du plus invincible de tous les amours, et je soupire. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  84. Au moins, ne me quittez pas. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  85. Non, vous ne vous en retournerez pas sitôt ; vous n'aurez pas la cruauté de me déchirer le coeur. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  86. Si vous m'aimez, ne me le dites point. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  87. Je n'ai point de réplique à cela ; mais je vous défie de me rien reprocher, car je me défends bien. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  88. Content de vous voir, de vous aimer, je ne vous demande que de souffrir mes respects et ma tendresse. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  89. Revenez, Madame, revenez ; je ne dirai plus rien qui vous déplaise et je me tairai. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  90. Mais, pendant mon silence, Félicie, permettez à ces jeunes chasseurs, que vous voyez épars, de vous marquer, à leur tour, la joie qu'ils ont de vous avoir rencontrée ; ils me divertissent quelquefois moi-même par leurs danses et par leurs chants : souffrez qu'ils essaient de vous amuser. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  91. Venez, venez, suivez mes pas : v.10 (Acte 1, scène 7, CHASSEUR)
  92. De vos beaux yeux le charme inévitable v.13 (Acte 1, scène 7, LUCIDOR)
  93. Me fait brûler de la plus vive ardeur : v.14 (Acte 1, scène 7, LUCIDOR)
  94. Et vous, toujours de nouveaux charmes ; ils ne finissent point. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  95. Vous me donnez mon congé, Félicie. (Acte 1, scène 8, LA-MODESTIE)
  96. Vous voyez bien que je me fâche, afin qu'il n'y revienne plus : qu'avez-vous à dire ? (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  97. Si votre coeur n'a pas besoin d'elle, le mien n'est pas de même, entendez-vous ? (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  98. Je suis bien heureuse qu'elle me gêne. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  99. Si elle s'écartait un moment, comme elle le pourrait, sans s'éloigner, quel inconvénient y aurait-il ? (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  100. Ce jeune homme vous impatiente : promenez-vous un instant sans me quitter ; je tâcherai d'abréger la conversation. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  101. Je ne vous propose pas de vous en aller, je ne veux pas seulement vous perdre de vue, et ce que j'en dis n'est que pour vous épargner son importunité. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  102. Je me retire, mais je ne la quitte pas. (Acte 1, scène 8, LA-MODESTIE)
  103. Non, Félicie, ne troublez point un si doux moment par de chagrinantes réflexions ; vous voilà libre, et vous m'avez promis de vous expliquer ; je vous adore, commencez par me dire que vous le voulez bien. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  104. Pour ce commencement-là, il n'est pas difficile : oui, j'y consens ; quand je ne le voudrais pas, il n'en serait ni plus ni moins, ainsi, il vaut autant vous le permettre. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  105. Je n'en ferai que de légitimes ; je vous aime, y répondez-vous ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  106. Vous avez trop de bonté pour me tenir si longtemps inquiet de mon sort, et vous ne l'avez éloignée que pour m'en éclaircir. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  107. Vous m'aimez ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  108. Je vous aime, et j'avais grande envie de vous le dire ; rappelons ma compagne. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  109. Comment, pas encore ? (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  110. Je vous aime, mais voilà tout. (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  111. Attendez ce qui me reste à vous dire, il n'en sera que ce que vous voudrez. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  112. Écoutez-moi, charmante Félicie, n'est-ce pas toujours à la personne que l'on aime qu'il faut se marier ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  113. Pour soi-même, assurément. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  114. Les miens me chérissent, et seront bientôt apaisés : assurons-nous d'une union éternelle autant que légitime ; on peut nous marier ici, et quand nous serons époux, il faudra bien qu'ils y consentent. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  115. vous me faites frémir, et par bonheur ma compagne n'est qu'à deux pas d'ici. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  116. Vous devriez craindre vous-même de me persuader. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  117. Et l'estime que je mérite encore, que deviendrait-elle ? (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  118. Vous permettre de m'aimer, vous l'entendre dire, vous aimer moi-même, à la bonne heure, passe pour cela ; s'il y entre de la faiblesse, elle est excusable ; on peut être tendre et pourtant vertueuse ; mais vous me proposez d'être insensée, d'être extravagante, d'être méprisable ; oh ! (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  119. Vous parlez de vertu, Félicie, les dieux me sont témoins que je suis aussi jaloux de la vôtre que vous même, et que je ne songe qu'à rendre notre séparation impossible. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  120. Et moi, je vous dis, Lucidor, que c'est la rendre immanquable : non, non, n'en parlons plus ; je ne me rendrai jamais à cela ; tout ce que je puis faire, c'est de vous pardonner de me l'avoir dit. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  121. Ma douleur et mes larmes n'obtiendront-elles rien ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  122. Quel malheur que d'aimer ! (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  123. Qu'on me l'avait bien dit, et que je mérite bien ce qui m'arrive ! (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  124. Vous me croyez donc un perfide ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  125. « Adieu, trop imprudente Félicie », me disait cette dame en partant : oh ! (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  126. Par pitié pour moi, demeurons raisonnables. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  127. Je mourrai donc, puisque vous me condamnez à mourir. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  128. Puisqu'il le faut, donnez-moi, de grâce, un quart_d_heure pour me résoudre ; mon esprit est tout en désordre ; je ne sais où je suis, laissez-moi me reconnaître, n'arrachez rien au trouble où je me sens, et fiez-vous à mon amour ; il aura plus de soin de vous que de moi-même. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  129. Non, cher Lucidor ; je vous promets de n'avoir à faire qu'à mon coeur, et vous n'aurez que lui pour juge. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  130. Laissez-moi, vous reviendrez me trouver. (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  131. Me voilà, Félicie. (Acte 1, scène 10, LA-MODESTIE)
  132. Infiniment. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  133. Je vous parle de trop loin ; si je me rapprochais, vous seriez plus forte. (Acte 1, scène 10, LA-MODESTIE)
  134. Je ne saurais ; je soupire de mon état, et je l'aime ; de peur d'en sortir, je ne veux pas le connaître. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  135. Elle me guérirait de mon amour. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  136. Voici cette dame qui vous sollicitait tantôt de la suivre, et qui paraît ; vous vous détournez pour ne la point voir. (Acte 1, scène 11, LA-MODESTIE)
  137. Je l'estime, mais je n'ai rien à lui dire, et je crains qu'elle ne me parle. (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  138. Pressez-la, Madame ; vos discours la ramèneront peut-être. (Acte 1, scène 11, LA-MODESTIE)
  139. Non, dès qu'elle ne veut pas de vous, qui devez être sa plus intime amie, elle n'est pas en état de m'entendre. (Acte 1, scène 11, DIANE)
  140. Non, je ne risque rien : Lucidor est plein d'honneur, il m'aime ; je sens que je ne vivrais pas sans lui ; on me le refuserait peut-être, je l'épouse ; il est question d'un mariage qu'il me propose avec toute la tendresse imaginable, et sans lequel je sens que je ne puis être heureuse : ai-je tort de vouloir l'être ? (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  141. Fille infortunée, croyez-en nos conseils et nos alarmes. (Acte 1, scène 11, DIANE)
  142. Le vôtre me rend-il justice ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  143. Vous pleurez, ce me semble ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  144. Elles me quittent, elles disparaissent toujours à votre aspect, et je ne sais pourquoi. (Acte 1, scène 12, FÉLICIE)
  145. Cette autre dame qui désapprouve que vous veniez dans nos cantons, quand j'offre d'aller avec vous dans les siens ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  146. Ce sont elles dont le départ excite vos pleurs au moment où j'arrive, pénétré de l'amour le plus tendre et le plus inviolable, avec l'espérance de l'hymen le plus fortuné qui sera jamais ! (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  147. Venez me donner une main chérie, que je ne puis toucher sans ravissement. (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  148. De ma compagne et de l'autre dame. (Acte 1, scène 12, FÉLICIE)
  149. Elles haïssent notre amour, vous ne l'ignorez pas ; venez, vous dis-je ; votre injuste résistance me désespère ; partons. (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  150. Madame, ah ! (Acte 1, scène 13, FÉLICIE)
  151. Vous me pardonnez donc ? (Acte 1, scène 13, F?LICIE)
  152. Et qu'il est doux de me revoir entre vos bras ! (Acte 1, scène 13, F?LICIE)

LA DOUBLE INCONSTANCE (1724)

  1. Mais, Madame, écoutez-moi. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Cependant, je ne veux point avoir de raison : et quand vous recommenceriez cinquante fois votre cependant, je n'en veux point avoir : que ferez-vous là ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Vous avez soupé hier si légèrement, que vous serez malade, si vous ne prenez rien ce matin. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. Et moi, je hais la santé, et je suis bien aise d'être malade ; ainsi, vous n'avez qu'à renvoyer tout ce qu'on m'apporte, car je ne veux aujourd'hui ni déjeuner, ni dîner, ni souper ; demain la même chose. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  5. Je ne veux qu'être fâchée, vous haïr tous tant que vous êtes, jusqu'à tant que j'aie vu Arlequin, dont on m'a séparée : voilà mes petites résolutions, et si vous voulez que je devienne folle, vous n'avez qu'à me prêcher d'être plus raisonnable, cela sera bientôt fait. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  6. Ma foi, je ne m'y jouerai pas, je vois bien que vous me tiendriez parole ; si j'osais cependant... (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. En vérité, je vous demande pardon, celui-là m'est échappé, mais je n'en dirai plus, je me corrigerai. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Je vous prierai seulement de considérer... (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Vous ne vous corrigez pas, voilà des considérations qui ne me conviennent point non plus. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  10. Que c'est votre souverain qui vous aime. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Je ne l'empêche pas, il est le maître : mais faut-il que je l'aime, moi ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  12. Qui est-ce qui lui a dit de me choisir ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  13. S'il m'avait dit : Me voulez-vous, Silvia ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  14. Je lui aurais répondu : Non, seigneur, il faut qu'une honnête femme aime son mari, et je ne pourrais pas vous aimer. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  15. Voilà la pure raison, cela ; mais point du tout, il m'aime, crac, il m'enlève, sans me demander si je le trouverai bon. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  16. Voyez, depuis deux jours que vous êtes ici, comment il vous traite ; n'êtes-vous pas déjà servie comme si vous étiez sa femme ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  17. Voyez les honneurs qu'il vous fait rendre, le nombre de femmes qui sont à votre suite, les amusements qu'on tâche de vous procurer par ses ordres. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  18. Qu'est-ce qu'Arlequin au prix d'un prince plein d'égards, qui ne veut pas même se montrer qu'on ne vous ait disposée à le voir ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  19. Madame, ouvrez les yeux, voyez votre fortune, et profitez de ses faveurs. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  20. Dites-moi, vous et toutes celles qui me parlent, vous a-t-on mis avec moi, vous a-t-on payés pour m'impatienter, pour me tenir des discours qui n'ont pas le sens commun, qui me font pitié ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  21. Mais encore, daignez, s'il vous plaît, me dire en quoi je me trompe ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  22. Doucement, Madame, mon dessein n'est pas de vous fâcher. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  23. Mon serviteur, qui me vantez tant les honneurs que j'ai ici, qu'ai-je affaire de ces quatre ou cinq fainéantes qui m'espionnent toujours ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  24. On m'ôte mon amant, et on me rend des femmes à la place ; ne voilà-t-il pas un beau dédommagement ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  25. Que m'importe toute cette musique, ces concerts et cette danse dont on croit me régaler ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  26. Arlequin chantait mieux que tout cela, et j'aime mieux danser moi-même que de voir danser les autres, entendez-vous ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  27. Une bourgeoise contente dans un petit village vaut mieux qu'une princesse qui pleure dans un bel appartement. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  28. S'il est jeune et aimable, tant mieux pour lui, j'en suis bien aise : qu'il garde tout cela pour ses pareils, et qu'il me laisse mon pauvre Arlequin, qui n'est pas plus gros monsieur que je suis grosse dame, pas plus riche que moi, pas plus glorieux que moi, pas mieux logé, qui m'aime sans façon, que j'aime de même, et que je mourrai de chagrin de ne pas voir. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  29. Tenez, voulez-vous me faire un plaisir ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  30. Le compliment est court, mais il est net. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  31. Tranquillisez-vous pourtant, Madame. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  32. Sortez sans me répondre, cela vaudra mieux. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  33. Encore une fois, calmez-vous, vous voulez Arlequin, il viendra incessamment, on est allé le chercher ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  34. Je vais l'attendre : mais si vous me trompez, je ne veux plus ni voir ni entendre personne ! (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  35. Eh bien, as-tu quelque espérance à me donner ? (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  36. Eh non, seigneur, ce sont de petites bagatelles dont le récit vous ennuierait, tendresse pour Arlequin, impatience de le rejoindre, nulle envie de vous connaître, désir violent de ne vous point voir, et force haine pour nous ; voilà l'abrégé de ses dispositions, vous voyez bien que cela n'est point réjouissant ; et franchement, si j'osais dire ma pensée, le meilleur serait de la remettre où on l'a prise. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  37. J'ai déjà dit la même chose au Prince, mais cela est inutile. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  38. Mon sentiment à moi est qu'il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette fille-là ; refuser ce qu'elle refuse, cela n'est point naturel, ce n'est point là une femme, voyez-vous, c'est quelque créature d'une espèce à nous inconnue. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  39. Avec une femme, nous irions notre train ; celle-ci nous arrête, cela nous avertit d'un prodige, n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  40. Et c'est ce prodige qui augmente encore l'amour que j'ai conçu pour elle ! (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  41. Du côté de l'ambition, Silvia n'est point en prise, mais elle a un coeur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  42. Oui, qu'on l'arrête autant qu'on pourra ; vous pouvez lui promettre que je le comblerai de biens et de faveurs, s'il veut en épouser une autre que sa maîtresse. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  43. Non, la loi qui veut que j'épouse une de mes sujettes me défend d'user de violence contre qui que ce soit. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  44. Je vous ai dit qu'un jour à la chasse, écarté de ma troupe, je la rencontrai près de sa maison ; j'avais soif, elle alla me chercher à boire : je fus enchanté de sa beauté et de sa simplicité, et je lui en fis l'aveu. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  45. Je l'ai vue cinq ou six fois de la même manière, comme simple officier du palais : mais quoiqu'elle m'ait traité avec beaucoup de douceur, je n'ai pu la faire renoncer à Arlequin, qui m'a surpris deux fois avec elle. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  46. Il faudra mettre à profit l'ignorance où elle est de votre rang ; on l'a déjà prévenue que vous ne la verriez pas sitôt ; je me charge du reste, pourvu que vous vouliez bien agir comme je voudrai ! (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  47. Je viens recevoir tes ordres, que me veux-tu ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  48. Je ne saurais, mon miroir me l'a recommandée. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  49. Quel meurtre ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  50. J'ai mes raisons pour cela. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  51. C'est le sentiment de bien des gens. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  52. Tu aimes à plaire ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  53. Mais j'en reviens à ma mouche, elle me paraît nécessaire à l'expédition que tu me proposes. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  54. Non, elle n'est pas nécessaire : il s'agit ici d'un homme simple, d'un villageois sans expérience, qui s'imagine que nous autres femmes d'ici sommes obligées d'être aussi modestes que les femmes de son village ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  55. la modestie de ces femmes-là n'est pas faite comme la nôtre ; nous avons des dispenses qui le scandaliseraient ; ainsi ne regrette plus tes mouches, et mets-en la valeur dans tes manières ; c'est de ces manières dont je te parle ; je te demande si tu sauras les avoir comme il faut ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  56. Il faut en effacer cela ; tu mets je ne sais quoi d'étourdi et de vif dans ton geste, quelquefois c'est du nonchalant, du tendre, du mignard ; tes yeux veulent être fripons, veulent attendrir, veulent frapper, font mille singeries ; ta tête est légère ; ton menton porte au vent ; tu cours après un air jeune, galant et dissipé ; parles-tu aux gens, leur réponds-tu ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  57. Tu prends de certains tons, tu te sers d'un certain langage, et le tout finement relevé de saillies folles ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  58. Toutes ces petites impertinences-là sont très jolies dans une fille du monde, il est décidé que ce sont des grâces, le coeur des hommes s'est tourné comme cela, voilà qui est fini : mais ici il faut, s'il te plaît, faire main basse sur tous ces agréments-là ; le petit homme en question ne les approuverait point, il n'a pas le goût si fort, lui. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  59. Tiens, c'est tout comme un homme qui n'aurait jamais bu que de belle eau bien claire, le vin ou l'eau-de-vie ne lui plairaient pas ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  60. Mais de la façon dont tu arranges mes agréments, je ne les trouve pas si jolis que tu dis ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  61. C'est que je les examine, moi, voilà pourquoi ils deviennent ridicules : mais tu es en sûreté de la part des hommes. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  62. Que mettrai-je donc à la place de ces impertinences que j'ai ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  63. Rien : tu laisseras aller tes regards comme ils iraient si ta coquetterie les laissait en repos ; ta tête comme elle se tiendrait, si tu ne songeais pas à lui donner des airs évaporés ; et ta contenance tout comme elle est quand personne ne te regarde. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  64. Oh dame, veux-tu que je te dise ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  65. Tu n'es qu'une femme, est-ce que cela anime ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  66. Pour lui-même. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  67. Mais le pauvre garçon, si je ne l'aime pas, je le tromperai ; je suis fille d'honneur, et je m'en fais un scrupule. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  68. S'il vient à t'aimer, tu l'épouseras, et cela te fera ta fortune ; as-tu encore des scrupules ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  69. Tu n'es, non plus que moi, que la fille d'un domestique du Prince, et tu deviendras grande dame. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  70. Voilà ma conscience en repos, et en ce cas-là, si je l'épouse, il n'est pas nécessaire que je l'aime. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  71. Adieu, tu n'as qu'à m'avertir quand il sera temps de commencer. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  72. Je me retire aussi ; car voilà Arlequin qu'on amène ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  73. Eh bien, seigneur Arlequin, comment vous trouvez-vous ici ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  74. Que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  75. Je suis un honnête homme, à présent votre domestique : je ne veux que vous servir, et nous n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  76. Honnête homme ou fripon, je n'ai que faire de vous, je vous donne votre congé, et je m'en retourne ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  77. Doucement. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  78. Qui est donc cet original-là, qui me donne des valets malgré moi ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  79. Quand vous le connaîtrez, vous parlerez autrement. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  80. Oui, des voleurs me l'ont dérobée. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  81. Que je suis fâché de n'être pas riche, je vous donnerais tous mes revenus pour gages. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  82. Dites, l'honnête homme, de quel côté faut-il tourner ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  83. Mais quand j'y songe, il faut que vous soyez bien bon, bien obligeant pour m'amener ici comme vous faites ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  84. Chère enfant de mon âme, ma mie, je pleure de joie. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  85. De la façon dont ce drôle-là prélude, il ne nous promet rien de bon. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  86. Cet homme-là a trouvé votre maîtresse fort aimable. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  87. Le Prince a voulu la voir, et a donné ordre qu'on l'amenât ici. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  88. Mais il me la rendra, comme cela est juste ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  89. Son tour ne peut pas venir, c'est moi qu'elle aime. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  90. Est-ce qu'on veut me chicaner mon bon droit ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  91. Vous savez que le Prince doit se choisir une femme dans ses États ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  92. Je ne me soucie pas de nouvelles. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  93. Qu'il fasse donc l'amour ailleurs ; car il n'aurait que la femme, moi, j'aurais le coeur, il nous manquerait quelque chose à l'un et à l'autre, et nous serions tous trois mal à notre aise. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  94. À la vérité il sera d'abord un peu triste, mais il aura fait le devoir d'un brave homme, et cela console ; au lieu que s'il l'épouse, il fera pleurer ce pauvre enfant, je pleurerai aussi, moi, il n'y aura que lui qui rira, et il n'y a pas de plaisir à rire tout seul. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  95. Il ne peut se résoudre à quitter Silvia, je vous dirai même qu'on lui a prédit l'aventure qui la lui a fait connaître, et qu'elle doit être sa femme ; il faut que cela arrive, cela est écrit là-haut. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  96. Là-haut on n'écrit pas de telles impertinences : pour marque de cela, si on avait prédit que je dois vous assommer, vous tuer par derrière, trouveriez-vous bon que j'accomplisse la prédiction ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  97. Non vraiment, il ne faut jamais faire de mal à personne. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  98. Oui-da, que je me marie à une autre, afin de mettre Silvia en colère et qu'elle porte son amitié ailleurs ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  99. Mon ami ne serait pas seulement mon camarade. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  100. Mais les richesses que vous promet cette amitié ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  101. Mes valets ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  102. Non, que je pense ; vous ne serez pas en deux endroits en même temps. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  103. Cependant tout le monde est charmé d'avoir de grands appartements, nombre de domestiques... (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  104. Il ne me faut qu'une chambre, je n'aime point à nourrir des fainéants, et je ne trouverai point de valet plus fidèle, plus affectionné à mon service que moi. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  105. Je conviens que vous ne serez point en danger de mettre ce domestique-là dehors : mais ne seriez-vous pas sensible au plaisir d'avoir un bon équipage, un bon carrosse, sans parler de l'agrément d'être meublé superbement ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  106. Vous êtes un grand nigaud, mon ami, de faire entrer Silvia en comparaison avec des meubles, un carrosse et des chevaux qui le traînent ; dites-moi, fait-on autre chose dans sa maison que s'asseoir, prendre ses repas et se coucher ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  107. Eh bien, avec un bon lit, une bonne table, une douzaine de chaises de paille, ne suis-je pas bien meublé ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  108. N'ai-je pas toutes mes commodités ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  109. Vous êtes vif : si l'on vous en croyait, on ne pourrait fournir les hommes de souliers ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  110. Mais je commence à m'ennuyer de tous vos comptes. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  111. Vous m'avez promis de me montrer Silvia, et un honnête homme n'a que sa parole. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  112. Un moment : vous ne vous souciez ni d'honneurs, ni de richesses, ni de belles maisons, ni de magnificence, ni de crédit, ni d'équipages. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  113. Seriez-vous bien aise d'avoir un cuisinier qui vous apprêtât délicatement à manger, et en abondance ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  114. Imaginez-vous ce qu'il y a de meilleur, de plus friand en viande et en poisson : vous l'aurez, et pour toute votre vie. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  115. Allons, seigneur Arlequin, faites-vous un sort heureux ; il ne s'agira seulement que de quitter une fille pour en prendre une autre. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  116. J'en suis fâché, mais il n'y a rien à faire ; le coeur de Silvia est un morceau encore plus friand que tout cela : voulez-vous me la montrer, ou ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  117. Le Prince me demande, j'y cours : mais tenez donc compagnie au seigneur Arlequin pendant mon absence. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  118. Ce n'est pas la peine ; quand je suis seul, moi, je me fais compagnie. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  119. Tout le monde l'aime ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  120. C'est quelle n'aimera personne que moi. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  121. Je n'en doute pas, et je lui pardonne son attachement pour vous. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  122. Je veux dire que je ne suis plus si surprise que je l'étais de son obstination à vous aimer. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  123. À la bonne heure ; j'entends seulement qu'il a des sujets et des États, et que, tout aimable que vous êtes, vous n'en avez point. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  124. Vous me la baillez belle avec vos sujets et vos États ; si je n'ai pas de sujets, je n'ai charge de personne ; et si tout va bien, je m'en réjouis, si tout va mal, ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  125. Voilà un vilain petit homme, je lui fais des compliments, et il me querelle ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  126. J'ai du malheur dans ce que je vous dis ; et j'avoue qu'à vous voir seulement, je me serais promis une conversation plus douce. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  127. Dame, Mademoiselle, il n'y a rien de si trompeur que la mine des gens. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  128. Il est vrai que la vôtre m'a trompée, et voilà comme on a souvent tort de se prévenir en faveur de quelqu'un. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  129. Me voilà pourtant, et il n'y a point de remède, je serai toujours comme cela ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  130. Pourquoi me demandez-vous cela ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  131. Comme elle y va ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  132. Vous-même. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  133. Savez-vous bien qu'on n'a jamais dit pareille chose à une femme, et que vous m'insultez ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  134. Parce qu'il y a une heure que vous me dites des douceurs, et que vous prenez le tour pour me dire que vous m'aimez. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  135. Écoutez, si vous m'aimez tout de bon, retirez-vous vite, afin que cela s'en aille ; car je suis pris, et naturellement je ne veux pas qu'une fille me fasse l'amour la première, c'est moi qui veux commencer à le faire à la fille, cela est bien meilleur. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  136. Et si vous ne m'aimez pas, eh fi ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  137. Comment est-ce que les garçons à la cour peuvent souffrir ces manières-là dans leurs maîtresses ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  138. Qu'une femme est laide quand elle est coquette. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  139. Les premiers jours, il fallait voir comme elle se reculait d'auprès de moi, et puis elle reculait plus doucement, et puis petit à petit elle ne reculait plus, ensuite elle me regardait en cachette, et puis elle avait honte quand je l'avais vu faire, et puis moi j'avais un plaisir de roi à voir sa honte ; ensuite j'attrapais sa main, qu'elle me laissait prendre, et puis elle était encore toute confuse ; et puis je lui parlais ; ensuite elle ne me répondait rien, mais n'en pensait pas moins ; ensuite elle me donnait des regards pour des paroles, et puis des paroles qu'elle laissait aller sans y songer, parce que son coeur allait plus vite qu'elle : enfin c'était un charme, aussi j'étais comme un fou. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  140. En vérité vous me divertissez, vous me faites rire ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  141. Pour moi, je m'ennuie de vous faire rire à vos dépens : adieu, si tout le monde était comme moi, vous trouveriez plus tôt un merle blanc qu'un amoureux ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  142. Oui ; cette demoiselle veut que je l'aime, mais il n'y a pas moyen. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  143. Comment va le coeur d'Arlequin ? (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  144. Il va très brutalement pour moi. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  145. Je vous avoue, seigneur, que si j'étais vaine, je n'aurais pas mon compte ; j'ai des preuves que je puis déplaire, et nous autres femmes nous nous passons bien de ces preuves-là. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  146. Puisqu'on ne peut gagner Arlequin, Silvia ne m'aimera jamais. (Acte 1, scène 8, LE-PRINCE)
  147. Et moi je vous dis, seigneur, que j'ai vu Arlequin, qu'il me plaît à moi, que je me suis mise dans la tête de vous rendre content ; que je vous ai promis que vous le seriez ; que je vous tiendrai parole, et que de tout ce que je vous dis là, je n'en rabattrais pas la valeur d'un mot. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  148. vous ne me connaissez pas. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  149. Quoi, seigneur, Arlequin et Silvia me résisteraient ? (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  150. Je ne gouvernerais pas deux coeurs de cette espèce-là, moi qui l'ai entrepris, moi qui suis opiniâtre, moi qui suis femme ? (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  151. Eh mais j'irais me cacher, mon sexe me renoncerait. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  152. Seigneur, vous pouvez en toute sûreté ordonner les apprêts de votre mariage, vous arranger pour cela ; je vous garantis aimé, je vous garantis marié, Silvia va vous donner son coeur, ensuite sa main ; je l'entends d'ici vous dire : Je vous aime ; je vois vos noces, elles se font ; Arlequin m'épouse, vous nous honorez de vos bienfaits, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  153. Tout est fini, rien n'est commencé. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  154. Je les ferai bien venir, ces apparences, j'ai de bons moyens pour cela ; je vais commencer par aller chercher Silvia, il est temps qu'elle voie Arlequin. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  155. Je pense de même ! (Acte 1, scène 8, LE-PRINCE)
  156. Pour moi, j'ai résolu qu'ils se voient librement : sur la liste des mauvais tours que je veux jouer à leur amour, c'est ce tour-là que j'ai mis à la tête. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  157. Le Prince, qui vous aime, commence par là à vous donner des témoignages de sa bienveillance ; il veut que ces gens-là vous suivent pour vous faire honneur. (Acte 1, scène 9, TRIVELIN)
  158. Et dites-moi, ces gens-là qui me suivent, qui est-ce qui les suit, eux ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  159. Détalez, je n'aime point les gens sans honneur et qui ne méritent pas qu'on les honore. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  160. Je m'en vais donc vous parler plus clairement ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  161. Voilà une drôle de façon d'honorer un honnête homme, que de mettre une troupe de coquins après lui : c'est se moquer du monde ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  162. Mon ami, est-ce que je ne me suis pas bien expliqué ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  163. Quand je vous dis que nous ne méritons pas d'avoir des gens à notre suite, ce n'est pas que nous manquions d'honneur ; c'est qu'il n'y a que les personnes considérables, les seigneurs, les gens riches, qu'on honore de cette manière-là : s'il suffisait d'être honnête homme, moi qui vous parle, j'aurais après moi une armée de valets ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  164. Que ne dites-vous les choses comme il faut ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  165. Je le crois bien, c'était mon intention ; par bonheur ce n'est qu'un malentendu, et vous devez être bien aise d'avoir reçu innocemment les coups de bâton que je vous ai donnés. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  166. Je vois bien à présent que c'est qu'on fait ici tout l'honneur aux gens considérables, riches, et à celui qui n'est qu'honnête-homme, rien. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  167. C'est cela même ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  168. Ma foi, tout bien compté, vous me ferez plaisir de me laisser là sans compagnie ; ceux qui me verront tout seul me prendront tout d'un coup pour un honnête homme, j'aime autant cela que d'être pris pour un grand seigneur. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  169. Menez-moi donc voir SIlvia. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  170. Parbleu je ne vous trompe pas, car la voilà qui entre : adieu, je me retire ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  171. Je me meurs de joie. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  172. Là, là, mon fils, doucement ; comme il m'aime, quel plaisir d'être aimée comme cela ! (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  173. Vous me ravissez tous deux, mes chers enfants, et vous êtes bien aimables de vous être si fidèles. (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  174. Si quelqu'un m'entendait dire cela, je serais perdue : mais dans le fond du coeur je vous estime, et je vous plains ! (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  175. M'aimez-vous toujours ? (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  176. Si je vous aime ! (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  177. Je l'ai vue au désespoir, je l'ai vue pleurer de votre absence ; elle m'a touchée moi-même, je mourais d'envie de vous voir ensemble ; vous voilà : adieu, mes amis, je m'en vais, car vous m'attendrissez ; vous me faites tristement ressouvenir d'un amant que j'avais, et qui est mort ; il avait de l'air d'Arlequin, et je ne l'oublierai jamais. (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  178. Aimez toujours Arlequin, il le mérite ; et vous, Arlequin, quelque chose qu'il arrive, regardez-moi comme une amie, comme une personne qui voudrait pouvoir vous obliger, je ne négligerai rien pour cela ! (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  179. Eh bien, mon âme ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  180. Nous sommes bien malheureux. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  181. Pauvre petit trésor à moi, ma mie ; il y a trois jours que je n'ai vu ces beaux yeux-là, regardez-moi toujours pour me récompenser ! (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  182. J'ai peur de vous perdre ; j'ai peur qu'on ne vous fasse quelque mal par méchanceté de jalousie ; j'ai peur que vous ne soyez trop longtemps sans me voir, et que vous ne vous y accoutumiez. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  183. Petit coeur, est-ce que je m'accoutumerais à être malheureux ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  184. Je ne veux point que vous m'oubliiez ; je ne veux point non plus que vous enduriez rien à cause de moi ; je ne sais point dire ce que je veux, je vous aime trop, c'est une pitié que mon embarras, tout me chagrine ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  185. Comment voulez-vous que je m'empêche de pleurer, puisque vous voulez être si triste ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  186. Demeurez donc en repos, je ne vous dirai plus que je suis chagrine. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  187. Oui ; mais je devinerai que vous l'êtes ; il faut me promettre que vous ne le serez plus. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  188. Oui, mon fils : mais promettez-moi aussi que vous m'aimerez toujours ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  189. Silvia, je suis votre amant, vous êtes ma maîtresse, retenez-le bien, car cela est vrai, et tant que je serai en vie, cela ira toujours le même train, cela ne branlera pas, je mourrai de compagnie avec cela. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  190. Ah çà, dites-moi le serment que vous voulez que je vous fasse ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  191. Voilà qui va bien, je ne sais point de serments ; vous êtes un garçon d'honneur, j'ai votre amitié, vous avez la mienne, je ne la reprendrai pas. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  192. Y a-t-il quelque fille qui puisse vous aimer autant que moi ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  193. Il n'y a qu'à rester comme nous sommes, il n'y aura pas besoin de serments. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  194. Dans cent ans d'ici, nous serons tout de même. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  195. C'est une bagatelle ; quand on a un peu pâti, le plaisir en semble meilleur. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  196. Ce cher petit homme, comme il m'encourage ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  197. Où est-ce qu'il prend tout ce qu'il me dit ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  198. Il n'y a que lui au monde comme cela ; mais aussi il n'y a que moi pour vous aimer, Arlequin ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  199. C'est comme du miel, ces paroles-là ! (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  200. Je suis au désespoir de vous interrompre : mais votre mère vient d'arriver, Mademoiselle Silvia, et elle demande instamment à vous parler ! (Acte 1, scène 13, TRIVELIN)
  201. Arlequin, ne me quittez pas, je n'ai rien de secret pour vous ! (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  202. Ne craignez rien, mes enfants ; allez toute seule trouver votre mère, ma chère Silvia ; cela sera plus séant. (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  203. Mon cher Arlequin, la vôtre me fait bien du plaisir aussi : mais j'ai peur qu'on ne s'aperçoive de l'amitié que j'ai pour vous. (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  204. Hum, il faut attendre Silvia ; elle aime le potage. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  205. Oui, je vous crois, vous paraissez me vouloir du bien ; aussi vous voyez que je ne souffre que vous, je regarde tous les autres comme mes ennemis. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  206. Je n'ai jamais vu de femmes si civiles, des hommes si honnêtes, ce sont des manières si douces, tant de révérences, tant de compliments, tant de signes d'amitié, vous diriez que ce sont les meilleures gens du monde, qu'ils sont pleins de coeur et de conscience ; point du tout, de tous ces gens-là, il n'y en a pas un qui ne vienne me dire d'un air prudent : Mademoiselle, croyez-moi, je vous conseille d'abandonner Arlequin, et d'épouser le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  207. Mais ils me conseillent cela tout naturellement, sans avoir honte, non plus que s'ils m'exhortaient à quelque bonne action. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  208. Ils ne m'entendent pas ; ils ne savent ce que c'est que tout cela, c'est tout comme si je leur parlais grec ; ils me rient au nez, me disent que je fais l'enfant, qu'une grande fille doit avoir de la raison : Eh ! (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  209. Ne valoir rien, tromper son prochain, lui manquer de parole, être fourbe et mensonger, voilà le devoir des grandes personnes de ce maudit endroit-ci. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  210. De la pâte des autres hommes, ma chère Silvia ; que cela ne vous étonne pas, ils s'imaginent que ce serait votre bonheur que le mariage du Prince. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  211. Par-dessus le marché, cette fidélité n'est-elle pas mon charme ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  212. Et on a le courage de me dire : Là, fais un mauvais tour, qui ne te rapportera que du mal, perds ton plaisir et ta bonne foi. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  213. Et parce que je ne veux pas, moi, on me trouve dégoûtée. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  214. Car c'est un abus que tout ce qu'il fait, tous ces concerts, ces comédies, ces grands repas qui ressemblent à des noces, ces bijoux qu'il m'envoie ; tout cela lui coûte un argent infini, c'est un abîme, il se ruine ; demandez-moi ce qu'il y gagne ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  215. Quand il me donnerait toute la boutique d'un mercier, cela ne me ferait pas tant de plaisir qu'un petit peloton qu'Arlequin m'a donné. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  216. Je n'en doute pas, voilà ce que c'est que l'amour ; j'ai aimé de même, et je me reconnais au petit peloton. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  217. Tenez, si j'avais eu à changer Arlequin contre un autre, ç'aurait été contre un officier du palais, qui m'a vue cinq ou six fois, et qui est d'aussi bonne façon qu'on puisse être : il y a bien à tirer si le Prince le vaut ; c'est dommage que je n'aie pu l'aimer dans le fond, et je le plains plus que le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  218. Eh bien, qu'il tâche de m'oublier, qu'il me renvoie, qu'il voie d'autres filles ; il y en a ici qui ont leur amant tout comme moi : mais cela ne les empêche pas d'aimer tout le monde, j'ai bien vu que cela ne leur coûte rien : mais pour moi, cela m'est impossible. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  219. Bon, moi, je ne parais rien, je suis toute d'une pièce auprès d'elles, je demeure là, je ne vais ni ne viens ; au lieu qu'elles, elles sont d'une humeur joyeuse, elles ont des yeux qui caressent tout le monde, elles ont une mine hardie, une beauté libre qui ne se gêne point, qui est sans façon ; cela plaît davantage que non pas une honteuse comme moi, qui n'ose regarder les gens et qui est confuse qu'on la trouve belle. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  220. Voilà justement ce qui touche le Prince, voilà ce qu'il estime ; c'est cette ingénuité, cette beauté simple, ce sont ces grâces naturelles : Eh ! (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  221. Croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici, car elles ne vous louent guère. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  222. Des impertinences ; elles se moquent de vous, raillent le Prince, lui demandent comment se porte sa beauté rustique. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  223. Là-dessus l'une vous prenait par les yeux, l'autre par la bouche ; il n'y avait pas jusqu'aux hommes qui ne vous trouvaient pas trop jolie ; j'étais dans une colère !... (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  224. Pardi, voilà de vilains hommes, de trahir comme cela leur pensée pour plaire à ces sottes-là. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  225. Que je les hais, ces femmes-là ! (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  226. Mais puisque je suis si peu agréable à leur compte, pourquoi donc est-ce que le Prince m'aime et qu'il les laisse là ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  227. Elles sont persuadées qu'il ne vous aimera pas longtemps, que c'est un caprice qui lui passera, et qu'il en rira tout le premier ! (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  228. Elles sont bien heureuses que j'aime Arlequin, sans cela j'aurais grand plaisir à les faire mentir, ces babillardes-là. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  229. Je crois que c'est cet officier dont je vous ai parlé, c'est lui-même. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  230. Voyez la belle physionomie d'homme ! (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  231. Comment, vous voilà, Monsieur ? (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  232. Oui, Mademoiselle, je le savais ; mais vous m'aviez dit de ne plus vous voir, et je n'aurais osé paraître sans Madame, qui a souhaité que je l'accompagnasse, et qui a obtenu du Prince l'honneur de vous faire la révérence ! (Acte 2, scène 2, LE-PRINCE)
  233. Je ne suis pas fâchée de vous revoir, et vous me retrouvez bien triste. (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  234. À l'égard de cette dame, je la remercie de la volonté qu'elle a de me faire une révérence, je ne mérite pas cela ; mais qu'elle me la fasse, puisque c'est son désir, je lui en rendrai une comme je pourrai, elle excusera si je la fais mal. (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  235. Mais, Madame, que signifient ces discours-là ? (Acte 2, scène 2, LE-PRINCE)
  236. Ce n'est pas mon dessein ; j'avais la curiosité de voir cette petite fille qu'on aime tant, qui fait naître une si forte passion ; et je cherche ce qu'elle a de si aimable. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  237. On dit qu'elle est naïve, c'est un agrément campagnard qui doit la rendre amusante, priez-la de nous donner quelques traits de naïveté ; voyons son esprit. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  238. Eh non, Madame, ce n'est pas la peine, il n'est pas si plaisant que le vôtre ! (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  239. Allez-vous-en, Madame. (Acte 2, scène 2, LE-PRINCE)
  240. Cela m'impatiente à la fin, et si elle ne s'en va, je me fâcherai tout de bon ! (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  241. Adieu ; un pareil objet me venge assez de celui qui en a fait choix ! (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  242. Je suis outrée, j'ai bien affaire qu'on m'enlève pour se moquer de moi ; chacun a son prix, ne semble-t-il pas que je ne vaille pas bien ces femmes-là ? (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  243. Bon, ce sont des compliments que les injures de cette jalouse-là. (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  244. Belle Silvia, cette femme-là nous a trompés, le Prince et moi ; vous m'en voyez au désespoir, n'en doutez pas. (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  245. Vous savez que je suis pénétré de respect pour vous ; vous connaissez mon coeur, je venais ici pour me donner la satisfaction de vous voir, pour jeter encore une fois les yeux sur une personne si chère, et reconnaître notre souveraine ; mais je ne prends pas garde que je me découvre, que Flaminia m'écoute, et que je vous importune encore ! (Acte 2, scène 3, LE PRINCE)
  246. Ne sais-je pas bien qu'on ne peut la voir sans l'aimer ? (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  247. Et moi, je voudrais qu'il ne m'aimât pas, car j'ai du chagrin de ne pouvoir lui rendre le change ; encore si c'était un homme comme tant d'autres, à qui on dit ce qu'on veut ; mais il est trop agréable pour qu'on le maltraite, lui, et il a toujours été comme vous le voyez. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  248. Que puis-je faire pour mériter ce que vous venez de me dire, si ce n'est de vous aimer toujours ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  249. Aimez-moi, à la bonne heure, j'y aurai du plaisir, pourvu que vous promettiez de prendre votre mal en patience ; car je ne saurais mieux faire, en vérité : Arlequin est venu le premier, voilà tout ce qui vous nuit. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  250. Flaminia, je vous en fais juge, pourrait-on cesser d'aimer Silvia ? (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  251. Non, la tendresse d'une autre me toucherait moins que la seule bonté qu'elle a de me plaindre ! (Acte 2, scène 3, LE PRINCE)
  252. Et moi, je vous en fais juge aussi ; là, vous l'entendez, comment se comporter avec un homme qui me remercie toujours, qui prend tout ce qu'on lui dit en bien ? (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  253. Franchement, il a raison, Silvia, vous êtes charmante, et à sa place je serais tout comme il est. (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  254. Croyez-moi, tâchez de m'aimer tranquillement, et vengez-moi de cette femme qui m'a injuriée. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  255. Oui, ma chère Silvia, j'y cours ; à mon égard, de quelque façon que vous me traitiez, mon parti est pris, j'aurai du moins le plaisir de vous aimer toute ma vie. (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  256. Allez, Monsieur, hâtez-vous d'informer le Prince du mauvais procédé de la dame en question ; il faut que tout le monde sache ici le respect qui est dû à Silvia (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  257. Vous aurez bientôt de mes nouvelles ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  258. Vous, ma chère, pendant que je vais chercher Arlequin, qu'on retient peut-être un peu trop longtemps à table, allez essayer l'habit qu'on vous a fait, il me tarde de vous le voir. (Acte 2, scène 4, FLAMINIA)
  259. Tenez, l'étoffe est belle, elle m'ira bien ; mais je ne veux point de tous ces habits-là, car le Prince me veut en troc, et jamais nous ne finirons ce marché-là. (Acte 2, scène 4, SILVIA)
  260. Vous vous trompez ; quand il vous quitterait, vous emporteriez tout ; vraiment, vous ne le connaissez pas. (Acte 2, scène 4, FLAMINIA)
  261. Je m'en vais donc sur votre parole ; pourvu qu'il ne me dise pas après : Pourquoi as-tu pris mes présents ? (Acte 2, scène 4, SILVIA)
  262. En ce cas-là, j'en prendrai tant qu'il voudra, afin qu'il n'ait rien à me dire. (Acte 2, scène 4, SILVIA)
  263. Il me semble que les choses commencent à prendre forme ; voici Arlequin. (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  264. En vérité, je ne sais, mais si ce petit homme venait à m'aimer, j'en profiterais de bon coeur ! (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  265. C'est que mon valet Trivelin, que je ne paye point, m'a mené par toutes les chambres de la maison, où l'on trotte comme dans les rues ; où l'on jase comme dans notre halle, sans que le maître de la maison s'embarrasse de tous ces visages-là, et qui viennent chez lui sans lui donner le bonjour, qui vont le voir manger, sans qu'il leur dise : Voulez-vous boire un coup ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  266. Je me divertissais de ces originaux-là en revenant, quand j'ai vu un grand coquin qui a levé l'habit d'une dame par-derrière. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  267. Moi, j'ai cru qu'il lui faisait quelque niche, et je lui ai dit bonnement : Arrêtez-vous, polisson, vous badinez malhonnêtement. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  268. Elle, qui m'a entendu, s'est retournée et m'a dit : Ne voyez-vous pas bien qu'il me porte la queue ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  269. Sur cela le polisson s'est mis à rire, la dame riait, Trivelin riait, tout le monde riait : par compagnie je me suis mis à rire aussi. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  270. D'une bagatelle : c'est que vous ne savez pas que ce que vous avez vu faire à ce laquais est un usage pour les dames. (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  271. Oui, vraiment. (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  272. Vous êtes gai, j'aime à vous voir comme cela ; avez-vous bien mangé depuis que je vous ai quitté ? (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  273. Comment, j'ai tort ! (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  274. Oui ; pourquoi l'empêchez-vous de parler de ce qu'il aime ? (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  275. Arlequin, cet homme-là me fera des affaires à cause de vous ! (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  276. Écoute, je suis ton maître, car tu me l'as dit ; je n'en savais rien, fainéant que tu es ! (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  277. S'il t'arrive de faire le rapporteur, et qu'à cause de toi on fasse seulement la moue à cette honnête fille-là, c'est deux oreilles que tu auras de moins : je te les garantis dans ma poche. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  278. Je vous pardonne tout à vous, car enfin il le faut : mais vous me le paierez, Flaminia ! (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  279. Toutes les fois que vous me plaignez, cela m'apaise, je suis la moitié moins fâché d'être triste. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  280. Je ne sais point lire, mais vous me l'expliqueriez. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  281. Non, je ne serai jamais témoin de votre contentement, voilà qui est fini ; Trivelin causera, l'on me séparera d'avec vous, et que sais-je, moi, où l'on m'emmènera ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  282. Je n'ai qu'une pauvre maîtresse, ils me l'ont emportée, vous emporteraient-ils encore ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  283. Ma mie, vous me gagnez le coeur ; conseillez-moi dans ma peine, avisons-nous, quelle est votre pensée ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  284. Car je n'ai point d'esprit, moi, quand je suis fâché ; il faut que j'aime Silvia, il faut que je vous garde, il ne faut pas que mon amour pâtisse de notre amitié, ni notre amitié de mon amour, et me voilà bien embarrassé. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  285. Il est fâcheux que j'aime Silvia, sans cela je vous donnerais de bon coeur la ressemblance de votre amant. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  286. Ne vous ai-je pas dit qu'il était fait comme vous, que vous êtes son portrait ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  287. Je n'ai vu personne répondre si doucement que vous, votre amitié se met partout ; je n'aurais jamais cru être si joli que vous le dites ; mais puisque vous aimiez tant ma copie, il faut bien croire que l'original mérite quelque chose. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  288. Vous me troublez, il faut que je vous quitte ; je n'ai que trop de peine à m'arracher d'auprès de vous : mais où cela nous conduirait-il ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  289. Adieu, Arlequin, je vous verrai toujours, si on me le permet ; je ne sais où je suis. (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  290. Je suis tout de même. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  291. Ce pays-ci n'est pas digne d'avoir cette fille-là ; si par quelque malheur Silvia venait à manquer, dans mon désespoir je crois que je me retirerais avec elle ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  292. N'est-ce point compromettre mes épaules ? (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  293. Car vous jouez merveilleusement de votre épée de bois. (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  294. J'ai vu cet homme-là quelque part. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  295. Non, Monsieur, vous ne me faites ni bien ni mal, en vérité. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  296. Vous n'avez seulement qu'à me dire si je dois aussi mettre mon chapeau. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  297. De quelque façon que vous soyez, vous me ferez honneur ! (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  298. Mais ne me faites point de compliments, ce serait autant de perdu, car je n'en sais point rendre. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  299. Ce ne sont point des compliments, mais des témoignages d'estime. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  300. Votre visage ne m'est point nouveau, Monsieur ; je vous ai vu quelque part à la chasse, où vous jouiez de la trompette ; je vous ai ôté mon chapeau en passant, et vous me devez ce coup de chapeau-là. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  301. Oh que si ; mais vous n'aviez pas de grâce à me demander, voilà pourquoi je perdis mon étalage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  302. Je ne me reconnais point à cela. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  303. Je compte sur votre bon coeur ; voici ce que c'est : j'ai eu le malheur de parler cavalièrement de vous devant le Prince. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  304. Il n'aime donc pas les médisants ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  305. Voilà qui me plaît ; c'est un honnête homme ; s'il ne me retenait pas ma maîtresse, je serais fort content de lui. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  306. Ce n'est pas là tout : Arlequin, m'a-t-il répondu, est un garçon d'honneur ; je veux qu'on l'honore, puisque je l'estime ; la franchise et la simplicité de son caractère sont des qualités que je voudrais que vous eussiez tous. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  307. Par la morbleu, je suis son serviteur ; franchement, je fais cas de lui, et je croyais être plus en colère contre lui que je ne le suis. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  308. Ensuite il m'a dit de me retirer ; mes amis là-dessus ont tâché de le fléchir pour moi. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  309. Que le ciel bénisse cet homme de bien, il a vidé là sa maison d'une mauvaise graine de gens. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  310. Par ma foi, Messieurs, allez où il vous plaira ; je vous souhaite un bon voyage. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  311. Il faudra que je m'en aille dans mes terres ; car je suis comme exilé. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  312. Comment, être exilé, ce n'est donc point vous faire d'autre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  313. Vraiment non ; voilà ce que c'est. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  314. Et vous vivrez là paix et aise, vous ferez vos quatre repas comme à l'ordinaire ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  315. Ne me trompez-vous pas ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  316. J'ai dit que vous aviez l'air d'un homme ingénu, sans malice, là, d'un garçon de bonne foi ! (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  317. Moi, j'ai l'air d'un innocent ; vous, vous avez l'air d'un homme d'esprit ; eh bien, à cause de cela, faut-il s'en fier à notre air ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  318. Non ; j'ai ajouté seulement que vous donniez la comédie à ceux qui vous parlaient. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  319. N'importe, empêchez que je ne le sois ; un homme comme moi ne peut demeurer qu'à la cour : il n'est en considération, il n'est en état de pouvoir se venger de ses envieux qu'autant qu'il se rend agréable au Prince, et qu'il cultive l'amitié de ceux qui gouvernent les affaires. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  320. J'aimerais mieux cultiver un bon champ, cela rapporte toujours peu_ou_prou, et je me doute que l'amitié de ces gens-là n'est pas aisée à avoir ni à garder. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  321. C'est justement recevoir des coups de bâton d'un côté, pour avoir le privilège d'en donner d'un autre ; voilà une drôle de vanité ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  322. Nous sommes élevés là-dedans. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  323. Mais écoutez, vous n'aurez point de peine à me remettre en faveur, car vous connaissez bien Flaminia ? (Acte 2, scène 7, LE SEIGNEUR)
  324. Oui, c'est mon intime. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  325. Le Prince a beaucoup de bienveillance pour elle ; elle est la fille d'un de ses officiers ; et je me suis imaginé de lui faire sa fortune en la mariant à un petit-cousin que j'ai à la campagne, que je gouverne, et qui est riche. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  326. Dites-le au Prince, mon dessein me conciliera ses bonnes grâces. (Acte 2, scène 7, LE SEIGNEUR)
  327. Oui, mais ce n'est pas là le chemin des miennes ; car je n'aime point qu'on épouse mes amies, moi, et vous n'imaginez rien qui vaille avec votre petit-cousin. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  328. N'y manquez pas ; je vous promets mon intercession, sans que le petit-cousin s'en mêle. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  329. Je vous ai beaucoup d'obligation ; j'attends l'effet de vos promesses : adieu, Monsieur Arlequin. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  330. Mon cher, je vous amène Silvia ; elle me suit. (Acte 2, scène 8, FLAMINIA)
  331. Si vous me voyiez, en vérité, vous me trouveriez jolie ; demandez à Flaminia. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  332. Si je portais ces habits-là, les femmes d'ici seraient bien attrapées, elles ne diraient pas que j'ai l'air gauche. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  333. Eh dame, puisqu'on ne nous gêne plus, j'aime autant être ici qu'ailleurs ; qu'est-ce que cela fait d'être là ou là ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  334. On s'aime partout. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  335. Comment, nous gêner ! (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  336. On envoie les gens me demander pardon pour la moindre impertinence qu'ils disent de moi ! (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  337. J'attends une dame aussi, moi, qui viendra devant moi se repentir de ne m'avoir pas trouvée belle. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  338. Pour cela, Flaminia nous aime comme si nous étions frères et soeurs. (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  339. Mon amoureux qui venait me voir chez nous, ce grand monsieur si bien tourné ; je veux que vous soyez amis ensemble, car il a bon coeur aussi ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  340. Après tout, quel mal y a-t-il qu'il me trouve à son gré ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  341. Prix pour prix, les gens qui nous aiment sont de meilleure compagnie que ceux qui ne se soucient pas de nous, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  342. Mettons encore Flaminia, elle se soucie de nous, et nous serons partie carrée. (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  343. Arlequin, vous me donnez là une marque d'amitié que je n'oublierai point. (Acte 2, scène 9, FLAMINIA)
  344. Allez, allez, Arlequin ; à cette heure que nous nous voyons quand nous voulons, ce n'est pas la peine de nous ôter notre liberté à nous-mêmes ; ne vous gênez point ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  345. Ne faites point tant de révérences, Madame, cela m'exemptera de vous en faire ; je m'y prends de si mauvaise grâce, à votre fantaisie ! (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  346. Ce n'est pas moi qui ai envie de plaire, telle que vous me voyez ; il me fâche assez d'être si jolie, et que vous ne soyez pas assez belle. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  347. Vous soupirez à cause d'une petite villageoise, vous êtes bien de loisir ; et où avez-vous mis votre langue de tantôt, Madame ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  348. Je ne puis me résoudre à parler. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  349. Gardez donc le silence ; car quand vous vous lamenteriez jusqu'à demain, mon visage n'empirera pas : beau ou laid, il restera comme il est. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  350. Qu'est-ce que vous me voulez ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  351. Épargnez-moi, Mademoiselle ; l'emportement que j'ai eu contre vous a mis toute ma famille dans l'embarras : le Prince m'oblige à venir vous faire une réparation, et je vous prie de la recevoir sans me railler. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  352. Voilà qui est fini, je ne me moquerai plus de vous ; je sais bien que l'humilité n'accommode pas les glorieux, mais la rancune donne de la malice. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  353. De quoi aussi vous avisiez-vous de me mépriser ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  354. J'avais cru m'apercevoir que le Prince avait quelque inclination pour moi, et je ne croyais pas en être indigne : mais je vois bien que ce n'est pas toujours aux agréments qu'on se rend ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  355. Comme ces jalouses ont l'esprit tourné ! (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  356. Eh bien oui, je suis jalouse, il est vrai ; mais puisque vous n'aimez pas le Prince, aidez-moi à le remettre dans les dispositions où j'ai cru qu'il était pour moi : il est sûr que je ne lui déplaisais pas, et je le guérirai de l'inclination qu'il a pour vous, si vous me laissez faire ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  357. Cependant cela me paraît possible ; car enfin je ne suis ni si maladroite, ni si désagréable. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  358. Vous me répondez d'une étrange manière ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  359. Pardi, je parlerai au Prince ; il n'a pas encore osé me parler, lui, à cause que je suis trop fâchée : mais je lui ferai dire qu'il s'enhardisse, seulement pour voir. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  360. Marchez, marchez, je ne sais pas seulement si vous êtes au monde. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  361. J'ai, que je suis en colère ; cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon, et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m'a encore fâchée, m'a dit que c'était à ma laideur qu'on se rendait, qu'elle était plus agréable, plus adroite que moi, qu'elle ferait bien passer l'amour du Prince ; qu'elle allait travailler pour cela ; que je verrais, pati, pata ; que sais-je, moi, tout ce qu'elle mis en avant contre mon visage ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  362. Il ne m'aimera pas tant, voulez-vous dire ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  363. Vous me faites rêver à une chose, ne trouvez-vous pas qu'il est un peu négligent depuis que nous sommes ici, Arlequin ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  364. Je l'ai remarqué comme vous ; mais ne me trahissez pas au moins ; nous nous parlons de fille à fille : dites-moi, après tout, l'aimez-vous tant, ce garçon ? (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  365. Mais vraiment oui, je l'aime, il le faut bien. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  366. Vous me paraissez mal assortis ensemble. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  367. Vous avez du goût, de l'esprit, l'air fin et distingué ; lui il a l'air pesant, les manières grossières ; cela ne cadre point, et je ne comprends pas comment vous l'avez aimé ; je vous dirai même que cela vous fait tort. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  368. Mettez-vous à ma place. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  369. C'était le garçon le plus passable de nos cantons, il demeurait dans mon village, il était mon voisin, il est assez facétieux, je suis de bonne humeur, il me faisait quelquefois rire, il me suivait partout, il m'aimait, j'avais coutume de le voir, et de coutume en coutume je l'ai aimé aussi, faute de mieux : mais j'ai toujours bien vu qu'il était enclin au vin et à la gourmandise. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  370. Je ne puis que dire ; il me passe tant de oui et de non par la tête, que je ne sais auquel entendre. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  371. D'un côté, Arlequin est un petit négligent qui ne songe ici qu'à manger ; d'un autre côté, si on me renvoie, ces glorieuses de femmes feront accroire partout qu'on m'aura dit : Va-t'en, tu n'es pas assez jolie. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  372. L'aimez-vous ? (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  373. Je ne crois pas ; car je dois aimer Arlequin. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  374. C'est un homme aimable. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  375. Si Arlequin se mariait à une autre fille que moi, à la bonne heure ; je serais en droit de lui dire : Tu m'as quittée, je te quitte, je prends ma revanche : mais il n'y a rien à faire ; qui est-ce qui voudrait d'Arlequin ici, rude et bourru comme il est ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  376. Il n'y a pas presse, entre nous : pour moi, j'ai toujours eu dessein de passer ma vie aux champs ; Arlequin est grossier, je ne l'aime point, mais je ne le hais pas ; et dans les sentiments où je suis, s'il voulait, je vous en débarrasserais volontiers pour vous faire plaisir. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  377. Vous venez : vous allez encore me dire que vous m'aimez, pour me mettre davantage en peine. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  378. Je venais voir si la dame qui vous a fait insulte s'était bien acquittée de son devoir. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  379. Quant à moi, belle Silvia, quand mon amour vous fatiguera, quand je vous déplairai moi-même, vous n'avez qu'à m'ordonner de me taire et de me retirer ; je me tairai, j'irai où vous voudrez, et je souffrirai sans me plaindre, résolu de vous obéir en tout. (Acte 2, scène 12, LE PRINCE)
  380. Comment voulez-vous que je vous renvoie ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  381. Vous vous tairez, s'il me plaît ; vous vous en irez, s'il me plaît ; vous n'oserez pas vous plaindre, vous m'obéirez en tout. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  382. Si je vous dis : Allez-vous en, vous croirez que je vous hais ; si je vous dis de vous taire, vous croirez que je ne me soucie pas de vous ; et toutes ces croyances-là ne seront pas vraies ; elles vous affligeront ; en serai-je plus à mon aise après ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  383. J'attends qu'on me le dise ; j'en suis encore plus ignorante que vous ; voilà Arlequin qui m'aime, voilà le Prince qui demande mon coeur, voilà vous qui mériteriez de l'avoir, voilà ces femmes qui m'injurient, et que je voudrais punir, voilà que j'aurai un affront, si je n'épouse pas le Prince : Arlequin m'inquiète, vous me donnez du souci, vous m'aimez trop, je voudrais ne vous avoir jamais connu, et je suis bien malheureuse d'avoir tout ce tracas-là dans la tête. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  384. Vos discours me pénètrent, Silvia, vous êtes trop touchée de ma douleur ; ma tendresse, toute grande qu'elle est, ne vaut pas le chagrin que vous avez de ne pouvoir m'aimer. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  385. Je pourrais bien vous aimer, cela ne serait pas difficile, si je voulais. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  386. Pardi, j'aurais moins de mal à vous aimer tout à fait qu'à être comme je suis ; pour moi, je laisserai tout là ; voilà ce que vous gagnerez. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  387. Ce n'est pas à cause de la principauté que je voudrais que vous fussiez prince, c'est seulement à cause de vous tout seul ; et si vous l'étiez, Arlequin ne saurait pas que je vous prendrais par amour ; voilà ma raison. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  388. Mais non, après tout, il vaut mieux que vous ne soyez pas le maître ; cela me tenterait trop. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  389. Et quand vous le seriez, tenez, je ne pourrais me résoudre à être une infidèle, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  390. Silvia, conservez-moi seulement les bontés que vous avez pour moi : le Prince vous a fait préparer un spectacle, permettez que je vous y accompagne, et que je profite de toutes les occasions d'être avec vous. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  391. Il ne me dira pas un mot, c'est tout comme si j'étais partie ; mais quand je serai chez nous, vous y viendrez ; eh, que sait-on ce qui peut arriver ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  392. Oui, seigneur, vous avez fort bien fait de ne pas vous découvrir tantôt, malgré tout ce que Silvia vous a dit de tendre ; ce retardement ne gâte rien, et lui laisse le temps de se confirmer dans le penchant qu'elle a pour vous. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  393. Elle l'est infiniment. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  394. Je ne connais rien comme elle parmi les gens du monde. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  395. Quand une maîtresse, à force d'amour, nous dit clairement : Je vous aime, cela fait assurément un grand plaisir. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  396. Eh bien, Flaminia, ce plaisir-là, imaginez-vous qu'il n'est que fadeur, qu'il n'est qu'ennui, en comparaison du plaisir que m'ont donné les discours de Silvia, qui ne m'a pourtant point dit : Je vous aime. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  397. Cela est impossible : je suis ravi, je suis enchanté, je ne peux pas vous répéter cela autrement. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  398. Je présume beaucoup du rapport singulier que vous m'en faites. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  399. Si vous saviez combien, dit-elle, elle est affligée de ne pouvoir m'aimer, parce que cela me rend malheureux et qu'elle doit être fidèle à Arlequin... (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  400. J'ai vu le moment où elle allait me dire : Ne m'aimez plus, je vous prie, parce que vous seriez cause que je vous aimerais aussi. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  401. Non, je le dis encore, il n'y a que l'amour de Silvia qui soit véritablement de l'amour ; les autres femmes qui aiment ont l'esprit cultivé, elles ont une certaine éducation, un certain usage, et tout cela chez elles falsifie la nature ; ici c'est le coeur tout pur qui me parle ; comme ses sentiments viennent, il les montre ; sa naïveté en fait tout l'art, et sa pudeur toute la décence. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  402. Tout ce qui la retient à présent, c'est qu'elle se fait un scrupule de m'aimer sans l'aveu d'Arlequin. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  403. À vous dire le vrai, seigneur, je le crois tout à fait amoureux de moi ; mais il n'en sait rien ; comme il ne m'appelle encore que sa chère amie, il vit sur la bonne foi de ce nom qu'il me donne, et prend toujours de l'amour à bon compte. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  404. Dans la première conversation, je l'instruirai de l'état de ses petites affaires avec moi, et ce penchant qui est incognito chez lui, et que je lui ferai sentir par un autre stratagème, la douceur avec laquelle vous lui parlerez, comme nous en sommes convenus, tout cela, je pense, va vous tirer d'inquiétude, et terminer mes travaux dont je sortirai, seigneur, victorieuse et vaincue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  405. Comment donc ? (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  406. C'est une petite bagatelle qui ne mérite pas de vous être dite ; c'est que j'ai pris du goût pour Arlequin, seulement pour me désennuyer dans le cours de notre intrigue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  407. Donnez-vous patience, mon domestique. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  408. Dites-moi, qui est-ce qui me nourrit ici ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  409. La bonne chère que je fais me donne des scrupules. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  410. Allez, allez, seigneur Arlequin, mangez en toute sûreté de conscience, et buvez de même. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  411. Dame, je prends mes repas dans la bonne foi ; il me serait bien rude de me voir un jour apporter le mémoire de ma dépense ; mais je vous crois. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  412. Dites-moi, à présent, comment s'appelle celui qui rend compte au Prince de ses affaires ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  413. Si on veut me garder, il faut lui envoyer une carriole afin qu'il vienne. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  414. Ensuite nous tiendrons ici ménage avec l'amie Flaminia, qui ne veut pas nous quitter à cause de son affection pour nous ; et si le Prince a toujours bonne envie de nous régaler, ce que je mangerai me profitera davantage. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  415. Cela me plaît, à moi. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  416. Allons vite, tirez votre plume, et griffonnez-moi mon écriture. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  417. Mettez les deux, afin qu'il choisisse. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  418. Doucement. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  419. Qui jamais a entendu dire qu'on s'adresse à la taille d'un homme quand on a affaire à lui ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  420. Je mettrai comme il vous plaira. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  421. La plume me tombe des mains. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  422. Cela est fâcheux, mon mignon ; mais en attendant qu'elle en soit informée, je vais toujours vous en faire quelques remerciements pour elle. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  423. Des remerciements à coups de bâton ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  424. Je ne suis pas friand de ces compliments-là. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  425. Eh que vous importe que je l'aime ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  426. Vous vous trompez, mon amitié fait tout comme l'amour, en voilà des preuves. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  427. Bonjour, ma mie ; c'est ce faquin qui dit qu'il vous aime depuis deux ans. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  428. Vous êtes votre maîtresse : mais si vous aviez un amant, vous l'aimeriez peut-être ; cela gâterait la bonne amitié que vous me portez, et vous m'en feriez ma part plus petite : Oh ! (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  429. Si vous continuez de me parler toujours de même, je ne saura plus bientôt de quelle espèce seront mes sentiments pour vous : en vérité je n'ose m'examiner là-dessus, j'ai peur de trouver plus que je ne veux. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  430. Ne me le demandez pas, je n'en veux rien savoir ; ce qui est de sûr, c'est que dans le monde je n'aime rien plus que vous. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  431. Vous n'en pouvez pas dire autant ; Silvia va devant moi, comme de raison. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  432. Comme vous voudrez : mais il ne faut pas l'envoyer, il faut venir toutes deux. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  433. Je ne pourrai pas ; car le Prince m'a mandée, et je vais voir ce qu'il me veut. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  434. Voilà mon homme de tantôt ; ma foi, Monsieur le médisant, car je ne sais point votre autre nom, je n'ai rien dit de vous au Prince, par la raison que je ne l'ai point vu. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  435. Je vous suis obligé de votre bonne volonté, seigneur Arlequin : mais je suis sorti d'embarras et rentré dans les bonnes grâces du Prince, sur l'assurance que je lui ai donnée que vous lui parleriez pour moi : j'espère qu'à votre tour vous me tiendrez parole. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  436. Quoique je paraisse un innocent, je suis homme d'honneur. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  437. Non, le présent dont il s'agit est dans ma poche ; ce sont des lettres de noblesse dont le Prince vous gratifie comme parent de Silvia, car on dit que vous l'êtes un peu. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  438. Donnez-vous comme cela de jolis noms à toutes les sottises, vous autres ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  439. Prenez, vous dis-je : ne serez-vous pas bien aise d'être gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  440. J'ai opinion que cela les empêcherait de m'aimer de bon coeur ; car quand je respecte les gens, moi, et que je les crains, je ne les aime pas de si bon courage ; je ne saurais faire tant de choses à la fois. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  441. Voilà comme je suis bâti ; d'ailleurs voyez-vous, je suis le meilleur enfant du monde, je ne fais de mal à personne : mais quand je voudrais nuire, je n'en ai pas le pouvoir. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  442. Eh bien, si j'avais ce pouvoir, si j'étais noble, diable emporte si je voudrais gager d'être toujours brave homme : je ferais parfois comme le gentilhomme de chez nous, qui n'épargne pas les coups de bâton à cause qu'on n'oserait lui rendre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  443. Comme les hommes sont quelquefois méchants, mettez-vous en état de faire du mal, seulement afin qu'on n'ose pas vous en faire, et pour cet effet prenez vos lettres de noblesse. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  444. Têtubleu, vous avez raison, je ne suis qu'une bête : allons, me voilà noble, je garde le parchemin, je ne crains plus que les rats, qui pourraient bien gruger ma noblesse ; mais j'y mettrai bon ordre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  445. Je vous remercie, et le Prince aussi ; car il est bien obligeant dans le fond. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  446. Que me voulez-vous ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  447. Elle oblige à être honnête homme. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  448. N'y songez plus, un gentilhomme doit être généreux. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  449. Généreux et honnête homme ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  450. Je les trouve encore plus nobles que mes lettres de noblesse. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  451. Et quand on ne s'en acquitte pas, est-on encore gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  452. Nullement. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  453. À l'égard du reste, comme je vous ai dit, ayez de la vertu, aimez l'honneur plus que la vie, et vous serez dans l'ordre. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  454. Tout doucement : ces dernières obligations-là ne me plaisent pas tant que les autres. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  455. Premièrement, il est bon d'expliquer ce que c'est que cet honneur qu'on doit aimer plus que la vie. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  456. Tout ce que vous m'avez dit n'est donc qu'un coq-à-l'âne ; car si je suis obligé d'être généreux, il faut que je pardonne aux gens ; si je suis obligé d'être méchant, il faut que je les assomme. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  457. Comment donc faire pour tuer le monde et le laisser vivre ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  458. Je vous entends, il m'est défendu d'être meilleur que les autres ; et si je rends le bien pour le mal, je serai donc un homme sans honneur ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  459. Tenez, accommodons-nous plutôt ; quand on me dira une grosse injure, j'en répondrai une autre si je suis le plus fort. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  460. Voulez-vous me laisser votre marchandise à ce prix-là ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  461. Que la tache y reste ; vous parlez du sang comme si c'était de l'eau de la rivière. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  462. Sans compliment, reprenez votre affaire. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  463. Il faudra donc qu'il me signe un contrat comme quoi je serai exempt de me faire tuer par mon prochain, pour le faire repentir de son impertinence avec moi. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  464. Qui diantre vient encore me rendre visite ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  465. Êtes-vous gentilhomme, vous ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  466. Assurément. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  467. Calmez-vous, je vous prie, Arlequin, le Prince m'a donné ordre de vous entretenir. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  468. C'est ton prince lui-même qui te parle, et non pas un officier du palais, comme tu l'as cru jusqu'ici aussi bien que Silvia. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  469. Puisque vous n'avez pas de rancune contre moi, ne permettez que j'en aie contre vous ; je ne suis pas digne d'être fâché contre un prince, je suis trop petit pour cela : si vous m'affligez, je pleurerai de toute ma force, et puis c'est tout ; cela doit faire compassion à votre puissance, vous ne voudriez pas avoir une principauté pour le contentement de vous tout seul. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  470. Que voulez-vous, Monseigneur, j'ai une fille qui m'aime ; vous, vous en avez plein votre maison, et nonobstant vous m'ôtez la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  471. Il a raison, et ses plaintes me touchent. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  472. Je sais bien que vous êtes un bon prince, tout le monde le dit dans le pays, il n'y aura que moi qui n'aurai pas le plaisir de le dire comme les autres. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  473. Je te prive de Silvia, il est vrai : mais demande-moi ce que tu voudras, je t'offre tous les biens que tu pourras souhaiter, et laisse-moi cette seule personne que j'aime. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  474. Ne parlons point de ce marché-là, vous gagneriez trop sur moi ; disons en conscience : si un autre que vous me l'avait prise, est-ce que vous ne me la feriez pas remettre ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  475. Eh bien, personne ne me l'a prise que vous ; voyez la belle occasion de montrer que la justice est pour tout le monde. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  476. Allons, Monseigneur, dites-vous comme cela : Faut-il que je retienne le bonheur de ce petit homme parce que j'ai le pouvoir de le garder ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  477. Regarde comme j'en agis avec toi. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  478. Je pourrais te renvoyer, et garder Silvia sans t'écouter ; cependant, malgré l'inclination que j'ai pour elle, malgré ton obstination et le peu de respect que tu me montres, je m'intéresse à ta douleur, je cherche à la calmer par mes faveurs, je descends jusqu'à te prier de me céder Silvia de bonne volonté ; tout le monde t'y exhorte, tout le monde te blâme, et te donne un exemple de l'ardeur qu'on a de me plaire, tu es le seul qui résiste ; tu dis que je suis ton prince : marque-le-moi donc par un peu de docilité. (Acte 3, scène 5, LE PRINCE)
  479. Vous prenez cela pour argent comptant ; et puis vous avez beau être bon, vous avez beau être brave homme, c'est autant de perdu, cela ne vous fait point de profit ; sans ces gens-là, vous ne me chercheriez point chicane, vous ne diriez pas que je vous manque de respect parce que je vous représente mon bon droit : allez, vous êtes mon prince, et je vous aime bien ; mais je suis votre sujet, et cela mérite quelque chose. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  480. Va, tu me désespères. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  481. Arlequin, je t'ai causé du chagrin, mais celui que tu me laisses est plus cruel que le tien. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  482. Prenez quelque consolation, Monseigneur, promenez-vous, voyagez quelque part, votre douleur se passera dans les chemins. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  483. Non, mon enfant, j'espérais quelque chose de ton coeur pour moi, je t'aurais eu plus d'obligation que je n'en aurai jamais à personne : mais tu me fais tout le mal qu'on peut me faire ; va, n'importe, mes bienfaits t'étaient réservés, et ta dureté n'empêchera pas que tu n'en jouisses. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  484. Il est vrai que j'ai tort à ton égard ; je me reproche l'action que j'ai faite, c'est une injustice : mais tu n'en es que trop vengé. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  485. Adieu, Arlequin, je t'estime malgré tes refus. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  486. Que me veux-tu ? (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  487. Me demandes-tu quelque grâce ? (Acte 3, scène 5, LE PRINCE)
  488. J'admire tes sentiments. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  489. Je le crois bien ; je ne vous promets pourtant rien, il y a trop d'embarras dans ma volonté : mais à tout hasard, si je vous donnais Silvia, avez-vous dessein que je sois votre favori ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  490. C'est qu'on m'a dit que vous aviez coutume d'être flatté ; moi, j'ai coutume de dire vrai, et une bonne coutume comme celle-là ne s'accorde pas avec une mauvaise ; jamais votre amitié ne sera assez forte pour endurer la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  491. Nous nous brouillerons ensemble si tu ne me réponds toujours ce que tu penses. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  492. Il ne me reste qu'une chose à te dire, Arlequin : souviens-toi que je t'aime ; c'est tout ce que je te recommande. (Acte 3, scène 5, LE PRINCE)
  493. Ah ne me parle point de Flaminia ; tu n'étais pas capable de me donner tant de chagrins sans elle ! (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  494. Point du tout ; c'est la meilleure fille du monde, vous ne devez point lui vouloir de mal. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  495. Apparemment que mon coquin de valet aura médit de ma bonne amie ; par la mardi, il faut que j'aille voir où elle est. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  496. Ma foi non, non assurément. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  497. Ah me voilà un joli garçon à présent ! (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  498. Me voir séparée pour jamais d'avec vous, de tout ce que j'avais de plus cher au monde ! (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  499. Le temps me presse, je suis forcée de vous quitter : mais avant que de partir, il faut que je vous ouvre mon coeur. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  500. Je me suis peut-être trompé, moi aussi, sur mon compte. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  501. Comment, vous vous seriez mépris ? (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  502. Vous m'aimeriez, et nous ne nous verrons plus ? (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  503. C'est que mon amitié est aussi loin que la vôtre ; elle est partie : voilà que je vous aime, cela est décidé, et je n'y comprends rien. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  504. Vraiment oui ; est-ce ma faute, à moi ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  505. Je pars pour parler au Prince ; ne dites pas à Silvia que je vous aime, elle croirait que je suis dans mon tort, et vous savez que je suis innocent ; je ne ferai semblant de rien avec elle, je lui dirai que c'est pour sa fortune que je la laisse là. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  506. Cela me confond. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  507. Je voulais me venger de ces femmes, vous savez bien, cela s'est passé. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  508. Il me le semblait. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  509. Eh bien, je crois que je ne l'aime plus. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  510. Lorsque je l'ai aimé, c'était un amour qui m'était venu ; à cette heure que je ne l'aime plus, c'est un amour qui s'en est allé ; il est venu sans mon avis, il s'en retourne de même, je ne crois pas être blâmable. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  511. Rions un moment. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  512. Je le pense à peu près de même. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  513. Il faut le penser tout à fait comme moi, parce que cela est : voilà de mes gens qui disent tantôt oui, tantôt non. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  514. Je m'emporte à propos ; je vous consulte bonnement, et vous allez me répondre des à peu près qui me chicanent. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  515. Mais n'est-ce pas cet officier que vous aimez ? (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  516. Pourtant je n'y consens pas encore, à l'aimer : mais à la fin il faudra bien y venir ; car dire toujours non à un homme qui demande toujours oui, le voir triste, toujours se lamentant, toujours le consoler de la peine qu'on lui fait, dame, cela lasse ; il vaut mieux ne lui en plus faire. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  517. Vous allez le charmer ; il mourra de joie. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  518. Je l'attends ; nous avons été plus de deux heures ensemble, et il va revenir pour être avec moi quand le Prince me parlera. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  519. Mais ne me rendez pas scrupuleuse. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  520. Ne vous inquiétez pas, on trouvera aisément moyen de l'apaiser. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  521. Vous avez bien affaire de me dire cela ; vous êtes cause que je redeviens incertaine, avec votre désespoir. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  522. Et s'il ne vous aime plus, que diriez-vous ? (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  523. S'il ne m'aime plus, vous n'avez qu'à garder votre nouvelle. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  524. Eh bien, il vous aime encore, et vous en êtes fâchée ; que vous faut-il donc ? (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  525. Silvia, vous ne me regardez pas ? (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  526. Je sais que vous êtes résolue à me refuser votre coeur, et c'est là savoir ce que vous pensez. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  527. Mais, dites-moi, vous êtes un honnête homme, et je suis sûre que vous me direz la vérité : vous savez comme je suis avec Arlequin ; à présent, prenez que j'aie envie de vous aimer : si je contentais mon envie, ferais-je bien ? (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  528. Comme on n'est pas le maître de son coeur, si vous aviez envie de m'aimer, vous seriez en droit de vous satisfaire ; voilà mon sentiment. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  529. Me parlez-vous en ami ? (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  530. Oui, Silvia, en homme sincère. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  531. C'est mon avis aussi ; j'ai décidé de même, et je crois que nous avons raison tous deux ; ainsi je vous aimerai, s'il me plaît, sans qu'il y ait le petit mot à dire. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  532. Courage, vous voilà dans la crainte à cette heure ; je crois qu'il a juré de n'avoir jamais un moment de bon temps. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  533. Quel homme ! (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  534. Il faut bien que je lui remette l'esprit. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  535. Ne tremblez plus, je n'aimerai jamais le Prince, je vous en fais un serment par... (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  536. Arrêtez, Silvia, n'achevez pas votre serment, je vous en conjure. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  537. Oui, Silvia ; je vous ai jusqu'ici caché mon rang, pour essayer de ne devoir votre tendresse qu'à la mienne : je ne voulais rien perdre du plaisir qu'elle pouvait me faire. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  538. À présent que vous me connaissez, vous êtes libre d'accepter ma main et mon coeur, ou de refuser l'un et l'autre. (Acte 3, scène 9, LE PRINCE)
  539. J'allais faire un beau serment ; si vous avez cherché le plaisir d'être aimé de moi, vous avez bien trouvé ce que vous cherchiez ; vous savez que je dis la vérité, voilà ce qui m'en plaît. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  540. Eh bien, Arlequin, je n'aurai donc pas la peine de vous le dire ; consolez-vous comme vous pourrez de vous-même ; le Prince vous parlera, j'ai le coeur tout entrepris : voyez, accommodez-vous, il n'y a plus de raison à moi, c'est la vérité. (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  541. Qu'est-ce que vous me diriez ? (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  542. Flaminia, c'est à vous que je remets Arlequin ; je l'estime et je vais le combler de biens. (Acte 3, scène 10, LE-PRINCE)
  543. À présent, je me moque du tour que notre amitié nous a joué ; patience, tantôt nous lui en jouerons d'un autre ! (Acte 3, scène 10, ARLEQUIN)

LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE (1712)

  1. Il s'offre trois partis : un homme de finance, v.9 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  2. Nous verrons aujourd'hui ce que c'est que cet homme. v.21 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  3. Pour les autres, je sais aussi comme on les nomme : v.22 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  4. Ils doivent, sur le soir, me parler tous les deux. v.23 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  5. Vous suivez sottement votre amoureux caprice ; v.30 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  6. Tout autre que Cléandre à mes yeux est horrible. v.34 (Acte 1, scène 2, PHILINE)
  7. N'avez-vous pu, Madame, adoucir votre père ? v.37 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  8. Je l'avouerai, le compliment est doux. v.40 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  9. Vous m'aimez cependant ; au péril qui nous presse, v.41 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  10. Nous sommes menacés du plus affreux malheur : v.43 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  11. Sans alarme pourtant... v.44 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  12. Mon père me contraint, puis-je lui résister ? v.48 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  13. Mais à quoi me résoudre en cette extrémité, v.51 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  14. Il est des moyens sûrs, et quand on aime bien... v.55 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  15. De ces moyens si sûrs ne me parlez jamais. v.59 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  16. Et ce serait montrer une faiblesse extrême, v.65 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  17. Par de lâches transports de prouver qu'on vous aime, v.66 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  18. Je vais mettre à vous fuir mon unique constance ; v.70 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  19. On peut faire aisément des leçons de sagesse, v.78 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  20. Philine, et quand un coeur chérit comme le mien... v.79 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  21. Je vous ai mille fois montré toute mon âme, v.81 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  22. Et vous n'ignorez pas combien elle eut de flamme ; v.82 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  23. Mon crime est d'avoir eu le coeur trop enflammé ; v.83 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  24. Vous m'aimeriez encor, si j'avais moins aimé. v.84 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  25. Ha ! Qu'il m'eût été doux de conserver mes feux ! v.91 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  26. Je suis prêt d'obéir ; et ne me fuyez pas. v.96 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  27. Votre père pourrait, Madame, vous surprendre ; v.97 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  28. Finissez vos débats, et calmez le chagrin... v.99 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  29. Oui, croyez-en, Madame, et Toinette et Crispin ; v.100 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  30. Nombre de gens, atteints de la même faiblesse, v.109 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  31. Ah ! Que vous m'ennuyez ! Pour finir vos alarmes, v.113 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  32. C'est un fort bon moyen que de verser des larmes ! v.114 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  33. En les faisant pleurer, me fait crever de rire. v.118 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  34. On siffle bien aussi messieurs les perroquets. v.124 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  35. Promettez-moi, Philine, une vive tendresse. v.125 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  36. Je n'aurai pas de peine à tenir ma promesse. v.126 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  37. Quel aimable jargon ! je me sens attendrir ; v.127 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  38. Mais, Madame, en un mot, cessez ce badinage. v.130 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  39. L'autre est un chevalier, l'autre homme de finance ; v.137 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  40. En fait de tours d'esprit, la femelle est plus vive. v.146 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  41. Silence ! par mes soins je prétends vous sauver. v.148 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  42. Dieux ! quel enthousiasme ! v.149 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  43. Osez-vous me troubler, dans l'état où je suis ? v.155 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  44. Ha ! Votre enthousiasme est enfin achevé. v.160 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  45. Peut-être qu'à ce vieux je me verrais livrée. v.162 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  46. Oui vraiment. v.165 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  47. Sans compliment : c'est dans cette journée, v.167 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  48. Mais enfin, lui parti, cet homme de finance, v.175 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  49. À chasser tous les trois, et même dès ce soir. v.182 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  50. Des deux autres messieurs... v.184 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  51. De quelque habit de femme. v.186 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  52. Reposez-vous sur moi, dormez en assurance, v.195 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  53. Et méritez mes soins par votre confiance. v.196 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  54. Que tu me rends content ! Si j'épouse Philine, v.199 (Acte 1, scène 4, CLÉANDRE)
  55. Va, tu ne perdras rien ; ne te mets point en peine. v.207 (Acte 1, scène 4, CLÉANDRE)
  56. Mais l'homme que voici nous instruira de ça. v.213 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  57. Que cherchez-vous, Messieurs ? v.214 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  58. Et je venions un peu voir comment ça se fait. v.222 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  59. Tout comme l'a bâti notre mère nature. v.224 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  60. Que je vous dégauchisse un petit compliment, v.229 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  61. En vous remarcissant de votre traitement. v.230 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  62. Vous me comblez d'honneur ; je voudrais que ma fille v.231 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  63. Il ne me sied pas bien v.237 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  64. De la louer moi-même et d'en dire du bien. v.238 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  65. Le fait est seulement que, lassé du fracas, v.257 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  66. Fais ton rôle, entends-tu ? Je te nomme ma fille, v.265 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  67. Et cet homme est Ariste. Approchez-vous de nous, v.266 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  68. Madame a des appas dont on est si charmé, v.269 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  69. On ne voit, me dit-on, rien de plus agréable ; v.272 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  70. Mes yeux sont tout de feu, mes lèvres de corail, v.274 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  71. Tu réponds à merveilles ; v.279 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  72. Ca ravit mes oreilles. v.280 (Acte 1, scène 6, MAITRE JACQUES)
  73. Je vois que le pauvre homme a perdu la parole : v.283 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  74. Dans quel égarement... v.293 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  75. Vous ne me dites mot ! v.293 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  76. Moi devenir sa femme ! Ha, ha, quelle figure ! v.295 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  77. Son humeur est contraire à la mélancolie. v.304 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  78. Mon humeur est mutine : v.311 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  79. J'apostrophe un ergo qu'on nomme in barbara. v.313 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  80. Les grands hommes souvent se plaisent à descendre. v.320 (Acte 1, scène 7, CRISPIN)
  81. Je vais me dire Ariste, et trouver Démocrite, v.323 (Acte 1, scène 7, CRISPIN)
  82. Je ne m'écarte point, viens vite me trouver. v.326 (Acte 1, scène 7, CRISPIN)
  83. Mais, pour être sa femme, il est un peu trop vieux. v.333 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  84. Et la raison n'est pas le charme d'une belle. v.336 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  85. Un jeune homme sans biens à trois partis sortables ! v.347 (Acte 1, scène 9, DÉMOCRITE)
  86. Mais vider des procès, c'est une mer à boire. v.351 (Acte 1, scène 9, D?MOCRITE)
  87. La rencontre est heureuse, et ma joie est extrême, v.355 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  88. En arrivant d'abord, de vous trouver vous-même. v.356 (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  89. Comme on me l'avait dit, aujourd'hui sur le soir. v.362 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  90. Mais comme vous avez pressé votre visite, v.367 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  91. Elle est chez un parent, même assez loin d'ici. v.369 (Acte 1, scène 10, D?MOCRITE)
  92. Vous vous verriez tous deux, et l'on prendrait mesure. v.371 (Acte 1, scène 10, D?MOCRITE)
  93. Vous pouvez ordonner, et c'est me faire injure v.372 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  94. Que de penser, Monsieur, que je plaignis mes pas, v.373 (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  95. Et l'espoir qui me flatte a pour moi trop d'appas. v.374 (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  96. Je pense qu'à mes yeux sa maison prend la fuite. v.384 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  97. Ah ! ah ! je me reprends, si je me suis mépris. v.390 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  98. Comment vous portez-vous ? Je me porte à merveille, v.391 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  99. Je me promets de faire une grande famille ; v.400 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  100. J'aime fort à peupler. v.401 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  101. Mon humeur lui plaira, j'en juge à son minois. v.402 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  102. Tous mes biens sont ruraux, il faut beaucoup de soin : v.409 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  103. Pour éveiller ses gens, crier comme une folle : v.416 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  104. Ce rustique bourgeois commence à me déplaire. v.420 (Acte 1, scène 13, DÉMOCRITE)
  105. Et j'ai même un cousin, à présent financier, v.425 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  106. Le prenne qui voudra : mais je vous remercie. v.431 (Acte 1, scène 13, DÉMOCRITE)
  107. Que d'adresse, morbleu ! De Paris jusqu'à Rome v.439 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  108. On ne trouverait pas un aussi galant homme. v.440 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  109. Mais quoi ! je ne mens pas, et je me rends justice ; v.447 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  110. Ces deux autres messieurs n'ont point vu Démocrite ; v.451 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  111. Je connais nos rivaux : même, par aventure, v.455 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  112. À tous les deux jadis je servis de Mercure. v.456 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  113. J'ai déjà prudemment prévenu certain drôle, v.459 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  114. Oui, voilà sa demeure ; v.463 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  115. Quoi ! tu loges chez lui ? j'y viens moi-même aussi. v.470 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  116. Tu me donnes soupçon : v.474 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  117. Quoi ! tu me cacherais ?... v.476 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  118. Je n'aime point à nuire. v.476 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  119. Je serais mort, Monsieur, et l'on m'assommerait. v.478 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  120. Tombent d'un certain mal que je n'ose nommer. v.485 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  121. Ha Crispin, quelle horreur ! tu me fais frissonner. v.486 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  122. Il est bon de le voir et de me rétracter. v.502 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  123. À cet éloignement ma fille a-t-elle part ? v.518 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  124. Permettez pourtant que je soupçonne ; v.519 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  125. Et dans l'étonnement qu'un tel départ me donne, v.520 (Acte 1, scène 18, D?MOCRITE)
  126. Pourrait, en ce moment, vous éloigner de nous. v.522 (Acte 1, scène 18, D?MOCRITE)
  127. D'un changement si grand apprenez-moi la cause. v.524 (Acte 1, scène 18, D?MOCRITE)
  128. N'avez-vous pas chez vous un valet que l'on nomme Crispin ? v.531 (Acte 1, scène 18, LE FINANCIER)
  129. Il ment, c'est un coquin. v.534 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  130. D'un rapport si mauvais je ne puis me fâcher. v.537 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  131. Le rôle que Crispin ici me donne à faire v.543 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  132. Cachés sous le beau nom de nos meilleurs amis. v.546 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  133. Me l'offrez-vous, à moi ? votre nom, que je sache, v.551 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  134. En buvant tous les deux, nous saurons qui nous sommes. v.555 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  135. Il est, je l'avouerai, de ridicules hommes. v.556 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  136. Vous êtes aujourd'hui d'une humeur chagrinante : v.559 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  137. Comment va notre enfant ? Elle est belle, ma foi ; v.562 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  138. Oh ! point de jurement. v.569 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  139. Je ne vous en crois pas, même à votre serment. v.570 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  140. Faites venir ici l'objet de mes amours. v.574 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  141. J'en suis ravi de même, et nous serons tous trois. v.577 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  142. En même temps, ici, plus contents que des rois. v.578 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  143. Eh bien ! soit : je me lasse v.583 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  144. Quelle est donc cette énigme ? v.587 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  145. Quand je me marierai, ma femme aura des pages. v.592 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  146. Adieu, je mangerai tout seul mes revenus. v.610 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  147. Et tout ceci me met dans un grand embarras. v.614 (Acte 1, scène 20, DÉMOCRITE)
  148. N'est-ce pas vous, Monsieur, qu'on nomme Démocrite ? v.615 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  149. Vous êtes, dit-on, un homme de mérite ; v.616 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  150. Mais puis-je dans ces lieux me découvrir sans crainte ? v.619 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  151. Vous me voyez, Monsieur, réduite au désespoir, v.621 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  152. Mais la force me manque, et, dans un tel récit, v.625 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  153. Calmez les mouvements dont votre âme agitée... v.627 (Acte 1, scène 21, DÉMOCRITE)
  154. J'aime depuis longtemps un Chevalier parjure, v.631 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  155. Qui sut de ses serments déguiser l'imposture, v.632 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  156. Le cruel ! J'eus pitié de tous ses feints tourments. v.633 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  157. Hélas ! de son bonheur je hâtai les moments. v.634 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  158. Je me livrai, Monsieur. Pour comble de tous maux, v.638 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  159. Il différa toujours de m'avouer pour femme. v.639 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  160. Je répandis des pleurs pour attendrir son âme. v.640 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  161. Lui-même ! vous voyez la noire trahison. v.645 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  162. De tromper lâchement une fille à mon âge ! v.648 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  163. Mais vous méritez bien un pareil compliment, v.658 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  164. Puisque vous me trompiez, sans un avis fidèle. v.659 (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  165. J'ai promis de me taire. v.663 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  166. Cet homme est de chez vous, c'est vous en dire assez. v.666 (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  167. Cet homme a déjà fait une autre menterie : v.667 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  168. C'est votre femme. v.679 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  169. Lui-même. v.682 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  170. C'est lui-même. v.691 (Acte 1, scène 23, DÉMOCRITE)
  171. L'argent que j'ai reçu... vous me l'avez fait prendre. v.692 (Acte 1, scène 23, CRISPIN)
  172. Mais à mon crime, hélas ! mon regret est égal. v.698 (Acte 1, scène 23, CRISPIN)
  173. Pargué, ces biaux messieurs pourront bian nous le dire. v.700 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  174. Démocrite, Messieurs, est-il connu de vous ? v.701 (Acte 1, scène 24, ARISTE)
  175. Oui, lui-même. v.703 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  176. Mais cela ne se peut, ma surprise est extrême. v.704 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  177. Qui disait comme ça qu'il était Démocrite. v.707 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  178. Dame ! ça nous a fait sopçonner queuque chose. v.719 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  179. La chose est comme il dit. v.723 (Acte 1, scène 24, ARISTE)
  180. C'est notre homme ! v.725 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  181. Il m'a trompé de même, et vous a contrefait. v.726 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  182. Et qui vouliez, Messieurs, entrer dans ma famille, v.728 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  183. Ces trois messieurs devaient vous parler sur le soir, v.738 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  184. Il aime votre fille, il en est fort aimé. v.741 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  185. Mais je me repens bien d'être né trop bon coeur : v.746 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  186. Vous n'épouserez point un jeune homme sans bien. v.750 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  187. Mettez-vous à ma place, v.751 (Acte 1, scène 24, PHILINE)
  188. Et vous-même dictez notre arrêt en ce jour. v.758 (Acte 1, scène 25, CLÉANDRE)
  189. Je me suis, il est vrai, servi de stratagème ; v.759 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  190. Mais que ne fait-on pas, pour avoir ce qu'on aime ? v.760 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  191. On m'enlevait l'objet de mes plus tendres feux, v.761 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  192. Je me dépars de tout, je ne puis pas plus dire. v.768 (Acte 1, scène 25, LE FINANCIER)
  193. Levez-vous, finissez tous vos remerciements : v.773 (Acte 1, scène 25, DÉMOCRITE)
  194. Ces messieurs resteront pour la cérémonie. v.775 (Acte 1, scène 25, D?MOCRITE)
  195. Prends ce baiser pour gage, objet de mes désirs v.782 (Acte 1, scène 25, CRISPIN)
  196. Puisque vous vous aimez, je veux vous marier. v.785 (Acte 1, scène 25, CLÉANDRE)

LES ACTEURS DE BONNE FOI (1757)

  1. Oui, Monsieur, tout sera prêt ; vous n'avez qu'à faire mettre la salle en état ; à trois heures après midi, je vous garantis que je vous donnerai la comédie. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  2. Tu feras grand plaisir à Madame Amelin, qui s'y attend avec impatience ; et de mon côté, je suis ravi de lui procurer ce petit divertissement : je lui dois bien des attentions ; tu vois ce qu'elle fait pour moi ; je ne suis que son neveu, et elle me donne tout son bien pour me marier avec Angélique, que j'aime. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  3. Pourrait-elle me traiter mieux, quand je serais son fils ? (Acte 1, scène 1, ?RASTE)
  4. Allons, il en faut convenir, c'est la meilleure de toutes les tantes du monde, et vous avez raison ; il n'y aurait pas plus de profit à l'avoir pour mère. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  5. Non, il n'est pas de mon ressort ; les génies comme le mien ne connaissent pas le médiocre ; tout ce qu'ils font est charmant ou détestable ; j'excelle ou je tombe, il n'y a jamais de milieu. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  6. Ton génie me fait trembler. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  7. Puisque tu connais ce mot-là, tu es habile, et je ne me méfie plus de toi. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  8. Mais prends garde que Madame Argante ne sache notre projet ; Madame Amelin veut la surprendre. (Acte 1, scène 1, ?RASTE)
  9. Mes acteurs sont payés pour se taire ; et nous surprendrons, Monsieur, nous surprendrons. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  10. Moi, d'abord ; je me nomme le premier, pour vous inspirer de la confiance ; ensuite, Lisette, femme de chambre de Mademoiselle Angélique, et suivante originale ; Blaise, fils du fermier de Madame Argante ; Colette, amante dudit fils du fermier, et fille du jardinier. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  11. Cela promet de quoi rire. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  12. J'oublie encore à vous dire une finesse de ma pièce ; c'est que Colette qui doit faire mon amoureuse, et moi qui dois faire son amant, nous sommes convenus tous deux de voir un peu la mine que feront Lisette et Blaise à toutes les tendresses naïves que nous prétendons nous dire ; et le tout, pour éprouver s'ils n'en seront pas un peu alarmés et jaloux ; car vous savez que Blaise doit épouser Colette, et que l'amour nous destine, Lisette et moi, l'un à l'autre. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  13. J'ai voulu voir comment ils s'y prendront ; laissez-moi les écouter et les instruire, et retirez-vous : les voilà qui entrent. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  14. Allons, mes enfants, je vous attendais ; montrez-moi un petit échantillon de votre savoir-faire, et tâchons de gagner notre argent le mieux que nous pourrons ; répétons. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  15. Ce que j'aime de ta comédie, c'est que nous nous la donnerons à nous-mêmes ; car je pense que nous allons tenir de jolis propos. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  16. De très jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres : toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle ; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  17. Un joli homme est inconstant, une coquette n'est pas fidèle : Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  18. Blaise est un sot qui en pleure, tu es une diablesse qui t'en mets en fureur ; et voilà ma pièce. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  19. Oui, mais si ce que j'allons jouer allait être vrai, prenez garde, au moins, il ne faut pas du tout de bon ; car j'aime Colette, dame ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  20. À merveille ! (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  21. Écoutez, Monsieur le joli homme, il a raison ; que ceci ne passe point la raillerie ; car je ne suis pas endurante, je vous en avertis. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Allez, allez, Mademoiselle Lisette ; il n'y a rien à appriander pour vous ; car vous êtes plus jolie que moi ; Monsieur Merlin le sait bien. (Acte 1, scène 2, COLETTE)
  23. Allons, commençons à répéter. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  24. C'est à nous deux à commencer, je crois. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. Oui, nous sommes la première scène ; asseyez-vous là, vous autres ; et nous, débutons. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  26. Tu arrives sur le théâtre, et tu me trouves rêveur et distrait. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  27. Recule-toi un peu, pour me laisser prendre ma contenance. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  28. Qu'avez-vous donc, Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  29. C'est que je me promène. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  30. Et votre façon, en vous promenant, est-elle de ne pas regarder les gens qui vous abordent ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  31. C'est que je suis distrait dans mes promenades. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  32. Il me paraît bien impertinent. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  33. Doucement, Lisette, tu me dis des injures au commencement de la scène, par où la finiras-tu ? (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  34. Ne t'attends pas à des régularités, je dis ce qui me vient ; continuons. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  35. Où en sommes-nous ? (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  36. Tiens, tu es de méchante humeur ; passons notre chemin, ne nous parlons pas davantage. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  37. Attendez-vous ici Colette, Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  38. Je me contente de savoir que j'en suis où me voilà. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  39. Je sais bien que tu me fuis, et que je t'ennuie depuis quelques jours. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  40. Comment, faquin ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  41. Tu ne prends pas seulement la peine de te défendre de ce que je dis là ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  42. Je n'aime à contredire personne. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  43. Pourquoi veux-tu qu'elle me déplaise ? (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  44. Avoue que tu l'aimes. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  45. Va, va, je n'ai pas besoin que tu me la fasses. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  46. Me quitter pour une petite villageoise ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  47. Oui, mais est-ce du jeu de me dire des injures en mon absence ? (Acte 1, scène 3, COLETTE)
  48. Tu me querellais. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  49. Comme tu n'es qu'une suivante, un coup de poing ne gâtera rien. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  50. Ton mérite, qui le veut, me fait rire. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  51. Non, Monsieur Merlin ; mais ça n'y fait rien ; je suis bien aise de vous y trouver. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  52. Oui, mais je n'ose pas bonnement m'apercevoir de ce plaisir-là, à cause que j'y en prendrais aussi. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  53. Doucement, Colette ; il n'est pas décent de vous déclarer si vite. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  54. Dame ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  55. Comme il faut avoir d'l'amiquié pour vous dans cette affaire-là, j'ai cru qu'il n'y avait point de temps à perdre. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  56. Attendez que je me déclare tout à fait, moi. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  57. Voyez en effet comme alle se presse : an dirait qu'alle y va de bon jeu, je crois que ça m'annonce du guignon. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  58. Je n'aime pas trop cette saillie-là, non plus. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  59. Velà ma pensée tout sens dessus dessous ; pisqu'ils me blâmont, je sis trop timide pour aller en avant, s'ils ne s'en vont pas. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  60. Pourquoi aussi me chicanez-vous ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  61. Pourquoi te hâtes-tu tant d'être amoureuse de Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  62. Mais, vrament ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  63. Comment voulez-vous que je fasse autrement ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  64. Comment ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  65. Vous aimez réellement Merlin ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  66. Ce n'est pas qu'elle m'aime tout de bon ; elle veut dire seulement qu'elle doit faire semblant de m'aimer ; n'est-ce pas, Colette ? (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  67. Comme vous voudrez, Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  68. Allons, continuons, et attendez que je me déclare tout à fait, pour vous montrer sensible à mon amour. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  69. J'attendrai, Monsieur Merlin ; faites vite. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  70. Est-ce que vous m'aimez, Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  71. C'est que si vous m'aimez, dame !... (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  72. C'est que, si vous m'aimez, c'est bian fait ; car il n'y a rian de pardu. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  73. Il ne me dit pas queuque chose, il me dit tout à fait. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  74. Que vous me charmez, bel enfant ! (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  75. Donnez-moi votre jolie main, que je vous en remercie. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  76. Ne permettez pas qu'elles en soient, Mademoiselle Lisette. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  77. Ne vous fâchez pas, il n'y a qu'à supprimer cet endroit-là. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  78. Je me contenterai de lui tenir la main de la mienne. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  79. Je sis de votre avis, Monsieur Merlin, et je n'empêche pas les mains, moi. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  80. Vous m'aimez donc, Colette, et cependant vous allez épouser Blaise ? (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  81. Vraiment ça me fâche assez ; car ce n'est pas moi qui le prends ; c'est mon père et ma mère qui me le baillent. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  82. Me velà donc bien chanceux ! (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  83. Non, te dis-je ; il faut ou quitter notre projet ou le suivre ; la récompense que Madame Amelin nous a promise vaut bien la peine que nous la gagnions ; je suis fâché d'avoir imaginé ce plan-là, mais je n'ai pas le temps d'en imaginer un autre ; poursuivons. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  84. Non, il ne me revient point ; et si je pouvais, par queuque manigance, m'empêcher de l'avoir pour mon homme, je serais bientôt quitte de li ; car il est si sot ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  85. Vous n'avez qu'à dire à vos parents que vous ne l'aimez pas. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  86. Je li ai bien dit à li-même, et tout ça n'y fait rien. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  87. C'est la vérité qu'alle me l'a dit. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  88. Mais, Monsieur Merlin, si vous me demandiais en mariage, peut-être que vous m'auriais ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  89. Seriais-vous fâché de m'avoir pour femme ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  90. J'en serais ravi ; mais il faut s'y prendre adroitement, à cause de Lisette, dont la méchanceté nous nuirait et romprait nos mesures. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  91. Si alle n'était pas ici, je varrions comme nous y prenre ; fallait pas parmettre qu'alle nous écoutît. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  92. Tu n'y seras pas, il est vrai ; mais tu es actuellement devant ses yeux, et par méprise elle se règle là-dessus. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  93. N'as-tu jamais entendu parler d'un axiome qui dit que l'objet présent émeut la puissance ? (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  94. À toi, à présent, Blaise ; c'est toi qui entres ici, et qui viens nous interrompre ; retire-toi à quatre pas, pour feindre que tu arrives ; moi, qui t'aperçois venir, je dis à Colette : « Voici Blaise qui arrive, ma chère Colette ; remettons l'entretien à une autre fois. » (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  95. Comme tu me rudoies ! (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  96. Dame ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  97. Tenez, Monsieur Merlin, je ne saurions endurer que vous m'escamotiais ma maîtresse. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  98. « Tenez, Monsieur Merlin ! » (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  99. Est-ce comme cela qu'on commence une scène ? (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  100. Dans mes instructions, je t'ai dit de me demander quel était mon entretien avec Colette. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  101. Colette était donc avec vous, Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  102. On dit pourtant qu'vous en êtes amoureux, Monsieur Merlin, et ça me chagrine, entendez-vous ? (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  103. Qui est-ce qui t'a dit, Blaise, que j'aime Colette ? (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  104. C'est donc Mademoiselle Lisette qui me l'a appris, et qui vous donne aussi biaucoup de blâme de cette affaire-là ? (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  105. Et la velà pour confirmer mon dire. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  106. Va, va, j'en dirai mon sentiment après la comédie. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  107. Continuez ; continuez ; dans la représentation il ne les verra pas, et cela le corrigera ; quand un homme perd sa maîtresse, il lui est permis d'être distrait, Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  108. Plante-moi là itou, toi, Nicodème ! (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  109. Ce n'est pas comme ça qu'on en use avec un fiancé de la semaine qui vient. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  110. Adieu ma comédie ; on m'avait promis dix pistoles pour la faire jouer, et ce poltron-là me les vole comme s'il me les prenait dans ma poche. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  111. Pardi, Monsieur Merlin, velà bian du tintamarre, parce que vous avez de l'amiquié pour moi, et que je vous trouve agriable. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  112. Oui, je lui plais ; je nous plaisons tous deux ; il est garçon, je sis fille ; il est à marier, moi itou ; il voulait de Mademoiselle Lisette, il n'en veut pus ; il la quitte, je te quitte ; il me prend, je le prends. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  113. Tiens, voilà le cas que je fais du plan de ta comédie, tu mériterais d'être traité de même. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  114. Mais, mes enfants, gagnons d'abord notre argent, et puis nous finirons nos débats. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  115. C'est bian dit ; je nous querellerons après, c'est la même chose. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  116. Cette jalouse, comme elle est malapprise ! (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  117. Le bruit que vous faites va amasser tout le monde ici, et voilà déjà Madame Argante qui accourt, je pense. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  118. Je m'en vais itou me plaindre à un parent de la masque. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  119. Je nous varrons tantôt, Monsieur Merlin, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  120. Oui, Colette, et cela va à merveille ; ces gens-là nous aiment, mais continuons encore de feindre. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  121. Rien, c'est Blaise et Colette qui sortent d'ici avec Lisette, Madame. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  122. Madame, il est question d'une bagatelle que vous saurez tantôt. (Acte 1, scène 6, ÉRASTE)
  123. C'est, Madame, une comédie, et nous vous ménagions le plaisir de la surprise. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  124. Et moi, j'avais promis à Madame Amelin et à Éraste de ne vous en point parler, ma mère. (Acte 1, scène 6, ANGELIQUE)
  125. Oui, une comédie dont je suis l'auteur ; cela promet. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  126. On ne s'y bat pas, Madame ; la bataille que vous avez entendue n'était qu'un entracte ; mes acteurs se sont brouillés dans l'intervalle de l'action ; c'est la discorde qui est entrée dans la troupe ; il n'y a rien là que de fort ordinaire. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  127. Ils voulaient sauter du brodequin au cothurne, et je vais tâcher de les ramener à des dispositions moins tragiques. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  128. Non, laissons là tes dispositions moins tragiques, et supprimons ce divertissement-là. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  129. Éraste, vous n'y avez pas songé : la comédie chez une femme de mon âge, cela serait ridicule. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  130. C'est la chose du monde la plus innocente, Madame, et d'ailleurs Madame Amelin se faisait une joie de la voir exécuter. (Acte 1, scène 6, ÉRASTE)
  131. C'est elle qui nous paye pour la mettre en état ; et moi, qui vous parle, j'ai déjà reçu des arrhes ; ma marchandise est vendue, il faut que je la livre ; et vous ne sauriez, en conscience, rompre un marché conclu, Madame. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  132. Il faudrait que je restituasse, et j'ai pris des arrangements qui ne me le permettent plus. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  133. Ne te mets point en peine ; je vous dédommagerai, vous autres. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  134. Sans compter douze sous qu'il m'en coûte pour un moucheur de chandelles que j'ai arrêté ; trois bouteilles de vin que j'ai avancées aux ménétriers du village pour former mon orchestre ; quatre que j'ai donné parole de boire avec eux immédiatement après la représentation ; une demi-main de papier que j'ai barbouillée pour mettre mon canevas bien au net... (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  135. Voici Madame Amelin, et vous allez voir qu'elle sera de mon avis. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  136. Vous ne devineriez pas, Madame, ce que ces jeunes gens nous préparaient ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  137. Une comédie de la façon de Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 7, MADAME ARGANTE)
  138. À vous, Madame ! (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  139. Oui, vous saurez que j'aime à rire, et vous verrez que cela nous divertira ; mais j'avais expressément défendu qu'on vous le dît. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  140. Je l'ai appris par le bruit qu'on faisait dans cette salle ; mais j'ai une grâce à vous demander, Madame ; c'est que vous ayez la bonté d'abandonner le projet, à cause de moi, dont l'âge et le caractère... (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  141. Voilà qui est fini, Madame ; ne vous alarmez point ; c'en est fait, il n'en est plus question. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  142. Dans un moment. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  143. Madame Amelin n'est pas contente, ma mère. (Acte 1, scène 7, ANGELIQUE)
  144. Adieu, Madame ; venez donc nous retrouver. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  145. Mon neveu, quand vous aurez mené Madame Argante, venez me parler. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  146. Sur-le-champ, Madame. (Acte 1, scène 7, ÉRASTE)
  147. Vous avez pourtant beau dire, Madame Argante ; j'ai voulu rire, et je rirai. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  148. Non, Madame Argante veut qu'on rende l'argent à la porte. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  149. Comment ! (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  150. Tout ce qui arrivera de ceci, c'est qu'au lieu de la lui donner, il faudra qu'elle me la donne, et qu'elle la joue, qui pis est, et je vous prie de m'y aider. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  151. Quant à moi, je ne suis bonne qu'à me tenir dans ma loge. (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  152. Car ils ne sauront pas que je me divertis, non plus que le reste des acteurs. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  153. Vous n'avez qu'à vous conformer à ce que je vais faire : voici mon neveu, et c'est ici la première scène, êtes-vous prête ? (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  154. Vous m'avez ordonné de revenir ; que me voulez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  155. Vous me paraissez bien sérieuse, Madame, de quoi s'agit-il ? (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  156. Éraste, que pensez-vous de Madame ? (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  157. Ce que tout le monde en pense ; que Madame est fort aimable. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  158. Je suis charmée de vous en voir si persuadé vous-même. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  159. À propos de quoi en êtes-vous si charmée, Madame ? (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  160. Vous plaisantez, et je suis sûr que Madame ne serait pas de cet avis-là. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  161. C'est pourtant elle qui me le propose. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  162. Vous, Madame ! (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  163. Cela me paraîtrait assez convenable ; qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  164. C'est d'étonnement et de joie, n'est-ce pas, mon neveu ? (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  165. Madame... (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  166. On n'épouse pas deux femmes. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  167. On ne vous parle que de Madame. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  168. Et vous aurez la bonté de n'épouser que moi non plus, assurément. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  169. Vous méritez un coeur tout entier, Madame ; et vous savez que j'adore Angélique, qu'il m'est impossible d'aimer ailleurs. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  170. Puisque vous le prenez sur ce ton-là, vous m'aimerez, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  171. Je ne m'y attends pas, Madame. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  172. Vous m'aimerez, vous dis-je ; on m'a promis votre coeur, et je prétends qu'on me le tienne ; je crois que d'en donner deux cent mille écus, c'est le payer tout ce qu'il vaut, et qu'il y en a peu de ce prix-là. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  173. Angélique l'estimerait davantage. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  174. Qu'elle l'estime ce qu'elle voudra, j'ai garanti que Madame l'aurait ; il faut qu'elle l'ait, et que vous dégagiez ma parole. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  175. Madame, voulez-vous me désespérer ? (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  176. Comment donc : vous désespérer ? (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  177. Je viens vous chercher, Madame, puisque vous ne venez pas ; mais que vois-je ? (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  178. Ses yeux sont mouillés de larmes ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  179. Rien que de fort heureux, quand il sera raisonnable ; au reste, Madame, j'allais vous informer que nous sommes sur notre départ, Araminte, mon neveu et moi. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  180. Est-ce que vous y allez, Madame ? (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  181. Vous plaisantez, Madame ; et ce mariage ?... (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  182. Je pense que le mieux est de le laisser là ; le dégoût que vous avez marqué pour ce petit divertissement, qui me flattait, m'a fait faire quelques réflexions. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  183. J'aime la joie innocente ; elle vous déplaît. (Acte 1, scène 10, MADAME AMELIN)
  184. Notre projet était de demeurer ensemble ; nous pourrions ne nous pas convenir ; n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 10, MADAME AMELIN)
  185. Comment ! (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  186. Une comédie de moins romprait un mariage, Madame ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  187. Qu'on la joue, Madame ; qu'à cela ne tienne ; et si ce n'est pas assez, qu'on y joigne l'opéra, la foire, les marionnettes, et tout ce qu'il vous plaira, jusqu'aux parades. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  188. Araminte à votre neveu, Madame ! (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  189. Ce jeune homme !... (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  190. Emmenez-moi, ma mère, retirons-nous ; tout nous trahit. (Acte 1, scène 10, ANGELIQUE)
  191. Y songez-vous, mon neveu, de parler d'amour à une autre, en présence de Madame que je vous destine ? (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  192. Nous sommes tous bien éveillés, je pense. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  193. Mais, tant pis, Madame, tant pis ! (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  194. Il n'y a qu'un rêve qui puisse rendre ceci pardonnable, absolument qu'un rêve, que la représentation de votre misérable comédie va dissiper. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  195. On dit que la pièce est un impromptu ; je veux y jouer moi-même ; qu'on tâche de m'y ménager un rôle ; jouons-y tous, et vous aussi, ma fille. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  196. Vous joueriez à merveille, Madame, et votre vivacité en est une preuve ; mais je ferais scrupule d'abaisser votre gravité jusque-là. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  197. C'est Merlin qui est l'auteur de la pièce ; je le vois qui passe ; je vais la lui recommander moi-même. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  198. Merlin ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  199. Merlin ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  200. Non, Madame, je vous prie. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  201. Souffrez qu'on la joue, Madame ; voulez-vous qu'une comédie décide de mon sort, et que ma vie dépende de deux ou trois dialogues ? (Acte 1, scène 10, ÉRASTE)
  202. Point du tout, Madame. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  203. Je ne présume pas, quoi que l'on fasse, que Madame veuille rompre l'engagement qu'elle a pris avec moi ; la comédie se jouera quand on voudra, mais Éraste m'épousera, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 11, ARAMINTE)
  204. Vous, Madame ? (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  205. Il n'en sera rien, s'il vous plaît vous-même, et je vous le dis tout franc, vous avez là un très mauvais procédé, Madame ; vous êtes de nos amis, nous vous invitons au mariage de ma fille, et vous prétendez en faire le vôtre et lui enlever son mari, malgré toute la répugnance qu'il en a lui-même ; car il vous refuse, et vous sentez bien qu'il ne gagnerait pas au change ; en vérité, vous n'êtes pas concevable : à quarante ans lutter contre vingt ! (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  206. Vous rêvez, Madame. (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  207. Allons, Merlin, qu'on achève. (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  208. Asseyons-nous, Madame, et écoutons. (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  209. Tu te plaignais de ce que j'aime Colette ; et c'est, dis-tu, Lisette qui te l'a appris ? (Acte 1, scène 12, MERLIN)
  210. Et au par-dessus, on se raille de ma parsonne dans ce peste de jeu-là, noute maîtresse ; Colette y fait semblant d'avoir le coeur tendre pour Monsieur Merlin, Monsieur Merlin de li céder le sien ; et maugré la comédie, tout ça est vrai, noute maîtresse ; car ils font semblant de faire semblant, rien que pour nous en revendre, et ils ont tous deux la malice de s'aimer tout de bon en dépit de Lisette qui n'en tâtera que d'une dent, et en dépit de moi qui sis pourtant retenu pour gendre de mon biau-père. (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  211. Et vous, Merlin, de quoi vous avisez-vous d'aller faire une vérité d'une bouffonnerie ? (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  212. Laissez-lui sa Colette, et mettez-lui l'esprit en repos. (Acte 1, scène 12, MADAME ARGANTE)
  213. Oui, mais je ne veux pas qu'il me laisse, moi ; je veux qu'il me garde. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  214. Allons, Blaise, tu me reproches que j'aime Colette ? (Acte 1, scène 12, MERLIN)
  215. Madame Argante, velà-t-il pas qu'il le confesse li-même ? (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  216. Madame, laissez-là ce pauvre garçon : vous voyez bien que le dialogue n'est pas son fort. (Acte 1, scène 12, MADAME-AMELIN)
  217. Son fort ou son faible, Madame, je veux qu'il réponde ce qu'il sait, et comme il pourra. (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  218. À quoi sert tout ce que vous faites là, Madame ? (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  219. Nous verrons si on me fera jouer la comédie malgré moi. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  220. Voilà, Madame, le contrat que vous m'avez demandé ; on y a exactement suivi vos intentions. (Acte 1, scène 13, LE-NOTAIRE)
  221. Faites comme si c'était le vôtre. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  222. Ne voulez-vous pas bien honorer ce contrat-là de votre signature, Madame ? (Acte 1, scène 13, MADAME AMELIN)
  223. Et pour qui est-il donc, Madame ? (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  224. Signer votre contrat, Madame ! (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  225. Je n'aurai pas cet honneur-là, et vous aurez, s'il vous plaît, la bonté d'aller vous-même le signer ailleurs. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  226. Vous n'y songez pas, Madame ; on n'a point ces procédés-là ; jamais on n'en vit de pareils. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  227. Il m'a paru que je ne pouvais marier mon neveu, chez vous, sans vous faire cette honnêteté-là, Madame, et je ne quitterai point que vous n'ayez signé, qui pis est ; car vous signerez. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  228. Aidez-moi, Madame ; empêchons Madame Argante de sortir. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  229. Tenez ferme, je ne plierai point non plus. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  230. Où en sommes-nous donc, Mesdames ? (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  231. À quoi pensez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 13, ÉRASTE)
  232. Je mourrais moi-même plutôt que de signer. (Acte 1, scène 13, ?RASTE)
  233. Apparemment que Madame se donne ici la comédie, au défaut de celle qui lui a manqué. (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  234. Accommodez-vous donc, Mesdames ; car d'autres affaires m'appellent ailleurs. (Acte 1, scène 13, LE-NOTAIRE)
  235. Au reste, suivant toute apparence, ce contrat est à présent inutile, et n'est plus conforme à vos intentions, puisque c'est celui qu'on a dressé hier, et qu'il est au nom de Monsieur Éraste et de Mademoiselle Angélique. (Acte 1, scène 13, LE NOTAIRE)
  236. Sur ce pied-là, ce n'est pas la peine de le refaire ; il faut le signer comme il est. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  237. Vous ne m'aimerez jamais tant que vous m'avez haïe ; mais mes quarante ans me restent sur le coeur ; je n'en ai pourtant que trente-neuf et demi. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  238. Et le tout sans préjudice de la pièce de Merlin. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  239. Je ne vous le disputerai plus, je n'en fais que rire ; je soufflerai volontiers les acteurs, si l'on me fâche encore. (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  240. Nous nous régalions nous-mêmes dans ma parade pour jouir de toutes vos tendresses. (Acte 1, scène 13, MERLIN)
  241. Pour moi, je t'aime toujours ; mais tu me le paieras, car je ne t'épouserai de six mois. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  242. Je me fâcherai aussi, moi. (Acte 1, scène 13, MERLIN)
  243. Va, va, abrège le terme, et le réduis à deux heures de temps. (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)

ANNIBAL (1727)

  1. Je ne puis plus longtemps vous taire mes alarmes, v.1 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  2. Madame ; de vos yeux j'ai vu couler des larmes. v.2 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  3. Sais-tu quel est celui que Rome nous envoie ! v.5 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  4. Ô Rome ! Que ton choix à mon coeur est fatal ! v.8 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  5. Le même ambassadeur vint trouver Prusias. v.12 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  6. Je vis du moins mon père, orné du diadème, v.17 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  7. Honorer ce Romain, le respecter lui-même ; v.18 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  8. J'eus peine à voir un roi qui me donna le jour, v.23 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  9. Mes dédaigneux regards rencontrèrent les siens, v.31 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  10. Jusques au fond du coeur je me sentis émue ; v.33 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  11. Mon propre abaissement, Egine, me fut doux. v.36 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  12. Mon père même alors sortit de ma pensée : v.38 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  13. Je m'oubliai moi-même, et ne m'occupai plus v.39 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  14. De tous mes mouvements t'explique le mystère. v.42 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  15. J'ignore jusqu'ici si je touchai son âme : v.45 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  16. J'examinai pourtant s'il partageait ma flamme ; v.46 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  17. Egine, il me sembla que, pendant son séjour, v.51 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  18. Dans son silence même éclatait son amour. v.52 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  19. Mille indices pressants me le faisaient comprendre : v.53 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  20. Moi-même, que l'amour sut peut-être tromper, v.55 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  21. J'appelai vainement la raison à mon aide : v.61 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  22. En rougissant d'aimer, je n'en aimais que mieux. v.64 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  23. Je ne me servis plus d'un secours inutile ; v.65 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  24. J'attendis que le temps vînt me rendre tranquille : v.66 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  25. Quand j'ai su le retour de ce même Romain. v.68 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  26. Quoi ! J'aimerais encore ! Ah ! Puisque je le crains, v.71 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  27. Pourrais-je me flatter que mes feux sont éteints ! v.72 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  28. D'où naîtraient dans mon coeur de si promptes alarmes ! v.73 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  29. Et si je n'aime plus, pourquoi verser des larmes ! v.74 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  30. Mon âme, que flattait un partage si grand, v.79 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  31. Hélas ! Si dans ce jour mon amour se ranime, v.81 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  32. Je deviendrai bien moins épouse que victime. v.82 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  33. J'achèverai l'hymen qui doit m'unir à lui, v.84 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  34. Madame, le voici. v.87 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  35. Puis-je, sans me flatter, v.87 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  36. Espérer qu'un moment vous voudrez m'écouter ! v.88 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  37. De mes tristes soupirs vous présenter l'hommage : v.90 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  38. C'est un secret qu'il faut renfermer dans son coeur, v.91 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  39. Un soin qui me sied mieux, mais moins cher à mon âme, v.93 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  40. M'invite en ce moment à vous parler, Madame. v.94 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  41. Mais je crois les savoir. Rome me persécute. v.97 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  42. Par moi, Rome autrefois se vit près de sa chute ; v.98 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  43. Son pouvoir est peu sûr tant qu'il respire un homme v.101 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  44. Qui peut apprendre aux rois à marcher jusqu'à Rome. v.102 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  45. Je puis porter trop loin le succès de leurs armes, v.105 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  46. Voilà ce qui nourrit ses prudentes alarmes : v.106 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  47. Il va même essayer l'impérieux langage v.109 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  48. Dont à ses envoyés Rome prescrit l'usage ; v.110 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  49. Souvent de plus d'un roi surprit la fermeté. v.112 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  50. Vous possédez du roi l'estime et la tendresse : v.114 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  51. Se soustraire au bienfait d'une âme vertueuse, v.117 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  52. C'est soi-même souvent l'avoir peu généreuse. v.118 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  53. L'espoir que vous formez rend justice à mon coeur. v.124 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  54. Quand vous n'auriez point droit de demander mes soins. v.128 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  55. Croyez à votre tour que j'ai l'âme trop fière v.129 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  56. Et ne vous parle point de mes seuls intérêts. v.136 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  57. Mon nom m'honore assez, Madame, et j'ose dire v.137 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  58. Justifiera l'honneur que me fait Laodice, v.149 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  59. Madame, si le roi ne résiste aux Romains : v.156 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  60. Ce maître ordonnera de vous comme de lui ; v.160 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  61. Mon père le reçut comme un présent, des dieux, v.168 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  62. J'imite mes pareils. v.187 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  63. Seigneur, ceux dont je parle ont même rang que moi. v.188 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  64. Des hommes, par abus appelés rois sans l'être ; v.190 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  65. Des esclaves de Rome, et dont la dignité v.191 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  66. Si Rome auparavant n'en a permis l'audace ; v.194 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  67. Ces rois dont le Sénat, sans armer de soldats, v.203 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  68. Peuvent de ses agents augmenter le cortège. v.206 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  69. Autant qu'à vous, Seigneur, me paraît odieux : v.212 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  70. Mais donner au Sénat quelque marque d'estime, v.213 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  71. Rendre à ses envoyés un honneur légitime, v.214 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  72. Je crois pouvoir enfin les imiter moi-même, v.217 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  73. Et n'en garder pas moins les droits du rang suprême. v.218 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  74. C'est montrer votre estime, en produire des marques v.221 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  75. L'âme aujourd'hui des rois est-elle donc saisie ! v.226 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  76. Et quel est donc enfin le charme ou le poison v.227 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  77. Dont Rome semble avoir altéré leur raison ! v.228 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  78. Ô rois ! Et ce respect, vous l'appelez estime ! v.233 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  79. Je ne m'étonne plus si Rome vous opprime. v.234 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  80. Seigneur, connaissez-vous ; rompez l'enchantement v.235 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  81. Qui vous fait un devoir de votre abaissement. v.236 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  82. Des respects qu'à vous-même il ne voudrait pas rendre ! v.242 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  83. Mais que vous dis-je ! À Rome, à peine un sénateur v.243 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  84. Seigneur, nous sommes seuls : oserais-je vous dire v.253 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  85. Ce que le ciel peut-être en ce moment m'inspire ! v.254 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  86. Mais un prince à qui Rome imprime du respect, v.259 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  87. De peu de fermeté doit vous être suspect. v.260 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  88. Ces timides égards vous annoncent un homme v.261 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  89. Assez faible, Seigneur, pour vous livrer à Rome. v.262 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  90. Nomme-moi des États v.267 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  91. Que me dicte mon zèle et le soin de vos jours. v.276 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  92. Crois-tu que l'intérêt d'une amoureuse, flamme v.277 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  93. Dans cet égarement pût entraîner mon âme ! v.278 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  94. Penses-tu que ce soit seulement de ce jour v.279 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  95. De ses emportements j'ai sauvé ma jeunesse ; v.281 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  96. Ce sont là des hasards à qui l'âme est soumise, v.285 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  97. Ce feu, dont on nous dit la violence extrême, v.289 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  98. Ne brûle que le coeur qui l'allume lui-même. v.290 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  99. L'hymen doit me donner une épouse si belle ; v.293 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  100. Mais je suis las d'aller mendier un asile, v.297 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  101. Où conduire mes pas ! Va, crois-moi, mon destin v.299 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  102. Prusias ne peut plus m'abandonner sans crime : v.301 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  103. Il est faible, il est vrai ; mais il veut qu'on l'estime. v.302 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  104. Des crimes de son coeur le mien sait le remède. v.306 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  105. Ne l'abandonnons point ; il faut même sans cesse, v.309 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  106. L'irriter contre Rome ; et mon unique soin v.311 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  107. Est de me rendre ici son assidu témoin. v.312 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  108. Seigneur, comment ce prince ose se faire attendre. v.314 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  109. Malgré la dignité dont Rome vous honore, v.317 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  110. J'y reconnais l'audace et les conseils d'un homme v.321 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  111. Ennemi déclaré des respects dus à Rome. v.322 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  112. me avec la fierté la révolte en son coeur. v.328 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  113. Mais, Seigneur, jusqu'ici j'ai cru devoir me taire. v.338 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  114. Je t'apprends donc qu'à Rome Annibal doit me suivre, v.341 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  115. Et qu'en mes mains il faut que Prusias le livre. v.342 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  116. Nous sommes seuls, nous pouvons ne rien feindre. v.345 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  117. Rome était en danger d'obéir à Carthage. v.350 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  118. Et Rome à les punir aurait un embarras v.355 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  119. Nos aigles, en un mot, trop fréquemment défaites v.357 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  120. Par ce même ennemi qui trouve des retraites, v.358 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  121. Qui n'a jamais craint Rome, et qui même la voit v.359 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  122. Seulement ce qu'elle est et non ce qu'on la croit ; v.360 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  123. Ce coup est important : Rome en est alarmée. v.365 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  124. Si contraire à la loi que Rome s'est donnée, v.374 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  125. Et je te l'avouerai, d'un hymen dont mon coeur v.375 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  126. Cette Rome facile accorde à la princesse v.377 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  127. Qu'en faveur de mes feux j'épargne Prusias. v.380 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  128. Rome emprunte ma voix, et m'ordonne elle-même v.381 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  129. D'user ici pour lui d'une rigueur extrême. v.382 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  130. Qu'elle-même à son tour... v.386 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  131. Rome, qui vous observe, et de qui la clémence v.389 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  132. Vous dire le danger où vous met son courroux. v.392 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  133. Vos armes chaque jour, et sur mer et sur terre, v.393 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  134. Rome la désapprouve, et déjà le Sénat v.395 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  135. Vous allez vous juger en me faisant réponse. v.406 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  136. Voyez en quel état Rome a mis tous ces rois v.411 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  137. Vont mettre, je le veux, son sceptre dans vos mains. v.420 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  138. Qu'en ferez-vous, Seigneur, si Rome est mécontente ! v.422 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  139. Des traits vengeurs dont Rome alors vous poursuivra ! v.424 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  140. Que, sans me conseiller le secours de l'effroi, v.435 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  141. Il dirait simplement ce qu'il attend de moi ; v.436 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  142. Quand le Sénat, enfin, honorerait lui-même v.437 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  143. Ce front, qu'avec éclat distingue un diadème, v.438 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  144. Vous ne m'étonnez point, Seigneur, et la menace v.441 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  145. Fait rarement trembler ceux qui sont à ma place. v.442 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  146. Un roi, sans s'alarmer d'un procédé si haut, v.443 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  147. Pour venir me surprendre était déjà formée. v.450 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  148. Et lorsque je suis prêt d'en être la victime, v.457 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  149. M'en défendre, Seigneur, est-ce commettre un crime ! v.458 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  150. A ce traité vous-même avez-vous satisfait ! v.460 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  151. Avez-vous conservé, même accru vos soldats ! v.464 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  152. S'il écoute les miens, ou s'il prend les meilleurs, v.475 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  153. Rome ira proposer son esclavage ailleurs. v.476 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  154. Promet déjà beaucoup en faveur du Sénat ; v.484 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  155. Dont votre Rome aurait à rougir la première. v.490 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  156. Ne vous souvient-il plus du temps où dans mes mains v.491 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  157. Laissons de vains discours, dont le faste menteur v.495 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  158. Et les rois, que soumet sa superbe amitié, v.503 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  159. Ô Rome ! Tes destins ont pris une autre face. v.505 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  160. Négligeant des progrès qui me semblaient trop sûrs, v.507 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  161. Il dirait qu'on m'honore encor jusqu'à me craindre. v.514 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  162. S'il ose pour lui-même employer mon courage, v.517 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  163. Je sais me corriger ; il sera difficile v.521 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  164. De me réduire alors à chercher un asile. v.522 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  165. Rome, il est vrai, vous vit gagner quelque victoire, v.533 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  166. Rome, vous le savez, en cent lieux de la terre v.537 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  167. Rome allait succomber : son vainqueur la néglige ; v.549 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  168. Qui déshonore Rome et toute sa fierté. v.552 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  169. Rome de vos mépris aurait tort de se plaindre : v.553 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  170. D'un homme qu'autrefois Rome a vu son vainqueur ; v.556 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  171. Seigneur, il me paraît qu'il n'était pas besoin v.563 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  172. Lui ! Vous me surprenez, Seigneur : de quelle crainte v.569 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  173. Rome, qui vous envoie, est-elle donc atteinte ! v.570 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  174. Rome ne le craint point, Seigneur ; mais sa pitié v.571 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  175. Rome ne le craint point, vous dis-je ; mais l'audace v.573 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  176. Et de se regarder comme dépositaires v.581 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  177. Rome, qui tient ici ce sévère langage, v.585 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  178. Cette Rome s'explique en maîtresse du monde. v.589 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  179. Vous pouvez lui parler comme elle parle à vous. v.592 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  180. Et pour dire encor plus, si ce que Rome veut, v.595 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  181. Cette Rome absolue en même temps le peut, v.596 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  182. Qu'importe ! C'est aux dieux que Rome en est comptable. v.598 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  183. Annibal est chez vous, Rome en est courroucée : v.601 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  184. Je sens des mouvements qui vous sont des conseils v.607 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  185. De ne jamais chez eux mépriser mes pareils. v.608 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  186. J'honore le Sénat ; mais, malgré sa menace, v.613 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  187. Je me dispenserai d'excuser mon audace. v.614 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  188. Je crois pouvoir enfin recevoir qui me plaît, v.615 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  189. J'avouerai cependant, puisque Rome est puissante, v.617 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  190. Mais, Seigneur, écoutez ce qui me reste à dire. v.626 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  191. Rome pour Laodice a fait choix d'un époux, v.627 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  192. Lui nommer un époux ! Je puis l'avoir promise. v.629 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  193. Sache par moi que Rome à son sort s'intéresse, v.634 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  194. Que sur ce même choix interrogeant son coeur, v.635 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  195. Moi-même... v.636 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  196. J'admire ici les soins que Rome prend pour elle, v.637 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  197. Rome de vos desseins est sans doute informée ! v.641 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  198. En est en même temps plus terrible pour vous. v.644 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  199. Dont cette Rome veut que je souille ma vie ! v.646 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  200. Ces serments que j'ai faits de lui donner ma fille, v.649 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  201. Ce héros, qui se fie à ces marques d'estime, v.653 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  202. S'attend-il que mon coeur achève par un crime ! v.654 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  203. D'accomplir sans égard une injuste promesse, v.670 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  204. J'ai cru qu'à mes sujets c'était rendre un service. v.674 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  205. Tu sais que souvent Rome a contraint nos États v.675 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  206. J'ai donc cru qu'en donnant retraite à ce grand homme, v.677 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  207. Sa valeur gênerait l'insolence de Rome ; v.678 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  208. Je me trompais ; et c'est son épouvante même v.681 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  209. Qui me plonge aujourd'hui dans un péril extrême. v.682 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  210. Mais n'importe, Hiéron : Rome a beau menacer, v.683 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  211. A rompre mes serments rien ne doit me forcer ; v.684 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  212. Peut produire pour moi la ferme résistance. v.686 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  213. La menace n'est rien, ce n'est pas ce qui nuit ; v.687 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  214. Et dont je me repens d'avoir été charmée, v.690 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  215. Egine, il doit me voir pour me faire accepter v.691 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  216. Je ne sais quel époux qu'il vient me présenter. v.692 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  217. Mais enfin, le penchant qui me surprit pour lui v.695 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  218. Me semble, grâce au ciel, expirer aujourd'hui. v.696 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  219. Quand il vous aimerait, eh ! Quel espoir, Madame, v.697 (Acte 3, scène 1, EGINE)
  220. Oserait en ce jour se permettre votre âme ! v.698 (Acte 3, scène 1, EGINE)
  221. Puisse avec fermeté vouloir être vainqueur ! v.704 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  222. Que, pour aimer sans trouble, il feint de n'aimer pas. v.708 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  223. Ce fut toi qui nourris une flamme honteuse. v.714 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  224. A mes regards surpris la rend encor plus belle ! v.718 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  225. Madame, le Sénat, en m'envoyant au roi, v.719 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  226. Rome, à qui la vertu fut toujours respectable, v.721 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  227. D'un témoignage ardent dont l'éclat mette au jour v.723 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  228. Ce qu'elle a pour la vôtre et d'estime et d'amour. v.724 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  229. Je n'ose ici mêler mes respects ni mon zèle v.725 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  230. Avec les sentiments que j'explique pour elle. v.726 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  231. Non, c'est Rome qui parle, et malgré la grandeur v.727 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  232. Que me prête le nom de son ambassadeur, v.728 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  233. Madame, en sa faveur, que votre âme indulgente v.733 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  234. Cependant vous dirai-je ici mon sentiment v.739 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  235. Sur l'estime de Rome et son empressement ! v.740 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  236. Mes paisibles vertus ne valent pas, Seigneur, v.743 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  237. Je n'aurais jamais cru qu'il vît comme un prodige v.745 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  238. Je rends grâce au Sénat, et son zèle me flatte ! v.754 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  239. Le choix de cet époux dont il me fait présent. v.756 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  240. Mais je me rends justice, et ne puis soupçonner v.759 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  241. Et c'est trop, entre nous, présumer des effets v.763 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  242. D'ailleurs, je deviendrais le partage d'un homme v.769 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  243. Qui va, pour m'obtenir, me demander à Rome ; v.770 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  244. Pour n'oser déclarer qu'il ne me choisit pas ; v.772 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  245. Non : il est, quel qu'il soit, indigne de me plaire. v.774 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  246. Qui n'a point votre aveu, Madame ! Ah ! Cet époux v.775 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  247. Vous aime, et ne veut être agréé que de vous. v.776 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  248. Il vous aimerait trop pour vouloir être heureux. v.780 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  249. Ah ! Dans celui que Rome aujourd'hui vous présente, v.785 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  250. Que le courroux du moins n'ait, dans ce même instant, v.791 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  251. J'entends qu'on me recherche, et que Rome m'honore. v.798 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  252. Pour me laisser surprendre à la crédule erreur v.803 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  253. Quand je les aimerais, ne sont point faits pour nous. v.816 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  254. Qu'entends-je ! Moi, Madame, oser m'estimer plus ! v.819 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  255. Et quand même l'amour nous unirait tous deux... v.823 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  256. Je ne puis vous aimer, Seigneur, et vos soupçons v.827 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  257. Enfin, elle me fuit, et Rome méprisée v.829 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  258. À permettre mes feux s'est en vain abaissée. v.830 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  259. Et moi, je l'aime encore, après tant de refus, v.831 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  260. Ou plutôt je sens bien que je l'aime encor plus. v.832 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  261. Et quand un même amour nous unirait tous deux... v.835 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  262. Aurait-on fait à Rome un rapport trop fidèle ! v.837 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  263. Et que, sans cet hymen, je pourrais espérer... ! v.839 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  264. Mais à quel piège ici vais-je encor me livrer ! v.840 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  265. L'hymen de votre fille est aujourd'hui certain. v.847 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  266. Rome y prend intérêt, je vous l'ai déjà dit ; v.851 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  267. Quelque intérêt, Seigneur, que votre Rome y prenne, v.853 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  268. Est-il juste, après tout, que sa bonté me gêne ! v.854 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  269. Quel est donc cet époux que vous ne nommez pas ! v.856 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  270. Mais j'y suis à bon titre, et comme ami du roi. v.868 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  271. Il me marque son zèle, v.873 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  272. Le parti le meilleur pour Rome est désormais v.883 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  273. Et vous devez juger, par son empressement, v.887 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  274. Que Rome a des soupçons de notre engagement. v.888 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  275. Et sans m'estimer trop, j'assurerai, Seigneur, v.891 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  276. Que Rome craint de voir conclure un hyménée v.893 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  277. Qui me remet encor les armes à la main, v.895 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  278. Qui de Rome peut-être expose le destin, v.896 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  279. Cette Rome, il est vrai, ne parle point de moi ; v.899 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  280. A confirmer l'espoir que vous m'avez donné. v.908 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  281. Si j'osais un moment vous faire cette injure. v.910 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  282. Si vous n'exercez pas les droits du rang suprême, v.913 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  283. Si vous portez des fers avec un diadème, v.914 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  284. Le faible amusement d'une vaine chimère. v.922 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  285. Pressez ; Rome commande et ne dispute pas ; v.924 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  286. N'intéresse point Rome, et n'est fatal qu'aux rois. v.928 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  287. Mais laissez-nous après un moment d'entretien. v.932 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  288. Par qui son désespoir follement se console. v.938 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  289. Ne vous y trompez pas, Seigneur ; Rome aujourd'hui v.939 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  290. Non qu'elle eût, comme il dit, une frayeur secrète : v.942 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  291. Vous, de son désespoir instrument et ministre, v.949 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  292. Annonçant du Sénat la volonté suprême, v.957 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  293. J'ai parlé jusqu'ici comme il parle lui-même ; v.958 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  294. Il doit m'être bien dur de menacer son père. v.962 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  295. Et dont Rome n'a pas désapprouvé l'amour. v.964 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  296. Mon âme à vous servir n'en sera pas moins prête ; v.969 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  297. Je vous promets des soins d'une éternelle ardeur. v.972 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  298. Peut-être auriez-vous peine à me faire réponse ; v.974 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  299. Il aime Laodice ! Imprudente promesse, v.977 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  300. Dois-je vous immoler le sang de mes sujets, v.979 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  301. Serments qui l'exposez, et que l'orgueil a faits ! v.980 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  302. Quel fruit espères-tu d'une infirme valeur ! v.984 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  303. Quand je me suis perdu, la sagesse m'éclaire : v.986 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  304. Sa lumière importune, en ce fatal moment, v.987 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  305. N'est plus une ressource, et n'est qu'un châtiment. v.988 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  306. En vain s'ouvre à mes yeux un affreux précipice ; v.989 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  307. Je puis vivre en infâme, ou mourir dans les fers. v.992 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  308. Me font-ils un devoir d'un transport furieux ! v.1000 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  309. Non, ce peuple t'échappe, et ton charme a cessé. v.1004 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  310. Le parti que je prends, dût-il même être infâme, v.1005 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  311. Sujets, pour vous sauver j'en accepte le blâme. v.1006 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  312. Il faudra donc, grands dieux ! Que mes serments soient vains, v.1007 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  313. L'exposer aux affronts que Rome lui destine ! v.1009 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  314. Mais Annibal revient, et son âme inquiète v.1013 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  315. Peut-être a pressenti ce que Rome projette. v.1014 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  316. Sans doute il aura fait des menaces nouvelles ! v.1017 (Acte 3, scène 7, ANNIBAL)
  317. Mais il ne m'a tenu que les mêmes discours, v.1019 (Acte 3, scène 7, PRUSIAS)
  318. De l'intérêt que Rome a pris à la princesse. v.1022 (Acte 3, scène 7, PRUSIAS)
  319. Dont il ne me dit rien, qu'il cache avec étude. v.1026 (Acte 3, scène 8, ANNIBAL)
  320. Rome, quoi qu'il en soit, j'attendrai que les Dieux v.1031 (Acte 3, scène 8, ANNIBAL)
  321. Quel agréable espoir vient me luire en ce jour ! v.1033 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  322. Auteur de mes serments, il les romprait lui-même, v.1035 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  323. Et je pourrais sans crime épouser ce que j'aime. v.1036 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  324. Sans crime ! Ah ! C'en est un, que d'avoir souhaité v.1037 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  325. Un outrage, grands dieux ! À ce seul mot, Madame, v.1043 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  326. Souffrez qu'un juste orgueil s'empare de mon âme. v.1044 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  327. De tenir les serments qu'il a voulu me faire. v.1052 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  328. Ces serments me flattaient du bonheur d'être à vous ; v.1053 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  329. Je vois que c'en est fait, et que Rome l'emporte ; v.1055 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  330. Mais j'ignore où s'étend le coup qu'elle me porte. v.1056 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  331. Un aveu qui me sauve est tout ce que j'exige. v.1060 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  332. L'incorruptible ami que me laissent les dieux. v.1062 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  333. Tout ce qu'à Prusias Rome demande encore. v.1064 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  334. Il craint de me parler, et je vois aujourd'hui v.1065 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  335. Sans Rome que je hais, j'assurais mon destin. v.1070 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  336. Puis-je vivre, ou faut-il me hâter de mourir ! v.1074 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  337. Vivez, Seigneur, vivez ; j'estime trop moi-même v.1075 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  338. Et la gloire et le coeur de ce héros qui m'aime v.1076 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  339. Prendra les sentiments qui conviennent au sien ; v.1082 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  340. Et que, me conformant à votre grand courage, v.1083 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  341. Mes larmes couleraient pour vous en avertir. v.1086 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  342. Les dieux m'épargneront des larmes si cruelles ; v.1088 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  343. Je vous entends : la main qui me fut accordée, v.1095 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  344. Pour un nouvel époux Rome l'a demandée, v.1096 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  345. Voilà quel est le soin que Rome prend de vous. v.1097 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  346. Mais, dites-moi, de grâce, aimez-vous cet époux ! v.1098 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  347. Madame, honorez-moi de cette confidence. v.1100 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  348. Je me connais trop bien pour vouloir être aimé. v.1102 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  349. Non, non, je vous dégage, et je me fais justice ; v.1108 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  350. Et je rends à ce coeur, dont l'amour me fut dû, v.1109 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  351. Le pénible présent que me fait sa vertu. v.1110 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  352. Ce coeur est prévenu, je m'aperçois qu'il aime. v.1111 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  353. Qu'il suive son penchant, qu'il se donne lui-même. v.1112 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  354. Pût plaire à Laodice et me valoir le sien, v.1114 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  355. Il n'est plus temps, Madame, et dans ce triste jour, v.1117 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  356. Que mon âme inquiète a pris avec raison. v.1122 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  357. Peut-être notre hymen est tout ce qui le gêne : v.1124 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  358. Quoi qu'il en soit enfin, je remets en vos mains v.1125 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  359. Quand même je fuirais, la retraite est peu sûre. v.1127 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  360. C'est enhardir le crime ; et pour l'épouvanter, v.1129 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  361. Il ne m'importe plus d'être informé, Madame, v.1131 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  362. Du reste des secrets que j'ai lus dans votre âme ; v.1132 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  363. Je sors : si dans ces lieux on n'en veut qu'à mes jours, v.1137 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  364. Laissez mes ennemis en terminer le cours. v.1138 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  365. Ce malheur ne vaut pas que vous veniez me faire v.1139 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  366. Cède à mes ennemis le soin de mon trépas, v.1142 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  367. Et que, de leur effroi victime glorieuse, v.1143 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  368. Et qu'on sache à jamais que Rome et son Sénat v.1145 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  369. Seigneur, le temps me presse. v.1147 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  370. Vous m'estimez assez pour ne présumer pas v.1149 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  371. J'ai cru trouver en vous une âme bienfaisante ; v.1151 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  372. De mon estime ici remplirez-vous l'attente ! v.1152 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  373. Oui, commandez, Madame. Oserais-je douter v.1153 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  374. Eh bien ! Le roi, jaloux de ramener la paix v.1157 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  375. Aux désirs que par vous Rome lui fait entendre. v.1160 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  376. Notre hymen est rompu. v.1161 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  377. Annibal me suivra sans doute ! Mais, Madame, v.1163 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  378. Le roi ne fait-il rien en faveur de ma flamme ! v.1164 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  379. Si vous ne trahissez vous-même votre amour. v.1166 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  380. Il porte un caractère à mes yeux respectable, v.1175 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  381. Mais, songez-vous, Madame, à l'emploi que j'ai pris ! v.1178 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  382. Pourquoi proposez-vous un crime à ma tendresse ! v.1179 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  383. Et vous me la donnez si je deviens coupable ! v.1184 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  384. Mais à me refuser quel motif vous engage ! v.1187 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  385. Qui vous inspire ici des sentiments outrés, v.1189 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  386. S'il ne meurt outragé, Rome est-elle trahie ! v.1192 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  387. Je pourrais tromper Rome ; un rapport peu sincère v.1199 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  388. Rome doit sa durée aux châtiments vengeurs v.1205 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  389. Des crimes révélés par ses ambassadeurs ; v.1206 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  390. La valeur seulement achève la victoire v.1211 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  391. Voilà les dieux dont Rome emprunte tous ses droits ; v.1218 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  392. Cependant cet hymen que votre coeur rejette, v.1223 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  393. Voyez l'égarement où m'emportent mes feux ; v.1229 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  394. Excuse mes regrets, ou plutôt les expie ; v.1232 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  395. Que d'oser aspirer à plus de fermeté. v.1234 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  396. Mais enfin, pardonnez à ce coeur qui vous aime v.1235 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  397. Des refus dont il est si déchiré lui-même. v.1236 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  398. Qui vous aimerait plus que sa foi, son honneur ! v.1238 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  399. Crime que d'un beau nom couvre la politique. v.1240 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  400. Songez qu'un sentiment et plus juste et plus doux v.1241 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  401. Me trompé-je, Seigneur ! Ai-je trop présumé ! v.1253 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  402. Et vous aurais-je en vain si tendrement aimé ! v.1254 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  403. Vous soupirez ! Grands dieux ! C'est vous qui dans nos âmes v.1255 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  404. Voulûtes allumer de mutuelles flammes ; v.1256 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  405. Oui, Seigneur, qu'avec soin votre âme y réfléchisse. v.1260 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  406. Vous ne prévoyez pas, si vous me refusez, v.1261 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  407. Jusqu'où vont les tourments où vous vous exposez. v.1262 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  408. Mais Rome... v.1269 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  409. Elle fuit ; je soupire, et mon âme abattue v.1271 (Acte 4, scène 4, FLAMINIUS)
  410. A presque perdu Rome et son devoir de vue. v.1272 (Acte 4, scène 4, FLAMINIUS)
  411. Vil Romain, homme né pour les soins amoureux, v.1273 (Acte 4, scène 4, FLAMINIUS)
  412. Rome est donc le jouet de tes transports honteux ! v.1274 (Acte 4, scène 4, FLAMINIUS)
  413. Savez-vous bien quel sang anime les Romains ! v.1278 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  414. Savez-vous que ce sang instruit ceux qu'il anime, v.1279 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  415. Non à fuir, c'est trop peu, mais à haïr le crime ; v.1280 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  416. Restez, de grâce ; il m'est d'une importance extrême v.1291 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  417. Que ce qu'il répondra vous l'entendiez vous-même. v.1292 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  418. De tenir le serment que j'ai reçu de vous. v.1294 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  419. Mais enfin ce serment pèse à votre courage, v.1295 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  420. Sans doute vous n'auriez osé me la promettre v.1299 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  421. Et ne rougiriez pas de vous la voir remettre. v.1300 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  422. Mais il vous reste encore un autre engagement, v.1301 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  423. Qui doit m'importer plus que ce premier serment. v.1302 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  424. Et quelque juste orgueil m'aida même à vous croire, v.1304 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  425. Comment penser, d'ailleurs, que vous seriez parjure ! v.1307 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  426. Vous qui, si le sort même eût trahi votre appui, v.1309 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  427. Vous me fuyez pourtant ; le Sénat vous menace, v.1311 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  428. Je me retire. v.1315 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  429. Ce que dans ce moment vous avez répondu, v.1317 (Acte 4, scène 7, FLAMINIUS)
  430. Eh ! Comment Annibal n'a-t-il plus rien à craindre ! v.1320 (Acte 4, scène 7, FLAMINIUS)
  431. Quoi qu'il en soit, ô Rome ! Approuve que mon coeur v.1325 (Acte 4, scène 8, FLAMINIUS)
  432. On sait que l'ennemi forme une double armée. v.1332 (Acte 5, scène 1, HIÉRON)
  433. Aux doux tempéraments que le ciel vous inspire. v.1336 (Acte 5, scène 1, HI?RON)
  434. Je me sens pénétré de honte et de douleur. v.1341 (Acte 5, scène 1, PRUSIAS)
  435. Seigneur, tous mes serments vous ont assez prouvé v.1346 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  436. L'amitié dont pour vous mon âme était remplie, v.1347 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  437. De ces mêmes serments que mon coeur vous a faits. v.1350 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  438. De toutes parts sur moi mes ennemis vont fondre ; v.1351 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  439. Le sort même avec eux travaille à me confondre, v.1352 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  440. Et semble leur avoir indiqué le moment v.1353 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  441. Où leurs armes pourront triompher sûrement. v.1354 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  442. Mais la gloire, Seigneur, en est si meurtrière, v.1356 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  443. Que la victoire même affaiblit mes États. v.1358 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  444. A mes propres malheurs je serais peu sensible ; v.1359 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  445. Je suis son roi ; les dieux qui me l'ont confié v.1361 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  446. Je ne vous dirai point ce que Rome propose. v.1364 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  447. Nous mette en liberté de nous revoir tous deux. v.1370 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  448. C'est de moi, non de vous, qu'il faut que je me plaigne. v.1376 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  449. Ces serments que mon coeur dut refuser du vôtre, v.1384 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  450. Je me suis cru prudent ; vous présumiez de vous, v.1385 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  451. Et ces mêmes serments déposent contre nous. v.1386 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  452. Ainsi n'y pensons plus. Si Rome vous menace, v.1387 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  453. Que sur nos ennemis votre âme, moins émue, v.1391 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  454. Me paraissent jamais dignes qu'on les redoute. v.1396 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  455. Nous voyons ces objets différemment tous deux. v.1398 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  456. Ton zèle ! Homme sans coeur, esclave couronné ! v.1401 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  457. Tu les charges de fers, ô Rome ! Et, je l'avoue, v.1403 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  458. Il n'en faut point douter, il médite ce crime ; v.1407 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  459. Mais le lâche, qui craint les yeux de sa victime, v.1408 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  460. Qui n'ose s'exposer à mes regards vengeurs, v.1409 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  461. M'écarte avec dessein de me livrer ailleurs. v.1410 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  462. Vous pleurez : votre coeur accomplit sa promesse. v.1412 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  463. Qu'Hiéron en secret informe les Romains ; v.1421 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  464. C'est ce dernier secours qu'ils me laissaient en vous. v.1426 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  465. Je vous aimais, Madame, et je vous aime encore, v.1427 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  466. Mais votre coeur me donne autant que son amour. v.1430 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  467. Voulut même immoler le feu qui l'a flatté. v.1434 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  468. Eh quoi ! Vous gémissez, vous répandez des larmes ! v.1435 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  469. Ah ! Que pour mon orgueil vos regrets ont de charmes ! v.1436 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  470. Que d'estime pour moi me découvrent vos pleurs ! v.1437 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  471. Puisque vous m'estimez, ne pleurez pas ma mort. v.1442 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  472. Ah ! Seigneur, cet aveu me glace d'épouvante. v.1443 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  473. Ne me présentez point cette image sanglante. v.1444 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  474. Mais, Seigneur, permettez que je fasse un effort, v.1450 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  475. Madame, il serait inutile ; v.1451 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  476. Les moments me sont chers, je cours à mon asile. v.1452 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  477. Je ne vous dis plus rien ; la vertu, quand on l'aime, v.1455 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  478. Porte de nos bienfaits le salaire elle-même. v.1456 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  479. De quel indigne amant mon âme possédée v.1463 (Acte 5, scène 5, LAODICE)
  480. Eh quoi ! Vous me fuyez, Madame ! v.1465 (Acte 5, scène 6, FLAMINIUS)
  481. Mes pleurs vont les presser d'accorder à mon coeur v.1469 (Acte 5, scène 6, LAODICE)
  482. Il me serait heureux de l'ignorer encore, v.1471 (Acte 5, scène 7, FLAMINIUS)
  483. Si sans aucun témoin Annibal veut me voir. v.1474 (Acte 5, scène 7, FLAMINIUS)
  484. Souffre ceux qu'à son tour la vertu me propose, v.1476 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  485. Rome ! Laisse mon coeur favoriser ses feux, v.1477 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  486. Quand sans crime il peut être et tendre et généreux. v.1478 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  487. Vaut bien qu'à me céder ta bonté te convie. v.1484 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  488. Et que nous confiant, en hommes généreux, v.1489 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  489. L'estime qu'après tout nous méritons tous deux, v.1490 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  490. D'un projet que pour vous vient de former la mienne ! v.1492 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  491. Seigneur, si votre estime a conçu ce projet, v.1493 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  492. Ce que Rome en ces lieux m'a commandé de faire, v.1495 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  493. Prusias, retenu par son engagement, v.1501 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  494. A cru qu'il suffirait de votre éloignement. v.1502 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  495. Il a pensé que Rome en serait satisfaite, v.1503 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  496. Qu'il ne me fût aisé d'envoyer sur vos pas ; v.1506 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  497. Promet de révéler le jour de votre fuite. v.1508 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  498. Pour me donner enfin sa réponse précise, v.1515 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  499. Vous guide jusqu'à Rome, et vous jette en des bras v.1533 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  500. Où, même en se brisant, se maintient votre orgueil. v.1538 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  501. Ces vainqueurs que déjà vous estimez peut-être. v.1540 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  502. Et je crois vos Romains, même après ma défaite, v.1551 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  503. Il ne me restait plus, persécuté du sort, v.1553 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  504. D'autre asile à choisir que Rome ou que la mort. v.1554 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  505. Ah ! Souffrez qu'un Romain, dont l'estime est sincère, v.1559 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  506. Prusias (car enfin je ne crois pas qu'un homme v.1563 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  507. Lâche assez pour n'oser désobéir à Rome, v.1564 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  508. Quand même vous m'eussiez remis entre ses mains, v.1569 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  509. La paix ! Vous vous trompiez. Rome va vous apprendre v.1571 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  510. Que je vous plains ! Je meurs, et ne perds que la vie. v.1575 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  511. Enfin Rome a vaincu. v.1578 (Acte 5, scène 10, LAODICE)
  512. Il meurt, et vous avez consommé l'injustice, v.1579 (Acte 5, scène 10, LAODICE)
  513. Hélas ! un doux espoir m'amena dans ces lieux ; v.1585 (Acte 5, scène 10, FLAMINIUS)

LE TRIOMPHE DE PLUTUS (1739)

  1. Je m'avisai l'autre jour de lui dire que je voulais en avoir une ; Monsieur le blondin me railla fort ; il me défia d'en être aimé, me traita comme un imbécile, et je viens ici exprès pour souffler la sienne. (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  2. Une fille ou une inclination, n'est-ce pas la même chose ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  3. Apparemment que la petite contestation que nous avons eue l'autre jour vous a piqué ; vous n'en voulez pas avoir le démenti, c'est fort bien fait. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  4. Vous voilà toujours avec votre esprit pindarisé ; je parle net et clair, et outre cela mes ducats ont un style qui vaut bien celui de l'Académie. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  5. Je ne songeais pas à vos ducats ; ce sont effectivement de grands orateurs. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  6. Je connais pourtant des femmes qu'ils ne persuaderont pas, et je viens, comme vous, voir ici une jolie personne auprès de qui je soupçonne que je ne serais rien, si je n'avais que cette ressource ; votre maîtresse sera peut-être de même. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  7. Qu'elle soit comme elle voudra, je ne m'embarrasse point ; avec de l'argent j'ai tout ce qu'il me faut ; mais qu'est-ce que votre maîtresse à vous ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  8. C'est cela même. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  9. Nous aimons donc en même lieu, seigneur Plutus ? (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  10. Franchement, vous n'êtes pas fait pour me disputer un coeur. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  11. Qu'est-ce que cela me fait à moi ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  12. J'en vois sortir sa femme de chambre, je vais l'aborder, je ne me suis déguisé que pour cela. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  13. Bonjour, ma chère Spinette ; comment se porte ta maîtresse ? (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  14. J'ai cru que vous disiez que vous alliez me la témoigner. (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  15. Vous me l'avez toujours dit ; mais, Monsieur, est-ce que vous allez voir Mademoiselle Aminte avec Monsieur que voilà ? (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  16. C'est un de mes amis qui m'a suivi, et dont je veux donner la connaissance à Armidas, l'oncle d'Aminte. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  17. Oui, on m'a dit que c'était un si honnête homme, et j'aime tous les honnêtes gens, moi. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  18. Mais je te quitte, Spinette ; mon impatience ne me permet pas de différer davantage d'entrer. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  19. Je serais bien aise de causer un moment avec ce joli enfant-ci ; vous viendrez me reprendre. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  20. Peut-on vous demander, Monsieur, ce que vous me voulez ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  21. Ce n'est pas de même ; je ne m'appelle pas Ergaste, moi ; j'ai nom Richard, et je suis bien nommé ; en voici la preuve. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  22. Prends, prends ; si ce n'est pas assez d'une preuve, je ne suis pas en peine d'en donner deux, et même trois. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  23. Monsieur, munissez-vous encore pour le doute qui me prendra. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  24. Tu n'as qu'à parler ; mais c'est à condition que tu seras de mes amies. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  25. Quel homme est-ce donc que cela ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  26. Monsieur, vous demandez, à être de mes amis ; comment l'entendez-vous ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  27. C'est que j'aime ta maîtresse ; je suis riche, un richissime négociant, à qui l'or et l'argent ne coûtent rien, et je voudrais bien n'aimer pas tout seul. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  28. Effectivement, ce serait dommage, et vous méritez bien compagnie ; mais la chose est un peu difficile, voyez-vous ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  29. Mais cela n'empêche pas qu'on ne s'aime. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  30. Si vous demandiez à vous en faire aimer pour l'épouser, riche comme vous êtes, et de la meilleure pâte d'homme qu'il y ait, à ce qu'il me paraît, je ne doute pas que vous ne vinssiez à bout de votre projet, avec mes soins, à condition que les preuves iront leur chemin, quand j'en aurai besoin. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  31. Quel homme ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  32. Fort bien, je vous sers de bon coeur à ce prix-là ; mais Monsieur Ergaste, votre ami, avec qui vous êtes venu, est amoureux d'Aminte, et je crois même qu'il ne lui déplaît pas ; il parle de mariage aussi, il est d'une figure assez aimable, beaucoup d'esprit, et il faudra lutter contre tout cela. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  33. Je le crois comme vous ; car il ne m'a jamais rien prouvé que le talent qu'il a de promettre. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  34. Ergaste, au reste, se dit un gentilhomme à son aise, et sous ce titre, il fait son chemin tant qu'il peut dans le coeur de ma maîtresse, qui est un peu précieuse, et qui l'écoute à cause de son esprit. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  35. Aime-t-elle la dépense, ta maîtresse ? (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  36. Vante-moi seulement auprès d'elle, je lui donnerai tout ce qu'elle voudra ; elle n'aura qu'à souhaiter ; d'ailleurs je ne me trouve pas si mal fait, moi, on peut passer avec mon air ; et pour mon visage, il y en a de pires. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  37. J'ai l'humeur franche et sans façon. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  38. Tenez ; moi d'abord, en vous voyant, je vous trouvais la physionomie assez commune, et l'esprit à l'avenant ; mais depuis que je vous connais, vous êtes tout un autre homme, vous me paraissez presque aimable, et dès demain je vous trouverai charmant ; du moins il ne tiendra qu'à vous. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  39. J'aurai des charmes, je t'en assure ; je te ferai ta fortune, mais une fortune qui sera bien nourrie ; tu verras, tu verras. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  40. Bonjour, Spinette, comment te portes-tu ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  41. Voilà un galant homme qui me salue sans me connaître. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  42. Le plus galant homme qu'on puisse trouver, je t'en assure. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  43. Est-ce que tu n'es pas grassement chez lui ? (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  44. Cependant tous les jours je demande à en avoir un petit échantillon ; mais, à vous parler franchement, je crois que mon maître n'a ni l'échantillon ni la pièce. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  45. Tu me touches, tu as la physionomie d'un bon enfant. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  46. Mais, Monsieur, cela me confond ; suis-je bien réveillé ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  47. Non, Monsieur m'a déjà fait rêver de même. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  48. Voilà un rêve qui me mènera réellement au cabaret. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  49. Je veux que tu sois de mes amis aussi. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  50. J'aime la maîtresse d'Ergaste. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  51. Oui ; Spinette m'a promis de me servir auprès d'elle, et je serai bien aise que tu en sois de moitié. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  52. Vous pouvez en toute sûreté m'en avancer le premier quartier ; aussi bien y a-t-il longtemps qu'il me l'a promis. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  53. Que voilà un honnête gentilhomme ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  54. Doucement, voici l'oncle de Mademoiselle Aminte qui va nous aborder. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  55. Monsieur, faites-lui votre compliment. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  56. On dit que oui, Monsieur ; car je ne fais que d'arriver moi-même : je m'étais arrêté dans un village pour m'y rafraîchir ; et comme il fait extrêmement chaud, vous me permettrez d'en aller faire autant dans l'office. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  57. C'est que si mon amitié pouvait vous accommoder, la vôtre me conviendrait on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  58. Monsieur, vous me faites bien de l'honneur ; le compliment est singulier. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  59. J'y vais rondement, comme vous voyez ; mais franchise vaut mieux que politesse, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  60. Tenez, dans les compliments on s'embrouille, et il y a mille honnêtes gens qui n'en savent point faire. (Acte 1, scène 6, SPINETTE)
  61. Monsieur me paraît de ce nombre. (Acte 1, scène 6, SPINETTE)
  62. Monsieur, vous ne pouviez manquer d'être bien venu sous les auspices de Monsieur Ergaste, que j'estime beaucoup. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  63. Pour une affaire, voulez-vous bien me la dire ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  64. Comment ! (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  65. Mais, Monsieur, j'ai peine à vous la vendre de cette manière ; vous ne l'avez pas vue, et vous n'aimeriez peut-être pas le pays où elle est ? (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  66. Point du tout, j'aime tous les pays, moi ; n'est-ce pas des arbres et des campagnes partout ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  67. Je ne m'y connais pas ; il suffit, c'est une terre ; je ne l'ai point vue, mais je vous vois ; vous avez la physionomie d'un honnête homme, et votre terre vous ressemble. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  68. Monsieur, cela est excellent ; je vous suis entièrement obligé. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  69. Vous me comblez d'honnêtetés, Monsieur, je ne sais comment les reconnaître. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  70. Eh bien, troquons ; reprenez la terre gratis, et je prends la nièce sur le même pied. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  71. Oui, il y a quelques mois que, passant par ici, j'aperçus une moitié de visage qui me fit grand plaisir. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  72. On me dit que c'était Mademoiselle Aminte, nièce d'un homme de bien, nommé Monsieur Armidas. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  73. Dis-je en moi-même, ce visage-là tout entier doit être bien aimable. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  74. Ergaste, mon ami, me dit quelques jours après qu'il venait ici ; je l'ai suivi pour le supplanter ; car il aime aussi votre nièce, et je ne m'en soucie guère, si nous sommes d'accord. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  75. Il est vrai, Monsieur, qu'Ergaste me paraît rechercher ma nièce. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  76. Il se dit gentilhomme assez accommodé et il parle de s'établir ici. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  77. Il est d'ailleurs homme de mérite. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  78. Homme de mérite, lui ! (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  79. Moi, j'ai des millions de père en fils ; voilà mon principal métier, et par amusement je fais un gros commerce, qui me rapporte des sommes considérables, et tout cela pour me divertir, comme je vous dis. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  80. Ce gain-là sera pour les menus plaisirs de ma femme. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  81. Voilà ce qu'on appelle avoir du mérite, de l'esprit et de la taille, qui ne me manquent pourtant pas, ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  82. Vraiment, si j'épouse Mademoiselle Aminte, je prétends bien que dans six mois vous soyez plus en chair que vous n'êtes. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  83. Voilà un menton qui triplera, sur ma parole ; et puis du ventre !... (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  84. Votre humeur me convient à merveille. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  85. Et je parlerai à ma nièce, je vous assure ; je suis sûr qu'elle se conformera à mes volontés. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  86. Un homme comme moi, c'est un trésor. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  87. La voilà qui vient : si vous le voulez bien, après le premier compliment, vous nous laisserez un moment ensemble, et vous irez vous rafraîchir chez moi en attendant. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  88. Il s'est enfermé dans une chambre pour composer un divertissement qu'il veut me donner en musique. (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  89. Pour de la musique, Mademoiselle, il vous en apprendra tant, que vous pourrez la montrer vous-même. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  90. Mais Monsieur n'est-il pas la personne qu'Ergaste a amené avec lui ? (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  91. Oui, ma nièce, Monsieur est un galant homme ; qui, depuis le peu de temps que je le connais, m'a déjà donné pour lui une estime toute particulière. (Acte 1, scène 7, ARMIDAS)
  92. Point du tout, je ne suis qu'un bon homme ; mais j'ai de bons yeux ; je me connais en beautés, et je déclare tout net que Mademoiselle en est une. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  93. Voilà mes galanteries, à moi ; je ne sais point chercher mes phrases, Mademoiselle : vous êtes belle comme un astre, et le tout sans compliment. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  94. Ma foi, je vous la donne comme elle m'est venue. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  95. Ma nièce, je vous prie de regarder Monsieur comme mon ami, et comme le meilleur que j'aie encore trouvé. (Acte 1, scène 7, ARMIDAS)
  96. cela est vrai, on m'aime toujours quand on me connaît bien. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  97. Aimez-vous mieux celle-là ? (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  98. Je ne serais pas pourtant bien aise que vous lui ressemblassiez tout à fait ; la bonne dame a un mari dont je ne voudrais pas être la copie. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  99. Notre oncle, je me recommande à vous : allez droit en besogne. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  100. Voudriez-vous bien, Monsieur, me dire pourquoi cet homme-là vous plaît tant ; ce qui a pu vous le rendre si estimable en un quart_d_heure ? (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  101. Pour original, vous avez raison, je ne crois pas même qu'il ait de copie. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  102. Ma nièce, cet homme que vous trouvez si ridicule, encore une fois, je ne puis l'estimer assez. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  103. Il vous a déjà vue en passant par ici, il vous aime ; il n'est revenu que pour vous revoir. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  104. Comment ! (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  105. De la meilleure grâce du monde. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  106. Sur ce pied-là, je l'avoue, on ne saurait lui disputer le titre d'homme généreux et magnifique. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  107. Sais-tu bien, ma nièce, que Monsieur Richard fait un commerce étonnant qui lui procure des biens immenses ? (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  108. À tes menus plaisirs. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  109. Il faut tomber d'accord que vous me contez là des espèces de fables. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  110. Quel dommage qu'un homme d'une si brillante fortune soit si rustique ! (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  111. Mais, mon oncle, le rival que vous lui substituez est bien grossier ; cela m'arrête, car je me pique de quelque délicatesse. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  112. Mais, je n'oserais parler à cause de Monsieur ; cependant, comme je suis hardi de mon naturel, si vous me laissez faire, j'aurai bientôt dit. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  113. vraiment, à propos, ses libéralités se sont aussi étendues sur Arlequin. (Acte 1, scène 9, SPINETTE)
  114. Il m'a fait l'honneur de me demander ma protection auprès de vous, et, ma foi, il l'a bien payée ce qu'elle vaut. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  115. C'est lui qui m'a payé les gages que Monsieur Ergaste me doit ; cela est bien honnête. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  116. Oui, je me donne à lui ; il m'a déjà fait les présents de noce. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  117. Ma nièce, il ne faut point que cet homme-là vous échappe. (Acte 1, scène 9, ARMIDAS)
  118. Il vous aime comme un perdu ; il est drôle, bouffon, gaillard. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  119. Tenez, le voilà lui-même, voyez-le plutôt. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  120. Eh bien, sommes-nous en joie, ma reine ? (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  121. Mais comment faites-vous donc ? (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  122. Une rime à ces vers-là serait bien riche. (Acte 1, scène 10, SPINETTE)
  123. nous rimerons, nous rimerons ; j'ai la rime dans ma poche. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  124. Monsieur, des vers, une chanson, se reçoivent ; mais pour un bracelet de cette magnificence, ce n'est pas de même. (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  125. Les vers se lisent, et cela se met au bras ; voilà toute la différence. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  126. Ma nièce, je vous permets de l'accepter. (Acte 1, scène 10, ARMIDAS)
  127. Tenez, j'ai donné mon coeur, et quand cela est parti, le reste en coûte plus rien à déménager ; car je vous aime, il n'y a que moi qui puisse aimer comme cela ; et cela ira toujours en augmentant. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  128. Goûtez-en un peu, mon adorable ; je suis le meilleur garçon du monde ; j'apprendrai à faire des sornettes, des vaudevilles, des couplets ; j'ai bon esprit, mais je n'aime pas à le gêner, il n'y a que mon coeur que je laisse aller. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  129. Peut-on s'expliquer de meilleure grâce ? (Acte 1, scène 10, SPINETTE)
  130. Là, dites-moi comment vous me trouvez. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  131. Tant mieux, je m'en doutais un peu ; m'aimeriez-vous aussi ? (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  132. Mon humeur vous revient-elle ? (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  133. Mettons-nous à genoux devant elle. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  134. Ma maîtresse, ma chère maîtresse, ayez pitié de l'amour de cet honnête homme. (Acte 1, scène 10, SPINETTE)
  135. Tenez, prenez-les, vous les examinerez vous-même. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  136. Peut-on faire fumer un plus bel encens ? (Acte 1, scène 10, SPINETTE)
  137. Je prélude, Madame, et voici des acteurs pour exécuter la pièce. (Acte 1, scène 11, APOLLON)
  138. Grand merci, notre oncle, je la soutiendrai toujours de même. (Acte 1, scène 11, PLUTUS)
  139. Assurément. (Acte 1, scène 11, AMINTE)
  140. Allons, Messieurs, commencez. (Acte 1, scène 11, APOLLON)
  141. Qu'on puisse échapper à tes armes ; v.2 (Acte 1, scène 12, CHANTEURS)
  142. Je vois dans ce séjour un objet plein de charmes, v.3 (Acte 1, scène 12, CHANTEURS)
  143. Elle commençait à m'endormir. (Acte 1, scène 12, SPINETTE)
  144. Et vous, Madame, vous a-t-elle déplu ? (Acte 1, scène 12, APOLLON)
  145. Doucement ! (Acte 1, scène 12, APOLLON)
  146. il n'est pas besoin que vous payiez mes musiciens. (Acte 1, scène 12, APOLLON)
  147. Comment, Monsieur ! (Acte 1, scène 12, MUSICIEN)
  148. J'ai aussi une fête à vous donner, moi, et une musique qui se mesure à l'aune ; j'attends ceux qui doivent y danser. (Acte 1, scène 12, PLUTUS)
  149. Je viens dire à Monsieur Richard que les musiciens qu'il a mandés seront ici dans un moment. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  150. Je m'en meurs d'impatience. (Acte 1, scène 13, SPINETTE)
  151. Cela n'empêchera pas, Monsieur, si vous voulez, que nous ne vous donnions tantôt un petit divertissement à votre honneur et gloire. (Acte 1, scène 13, MUSICIEN)
  152. Oui-da, cela ne gâtera rien, et vous vous joindrez à mes danseurs que je vois entrer. (Acte 1, scène 13, PLUTUS)
  153. Êtes-vous de moitié dans l'affront que l'on me fait ? (Acte 1, scène 14, APOLLON)
  154. C'est une fille assez raisonnable, comme vous savez. (Acte 1, scène 14, ARMIDAS)
  155. Je ne me souviens de rien. (Acte 1, scène 14, ARMIDAS)
  156. Est-ce là tout ce que vous avez à me dire ? (Acte 1, scène 14, APOLLON)
  157. Tenez, vous êtes aujourd'hui de mauvaise humeur ; nous aurons le temps de nous revoir. (Acte 1, scène 14, ARMIDAS)
  158. Spinette, où en sommes-nous donc ? (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  159. Oh parbleu, tu me diras la raison de tout ce que je vois. (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  160. Que ta maîtresse me fuit, que tout le monde m'abandonne. (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  161. Vous me faites perdre ici mon temps ; le dîner est prêt ; est-ce que vous n'en êtes point ? (Acte 1, scène 15, SPINETTE)
  162. Comment, misérable ! (Acte 1, scène 16, APOLLON)
  163. Il n'y a pas jusqu'à mon valet qui me méconnaisse ! (Acte 1, scène 16, APOLLON)
  164. Non, ce n'était pas un coquin ; c'était un fort honnête homme qui ne payait pas ses gens. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  165. Si vous le voyez, dites-lui que je me recommande à lui. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  166. Le pauvre homme ! (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  167. Monsieur, nous ne songions pas seulement à vous, nous avons autre chose en tête. (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  168. Il ne manquait plus que ce trait pour achever ma défaite ; et me voilà pleinement convaincu que l'or est l'unique divinité à qui les hommes sacrifient. (Acte 1, scène 17, APOLLON)
  169. C'est pour le divertissement que Monsieur Richard nous a demandé. (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  170. Puisque les voilà tous qui se rendent ici, arrêtons un moment pour leur faire voir la honte de leur choix. (Acte 1, scène 17, APOLLON)
  171. Il n'est point honteux pour le dieu du mérite d'être au-dessous du dieu des vices dans le coeur des hommes. (Acte 1, scène 18, APOLLON)
  172. Ne vous alarmez pas ; je vous laisse les présents que je vous ai faits. (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  173. Tout fléchit même dans les Cieux ; v.31 (Acte 1, scène 19, SUIVANTE-DE-PLUTUS)
  174. Charme et ravit, v.44 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  175. Dans ce séjour on met tout à l'enchère, v.49 (Acte 1, scène 19, APOLLON)
  176. De nos beautés la maxime est contraire. v.72 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  177. Ses feux ont toujours même ardeur ; v.85 (Acte 1, scène 19, AMINTE)
  178. De nos amants la maxime est contraire. v.87 (Acte 1, scène 19, AMINTE)
  179. Femme en courroux, v.97 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  180. Ferme sur nous v.98 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  181. Le chien nous poursuit comme loups ; v.100 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  182. Femme et soubrette sont d'accord ; v.107 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  183. Fixe mes voeux ; v.114 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  184. Chaque instant redouble mes feux ; v.115 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  185. Flamme et transport v.120 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  186. Est en rumeur ; v.136 (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)
  187. La pièce meurt malgré l'acteur v.137 (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)

LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR (1728)

  1. Oui, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. De rien : vous soupirez, je prends cela pour une parole, et je vous réponds de même. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Fort bien ; mais qui est-ce qui vous a dit de me suivre ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  4. Qui me l'a dit, Madame ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Oui, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Les personnes affligées ne doivent point rester seules, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Ce sont mes affaires ; laissez-moi. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  8. Cela ne fait qu'augmenter leur tristesse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. Ma tristesse me plaît. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  10. Et c'est à ceux qui vous aiment à vous secourir dans cet état-là ; je ne veux pas vous laisser mourir de chagrin. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Il est vrai que votre zèle est fort bien entendu ; pour m'empêcher d'être triste, il me met en colère. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  12. Ce que je dis là n'est que trop vrai : il n'y a plus de consolation pour moi, il n'y en a plus ; après deux ans de l'amour le plus tendre, épouser ce que l'on aime ; ce qu'il y avait de plus aimable au monde, l'épouser, et le perdre un mois après ! (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  13. Je connais une dame qui n'a gardé son mari que deux jours ; c'est cela qui est piquant. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Vous me faites trembler : est-ce que tous les hommes sont morts ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Que m'importe qu'il reste des hommes ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  16. Madame, que dites-vous là ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  17. Mes ressources ! (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  18. Comment donc par un effort de raison ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  19. Je vous prie, Lisette, point de plaisanterie ; vous me divertissez quelquefois, mais je ne suis pas à présent en situation de vous écouter. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  20. Ah çà, Madame, sérieusement, je vous trouve le meilleur visage du monde ; voyez ce que c'est : quand vous aimiez la vie, peut-être que vous n'étiez pas si belle ; la peine de vivre vous donne un air plus vif et plus mutin dans les yeux, et je vous conseille de batailler toujours contre la vie ; cela vous réussit on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  21. La Brie, qu'on apporte ici la toilette de Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  22. vous refusez le miroir, un miroir, Madame ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  23. Savez-vous bien que vous me faites peur ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  24. Cela serait sérieux, pour le coup, et nous allons voir cela : il ne sera pas dit que vous serez charmante impunément ; il faut que vous le voyiez, et que cela vous console, et qu'il vous plaise de vivre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  25. Allons, Madame, mettez-vous là, que je vous ajuste : tenez, le savant que vous avez pris chez vous ne vous lira point de livre si consolant que ce que vous allez voir. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  26. De grâce, un petit coup d'oeil sur la glace, un seul petit coup d'oeil ; quand vous ne le donneriez que de côté, tâtez-en seulement. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  27. Si tu voulais bien me laisser en repos. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  28. Faut-il vous parler franchement ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  29. Je vous disais que vous étiez plus belle qu'à l'ordinaire ; mais la vérité est que vous êtes très changée, et je voulais vous attendrir un peu pour un visage que vous abandonnez bien durement. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  30. La Brie, remettez cela où vous l'avez pris. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  31. Je ne me pique plus ni d'agrément ni de beauté. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  32. Madame, la toilette s'en va, je vous en avertis. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  33. Extrêmement changée. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  34. Voyons donc, car il faut bien que je me débarrasse de toi. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  35. Je respire, vous voilà sauvée : allons, courage, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  36. Ne serait-ce pas un meurtre que de laisser dépérir ce teint-là, qui n'est que lys et que rose quand on en a soin ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  37. Les fripons, comme ils ont encore l'oeillade assassine ; ils m'auraient déjà brûlé, si j'étais de leur compétence ; ils ne demandent qu'à faire du mal. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  38. Mais voici, je pense, un domestique de Monsieur le Chevalier. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  39. Que me veut son maître ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  40. Madame, pardonnez l'embarras... (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  41. Abrège, abrège, il t'appartient bien d'embarrasser Madame ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  42. Il s'agit, Madame, que Monsieur le Chevalier m'a dit... (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  43. Ce que votre femme de chambre m'a fait oublier. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  44. Cela est vrai ; mais quand la colère me prend, ordinairement la mémoire me quitte. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  45. Retourne donc savoir ce que tu me veux. (Acte 1, scène 2, LA MARQUISE)
  46. Ce n'est pas la peine, Madame, et je m'en ressouviens à cette heure ; c'est que nous arrivâmes hier tous deux à Paris, Monsieur le Chevalier et moi, et que nous en partons demain pour n'y revenir jamais, ce qui fait que Monsieur le Chevalier vous mande ; que vous ayez à trouver bon qu'il ne vous voie point cette après-dînée, et qu'il ne vous assure point de ses respects, sinon ce matin, si cela ne vous déplaisait pas, pour vous dire adieu, à cause de l'incommodité de ses embarras. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  47. Sais-tu ce qu'il a à me dire ? (Acte 1, scène 2, LA MARQUISE)
  48. Il a à vous dire que vous ayez la bonté de l'entretenir un quart_d_heure ; pour ce qui est d'affliction, ne vous embarrassez pas, Madame, il ne nuira pas à la vôtre ; au contraire, car il est encore plus triste que vous, et moi aussi ; nous faisons compassion à tout le monde. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  49. Vous ne voyez rien, je pleure bien autrement quand je suis seul ; mais je me retiens par honnêteté. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  50. Dis à ton maître qu'il peut venir, et que je l'attends ; et vous, Lisette, quand Monsieur Hortensius sera revenu, qu'il vienne sur-le-champ me montrer les livres qu'il a dû m'acheter. (Acte 1, scène 2, LA MARQUISE)
  51. Ceux qui n'en veulent pas n'ont qu'à les laisser ; ils ont fait plaisir à Madame, et Monsieur le Chevalier l'accommodera bien autrement, car il soupire encore bien mieux que moi. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  52. Oui, mon maître soupire parce qu'il a perdu une maîtresse ; et comme je suis le meilleur coeur du monde, moi, je me suis mis à faire comme lui pour l'amuser ; de sorte que je vais toujours pleurant sans être fâché, seulement par compliment. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  53. Tu en ris, j'en ris quelquefois de même, mais rarement, car cela me dérange ; j'ai pourtant perdu aussi une maîtresse, moi ; mais comme je ne la verrai plus, je l'aime toujours sans en être plus triste. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  54. Il me divertit. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  55. Comment donc ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  56. Tu me lorgnes, je pense ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  57. Tu ne pourras plus te remettre à pleurer. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  58. Je n'ai que faire d'un homme qui part demain : retire-toi. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  59. Que cet homme-là m'ennuie avec sa doctrine ignorante ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  60. Quelle fantaisie a Madame, d'avoir pris ce personnage-là chez elle, pour la conduire dans ses lectures et amuser sa douleur ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  61. Que les femmes du monde ont de travers ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  62. Monsieur Hortensius, Madame m'a chargée de vous dire que vous alliez lui montrer les livres que vous avez achetés pour elle. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  63. Je serai ponctuel à obéir, Mademoiselle Lisette ; et Madame la Marquise ne pouvait charger de ses ordres personne qui me les rendît plus dignes de ma prompte obéissance. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  64. Comment ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  65. Vous me saluez de la période la plus galante qui se puisse, et l'on sent bien qu'elle part d'un homme qui sait sa rhétorique. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  66. La rhétorique que je sais là-dessus, Mademoiselle, ce sont vos beaux yeux qui me l'ont apprise. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  67. Mais ce que vous me dites là est merveilleux ; je ne savais pas que mes beaux yeux enseignassent la rhétorique. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  68. Ils ont mis mon coeur en état de soutenir thèse, Mademoiselle ; et pour essai de ma science, je vais, si vous l'avez pour agréable, vous donner un petit argument en forme. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  69. Un argument à moi ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  70. Arrêtez, voyez mon petit syllogisme, je vous assure qu'il est concluant. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  71. Un syllogisme ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  72. On doit son coeur à ceux qui vous donnent le leur, je vous donne le mien : ergo, vous me devez le vôtre. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  73. Tenez : on ne doit son coeur qu'à ceux qui le prennent ; assurément vous ne prenez pas le mien : ergo, vous ne l'aurez pas. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  74. Pour la raison, je ne m'en mêle point, les filles de mon âge n'ont point de commerce avec elle. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  75. Adieu, Monsieur Hortensius ; que le ciel vous bénisse, vous, votre thèse et votre syllogisme. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  76. Eh mais, Monsieur Hortensius, mes beautés n'entendent que le français. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  77. Voilà Madame, laissons-le chercher son papier. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  78. Madame, c'est un trait de l'histoire des Grecs, dont Mademoiselle Lisette me demandait l'explication. (Acte 1, scène 6, HORTENSIUS)
  79. Je les tiens, Madame, tous bien conditionnés, et d'un prix fort raisonnable ; souhaitez-vous les voir ? (Acte 1, scène 6, HORTENSIUS)
  80. Voici Monsieur le Chevalier, Madame. (Acte 1, scène 6, UN LAQUAIS)
  81. Je vous demande pardon, Madame, d'une visite, sans doute, importune ; surtout dans la situation où je sais que vous êtes. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  82. Vous me paraissez bien triste. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  83. Vous voyez, Madame, un homme au désespoir, et qui va se confiner dans le fond de sa province, pour y finir une vie qui lui est à charge. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  84. Que me dites-vous là ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  85. Comment donc ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  86. C'est la même chose pour moi. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  87. Vous savez où elle s'était retirée depuis huit mois pour se soustraire au mariage où son père voulait la contraindre ; nous espérions tous deux que sa retraite fléchirait le père : il a continué de la persécuter ; et lasse ; apparemment, de ses persécutions, accoutumée à notre absence, désespérant, sans doute, de me voir jamais à elle, elle a cédé, renoncé au monde, et s'est liée par des noeuds qu'elle ne peut plus rompre : il y a deux mois que la chose est faite. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  88. Je la vis la veille, je lui parlai, je me désespérai, et ma désolation, mes prières, mon amour, tout m'a été inutile ; j'ai été témoin de mon malheur ; j'ai depuis toujours demeuré dans le lieu, il a fallu m'en arracher, je n'en arrivai qu'avant-hier. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  89. Je me meurs, je voudrais mourir, et je ne sais pas comment je vis encore. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  90. Je devrais retenir ma douleur, Madame, vous n'êtes que trop affligée vous-même. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  91. Non, Chevalier, ne vous gênez point ; votre douleur fait votre éloge, je la regarde comme une vertu ; j'aime à voir un coeur estimable car cela est si rare, hélas ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  92. Il n'y a plus de moeurs, plus de sentiment dans le monde ; moi qui vous parle, on trouve étonnant que je pleure depuis six mois ; vous passerez aussi pour un homme extraordinaire, il n'y aura que moi qui vous plaindrai véritablement, et vous êtes le seul qui rendra justice à mes pleurs ; vous me ressemblez, vous êtes né sensible, je le vois bien. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  93. Il est vrai, Madame, que mes chagrins ne m'empêchent pas d'être touché des vôtres. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  94. J'en suis persuadée ; mais venons au reste : que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  95. Je ne verrai plus Angélique ; elle me l'a défendu, et je veux lui obéir. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  96. Voilà comment pense un honnête homme, par exemple. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  97. Voici une lettre que je ne saurais lui faire tenir, et qu'elle ne recevrait point de ma part ; vous allez incessamment à votre campagne, qui est voisine du lieu où elle est, faites-moi, je vous supplie, le plaisir de la lui donner vous-même ; la lire est la seule grâce que je lui demande ; et si, à mon tour, Madame, je pouvais jamais vous obliger... (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  98. Dès que vous êtes capable d'une vraie tendresse, vous êtes né généreux, cela s'en va sans dire ; je sais à présent votre caractère comme le mien ; les bons coeurs se ressemblent, Chevalier : mais la lettre n'est point cachetée. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  99. Je ne sais ce que je fais dans le trouble où je suis : puisqu'elle ne l'est point, lisez-la, Madame, vous en jugerez mieux combien je suis à plaindre ; nous causerons plus longtemps ensemble, et je sens que votre conversation me soulage. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  100. Tenez, sans compliment, depuis six mois je n'ai eu de moment supportable que celui-ci ; et la raison de cela, c'est qu'on aime à soupirer avec ceux qui vous entendent : lisons la lettre. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  101. En vérité, vous me donnez bien de l'estime pour vous ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  102. "Mais c'est fait, et je ne vous écris que pour vous demander pardon de ce qui m'échappa contre vous à notre dernière entrevue ; vous me quittiez pour jamais, Angélique, j'étais au désespoir ; et dans ce moment-là, je vous aimais trop pour vous rendre justice ; mes reproches vous coûtèrent des larmes, je ne voulais pas les voir, je voulais que vous fussiez coupable, et que vous crussiez l'être ; et j'avoue que j'offenserais la vertu même. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  103. Adieu, Angélique, ma tendresse ne finira qu'avec ma vie, et je renonce à tout engagement ; j'ai voulu que vous fussiez contente de mon coeur, afin que l'estime que vous aurez pour lui excuse la tendresse dont vous m'honorâtes." (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  104. Autrefois le Marquis m'en écrivit une à peu près de même, je croyais qu'il n'y avait que lui au monde qui en fût capable ; vous étiez son ami, et je ne m'en étonne pas. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  105. Que cette amitié-là me serait d'un grand secours, s'il vivait encore ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  106. Non, Chevalier, vivez pour me donner la satisfaction de voir son ami le regretter avec moi ; à la place de son amitié, je vous donne la mienne. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  107. Je vous la demande de tout mon coeur, elle sera ma ressource ; je prendrai la liberté de vous écrire, vous voudrez bien me répondre, et c'est une espérance consolante que j'emporte en partant. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  108. Mais effectivement, faites-vous bien de partir ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  109. Consultez-vous : il me semble qu'il vous sera plus doux d'être moins éloigné d'Angélique. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  110. Oui, je vous plaindrais, du moins, et vous me plaindriez aussi, cela rend la douleur plus supportable. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  111. Nous sommes voisins. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  112. Nous demeurons comme dans la même maison, puisque le même jardin nous est commun. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  113. Nous sommes affligés, nous pensons de même. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  114. Aimez-vous la lecture ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  115. Cela vient encore fort bien ; j'ai pris depuis quinze jours un homme à qui j'ai donné le soin de ma bibliothèque ; je n'ai pas la vanité de devenir savante, mais je suis bien aise de m'occuper : il me lit tous les jours quelque chose, nos lectures sont sérieuses, raisonnables ; il y met un ordre qui m'instruit en m'amusant : voulez-vous être de la partie ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  116. Voilà qui est fini, Madame ; vous me déterminez ; c'est un bonheur pour moi que de vous avoir vue ; je me sens déjà plus tranquille. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  117. Allons, je ne partirai point ; j'ai des livres aussi en assez grande quantité, celui qui a soin des vôtres les mettra tout ensemble, et je vais appeler mon valet pour changer les ordres que je lui ai donnés. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  118. peut-être que vous me sauvez la raison, mon désespoir se calme, vous avez dans l'esprit une douceur qui m'était nécessaire, et qui me gagne : vous avez renoncé à l'amour et moi aussi ; et votre amitié me tiendra lieu de tout, si vous êtes sensible à la mienne. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  119. Sérieusement, je m'y crois presque obligée, pour vous dédommager de celle du Marquis : allez, Chevalier, faites vite vos affaires ; je vais, de mon côté, donner quelque ordre aussi ; nous nous reverrons tantôt. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  120. En vérité, ce garçon-là a un fond de probité qui me charme. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  121. Voilà vraiment de ces esprits propres à consoler une personne affligée ; que cette femme-là a de mérite ! (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  122. C'est un caractère à peu près comme celui d'Angélique, et ce sont des trésors que ces caractères-là ; oui, je la préfère à tous les amis du monde. (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  123. Il me semble que je le vois dans le jardin. (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  124. Monsieur, quand je suis à rien faire, je m'attriste à cause de votre maîtresse, et un peu à cause de la mienne ; je suis fâché de ce que nous partons ; si nous restions, je serais fâché de même. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  125. Tais-toi ; rends-moi mes lettres. (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  126. Mais, Monsieur, qui est-ce qui vous empêche de partir, est-ce Madame la Marquise ? (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  127. Me voilà perdu. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  128. Comment donc ? (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  129. Vos maisons se communiquent ; de l'une on entre dans l'autre ; je n'ai plus ma maîtresse ; Madame la Marquise a une femme de chambre toute agréable ; de chez vous j'irai chez elle ; crac, me voilà infidèle tout de plain-pied, et cela m'afflige ; pauvre Marton ! (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  130. pour cela, oui, cela sera bien vilain, mais cela ne manquera pas d'arriver : car j'y sens déjà du plaisir, et cela me met au désespoir ; encore si vous aviez la bonté de montrer l'exemple : tenez, la voilà qui vient, Lisette. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  131. Il a, dit-il, du chagrin de ce que je ne pars point, comme je l'avais résolu. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  132. J'étais sous le berceau pendant votre conversation avec Madame la Marquise, et j'en ai entendu une partie sans le vouloir ; votre voyage est rompu, ma maîtresse vous a conseillé de rester, vous êtes tous deux dans la tristesse, et la conformité de vos sentiments fera que vous vous verrez souvent. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  133. Je suis attachée à ma maîtresse, plus que je ne saurais vous le dire, et je suis désolée de voir qu'elle ne veut pas se consoler, qu'elle soupire et pleure toujours ; à la fin elle n'y résistera pas : n'entretenez point sa douleur, tâchez même de la tirer de sa mélancolie ; voilà Monsieur_le_Comte qui l'aime, vous le connaissez, il est de vos amis, Madame la Marquise n'a point de répugnance à le voir ; ce serait un mariage qui conviendrait, je tâche de le faire réussir ; aidez-nous de votre côté, Monsieur le Chevalier, rendez ce service à votre ami, servez ma maîtresse elle-même. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  134. Mais, Lisette, ne me dites-vous pas que Madame la Marquise voit le Comte sans répugnance ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  135. Mais, sans répugnance, cela veut dire qu'elle me souffre ; voilà tout. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  136. Fort bien ; mais s'aperçoit-elle que vous l'aimez ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  137. Mais, vraiment, ces petits mots-là doivent faire un grand effet, et vous êtes entre de bonnes mains, Monsieur_le_Comte. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  138. Vous répond-elle d'une façon qui promette quelque chose ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  139. Jusqu'ici, elle me traite avec beaucoup de douceur. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  140. Sérieusement ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  141. Il me le paraît. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  142. Point du tout, je dis fort bien ; on voit votre amour, on le souffre, on y fait accueil, apparemment qu'on s'y plaît, et je gâterais peut-être tout si je m'en mêlais : cela va tout seul. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  143. Je vous avoue que voilà un raisonnement auquel je n'entends rien. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  144. Ma foi, Monsieur_le_Comte, je faisais tout pour le mieux ; mais puisque vous le voulez, je parlerai, il en arrivera ce qu'il pourra : vous le voulez, malgré mes bonnes raisons ; je suis votre serviteur et votre ami. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  145. Adieu, Lisette, ne m'oubliez pas ; puisque Madame la Marquise a des affaires, je reviendrai une autre fois. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  146. Faites entendre raison aux gens, voilà ce qui en arrive ; assurément, cela est original, il me quitte aussi froidement que s'il quittait un rival. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  147. Madame la Marquise est riche, jeune et belle. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  148. Je le voudrais de tout mon coeur ; dans l'état où je vois ma maîtresse, que m'importe par qui elle en sorte, pourvu qu'elle épouse un honnête homme ? (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  149. C'est ma foi bien dit, il faut être honnête homme pour l'épouser, il n'y a que les malhonnêtes gens qui ne l'épouseront point. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  150. Tenez, Monsieur, l'ennui, la langueur, la désolation, le désespoir, avec un air sauvage brochant sur le tout, voilà le noir tableau que représente actuellement votre visage ; et je soutiens que la vue en peut rendre malade, et qu'il y a conscience à la promener par le monde. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  151. Ce n'est pas là tout : quand vous parlez aux gens, c'est du ton d'un homme qui va rendre les derniers soupirs ; ce sont des paroles qui traînent, qui vous engourdissent, qui ont un poison froid qui glace l'âme, et dont je sens que la mienne est gelée ; je n'en peux plus, et cela doit vous faire compassion. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  152. Je ne vous blâme pas ; vous avez perdu votre maîtresse, vous vous êtes voué aux langueurs, vous avez fait voeu d'en mourir ; c'est fort bien fait, cela édifiera le monde : on parlera de vous dans l'histoire, vous serez excellent à être cité, mais vous ne valez rien à être vu ; ayez donc la bonté de nous édifier de plus loin. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  153. Lisette, je pardonne au zèle que vous avez pour votre maîtresse ; mais votre discours ne me plaît point. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  154. Mon voyage est rompu ; on ne change pas à tout moment de résolution, et je ne partirai point ; à l'égard de Monsieur_le_Comte, je parlerai en sa faveur à votre maîtresse ; et s'il est vrai, comme je le préjuge, qu'elle ait du penchant pour lui, ne vous inquiétez de rien, mes visites ne seront pas fréquentes, et ma tristesse ne gâtera rien ici. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  155. N'avez-vous que cela à me dire, Monsieur ? (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  156. Tout ce que j'entends là me rend la perte d'Angélique encore plus sensible. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  157. Ma foi, Angélique me coupe la gorge. (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  158. Je m'attendais à trouver quelque consolation dans la Marquise, sa généreuse résolution de ne plus aimer me la rendait respectable ; et la voilà qui va se remarier ; à la bonne heure : je la distinguais, et ce n'est qu'une femme comme une autre. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  159. Mettez-vous à la place d'une veuve qui s'ennuie. (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  160. Chère Angélique, s'il y a quelque chose au monde qui puisse me consoler, c'est de sentir combien vous êtes au-dessus de votre sexe, c'est de voir combien vous méritez mon amour. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  161. Je t'oubliais d'un grand courage ; mais mon maître ne veut pas que j'achève ; je m'en vais donc me remettre à te regretter comme auparavant, et que le ciel m'assiste !... (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  162. Je me sens plus que jamais accablé de ma douleur. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  163. Je vais m'enfermer chez moi ; je ne verrai que tantôt la Marquise, je n'ai plus que faire ici si elle se marie : suis-je en état de voir des fêtes ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  164. Quoi qu'il en soit, je lui ai dit que je ferais apporter mes livres, et l'honnêteté veut que je tienne parole. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  165. Va me chercher celui qui a soin des siens : ne serait-ce pas lui qui entre ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  166. Madame la Marquise, dont j'ai l'avantage de diriger les lectures, et à qui j'enseigne tour à tour les belles-lettres, la morale et la philosophie, sans préjudice des autres sciences que je pourrais lui enseigner encore, m'a fait entendre, Monsieur, le désir que vous avez de me montrer vos livres, lesquels témoigneront, sans doute, l'excellence et sûreté de votre bon goût ; partant, Monsieur, que vous plaît-il qu'il en soit ? (Acte 1, scène 13, HORTENSIUS)
  167. Lubin va vous mener à ma bibliothèque, Monsieur, et vous pouvez en faire apporter les livres ici. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  168. Soit fait comme vous le commandez. (Acte 1, scène 13, HORTENSIUS)
  169. Un petit moment d'audience, Monsieur le docteur Hortus. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  170. Qu'il reste comme il est, je n'ai pas envie de lui gâter la taille. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  171. À purger l'âme de toutes ses passions. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  172. Tant, que j'en mourrais, sans le bon appétit qui me sauve. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  173. Je vous en dis, et de la meilleure. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  174. Elle ne vaut donc rien pour mon tempérament ; servez-moi de la philosophie. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  175. Ce serait à peu près la même chose. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  176. Assurément, et si nous avions voulu d'elle, nous l'aurions eu par préférence, car Lisette nous l'a offert. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  177. Êtes-vous bien sûr de ce que vous me dites ? (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  178. À telles enseignes, que Lisette nous a ensuite proposé de nous retirer, parce que nous sommes tristes, et que vous êtes un peu pédant, à ce qu'elle dit, et qu'il faut que la Marquise se tienne en joie. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  179. Je me trouve bien ici, ce mariage m'en chasserait ; mais je vais soulever un orage qu'on ne pourra vaincre. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  180. Moi-même. (Acte 2, scène 1, HORTENSIUS)
  181. Il me semble que cette nourriture-là ne lui profite point ; je l'ai trouvé maigre. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  182. Vous ne vous y connaissez point ; mais reposez-vous un moment, vous viendrez me trouver après dans la bibliothèque, où je vais faire de la place à ces livres. (Acte 2, scène 1, HORTENSIUS)
  183. J'ai bien du tourment dans le coeur ; je ne sais plus à présent si c'est Marton que j'aime ou si c'est Lisette : je crois pourtant que c'est Lisette, à moins que ce ne soit Marton. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  184. Apportez, apportez-en encore un ou deux, et mettez-les là. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  185. Je me repose sur un paquet de livres que je viens d'apporter pour nourrir l'esprit de Madame, car le Docteur le dit ainsi. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  186. C'est de la morale et de la philosophie ; ils disent que cela purge l'âme ; j'en ai pris une petite dose, mais cela ne m'a pas seulement fait éternuer. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  187. Je ne sais ce que tu viens me conter ; laisse-moi en repos, va-t'en. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  188. C'est pour Madame qui va venir ici. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  189. Voudrais-tu, en passant, prendre la peine de t'asseoir un moment, Mademoiselle ? (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  190. Eh bien, que me veux-tu, Monsieur ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  191. À quoi nous servirait de nous aimer ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  192. Non, te dis-je, ton maître ne veut point s'attacher à ma maîtresse, et ma fortune dépend de demeurer avec elle, comme la tienne dépend de rester avec le Chevalier. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  193. Cependant, si tu me trouvais à ton gré, c'est dommage que tu n'aies pas la satisfaction de m'aimer à ton aise ; c'est un hasard qui ne se trouve pas toujours. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  194. Tais-toi, voici Madame. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  195. Je crois, Madame, qu'il est allé soupirer chez lui. (Acte 2, scène 3, LUBIN)
  196. Oui, Madame ; et j'aurai aussi pour moi une petite bagatelle à vous proposer, dont je prendrai la liberté de vous entretenir en toute humilité, comme cela se doit. (Acte 2, scène 3, LUBIN)
  197. Eh bien, Monsieur, vous n'aimez donc pas les livres du Chevalier ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  198. Non, Madame, le choix ne m'en paraît pas docte ; dans dix tomes, pas la moindre citation de nos auteurs grecs ou latins, lesquels, quand on compose, doivent fournir tout le suc d'un ouvrage ; en un mot, ce ne sont que des livres modernes, remplis de phrases spirituelles ; ce n'est que de l'esprit, toujours de l'esprit, petitesse qui choque le sens commun. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  199. Madame, distinguo ; ils en avaient d'une manière... (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  200. Voici comme parle un auteur dont j'ai retenu les paroles. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  201. Représentez-vous, dit-il, une femme coquette : primo, son habit est en pretintailles, au lieu de grâces, je lui vois des mouches ; au lieu de visage, elle a des mines ; elle n'agit point ; elle gesticule ; elle ne regarde point, elle lorgne ; elle ne marche pas, elle voltige ; elle ne plaît point, elle séduit ; elle n'occupe point, elle amuse ; on la croit belle, et moi je la tiens ridicule, et c'est à cette impertinente femme que ressemble l'esprit d'à présent, dit l'auteur. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  202. c'est une beauté si mâle, que pour démêler qu'elle est belle, il faut se douter qu'elle l'est : simple dans ses façons, on ne dirait pas qu'elle ait vu le monde ; mais ayez seulement le courage de vouloir l'aimer, et vous parviendrez à la trouver charmante. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  203. En voilà assez, je vous comprends : nous sommes plus affectés, et les anciens plus grossiers. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  204. Que le ciel m'en garde, Madame ; jamais Hortensius... (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  205. Prenez autre chose ; rien ne me donne moins de patience que les traités qui en parlent. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  206. J'aime assez l'Eloge de l'amitié, nous en lirons quelque chose. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  207. Je vous supplierai de m'en dispenser, Madame ; ce n'est pas la peine, pour le peu de temps que nous avons à rester ensemble, puisque vous vous mariez avec Monsieur_le_Comte. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  208. Oui, Madame, au moyen duquel mariage je deviens à présent un serviteur superflu, semblable à ces troupes qu'on entretient pendant la guerre, et que l'on casse à la paix : je combattais vos passions, vous vous accommodez avec elles, et je me retire avant qu'on me réforme. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  209. De Mademoiselle Lisette qui l'a dit à Lubin, lequel me l'a rapporté, avec cette apostille contre moi, qui est que ce mariage m'expulserait d'ici. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  210. Le Chevalier croira que je suis folle, et je veux savoir ce qu'il a répondu : ne me cachez rien, parlez. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  211. Madame, je ne sais rien, là-dessus, que de très vague. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  212. Qu'afin de savoir si ledit Chevalier ne voudrait pas vous rechercher lui-même et se substituer au lieu et place dudit Comte ; et même il appert par le récit dudit Lubin, que ladite Lisette vous a offert au sieur Chevalier. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  213. Voilà, par exemple, de ces faits incroyables ; c'est promener la main d'une femme, et dire aux gens : la voulez-vous ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  214. Ne vous brouillez point, vous avez la mémoire fort nette, ordinairement. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  215. Pour l'exclamation, il pouvait la retrancher, ce me semble, elle me paraît très imprudente et très impolie. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  216. J'en approuve l'esprit ; s'il pensait autrement, je ne le verrais de ma vie ; mais se récrier devant les domestiques, m'exposer à leur raillerie, ah ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  217. Je vous assure que je mettrai ordre à cela. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  218. Comment donc ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  219. Cela m'attaque directement, cela va presque au mépris. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  220. Monsieur le Chevalier, aimez votre Angélique tant que vous voudrez ; mais que je n'en souffre pas, s'il vous plaît ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  221. Je ne veux point me marier ; mais je ne veux pas qu'on me refuse. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  222. Mais, Madame, que deviendrai-je ? (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  223. Madame, Monsieur le Chevalier finit un embarras avec un homme ; il va venir, et il dit qu'on l'attende. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  224. Si vous le permettiez à présent, Madame, j'aurais l'honneur de causer un moment avec vous. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  225. Mais, je n'oserais, vous me paraissez en colère. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  226. C'est que vous saurez, Madame, que Lisette trouve ma personne assez agréable ; la sienne me revient assez, et ce serait un marché fait, si, par une bonté qui nous rendrait la vie, Madame, qui est à marier, voulait bien prendre un peu d'amour pour mon maître qui a du mérite, et qui, dans cette occasion, se comporterait à l'avenant. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  227. On parle aussi de Monsieur_le_Comte, et les comtes sont d'honnêtes gens ; je les considère beaucoup ; mais, si j'étais femme, je ne voudrais que des chevaliers pour mon mari : vive un cadet dans le ménage ! (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  228. Sa vivacité me divertit : tu as raison, Lubin ; mais malheureusement, dit-on, ton maître ne se soucie point de moi. (Acte 2, scène 5, LA MARQUISE)
  229. Cela est vrai, il ne vous aime pas, et je lui en ai fait la réprimande avec Lisette ; mais si vous commenciez, cela le mettrait en train. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  230. La sottise du Chevalier me donne-t-elle un ridicule assez complet ? (Acte 2, scène 5, LA MARQUISE)
  231. Je ne dispute pas qu'il n'ait fait une sottise, assurément ; mais, dans l'occurrence, un honnête homme se reprend. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  232. Madame, je serais bien fâché de vous déplaire ; je vous demande seulement d'y faire réflexion. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  233. Je viens de donner vos ordres, Madame : on dira là-bas que vous n'y êtes pas, et un moment après... (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  234. Pourquoi me demandez-vous cela, Madame ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  235. C'est que j'apprends que vous me marierez avec Monsieur_le_Comte, au défaut du Chevalier, à qui vous m'avez proposée, et qui ne veut point de moi, malgré tout ce que vous avez pu lui dire avec son valet, qui vient m'exhorter à avoir de l'amour pour son maître, dans l'espérance que cela le touchera. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  236. Ah ça, Madame, n'allez-vous pas vous fâcher ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  237. Prier le Chevalier de me faire la grâce de m'aimer, et tout cela pour pouvoir épouser cet imbécile-là ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  238. Je suis dans les pleurs, et l'on promet mon coeur et ma main à tout le monde, même à ceux qui n'en veulent point ; je suis rejetée, j'essuie des affronts, j'ai des amants qui espèrent, et je ne sais rien de tout cela ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  239. Qu'une femme est à plaindre dans la situation où je suis ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  240. Et comment me traite-t-on ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  241. Fort bien, Madame, vous parlez de zèle, et je suis payée du mien ; voilà ce que c'est que de s'attacher à ses maîtres ; la reconnaissance n'est point faite pour eux ; si vous réussissez à les servir, ils en profitent ; et quand vous ne réussissez pas, ils vous traitent comme des misérables. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  242. Comme des imbéciles. (Acte 2, scène 6, LUBIN)
  243. Monsieur, mon veuvage est éternel ; en vérité, il n'y a point de femme au monde plus éloignée du mariage que moi, et j'ai perdu le seul homme qui pouvait me plaire ; mais, malgré tout cela, il y a de certaines aventures désagréables pour une femme. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  244. Le Chevalier m'a refusée, par exemple ; mon amour-propre ne lui en veut aucun mal ; il n'y a là-dedans, comme je vous l'ai déjà dit, que le ton, que la manière que je condamne : car, quand il m'aimerait, cela lui serait inutile ; mais enfin il m'a refusée, cela est constant, il peut se vanter de cela, il le fera peut-être ; qu'en arrive-t-il ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  245. Cela jette un air de rebut sur une femme, les égards et l'attention qu'on a pour elle en diminuent, cela glace tous les esprits pour elle ; je ne parle point des coeurs, car je n'en ai que faire : mais on a besoin de considération dans la vie, elle dépend de l'opinion qu'on prend de vous ; c'est l'opinion qui nous donne tout, qui nous ôte tout, au point qu'après tout ce qui m'arrive, si je voulais me remarier, je le suppose, à peine m'estimerait-on quelque chose, il ne serait plus flatteur de m'aimer ; le Comte, s'il savait ce qui s'est passé, oui, le Comte, je suis persuadée qu'il ne voudrait plus de moi. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  246. Et moi, Madame, je dis que le Chevalier est un hypocrite ; car, si son refus est si sérieux, pourquoi n'a-t-il pas voulu servir Monsieur_le_Comte comme je l'en priais ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  247. Pourquoi m'a-t-il refusée durement, d'un air inquiet et piqué ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  248. Oui, Madame, je l'ai cru jaloux : voilà ce que c'est ; il en avait toute la mine. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  249. Monsieur s'informe comment le Comte est auprès de vous ; comment vous le recevez ; on lui dit que vous souffrez ses visites, que vous ne le recevez point mal. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  250. Qui est-ce qui n'aurait pas cru là-dessus qu'il songeait à vous pour lui-même ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  251. Peut-être qu'il vous aime. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  252. Me voilà déroutée, je ne sais plus comment régler ma conduite ; car il y en a une à tenir là-dedans : j'ignore laquelle, et cela m'inquiète. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  253. Si vous me le permettez, Madame, je vous apprendrai un petit axiome qui vous sera, sur la chose, d'une merveilleuse instruction ; c'est que le jaloux veut avoir ce qu'il aime : or, étant manifeste que le Chevalier vous refuse... (Acte 2, scène 6, HORTENSIUS)
  254. Il me refuse ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  255. Vous avez des expressions bien grossières ; votre axiome ne sait ce qu'il dit ; il n'est pas encore sûr qu'il me refuse. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  256. Comment, est-ce que le Comte était présent ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  257. Il n'y était plus ; je dis seulement qu'il croit que le Chevalier est son rival. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  258. Ce n'est pas assez qu'il le croie, ce n'est pas assez, il faut que cela soit ; il n'y a que cela qui puisse me venger de l'affront presque public que m'a fait sa réponse ; il n'y a que cela ; j'ai besoin, pour réparations, que son discours n'ait été qu'un dépit amoureux ; dépendre d'un dépit amoureux ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  259. Assurément : ce n'est pas que je me soucie de ce qu'on appelle la gloire d'une femme, gloire sotte, ridicule, mais reçue, mais établie, qu'il faut soutenir, et qui nous pare ; les hommes pensent comme cela, il faut penser comme les hommes, ou ne pas vivre avec eux. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  260. C'est un peut-être ; mais cette gloire en souffre, toute sotte qu'elle est, et me voilà dans la triste nécessité d'être aimée d'un homme qui me déplaît ; le moyen de tenir à cela ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  261. Je n'en demeurerai pas là, je n'en demeurerai pas là. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  262. Il faut que la chose s'éclaircisse absolument. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  263. Le mépris serait suffisant, Madame. (Acte 2, scène 6, HORTENSIUS)
  264. Non, Monsieur, vous me conseillez mal ; vous ne savez parler que de livres. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  265. Pour moi, Madame, je ne sais pas où vous prenez toutes vos alarmes, on dirait que j'ai renversé le monde entier. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  266. On n'a jamais aimé une maîtresse autant que je vous aime ; je m'avise de tout, et puis il se trouve que j'ai fait tous les maux imaginables. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  267. Je ne saurais durer comme cela ; j'aime mieux me retirer, du moins je ne verrai point votre tristesse, et l'envie de vous en tirer ne me fera point faire d'impertinence. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  268. Il ne s'agit pas de vos larmes ; je suis compromise, et vous ne savez pas jusqu'où cela va. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  269. Vous m'avez peut-être attendu, Madame, et je vous prie de m'excuser ; j'étais en affaire. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  270. J'ai cru d'ailleurs que Monsieur_le_Comte vous tenait compagnie, et cela me tranquillisait. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  271. Oui, Madame. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  272. C'est un fort honnête homme. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  273. Sans doute, et je le crois même d'un esprit très propre à consoler ceux qui ont du chagrin. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  274. Il est fort de mes amis. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  275. Oui, Madame, vous avez raison, et je pense comme vous ; il est digne d'être excepté. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  276. Trouvez-vous cet homme-là jaloux, Lisette ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  277. Madame, on a parlé d'une lecture, et si je croyais vous déranger je me retirerais. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  278. Vous me faites un étrange compliment. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  279. Retirez-vous, Lisette, vous me déplaisez là. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  280. Pour vous, Chevalier, j'ai encore un mot à vous dire avant notre lecture ; il s'agit d'un petit éclaircissement qui ne vous regarde point, qui ne touche que moi, et je vous demande en grâce de me répondre avec la dernière naïveté sur la question que je vais vous faire. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  281. Voyons, Madame, je vous écoute. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  282. Le Comte m'aime, je viens de le savoir, et je l'ignorais. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  283. Je n'y saurais que faire, elle ne laisse pas que d'être ; il est permis aux gens de mauvaise humeur de la trouver comme ils voudront. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  284. Elle aurait dû ne vous aimer guère. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  285. Lisette vous a prié de me parler pour le Comte, vous ne l'avez point voulu. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  286. Non, je ne la suis point ; peut-on, à votre avis, répondre à l'amour d'un homme qui ne vous plaît pas ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  287. J'admire la peine que vous prenez pour me cacher vos sentiments ; vous craignez que je ne les critique, après ce que vous m'avez dit : mais non, Madame, ne vous gênez point ; je sais combien il vaut de compter avec le coeur humain, et je ne vois rien là que de fort ordinaire. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  288. Vous êtes l'homme du monde le plus estimable, quand vous voulez ; et je ne sais par quelle fatalité vous sortez aujourd'hui d'un caractère naturellement doux et raisonnable ; laissez-moi finir... (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  289. Eh bien, ce Comte qui me déplaît, vous n'avez pas voulu me parler pour lui ; Lisette s'est même imaginé vous voir un air piqué. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  290. On ne plaît pas à tout le monde ; or, comme elle a cru que vous me conveniez, elle vous a proposé ma main, comme si cela dépendait d'elle, et il est vrai que souvent je lui laisse assez de pouvoir sur moi ; vous vous êtes, dit-elle, révolté avec dédain contre la proposition. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  291. Doucement, voici ma question : avez-vous rejeté l'offre de Lisette, comme piqué de l'amour du Comte, ou comme une chose qu'on rebute ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  292. Commençons par rayer ce dernier, il est incroyable ; pour de la jalousie... (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  293. Parlez hardiment. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  294. Oui, mais, Madame, me pardonneriez-vous ce que vous haïssez tant ? (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  295. non, certes ; et pourquoi me fâcherais-je ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  296. J'aime bien mieux cela que de l'amour ; au moins, ne vous y trompez pas. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  297. moi, Madame, m'y tromper ! (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  298. ce sont ces dispositions-là dans lesquelles je vous ai vue, qui m'ont attaché à vous, vous le savez bien ; et depuis que j'ai perdu Angélique, j'oublierais presque qu'on peut aimer, si vous ne m'en parliez pas. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  299. Chevalier, vous êtes le maître de rester si ma lecture vous convient ; mais vous êtes bien triste, et je veux tâcher de me dissiper. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  300. Pour moi, Madame, je n'en suis point encore aux lectures amusantes. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  301. Que me voulez-vous ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  302. Madame vous prie de revenir, je ne lirai rien de récréatif. (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  303. Que voulez-vous dire : Madame vous prie ? (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  304. Je m'aperçois, Madame, que je faisais une impolitesse de me retirer, et je vais rester, si vous le voulez bien. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  305. Comme il vous plaira ; asseyons-nous donc. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  306. "La raison est d'un prix à qui tout cède ; c'est elle qui fait notre véritable grandeur ; on a nécessairement toutes les vertus avec elle ; enfin le plus respectable de tous les hommes, ce n'est pas le plus puissant, c'est le plus raisonnable." (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  307. Ma foi, sur ce pied-là, le plus respectable de tous les hommes a tout l'air de n'être qu'une chimère : quand je dis les hommes, j'entends tout le monde. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  308. Vous, Madame ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  309. Je ne suis point tentée de vous remercier ; poursuivons. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  310. Cela n'est pas vrai ; je n'ai jamais été plus raisonnable que depuis que j'en ai pour Angélique, et j'en ai excessivement. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  311. Si Monsieur me donnait la licence de parachever, peut-être que... (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  312. Un homme qui cite Sénèque pour garant de ce qu'il dit, ainsi que vous le verrez plus bas, folio 24, chapitre V ! (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  313. En vérité, cela me divertit plus que ma lecture : mais, Monsieur Hortensius, en voilà assez, votre livre ne plaît point au Chevalier, n'en lisons plus ; une autre fois nous serons plus heureux. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  314. C'est votre goût, Madame, qui doit décider. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  315. Par Jupiter, si je le disais, je croirais faire un blasphème littéraire. (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  316. Sénèque et son défenseur ne m'inquiètent pas, pourvu que vous ne preniez pas leur parti, Madame. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  317. Je demeurerai neutre, si la querelle continue ; car je m'imagine que vous ne voudrez pas la recommencer ; nos occupations vous ennuient, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  318. Il n'y a plus de situation qui ne me soit à charge. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  319. Je voudrais de tout mon coeur pouvoir vous calmer l'esprit. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  320. Ce que je lui entends dire là me touche ; il ne serait pas généreux de le quitter dans cet état-là. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  321. Non, Chevalier, vous ne me rebutez point ; ne cédez point à votre douleur : tantôt vous partagiez mes chagrins, vous étiez sensible à la part que je prenais aux vôtres, pourquoi n'êtes-vous plus de même ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  322. C'est cela qui me rebuterait, par exemple, car la véritable amitié veut qu'on fasse quelque chose pour elle, elle veut consoler. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  323. Je m'imaginais l'avoir trouvée, me voilà détrompé, et ce n'est pas sans qu'il en coûte à mon coeur. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  324. Peut-on de reproche plus injuste que celui que vous me faites ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  325. d'une chose que vous avez rendue nécessaire : une étourdie vient vous proposer ma main, vous y avez de la répugnance ; à la bonne heure, ce n'est point là ce qui me choque ; un homme qui a aimé Angélique peut trouver les autres femmes bien inférieures, elle a dû vous rendre les yeux très difficiles ; et d'ailleurs tout ce qu'on appelle vanité là-dessus, je n'en suis plus. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  326. Madame, je regrette Angélique, mais vous m'en auriez consolé, si vous aviez voulu. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  327. Je n'en ai point de preuve ; car cette répugnance dont je ne me plains point, fallait-il la marquer ouvertement ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  328. Représentez-vous cette action-là de sang-froid ; vous êtes galant homme, jugez-vous ; où est l'amitié dont vous parlez ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  329. Car, encore une fois, ce n'est pas de l'amour que je veux, vous le savez bien, mais l'amitié n'a-t-elle pas ses sentiments, ses délicatesses ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  330. Voilà le portrait que je m'en suis toujours fait, voilà comme je la sens, et comme vous auriez dû la sentir : il me semble que l'on n'en peut rien rabattre, et vous n'en connaissez pas les devoirs comme moi : qu'il vienne quelqu'un me proposer votre main, par exemple, et je vous apprendrai comme on répond là-dessus. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  331. Nous n'y sommes pas, ce quelqu'un n'est pas venu, et ce n'est que pour vous dire combien je vous ménagerais : cependant vous vous plaignez. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  332. Morbleu, Madame, vous m'avez parlé de répugnance, et je ne saurais vous souffrir cette idée-là. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  333. Tenez, je trancherai tout d'un coup là-dessus : si je n'aimais pas Angélique, qu'il faut bien que j'oublie, vous n'auriez qu'une chose à craindre avec moi, qui est que mon amitié ne devînt amour, et raisonnablement il n'y aurait que cela à craindre non plus ; c'est là toute la répugnance que je me connais. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  334. C'est que le Comte vous aimait, c'est que vous le souffriez ; j'étais outré de voir cet amour venir traverser un attachement qui devait faire toute ma consolation ; mon amitié n'est point compatible avec cela, ce n'est point une amitié faite comme les autres. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  335. Eh bien, voilà qui change tout, je ne me plains plus, je suis contente ; ce que vous me dites là, je l'éprouve, je le sens ; c'est là précisément l'amitié que je demande, la voilà, c'est la véritable, elle est délicate, elle est jalouse, elle a droit de l'être ; mais que ne me parliez-vous ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  336. Que n'êtes-vous venu me dire : Qu'est-ce que c'est que le Comte ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  337. Vous ne me verrez point faire d'inclination, à moi ; je n'y songe point avec vous. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  338. Vraiment je vous le défends bien, ce ne sont pas là nos conditions ; je serais jalouse aussi, moi, jalouse comme nous l'entendons. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  339. Vous, Madame ? (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  340. votre réponse à Lisette n'avait-elle pas dû me choquer ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  341. à qui en dit-on, si ce n'est aux gens qu'on aime, et qui semblent n'y pas répondre ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  342. Que vous me tranquillisez, ma chère Marquise ! (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  343. Que vous me charmez ! (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  344. Que vous me donnez de joie ! (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  345. On le prendrait pour mon amant, de la manière dont il me remercie. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  346. Ma foi, je défie un amant de vous aimer plus que je fais ; je n'aurais jamais cru que l'amitié allât si loin, cela est surprenant ; l'amour est moins vif. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  347. Non, il n'y a rien de trop ; mais il me reste une grâce à vous demander. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  348. Je crois qu'il est fâché de me voir ici, et je sais lire aussi bien que lui. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  349. On le congédiera aussi ; je veux que vous soyez content, je veux vous mettre en repos. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  350. Donnez-moi la main, je serais bien aise de me promener dans le jardin. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  351. N'est-ce pas une chose étrange, qu'un homme comme moi n'ait point de fortune ! (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  352. Quels solécismes de conduite ! (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  353. Allons, gai, camarade Docteur ; comment va la philosophie ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  354. Pourquoi me faites-vous cette question-là ? (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  355. Tenez, Monsieur, voilà de l'or que Madame m'a chargé de vous donner, moyennant quoi, comme elle prend congé de vous, vous pouvez prendre congé d'elle. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  356. Quoi, Madame me renvoie ? (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  357. Non pas, Monsieur, elle vous prie seulement de vous retirer. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  358. Et vous qui êtes honnête, vous ne refuserez rien aux prières de Madame. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  359. Et en détail, de ce que nous sommes bien aises de nous aimer en paix, en dépit de la philosophie que vous avez dans la tête. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  360. J'entends, c'est que Madame la Marquise et Monsieur le Chevalier ont de l'inclination l'un pour l'autre. (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  361. Je n'en sais rien, ce ne sont pas mes affaires. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  362. Tout coup vaille, quand ce serait de l'inclination, quand ce serait des passions, des soupirs, des flammes, et de la noce après : il n'y a rien de si gaillard ; on a un coeur, on s'en sert, cela est naturel. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  363. Adieu, touchez là, et partez ferme ; il n'y aura pas de mal à doubler le pas. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  364. Dites à Madame que je me conformerai à ses ordres. (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  365. Sans doute ; il voulait me faire des arguments. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  366. Des arguments, te dis-je ; mais je les ai fort bien repoussés avec d'autres. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  367. Des arguments ! (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  368. J'aime tout ce qui est joli, ainsi je t'aime : c'est là ce que l'on appelle un argument. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  369. J'entends quelqu'un qui vient ; je crois que c'est Monsieur_le_Comte : Madame m'a chargé d'un compliment pour lui, qui ne le réjouira pas. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  370. La Marquise le renvoie, à ce qu'il dit, parce qu'elle aime le Chevalier, et qu'elle l'épouse. (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  371. Non, Monsieur_le_Comte, je ne sais que mon amour pour Lisette : voilà toutes mes nouvelles. (Acte 3, scène 4, LUBIN)
  372. Madame la Marquise est si peu disposée à se marier, qu'elle ne veut pas même voir d'amants : elle m'a dit de vous prier de ne point vous obstiner à l'aimer. (Acte 3, scène 4, LISETTE)
  373. Mais je crois que cela revient au même. (Acte 3, scène 4, LISETTE)
  374. Que les femmes sont inconcevables ! (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  375. Le Chevalier est ici, apparemment ? (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  376. Leurs sentiments d'amitié ne permettent pas qu'ils se séparent. (Acte 3, scène 4, LUBIN)
  377. Je vais me servir d'un stratagème, qui, tout commun qu'il est, ne laisse pas souvent que de réussir. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  378. On m'a dit que vous me demandiez ; puis-je vous rendre quelque service, Monsieur ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  379. Oui, Chevalier, vous pouvez véritablement m'obliger. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  380. Je l'aime de tout mon coeur. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  381. C'est une autre affaire, et je me suis expliqué là-dessus. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  382. Je le sais, mais êtes-vous dans les mêmes sentiments ? (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  383. Ne s'agit-il point à présent d'amour, absolument ? (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  384. vous avez pourtant la mine d'un homme qui le croit. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  385. Monsieur_le_Comte, un homme d'esprit comme vous ne doit point faire de chicane sur les mots ; le oui et le non, qui ne se sont point présentés à moi, ne valent pas mieux que le langage que je vous tiens ; c'est la même chose, assurément : il y a entre la Marquise et moi une amitié et des sentiments vraiment respectables. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  386. Est-ce que vous voulez continuer d'aimer la Marquise ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  387. Parbleu, il faut quelques sentiments dans une femme. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  388. On espère ; mais une femme qui ne répond rien, comment se conduire avec elle ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  389. Non, non, Chevalier, je vous parle confidemment, à mon tour. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  390. On me disait de l'attendre. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  391. Il l'aime... (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  392. Cependant aujourd'hui elle ne veut pas me voir, j'attribue cela à ce que j'avais été quelques jours sans paraître, avant que vous arrivassiez : la Marquise est la femme de France la plus fière. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  393. Je la trouve passablement humiliée d'avoir cette fierté-là. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  394. Je vous ai prié tantôt de me raccommoder avec elle, et je vous en prie encore. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  395. Vous vous moquez, cette femme-là vous adore. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  396. ce n'est pas la peine ; il me suffit de m'en réjouir sincèrement, et je vais vous en donner des preuves qui ne seront point équivoques. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  397. Je voudrais bien vous en donner de ma reconnaissance, moi ; et si vous étiez d'humeur à accepter celle que j'imagine, ce serait alors que je serais bien sûr de vous. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  398. Parbleu, c'en est trop : faut-il que j'y renonce pour vous mettre en repos ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  399. Je n'irai point sur vos brisées, mais qu'on me trouve un parti convenable, et demain je me marie ; et qui plus est, c'est que cette Marquise, qui ne vous sort pas de l'esprit, tenez, je m'engage à la prier de la fête. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  400. Ma foi, Chevalier, vous me ravissez ; je sens bien que j'ai affaire au plus franc de tous les hommes ; vos dispositions me charment. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  401. Votre question me fait ressouvenir qu'il y a longtemps que je ne l'ai vue, et qu'il faut que vous me présentiez à elle. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  402. Vous m'avez dit cent fois qu'elle était digne d'être aimée du plus honnête homme : on l'estime, vous connaissez son bien, vous lui plairez, j'en suis sûr ; et si vous ne voulez qu'un parti convenable, en voilà un. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  403. Je crois que c'est elle qui entre, retirez-vous pour quelques moments dans ce cabinet ; vous allez voir ce qu'un rival de mon espèce est capable de faire, et vous paraîtrez quand je vous appellerai. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  404. Partez, point de remerciement, un jaloux n'en mérite point. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  405. Parbleu, Madame, je suis donc cet ami qui devait vous tenir lieu de tout : vous m'avez joué, femme que vous êtes ; mais vous allez voir combien je m'en soucie. (Acte 3, scène 7, LE CHEVALIER)
  406. De pures visions de sa part, Marquise ; mais des visions qui m'ont chagriné, parce qu'elles vous intéressent, et dont la première a d'abord été de me demander si je vous aimais. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  407. Il est bien curieux : à votre place, je n'aurais pas seulement voulu les distinguer, qu'il devine. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  408. Non pas, Marquise, il n'y avait pas moyen de jouer là-dessus, car il vous enveloppait dans ses soupçons, et vous faisait pour moi le coeur plus tendre que je ne mérite ; vous voyez bien que cela était sérieux ; il fallait une réponse décisive, aussi l'ai-je faite, et l'ai bien assuré qu'il se trompait et qu'absolument il ne s'agissait point d'amour entre nous deux, absolument. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  409. Mais croyez-vous l'avoir persuadé, et croyez-vous lui avoir dit cela d'un ton bien vrai, du ton d'un homme qui le sent ? (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  410. Comment donc, je serais très fâché, à cause de vous, que le commerce de notre amitié rendît vos sentiments équivoques ; mon attachement pour vous est trop délicat, pour profiter de l'honneur que cela me ferait ; mais j'y ai mis bon ordre, et cela par une chose tout à fait imprévue : vous connaissez sa soeur, elle est riche, très aimable, et de vos amies, même. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  411. Assez médiocrement. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  412. Dans la joie qu'il a eu de perdre ses soupçons, le Comte me l'a proposée ; et comme il y a des instants et des réflexions qui nous déterminent tout d'un coup, ma foi j'ai pris mon parti ; nous sommes d'accord, et je dois l'épouser. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  413. Ce n'est pas là tout, c'est que je me suis encore chargé de vous parler en faveur du Comte, et je vous en parle du mieux qu'il m'est possible ; vous n'aurez pas le coeur inexorable, et je ne crois pas la proposition fâcheuse. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  414. C'est que je voulais me le cacher à moi-même, et il l'ignore aussi. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  415. Point du tout, Madame, car il vous écoute. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  416. J'ai suivi les conseils du Chevalier, Madame ; permettez que mes transports vous marquent la joie où je suis. (Acte 3, scène 9, LE COMTE)
  417. Mais, Madame, achevez de me rendre le plus content de tous les hommes. (Acte 3, scène 9, LE COMTE)
  418. Vous n'en avez pas besoin, Monsieur ; j'avais promis de parler pour vous ; j'ai tenu parole, je vous laisse ensemble, je me retire. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  419. Je me meurs. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  420. Madame, il y a longtemps que mon coeur est à vous ; consentez à mon bonheur ; que cette aventure-ci vous détermine : souvent il n'en faut pas davantage. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  421. J'ai ce soir affaire chez mon notaire, je pourrais vous l'amener ici, nous y souperions avec ma soeur qui doit venir vous voir ; le Chevalier s'y trouverait ; vous verriez ce qu'il vous plairait de faire ; des articles sont bientôt passés, et ils n'engagent qu'autant qu'on veut ; ne me refusez pas, je vous en conjure. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  422. Je ne saurais vous répondre, je me sens un peu indisposée ; laissez-moi me reposer, je vous prie. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  423. Je vais toujours prendre les mesures qui pourront vous engager à m'assurer vos bontés. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  424. Les larmes me coulent des yeux ; je me sens saisie de la tristesse la plus profonde, et je ne sais pourquoi. (Acte 3, scène 11, LA MARQUISE)
  425. L'ingrat qu'il est, il se marie : l'infidélité d'un amant ne me toucherait point, celle d'un ami me désespère ; le Comte m'aime, j'ai dit qu'il ne me déplaisait pas ; mais où ai-je donc été chercher tout cela ? (Acte 3, scène 11, LA MARQUISE)
  426. Madame, je vous avertis qu'on vient de renvoyer Madame_la_Comtesse, mais elle a dit qu'elle repasserait sur le soir ; voulez-vous y être ? (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  427. Madame, vous avez l'air bien abattue ; qu'avez-vous donc ? (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  428. Lisette, on me persécute, on veut que je me marie. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  429. Au plus haïssable de tous les hommes ; à un homme que le hasard a destiné pour me faire du mal, et pour m'arracher, malgré moi, des discours que j'ai tenus, sans savoir ce que je disais. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  430. C'est lui-même. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  431. Je ne saurais te la mieux dire ; c'est le Chevalier, c'est ce misanthrope-là qui est cause de cela : il m'a fâché, le Comte en a profité, je ne sais comment ; ils veulent souper ce soir ici ; ils ont parlé de notaire, d'articles ; je les laissais dire ; le Chevalier est sorti, il se marie aussi ; le Comte lui donne sa soeur ; car il ne manquait qu'une soeur, pour achever de me déplaire, à cet homme-là... (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  432. Veux-tu que je sois la belle-soeur d'un homme qui m'est devenu insupportable ? (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  433. Car enfin, quoiqu'il me fâche, je n'ai pourtant rien à lui reprocher. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  434. Je m'y perds, Madame ; je n'y comprends plus rien. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  435. Ni moi non plus : je ne sais plus où j'en suis, je ne saurais me démêler, je me meurs ! (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  436. Mais c'est, je crois, ce maudit Chevalier qui est cause de tout cela ; et pour moi je crois que cet homme-là vous aime. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  437. Voulez-vous m'en croire, Madame ? (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  438. Laisse-moi, Lisette, tu me persécutes aussi ! (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  439. Ne me laissera-t-on jamais en repos ? (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  440. En vérité, la situation où je me trouve est bien triste ! (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  441. Votre situation, je la regarde comme une énigme. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  442. Madame, Monsieur le Chevalier, qui est dans un état à faire compassion... (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  443. je crois que son bon sens s'en va : tantôt il marche, tantôt il s'arrête ; il regarde le ciel, comme s'il ne l'avait jamais vu ; il dit un mot, il en bredouille un autre, et il m'envoie savoir si vous voulez bien qu'il vous voie. (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  444. Ne me conseilles-tu pas de le voir ? (Acte 3, scène 13, LA MARQUISE)
  445. Oui, Madame ; du ton dont vous me le demandez, je vous le conseille. (Acte 3, scène 13, LISETTE)
  446. Tout à l'heure, Madame. (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  447. Je l'ai rapporté ; ensuite, il a laissé tomber le billet en se promenant, et je l'ai ramassé sans qu'il l'ait vu, afin de vous l'apporter comme à sa bonne amie, pour voir ce qu'il a, et s'il y a quelque remède à sa peine. (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  448. Je viens prendre congé de vous, et vous dire adieu, Madame. (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  449. Ni le mien de vous quitter si tôt, assurément. (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  450. Pourquoi donc me quittez-vous ? (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  451. Marquise, que vous importe de me perdre, dès que vous épousez le Comte ? (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  452. Tenez, Chevalier, vous verrez qu'il y a encore du malentendu dans cette querelle-là : ne précipitez rien, je ne veux point que vous partiez, j'aime mieux avoir tort. (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  453. Combien nos sentiments sont différents !... (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  454. Je ne puis deviner, si vous ne me le dites. (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  455. A propos de billet, vous me faites ressouvenir que l'on m'en a apporté un quand vous êtes venu. (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  456. Et de qui est-il, Madame ? (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  457. Je devais, Madame, regretter Angélique toute ma vie ; cependant, le croiriez-vous ? (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  458. Ce que vous lisez là, Madame, me regarde-t-il ? (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  459. Il est vrai, Monsieur_le_Comte ; quand vous me disiez que j'aimais Madame, vous connaissiez mieux mon coeur que moi ; mais j'étais dans la bonne foi, et je suis sûr de vous paraître excusable. (Acte 3, scène 16, LE CHEVALIER)
  460. Et vous, Madame ? (Acte 3, scène 16, LE COMTE)
  461. Madame, il y a là-bas un notaire que le Comte a amené. (Acte 3, scène 17, LISETTE)
  462. Le retiendrons-nous, Madame ? (Acte 3, scène 17, LE CHEVALIER)
  463. Faites, je ne me mêle plus de rien. (Acte 3, scène 17, LA MARQUISE)
  464. je commence à comprendre : le Comte s'en va, le notaire reste, et vous vous mariez. (Acte 3, scène 17, LISETTE)

L'HÉRITIER DE VILLAGE (1729)

  1. Eh oui, note femme ; c'est li-même en parsonne. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  2. Voirement ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  3. noute homme, vous prenez bian de la peine de revenir ; queu libertinage ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  4. Toujours il meurt, et jamais ça n'est fait : voilà deux ou trois fois qu'il lantarne. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  5. Le pauvre homme a pris sa secousse. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. Comment, pis ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  7. T'as raison, femme ; il aimait trop l'usure et l'avarice ; il se plaignait trop le vivre, et j'ons opinion que cela l'a tué. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  8. Pourquoi donc, Nicodème ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  9. Pour ce garçon qui apporte mon paquet depis la voiture jusqu'à cheux nous, pendant que je marchais tout bellement et à mon aise. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  10. Bian noblement. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  11. Tout comme ça. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  12. Un homme de votre étoffe ! (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  13. Et où est la grandeur d'âme ? (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  14. Allons, femme, boute un sol de plus, comme s'il en pleuvait. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  15. Mon homme est devenu fou. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  16. Femme, cent mille francs ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  17. C'est que Monsieur Blaise m'a dit, par les chemins, qu'il avait hérité d'autant de son frère le mercier. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  18. Oui, Madame, ça est çartain. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  19. Doucement, soyons civils envers nos parsonnes. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  20. Je leur ons quasiment parlé ; j'ons été chez le maltôtier qui les avait de mon frère, et qui les fait aller et venir pour notre profit, et je les ons laissés là : car, par le moyen de son tricotage, ils rapportont encore d'autres écus ; et ces autres écus, qui venont de la manigance, engendront d'autres petits magots d'argent qu'il boutra avec le grand magot, qui, par ce moyen, devianra ancore pus grand ; et j'apportons le papier comme quoi ce monciau du petit et du grand m'appartiant, et comme quoi il me fera délivrance, à ma volonté, du principal et de la rente de tout ça, dont il a été parlé dans le papier qui en rend témoignage en la présence de mon procureur, qui m'assistait pour agencer l'affaire. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  21. Ah mon homme, tu me ravis l'âme : ça m'attendrit. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  22. Boute, boute donc, femme. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  23. Je vous rends grâces, Madame. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  24. Madame ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  25. Vois-tu comme il te porte respect ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  26. Voulez-vous me sarvir, mon ami, et avez-vous sarvi de gros seigneurs ? (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  27. Laissez-moi faire, Monsieur ; je suis admirable pour élever une fille ; je sais lire et écrire dans le latin, dans le français, je chante gros comme un orgue, je fais des compliments ; d'ailleurs, je verse à boire comme un robinet de fontaine, j'ai des perfections charmantes. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  28. J'allais à mon village voir ma soeur ; mais si vous me prenez, je lui ferai mes excuses par lettre. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  29. C'est comme un colombier ; çà, allons, mon ami, c'est marché fait ; tenez, velà noute maison, allez-vous-en dire à nos enfants de venir. Si vous ne les trouvez pas, vous irez les charcher là où ils sont, stapendant que je convarserons moi et noute femme. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  30. C'est bian dit, mon homme, faut jouir. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  31. Ce n'est pas le tout que de jouir, femme : faut avoir de belles manières. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  32. Certainement, et il n'y a d'abord qu'à m'habiller de brocard, acheter des jouyaux et un collier de parles : tu feras pour toi à l'avenant. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  33. Je dis tant seulement que c'est le marchand et le tailleur qui baillont tout cela ; mais c'est l'honneur, la fiarté et l'esprit qui baillont le reste. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  34. Ça suffit ; mais je ne parle point de cet honneur de conscience, et ceti-là, tu te contenteras de l'avoir en secret dans l'âme ; là, t'en auras biaucoup sans en montrer tant. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  35. Comment, sans en montrer tant ! (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  36. Eh morgué, tu ne m'entends point : c'est que je veux dire qu'il ne faut faire semblant de rian, qu'il faut se conduire à l'aise, avoir une vartu négligente, se parmettre un maintien commode, qui ne soit point malhonnête, qui ne soit point honnête non plus, de ça qui va comme il peut ; entendre tout, repartir à tout, badiner de tout. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  37. Savoir queu badinage on me fera. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  38. Tians, par exemple, prends que je ne sois pas ton homme, et que t'es la femme d'un autre ; je te connais, je vians à toi, et je batifole dans le discours ; je te dis que t'es agriable, que je veux être ton amoureux, que je te conseille de m'aimer, que c'est le plaisir, que c'est la mode : Madame par-ci, Madame par-là ; ou êtes trop belle ; qu'est-ce qu'ou en voulez faire ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  39. Prenez avis, vos yeux me tracassent, je vous le dis ; qu'en sera-t-il ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  40. Et pis des petits mots charmants, des pointes d'esprit, de la malice dans l'oeil, des singeries de visage, des transportements ; et pis : Madame, il n'y a, morgué, pas moyen de durer ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  41. Et pis je m'avance, et pis je plante mes yeux sur ta face, je te prends une main, queuquefois deux, je te sarre, je m'agenouille ; que repars-tu à ça ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  42. Mais vraiment, je te repousse dans l'estomac, d'abord. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  43. Ensuite je devians rouge, et je te dis pour qui tu me prends ; je t'appelle un impartinant, un vaurian : Ne m'attaque jamais, ce fais-je, en te montrant les poings, ne vians pas envars moi, car je ne sis pas aisiée, vois-tu bian ; n'y a rien à faire ici pour toi, va-t'en, tu n'es qu'un bélître. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  44. Nous velà tout juste ; velà comme ça se pratique dans noute village ; cet honneur-là qui est tout d'une pièce, est fait pour les champs ; mais à la ville, ça ne vaut pas le diable, tu passerais pour un je ne sais qui. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  45. Oh je vais te bailler le régime de tout ça. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  46. Quian, quand quelqu'un te dira : Je vous aime bian, Madame. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  47. Velà comme tu feras, ou bian, joliment : ça vous plaît à dire. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  48. Tope, aimez-moi. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  49. S'il t'attrape queuque baiser sur le chignon, voire sur la face, il n'y aura point de mal à ça ; attrape qui peut, c'est autant de pris, ça ne te regarde point ; ça viant jusqu'à toi, mais ça te passe ; qu'il te lorgne tant qu'il voudra, ça aide à passer le temps ; car, comme je te dis, la vartu du biau monde n'est point hargneuse ; c'est une vartu douce que la politesse a bouté à se faire à tout ; alle est folichonne, alle a le mot pour rire, sans façon, point considérante ; alle ne donne rian, mais ce qu'on li vole, alle ne court pas après. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  50. Velà l'arrangement de tout ça, velà ton devoir de Madame, quand tu le seras. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  51. Mais mon homme, que dira-t-il ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  52. Je te varrions un régiment de galants à l'entour de toi, que je sis obligé de passer mon chemin, c'est mon savoir-vivre que ça, li aura trop de froidure entre nous. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  53. Blaise, cette froidure me chiffonne ; ça ne vaut rian en ménage ; je sis d'avis que je nous aimions bian au contraire. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  54. Nous aimer, femme ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  55. Il faut bian s'en garder ; vraiment, ça jetterait un biau coton dans le monde! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  56. Blaise, comme tu fais ! (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  57. Et qui est-ce qui m'aimera donc moi ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  58. Mais quand je ne serons que tous deux, est-ce que tu me haïras ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  59. Non ; je pense qu'il n'y a pas d'obligation à ça ; stapendant je nous en informerons pour être pus sûrs ; mais il y a une autre bagatelle qui est encore pour le bon air ; c'est que j'aurons une maîtresse qui sera queuque chiffon de femme, qui sera bian laide et bian sotte, qui ne m'aimera point, que je n'aimerai point non pus ; qui me fera des niches, mais qui me coûtera biaucoup, et qui ne vaura guère, et c'est là le plaisir. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  60. Et moi, combian me coûtera un galant ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  61. Car c'est mon devoir d'honnête madame d'en avoir un itou, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  62. Oui, trente à l'entour de moi, à cause de ma vartu commode ; mais ne me faut-il pas un galant à demeure ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  63. T'as raison, femme ; je pense itou que c'est de la belle manière, ça se pratique ; mais ce chapitre-là ne me reviant pas. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  64. Mon homme, si je n'ons pas un amoureux, ça nous fera tort, mon ami. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  65. Je n'avons pas l'esprit assez farme pour te parmettre ça, je ne sommes pas encore assez naturisé gros monsieur ; tian, passe-toi de galant, je me passerai d'amoureuse. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  66. Velà noute Dame et son cousin le Chevalier qui se promènent ; je vais quitter la farme de sa cousine ; s'ils t'accostent, tians ton rang, fais-toi rendre la révérence qui t'appartient, je vais revenir. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  67. Si le fiscal à qui je devais de l'argent arrive, dis-li qu'il me parle. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  68. Promenons-nous itou, pour voir ce qu'ils me diront. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  69. Je suis de votre goût, Madame ; j'aime Paris, c'est le salut du galant homme ; mais il fait cher vivre à l'auberge. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  70. Feu Monsieur Damis ne m'a laissé qu'un bien assez en désordre ; j'ai besoin de beaucoup d'économie, et le séjour de Paris me ruinerait ; mais je ne le regrette pas beaucoup, car je ne le connais guère. (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  71. Avec votre parmission, à qui parlez-vous donc, Madame ? (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  72. Comment me répondez-vous ? (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  73. Eh eh eh, comme il ricane ! (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  74. Cousine, pensez-vous qu'elle me raille ? (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  75. Boutez-vous à votre devoir, honorez ma parsonne, traitez-moi de Madame, demandez-moi comment se porte ma santé, mettez au bout queuque coup de chapiau, et pis vous varrais. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  76. Allons, commencez. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  77. Voulez-vous que je la complimente ? (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  78. Arrêtez la langue d'une femme ? (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  79. Son mari me fera raison de son insolence. (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  80. J'avons le bel air, nous, de ne nous voir quasiment pas. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  81. Je t'aime mieux folle que raisonnable. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  82. Ceti là vaut trop ; ils font envars moi ce que j'ons fait envers mon homme, ils me croyont le çarviau parclus ; ne leur disons rian ; velà Blaise qui viant. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  83. Maître Blaise, expliquez-nous un peu le procédé de votre femme. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  84. Elle ne me répond que des impertinences. (Acte 1, scène 4, MADAME DAMIS)
  85. Prenez un brin de patience, Madame, comportez-vous doucement. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  86. J'examine Blaise ; sa femme est folle, je le crois à l'unisson. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  87. Ah çà, vous dites comme ça, Madame, que Madame vous a dit des impartinences. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  88. Pour réponse à ça, je vous dirai d'abord que ça se peut bian ; mais je ne m'en embarrasse point ; car je n'y prends ni n'y mets ; je ne nous mêlons point du tracas de Madame. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  89. En fin finale, accommodez-vous, Mesdames. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  90. Voyons les enfants ; je les crois uniformes. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  91. Parlez ferme. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  92. Allez-y voir ; vous n'avez rien à me commander. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  93. Partout le même timbre ! (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  94. Je chante de même ; c'est moi qui suis le précepteur de la famille. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  95. Madame Damis, acoutez-moi ; tout ceci vous renvarse la çarvelle, c'est pis qu'une égnime pour vous et voute cousin. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  96. De cette égnime en veci la clef et la sarrure. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  97. Le galant homme dit vrai, cousine ; je connais ce Rapin et sa signature ; voilà cent mille francs, c'est comme s'il en tenait le coffre ; je les honore beaucoup, et cela change la thèse. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  98. Quant à Messieurs vos enfants, je les aime ; le joli cavalier ! (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  99. Allons, enfants, tirez le pied, faites voute révérence avec un petit compliment de rencontre. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  100. Vous vous moquez, vous êtes trop modestes, et si vous me fâchez, je vous compare aux astres tous tant que vous êtes. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  101. Femme, entends-tu ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  102. Quant à Madame, je la supplie seulement de me recevoir au nombre de ses amis, tout dangereux qu'il est d'obtenir cette grâce ; car je n'en fais point le fin, elle possède un embonpoint, une majesté, un massif d'agréments, qu'il est difficile de voir innocemment. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  103. Me l'accorderez-vous, belle personne ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  104. Ne me refusez pas, je vous prie. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  105. Allons, Madame Damis, avancez ; j'ai mesuré le terrain : à vous le reste. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  106. Ne résistez point, j'ai mon dessein ; lâchez-lui le titre de Madame. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  107. Boutez dedans, Madame, boutez ; je ne sis point fâchée. (Acte 1, scène 4, CLAUDINE)
  108. Ni moi non plus, Madame Claudine ; je suis ravie de votre fortune, et je vous accorde mon amitié. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  109. Je vous gratifions de la même, et je vous désirons bonne chance. (Acte 1, scène 4, CLAUDINE)
  110. Mettez une accolade brochant sur le tout, je vous prie. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  111. Je vous parmettons de le dire tout haut. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  112. Et moi itou ; mais, Monsieur le Chevalier, où est mon compliment à moi, qui suis le docteur de la maison ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  113. Grand merci de la gasconnade. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  114. Cette canaille a cent mille francs ; vous êtes veuve, je suis garçon ; voici un fils, voilà une fille ; vous n'êtes pas riche, mes finances sont modestes : les légitimes de la Garonne, vous les connaissez ; proposons d'épouser. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  115. Regardons le tout comme une intrigue pastorale ; le mariage sera la fin d'une églogue. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  116. Il est vrai que vous êtes noble ; moi, je le suis depuis le premier homme ; mais les premiers hommes étaient pasteurs ; prenez donc le pastoureau, et moi la pastourelle. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  117. Colin est jeune, et sa jeunesse ne vous messiéra pas. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  118. Chevalier, l'idée me paraît assez sensée ; mais la démarche est humiliante. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  119. Monsieur et Madame Blaise, si ces aimables enfants voulaient se promener un petit tour à l'écart, je vous ouvrirais une pensée qui me paraît piquante. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  120. Revenons à nos moutons ; vous savez qui je suis, vous me connaissez depuis longtemps. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  121. J'ai l'honneur d'être gentilhomme, estimé, personne n'en doute ; je suis dans les troupes, je ferai mon chemin, sandis ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  122. Et rapidement, cela s'ensuit. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  123. Je n'ai qu'un aîné, le baron de Lydas, un seigneur languissant, un casanier incommodé du poumon ; il faut qu'il meure, et point de lignée ; j'aurai son bien, cela est net. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  124. D'un autre côté, voilà Madame Damis, veuve de qualité, jeune et charmante ; ses facultés, vous les savez ; bonne seigneurie, grand château, ancien comme le temps, un peu délabré, mais on le maçonne. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  125. Or, elle vient de jeter sur Monsieur Colin un regard, que si le défunt en avait vu la friponnerie, je lui en donnais pour dix ans de tremblement de coeur ; ce regard, vous l'entendez, camarade ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  126. Oh dame ! (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  127. Il n'y pas de mal à ça, Madame, ça est grandement naturel. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  128. Pour ça, faut avouer que Colin est biau ; n'en dit partout qu'il me ressemble. (Acte 1, scène 5, CLAUDINE)
  129. Oui, oui, Madame est prou gentille, mais je ne voyons rian de ça, moi, car ce n'est que ma femme ; poursuivez. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  130. Je vous disais donc que Madame a regardé Monsieur Colin, qu'elle le parcourait en le regardant, et semblait dire : Que n'êtes-vous à moi, le petit homme ; que vous seriez bien mon fait ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  131. Là-dessus je me suis mis à regarder Mademoiselle Colette ; la demoiselle en même temps a tourné les yeux dessus moi ; tourner les yeux dessus quelqu'un, rien n'est plus simple, ce semble ; cependant du tournement d'yeux dont je parle, de la beauté dont ils étaient, de ses charmes et de sa douceur, de l'émotion que j'ai sentie, ne m'en demandez point de nouvelles, voyez-vous, l'expression me manque, je n'y comprends rien. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  132. Ça est merveilleux ; mais voyez donc cette petite masque! (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  133. Oui, pour qui les porte, j'en conviens ; mais qui les voit en paie la façon, et je me serais bien passé que Monsieur Blaise eût donné copie des siens à sa fille. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  134. Pardi tenez, j'avons quasi regret d'avoir comme ça baillé note mine à nos enfants, pisque ça vous tracasse. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  135. Homme d'honneur, ce que vous dites est touchant ; mais il est un moyen. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  136. Le titre de votre gendre me sortirait d'embarras, par exemple ; et moyennant le nom de bru, la cousine guérirait. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  137. Madame, êtes-vous d'avis que nous les guarissions ? (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  138. Belle-mère, ne bronchez pas ; je me retiens pour votre fille. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  139. Oh bian je nous accordons à tout, pourveu que Madame n'aille pas dire que ce mariage n'est pas de niviau avec elle. (Acte 1, scène 5, CLAUDINE)
  140. Cousine, répondez ; faites voir la modestie de vos sentiments. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  141. Puisque vous avez découvert ce que je pensais, je n'en ferai plus de mystère ; je souscris à tout ce que vous ferez, on sera content de mes manières. (Acte 1, scène 5, MADAME-DAMIS)
  142. Madame Claudine, menez-les boire cheux nous, et dites à noute laquais qu'il arrive pour me parler ; je l'attends ici. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  143. Parlons un peu seul ; car à cette heure que je sis du biau monde, faut avoir de grandes réflexions à cause de mes grandes affaires. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  144. Allons, rêvons donc, tout en nous promenant. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  145. Mais il y a une bonne coutume ; an emprunte aux marchands et an ne les paie point ; ça soutient un ménage. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  146. Soit, Monsieur Blaise, je me réjouis de votre aventure ; vos enfants viennent de me l'apprendre ; je vous en fais compliment, et je vous prie en même temps de me donner les cinquante francs que vous me devez depuis un mois. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  147. Ça est vrai, je reconnais la dette ; mais je ne saurais la payer, ça me serait reproché. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  148. Comment ! (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  149. Vous ne sauriez me payer ? (Acte 1, scène 7, LE FISCAL)
  150. Parce que ça n'est pas daigne d'une parsonne de ma compétence ; ça me tournerait à confusion. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  151. Eh bian oui, je ne vais pas à l'encontre ; vous me l'avez baillé, je l'ons reçu, je vous le dois ; je vous ai baillé mon écrit, vous n'avez qu'à le garder ; venez de jour à autre me demander votre dû, je ne l'empêche point ; je vous remettrons, et pis vous revianrez, et pis je vous remettrons, et par ainsi de remise en remise le temps se passera honnêtement ; velà comme ça se fait. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  152. Voulez-vous que je me parde de réputation pour cinquante chétifs francs ? (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  153. Il m'est bian parmis d'en bailler en emprunt, ça se pratique ; mais en paiement, ça ne se peut pas. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  154. Effectivement le privilège est noble, et d'ailleurs il vous convient mieux qu'à un autre ; car j'ai toujours remarqué que vous êtes naturellement généreux. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  155. Vous me plaisez. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  156. Je ne vous parlerai plus de ce que vous me devez. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  157. Comme vous voudrez ; je satisferai là-dessus à la dignité de votre nouvelle condition ; et vous me paierez quand il vous plaira. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  158. Mais vous avez l'âme belle, et j'ai une grâce à vous demander, laquelle est de vouloir bien me prêter cinquante francs. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  159. Je suis honnête homme ; voici votre billet que je déchire, me voilà payé. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  160. Ce n'est pas comme ça qu'on triche l'honneur des gens de ma sorte ; c'est un affront. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  161. Ah, ah, ah, l'original homme, avec ses mérites qui ne lui coûteront rien ! (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  162. Il m'a vilainement attrapé là ; mais je li revaudrai. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  163. Il me plaît que vous bailliez une petite leçon de bonne manière à nos enfants : dressez-les un petit brin selon leur qualité, à celle fin qu'ils puissent tantôt batifoler à la grandeur, suivant les balivarnes du biau monde ; vous ferez bian ça ? (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  164. Oh oh velà qui est bon ; j'aime le mariage, moi ; et je serai l'homme de qui ? (Acte 1, scène 8, COLIN)
  165. De Madame Damis. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  166. Et moi, mon bon Monsieur, qui est-ce qui me prend ? (Acte 1, scène 8, COLETTE)
  167. Commencez la leçon et faites vite. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  168. Laissez-moi me recueillir un moment. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  169. N'importe, je me souviens d'avoir vu faire l'amour, j'entendis quelques paroles, en voilà assez. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  170. Comme ainsi soit qu'il n'est rien de si beau que les similitudes, commençons doctement par là. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  171. Oui, Monsieur, me voilà ! (Acte 1, scène 9, COLETTE)
  172. Car il ne faut pas tant de priambule ; et c'est ce qui fait d'abord que je vous veux pour femme. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  173. Je dis qu'il en arrivera ce qu'il pourra ; mais que voute discours me hausse la couleur, parce que je n'avons pas la coutume d'entendre prononcer les choses que vous mettez en avant. (Acte 1, scène 9, COLETTE)
  174. Ça est vrai, Mademoiselle ; mais vous serez pus accoutumée à la seconde fois qu'à la première, et de fois en fois vous vous y accoutumerez tout à fait. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  175. J'aperçois quelque chose de rustique dans les dernières lignes de votre compliment. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  176. Je ne dirai pas que vous serez ma femme ; mais ça n'empêchera pas que je ne sois votre homme. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  177. Laissons tout cela ; tenez je m'en vas, je n'aime pas à être à l'école ; je parlerai à l'aventure ; laissez venir Madame Damis ; pisqu'alle est veuve, alle me fera mieux ma leçon que vous. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  178. Premièrement, je crois qu'il a raison, quand il vous appelle une mijaurée. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  179. Il n'y a qu'à dire, je serai pus hardie ; car je me retians à cette heure-ci. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  180. Tenez, ce n'était que mon frère qui m'en contait, dame ! (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  181. Mais, Monsieur le Chevalier, c'est une autre histoire ; sa mine me plaît ; vous varrez, vous varrez comme ça me démène le coeur. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  182. Voulez-vous que je lui dise que je l'aime ? (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  183. Ça me fera biaucoup de plaisir. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  184. Comme elle y va ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  185. Mais je ne conclus plus rien ; j'ajouterai seulement ce qui s'ensuit. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  186. Ma chère Demoiselle, quel tas de charmes ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  187. Que d'agréments ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  188. Votre personne en fourmille, ils ne savent où se mettre... (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  189. Souriez mignardement là-dessus. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  190. Regardez-moi honteusement, du coin de l'oeil, à présent. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  191. Comme ça ? (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  192. Vous me lorgnez d'une manière qui me transporte. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  193. Est-ce que vous m'aimeriez ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  194. Après ce soupir-là il deviendra fou, il ne dira plus que des extravagances ; quand vous verrez cela, vous vous rendrez, vous lui direz : je vous aime. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  195. Tenez, tenez, le velà qui viant ; je parie qu'il va me faire repasser ma leçon. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  196. Dame ! (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  197. Je sais où il faut me rendre, à cette heure. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  198. Adieu donc ; je vous mets la bride sur le cou. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  199. Je crois que mon coeur a cru que je parlais sérieusement. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  200. Mettez-vous en chemin ; je vous promets le plus beau temps du monde. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  201. J'ai perdu mon coeur, une charmante personne me l'a pris, cela m'inquiète, et je viens lui demander ce qu'elle en veut faire. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  202. Monsieur, pour ce qui est de votre coeur, je ne l'avons pas vu ; si vous me disiez la parsonne qui l'a prins, on varrait ça. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  203. Monsieur, c'est pourtant mes yeux que je porte, je n'empruntons ceux-là de parsonne. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  204. Dame ! (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  205. Me le rendre ! (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  206. Comment ferai-je donc ? (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  207. Ne vous effrayez point ; sans crier au meurtre, je trouve un expédient ; vous m'avez maltraité le coeur, faites les frais de sa guérison ; j'attendrai, je suis accommodant, le vôtre me servira de nantissement, je m'en contente. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  208. Une légion de coeurs, si je vous les donnais, ne paierait pas cette expression affectueuse ; mais achevez ; vous êtes naïve, développez-vous sans façon, dites le vrai ; vous m'aimez ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  209. Je me mettrais à genoux devant ces paroles, je les savoure, elles fondent comme le miel ; mais donc quand sera-t-il temps de tout dire ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  210. Faites donc vite, car il me prend. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  211. Vous me demandez mon coeur ; mais il est tout neuf ; et le vôtre a peut-être sarvi. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  212. Je crois que voici l'endroit de le regarder tendrement. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  213. Je vous entends, mon âme, ce regard-là décide ; je triomphe, je suis vainqueur ; mais faites doucement, la victoire m'étourdit, je m'égare, la tête me tourne ; ménagez-moi, je vous prie. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  214. Velà qui est fait, il est fou, ça doit me gagner, faut que je parle. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  215. Pour ça, oui, vous me plaisez ; n'y a que faire de patarafe à ça. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  216. Vous me ravissez sans me surprendre ; mais voici Madame Damis et le beau-frère ; nos affaires sont faites ; ils viennent convenir des leurs. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  217. Monsieur Colin, vous aime-t-on ? (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  218. Je sommes ici pour voir ça. (Acte 1, scène 13, COLIN)
  219. Madame, il est vrai que l'honneur de voir voute biauté est une chose si admirable, que par rapport à noute mariage, dont ce que j'en dis n'est pas que j'en parle car mon amitié dont je ne dis mot ; mais..., morgué tenez, je m'embarbouille dans mon compliment, parlons à la franquette ; il n'y a que les mots qui faisont les paroles. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  220. J'allons être mariés ensemble, ça me réjouit ; ça vous rend-il gaillarde ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  221. Je sommes tout à fait drôle ; quand je ris, c'est de bon coeur ; quand je chante, c'est pis qu'un marle, et de chansons j'en savons plein un boissiau ; c'est toujours moi qui mène le branle, et pis je saute comme un cabri ; et boute et t'en auras, toujours le pied en l'air ; n'y a que moi qui tiant, hors Mathuraine, da, qui est aussi une sauteuse, haute comme une parche. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  222. C'est une bonne criature, et moi aussi ; tenez, je prends le temps comme il viant, et l'argent pour ce qu'il vaut. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  223. Je sis riche, ous êtes belle, je vous aime bian, tout ça rime ensemble ; comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  224. L'appétit ne me manque pas, toujours ; c'est le principal ; et pis cette éducation, à quoi ça sart-il ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  225. Est-ce qu'on en aime mieux ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  226. Je crois que vous m'aimerez ; mais écoutez, Colin ; il faudra vous conformer un peu à ce que je vous dirai ; j'ai de l'éducation, moi, et je vous mettrai au fait de bien des choses. (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  227. C'est comme qui dirait beaucoup ; mais c'est que la confusion vous rend le coeur chiche ; baillez-moi votre main que je la baise ; ça vous mettra pus en train. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  228. Doucement, Colin, vous passez les bornes de la bienséance. (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  229. Dame ! (Acte 1, scène 14, COLIN)
  230. Velà une belle bagatelle voirement vous en varrez bian d'autres. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  231. Eh bien mes amis, êtes-vous tous d'accord ? (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  232. Alle me trouve gaillard, et alle dit qu'alle est bian contente ; mais velà des violoneux. (Acte 1, scène 15, COLIN)
  233. Oui, c'est une petite politesse que je faisons à ma bru, comme un reste de collation. (Acte 1, scène 15, BLAISE)
  234. J'ai cru devoir vous avertir que Monsieur Rapin fit hier banqueroute, et que l'état dans lequel il laisse ses affaires fait juger qu'il passe en pays étranger ; il doit à plusieurs personnes, et ne laisse pas un sol ; j'ai pris toutes les mesures convenables en pareil cas, j'y suis intéressé moi-même ; mais je ne vois nulle espérance. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  235. Blaise, mon ami, il ne me reste plus qu'à vous répéter ce que le procureur a mis au bas de sa missive : et suis... (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  236. Car les articles de notre contrat sont passés en pays étranger ; actuellement ils courent la poste. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  237. Velà donc cet homme qui me voulait bailler tout un régiment de coeurs ! (Acte 1, scène 15, COLETTE)
  238. Le régiment, le banqueroutier le réforme, il emporte la caisse. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  239. Bonsoir, la cousine ; adieu, le cousin ; mes compliments à vos aïeux, à cause du bon sens qu'ils vous ont laissé. (Acte 1, scène 15, ARLEQUIN)
  240. C'est une accordée de pardue ; tu me quittes, je te quitte, et vive la joie ! (Acte 1, scène 15, COLIN)
  241. Femme, à quoi penses-tu ? (Acte 1, scène 15, BLAISE)

L'ÃŽLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES (1727)

  1. Parbleu, Chevalier, je suis charmé de te trouver ici, nous causerons ensemble, en attendant que la comédie commence. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  2. Sur quoi le présumes-tu ? (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  3. Parbleu, cela s'appelle les Petits Hommes ; et apparemment que ce sont les petits hommes du livre anglais. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  4. Mais, il ne faut avoir vu qu'un nain pour avoir l'idée des petits hommes, sans le secours de son livre. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  5. Sérieusement, tu crois qu'il n'y est pas question de Gulliver ? (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  6. Il est très douteux qu'il s'en agisse ; et franchement, à ta place, je ne voudrais point du tout m'exposer à ce doute-là : je ne m'y fierais pas, car cela est très désagréable, et je partirais sur-le-champ. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Ma foi, crois-moi, ce n'est pas là notre fort : pour de l'esprit, nous en avons à ne savoir qu'en faire ; nous en mettons partout, mais de jugement, de réflexion, de flegme, de sagesse, en un mot, de cela. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  8. Comment donc ! (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. Il faut avoir bien du jugement pour sentir que nous n'en avons point. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  10. Ma foi, cela ne me coûte rien, et tu as raison ; un étranger se fâcherait : et je vois bien que nous sommes naturellement philosophes. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  11. Nous voilà d'accord ; et pour achever de te prouver notre raison, va-t'en, par exemple ; chez une autre nation lui exposer ses ridicules, et y donner hautement la préférence à la tienne : elle ne sera pas assez forte pour soutenir cela, on te jettera par les fenêtres. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  12. Ici tu verras tout un peuple rire, battre des mains, applaudir à un spectacle où on se moque de lui, en le mettant bien au-dessous d'une autre nation qu'on lui compare. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  13. Effectivement cela nous fait honneur, c'est que notre orgueil entend raillerie. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  14. Leur badinage n'est pas de commerce ; il y a quelque chose de rude, de violent, d'étranger à la véritable joie ; leur raison est sans complaisance, il lui manque cette douceur que nous avons, et qui invite ceux qui ne sont pas raisonnables à le devenir : chez eux, tout est sérieux, tout y est grave, tout y est pris à la lettre : on dirait qu'il n'y a pas encore assez longtemps qu'ils sont ensemble ; les autres hommes ne sont pas encore leurs frères, ils les regardent comme d'autres créatures. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  15. Et nous, tout cela nous amuse, tout est bien venu parmi nous ; nous sommes les originaires de tous pays : chez nous le fou y divertit le sage, le sage y corrige le fou sans le rebuter. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  16. Nous sommes les hommes du monde qui avons le plus compté avec l'humanité. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  17. Nous en convenons, nous l'aidons à les trouver, nous lui en apprenons qu'il ne sait pas ; nous nous critiquons même par galanterie pour lui, ou par égard à sa faiblesse. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  18. Nous ne sommes plus chez nos quand il y est ; il faut presque échapper à ses yeux, quand nous sommes chez lui. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  19. Saluons la Comtesse, qui arrive avec tous ses agréments. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  20. Bonjour, Chevalier ; êtes-vous venu avec des dames ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  21. Non, Madame, et nous n'avons fait que nous rencontrer tous deux. (Prologue, scène 2, LE MARQUIS)
  22. J'ai préféré la comédie à la promenade où l'on voulait m'emmener : et Monsieur a bien voulu me tenir compagnie. (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  23. Je suis curieuse de toutes les nouveautés : comment appelle-t-on celle qu'on va jouer ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  24. Les Petits Hommes, Madame. (Prologue, scène 2, LE CHEVALIER)
  25. Les Petits Hommes ! (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  26. Qu'est-ce que c'est que des petits hommes ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  27. Toutes les dames disent que cela ne promet rien. (Prologue, scène 2, LE MARQUIS)
  28. Assurément, le titre est rebutant ; qu'en dites-vous, Monsieur le Conseiller ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  29. Les Petits Hommes, Madame ! (Prologue, scène 2, LE-CONSEILLER)
  30. Ce sera peut-être comme dans Gulliver ; ils y sont si jolis ! (Prologue, scène 2, LE CONSEILLER)
  31. Il y a là un grand homme qui les met dans sa poche ou sur le bout du doigt, et qui en porte cinquante ou soixante sur lui ; cela me réjouirait fort. (Prologue, scène 2, LE CONSEILLER)
  32. Voulez-vous bien nous dire ce que c'est que vos Petits Hommes ? (Prologue, scène 3, LA COMTESSE)
  33. Dans la fiction, Madame. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  34. Je me suis bien douté qu'ils n'étaient pas réellement petits. (Prologue, scène 3, LE-CONSEILLER)
  35. Et d'ailleurs, ne suppose-t-on pas sur le théâtre qu'un homme ou une femme deviennent invisibles par le moyen d'une ceinture ? (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  36. Et ici on suppose, pour quelque temps seulement, qu'il y a des hommes plus petits que d'autres. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  37. Mais comment fonder cela ? (Prologue, scène 3, LA COMTESSE)
  38. Vous deviez changer votre titre à cause des dames. (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  39. Nous ne voulions point vous tromper ; nous vous disons ce que c'est, et vous êtes venus sur l'affiche qui vous promet des petits hommes ; d'ailleurs, nous avons mis aussi l'Ile de la Raison. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  40. Madame, vous allez voir de quoi il s'agit. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  41. Si cette comédie peut vous faire quelque plaisir, ce serait vous l'ôter que de vous en faire le détail : nous vous prions seulement de vouloir bien vous y prêter. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  42. On va commencer dans un moment. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  43. Pour moi, je verrai vos hommes tout aussi petits qu'il vous plaira. (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  44. Tenez, petites créatures, mettez-vous là en attendant que le gouverneur vienne vous voir : vous n'êtes plus à moi ; je vous ai donné à lui, adieu ; je vous reverrai encore, avant de m'en retourner chez moi. (Acte 1, scène 1, L'INSULAIRE)
  45. Mais, Messieurs, depuis six mois que nous avons été pris par cet insulaire qui vient de nous mettre ici, que vous est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  46. Car il nous avait séparés, quoique nous fussions dans la même maison. (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  47. Vous a-t-il regardé comme des créatures raisonnables, comme des hommes ? (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  48. Quant à ce qui est de moi, noute geoulier, sa femme et ses enfants, ils me regardiont tous ni plus ni moins comme un animal. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  49. Ils m'appeliont noute ami quatre pattes ; ils preniont mes mains pour des pattes de devant, et mes pieds pour celles de darrière. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  50. Ils ne me prenaient point non plus pour une fille. (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  51. Pour moi, j'ai été entre les mains de deux insulaires qui voulaient d'abord m'apprendre à parler comme on le fait aux perroquets. (Acte 1, scène 2, LE COURTISAN)
  52. Ils ont commencé aussi par mé siffler, moi. (Acte 1, scène 2, FONTIGNAC)
  53. Avant que j'abordissions ici, comment étais-je fait ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  54. N'étais-je pas gros comme un tonniau, et droit comme une parche ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  55. Je me sens d'un rapetissement, d'une corpusculence si chiche, je sis si diminué, si chu, que je prenrais de bon coeur une lantarne pour me charcher. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  56. Je vois bian que vous êtes aplatis itou ; mais me voyez-vous comme je vous vois, vous autres ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  57. Et moi, Fontignac, suis-je aussi petit qu'il me paraît que je le suis devenu ? (Acte 1, scène 2, LE COURTISAN)
  58. Monsieur, bous êtes mon maîtré, hommé de cour et grand seigneur ; bous mé démandez cé qué bous êtes ; mais jé né bous bois pas ; mettez-bous dans un microscope. (Acte 1, scène 2, FONTIGNAC)
  59. La mort vaudrait mieux que l'état où nous sommes. (Acte 1, scène 2, LE COURTISAN)
  60. Ma foi, ma parsonne est bian diminuée ; mais j'aime encore mieux le petit morciau qui m'en reste, que de n'en avoir rian du tout : mais tenez, velà apparemment le gouverneux d'ici qui nous lorgne avec une leunette. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  61. Vous me montrez là quelque chose de bien extraordinaire : il n'y a assurément rien de pareil dans le monde. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  62. Et cependant ces petits animaux ont parfaitement la figure d'homme, et même à peu près nos gestes et notre façon de regarder. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  63. En vérité, puisque vous me les donnez, je les accepte avec plaisir. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  64. Mon père, je me charge de cette petite femelle-ci, car je la crois telle. (Acte 1, scène 3, PARMENÈS)
  65. Madame, n'abusez point de l'état où je suis. (Acte 1, scène 3, LE COURTISAN)
  66. Mon père, je crois qu'il me répond ; mais il n'a qu'un petit filet de voix. (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  67. Vraiment, ils parlent ; ils ont des pensées, et je leur ai fait apprendre notre langue. (Acte 1, scène 3, L'INSULAIRE)
  68. Que cela va me divertir ! (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  69. Et ma petite femelle, me dira-t-elle quelque chose ? (Acte 1, scène 3, PARMENÈS)
  70. Vous me paraissez généreux, Seigneur ; secourez-moi, indiquez-moi, si vous le pouvez, de quoi reprendre ma figure naturelle. (Acte 1, scène 3, LA COMTESSE)
  71. Ma soeur, ma femelle vaut bien votre mâle. (Acte 1, scène 3, PARMENÈS)
  72. J'aime mieux mon mâle que tout le reste ; mais ne mordent-ils pas, au moins ? (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  73. Sire, réprésentez-bous lé mieux fait dé botré royaume. (Acte 1, scène 3, FONTIGNAC)
  74. Venez me voir avaler ma pitance, vous varrez s'il y a d'homme qui débride mieux ; je ne sis pas pus haut que chopaine, mais morgué ! (Acte 1, scène 3, BLAISE)
  75. Il me semble qu'ils se fâchent : allons, qu'on les remette en cage, et qu'on leur donne à manger ; cela les adoucira peut-être. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  76. Aimable dame, ne m'abandonnez pas dans mon malheur. (Acte 1, scène 3, LE COURTISAN)
  77. Voyez donc, mon père, comme il me baise la main ! (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  78. En vérité, il me fait pitié ! (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  79. Seigneur, je me rappelle un fait ; c'est que j'ai lü dans les registres de l'Etat, qu'il y a près de deux cents ans qu'on en prit de semblables à ceux-là ; ils sont dépeints de même. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  80. On crut que c'étaient des animaux, et cependant c'étaient des hommes : car il est dit qu'ils devinrent aussi grands que nous, et qu'on voyait croître leur taille à vue d'oeil, à mesure qu'ils goûtaient notre raison et nos idées. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  81. Que me dites-vous là ? (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  82. Leur petitesse n'était donc que l'effet d'un charme, ou bien qu'une punition des égarements et de la dégradation de leur âme ? (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  83. D'autant plus qu'ils parlent, qu'ils répondent et qu'ils marchent comme nous. (Acte 1, scène 4, PARMENÈS)
  84. Vous n'avez pas remarqué les grâces de ma femelle. (Acte 1, scène 4, PARMENÈS)
  85. Si leur petitesse n'est qu'un charme, essayons de le dissiper, en les rendant raisonnables : c'est toujours faire une bonne action que de tenter d'en faire une. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  86. Je vous charge du soin de les éclairer ; n'y perdez point de temps ; interrogez-les ; voyez ce qu'ils sont et ce qu'ils faisaient ; tâchez de rétablir leur âme dans sa dignité, de retrouver quelques traces de sa grandeur. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  87. En les voyant faits comme nous, nous en sentirons encore mieux le prix de la raison, puisqu'elle seule fait la différence de la bête à l'homme. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  88. Seigneur, dès ce moment je vais travailler à l'emploi que vous me donnez. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  89. Mégiste, je vous prie de dire qu'on me les amène ici. (Acte 1, scène 5, BLECTRUE)
  90. Je n'ai pas grande espérance, ils se querellent, ils se fâchent même les uns contre les autres. (Acte 1, scène 6, BLECTRUE)
  91. On dit qu'il y en a deux tantôt qui ont voulu se battre ; et cela ne ressemble point à l'homme. (Acte 1, scène 6, BLECTRUE)
  92. Jolies petites marmottes, écoutez-moi ; nous soupçonnons que vous êtes des hommes. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  93. En doutant que nous soyons des hommes, vous nous faites douter si vous en êtes. (Acte 1, scène 7, LE PHILOSOPHE)
  94. Point de colère, vous y êtes sujet : ce sont des mouvements de quadrupèdes que je n'aime point à vous voir. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  95. Fortune espiègle, tu mé houspilles rudément. (Acte 1, scène 7, FONTIGNAC)
  96. Doucement, petits singes ; apaisez-vous, je ne demande qu'à sortir d'erreur ; et le parti que je vais prendre pour cela, c'est de vous entretenir chacun en particulier, et je vais vous laisser un moment ensemble pour vous y déterminer : calmez-vous, nous ne vous voulons que du bien ; si vous êtes des hommes, tâchez de devenir raisonnables : on dit que c'est pour vous le moyen de devenir grands. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  97. Si je ne m'y mets, velà de la fourmi qui se va battre : paix donc là, grenaille. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  98. Messieurs, un peu dé concordé dans l'état présent dé nos affaires. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  99. Jarnigué, acoutez-moi ; il me viant en pensement queuque chose de bon sur les paroles de ceti-là qui nous a boutés ici. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  100. Je ne sommes que des Français, des Gascons, ou autre chose ; je nous trouvons avec des Raisonnables, et velà ce qui nous rapetisse la taille. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  101. Comme si les Français n'étaient pas raisonnables. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  102. Cadédis, pour moi, jé troubé l'imagination essellente ; il faut qué cet hommé soit dé race gasconne, en berité ; et j'adopte sa pensée : sauf lé respect qué jé dois à tous, jé prendrai seulément la liberté dé purger son discours dé la broussaillé qui s'y troube. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  103. Jé dis donc qué plus jé bous régarde, et plus jé mé fortifie dans l'idée dé cé rustré ; notré pétitessé, sandis, n'est pas uniformé ; rémarquez, Messieurs, qu'ellé va par échélons. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  104. Là, là, n'appuyez pas si farme. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  105. La foulie vous blesse tout à fait, vous autres ; alle ne fait que m'égratigner, moi : stapendant, voyez que j'ai bon air avec mes égratignures ! (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  106. Ellé né vient pourtant qu'après nous, et c'est qué la raison des femmes est toujours un peu plus dévilé qué la nôtre. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  107. À quelque impertinence près, tout cela me paraîtrait assez naturel. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  108. Et qu'actuellement il s'enfuyait pour un petit livre dé science, dé petits mots hardis, dé petits sentiments ; et franchement tant dé pétitesses pourraient bien nous aboir produit lé petit hommé à qui jé parle. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  109. Des gens dé botre métier, cependant, lé bon sens n'en est pas célèbre ; n'avez-vous pas dit qué bous étiez en voyage pour une épigramme ? (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  110. Je l'avais fait contre un homme puissant qui m'aimait assez, et qui s'est scandalisé mal à propos d'un pur jeu d'esprit. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  111. Pauvre faiseux de vars, il y a comme ça des gens de mauvaise himeur qui n'aimont pas qu'on les vilipende. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  112. À vous lé dé, Madame. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  113. Taisez-vous, vos raisonnements ne me plaisent pas. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  114. Paix, silencé ; voilà notre homme qui revient. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  115. Allons, mes petits amis, lequel de vous veut lier le premier conversation avec moi ? (Acte 1, scène 9, BLECTRUE)
  116. J'ai toujours remarqué que ce petit animal-là a plus de férocité que les autres ; qu'on le mette à part, de peur qu'il ne les gâte. (Acte 1, scène 9, BLECTRUE)
  117. Seigneur Blectrue, laissons là l'instinct, il n'est fait que pour les bêtes ; il est vrai que nous sommes petits. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  118. Extrêmement. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  119. Cela ressemblerait à l'article dont il est fait mention dans nos registres. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  120. Petit bonhomme, veuille le ciel que vous ne vous trompiez pas, et que ce soit mon semblable que j'embrasse dans une créature pourtant si méconnaissable ! (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  121. Vous me pénétrez de compassion pour vous. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  122. vous seriez un homme ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  123. Ne porteriez-vous pas la peine de vos égarements ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  124. N'en doutez point, mon cher : j'ai des raisons pour vous dire cela, et je me sens saisi de joie, puisque vous commencez à le soupçonner vous-même. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  125. Je crois vous reconnaître à travers le déguisement humiliant où vous êtes : oui, la petitesse de votre corps n'est qu'une figure de la petitesse de votre âme. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  126. Seigneur Blectrue, charitable insulaire, conduisez-moi, je me remets entre vos mains ; voyez ce qu'il faut que je fasse. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  127. Je sais que l'homme est bien peu de chose. (Acte 1, scène 10, LE PO?TE)
  128. Cependant, quand j'y songe, où sont mes folies ? (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  129. Je ne saurais me voir définir le compagnon des bêtes. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  130. Non, quelque chose de très honorable ; j'étais homme d'esprit et bon poète. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  131. Est-ce comme qui dirait marchand ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  132. On appelle cela des tragédies, que l'on récite en dialogues, où il y a des héros si tendres, qui ont tour à tour des transports de vertu et de passion si merveilleux ; de nobles coupables qui ont une fierté si étonnante, dont les crimes ont quelque chose de si grand, et les reproches qu'ils s'en font sont si magnanimes ; des hommes enfin qui ont de si respectables faiblesses, qui se tuent quelquefois d'une manière si admirable et si auguste, qu'on ne saurait les voir sans en avoir l'âme émue, et pleurer de plaisir. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  133. Vous ne me répondez rien ? (Acte 1, scène 10, LE PO?TE)
  134. Voilà qui est fini, je n'espère plus rien ; votre espèce me devient plus problématique que jamais. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  135. Quel pot pourri de crimes admirables, de vertus coupables et de faiblesses augustes ! (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  136. Et puis, il y a des comédies où je représentais les vices et les ridicules des hommes. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  137. Pour être loué, et admiré même, si vous voulez. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  138. Quand on vous admirait, et que vous croyiez en être digne, alliez-vous dire aux autres : Je suis un homme admirable ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  139. Non, vraiment ; cela ne se dit point : j'aurais été ridicule. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  140. Attendez donc, expliquons-nous ; comment l'entendez-vous ? (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  141. Un sot admiré ; dans l'éclaircissement, voilà tout ce qu'on y trouve. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  142. N'êtes-vous pas de mon sentiment ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  143. voyez-vous cela comme moi ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  144. Oui, assez ; et en même temps je sens un mouvement intérieur que je ne puis expliquer. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  145. Je crois voir aussi quelque changement à votre taille. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  146. Courage, petit homme, ouvrez les yeux. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  147. Souffrez que je me retire ; je veux réfléchir tout seul sur moi-même : il y a effectivement quelque chose d'extraordinaire qui se passe en moi. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  148. Allez, mon fils, allez ; faites de sérieuses réflexions sur vous ; tâchez de vous mettre au fait de toute votre sottise. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  149. Je suis charmé, mes espérances renaissent, il faut voir les autres. (Acte 1, scène 11, BLECTRUE)
  150. Amenez-la comme elle est. (Acte 1, scène 12, BLECTRUE)
  151. Avons-je de la pleume pour nous tenir en cage ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  152. Je sis là comme une volaille qu'on va mener vendre à la vallée. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  153. Mettez-moi donc plutôt dindon de basse-cour. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  154. Pargué, faut que vous radotiez, vous autres, pour nous enfarmer. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  155. Dès le premier pas ici, je me suis aparçu dévaler jusqu'à la ceinture ; et pis, en faisant l'autre pas, je n'allais pus qu'à ma jambe ; et pis je me sis trouvé à la cheville du pied. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  156. Il y a deux siècles qu'on prit ici de petites créatures comme vous autres. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  157. Voulez-vous gager que je sommes dans leur cage ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  158. On les traita comme vous ; car ils n'étaient pas plus grands ; mais ensuite ils devinrent tout aussi grands que nous. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  159. Pargué, si jamais voute chemin s'adonne jusqu'à Passy, vous varrez un brave homme ; je trinquerons d'importance. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  160. Apparemment qu'elle ne l'était pas ; et sans doute vous êtes de même ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  161. Que cet aveu-là me fait plaisir ! (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  162. Vous pensez à merveille. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  163. Prenez garde ; l'aveu que vous faites de manquer de raison n'est peut-être pas comme il faut : peut-être ne le faites-vous que dans la seule vue de rattraper votre figure ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  164. Vrament non. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  165. Mon cher enfant, ne souhaitez la raison que pour la raison même. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  166. Réfléchissez sur vos folies pour en guérir ; soyez-en honteux de bonne foi : c'est de quoi il s'agit apparemment. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  167. Me velà bian embarrassé. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  168. Si je savions écrire, je vous griffonnerions un petit mémoire de mes fredaines ; ça serait pus tôt fait. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  169. Mais repassez cela vous-même, et excitez-vous à aimer la raison. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  170. Ça me ravit d'amiquié pour alle. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  171. Me velà honteux, me velà enchanté, me velà comme il faut. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  172. Oui, mon ami, un homme de six pieds ne vaut pas une marionnette raisonnable ; c'est mon darnier mot et ma darnière parole. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  173. Vous n'aimez pas plus tôt la raison, que vous en êtes récompensé. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  174. Ça est vrai ; j'en sis tout stupéfait : mais faut bian que je ne l'aime pas encore autant qu'alle en est daigne ; ou bian, c'est que je ne mérite pas qu'alle achève ma délivrance. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  175. Je vous dirai que je suis premièrement un ivrogne : parsonne n'a siroté d'aussi bon appétit que moi. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  176. J'ons si souvent pardu la raison, que je m'étonne qu'alle puisse me retrouver alle-même. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  177. Ce sont des hommes, voilà qui est fini. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  178. J'avons un tas de fautes qui est trop grand pour en venir à bout : mais, quant à ce qui est de cette ivrognerie, j'ons toujours fricassé tout mon argent pour elle : et pis, mon ami, quand je vendions nos denrées, combian de chalands n'ons-je pas fourbé, sans parmettre aux gens de me fourber itou ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  179. À merveille. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  180. Et le compère Mathurin, que n'ons-je pas fait pour mettre sa femme à mal ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  181. Comme il change à vue d'oeil ! (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  182. Oui, ma taille s'avance ; et c'est bian de la grâce que la raison me fait ; car je sis un pauvre homme. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  183. Tenez, mon ami ; j'avais un quarquier de vaigne avec un quarquier de pré ; je vivions sans ennui avec ma sarpe et mon labourage ; le capitaine Duflot viant là-dessus, qui me dit comme ça : Blaise, veux-tu me sarvir dans mon vaissiau ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  184. Ne velà-t-il pas mes oreilles qui se dressont à ce mot d'argent, comme les oreilles d'une bourrique ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  185. Ne vas-je pas m'enfarmer dans cette baraque de planches ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  186. En pleure, en crie, en jure, en meurt de faim ; la baraque enfonce ; les poissons mangeont Monsieur Duflot, qui les aurait bian mangé li-même. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  187. Velà tout l'argent que me vaut mon équipée. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  188. Mais morgué j'ons fait connaissance avec cette raison, et j'aime mieux ça que toute la boutique d'un orfèvre. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  189. Tenez, tenez, ami Blectrue, considérez ; velà encore une crue qui me prend : on dirait d'un agioteux, je devians grand tout d'un coup ; me velà comme j'étais ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  190. Vous ne sauriez croire avec quelle joie je vois votre changement. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  191. Que je vas me moquer de mes camarades ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  192. Que je vas me carrer !... (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  193. Quel sentiment de bête ! (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  194. Morgué, ça est vrai ; me velà rechuté, je raccourcis. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  195. Je me repens. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  196. Comme cette gloire mange la taille ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  197. Il me tarde d'aller porter cette bonne nouvelle-là au roi. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  198. Mais dites-moi, j'ons piquié de mes pauvres camarades ; je prends de la charité pour eux. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  199. Drès qu'ils me varront, ma présence les sarmonnera ; faut qu'ils devenient souples, et qu'ils restient tous parclus d'étonnement. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  200. Vrament grand marci à vous. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  201. Vous vaudrez mieux qu'un autre pour les instruire ; vous sortez du même monde, et vous aurez des lumières que je n'ai point. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  202. C'est vous qui êtes le soleil, et je ne sis pas tant seulement la leune auprès de vous, moi : mais je ferons de mon mieux, à moins qu'ils me rebutiont à cause de ma chétive condition. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  203. Comment, chétive condition ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  204. Tirons parti de leur démence sur votre chapitre ; qu'ils soient humiliés de vous voir plus raisonnable qu'eux, vous dont ils font si peu de cas. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  205. Faudrait se mettre à genoux pour écouter voute bon sens. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  206. Seigneur Blectrue, en voilà un qui veut absolument vous parler. (Acte 1, scène 15, MÉGISTE)
  207. Il ne tiendra qu'à vous qu'il vous en arrive autant, petit bonhomme. (Acte 1, scène 16, BLECTRUE)
  208. Cadédis, jé m'en meurs, et jé vénais en consultation là-dessus. (Acte 1, scène 16, FONTIGNAC)
  209. Allons, mon ami, jé rémets lé pétit goujon entré vos mains ; jé vous en récommandé la métamorphose. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  210. Comment, dé la raison ! (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  211. Écoutez-moi, galant homme ; n'est-cé pas ses imperfétions qu'il faut réconnaîtré ? (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  212. Non, non : mettez qué jé suis mentur. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  213. Sans doute, puisqu'ou êtes Gascon ; mais est-ce par couteume ou par occasion ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  214. Un homme qui ment, c'est comme un homme qui a pardu la parole. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  215. Comment ça sé fait-il ? (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  216. Car jé suis mentur et vavillard en même temps. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  217. N'importe, maugré qu'ou soyez bavard, mon dire est vrai ; c'est que ceti-là qui ment ne dit jamais la parole qu'il faut, et c'est comme s'il ne sonnait mot. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  218. Pour de ceti-là, il me faut du conseil ; car faura peut-être vous étouffer pour vous guarir, voyez-vous ! (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  219. C'est l'esprit des hommes qué jé corrompais ; jé les rendais avugles ; en un mot, j'étais un flattur. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  220. Patience ; car d'abord voute poison avait bian mauvaise meine ; mais ça est épouvantable, et je sis tout escandalisé. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  221. j'ons bian de la satisfaction de tout ça : j'ons guari Monsieu de Fontignac, et pis Monsieu de Fontignac vous a guarie ; et par ainsi, de guarison en guarison, je me porte bian, il se porte bian, vous vous portez bian : et velà trois malades qui sont devenus médecins ; car vous êtes itou médeceine envars les autres, Mademoiselle Spinette. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  222. Comme on deviant honnêtes gens avec cette raison ! (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  223. Je vous suis bien obligée de l'avertissement. (Acte 3, scène 1, SPINETTE)
  224. Alle me charme, Monsieu de Fontignac ; alle a de la modestie, alle est aussi raisonnable que nous autres hommes. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  225. Messieurs, voilà un de vos camarades qui m'a demandé en grâce de vous l'amener pour vous voir. (Acte 3, scène 2, MÉGISTE)
  226. Me voilà. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  227. Lui-même. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  228. Mes amis, il faut tâcher de le tirer d'affaire. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  229. Mademoiselle, je ne demande pas mieux ; car en vérité, c'est quelque chose de bien affreux que de rester comme je suis, moi qui ai du bien, qui suis riche et estimé dans mon pays. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  230. Mais faudra-t-il que je demeure éloigné de chez moi, pauvre, et sans avoir de quoi vivre ? (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  231. C'est comme un enfant qui crie après sa poupée. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  232. Tenez, un pourpoint, des vivres et de la raison, quand un homme a ça, le velà garni pour son été et pour son hivar ; le voilà fourré comme un manchon. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  233. Dites-lui ce qu'il faut qu'il fasse pour redevenir comme il était. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  234. mettons donc cet estropié d'esprit entré les mains dé Madémoisellé Spinetté. (Acte 3, scène 2, FONTIGNAC)
  235. Moi, Messieurs ! (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  236. c'est à moi à me taire où vous êtes. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  237. Mes amis, voilà des compliments bien longs pour un homme qui souffre. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  238. Oh dame, il faut que l'humilité marche entre nous ; je nous mettons bas pour rester haut. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  239. Ça vous passe, mon mignon ; et j'allons, pisque ma compagnée l'ordonne, vous apprenre à devenir grand garçon, et le tu autem de voute petitesse : mais je vas être brutal, je vous en avartis ; faut que j'assomme voute rapetissement avec des injures : demandez putôt aux camarades. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  240. Tout votre secret est de me dire des injures ? (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  241. Mais essayez, petit homme, essayez. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  242. Premièrement, faut commencer par vous dire qu'on êtes un sot d'être médecin. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  243. Dites-moi, sans vous fâcher, étiez-vous en ménage, aviez-vous femme là-bas ? (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  244. Non, je suis veuf ; ma femme est morte à vingt-cinq ans d'une fluxion de poitrine. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  245. Il ne me fut pas possible de la réchapper. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  246. Assurément. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  247. Voilà l'honnête homme dé qui nous sont vénus les prémiers rayons dé lumière. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  248. Je lui ai déjà rendu mes grâce. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  249. Pour moi, j'espère que je ferai entendre raison à ma maîtresse, et que nous demeurerons tous ici ; car on y est si bien ! (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  250. Je me proposais de vous le persuader, mes enfants ; dans votre pays vous retomberiez peut-être. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  251. La raison dans le pays des folies, c'est comme une pelote de neige au soleil. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  252. Ça vous va fort bian ; je vous en fais mon compliment. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  253. Et pis, en disant ça, les yeux li trottaient sur moi, fallait voir ; et pis : Mon biau garçon, regardez-moi ; parmettez que je vous aime. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  254. Cela signifie qu'elle vous aime et qu'elle vous en faisait la déclaration. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  255. Nullement. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  256. Comment donc ? (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  257. Monsieur Blectrue aime à rire. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  258. Non, certes, je parle sérieusement. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  259. Mais dans lé fond, en France céla commence à s'établir. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  260. Vous voudriez que les hommes attaquassent les femmes ! (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  261. Et la sagesse des femmes y résisterait-elle ? (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  262. D'ordinaire effectivément ellé n'est pas robuste. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  263. Vous mettrez la séduction du côté des hommes, et la nécessité de la vaincre du côté des femmes ! (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  264. Allez mes enfants, ce n'est pas la raison, c'est le vice qui les a faites ; il a bien entendu ses intérêts. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  265. Dans un pays où l'on a réglé que les femmes résisteraient aux hommes, on a voulu que la vertu n'y servît qu'à ragoûter les passions, et non pas à les soumettre. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  266. Les femmes n'ont qu'à venir, ma force les attend de pied farme. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  267. Je vous avoue que j'aurai bien de la peine à m'accoutumer à vos usages, quoique sensés. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  268. Tant pis, je vous regarde comme retombée. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  269. Monsieur, actuellement j'en ai peur. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  270. Oui, je me rends ; je ferai tout ce qu'on voudra ; et pour preuve de mon obéissance, tenez, Fontignac, je vous prie de m'aimer, je vous en prie sérieusement. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  271. Je sens que vous avez raison, Monsieur Blectrue ; et je vous promets de me conformer à vos lois. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  272. Ce que je viens d'éprouver en ce moment me donne encore plus de respect pour elles. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  273. Allons, ma maîtresse gémit ; permettez que je travaille à la tirer d'affaire ; je veux lui parler. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  274. Il y a de belles maxaimes en ce pays-ci ! (Acte 3, scène 4, BLAISE)
  275. Cet amour qu'il faut qu'on nous fasse, à nous autres hommes, qu'il y a de prudence à ça ! (Acte 3, scène 4, BLAISE)
  276. Tout me charme ici. (Acte 3, scène 4, SPINETTE)
  277. Mon beau garçon, je vous retrouve ; et vous, Mademoiselle, je suis bien ravie de vous voir comme vous êtes. (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  278. Pour moi, vous me paraissez tel. (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  279. Vous voyez bian qu'alle me conte la fleurette. (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  280. Mais, Mademoiselle, parlez-moi, dans queulle intention est-ce que vous me dites que je sis biau ? (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  281. Assurément. (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  282. Me trouvez-vous si désagréable ? (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  283. Mais il faut que ça vianne ; ça n'est pas encore bian mûr, et je varrons pendant qu'à m'aimera ; qu'alle aille son train. (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  284. Aimer toute seule est bien triste ! (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  285. Voici, je pense, quelqu'un de vos camarades qui vient ; je me retire, sans rien attendre de votre coeur. (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  286. Que me veut-on ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  287. Par quel enchantement avez-vous repris votre figure naturelle ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  288. Allons, ma petiote damoiselle, tout bellement, tout bellement. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  289. Vous savez, Madame, que tantôt Fontignac et ce paysan croyaient que nous n'étions petits que parce que nous manquions de raison ; et ils croyaient juste : cela s'est vérifié. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  290. Ce n'est que par l'aveu de mes folies que j'ai rattrapé ma raison. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  291. Fontignac a eu autant de peine à me persuader que j'en ai après vous, ma chère maîtresse ; mais je me suis rendue. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  292. Pendant qu'un manant comme moi porte l'état d'une criature raisonnable, voulez-vous toujours garder voute état d'animal, une damoiselle de la cour ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  293. Mes larmes m'empêchent de parler. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  294. Mais de grâce, apprenez-moi mes folies ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  295. Madame, un peu de réflexion. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  296. Ça fait les femmes si sottes !... (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  297. Madame, vous comptez si bien, que ce n'est pas la peine que je m'en mêle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  298. Oui, ruminez, mâchez bian ça en vous-même, à celle fin que ça vous sarve de médecaine. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  299. Aidez-vous, Madame ; songez, par exemple, à ce que c'est qu'une toilette. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  300. C'est cela même. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  301. La dame de cheux nous avait la pareille. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  302. Il fallait me voir avec mes yeux chercher des doses de feu, de langueur, d'étourderie et de noblesse dans mes regards. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  303. Vous en aviez un qui était vif et mourant, qui a pensé me faire perdre l'esprit : il faut qu'il m'ait coûté plus de six mois de ma vie, sans compter un torticolis que je me donnai pour le suivre. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  304. Et notre ajustement ! (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  305. Et l'architecture de notre tête, surtout en France où Madame a demeuré ! (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  306. Mettrai-je celui-là ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  307. Non, il me rend le visage dur. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  308. Essayons de celui-ci ; je crois qu'il me rembrunit. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  309. Voyons le jaune, il me pâlit ; le blanc, il m'affadit le teint. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  310. Que mettra-t-on donc ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  311. La coquetterie reste dans la disette ; elle n'a pas seulement son nécessaire avec elle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  312. Cependant on essaye, on ôte, on remet, on change, on se fâche ; les bras tombent de fatigue, il n'y a plus que la vanité qui les soutient. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  313. Est-ce qu'on l'aime ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  314. Mais toutes les femmes tirent dessus, et toutes le manquent. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  315. Mais de cette manière-là, vous autres femmes dans le monde qui tirez sur les gens, je comprends qu'ou êtes comme des fusils. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  316. Elle se lamente. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  317. Ne vous troublez point, Madame ; c'est un coeur tout à vous qui vous parle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  318. Malheureusement je n'ai point de mémoire, et je ne me ressouviens pas de la moitié de vos folies. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  319. Une petite femme avait-elle des grâces ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  320. Ajoutez à cela cette finesse avec laquelle on prend le parti d'une femme sur des médisances que l'on augmente en les combattant, qu'on ne fait semblant d'arrêter que pour les faire courir, et qu'on développe si bien, qu'on ne saurait plus les détruire. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  321. Velà une histoire bian récriative et bian pitoyable en même temps. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  322. le montrer sur le Pont-Neuf, comme la curiosité. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  323. Tenez, un tiers d'oeillade avec un autre quart ; un visage qu'il faut remonter comme un horloge ; un étourdi qui viant voir ce visage ; des femmes qui vont à la chasse après cet étourdi, pour tirer dessus ; et pis de la poudre et du plomb dans l'oeil ; des naissances qui demandont la maison des gens ; des bourgeoises de comparaison saugrenue : des faces joufflues qui ont de la boursouflure, avec du gras ; un arpent de taille qu'on baille à celle-ci pour un quarquier qu'on ôte à celle-là ; de l'esprit qui ne saurait compatir avec un nez, et de la médisance de bon coeur. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  324. Madame, assurément ce portrait-là a de quoi rappeler la raison. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  325. Spinette, il me dessille les yeux ; il faut se rendre : j'ai vécu comme une folle. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  326. Mes enfants, ce qu'il y a de plus doux pour moi dans tout cela, c'est le jugement sain et raisonnable que je porte actuellement des choses. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  327. Il ne faut plus nous exposer ; les rechutes, chez nous autres femmes, sont bien plus faciles que chez les hommes. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  328. Comment, une femme ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  329. Une femme marche toujours sur la glace. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  330. Premièrement, il y a ici le fils du Gouvarneur, qui est un garçon bian torné. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  331. C'est ma maîtresse, cette petite femelle que Monsieur avait retenue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  332. Vous, Madame ? (Acte 3, scène 7, PARMENÈS)
  333. Oui, Seigneur, c'est moi-même, sur qui la raison a repris son empire. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  334. Je voudrais bien qu'il eût le même bonheur. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  335. Et vous, Madame, l'état où vous étiez nous cachait une charmante figure. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  336. J'allais vous demander la vôtre, Madame, avec un asile éternel en ce pays-ci. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  337. Vous ne pouvez, ma chère amie, nous faire un plus grand plaisir ; et si la modestie permettait à mon frère de s'expliquer là-dessus, je crois qu'il en marquerait autant de joie que moi. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  338. Doucement, ma soeur. (Acte 3, scène 7, PARMENÈS)
  339. Morgué, à propos, ce n'est pas comme ça qu'il faut répondre ; c'est à li à tenir sa morgue, et non pas à vous. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  340. C'est les hommes qui font les pimbêches, ici, et non pas les femmes. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  341. Amenez voute amour, il varra ce qu'il en fera. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  342. Comment ? (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  343. Madame, c'est que cela a changé de main. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  344. L'homme ici, c'est le garde-fou de la femme. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  345. La pratique de cet usage-là m'est bien neuve ; mais j'y ai pensé plus d'une fois en ma vie, quand j'ai vu les hommes se vanter des faiblesses des femmes. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  346. Oui, oui, cela est extrêmement juste. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  347. Comme vous voudrez. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  348. Mon frère, Madame est instruite de nos usages, et elle a un secret à vous confier. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  349. Je suis charmé, Madame, des noms caressants que ma soeur vous donne, et de l'amitié qui commence si bien entre vous deux. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  350. Nous vous sommes obligés de ce sentiment ; mais vous avez, dit-on, un secret à me confier. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  351. De quoi s'agit-il, Madame ? (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  352. Parlez hardiment, Madame. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  353. Madame ? (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  354. J'étais accoutumée aux miennes, et l'on perd difficilement de mauvaises habitudes. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  355. Je me prête autant que je puis à cette difficulté qui vous reste encore. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  356. Vous la nommez bien ; elle est vraiment difficulté. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  357. Mais, Prince, ne pensez-vous rien, vous-même ? (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  358. Nous autres hommes, ici, nous ne disons point ce que nous pensons. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  359. Faites pourtant réflexion que je suis étrangère, comme on vous l'a dit. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  360. Donnez-m'en seulement l'idée ; aidez-moi à savoir ce que c'est. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  361. Cela n'est pas défendu : l'amour est un sentiment naturel et nécessaire ; il n'y a que les vivacités qu'il en faut régler. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  362. Nous ne vivons pas autrement ici ; continuez, Madame. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  363. Me le promettez-vous ? (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  364. Cessez de rougir, Madame ; vous m'aimez et je vous aime. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  365. Je vous réponds d'avance du plaisir que vous ferez à mon père quand vous lui déclarerez vos sentiments. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  366. Je n'ai plus qu'un mot à vous dire, Madame. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  367. Vous et les vôtres, vous m'appelez Prince, et je me suis fait expliquer ce que ce mot-là signifie ; ne vous en servez plus. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  368. Nous ne connaissons point ce titre-là ici ; mon nom est Parmenès, et l'on ne m'en donne point d'autre. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  369. Madame, je vous réconnais ; mes yeux rétrouvent cé qu'il y avait dé plus charmant dans lé monde ! (Acte 3, scène 9, FONTIGNAC)
  370. Permettez, Seigneur, qué j'emmène Madame ; l'esprit dé son frère fait lé mutin, il régimbe ; sa folie est ténace, et j'ai bésoin dé troupes auxiliaires. (Acte 3, scène 9, FONTIGNAC)
  371. Allez, Madame, n'épargnez rien pour le tirer d'affaire. (Acte 3, scène 9, PARMENÈS)
  372. Pouvez-vous vous empêcher de l'estimer, et ne me l'enviez-vous pas vous-même ? (Acte 4, scène 1, LA COMTESSE)
  373. Oui, donnez-moi la joie de vous voir comme je m'imagine que vous serez. (Acte 4, scène 1, FLORIS)
  374. Sortez de cet état indigne de vous, où vous êtes comme enseveli. (Acte 4, scène 1, FLORIS)
  375. Si vous savez le plaisir qui vous attend dans le plus profond de vous-même ! (Acte 4, scène 1, FONTIGNAC)
  376. Il n'y a pus que vous d'ostiné, avec ce faiseur de vars, qui est rechuté, et ce petit glorieux de phisolophe, qui est trop sot pour s'amender, et qui raisonne comme une cruche. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  377. Il n'y a pas moyen de faire autrement. (Acte 4, scène 1, SPINETTE)
  378. Madame, quel événement ! (Acte 4, scène 1, LE COURTISAN)
  379. Je vous demande en grâce de vouloir bien me laisser un moment avec Fontignac. (Acte 4, scène 1, LE COURTISAN)
  380. Je t'avoue, Fontignac, que je me sens ébranlé. (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  381. Elle qui était si glorieuse, comment a-t-elle souffert cette confusion-là ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  382. On dit en effet qué son âme d'abord était en travail. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  383. Il est venu des larmes, un peu dé découragément, dé pétites colères brochant sur le tout. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  384. La vanité défendait le logis ; mais enfin la raison l'a serrée dé si près, qu'elle l'a, comme on dit, jetée par les fenêtres, et jé régarde déjà la vôtre commé sautée. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  385. Moi, je ne me connais point de ces faiblesses, de ces extravagances dont on peut rougir ; je ne m'en connais point. (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  386. Jé vous mettrai en pays dé connaissance ! (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  387. Que vas-tu me dire ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  388. Je n'aime pas les critiques. (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  389. Actuellément vous préludez par une petitesse. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  390. Voudriez-vous bien me dire quelle est cette faiblesse par laquelle je prélude ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  391. Que vous oubliez entièrement à qui vous parlez. (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  392. Où est donc le respect que tu me dois ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  393. Lé respect qué vous démandez, voyez-vous, c'est lé sécouement du grélot ; mais j'ai perdu lé hochet. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  394. Quand un homme a lé bras disloqué, né faut-il pas lé rémettre ? (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  395. Cé n'est pas le bras à vous, c'est la tête qu'il faut vous rémettre ! (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  396. Vous criérez : Mais jé vous aime, et jé vous avertis qué jé suis sourd. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  397. C'est ce coquin que tu vois qui vient de me dire tout ce qu'il y a de plus injurieux au monde. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  398. Il li appartient bian de fâcher un mignard comme ça, à cause qu'il n'est qu'un petit bout d'homme. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  399. Je t'assure que ce n'est pas la raison qui me manque. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  400. Il n'est déjà pus si glorieux comme dans ce vaissiau où il ne me regardait pas. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  401. Morgué, ça me va au coeur : allons, qu'en se mette à genoux tout à l'heure pour li demander pardon, et qu'an se baisse bian bas pour être à son niviau. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  402. Faut que j'accomode ça moi-même ; mais comme je ne savons pas voute vie, je le requiens tant seulement pour m'en bailler la copie. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  403. Je manierons ça tout doucettement, à celle fin que ça ne vous apporte guère de confusion. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  404. Allons, Monsieur de Fontignac, s'il y a des bêtises dans son histoire, qu'en les raconte bian honnêtement. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  405. Et que t'importent mes emprunts, dis ? (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  406. Les grandes âmes donnent tout, et né restituent rien, et la noblessé dé la sienne étouffait sa justice. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  407. J'aimerais mieux que ce fût la justice qui eût étouffé la noblesse. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  408. Vous n'avez pas été si méchamment goulu que ça, peut-être ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  409. Là-bas si vous l'aviez vu caresser tout lé monde, et verbiager des compliments, promettré tout et né ténir rien ! (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  410. Il me chuchote qu'ou étiez un donneur de galbanum ; mais il ne sait pas qu'ou l'entendez. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  411. Qué dités-vous dé ces gens qui n'ont qué des mensonges sur lé visage ? (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  412. Je vous en prie, ne portez plus comme ça des bourdes sur la face. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  413. Des gens dont les yeux ont pris l'arrangement dé dire à tout lé monde : Jé vous aime ?... (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  414. Des gens enfin qui, tout en emvrassant lé suvalterne, né lé voient seulement pas. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  415. Cé sont des caresses machinales, des bras à ressort qui d'eux-mêmes viennent à vous sans savoir cé qu'ils font. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  416. Ça me fâche. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  417. Que veux-tu que je lui réponde, dès qu'il a perdu tout respect pour un homme de ma condition ? (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  418. Jé né parle qué dé l'homme, et non pas du rang. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  419. Si Monsieur lé permettait, jé finirais par lé récit dé son amitié pour ses égaux. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  420. Un jour vous vous trouviez avec un dé ces Messieurs. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  421. lui disiez-vous, jé n'estime à la cour personne autant qué vous ; jé m'en fais fort, jé lé dis partout, vous devez lé savoir ; cadédis, j'aime l'honnur, et vous en avez. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  422. De ces discours en voici la traduction : Maudit concurrent dé ma fortune, jé té connais, tu né vaux rien ; tu mé perdrais si tu pouvais mé perdre, et tu penses qué j'en ferais dé même. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  423. Laissé-toi duper à mes expressions. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  424. sandis, qué jé t'aime ! (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  425. Permets qué jé t'endorme, afin qué jé t'en égorge plus à mon aise. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  426. Ça est vrai, il m'a dit qu'il vous attrapait comme un innocent. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  427. Jé vous en donnais, jé vous en gonflais, j'étais à même : la fiction mé fournissait mes matières ; c'était lé moyen dé n'en pas manquer. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  428. Que ces courtisans ont de peine à s'amender ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  429. Fontignac, et toi, mon ami Blaise, je vous remercie tous deux. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  430. Vous vous amendiez donc en tapinois ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  431. Alle vous aimera comme une folle. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  432. Vous, Monsieur le philosophe, vous, plus incapable que nous de devenir raisonnable, pendant qu'un homme de cour, peut-être de tous les hommes le plus frappé d'illusion et de folie, retrouve la raison ? (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  433. Qu'est-ce que c'est donc qu'une science où l'on puise plus de corruption que dans le commerce du plus grand monde ? (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  434. Il s'agit de cet impertinent-là qui a l'audace de faire des vers où il me satirise. (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  435. Si vous appelez cela des vers, il en a fait contre nous tous en forme de requête, qu'il adressait au Gouverneur, en lui demandant sa liberté ; et j'y étais moi-même accommodé on ne peut pas mieux. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  436. Que vous avais-je fait pour nous mettre dans une requête qui nous blâme ? (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  437. Il faut que mon épigramme soit bonne, car il est bien piqué. (Acte 4, scène 4, LE POÈTE)
  438. Vraiment je suis arrivé comme ils se battaient ; j'ai voulu les prendre, et ils se sont enfui : mais je vais les séparer et les remettre entre les mains de quelqu'un qui les gardera pour toujours. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  439. Tout ce qu'on peut faire d'eux, c'est de les nourrir, puisque ce sont des hommes, car il n'est pas permis de les étouffer. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  440. Nous enfermer ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  441. Tenez, ne velà-t-il pas un homme bian peigné pour dire : je veux ! (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  442. Comment t'es-tu guéri ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  443. Quand un homme est fou, en sait-il queuque chose ? (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  444. Morgué, me velà pris ; il a si bian ravaudé ça que je n'y connais pus rian ; j'ons peur qu'il ne me gâte. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  445. Emmenez ce marchand de çarvelle, et fourrez-moi ça aux Petites-Maisons ou bian aux Incurables. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  446. Comment, on me fera violence ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  447. pargué, c'est vous mener cheux vous. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  448. Plus de raisonnement, il faut qu'on vienne. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  449. Souvenez-vous de voute gloire, et aimez-la bian fiarement. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  450. Vous le voyez, Madame. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  451. Je suis raisonnable, et ce bien-là est sans prix ; mais, après cela, rien ne me flatte tant, dans mon aventure, que le plaisir de pouvoir vous offrir mon coeur. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  452. Dites, Madame ; je m'arrête ici pour voir comment ça fera. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  453. Je me rappelle en effet d'avoir entendu parler ma soeur dans ce sens-là. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  454. Mais en vérité, Madame, j'aurais bien honte de suivre vos lois là-dessus : quand elles ont été faites, vous n'y étiez pas ; si on vous avait vue, on les aurait changées. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  455. On en aurait vu mille comme elle, que ça n'aurait rian fait. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  456. Je vous conjure, par toute la tendresse que je sens pour vous, de ne me plus tenir ce langage-là. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  457. Ça nous ravale trop : je sommes ici la force, et velà la faiblesse. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  458. Souvenez-vous que vous êtes un homme, et qu'il n'y aurait rien de si indécent qu'un abandon si subit à vos mouvements. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  459. Je vous instruis contre moi ; je vous apprends à me résister, mais en même temps à mériter ma tendresse et mon estime. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  460. Ménagez-moi donc l'honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n'avilissez point votre coeur par l'impatience qu'il aurait de se rendre ; et pour vous achever l'idée de ce que vous devez être, n'oubliez pas qu'en nous aimant tous deux, vous devenez, s'il est possible, encore plus comptable de ma vertu que je ne la suis moi-même. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  461. vélà des lois qui connaissont bian la femme, car ils ne s'y fiont guère. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  462. Il faut donc se rendre à ce qui vous plaît, Madame ? (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  463. Oui, si vous voulez que je vous aime. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  464. Si je le veux, Madame ? (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  465. Tout bellement ; tenez voute amour à deux mains : vous allez comme une brouette. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  466. Vous me forcerez à vous quitter. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  467. Je ne saurais parler comme cela. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  468. Madame, écoutez-moi : quoique vous vous en alliez, vous voyez bien que je ne vous arrête point ; et assurément vous devez, ce me semble, être contente de mon indifférence. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  469. Quand même vous vous en iriez tout à fait, j'aurais le courage de ne vous point rappeler. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  470. Cette indifférence-là ne me rebute point ; mais je ne veux point la fatiguer à présent, et je me retire. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  471. Si tu savais combien je l'aime ! (Acte 4, scène 6, LE COURTISAN)
  472. Je vous parmets de me conter ça à moi, et il n'y a pas de mal à l'aimer en cachette ; ça est honnête ; et mêmement ils disont ici que pus en aime sans le dire, et pus ça est biau ; car en souffre biaucoup, et c'est cette souffrance-là qui est daigne de nous, disont-ils. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  473. Cheux nous les femmes de bian ne font pas autre chose. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  474. Une jolie fille, qui me poursuit avec des civilités et de petits mots qui sont si friands ? (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  475. Mais, morgué, je me tians coi. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  476. Alle n'aura la consolation de me gagner que tantôt. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  477. Stapendant, regardez-moi mener ça. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  478. Voyez la suffisance de mon comportement. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  479. Permettez, Monsieur, qué jé parle à Blaise, et lui présente une réquête dont voici lé sujet. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  480. Monsieur de Fontignac, ou êtes un fin marle, vous voulez me prendre sans vart. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  481. Traite-t-on du coeur d'un homme comme de ceti-là d'une femme ? (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  482. Jé mé suis pourtant fait fort dé votré consentement. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  483. Il me viant des rougeurs que je ne sais où les mettre. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  484. Ça commence à me rendre las. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  485. Me voilà contente. (Acte 4, scène 7, L'INSULAIRE)
  486. Votre indifférence même commence à m'alarmer. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  487. Faites-moi la grâce de me répondre. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  488. J'aurais peur de finir vos alarmes, que je ne hais point. (Acte 4, scène 8, LE COURTISAN)
  489. Ca est bon ; ça tire honnêtement à sa fin. (Acte 4, scène 8, BLAISE)
  490. Mes alarmes que vous ne haïssez point ? (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  491. Expliquez-vous plus clairement. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  492. Ils me disent que vous m'aimez. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  493. Oui, cela est fait : en voilà assez ; et je me charge du reste auprès de mon père. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  494. Oui, Seigneur, mettez le comble à vos bienfaits : je vous ai mille obligations ; joignez-y encore la grâce de m'accorder votre fils. (Acte 4, scène 9, LA COMTESSE)
  495. Tendrement. (Acte 4, scène 9, LA COMTESSE)
  496. Mais c'est pourtant à vous à décider, mon fils ; aimez-vous Madame ? (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  497. J'ai besoin de la même grâce, mon père, et je vous demande Alvarès. (Acte 4, scène 9, FLORIS)
  498. Former d'amoureux sentiments. v.3 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  499. Que ses armes v.10 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE LEGRAND)
  500. Ont pour nous de charmes ! v.11 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE LEGRAND)
  501. D'une flamme innocente v.17 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE LABATTE)
  502. Ta fermeté se lasse. v.40 (Acte 4, scène 10, DU-MIRAIL)
  503. Qui sans cesse déclames v.46 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE JOUVENOT)
  504. Contre les douces flammes v.47 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE JOUVENOT)
  505. Mari, quand tu pris femme ! v.70 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  506. De l'excès de ta flamme v.71 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  507. Avant l'hymen, tu te croyais géant. v.73 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)
  508. Chez vous, Messieurs les courtisans, v.84 (Acte 4, scène 10, QUINAULT)
  509. Que la raison me prête v.87 (Acte 4, scène 10, QUINAULT)
  510. Nous en croirons vos jugements. v.96 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)

LA JOIE IMPRÉVUE (1760)

  1. Fasse le ciel, Monsieur, que votre chagrin vous profite, et vous apprenne à mener une vie plus raisonnable ! (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  2. Est-ce là tout ce que tu as à me dire ? (Acte 1, scène 1, DAMON)
  3. Doucement, Monsieur ; c'est qu'actuellement j'ai une charge aussi, moi, laquelle est de veiller sur votre conduite et de vous donner mes conseils. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  4. Pasquin, me dit Monsieur votre père la veille de notre départ, je connais ton zèle, ton jugement et ta prudence ; ne quitte jamais mon fils, sers-lui de guide, gouverne ses actions et sa tête, regarde-le comme un dépôt que je te confie. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  5. Je le lui promis bien, je lui en donnai ma parole : je me fondais sur votre docilité, et je me suis trompé. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  6. Votre conduite, vous la voyez, elle est détestable ; mes conseils, vous les avez méprisés, vos fonds sont entamés, la moitié de votre argent est partie, et voilà mon dépôt dans le plus déplorable état du monde : il faut pourtant que j'en rende compte, et c'est ce qui fait ma douleur. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  7. En arrivant à Paris, je me mets dans cet hôtel garni : j'y vois un jardin qui est commun à une autre maison, je m'y promène, j'y rencontre le Chevalier, avec qui, par hasard, je lie conversation ; il loge au même hôtel, nous mangeons à la même table, je vois que tout le monde joue après dîner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu ; voilà d'où cela vient ; mais ne t'inquiète point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent ; et j'ai un pressentiment que je serai heureux. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  8. Monsieur, quel pressentiment ! (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  9. Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon père ne sache rien de ce qui s'est passé : au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance ; c'est ici où je la vois quelquefois, où je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  10. Quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation ; je vous dirai même que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrêmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle ; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue : c'est que la mère de Constance, quand elle se promène ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraît pas fort touchée de votre compagnie, sa mine s'allonge, j'ai peur qu'elle ne vous trouve un étourdi ; vous êtes pourtant un assez joli garçon, assez bien fait mais, de temps en temps, vous avez dans votre air je ne sais quoi... qui marquerait... une tête légère... (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  11. D'où vient est-ce que tu me le caches ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  12. Non, c'est qu'il me rendait quelque compte qui ne presse pas. (Acte 1, scène 2, DAMON)
  13. C'est que je n'aime pas ceux qui gagnent l'argent de mon maître. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  14. Laissez-le dire ; je lui sais bon gré de sa méchante humeur, puisqu'elle vient de son zèle. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  15. Comment donc ? (Acte 1, scène 2, DAMON)
  16. Mais j'ai compté que ce soir vous me donneriez ma revanche. (Acte 1, scène 2, DAMON)
  17. Cela me sera difficile, j'ai même, ce matin, reçu une lettre qui, je crois, m'obligera à aller demain en campagne pour quelques jours. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  18. Il commence à m'ennuyer. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  19. Vous parlerai-je franchement ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  20. Je ne joue jamais qu'argent comptant, et vous me dites hier que vous n'en aviez plus. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  21. Je me fâcherai à la fin : retire-toi. (Acte 1, scène 2, DAMON)
  22. Vous savez bien que je ne me trompe pas. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  23. Je dis qu'il perdra, vous êtes un si habile homme, que vous jouez à coup sûr. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  24. Ne me manquez donc pas. (Acte 1, scène 2, DAMON)
  25. Il faut avouer que tu abuses furieusement de ma patience : sais-tu la valeur des mauvais discours que tu viens de tenir, et qu'à la place du Chevalier, je refuserais de jouer davantage ? (Acte 1, scène 3, DAMON)
  26. Monsieur, je m'y ferais hacher, il n'y a point d'honnête homme qui puisse avoir ce visage-là : Lisette, en le voyant ici, en convenait hier avec moi. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  27. Tu me donnes une grande idée de sa pénétration ; je vais chez mon banquier, c'est aujourd'hui jour de poste, ne t'éloigne pas. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  28. Arrêtez, Monsieur, on nous a interrompus, je ne vous ai pas quand je veux, et mes ordres portent aussi, attendu cette légèreté d'esprit dont je vous ai parlé, que je tiendrai la main à ce que vous exécutiez tout ce que Monsieur votre père vous a dit de faire, et voici un petit agenda où j'ai tout écrit. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  29. Liste des articles et commissions recommandés par Monsieur Orgon à Monsieur Damon son fils aîné, sur les déportements, faits, gestes, et exactitude duquel il est enjoint à moi Pasquin, son serviteur, d'apporter mon inspection et contrôle. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  30. Oui, Monsieur, ce sont mes fonctions ; c'est, comme qui dirait, gouverneur. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  31. Premièrement. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  32. Aller chez Monsieur Lourdain, banquier, recevoir la somme de... (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  33. Le coeur me manque, je ne saurais la prononcer. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  34. La belle et copieuse somme que c'était ! (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  35. Secondement. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  36. Le pupille ne manquera de se transporter chez Monsieur Raffle, procureur, pour lui remettre des papiers. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  37. Troisièmement. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  38. De presser le sieur Damon de porter une lettre à l'adresse de Madame... (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  39. Ma foi, c'est Madame Dorville, rue Galante, dans la rue où nous sommes. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  40. Madame Dorville : est-ce là le nom de l'adresse ? (Acte 1, scène 3, DAMON)
  41. Je ne l'avais pas seulement lue. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  42. C'est elle-même, sans doute, qui loge dans cette maison, d'où elle passe dans le jardin de votre hôtel. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  43. J'étais bien éloigné de penser que j'avais en main quelque chose d'aussi favorable ; je ne l'ai pas même sur moi, cette lettre, que je ne devais rendre qu'à loisir. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  44. Mais par où mon père connaît-il Madame Dorville ? (Acte 1, scène 3, DAMON)
  45. Tu me fais grand plaisir de me rappeler cette lettre ; voilà de quoi m'introduire chez Madame Dorville, et j'irai la lui remettre au retour de chez mon banquier : je pars, ne t'écarte pas. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  46. Monsieur, comme vous en rapporterez le reste de votre argent, je vous demande en grâce que je le voie avant que vous le jouiez, je serais bien aise de lui dire adieu. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  47. Je me moque de ton pronostic. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  48. Ta maîtresse viendra-t-elle tantôt se promener ici avec sa mère ? (Acte 1, scène 4, DAMON)
  49. Le plus souvent c'est elle qui me prévient. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  50. Que tu me charmes ! (Acte 1, scène 4, DAMON)
  51. Adieu, Lisette, continue, je te prie, d'être dans mes intérêts. (Acte 1, scène 4, DAMON)
  52. Bonjour, ma fille, bonjour, mon coeur ; serviteur à mes amours. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  53. Tout doucement. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  54. Qu'est-ce donc, beauté de mon âme ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  55. C'est que j'ai à te parler, et que je rêve : tu dis que tu m'aimes, et je suis en peine de savoir si je fais bien de te le rendre. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  56. Parlons sérieusement ; je n'aime point les amours qui n'aboutissent à rien. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  57. Pour qui me prends-tu donc ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  58. J'entends qu'il me faut un mari, et non pas un amant. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  59. Pour ce qui est d'un amant, avec un mari comme moi, tu n'en auras que faire. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  60. Si Madame Dorville, qui ne connaît point ton maître, marie sa fille à un autre, comme il y a quelque apparence. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  61. Il y a quelques jours qu'il lui échappa qu'elle avait des vues, et c'est sur quoi nous raisonnions tantôt, Constance et moi, de façon qu'elle est fort inquiète, et de temps en temps, nous sommes toutes deux tentées de vous laisser là. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  62. Gardez-vous en bien ; je suis d'avis même que nous vous donnions, mon maître et moi, chacun notre portrait, que vous regarderez, pour vaincre la tentation de nous quitter. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  63. Ne badine point : j'ai charge de ma maîtresse de t'interroger adroitement sur de certaines choses. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  64. Il s'agit de savoir ce que tout cela peut devenir, et non pas de s'attacher imprudemment à des inconnus qu'il faut quitter, et qu'on regrette souvent plus qu'ils ne valent. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  65. Que n'écrit-il à son père qu'il nous aime, et que nous lui convenons ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  66. Laisse-nous donc arriver à Paris ; à peine y sommes-nous. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  67. Encore, comment nous connaissons-nous ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  68. Nous nous sommes rencontrés, et voilà tout. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  69. Oui, vraiment : ce fut le Chevalier, avec qui nous étions, qui aborda la mère dans le jardin ; ce qui continue de notre part : de façon que nous ne sommes encore que des amants qui s'abordent, en attendant qu'ils se fréquentent : il est vrai que c'en est assez pour s'aimer, et non pas pour se demander en mariage, surtout quand on a des mères qui ne voudraient pas d'un gendre de rencontre. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  70. Pour ce qui est de nos parents, nous ne leur avons, depuis notre arrivée, écrit que deux petites lettres, où il n'a pu être question de vous, ma fille : à la première, nous ne savions pas seulement que vos beautés étaient au monde ; nous ne l'avons su qu'une heure avant la seconde ; mais à la troisième, on mandera qu'on les a vues, et à la quatrième, qu'on les adore. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  71. Oui, mais les expédients ne sont pas de notre goût ; et en mon particulier, je congédierais, avec un soufflet ou deux, le coquin qui oserait me le proposer. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  72. Sans doute ; t'imagines-tu qu'on achète une charge considérable comme on achète un ruban ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  73. Pasquin, est-il réellement question d'une charge ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  74. Ne me trompes-tu pas ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  75. Cette face d'honnête homme que tu as trouvée si belle et si pleine de candeur... (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  76. Non, ma mie, non, on n'y voit qu'un échantillon de mes bonnes qualités, tout le monde en convient ; informez-vous. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  77. J'ôterais mon chapeau à cet homme-là, si je ne m'en empêchais pas, tant il ressemble au père de mon maître. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  78. Mais, ma foi, il lui ressemble trop, c'est lui-même. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  79. Tu as donc bien de la peine à me reconnaître, faquin ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  80. Comme vous êtes ici, pour ainsi dire, en fraude, je vous prenais pour une copie de vous-même... (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  81. Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous êtes ici, et il y en a autant que j'y suis ; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y êtes ; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste ; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  82. Je sors actuellement de chez ce banquier, j'y ai laissé mon fils qui ne m'y a pas vu, et qu'on va achever de payer ; mais je ne laisserai pas le reste de la somme à sa discrétion, et j'ai dit qu'on l'amusât pour me donner le temps de venir te parler. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  83. Ce jardin-ci m'en est témoin, il m'a vu pleurer, Monsieur : mes larmes apparemment ne sont pas touchantes ; car votre fils n'en a tenu compte, et je conviens avec vous que c'est un étourdi, un évaporé, un libertin qui n'est pas digne de vos bontés. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  84. Doucement, il mérite les noms que tu lui donnes, mais ce n'est pas à toi à les lui donner. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  85. Monsieur, il ne les mérite pas non plus ; et je ne les lui donnais que par complaisance pour votre colère et pour ma justification : mais la vérité est que c'est un fort estimable jeune homme, qui n'a joué que par politesse, et qui n'a perdu que par malheur. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  86. Non, Monsieur, je vous dis que le jeu l'ennuie ; il y bâille, même en y gagnant : vous le trouverez un peu changé, car il vous craint, il vous aime. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  87. Il me l'a toujours paru, et j'avoue que jusqu'ici je n'ai rien vu que de louable en lui ; je voulais achever de le connaître : il est jeune, il a fait une faute, il n'y a rien d'étonnant, et je la lui pardonne, pourvu qu'il la sente ; c'est ce qui décidera de son caractère : ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  88. Comment donc ! (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  89. Oui, Monsieur, rien qu'une fois, parce qu'il vous aime ; il veut rattraper son argent, afin que vous n'ayez pas le chagrin de savoir qu'il l'a perdu ; il n'y a rien de si tendre ; et ce que je vous dis là est exactement vrai. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  90. Ce soir même, pendant le bal qu'on doit donner ici, et où se doit trouver un certain Chevalier qui lui a gagné son argent, et qui est homme à lui gagner le reste. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  91. Je n'en sais rien, mais je crois qu'oui, car il y a quelques jours qu'il y eut un bal où ils l'étaient tous deux ; mon maître a même encore son domino vert qu'il a gardé pour ce bal-ci, et je pense que le Chevalier, qui loge au même hôtel, a aussi gardé le sien qui est jaune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  92. Tâche de savoir cela bien précisément, et viens m'en informer tantôt à ce café attenant l'hôtel, où tu me trouveras ; j'y serai sur les six heures du soir. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  93. Garde-toi, surtout, de dire à mon fils que je suis ici, je te le défends, et remets-lui cette lettre comme venant de la poste ; mais ce n'est pas là tout : on m'a dit aussi qu'il voit souvent dans ce jardin une jeune personne qui vient s'y promener avec sa mère ; est-ce qu'il l'aime ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  94. N'est-ce pas la fille de Madame Dorville ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  95. Je la connais, cette Madame Dorville, et il faut que mon fils ne lui ait pas rendu la lettre que je lui ai écrite, puisqu'il ne la voit pas chez elle. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  96. Il l'avait oubliée, et il doit la lui remettre à son retour ; mais, Monsieur, cette Madame Dorville est-elle bien de vos amies ? (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  97. Quelqu'un vient, je ne veux pas qu'on me voie, et je me retire avant que mon fils arrive. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  98. Et dis-moi, à ton tour, un animal qui me répond sur ce ton-là mérite-t-il qu'il m'en coûte ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  99. La cervelle t'aurait-elle subitement tourné, par hasard ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  100. La maudite race que les hommes ! (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  101. Bon, t'aimer ! (Acte 1, scène 7, PASQUIN)
  102. Tu diras à ton maître, de la part de Madame Dorville, qu'elle le prie de ne plus parler à Constance, que c'est une liberté qui lui déplaît, et qu'il s'en abstiendra, s'il est galant homme ; ce dont l'impudence du valet fait que je doute. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  103. J'avoue que je ne me sens pas d'aise, et cependant tu t'abuses : je suis plein d'amour, là, ce qu'on appelle plein, mon coeur en a pour quatre, en vérité, tu le verras. (Acte 1, scène 7, PASQUIN)
  104. Un peu moins que vous ne pensez ; ne me retenez pas, Monsieur, je ne saurais rester : votre homme sait les nouvelles, qu'il vous les dise. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  105. Ce n'est rien, c'est qu'elle a des ordres qui me divertissent. (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  106. Madame Dorville s'emporte, et prétend que nous supprimions tout commerce avec elle ; notre fréquentation dans le jardin n'est pas de son goût, dit-elle ; elle s'imagine que nous lui déplaisons, cette bonne femme ! (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  107. Comment ? (Acte 1, scène 8, DAMON)
  108. Oui, Monsieur : voilà ce qui le réjouit, il n'est plus permis à Constance de vous dire le moindre mot, on vous prie de la laisser en repos, vous êtes proscrit, tout entretien nous est interdit avec vous, et même, en vous parlant, je fais actuellement un crime. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  109. Oui, Monsieur, c'est une bagatelle ; Madame Dorville ne sait ce qu'elle dit, ni de qui elle parle ; je vous retiens ce soir à souper chez elle. (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  110. Elle me croit timbré, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  111. Voici Madame que je vois de loin se promener ; adieu, Monsieur, je vous quitte, et je vais la joindre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  112. Va-t'en, va-t'en, il faut effectivement que tu sois ivre ou fou. (Acte 1, scène 9, DAMON)
  113. Où est votre lettre pour cette Madame Dorville ? (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  114. Je vais la lui remettre, dès que j'aurai porté mon argent chez moi. (Acte 1, scène 9, DAMON)
  115. Oui, Madame. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  116. Par ce garçon, n'est-ce pas moi que vous entendez, Madame ? (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  117. Oui, je sais ce dont il est question, et j'en ai instruit mon maître ; mais ce n'est pas là votre dernier mot, Madame, vous changerez de sentiment ; je prends la liberté de vous le dire, nous ne sommes pas si mal dans votre esprit. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  118. Madame, je vous demande pardon ; mais je ne passe point, je reste, je ne vais pas plus loin. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  119. Voilà une démence bien étonnante ! (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  120. Madame, c'est qu'il est un peu imbécile. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  121. Point du tout, c'est seulement que je sais dire la bonne aventure. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  122. Jamais Madame ne séparera sa fille et mon maître. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  123. Ils sont faits pour s'aimer ; c'est l'avis des astres et le vôtre. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  124. Ils sont nés pour s'aimer ! (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  125. Je me persuade que non, vous êtes trop bien née pour cela. (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  126. Assurément, ma mère. (Acte 1, scène 10, CONSTANCE)
  127. C'est un jeune homme fort estimable. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  128. Peut-être même vous a-t-il parlé d'amour ? (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  129. Comme il s'expliquait d'une façon très respectueuse, et de l'air de la meilleure foi ; que, d'ailleurs, j'étais le plus souvent avec vous, et que je ne prévoyais pas que vous me défendriez de le voir, je n'ai pas cru devoir me fâcher contre un si honnête homme. (Acte 1, scène 10, CONSTANCE)
  130. Et moi, je dis que voici le temps qu'ils se verront bien autrement. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  131. Monsieur, vous êtes instruit de mes intentions, et j'espérais que vous y auriez plus d'égard. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  132. Constance sera privée du plaisir de se promener, parce que j'arrive ! (Acte 1, scène 11, DAMON)
  133. Voilà la première fois que vous me le dites. (Acte 1, scène 11, CONSTANCE)
  134. Je suis si mortifié du trouble que je cause ici, que je ne songeais pas à vous rendre cette lettre, Madame. (Acte 1, scène 11, DAMON)
  135. De mon père, Madame. (Acte 1, scène 11, DAMON)
  136. Oui, d'un gentilhomme de votre ancienne connaissance. (Acte 1, scène 11, PASQUIN)
  137. Monsieur, cette lettre me fait grand plaisir, je suis charmée d'apprendre des nouvelles de Monsieur votre père. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  138. Oserais-je me flatter que ces nouvelles me seront un peu favorables ? (Acte 1, scène 11, DAMON)
  139. Oui, Monsieur, vous pouvez continuer de nous voir, je vous le permets ; je ne saurais m'en dispenser avec le fils d'un si honnête homme. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  140. À merveille, Pasquin. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  141. Cependant, les vues que j'avais pour ma fille subsistent toujours, et plus que jamais, puisque je la marie incessamment. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  142. Non, Madame, il vaut mieux que je me retire pour vous laisser libre. (Acte 1, scène 11, DAMON)
  143. Dis-moi naturellement : ma fille a-t-elle de l'inclination pour lui ? (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  144. Il me paraît avoir du mérite. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  145. Si vous me consultez, je lui donne ma voix ; je le choisirais pour moi. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  146. C'est positivement à lui que je destinais Constance. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  147. Si fait : Pasquin et moi nous sommes les deux autres. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  148. Ne dis rien de ceci à ma fille, non plus qu'à Damon, Lisette ; je veux les surprendre, et c'est aussi l'intention du père qui doit arriver incessamment, et qui me prie de cacher à son fils, s'il aime ma fille, que nous avons dessein d'en faire mon gendre ; il se ménage, dit-il, le plaisir de paraître obliger Damon en consentant à ce mariage. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  149. Je vous promets le secret ; il faut que Pasquin soit instruit, et qu'il ait eu ses raisons pour m'avoir tu ce qu'il sait ; je ne m'étonne plus que mes injures l'aient tant diverti ; je lui ai donné la comédie, et je prétends qu'il me la rende. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  150. Oui, et depuis que Madame m'a confié ses desseins, je suis fort de son sentiment ; je trouve que le parti vous convient. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  151. Je dois m'intéresser à ce qui vous regarde, et puis on m'a fait l'honneur de me communiquer les choses. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  152. Vous me paraissez triste. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  153. Il y a des moments où l'on n'est pas gai. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  154. Qui est-ce qui n'a pas l'humeur inconstante ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  155. Mais je l'aurais trouvé assez à mon gré, si vous me l'aviez permis, au lieu que je ne connais pas l'autre. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  156. Allez, si j'en crois Madame, l'autre le vaut bien. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  157. Vous me fatiguez. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  158. Je m'en suis doutée, vous l'aimez. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  159. Quand elle l'aimerait, Madame, vous connaissez sa soumission, et vous n'avez pas de résistance à craindre. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  160. Ne dissimulez point, ma fille, on peut ou hâter ou retarder le mariage dont il s'agit ; parlez nettement : est-ce que vous aimez Damon ? (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  161. Vous mentez, je ne vous ai jamais dit que je l'aimais, mais seulement qu'il était aimable : vous m'en avez dit mille biens vous-même ; et puisque ma mère veut que je m'explique avec franchise, j'avoue qu'il m'a prévenue en sa faveur. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  162. Je ne demande pourtant pas que vous ayez égard à mes sentiments, ils me sont venus sans que je m'en aperçusse. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  163. Je les aurais combattus, si j'y avais pris garde, et je tâcherai de les surmonter, puisque vous me l'ordonnez ; il aurait pu devenir mon époux, si vous l'aviez voulu ; il a de la naissance et de la fortune, il m'aime beaucoup ; ce qui est avantageux en pareil cas, et ce qu'on ne rencontre pas toujours. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  164. Celui que vous me destinez feindra peut-être plus d'amour qu'il n'en aura ; je n'en aurai peut-être point pour lui, quelque envie que j'aie d'en avoir ; cela ne dépend pas de nous. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  165. La seule grâce dont j'ai besoin, c'est que vous m'accordiez du temps pour me mettre en état de vous obéir d'une manière moins pénible. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  166. Ma mère, je vous conjure de la faire taire, elle abuse de vos bontés ; il est indécent qu'un domestique se mêle de cela. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  167. Je pense pourtant comme elle, il sera mieux de ne pas différer votre mariage. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  168. Adieu ; promenez-vous, je vous laisse. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  169. Si vous rencontrez Damon, je vous permets de souffrir qu'il vous aborde ; vous me paraissez si raisonnable que ce n'est pas la peine de vous rien défendre là-dessus. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  170. À la bonne heure, mais je n'aime point le silence, je vous en avertis ; si je ne parle, je m'en vais, vous ne pourrez rester seule, il faudra que vous vous retiriez, et vous ne verrez point Damon ; ainsi, discourons, faites-vous cette petite violence. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  171. Ce n'est pas là mon compte ; il faut que vous me répondiez. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  172. J'aurai le chagrin de me marier au gré de ma mère ; mais j'aurai le plaisir de vous mettre dehors. (Acte 1, scène 14, CONSTANCE)
  173. C'est à cause de cela que vous me garderez. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  174. Allons, je ne veux plus me promener, vous n'avez qu'à me suivre. (Acte 1, scène 14, CONSTANCE)
  175. Je me meurs de douleur ! (Acte 1, scène 15, DAMON)
  176. Lisette, observe de grâce si Madame Dorville ne vient point. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  177. Vous dites que vous m'aimez, vous ne savez pas encore que j'y suis sensible ; mais le temps nous presse, et je vous l'avoue. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  178. Ma mère veut me marier à un autre que je hais, quel qu'il soit. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  179. Madame, rien ne manque à mon malheur. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  180. Point de mouvements, croyez-moi, tout est fait, tout est conclu, je vous parle en amie. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  181. Il ne me servirait à rien d'avoir recours à des amis, on vous a promise d'un côté, et on m'a engagé d'un autre : Voici ce que m'écrit mon père. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  182. J'arrive incessamment à Paris, mon fils ; je compte que les affaires de votre charge sont terminées, et que je n'aurai plus qu'à remplir un engagement que j'ai pris pour vous, et qui est de terminer votre mariage avec une des plus aimables filles de Paris. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  183. Votre père s'y connaît, apparemment ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  184. N'achevez pas de me désoler. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  185. Depuis que vous y êtes : figurez-vous qu'il n'est pas arrivé un moment plus tôt ni plus tard. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  186. Il se montre aussi hardiment que vous, et n'a pas moins de coeur que vous. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  187. Point d'emportement, Damon ; je vous quitte : peut-être qu'elle nous trompe pour nous épouvanter ; il est du moins certain que je n'ai point vu ce rival. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  188. Quoi qu'il en soit, je vais encore me jeter aux pieds de ma mère, et tâcher d'obtenir un délai qu'elle m'aurait déjà accordé, si cette fourbe que voilà ne l'en avait pas dissuadée. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  189. Voilà mon homme qui m'a tantôt ballottée. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  190. Du café voisin, où j'avais à parler à un homme de mon pays qui m'y attendait pour affaire sérieuse. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  191. Comment suis-je dans ton esprit ? (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  192. Me loges-tu toujours aux Petites-Maisons ? (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  193. Je ne suis pas tourné dans ce goût-là ; tu me menaces de l'impossible. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  194. Tu n'y entends rien, moitié de mon âme. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  195. Benêt, ta science me fait pitié ; veux-tu que je te confonde ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  196. Damon devait épouser ma maîtresse, suivant la lettre qu'il a tantôt remise à Madame Dorville de la part de son père ; on en était convenu ; n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  197. Mais effectivement ; je sens que ma mine s'allonge : as-tu commerce avec le diable ? (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  198. Il m'a révélé un secret de mince valeur, car tout est changé ; votre lettre est venue trop tard ; Madame Dorville ne peut plus tenir parole, et Constance et moi nous sommes toutes deux arrêtées pour d'autres. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  199. Tu m'assommes ! (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  200. Tu me poignardes ! (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  201. Je me meurs ! (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  202. Tu es donc fâché de me perdre ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  203. À merveille, tu régales bien ma vanité ; mais écoute, Pasquin, fais-moi encore un plaisir. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  204. Doucement, ceci est brutal. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  205. Non, tu me l'apprends, nigaud. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  206. Tout beau, ne dérangeons rien ; ne va point faire de sottises qui gâteraient tout peut-être ; il n'y a pas le mot de ce que je t'ai dit ; la lettre en question est toujours bonne, et les conventions tiennent ; c'est ce que m'a confié Madame Dorville et je me suis divertie de ta douleur, pour me venger de la scène de tantôt. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  207. Convenons que nous nous aimons prodigieusement ; aussi le méritons-nous-bien. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  208. À force de joie, tu deviens fat ; il se fait tard, tu me diras une autre fois pourquoi ton maître se cache : voici l'heure où l'on s'assemble dans la salle du bal ; Madame Dorville m'a dit qu'elle y mènerait Constance, et je vais voir si elles n'auront pas besoin de moi. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  209. Tout à l'heure, je te rejoins ; il me vient une idée, je t'en débarrasserai : laisse-moi faire. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  210. Au domino que je porte, il me prendra pour le Chevalier. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  211. Vraiment, celui-ci n'avait garde de manquer. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  212. Tiens, me devinais-tu ? (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  213. Je commence à vous deviner mieux. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  214. Apparemment qu'il est dans la salle. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  215. C'est vous, Chevalier, je commençais à m'impatienter : hâtons-nous de passer dans le cabinet qui est à côté de la salle. (Acte 1, scène 18, DAMON)
  216. Oui, Monsieur, jouez hardiment, je me dédis ; vous ne sauriez perdre, vous avez affaire au plus beau joueur du monde. (Acte 1, scène 18, PASQUIN)
  217. Il était temps qu'ils partissent ; voici mon homme, le véritable. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  218. Lisette me manque de parole. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  219. Non, Monsieur, il a la somme comptée en bel et bon or, je l'ai vue : ce sont des louis tout frais battus, qui ont une mine... (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  220. Ne vois-tu pas aussi dans mon étoile que je pourrais me fâcher contre toi ? (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  221. Il est même écrit que vous vous impatienterez. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  222. Une belle dame, riche et veuve, et qui est dans une des salles du bal, voudrait vous parler. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  223. À vous-même. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  224. Cet entretien-là peut vous mettre en jolie posture ; il y a longtemps qu'on vous connaît ; on est sage, on vous aime, on a vingt-cinq mille livres de rente, et vous pouvez mener tout cela bien loin. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  225. Monsieur, vous avez donné parole à mon maître ; il va venir avec un sac plein d'or, et cela se gagne encore plus vite qu'une femme ; que la veuve attende. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  226. Comment ! (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  227. Je vais dire à Madame de quelle façon on m'a reçue. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  228. Un moment. (Acte 1, scène 20, LE CHEVALIER)
  229. Je rougis pour Madame, et je pars. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  230. Pour épouser Madame, il faut du temps ; pour acquérir cet or, il ne faut qu'une minute. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  231. Assurément. (Acte 1, scène 21, DAMON)
  232. Mais après tout ce que j'ai perdu, vous ne sauriez me refuser de jouer encore cent louis sur ma parole. (Acte 1, scène 21, DAMON)
  233. Vous êtes jeune, vous dépendez apparemment d'un père ; je me reprocherais de profiter de l'étourdissement où vous êtes, et d'être, pour ainsi dire, le complice du désordre où vous voulez vous jeter ; j'ai même regret d'avoir tant joué ; votre âge et la considération de ceux à qui vous appartenez devaient m'en empêcher : croyez-moi, Monsieur ; vous me paraissez un jeune homme plein d'honneur, n'altérez point votre caractère par une aussi dangereuse habitude que l'est celle du jeu, et craignez d'affliger un père, à qui je suis sûr que vous êtes cher. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  234. Vous m'arrachez des larmes, en me parlant de lui ; mais je veux savoir avec qui j'ai joué : êtes-vous digne du discours que vous me tenez ? (Acte 1, scène 21, DAMON)
  235. Jugez-en vous-même. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  236. J'oublie tout, mon fils ; si cette scène-ci vous corrige, ne craignez rien de ma colère ; je vous connais, et ne veux vous punir de vos fautes qu'en vous donnant de nouveaux témoignages de ma tendresse ; ils feront plus d'effet sur votre coeur que mes reproches. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  237. Mon père, laissez-moi encore vous jurer à genoux que je suis pénétré de vos bontés ; que vos ordres, que vos moindres volontés me seront désormais sacrés ; que ma soumission durera autant que ma vie, et que je ne vois point de bonheur égal à celui d'avoir un père qui vous ressemble. (Acte 1, scène 21, DAMON)
  238. Voilà qui est fort touchant ; mais j'allais lui donner sa revanche ; j'offre de vous la donner à vous-même. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  239. Oui, Madame, c'est moi-même ; et j'allais dans le moment me faire connaître ; je m'étais fait un plaisir de vous surprendre. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  240. Non, ma mère, vous êtes trop bonne pour me le donner ; et je suis obligée de dire naturellement à Monsieur que je n'aimerai point son fils. (Acte 1, scène 22, CONSTANCE)
  241. Après cet aveu-là, Madame, je crois qu'il ne doit plus être question de notre projet. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  242. Vous me sacrifierez donc, ma mère ? (Acte 1, scène 22, CONSTANCE)
  243. Non, certes, c'est à quoi Madame Dorville voudra bien que je ne consente jamais. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  244. Demain, Madame, j'aurai l'honneur de vous voir chez vous. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  245. Ah, Madame ! (Acte 1, scène 22, DAMON)
  246. Allons, Madame. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)

L'ÉPREUVE (1740)

  1. Je viens de mettre pied à terre à la première hôtellerie du village, j'ai demandé le chemin du château suivant l'ordre de votre lettre, et me voilà dans l'équipage que vous m'avez prescrit. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Tu es comme il faut ; à qui t'es-tu adressé en entrant ? (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  3. Tu sais que je suis venu ici il y a près de deux mois pour y voir la terre que mon homme d'affaires m'a achetée ; j'ai trouvé dans le château une Madame Argante, qui en était comme la concierge, et qui est une petite bourgeoise de ce pays-ci. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  4. Cette bonne dame a une fille qui m'a charmé, et c'est pour elle que je veux te proposer. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  5. Pour cette fille que vous aimez ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Nous serons donc trois, vous traitez cette affaire-ci comme une partie de piquet. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  7. Écoute-moi donc, j'ai dessein de l'épouser moi-même. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  8. Me laisseras-tu dire ? (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  9. Je te présenterai sur le pied d'un homme riche et mon ami, afin de voir si elle m'aimera assez pour te refuser. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  10. C'est qu'en venant, j'ai rencontré près de l'hôtellerie une fille qui ne m'a pas aperçu, je pense, qui causait sur le pas d'une porte, mais qui m'a bien la mine d'être une certaine Lisette que j'ai connue à Paris, il y a quatre ou cinq ans, et qui était à une dame chez qui mon maître allait souvent. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  11. Je n'ai vu cette Lisette-là que deux ou trois fois ; mais comme elle était jolie, je lui en ai conté tout autant de fois que je l'ai vue, et cela vous grave dans l'esprit d'une fille. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  12. Mais, vraiment, il y en a une chez Madame Argante de ce nom-là, qui est du village, qui y a toute sa famille, et qui a passé en effet quelque temps à Paris avec une dame du pays. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  13. Ma foi, Monsieur, la friponne me reconnaîtra ; il y a de certaines tournures d'hommes qu'on n'oublie point. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  14. N'y a-t-il pas des hommes qui se ressemblent tant, qu'on s'y méprend ? (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  15. Quoique à la fleur de votre âge, vous êtes tout à fait sage et raisonnable, il me semble pourtant que votre projet est bien jeune. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. Doucement, vous êtes le fils d'un riche négociant qui vous a laissé plus de cent mille livres de rente, et vous pouvez prétendre aux plus grands partis ; le minois dont vous parlez là est-il fait pour vous appartenir en légitime mariage ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  17. Riche comme vous êtes, on peut se tirer de là à meilleur marché, ce me semble. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  18. Il est vrai qu'Angélique n'est qu'une simple bourgeoise de campagne ; mais originairement elle me vaut bien, et je n'ai pas l'entêtement des grandes alliances ; elle est d'ailleurs si aimable, et je démêle, à travers son innocence, tant d'honneur et tant de vertu en elle ; elle a naturellement un caractère si distingué, que, si elle m'aime, comme je le crois, je ne serai jamais qu'à elle. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  19. Comment ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  20. Si elle vous aime ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  21. Non, il n'a pas encore été question du mot d'amour entre elle et moi ; je ne lui ai jamais dit que je l'aime ; mais toutes mes façons n'ont signifié que cela ; toutes les siennes n'ont été que des expressions du penchant le plus tendre et le plus ingénu. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  22. Je tombai malade trois jours après mon arrivée ; j'ai été même en quelque danger, je l'ai vue inquiète, alarmée, plus changée que moi ; j'ai vu des larmes couler de ses yeux, sans que sa mère s'en aperçut et, depuis que la santé m'est revenue, nous continuons de même ; je l'aime toujours, sans le lui dire, elle m'aime aussi, sans m'en parler, et sans vouloir cependant m'en faire un secret ; son coeur simple, honnête et vrai, n'en sait pas davantage. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  23. Mais vous, qui en savez plus qu'elle, que ne mettez-vous un petit mot d'amour en avant, il ne gâterait rien ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  24. Il n'est pas temps ; tout sûr que je suis de son coeur, je veux savoir à quoi je le dois ; et si c'est l'homme riche, ou seulement moi qu'on aime : c'est ce que j'éclaircirai par l'épreuve où je vais la mettre ; il m'est encore permis de n'appeler qu'amitié tout ce qui est entre nous deux, et c'est de quoi je vais profiter. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  25. Mettez-vous à la place d'une fille, et ouvrez les yeux, vous verrez pourquoi, il y a cent à parier contre un que je plairai. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  26. Il vient à moi, il paraît avoir à me parler. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  27. Comment vous va ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  28. Oui je me porte assez bien, Monsieur Blaise. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  29. Pus rougeaud, pus varmeil, ça réjouit, ça me plaît à voir. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  30. C'est que j'aime tant la santé des braves gens, alle est si recommandabe, surtout la vôtre, qui est la pus recommandabe de tout le monde. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  31. Voirement, cette utilité-là est belle et bonne ; et je vians tout justement vous prier de m'en gratifier d'une. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  32. Vous savez bian, Monsieur, que je fréquente chez Madame Argante, et sa fille Angélique, alle est gentille, au moins. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  33. Assurément. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  34. Vous aimez donc Angélique ? (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  35. Cette criature-là m'affole, j'en pards si peu d'esprit que j'ai ; quand il fait jour, je pense à elle ; quand il fait nuit, j'en rêve ; il faut du remède à ça, et je vians envars vous à celle fin, par voute moyen, pour l'honneur et le respect qu'on vous porte ici, sauf voute grâce, et si ça ne vous torne pas à importunité, de me favoriser de queuques bonnes paroles auprès de sa mère, dont j'ai itou besoin de la faveur. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  36. Je vous entends, vous souhaitez que j'engage Madame Argante à vous donner sa fille. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  37. Et Angélique vous aime-t-elle ? (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  38. Dame, quand parfois je li conte ma chance, alle rit de tout son coeur, et me plante là, c'est bon signe, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  39. Ni bon, ni mauvais ; au surplus, comme je crois que Madame Argante a peu de bien, que vous êtes fermier de plusieurs terres, fils de fermier vous-même... (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  40. Et que je sis encore une jeunesse, je n'ons que trente ans, et d'humeur folichonne, un Roger-Bontemps. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  41. C'est qu'en revanche des soins que Madame Argante et toute sa maison ont eu de moi pendant ma maladie, j'ai songé à marier Angélique à quelqu'un de fort riche, qui va se présenter, qui ne veut précisément épouser qu'une fille de campagne, de famille honnête, et qui ne se soucie pas qu'elle ait du bien. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  42. Vous me faites là un vilain tour avec voute avisement, Monsieur Lucidor ; velà qui m'est bian rude, bian chagrinant et bian traître. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  43. Moi qui avais tant de peur que vous ne mouriez, c'était bian la peine de venir vingt fois demander : Comment va-t-il, comment ne va-t-il pas ? (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  44. Velà-t-il pas une santé qui m'est bian chanceuse, après vous avoir mené moi-même ceti-là qui vous a tiré deux fois du sang, et qui est mon cousin, afin que vous le sachiez, mon propre cousin gearmain ; ma mère était sa tante, et jarni ! (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  45. Sans compter que c'est cinq bonnes mille livres que vous m'ôtez comme un sou, et que la petite aura en mariage. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  46. Calmez-vous, est-ce cela que vous en espérez ? (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  47. Oui, je vous les promets, sans vous ôter cependant la liberté de vous présenter pour Angélique ; au contraire, j'exige même que vous la demandiez à Madame Argante, je l'exige, entendez-vous ; car si vous plaisez à Angélique, je serais très fâché de la priver d'un homme qu'elle aimerait. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  48. C'est comme un prince qui parle ! (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  49. Les bras m'en tombont, je ne saurais me ravoir ; allons, Monsieur, boutez-vous là, que je me prosterne devant vous, ni pus ni moins que devant un prodige. (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  50. Il n'est pas nécessaire, point de compliments, je vous tiendrai parole. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  51. Dites-moi, roi que vous êtes, si, par aventure, Angélique me chérit, j'aurons donc la femme et les douze mille francs avec ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  52. Ce n'est pas tout à fait cela, écoutez-moi, je prétends, vous dis-je, que vous vous proposiez pour Angélique, indépendamment du mari que je lui offrirai ; si elle vous accepte, comme alors je n'aurai fait aucun tort à votre amour, je ne vous donnerai rien ; si elle vous refuse, les douze mille francs sont à vous. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  53. Alle me refusera, Monsieur, alle me refusera ; le ciel m'en fera la grâce, à cause de vous qui le désirez. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  54. Peut-être bien que la somme m'étourdit un petit brin ; j'en sis friand, je le confesse, alle est si consolante ! (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  55. Je mets cependant encore une condition à notre marché, c'est que vous feigniez de l'empressement pour obtenir Angélique, et que vous continuiez de paraître amoureux d'elle. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  56. Oui, Monsieur, je serons fidèle à ça, mais j'ons bonne espérance de n'être pas daigne d'elle, et mêmement j'avons opinion, si alle osait, qu'alle vous aimerait pus que parsonne. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  57. Vous me surprenez, je ne m'en suis pas aperçu, vous vous trompez ; en tout cas, si elle ne veut pas de vous, souvenez-vous de lui faire ce petit reproche-là, je serais bien aise de savoir ce qui en est, par pure curiosité. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  58. Et comme je ne vous crois pas mal à propos glorieux, vous me ferez plaisir aussi de jeter vos vues sur Lisette, que, sans compter les douze mille francs, vous ne vous repentirez pas d'avoir choisi, je vous en avertis. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  59. Il n'y a qu'à dire, an se revirera itou sur elle, je l'aimerai par mortification. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  60. J'avoue qu'elle sert Madame Argante, mais elle n'est pas de moindre condition que les autres filles du village. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  61. Voirement, alle en est née native. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  62. Mais je vous ordonne une chose ; c'est de ne lui dire que vous l'aimez qu'après qu'Angélique se sera expliquée sur votre compte ; il ne faut pas que Lisette sache vos desseins auparavant. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  63. Oui, c'est un de mes amis qui vient me voir. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  64. Dans quel appartement du château souhaitez-vous qu'on le loge ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  65. Il me semble l'avoir vue dans le jardin, qui s'amusait à cueillir des fleurs. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  66. Voici un homme qui est de bonne volonté pour elle, qui a grande envie de l'épouser, et je lui demandais si elle avait de l'inclination pour lui ; qu'en pensez-vous ? (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  67. Que Mademoiselle Lisette a de jugement ! (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  68. J'aime qu'on soit franc, et en effet, queul mérite avons-je pour li plaire à cette enfant ? (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  69. Ce n'est pas que vous ne valiez votre prix, Monsieur Blaise, mais je crains que Madame Argante ne vous trouve pas assez de bien pour sa fille. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  70. Vous me faites rire avec votre air joyeux. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  71. Stapendant, je me baillerai bian du tourment pour avoir Angélique, et il en pourra venir que je l'aurons, ou bian que je ne l'aurons pas, faut mettre les deux pour deviner juste. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  72. Quoi qu'il en soit, j'ai aussi un parti à lui offrir, mais un très bon parti, il s'agit d'un homme du monde, et voilà pourquoi je m'informe si elle n'aime personne. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  73. Ménagez vos termes avec Lisette, Maître Blaise. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  74. Aussi fais-je, je n'y mets pas le sens commun. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  75. Ce Monsieur Lucidor a le meilleur coeur du monde. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  76. Un coeur magnifique, un coeur tout d'or ; au surplus, comment vous portez-vous, Mademoiselle Lisette ? (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  77. Que voulez-vous dire avec votre compliment, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  78. Vous tenez depuis un moment des discours bien étranges. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  79. Comme il regarde ; en vérité, vous extravaguez. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  80. Contemplez, voyez, ai-je aujourd'hui le visage autrement fait que je l'avais hier ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  81. Non, c'est moi qui le voix mieux que de coutume ; il est tout nouviau pour moi. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  82. Que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  83. Vous ne me dites rien d'intelligible. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  84. Mais pourquoi me trouver si agréable ; par quel accident le remarquez-vous plus qu'à l'ordinaire ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  85. Jusqu'ici vous n'avez pas pris garde si je l'étais ou non, croirai-je que vous êtes tombé subitement amoureux de moi ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  86. Je ne dis pas que je vous aime. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  87. Je ne vous dis pas que je ne vous aime point ; ni l'un ni l'autre, vous m'en êtes témoin ; j'ons donné ma parole, je marche droit en besogne, voyez-vous, il n'y a pas à rire à ça ; je ne dis rien, mais je pense, et je vais répétant que vous êtes agriable ! (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  88. Je vous regarde à mon tour et, si je me figurais pas que vous êtes timbré, en vérité, je soupçonnerais que vous ne me haïssez pas. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  89. Et mêmement, à vous permis de m'aimer, par exemple, j'y consens encore ; si le coeur vous y porte, ne vous retenez pas, je vous lâche la bride là-dessus ; il n'y aura rian de pardu. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  90. Le plaisant compliment ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  91. Dame, je sis bridé, mais ce n'est pas comme vous, je ne saurais parler pus clair ; voici venir Angélique, laissez-moi li toucher un petit mot d'affection, sans que ça empêche que vous soyez gentille. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  92. Dit-on que ce soit pour l'emmener à Paris qu'on est venu ? (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  93. Me marier, Monsieur Blaise, et à qui donc, s'il vous plaît ? (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  94. Il parle vraiment d'un très grand mariage ; il s'agit d'un homme du monde, et il ne dit pas qui c'est, ni d'où il viendra. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  95. D'un homme du monde qu'il ne nomme pas ! (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  96. Je vous rapporte ses propres termes. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  97. Je le crois bien, ce serait là un beau mystère, vous n'êtes qu'un homme des champs, vous. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  98. Stapendant j'ons mes prétentions itou, mais je ne me cache pas, je dis mon nom, je me montre, en publiant que je suis amoureux de vous, vous le savez bian. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  99. Me velà pour vous en aviser derechef, vous souciez-vous un peu de ça, Mademoiselle Angélique ? (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  100. Prenez-y garde, au moins, car je vais me douter, sans façon, que je vous plais. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  101. Je ne vous le conseille pas, Monsieur Blaise ; car il me semble que non. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  102. Bon ça ; velà qui se comprend ; c'est pourtant fâcheux, voyez-vous, ça me chagraine ; mais n'importe, ne vous gênez pas, je reviendrai tantôt pour savoir si vous désirez que j'en parle à Madame Argante, ou s'il faudra que je m'en taise ; ruminez ça à part vous, et faites à votre guise, bonjour. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  103. Heureusement, je ne crains pas son amour, quand il me demanderait à ma mère, il n'en sera pas plus avancé. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  104. c'est un conteur de sornettes qui ne convient pas à une fille comme vous. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  105. Je ne l'écoute pas ; mais dis-moi, Lisette, Monsieur Lucidor parle donc sérieusement d'un mari ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  106. Mais d'un mari distingué, d'un établissement considérable. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  107. Je rougirais trop, si je me trompais ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  108. Ne serait-ce pas lui, par hasard, que vous vous imaginez être l'homme en question, tout grand seigneur qu'il est par ses richesses ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  109. Je ne sais pas seulement moi-même ce que je veux dire, on rêve, on promène sa pensée, et puis c'est tout ; on le verra, ce mari, je ne l'épouserai pas sans le voir. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  110. Tenez, le voilà lui-même. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  111. Non, Monsieur, il n'y a qu'un moment que je sais que vous avez envie de me parler, et je la querellais de ne me l'avoir pas dit plus tôt. (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  112. Je me retire donc. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  113. À quoi songez-vous donc en me considérant si fort ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  114. Ce n'était pas de même quand vous étiez malade. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  115. À propos, je sais que vous aimez les fleurs, et je pensais à vous aussi en cueillant ce petit bouquet ; tenez, Monsieur, prenez-le. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  116. Et moi, à cette heure que je l'ai reçu, je l'aime mieux qu'auparavant. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  117. Cela est si aisé avec de certaines personnes ; mais que me voulez-vous donc ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  118. Vous donner des témoignages de l'extrême amitié que j'ai pour vous, à condition qu'avant tout, vous m'instruirez de l'état de votre coeur. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  119. Vos façons de parler me font tant de plaisir, que j'en oublie presque ce que j'ai à vous dire. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  120. Comment faire ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  121. Vous oublierez donc toujours, à moins que je ne me taise ; je ne connais point d'autre secret. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  122. Je n'aime point ce secret-là ; mais poursuivons : il n'y a encore environ que sept semaines que je suis ici. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  123. Confiez-moi ce qui en est comme au meilleur ami que vous ayez. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  124. Je ne sais pas, Monsieur, pourquoi vous pensez que j'en distingue, des jeunes gens qui me font la cour ; est-ce que je les remarque ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  125. Je ne me souciais d'aucun quand vous êtes venu ici, et je ne m'en soucie pas davantage depuis que vous y êtes, assurément. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  126. Il me demandera en ce qu'il lui plaira, mais, en un mot, tous ces gens-là me déplaisent depuis le premier jusqu'au dernier, principalement lui, qui me reprochait, l'autre jour, que nous nous parlions trop souvent tous deux, comme s'il n'était pas bien naturel de se plaire plus en votre compagnie qu'en la sienne ; que cela est sot ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  127. Si vous ne haïssez pas de me parler, je vous le rends bien, ma chère Angélique : quand je ne vous vois pas, vous me manquez, et je vous cherche. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  128. Oui, mais malheureusement vous n'êtes pas de notre village, et vous retournerez peut-être bientôt à votre Paris, que je n'aime guère. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  129. Si j'étais à votre place, il me viendrait plutôt chercher que je n'irais le voir. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  130. Contez-moi donc comme quoi. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  131. C'est que je vous destine un mari qui y demeure. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  132. Ah çà, ne me trompez pas, au moins, tout le coeur me bat ; loge-t-il avec vous ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  133. Oui, Angélique ; nous sommes dans la même maison. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  134. Quel homme est-ce ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  135. Un homme très riche. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  136. Nos caractères se ressemblent, il pense comme moi. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  137. Toujours de mieux en mieux, que je l'aimerai ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  138. C'est un homme tout aussi uni, tout aussi sans façon que je le suis. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  139. Il l'aura, Monsieur Lucidor, il l'aura, il l'a déjà ; je l'aime autant que vous, ni plus ni moins. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  140. Vous aurez le sien, Angélique, je vous en assure, je le connais ; c'est tout comme s'il vous le disait lui-même. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  141. Sans doute, et moi je réponds aussi comme s'il était là. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  142. Que de l'humeur dont il est, vous allez le rendre heureux ! (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  143. Je vous promets bien qu'il ne sera pas heureux tout seul. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  144. Adieu, ma chère Angélique ; il me tarde d'entretenir votre mère et d'avoir son consentement. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  145. Le plaisir que me fait ce mariage ne me permet pas de différer davantage ; mais avant que je vous quitte, acceptez de moi ce petit présent de noce que j'ai droit de vous offrir, suivant l'usage, et en qualité d'ami ; ce sont de petits bijoux que j'ai fait venir de Paris. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  146. À lui, ma chère Lisette, à lui-même, et je l'attends. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  147. Et quel est donc cet homme qui s'appelle lui par excellence ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  148. Si fait, voilà vingt fois que je te le répète ; si tu savais comme nous nous sommes parlé, comme nous nous entendions bien sans qu'il ait dit : C'est moi ! (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  149. Je reviens, belle Angélique ; en allant chez votre mère, j'ai trouvé Monsieur qui arrivait, et j'ai cru qu'il n'y avait rien de plus pressé que de vous l'amener ; c'est lui, c'est ce mari pour qui vous êtes si favorablement prévenue, et qui, par le rapport de nos caractères, est en effet un autre moi-même ; il m'a apporté aussi le portrait d'une jeune et jolie personne qu'on veut me faire épouser à Paris. (Acte 1, scène 10, LUCIDOR)
  150. Jetez les yeux dessus : comment le trouvez-vous ? (Acte 1, scène 10, LUCIDOR)
  151. Adieu, je vous laisse ensemble, et je cours chez Madame Argante. (Acte 1, scène 10, LUCIDOR)
  152. Mademoiselle, l'étonnante immobilité où je vous vois intimide extrêmement mon inclination naissante ; vous me découragez tout à fait, et je sens que je perds la parole. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  153. Si la charmante Angélique daignait seulement jeter un regard sur moi, je crois que je ne lui ferais point de peur, et peut-être y reviendrait-elle : on s'accoutume aisément à me voir, j'en ai l'expérience, essayez-en. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  154. Lisette, tenez compagnie à Monsieur, je lui demande pardon, je ne me sens pas bien ; j'étouffe, et je vais me retirer dans ma chambre. (Acte 1, scène 11, ANGÉLIQUE)
  155. C'est Frontin, c'est lui-même. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  156. Allez-vous me dire aussi que ce sera pour une autre fois ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  157. Comment donc ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  158. Est-ce que je me tromperais ? (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  159. Monsieur, excusez-moi ; mais n'avez-vous jamais été à Paris chez une Madame Dorman, où j'étais ? (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  160. Qu'est-ce que c'est que Madame Dorman ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  161. Une place Maubert, une Madame Dorman, un second ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  162. Je ne dis plus mot, mais j'avoue que je vous ai pris pour Frontin, et il faut que je me fasse toute la violence du monde pour m'imaginer que ce n'est point lui. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  163. Vous me lassez à la fin. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  164. Je crois que le plus court est d'en rire moi-même ; allez, ma fille, un homme moins raisonnable et de moindre étoffe se fâcherait ; mais je suis trop au-dessus de votre méprise, et vous me divertiriez beaucoup, n'était le désagrément qu'il y a d'avoir une physionomie commune avec ce coquin-là. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  165. Monsieur, je me brouille encore, la ressemblance m'emporte. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  166. Ce n'est rien, je commence à m'y faire : ce n'est pas à moi à qui vous parlez. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  167. Non, Monsieur, c'est à votre copie, et je voulais dire qu'il aurait grand tort de me tromper ; car je voudrais de tout mon coeur que ce fût lui ; je crois qu'il m'aimait, et je le regrette. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  168. Voilà qui est bien particulier ; à chaque fois que vous parlez, il me semble l'entendre. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  169. Vraiment, il n'y a rien là de surprenant ; dès qu'on se ressemble, on a le même son de voix, et volontiers les mêmes inclinations ; il vous aimait, dites-vous, et je ferais comme lui, sans l'extrême distance qui nous sépare. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  170. Je me réjouissais en croyant l'avoir retrouvé. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  171. Tant d'amour sera récompensé, ma belle enfant, je vous le prédis ; en attendant, vous ne perdrez pas tout, je m'intéresse à vous et je vous rendrai service ; ne vous mariez point sans me consulter. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  172. Allons, vous abusez de ma bonté ; il est temps que je me retire. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  173. Quand ce serait lui, au reste, Maître Blaise est bien un autre parti, s'il m'aime. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  174. Au même état où vous étiez tantôt. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  175. Ne me direz-vous point ce que peut signifier le tant pis que vous dites en riant ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  176. En tout cas, j'ai un avis à vous donner ; c'est qu'Angélique ne paraît pas disposée à accepter le mari que Monsieur Lucidor lui destine, et qui est ici, et que si, dans ces circonstances, vous continuez à la rechercher, apparemment vous l'obtiendrez. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  177. Vous m'impatientez avec vos tant mieux si tristes, vos tant pis si gaillards, et le tout en m'appelant ma grande fille et mon poulet ; il faut, s'il vous plaît, que j'en aie le coeur net, Monsieur Blaise : pour la dernière fois, est-ce que vous m'aimez ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  178. En vérité, dans l'incertitude où vous me tenez de vos sentiments, que voulez-vous que je réponde aux douceurs que vous me dites ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  179. Mettez-vous à ma place. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  180. Car si vous êtes de bonne foi, si effectivement vous m'aimez... (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  181. Voilà Madame Argante et Monsieur Lucidor ; il est apparemment question du mariage d'Angélique avec l'amant qui lui est venu ; la mère voudra qu'elle l'épouse ; et si elle obéit, comme elle y sera peut-être obligée, il ne sera plus nécessaire que vous la demandiez ; ainsi, retirez-vous, je vous prie. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  182. Oui, mais je sis d'obligation aussi de revenir voir ce qui en est, pour me comporter à l'avenant. (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  183. Votre énigme est d'une impertinence qui m'indigne. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  184. Je commence à croire qu'il y a quelque motif à cela. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  185. Non, Madame, je ne me suis point aperçu de mauvaise réception ; il n'y a eu qu'un étonnement naturel à une jeune et honnête fille, qui se trouve, pour ainsi dire, mariée dans la minute ; mais pour le peu que Madame la rassure, et s'en mêle, il n'y aura pas la moindre difficulté. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  186. Lisette a raison, je pense comme elle. (Acte 1, scène 14, LUCIDOR)
  187. Madame, le mariage en impromptu étonne l'innocence, mais ne l'afflige pas, et votre fille est allée se trouver mal dans sa chambre. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  188. Amenez-la ici ; partez. (Acte 1, scène 14, MADAME-ARGANTE)
  189. Il faut avoir la bonté de lui pardonner ces premiers mouvements-là, Monsieur, ce ne sera rien. (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  190. Vous avez beau dire, on a eu tort de m'exposer à cette aventure-ci ; il est fâcheux à un galant homme, à qui tout Paris jette ses filles à la tête, et qui les refuse toutes, de venir lui-même essuyer les dédains d'une jeune citoyenne de village, à qui on ne demande précisément que sa figure en mariage. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  191. Votre fille me convient fort ; et je rends grâces à mon ami de l'avoir retenue ; mais il fallait, en m'appelant, me tenir sa main si prête et si disposée que je n'eusse qu'à tendre la mienne pour la recevoir ; point d'autre cérémonie. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  192. Messieurs, un peu de patience ; regardez-la, dans cette occasion-ci, comme un enfant. (Acte 1, scène 14, MADAME-ARGANTE)
  193. Non, Monsieur, je dis la chose comme elle est ; répondez, ma fille. (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  194. Point de ton d'autorité, sinon je reprends mes bottes et monte à cheval. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  195. Comment ? (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  196. Madame Argante, vous avez le dialogue d'une rudesse insoutenable. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  197. Je sors, je ne pourrais pas me retenir, mais je la déshérite, si elle continue de répondre aussi mal aux obligations que nous vous avons, Messieurs. (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  198. Tout doux, appuyez légèrement sur le dernier. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  199. Et, merci de ma vie ! (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  200. A cette heure que ma mère n'y est plus, et que je suis un peu plus hardie, il est juste que je parle à mon tour, et je commence par vous, Lisette ; c'est que je vous prie de vous taire, entendez-vous ; il n'y a rien ici qui vous regarde ; quand il vous viendra un mari, vous en ferez ce qu'il vous plaira, sans que je vous en demande compte, et je ne vous dirai point sottement, ni que vous êtes née coiffée, ni que vous êtes trop heureuse, ni que vous attendez un prince, ni d'autres propos aussi ridicules que vous m'avez tenus, sans savoir ni quoi, ni qu'est-ce. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  201. Vous êtes honnête homme, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  202. Je suis l'homme du monde le plus humain, vos pareilles en ont mille preuves. (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  203. C'est bien fait, je vous dirai donc, Monsieur, que je serais mortifiée s'il fallait vous aimer, le coeur me le dit ; on sent cela ; non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime ; je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre ; je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là, j'y vais de tout mon coeur ; ce n'est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous, et si je l'avais pu, il ne m'en aurait pas plus coûté de vous crier : Ne venez pas ! (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  204. Comme vous me le dites ? (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  205. Vous ne manquerez pas de filles ; quand on est riche, on en a tant qu'on veut, à ce qu'on dit, au lieu que naturellement je n'aime pas l'argent ; j'aimerais mieux en donner que d'en prendre ; c'est là mon humeur. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  206. Mon grand ami, voilà ce qu'on appelle un congé bien conditionné, et je le reçois, sauf vos conseils, qui me régleront là-dessus cependant ; ainsi, belle ingrate, je diffère encore mes derniers adieux. (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  207. Votre ami n'a guère de coeur, il me demande à quelle heure il partira, et il reste. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  208. Un homme qui lui faisait sa fortune ! (Acte 1, scène 17, LISETTE)
  209. Il y a des antipathies insurmontables ; si Angélique est dans ce cas-là, je ne m'étonne point de son refus, et je ne renonce pas au projet de l'établir avantageusement. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  210. Son amitié, le méchant homme ! (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  211. Moi, Monsieur, me plaindre ! (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  212. Me voyez-vous fâchée ? (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  213. Je suis très contente de vous ; vous en agissez on ne peut pas mieux ; comment donc ! (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  214. Écoutez, Lisette, je suis naturellement douce et bonne ; un enfant a plus de malice que moi ; mais si vous me fâchez, vous m'entendez bien ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  215. Je vous promets de la rancune pour mille ans. (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  216. Si vous ne vous plaignez pas de moi, reprenez donc ce petit présent que je vous avais fait, et que vous m'avez rendu sans me dire pourquoi. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  217. C'est-à-dire que vous ne voulez pas que je songe à vous marier, et que, malgré ce que vous m'avez dit tantôt, il y a quelque amour secret dont vous me faites mystère. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  218. Eh mais, cela se peut bien, oui, Monsieur, voilà ce que c'est, j'en ai pour un homme d'ici, et quand je n'en aurais pas, j'en prendrais tout exprès demain pour avoir un mari à ma fantaisie. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  219. Me retenez-vous, moi ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  220. Une fois, deux fois, me voulez-vous ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  221. L'insupportable homme ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  222. Ah çà, Monsieur, je vous prends à témoin comme quoi je l'aime, comme quoi alle me repousse, que, si elle ne me prend pas, c'est sa faute, et que ce n'est pas sur moi qu'il en faut jeter l'endosse. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  223. Au demeurant, ça ne me surprend point ; Mademoiselle Angélique en refuse deux, alle en refuserait trois ; alle en refuserait un boissiau ; il n'y en a qu'un qu'alle envie, tout le reste est du fretin pour alle, hormis Monsieur Lucidor, que j'ons deviné drès le commencement. (Acte 1, scène 18, MA?TRE BLAISE)
  224. Li-même, n'ons-je pas vu que vous pleuriez quand il fut malade, tant vous aviez peur qu'il ne devînt mort ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  225. Comment, vous ne croirez pas ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  226. Vous ne seriez pas un homme de bien de le croire. (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  227. M'accuser d'aimer, à cause que je pleure ; à cause que je donne des marques de bon coeur ! (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  228. Passons, passons là-dessus ; car, à vous parler franchement, je l'ai cru de même. (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  229. Vous m'accablez, vous me déchirez. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  230. Un homme qui ne songe point à moi, qui veut me marier à tout le monde, et je l'aimerais, moi, qui ne pourrais pas le souffrir s'il m'aimait, moi qui ai de l'inclination pour un autre ? (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  231. Que l'affront qu'on me fait m'est sensible ! (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  232. Monsieur, c'est par discrétion que je ne vous ai pas dit ma pensée ; mais je vous aime si peu, que, si je ne me retenais pas, je vous haïrais, depuis ce mari que vous avez mandé de Paris ; oui, Monsieur, je vous haïrais, je ne sais trop même si je ne vous hais pas, je ne voudrais pas jurer que non, car j'avais de l'amitié pour vous, et je n'en ai plus ; est-ce là des dispositions pour aimer ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  233. Je suis honteux de la douleur où je vous vois, avez-vous besoin de vous défendre, dès que vous en aimez un autre, tout n'est-il pas dit ? (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  234. Puisqu'on m'obstine, c'est justement lui qui parle, cet indigne. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  235. Çà, Mademoiselle, ne badinons point ; ça n'a ni rime ni raison. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  236. Vraiment, je le sais bien. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  237. Et pis, vous m'avez rebuté d'abord, j'ai compté là-dessus, moi, je me sis arrangé autrement. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  238. On n'a pas un coeur qui va et qui vient comme une girouette : faut être fille pour ça ; on se fie à des refus. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  239. Ce n'est pas là ce qui embarrassera, et j'aplanirai tout ; puisque vous avez le bonheur d'être aimé, Maître Blaise, je donne vingt mille francs en faveur de ce mariage, je vais en porter la parole à Madame Argante, et je reviens dans le moment vous en rendre la réponse. (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  240. Comme on me persécute ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  241. Je crois que cet homme-là me fera mourir de chagrin. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  242. Sur ce pied-là, vous ne m'aimez pas. (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  243. Si fait da : ça m'avait un peu quitté, mais je vous r'aime chèrement à cette heure. (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  244. Il y aurait trop de lâcheté à vous de prendre de l'argent d'un homme qui a voulu me marier à un autre, qui m'a offensée en particulier en croyant que je l'aimais, et qu'on dit que j'aime moi-même. (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  245. Mais acoutez donc le bon sens, si je ne prends pas les vingt mille francs, vous me pardrez, vous ne m'aurez point, voute mère ne voura point de moi. (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  246. Me velà biau garçon. (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  247. Ainsi vous n'avez qu'à venir tous deux l'en remercier. (Acte 1, scène 20, LUCIDOR)
  248. À l'égard de votre mère, ne vous en inquiétez pas, je la calmerai ; mais me laisserez-vous la douleur de n'avoir pu vous rendre heureuse ? (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  249. Voilà qui est fini ; je ne veux rien d'un homme qui m'a donné le renom que je l'aimais toute seule. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  250. On ne m'a point entendue me vanter que vous m'aimiez, quoique je l'eusse pu croire aussi bien que vous, après toutes les amitiés et toutes les manières que vous avez eues pour moi, depuis que vous êtes ici, je n'ai pourtant pas abusé de cela ; vous n'en avez pas agi de même, et je suis la dupe de ma bonne foi. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  251. Je n'en sais rien ; mais si jamais je viens à aimer quelqu'un, ce ne sera pas moi qui lui chercherai des filles en mariage, je le laisserai plutôt mourir garçon. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  252. Angélique, sans la haine que vous m'avez déclarée, et qui m'a paru si vraie, si naturelle, j'allais me proposer moi-même. (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  253. Vous m'aimez donc ? (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  254. Vous me transportez, Angélique. (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  255. Oui Madame, et je l'épouse dès aujourd'hui, si vous y consentez. (Acte 1, scène 22, LUCIDOR)
  256. Vraiment, que de reste, Monsieur, c'est bien de l'honneur à nous tous, et il ne manquera rien à la joie où je suis, si Monsieur... (Acte 1, scène 22, MADAME-ARGANTE)
  257. Qui est votre ami, demeure aussi le nôtre. (Acte 1, scène 22, MADAME ARGANTE)
  258. Dormez sur la foi des serments, v.2 (Acte 1, scène 23, MADAME-ARGANTE)
  259. Qu'aucun soupçon ne vous émeuve ; v.3 (Acte 1, scène 23, MADAME ARGANTE)
  260. A la mettre à l'épreuve. v.6 (Acte 1, scène 23, MADAME ARGANTE)
  261. Blaise me donne du souci ; v.10 (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  262. Mais en revanche, Dieu merci, v.11 (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  263. Je le mets à l'épreuve. v.12 (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  264. Vous qui courez après l'hymen, v.13 (Acte 1, scène 23, FRONTIN)
  265. Pour éloigner tout examen, v.14 (Acte 1, scène 23, FRONTIN)
  266. Si l'amour trompe en ce moment, v.16 (Acte 1, scène 23, FRONTIN)
  267. C'est du moins agréablement : v.17 (Acte 1, scène 23, FRONTIN)
  268. Que Mathuraine ait de l'humeur, v.19 (Acte 1, scène 23, MAÎTRE BLAISE)
  269. Et qu'al me refuse son coeur, v.20 (Acte 1, scène 23, MA?TRE BLAISE)
  270. Je somme à toute épreuve. v.24 (Acte 1, scène 23, MA?TRE BLAISE)
  271. Soit fille, soit femme, soit veuve, v.27 (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  272. Ah ! que l'hymen paraît charmant v.31 (Acte 1, scène 23, ANGÉLIQUE)

LES SINCÈRES (1747)

  1. Dites-lui qu'actuellement elle achève une lettre qu'elle voudrait bien qu'il envoyât à Paris porter avec les siennes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. On dirait qu'elle ne se soucie point de moi : je pourrais donc me confier à elle, mais la voilà qui s'arrête. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Il ne me retient point, c'est bon signe. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Il n'y a rien qui presse ; Monsieur a plusieurs lettres à écrire, à peine commence-t-il la première ; ainsi soyez tranquille. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Je n'en irai pas un moment plus tôt, je sais mon compte. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Je reste donc pour prendre mes mesures, suivant le temps qu'il vous plaira de prendre pour vous déterminer. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Nous y voilà ; je me doutais bien que je ne lui étais pas indifférent ; cela était trop difficile. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  8. Coiffée comme vous l'êtes, vous aurez de la peine à me le persuader. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  9. Je me tais cependant. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Ce garçon-là ne m'aime point : je puis me fier à lui. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Tenez, je vous vois venir ; abrégeons, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  12. C'est que ces accidents-là me sont si familiers ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  13. Vous pouvez vous vanter que vous êtes pour moi tout comme si vous n'étiez pas au monde. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Et moi, comment me trouvez-vous, à mon tour ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Vous venez de me voler ma réponse. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. Grand merci ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  17. Vous êtes mon homme ; voilà ce que je demandais. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  18. Vous me rassurez, mon mérite m'avait fait peur. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  19. Dubois, que Monsieur Dorante a laissé à Paris, et auprès de qui vous n'êtes qu'un magot, a toute mon inclination ; prenez seulement garde à vous. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  20. Marton, l'incomparable Marton, qu'Araminte n'a pas amenée avec elle, et devant qui toute soubrette est plus_ou_moins guenon, est la souveraine de mon coeur. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  21. Pourrais-tu me dire au juste le caractère de ta maîtresse ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  22. Il y a bien des choses dans ce portrait-là : en gros, je te dirai qu'elle est vaine, envieuse et caustique ; elle est sans quartier sur vos défauts, vous garde le secret sur vos bonnes qualités ; impitoyablement muette à cet égard, et muette de mauvaise humeur ; fière de son caractère sec et formidable qu'elle appelle austérité de raison ; elle épargne volontiers ceux qui tremblent sous elle, et se contente de les entretenir dans la crainte. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  23. Assez sensible à l'amitié, pourvu qu'elle y prime : il faut que son amie soit sa sujette, et jouisse avec respect de ses bonnes grâces : c'est vous qui l'aimez, c'est elle qui vous le permet ; vous êtes à elle, vous la servez, et elle vous voit faire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  24. Généreuse d'ailleurs, noble dans ses façons ; sans son esprit qui la rend méchante, elle aurait le meilleur coeur du monde ; vos louanges la chagrinent, dit-elle ; mais c'est comme si elle vous disait : Louez-moi encore du chagrin qu'elles me font. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  25. Quant à moi, j'ai là-dessus une petite manière qui l'enchante ; c'est que je la loue brusquement, du ton dont on querelle ; je boude en la louant, comme si je la grondais d'être louable ; et voilà surtout l'espèce d'éloges qu'elle aime, parce qu'ils n'ont pas l'air flatteur, et que sa vanité hypocrite peut les savourer sans indécence. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  26. Lisette, finis donc, me disait-elle, tu y regardes de trop près, tes scrupules m'ennuient. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  27. Aussi me brusquait-elle ; je la trouvais aigre, acariâtre : Que vous êtes gauche ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  28. Il fallait que je servisse sa coquetterie sans la connaître ; que je prisse cette coquetterie sur mon compte, et que Madame eût tout le bénéfice des friponneries de mon art, sans qu'il y eût de sa faute. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  29. Ce n'est pas de même ; il dit ce qu'il pense de tout le monde, mais il n'en veut à personne ; ce n'est pas par malice qu'il est sincère, c'est qu'il a mis son affection à se distinguer par là. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  30. Si, pour paraître franc, il fallait mentir, il mentirait : c'est un homme qui vous demanderait volontiers, non pas : M'estimez-vous ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  31. Son but n'est pas de persuader qu'il vaut mieux que les autres, mais qu'il est autrement fait qu'eux ; qu'il ne ressemble qu'à lui. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  32. Ordinairement, vous fâchez les autres en leur disant leurs défauts ; vous le chatouillez, lui, vous le comblez d'aise en lui disant les siens ; parce que vous lui procurez le rare honneur d'en convenir ; aussi personne ne dit-il tant de mal de lui que lui-même ; il en dit plus qu'il n'en sait. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  33. Il est connu partout pour homme de coeur, et je ne désespère pas que quelque jour il ne dise qu'il est poltron ; car plus les médisances qu'il fait de lui sont grosses, et plus il a de goût à les faire, à cause du caractère original que cela lui donne. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  34. Voulez-vous qu'il parle de vous en meilleurs termes que de son ami ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  35. L'autre jour, un homme contre qui il avait un procès presque sûr vint lui dire : Tenez, ne plaidons plus, jugez vous-même, je vous prends pour arbitre, je m'y engage. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  36. Là-dessus voilà mon homme qui s'allume de la vanité d'être extraordinaire ; le voilà qui pèse, qui prononce gravement contre lui, et qui perd son procès pour gagner la réputation de s'être condamné lui-même : il fut huit jours enivré du bruit que cela fit dans le monde. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  37. Ah çà, profitons de leur marotte pour les brouiller ensemble ; inventons, s'il le faut ; mentons : peut-être même nous en épargneront-ils la peine. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  38. Je ne me soucie pas de cette épargne-là. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  39. Je mens fort aisément, cela ne me coûte rien. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  40. C'est-à-dire que vous êtes né menteur ; chacun a ses talents. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  41. Nous sommes gens d'esprit. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  42. À propos, puisque voilà Ergaste, parle-lui de la lettre de Madame la Marquise. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  43. Madame la Marquise vous prie de n'envoyer votre commissionnaire à Paris qu'après qu'elle lui aura donné une lettre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  44. Je vous dis qu'elle vous prie de n'envoyer votre messager qu'après qu'il aura reçu une lettre d'elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  45. Qu'est-ce qui me prie ? (Acte 1, scène 2, ERGASTE)
  46. C'est Madame la Marquise. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  47. Le haïssable homme ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  48. Conserve-lui ces bons sentiments, nous en ferons quelque chose. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  49. Me voyez-vous, Ergaste ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  50. Madame, je vous demande pardon ; je croyais parler à Lisette. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  51. J'y étais à peu près dans le même dessein. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  52. Comme il vous plaira, Madame. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  53. Non, Madame. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  54. Oui, Madame. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  55. Vous l'aimez donc ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  56. Moi, Madame ? (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  57. Vous-même ; il est certain que vous m'aimiez avant que de venir ici. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  58. Vous m'excuserez, Madame. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  59. J'avoue que vous ne me l'avez pas dit ; mais vous avez eu des empressements pour moi, ils étaient même fort vifs. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  60. Et si je ne vous avais pas amené chez la Marquise, vous m'aimeriez actuellement. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  61. Je ne vous blâme point ; je n'ai rien à disputer à la Marquise, elle l'emporte en tout sur moi. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  62. En quoi me la préférez-vous donc ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  63. C'est que, si elle vient à m'aimer, je m'en fierai plus à ce qu'elle me dira, qu'à ce que vous m'auriez dit. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  64. Comment ! (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  65. Me croyez-vous fausse ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  66. Je suis assez content de tout ce qu'elle m'a dit ; elle m'a parlé assez uniment. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  67. j'ai le coeur affadi des douceurs de Dorante que je quitte ; je me mourais déjà des sots discours de cinq ou six personnes d'avec qui je sortais, et qui me sont venues voir ; vous êtes bien heureux de ne vous y être pas trouvé. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  68. Si les hommes voulaient se parler franchement, si l'on n'était point applaudi quand on s'en fait accroire, insensiblement l'amour-propre se rebuterait d'être impertinent, et chacun n'oserait plus s'évaluer que ce qu'il vaut. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  69. Mais depuis que je vis, je n'ai encore vu qu'un homme vrai ; et en fait de femmes, je n'en connais point de cette espèce. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  70. Eh bien, vous êtes l'homme dont je vous parle ; aussi m'avez-vous prévenue d'une estime pour vous, d'une estime... (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  71. Quand je dis vous, Marquise, c'est sans faire réflexion que vous êtes là ; je vous le dis comme je le dirais à un autre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  72. Comme de mon côté je vous cite sans vous voir ; c'est un étranger à qui je parle. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  73. Oui, vous m'avez surpris ; je ne m'attendais pas à un caractère comme le vôtre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  74. Dire inflexiblement la vérité ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  75. La dire à vos amis même ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  76. L'un était un jeune homme de vingt-huit à trente ans, un fat toujours agité du plaisir de se sentir fait comme il est ; il ne saurait s'accoutumer à lui ; aussi sa petite âme n'a-t-elle qu'une fonction, c'est de promener son corps comme la merveille de nos jours ; c'est d'aller toujours disant : Voyez mon enveloppe, voilà l'attrait de tous les coeurs, voilà la terreur des maris et des amants, voilà l'écueil de toutes les sagesses. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  77. Imaginez-vous qu'il n'a précisément qu'un objet dans la pensée, c'est de se montrer ; quand il rit, quand il s'étonne, quand il vous approuve, c'est qu'il se montre. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  78. Remarquez mes gestes et mes attitudes ; voyez mes grâces dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis ; voyez mon air fin, mon air leste, mon air cavalier, mon air dissipé ; en voulez-vous du vif, du fripon, de l'agréablement étourdi ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  79. À la prude : Vous me lorgnez en dessous ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  80. À la vertueuse : Vous résistez à la tentation de me regarder ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  81. Il n'y a pas jusqu'à la personne âgée qui, à ce qu'il croit, dit en elle-même en le voyant : Quel dommage que je ne suis plus jeune ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  82. Il a parlé d'un mariage qui a pensé se conclure pour lui ; mais que trois ou quatre femmes jalouses, désespérées et méchantes, ont trouvé sourdement le secret de faire manquer : cependant il ne sait pas encore ce qui arrivera ; il n'y a que les parents de la fille qui se soient dédits, mais elle n'est pas de leur avis. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  83. Il sait de bonne part qu'elle est triste, qu'elle est changée ; il est même question de pleurs : elle ne l'a pourtant vu que deux fois ; et ce que je vous dis là, je vous le rends un peu plus clairement qu'il ne l'a conté. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  84. Un fat se doute toujours un peu qu'il l'est ; et comme il a peur qu'on ne s'en doute aussi, il biaise, il est fat le plus modestement qu'il lui est possible ; et c'est justement cette modestie-là qui rend sa fatuité sensible. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  85. À côté de lui était une nouvelle mariée, d'environ trente ans, de ces visages d'un blanc fade, et qui font une physionomie longue et sotte ; et cette nouvelle épousée, telle que je vous la dépeins, avec ce visage qui, à dix ans, était antique, prenait des airs enfantins dans la conversation ; vous eussiez dit d'une petite fille qui vient de sortir de dessous l'aile de père et de mère ; figurez-vous qu'elle est toute étonnée de la nouveauté de son état ; elle n'a point de contenance assurée ; ses innocents appas sont encore tout confus de son aventure ; elle n'est pas encore bien sûre qu'il soit honnête d'avoir un mari ; elle baisse les yeux quand on la regarde ; elle ne croit pas qu'il lui soit permis de parler si on ne l'interroge ; elle me faisait toujours une inclination de tête en me répondant, comme si elle m'avait remerciée de la bonté que j'avais de faire comparaison avec une personne de son âge ; elle me traitait comme une mère, moi, qui suis plus jeune qu'elle, ah, ah, ah ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  86. Non ; car il faut que je me venge de tout l'ennui que m'ont donné ces originaux. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  87. Vis-à-vis de la petite fille de trente ans, était une assez grosse et grande femme de cinquante à cinquante-cinq ans, qui nous étalait glorieusement son embonpoint, et qui prend l'épaisseur de ses charmes pour de la beauté ; elle est veuve, fort riche, et il y avait auprès d'elle un jeune homme, un cadet qui n'a rien, et qui s'épuise en platitudes pour lui faire sa cour. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  88. J'y étais, a-t-elle dit, et j'y trompai mes meilleurs amis, ils ne me reconnurent point. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  89. Madame, a-t-il repris, vous n'êtes pas reconnaissable ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  90. Comment cela, Monsieur ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  91. Oui, Madame, à je ne sais quoi de noble et d'aisé qui ne pouvait appartenir qu'à vous ; et puis vous ôtâtes un gant ; et comme, grâce au ciel, nous avons une main qui ne ressemble guère à d'autres, en la voyant je vous nommai. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  92. Je vous en parle savamment ; car la grosse dame au grand air de tête prit longtemps du tabac pour exposer cette main unique, qui a de l'étoffe pour quatre, et qui finit par des doigts d'une grosseur, d'une brièveté, à la différence de ceux de la petite fille de trente ans qui sont comme des filets. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  93. Notre cercle finissait par un petit homme qu'on trouvait si plaisant, si sémillant, qui ne dit rien et qui parle toujours ; c'est-à-dire qu'il a l'action vive, l'esprit froid et la parole éternelle : il était auprès d'un homme grave qui décide par monosyllabes, et dont la compagnie paraissait faire grand cas ; mais à vous dire vrai, je soupçonne que tout son esprit est dans sa perruque : elle est ample et respectable, et je le crois fort borné quand il ne l'a pas ; les grandes perruques m'ont si souvent trompée que je n'y crois plus. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  94. Mais dites sérieusement, vous êtes donc un peu content de moi ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  95. Prenez garde aussi de m'estimer trop. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  96. Vous êtes un homme admirable : vous me diriez que je suis parfaite que je n'en appellerais pas : je ne parle pas de la figure, entendez-vous ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  97. Avec quelle simplicité il s'exprime ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  98. Vous me charmez, Ergaste, vous me charmez... (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  99. À propos, vous envoyez à Paris ; dites à votre homme qu'il vienne chercher une lettre que je vais achever. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  100. Suivez Madame, elle va vous donner une lettre, que vous remettrez à celui que je fais partir pour Paris. (Acte 1, scène 5, ERGASTE)
  101. Il est lui-même chez Madame qui attend la lettre. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  102. Il l'aura dans un moment. (Acte 1, scène 5, MARQUISE)
  103. J'aperçois Dorante qui se promène là-bas, et je me sauve. (Acte 1, scène 5, MARQUISE)
  104. Et moi je vais faire mes paquets. (Acte 1, scène 5, ERGASTE)
  105. Ils me paraissent bien satisfaits tous deux. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  106. Me voilà revenue ; qu'as-tu imaginé ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  107. Toutes réflexions faites, je conclus qu'il faut d'abord commencer par nous brouiller tous deux. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  108. Je n'en sais encore rien ; je ne saurais t'expliquer mon projet ; j'aurais de la peine à me l'expliquer à moi-même : ce n'est pas un projet, c'est une confusion d'idées fort spirituelles qui n'ont peut-être pas le sens commun, mais qui me flattent. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  109. Je verrai clair à mesure ; à présent je n'y vois goutte. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  110. Nous avons cru qu'Ergaste et la Marquise se promenaient ici. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  111. Non, Madame, mais nous parlions d'eux, à votre profit. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  112. La Marquise est à la veille d'épouser Ergaste ; il y a du moins lieu de le croire, à l'empressement qu'ils ont l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  113. Sur ce pied-là, vous ne vous aimez donc pas, vous autres ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  114. Nous avions déjà conclu d'affaire avec d'autres, et Madame loge chez elle la petite personne que j'aime. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  115. Vous l'avez dit, Madame ; mon amour est de sa façon. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  116. Laissons là ce détail ; vous aimez toujours ma maîtresse ; dans le fond elle ne vous haïssait pas, et c'est vous qui l'épouserez, je vous la donne. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  117. Et c'est Madame à qui je prends la liberté de transporter mon maître. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  118. Vous me le transportez, Frontin ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  119. Madame a raison, tu ne lui ferais pas là un grand présent. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  120. Vous parlez fort mal, Lisette ; ce que j'ai répondu à Frontin ne signifie rien contre Ergaste, que je regarde comme un des hommes les plus dignes de l'attachement d'une femme raisonnable. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  121. À la bonne heure ; je le trouvais un homme fort ordinaire, et je vais le regarder comme un homme fort rare. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  122. Halte-là, faquin ; prenez garde à ce que vous direz de Madame la Marquise. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  123. Allez, Lisette ; vous êtes une impertinente avec vos airs méprisants contre un homme dont je prends le parti, et votre maîtresse elle-même me fera raison du peu de respect que vous avez pour moi. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  124. On sait bien qu'elle est aimable ; mais il y en a encore de plus belles, quand ce ne serait que Madame. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  125. Madame n'a que faire là-dedans, maraud ; mais je te donnerais cent coups de bâton, sans la considération que j'ai pour ton maître. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  126. Qu'est-ce donc, Dorante, il me semble que tu cries ? (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  127. Parlez : la plus belle femme du monde est-ce la Marquise ? (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  128. Comme un ange ! (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  129. Sans aller plus loin, Madame a les traits plus réguliers qu'elle. (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  130. J'ai prononcé de même sur ces deux articles, et Monsieur s'emporte ; il dit que sans vous la dispute finirait sur mes épaules ; je vous laisse mon bon droit à soutenir, et je me retire avec votre suffrage. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  131. Eh mais je suis persuadé que la Marquise elle-même ne se pique pas de beauté, elle n'en a que faire pour être aimée. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  132. Quoi qu'il en soit, nous sommes amis. (Acte 1, scène 9, DORANTE)
  133. Je te demande grâce pour lui, et je suis sûr que la Marquise te la demandera elle-même. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  134. Au reste, j'étais venu savoir si vous n'avez rien à mander à Paris, où j'envoie un de mes gens qui va partir ; peut-il vous être utile ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  135. Allons, Madame, vous me le donnerez à moi-même. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  136. Madame va me remettre un billet pour être porté à Paris ; et je reviens ici dans le moment, Madame. (Acte 1, scène 10, ERGASTE)
  137. Dorante, me promènerai-je avec un muet ? (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  138. Dans la triste situation où me met votre indifférence pour moi, je n'ai rien à dire, et je ne sais que soupirer. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  139. J'ai dans l'esprit que vous me gardez vos langueurs. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  140. Madame, n'abusez point du pouvoir de votre beauté : ne vous suffit-il pas de me préférer un rival ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  141. Pouvez-vous encore avoir la cruauté de railler un homme qui vous adore ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  142. L'expression est grande et magnifique assurément : mais je lui trouve un défaut ; c'est qu'elle me glace, et vous ne la prononcez jamais que je ne sois tentée d'être aussi muette qu'une idole. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  143. Vous me désespérez, fut-il jamais d'homme plus maltraité que je le suis ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  144. Dorante, vous n'êtes pas indigne qu'on vous aime ; vous avez de tout, de l'honneur, de la naissance, de la fortune, et même des agréments ; je dirai même que vous m'auriez peut-être plu ; mais je n'ai jamais pu me fier à votre amour ; je n'y ai point de foi, vous l'exagérez trop ; il révolte la simplicité de caractère que vous me connaissez. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  145. M'aimez-vous beaucoup ? (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  146. Ne m'aimez-vous guère ? (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  147. Faites-vous semblant de m'aimer ? (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  148. Un homme qui aime une femme raisonnable ne dit point : Je soupire ; ce mot n'est pas assez sérieux pour lui, pas assez vrai ; il dit : Je vous aime ; je voudrais bien que vous m'aimassiez ; je suis bien mortifié que vous ne m'aimiez pas : voilà tout, et il n'y a que cela dans votre coeur non plus. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  149. Vous n'y verrez, ni que vous m'adorez, car c'est parler en poète ; ni que vous êtes désespéré, car il faudrait vous enfermer ; ni que je suis cruelle, car je vis doucement avec tout le monde ; ni peut-être que je suis belle, quoique à tout prendre il se pourrait que je la fusse ; et je demanderai à Ergaste ce qui en est ; je compterai sur ce qu'il me dira ; il est sincère : c'est par là que je l'estime ; et vous me rebutez par le contraire. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  150. Vous me poussez à bout ; mon coeur en est plus croyable qu'un misanthrope qui voudra peut-être passer pour sincère à vos dépens, et aux dépens de la sincérité même. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  151. À mon égard, je n'exagère point : je dis que je vous adore, et cela est vrai ; ce que je sens pour vous ne s'exprime que par ce mot-là. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  152. J'appelle aussi mon amour une passion, parce que c'en est une ; je dis que votre raillerie me désespère, et je ne dis rien de trop ; je ne saurais rendre autrement la douleur que j'en ai ; et s'il ne faut pas m'enfermer, c'est que je ne suis qu'affligé, et non pas insensé. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  153. Il est encore vrai que je soupire, et que je meurs d'être méprisé : oui, je m'en meurs, oui, vos railleries sont cruelles, elles me pénètrent le coeur, et je le dirai toujours. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  154. Adieu, Madame ; voici Ergaste, cet homme si sincère, et je me retire. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  155. Jouissez à loisir de la froide et orgueilleuse tranquillité avec laquelle il vous aime. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  156. Ce que je ne vous ai pas encore dit à vous-même. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  157. Que je vous aime. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  158. Si c'était le contraire, je vous le dirais tout aussi uniment. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  159. Apparemment. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  160. Et comme on peut se marier à la campagne, je pourrai même mander que c'en est fait. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  161. Attendez ; laissez-moi respirer : en vérité, vous allez si vite que je me suis crue mariée. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  162. C'est que ce sont de ces choses qui vont tout de suite, quand on s'aime. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  163. Sans difficulté ; mais, dites-moi, Ergaste, vous êtes homme vrai : qu'est-ce que c'est que votre amour ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  164. Car je veux être véritablement aimée. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  165. Non, d'homme d'honneur : passe pour autant une fois en ma vie. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  166. Oui, je pense bien avoir aimé autant ; pour plus, je n'en ai pas l'idée ; je crois même que cela ne serait pas possible. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  167. Mais ce sont des grâces différentes ; elle en avait infiniment. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  168. Vous rêvez ; n'aime-t-on pas toujours les gens à proportion de ce qu'ils sont aimables ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  169. Penchez-vous, vraiment ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  170. À laisser là cette égalité si équivoque, elle ne me tente point ; j'aime autant la perdre que de la gagner, en vérité. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  171. Ne vous travaillez plus à nous évaluer ; mettez-vous l'esprit en repos ; je lui cède, j'en ferai un astre, si vous voulez. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  172. votre badinage me charme ; il en sera donc ce qu'il vous plaira ; l'essentiel est que je vous aime autant que je l'aimais. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  173. Vous me faites bien de la grâce ; quand vous en rabattriez, je ne m'en plaindrais pas. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  174. Vous avez paru, ce me semble, avoir quelque inclination pour Araminte ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  175. Oui, je me suis senti quelque envie de l'aimer ; mais la difficulté de pénétrer ses dispositions m'a rebuté. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  176. On risque toujours de se méprendre avec elle, et de croire qu'elle est sensible quand elle n'est qu'honnête ; et cela ne me convient point. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  177. Je fais grand cas d'elle ; comment la trouvez-vous ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  178. Ne me trompez point. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  179. Jamais, et voici ce que j'en pense : Araminte a de la beauté, on peut dire que c'est une belle femme. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  180. Et quant à moi, à cet égard-là, je n'ai qu'à me cacher, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  181. J'ai tort, je passe l'étendue de mes droits. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  182. Le sot homme ! (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  183. Franchement, c'est que vous êtes un mauvais connaisseur, et qu'à dire vrai, nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  184. Il me semble cependant qu'une certaine régularité de traits... (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  185. Vous me faites pitié ! (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  186. Oui, Monsieur, du baroque ; mais on s'y accoutume, et voilà tout ; et quand je vous accorde que nous n'avons pas plus de beauté l'une que l'autre, c'est que je ne me soucie guère de me faire tort ; mais croyez que tout le monde la trouvera encore plus éloignée d'être belle que moi, tout effroyable que vous me faites. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  187. Soit, je plais davantage, mais je commence par faire peur. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  188. Je puis m'être trompé, cela m'arrive souvent ; je réponds de la sincérité de mes sentiments, mais je n'en garantis pas la justesse. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  189. Quant à vos esprits, le vôtre me paraît bien vif, bien sensible, bien délicat. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  190. À Monsieur, Madame ; je viens vous avertir d'une chose, Monsieur. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  191. Vous savez que tantôt Frontin a osé dire à Dorante même qu'Araminte était beaucoup plus belle que ma maîtresse ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  192. Oui, Madame, et Frontin vous mettait bien au-dessous d'Araminte, elle présente et moi aussi. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  193. Comment ! (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  194. Ce que je veux apprendre à Monsieur, c'est que Frontin dit qu'il est arrivé dans le temps que Dorante se fâchait, s'emportait contre lui en faveur de Madame. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  195. Oui, Madame ; sur quoi Frontin dit donc que vous êtes arrivé, Monsieur ; que vous avez demandé à Dorante de quoi il se plaignait, et que, l'ayant su, vous avez extrêmement loué son avis, je dis l'avis de Frontin ; que vous y avez applaudi, et déclaré que Dorante était un flatteur ou n'y voyait goutte ; voilà ce que cet effronté publie, et j'ai cru qu'il était à propos de vous informer d'un discours qui ne vous ferait pas honneur, et qui ne convient ni à vous ni à Madame. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  196. C'est un sot, il en a dit beaucoup trop : il est faux que je l'aie applaudi ou loué : mais comme il ne s'agissait que de la beauté, qu'on ne saurait contester à Araminte, je me suis contenté de dire froidement que je ne voyais pas qu'il eût tort. (Acte 1, scène 13, ERGASTE)
  197. Il est vrai que ce n'est pas là applaudir, ce n'est que confirmer, qu'appuyer la chose. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  198. Oui ; et j'ai même ajouté, par une estime particulière pour vous, que vous seriez de mon avis vous-même. (Acte 1, scène 13, ERGASTE)
  199. Voilà où l'oracle s'est trop avancé ; je ne justifierai point votre estime : j'en suis fâchée ; mais je connais Araminte, et je n'irai point confirmer aussi une décision qui lui tournerait la tête ; car elle est si sotte : je gage qu'elle vous aura cru, et il n'y aurait plus moyen de vivre avec elle. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  200. Ma première inclination a d'abord été mon mari, qui valait mieux que vous, Ergaste, soit dit sans rien diminuer de l'estime que vous méritez. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  201. Après, Madame ? (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  202. Depuis sa mort, je me suis senti, il y a deux ans, quelque sorte de penchant pour un étranger qui demeura peu de temps à Paris, que je refusai de voir, et que je perdis de vue ; homme à peu près de votre taille, ni mieux ni plus mal fait ; de ces figures passables, peut-être un peu plus remplie, un peu moins fluette, un peu moins décharnée que la vôtre. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  203. Et de Dorante, que m'en direz-vous, Madame ? (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  204. Qu'il est plus doux, plus complaisant, qu'il a la mine un peu plus distinguée, et qu'il pense plus modestement de lui que vous ; mais que vous plaisez davantage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  205. J'ai tort aussi, très tort : mais ce qui me surprend, c'est qu'une figure aussi chétive que la mienne, qu'un homme aussi désagréable, aussi revêche, aussi sottement infatué de lui-même, ait pu gagner votre coeur. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  206. Il vous en a fallu un des plus déterminés pour pouvoir m'aimer avec de si terribles défauts, qui sont peut-être vrais, dont je vous suis obligé de m'avertir, mais que je ne savais guère. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  207. Vous me l'apprenez, et je vous rends instruction pour instruction. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  208. Je tâcherai d'en profiter ; tout ce que je crains, c'est qu'un homme aussi commun, et qui vaut si peu, ne vous rebute. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  209. Dès que vous pardonnez à mes désagréments, il est juste que je pardonne à la petitesse de votre mérite. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  210. Vous me rassurez. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  211. Personne ne viendra-t-il me délivrer de lui ? (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  212. Je suis d'avis de vous laisser ; vous me paraissez rêver. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  213. Je vous en remercie, et je vous quitte ; je suis votre serviteur. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  214. Madame, je ne lui en dirai plus rien. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  215. Quel homme avec son imbécile sincérité ! (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  216. Assurément, s'il dit vrai, je ne suis pas une jolie personne. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  217. Eh bien, Madame ! (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  218. Après tout, peut-être pas si étrange, Lisette ; je ne sais plus qu'en penser moi-même ; il a peut-être raison ; je me méfie de tout ce qu'on m'a dit jusqu'ici de flatteur pour moi ; et surtout de ce que m'a dit ton Dorante, que tu aimes tant, et qui doit être le plus grand fourbe, le plus grand menteur avec ses adulations. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  219. Que je me sais bon gré de l'avoir rebuté ! (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  220. Fort bien ; c'est-à-dire que nous sommes tous des aveugles. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  221. Toute la terre s'accorde à dire que vous êtes une des plus jolies femmes de France, je vous épargne le mot de belle, et toute la terre en a menti. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  222. Vraiment, oui ; le témoignage d'un hypocondre est bien plus sûr. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  223. Je sais bien qu'il y a des minois d'un mérite incertain, qui semblent jolis aux uns, et qui ne le semblent pas aux autres ; et si vous aviez un de ceux-là, qui ne laissent pas de distinguer beaucoup une femme, j'excuserais votre méfiance. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  224. Mais le vôtre est charmant ; petits et grands, jeunes et vieux, tout en convient, jusqu'aux femmes ; il n'y a qu'un cri là-dessus. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  225. Quand on me donna à vous, que me dit-on ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  226. Vous allez servir une dame charmante. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  227. Quand je vous vis, comment vous trouvai-je ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  228. Ceux qui viennent ici, ceux qui vous rencontrent, comment vous trouvent-ils ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  229. À la ville, aux champs, c'est le même écho, partout charmante ; que diantre ! (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  230. Ta colère me divertit. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  231. Tenez, il vous est venu tantôt compagnie ; il y avait des hommes et des femmes. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  232. J'étais dans la salle d'en bas quand ils sont descendus, j'entendais ce qu'ils disaient ; ils parlaient de vous, et précisément de beauté, d'agréments. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  233. Vous me feriez mourir ; la porte était fermée sur moi. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  234. Quelqu'un de mes gens pouvait être là ; ce n'est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est ; car est-ce par là qu'on vaut quelque chose ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  235. Mais voici le plus hardi de mes flatteurs. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  236. Monsieur, prétendez-vous que je vous passe encore vos soupirs, vos je vous adore ; vos enchantements sur ma personne ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  237. Venez-vous encore m'entretenir de mes appas ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  238. J'ai interrogé un homme vrai pour achever de vous connaître, j'ai vu Ergaste ; allez savoir ce qu'il pense de moi ; il vous dira si je dois être contente du sot amour-propre que vous m'avez supposé par toutes vos exagérations. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  239. Allez, Monsieur, il vous apprendra que Madame est laide. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  240. Comment ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  241. Il n'est pas question de plaisanter, peu m'importe ce que je suis à cet égard ; ce n'est pas l'intérêt que j'y prends qui me fait parler, pourvu que mes amis me croient le coeur bon et l'esprit bien fait, je les quitte du reste : mais qu'un homme que je voulais estimer, dont je voulais être sûre, m'ait regardée comme une femme dont il croyait que ses flatteries démonteraient la petite cervelle, voilà ce que je lui reproche. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  242. Et moi, Madame, je vous déclare que ce n'est plus ni vous ni vos grâces que je défends ; vous êtes fort libre de penser de vous ce qu'il vous plaira, je ne m'y oppose point ; mais je ne suis ni un adulateur ni un visionnaire, j'ai les yeux bons, j'ai le jugement sain, je sais rendre justice ; et je soutiens que vous êtes une des femmes du monde la plus aimable, la plus touchante, je soutiens qu'il n'y aura point de contradiction là-dessus ; et tout ce qui me fâche en le disant, c'est que je ne saurais le soutenir sans faire l'éloge d'une personne qui m'outrage, et que je n'ai nulle envie de louer. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  243. Je suis de même ; on est fâché du bien qu'on dit d'elle. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  244. Mais comment se peut-il qu'Ergaste me trouve difforme et vous charmante ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  245. Comment cela se peut-il ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  246. C'est pour votre honneur que j'insiste ; les sentiments varient-ils jusque-là ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  247. Parlez, Madame, car je suis piqué ; c'est votre sincérité que j'interroge : vous êtes-vous jamais présentée nulle_part, au spectacle, en compagnie, que vous n'ayez fixé les yeux de tout le monde, qu'on ne vous y ait distinguée ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  248. Oui, Madame, oui, je m'en fierai à ce que vous en savez, je ne vous crois pas capable de me tromper. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  249. Voyons comment Madame se tirera de ce pas-ci. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  250. Madame, pourquoi me condamnez-vous donc ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  251. Et cette Araminte est si dupe, qu'elle en est émue, qu'elle se rengorge, et s'en estime plus qu'à l'ordinaire. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  252. Cette pauvre petite femme ! (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  253. Ma foi, je l'excuse ; il n'y a point de femme, en pareil cas, qui ne se redressât aussi bien qu'elle. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  254. Taisez-vous, vous êtes un fripon ; peu s'en faut que je ne me redresse aussi, moi. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  255. Je parle d'elle, Madame, et non pas de vous. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  256. Il est vrai que je me sens obligée de dire, pour votre justification, qu'on a toujours mis quelque différence entre elle et moi ; je ne serai pas de bonne foi si je le niais ; ce n'est pas qu'elle ne soit aimable. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  257. Ce n'est pas que vous n'ayez vos défauts ; vous en avez, car je suis sincère aussi, moi, sans me vanter de l'être. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  258. Mais vous me charmez, Dorante ; je ne vous connaissais pas. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  259. Ces défauts, je veux que vous me les disiez, au moins. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  260. C'est distraction, c'est souvent par oubli de moi-même. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  261. Tant pis ; ce matin encore vous marchiez toute courbée, pliée en deux comme une femme de quatre-vingts ans, et cela avec la plus belle taille du monde. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  262. Oui ; le plus souvent cela va comme cela peut. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  263. Tu vois, Lisette ; en bon français, il me dit que je ressemble à une vieille, que je suis contrefaite, que j'ai mauvaise façon ; et je ne m'en fâche pas, je l'en remercie : d'où vient ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  264. J'ai eu mille fois envie de vous dire comme aux enfants : Tenez-vous droite. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  265. Vous ferez fort bien ; je ne vous rendais pas justice, Dorante : et encore une fois il faut vous connaître ; je doutais même que vous m'aimassiez, et je résistais à mon penchant pour vous. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  266. Écoutez-moi, Lisette ; le notaire d'ici est actuellement dans mon cabinet qui m'arrange des papiers ; allez lui dire qu'il tienne tout prêt un contrat de mariage. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  267. Vous me transportez, Madame ! (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  268. Oui, Madame, voilà la table, et je cours au notaire. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  269. Marquise, je viens rire avec vous d'un discours sans jugement, qu'un valet a tenu, et dont je sais que vous êtes informée. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  270. Je vous dirais bien que je le désavoue, mais je pense qu'il n'en est pas besoin ; vous me faites apparemment la justice de croire que je me connais, et que je sais à quoi m'en tenir sur pareille folie. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  271. De grâce, permettez-moi d'écrire un petit billet qui presse, il n'interrompra point notre entretien. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  272. Ne parlez-vous pas de ce qui s'est passé tantôt devant vous, Madame ? (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  273. De cela même. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  274. Tout ce qu'on y pourrait souhaiter de plus, c'est qu'Ergaste fût un meilleur juge. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  275. C'est donc par modestie que vous vous méfiez de son jugement ; car il vous a traitée plus favorablement que moi : il a décidé que vous plaisiez davantage, et je changerais bien mon partage contre vous. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  276. Oui-da ; je sais qu'il vous trouve régulière, mais point touchante ; c'est-à-dire que j'ai des grâces, et vous des traits : mais je n'ai pas plus de foi à mon partage qu'au vôtre ; je dis le vôtre (elle se lève après avoir plié son billet) parce qu'entre nous nous savons que nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  277. Madame, vous faut-il quelqu'un pour donner votre billet ? (Acte 1, scène 17, DORANTE)
  278. Non, je vais le donner moi-même. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  279. Pardonnez si je vous quitte, Madame ; j'en agis sans façon. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  280. Je ne sais si je dois me présenter devant vous. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  281. Je ne sais pas trop si je dois vous regarder moi-même ; mais d'où vient que vous hésitez ? (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  282. C'est que mon peu de mérite et ma mauvaise façon m'intimident ; car je sais toutes mes vérités, on me les a dites. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  283. Auriez-vous le courage de me les passer ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  284. Vous êtes un homme si particulier ! (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  285. Que me voilà bien ! (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  286. Et par là toujours ennemi de vous-même : en voici une preuve ; je gage que vous m'aimiez, quand vous m'avez quittée ? (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  287. Je ne l'ai cru autrement que par pure imbécillité. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  288. Et qui plus est, c'est que vous m'aimez encore, c'est que vous n'avez pas cessé d'un instant. (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  289. Dans son cabinet, d'où elle vous fait ses compliments. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  290. Vous n'êtes pas au fait de mon caractère ; je ne suis peut-être pas mieux au fait du vôtre ; quittons-nous, Monsieur, actuellement nous n'avons point d'autre parti à prendre. (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  291. Le conseil est bon, je vais dans un moment l'assurer de ma parfaite obéissance. (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  292. Madame, j'ai encore une chose à vous dire. (Acte 1, scène 20, ERGASTE)
  293. Cela est vrai, et je ne vous aime plus ; mais quand le notaire viendra, nous verrons. (Acte 1, scène 20, ARAMINTE)
  294. Ergaste, ce que je vais vous dire vous surprendra peut-être ; c'est que je me marie, n'en serez-vous point fâché ? (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  295. Non, Madame, mais à qui ? (Acte 1, scène 21, ERGASTE)
  296. Madame, dirai-je aussi que je me marie ? (Acte 1, scène 21, ERGASTE)
  297. On me fait grâce, tout fluet que je suis. (Acte 1, scène 21, ERGASTE)
  298. Oui, c'est Madame que j'aime, que j'aimais, et que j'ai toujours aimée, qui plus est. (Acte 1, scène 21, ERGASTE)
  299. Je ne vous aimais pas non plus, Ergaste, je ne vous aimais pas ; je me trompais, tout mon penchant était pour Dorante. (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  300. Non, cela serait trop fort pour moi ; mais je te permets de baiser ma main, pendant que je détourne la tête. (Acte 1, scène 21, LISETTE)

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

  1. Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  2. C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie : moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai ; le non n'est pas naturel. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  4. Mon coeur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Vous travaillez à me fâcher, Lisette. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  6. Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  7. C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Que sais-je, peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m'inquiète. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  9. On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : Pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  12. C'est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  13. De beauté et de bonne mine, je l'en dispense, ce sont là des agréments superflus. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  14. si je me marie jamais, ce superflu-là sera mon nécessaire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  16. Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  17. N'en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  18. C'est la douceur, la raison, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  19. Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste : Aussi l'est-il, répondait-on ; je l'ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d'un mot. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  20. Ergaste s'est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  21. Eh bien chez lui, c'est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui ne gronde ; c'est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n'a point de commerce avec elle, elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui, tout ce qui l'environne. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  22. Il venait l'autre jour de s'emporter contre sa femme ; j'arrive, on m'annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d'un air serein, dégagé, vous auriez dit qu'il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  23. Voilà ce que c'est que les hommes. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  24. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  25. Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d'en être une copie. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  26. Elle me fit pitié, Lisette ; si j'allais te faire pitié aussi : Cela est terrible, qu'en dis-tu ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  27. C'est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là, il me raccommode avec tout le reste. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  28. Ton prétendu arrive aujourd'hui, son père me l'apprend par cette lettre-ci. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  29. Tu ne me réponds rien, tu me parais triste ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ORGON)
  30. Monsieur, un visage qui fait trembler, un autre qui fait mourir de froid, une âme gelée qui se tient à l'écart, et puis le portrait d'une femme qui a le visage abattu, un teint plombé, des yeux bouffis et qui viennent de pleurer ; voilà, Monsieur, tout ce que nous considérons avec tant de recueillement. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  31. Une âme, un portrait : explique-toi donc, je n'y entends rien. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  32. C'est que j'entretenais Lisette du malheur d'une femme maltraitée par son mari ; je lui citais celle de Tersandre, que je trouvai l'autre jour fort abattue, parce que son mari venait de la quereller, et je faisais là-dessus mes réflexions. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  33. Oui, nous parlions d'une physionomie qui va et qui vient ; nous disions qu'un mari porte un masque avec le monde, et une grimace avec sa femme. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. De tout cela, ma fille, je comprends que le mariage t'alarme, d'autant plus que tu ne connais point Dorante. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  35. Premièrement, il est beau, et c'est presque tant pis. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  36. Moi, je dis ce qu'on m'apprend ; c'est la doctrine de Madame, j'étudie sous elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  37. Tiens, ma chère enfant, tu sais combien je t'aime. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  38. Dorante vient pour t'épouser ; dans le dernier voyage que je fis en province, j'arrêtai ce mariage-là avec son père, qui est mon intime et mon ancien ami ; mais ce fut à condition que vous vous plairiez à tous deux, et que vous auriez entière liberté de vous expliquer là-dessus ; je te défends toute complaisance à mon égard : si Dorante ne te convient point, tu n'as qu'à le dire, et il repart ; si tu ne lui convenais pas, il repart de même. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ORGON)
  39. Un duo de tendresse en décidera, comme à l'Opéra : "Vous me voulez, je vous veux, vite un notaire" ; ou bien : "M'aimez-vous ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  40. Pour moi, je n'ai jamais vu Dorante, il était absent quand j'étais chez son père ; mais sur tout le bien qu'on m'en a dit, je ne saurais craindre que vous vous remerciiez ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  41. Je suis pénétrée de vos bontés, mon père, vous me défendez toute complaisance, et je vous obéirai. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  42. Mais si j'osais, je vous proposerais, sur une idée qui me vient, de m'accorder une grâce qui me tranquilliserait tout à fait. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  43. Il n'y a que le meilleur de tous les hommes qui puisse dire cela. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  44. Dorante arrive ici aujourd'hui ; si je pouvais le voir, l'examiner un peu sans qu'il me connût ; Lisette a de l'esprit, Monsieur, elle pourrait prendre ma place pour un peu de temps, et je prendrais la sienne. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  45. Laisse-moi rêver un peu à ce que tu me dis là. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  46. Si je la laisse faire, il doit arriver quelque chose de bien singulier, elle ne s'y attend pas elle-même... (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ORGON)
  47. Soit, ma fille, je te permets le déguisement. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ORGON)
  48. Comment donc, je m'y trompe actuellement moi-même ; mais il n'y a point de temps à perdre, va t'ajuster suivant ton rôle, Dorante peut nous surprendre. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  49. Il ne me faut presque qu'un tablier. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  50. Et moi je vais à ma toilette, venez m'y coiffer, Lisette, pour vous accoutumer à vos fonctions ; un peu d'attention à votre service, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  51. Je commence par vous recommander d'être discret sur ce que je vais vous dire, au moins. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  52. "Je ne sais au reste ce que vous penserez d'une imagination qui est venue à mon fils ; elle est bizarre, il en convient lui-même, mais le motif est pardonnable et même délicat ; c'est qu'il m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le personnage de son maître." (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  53. "Mon fils sait combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux, et il espère, dit-il, sous ce déguisement de peu de durée, saisir quelques traits du caractère de notre future et la mieux connaître, pour se régler ensuite sur ce qu'il doit faire, suivant la liberté que nous sommes convenus de leur laisser. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  54. Pour moi, qui m'en fie bien à ce que vous m'avez dit de votre aimable fille, j'ai consenti à tout en prenant la précaution de vous avertir, quoiqu'il m'ait demandé le secret de votre côté ; vous en userez là-dessus avec la future comme vous le jugerez à propos..." Voilà ce que le père m'écrit. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  55. Ce n'est pas le tout, voici ce qui arrive ; c'est que votre soeur, inquiète de son côté sur le chapitre de Dorante, dont elle ignore le secret, m'a demandé de jouer ici la même comédie, et cela précisément pour observer Dorante, comme Dorante veut l'observer. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  56. Actuellement, la maîtresse et la suivante se travestissent. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  57. Que me conseillez-vous, Mario, avertirai-je votre soeur ou non ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  58. Ma foi, Monsieur, puisque les choses prennent ce train-là, je ne voudrais pas les déranger, et je respecterais l'idée qui leur est inspirée à l'un et à l'autre ; il faudra bien qu'ils se parlent souvent tous deux sous ce déguisement, voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  59. Nous verrons un peu comment elle se tirera d'intrigue. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  60. C'est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir, je veux me trouver au début et les agacer tous deux. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  61. Me voilà, Monsieur, ai-je mauvaise grâce en femme de chambre ? (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  62. Et vous, mon frère, vous savez de quoi il s'agit apparemment, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  63. Franchement, je ne haïrais pas de lui plaire sous le personnage que je joue, je ne serais pas fâchée de subjuguer sa raison, de l'étourdir un peu sur la distance qu'il y aura de lui à moi ; si mes charmes font ce coup-là, ils me feront plaisir, je les estimerai. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  64. Allons doucement, ma soeur, ce faquin-là sera votre égal. (Acte 1, scène 5, MARIO)
  65. Et ne manquera pas de t'aimer. (Acte 1, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  66. Eh bien, l'honneur de lui plaire ne me sera pas inutile ; les valets sont naturellement indiscrets, l'amour est babillard, et j'en ferai l'historien de son maître. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  67. Monsieur, il vient d'arriver un domestique qui demande à vous parler ; il est suivi d'un crocheteur qui porte une valise. (Acte 1, scène 5, UN-VALET)
  68. Doucement, on vient. (Acte 1, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  69. Oui, mon ami, c'est à lui-même. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  70. Monsieur, vous avez sans doute reçu de nos nouvelles, j'appartiens à Monsieur Dorante, qui me suit, et qui m'envoie toujours devant vous assurer de ses respects, en attendant qu'il vous en assure lui-même. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  71. Moi, Monsieur, je dis qu'il est bienvenu, et qu'il promet. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  72. Cette modestie-là me plaît, continuez de même. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  73. Mais il me semble que ce nom de Mademoiselle qu'il te donne est bien sérieux ; entre gens comme vous, le style des compliments ne doit pas être si grave, vous seriez toujours sur le qui-vive ; allons, traitez-vous plus commodément, tu as nom Lisette, et toi mon garçon, comment t'appelles-tu ? (Acte 1, scène 6, MARIO)
  74. Vous me jouez, mon frère. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  75. À l'égard du tutoiement, j'attends les ordres de Lisette. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  76. Fais comme tu voudras, Bourguignon ; voilà la glace rompue, puisque cela divertit ces Messieurs. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  77. Je t'en remercie, Lisette, et je réponds sur-le-champ à l'honneur que tu me fais. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  78. Courage, mes enfants, si vous commencez à vous aimer, vous voilà débarrassés des cérémonies. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  79. Oh, doucement, s'aimer, c'est une autre affaire ; vous ne savez peut-être pas que j'en veux au coeur de Lisette, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  80. Il est vrai qu'il m'est cruel, mais je ne veux pas que Bourguignon aille sur mes brisées. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  81. Oui, le prenez-vous sur ce ton-là, et moi, je veux que Bourguignon m'aime. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  82. Il ne l'a pas à vos dépens, et s'il en trouve dans mes yeux, il n'a qu'à prendre. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  83. Mon fils, vous perdrez votre procès ; retirons-nous, Dorante va venir, allons le dire à ma fille ; et vous, Lisette, montrez à ce garçon l'appartement de son maître. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  84. Monsieur, vous me faites trop d'honneur. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  85. Ils se donnent la comédie, n'importe, mettons tout à profit ; ce garçon-ci n'est pas sot, et je ne plains pas la soubrette qui l'aura. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  86. Cette fille-ci m'étonne, il n'y a point de femme au monde à qui sa physionomie ne fît honneur : lions connaissance avec elle. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  87. Puisque nous sommes dans le style amical et que nous avons abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle ? (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  88. Elle est bien hardie d'oser avoir une femme de chambre comme toi. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  89. Bourguignon, cette question-là m'annonce que, suivant la coutume, tu arrives avec l'intention de me dire des douceurs, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  90. Ma foi, je n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te l'avoue ; tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les soubrettes, je n'aime pas l'esprit domestique ; mais à ton égard c'est une autre affaire ; comment donc, tu me soumets, je suis presque timide, ma familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi, j'ai toujours envie d'ôter mon chapeau de dessus ma tête, et quand je te tutoie, il me semble que je jure ; enfin j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  91. Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est précisément l'histoire de tous les valets qui m'ont vue. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  92. Le trait est joli assurément ; mais je te le répète encore, je ne suis point faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  93. Quel homme pour un valet ! (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  94. Il faut pourtant qu'il s'exécute ; on m'a prédit que je n'épouserais jamais qu'un homme de condition, et j'ai juré depuis de n'en écouter jamais d'autres. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  95. Parbleu, cela est plaisant, ce que tu as juré pour homme, je l'ai juré pour femme, moi, j'ai fait serment de n'aimer sérieusement qu'une fille de condition. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  96. Ah, ah, ah, je te remercierais de ton éloge, si ma mère n'en faisait pas les frais. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  97. Eh bien, venge-t'en sur la mienne, si tu me trouves assez bonne mine pour cela. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  98. Mais ce n'est pas là de quoi il est question ; trêve de badinage, c'est un homme de condition qui m'est prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  99. Parbleu, si j'étais tel, la prédiction me menacerait, j'aurais peur de la vérifier, je n'ai point de foi à l'astrologie, mais j'en ai beaucoup à ton visage. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  100. Elle n'a pas prédit que je ne t'aimerais point. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  101. Non, mais elle a dit que tu n'y gagnerais rien, et moi je te le confirme. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  102. Tu fais fort bien, Lisette, cette fierté-là te va à merveille, et quoiqu'elle me fasse mon procès, je suis pourtant bien aise de te la voir ; je te l'ai souhaitée d'abord que je t'ai vue, il te fallait encore cette grâce-là, et je me console d'y perdre, parce que tu y gagnes. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  103. Mais en vérité, voilà un garçon qui me surprend malgré que j'en aie... (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  104. Dis-moi, qui es-tu toi qui me parles ainsi ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  105. Va, je te souhaite de bon coeur une meilleure situation que la tienne, et je voudrais pouvoir y contribuer ; la fortune a tort avec toi. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  106. Ma foi, l'amour a plus de tort qu'elle, j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te demander ton coeur, que d'avoir tous les biens du monde. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  107. Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens ; mais je t'en prie, changeons d'entretien, venons à ton maître ; tu peux te passer de me parler d'amour, je pense ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  108. Ahi, je me fâcherai, tu m'impatientes, encore une fois laisse là ton amour. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  109. Attends, Lisette, je voulais moi-même te parler d'autre chose ; mais je ne sais plus ce que c'est. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  110. J'avais de mon côté quelque chose à te dire ; mais tu m'as fait perdre mes idées aussi, à moi. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  111. Je me rappelle de t'avoir demandé si ta maîtresse te valait. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  112. Je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que tu voudras bien me dire confidemment ce qu'il est ; ton attachement pour lui m'en donne bonne opinion, il faut qu'il ait du mérite puisque tu le sers. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  113. Tu me permettras peut-être bien de te remercier de ce que tu me dis là ; par exemple ? (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  114. Voilà encore de ces réponses qui m'emportent ; fais comme tu voudras, je n'y résiste point, et je suis bien malheureux de me trouver arrêté par tout ce qu'il y a de plus aimable au monde. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  115. Et moi, je voudrais bien savoir comment il se fait que j'ai la bonté de t'écouter, car assurément, cela est singulier. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  116. Malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne suis point partie, je ne pars point, me voilà encore, et je réponds ! (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  117. Quand ton maître sera venu, je tâcherai en faveur de ma maîtresse de le connaître par moi-même, s'il en vaut la peine ; en attendant, tu vois cet appartement, c'est le vôtre. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  118. Un domestique là-bas m'a dit d'entrer ici, et qu'on allait avertir mon beau-père qui était avec ma femme. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  119. Eh oui, mon beau-père et ma femme, autant vaut ; je viens pour épouser, et ils m'attendent pour être mariés ; cela est convenu, il ne manque plus que la cérémonie, qui est une bagatelle. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  120. Bourguignon, on est homme de mérite à bon marché chez vous, ce me semble ? (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  121. Rien, je lui dis seulement que je vais faire descendre Monsieur Orgon. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  122. Et pourquoi ne pas dire mon beau-père, comme moi ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  123. Eh bien, me voilà pour le faire. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  124. Oui, Monsieur, nous avons tort, et je cours informer votre beau-père de votre arrivée. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  125. Et ma femme aussi, je vous prie ; mais avant que de partir, dites-moi une chose, vous qui êtes si jolie, n'êtes-vous pas la soubrette de l'hôtel ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  126. C'est fort bien fait, je m'en réjouis : croyez-vous que je plaise ici, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  127. Bon, tant mieux, entretenez-vous dans ce sentiment-là, il pourra trouver sa place. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  128. Vous êtes bien modeste de vous en contenter, mais je vous quitte, il faut qu'on ait oublié d'avertir votre beau-père, car assurément il serait venu, et j'y vais. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  129. Aucun de ces deux hommes n'est à sa place. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  130. Eh bien, Monsieur, mon commencement va bien ; je plais déjà à la soubrette. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  131. Monsieur, mille pardons, c'est beaucoup trop et il n'en faut qu'un quand on n'a fait qu'une faute ; au surplus, tous mes pardons sont à votre service. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  132. Je serais d'abord venu ici avec Bourguignon ; mais quand on arrive de voyage, vous savez qu'on est si mal bâti, et j'étais bien aise de me présenter dans un état plus ragoûtant. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  133. Le gaillard est gourmet, il boira du meilleur. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  134. Eh bien, que me veux-tu, Lisette ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  135. J'ai à vous entretenir un moment. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  136. Vous avez consenti au déguisement de Mademoiselle Silvia, moi-même je l'ai trouvé d'abord sans conséquence, mais je me suis trompée. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  137. Monsieur, on a de la peine à se louer soi-même, mais malgré toutes les règles de la modestie, il faut pourtant que je vous dise que si vous ne mettez ordre à ce qui arrive, votre prétendu gendre n'aura plus de coeur à donner à Mademoiselle votre fille ; il est temps qu'elle se déclare, cela presse, car un jour plus tard, je n'en réponds plus. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  138. D'où vient qu'il ne voudra plus de ma fille, quand il la connaîtra, te défies-tu de ses charmes ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  139. Je vous en fais mes compliments, Lisette. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  140. Je vous le répète encore, le coeur de Dorante va bien vite ; tenez, actuellement je lui plais beaucoup, ce soir il m'aimera, il m'adorera demain ; je ne le mérite pas, il est de mauvais goût, vous en direz ce qu'il vous plaira ; mais cela ne laissera pas que d'être ; voyez-vous, demain je me garantis adorée. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  141. Eh bien, que vous importe : s'il vous aime tant, qu'il vous épouse. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  142. Non, d'homme d'honneur, si tu le mènes jusque-là. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  143. Monsieur, prenez-y garde, jusqu'ici je n'ai pas aidé à mes appas, je les ai laissé faire tout seuls ; j'ai ménagé sa tête : si je m'en mêle, je la renverse, il n'y aura plus de remède. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  144. Renverse, ravage, brûle, enfin épouse, je te le permets si tu le peux. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  145. Nous n'avons encore guère trouvé le moment de nous parler, car ce prétendu m'obsède ; mais à vue de pays, je ne la crois pas contente, je la trouve triste, rêveuse, et je m'attends bien qu'elle me priera de le rebuter. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  146. Et moi, je te le défends ; j'évite de m'expliquer avec elle, j'ai mes raisons pour faire durer ce déguisement ; je veux qu'elle examine son futur plus à loisir. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  147. Mais le valet, comment se gouverne-t-il ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR ORGON)
  148. Ne se mêle-t-il pas d'aimer ma fille ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR ORGON)
  149. C'est un original, j'ai remarqué qu'il fait l'homme de conséquence avec elle, parce qu'il est bien fait ; il la regarde et soupire. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  150. En bien, quand tu lui parleras, dis-lui que tu soupçonnes ce valet de la prévenir contre son maître ; et si elle se fâche, ne t'en inquiète point, ce sont mes affaires. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  151. Mais voici Dorante qui te cherche apparemment. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR ORGON)
  152. Ah, je vous retrouve, merveilleuse dame, je vous demandais à tout le monde ; serviteur, cher beau-père, ou peu s'en faut. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  153. Serviteur : Adieu, mes enfants, je vous laisse ensemble ; il est bon que vous vous aimiez un peu avant que de vous marier. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  154. Madame, il dit que je ne m'impatiente pas ; il en parle bien à son aise ; le bonhomme. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  155. Vous vous trompez, prodige de nos jours, un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d'oeil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces et le troisième l'a rendu grand garçon ; tâchons de l'établir au plus vite, ayez soin de lui puisque vous êtes sa mère. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  156. En attendant qu'il soit pourvu, donnez-lui seulement votre belle main blanche, pour l'amuser un peu. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  157. Cher joujou de mon âme ! (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  158. Cela me réjouit comme du vin délicieux, quel dommage de n'en avoir que roquille ! (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  159. Je ne demande qu'à me soutenir en attendant que je vive. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  160. Hélas, je l'ai perdue, vos beaux yeux sont les filous qui me l'ont volée. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  161. Je ne saurais me le persuader. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  162. Je ne me soucie pas de ce qui est possible, moi ; mais je vous aime comme un perdu, et vous verrez bien dans votre miroir que cela est juste... (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  163. Mon miroir ne servirait qu'à me rendre plus incrédule. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  164. Monsieur, pourrais-je vous entretenir un moment ? (Acte 2, scène 4, DORANTE)
  165. Madame, s'il en dit deux, son congé sera le troisième. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  166. Débarrasse-moi de tout ceci, ne te livre point ; parais sérieux et rêveur, et même mécontent, entends-tu ? (Acte 2, scène 4, DORANTE)
  167. Madame, sans lui j'allais vous dire de belle choses, et je n'en trouverai plus que de communes à cette heure, hormis mon amour qui est extraordinaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  168. Je suis du sentiment que vous le pouvez en conscience. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  169. Mais, que me demandez-vous ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  170. Dites-moi un petit brin que vous m'aimez ; tenez, je vous aime, moi, faites l'écho, répétez, Princesse. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  171. Eh bien, Monsieur, je vous aime. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  172. Eh bien, Madame, je me meurs ; mon bonheur me confond, j'ai peur d'en courir les champs. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  173. Vous m'aimez, cela est admirable ! (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  174. J'aurais lieu à mon tour d'être étonnée de la promptitude de votre hommage ; peut-être m'aimerez-vous moins quand nous nous connaîtrons mieux. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  175. Ah, Madame, quand nous en serons là j'y perdrai beaucoup, il y aura bien à décompter. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  176. Vous me croyez plus de qualités que je n'en ai. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  177. Et vous, Madame, vous ne savez pas les miennes ; et je ne devrais vous parler qu'à genoux. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  178. Il a beau jeu pour me choisir encore. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  179. Puis-je me flatter que vous êtes de même à mon égard ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  180. Puissent de si beaux sentiments être durables ! (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  181. Pour les fortifier de part et d'autre, jurons-nous de nous aimer toujours, en dépit de toutes les fautes d'orthographe que vous aurez faites sur mon compte. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  182. J'ai plus d'intérêt à ce serment-là que vous, et je le fais de tout mon coeur. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  183. Votre bonté m'éblouit, et je me prosterne devant elle. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  184. J'aurais à vous parler, Madame. (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  185. Hé, ma mie revenez dans un quart_d_heure, allez, les femmes de chambre de mon pays n'entrent point qu'on ne les appelle. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  186. Monsieur, il faut que je parle à Madame. (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  187. Nous avons ordre de nous aimer avant qu'on nous marie, n'interrompez point nos fonctions. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  188. Ne pouvez-vous pas revenir dans un moment, Lisette ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  189. Mais, Madame... (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  190. ce mais-là n'est bon qu'à me donner la fièvre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  191. Ah le vilain homme ! (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  192. Madame, je vous assure que cela est pressé. (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  193. Permettez donc que je m'en défasse, Monsieur. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  194. Je me promènerai en attendant qu'elle ait fait. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  195. Je vous trouve admirable de ne pas le renvoyer tout d'un coup, et de me faire essuyer les brutalités de cet animal-là. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  196. Pardi, Madame, je ne puis pas jouer deux rôles à la fois ; il faut que je paraisse, ou la maîtresse, ou la suivante, que j'obéisse ou que j'ordonne. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  197. Fort bien ; mais puisqu'il n'y est plus, écoutez-moi comme votre maîtresse : vous voyez bien que cet homme-là ne me convient point. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  198. Êtes-vous folle avec votre examen ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  199. Apparemment que mon père n'approuve pas la répugnance qu'il me voit, car il me fuit, et ne me dit mot ; dans cette conjoncture, c'est à vous à me tirer tout doucement d'affaire, en témoignant adroitement à ce jeune homme que vous n'êtes pas dans le goût de l'épouser. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  200. Je ne saurais, Madame. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  201. Monsieur Orgon me l'a défendu. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  202. Positivement défendu. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  203. Eh bien, je vous charge de lui dire mes dégoûts, et de l'assurer qu'ils sont invincibles ; je ne saurais me persuader qu'après cela il veuille pousser les choses plus loin. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  204. Mais, Madame, le futur, qu'a-t-il donc de si désagréable, de si rebutant ? (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  205. Il me déplaît, vous dis-je, et votre peu de zèle aussi. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  206. C'est que je me méfie de lui, car il est raisonneur. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  207. Finissez vos portraits, on n'en a que faire ; j'ai soin que ce valet me parle peu, et dans le peu qu'il m'a dit, il ne m'a jamais rien dit que de très sage. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  208. Je crois qu'il est homme à vous avoir conté des histoires maladroites, pour faire briller son bel esprit. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  209. Mon déguisement ne m'expose-t-il pas à m'entendre dire de jolies choses ! (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  210. Car enfin, vous m'obligez à le justifier ; il n'est pas question de le brouiller avec son maître, ni d'en faire un fourbe, pour me faire, moi, une imbécile qui écoute ses histoires. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  211. Oh, Madame, dès que vous le défendez sur ce ton-là, et que cela va jusqu'à vous fâcher, je n'ai plus rien à dire. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  212. Qu'est-ce que c'est que le ton dont vous dites cela vous-même ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  213. Je dis, Madame, que je ne vous ai jamais vue comme vous êtes, et que je ne conçois rien à votre aigreur. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  214. Voyez-vous le mauvais esprit, comme elle tourne les choses ! (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  215. Je me sens dans une indignation... (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  216. Va jusqu'aux larmes. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  217. En quoi donc, Madame ? (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  218. Vous me manquez de respect jusque-là ! (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  219. Qui est-ce qui est à l'abri de ce qui m'arrive, où en sommes-nous ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  220. Je n'en sais rien, mais je ne reviendrai de longtemps de la surprise où vous me jetez. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  221. Elle a des façons de parler qui me mettent hors de moi ; retirez-vous, vous m'êtes insupportable, laissez-moi, je prendrai d'autres mesures. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  222. Je frissonne encore de ce que je lui ai entendu dire ; avec quelle impudence les domestiques ne nous traitent-ils pas dans leur esprit ? (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  223. Comme ces gens-là vous dégradent ! (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  224. Je ne saurais m'en remettre, je n'oserais songer aux termes dont elle s'est servie, ils me font toujours peur. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  225. Écartons l'idée dont cette insolente est venue me noircir l'imagination. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  226. Lisette, quelque éloignement que tu aies pour moi, je suis forcé de te parler, je crois que j'ai à me plaindre de toi. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  227. Comme tu voudras. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  228. Ni toi non plus, tu me dis : je t'en prie. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  229. Eh bien, crois-moi, parlons comme nous pourrons ; ce n'est pas la peine de nous gêner pour le peu de temps que nous avons à nous voir. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  230. Je l'achèverais bien moi-même si j'en avais envie : mais je ne songe pas à toi. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  231. Tiens, Bourguignon, une bonne fois pour toutes, demeure, va-t'en, reviens, tout cela doit m'être indifférent, et me l'est en effet, je ne te veux ni bien ni mal, je ne te hais, ni ne t'aime, ni ne t'aimerai, à moins que l'esprit ne me tourne. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  232. Voilà mes dispositions, ma raison ne m'en permet point d'autres, et je devrais me dispenser de te le dire. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  233. Quelle fantaisie il s'est allé mettre dans l'esprit ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  234. Il me fait de la peine : reviens à toi ; tu me parles, je te réponds, c'est beaucoup, c'est trop même, tu peux m'en croire, et si tu étais instruit, en vérité, tu serais content de moi, tu me trouverais d'une bonté sans exemple, d'une bonté que je blâmerais dans une autre. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  235. Je ne me la reproche pourtant pas, le fond de mon coeur me rassure, ce que je fais est louable, c'est par générosité que je te parle ; mais il ne faut pas que cela dure, ces générosités-là ne sont bonnes qu'en passant, et je ne suis pas faite pour me rassurer toujours sur l'innocence de mes intentions ; à la fin, cela ne ressemblerait plus à rien. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  236. Venons à ce que tu voulais me dire ; tu te plaignais de moi quand tu es entré, de quoi était-il question ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  237. Elle se l'imagine, et si elle t'en parle encore, tu peux nier hardiment, je me charge du reste. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  238. Si tu n'as que cela à me dire, nous n'avons plus que faire ensemble. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  239. Le beau motif qu'il me fournit là ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  240. Le souvenir de tout ceci me fera bien rire un jour. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  241. Tu me railles, tu as raison, je ne sais ce que je dis, ni ce que je te demande. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  242. Mais, à propos de tes adieux, il me reste encore une chose à savoir : vous partez, m'as-tu dit, cela est-il sérieux ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  243. Pour moi, il faut que je parte, ou que la tête me tourne. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  244. J'ai besoin à tout moment d'oublier que je l'écoute. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  245. Si tu savais, Lisette, l'état où je me trouve... (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  246. Que peux-tu me reprocher ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  247. Je ne me propose pas de te rendre sensible. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  248. Et que pourrais-je espérer en tâchant de me faire aimer ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  249. Quand même j'aurais ton coeur... (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  250. Quand tu l'aurais, tu ne le saurais pas, et je ferais si bien que je ne le saurais pas moi-même : tenez, quelle idée il lui vient là ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  251. Il est donc bien vrai que tu ne me hais, ni ne m'aimes, ni ne m'aimeras ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  252. Eh bien, chère Lisette, dis-le-moi cent fois, que tu ne m'aimeras point. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  253. Oh, je te l'ai assez dit, tâche de me croire. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  254. Désespère une passion dangereuse, sauve-moi des effets que j'en crains ; tu ne me hais, ni ne m'aimes, ni ne m'aimeras ! (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  255. J'agis de bonne foi, donne-moi du secours contre moi-même, il m'est nécessaire, je te le demande à genoux. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  256. Je dirai ce qu'il te plaira, que me veux-tu ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  257. Je ne te hais point, lève-toi, je t'aimerais si je pouvais, tu ne me déplais point, cela doit te suffire. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  258. Lisette, si je n'étais pas ce que je suis, si j'étais riche, d'une condition honnête, et que je t'aimasse autant que je t'aime, ton coeur n'aurait point de répugnance pour moi ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  259. Assurément. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  260. Tu ne me haïrais pas, tu me souffrirais ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  261. Tu parais le dire sérieusement ; et si cela est, ma raison est perdue. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  262. C'est bien dommage de vous interrompre, cela va à merveille, mes enfants, courage ! (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  263. Je ne saurais empêcher ce garçon de se mettre à genoux, Monsieur, je ne suis pas en état de lui en imposer, je pense. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  264. Vous vous convenez parfaitement bien tous deux ; mais j'ai à te dire un mot, Lisette, et vous reprendrez votre conversation quand nous serons partis : vous le voulez bien, Bourguignon ? (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  265. Je me retire, Monsieur. (Acte 2, scène 10, DORANTE)
  266. Allez, et tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement que vous ne faites. (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  267. Vous-même, Monsieur Bourguignon ; vous ne brillez pas trop dans le respect que vous avez pour votre maître, dit-on. (Acte 2, scène 10, MARIO)
  268. Je suis, grâce au ciel, comme à mon ordinaire ; je suis fâchée de vous dire que c'est une idée. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  269. Quelque chose dans votre tête, à la bonne heure, mon frère ; mais, pour dans la mienne, il n'y a que l'étonnement de ce que vous dites. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  270. C'est donc ce garçon qui vient de sortir qui t'inspire cette extrême antipathie que tu as pour son maître ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  271. Le domestique de Dorante ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  272. Le galant Bourguignon, dont je ne savais pas l'épithète, ne me parle pas de lui. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  273. Avec quel air mystérieux vous me dites cela, mon frère ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  274. Dans quelle humeur es-tu, ma soeur, comme tu t'emportes ! (Acte 2, scène 11, MARIO)
  275. C'est que je suis bien lasse de mon personnage, et je me serais déjà démasquée si je n'avais pas craint de fâcher mon père. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  276. Puisque j'ai eu la complaisance de vous permettre votre déguisement, il faut, s'il vous plaît, que vous ayez celle de suspendre votre jugement sur Dorante, et de voir si l'aversion qu'on vous a donnée pour lui est légitime. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  277. Je vous dis qu'on ne me l'a point donnée. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  278. Courage, mon frère, par quelle fatalité aujourd'hui ne pouvez-vous me dire un mot qui ne me choque ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  279. Quel soupçon voulez-vous qui me vienne ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  280. Ce sont apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé comme elle a fait ; elle accusait ce valet de ne t'avoir pas entretenue à l'avantage de son maître, et Madame, nous a-t-elle dit, l'a défendu contre moi avec tant de colère, que j'en suis encore toute surprise, et c'est sur ce mot de surprise que nous l'avons querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence d'un mot. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  281. J'avoue que je me suis fâchée par un esprit de justice pour ce garçon. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  282. Quoi, parce que je suis équitable, que je veux qu'on ne nuise à personne, que je veux sauver un domestique du tort qu'on peut lui faire auprès de son maître, on dit que j'ai des emportements, des fureurs dont on est surprise : un moment après un mauvais esprit raisonne, il faut se fâcher, il faut la faire taire, et prendre mon parti contre elle à cause de la conséquence de ce qu'elle dit ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  283. J'ai donc besoin qu'on me défende, qu'on me justifie ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  284. Instruisez-moi, je vous en conjure ; cela est-il sérieux, me joue-t-on, se moque-t-on de moi ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  285. Doucement donc. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  286. Comment donc, des surprises, des conséquences ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  287. Tu te retiens, ma fille, tu aurais grande envie de me quereller aussi ; mais faisons mieux, il n'y a que ce valet qui est suspect ici, Dorante n'a qu'à le chasser. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  288. Quel malheureux déguisement ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  289. Tu la verras si tu veux, mais tu dois être charmée que ce garçon s'en aille, car il t'aime, et cela t'importune assurément. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  290. Je n'ai point à m'en plaindre, il me prend pour une suivante, et il me parle sur ce ton-là ; mais il ne me dit pas ce qu'il veut, j'y mets bon ordre. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  291. Ne l'avons-nous pas vu se mettre à genoux malgré toi ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  292. Encore a-t-il fallu, quand il t'a demandé si tu l'aimerais, que tu aies tendrement ajouté : volontiers, sans quoi il y serait encore. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  293. Mais comme l'action m'a déplu, la répétition n'en est pas aimable. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  294. Ah çà, parlons sérieusement, quand finira la comédie que vous donnez sur mon compte ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  295. La seule chose que j'exige de toi, ma fille, c'est de ne te déterminer à le refuser qu'avec connaissance de cause ; attends encore, tu me remercieras du délai que je demande, je t'en réponds. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  296. Tu épouseras Dorante, et même avec inclination, je te le prédis... (Acte 2, scène 11, MARIO)
  297. Je ne sais ce qui se mêle à l'embarras où je me trouve, toute cette aventure-ci m'afflige, je me défie de tous les visages, je ne suis contente de personne, je ne le suis pas de moi-même. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  298. Ce n'était pas la peine de me trouver, car je te fuis, moi. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  299. Va la dire à eux-mêmes, je ne te vois jamais que tu ne me chagrines, laisse-moi. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  300. Me promets-tu le secret ? (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  301. Tu ne dois la confidence que je vais te faire qu'à l'estime que j'ai pour toi. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  302. Je le crois ; mais tâche de m'estimer sans me le dire, car cela sent le prétexte. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  303. Tu m'as vu dans de grands mouvements, je n'ai pu me défendre de t'aimer. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  304. Nous y voilà ; je me défendrai bien de t'entendre, moi ; adieu. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  305. L'état où sont toutes les choses me force à te le dire, je suis trop honnête homme pour n'en pas arrêter le cours. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  306. Mon père, en partant, me permit ce que j'ai fait, et l'événement m'en paraît un songe : je hais la maîtresse dont je devais être l'époux, et j'aime la suivante qui ne devait trouver en moi qu'un nouveau maître. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  307. Votre situation est neuve assurément ! (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  308. Mais, Monsieur, je vous fais d'abord mes excuses de tout ce que mes discours ont pu avoir d'irrégulier dans nos entretiens. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  309. Tais-toi, Lisette ; tes excuses me chagrinent, elles me rappellent la distance qui nous sépare, et ne me la rendent que plus douloureuse. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  310. M'aimez-vous jusque-là ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  311. Au point de renoncer à tout engagement, puisqu'il ne m'est pas permis d'unir mon sort au tien ; et dans cet état, la seule douceur que je pouvais goûter, c'était de croire que tu ne me haïssais pas. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  312. Un coeur qui m'a choisie dans la condition où je suis, est assurément bien digne qu'on l'accepte, et je le payerais volontiers du mien, si je ne craignais pas de le jeter dans un engagement qui lui ferait tort. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  313. N'as-tu pas assez de charmes, Lisette ? (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  314. y ajoutes-tu encore la noblesse avec laquelle tu me parles ? (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  315. Je viens te retrouver, ma soeur : nous t'avons laissée dans des inquiétudes qui me touchent ; je veux t'en tirer, écoute-moi. (Acte 2, scène 13, MARIO)
  316. Ah vraiment, mon frère, il y a bien d'autres nouvelles ! (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  317. De lui, vous dis-je, je viens de l'apprendre tout à l'heure, il sort, il me l'a dit lui-même. (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  318. Venez, sortons d'ici, allons trouver mon père, il faut qu'il le sache ; j'aurais besoin de vous aussi, mon frère : il me vient de nouvelles idées, il faudra feindre de m'aimer, vous en avez déjà dit quelque chose en badinant ; mais surtout gardez bien le secret, je vous en prie... (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  319. Ayez compassion de ma bonne aventure, ne portez point guignon à mon bonheur qui va son train si rondement, ne lui fermez point le passage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  320. Je ne les refuse point, si je les mérite ; mais quand je les aurai reçus, permettez-moi d'en mériter d'autres : voulez-vous que j'aille chercher le bâton ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  321. Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin ; mais un coquin peut faire un bon mariage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  322. Comment, insolent, tu veux que je laisse un honnête homme dans l'erreur, et que je souffre que tu épouses sa fille sous mon nom ? (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  323. Écoute, si tu me parles encore de cette impertinence-là, dès que j'aurai averti Monsieur_Orgon de ce que tu es, je te chasse, entends-tu ? (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  324. Bon, et je vais de ce pas prévenir cette généreuse personne sur mon habit de caractère, j'espère que ce ne sera pas un galon de couleur qui nous brouillera ensemble, et que son amour me fera passer à la table en dépit du sort qui ne m'a mis qu'au buffet. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  325. Tout ce qui se passe ici, tout ce qui m'y est arrivé à moi-même est incroyable... (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  326. Je voudrais pourtant bien voir Lisette, et savoir le succès de ce qu'elle m'a promis de faire auprès de sa maîtresse pour me tirer d'embarras. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  327. Comment reçoit-elle ce que vous lui dites ? (Acte 3, scène 2, MARIO)
  328. Où prenez-vous vos termes ? (Acte 3, scène 2, MARIO)
  329. Monsieur, je ne saurais parler autrement. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  330. C'est apparemment avec ces petites délicatesses-là que vous attaquez Lisette ; cela imite l'homme de condition. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  331. Je vous assure, Monsieur, que je n'imite personne ; mais sans doute que vous ne venez pas exprès pour me traiter de ridicule, et vous aviez autre chose à me dire, nous parlions de Lisette, de mon inclination pour elle et de l'intérêt que vous y prenez. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  332. Comment, morbleu ! (Acte 3, scène 2, MARIO)
  333. Il y a déjà un ton de jalousie dans ce que tu me réponds ; modère-toi un peu. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  334. Eh bien, tu me disais qu'en supposant que Lisette eût du goût pour toi... (Acte 3, scène 2, MARIO)
  335. Ah, le voici : c'est que malgré le ton badin que j'ai pris tantôt, je serais très fâché qu'elle t'aimât ; c'est que sans autre raisonnement, je te défends de t'adresser davantage à elle ; non pas dans le fond que je craigne qu'elle t'aime, elle me paraît avoir le coeur trop haut pour cela, mais c'est qu'il me déplaît à moi d'avoir Bourguignon pour rival. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  336. Ma foi, je vous crois, car Bourguignon, tout Bourguignon qu'il est, n'est pas même content que vous soyez le sien. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  337. Il faudra bien ; mais Monsieur, vous l'aimez donc beaucoup ? (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  338. Assez pour m'attacher sérieusement à elle, dès que j'aurai pris de certaines mesures ; comprends-tu ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 2, MARIO)
  339. La réponse est de bon sens, je te la pardonne ; mais je suis bien mortifié de ne pouvoir pas dire qu'on m'aime, et je ne le dis pas pour t'en rendre compte, comme tu le crois bien, mais c'est qu'il faut dire la vérité. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  340. Lisette sait tout le bien que je lui veux, et n'y paraît pas sensible ; mais j'espère que la raison me gagnera son coeur. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  341. Son indifférence pour moi, malgré tout ce que je lui offre, doit te consoler du sacrifice que tu me feras... (Acte 3, scène 2, MARIO)
  342. Qu'avez-vous, Monsieur, vous me paraissez ému ? (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  343. Monsieur m'apprend qu'il vous aime, Lisette. (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  344. Et me défend de vous aimer. (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  345. Il me défend donc de vous paraître aimable ? (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  346. Je ne saurais empêcher qu'il ne t'aime, belle Lisette, mais je ne veux pas qu'il te le dise. (Acte 3, scène 3, MARIO)
  347. Il ne me le dit plus, il ne fait que me le répéter. (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  348. J'attends qu'elle me l'ordonne. (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  349. Oh, je crois qu'il ne sera pas nécessaire qu'on me le défende. (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  350. Ne me trompez-vous pas ? (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  351. Si je n'aimais pas cet homme-là, avouons que je serais bien ingrate. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  352. Je n'ai jamais vu d'homme ni plus intrigué ni de plus mauvaise humeur. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  353. Je ne suis pas fâché qu'il soit la dupe de son propre stratagème, et d'ailleurs, à le bien prendre il n'y a rien de si flatteur ni de plus obligeant pour lui que tout ce que tu as fait jusqu'ici ; ma fille ; mais en voilà assez. (Acte 3, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  354. Mais où en est-il précisément, ma soeur ? (Acte 3, scène 4, MARIO)
  355. Hélas, mon frère, me dit-elle ! (Acte 3, scène 4, MARIO)
  356. Quoi, ma fille, tu espères qu'il ira jusqu'à t'offrir sa main dans le déguisement où te voilà ? (Acte 3, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  357. Vous ne me passez rien. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  358. Je prends ma revanche ; tu m'as tantôt chicané sur mes expressions, il faut bien à mon tour que je badine un peu sur les tiennes ; ta joie est bien aussi divertissante que l'était ton inquiétude. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  359. Dorante et moi, nous sommes destinés l'un à l'autre, il doit m'épouser ; si vous saviez combien je lui tiendrai compte de ce qu'il fait aujourd'hui pour moi, combien mon coeur gardera le souvenir de l'excès de tendresse qu'il me montre ! (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  360. Il ne pourra jamais se rappeler notre histoire sans m'aimer, je n'y songerai jamais que je ne l'aime, vous avez fondé notre bonheur pour la vie, en me laissant faire ; c'est un mariage unique ; c'est une aventure dont le seul récit est attendrissant ; c'est le coup de hasard le plus singulier, le plus heureux, le plus... (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  361. Ses fers seront plus dorés qu'il ne pense ; mais je lui crois l'âme en peine, et j'ai pitié de ce qu'il souffre. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  362. Ce qui lui en coûte à se déterminer ne me le rend que plus estimable : il pense qu'il chagrinera son père en m'épousant, il croit trahir sa fortune et sa naissance. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  363. Mais il faut que j'arrache ma victoire, et non pas qu'il me la donne : je veux un combat entre l'amour et la raison. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  364. Cela, c'est l'amour-propre d'une femme, et il est tout au plus uni. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  365. Monsieur, vous m'avez dit tantôt que vous m'abandonniez Dorante, que vous livriez sa tête à ma discrétion ; je vous ai pris au mot, j'ai travaillé comme pour moi, et vous verrez de l'ouvrage bien fait, allez, c'est une tête bien conditionnée. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  366. Que voulez-vous que j'en fasse à présent, Madame me la cède-t-elle ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  367. Non, je te la donne, Lisette, je te remets tous mes droits, et pour dire comme toi, je ne prendrai jamais de part à un coeur que je n'aurai pas conditionné moi-même. (Acte 3, scène 5, SILVIA)
  368. Oui, qu'il s'accommode, pourquoi t'aime-t-il ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  369. Moi aussi, et je vous en remercie tous. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  370. Attends, j'y mets pourtant une petite restriction ; c'est qu'il faudrait, pour nous disculper de ce qui arrivera, que tu lui dises un peu qui tu es. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  371. Le voici qui me cherche, ayez donc la bonté de me laisser le champ libre, il s'agit ici de mon chef-d'oeuvre. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  372. Comment donc, ma chère âme, élixir de mon coeur, avez-vous entrepris la fin de ma vie ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  373. Ah, que ces paroles me fortifient ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  374. Mais vous me pressiez sur notre mariage, et mon père ne m'avait pas encore permis de vous répondre ; je viens de lui parler, et j'ai son aveu pour vous dire que vous pouvez lui demander ma main quand vous voudrez. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  375. Avant que je la demande à lui, souffrez que je la demande à vous ; je veux lui rendre mes grâces de la charité qu'elle aura de vouloir bien entrer dans la mienne qui en est véritablement indigne. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  376. Je ne refuse pas de vous la prêter un moment, à condition que vous la prendrez pour toujours. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  377. Chère petite main rondelette et potelée, je vous prends sans marchander, je ne suis pas en peine de l'honneur que vous me ferez, il n'y a que celui que je vous rendrai qui m'inquiète. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  378. Je regarde pourtant votre amour comme un présent du ciel. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  379. Le présent qu'il vous a fait ne le ruinera pas, il est bien mesquin. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  380. Je ne sais plus où me mettre. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  381. Encore une fois, Monsieur, je me connais. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  382. Eh, je me connais bien aussi, et je n'ai pas là une fameuse connaissance, ni vous non plus, quand vous l'aurez faite ; mais c'est là le diable que de me connaître, vous ne vous attendez pas au fond du sac. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  383. Tant d'abaissement n'est pas naturel. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  384. D'où vient me dites-vous cela ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  385. Madame, votre amour est-il d'une constitution bien robuste, soutiendra-t-il bien la fatigue que je vais lui donner, un mauvais gîte lui fait-il peur ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  386. Je vais le loger petitement. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  387. Non ; cela rime trop avec coquin. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  388. Ah dame, il y a un peu à tirer ici ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  389. Je n'ai pu éviter la rime. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  390. Hélas, Madame, si vous préfériez l'amour à la gloire, je vous ferais bien autant de profit qu'un monsieur. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  391. Tout de bon, charitable dame ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  392. Ah, que mon amour vous promet de reconnaissance ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  393. Touche là, Arlequin ; je suis prise pour dupe : le soldat d'antichambre de Monsieur vaut bien la coiffeuse de Madame. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  394. La coiffeuse de Madame ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  395. Venons au fait ; m'aimes-tu ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  396. Pardi oui, en changeant de nom, tu n'as pas changé de visage, et tu sais bien que nous nous sommes promis fidélité en dépit de toutes les fautes d'orthographe. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  397. Il y a apparence que ton maître est encore dans l'erreur à l'égard de ma maîtresse, ne l'avertis de rien, laissons les choses comme elles sont : je crois que le voici qui entre. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  398. Et moi votre valet, Madame. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  399. Quelle sotte histoire me contes-tu là ? (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  400. Comment, elle consent à t'épouser ? (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  401. Par la ventrebleu, voulez-vous gager que je l'épouse avec la casaque sur le corps, avec une souguenille, si vous me fâchez ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  402. Je veux bien que vous sachiez qu'un amour de ma façon n'est point sujet à la casse, que je n'ai pas besoin de votre friperie pour pousser ma pointe, et que vous n'avez qu'à me rendre la mienne. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  403. Ah, le bon homme, nous l'avons dans notre manche ; c'est le meilleur humain, la meilleure pâte d'homme !... (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  404. Non ; peut-être a-t-elle passé devant mes yeux, mais un honnête homme ne prend pas garde à une chambrière : Je vous cède ma part de cette attention-là. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  405. Je ne me suis pourtant pas éloigné, mais de quoi s'agit-il ? (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  406. J'ai eu beau décrier votre valet et prendre sa conscience à témoin de son peu de mérite, j'ai eu beau lui représenter qu'on pouvait du moins reculer le mariage, il ne m'a pas seulement écoutée ; je vous avertis même qu'on parle d'envoyer chez le notaire, et qu'il est temps de vous déclarer. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  407. Je ne vois pourtant rien de mieux dans la situation où je suis, à moins que de parler moi-même, et je ne saurais m'y résoudre ; j'ai d'ailleurs d'autres raisons qui veulent que je me retire : je n'ai plus que faire ici. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  408. Comme je ne sais pas vos raisons, je ne puis ni les approuver, ni les combattre ; et ce n'est pas à moi à vous les demander. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  409. Ni le courage d'en parler ; car vous n'auriez rien d'obligeant à me dire : adieu Lisette. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  410. À merveille ! (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  411. Et l'explication ne me serait pas favorable, gardez-moi le secret jusqu'à mon départ. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  412. Quoi, sérieusement, vous partez ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  413. S'il part, je ne l'aime plus, je ne l'épouserai jamais... (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  414. Quel dénouement ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  415. Dorante reparaît pourtant ; il me semble qu'il revient, je me dédis donc, je l'aime encore... (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  416. Ce n'est pas la peine, je ne suis qu'une suivante, et vous me le faites bien sentir. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  417. Est-ce à vous à vous plaindre, vous qui me voyez prendre mon parti sans me rien dire ? (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  418. Répondez donc, je ne demande pas mieux que de me tromper. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  419. Mario vous aime. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  420. Vous êtes sensible à son amour, je l'ai vu par l'extrême envie que vous aviez tantôt que je m'en allasse ; ainsi, vous ne sauriez m'aimer. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  421. Je ne saurais vous aimer ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  422. Instruire un homme qui part ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  423. Laissez-moi, tenez, si vous m'aimez, ne m'interrogez point. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  424. Vous ne craignez que mon indifférence, et vous êtes trop heureux que je me taise. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  425. Que vous importent mes sentiments ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  426. Non, et vous me le répétez si souvent que je vous crois ; mais pourquoi m'en persuadez-vous, que voulez-vous que je fasse de cette pensée-là, Monsieur ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  427. Vous m'aimez, mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous ; que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  428. La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets que vous allez trouvez sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement ; vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  429. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  430. Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  431. Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  432. Savez-vous bien que si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  433. Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  434. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  435. Ma chère Lisette, que viens-je d'entendre : tes paroles ont un feu qui me pénètre, je t'adore, je te respecte ; il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  436. En vérité, ne mériteriez-vous pas que je les prisse, ne faut-il pas être bien généreuse pour vous dissimuler le plaisir qu'ils me font, et croyez-vous que cela puisse durer ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  437. Vous m'aimez donc ? (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  438. Non, non ; mais si vous me le demandez encore, tant pis pour vous. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  439. Vos menaces ne me font point de peur. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  440. Non, Lisette ; Mario ne m'alarme plus, vous ne l'aimez point, vous ne pouvez plus me tromper, vous avez le coeur vrai, vous êtes sensible à ma tendresse : je ne saurais en douter au transport qui m'a pris, j'en suis sûr, et vous ne sauriez plus m'ôter cette certitude-là. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  441. Mon père me pardonnera dès qu'il vous aura vue, ma fortune nous suffit à tous deux, et le mérite vaut bien la naissance : ne disputons point, car je ne changerai jamais. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  442. Savez-vous bien que vous me charmez, Dorante ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  443. Oui, Dorante, la même idée de nous connaître nous est venue à tous deux. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  444. Après cela, je n'ai plus rien à vous dire ; vous m'aimez, je n'en saurais douter, mais à votre tour jugez de mes sentiments pour vous, juger du cas que j'ai fait de votre coeur par la délicatesse avec laquelle j'ai tâché de l'acquérir. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  445. Voilà par où j'ai appris votre déguisement, qu'elle n'a pourtant su que par vous. (Acte 3, scène 9, MONSIEUR-ORGON)
  446. Je ne saurais vous exprimer mon bonheur, Madame ; mais ce qui m'enchante le plus, ce sont les preuves que je vous ai données de ma tendresse. (Acte 3, scène 9, DORANTE)
  447. Dorante me pardonne-t-il la colère où j'ai mis Bourguignon ? (Acte 3, scène 9, MARIO)
  448. Il ne vous la pardonne pas, il vous en remercie. (Acte 3, scène 9, DORANTE)
  449. De la joie, Madame ! (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)

LA PROVINCIALE (1750)

  1. Vraiment, il est bien temps de venir : je n'ai plus le loisir de vous entretenir ; il y a une heure que je vous attends, et que vous devriez être ici. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  2. Ma foi, c'est que je ne me suis pas éveillé plus tôt. (Acte 1, scène 1, LA RAMÉE)
  3. Madame La Thibaudière est presque habillée : elle ou Lisette peut descendre dans cette salle-ci, et il faut être plus exact. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  4. Mettez-moi au fait en deux mots : qu'est-ce que c'est d'abord que Madame La Thibaudière ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  5. Une femme de province, qui n'est ici que depuis huit jours ; qui est venue occuper un très grand appartement, précisément dans l'hôtel où je suis logée ; avec qui j'ai lié connaissance le surlendemain de son arrivée ; qui est veuve depuis un an ; qui a presque toujours demeuré à la campagne, qui jamais n'a vu Paris, ni quitté la province ; qui, depuis six mois, a hérité d'un oncle qui la laisse prodigieusement riche ; et qui, le jour même où je la connus, reçut un remboursement de plus de cent mille livres, qu'elle a encore. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  6. Et c'est cette femme-là, sans doute, avec qui je vous rencontrai avant-hier à midi dans la boutique de ce marchand, où j'étais moi-même avec ces deux dames ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Elle-même. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  8. Vous comprenez à présent pourquoi j'affectai tant de vous connaître et de vous saluer ; pourquoi je vous glissai à l'oreille de la lorgner beaucoup, et de vous trouver le même jour au Luxembourg, où je serais avec elle, et d'y continuer vos lorgneries. (Acte 1, scène 1, MADAME L?PINE)
  9. Oui, je commence à être au fait. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  10. Le remboursement rend cela plus clair que le jour. (Acte 1, scène 1, LA RAMÉE)
  11. Vous me dîtes aussi d'envoyer La Ramée le lendemain à votre hôtel, à l'heure de votre dîner, sous prétexte de savoir à quelle heure je pourrais vous voir aujourd'hui. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  12. Quelle était votre idée, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  13. Que La Ramée entrât dans la salle où nous dînions, Madame La Thibaudière et moi ; qu'elle le reconnût pour l'avoir vu la veille avec vous, et qu'elle se doutât que vous ne vouliez venir me parler que pour tâcher de la voir encore, comme en effet elle s'en est doutée. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  14. Je vous le disais bien ; c'est elle-même ! (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  15. Mais heureusement je pense qu'elle va sortir pour quelque achat qu'elle doit faire ce matin. (Acte 1, scène 1, MADAME L?PINE)
  16. Contentez-vous à présent de la saluer en homme qui ne vient voir que moi. (Acte 1, scène 1, MADAME L?PINE)
  17. Je vous cherchais, Madame Lépine, pour vous emmener avec moi. (Acte 1, scène 2, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  18. Déranger, Madame ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  19. Adieu, Madame Lépine : je ne serai pas longtemps absente, et nous nous reverrons bientôt. (Acte 1, scène 2, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  20. Oui, Madame Lépine : à vue de pays, nous viendrons à bout de cette femme-là. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  21. Elle a des façons qui nous le promettent, et je prévois que nous la subjuguerons, en la flattant d'avoir de bons airs. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  22. Elle me paraît faite pour la lettre que je lui ai écrite, en supposant que je ne la visse pas chez vous, et qu'elle ne refusera pas de prendre de votre main. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  23. Laissez-moi seulement La Ramée, que je vais instruire de ce qu'il est bon que vous sachiez. (Acte 1, scène 3, MADAME LÉPINE)
  24. Que me veux-tu ? (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  25. Vous oubliez un règlement pour moi. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  26. Qu'appelles-tu un règlement ? (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  27. Tu nous parles comme à des fripons. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  28. Non pas, mais comme à des espiègles dont j'ai l'honneur d'être associé. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  29. Vous allez attaquer un coeur novice dont vous aurez le pillage ; vous serez les chefs de l'action : regardez-moi comme un soldat qui demande sa paye. (Acte 1, scène 3, LA RAM?E)
  30. Assurément. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  31. Allons, La Ramée, on récompensera bien tes services, je te le promets. (Acte 1, scène 3, MADAME LÉPINE)
  32. Grand merci, mon capitaine. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  33. Madame Lépine, il s'agit ici d'une espèce de parti bleu honnête contre une cassette ; et par ma foi, cinquante pistoles, ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  34. Si je désertais chez l'ennemi, ma désertion me vaudrait davantage. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  35. Tu seras content du Chevalier et de moi ; je te le garantis : ton payement sera le premier levé. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  36. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'y ai quelque part. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  37. Soyez sûre qu'une femme sensée, en pareil cas, en ferait jeter l'auteur par les fenêtres. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  38. Et voilà précisément comme il nous le faut avec notre provinciale, préparée comme elle l'est ! (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  39. Et puis, c'est une tête de femme, ce qui prête beaucoup. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  40. Elle a voulu que je demeurasse avec elle : elle me loge, me nourrit, m'a déjà fait quelques petits présents, que j'ai d'abord refusés par décence, et que j'ai acceptés par amitié. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  41. Voici mon histoire : je suis une jeune dame veuve, qui était à son aise, mais qui a de la peine à présent à soutenir noblesse, à cause de la perte d'un grand procès, qui me force à vivre retirée. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  42. Avant mon mariage, j'ai passé quelques années avec des duchesses et même des princesses, dont j'avais l'honneur d'être la compagne gagée et qui me menaient partout, ce qui m'a acquis une expérience consommée sur les usages du beau monde, en vertu de laquelle je gouverne notre provinciale. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  43. Mais comme, d'un autre côté, la fortune lui donne de grands avantages sur une dame ruinée, j'ai la modestie de négliger les cérémonies avec la Marquise de la Thibaudière, de lui céder les honneurs du pas, et de laisser, entre elle et moi, une petite distance qui me gagne sa vanité, et qui ne me coûte que des égards et quelques flatteries, de façon que je suis tour à tour, et sa complaisante, et son oracle. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  44. Madame Lépine, avec un pareil don du ciel, le patrimoine du prochain sera toujours le vôtre ! (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  45. Votre Marquise, au reste, n'a encore reçu de visite que d'un de ses parents, homme de province assez âgé, et qui, pour terminer une grande affaire qu'elle a ici, vient la marier avec un homme de considération, qu'il doit lui amener incessamment, et qui la fixerait à Paris. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  46. Voilà un mariage qu'il faut gagner de vitesse, de peur que le remboursement ne change de place, et ne soit stipulé dans le contrat. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  47. Mais, Madame Lépine, au lieu de nous en tenir à ces petits bénéfices de passage, si nous épousions la future ; si nous tâchions de saisir le gros de l'arbre, au lieu des branches ? (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  48. Cela serait trop difficile, et puis j'irais directement contre mes préceptes : je lui ai déjà dit que, pour le bon air, il était indécent d'aimer son mari, et qu'il ne fallait garder l'amour que pour la galanterie, et non pas pour le mariage : ainsi il n'y a pas moyen. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  49. Je sors donc, songez à mes intérêts. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  50. Je rêve que nous aurions besoin d'une femme qui, sur le pied d'amante de ton maître, et d'amante jalouse, se douterait de son intrigue avec la Marquise, et viendrait hardiment ici, ou pour l'y chercher, ou pour examiner sa rivale, et lui dirait en même temps de la suivre chez un notaire, afin d'y achever le paiement d'un régiment qu'il achèterait. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  51. D'un régiment fabuleux, de votre invention ? (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  52. Elle ne sera pas de votre force, Madame Lépine ; mais elle ne sera pas mal. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  53. N'avez-vous plus rien à me dire ? (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  54. Je ne suis pas de même... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  55. Non, c'est une porte plus bas ; c'est à Cathos dont je ne sais le nom que de tout à l'heure, à ce petit minois de femme de chambre, qui était avec vous chez ce marchand, qui me parut niaise, mais jolie, et avec qui, par inspiration, j'ébauchai une petite conversation de regards, où elle joua assez bien sa partie ; et hier, quand le Chevalier m'envoya chez vous, en redescendant, je la trouvai sur la porte d'un entre-sol, où je repris le fil du discours par un : Votre valet très humble, Mademoiselle, et par une ou deux révérences, aussi bien troussées, soutenues d'un déhanchement aussi parfait !... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  56. Nous venons encore de nous entre-saluer ici ; et à l'exemple de mon maître, dont vous rendrez le billet, voici un petit bout de papier que j'ai écrit, et que je vous supplierai de lui remettre par la même commodité. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  57. Par la même commodité !... (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  58. Monsieur de la Ramée, vous me manquez de respect. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  59. Je ne m'attends pas qu'on ait rien remboursé à Cathos ; mais si vous vouliez, chemin faisant, la mettre un peu en goût d'être du bel air avec moi, je n'aurai point de régiment à acheter, mais j'aurai quelque payement à faire, et tout m'est bon : je glanerai ; ce qui viendra, je le prendrai. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  60. À l'égard de votre papier, faites-lui votre commission vous-même, puisque la voilà qui vient ; et puis, partez pour rejoindre votre maître. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  61. Nous sommes revenues ; et Madame la Marquise s'est arrêtée dans le jardin. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  62. Oui, c'est Monsieur de la Ramée qui m'apporte un billet que Monsieur le Chevalier avait oublié de me donner. (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  63. Et il m'en reste encore un dont l'objet de mes soupirs aura, s'il vous plaît, la bonté de me défaire. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  64. Vous n'ignorez pas l'objet que j'aime ! (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  65. Je me doute qui c'est, par-ci, par-là. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  66. Je ne cours pourtant pas trop fort ; et vous me contez des fleurettes, Monsieur. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  67. Palsambleu, beauté sans pair, vous avez lu dans mes yeux que je vous adore, et je requiers de pouvoir en lire autant dans les vôtres. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  68. Dame ! (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  69. Comment vous appelle-t-on, mes amours, afin que je l'écrive ? (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  70. Il n'y a qu'à mettre Cathos, pour vous servir, si j'en suis capable. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  71. Extrêmement capable ! (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  72. Madame Lépine, je vous demande pardon de la liberté que je prends devant vous, mais ce petit minois m'étourdit ; il est céleste, il m'égare ; il s'agit d'amour, et cela passe partout... (Acte 1, scène 5, LA RAM?E)
  73. N'est-ce pas Cathos que vous dites, charme de ma vie ? (Acte 1, scène 5, LA RAM?E)
  74. Ce nom-là m'est familier ; je connais une des plus belles pies du monde qui s'appelle de même. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  75. La pie n'a pas cet honneur-là, et tous vos noms sont des enchantements. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  76. Je pense comme toi, La Ramée. (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  77. Madame, votre approbation met le comble à son éloge. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  78. Qu'est-ce que c'est que cet homme-là, Cathos ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  79. À la merveilleuse Cathos, suivante de Madame la Marquise, Monsieur. (Acte 1, scène 6, LA RAMÉE)
  80. Ce drôle-là a l'air d'un fripon ; Madame Lépine, que signifie ce crédit et cette Marquise ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  81. À l'égard du garçon, c'est l'homme de chambre d'un jeune chevalier de nos amis ; et la Marquise, c'est Madame : voilà tout. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  82. Quelle Madame ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  83. Elle-même. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  84. Madame, ne m'apprendrez-vous pas ce que c'est que ce marquisat ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  85. Madame La Thibaudière m'a dit qu'elle avait une terre qui portait ce titre, et elle l'a pris elle-même, ce qui est assez d'usage. (Acte 1, scène 6, MADAME LÉPINE)
  86. Je ne l'appellerai jamais que Madame Riquet ; c'est son nom, et non pas La Thibaudière. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  87. Madame Riquet, pendant qu'on a un château de qualité ! (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  88. Madame Lépine, voulez-vous que je vous dise ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  89. Je crois que vous me gâtez la maîtresse et la servante. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  90. Vous ne mesurez pas vos discours ; et ces termes-là ne conviennent pas à une femme comme moi. (Acte 1, scène 6, MADAME LÉPINE)
  91. Madame sait les belles compagnies sur le bout de son doigt ; elle nous apprend toutes les pratiques galantes, et la coutume des marquises, comtesses et duchesses : voyez si cela peut gâter le monde. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  92. Vous êtes en de bonnes mains à ce qui me semble, et vous me paraissez déjà fort avancée. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  93. Au surplus, Madame Riquet est sa maîtresse. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  94. N'y aura-t-il point quelque coutume galante qui m'en empêche ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  95. À cela près, que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  96. Oui, mais Monsieur Lormeau ne sait point cela, il faut l'en instruire ; il est dans les simplicités de province. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  97. Comment vous portez-vous aujourd'hui ? (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  98. Vous voyez, assez bien, Dieu merci... (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  99. Ce bonhomme, avec sa cousine et son Riquet ! (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  100. Madame, ou Marquise... (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  101. Lequel aimez-vous le mieux ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  102. Madame est bon, Marquise aussi, toujours l'un ou l'autre ; c'est la règle. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  103. Mon mari, au reste, s'appelait Monsieur Riquet, j'en conviens ; mais, depuis sa mort, j'ai hérité du marquisat de la Thibaudière, et j'en prends le nom, comme de son vivant il l'aurait pris lui-même, s'il avait été raisonnable. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  104. Oui, Marquise ; et je venais vous dire que je vous amènerai tantôt la personne avec qui je travaille à vous marier, pour vous éviter le procès que vous auriez ensemble touchant votre succession ; c'est un homme de distinction qui vous donnera un assez beau rang. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  105. Mais, de grâce, ne changez rien aux manières que vous aviez il n'y a pas plus de huit jours ; et laissez là les pratiques galantes, et la coutume des comtesses, marquises et duchesses... (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  106. Les pratiques galantes et la coutume des comtesses, marquises et duchesses : les plaisantes expressions !... (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  107. Que ce gentilhomme est grossier, Marquise ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  108. Comment ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  109. Je me polis. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  110. Madame Lépine, si Cathos changeait de nom ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  111. Cathos me déplaît, ai-je tort ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  112. Vous me charmez ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  113. Il faut que je vous embrasse, Marquise, je n'y saurais tenir ; voilà un dégoût qui part du sentiment le plus exquis, et que vous avez sans le secours de personne, ce qui est particulier... (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  114. Justement. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  115. Ce nom me dégourdit. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  116. Vous croyez donc, Madame Lépine, que je puis à présent me produire ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  117. Au moment où nous parlons, vous faites peut-être plus de bruit que vous ne pensez. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  118. Sérieusement ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  119. Je sais un cavalier des plus aimables, qui vous donne actuellement la préférence sur nombre de femmes, qui en sont bien piquées. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  120. Voyez-vous cette lettre-là qu'on est venu tantôt à genoux me prier de vous rendre ? (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  121. En voyez-vous une qu'on m'a donnée seulement debout, mais avec des civilités ? (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  122. Celle-ci est du Chevalier, qui, sans contredit, est l'homme de France le plus à la mode. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  123. Joli homme ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  124. Je le soupçonnais, Madame Lépine ; c'est ici où j'ai besoin d'un peu d'instruction. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  125. Comment traiterai-je avec lui ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  126. Quoi qu'il en dise, dans le fond, notre liaison n'est presque rien ; cependant il m'écrit, et me parle d'amour apparemment. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  127. Dans mon pays, cela me paraîtrait impertinent ; ici, ce n'est peut-être qu'une liberté de savoir-vivre. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  128. Dame ! (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  129. J'y mettrai bon ordre ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  130. Allons, Marquise, femme de qualité, ouvrez le billet, et lisez ferme. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  131. Tenez, voilà comme j'hésite. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  132. Non : pourvu que vous répondiez aussi hardiment, tout ira bien. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  133. Si vous me piquez, j'en ferai deux. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  134. Grand merci ! (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  135. Mais bien m'en prend d'être avertie : quinze jours plus tôt, j'aurais pris cette lettre-là pour une insulte, Madame Lépine, pour une insulte ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  136. On dirait qu'il y a dix ans qu'il me connaît. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  137. Le Chevalier, qui sait son monde, vous traite en femme instruite. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  138. Vraiment, je ne m'en plains pas ; il me fait honneur... (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  139. Je crois aussi que celle de mon galant aura bien des charmes, car il va si vite dans le propos ; il me considère si peu, que c'est un plaisir, le petit folichon qu'il est. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  140. Êtes-vous comme moi, Marquise ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  141. Je n'ai fait que vous voir, et je me meurs ; je ne saurais plus vivre ; dites, ma reine, en quel état êtes-vous ? (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  142. À peu près de même, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  143. C'est ici une affaire de sympathie ; notre étoile était de nous aimer : hâtons-nous de la remplir ; j'ai besoin de vous voir ; vous m'attendez sans doute. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  144. C'est assez d'une pareille lettre, pour illustrer toute la vie d'une femme. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  145. Que dites-vous de cette étoile qui veut que je l'aime ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  146. Et qui ne met rien sur le compte de son mérite ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  147. Que cette tournure-là met une femme à son aise ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  148. Madame Lépine, puisque ce billet-là m'est si honorable, il n'est pas nécessaire que je le cache. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  149. Madame, voici Monsieur Derval que je vous présente. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  150. On ne peut rien ajouter à l'empressement qu'il avait de vous voir. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  151. Des sièges à ces Messieurs. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  152. Mais, Madame, ne prenons-nous pas mal notre temps ? (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  153. Nous ne voulons point vous gêner, Madame. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  154. Non, c'est un billet doux, que je viens de recevoir, mais qui est extrêmement léger et joli ; et Monsieur, qui est de Paris, sait bien qu'il faut y répondre. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  155. Un billet doux, Madame ! (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  156. Je ne le dis point pour m'en vanter non plus : je le dis comme une aventure toute simple et dont une femme du monde ne fait point mystère ; demandez à Monsieur. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  157. Madame est la maîtresse de ses actions. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  158. Je vous avertis que Monsieur Lormeau n'entend point raillerie là-dessus. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  159. Vous ne songez pas, Madame, que ce billet doux peut inquiéter Monsieur Derval. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  160. Je me trouverais cependant fort à plaindre, si le coeur ne suivait pas la main. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  161. Vraiment, il faudra bien qu'il la suive ; il n'y manquera pas : mais je pense entre nous que ce n'est pas là le plus grand de vos soucis, Monsieur, et que nous ne nous chicanerons pas là-dessus ; nous savons bien que le coeur est une espèce de hors-d'oeuvre dans le mariage. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  162. Ce ne serait pas trop là mon sentiment, mais nous retenons Madame qui veut écrire, Monsieur ; et nous aurons l'honneur de la revoir. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR LORMEAU)
  163. Monsieur Lormeau n'en revient point ! (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  164. Mais qu'en dites-vous, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  165. Avez-vous envie de l'aimer, d'être amoureuse de votre mari ? (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  166. Doucement ! (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  167. Mais je l'aimerais encore mieux que le Chevalier, si c'était l'usage. (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  168. Il n'est pas même question d'aimer avec le Chevalier, il ne faut en avoir que l'air ; on ne nous demande que cela. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  169. Est-ce que les femmes du monde ont besoin d'un amour réel, en fait de galanterie ? (Acte 1, scène 10, MADAME L?PINE)
  170. On s'étourdit de sentiments imaginaires. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  171. C'est justement à quoi j'en suis avec le Chevalier ; quoiqu'il ne m'ait pas fort touchée, je me figure que je l'aime : je me le fais accroire, pour m'aider à soutenir la chose avec les airs convenables. (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  172. Dites-lui Madame, entendez-vous ? (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  173. Madame Lépine, le respect ne veut-il pas que la livrée m'appelle Mademoiselle tout court ? (Acte 1, scène 11, CATHOS)
  174. Sans difficulté, comment donc ! (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  175. La suivante de Madame ! (Acte 1, scène 11, MADAME L?PINE)
  176. Eh bien, qu'on donne ordre là-bas que tous mes gens vous appellent Mademoiselle. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  177. Non, non : oui, Marquise, hé, je veux dire Madame. (Acte 1, scène 11, COLIN)
  178. Et vous, au lieu de Colin, soyez Jasmin, petit garçon, et achevez ce que vous veniez me dire. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  179. C'est qu'il y a là-bas un beau Monsieur, bien mis, qui est jeune, qui se carre, et qui est venu, disant : Madame la Marquise y est-elle ? (Acte 1, scène 11, VALET-COLIN)
  180. Bellement, Monsieur ! lui ai-je fait ; je vais voir si c'est sa volonté que vous entriez. (Acte 1, scène 11, VALET COLIN)
  181. Va, butor, a-t-il fait, va lui dire que c'est moi dont elle a reçu un billet ce matin par Madame Lépine. (Acte 1, scène 11, VALET COLIN)
  182. Madame, c'est sans doute le Chevalier ! (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  183. Un homme de qualité repoussé à ma porte ! (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  184. Misérable que tu es, sais-tu bien que ta rusticité me déshonore ? (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  185. Il faut que je change tous mes gens. (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  186. Madame Lépine : si Lisette allait le recevoir, et lui faire excuse ? (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  187. Il va me prendre pour la plus sotte, pour la plus pécore de toutes les femmes. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  188. Tranquillisez-vous ; un moment de conversation raccommodera tout. (Acte 1, scène 12, MADAME LÉPINE)
  189. Vous me serez témoin que j'ai eu dessein d'y répondre, sans qu'il m'en ait coûté le moindre scrupule... (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  190. Le respect qu'on a ici avec les femmes, et qui est à la mode, je ne le connais pas ; et je crains toujours ma vertu de province. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  191. Eh bien, congédiez votre soupirant après les premiers compliments. (Acte 1, scène 12, MADAME LÉPINE)
  192. Mon amour a bien de la peine à percer jusqu'à vos charmes : il y a longtemps qu'il attend à votre porte. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  193. Ne me disputez pas l'entrée de votre coeur, et je pardonne à ceux qui m'ont disputé l'entrée de votre chambre. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  194. Pour moi, je n'aime pas à disputer. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  195. Vous me boudez déjà, Chevalier ? (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  196. Madame Lépine a sans doute eu la bonté de vous remettre certain billet pressant ; et cependant vous êtes en arrière ; il ne m'est pas venu de revanche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  197. Deux mortelles heures, Madame Lépine ! (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  198. Serait-ce que vous me tenez rigueur ? (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  199. Et qu'une femme de qualité recule ? (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  200. Il n'est pas croyable que mon billet ait été pour vous un sujet de scandale ; votre sagesse sait vivre apparemment, et n'est ni bourgeoise ni farouche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  201. Parlez-lui, Madame Lépine, parlez. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  202. Non, Chevalier, Madame n'a point tort. (Acte 1, scène 13, MADAME LÉPINE)
  203. C'est que Madame la Marquise a toujours été en affaire, et n'a pas eu le temps d'écrire. (Acte 1, scène 13, MADAME LÉPINE)
  204. Absolument pas le temps ! (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  205. Mais au surplus, le billet est charmant, il m'a réjouie, il m'a plu, vous me plaisez vous-même plus que vous ne méritez dans ce moment-ci, petit mutin que vous êtes ! (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  206. Voyez, je vous prie, ce qu'il veut dire avec sa femme de qualité qui recule. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  207. Pardon à mon tour : votre conduite est d'une aisance incontestable ; on ne saurait moins disputer le terrain que vous ne le faites, ni se présenter de meilleure grâce à une affaire de coeur ; et je vais, en réparation de mes soupçons, annoncer à la ville et aux faubourgs que vous êtes la beauté de l'Europe la plus accessible et la plus légère de scrupules et de modestie populaire. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  208. Vous me devez cette justice-là, au moins. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  209. Adieu, reine ; je m'éloigne pour un quart_d_heure ; je reviendrai prendre votre billet moi-même ; et je m'attends à n'y pas trouver plus de réserve que dans vos façons. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  210. Ne m'oubliez pas, ma chère Madame Lépine, et servez-moi auprès de la Marquise, car mon coeur est pressé... (Acte 1, scène 14, LE CHEVALIER)
  211. Un moment... (Acte 1, scène 14, MADAME LÉPINE)
  212. L'affaire de votre régiment est-elle terminée, Monsieur le Chevalier ? (Acte 1, scène 14, MADAME L?PINE)
  213. Il ne me faut plus que dix mille écus ; et je vais voir si mon notaire me les a trouvés. (Acte 1, scène 14, LE CHEVALIER)
  214. Je laisse partir Monsieur le Chevalier, pour avoir une petite explication avec mes amours. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  215. Soubrette de mon âme ! (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  216. Ce n'est pas la modestie qui me tient ; je ne recule pas plus qu'une Marquise : mais il faut du temps, et vous n'avez qu'à vous en aller un peu, vous aurez votre affaire toute griffonnée. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  217. Griffonnez, brunette ; je vous donne vingt minutes pour m'exprimer vos transports. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  218. Je vais, en attendant, haranguer certain cabaretier, à qui je dois vingt écus, et qui a comme envie de manquer de patience avec moi. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  219. S'il m'honorait d'une assignation, il faudrait encore la payer ; j'aime mieux la boire. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  220. Est-ce trop, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  221. Chacun a son régiment : voilà le mien. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  222. J'aime à vous voir mépriser cette somme-là : cela sent la soubrette de cour, qui ne s'effraye de rien. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  223. La belle âme que Cathos ! (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  224. Eh dame ! (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  225. On est belle âme tout comme une autre. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  226. Je suis si content de votre façon de penser, que je me repens de n'avoir pas bu davantage. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  227. Adieu, mes yeux noirs ! (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  228. Je vous rejoins incessamment. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  229. Madame Lépine, protégez-moi toujours auprès de ce grand coeur, qui regarde vingt écus comme de la monnaie. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  230. Ah çà, notre chère dame, pendant que nous sommes seules, ouvrons le billet ; vous savez bien que vous m'avez promis de le lire ? (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  231. Il me filoutera aussi, moi ! (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  232. Savez-vous qu'il ne ment pas d'un mot, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  233. Comment ? (Acte 1, scène 16, MADAME LÉPINE)
  234. Or çà, la réponse, vous me la ferez donc ? (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  235. Attends ; je te dirai comment tu t'en tireras. (Acte 1, scène 16, MADAME LÉPINE)
  236. Oui, j'ai brouillé bien du papier, et n'ai rien fini ; je ne suis pas assez sûre du ton sur lequel il faut que je le prenne, et je vous prie de me donner quelques avis là-dessus. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  237. Tu deviendras fameuse. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  238. J'avais d'abord mis du tendre ; mais j'ai eu peur que cela ne sentît sa femme novice qui fait trop de façon avec l'amour. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  239. L'emportement le corrige. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  240. Et il n'est pas temps que je m'emporte ; nous ne sommes encore qu'au premier billet. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  241. Il me dit qu'il se meurt. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  242. Vivez, Chevalier, vivez, lui dirai-je, vous me faites peur, mon cher enfant ; je vous défends de mourir : il faut m'aimer. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  243. Si la mienne entend que je vous le rende, eh bien, qu'à cela ne tienne, on vous le rendra, Monsieur, on vous le rendra ; et deux étoiles n'en auront pas le démenti. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  244. Admirablement ! (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  245. On croirait que je l'aime ; et cependant il n'en est rien : je ne fais qu'imiter. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  246. Eh oui, il ne s'agit que d'être sur la liste des jolies femmes qui ont occupé le Chevalier. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  247. Oui, si on savait qu'il m'aime ; mais il n'aura garde de s'en vanter à cause de mes rivales. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  248. soyez en repos là-dessus ; tout le monde saura qu'il vous aime, et, qui plus est, que vous l'aimez. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  249. Que je l'aime, moi ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  250. C'est son heureuse indiscrétion qui vous fera connaître, qui vous mettra en spectacle. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  251. Ce qui caractérise une femme à la mode, et du bel air, c'est de soutenir audacieusement le bruit qui se répand d'elle ; c'est de le répandre elle-même. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  252. Vous me faites trembler ! (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  253. Vous me rassurez. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  254. Hé, dites-moi, Madame Lépine, dans la conversation, faut-il un peu de folies aussi ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  255. Est-il vrai, Chevalier, ne me trompez-vous point ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  256. M'aimez-vous autant que vous le dites ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  257. À merveille ! (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  258. Comme un charme. (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  259. Vous aimer, Marquise, vous n'y songez pas. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  260. Qu'est-ce que c'est qu'aimer ? (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  261. Est-ce qu'on vous aime ? (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  262. Doucement, vous n'y êtes plus. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  263. Je n'ai plus qu'à savoir, en cas que je trouve quelqu'une de mes rivales, comment je traiterai avec elle. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  264. Avec une politesse aisée, tranquille et riante, qui ravalera ses charmes, qui marquera le peu de souci que vous en avez, et la supériorité des vôtres. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  265. Comme un démon ! (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  266. Cet orgueil alors va comme il peut chez les femmes, il ne raisonne point. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  267. Que les bégueles ne s'y frottent pas avec Madame : elle vous les revirerait... (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  268. Il y a une chose que j'omettais, et qui vous mettrait tout d'un coup au pair de tout ce qu'il y a de plus distingué en fait de femmes à la mode, et qui est même nécessaire, qui met le sceau à la bonne renommée... (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  269. J'aime à le dépenser à propos. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  270. Je sais qu'il manque encore une somme au Chevalier pour achever de payer un régiment dont il est en marché. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  271. La circonstance est heureuse pour rendre votre nom fameux. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  272. Prêtez-lui la somme qu'il lui faut, pourvu qu'il y consente ; car il faudra l'y forcer. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  273. Le Chevalier ne sera pas en peine ; et il y a vingt femmes qui ne manqueront pas ce coup-là. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  274. Allons, courage, Madame, on n'a rien pour rien. (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  275. S'il ne fallait pas une si grande somme... (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  276. Petite ou grande, n'importe, dès que c'est l'honneur qui engage ; et puis, ce n'est point précisément par besoin qu'un cavalier emprunte en pareil cas ; c'est par galanterie ; pour faire briller une femme ; c'est un service qu'il lui rend. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  277. Nous verrons ; je me consulterai. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  278. Je vais toujours écrire ma lettre ; et à tout hasard, je mettrai sur moi des billets de plusieurs sommes. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  279. Comme vous voudrez, Marquise ; j'ai fait l'acquit de ma conscience. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  280. C'est la même chose, proportion gardée. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  281. Attendez donc, Madame Lépine ! (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  282. Vous dites que tous vos enseignements à Madame me regardent aussi. (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  283. La politesse glorieuse avec mes rivales, la folie des paroles en devisant, et les mains qu'on baise ?... (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  284. Et que tu observeras de tutoyer La Ramée, comme il te tutoiera lui-même ; c'est l'usage. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  285. Dame, passez-vous-en, mon cher homme ; je ne sais faire que des pieds de mouche, et j'aime mieux vous donner mon écriture en paroles ; il n'y a pas tant de façon. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  286. Votre billet est bien troussé, il m'a été fort agréable ; c'est bien fait de me l'avoir mandé. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  287. Je vois bien que tu m'aimes, ma petite merveille. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  288. Si je t'aime ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  289. Pour qui me prends-tu donc ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  290. Est-ce que tu crois que l'amour me fait peur ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  291. Je t'aime comme une étourdie ; je ne sais à qui le dire. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  292. Je me reconnais au désordre de ta tête : il est digne de mon mérite, et tu me ravis... (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  293. Tu me les donnes à si bon marché que je les prendrai toutes deux. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  294. Je t'aime d'abord par inclination. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  295. Tu me remues, tu m'attendris. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  296. N'en fais pas un secret, au moins : ne me joue point ce tour-là. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  297. Montrez-m'en quelqu'une, afin que je la méprise poliment, ou bien que je la décoiffe. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  298. Merci de ma vie ! (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  299. Il est homme à s'en accommoder. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  300. Ma foi, je crois que nous sommes au jour de l'échéance. (Acte 1, scène 20, LA RAMÉE)
  301. La soubrette vient d'entrer en payement avec moi, et j'attends un peu d'or qu'elle va m'apporter encore. (Acte 1, scène 20, LA RAM?E)
  302. Doucement ! (Acte 1, scène 20, LA RAMÉE)
  303. Cela dépend des termes du billet. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  304. Y verrai-je que vous m'aimez ? (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  305. Que vous n'aimez que moi ? (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  306. Vous me transportez, Marquise ! (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  307. Vous me pénétrez ! (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  308. Je veux les apprendre à tout l'univers, afin que tout l'univers me porte envie. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  309. C'est l'Amour même qui vous les a dictées ; c'est lui qui vous a tenu la main. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  310. Me sera-t-il permis ?... (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  311. On vous le permet, remerciez-la. (Acte 1, scène 21, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  312. Que mille baisers lui marquent mes transports. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  313. Voici une dame qui demande Monsieur le Chevalier. (Acte 1, scène 22, LISETTE)
  314. Voilà donc pour qui vous me négligez ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  315. Comptez-vous sur son coeur, Madame ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  316. Je vous avertis que j'ai sur lui des droits, qui me paraissent un peu meilleurs que les vôtres. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  317. Meilleurs que les miens ! (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  318. Prenez la peine de vous asseoir, Madame ; vous en gronderez plus à votre aise, et nous en écouterons plus poliment la triste histoire de vos droits. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  319. Eh non, Madame ; je n'ai pas dessein de vous rendre visite. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  320. On est venu chez moi pour une affaire de la dernière conséquence qui vous regarde, et qui doit absolument finir aujourd'hui. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  321. C'est de votre régiment dont il est question ; un autre presse pour l'acheter ; son argent est tout prêt, m'a-t-on dit ; on diffère, par amitié pour vous, de conclure avec lui jusqu'à ce soir ; c'est notre ami le Maquis qui est venu m'en informer. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  322. Savez-vous bien que je me fâcherai à la fin ? (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  323. Un instant de patience, Madame ; que je parle à mon tour. (Acte 1, scène 22, MARTON)
  324. Comment ! (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  325. Chevalier, congédiez cette femme-là, je vous prie. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  326. Vous avez besoin de dix mille écus, m'a-t-on dit, et non pas de douze, comme elle prétend. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  327. Je ne tâche point, moi ; il n'est pas question qu'on tâche, il faut de l'expédition, et j'ai la somme toute comptée. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  328. Eh, Mesdames ! (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  329. Vous me mortifiez. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  330. Je n'en veux point ; ma somme est trouvée. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  331. Quand je dis trouvée, du moins m'a-t-on comme assuré qu'on me la donnerait peut-être ce soir. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  332. Votre régiment dépend-il d'un peut-être ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  333. Puisqu'on me met le poignard sur la gorge, et que j'ai affaire à la jalouse la plus incommode et la plus haïssable, oui, la plus haïssable... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  334. Si on avait le temps de marchander, et qu'on ne fût pas prise comme cela au pied levé... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  335. Car enfin tout se marchande, et on tirerait peut-être meilleur parti... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  336. N'êtes-vous pas honteux de me mettre en parallèle avec une femme qui parle de marchander un régiment comme on marchande une pièce de toile ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  337. Votre emportement décide : vous insultez Madame ; et pour la venger, j'avouerai que je l'aime, et c'est son argent que j'accepte. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  338. Il y en a de différentes sommes, et plus qu'il n'en faut. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  339. Mais à qui en a cette dame-là qui paraît si emportée ? (Acte 1, scène 23, MONSIEUR LORMEAU)
  340. Pardonnez, Mesdames ; j'arrange pour dix mille écus de billets que cette dame si désespérée voulait fournir à Monsieur le Chevalier pour achever de payer un régiment qu'il achète. (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  341. Il me donne la préférence sur elle, et je la paie assez cher ! (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  342. Lui, un régiment ? (Acte 1, scène 23, MONSIEUR-DERVAL)
  343. Lui-même... (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  344. Doucement ! (Acte 1, scène 23, CATHOS)
  345. Non, Monsieur, nous ne sommes que des fourbes ; je vous le jure ! (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)
  346. Et pourquoi tirer dix mille écus de Madame ? (Acte 1, scène 23, MONSIEUR-DERVAL)
  347. Pour la mettre en vogue ; pour lui donner de belles manières. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)
  348. La réputation de Madame y perd. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)
  349. Soyez vous-même notre arbitre dans les discussions que nous avons ensemble, Monsieur... (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  350. Adieu, je vais me cacher dans le fond de ma province ! (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDI?RE)

LE PRINCE TRAVESTI (1727)

  1. Vous me paraissez bien agitée, Madame. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Hier au soir en arrivant, quand j'eus l'honneur de vous revoir, vous me parûtes aussi tranquille que vous l'étiez avant mon départ. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  3. Que vous est-il donc arrivé, Madame ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  4. Le sang nous unit ; je sais votre attachement pour moi, et vous me serez toujours chère ; mais j'ai peur que vous ne condamniez mes faiblesses. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  5. Moi, Madame, les condamner ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  6. Quel service pourrait-elle nous rendre avec sa raison ferme et sans quartier, qui ferait main basse sur tous nos mouvements ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  7. Croyez-moi Madame ; il faut vivre avec les autres, et avoir du moins moitié raison et moitié folie, pour lier commerce ; avec cela vous nous ressemblerez un peu ; car pour nous ressembler tout à fait, il ne faudrait presque que de la folie ; mais je ne vous en demande pas tant. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  8. J'aime, voilà ma peine. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  9. Que ne dites-vous : J'aime, voilà mon plaisir ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  10. Car elle est faite comme un plaisir, cette peine que vous dites. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. Comment, vous croyez voir ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Celui qui vous aime met-il son amour en énigme ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  13. Madame, il faut que l'amour parle bien clairement et qu'il répète toujours, encore avec cela ne parle-t-il pas assez. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  14. Je règne ; celui dont il s'agit ne pense pas sans doute qu'il lui soit permis de s'expliquer autrement que par ses respects. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  15. Madame, que ne lui donnez-vous un pouvoir plus ample ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  16. Sans lui dire précisément : Expliquez-vous mieux, ne pouvez-vous lui glisser la valeur de cela dans quelque regard ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  17. Je n'ose, Hortense, un reste de fierté me retient. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  18. Oui, comme d'un illustre étranger qui, ayant rencontré notre armée, y servit volontaire il y a six ou sept mois, et à qui nous dûmes le gain de la dernière bataille. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  19. Celui qui commandait l'armée l'engagea par mon ordre à venir ici ; depuis qu'il y est, ses sages conseils dans mes affaires ne m'ont pas été moins avantageux que sa valeur ; c'est d'ailleurs l'âme la plus généreuse... (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  20. Il me le paraît. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  21. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, cet homme-là vous a donné son coeur ; vous lui avez rendu le vôtre en revanche, c'est coeur pour coeur, le troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  22. Comptons ; dans cet homme-là vous avez d'abord un amant, ensuite un ministre, ensuite un général d'armée, ensuite un mari, s'il le faut, et le tout pour vous ; voilà donc quatre hommes pour un, et le tout en un seul, Madame ; ce calcul-là mérite attention. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  23. Mais cet homme qui en vaut quatre, et que vous voulez que j'épouse, savez-vous qu'il n'est, à ce qu'il dit, qu'un simple gentilhomme, et qu'il me faut un prince ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  24. Madame, il vous faut un prince ou un homme qui mérite de l'être, c'est la même chose ; un peu d'attention, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  25. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, Madame, avec cela, fût-il né dans une chaumière, sa naissance est royale, et voilà mon Prince ; je vous défie d'en trouver un meilleur. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  26. Croyez-moi, je parle quelquefois sérieusement ; vous et moi nous restons seules de la famille de nos maîtres ; donnez à vos sujets un souverain vertueux ; ils se consoleront avec sa vertu du défaut de sa naissance. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  27. Quand on refuse les gens bien poliment, ne les refuse-t-on pas de bonne grâce ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  28. Je ne saurais me résoudre à montrer clairement mes dispositions à Lélio ; souffrez que je vous charge de ce soin-là, et acquittez-vous-en adroitement dès que vous le verrez. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  29. Avec plaisir, Madame ; car j'aime à faire de bonnes actions. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  30. À la charge que, quand vous aurez épousé cet honnête homme-là, il y aura dans votre histoire un petit article que je dresserai moi-même, et qui dira précisément : "Ce fut la sage Hortense qui procura cette bonne fortune au peuple ; la Princesse craignait de n'avoir pas bonne grâce en épousant Lélio ; Hortense lui leva ce vain scrupule, qui eût peut-être privé la république de cette longue suite de bons princes qui ressemblèrent à leur père." Voilà ce qu'il faudra mettre pour la gloire de mes descendants, qui, par ce moyen, auront en moi une aïeule d'heureuse mémoire. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  31. Mais trouvez-moi quelqu'un qui ait à peu près le mérite de Lélio, et le goût du mariage me reviendra peut-être ; car je l'ai tout à fait perdu, et je n'ai point tort. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  32. Les autres amants auprès de lui rampaient comme de mauvaises copies d'un excellent original, c'était une chose admirable, c'était une passion formée de tout ce qu'on peut imaginer en sentiments, langueurs, soupirs, transports, délicatesses, douce impatience, et le tout ensemble ; pleurs de joie au moindre regard favorable, torrent de larmes au moindre coup d'oeil un peu froid ; m'adorant aujourd'hui, m'idolâtrant demain ; plus qu'idolâtre ensuite, se livrant à des hommages toujours nouveaux ; enfin, si l'on avait partagé sa passion entre un million de coeurs, la part de chacun d'eux aurait été fort raisonnable. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  33. Deux siècles, si nous les passions ensemble, n'épuiseraient pas cette tendresse-là, disais-je en moi-même ; en voilà pour plus que je n'en userai. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  34. Quand nous fûmes mariés, j'eus peur qu'il n'expirât de joie. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  35. Madame, il ne mourut ni avant ni après, il soutint fort bien sa joie. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  36. Le premier mois elle fut violente ; le second elle devint plus calme, à l'aide d'une de mes femmes qu'il trouva jolie ; le troisième elle baissa à vue d'oeil, et le quatrième il n'y en avait plus. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  37. Affligeant, Madame, affligeant ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  38. Imaginez-vous ce que c'est que d'être humiliée, rebutée, abandonnée, et vous aurez quelque légère idée de tout ce qui compose la douleur d'une jeune femme alors. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  39. Être aimée d'un homme autant que je l'étais, c'est faire son bonheur et ses délices ; c'est être l'objet de toutes ses complaisances, c'est régner sur lui, disposer de son âme ; c'est voir sa vie consacrée à vos désirs, à vos caprices, c'est passer la vôtre dans la flatteuse conviction de vos charmes ; c'est voir sans cesse qu'on est aimable : ah ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  40. Le charmant point de vue pour une femme ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  41. Madame, cet homme dont vous étiez l'idole, concevez qu'il ne vous aime plus ; et mettez-vous vis-à-vis de lui ; la jolie figure que vous y ferez ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  42. Voilà pourtant mes aventures ; et si je me rembarquais, j'ai du malheur, je ferais encore naufrage, à moins que de trouver un autre Lélio. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  43. Vous ne tiendrez pas votre colère, et je chercherai de quoi vous réconcilier avec les hommes. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  44. Cela est inutile ; je ne sache qu'un homme dans le monde qui pût me convertir là-dessus, homme que je ne connais point, que je n'ai jamais vu que deux jours. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  45. L'homme dont je vous parle, accompagné de trois autres, vint à mes cris, et fondit sur mes voleurs, qu'il contraignit à prendre la fuite. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  46. J'étais presque évanouie ; il vint à moi, s'empressa à me faire revenir, et me parut le plus aimable et le plus galant homme que j'aie encore vu. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  47. Si je n'avais pas été mariée, je ne sais ce que mon coeur serait devenu, je ne sais pas trop même ce qu'il devint alors ; mais il ne s'agissait plus de cela, je priai mon libérateur de se retirer. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  48. Il insista à me suivre près de deux jours ; à la fin je lui marquai que cela m'embarrassait ; j'ajoutai que j'allais joindre mon mari, et je tirai un diamant de mon doigt que je le pressai de prendre ; mais sans le regarder il s'éloigna très vite, et avec quelque sorte de douleur. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  49. Mon mari mourut deux mois après, et je ne sais par quelle fatalité l'homme que j'ai vu m'est toujours resté dans l'esprit. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  50. C'est un homme à Lélio. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  51. Il me vient une idée pour vous ; ne saurait-il pas qui est son maître ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  52. Il n'y a pas d'apparence ; car Lélio perdit ses gens à la dernière bataille, et il n'a que de nouveaux domestiques. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  53. Madame, je supplie Votre Principauté de pardonner l'impertinence de mon étourderie ; si j'avais su que votre présence eût été ici, je n'aurais pas été assez nigaud pour y venir apporter ma personne. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  54. Tout juste, vous l'avez deviné, Madame. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  55. Depuis qu'il vous a parlé tantôt, je l'ai perdu de vue dans cette peste de maison, et, ne vous déplaise, je me suis aussi perdu, moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  56. Si vous vouliez bien m'enseigner mon chemin, vous me feriez plaisir ; il y a ici un si grand tas de chambres, que j'y voyage depuis une heure sans en trouver le bout. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  57. Que de fatras de meubles, de drôleries, de colifichets ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  58. Depuis six mois que nous sommes ici, je n'avais point encore vu cela. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  59. Cela est si beau, si beau, qu'on n'ose pas le regarder ; cela fait peur à un pauvre homme comme moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  60. Mais n'est-ce pas encore une autre impertinence que je fais, de raisonner avec vous comme avec ma pareille ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  61. Adieu, Madame ; je salue Votre Grandeur. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  62. Tu n'as point dit de sottise ; au contraire, tu me parais de bonne humeur. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  63. Fort bien : nous vivons ensemble de bonne amitié ; je n'aime pas le bruit, ni lui non plus ; je suis drôle, et cela l'amuse. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  64. Il me paie bien, me nourrit bien, m'habille bien honnêtement et de belle étoffe, comme vous voyez ; me donne par-ci par-là quelques petits profits, sans ceux qu'il veut bien que je prenne, et qu'il ne sait pas ; et, comme cela, je passe tout bellement ma vie. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  65. Est-ce que vous savez une meilleure condition pour moi, Madame ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  66. Non, je n'en sache point de meilleure que celle de ton maître ; car on dit qu'il est grand seigneur. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  67. Tu me réponds comme si tu ne savais pas qui il est. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  68. Je l'ai rencontré comme il sortait d'une bataille ; je lui fis un petit plaisir ; il me dit grand merci. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  69. Il me dit : Tu me plais, veux-tu venir avec moi ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  70. Ce qui fut dit, fut fait ; il prit encore d'autre monde ; et puis le voilà qui part pour venir ici, et puis moi je pars de même, et puis nous voilà en voyage, en courant la poste, qui est le train du diable ; car parlant par respect, j'ai été près d'un mois sans pouvoir m'asseoir. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  71. Quand je compte quelque chose, je n'oublie rien ; bref, tant y a que nous arrivâmes ici, mon maître et moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  72. La Grandeur de Madame l'a trouvé brave homme, elle l'a favorisé de sa faveur ; car on l'appelle favori ; il n'en est pas plus impertinent qu'il l'était pour cela, ni moi non plus. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  73. Il est courtisé, et moi aussi ; car tout le monde me respecte, tout le monde est ici en peine de ma santé, et me demande mon amitié ; moi, je la donne à tout hasard, cela ne me coûte rien, ils en feront ce qu'ils pourront, ils n'en feront pas grand-chose. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  74. Madame, sans compliment, je ne suis pas digne d'avoir cet adieu-là... (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  75. Cette Princesse est une bonne femme ; elle n'a pas voulu me tourner le dos sans me faire une civilité. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  76. J'y fais connaissance avec la Princesse, et j'y reçois ses compliments. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  77. Que veux-tu dire avec ta connaissance et tes compliments ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  78. Elle me demandait si nous nous trouvions bien ensemble, comment s'appelaient votre père et votre mère, de quel métier ils étaient, s'ils vivaient de leurs rentes ou de celles d'autrui. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  79. Je ne sais pas quelle mine ils ont, s'ils sont nobles ou vilains, gentilshommes ou laboureurs : mais que vous aviez l'air d'un enfant d'honnêtes gens. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  80. Et moi je lui ai dit : Vous me faites trop de grâces. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  81. Tout ce que j'en puis comprendre, c'est que la Princesse s'est informée de lui s'il me connaissait. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  82. Oui ; cependant je voudrais bien le savoir ; car quelquefois cela me chicane. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  83. Dans la vie il y a tant de fripons, tant de vauriens qui courent par le monde pour fourber l'un, pour attraper l'autre, et qui ont bonne mine comme vous. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  84. Vous me payez bien, je n'ai pas besoin d'autre caution ; et au cas que vous soyez quelque bohémien, pardi ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  85. En voilà assez, ne sors point du respect que tu me dois. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  86. On peut avoir le coeur bon sans être prince, et pour l'avoir tel, un prince a plus à travailler qu'un autre ; mais comme tu es attaché à moi, je veux bien te confier que je suis un homme de condition qui me divertis à voyager inconnu pour étudier les hommes, et voir ce qu'ils sont dans tous les Etats. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  87. Je suis jeune, c'est une étude qui me sera nécessaire un jour ; voilà mon secret, mon enfant. (Acte 1, scène 4, L?LIO)
  88. Qu'est-ce que vous ferez de cette connaissance des hommes ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  89. C'est qu'ils ne me tromperont plus. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  90. La Princesse cherche à me connaître, et me confirme dans mes soupçons ; les services que je lui ai rendu ont disposé son coeur à me vouloir du bien, et mes respects empressés l'ont persuadée que je l'aimais sans oser le dire. (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  91. Depuis que j'ai quitté les États de mon père, et que je voyage sous ce déguisement pour hâter l'expérience dont j'aurai besoin si je règne un jour, je n'ai fait nulle_part un séjour si long qu'ici ; à quoi donc aboutira-t-il ? (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  92. Mon père souhaite que je me marie, et me laisse le choix d'une épouse. (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  93. Elle est aimable ; et si je lui plais, rien n'est plus flatteur pour moi que son inclination, car elle ne me connaît pas. (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  94. Elle ne m'est pas indifférente ; mais que je l'aimerais sans le souvenir inutile que je garde encore de cette belle personne que je sauvai des mains des voleurs ! (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  95. Le voilà, Madame. (Acte 1, scène 6, UN-GARDE)
  96. Je connais cette dame-là. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  97. Me reconnaissez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  98. Me fuirez-vous encore ? (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  99. Monsieur, la conversation commence d'une manière qui m'embarrasse ; je ne sais que vous répondre ; je ne saurais vous dire que vous me plaisez. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  100. Non, Madame ; je ne l'exige point non plus ; ce bonheur-là n'est pas fait pour moi, et je ne mérite sans doute que votre indifférence. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  101. Je vous estime, je vous ai une grande obligation ; nous nous retrouvons ici, nous nous reconnaissons ; vous n'avez pas besoin de moi, vous avez la Princesse ; que pourriez-vous me vouloir encore ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  102. Vous, confidente, Madame ! (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  103. Madame, le chagrin que j'eus en vous quittant, il y a sept ou huit mois, ne vous a point appris mes sentiments ? (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  104. Le chagrin que vous eûtes en me quittant ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  105. Que ne m'en coûta-t-il pas pour vous quitter, vous que j'aurais voulu ne quitter jamais, et dont il faudra pourtant que je me sépare ? (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  106. En vérité, je suis confuse de vous avoir demandé cette explication-là, je vous prie de croire que j'étais dans la meilleure foi du monde. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  107. Non, Madame, je ne l'ai jamais pu ; et puisque je vous revois, je ne le pourrai jamais... (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  108. Je crus recevoir de vous un regard dont la douceur me pénétra ; mais je vois bien que je me suis trompé. (Acte 1, scène 6, L?LIO)
  109. Je me souviens de ce regard-là, par exemple. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  110. Et que pensiez-vous, Madame, en me gardant ainsi ? (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  111. Je pensais apparemment que je vous devais la vie. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  112. J'aurais de la peine à vous rendre compte de cela ; j'étais pénétrée du service que vous m'aviez rendu, de votre générosité ; vous alliez me quitter, je vous voyais triste, je l'étais peut-être moi-même ; je vous regardai comme je pus, sans savoir comment, sans me gêner ; il y a des moments où des regards signifient ce qu'ils peuvent, on ne répond de rien, on ne sait point trop ce qu'on y met ; il y entre trop de choses, et peut-être de tout. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  113. Tout ce que je sais, c'est que je me serais bien passée de savoir votre secret. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  114. ôtez-moi donc mon coeur, ôtez-moi ma reconnaissance, ôtez-vous vous-même... (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  115. Je me méfie de tout. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  116. Il est vrai que votre pitié m'est bien due ; j'ai plus d'un chagrin ; vous ne m'aimerez jamais, et vous m'avez dit que vous étiez mariée. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  117. Achevez, Madame : à l'égard de celui-là ?... (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  118. Faites comme vous pourrez, je ne suis pas mal intentionnée... (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  119. Mais supposons que je vous aime, n'y a-t-il pas une princesse qui croit que vous l'aimez, qui vous aime peut-être elle-même, qui est la maîtresse ici, qui est vive, qui peut disposer de vous et de moi ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  120. Je ne vous dirai plus rien ; vous m'avez demandé la consolation de m'ouvrir votre coeur, et vous me trompez ; au lieu de cela, vous prenez la consolation de voir dans le mien. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  121. Voici un coup de hasard qui change mes desseins ; il ne s'agit plus maintenant d'épouser la Princesse ; tâchons de m'assurer parfaitement du coeur de la personne que j'aime, et s'il est vrai qu'il soit sensible pour moi. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  122. J'oubliais à vous informer d'une chose : la Princesse vous aime, vous pouvez aspirer à tout ; je vous l'apprends de sa part, il en arrivera ce qu'il pourra. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  123. De grâce, Madame, arrêtez-vous un instant. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  124. La Princesse elle-même vous aurait chargée de me dire... (Acte 1, scène 8, L?LIO)
  125. Et moi, Madame, ma réponse à cela est que je vous adore, et je vais de ce pas la porter à la Princesse. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  126. Si elle sait que vous m'aimez, vous ne pourrez plus me le dire, je vous en avertis. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  127. La vivacité qui vient de me prendre vous fait beaucoup de tort ! (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  128. Il ne me reste que des sentiments de tendresse qui ne finiront qu'avec ma vie. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  129. Que voulez-vous que je fasse de ces sentiments-là ? (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  130. Je réponds de tout ; nous prendrons nos mesures, et je suis d'un rang... (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  131. Votre rang est d'être un homme aimable et vertueux, et c'est là le plus beau rang du monde ; mais je vous dis encore une fois que cela est résolu ; je ne vous aimerai point, je n'en conviendrai jamais. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  132. Moi, vous aimer... (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  133. Non, Lélio, n'en parlons plus, donnez-vous tout entier à la Princesse, je vous le pardonne ; cachez votre tendresse pour moi, ne me demandez plus la mienne, vous vous exposeriez à l'obtenir, je ne veux point vous l'accorder, je vous aime trop pour vous perdre, je ne peux pas vous mieux dire. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  134. J'obéirai, je me conduirai comme vous voudrez ; je ne vous demande plus qu'une grâce ; c'est de vouloir bien, quand l'occasion s'en présentera, que j'aie encore une conversation avec vous. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  135. Ne me refusez pas. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  136. Je me flatte d'être de vos amis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  137. Vous me faites honneur. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  138. Vous savez que le premier secrétaire d'État de la Princesse vient de mourir, et je vous avoue que j'aspire à sa place ; dans le rang où je suis ; je n'ai plus qu'un pas à faire pour la remplir ; naturellement elle me paraît due ; il y a vingt-cinq ans que je sers l'État en qualité de conseiller de la Princesse ; je sais combien elle vous estime et défère à vos avis, je vous prie de faire en sorte qu'elle pense à moi ; vous ne pouvez obliger personne qui soit plus votre serviteur que je le suis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  139. On sait à la cour en quels termes je parle de vous. (Acte 1, scène 10, FR?D?RIC)
  140. Assurément. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  141. Ayez la bonté de me regarder un peu fixement en me disant cela. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  142. D'où vient que vous me tenez ce discours ? (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  143. Oui, vous soutenez cela à merveille ; l'admirable homme de cour que vous êtes ! (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  144. C'est que le service que vous me demandez ne vaut pas qu'un honnête homme, pour l'obtenir, s'abaisse jusqu'à trahir ses sentiments. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  145. Jusqu'à trahir mes sentiments ! (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  146. Vous me haïssez, vous dis-je, je le sais, et ne vous en veux aucun mal ; il n'y a que l'artifice dont vous vous servez que je condamne. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  147. Je vois bien que quelqu'un de mes ennemis vous aura indisposé contre moi. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  148. C'est de la Princesse elle-même que je tiens ce que je vous dis ; et quoiqu'elle ne m'en ait fait aucun mystère, vous ne le sauriez pas sans vos compliments. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  149. J'ignore si vous avez craint la confiance dont elle m'honore ; mais depuis que je suis ici, vous n'avez rien oublié pour lui donner de moi des idées désavantageuses, et vous tremblez tous les jours, dites-vous, que je ne sois un espion gagé de quelque puissance, ou quelque aventurier qui s'enfuira au premier jour avec de grandes sommes, si on le met en état d'en prendre. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  150. Puisque vous êtes si bien instruit, je vous avouerai franchement que mon zèle pour l'État m'a fait tenir ces discours-là, et que je craignais qu'on ne se repentît de vous avancer trop ; je vous ai cru suspect et dangereux ; voilà la vérité. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  151. Vous me charmez de me parler ainsi ! (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  152. Vous ne vouliez me perdre que parce que vous me soupçonniez d'être dangereux pour l'État ? (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  153. Vous êtes louable, Monsieur, et votre zèle est digne de récompense ; il me servira d'exemple. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  154. Vous avez craint qu'on ne m'avançât, parce que vous me croyez un espion ; et moi je craindrais qu'on ne vous fît ministre, parce que je ne crois pas que l'État y gagnât ; ainsi je ne parlerai point pour vous... (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  155. Non, en homme d'honneur, je ne suis pas fait pour me venger de vous. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  156. Vous êtes jeune, la Princesse vous estime, et j'ai une fille aimable, qui est un assez bon parti. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  157. Votre fille devenir la femme d'un aventurier ! (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  158. Je vous demande grâce pour elle ; j'ai pitié de la victime que vous voulez sacrifier à votre ambition ; c'est trop aimer la fortune. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  159. Je crois offrir ma fille à un homme d'honneur ; et d'ailleurs vous m'accusez d'un plaisant crime, d'aimer la fortune ! (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  160. Qui est-ce qui n'aimerait pas à gouverner ? (Acte 1, scène 10, FR?D?RIC)
  161. Oui, et c'est l'homme qui aurait plus de vertu que d'ambition et d'avarice. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  162. Oh cet homme-là n'y verrait que de la peine. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  163. Vos bontés sont infinies, Madame ; mais mon métier est la guerre. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  164. Madame, vous avez d'habiles gens ici, d'anciens serviteurs, à qui cet emploi convient mieux qu'à moi. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  165. La supériorité de mérite doit l'emporter en pareil cas sur l'ancienneté de services ; et d'ailleurs Frédéric est le seul que cette fonction pouvait regarder, si vous n'y étiez pas ; mais il m'est affectionné, et je suis sûre qu'il se soumet de bon coeur au choix qui m'a paru le meilleur. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  166. C'est aujourd'hui le jour de ma naissance, et ma cour, suivant l'usage me donne aujourd'hui une fête que je vais voir. (Acte 1, scène 11, LA PRINCESSE)
  167. Madame, les fêtes ne me conviennent plus. (Acte 1, scène 11, FRÉDÉRIC)
  168. Si je ne viens à bout de perdre cet homme-là, ma chute est sûre... (Acte 1, scène 12, FRÉDÉRIC)
  169. Un homme sans nom, sans parents, sans patrie, car on ne sait d'où il vient, m'arrache le ministère, le fruit de trente années de travail !... (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  170. Ne pourrait-on savoir l'histoire de sa vie errante, et prendre ensuite quelques mesures avec l'ambassadeur du roi de Castille, dont j'ai la confiance ? (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  171. Voici le valet de cet aventurier ; tâchons à quelque prix que ce soit de le mettre dans mes intérêts, il pourra m'être utile. (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  172. Te voilà de meilleure humeur. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  173. Mais il me manque toujours trois sols. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  174. Aimes-tu l'argent ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  175. C'est comme s'il avait gagné aux cartes. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  176. Vous avez l'air d'un bon homme ; mais vous êtes trop vieux. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  177. Comment, trop vieux ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  178. Oui, vous mourrez bientôt, et vous me laisseriez orphelin de votre amitié. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  179. Je n'ai point d'esprit ; mais de la prudence, j'en ai que c'est une merveille ; et voilà comme je dis : Un homme qui se trouve bien assis, qu'a-t-il besoin de se mettre debout ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  180. Tu me cites là de beaux avantages ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  181. Je ne prétends pas que tu t'attaches à moi pour être mon domestique ; je veux te donner des emplois qui t'enrichiront, et par-dessus le marché te marier avec une jolie fille qui a du bien. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  182. Dame ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  183. Ma prudence dit que vous avez raison ; je suis debout, et vous me faites asseoir ; cela vaut mieux. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  184. Vous me traitez comme votre enfant ; il n'y a pas à tortiller à cela. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  185. Voilà une pleine boutique de vivres, d'argent et de friandises ; par la sanguenne, vous m'aimez beaucoup, pourtant ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  186. Oui, ta physionomie me plaît, je te trouve un bon garçon. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  187. Pour cela, je suis drôle comme un coffre ; laissez faire, nous rirons comme des fous ensemble ; mais allons faire venir ce bien, ces emplois, et cette jolie fille, car j'ai hâte d'être riche et bien aise. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  188. Ils te sont assurés, te dis-je ; mais il faut que tu me rendes un petit service ; puisque tu te donnes à moi, tu n'en dois pas faire de difficulté. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  189. Je vous regarde comme mon père. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  190. Je souhaiterais donc que tu y restasses encore trois semaines ou un mois, pour me rapporter tout ce que tu lui entendras dire en particulier, et tout ce que tu lui verras faire. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  191. Il peut arriver que, dans des moments, un homme chez lui dise de certaines choses et en fasse d'autres qui le décèlent, et dont on peut tirer des conjectures. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  192. Observe tout soigneusement ; et en attendant que je te récompense entièrement voilà par avance de l'argent que je te donne encore. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  193. On ne paie un service qu'après qu'il est rendu, mon enfant ; c'est la coutume. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  194. Coutume de vilain que cela ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  195. J'aime mieux vous faire mon billet comme quoi j'aurai reçu cette fille à compte ; je ne plaiderai pas contre mon écrit. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  196. Tu me serviras de meilleur courage en l'attendant. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  197. Tout franc, c'est que la commission me chiffonne. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  198. Quoi tu mets mon argent dans ta poche, et tu refuses de me servir ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  199. Ne parlons point de votre argent, il est fort bon, je n'ai rien à lui dire ; mais, tenez, j'ai opinion que vous voulez me donner un office de fripon ; car qu'est-ce que vous voulez faire des paroles du seigneur Lélio, mon maître, là ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  200. C'est une simple curiosité qui me prend. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  201. Que te mets-tu donc dans l'esprit ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  202. Allez, vous ne devriez pas tenter un pauvre garçon, qui n'a pas plus d'honneur qu'il lui en faut, et qui aime les filles. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  203. J'ai bien de la peine à m'empêcher d'être un coquin ; faut-il que l'honneur me ruine, qu'il m'ôte mon bien, mes emplois et une jolie fille ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  204. De me donner quelques instructions innocentes sur le chapitre d'un homme inconnu, qui demain tombera peut-être, et qui te laissera sur le pavé. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  205. Comment ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  206. As-tu donc résolu de me perdre, de me déshonorer ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  207. Ta vie me répondra de ce que tu feras ; m'entends-tu bien ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  208. Ma vie n'a jamais servi de caution ; je boirai encore bouteille trente ans après votre trépassement. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  209. Vous êtes vieux comme le père à trétous, et moi je m'appelle le cadet Arlequin. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  210. Arrête, Arlequin ; tu me mets au désespoir, tu ne sais pas la conséquence de ce que tu vas faire, mon enfant, tu me fais trembler ; c'est toi-même que je te conjure d'épargner, en te priant de sauver mon honneur ; encore une fois ; arrête, la situation d'esprit où tu me mets ne me punit que trop de mon imprudence. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  211. Comment ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  212. Je passe mon chemin sans penser à mal, et puis vous venez à l'encontre de moi pour m'offrir des filles, et puis vous me donnez une pistole pour trois sols : est-ce que cela se fait ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  213. Moi, je prends cela, parce que je suis honnête, et puis vous me fourbez encore avec je ne sais combien d'autres pistoles que j'ai dans ma poche, et que je ferai venir en témoignage contre vous, comme quoi vous avez mitonné le coeur d'un innocent, qui a eu sa conscience et la crainte du bâton devant les yeux, et qui sans cela aurait trahi son bon maître, qui est le plus brave et le plus gentil garçon, le meilleur corps qu'on puisse trouver dans tous les corps du monde, et le factotum de la Princesse ; cela se peut-il souffrir ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  214. Doucement, Arlequin ; quelqu'un peut venir ; j'ai tort mais finissons ; j'achèterai ton silence de tout ce que tu voudras ; parle, que me demandes-tu ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  215. Dis ce que tu veux ; tes longueurs me tuent. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  216. Pourtant, ce que c'est que d'être honnête homme ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  217. Voyez comme je me carre avec vous ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  218. Allons, présentez-moi votre requête, appelez-moi un peu Monseigneur, pour voir comment cela fait ; je suis Frédéric à cette heure, et vous, vous êtes Arlequin. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  219. Quand je nierais le fait, c'est un homme simple qu'on n'en croira que trop sur une infinité d'autres présomptions, et la quantité d'argent que je lui ai donné prouve encore contre moi. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  220. Oh tout bellement ; pendant que je suis Frédéric, je veux profiter un petit brin de ma seigneurie. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  221. Il me fait pitié. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  222. Allons, consolez-vous ; je suis las de faire le glorieux, cela est trop sot ; il n'y a que vous autres qui puissiez vous accoutumer à cela. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  223. J'aime cette couleur-là ; elle dure plus longtemps qu'une autre. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  224. J'aurai un commis ; et pour l'argent qu'il m'en coûtera, vous me donnerez une bonne pension de cent écus par an. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  225. Soit, tu seras content ; mais me promets-tu de te taire ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  226. Que me veux-tu ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  227. Oh j'aime assez les guenons. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  228. Et moi, je tâcherai de me taire. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  229. Puisqu'il te la faut absolument, reviens me trouver tantôt ; tu la verras. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  230. Peut-être me le débauchera-t-elle mieux que je n'ai su faire. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  231. Cela me confond ; je ne mérite pas le pain que je mange. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  232. Voulez-vous que je m'en accuse à genoux, ou bien sur mes deux jambes ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  233. Je ne veux ni vous battre ni vous voir à genoux ; je me contenterai de savoir ce que vous avez dit. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  234. Pourquoi donc m'aimez-vous, si vous me trouvez telle ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  235. Je confesse que j'en ai menti. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  236. Je me croyais plus supportable ; voilà la vérité. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  237. Comment ! (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  238. Vous ne me connaissiez pas dans ce temps-là ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  239. Pas seulement le bout de votre nez. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  240. Ne me trouvez-vous pas de votre goût à présent ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  241. Vous ne m'avez pas insultée ; et, quand cela serait, y a-t-il de meilleure réparation que l'amour que vous avez pour moi ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  242. Quand je vous regarde, je me trouve si sot ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  243. Tant mieux, je suis bien aise que vous m'aimiez ; car vous me plaisez beaucoup, vous.. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  244. Vous me faites mourir d'aise. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  245. Tenez, je vous aime... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  246. Mais qui diantre peut dire cela, combien je vous aime ?... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  247. Je ne badine point ; je vous recherche honnêtement, par-devant notaire. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  248. Comme un quarteron d'épingles que vous auriez acheté chez le marchand. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  249. Vous passâtes dans ce moment-là, et on me dit : Voyez-vous ce joli brunet qui passe ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  250. Il vous aimera. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  251. L'habile homme ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  252. Vous m'aimez déjà, vous voulez m'épouser ; la prédiction est bien avancée ; à l'égard de la proposition du seigneur Frédéric, je ne sais ce que c'est ; mais vous savez bien ce qu'il vous a dit ; quant à moi, il m'a seulement recommandé de vous aimer, et je suis en bon train de cela, comme vous voyez.. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  253. Je vous aime, cela est vrai ; je veux vous épouser, cela est encore vrai, et véritablement le seigneur Frédéric m'a proposé d'être un fripon ; je n'ai pas voulu l'être, et pourtant vous verrez qu'il faudra que j'en passe par là ; car quand une chose est prédite, elle ne manque pas d'arriver. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  254. Prenez garde : on ne m'a pas prédit que le seigneur Frédéric vous proposerait une friponnerie ; on m'a seulement prédit que vous croiriez que c'en serait une. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  255. Je l'ai cru, et apparemment je me suis trompé. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  256. Je suis un grand nigaud ; mais, au bout du compte, cela avait la mine d'une friponnerie, comme j'ai la mine d'Arlequin ; je suis fâché d'avoir vilipendé ce bon seigneur Frédéric ; je lui ai fait donner tout son argent ; par bonheur je ne suis pas obligé à restitution ; je ne devinais pas qu'il y avait une prédiction qui me donnait le tort. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  257. Cet argent-là m'était dû comme une lettre de change ; si j'allais le rendre, cela gâterait l'horoscope, et il ne faut pas aller à l'encontre d'un astrologue. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  258. Gagnons, ma mie, gagnons, cela est juste, Arlequin est à vous, tournez-le, virez-le à votre fantaisie, je ne m'embrasse plus de lui, la prédiction m'a transporté à vous, elle sait bien ce qu'elle fait, il ne m'appartient pas de contredire à son ordonnance, je vous aime, je vous épouserai, je tromperai Monsieur Lélio, et je m'en gausse, le vent me pousse, il faut que j'aille, il me pousse à baiser votre menotte, il faut que je la baise. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  259. Apparemment ; mais allons trouver le seigneur Frédéric, pour vous réconcilier avec lui. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  260. Allez, mes amours, allez m'attendre chez le seigneur Frédéric. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  261. Il ne me voit pas. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  262. Me voilà dans un embarras dont je ne sais comment me tirer. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  263. Je tremble que la Princesse, pendant la fête, n'ait surpris mes regards sur la personne que j'aime. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  264. Si la Princesse vient à soupçonner mon penchant pour son amie, sa jalousie me la dérobera, et peut-être fera-t-elle pis. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  265. Monsieur le conseiller fera bien ses orges de ces bribes-là que je ramasse, et je vois bien que cela me vaudra pignon sur rue. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  266. Le pauvre homme ! (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  267. Il me fait pitié pourtant ; car peut-être qu'il en mourra ; mais l'horoscope le veut. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  268. Que me veux-tu ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  269. C'est que le seigneur Frédéric m'a promis tout plein mes poches d'argent, si je lui contais un peu ce que vous êtes, et tout ce que je sais de vous ; il m'a bien recommandé le secret, et je suis obligé de le garder en conscience ; ce que j'en dis, ce n'est que par manière de parler. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  270. Vous savez que je suis pauvre ; l'argent qui m'en viendra, je le mettrai en rente ou je le prêterai à usure. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  271. Mon enfant, je pardonne à ta simplicité le compliment que tu me fais. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  272. Un butor aurait été chagriner son maître sans lui en demander honnêtement le privilège. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  273. Il me semble avoir vu de loin ton maître avec toi. (Acte 2, scène 4, LA-PRINCESSE)
  274. Il vous a semblé la vérité, Madame ; et quand cela ne serait pas, je ne suis pas là pour vous dédire. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  275. J'y cours, Madame. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  276. Ma chère Hortense, apparemment que ma rêverie est contagieuse ; car vous devenez rêveuse aussi bien que moi. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  277. Que voulez-vous, Madame ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  278. Je vous vois rêver, et cela me donne un air pensif ; je vous copie de figure. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  279. Quant à moi, je ne suis point tranquille ; le rapport que vous me faites de Lélio ne me satisfait pas. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  280. Un homme à qui vous avez fait apercevoir que je l'aime, un homme à qui j'ai cru voir du penchant pour moi, devrait, à votre discours, donner malgré lui quelques marques de joie, et vous ne me parlez que de son profond respect ; cela est bien froid. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  281. Mais, Madame, ordinairement le respect n'est ni chaud ni froid ; je ne lui ai pas dit crûment : La Princesse vous aime ; il ne m'a pas répondu crûment : J'en suis charmé ; il ne lui a pas pris des transports ; mais il m'a paru pénétré d'un profond respect. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  282. Vous êtes femme d'esprit ; lui avez vous senti quelque surprise agréable ? (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  283. Oui, il en a montré ; à l'égard de savoir si elle était agréable ou non, quand un homme sent du plaisir, et qu'il ne le dit point, il en aurait un jour entier sans qu'on le devinât ; mais enfin, pour moi, je suis fort contente de lui. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  284. En vérité, Madame, cela veut dire que je suis contente de lui ; on ne saurait expliquer cela qu'en le répétant. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  285. Comment feriez-vous pour dire autrement ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  286. Je suis satisfaite de ce qu'il m'a répondu sur votre chapitre ; l'aimez-vous mieux de cette façon-là ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  287. C'est pourtant la même chose. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  288. Il me vient des idées fâcheuses, déraisonnables. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  289. Je crains tout, je soupçonne tout ; je crois que j'ai été jalouse de vous, oui de vous-même, qui êtes la meilleure de mes amies, qui méritez ma confiance, et qui l'avez. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  290. Vous êtes aimable, Lélio l'est aussi ; vous vous êtes vu tous deux ; vous m'avez fait un rapport de lui qui n'a pas rempli mes espérances ; je me suis égarée là-dessus ; j'ai vu mille chimères ; vous étiez déjà ma rivale. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  291. Où est l'estime que j'ai pour vous, la justice que je dois vous rendre ? (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  292. Me reconnaissez-vous ? (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  293. Moi, Madame ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  294. Vous ne me répondez pas ? (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  295. Je ne sais plus comment me conduire ; si je me tais, c'est du mystère ; si je parle, autre mystère ; enfin je suis mystère depuis les pieds jusqu'à la tête. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  296. En vérité, je n'ose pas me remuer ; j'ai peur que vous n'y trouviez un équivoque. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  297. Quel étrange amour que le vôtre, Madame ! (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  298. Je n'en ai jamais vu de cette humeur-là. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  299. Encore une fois, je me condamne ; mais vous n'êtes pas mon amie pour rien ; vous êtes obligée de me supporter ; j'ai de l'amour, en un mot, voilà mon excuse. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  300. Mais, Madame, c'est plus mon amour que le vôtre ; de la manière dont vous le prenez, il me fatigue plus que vous ; ne pourriez-vous me dispenser de votre confidence ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  301. Je me trouve une passion sur les bras qui ne m'appartient pas ; peut-on de fardeau plus ingrat ?. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  302. Hortense, je vous croyais plus d'attachement pour moi ; et je ne sais que penser, après tout, du dégoût que vous témoignez. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  303. Quand je répare mes soupçons à votre égard par l'aveu franc que je vous en fais, mon amour vous déplaît trop ; je n'y comprends rien ; on dirait presque que vous en avez peur. (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  304. Que je suis malheureuse de ne pouvoir ouvrir ni fermer la bouche en sûreté ! (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  305. Les remarques me suivent, je n'y saurais tenir ; vous me désespérez, je vous tourmente, toujours je vous fâcherai en parlant, toujours je vous fâcherai en ne disant mot : je ne saurais donc me corriger ; voilà une querelle fondée pour l'éternité ; le moyen de vivre ensemble, j'aimerais mieux mourir. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  306. Vous me trouvez rêveuse ; après cela il faut que je m'explique. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  307. Lélio m'a regardée, vous ne savez que penser, vous ne me comprenez pas, vous m'estimez, vous me croyez fourbe ; haine, amitié, soupçon, confiance, le calme, l'orage, vous mettez tout ensemble, je m'y perds, la tête me tourne, je ne sais où je suis ; je quitte la partie, je me sauve, je m'en retourne ; dussiez-vous prendre encore mon voyage pour une finesse.. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  308. Non, ma chère Hortense, vous ne me quitterez point ; je ne veux point vous perdre, je veux vous aimer, je veux que vous m'aimiez ; j'abjure toutes mes faiblesses ; vous êtes mon amie, je suis la vôtre, et cela durera toujours. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  309. Madame, cet amour-là nous brouillera ensemble, vous le verrez ; laissez-moi partir ; comptez que je le fais pour le mieux. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  310. Nous irons quelquefois nous promener ensemble ; voilà tous les voyages que vous ferez ; point de mutinerie ; je n'en rabattrai rien. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  311. Moi, voir Lélio, Madame ! (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  312. Et si Lélio me regarde ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  313. Que voulez-vous que je fasse dans la compagnie d'un homme avec qui toute fonction de mes deux yeux est interdite ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  314. Les fermerai-je ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  315. D'ailleurs, s'il a toujours ce profond respect qui n'est pas de votre goût, vous vous en prendrez à moi, vous me direz encore : Cela est bien froid ; comme si je n'avais qu'à lui dire : Monsieur, soyez plus tendre. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  316. Ainsi son respect, ses yeux et les miens, voilà trois choses que vous ne me passerez jamais. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  317. Je ne sais si, pour vous accommoder, il me suffirait d'être aveugle, sourde et muette ; je ne serais peut-être pas encore à l'abri de votre chicane. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  318. Toute cette vivacité-là ne me fait point de peur ; je vous connais : vous êtes bonne, mais impatiente ; et quelque jour, vous et moi, nous rirons de ce qui nous arrive aujourd'hui. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  319. Souffrez que je m'éloigne pendant que vous aimez. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  320. Au lieu de rire de mon séjour, nous rirons de mon absence ; n'est-ce pas la même chose ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  321. Voici Lélio, qu'apparemment Arlequin aura averti de ma part ; prenez de grâce, un air moins triste ; je n'ai qu'un mot à lui dire ; après l'instruction que vous lui avez donnée, nous jugerons bientôt de ses sentiments, par la manière dont il se comportera dans la suite. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  322. Je me rends à vos ordres, Madame. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  323. Arlequin m'a dit que vous souhaitiez me parler. (Acte 2, scène 6, L?LIO)
  324. Je ne vous dirai point quelles seraient mes intentions là-dessus ; je m'en tiens à souhaiter que vous les deviniez. (Acte 2, scène 6, LA-PRINCESSE)
  325. J'ai quelques ordres à donner ; je vous laisse un moment avec Hortense, à peine vous connaissez-vous encore, elle est mon amie, et je suis bien aise que l'estime que j'ai pour vous ait son aveu. (Acte 2, scène 6, LA PRINCESSE)
  326. Enfin, Madame, il est temps que vous décidiez de mon sort, il n'y a point de moments à perdre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  327. Si je refuse de le conclure, c'est entrer dans ses vues, et lui dire que je l'aime ; si je le conclus, c'est lui donner des preuves d'une indifférence dont elle cherchera les raisons. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  328. Il faut que je me dérobe d'ici incessamment ; mais vous, Madame, y resterez-vous ? (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  329. Oserai-je espérer que vous consentiez aux mesures promptes et nécessaires ?... (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  330. Non, Monsieur, n'espérez rien, je vous prie ; ne parlons plus de votre coeur, et laissez le mien en repos ; vous le troublez, je ne sais ce qu'il est devenu ; je n'entends parler que d'amour à droite et à gauche, il m'environne ; il m'obsède, et le vôtre, au bout du compte, est celui qui me presse le plus. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  331. Madame, c'en est donc fait, mon amour vous fatigue, et vous me rebutez ? (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  332. Si vous cherchez à m'attendrir, je vous avertis que je vous quitte ; je n'aime point qu'on exerce mon courage. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  333. Madame, il ne vous en faut pas beaucoup pour résister à ma douleur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  334. Laissez-moi me gouverner, chacun se sent ; brisons là-dessus. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  335. Je crois que j'irais loin avec vos sûretés, surtout avec un garant comme vous ! (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  336. Si cela était si vrai, j'en saurais quelque chose ; car vous me forcez, à vous dire plus que je ne veux, et je ne vous le pardonnerai pas. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  337. Pourquoi me rencontrez-vous ici ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  338. Vous êtes arrivé à la cour ; vous avez plu à la Princesse, elle vous aime ; vous dépendez d'elle, j'en dépends de même ; elle est jalouse de moi : voilà ce que vous avez fait, Monsieur, et il n'y a point de remède à cela, puisque je n'en trouve point.. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  339. Oui, très jalouse : peut-être actuellement sommes-nous observés l'un et l'autre ; et après cela vous venez me parler de votre passion, vous voulez que je vous aime ; vous le voulez, et je tremble de ce qui en peut arriver : car enfin on se lasse. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  340. J'ai beau vous dire que cela ne se peut pas, que mon coeur vous serait inutile ; vous ne m'écoutez point, vous vous plaisez à me pousser à bout. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  341. Vous ne me ménagez point ; aime-t-on les gens quand on les persécute, quand ils sont plus à plaindre que nous, quand ils ont leurs chagrins et les nôtres, quand ils ne nous font un peu de mal que pour éviter de nous en faire davantage ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  342. Je refuse de vous aimer : qu'est-ce que j'y gagne ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  343. Vous êtes un ingrat ; vous devriez me remercier de mes refus, vous ne les méritez pas. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  344. Dites-moi, qu'est-ce qui m'empêche de vous aimer ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  345. Ne m'aimez-vous pas assez ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  346. Voilà pourquoi vous ne l'aurez point ; voilà d'où me vient ce courage que vous me reprochez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  347. Et vous vous plaignez de moi, et vous me demandez encore que je vous aime, expliquez-vous donc, que me demandez-vous ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  348. Qu'appelez-vous aimer ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  349. Je ne périrais pas seule, et le don que je vous en ferais me coûterait mon époux ; et je ne veux pas mourir, en perdant un homme comme vous. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  350. Madame, prêtez-moi, de grâce, un moment d'attention, je vais vous instruire. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  351. Arrêtez, Lélio ; j'envisage un malheur qui me fait frémir ; je ne sache rien de si cruel que votre obstination ; il me semble que tout ce que vous me dites m'entretient de votre mort. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  352. Je me suis d'abord contentée de vous dire que je ne pouvais pas vous aimer, cela ne vous a pas épouvanté ; mais je sais des façons de parler plus positives, plus intelligibles, et qui assurément vous guériront de toute espérance. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  353. Voici donc, à la lettre, ce que je pense, et ce que je penserai toujours : c'est que je ne vous aime point, et que je ne vous aimerai jamais. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  354. Je ne sortirai point de là ; je ne vous aime point, vous ne me plaisez point. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  355. Oui, Madame, je vois bien que votre résolution est prise. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  356. La seule espérance d'être uni pour jamais avec vous m'arrêtait encore ici ; je m'étais flatté, je l'avoue ; mais c'est bien peu de chose que l'intérêt que l'on prend à un homme à qui l'on peut parler comme vous le faites. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  357. Adieu, Madame ; il n'y a plus de séjour ici pour moi ; je pars dans l'instant, et je ne vous oublierai jamais. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  358. Que me voulez-vous, Madame ? (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  359. Je n'en sais rien ; vous êtes au désespoir, vous m'y mettez, je ne sais encore que cela. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  360. Vous me haïrez si je ne vous quitte. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  361. Je ne vous hais plus quand vous me quittez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  362. Vous voyez bien les conseils qu'il me donne ; vous partez, je vous rappelle ; je vous rappellerai, si je vous renvoie ; mon coeur ne finira rien. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  363. Madame, ne me renvoyez plus ; nous échapperons aisément à tous les malheurs que vous craignez ; laissez-moi vous expliquer mes mesures, et vous dire que ma naissance... (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  364. Non, je me retrouve enfin, je ne veux plus rien entendre. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  365. Vous dites que vous m'aimez ; non, je n'en crois rien, si vous ne partez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  366. Partez donc, ou soyez mon ennemi mortel ; partez, ma tendresse vous l'ordonne ; ou restez ici l'homme du monde le plus haï de moi, et le plus haïssable que je connaisse. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  367. Je partirai donc, puisque vous le voulez ; mais vous prétendez me sauver la vie, et vous n'y réussirez pas. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  368. Vous me rappelez donc à votre tour ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  369. J'aime autant mourir que de ne vous plus voir. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  370. Voyons donc les mesures que vous voulez prendre.? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  371. Je ne saurais retenir mes transports. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  372. Vous m'aimez beaucoup, je le sais bien ; passons votre reconnaissance, nous dirons cela une autre fois. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  373. Venons aux mesures... (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  374. Mais vous n'avez qu'à me garder votre coeur, vous ne me donnerez rien qui le vaille ; achevons. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  375. Vous m'informerez tantôt de vos résolutions. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  376. Et moi, je ne crains plus rien ; je me sens l'imprudence la plus tranquille du monde ; vous me l'avez donnée, je m'en trouve bien ; c'est à vous à me la garantir, faites comme vous pourrez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  377. Tout ira bien, Madame ; je ne conclurai rien avec l'Ambassadeur pour gagner du temps ; je vous reverrai tantôt. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  378. Vous savez, Monsieur, ce qui m'amène ici, et votre habileté me répond du succès de ma commission. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  379. Laissons là ces droits historiques, Monsieur ; je sais ce que c'est ; et quand on voudra, la Princesse en produira de même valeur sur les Etats du roi votre maître. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  380. Effectivement vos droits ne sont pas fondés, et il n'est pas besoin d'en appuyer le mariage dont il s'agit. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  381. Laissons-les donc pour le présent, j'y consens ; mais la trop grande proximité des deux Etats entretient depuis vingt ans des guerres qui ne finissent que pour des instants, et qui recommenceront bientôt entre deux nations voisines, et dont les intérêts se croiseront toujours. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  382. Point du tout ; il en aurait été de cette guerre comme de toutes les autres. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  383. Ces mêmes secours dans bien des occasions vous ont aussi rendu de grands services ; et voilà comment subsistent les Etats : la politique de l'un arrête l'ambition de l'autre. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  384. Retranchons-nous sur des choses plus effectives, sur la tranquillité durable que ce mariage assurerait aux deux peuples qui ne seraient plus qu'un, et qui n'auraient plus qu'un même maître. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  385. Etes-vous sûr, Monsieur, qu'ils voudront bien passer sous une domination étrangère, et peut-être se soumettre aux coutumes d'une nation qui leur est antipathique ? (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  386. S'il faut les opprimer pour les rendre tranquilles, comme vous l'entendez, ce n'est pas de leur souveraine que doit leur venir un pareil repos ; il n'appartient qu'à la fureur d'un ennemi de leur faire un présent si funeste. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  387. Il faut examiner mûrement les choses ; après quoi, je conseillerai à la Princesse ce que je jugerai de mieux pour sa gloire et pour le bien de ses peuples ; le seigneur Frédéric dira ses raisons, et moi les miennes. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  388. Me permettez-vous de vous parler à coeur ouvert ? (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  389. Quand nous faisons parler les princes, Monsieur, que ce soit toujours d'une manière noble et digne d'eux ; c'est un respect que nous leur devons, et vous me faites rougir pour le roi de Castille. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  390. Une discussion là-dessus nous mènerait trop loin ; il ne me reste qu'un mot à vous dire ; et ce n'est plus le roi de Castille, c'est moi qui vous parle à présent. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  391. Ne craignez rien ; loin de manquer moi-même à ce que je lui dois, je ne veux que l'apprendre à ceux qui l'oublient. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  392. Voyons ; j'en sais tant là-dessus, que je suis en état de corriger vos leçons mêmes. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  393. Ne les expliquez point ; je crois savoir ce que c'est ; on me les a dites aussi, et j'en ai ri comme d'une chimère. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  394. N'importe ; je serai bien aise de voir jusqu'où va la lâche inimitié de ceux dont je blesse ici les yeux, que vous connaissez comme moi, et à qui j'aurais fait bien du mal si j'avais voulu, mais qui ne valent pas la peine qu'un honnête homme se venge. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  395. Un homme d'esprit comme vous, dont la fortune est déjà si prodigieuse, et qui la mérite, ne saurait avoir des sentiments aussi périlleux que ceux qu'on vous attribue. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  396. Quand je verrai votre nouvelle méthode bien établie, je vous promets de la suivre. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  397. Encore une fois, je ne rejette point votre proposition, nous l'examinerons plus à loisir ; mais si les raisons secrètes que vous voulez dire étaient réelles, Monsieur, je ne laisserais pas que d'embarrasser le ressentiment de votre prince. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  398. Doucement ; vous ne savez pas à qui vous parlez. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  399. Laissez là ce que vous êtes, et soyez sûr que vous me devez respect. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  400. Soit ; et moi je n'ai, si vous le voulez, que mon coeur pour tout avantage ; mais les égards que l'on doit à la seule vertu sont aussi légitimes que les respects que l'on doit aux princes ; et fussiez-vous le roi de Castille même, si vous êtes généreux, vous ne sauriez penser autrement. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  401. Je ne vous ai point manqué de respect, supposé que je vous en doive ; mais les sentiments que je vous montre depuis que je vous parle méritaient de votre part plus d'attention que vous ne leur en avez donné. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  402. Cependant je continuerai à vous respecter, puisque vous dites qu'il le faut, sans pourtant en examiner moins si le mariage dont il s'agit est vraiment convenable. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  403. La manière dont vous venez de lui parler me fait présumer bien des choses ; peut-être sous le titre d'Ambassadeur nous cachez-vous... (Acte 2, scène 9, FRÉDÉRIC)
  404. Non, Monsieur, il n'y a rien à présumer ; c'est un ton que j'ai cru pouvoir prendre avec un aventurier que le sort a élevé. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  405. Que dites-vous de cet homme-là ? (Acte 2, scène 9, FRÉDÉRIC)
  406. Je dis que je l'estime. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  407. J'y consens, à condition que nous ne tenterons rien qui soit indigne de nous ; je veux le combattre généreusement, comme il le mérite. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  408. Ne vous en fiez pas à vous : vous haïssez Lélio, et la haine entend mal à faire des maximes d'honneur. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  409. Monsieur l'Ambassadeur me paraît bien scrupuleux ! (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  410. Je ne me suis pourtant pas écarté ; as-tu quelque chose à me dire ? (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  411. Oh dame, cela ne se prend pas avec la main. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  412. Tu me donnes bien de l'impatience. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  413. Cent mille écus ne seraient pas dignes de me payer ma peine ; pourtant j'en rabattrai beaucoup. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  414. Je n'ai point d'argent sur moi, mais je t'en promets au sortir d'ici. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  415. Cet argent promis m'envoie des scrupules ; si vous pouviez me donner des gages ; ce petit diamant qui est à votre doigt, par exemple ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  416. Quand cela promet de l'argent, cela tient parole. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  417. Prends ; le voilà pour garant de la mienne ; ne me fais plus languir. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  418. Vous êtes honnête homme, et votre bague aussi. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  419. Oui ; mais ne dis rien de tes engagements avec moi. (Acte 2, scène 10, FRÉDÉRIC)
  420. Je vais parler le premier ; conforme-toi à ce que tu m'entendras dire. (Acte 2, scène 10, FR?D?RIC)
  421. Madame, Monsieur Lélio penche à croire que sa proposition est recevable. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  422. Lui, son sentiment est que j'épouse le roi de Castille ? (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  423. Je n'aurais pas cru qu'il dût penser comme vous le dites. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  424. Quand vous êtes arrivée, Madame, il venait, disait-il, me déclarer quelque chose qui vous concerne, et que le zèle qu'il a pour vous l'oblige de découvrir. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  425. C'est que, voyez-vous, Madame, il n'y a mardi point de chanson à cela, je suis bon serviteur de Votre Principauté. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  426. Eh quoi Madame, pouvez-vous prêter l'oreille aux discours de pareilles gens ? (Acte 2, scène 11, HORTENSE)
  427. À merveille. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  428. Mais viens au fait sans compliment. (Acte 2, scène 11, LA PRINCESSE)
  429. Dame, quand on vous parle, à vous autres, ce n'est pas le tout que d'ôter son chapeau, il faut bien mettre en avant quelque petite faribole au bout. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  430. Or, ne vous déplaise, il ne savait pas que j'étais là ; il se virait, je me virais ; c'était une farce. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  431. Tout d'un coup il ne s'est plus viré, et puis s'est mis à dire comme cela : Ouf je suis diablement embarrassé. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  432. Quand il a eu dit cela, il n'a rien dit davantage, il s'est promené ; ensuite il y a pris un grand frisson. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  433. En vérité, Madame, vous m'étonnez. (Acte 2, scène 11, HORTENSE)
  434. Car, a-t-il repris, j'ai lorgné ma gentille maîtresse pendant cette belle fête ; et si cette Princesse, qui est plus fine qu'un merle, a vu trotter ma prunelle, mon affaire va mal, j'en dis du mirlirot. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  435. Là-dessus autre promenade, ensuite autre conversation. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  436. A-t-il dit, j'ai du guignon : je suis amoureux de cette gracieuse personne, et si la Princesse vient à le savoir, et y allons donc, nous verrons beau train, je serai un joli mignon ; elle sera capable de me friponner ma mie. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  437. Ai-je dit en moi-même, friponner, c'est le fait des larrons, et non pas d'une Princesse qui est fidèle comme l'or. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  438. Je suis donc venu comme un honnête garçon, et voilà que je vous découvre le pot aux roses : peut-être que je ne vous dis pas les mots, mais je vous dis la signification du discours, et le tout gratis, si cela vous plaît. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  439. Madame, vous m'avez dit quelquefois que je présumais mal de Lélio ; voyez l'abus qu'il fait de votre estime. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  440. Pour toi, je vais t'apprendre à trahir ton maître, à te mêler de choses que tu ne devais pas entendre et à me compromettre dans l'impertinente répétition que tu en fais ; une étroite prison me répondra de ton silence. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  441. Ma bonne dame, ayez pitié de moi ; arrachez-moi la langue, et laissez-moi la clef des champs. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  442. Comment cela ? (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  443. Madame, c'est un valet qui vous parle, et qui cherche à se sauver ; je ne sais ce qu'il veut dire. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  444. Je ne suis qu'un chétif valet, et si pourtant, je voulais être homme de bien ; et lui, qui est riche et grand seigneur, il n'a jamais eu le coeur d'être honnête homme. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  445. Il va vous en imposer, Madame. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  446. Tenez, Madame, voilà comme cela est venu. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  447. Il m'a trouvé comme j'allais tout droit devant moi... (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  448. Veux-tu me faire un plaisir ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  449. De toute mon âme, car je suis bon et serviable de mon naturel. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  450. - Grand merci. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  451. - Donnez, mon brave homme. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  452. - Veux-tu me rapporter ce que tu entendras dire à ton maître ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  453. - Mais je te donnerai tant de bonnes drogues ; je te ferai ci, je te ferai cela ; je sais une fille qui est jolie, qui est dans ses meubles ; je la tiens dans ma manche ; je te la garde. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  454. À la vérité, Madame, cette fille-là me trottait dans l'âme ; il me semblait que je la voyais, qu'elle était blanche, potelée. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  455. Je bataillais, je bataillais comme un César ; vous m'auriez mangé de plaisir en voyant mon courage ; à la fin je suis chu. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  456. Il me doit encore une pension de cent écus par an, et j'ai déjà reçu la fillette, que je ne puis pas vous montrer, parce qu'elle n'est pas là ; sans compter une prophétie qui a parlé, à ce qu'ils disent, de mon argent, de ma fortune et de ma friponnerie. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  457. Comment s'appelle-t-elle, cette fille ? (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  458. Madame, si vous voyiez sa face, vous seriez ravie ; avec cette créature-là, il faut que l'honneur d'un homme plie bagage, il n'y a pas moyen. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  459. Un misérable comme celui-là peut-il imaginer tant d'impostures ? (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  460. Tenez, Madame, voilà encore sa bague qu'il m'a mise en gage pour de l'argent qu'il me doit donner tantôt. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  461. Mettez la main sur la conscience. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  462. Je verrai ce que je dois faire de vous, Frédéric ; mais vous êtes le plus indigne et le plus lâche de tous les hommes. (Acte 2, scène 11, LA PRINCESSE)
  463. Voulez-vous que je vous suive, Madame ? (Acte 2, scène 11, HORTENSE)
  464. Non, Madame, restez, je suis bien aise d'être seule ; mais ne vous écartez point. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  465. Me voilà bien accommodé ! (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  466. Prenez des pensions, et aimez les filles ! (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  467. Adieu la joie ; je n'userai plus de souliers, on va m'enfermer dans un étui, à cause de ce Sarrasin-là. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  468. Que je suis malheureux, Madame ! (Acte 2, scène 12, FRÉDÉRIC)
  469. Vous n'avez jamais paru me vouloir du mal ; dans la situation où m'a mis un zèle imprudent pour les intérêts de la Princesse, puis-je espérer de vous une grâce ? (Acte 2, scène 12, FR?D?RIC)
  470. Oui-da, Monsieur, faut-il demander qu'on vous ôte la vie, pour vous délivrer du malheur d'être détesté de tous les hommes ? (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  471. Que vous ai-je fait, Madame ? (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  472. Vous savez bien le privilège que vous m'avez donné tantôt ; eh bien ce privilège est ma perdition : pour deux ou trois petites miettes de paroles que j'ai lâchées de vous à la Princesse, elle veut que je garde la chambre ; et j'allais faire mes fiançailles. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  473. Que signifient les paroles qu'il a dites, Madame ? (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  474. Votre valet, payé par Frédéric, a rapporté à la Princesse ce qu'il vous a entendu dire dans un moment où vous vous croyiez seul. (Acte 2, scène 13, HORTENSE)
  475. Que vous aimiez certaine dame ; que vous aviez peur que la Princesse ne vous l'eût vu regarder pendant la fête, et ne vous l'ôtât, si elle savait que vous l'aimiez. (Acte 2, scène 13, HORTENSE)
  476. Et cette dame, l'a-t-on nommée ? (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  477. Non ; mais apparemment on la connaît bien ; et voilà l'obligation que vous avez à Frédéric, dont les présents ont corrompu votre valet. (Acte 2, scène 13, HORTENSE)
  478. Oui, Monsieur, je vous l'avouerai encore une fois, j'ai cru bien servir l'État et la Princesse en tâchant d'arrêter votre fortune ; suivez ma conduite, elle me justifie. (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  479. Je vous ai prié de travailler à me faire premier ministre, il est vrai ; mais quel pouvait être mon dessein ? (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  480. Non, Monsieur ; trente années d'exercice m'ont rassasié d'emplois et d'honneurs, il ne me faut que du repos ; mais je voulais m'assurer de vos idées, et voir si vous aspiriez vous-même au rang que je feignais de souhaiter. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  481. J'allais dans ce cas parler à la Princesse, et la détourner, autant que j'aurais pu, de remettre tant de pouvoir entre des mains dangereuses et tout à fait inconnues. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  482. Pour achever de vous pénétrer, je vous ai offert ma fille ; vous l'avez refusée ; je l'avais prévu, et j'ai tremblé du projet dont je vous ai soupçonné sur ce refus, et du succès que pouvait avoir ce projet même. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  483. Je ne vous le reproche pas : les vues jalouses et ambitieuses ne sont que trop ordinaires à mes pareils ; et ne me connaissant pas, il vous était permis de me confondre avec eux, de méconnaître un zèle assez rare, et qui d'ailleurs se montrait par des actions équivoques. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  484. Quoi qu'il en soit, tout louable qu'il est, ce zèle, je me vois près d'en être la victime. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  485. Si je péris après d'aussi louables intentions que les miennes, je ne me serai point trompé sur votre compte ; je périrai du moins avec la consolation d'avoir été l'ennemi d'un homme qui, en effet, n'était pas vertueux. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  486. Si je ne péris pas, au contraire, mon estime, ma reconnaissance et mes satisfactions vous attendent. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  487. Je vous sauverai si je puis, Frédéric ; vous me faites du tort ; mais l'honnête homme n'est pas méchant, et je ne saurais refuser ma pitié aux opprobres dont vous couvre votre caractère. (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  488. Vous l'avez prévu, Madame, mon amour vous met dans le péril, et je n'ose presque vous regarder. (Acte 2, scène 14, LÉLIO)
  489. L'on va peut-être me séparer d'avec vous, et vous ne voulez pas me regarder, ni voir combien je vous aime ! (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  490. Montrez-moi du moins combien vous m'aimez, je veux vous voir. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  491. J'en dirai autant que vous, si vous le voulez ; cela ne tient à rien ; je ne vous verrai plus, je ne me gêne point, je dis tout. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  492. Mais qu'il est traversé ; cependant, Madame, ne vous alarmez point, je vais déclarer qui je suis à la Princesse, et lui avouer... (Acte 2, scène 14, LÉLIO)
  493. Je vous le défends ; c'est une âme violente, elle vous aime, elle se flattait que vous l'aimiez, elle vous aurait épousé, tout inconnu que vous lui êtes ; elle verrait à présent que vous lui convenez. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  494. Vous êtes dans son palais sans secours, vous m'avez donné votre coeur, tout cela serait affreux pour elle ; vous péririez, j'en suis sûre ; elle est déjà jalouse, elle deviendrait furieuse, elle en perdrait l'esprit ; elle aurait raison de le perdre, je le perdrais comme elle, et toute la terre le perdrait. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  495. Se voir enlever un homme comme vous ! (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  496. Laissez-vous gouverner ; réglons-nous sur les événements, je le veux. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  497. N'importe, je vous le pardonne, sauvez-vous, je vous en promets encore davantage. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  498. Je vous obéis ; mais si l'on s'en prend à vous, vous devez me laisser faire. (Acte 2, scène 14, LÉLIO)
  499. Que me veut-elle ? (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  500. Il a fallu me servir d'Arlequin, qui m'a paru fidèle. (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  501. Voici quelqu'un, retirons-nous, c'est peut-être la Princesse, et je ne veux pas qu'elle me voie dans ce moment-ci. (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  502. D'abord, elle ne m'a rien dit, elle m'a regardé d'un air suffisant ; moi, la peur m'a pris ; je me tenais comme cela tout dans un tas ; ensuite elle m'a dit : approche. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  503. J'ai donc avancé un pied, et puis un autre pied, et puis un troisième pied, et de pied en pied je me suis trouvé vers elle, mon chapeau sur mes deux mains. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  504. Après, nous sommes entrés en conversation ; elle m'a dit : veux-tu que je te pardonne ce que tu as fait ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  505. Tout comme il vous plaira, ai-je dit, je n'ai rien à vous commander, ma bonne dame. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  506. Tu me rapporteras sa réponse. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  507. Madame, dormez en repos, et tenez-vous gaillarde ; vous voyez le premier homme du monde pour donner une bourde, vous ne la donneriez pas mieux que moi ; car je mens à faire plaisir, foi de garçon d'honneur. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  508. Oui, bien proprement. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  509. Qu'a-t-elle répondu à votre message ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  510. Oh, elle a voulu m'enjôler, en me disant que j'étais un honnête garçon ; ensuite elle a fait semblant de griffonner un papier pour Monsieur Lélio. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  511. Oui ; mais il n'aura pas besoin de lunettes pour le lire ; c'est encore une attrape qu'on me fait. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  512. Il faut absolument le remettre à la Princesse, Arlequin, n'y manquez pas ; son intention n'était pas que vous avouassiez que ce billet venait d'elle ; par bonheur que votre aveu n'a servi qu'à persuader à Hortense qu'elle pouvait se fier à vous ; peut-être même ne vous aurait-elle pas donné un billet pour Lélio sans cela ; votre imprudence a réussi ; mais encore une fois, remettez la réponse à la Princesse, elle ne vous pardonnera qu'à ce prix. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  513. Adieu ; vous me direz ce qui en sera arrivé. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  514. Tantôt on voulait m'emprisonner pour une fourberie ; et à cette heure, pour une fourberie, on me pardonne. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  515. Oui, Madame, je lui ai menti, suivant votre ordonnance. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  516. Notre tromperie va à merveille ; j'ai un billet doux pour Monsieur Lélio. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  517. Non ; peut-être que je l'aurai oubliée à l'office, où j'ai été pour me rafraîchir. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  518. Va la chercher, et me l'apporte sur-le-champ... (Acte 3, scène 3, LA-PRINCESSE)
  519. Indigne amie, tu lui fais réponse, et me voici convaincue de ta trahison, tu ne l'aurais jamais avoué sans ce malheureux stratagème, qui ne m'instruit que trop ; allons, poursuivons mon projet, privons l'ingrat de ses honneurs, qu'il ait la douleur de voir son ennemi en sa place, promettons ma main au roi de Castille, et punissons après les deux perfides de la honte dont ils me couvrent. (Acte 3, scène 4, LA-PRINCESSE)
  520. Je me rends à vos ordres, Madame, on m'a dit que vous vouliez me parler. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  521. Madame, j'ose vous assurer que vos chagrins sont les miens. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  522. Je vous ai confié mon secret comme à la seule amie que j'aie au monde ; Lélio ne m'aime point, vous le savez. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  523. De la timidité, Madame ! (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  524. On ne peut être plus attentive que je le suis, Madame. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  525. Vous oubliez pourtant les obligations que je vous ai ; lui, n'oser me dire qu'il m'aime ! (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  526. Ne l'avez-vous pas informé de ma part des sentiments que j'avais pour lui ? (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  527. J'y pensais tout à l'heure, Madame ; mais je crains de l'en avoir mal informé. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  528. Je parlais pour une princesse ; la matière était délicate, je vous aurai peut-être un peu trop ménagée, je me serai expliquée d'une manière obscure, Lélio ne m'aura pas entendue et ce sera ma faute. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  529. Je crains, à mon tour, que votre ménagement pour moi n'ait été plus loin que vous ne dites ; peut-être ne l'avez-vous pas entretenu de mes sentiments ; peut-être l'avez-vous trouvé prévenu pour une autre ; et vous, qui prenez à mon coeur un intérêt si tendre, si généreux, vous m'avez fait un mystère de tout ce qui s'est passé ; c'est une discrétion prudente, dont je vous crois très capable. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  530. Je lui ai dit que vous l'aimiez, Madame, soyez-en persuadée. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  531. Madame, je puis vous être importune en ce moment-ci ; je me retirerai, si vous voulez. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  532. C'est moi qui vous suis à charge ; notre conversation vous fatigue, je le sens bien ; mais cependant restez, vous me devez un peu de complaisance. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  533. Madame, si vous lisiez dans mon coeur, vous verriez combien vous m'inquiétez. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  534. Calmez cependant vos inquiétudes sur mon compte ; ma situation est triste, à la vérité ; j'ai été le jouet de l'ingratitude et de la perfidie ; mais j'ai pris mon parti. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  535. Il ne me reste plus qu'à découvrir ma rivale, et cela va être fait ; vous auriez pu me la faire connaître, sans doute ; mais vous la trouvez trop coupable, et vous avez raison. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  536. Parlez-moi franchement, c'est moi, vos soupçons continuent. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  537. Lélio, disiez-vous tantôt, m'a regardée pendant la fête, Arlequin en dit autant, vous me condamnez là-dessus, vous n'envisagez que moi : voilà comment l'amour juge. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  538. Mais mettez-vous l'esprit en repos ; souffrez que je me retire, comme je le voulais. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  539. Je suis prête à partir tout à l'heure, indiquez-moi l'endroit où vous voulez que j'aille, ôtez-moi la liberté, s'il est nécessaire, rendez-la ensuite à Lélio, faites-lui un accueil obligeant, rejetez sa détention sur quelques faux avis ; montrez-lui dès aujourd'hui plus d'estime, plus d'amitié que jamais, et de cette amitié qui le frappe, qui l'avertisse de vous étudier ; et dans trois jours, dans vingt-quatre heures, peut-être saurez-vous à quoi vous en tenir avec lui. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  540. Vous voyez comment je m'y prends avec vous ; voilà, de mon côté, tout ce que je puis faire. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  541. Je vous offre tout ce qui dépend de moi pour vous calmer, bien mortifiée de n'en pouvoir faire davantage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  542. Non, Madame, la vérité même ne peut s'expliquer d'une manière plus naïve. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  543. Calmez-vous, j'attends des preuves incontestables de votre innocence. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  544. Je l'ai envoyé chercher, et je veux le charger du soin de mettre Lélio en lieu où il ne pourra me nuire ; il m'échapperait s'il était libre, et me rendrait la fable de toute la terre. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  545. Voilà d'étranges résolutions, Madame. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  546. Madame, c'est là le billet que Madame Hortense m'a donné... (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  547. La voilà pour le dire elle-même. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  548. Arlequin est le seul par qui je puisse vous avertir de ce que j'ai à vous dire, tout dangereux qu'il est peut-être de s'y fier ; il vient de me donner une preuve de fidélité, sur laquelle je crois pouvoir hasarder ce billet pour vous, dans le péril où vous êtes. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  549. Demandez à parler à la Princesse, plaignez-vous avec douleur de votre situation, calmez son coeur, et n'oubliez rien de ce qui pourra lui faire espérer qu'elle touchera le vôtre... (Acte 3, scène 6, LA PRINCESSE)
  550. Adieu ; je vais me résoudre à ce que je dois faire. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  551. Arrêtez un moment, Madame, je suis moins coupable que vous ne pensez... (Acte 3, scène 6, HORTENSE)
  552. Je me meurs, c'est moi, c'est mon amour qui vous perd ! (Acte 3, scène 6, HORTENSE)
  553. Voici Frédéric ; essayons de le gagner lui-même. (Acte 3, scène 6, HORTENSE)
  554. Seigneur, je vous demande un moment d'entretien. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  555. J'ai ordre d'aller trouver la Princesse, Madame. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  556. J'en suis fâché, mais son malheur ne me surprend point ; il devait même lui arriver plus tôt : sa conduite était si hardie... (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  557. Moins que vous ne croyez, Seigneur ; c'est un homme estimable, plein d'honneur. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  558. J'aurais besoin pour cet article-là d'un peu plus de crédulité que je n'en ai, Madame. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  559. Laissons donc cela, Seigneur ; mais me croyez-vous sincère ? (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  560. Oui, Madame, très sincère, c'est un titre que je ne pourrais vous disputer sans injustice ; tantôt, quand je vous ai demandé votre protection, vous m'avez donné des preuves de franchise qui ne souffrent pas un mot de réplique. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  561. Je vous regardais alors comme l'auteur d'une intrigue qui m'était fâcheuse ; mais achevons. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  562. Ce service que vous lui rendrez, que vous me rendrez à moi-même, le fruit n'en sera pas borné pour vous au seul plaisir d'avoir fait une bonne action, je vous en garantis des récompenses au-dessus de ce que vous pourriez vous imaginer, et telles enfin que je n'ose vous le dire. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  563. Des récompenses, Madame ! (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  564. Quand j'aurais l'âme intéressée, que pourrais-je attendre de Lélio ? (Acte 3, scène 7, FR?D?RIC)
  565. Mais, grâces au ciel, je n'envie ni ses biens ni ses emplois ; ses emplois, j'en accepterai l'embarras, s'il le faut, par dévouement aux intérêts de la Princesse. (Acte 3, scène 7, FR?D?RIC)
  566. C'est fort bien dit, Madame ; car les aventuriers prennent leurs mesures ; il est vrai que, lorsqu'on les tient, on peut les engager à révéler leur secret. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  567. Je vous le répète : vous ne ferez jamais rien qui puisse vous en apporter de si grands, je vous en donne ma parole ; croyez-moi, vous m'en remercierez. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  568. Madame, modérez l'intérêt que vous prenez à lui ; supprimez des promesses dont vous ne remarquez pas l'excès, et qui se décréditent d'elles-mêmes. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  569. Si, avant que d'en venir là, elle m'avait demandé mon avis, ce qu'elle a fait, j'aurais cru, je vous jure, être obligé en conscience de lui conseiller de le faire ; cela posé, vous voyez quel est mon devoir dans cette occasion-ci, Madame, la conséquence est aisée à tirer. (Acte 3, scène 7, FR?D?RIC)
  570. Très aisée, seigneur Frédéric ; vous avez raison ; dès que vous me renvoyez à votre conscience, tout est dit ; je sais quelle espèce de devoirs sa délicatesse peut vous dicter. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  571. Sur ce pied-là, Madame, loin de conseiller à la Princesse de laisser échapper un homme aussi dangereux que Lélio, et qui pourrait le devenir encore, vous approuverez que je lui montre la nécessité qu'il y a de m'en laisser disposer d'une manière qui sera douce pour Lélio, et qui pourtant remédiera à tout. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  572. Je serais curieuse, seigneur Frédéric, de savoir par quelles voies vous rendriez Lélio suspect ; voyons, de grâce, jusqu'où l'industrie de votre iniquité pourrait tromper la Princesse sur un homme aussi ennemi du mal que vous l'êtes du bien ; car voilà son portrait et le vôtre. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  573. Vous vous emportez sans sujet, Madame ; encore une fois, cachez vos chagrins sur le sort de cet inconnu ; ils vous feraient tort, et je ne voudrais pas que la Princesse en fût informée. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  574. Allez, Frédéric, je ne vous demande plus rien ; vous êtes trop méchant pour être à craindre ; votre méchanceté vous met hors d'état de nuire à d'autres qu'à vous-même ; à l'égard de Lélio, sa destinée, non plus que la mienne, ne relèvera jamais de la lâcheté de vos pareils. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  575. Madame, je crois que vous voudrez bien me dispenser d'en écouter davantage ; je puis me passer de vous entendre achever mon éloge. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  576. Voici Monsieur l'Ambassadeur, et vous me permettrez de le joindre. (Acte 3, scène 7, FR?D?RIC)
  577. Il me fera raison de vos refus. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  578. Seigneur, daignez m'accorder une grâce ; je vous la demande avec la confiance que l'Ambassadeur d'un roi si vanté me paraît mériter. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  579. La Princesse est irritée contre Lélio ; elle a dessein de le mettre entre les mains du plus grand ennemi qu'il ait ici, c'est Frédéric. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  580. Sauvez Lélio, Seigneur, engagez la Princesse à vous le confier ; vous serez charmé de l'avoir servi, quand vous le connaîtrez, et le roi de Castille même vous saura gré du service que vous lui rendrez. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  581. J'ai meilleure opinion de la Princesse ; elle ne désapprouvera pas une action qui d'elle-même est louable. (Acte 3, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  582. Oui, Madame, la confiance que vous avez en moi me fait honneur, je ferai tous mes efforts pour la rendre heureuse. (Acte 3, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  583. Je vois la Princesse qui arrive, et je me retire, sûre de vos bontés. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  584. Madame, puis-je espérer que vous voudrez bien obliger le roi de Castille ? (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  585. Ce prince, en me chargeant des intérêts de son coeur auprès de vous, m'a recommandé encore d'être secourable à tout le monde ; c'est donc en son nom que je vous prie de pardonner à Lélio les sujets de colère que vous pouvez avoir contre lui. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  586. Rien de plus beau que ce que fait Monsieur l'Ambassadeur pour Lélio, Madame ; mais je m'expose encore à vous dire qu'il y a du risque à le rendre libre. (Acte 3, scène 9, FRÉDÉRIC)
  587. Souhaitez-vous que je revienne, Madame ? (Acte 3, scène 9, FRÉDÉRIC)
  588. La prière que vous me faites aurait suffi, Monsieur, pour m'engager à rendre la liberté à Lélio, quand même je n'y aurais pas été déterminée ; mais votre recommandation doit hâter mes résolutions, et je ne l'envoie chercher que pour vous satisfaire. (Acte 3, scène 10, LA-PRINCESSE)
  589. Lélio, je croyais avoir à me plaindre de vous ; mais je suis détrompée. (Acte 3, scène 11, LA-PRINCESSE)
  590. Pour vous faire oublier le chagrin que je vous ai donné, vous aimez Hortense, elle vous aime, et je vous unis ensemble. (Acte 3, scène 11, LA PRINCESSE)
  591. Pour vous, Monsieur, qui m'avez prié si généreusement de pardonner à Lélio, vous pouvez informer le Roi votre maître que je suis prête à recevoir sa main et à lui donner la mienne. (Acte 3, scène 11, LA PRINCESSE)
  592. Madame, il ne me siérait pas d'en entendre davantage ; c'est le roi de Castille lui-même qui reçoit le bonheur dont vous le comblez. (Acte 3, scène 11, L'AMBASSADEUR)
  593. Pour moi, Madame, il ne me reste plus qu'à vous jurer une reconnaissance éternelle. (Acte 3, scène 11, LÉLIO)
  594. Vous trouverez dans le prince de Léon tout le zèle qu'il eut pour vous en qualité de ministre ; je me flatte qu'à son tour le roi de Castille voudra bien accepter mes remerciements. (Acte 3, scène 11, L?LIO)
  595. Prince, votre rang ne me surprend point : il répond aux sentiments que vous m'avez montrés. (Acte 3, scène 11, LE-ROI-DE-CASTILLE)
  596. Allons, Madame, de si grands événements méritent bien qu'on se hâte de les terminer. (Acte 3, scène 11, LA-PRINCESSE)

LES FAUSSES CONFIDENCES (1738)

  1. Ayez la bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle ; Mademoiselle_Marton est chez Madame et ne tardera pas à descendre. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  2. Je vous remercie ; ce n'est pas la peine, ne vous détournez point. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Voyez, Monsieur, n'en faites pas de façon : nous avons ordre de Madame d'être honnête, et vous êtes témoin que je le suis. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  4. Non, vous dis-je, je serai bien aise d'être un moment seul. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  5. J'ai cru que je ne pourrais me débarrasser d'un domestique qui m'a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  6. Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  7. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d'intendant, à cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur ; il ne sait point du tout que c'est toi qui m'as adressé à lui : il la prévint hier ; il m'a dit que je me rendisse ce matin ici, qu'il me présenterait à elle, qu'il y serait avant moi, ou que s'il n'y était pas encore, je demandasse une Mademoiselle_Marton. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  8. Voilà tout, et je n'aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu'à personne, il me paraît extravagant, à moi qui m'y prête. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  9. Je n'en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois ; tu m'as servi, je n'ai pu te garder, je n'ai pu même te bien récompenser de ton zèle ; malgré cela, il t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune ! (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  10. Laissons cela, Monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m'avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j'aime ; et si j'avais bien de l'argent, il serait encore à votre service. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  11. Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  12. Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  13. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  14. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  15. Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  16. Vous l'avez vue et vous l'aimez ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  17. Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble ! (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  18. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  19. Non, monsieur, pourquoi me le demandez-vous ? (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  20. Et de fort bonne famille : c'est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami du vôtre ; homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien ; la dame d'ici a voulu l'avoir ; elle l'aime, la traite bien moins en suivante qu'en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert même de la marier. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  21. Marton a d'ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise ; vous allez être tous deux dans la même maison ; je suis d'avis que vous l'épousiez : qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  22. Vous n'avez rien, mon neveu, je dis rien qu'un peu d'espérance. Vous êtes mon héritier ; mais je me porte bien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai, sans compter que je puis me marier : je n'en ai point d'envie ; mais cette envie-là vient tout d'un coup : il y a tant de minois qui vous la donnent ; avec une femme on a des enfants, c'est la coutume ; auquel cas, serviteur au collatéral. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  23. Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd'hui, et que je vous ôterai demain peut-être. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  24. Voici Mademoiselle_Marton : éloignez-vous de deux pas pour me donner le temps de lui demander comment elle vous trouve. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  25. Je suis fâchée, Monsieur, de vous avoir fait attendre ; mais j'avais affaire chez Madame. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  26. C'est de lui dont j'ai parlé à Madame pour intendant, et je suis charmé qu'il vous revienne : il vous a déjà vue plus d'une fois chez moi quand vous y êtes venue ; vous en souvenez-vous ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  27. Savez-vous ce qu'il me dit la première fois qu'il vous vit ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  28. Mademoiselle, votre père et le sien s'aimaient beaucoup ; pourquoi les enfants ne s'aimeraient-ils pas ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  29. Voyez comme il vous regarde ; vous ne feriez pas là une si mauvaise emplette. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  30. ça, mes enfants, je vous fiance, en attendant mieux. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  31. Je vous laisse le soin de présenter votre futur à Madame. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  32. Comme Monsieur_Remy expédie ! (Acte 1, scène 5, MARTON)
  33. Votre amour me paraît bien prompt, sera-t-il aussi durable ? (Acte 1, scène 5, MARTON)
  34. J'entends Madame qui vient, et comme, grâce aux arrangements de Monsieur_Remy, vos intérêts sont presque les miens, ayez la bonté d'aller un moment sur la terrasse, afin que je la prévienne. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  35. Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  36. Non, Madame, c'est à vous-même. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  37. C'est le neveu de Monsieur_Remy, celui qu'il vous a proposé pour homme d'affaires. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  38. Il a vraiment très bonne façon. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  39. Il est généralement estimé, je le sais. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  40. Mais, Marton, il a si bonne mine pour un intendant, que je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ? (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  41. Il n'était pas nécessaire de me préparer à le recevoir : dès que c'est Monsieur_Remy qui me le donne, c'en est assez ; je le prends. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  42. Dès que c'est un honnête homme, il aura lieu d'être content. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  43. On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, MARTON)
  44. Oui, comme il voudra ; qu'il vienne. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  45. Monsieur Dorante, Madame vous attend. (Acte 1, scène 7, MARTON)
  46. Puisqu'il me donne son neveu, je ne doute pas que ce ne soit un présent qu'il me fasse. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  47. Un de mes amis me parla avant-hier d'un intendant qu'il doit m'envoyer aujourd'hui ; mais je m'en tiens à vous. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  48. J'espère, Madame, que mon zèle justifiera la préférence dont vous m'honorez, et que je vous supplie de me conserver. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  49. Madame n'a pas deux paroles. (Acte 1, scène 7, MARTON)
  50. Vous êtes au fait des affaires apparemment ; vous y avez travaillé ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  51. Oui, Madame ; mon père était avocat, et je pourrais l'être moi-même. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  52. C'est-à-dire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du parti que vous prenez ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  53. Je ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, Madame ; l'honneur de servir une dame comme vous n'est au-dessous de qui que ce soit, et je n'envierai la condition de personne. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  54. Mes façons ne vous feront point changer de sentiment. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  55. Voilà Madame : je la reconnais. (Acte 1, scène 7, MARTON)
  56. C'est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n'avez que trente ans tout au plus ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  57. Pas tout à fait encore, Madame. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  58. Je commence à l'être aujourd'hui, Madame. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  59. On vous montrera l'appartement que je vous destine ; s'il ne vous convient pas, il y en a d'autres, et vous choisirez. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  60. Il n'y a qu'à prendre Arlequin, Madame. (Acte 1, scène 7, MARTON)
  61. Arlequin, parlez à Madame. (Acte 1, scène 7, MARTON)
  62. Me voilà, Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  63. Comment, Madame, vous me donnez à lui ! (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  64. J'entends qu'au lieu de me servir, ce sera lui que tu serviras. (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  65. Je ne sais pas pourquoi Madame me donne mon congé : je n'ai pas mérité ce traitement ; je l'ai toujours servie à faire plaisir. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  66. Je représente à Madame que cela ne serait pas juste : je ne donnerai pas ma peine d'un côté, pendant que l'argent me viendra d'un autre. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  67. Il faut que vous ayez mon service, puisque j'aurai vos gages ; autrement je friponnerais, Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  68. Ce sera Monsieur qui te le dira comme moi, et ce sera à la place de Madame et par son ordre. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  69. C'est une autre affaire. C'est Madame qui donnera ordre à Monsieur de souffrir mon service, que je lui prêterai par le commandement de Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  70. Voici votre marchande qui vous apporte des étoffes, Madame. (Acte 1, scène 8, UN-DOMESTIQUE)
  71. Oh ça, Monsieur, nous sommes donc l'un à l'autre, et vous avez le pas sur moi ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  72. Un moment, avec votre permission. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  73. Madame te payera ; n'est-ce pas assez ? (Acte 1, scène 9, MARTON)
  74. On ne saurait avoir un valet à meilleur marché. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  75. S'il ne faut que boire afin qu'elle soit bonne, tant que je vivrai, je vous la promets excellente. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  76. Vous avez lieu d'être satisfait de l'accueil de Madame ; elle paraît faire cas de vous, et tant mieux, nous n'y perdons point. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  77. Mais voici Madame Argante ; je vous avertis que c'est sa mère, et je devine à peu près ce qui l'amène. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  78. Quelle espèce d'homme est-ce ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  79. C'est Monsieur, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  80. À trente ans, on est en âge d'être intendant de maison, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  81. Oui, Madame. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  82. De chez moi, Madame : je n'ai encore été chez personne. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  83. Monsieur entend les affaires ; il est fils d'un père extrêmement habile. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  84. Je n'ai pas grande opinion de cet homme-là. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  85. Je vous réponds de lui ; c'est l'homme qu'il nous faut. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  86. Pourvu que Monsieur ne s'écarte pas des intentions que nous avons, il me sera indifférent que ce soit lui ou un autre. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  87. Peut-on savoir ces intentions, Madame ? (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  88. Connaissez-vous Monsieur_le_Comte_Dorimont ? C'est un homme d'un beau nom ; ma fille et lui allaient avoir un procès ensemble au sujet d'une terre considérable, il ne s'agissait pas moins que de savoir à qui elle resterait, et on a songé à les marier, pour empêcher qu'ils ne plaident. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  89. Ma fille est veuve d'un homme qui était fort considéré dans le monde, et qui l'a laissée fort riche. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  90. Mais Madame_la_Comtesse_Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d'une si grande distinction, qu'il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l'avoue, je serai charmée moi-même d'être la mère de Madame_la_Comtesse_Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car Monsieur_le_Comte_Dorimont est en passe d'aller à tout. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  91. Elle souhaiterait seulement, dit-elle, d'être bien instruite de l'état de l'affaire et savoir si elle n'a pas meilleur droit que Monsieur_le_Comte, afin que, si elle l'épouse, il lui en ait plus d'obligation. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  92. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu'il y a de n'être qu'une bourgeoise. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  93. Morale subalterne qui me déplaît. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  94. De quoi est-il question, Madame ? (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  95. Si effectivement son droit est le plus faible, je ne manquerai pas de l'en avertir, Madame. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  96. Vous n'y êtes point ; ce n'est pas là ce qu'on vous dit ; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  97. Mais, Madame, il n'y aurait point de probité à la tromper. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  98. Quel raisonnement ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  99. Adieu, Monsieur l'homme d'affaires, qui n'avez fait celles de personne. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  100. Oui, il y a quelque différence ; et je suis fâchée de n'avoir pas eu le temps de vous prévenir sur son humeur brusque. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  101. Elle est extrêmement entêtée de ce mariage, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  102. Vous n'aurez rien à vous reprocher, ce me semble ; ce ne sera pas là une tromperie. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  103. Oh ça, il y a une petite raison à laquelle vous devez vous rendre ; c'est que Monsieur_le_Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat ; et cet argent-là, suivant le projet de Monsieur_Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  104. Au contraire, c'est par réflexion qu'ils me tentent : plus j'y rêve, et plus je les trouve bons. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  105. Mais vous aimez votre maîtresse : et si elle n'était pas heureuse avec cet homme-là, ne vous reprocheriez-vous pas d'y avoir contribué pour une si misérable somme ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  106. Ma foi, vous avez beau dire : d'ailleurs, le Comte est un honnête homme, et je n'y entends point de finesse. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  107. Voilà Madame qui revient, elle a à vous parler. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  108. Je me retire ; méditez sur cette somme, vous la goûterez aussi bien que moi. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  109. Oui, Madame, il n'y a qu'un moment. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  110. Elle me l'a dit, et voudrait bien que j'en eusse pris un autre que vous. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  111. Il me l'a paru. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  112. Oui, mais ne vous embarrassez point, vous me convenez. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  113. Je me trahirais plutôt moi-même. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  114. Voici ce que c'est : on veut me marier avec Monsieur_le_Comte_Dorimont pour éviter un grand procès que nous aurions ensemble au sujet d'une terre que je possède. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  115. Je le sais, Madame, et j'ai le malheur d'avoir déplu tout à l'heure là-dessus à Madame Argante. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  116. Votre fidélité ne me surprend point ; j'y comptais. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  117. Faites toujours de même, et ne vous choquez point de ce que ma mère vous a dit ; je la désapprouve : a-t-elle tenu quelque discours désagréable ? (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  118. Il n'importe, Madame, mon zèle et mon attachement en augmentent : voilà tout. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  119. Et voilà pourquoi aussi je ne veux pas qu'on vous chagrine, et j'y mettrai bon ordre. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  120. Je me fâcherai, si cela continue. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  121. Comment donc ? (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  122. Madame, par toute la reconnaissance que je vous dois, n'y prenez point garde : je suis confus de vos bontés, et je suis trop heureux d'avoir été querellé. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  123. Je loue vos sentiments. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  124. Madame la Marquise se porte mieux, Madame et vous est fort obligée... fort obligée de votre attention. (Acte 1, scène 13, DUBOIS)
  125. Madame, on m'a chargé aussi de vous dire un mot qui presse. (Acte 1, scène 13, DUBOIS)
  126. Je n'ai point achevé ce que je voulais vous dire ; laissez-moi, je vous prie, un moment, et revenez. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  127. Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  128. Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  129. Seulement pour avoir vu Dorante ici ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  130. Par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  131. Comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  132. C'est Monsieur_Remy qui me l'a envoyé pour intendant. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  133. Le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  134. Si je le connais, Madame ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  135. Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  136. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  137. Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  138. Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  139. Il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  140. C'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  141. D'où vient que tu m'alarmes ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  142. Oui, il est timbré, mais timbré comme cent. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  143. Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme incomparable. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  144. Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies... (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  145. J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  146. Vous ne croiriez pas jusqu'où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  147. Il est bien fait, d'une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n'est pas riche ; et vous saurez qu'il n'a tenu qu'à lui d'épouser des femmes qui l'étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune et qui auraient mérité qu'on la leur fît à elles-mêmes : il y en a une qui n'en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours ; je le sais, car je l'ai rencontrée. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  148. Actuellement ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  149. Oui, Madame, actuellement, une grande brune très piquante, et qu'il fuit. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  150. Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon coeur est parti. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  151. Ce qu'il disait quelquefois la larme à l'oeil ; car il sent bien son tort. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  152. Madame, ce fut un jour que vous sortîtes de l'Opéra, qu'il perdit la raison ; c'était un vendredi, je m'en ressouviens ; oui, un vendredi ; il vous vit descendre l'escalier, à ce qu'il me raconta, et vous suivit jusqu'à votre carrosse ; il avait demandé votre nom, et je le trouvai qui était comme extasié ; il ne remuait plus. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  153. À la fin, pourtant, il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans une voiture, et nous retournâmes à la maison. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  154. J'espérais que cela se passerait, car je l'aimais : c'est le meilleur maître ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  155. Point du tout, il n'y avait plus de ressource : ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante, vous aviez tout expédié ; et dès le lendemain nous ne fîmes plus tous deux, lui, que rêver à vous, que vous aimer ; moi, d'épier depuis le matin jusqu'au soir où vous alliez. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  156. Je me fis même ami d'un de vos gens qui n'y est plus, un garçon fort exact, et qui m'instruisait, et à qui je payais bouteille. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  157. C'est à la Comédie qu'on va, me disait-il ; et je courais faire mon rapport, sur lequel, dès quatre heures, mon homme était à la porte. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  158. C'est chez Madame celle-ci, c'est chez Madame celle-là ; et sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir Madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés ; car c'était dans l'hiver ; lui, ne s'en souciant guère ; moi, jurant par-ci par-là pour me soulager. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  159. Oui, Madame. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  160. Au retour il était furieux, il voulut me battre, tout bon qu'il est ; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  161. Mon bonheur ensuite m'a mis chez Madame, où, à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance, ce qu'il ne troquerait pas contre la place de l'empereur. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  162. Je suis si lasse d'avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l'avoir, parce qu'il a de la probité ; ce n'est pas que je sois fâchée, car je suis bien au-dessus de cela. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  163. Plus il voit Madame, plus il s'achève. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  164. Vraiment, je le renverrais bien ; mais ce n'est pas là ce qui le guérira. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  165. D'ailleurs, je ne sais que dire à Monsieur_Remy, qui me l'a recommandé, et ceci m'embarrasse. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  166. Je ne vois pas trop comment m'en défaire, honnêtement. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  167. Oui ; mais vous ferez un incurable, Madame. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  168. Je suis dans des circonstances où je ne saurais me passer d'un intendant ; et puis, il n'y a pas tant de risque que tu le crois : au contraire, s'il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c'est l'habitude de me voir plus qu'il n'a fait, ce serait même un service à lui rendre. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  169. Premièrement, il ne vous dira mot ; jamais vous n'entendrez parler de son amour. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  170. Nullement. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  171. Il dit que dans l'univers il n'y a personne qui le mérite ; il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grâces, votre belle taille ; et puis c'est tout : il me l'a dit mille fois. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  172. Allons, je patienterai quelques jours, en attendant que j'en aie un autre ; au surplus, ne crains rien, je suis contente de toi ; je récompenserai ton zèle, et je ne veux pas que tu me quittes, entends-tu, Dubois. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  173. Madame, je vous suis dévoué pour la vie. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  174. Je n'en ai jamais parlé qu'à Madame. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  175. La vérité est que voici une confidence dont je me serais bien passée moi-même. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  176. Madame, je me rends à vos ordres. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  177. Je me remets ; je vous disais qu'on veut nous marier. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  178. Oui, Madame, et vous alliez, je crois, ajouter que vous n'étiez pas portée à ce mariage. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  179. Madame, vous avez eu la bonté de me rassurer là-dessus. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  180. Je ne suis pas heureux ; rien ne me réussit, et j'aurai la douleur d'être renvoyé. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  181. Ne me laissez point dans l'incertitude où je suis, Madame. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  182. Je croyais avoir entendu dire à Madame qu'elle n'avait point de penchant pour lui. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  183. Marton vous cherche pour vous montrer l'appartement qu'on vous destine. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  184. Comment vous traite-t-on ? (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  185. Elle opine tout doucement à vous garder par compassion : elle espère vous guérir par l'habitude de la voir. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  186. Sincèrement ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  187. Dis-lui que Madame m'attend pour me remettre des papiers, et que j'irai la trouver dès que je les aurai. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  188. Il me semble l'avoir vu avec toi. (Acte 1, scène 17, MARTON)
  189. Il dit que Madame l'attend pour des papiers, il reviendra ensuite. (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  190. Au reste, qu'est-il nécessaire qu'il voie cet appartement ? (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  191. Ce ne sont pas là tes affaires : je suis les ordres de Madame. (Acte 1, scène 17, MARTON)
  192. Madame est bonne et sage ; mais prenez garde, ne trouvez-vous pas que ce petit galant-là fait les yeux doux ? (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  193. Il les fait comme il les a. (Acte 1, scène 17, MARTON)
  194. Je me trompe fort, si je n'ai pas vu la mine de ce freluquet considérer, je ne sais où, celle de Madame. (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  195. Mais je me figure quelquefois qu'il n'est venu ici que pour la voir de plus près. (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  196. J'aurais soin de vous les faire trouver meilleures. (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  197. Non, Madame, vous ne risquez rien ; vous pouvez plaider en toute sûreté. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  198. J'ai même consulté plusieurs personnes, l'affaire est excellente ; et si vous n'avez que le motif dont vous parlez pour épouser Monsieur_le_Comte, rien ne vous oblige à ce mariage. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  199. Vous me disiez tantôt que mon état était doux et tranquille ; n'aimeriez-vous pas mieux que j'y restasse ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  200. Madame, j'aime mieux vos intérêts que les siens, et que ceux de qui que ce soit au monde. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  201. En tout cas, si je l'épouse, et qu'il veuille en mettre un autre ici à votre place, vous n'y perdrez point ; je vous promets de vous en trouver une meilleure. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  202. Non, Madame, si j'ai le malheur de perdre celle-ci, je ne serai plus à personne ; et apparemment que je la perdrai ; je m'y attends. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  203. J'avais encore une petite chose à vous dire, Madame. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  204. Je viens d'apprendre que le concierge d'une de vos terres est mort : on pourrait y mettre un de vos gens ; et j'ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  205. Non, envoyez plutôt votre homme au château, et laissez-moi Dubois : c'est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  206. À propos, il m'a dit, ce me semble, qu'il avait été à vous quelque temps ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  207. Il est vrai, Madame ; il est fidèle, mais peu exact. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  208. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu'ils ont servis. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  209. Ne me nuirait-il point dans votre esprit ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  210. Que me veut Monsieur_Remy ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  211. Madame, je suis votre très humble serviteur. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  212. Je viens vous remercier de la bonté que vous avez eue de prendre mon neveu à ma recommandation. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  213. Je n'ai pas hésité, comme vous l'avez vu. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  214. Pour moi, je ne sortirai jamais de chez Madame, qu'elle ne me congédie. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  215. Tenez, Madame, jugez-en vous-même ; voici de quoi il est question : c'est une dame de trente-cinq ans, qu'on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction ; qui ne déclare pas son nom ; qui dit que j'ai été son procureur ; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu'elle prouvera ; qui a vu Monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu'il n'a pas de bien, et qui offre de l'épouser sans délai. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  216. Et la personne qui est venue chez moi de sa part doit revenir tantôt pour savoir la réponse, et vous mener tout de suite chez elle. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  217. Ai-je tort, Madame ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  218. Oui, Monsieur ; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne l'épouserais pas ; nous ne serions heureux ni l'un ni l'autre : j'ai le coeur pris ; j'aime ailleurs. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  219. Je ne saurais changer de sentiment ; Monsieur. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  220. Le sot coeur, mon neveu ; vous êtes un imbécile, un insensé ; et je tiens celle que vous aimez pour une guenon, si elle n'est pas de mon sentiment, n'est-il pas vrai, Madame, et ne le trouvez-vous pas extravagant ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  221. Comment, Madame ! (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  222. Il n'y a pas moyen, Madame, mon amour m'est plus cher que ma vie. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  223. Ceux qui aiment les beaux sentiments doivent être contents ; en voilà un des plus curieux qui se fassent. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  224. Vous trouvez donc cela raisonnable, Madame ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  225. Je vous laisse, parlez-lui vous-même. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  226. Il me touche tant, qu'il faut que je m'en aille. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  227. Il ne croit pas si bien me servir. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  228. Dites-nous un peu votre sentiment ; que pensez-vous de quelqu'un qui n'a point de bien, et qui refuse d'épouser une honnête et fort jolie femme, avec quinze mille livres de rente bien venants ? (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  229. Voilà le rêveur ; et pour excuse, il allègue son coeur que vous avez pris ; mais comme apparemment il n'a pas encore emporté le vôtre, et que je vous crois encore à peu près dans tout votre bon sens, vu le peu de temps qu'il y a que vous le connaissez, je vous prie de m'aider à le rendre plus sage. (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  230. Assurément vous êtes fort jolie, mais vous ne le disputerez point à un pareil établissement ; il n'y a point de beaux yeux qui vaillent ce prix-là. (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  231. Vous vous trompez, Monsieur, je l'aime trop moi-même pour l'en empêcher, et je suis enchantée : oh ! (Acte 2, scène 3, MARTON)
  232. Dorante, que je vous estime ! (Acte 2, scène 3, MARTON)
  233. Pardi, le coeur d'une femme est bien étonnant ! (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  234. Madame, qui a de la bonté pour moi, suppléera en partie par sa générosité à ce qu'il me sacrifie. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  235. Non, Mademoiselle, aucune ; vous n'avez point de gré à me savoir de ce que je fais ; je me livre à mes sentiments, et ne regarde que moi là-dedans. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  236. Vous ne me devez rien ; je ne pense pas à votre reconnaissance. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  237. Vous me charmez : que de délicatesse ! (Acte 2, scène 3, MARTON)
  238. Il n'y a encore rien de si tendre que ce que vous me dites. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  239. C'est le Comte, celui dont je vous ai parlé, et qui doit épouser Madame. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  240. Je vous laisse donc ; il pourrait me parler de son procès : vous savez ce que je vous ai dit là-dessus, et il est inutile que je le voie. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  241. On m'a dit qu'Araminte se promenait dans le jardin, et je viens d'apprendre de sa mère une chose qui me chagrine : je lui avais retenu un intendant, qui devait aujourd'hui entrer chez elle, et cependant elle en a pris un autre, qui ne plaît point à la mère, et dont nous n'avons rien à espérer. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  242. Allez, ne vous inquiétez point, c'est un galant homme ; et si la mère n'en est pas contente, c'est un peu de sa faute ; elle a débuté tantôt par le brusquer d'une manière si outrée, l'a traité si mal, qu'il n'est pas étonnant qu'elle ne l'ait point gagné. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  243. Lui-même. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  244. Pardonnez-moi, Monsieur ; car il est honnête homme. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  245. Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer ; et pour achever de la résoudre, il ne s'agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  246. Parlons à cet intendant ; s'il ne faut que de l'argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l'épargnerai pas. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  247. Non, ce n'est point un homme à mener par là ; c'est le garçon de France le plus désintéressé. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  248. Mademoiselle, voilà un homme qui en demande un autre ; savez-vous qui c'est ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  249. À quel homme en veut-il ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  250. Ma foi, je n'en sais rien ; c'est de quoi je m'informe à vous. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  251. Il nous a dit qu'on ne la remît qu'à lui-même, et qu'il viendrait la prendre ; mais comme mon père est obligé de partir demain pour un petit voyage, il m'a envoyé pour la lui rendre, et on m'a dit que je saurais de ses nouvelles ici. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  252. Non, sûrement. (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  253. N'est-ce pas le procureur de Madame ? montrez-nous la boîte. (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  254. Monsieur, cela m'est défendu ; je n'ai ordre de la donner qu'à celui à qui elle est : le portrait de la dame est dedans. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  255. Le portrait d'une dame ? (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  256. Un grand homme qui s'appelle Monsieur Dorante. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  257. Il me semble que c'est son nom. (Acte 2, scène 7, LE-GARÇON)
  258. Il me l'a dit ; je suis dans sa confidence. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  259. Vous n'avez qu'à me remettre la boîte ; vous le pouvez en toute sûreté ; vous lui ferez même plaisir. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  260. C'est ce qui me paraît. (Acte 2, scène 7, LE-GARÇON)
  261. Le charmant homme ! (Acte 2, scène 8, MARTON)
  262. Monsieur_Remy avait raison de dire qu'il y avait quelque temps qu'il me connaissait. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  263. Je serais bien injuste de ne pas vous aimer. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  264. Retirez-vous, voici Madame avec sa mère et le Comte ; c'est peut-être de cela qu'ils s'entretiennent. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  265. Laissez-moi les calmer là-dessus, et ne les attendez pas. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  266. Tout a réussi, elle prend le change à merveille ! (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  267. Marton, qu'est-ce que c'est qu'un portrait dont Monsieur_le_Comte me parle, qu'on vient d'apporter ici à quelqu'un qu'on ne nomme pas, et qu'on soupçonne être le mien ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  268. Ce n'est rien, Madame ; je vous dirai ce que c'est : je l'ai démêlé après que Monsieur_le_Comte est parti ; il n'a que faire de s'alarmer. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  269. Comment le savez-vous, Mademoiselle ? (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  270. N'importe, c'est tout comme si je l'avais vu. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  271. Ce qu'il y a de certain, c'est un portrait de femme, et c'est ici qu'on vient chercher la personne qui l'a fait faire, à qui on doit le rendre, et ce n'est pas moi. (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  272. Mais quand je vous dis que Madame n'y est pour rien, ni vous non plus. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  273. On a des idées qui ne me plaisent point. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  274. Monsieur_le_Comte vous aime, et un peu de jalousie, même injuste, messied pas à un amant. (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  275. Je ne suis jaloux que de l'inconnu qui ose se donner le plaisir d'avoir le portrait de Madame. (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  276. Comme il vous plaira, Monsieur ; mais j'ai entendu ce que vous vouliez dire, et je crains un peu ce caractère d'esprit-là. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  277. Eh bien, Madame, voilà bien du bruit ! (Acte 2, scène 9, MARTON)
  278. Je suis assez comme Monsieur_le_Comte ; la chose me paraît singulière. (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  279. Ma foi, Madame, sans vanité, on en peint tous les jours, et des plus huppées, qui ne me valent pas. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  280. Un très aimable homme qui m'aime, qui a de la délicatesse et des sentiments, et qui me recherche ; et puisqu'il faut vous le nommer, c'est Dorante. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  281. Lui-même. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  282. Le fat, avec ses sentiments ! (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  283. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il me connaît. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  284. Je m'en doutais bien ; c'est Madame. (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  285. Madame !... (Acte 2, scène 9, MARTON)
  286. Il est vrai, et me voilà bien loin de mon compte ! (Acte 2, scène 9, MARTON)
  287. Ma foi, Madame, toute autre que moi s'y serait trompée. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  288. Monsieur_Remy me dit que son neveu m'aime, qu'il veut nous marier ensemble ; Dorante est présent, et ne dit point non ; il refuse devant moi un très riche parti ; l'oncle s'en prend à moi, me dit que j'en suis cause. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  289. Ensuite vient un homme qui apporte ce portrait, qui vient chercher ici celui à qui il appartient ; je l'interroge : à tout ce qu'il répond, je reconnais Dorante. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  290. C'est un petit portrait de femme, Dorante m'aime jusqu'à refuser sa fortune pour moi. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  291. Je crois voir toute l'étendue de ma méprise, et je me tais. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  292. Vous faites le fâché, l'étonné, Monsieur_le_Comte ; il y a eu quelque malentendu dans les mesures que vous avez prises ; mais vous ne m'abusez point ; c'est à vous qu'on apportait le portrait. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  293. Un homme dont on ne sait pas le nom, qu'on vient chercher ici, c'est vous, Monsieur, c'est vous. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  294. Dans les termes où vous en êtes avec ma fille, ce n'est pas là un si grand crime ; allons, convenez-en. (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  295. Non, Madame, ce n'est point moi, sur mon honneur, je ne connais pas ce Monsieur_Remy : comment aurait-on dit chez lui qu'on aurait de mes nouvelles ici ? (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  296. Nous nous soucions de toi et de toute ta race de canaille comme de cela. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  297. Comme je te bâtonnerais, sans le respect de Madame ! (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  298. Arrive, arrive : la voilà, Madame. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  299. Il y a une heure qu'il me dit mille invectives, Madame. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  300. Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu'un ostrogoth menace mon maître d'un mot ; j'en demande justice à Madame. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  301. Je le défie d'en dire seulement une lettre. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  302. C'est par pure colère que j'ai fait cette menace, Madame ; et voici la cause de la dispute. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  303. En arrangeant l'appartement de Monsieur Dorante, j'ai vu par hasard un tableau où Madame est peinte, et j'ai cru qu'il fallait l'ôter, qu'il n'avait que faire là, qu'il n'était point décent qu'il y restât ; de sorte que j'ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m'en empêcher, et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  304. Sans doute, de quoi t'avises-tu d'ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n'y avait qu'un moment avec toute la satisfaction possible ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  305. Car je l'avais vu qui l'avait contemplé de tout son coeur, et il prend fantaisie à ce brutal de le priver d'une peinture qui réjouit cet honnête homme. Voyez la malice ! (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  306. Ôte-lui quelque autre meuble, s'il en a trop, mais laisse-lui cette pièce, animal. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  307. Et moi, je te dis qu'on ne la laissera point, que je la détacherai moi-même, que tu en auras le démenti, et que Madame le voudra ainsi. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  308. Ce qui est de sûr, c'est que cet homme d'affaires-là est de bon goût. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  309. Effectivement, il est fort extraordinaire qu'il ait jeté les yeux sur ce tableau. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  310. Cet homme-là ne m'a jamais plu un instant, ma fille ; vous le savez, j'ai le coup d'oeil assez bon, et je ne l'aime point. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  311. Croyez-moi, vous avez entendu la menace que Dubois a faite en parlant de lui, j'y reviens encore, il faut qu'il ait quelque chose à en dire. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  312. Je ne vois pas le sujet de me défaire d'un homme qui m'est donné de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-être ; voilà ce qui n'échappe pas à ma pénétration, par exemple. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  313. S'il me donne des motifs raisonnables de renvoyer cet intendant assez hardi pour regarder un tableau, il ne restera pas longtemps chez moi ; sans quoi, on aura la bonté de trouver bon que je le garde, en attendant qu'il me déplaise à moi. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  314. Quant à moi, Madame, j'avoue que j'ai craint qu'il ne me servît mal auprès de vous, qu'il ne vous inspirât l'envie de plaider, et j'ai souhaité par pure tendresse qu'il vous en détournât. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  315. Il aura pourtant beau faire, je déclare que je renonce à tout procès avec vous ; que je ne veux pour arbitre de notre discussion que vous et vos gens d'affaires, et que j'aime mieux perdre tout que de rien disputer. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  316. Le mariage terminerait tout, et le vôtre est comme arrêté. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  317. Je garde le silence sur Dorante ; je reviendrai simplement voir ce que vous pensez de lui, et si vous le congédiez, comme je le présume, il ne tiendra qu'à vous de prendre celui que je vous offrais, et que je retiendrai encore quelque temps. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  318. Je ferai comme Monsieur, je ne vous parlerai plus de rien non plus, vous m'accuseriez de vision, et votre entêtement finira sans notre secours. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  319. On m'a dit que vous vouliez me parler, Madame ? (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  320. Je t'avais recommandé de te taire sur le chapitre de Dorante ; tu en sais les conséquences ridicules, et tu me l'avais promis : pour quoi donc avoir prise, sur ce misérable tableau, avec un sot qui fait un vacarme épouvantable, et qui vient ici tenir des discours tous propres à donner des idées que je serais au désespoir qu'on eût ? (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  321. Ma foi, Madame, j'ai cru la chose sans conséquence, et je n'ai agi d'ailleurs que par un mouvement de respect et de zèle. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  322. Laisse là ton zèle, ce n'est pas là celui que je veux, ni celui qu'il me faut ; c'est de ton silence dont j'ai besoin pour me tirer de l'embarras où je suis, et où tu m'as jetée toi-même ; car sans toi je ne saurais pas que cet homme-là m'aime, et je n'aurais que faire d'y regarder de si près. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  323. C'est ton étourderie qui me force actuellement de te parler, sous prétexte de t'interroger sur ce que tu sais de lui. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  324. Il n'y a rien de plus facile à raccommoder : ce rapport sera que des gens qui le connaissent m'ont dit que c'était un homme incapable de l'emploi qu'il a chez vous ; quoiqu'il soit fort habile, au moins : ce n'est pas cela qui lui manque. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  325. S'il en est incapable, on me dira de le renvoyer, et il n'est pas encore temps ; j'y ai pensé depuis ; la prudence ne le veut pas, et je suis obligée de prendre des biais, et d'aller tout doucement avec cette passion si excessive que tu dis qu'il a, et qui éclaterait peut-être dans sa douleur. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  326. Me fierais-je à un désespéré ? Ce n'est plus le besoin que j'ai de lui qui me retient, c'est moi que je ménage. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  327. Elle prétend qu'il l'avait déjà vue chez Monsieur_Remy, et que le procureur a dit même devant lui qu'il l'aimait depuis longtemps, et qu'il fallait qu'ils se mariassent ; je le voudrais. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  328. Oui, il n'y a qu'un moment, dans le jardin où il a voulu presque se jeter à mes genoux pour me conjurer de lui garder le secret sur sa passion, et d'oublier l'emportement qu'il eut avec moi quand je le quittai. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  329. Je lui ai dit que je me tairais, mais que je ne prétendais pas rester dans la maison avec lui, et qu'il fallait qu'il sortît ; ce qui l'a jeté dans des gémissements, dans des pleurs, dans le plus triste état du monde. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  330. Tant pis ; ne le tourmente point ; tu vois bien que j'ai raison de dire qu'il faut aller doucement avec cet esprit-là, tu le vois bien. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  331. Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire ? (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  332. Attends : comment faire ? Si lorsqu'il me parle il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m'en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer ; il est vrai qu'il me fâcherait s'il parlait ; mais il serait à propos qu'il me fâchât. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  333. Vraiment oui ; Monsieur Dorante n'est point digne de Madame. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  334. S'il était dans une plus grande fortune, comme il n'y a rien à dire à ce qu'il est né, ce serait une autre affaire, mais il n'est riche qu'en mérite, et ce n'est pas assez. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  335. Vraiment non, voilà les usages ; je ne sais pas comment je le traiterai ; je n'en sais rien, je verrai. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  336. Madame a un si beau prétexte... (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  337. Point du tout, c'est de Dorante, je le sais de lui-même, et il y travaillait encore il n'y a que deux mois, lorsque je le quittai. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  338. Si on me demande ce que tu m'as appris de lui, je dirai ce dont nous sommes convenus. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  339. Oui, Madame, il se déclarera peut-être, et tout de suite je lui dirais : Sortez. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  340. Je viens, Madame, vous demander votre protection. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  341. Je suis dans le chagrin et dans l'inquiétude : j'ai tout quitté pour avoir l'honneur d'être à vous, je vous suis plus attaché que je ne puis le dire ; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement ; et cependant je ne suis pas sûr de rester. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  342. Tout le monde ici m'en veut, me persécute et conspire pour me faire sortir. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  343. Je n'ai que votre appui, Madame. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  344. Ils ne se tromperaient pas, Madame ; c'est une bonté qui me pénètre de reconnaissance. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  345. Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie, c'est peut-être ce qui les indispose contre vous. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  346. Vous leur avez refusé de m'en faire accroire sur le chapitre du procès ; conformez-vous à ce qu'ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l'événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  347. Déterminée, Madame ! (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  348. Le Comte croira que vous y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  349. Quelle différence pour moi, Madame ! (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  350. Et pour qui, Madame ? (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  351. Pour le Comte, qui est sorti d'ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  352. Oui, Madame. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  353. Madame, je ne trouve point de papier. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  354. Comment, Madame ? (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  355. Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  356. N'attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d'un procès douteux. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  357. Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame : douteux, il ne l'est point. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  358. Mais, Madame, vous n'aviez aucune inclination pour lui. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  359. Je ne me trouve pas bien, Madame. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  360. Si subitement ! (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  361. Pliez la lettre et mettez : À Monsieur_le_Comte_Dorimont. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  362. Le coeur me bat ! (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  363. Je suis bien aise, Madame, de trouver Monsieur ici ; il vous confirmera tout de suite ce que j'ai à vous dire. (Acte 2, scène 14, MARTON)
  364. Vous avez offert en différentes occasions de me marier, Madame ; et jusqu'ici je ne me suis point trouvée disposée à profiter de vos bontés. (Acte 2, scène 14, MARTON)
  365. Aujourd'hui Monsieur me recherche ; il vient même de refuser un parti infiniment plus riche, et le tout pour moi ; du moins me l'a-t-il laissé croire, et il est à propos qu'il s'explique ; mais comme je ne veux dépendre que de vous, c'est de vous aussi, Madame, qu'il faut qu'il m'obtienne : ainsi, Monsieur, vous n'avez qu'à parler à Madame. (Acte 2, scène 14, MARTON)
  366. Si elle m'accorde à vous, vous n'aurez point de peine à m'obtenir de moi-même. (Acte 2, scène 14, MARTON)
  367. Madame, je ne songe point à elle. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  368. Elle dit que vous l'aimez, que vous l'aviez vue avant de venir ici. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  369. C'est une erreur où Monsieur_Remy l'a jetée sans me consulter ; et je n'ai point osé dire le contraire, dans la crainte de m'en faire une ennemie auprès de vous. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  370. Il en est de même de ce riche parti qu'elle croit que je refuse à cause d'elle ; et je n'ai nulle_part à tout cela. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  371. Je suis hors d'état de donner mon coeur à personne : je l'ai perdu pour jamais, et la plus brillante de toutes les fortunes ne me tenterait pas. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  372. Elle vous aurait peut-être empêchée de me recevoir, et mon indifférence lui en dit assez. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  373. Je trouve plus de douceur à être chez vous, Madame. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  374. Voyez-vous souvent la personne que vous aimez ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  375. Pas souvent à mon gré, Madame ; et je la verrais à tout instant, que je ne croirais pas la voir assez. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  376. Madame, elle est veuve. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  377. Elle vous aime, sans doute ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  378. Madame, elle ne sait pas seulement que je l'adore. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  379. Excusez l'emportement du terme dont je me sers. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  380. Je ne vous interroge que par étonnement. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  381. Elle ignore que vous l'aimez, dites-vous, et vous lui sacrifiez votre fortune ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  382. Comment, avec tant d'amour, avez-vous pu vous taire ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  383. On essaie de se faire aimer, ce me semble : cela est naturel et pardonnable. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  384. Me préserve le ciel d'oser concevoir la plus légère espérance ! (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  385. Non, Madame. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  386. Mon respect me condamne au silence ; et je mourrai du moins sans avoir eu le malheur de lui déplaire. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  387. Je n'imagine point de femme qui mérite d'inspirer une passion si étonnante : je n'en imagine point. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  388. Dispensez-moi de la louer, Madame : je m'égarerais en la peignant. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  389. Et jamais elle ne me parle ou ne me regarde, que mon amour n'en augmente. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  390. Que prétendez-vous avec cet amour pour une personne qui ne saura jamais que vous l'aimez ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  391. Le plaisir de la voir quelquefois, et d'être avec elle, est tout ce que je me propose. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  392. Non, Madame ; mais j'ai, par amusement, appris à peindre, et je l'ai peinte moi-même. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  393. Je me serais privé de son portrait, si je n'avais pu l'avoir que par le secours d'un autre. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  394. Daignez m'en dispenser, Madame ; quoique mon amour soit sans espérance, je n'en dois pas moins un secret inviolable à l'objet aimé. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  395. Madame, songez que j'aurais perdu mille fois la vie, avant d'avouer ce que le hasard vous découvre. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  396. Comment pourrai-je expier ?... (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  397. Dorante, je ne me fâcherai point. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  398. Votre égarement me fait pitié. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  399. Non, Madame, non : je ne crois pas. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  400. Dorante s'est-il déclaré, Madame ? (Acte 2, scène 16, DUBOIS)
  401. Allez donc la lui donner : je me charge du reste auprès de Marton que je vais trouver. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  402. Dans l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure ? (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  403. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  404. Je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident pour vous aimer en fraude. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  405. Puisque tu savais qu'elle voulait me faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelques signes ? (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  406. Il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d'inquiétude. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  407. Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra tout d'un coup. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  408. Vraiment, des confusions ! (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  409. Voulez-vous qu'elle soit de bonne humeur avec un homme qu'il faut qu'elle aime en dépit d'elle ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  410. Vous vous emparez de son bien, de son coeur ; et cette femme ne criera pas ! (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  411. Allez vite, plus de raisonnements : laissez-vous conduire. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  412. Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  413. Oui, je sais bien que vous l'aimez : c'est à cause de cela que je ne vous écoute pas. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  414. Allons, allons, vous vous moquez ; laissez faire un homme de sang-froid. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  415. Tu me l'avais bien dit, Dubois. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  416. Je ne me souviens plus de ce que c'est. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  417. Que cet intendant osait lever les yeux sur Madame. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  418. Oh ça, Dubois, il s'agit de faire sortir cet homme-ci. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  419. J'ai déjà dit à Madame qu'on m'avait assuré qu'il n'entendait pas les affaires. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  420. C'est de la part de Madame Argante et de Monsieur_le_Comte que je te parle, et nous avons peur que tu n'aies pas tout dit à Madame, ou qu'elle ne cache ce que c'est. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  421. Je ne sais que son insuffisance, dont j'ai instruit Madame. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  422. Vous avez bien trouvé votre homme ! (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  423. En fait de discrétion, je mériterais d'être femme. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  424. Je vous demande pardon de la comparaison : mais c'est pour vous mettre l'esprit en repos. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  425. Il est certain qu'il aime Madame. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  426. Il n'en faut point douter : je lui en ai même dit ma pensée à elle. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  427. Ne sauriez-vous pas où demeure la rue du Figuier, Mademoiselle ? (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  428. C'est que mon camarade, que je sers, m'a dit de porter cette lettre à quelqu'un qui est dans cette rue, et comme je ne la sais pas, il m'a dit que je m'en informasse à vous ou à cet animal-là ; mais cet animal-là ne mérite pas que je lui en parle, sinon pour l'injurier. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  429. J'aimerais mieux que le diable eût emporté toutes les rues, que d'en savoir une par le moyen d'un malotru comme lui. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  430. Veux-tu me donner ta lettre ? (Acte 3, scène 3, MARTON)
  431. Va, va trouver le tableau pour voir comme il se moque de toi. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  432. Tenez, Mademoiselle ; vous me rendez un service qui me fait grand bien. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  433. Elle sera rendue exactement. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  434. Rien que ce que vous saviez déjà, Madame, et ce n'est pas assez. (Acte 3, scène 4, MARTON)
  435. Il est vrai que sa menace signifiait quelque chose de plus. (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  436. Quoi qu'il en soit, j'attends Monsieur_Remy que j'ai envoyé chercher ; et s'il ne nous défait pas de cet homme-là, ma fille saura qu'il ose l'aimer, je l'ai résolu. (Acte 3, scène 4, MADAME ARGANTE)
  437. Savez-vous ce qu'on me veut ici ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  438. Passez, Monsieur, et cherchez votre nièce ailleurs : je n'aime point les mauvais plaisants. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  439. On m'a dit de votre part de venir ici, Madame : de quoi est-il donc question ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  440. Oui, Madame, je vous garantis que c'est moi-même. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  441. Et par quel hasard Madame y trouve-t-elle à redire ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  442. Madame, s'il n'est pas à votre goût, vous êtes bien difficile. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  443. Oui, Madame. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  444. Mais, Madame, dès qu'il n'est pas à vous, il me semble qu'il n'est pas essentiel qu'il vous plaise. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  445. On n'a pas mis dans le marché qu'il vous plairait, personne n'a songé à cela ; et, pourvu qu'il convienne à Madame Araminte, tout doit être content. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  446. Vos compliments ne sont pas propres à l'adoucir, Madame Argante. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  447. Doucement, Monsieur le Procureur, doucement : il me paraît que vous avez tort. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  448. Comme vous voudrez, Monsieur_le_Comte, comme vous voudrez ; mais cela ne vous regarde pas. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  449. Que vous me connaissiez ou non, il n'est pas si peu essentiel que vous le dites que notre neveu plaise à Madame. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  450. Parfaitement étrangère pour cette affaire-ci, Monsieur ; on ne peut pas plus étrangère : au surplus, Dorante est un homme d'honneur, connu pour tel, dont j'ai répondu, dont je répondrai toujours, et dont Madame parle ici d'une manière choquante. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  451. Comment donc ! (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  452. Savez-vous bien qu'il y a cinquante ans que je parle, Madame Argante ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  453. Nous ne sommes pas fort en paix, et vous venez très à propos, Madame : il s'agit de Dorante ; avez-vous sujet de vous plaindre de lui ? (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  454. Non vraiment. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  455. Je ne le connais que pour un homme très estimable. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  456. Au discours que Madame en tient, ce doit pourtant être un fripon, dont il faut que je vous délivre, et on se passerait bien du présent que je vous ai fait, et c'est un impertinent qui déplaît à Monsieur qui parle en qualité d'époux futur ; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  457. À l'égard de Dorante, la meilleure justification qu'il y ait pour lui, c'est que je le garde. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  458. Il y a là-bas, m'a-t-on dit, un homme d'affaires que vous avez amené pour moi. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  459. On se trompe apparemment. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  460. Madame, il est vrai qu'il est venu avec moi ; mais c'est Madame Argante... (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  461. Oui, ma fille, c'est moi qui ai prié Monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors : je suis sûre de mon fait. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  462. Honnête homme, soit : du moins n'a-t-on pas encore de preuves du contraire, et je veux croire qu'il l'est. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  463. Seriez-vous d'humeur à garder un intendant qui vous aime ? (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  464. Mais en effet, pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  465. Quand je vous dis qu'il vous aime, j'entends qu'il est amoureux de vous, en bon français ; qu'il est ce qu'on appelle amoureux ; qu'il soupire pour vous ; que vous êtes l'objet secret de sa tendresse. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  466. Je ne me croyais pas si dangereuse à voir. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  467. Mais dès que vous devinez de pareils secrets, que ne devinez-vous que tous mes gens sont comme lui ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  468. Peut-être qu'ils m'aiment aussi : que sait-on ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  469. Monsieur_Remy, vous qui me voyez assez souvent, j'ai envie de deviner que vous m'aimez aussi. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  470. Ma foi, Madame, à l'âge de mon neveu, je ne m'en tirerais pas mieux qu'on dit qu'il s'en tire. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  471. Il n'est pas question de votre Monsieur_Remy ; laissons là ce bonhomme, et traitons la chose un peu plus sérieusement. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  472. Vos gens ne vous font pas peindre, vos gens ne se mettent point à contempler vos portraits, vos gens n'ont point l'air galant, la mine doucereuse. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  473. J'ai laissé passer le bonhomme à cause de vous, au moins ; mais le bonhomme est quelquefois brutal. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  474. En vérité, ma mère, vous seriez la première à vous moquer de moi, si ce que vous dites me faisait la moindre impression ; ce serait une enfance à moi que de le renvoyer sur un pareil soupçon. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  475. Est-ce qu'on ne peut me voir sans m'aimer ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  476. Je n'y saurais que faire : il faut bien m'y accoutumer et prendre mon parti là-dessus. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  477. Je suis d'ailleurs comme tout le monde : j'aime assez les gens de bonne mine. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  478. Je vous demande pardon, Madame, si je vous interromps. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  479. J'ai lieu de présumer que mes services ne vous sont plus agréables, et dans la conjoncture présente, il est naturel que je sache mon sort. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  480. Voilà des emportements qui m'appartiennent. (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  481. Vous le savez, Madame. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  482. Tout a contribué à me tromper, d'autant plus que Mademoiselle_Marton vient de m'assurer que dans une heure je ne serais plus ici. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  483. Le terme est encore trop long : il devrait en sortir tout à l'heure. (Acte 3, scène 7, MADAME ARGANTE)
  484. Allez, Dorante, tenez-vous en repos ; fussiez-vous l'homme du monde qui me convînt le moins, vous resteriez : dans cette occasion-ci, c'est à moi-même que je dois cela ; je me sens offensée du procédé qu'on a avec moi, et je vais faire dire à cet homme d'affaires qu'il se retire ; que ceux qui l'ont amené sans me consulter le remmènent, et qu'il n'en soit plus parlé. (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  485. Ne vous pressez pas de le renvoyer, Madame ; voilà une lettre de recommandation pour lui, et c'est Monsieur Dorante qui l'a écrite. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  486. Comment ! (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  487. Un instant, Madame, cela mérite d'être écouté. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  488. Je vous conjure, mon cher ami, d'être demain sur les neuf heures du matin chez vous ; j'ai bien des choses à vous dire ; je crois que je vais sortir de chez la dame que vous savez ; elle ne peut plus ignorer la malheureuse passion que j'ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  489. Mais seulement du peu que je vaux auprès d'elle, tout honoré que je suis de l'estime de tant d'honnêtes gens. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  490. Et en vertu de quoi l'estiment-ils tant ? (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  491. Le beau motif d'embarquement ! (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  492. L'éclaircissement m'en paraît complet. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  493. Madame... (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  494. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu'il veut courir ; voilà le mal ; car au reste, s'il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu'il adore. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  495. Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, Madame. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  496. Fera-t-on monter l'intendant que Monsieur_le_Comte a amené, Madame ? (Acte 3, scène 8, MARTON)
  497. Allez-vous-en, vous prenez mal votre temps pour me faire des questions. (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  498. Est-ce à cause qu'il vient de ma part, Madame ? (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  499. Quoique je n'aie aucune part à ce qui vient de se passer, je ne m'aperçois que trop, Madame, que je ne suis pas exempt de votre mauvaise humeur, et je serais fâché d'y contribuer davantage par ma présence. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  500. Non, Monsieur, je vous suis. Ma fille, je retiens Monsieur_le_Comte ; vous allez venir nous trouver apparemment. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  501. Enfin, Madame, à ce que je vois, vous en voilà délivrée. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  502. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  503. Faut-il le tuer, cet homme ? (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  504. J'y ai pourvu, Madame ; j'ai appelé Arlequin, qui ne le quittera pas, et je crois d'ailleurs qu'il n'arrivera rien ; voilà qui est fini. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  505. Je ne suis venu que pour dire une chose ; c'est que je pense qu'il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à Madame de le voir davantage ; ce n'est pas la peine. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  506. Ne vous embarrassez pas, ce sont mes affaires. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  507. En un mot, vous en êtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu'on vous a lue et que Mademoiselle_Marton a tirée d'Arlequin par mon avis ; je me suis douté qu'elle pourrait vous être utile, et c'est une excellente idée que j'ai eue là, n'est-ce pas, Madame ? (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  508. Oui, Madame. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  509. Madame, j'ai cru bien faire. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  510. Il fallait m'obéir ; je vous avais dit de ne plus vous en mêler ; vous m'avez jetée dans tous les désagréments que je voulais éviter. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  511. C'est vous qui avez répandu tous les soupçons qu'on a eus sur son compte, et ce n'est pas par attachement pour moi que vous m'avez appris qu'il m'aimait ; ce n'est que par le plaisir de faire du mal. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  512. Il m'importait peu d'en être instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  513. Vous l'assassinez, vous me trahissez moi-même. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  514. La manière dont vous m'avez renvoyée, il n'y a qu'un moment, me montre que je vous suis désagréable, Madame, et je crois vous faire plaisir en vous demandant mon congé. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  515. Votre intention est-elle que je sorte dès aujourd'hui, Madame ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  516. Comme vous voudrez. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  517. Il est pourtant vrai que vous me renvoyez, Madame, d'où vient ma disgrâce ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  518. Vous me demandez votre congé, je vous le donne. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  519. Madame, pourquoi m'avez-vous exposée au malheur de vous déplaire ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  520. J'ai persécuté par ignorance l'homme du monde le plus aimable, qui vous aime plus qu'on n'a jamais aimé. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  521. Et à qui je n'ai rien à reprocher ; car il vient de me parler. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  522. Pourquoi avez-vous eu la cruauté de m'abandonner au hasard d'aimer un homme qui n'est pas fait pour moi, qui est digne de vous, et que j'ai jeté dans une douleur dont je suis pénétrée ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  523. Laissons-là mes sentiments. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  524. Rendez-moi votre amitié comme je l'avais, et je serai contente. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  525. Me voilà consolée. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  526. J'aurais bien de la peine à vous le dire ; car je suis dans une détresse qui me coupe entièrement la parole, à cause de la trahison que Mademoiselle_Marton m'a faite. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  527. Le voulez-vous, Madame ? (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  528. Car je ne me fie pas à elle. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  529. Parlez-lui, Madame, je vous laisse. (Acte 3, scène 11, MARTON)
  530. Vous ne me répondez point, Madame ? (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  531. Pourquoi vouloir me rendre compte de mes papiers ? (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  532. Ce n'est pas là-dessus que j'aurai à me plaindre. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  533. Madame... (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  534. Un de vos fermiers est venu tantôt, Madame. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  535. Un de mes fermiers !... (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  536. Oui, Madame... il est venu. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  537. Et j'ai de l'argent à vous remettre. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  538. Quand il vous plaira, Madame, de le recevoir. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  539. Vous me le donnerez. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  540. Ne serait-il pas temps de vous l'apporter ce soir ou demain, Madame ? (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  541. Comment vous garder jusque-là, après ce qui est arrivé ? (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  542. On sait que vous m'aimez, et l'on croirait que je n'en suis pas fâchée. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  543. Madame, que je vais être à plaindre ! (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  544. Il a été entre vos mains, Madame. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  545. Madame, je vais être éloigné de vous. Vous serez assez vengée. N'ajoutez rien à ma douleur. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  546. Vous donner mon portrait ! songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ? (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  547. Que vous m'aimez, Madame ! (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  548. Je me meurs ! (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  549. Cette joie me transporte. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  550. Je ne la mérite pas, Madame. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  551. Vous allez me l'ôter, mais n'importe, il faut que vous soyez instruite. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  552. Comment ! (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  553. Tous les incidents qui sont arrivés partent de l'industrie d'un domestique qui savait mon amour, qui m'en plaint, qui par le charme de l'espérance, du plaisir de vous voir, m'a pour ainsi dire forcé de consentir à son stratagème ; il voulait me faire valoir auprès de vous. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  554. Voilà, Madame, ce que mon respect, mon amour et mon caractère ne me permettent pas de vous cacher. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  555. J'aime encore mieux regretter votre tendresse que de la devoir à l'artifice qui me l'a acquise ; j'aime mieux votre haine que le remords d'avoir trompé ce que j'adore. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  556. Si j'apprenais cela d'un autre que de vous, je vous haïrais sans doute ; mais l'aveu que vous m'en faites vous-même dans un moment comme celui-ci, change tout. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  557. Ce trait de sincérité me charme, me paraît incroyable, et vous êtes le plus honnête homme du monde. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  558. Après tout, puisque vous m'aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon coeur n'est point blâmable : il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu'il a réussi. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  559. La charmante Araminte daigne me justifier ! (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  560. Monsieur_le_Comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n'y faut plus penser : vous méritez qu'on vous aime ; mon coeur n'est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d'un rang qui vous convienne. (Acte 3, scène 13, ARAMINTE)
  561. Je vous entends, Madame, et sans l'avoir dit à Madame (Acte 3, scène 13, LE COMTE)
  562. Je songeais à me retirer ; j'ai deviné tout ; Dorante n'est venu chez vous qu'à cause qu'il vous aimait ; il vous a plu ; vous voulez lui faire sa fortune : voilà tout ce que vous alliez dire. (Acte 3, scène 13, LE COMTE)
  563. La fortune à cet homme-là ! (Acte 3, scène 13, MADAME ARGANTE)
  564. Ma gloire m'accable ; je mériterais bien d'appeler cette femme-là ma bru. (Acte 3, scène 13, DUBOIS)

LE LEGS (1736)

  1. La démarche que vous allez faire auprès du Marquis m'alarme. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  2. Je suis sûre qu'il a de l'inclination pour la Comtesse ; d'ailleurs, il est déjà assez riche par lui-même ; voilà encore une succession de six cent mille francs qui lui vient, à laquelle il ne s'attendait pas ; et vous croyez que, plutôt que d'en distraire deux cent mille, il aimera mieux m'épouser, moi qui lui suis indifférente, pendant qu'il a de l'amour pour la Comtesse, qui peut-être ne le hait pas, et qui a plus de bien que moi ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  3. La Comtesse est une femme brusque, qui aime à primer, à gouverner, à être la maîtresse. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. Le Marquis est un homme doux, paisible, aisé à conduire ; et voilà ce qu'il faut à la Comtesse. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  5. Son air de naïveté lui plaît ; c'est, dit-elle, le meilleur homme, le plus complaisant, le plus sociable. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. J'ai peur que l'événement ne vous trompe. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Ce n'est pas un petit objet que deux cent mille francs qu'il faudra qu'on vous donne si l'on ne vous épouse pas ; et puis, quand le Marquis et la Comtesse s'aimeraient, de l'humeur dont ils sont tous deux, ils auront bien de la peine à se le dire. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  8. Depuis le temps que nous sommes à cette campagne chez la Comtesse, il ne me dit rien. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  9. Je ne perdrai pas le legs qui me revient, si je n'épouse pas le Marquis. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  10. Peut-être même feindra-t-il de consentir à notre union ; mais que cela ne vous épouvante pas. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  11. Voyons ce que me diront là-dessus Lépine et Lisette, qui vont venir me parler. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  12. Que souhaitez-vous de nous, Madame ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  13. Rien que vous ne puissiez me dire sans blesser la fidélité que vous devez, vous au Marquis, et vous à la Comtesse. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  14. Tant mieux, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Du moins, Madame, faudrait-il savoir auparavant de quoi il s'agit. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  16. Madame, je serais volontiers de l'avis de Mademoiselle ; mais je prends : le respect défend que je raisonne. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  17. Je ne prétends vous engager à rien et voici de quoi il est question ; le Marquis, votre maître, vous estime, Lépine ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  18. Extrêmement, Madame ; il me connaît. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  19. Je remarque qu'il vous confie aisément ce qu'il pense. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  20. Oui, Madame ; de toutes ses pensées, incontinent j'en ai copie ; il n'en sait pas le compte mieux que moi. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  21. Vous, Lisette, vous êtes sur le même ton avec la Comtesse ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  22. J'ai cet honneur-là, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. Dites-moi, Lépine, je me figure que le Marquis aime la Comtesse ; me trompé-je ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  24. Il n'y a point d'inconvénient à me dire ce qui en est. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  25. Je n'affirme rien ; mais patience. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  26. Et soupçonnez-vous qu'il l'aime ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  27. Et vous, Lisette, quel est votre sentiment sur la Comtesse ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  28. Qu'elle ne songe point du tout au Marquis, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  29. Je crois aussi qu'ils s'aiment. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  30. Et supposons que je ne me trompe pas ; du caractère dont ils sont, ils auront de la peine à s'en parler. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  31. Et même louable. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  32. Madame, permettez que je vous rende votre argent. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. C'est qu'il me semble que voilà précisément le service que vous exigez de moi, et c'est précisément celui que je ne puis vous rendre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. Monsieur_le_Marquis vit dans le célibat ; mais le mariage, il est bon, très bon, il a ses peines, chaque état a les siennes ; quelquefois le mien me pèse ; le tout est égal. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  35. Oui, je vous servirai, Madame, je vous servirai. (Acte 1, scène 2, L?PINE)
  36. On s'épouse de tout temps, on s'épousera toujours ; on n'a que cette honnête ressource quand on aime. (Acte 1, scène 2, L?PINE)
  37. Vous me surprenez, Lisette, d'autant plus que je m'imaginais que vous pouviez vous aimer tous deux. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  38. De la mienne, j'en suis demeuré à l'estime. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  39. J'espère que vous passerez toujours de même. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  40. Doucement, Mademoiselle, retardez d'un moment ; je trouve à propos de vous informer d'un petit accident qui m'arrive. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  41. D'homme d'honneur, je n'avais pas envisagé vos grâces ; je ne connaissais pas votre mine. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  42. Je vous en offre autant ; c'est tout au plus si je connais actuellement la vôtre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  43. Cette dame se figurait que nous nous aimions. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  44. Son discours a fait que mes yeux se sont arrêtés dessus vous plus attentivement que de coutume. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  45. Très galant ; mais l'ennui me prend dès qu'on me loue. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  46. Quelquefois pourtant nombre de gens ont estimé que j'étais un garçon assez revenant ; mais nous y retournerons ; c'est partie à remettre. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  47. Il est certain que mon maître distingue tendrement votre maîtresse. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  48. Aujourd'hui même il m'a confié qu'il méditait de vous communiquer ses sentiments. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  49. Comme il lui plaira. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  50. Remarquons d'abondance que la Comtesse se plaît avec mon maître, qu'elle a l'âme joyeuse en le voyant. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  51. Vous me direz que nos gens sont étranges personnes, et je vous l'accorde. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  52. Le Marquis, homme tout simple, peu hasardeux dans le discours, n'osera jamais aventurer la déclaration ; et des déclarations, la Comtesse les épouvante ; femme qui néglige les compliments, qui vous parle entre l'aigre et le doux, et dont l'entretien a je ne sais quoi de sec, de froid, de purement raisonnable. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  53. Le moyen que l'amour puisse être mis en avant avec cette femme. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  54. Il ne sera jamais à propos de lui dire : "Je vous aime", à moins qu'on ne le lui dise à propos de rien. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  55. Qu'ils s'aimeront bonnement, en toute simplesse, et qu'ils s'épouseront de même. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  56. Qu'en me voyant votre camarade, vous me rendrez votre mari par la douce habitude de me voir. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  57. Ma maîtresse, comme vous dites fort habilement, tient l'amour au-dessous d'elle ; et j'aurai soin de l'entretenir dans cette humeur, attendu qu'il n'est pas de mon petit intérêt qu'elle se marie. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  58. J'ai fait un petit calcul là-dessus, au moyen duquel je trouve que tous vos arrangements me dérangent et ne me valent rien. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  59. Ainsi, quelque jolie que je sois, continuez de n'en rien voir ; laissez là la découverte que vous avez faite de mes grâces, et passez toujours sans y prendre garde. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  60. Me donnez-vous votre dernier mot ? (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  61. Permettez que je reparte. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  62. Vous calculez ; moi de même. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  63. Je vous aime, et vous me refusez le réciproque. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  64. Je calcule qu'il me fait besoin, et je l'aurai, sandis ! (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  65. Petitement. (Acte 1, scène 4, LÉPINE)
  66. J'ai beaucoup d'estime et de respect pour Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  67. Vous me faites plaisir, Lisette ; je fais beaucoup de cas de vous aussi. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  68. Vous me paraissez une très bonne fille, et vous êtes à une maîtresse qui a bien du mérite. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  69. C'est que, entre nous, il n'y a point de femme que j'aime tant qu'elle. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  70. Qu'appelez-vous aimer, Monsieur_le_Marquis ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  71. Mais oui, de l'amour, de l'inclination, comme tu voudras ; le nom n'y fait rien. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  72. Je l'aime mieux qu'un autre. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  73. C'est ce qui me semble. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  74. Oui, cela m'embarrasse, et, comme ta maîtresse est une femme fort raisonnable, j'ai peur qu'elle ne se moque de moi, et je ne saurais plus que lui dire ; de sorte que j'ai rêvé qu'il serait bon que tu la prévinsses en ma faveur. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  75. Si je parlais de vos sentiments à ma maîtresse, vous avez beau dire que le nom n'y fait rien, je me brouillerais avec elle, je vous y brouillerais vous-même. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  76. Absolument rien. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  77. Tant pis, cela me chagrine. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  78. Elle me fait tant d'amitié, cette femme ! (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  79. Retirons-nous ; venez me consulter à l'écart, je serai plus consolant. (Acte 1, scène 4, LÉPINE)
  80. Viens ; voyons ce que tu as à me dire. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  81. Adieu, Lisette ; ne me nuis pas, voilà tout ce que j'exige. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  82. Soyons galamment ennemis déclarés ; faisons-nous du mal en toute franchise. (Acte 1, scène 5, LÉPINE)
  83. De l'humeur dont elle est, je crois que cet amour-ci ne la divertira guère. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  84. Je ne m'étonne pas s'il y a tant de femmes qui se remarient. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  85. Qu'est-ce que c'est qu'envie de me remarier ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  86. Pourquoi me dites-vous cela ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  87. Ce pourrait être quelqu'un de Paris qui vous aurait fait une confidence ; en tout cas, ne me le nommez pas. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  88. Vous l'appelez benêt ; moi je vais le flatter ; c'est un soupirant qui a l'air fort simple, un air de bon homme. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  89. Nullement. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  90. Lui-même. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  91. Où as-tu pris son air simple et de bon homme ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  92. Ma foi, Madame, je vous le rends comme je le vois. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  93. Mais de qui tiens-tu ce que tu me contes de son amour ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  94. De lui qui me l'a dit ; rien que cela. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  95. Au reste, il n'y a qu'à vous en défaire tout doucement. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  96. C'est un fort honnête homme, un homme dont je fais cas, qui a d'excellentes qualités ; et j'aime encore mieux que ce soit lui qu'un autre. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  97. Il ne t'aura peut-être parlé que d'estime ; il en a beaucoup pour moi, beaucoup ; il me l'a marquée en mille occasions d'une manière fort obligeante. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  98. Non, Madame, c'est de l'amour qui regarde vos appas ; il en a prononcé le mot sans bredouiller comme à l'ordinaire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  99. C'est de la flamme ; il languit, il soupire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  100. Ce pauvre homme ! (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  101. Et je lui ai répondu que je ne pouvais pas m'en mêler, que je me brouillerais avec vous si je vous en parlais, que vous me donneriez mon congé, que vous lui donneriez le sien. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  102. Et même est-ce que je vous aurais donné le vôtre ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  103. D'où vient mentir, Lisette ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  104. C'est un ennemi que vous m'allez faire d'un des hommes du monde que je considère le plus, et qui le mérite le mieux. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  105. Quel sot langage de domestique ! (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  106. il était si simple de vous en tenir à lui dire : "Monsieur, je ne saurais ; ce ne sont pas là mes affaires ; parlez-en vous-même." Je voudrais qu'il osât m'en parler, pour raccommoder un peu votre malhonnêteté. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  107. non, Madame ; il était impossible de vous en débarrasser à moins de frais. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  108. Voulez-vous être sa femme par politesse, lui qui doit épouser Hortense ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  109. Lui qui me voit ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  110. Madame, je suis d'avis de rester auprès de vous ; cela m'arrive souvent, et vous en serez plus à abri d'une déclaration. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  111. quand je lui échapperais aujourd'hui, ne me retrouvera-t-il pas demain ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  112. Il faudrait donc vous avoir toujours à mes côtés ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  113. S'il me parle, je sais répondre. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  114. Non, Lisette ; c'est une lettre de conséquence, et vous me ferez plaisir de la porter vous-même, parce que, si le courrier est passé, vous me la rapporterez, et je l'enverrai par une autre voie. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  115. Je ne me fie point aux valets, ils ne sont point exacts. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  116. Le courrier ne passe que dans deux heures, Madame. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  117. Cette femme-là ne va pas droit avec moi. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  118. Les domestiques sont haïssables ; il n'y a pas jusqu'à leur zèle qui ne vous désoblige. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  119. Madame, Monsieur_le_Marquis vous a vue de loin avec Lisette. (Acte 1, scène 8, LÉPINE)
  120. Monsieur, venez prendre audience ; Madame l'accorde. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  121. Madame, vous avez bien de la bonté ; c'est que j'ai bien des choses à vous dire. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  122. Effectivement, vous me paraissez rêveur, inquiet. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  123. Comment ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  124. Je vous prie, ne me ménagez point ; vous pouvez tout sur moi, marquis ; je suis bien aise de vous le dire. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  125. Je fais de mon mieux pour vous l'ôter, comme vous voyez. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  126. Oui, et je me suis aperçue que vous n'aviez pas grand goût pour elle. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  127. On ne peut pas moins ; je ne l'aime point du tout. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  128. Il faudrait toujours l'entretenir de compliments, et moi, ce n'est pas là mon fort. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  129. La coquetterie me gêne ; elle me rend muet. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  130. Je conviens qu'elle en a un peu ; mais presque toutes les femmes sont de même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  131. Vous ne savez pas seulement que vous êtes aimable ; mais d'autres le savent pour vous. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  132. Je pense qu'à cet égard-là les autres songent aussi peu à moi que j'y songe moi-même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  133. Quelques amis comme vous, sans doute ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  134. Je vous suis obligée du petit compliment que vous me faites en passant. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  135. Comment ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  136. C'est que justement le pis s'y trouve. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  137. Vous aimez ailleurs ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  138. De toute mon âme. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  139. Non ; mais vous me la direz. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  140. Vous me feriez grand plaisir de la deviner. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  141. C'est que vous ne connaissez qu'elle ; c'est la plus aimable femme, la plus franche... (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  142. Il n'y a personne comme elle ; plus je la vois, plus je l'admire. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  143. Oui ; mais je songe à une chose ; n'y aurait-il pas moyen de me sauver le deux cent mille francs ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  144. Regardez-moi dans cette occasion-ci comme une autre vous-même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  145. Que c'est bien dit, une autre moi-même ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  146. Ce qui me plaît en vous, c'est votre franchise, qui est une qualité admirable. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  147. Comment vous sauver ces deux cent mille francs ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  148. C'est qu'Hortense aime le Chevalier. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  149. Je n'ai donc qu'à faire semblant de vouloir l'épouser ; elle me refusera, et je ne lui devrai plus rien ; son refus me servira de quittance. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  150. Ce n'est pas qu'il n'y ait du risque ; elle a du discernement, Marquis. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  151. Je n'en sais rien ; vous n'êtes pas un homme à dédaigner. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  152. C'est mon sentiment. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  153. Vous me flattez, vous encouragez ma franchise. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  154. Mettez-vous donc dans l'esprit que je ne demande qu'à vous obliger, qu'il n'y a que l'impossible qui m'arrêtera, et que vous devez compter sur tout ce qui dépendra de moi. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  155. Ne perdez point cela de vue, étrange homme que vous êtes, et achevez hardiment. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  156. Vous me ravissez d'espérance. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  157. En tout cas, je lui payerais sa somme, pourvu qu'auparavant la personne qui a pris mon coeur ait la bonté de me dire qu'elle veut bien de moi. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  158. Mais, Marquis, est-ce qu'elle ne sait pas que vous l'aimez ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  159. Non vraiment ; je n'ai pas osé le lui dire. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  160. Vous me conseillez donc de lui en parler ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  161. Il est louable de penser modestement de soi ; mais avec de la modestie, on parle, on se propose. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  162. Que vous êtes heureuse de n'aimer rien, et de mépriser l'amour ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  163. Ce n'est pas l'amour, ce sont les amants, tels qu'ils sont la plupart, que je méprise, et non pas le sentiment qui fait qu'on aime, qui n'a rien en soi que de fort honnête, de fort permis, et de fort involontaire. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  164. C'est le plus doux sentiment de la vie ; comment le haïrais-je ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  165. Non, certes, et il y a tel homme à qui je pardonnerais de m'aimer s'il me l'avouait avec cette simplicité de caractère que je louais tout à l'heure en vous. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  166. En effet, quand on le dit naïvement, comme on le sent... (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  167. Je ne suis pas une âme sauvage. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  168. L'air de la ville vous fait de même l'oeil le plus vif, le teint le plus frais ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  169. Je me porte assez bien. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  170. Mais savez-vous bien que vous me dites des douceurs sans y penser ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  171. Gardez-les pour la personne que vous aimez. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  172. Comment, si c'était moi ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  173. Est-ce une déclaration d'amour que vous me faites ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  174. Ce n'est que façon de parler : je dis seulement qu'il est fâcheux que vous ne vouliez ni aimer, ni vous remarier, et que j'en suis mortifié, parce que je ne vois pas de femme qui peut convenir autant que vous. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  175. Mais encore une fois, vous me parlez d'amour. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  176. Je ne me trompe pas : c'est moi que vous aimez, vous me le dites en termes exprès. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  177. Calmez-vous ; prenez que je n'aie rien dit. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  178. Et vous de bien mauvaise humeur. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  179. Tout à l'heure, à votre avis, on avait si bonne grâce à dire naïvement qu'on aime ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  180. Voyez comme cela réussit. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  181. Me voilà bien avancé ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  182. À personne, Madame, à personne. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  183. Si vous vous mettez en colère contre tous ceux qui me ressemblent, vous en querellerez bien d'autres. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  184. La manière dont vous me refusez n'est pas douce. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  185. Avec la qualité d'original dont vous venez de m'honorer tout bas, il ne me manquait plus que celle de rêveur ; au surplus, je ne m'en plains pas. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  186. Il n'y a plus qu'à me taire, et je me tairai. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  187. Adieu, Comtesse ; n'en soyons pas moins bons amis, et du moins ayez la bonté de m'aider à me tirer d'affaire avec Hortense. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  188. Quel homme ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  189. Celui-ci ne m'ennuiera pas du récit de mes rigueurs. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  190. J'aime les gens simples et unis ; mais en vérité celui-là l'est trop. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  191. Monsieur_le_Marquis, je vous prie, ne vous en allez pas ; nous avons à nous parler, et Madame peut être présente. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  192. Comme vous voudrez, Madame. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  193. Vous me surprenez ! (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  194. Je me flattais que vous seriez le premier à rompre le silence. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  195. Avez-vous oublié qu'il y a un testament qui nous regarde ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  196. Oui, je me souviens du testament. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  197. Oui, Madame, oui ; il faut que je vous épouse, cela est vrai. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  198. Je ne vous cache point que vous avez un rival ; c'est le Chevalier, qui est parent de Madame, que je ne vous préfère pas, mais que je préfère à tout autre, et que j'estime assez pour en faire mon époux si vous ne devenez pas le mien ; c'est ce que je lui ai dit jusqu'ici ; et comme il m'assure avoir des raisons pressantes de savoir aujourd'hui même à quoi s'en tenir, je n'ai pu lui refuser de vous parler. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  199. Vous me faites bien de la grâce ; je la prends, Mademoiselle. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  200. Est-ce votre coeur qui me choisit, Monsieur_le_Marquis ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  201. Et vous m'aimez ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  202. Tout à l'heure j'en parlais à Madame. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  203. Il me semble que oui ; du moins me parlait-il de penchant. (Acte 1, scène 11, LA COMTESSE)
  204. D'où vient donc, Monsieur_le_Marquis, me l'avez-vous laissé ignorer depuis six semaines ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  205. Quand on aime, on en donne quelques marques, et dans le cas où nous sommes, vous aviez droit de vous déclarer. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  206. Madame, il ne me reste plus d'espérance, sans doute ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  207. Le Marquis m'aimait en secret, et c'était, dit-il, par distraction qu'il ne me le déclarait pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  208. Oui, c'est cela même ; mais il vient de me l'avouer, et il l'avait confié à Madame. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  209. J'ai cru quelquefois qu'il vous aimait vous-même. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  210. A propos de quoi me citer ici ? (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  211. Vous me désespérez, Marquis. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  212. J'en suis fâché, mais mettez-vous à ma place ; il y a un testament, vous le savez bien ; je ne peux pas faire autrement. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  213. Sans le testament, vous n'aimeriez peut-être pas autant que moi. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  214. Vous me pardonnerez, je n'aime que trop. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  215. Dans l'état où je suis, Marquis, achevez de me prouver que mon malheur est sans remède. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  216. Non, Madame, je n'espère plus rien. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  217. Vous m'excuserez ; vous n'êtes pas convaincu, vous ne l'êtes pas ; et comme il faut, m'avez-vous dit, que vous alliez demain à Paris pour y prendre des mesures nécessaires en cette occasion-ci, vous voudriez, avant que de partir, savoir bien précisément s'il ne vous reste plus d'espoir ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  218. Monsieur_le_Marquis, nous ne sommes qu'à une lieue de Paris ; il est de bonne heure ; envoyez Lépine chercher un notaire, et passons notre contrat aujourd'hui, pour donner au Chevalier la triste conviction qu'il demande. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  219. Mais il me paraît que vous lui faites accroire qu'il la demande ; je suis persuadée qu'il ne s'en soucie pas. (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  220. Oui, Comtesse, un notaire me ferait plaisir. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  221. Voilà un sentiment bien bizarre ! (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  222. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  223. Comme Monsieur voudra, au reste ! (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  224. Il serait impoli de gêner Madame ; au surplus, je m'en rapporte à elle ; demain serait bon. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  225. Lisette, on doit passer ce soir un contrat de mariage entre Monsieur_le_Marquis et moi ; il veut tout à l'heure faire partir Lépine pour amener son notaire de Paris ; ayez la bonté de lui dire qu'il vienne recevoir ses ordres. (Acte 1, scène 13, HORTENSE)
  226. J'y cours, Madame. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  227. En fait de mariage, je ne veux ni m'en mêler, ni que mes gens s'en mêlent. (Acte 1, scène 13, LA COMTESSE)
  228. Il s'agit d'un contrat de mariage entre Madame et votre maître, et il faut aller à Paris chercher le notaire de Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  229. Nous avons la partie de chasse pour tantôt ; je me suis arrangé pour courir le lièvre, et non pas le notaire. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  230. La fièvre le travaillait quand nous partîmes, avec le médecin par-dessus ; il en avait le transport au cerveau. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  231. Vraiment, oui ; à propos, il était très malade. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  232. Il n'y a qu'à prendre celui de Madame. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  233. Il y a quelque temps qu'il me dit qu'il était le sien. (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  234. Il me semble qu'il n'y a pas longtemps que vous lui avez écrit, Madame. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  235. Je commence à me rassurer. (Acte 1, scène 14, LE CHEVALIER)
  236. Depuis six semaines que nous sommes ici, il a eu le temps de revenir en bonne santé. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  237. Non, Madame ; si je monte à cheval, c'est autant de resté par les chemins. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  238. Je parlais de la partie de chasse ; mais voici que je me sens mal, extrêmement mal ; d'aujourd'hui je ne prendrai ni gibier, ni notaire. (Acte 1, scène 14, L?PINE)
  239. Je me brisai hier d'une chute sur l'escalier ; je roulai tout un étage, et je commençais d'en entamer un autre quand on me retint sur le penchant. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  240. Obligez-moi de me dispenser de la commission. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  241. Monsieur traite avec vous de sa ruine ; vous ne l'aimez point, Madame ; j'en ai connaissance, et ce mariage ne peut être que fatal ; je me ferais un reproche d'y avoir part. (Acte 1, scène 14, L?PINE)
  242. Si mon scrupule déplaît, qu'on me dise : Va-t'en ; qu'on me casse, je m'y soumets ; ma probité me console. (Acte 1, scène 14, L?PINE)
  243. Voilà ce qu'on appelle un excellent domestique ! (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  244. Comment voulez-vous que je m'y prenne avec cet opiniâtre ? (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  245. Quand je me fâcherais, il n'en sera ni plus ni moins. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  246. Allez toujours écrire ; un de mes gens portera la lettre, ou quelqu'un du village. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  247. Adieu, Mademoiselle ; je vais me livrer à la douleur où vous me laissez. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  248. Vous voulez que cette fille-là m'aime ? (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  249. Rappelez-les ; votre situation me fait de la peine. (Acte 1, scène 16, LA COMTESSE)
  250. Madame ! (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  251. Vous me rappelez aussi ; dois-je en tirer un bon augure ? (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  252. Votre amour n'est pas aussi vrai que vous me l'avez dit. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  253. On prétend aussi que vous ne m'aimez point ; cela me chicane. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  254. Je ne vous aime pas encore, mais je vous aimerai. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  255. Partageons le différend en deux ; il y a deux cent mille francs sur le testament ; prenez-en la moitié, quoique vous ne m'aimiez pas, et laissons là tous les notaires, tant vivants que morts. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  256. Ma foi, je ne les vaux pas quand je suis de mauvaise humeur, et je vous annonce que j'y serai toujours. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  257. Ma douceur naturelle me rassure. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  258. Ne suis-je pas bien malheureux d'être obligé de donner la moitié d'une pareille somme à une personne qui ne se soucie pas de moi ? (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  259. Il n'y a qu'à plaider, Madame ; nous verrons un peu si on me condamnera à épouser une fille qui ne m'aime pas. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  260. Et moi je dirai que je vous aime ; qui est-ce qui me prouvera le contraire dès que je vous accepte ? (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  261. Je soutiendrai que c'est vous qui ne m'aimez pas, et qui même, dit-on, en aime une autre. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  262. Du moins, en tout cas, ne la connaît-on point comme on connaît le Chevalier ? (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  263. Tout de même, Monsieur ; je la connais, moi. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  264. Et moi aussi, Madame, et moi aussi. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  265. Monsieur le Chevalier me connaît assez pour être persuadé qu'il ne me verra plus. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  266. C'est s'égorger que se marier comme vous faites, et je ne prêterai jamais ma maison pour une si funeste cérémonie ; vos fureurs iront se passer ailleurs, si vous le trouvez bon. (Acte 1, scène 17, LA COMTESSE)
  267. Qu'en pensez-vous, vous qui aimez Hortense, vous qu'elle aime ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  268. Je ne m'en soucie guère ; elle sera ma femme, mais en revanche je serai son mari ; c'est ce qui me console, et ce sont plus ses affaires que les miennes. (Acte 1, scène 18, LE MARQUIS)
  269. Aujourd'hui le contrat, demain la noce, et ce soir confinée dans son appartement ; pas plus de façon. (Acte 1, scène 18, LE MARQUIS)
  270. Pour moi, je serais d'avis qu'on les empêchât absolument de s'engager ; et un notaire honnête homme, s'il était instruit, leur refuserait tout net son ministère. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  271. Je les enfermerais si j'étais la maîtresse. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  272. Je suis sûre qu'elle ne marchande si vilainement qu'à cause de vous. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  273. Comment ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  274. Il faut que j'aie mal entendu ; car je vous estime. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  275. Je dis que je ne puis rien là-dedans, et que c'est ma tendresse qui me défend de la résoudre à ce que vous souhaitez. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  276. Et par quel trait d'esprit me prouverez-vous la justesse de ce petit raisonnement-là ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  277. Oui, Madame, je veux qu'elle soit heureuse. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  278. Est-ce vous qui me parlez, Chevalier ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  279. Oui, Madame. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  280. Vous avez donc l'âme mercenaire aussi, mon petit cousin ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  281. L'horrible façon d'aimer ! (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  282. Madame, la vraie tendresse ne raisonne pas autrement que la mienne. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  283. Monsieur, ne prononcez pas seulement le mot de tendresse ; vous le profanez. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  284. Vous me scandalisez, vous dis-je. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  285. Vous êtes mon parent malheureusement, mais je ne m'en vanterai point. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  286. Vous parlez de votre fortune, je la connais ; elle vous met fort en état de supporter le retranchement d'une aussi misérable somme que celle dont il s'agit, et qui ne peut jamais être que mal acquise. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  287. Quel coeur sans sentiment ! (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  288. Et de pareils gens disent qu'ils aiment ! (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  289. Pour vous, Comtesse, quand vous y penserez bien sérieusement, vous excuserez votre parent et vous lui rendrez plus de justice. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  290. Je n'irai pas m'incommoder jusque-là ; je ne pourrais pas les trouver sans me déranger. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  291. Ne vous ai-je pas dit que j'ai justement la moitié de cette somme-là toute prête ? (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  292. Prenez donc garde, vous parlez comme eux. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  293. Seriez-vous capable de sentiments si mesquins ? (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  294. Il vaudrait mieux qu'il vous en coûtât tout votre bien que de la retenir, puisque vous ne l'aimez pas, Monsieur. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  295. En aimerais-je une autre davantage ? (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  296. À l'exception de vous, toute femme m'est égale ; brune, blonde, petite ou grande, tout cela revient au même, puisque je ne vous ai pas, que je ne puis vous avoir, et qu'il n'y a que vous que j'aimais. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  297. Voyez donc comment vous ferez ; car enfin, est-ce une nécessité que je vous épouse à cause de la situation désagréable où vous êtes ? (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  298. En vérité, cela me paraît bien fort, Marquis. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  299. je ne dis pas que ce soit une nécessité ; vous me faites plus ridicule que je ne le suis. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  300. Ce n'est pas votre faute si je vous aime, et je ne prétends pas que vous m'aimiez ; je ne vous en parle point non plus. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  301. Adieu, Marquis ; vous vous en allez donc gaillardement comme cela, sans imaginer d'autre expédient que ce contrat extravagant ! (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  302. Qu'on me dise en vertu de quoi cet homme-là s'est mis dans la tête que je ne l'aime point ! (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  303. Je suis quelquefois, par impatience, tentée de lui dire que je l'aime, pour lui montrer qu'il n'est qu'un idiot. (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  304. Il faut que je me satisfasse. (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  305. Puis-je prendre la licence de m'approcher de Madame_la_Comtesse ? (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  306. Qu'as-tu à me dire ? (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  307. Il est vrai qu'avec l'esprit tourné comme il l'a, il est homme à te punir de l'avoir bien servi. (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  308. J'ai le contentement que vous avez approuvé mon refus de partir. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  309. Il vous a semblé que j'étais un serviteur excellent ; Madame, ce sont les termes de la louange dont votre justice m'a gratifié. (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  310. Tout estimé que je suis de la plus aimable Comtesse, elle verra qu'on me supprime. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  311. Madame, enseignez à Monsieur_le_Marquis le mérite de mon procédé. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  312. Ce notaire me consternait : dans l'excès de mon zèle, je l'ai fait malade, je l'ai fait mort ; je l'aurais enterré, sandis, le tout par affection, et néanmoins on me gronde ! (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  313. Je sais au demeurant que Monsieur_le_Marquis vous aime ; Lisette le sait ; nous l'avions même priée de vous en toucher deux mots pour exciter votre compassion, mais elle a craint la diminution de ses petits profits. (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  314. Elle prétend que votre état de veuve lui rapporte davantage que ne ferait votre état de femme en puissance d'époux, que vous lui êtes plus profitable, autrement dit, plus lucrative. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  315. Cette prudence ne vous rit pas, elle vous répugne ; votre belle âme de comtesse s'en scandalise ; mais tout le monde n'est pas comtesse ; c'est une pensée de soubrette que je rapporte. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  316. Lisette n'a point de bien, et c'est avec de petits sentiments qu'on en amasse. (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  317. Va, laisse-nous ; je te raccommoderai avec ton maître ; dis-lui que je le prie de me venir parler. (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  318. Oui, Madame ; et la poste n'était point partie. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  319. Vous me surprenez. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  320. Qu'est-ce que c'est que mes profits ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  321. Penserait-on que je serai peut-être obligée de me remarier, pour échapper à la fourberie et aux services intéressés de mes domestiques ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  322. Vous ne savez pas qu'il m'aime, Madame ; que par là il a intérêt que vous épousiez son maître ; et, comme j'ai refusé de vous parler en faveur du Marquis, Lépine a cru que je le desservais auprès de vous ; il m'a dit que je m'en repentirais ; et voilà comme il s'y prend ! (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  323. Mais, en bonne foi, me reconnaissez-vous au discours qu'il me fait tenir ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  324. Y a-t-il même du bon sens ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  325. M'en aimerez-vous moins quand vous serez mariée ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  326. Surtout avec le Marquis, qui, de son côté, est le meilleur homme du monde ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  327. Au contraire, si j'aime tant mes profits, avec vos bienfaits je pourrai encore espérer les siens. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  328. Et enfin, je pense si différemment, que je venais actuellement, comme je vous l'ai dit, tâcher de vous porter au mariage en question, parce que je le juge nécessaire. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  329. Oui ; mais on vous prévient bien aisément contre moi, Madame ; vous ne rendez guère justice à mon attachement pour vous. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  330. Qu'est-ce que tu voulais me dire ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  331. Que je songeais que le Marquis est un homme estimable. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  332. Sans contredit, je n'ai jamais pensé autrement. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  333. Un homme avec qui vous aurez l'agrément d'avoir un ami sûr, sans avoir de maître. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  334. Vous en avez des instants de mauvaise humeur qui nuisent à votre santé. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  335. Je n'ai connu mes migraines que depuis mon veuvage. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  336. Je t'avoue que tu as réfléchi là-dessus plus sûrement que moi. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  337. Savez-vous bien que c'est peut-être le seul homme qui vous convienne ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  338. Vous ne vous sentez point de l'éloignement pour lui ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  339. Je ne dis pas que je l'aime de ce qu'on appelle passion ; mais je n'ai rien dans le coeur qui lui soit contraire. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  340. N'est-ce pas assez, vraiment ! (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  341. Si, pour vous marier, vous attendez qu'il vous en vienne, vous resterez toujours veuve ; et à proprement parler, ce n'est pas lui que je vous propose d'épouser, c'est son caractère. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  342. On peut dire assurément que tu plaides bien pour lui. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  343. Tu me disposes on ne peut pas mieux ; mais il n'aura pas l'esprit d'en profiter, mon enfant. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  344. Oui, il m'a dit qu'il m'aimait, et mon premier mouvement a été d'en paraître étonnée ; c'était bien le moins. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  345. Qu'il a pris mon étonnement pour de la colère. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  346. Il a commencé par établir que je ne pouvais pas le souffrir. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  347. Ce serait me jeter à sa tête ; aussi n'en ferai-je rien. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  348. tu veux que je l'épouse, tu veux que je le laisse là ; tu me promènes d'une extrémité à l'autre. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  349. Apparemment, ce n'est pas vous qui vous en avisez, c'est moi. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  350. Comme il vous plaira, Madame. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  351. À propos, cette robe brune qui me déplaît, l'as-tu prise ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  352. Voyez comme votre mariage diminuera mes profits. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  353. Voici cette lettre que je viens de faire pour le notaire, mais je ne sais pas si elle partira ; je ne suis pas d'accord avec moi-même. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  354. On dit que vous souhaitez me parler, Comtesse ? (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  355. Il n'a voulu que vous rendre service ; il craint que vous ne le congédiiez, et vous m'obligerez de le garder ; c'est une grâce que vous ne me refuserez pas, puisque vous dites que vous m'aimez. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  356. Vraiment oui, je vous aime, et ne vous aimerai encore que trop longtemps. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  357. Je vous en défierais, puisque je ne saurais m'en empêcher moi-même. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  358. Ce ton brusque me fait rire. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  359. À quoi me serviraient-elles ? (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  360. N'a-t-il pas plu à votre coeur de me trouver haïssable ? (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  361. Vous n'en avez que de ma patience à écouter la bizarrerie des discours que vous me tenez toujours. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  362. Vous ai-je jamais dit un mot de ce que vous m'avez fait dire, ni que vous me fâchiez, ni que je vous hais, ni que je vous raille ? (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  363. Toutes visions que vous prenez, je ne sais comment, dans votre tête, et que vous vous figurez venir de moi ; visions que vous grossissez, que vous multipliez à chaque fois que vous me répondez ou que vous croyez me répondre ; car vous êtes d'une maladresse ! (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  364. C'est du moins le plus insupportable homme que je connaisse. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  365. Comme votre aversion m'accommode ! (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  366. Tenez ; vous dites que vous m'aimez, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  367. Est-ce là me répondre ? (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  368. Allez, Monsieur, je ne vous aimerai jamais, non, jamais. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  369. Tant pis, Madame, tant pis ; je vous prie de trouver bon que j'en sois fâché. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  370. Apprenez donc, lorsqu'on dit aux gens qu'on les aime, qu'il faut du moins leur demander ce qu'ils en pensent. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  371. Quelle chicane vous me faites ! (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  372. Madame, je vous aime ; qu'en pensez-vous ? (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  373. Mais vous baisez la main de la Comtesse, ce me semble ? (Acte 1, scène 25, HORTENSE)
  374. Oui ; c'est pour la remercier du peu de regret que j'ai aux deux cent mille francs que je vous donne. (Acte 1, scène 25, LE MARQUIS)
  375. Et moi, sans compliment, je vous remercie de vouloir bien les perdre. (Acte 1, scène 25, HORTENSE)
  376. Comtesse, voilà le dénouement que nous attendions. (Acte 1, scène 25, LE CHEVALIER)

LA RÉUNION DES AMOURS (1732)

  1. Qui est-ce qui a l'audace de porter comme moi un carquois et des flèches ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  2. Le compliment est sec ; mais je vous le pardonne. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  3. Un proscrit n'est pas de bonne humeur. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  4. Vous ne devez ma retraite qu'à l'indignation qui m'a saisi, quand j'ai vu que les hommes étaient capables de vous souffrir. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  5. Allez, nous ne sommes pas faits pour discourir ensemble. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  6. Vous me dites des injures : mais votre état me désarme. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  7. Tenez, je suis le meilleur garçon du monde. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  8. Ce n'est plus de même. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  9. Allons, dit-on, je vous aime ; voyez ce que vous pouvez faire pour moi, car le temps est cher ; il faut expédier les hommes. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  10. Mes sujets ne disent point : Je me meurs ! (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  11. Je suis d'avis de vous égayer le coeur d'une de mes flèches, pour vous ôter cet air timide et langoureux. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  12. Jupiter aujourd'hui fait assembler tous les dieux ; il veut que chacun d'eux fasse un don au fils d'un grand roi qu'il aime. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  13. Comment donc ! (Acte 1, scène 2, CUPIDON)
  14. Tous les dieux ont reçu ordre de se rendre ici ; il n'y a que moi qu'on n'a point averti, et j'ai cru que ce n'était qu'un oubli de la part de Mercure. (Acte 1, scène 2, CUPIDON)
  15. Bonjour, Plutus ; seigneur Mercure, il y a aujourd'hui assemblée générale et c'est vous qui avez averti tous les dieux, de la part de Jupiter, de se trouver ici. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  16. Vous biaisez, Mercure : Parlez-moi franchement. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  17. Tu sais bien qu'elle ne nous aime pas ; mais elle a beau faire, nous avons un peu plus de crédit qu'elle : nous rendons les gens heureux, nous, morbleu ! (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  18. Apparemment que c'est elle qui vous a aussi chargé du soin d'aller chercher le dieu de la tendresse, lui dont on ne se ressouvenait plus ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  19. Vous l'avez dit, et ma commission portait même de lui faire de grands compliments. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  20. Il me prend envie de vider mon carquois sur tous les coeurs de l'Olympe. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  21. Par exemple, il n'y a plus de tranquillité dans le mariage ; vous ne sauriez laisser la tête des maris en repos ; vous mettez toujours après leurs femmes quelque chasseur qui les attrape. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  22. Et moi, je vous dis que mes chasseurs ne poursuivent que ce qui se présente. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  23. C'est-à-dire que les femmes sont bien aises d'être courues ? (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  24. La plupart sont des coquettes, qui en demeurent là, ou bien qui ne se retirent que pour agacer ; qui n'oublient rien pour exciter l'envie du chasseur, qui lui disent : Mirez-moi. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  25. Ce n'est point à moi à vous donner des leçons ; mais prenez-y garde : ce sont les hommes, ce sont les femmes qui crient, qui disent que c'est vous qui passez les contrats de la moitié des mariages. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  26. Après cela, ce sont des vieillards que vous donnez à expédier à de jeunes épouses, qui ne les prennent vivants que pour les avoir morts, et qui, au détriment des héritiers, ont tout le profit des funérailles. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  27. Ce sont de vieilles femmes dont vous videz le coffre pour l'achat d'un mari fainéant, qu'on ne saurait ni troquer ni revendre. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  28. Puisque vous m'exhortez à changer, vous avez donc envie de vous retirer, seigneur Mercure ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  29. Se plaindre de ce que j'aime la bonne chère et l'aisance, moi qui suis l'Amour ! (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  30. Oubliez-vous que c'est moi qui met tout en mouvement, que c'est moi qui donne la vie ; qu'il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus sémillant, plus vivant que tous les dieux ensemble ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  31. Le dieu du bel esprit et moi ne nous amusons pas extrêmement ensemble. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  32. Le retour du dieu de la tendresse me fâche. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  33. Je n'aime pas les dispositions où je vois que Minerve est pour lui. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  34. Je vous apprends qu'elle va bientôt l'amener ici, Cupidon. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  35. Vous entendre raisonner tous les deux sur la nature de vos feux, pour juger lequel de vos dons on doit préférer dans cette occasion ici : et c'est de quoi même je suis chargé de vous informer. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  36. Tant mieux ; cela me divertira. (Acte 1, scène 4, CUPIDON)
  37. Croyez-moi pourtant, allez vous préparer pendant quelques moments. (Acte 1, scène 4, MERCURE)
  38. Bien dit ; je vais me recueillir chez Bacchus ; il y a du vin de Champagne qui est d'une éloquence admirable ; j'y trouverai mon plaidoyer tout fait. (Acte 1, scène 4, CUPIDON)
  39. Adieu, mes amis ; tenez-moi des lauriers tout prêts. (Acte 1, scène 4, CUPIDON)
  40. Il a beau dire ; le vent du bureau n'est pas pour lui, et je me défie du succès. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  41. On ne chantera plus que des sentiments. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  42. Est-ce qu'il faut un commentaire à Mercure ? (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  43. Il y a des coeurs matériels qui n'entendent un sentiment que lorsqu'il est mis sur un canevas bien intelligible. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  44. On ne leur explique l'âme qu'à la faveur du corps. (Acte 1, scène 5, MERCURE)
  45. Aujourd'hui, quand j'inspire un couplet de chanson ou quelques autres vers, j'ai mes coudées franches, je suis à mon aise. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  46. Cruelle, mes transports... (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  47. J'inspire là-dessus en me jouant. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  48. Je me suis seulement amusée un instant à parler à Minerve sur le choix qu'elle a fait de certains dieux pour la cérémonie dont il est question. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  49. C'est que vous flattez, que vous mentez, et que vous êtes un corrupteur des âmes humaines. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  50. Doucement, s'il vous plaît ; comme vous y allez ! (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  51. Arrêtez, car je me fâcherais. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  52. N'admirez-vous pas son discernement ? (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  53. Déesse, vous me poussez à bout. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  54. De quoi me corriger ? (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  55. Du métier vénal et mercenaire que vous faites. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  56. Vous êtes si accoutumé à mentir que, lorsque vous louez la vertu, vous n'avez plus d'esprit, vous ne savez plus où vous en êtes. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  57. Je vous dis qu'il n'y a rien de si plat que lui, quand il ne ment pas. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  58. Comment se fait-il que les personnes vraiment louables soient si rares, et que les épîtres dédicatoires soient si communes ? (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  59. Il me les faut pourtant en nombre égal, ou bien vous n'êtes pas un dieu d'honneur. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  60. Il me faut donc mille Monseigneurs modeste. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  61. De bonne foi, me les fourniriez-vous ? (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  62. Mais, Mercure, approuvez-vous tout ce qu'elle me dit là ? (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  63. On ne sent point qu'on est menteur, quand on a l'habitude de l'être. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  64. Je connais une très laide femme que vous avez appelée charmante Iris. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  65. Le plus grand des mortels, c'est le Prince qui l'aime et qui la cherche ; je mets presque à côté de lui le sujet vertueux qui ose la lui dire. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  66. Je l'avoue, il me semble que vous avez raison. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  67. Faites tout ce qu'il vous plaira ; la Sagesse et moi, nous remplirons son âme d'un si grand amour pour les vertus, que vos flatteurs seront réduits à parler de lui comme j'en parlerai moi-même. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  68. C'en est fait, je me rends, Déesse, et je me raccommode avec vous. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  69. Allons, je vous consacre mes veilles. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  70. Vous fournirez les actions au Prince, et je me charge du soin de les célébrer. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  71. Voilà ce qui fait qu'on ne doit pas désespérer de vous, seigneur Mercure. (Acte 1, scène 7, APOLLON)
  72. Gare, gare, Messieurs ; voici Minerve qui se rend ici avec mon rival. (Acte 1, scène 8, CUPIDON)
  73. Vous n'auriez pas mal fait de me communiquer ce que vous avez à dire. (Acte 1, scène 8, APOLLON)
  74. Monsieur de la Poésie, vous me manquez de respect. (Acte 1, scène 8, CUPIDON)
  75. Je sais pourtant persuader la raison même. (Acte 1, scène 8, APOLLON)
  76. Quoi qu'il en soit, nous ne voulons point que le Prince ait une âme insensible. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  77. L'un de vous deux doit avoir quelque droit sur son coeur, mais la raison doit primer sur tout ; et vous êtes accusé de ne la ménager guère. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  78. Il y a des moments difficiles à passer avec moi mais cela ne dure pas. (Acte 1, scène 9, CUPIDON)
  79. Quand on aime, il faut bien qu'il y paraisse. (Acte 1, scène 9, APOLLON)
  80. Tenez, dans la théorie, le dieu de la tendresse l'emporte ; mais j'aime mieux sa pratique, à lui. (Acte 1, scène 9, MERCURE)
  81. Messieurs, ne soyez que spectateurs. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  82. Vous me faites plaisir. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  83. Mais qu'est-ce que c'est que mes défauts ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  84. Sage Minerve, vous devant qui je m'estime heureux de réclamer mes droits... (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  85. Votre audace m'irrite, et me fait sortir de la modération que je voulais garder. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  86. Qui êtes-vous, pour oser me disputer quelque chose ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  87. Divinité scandaleuse, dont le culte est un crime, à qui la seule corruption des hommes a dressé des autels ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  88. Vous, à qui les devoirs les plus sacrés servent de victimes ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  89. Funeste auteur des plus honteuses flétrissures des hommes, qui, pour récompense à ceux qui vous suivent, ne leur laissez que le déshonneur, le repentir et la misère en partage : osez-vous vous comparer à moi, au dieu de la plus noble, de la plus estimable, de la plus tendre des passions et j'ose dire, de la plus féconde en héros ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  90. Est-ce que vous croyez que la terre ne se passera pas bien de ces messieurs-là ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  91. Il faut que les hommes vivent un peu plus bourgeoisement les uns avec les autres, pour être en repos. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  92. Je vous en atteste vous-même. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  93. La nature me présentait des hommes grossiers, je les polissais, des féroces, je les humanisais ; des fainéants, dont je ressuscitais les talents enfouis dans l'oisiveté et dans la paresse. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  94. L'espoir de plaire, l'impossibilité d'y arriver autrement que par la vertu, forçaient son âme à devenir estimable. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  95. Il ne faut pas faire tant de bruit ; c'est encore de même. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  96. Je l'adore, et mes sujets aussi. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  97. Nous ne saurions vivre autrement ensemble ; et sauve qui peut. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  98. Quand je la bats, elle me le pardonne : quand elle me bat, je ne l'en estime pas moins, et elle ne m'en hait pas davantage. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  99. Jugez-nous, Déesse, sur ce qu'il vient d'avouer lui-même. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  100. Que de décence dans les sentiments des miens ! (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  101. Que de dignité dans les transports mêmes ! (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  102. Voilà des agréments d'une grande ressource ! (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  103. Autant en emporte le vent : et rien ne reste que des romans de douze tomes. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  104. Vous me reprochez ma naissance, parce qu'elle n'est pas méthodique, et qu'il y manque une petite formalité, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  105. Doucement. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  106. Comment fallait-il qu'il fût, à votre avis ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  107. Un trembleur qui a toujours peur d'offenser, qui n'eût fait dire aux femmes que ma gloire ! (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  108. Et aux hommes que vos divins appas ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  109. Cela n'est pas vrai ; je donne de l'amour, voilà tout : le reste vient du coeur des hommes. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  110. J'allume le feu ; c'est à la raison à le conduire : et je m'en tiens à mon métier de distributeur de flammes au profit de l'univers. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  111. Je suspends encore mon jugement entre vous deux. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  112. Voici la Vertu qui entre ; je ne me prononcerai que lorsqu'elle m'aura donné son avis. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  113. Je viens d'entendre leurs raisons ; mais je ne déciderai la chose qu'après que vous l'aurez examinée vous-même. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  114. Vous me direz, après, laquelle vous aura paru du caractère le plus estimable ; et je jugerai par là lequel de leurs dons peut entraîner le moins d'inconvénients dans l'âme du Prince. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  115. Adieu, je vous laisse ; et vous me ferez votre rapport. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  116. Il est bien humiliant pour moi de me voir tant de fois réduit à lutter contre lui. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  117. Ses flammes héroïques ont peur de mon feu bourgeois. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  118. Je pourrais avoir peur, si nous avions pour juge une âme commune ; mais avec la Vertu, je n'ai rien à craindre. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  119. C'est à l'Amour à commencer. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  120. Met-il déjà les rieurs de son côté ? (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  121. Commencez, je vous écoute. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  122. Permettez-moi, Madame, de vous demander un moment d'entretien. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  123. Jusques ici mon respect a réduit mes sentiments à se taire. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  124. Ce début me paraît froid. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  125. Recommencez. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  126. Je vous disais, Madame, que mon respect a réduit mes sentiments à se taire. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  127. Ils n'ont osé se produire que dans mes timides regards ; mais il n'est plus temps de feindre, ni de vous dérober votre victime. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  128. Je sais tout ce que je risque à vous déclarer ma flamme. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  129. Vous allez accabler un téméraire ; mais, Madame, au milieu du courroux qui va vous saisir, souvenez-vous du moins que ma témérité n'a jamais passé jusqu'à l'espérance, et que ma respectueuse ardeur... (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  130. Voilà mes vapeurs qui me reprennent. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  131. Et les voilà qui me gagnent aussi, moi. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  132. Oui-da ; cette flamme, avec les rigueurs de Madame, la témérité qu'on accable à cause de cette audace qui met en courroux, en dépit de l'espérance qu'on n'a point, avec cette victime qui vient brocher sur le tout : cela est très beau, très touchant, assurément. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  133. Ce n'est pas votre sentiment qu'on demande. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  134. Non, Déesse adorable, ne m'exposez point à vous dire que je vous aime. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  135. Vous regardez ceci comme une feinte ; mais vous êtes trop aimable ; et mon coeur pourrait s'y méprendre. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  136. Je vous dis la vérité ; ce n'est pas d'aujourd'hui que vous me touchez. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  137. Je me connais en charmes. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  138. Combien de fois n'ai-je pas été tenté de me jeter à vos genoux ! (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  139. Quelles délices pour moi d'aimer la Vertu, si je pouvais être aimé d'elle ! (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  140. pourquoi ne m'aimeriez-vous pas ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  141. Que veut dire ce penchant qui me porte à vous, s'il annonce pas que vous y serez sensible ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  142. N'avez-vous pas quelque répugnance à me refuser le vôtre ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  143. Aimable Vertu, me fuyez-vous toujours ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  144. Vous ne me connaissez pas. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  145. Je vous aime, je vous le dis ; vous m'entendez ; mais vos yeux ne me rassurent pas. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  146. quel plaisir, vous me l'accordez. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  147. Chère main que j'idolâtre, recevez mes transports. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  148. Voici le plus heureux instant qui me soit échu en partage. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  149. Déesse, pour m'expliquer comme lui, vous plaît-il d'écouter encore deux ou trois petites périodes de conséquence ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  150. Je me sauve et vais faire mon rapport à Minerve. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  151. Adieu, Mercure, je vous quitte, et je vais la suivre. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  152. Je la tenais déjà par la main, toute Vertu qu'elle est : et si elle me donnait encore un quart_d_heure d'audience, je vous la garantirais mal nommée. (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  153. Il n'y en a point d'autre avec un fripon comme vous. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  154. Qu'est-ce donc, seigneur Mercure ? (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  155. Vous me donnez des épithètes ! (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  156. Vous vous familiarisez, petit commensal ! (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  157. Le dieu de la tendresse n'a pas beaucoup brillé, ce me semble ? (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  158. Comment donc ! (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  159. Vous égratignez, en jouant, jusqu'à la Vertu même ? (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  160. Vous mettriez la Ville et la Cour sur un joli ton. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  161. C'est elle-même. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  162. Cupidon, la Vertu décidait contre vous ; et moi-même j'allais être de son sentiment, si Jupiter n'avait pas jugé à propos de vous réunir, en vous corrigeant, pour former le coeur du Prince. (Acte 1, scène 14, MINERVE)
  163. Avec votre confrère, l'âme est trop tendre, il est vrai ; mais avec vous, elle est trop libertine. (Acte 1, scène 14, MINERVE)

LA FEMME FIDÈLE (1750)

  1. Le jardin est bien changé depuis dix ans, et nous allons savoir si nos femmes sont de même. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. C'est Colas que Madame a conservé ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Qu'est-ce qui vous a dit mon nom, bonhomme ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  4. Faut-il entrer comme ça dans le jardin des personnes sans demander ni quoi ni qu'est-ce ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  5. Nous venons de la part de feu Monsieur_le_Marquis d'Ardeuil apporter des nouvelles de sa santé à Madame la Marquise, sa veuve. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  6. Le pauvre Monsieur_le_Marquis, je savons bian qu'il est défunt, vous ne nous apprenez rian de nouviau, il y a déjà queuque temps que j'avons reçu le darnier certificat de son trépassement. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  7. Nous en mourûmes tous. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  8. Je ne dis pas qu'alle vous étouffit vous autres, puisque vous velà ; je dis tant seulement qu'alle tuit Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  9. Nous pensâmes en mourir aussi. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  10. C'est un hasard que noute dame n'en a perdu l'esprit ; la mort de l'homme fut quasiment l'entarement de la femme ; et depuis qu'alle est réchappée, alle a biau faire, cette misérable perte lui est toujours restée dans le coeur. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  11. Quand son mari mourut, il me chargea de lui rendre une lettre qu'il écrivit, de lui dire même de certaines choses, si j'étais assez heureux pour revenir dans ma patrie ; et je viens m'acquitter de ma commission, malgré l'âge où je suis. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  12. Comment, vous ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  13. C'est qu'il porte le même nom. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  14. Défunt vous-même ! (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  15. Et cela me fait rêver itou que son camarade... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  16. C'est Monsieur_le_Marquis, c'est Frontin ; je me moque des barbes, ce n'est que des manigances ; je sis trop aise, ça me transporte, il faut que je crie... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  17. Doucement donc ! (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  18. Ne crie point ; tais-toi, Maître Colas, tais-toi ; oui, c'est moi ; mais je t'ordonne de me garder le secret, je te l'ordonne. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  19. Queu contentement !... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  20. Comme vous velà faits ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  21. D'où viant vous ajancer comme ça des barbes de grands-pères ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  22. J'ai mes raisons : tu sais combien j'aimais la Marquise ; il n'y avait qu'un mois que nous étions mariés, quand je fus obligé de la quitter pour ce malheureux voyage en Sicile, au retour duquel nous fûmes pris par un corsaire d'Alger ; nous avons depuis passé dix ans dans de différents esclavages, sans qu'il m'ait été possible de donner de mes nouvelles à la Marquise, et, malgré cette longue absence, je reviens toujours plein d'amour pour elle, fort en peine de savoir si ma mémoire lui est encore chère, et c'est avec l'intention d'éprouver ce qui en est que j'ai pris ce déguisement. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  23. Il est certain qu'alle vous aime autant que ça se peut pour un trépassé, et drès qu'alle vous varra, qu'alle vous touchera, mon avis est qu'il y aura de la pâmoison dans la revoyance. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  24. Et ma femme se pâmera-t-elle ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  25. Elle va pourtant se marier, Colas, on me l'a dit dans le village. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  26. Mon enfant, qu'est-ce que c'est que ça, queu train menez-vous donc ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  27. Il est vrai que vout'homme est mort ; mais il en reste tant d'autres ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  28. Et nonobstant tout ce qu'an lui reprochait, la pauvre femme n'amendait point. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  29. À la parfin, il y a deux ans, je pense, que la mère, vers la moisson, amenit au château une troupe de monde, parmi quoi il y avait un grand monsieur qui en fut affolé drès qu'il l'envisagit, et c'est c'ti-à qui va la prendre pour femme... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  30. Ils se promenaient tout à l'heure envars ici, et il a eu bian du mal après elle. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  31. Et l'aime-t-elle ? (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  32. Mais... oui... tout doucement, à condition qu'ous êtes mort. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  33. Et ma femme ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  34. Je suis si ému que je ferai mieux de ne les pas voir en ce moment-ci... (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  35. Dis-moi où je puis me retirer. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  36. Garde-moi le secret, Colas ; et toi, Frontin, reste ici et dis à la Marquise qu'un gentilhomme qui arrive d'Alger, et qui est dans ce village, envoie savoir s'il peut la voir pour lui parler de feu son mari. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  37. Lui-même. (Acte 1, scène 3, COLAS)
  38. C'est un captif, si je ne me trompe. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  39. Avec un vieux qui, sauf vote respect, reviant du pays barbare, note dame. (Acte 1, scène 3, COLAS)
  40. Oui, Madame, du pays d'Alger. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  41. Y avez-vous demeuré longtemps ? (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  42. Oui, oui, ce Frontin était un domestique affectionné. (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  43. Il me semble que je vois encore sa brouette à côté de la mienne. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  44. Considérablement. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  45. Qu'on ait soin de lui. Colas, menez-le là-bas. (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  46. Il n'y a qu'à le mener à l'office. (Acte 1, scène 3, COLAS)
  47. Mon maître m'envoie demander s'il peut voir Madame la Marquise : c'est un gentilhomme des plus respectables et des plus décrépis. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  48. Je vais l'aller voir et je vous rapporterai ce qu'il m'aura dit, Madame. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  49. Refuser de recevoir un homme qui a été l'ami de mon mari, et qui vient exprès ici pour m'en parler, vous n'y songez pas, Dorante ; ce n'est point là me connaître. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  50. Allez, Colas, allez avec ce domestique dire de ma part à son maître qu'il me fera beaucoup d'honneur, et que je l'attends. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  51. Je ne vous conçois pas : y a-t-il de la raison à aimer ce qui chagrine, et ne voyez-vous pas d'ailleurs que vous affligez Dorante ? (Acte 1, scène 4, MADAME ARGANTE)
  52. J'aurais pu penser que mon amour tînt lieu de quelque consolation à Madame. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  53. Vous vous trompez, Dorante, et je ne vous épouserais pas si votre attachement pour moi ne m'avait point touchée. (Acte 1, scène 4, LA MARQUISE)
  54. Ce n'est point un amant, c'est un époux que je regrette ; vous l'avez connu, vous m'avez avoué vous-même qu'il méritait mes regrets ; ne lui enviez point mes larmes, elles ne prennent rien sur les sentiments que j'ai pour vous : vous êtes peut-être le seul homme du monde à qui je puisse consentir de me donner après avoir été à lui, et vous devez être content. (Acte 1, scène 4, LA MARQUISE)
  55. Je viens, Madame, m'acquitter d'une parole... (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  56. Venez, Monsieur, j'aurais à me plaindre de vous. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  57. Vous étiez bien en droit de regarder la maison de Monsieur_le_Marquis comme la vôtre, et de descendre ici tout d'un coup, sans s'arrêter dans le village. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  58. Je vous rends mille grâces, Madame. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  59. Toutes ses infortunes ont été les miennes, et je ne puis même jeter les yeux sur vous, Madame, sans me sentir pénétré de toutes les tendresses dont il m'a chargé en mourant de vous assurer. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  60. Je vous demande pardon si je m'attendris moi-même ; je trouble peut-être quelque engagement nouveau : il me semble que ma commission n'est pas ici au gré de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  61. À vous dire vrai, Monsieur, voilà Monsieur, à qui vous auriez fait grand plaisir de la négliger : il va épouser ma fille, mettez-vous à sa place. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  62. Mon ami est donc heureux de ne plus vivre et d'avoir ignoré ce mariage ; du moins est-il mort avec la douceur de penser que Madame serait inconsolable. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  63. Vous ne sauriez croire combien vous m'affligez, ma mère, vous ne vous y prenez pas bien, vous me désespérez. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  64. Je veux tout savoir, ou je me fâcherai, je romprais tout. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  65. Non, Monsieur, que rien ne vous retienne ; ne m'épargnez point, répétez-moi tous les discours du Marquis, toutes ses tendresses qui me seront éternellement chères, et pardonnez à l'amitié que ma mère a pour moi la répugnance qu'elle a à vous entendre. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  66. Remettons plutôt ce qui me reste à vous dire, Madame ; vous serez peut-être seule une autre fois, et je reviendrai. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  67. [...] Nous ne sommes pas au bout. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  68. Voici toujours un portrait qui est de vous, Madame, qu'il emporta d'ici en vous quittant, qu'il m'a recommandé de vous rendre, que nos patrons, tout barbares qu'ils sont, n'ont pas eu la cruauté d'arracher à sa tendresse, et qu'il a conservé mille fois plus chèrement que sa vie. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  69. Dorante, souffrez que je vous laisse, je ne saurais à présent en écouter davantage ; j'ai besoin de quelque moment de liberté ; et vous, Monsieur, demeurez quelques jours ici pour vous reposer, ne me refusez pas cette grâce : je vais donner des ordres pour cela... (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  70. Ne me confierez-vous pas ce portrait, Madame ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  71. Laissez-moi me conformer à ce qu'il a désiré, Dorante ; c'est un respect que je lui dois. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  72. Je suis votre serviteur, Madame ; je vais me reposer un peu en attendant de revoir Madame la Marquise. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  73. Nous sommes des personnages tout à fait bénins. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  74. Nous étions dans la même condition. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  75. Ah ça, Monsieur, après tout, vous avez l'air d'un galant homme ; à votre âge, on a eu le temps de le devenir, et je crois que vous l'êtes. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  76. Vous me rendez justice, Madame. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  77. Abrégez avec elle, et ménagez sa faiblesse là-dessus : à quoi bon l'attendrir pour un homme qui n'est plus au monde ? (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  78. Vous avez raison ; mais heureusement Monsieur n'a rien à craindre ; on a, ce me semble, beaucoup de tendresse pour lui. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  79. Figurez-vous que depuis dix ans nous n'osons pas prononcer son nom devant elle ; qu'elle a vécu dans l'accablement pendant près de huit ans, qu'elle a refusé vingt mariages meilleurs que celui du Marquis. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  80. Elle lui était donc extrêmement attachée ? (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  81. Il est vrai que c'était un homme de mérite, un homme estimable, il avait des qualités... (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  82. Madame est prévenue en ma faveur. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  83. Je ferai donc en sorte que Madame la Marquise ne le regrette pas davantage. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  84. Vous me rendrez ainsi le plus grand service du monde. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  85. À presque rien : j'ai une lettre à lui remettre. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  86. Oui, Madame. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  87. Je vous demande de la supprimer, Monsieur ; vous risquez de me perdre en la rendant. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  88. La supprimer, Monsieur ? (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  89. Il ne m'est pas possible : j'ai fait serment de la remettre, il y va de mon honneur. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  90. Ce n'est pas mon dessein, Madame. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  91. Ne la lui remettez donc pas, elle s'en trouvera mieux. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  92. Vous me traitez bien mal, Madame. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  93. [...] nous sommes cruellement houspillés. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  94. Aussi leur donne-t-on des soufflets par mauvaise coutume. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  95. Doucement, Madame, doucement. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  96. Retirons-nous, Dorante ; je sens que le feu me monte à la tête. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  97. Ils aimeraient nous voir morts, mais nous prétendons vieillir bien davantage, ah ! ah ! (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  98. Eh bian, noute maître, j'ons vu que vous parliez à Madame. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  99. N'avez-vous pas eu contentement d'elle ? (Acte 1, scène 7, COLAS)
  100. N'est-ce pas que c'est une brave femme que voute femme ? (Acte 1, scène 7, COLAS)
  101. Oui, je n'ai pas lieu de m'en plaindre, et malgré ce mariage qui allait se terminer, je crois qu'elle ne sera pas fâchée de me retrouver. (Acte 1, scène 7, LE MARQUIS)
  102. Je vous avartis qu'alle se lamente là-bas dans ce petit cabinet de vardure, alle a la face toute trempée : j'ons vu ses deux yeux qui vont quasiment comme des arrosoirs, c'est une piquée. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  103. Et moi, je veux voir ce que fait ma masque de femme. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  104. Monsieur, n'êtes-vous pas l'homme d'Alger ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  105. Je suis du moins l'homme qui en arrive. (Acte 1, scène 8, LE MARQUIS)
  106. Je vais vous montrer votre appartement, Monsieur, si vous souhaitez vous y retirer. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  107. Scapin, vous irez chercher mes hardes. (Acte 1, scène 8, LE MARQUIS)
  108. Tenez, bonhomme, velà cette demoiselle Lisette que vous charchez. (Acte 1, scène 9, COLAS)
  109. Arrêtez-vous donc, petit garçon ; faut-il badiner comme ça avec la barbe du vieux monde ? (Acte 1, scène 9, COLAS)
  110. Bellement, noute ancien, rengainez donc, remettez dans le fourriau. (Acte 1, scène 11, COLAS)
  111. Ce pauvre Frontin avait bien deviné qu'elle était comme ma femme qui m'était infidèle. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  112. Velà le biau sorcier, c'était deviner qu'alle était une femme. (Acte 1, scène 11, COLAS)
  113. À moi la somme ! (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  114. Vous voilà, bonhomme, nous vous cherchons. (Acte 1, scène 12, MADAME ARGANTE)
  115. Ah çà, dites-nous, mon bonhomme, votre maître prétend-il rester longtemps ici ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  116. C'est un homme intrépide ! (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  117. Doucement, Dorante, il y a du remède à tout : voici un vieillard qui me paraît un honnête homme. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  118. Il me semble lui avoir entendu dire qu'il avait vu mourir le Marquis, et il ne nous refusera pas de l'assurer à ma fille, si son maître disait le contraire ; il sera bien aise de nous servir ; n'est-ce pas, bonhomme ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  119. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  120. Je vous demande pardon, Madame, et je me retire. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  121. Je croyais Madame la Marquise avec vous. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  122. Mon valet se trompe, car, à parler exactement, le Marquis était près d'expirer quand je l'ai quitté ; mais il vivait encore, et j'ai même un scrupule d'avoir dit qu'il n'était plus. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  123. Sans doute avez-vous d'autres raisons que votre valet pour être de ce sentiment-là. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  124. Je l'ai si bien vu mort, nous disait-il, qu'il me semble le voir encore. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  125. Vous, mon bon homme, vous m'avez l'air de méditer pour essayer de vous dédire. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  126. Un aventurier, moi, Madame ? (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  127. Tout le temps que je voudrai, Madame. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  128. Comment donc, radoteur, vous prenez le ton de maître ? (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  129. D'où vient donc que tu me raies du nombre des vivants ? (Acte 1, scène 15, LE MARQUIS)
  130. Eh bien, Monsieur, nous voici seuls, et vous pouvez en liberté me parler de mon mari ; ne prenez point garde à ma douleur, elle m'est mille fois plus chère que tous les plaisirs du monde. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  131. Non, Madame, j'ai changé d'avis, dispensez-moi de parler : mon ami, s'il pouvait savoir ce qui se passe, approuverait lui-même ma discrétion. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  132. Quel motif avez-vous pour me cacher le reste ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  133. Ce que vous voulez savoir n'est fait que pour une épouse qui serait restée veuve, Madame. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  134. Monsieur, comment avez-vous le courage de me tenir ce discours, dans l'attendrissement où vous me voyez ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  135. Que pourrait lui-même me reprocher le Marquis ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  136. Vous allez cependant donner votre main à un autre, Madame, et ce n'est point à moi à y trouver à redire ; mais je ne saurais m'empêcher d'être sensible à la consternation où il en serait lui-même... (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  137. Ce n'est pas un crime, et cependant il en mourrait, Madame. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  138. Je finis ma vie dans les plus grands malheurs, me disait-il ; mais mon coeur a joui d'un bien qui les a tous adoucis : c'est la certitude où je suis que la Marquise n'aimera jamais que moi. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  139. Et cependant il se trompait, Madame, et mon amitié en gémit pour lui. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  140. J'aime votre sensibilité, et je la respecte, mais vous n'êtes pas instruit ; c'est l'ami de mon mari même que je vais prendre pour juge : ne vous imaginez pas que mon coeur soit coupable ; que le vôtre ne gémisse point, le Marquis n'est point trompé. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  141. Il est question d'un mariage, Madame, et, suivant toute apparence, vous ne vous mariez pas sans amour. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  142. Je connaissais bien le Marquis, et j'ai peut-être porté la douleur au delà même de ce qu'un coeur comme le sien l'aurait voulu. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  143. Oui, je suis persuadée qu'il aimerait mieux que je l'oubliasse, que de savoir ce que je souffre encore. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  144. J'ai peine à me contraindre. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  145. Vous me trouvez prête à terminer un mariage, et je ne vous dis pas que je haïsse celui que j'épouse ; non, je ne le hais point, j'aurais tort : c'est un honnête homme. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  146. Ai-je pour lui des sentiments qui pussent affliger le Marquis ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  147. C'est d'ailleurs un homme qui depuis près de deux ans vit avec moi dans un respect, dans une soumission, avec une déférence pour ma douleur, enfin dans des chagrins, dans des inquiétudes pour ma santé qui est considérablement altérée, dans des frayeurs de me voir mourir, qu'à moins d'avoir une âme dépouillée de tout sentiment, cela a dû faire quelque impression sur moi ; mais quelle impression, Monsieur ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  148. Dites donc que j'y consens, ce qui est bien différent, et que j'y consens tourmentée par une mère à qui je suis chère, qui me doit l'être, qui n'a jamais rien aimé tant que moi, et que mes refus désolent. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  149. Je ne sais point être insensible à de pareilles choses, et elle m'arracha une promesse d'épouser Dorante. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  150. J'avais promis, cependant. Ma mère me somma de ma parole ; il fallut me rendre, et je me rendis. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  151. Je me sacrifiai, Monsieur, je me sacrifiai. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  152. Non, je conçois même par ce détail que vous seriez bien aise de revoir le Marquis. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  153. Oui, Madame, et qu'il vous écrivit en mourant. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  154. Madame, je commence à craindre de vous avoir trop attendrie. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  155. Je me meurs, chère épouse, et je n'ai pas deux heures à vivre ; je vais perdre le plaisir de vous aimer. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  156. C'est le seul bien qui me restait, et c'est après vous le seul que je regrette. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  157. Ma faiblesse me force de finir, mon ami part, on l'entraîne, et il ne peut pas sans risquer sa vie attendre mon dernier soupir. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  158. Comment, Monsieur, il vivait donc encore quand vous l'avez quitté ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  159. Oui, Madame, on s'est trompé ; il est vrai que la plus grande partie des captifs mourut à Alger pendant que nous y étions ; mais nous trouvâmes le moyen de nous sauver, et c'est notre disparition qui a fait l'erreur : je suis dans le même cas, et le Marquis mourut dans notre fuite, ou du moins il se mourait quand je fus obligé de le quitter. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  160. Mais de quel côté irait-on ? Quelles mesures prendre ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  161. Ne me promettez rien que de vrai ; j'en mourrais. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  162. S'il m'avait pré de venir ici pour pouvoir l'informer de vos dispositions ? (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  163. Menez-moi où il est. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  164. Marchons, hâtons-nous, allons le trouver, je me meurs de joie, je vais le voir ! (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  165. Vous êtes après lui ce qui me sera le plus cher. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  166. Non, je vous suis aussi cher qu'il vous l'est lui-même. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  167. Ma fille, je vous avertis que nous faisons arrêter cet homme-là qui refuse par pur intérêt de certifier que le Marquis est mort. (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  168. Je ne saurais, Madame, il faut en conscience que je certifie qu'il vit encore. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  169. C'est lui-même ! (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  170. Monsieur, je n'ai plus rien à dire, jugez de mon embarras, et je me sauve bien confuse de tout ce qui s'est passé. (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  171. Ni personne qui puisse me le disputer en ravissement. (Acte 1, scène 17, LA MARQUISE)
  172. Mon ami le défunt, commençons par aller boire sur votre testament. (Acte 1, scène 17, COLAS)

L'ÉCOLE DES MÈRES (1732)

  1. Il n'y a rien à craindre ; je n'ai pas même, en entrant, fait mention de notre parenté. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  2. Je crois que vous devez être content du zèle avec lequel je vous sers : je m'expose à tout, et ce que je fais pour vous n'est pas trop dans l'ordre ; mais vous êtes un honnête homme ; vous aimez ma jeune maîtresse, elle vous aime ; je crois qu'elle sera plus heureuse avec vous qu'avec celui que sa mère lui destine, et cela calme un peu mes scrupules. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Elle m'aime, dis-tu ? (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  4. Lisette, puis-je me flatter d'un si grand bonheur ? (Acte 1, scène 1, ?RASTE)
  5. Moi qui ne l'ai vue qu'en passant dans nos promenades, qui ne lui ai prouvé mon amour que par mes regards, et qui n'ai pu lui parler que deux fois pendant que sa mère s'écartait avec d'autres dames ! (Acte 1, scène 1, ?RASTE)
  6. Elle m'aime ? (Acte 1, scène 1, ?RASTE)
  7. Très tendrement, mais voici un domestique de la maison qui vient ; c'est Frontin, qui ne me hait pas, faites bonne contenance. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Avec un de mes parents qui s'appelle La Ramée, et dont le maître, qui est ordinairement en province, est venu ici pour affaire ; et il profite du séjour qu'il y fait pour me voir. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Je veux dire que ce n'est, par ma foi, que de la fausse monnaie que tu me donnes, et que si le diable emportait ton cousin il ne t'en resterait pas un parent de moins. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  10. MonsIEUR de La Ramée, je vous avertis que j'aime Lisette, et que je veux l'épouser tout seul. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  11. Serais-tu capable de rendre service à un honnête homme, qui t'en récompenserait bien ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Honnête homme ou non, son honneur est de trop, dès qu'il récompense. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  13. Tu sais à qui Madame marie Angélique, ma maîtresse ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. Oui : il menace la stérilité, les héritiers en seront nuls, ou auxiliaires. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  15. Ce n'est qu'à regret qu'Angélique obéit, d'autant plus que le hasard lui a fait connaître un aimable homme qui a touché son coeur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  16. Tu l'as dit ; c'est cela même. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Rien que favoriser une entrevue que Lisette va me procurer ce soir, et tu seras content de moi. (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  18. Eh bien, pendant que la compagnie, avant le souper, sera dans l'appartement de Madame, Monsieur nous attendra dans cette salle-ci, sans lumière pour n'être point vu, et nous y viendrons, Angélique et moi, pour examiner le parti qu'il y aura à prendre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  19. Angélique est une Agnès élevée dans la plus sévère contrainte, et qui, malgré son penchant pour vous, n'aura que des regrets, des larmes et de la frayeur à vous donner : est-ce que vous avez dessein de l'enlever ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  20. Ce serait un parti bien extrême. (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  21. Si fait, cela nous regarderait un peu, si cette petite conversation nocturne que nous leur ménageons dans la salle était découverte ; d'autant plus qu'une des portes de la salle aboutit au jardin, que du jardin on va à une petite porte qui rend dans la rue, et qu'à cause de la salle où nous les mettrons, nous répondrons de toutes ces petites portes-là, qui sont de notre connaissance. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  22. Mais tout coup vaille ; pour se mettre à son aise, il faut quelquefois risquer son honneur, il s'agit d'ailleurs d'une jeune victime qu'on veut sacrifier, et je crois qu'il est généreux d'avoir part à sa délivrance, sans s'embarrasser de quelle façon elle s'opérera : Monsieur payera bien, cela grossira ta dot, et nous ferons une action qui joindra l'utile au louable. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  23. Ne vous inquiétez de rien, je n'ai point envie d'enlever Angélique, et je ne veux que l'exciter à refuser l'époux qu'on lui destine : mais la nuit s'approche, où me retirerai-je en attendant le moment où je verrai Angélique ? (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  24. Comme on ne sait encore qui vous êtes, en cas qu'on vous fît quelques questions, au lieu d'être mon parent, soyez celui de Frontin, et retirez-vous dans sa chambre, qui est à côté de cette salle, et d'où Frontin pourra vous amener, quand il faudra. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. Oui-da, Monsieur, disposez de mon appartement. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  26. Allez tout à l'heure ; car il faut que je prévienne Angélique, qui assurément sera charmée de vous voir, mais qui ne sait pas que vous êtes ici, et à qui je dirai d'abord qu'il y a un domestique dans la chambre de Frontin qui demande à lui parler de votre part : mais sortez, j'entends quelqu'un qui vient. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  27. Non, restez : c'est la mère d'Angélique, elle vous verrait fuir, il vaut mieux que vous demeuriez. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  28. Apparemment qu'elle est dans sa chambre, Madame. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  29. Madame, c'est un garçon de condition, comme vous voyez, qui m'est venu voir, et à qui je m'intéresse parce que nous sommes fils des deux frères ; il n'est pas content de son maître, ils se sont brouillés ensemble, et il vient me demander si je ne sais pas quelque maison dont il pût s'accommoder... (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Chez un officier du régiment du Roi, Madame. (Acte 1, scène 3, ÉRASTE)
  31. Eh bien, je parlerai de vous à Monsieur Damis, qui pourra vous donner à ma fille ; demeurez ici jusqu'à ce soir, et laissez-nous. (Acte 1, scène 3, MADAME-ARGANTE)
  32. Ma fille vous dit assez volontiers ses sentiments, Lisette ; dans quelle disposition d'esprit est-elle pour le mariage que nous allons conclure ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  33. Madame, elle n'oserait vous en marquer, quand elle en aurait ; c'est une jeune et timide personne, à qui jusqu'ici son éducation n'a rien appris qu'à obéir. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  34. Je le crois, c'est une marque qu'elle a le coeur bon : elle va se marier, elle me quitte, elle m'aime, et notre séparation est douloureuse. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  35. Ordinairement, pourtant, une fille qui va se marier est assez gaie. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  36. Je connais Angélique et la simplicité de ses moeurs ; elle n'aime pas le monde, et je suis sûre qu'elle ne me quitterait jamais, si je l'en laissais la maîtresse. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  37. À l'égard du mari que je lui donne, je ne doute pas qu'elle n'approuve mon choix ; c'est un homme très riche, très raisonnable. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  38. Prenez donc garde, Madame, il a soixante ans, cet homme. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  39. Il est bien question de l'âge d'un mari avec une fille élevée comme la mienne ! (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  40. J'entends qu'il faut, le plus qu'on peut, mettre la vertu des gens à son aise, et que celle d'Angélique ne sera pas sans fatigue. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  41. Que non, Madame, elle les trouvera bien sans que je m'en mêle. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  42. Et pourquoi, de l'humeur dont elle est, ne serait-elle pas heureuse ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  43. C'est qu'elle ne sera point de l'humeur dont vous dites, cette humeur-là n'existe nulle_part. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  44. Il faudrait qu'elle l'eût bien difficile, si elle ne s'accommodait pas d'un homme qui l'adorera. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  45. Vous m'interrogez, et je vous réponds sincèrement. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  46. Il n'est pas besoin de l'aller chercher, Madame, la voilà qui passe, et je vous laisse. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  47. Je vous demande si vous me savez gré du parti que je vous donne ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  48. Ne trouvez-vous pas qu'il est heureux pour vous d'épouser un homme comme Monsieur Damis, dont la fortune, dont le caractère sûr et plein de raison, vous assurent une vie douce et paisible, telle qu'il convient à vos moeurs et aux sentiments que je vous ai toujours inspirés ? (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  49. Vous me l'ordonnez donc ? (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  50. Je veux qu'on me réponde raisonnablement ; je m'attends à votre reconnaissance, et non pas à des mais. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  51. Oui : comment regardez-vous le mariage en question ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  52. Eh bien, songez-y donc, et souvenez-vous qu'ils me déplaisent. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  53. Ce n'est pas que je doute que vous soyez contente, mais je voudrais vous l'entendre dire vous-même. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  54. Parlez bien, et je ne me fâcherai point. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  55. Est-ce que vous n'êtes point de mon sentiment ? (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  56. Comment ! (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  57. Car je commence à vous entendre : c'est-à-dire, ma fille, que vous n'avez point de volonté ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  58. Il n'est pas nécessaire ; vous faites encore mieux d'être comme vous êtes ; de vous laisser conduire, et de vous en fier entièrement à moi. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  59. Oui, vous avez raison, ma fille ; et ces dispositions d'indifférence sont les meilleures. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  60. Aussi voyez-vous que vous en êtes récompensée ; je ne vous donne pas un jeune extravagant qui vous négligerait peut-être au bout de quinze jours, qui dissiperait son bien et le vôtre, pour courir après mille passions libertines ; je vous marie à un homme sage, à un homme dont le coeur est sûr, et qui saura tout le prix de la vertueuse innocence du vôtre. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  61. Oui, grâces à mes soins, je vous vois telle que j'ai toujours souhaité que vous fussiez ; comme il vous est familier de remplir vos devoirs, les vertus dont vous allez avoir besoin ne vous coûteront rien ; et voici les plus essentielles ; c'est, d'abord, de n'aimer que votre mari. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  62. Vous n'en devez point avoir d'autres que ceux de Monsieur Damis, aux volontés de qui vous vous conformerez toujours, ma fille ; nous sommes sur ce pied-là dans le mariage. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  63. Je vous laisse, songez à tout ce que je vous ai dit ; et surtout gardez ce goût de retraite, de solitude, de modestie, de pudeur qui me charme en vous ; ne plaisez qu'à votre mari, et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  64. Qui ne me laisse ignorer que le mal ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  65. J'en suis à m'affliger, comme tu vois. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  66. Oui, mais vous n'en serez pas moins sa femme. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  67. Eh bien, ma mère n'a qu'à l'aimer pour nous deux ; car pour moi je n'aimerai jamais qu'Eraste. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  68. C'est lui qui est aimable, qui est complaisant, et non pas ce Monsieur Damis que ma mère a été prendre je ne sais où, qui ferait bien mieux d'être mon grand-père que mon mari, qui me glace quand il me parle, et qui m'appelle toujours ma belle personne ; comme si on s'embarrassait beaucoup d'être belle ou laide avec lui : au lieu que tout ce que me dit Eraste est si touchant ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  69. On voit que c'est du fond du coeur qu'il parle ; et j'aimerais mieux être sa femme seulement huit jours, que de l'être toute ma vie de l'autre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  70. Comment veut-il que je fasse ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  71. Je sais bien qu'il sera inconsolable : N'est-on pas bien à plaindre, quand on s'aime tant, de n'être pas ensemble ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  72. Ma mère dit qu'on est obligé d'aimer son mari ; eh bien ! (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  73. Qu'on me donne Eraste ; je l'aimerai tant qu'on voudra, puisque je l'aime avant que d'y être obligée, je n'aurai garde d'y manquer quand il le faudra, cela me sera bien commode. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  74. Mais avec ces sentiments-là, que ne refusez-vous courageusement Damis ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  75. Il faudrait lui dire ce soir : Cet homme-là est trop vieux pour moi ; je ne l'aime point, je le hais, je le haïrai, et je ne saurais l'épouser. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  76. Tu as raison : mais quand ma mère me parle, je n'ai plus d'esprit ; cependant je sens que j'en ai assurément ; et j'en aurais bien davantage, si elle avait voulu ; mais n'être jamais qu'avec elle, n'entendre que des préceptes qui me lassent, ne faire que des lectures qui m'ennuient, est-ce là le moyen d'avoir de l'esprit ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  77. Je n'ose pas seulement ouvrir ma fenêtre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  78. Suis-je vêtue comme une autre ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  79. Regardez comme me voilà faite : Ma mère appelle cela un habit modeste : il n'y a donc de la modestie nulle_part qu'ici ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  80. Car je ne vois que moi d'enveloppée comme cela ; aussi suis-je d'une enfance, d'une curiosité ! (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  81. Elle ne m'a laissé voir personne, et avant que je connusse Eraste, le coeur me battait quand j'étais regardée par un jeune homme. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  82. Votre naïveté me fait rire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  83. Serais-je de même si j'avais joui d'une liberté honnête ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  84. En vérité, si je n'avais pas le coeur bon, tiens, je crois que je haïrais ma mère, d'être cause que j'ai des émotions pour des choses dont je suis sûre que je ne me soucierais pas si je les avais. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  85. Moi qui suis naturellement vertueuse, sais-tu bien que je m'endors quand j'entends parler de sagesse ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  86. Vous aimez Eraste ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  87. Vraiment oui, je l'aime, pourvu qu'il n'y ait point de mal à avouer cela ; car je suis si ignorante ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  88. Sur ce pied-là je l'aime beaucoup, et je ne puis me résoudre à le perdre. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  89. Il y a ici un domestique à lui qui a une lettre à vous rendre de sa part. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  90. Où est ce domestique ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  91. Doucement ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  92. Modérez cet empressement-là ; cachez-en du moins une partie à Eraste : si par hasard vous lui parliez, il y aurait du trop. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  93. Dame, c'est encore ma mère qui en est cause. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  94. Tu me parles de lui et de sa lettre, et je ne vois ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  95. Tenez, voici ce domestique que Frontin nous amène. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  96. Ne craignez rien, il est dans vos intérêts, et ce domestique passe pour son parent. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  97. Le valet de Monsieur Eraste vous apporte une lettre que voici, Madame. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  98. Si vous concluez sans me permettre de vous voir, je ne me soucie plus de la vie. (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  99. Adieu ; j'attends votre réponse, et je me meurs. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  100. Cette lettre-là me pénètre ; il n'y a point de modération qui tienne, Lisette ; il faut que je lui parle, et je ne veux pas qu'il meure. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  101. Allez lui dire qu'il vienne ; on le fera entrer comme on pourra. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  102. Vous ne voulez point que je meure, et vous vous mariez, Angélique ! (Acte 1, scène 7, ÉRASTE)
  103. Non, non, il vous a paru mieux que cela ; car j'ai dit bien franchement que je vous aime : mais il faut m'excuser, Eraste, car je ne savais pas que vous étiez là. (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  104. Il a raison ; je crois que quelqu'un vient ; retirez-vous, Madame. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  105. Mais je crois que vous n'avez pas eu le temps de me dire tout. (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  106. Madame, je n'ai encore fait que vous voir et j'ai besoin d'un entretien pour vous résoudre à me sauver la vie. (Acte 1, scène 7, ÉRASTE)
  107. Ne lui donneras-tu pas le temps de me résoudre, Lisette ? (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  108. Bonsoir, la jolie fille, bonsoir, Messieurs ; je viens attendre ici mon maître qui m'envoie dire qu'il va venir ; et je suis charmé d'une rencontre... (Acte 1, scène 8, CHAMPAGNE)
  109. Mais comment appelez-vous Monsieur ? (Acte 1, scène 8, CHAMPAGNE)
  110. Comment, celui d'un autre ! (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  111. Voilà bien, en effet, des discours d'un butor comme toi, Champagne : est-ce qu'il n'y a pas mille gens qui se ressemblent ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  112. Monsieur Frontin, ce que j'en dis, c'est en cas que vous n'aimiez pas Lisette, comme cela peut arriver ; car chacun n'est pas du même goût. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  113. vous dis-je ; car je l'aime. (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  114. Tu joues de malheur, car je l'aime. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  115. Je l'aime, partout je l'aime ! (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  116. Oui, Monsieur ; on vient de m'apprendre qu'il n'y a rien pour moi, et ma part ne me donne pas une bonne opinion de la vôtre. (Acte 1, scène 10, CHAMPAGNE)
  117. Laisse-nous ; voici Madame Argante et Angélique. (Acte 1, scène 10, MONSIEUR-DAMIS)
  118. Oui, Madame, en ce moment. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  119. Non, Madame, j'ai craint qu'on n'enviât mon bonheur et j'ai voulu me l'assurer en secret. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  120. Mon fils même ne sait rien de mon dessein : et c'est à cause de cela que je vous ai prié de vouloir bien me donner le nom de Damis, au lieu de celui d'Orgon, qu'on mettra dans le contrat. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR DAMIS)
  121. Vous êtes le maître, Monsieur ; au reste, il n'appartient point à une mère de vanter sa fille ; mais je crois vous faire un présent digne d'un honnête homme comme vous. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  122. Madame, n'en parlons point, je vous prie ; c'est à moi à vous remercier toutes deux, et je n'ai pas dû espérer que cette belle personne fît grâce au peu que je vaux. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  123. Comme il vous plaira, Madame. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  124. Oserais-je auparavant vous prier d'une chose, Madame ? (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  125. Daignez, à la faveur de notre union prochaine, m'accorder un petit moment d'entretien avec Angélique ; c'est une satisfaction que je n'ai pas eu jusqu'ici. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR DAMIS)
  126. J'y consens, Monsieur, on ne peut vous le refuser dans la conjoncture présente ; et ce n'est pas apparemment pour éprouver le coeur de ma fille ? (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  127. Il n'est pas encore temps qu'il se déclare tout à fait ; il doit vous suffire qu'elle obéit sans répugnance ; et c'est ce que vous pouvez dire à Monsieur, Angélique ; je vous le permets, entendez-vous ? (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  128. Cependant on me flatte que vous acceptez ma main sans répugnance. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  129. Et elle vous a permis de me le confirmer vous-même. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  130. Est-ce par modestie, est-ce par dégoût que vous me refusez l'aveu que je demande ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  131. Que me dites-vous là ! (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  132. Vous ne me répondez rien ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR DAMIS)
  133. Vous n'auriez donc rien de favorable à me répondre ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  134. Il faut que je me taise encore. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  135. Parlez-moi franchement : est-ce que vous me haïssez ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  136. Encore moins, car je mentirais. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  137. vos sentiments vont jusqu'à la haine, Angélique ! (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  138. J'aurais cru que vous vous contentiez de ne pas m'aimer. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR DAMIS)
  139. Si vous vous en contentez, et moi aussi, et s'il n'est pas malhonnête d'avouer aux gens qu'on ne les aime point, je ne serai plus embarrassée. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  140. Et vous me l'avoueriez ! (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  141. Qui est que vous ne m'aimez point ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  142. Du tout ; je ne saurais ; et ce n'est pas par malice, c'est naturellement : et vous, qui êtes, à ce qu'on dit, un si honnête homme, si, en faveur de ma sincérité, vous vouliez ne me plus aimer et me laisser là, car aussi bien je ne suis pas si belle que vous le croyez, tenez, vous en trouverez cent qui vaudront mieux que moi. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  143. Voyons si elle aime ailleurs. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  144. Mon intention, assurément, n'est pas qu'on vous contraigne. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR DAMIS)
  145. Je suis même fâché de ne l'avoir pas su plus tôt. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  146. Si vous me l'aviez demandé, je vous l'aurais dit. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  147. Et il faut y mettre ordre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  148. N'allez pourtant pas dire à ma mère que je vous ai confié que je ne vous aime point, parce qu'elle se mettrait en colère contre moi ; mais faites mieux ; dites-lui seulement que vous ne me trouvez pas assez d'esprit pour vous, que je n'ai pas tant de mérite que vous l'aviez cru, comme c'est la vérité ; enfin, que vous avez encore besoin de vous consulter : ma mère, qui est fort fière, ne manquera pas de se choquer, elle rompra tout, notre mariage ne se fera point, et je vous aurai, je vous jure, une obligation infinie. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  149. Non, Angélique, non, vous êtes trop aimable ; elle se douterait que c'est vous qui ne voulez pas, et tous ces prétextes-là ne valent rien ; il n'y en a qu'un bon ; aimez-vous ailleurs ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  150. Sur ce pied-là, je n'ai point d'excuse ; j'ai promis de vous épouser, et il faut que je tienne parole ; au lieu que, si vous aimiez quelqu'un, je ne lui dirais pas que vous me l'avez avoué ; mais seulement que je m'en doute. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  151. Mais il n'est pas possible que je m'en doute si cela n'est pas vrai ; autrement ce serait être de mauvaise foi ; et, malgré toute l'envie que j'ai de vous obliger, je ne saurais dire une imposture. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  152. Allez, allez, n'ayez point de scrupule, vous parlerez en homme d'honneur. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  153. Vous aimez donc ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  154. Mais ne me trahissez-vous point, Monsieur Damis ? (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  155. Que je vous aimerais, si vous n'aviez que vingt ans ! (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  156. Vraiment, oui, il y a quelqu'un qui me plaît... (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  157. Monsieur, je viens de la part de Madame vous dire qu'on vous attend avec Mademoiselle. (Acte 1, scène 12, ANG?LIQUE)
  158. Ne m'en demandez pas davantage ; puisque vous ne voulez que vous douter que j'aime, en voilà plus qu'il n'en faut pour votre probité, et je vais vous annoncer là-haut. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  159. Ceci me chagrine, mais je l'aime trop pour la céder à personne. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  160. Je ne tarderai qu'un moment viens, j'ai remarqué que tu es un garçon d'esprit. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  161. Veux-tu me rendre un service dont je te promets que personne ne sera jamais instruit ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  162. Elle est à toi, si tu veux me confier ce que tu sais sur le chapitre d'Angélique. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  163. Je viens adroitement de lui faire avouer qu'elle a un amant ; et observée comme elle est par sa mère, elle ne peut ni l'avoir vu ni avoir de ses nouvelles que par le moyen des domestiques : tu t'en es peut-être mêlé toi-même, ou tu sais qui s'en mêle, et je voudrais écarter cet homme-là ; quel est-il ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR DAMIS)
  164. Je résisterais à ce que vous dites, mais ce que vous tenez m'entraîne, et je me rends. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  165. Vous me demandez un détail que j'ignore ; il n'y a que Lisette qui soit parfaitement instruite dans cette intrigue-là. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  166. Prenez garde, vous ne sauriez la condamner sans me faire mon procès. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  167. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-être employé contre elle ; au reste je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure ; il est actuellement dans ma chambre ; Lisette en a fait mon parent, et dans quelques moments, elle doit l'introduire ici même où je suis chargé d'éteindre les bougies, et où elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  168. Il ne tiendra donc qu'à toi que je sois pleinement instruit de tout. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  169. Comment ? (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  170. Tu n'as qu'à souffrir que je me cache ici ; on ne m'y verra pas, puisque tu vas en ôter les lumières, et j'écouterai tout ce qu'ils diront. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  171. Tu me feras plaisir. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  172. Qu'on est malheureux d'aimer à mon âge ! (Acte 1, scène 14, MONSIEUR-DAMIS)
  173. Mettez-vous là et ne remuez pas ; voilà les lumières éteintes, bonsoir. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  174. Écoute ; le jeune homme va venir, et je rêve à une chose ; quand Lisette et Angélique seront entrées, dis à la mère, de ma part, que je la prie de se rendre ici sans bruit, cela ne te compromet point, et tu y gagneras. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR-DAMIS)
  175. Me voilà. (Acte 1, scène 15, ÉRASTE)
  176. Tenez, Monsieur, marchez et promenez-vous du mieux que vous pourrez en attendant. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  177. Adieu ; dans un moment je reviens avec ma maîtresse. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  178. Je ne saurais douter qu'Angélique ne m'aime ; mais sa timidité m'inquiète, et je crains de ne pouvoir l'enhardir à dédire sa mère. (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  179. Est-ce que je me trompe ? (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-DAMIS)
  180. Doucement !... (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-DAMIS)
  181. C'est vous-même. (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  182. Angélique, me condamnerez-vous à mourir de douleur ? (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  183. Vous m'avez dit tantôt que vous m'aimiez ; vos beaux yeux me l'ont confirmé par les regards les plus aimables et les plus tendres ; mais de quoi me servira d'être aimé, si je vous perds ? (Acte 1, scène 16, ?RASTE)
  184. Au nom de notre amour, Angélique, puisque vous m'avez permis de me flatter du vôtre, gardez-vous à ma tendresse, je vous en conjure par ces charmes que le ciel semble n'avoir destinés que pour moi ; par cette main adorable sur qui je vous jure un amour éternel. (Acte 1, scène 16, ?RASTE)
  185. Vous me fuyez ! (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  186. Je suis au désespoir, ta maîtresse me fuit. (Acte 1, scène 17, ÉRASTE)
  187. Je ne vous fuis point, me voilà. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  188. Ne venez-vous pas de me dire tout ce qu'il y a de plus cruel ? (Acte 1, scène 17, ÉRASTE)
  189. Il faut que vous ayez mal entendu, Eraste : est-ce qu'on méprise les gens qu'on aime ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  190. Je n'y comprends donc rien ; mais vous me rassurez, puisque vous me dites que vous m'aimez ; daignez me le répéter encore. (Acte 1, scène 17, ÉRASTE)
  191. Vraiment, ce n'est pas là l'embarras, et je vous le répéterais avec plaisir, mais vous le savez bien assez. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  192. Mais je vais comme le coeur me mène, sans y entendre plus de finesse ; j'ai du plaisir à vous voir, et je vous vois, et s'il y a de ma faute à vous avouer si souvent que je vous aime, je la mets sur votre compte, et je ne veux point y avoir part. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  193. Que vous me charmez ! (Acte 1, scène 18, ÉRASTE)
  194. Si ma mère m'avait donné plus d'expérience ; si j'avais été un peu dans le monde, je vous aimerais peut-être sans vous le dire ; je vous ferais languir pour le savoir ; je retiendrais mon coeur, cela n'irait pas si vite, et vous m'auriez déjà dit que je suis une ingrate ; mais je ne saurais la contrefaire. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  195. Mettez-vous à ma place ; j'ai tant souffert de contrainte, ma mère m'a rendu la vie si triste ! (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  196. j'ai eu si peu de satisfaction, elle a tant mortifié mes sentiments ! (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  197. Je suis si lasse de les cacher, que, lorsque je suis contente, et que je le puis dire, je l'ai déjà dit avant que de savoir que j'ai parlé ; c'est comme quelqu'un qui respire, et imaginez-vous à présent ce que c'est qu'une fille qui a toujours été gênée, qui est avec vous, que vous aimez, qui ne vous hait pas, qui vous aime, qui est franche, qui n'a jamais eu le plaisir de dire ce qu'elle pense, qui ne pensera jamais rien de si touchant, et voyez si je puis résister à tout cela. (Acte 1, scène 18, ANG?LIQUE)
  198. Mais il s'agit de nos affaires : j'ai le bonheur d'avoir un père raisonnable, à qui je suis aussi cher qu'il me l'est à moi-même, et qui, j'espère, entrera volontiers dans nos vues. (Acte 1, scène 18, ÉRASTE)
  199. Pour moi, je n'ai pas le bonheur d'avoir une mère qui lui ressemble ; je ne l'en aime pourtant pas moins... (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  200. Est-ce là le fruit des soins que je me suis donné pour vous former à la vertu ? (Acte 1, scène 18, MADAME-ARGANTE)
  201. Eh bien, jeune extravagante, un couvent, plus austère que moi, me répondra des égarements de votre coeur. (Acte 1, scène 18, MADAME ARGANTE)
  202. Vous voyez bien qu'on ne me recevrait pas au couvent. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  203. Lui-même. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  204. Approchez, Eraste ; tout ce que j'ai entendu vient de m'ouvrir les yeux sur l'imprudence de mes desseins ; conjurez Madame de vous être favorable, il ne tiendra pas à moi qu'Angélique ne soit votre épouse. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR DAMIS)
  205. Nous pardonnerez-vous, Madame, tout ce qui vient de se passer ? (Acte 1, scène 19, ÉRASTE)
  206. Votre fille a tort, mais elle est vertueuse, et à votre place je croirais devoir oublier tout, et me rendre. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  207. Allons, Monsieur, je suivrai vos conseils, et me conduirai comme il vous plaira. (Acte 1, scène 19, MADAME-ARGANTE)
  208. Sur ce pied-là, le divertissement dont je prétendais vous amuser, servira pour mon fils. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  209. Vos avis sont prudents, vos maximes sont sages ; v.5 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  210. Si bien fermer tous les passages, v.8 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  211. La beauté qui charme Damon v.19 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  212. Se rit des tourments qu'il endure, v.20 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  213. Si mes soins pouvaient t'engager, v.27 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  214. Me dit un jour le beau Sylvandre, v.28 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  215. Il demeura comme une idole, v.32 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  216. De ne point y suivre mes pas. v.39 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)

LE PRÉJUGE VAINCU (1746)

  1. Viens, j'ai à te parler ; entrons un moment dans cette salle. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  2. Que me voulez-vous donc, Monsieur de Lépaine, en me tirant comme ça à l'écart ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Premièrement, mon maître te prie de l'attendre ici. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  4. Je ne devine jamais le reste, à moins qu'on ne me le dise. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Et un si grand besoin que je ne puis pas m'en passer, il n'y a pas à répliquer, il me le faut. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  6. Dame ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Comme vous demandez ça ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. J'ai quasiment envie de crier au voleur. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. Il me le faut, te dis-je, et bien complet avec toutes ses circonstances ; je veux dire avec ta main et toute ta personne, je veux que tu m'épouses. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  10. À la rigueur, il le faudrait ; mais j'entends raison : et pour à présent, je me contenterai de ta parole. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  11. Vraiment ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Comment donc ! (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  13. Il n'y a que six jours que nous sommes ici, mon maître et moi, que six jours que je te connais, et la tête me tourne, et tu demandes quartier ! (Acte 1, scène 1, L?PINE)
  14. Ce que j'ai perdu de raison depuis ce temps-là est incroyable ; et si je continue, il ne m'en restera pas pour me conduire jusqu'à demain. (Acte 1, scène 1, L?PINE)
  15. Allons vite, qu'on m'aime. (Acte 1, scène 1, L?PINE)
  16. Ce n'est pas qu'on ne soyais agriable, mais mon rang me le défend ; je vous en informe, tout ce qui est comme vous n'est pas mon pareil, à ce que m'a dit ma maîtresse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  17. Me conseilles-tu d'ôter mon chapeau ? (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  18. La nôtre était la meilleure de tout le village, et que trop bonne ; c'est ce qui nous a ruinés. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  19. En un mot comme en cent, je suis la fille d'un homme qui était, en son vivant, procureur fiscal du lieu et qui mourut l'an passé ; ce qui a fait que notre jeune dame, faute de fille de chambre, m'a pris depuis trois mois cheux elle, en guise de compagnie. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  20. Avec votre permission et la sienne, je remets mon chapeau. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  21. Oui, ma fille, neveu d'un trompette, et frère aîné d'un tambour, il y a même du hautbois dans ma famille. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  22. Sans doute, et je me reprends ; je trouve ça biau. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  23. Il m'apparaît que t'as raison, Lépaine, je vois que ma maîtresse m'a trop haussé le coeur, et je me dédis ; je pense que je ne nous devons rian. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  24. Excusez-moi, ma fille ; je pense que je me mésallie un peu ; mais je n'y regarde pas de si près. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  25. La beauté est une si grande dame ! (Acte 1, scène 1, L?PINE)
  26. Concluons, m'aimes-tu ? (Acte 1, scène 1, L?PINE)
  27. Un mari comme toi, un châtiau, et note amour, me velà bian, pourvu que ça se soutienne. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  28. Biaucoup, Lépaine ; tians, je sis franche, t'avais besoin de mon coeur, moi, j'avais faute du tian ; et ça m'a prins drès que je t'ai vu, sans faire semblant, et quand il n'y aurait ni châtiau, ni timbales dans ton affaire, je serais encore contente d'être ta femme. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  29. Je les prends comme elles viennent. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  30. Courage, mes enfants, vous ne vous haïssez pas, ce me semble ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  31. L'aimes-tu ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  32. Il m'a tant parlé de sa raison pardue, d'épousailles, et des circonstances de ma parsonne : il a si bian agencé ça avec vote châtiau, que me velà concierge, autant vaut. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. Lépine est un garçon à qui je veux du bien, et tu me parais une bonne fille. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  34. Lisette, puisqu'à présent je puis me fier à toi, je ne ferai point difficulté de te confier un secret ; c'est que j'aime passionnément ta maîtresse, qui ne le sait pas encore : et j'ai eu mes raisons pour le lui cacher. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  35. Il est vrai que j'ai acquis quelque considération dans le monde ; on m'a même déjà offert de très grands partis. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  36. Vraiment ! (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  37. Je vais d'ailleurs être revêtu d'une charge qui donne un rang considérable ; d'un autre côté, je suis étroitement lié d'amitié avec le Marquis, qui me verrait volontiers devenir son gendre ; et malgré tout ce que je dis là, pourtant, je me suis tu. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  38. J'ai eu peur, si je me déclarais sans précaution, qu'il ne lui échappât quelque trait de dédain, que je ne me sens pas capable de supporter, que mon coeur ne lui pardonnerait pas ; et je ne veux point la perdre, s'il est possible. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  39. C'est autant de marié, il n'y a qu'à aller franchement, c'est la manière. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  40. Faut cheminer doucement : il y a à prenre garde. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  41. Écoutez, Monsieur, je commence par le meilleur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  42. C'est que c'est une fille comme il n'y en a point, d'abord. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  43. C'est la pus belle himeur, le coeur le pus charmant, le pus benin !... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  44. Fâchez-la, ça vous pardonne ; aimez-la, ça vous chérit : il n'y a point de bonté qu'alle ne possède ; c'est une marveille, une admiration du monde, une raison, une libéralité, une douceur !... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  45. Et moi aussi, ta merveille m'attendrit. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  46. Tu ne me surprends point, Lisette ; j'avais cette opinion-là d'elle. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  47. Vous l'aimez, dites-vous ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  48. Lisette, ce me fait-elle, je crois que ce garçon de Paris m'en veut ; sa civilité me le montre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  49. Que nenni, ce me dit-elle ; il m'appriande trop ; je serais pourtant bian aise d' être çartaine, à celle fin de n'en plus douter. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  50. Vraiment oui, ce dit-elle ; mais faut savoir à qui je parle ; j'aime encore mieux être fâchée que douteuse. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  51. Comme l'amour nous la mitonne ! (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  52. Hier encore, je li disais, toujours à vote endroit : Madame, queu dommage qu'il soit bourgeois de nativité ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  53. Que c'est une belle prestance d'homme ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  54. T'as raison, Lisette, me répartit-elle ; oui, ma fille, c'est dommage ; cette nativité est fâcheuse ; car le parsonnage est agriable, il fait plaisir à considérer, je n'en vas pas à l'encontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  55. Mais, Lisette, suivant ce que tu me rapportes là, je pourrais donc risquer l'aveu de mes sentiments ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  56. Il n'y a que les gentilshommes qui soyont son prochain, le reste est quasiment de la formi pour elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  57. Mon intention, Lisette, était d'abord de t'engager à me servir auprès d'Angélique ; mais cela serait inutile, à ce que je vois ; et il me vient une autre idée. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  58. Je sors d'avec le Marquis, à qui, sans me nommer, j'ai parlé d'un très riche parti qui se présentait pour sa fille ; et sur tout ce que je lui en ai dit, il m'a permis de le proposer à Angélique ; mais je juge à propos que tu la préviennes avant que je lui parle. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  59. Comme elle croit que je l'aime, elle soupçonnera que c'est moi ; et tu lui diras qu'à la vérité je n'ai pas dit qui c'était, mais qu'il t'a semblé que je parlais pour un autre, pour quelqu'un d'une condition égale à la mienne. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  60. Peut-être qu'alle vous excuserait, vous, maugré la bourgeoisie ; mais n'y aura pas de marci pour un pareil à vous ; alle dégrignera vote homme, alle dira que c'est du fretin. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  61. Oui, je m'attends bien à des mépris, mais je ne les éviterais peut-être pas si je me déclarais sans détour, et ils ne me laisseraient plus de ressource, au lieu qu'alors ils ne s'adresseront pas à moi. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  62. Alors l'aveu de mon amour sera tout fait ; je lui aurai appris que je l'aime, et n'aurai point été personnellement rejeté : de sorte qu'il ne tiendra encore qu'à elle de me traiter avec bonté. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  63. Et voilà précisément ce que j'ai tout d'un coup deviné, sans avoir eu l'esprit de le dire. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  64. Ce tornant-là me plait ; et même faut d'abord que je vous en procure des injures, à celle fin que ça vous profite après. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  65. Allez-vous-en, Monsieur, pour me bailler le temps de la dépiter envars vous. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  66. À propos, Monsieur, faut itou que vous li touchiais une petite parole sur ce que Lépaine me recharche ; j'ai ma finesse à ça, que je vous conterai. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  67. Je te donne mes pleins pouvoirs. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  68. Il me semblait de loin avoir vu Dorante avec toi. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  69. Vous n'avez pas la barlue, Madame, et il y a bian des nouvelles. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  70. C'est Monsieur Dorante li-même, qui s'enquierre comment vous va le coeur, et si parsonne ne l'a prins ; c'est mon galant Lépaine qui demande après le mien. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  71. Tu sais les soupçons que j'avais là-dessus, et Dorante est aimable ; mais malheureusement il lui manque de la naissance, et je souhaiterais qu'il en eût, j'ai même eu besoin quelquefois de me ressouvenir qu'il n'en a point. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  72. Comment ! (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  73. C'est seulement qu'il est le commis d'un autre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  74. Que me contes-tu là ? (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  75. Un homme jeune, opulent, un bourgeois de sa sorte. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  76. Pars tout à l'heure, va lui dire que je me sens offensée de la proposition qu'il a dessein de me faire, et que je n'en veux point entendre parler. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  77. Et que cet acabit de mari n'est pas capable d'être vote homme : allons. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  78. Attends, laisse-le venir ; dans le fond, il est au-dessous de moi d'être si sérieusement piquée. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  79. Je ne reviens pas de mon étonnement, je l'avoue. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  80. Jusque-là que j'ai craint qu'à la fin il ne m'obligeât à le refuser lui-même. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  81. Avoir un visage qui ment, est-il permis ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  82. C'est manque de monde : ces petits messieurs-là, pour avoir bonne grâce, croient qu'il n'y a qu'à se prosterner et à dire des fadeurs, ils n'en savent pas davantage. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  83. Encore, s'il parlait pour son compte, je li pardonnerais quasiment ; car je le trouvais joli, comme vous le trouviais itou, à ce qu'on m'avez dit. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  84. Qui a l'air assez commun pourtant, l'air de ces gens-là ; mais ce qu'il avait d'aimable pour moi, c'est son attachement pour mon père, à qui même il a rendu quelque service : voilà ce qui le distinguait à mes yeux, comme de raison. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  85. Ce que c'est que d'aimer son père ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  86. Cette reconnaissance-là, alle vous aurait menée à la noce, ni pus ni moins. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  87. Enfin, heureusement m'en voilà débarrassée ; car quelquefois, à dire vrai, l'amour que je lui croyais ne laissait pas de m'inquiéter. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  88. Ce qu'une fille raisonnable, qui m'appartient et qui est née quelque chose, doit faire d'un valet qui ne lui convient pas, et du valet d'un homme qui manque aux égards qu'il me doit. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  89. Oserais-je, sans être importun, Madame, vous demander un instant d'entretien ? (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  90. D'une proposition que Monsieur_le_Marquis m'a permis de vous faire, qu'il vous rend la maîtresse d'accepter ou non, mais dont j'hésite à vous parler, et que je vous conjure de me pardonner, si elle ne vous plaît pas. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  91. Je ne l'avais pas priée de vous prévenir ; mais c'est de cela même, Madame. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  92. Je vous promets de l'oublier. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  93. Mais, Madame, permettez-moi d'insister, ce récit de Lisette peut n'être pas exact. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  94. Dorante, si c'est de bonne foi que vous avez craint de me fâcher, la manière dont je m'explique doit vous arrêter, ce me semble, et je vous le répète encore, parlons d'autre chose. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  95. Je me tais, Madame, pénétré de douleur de vous avoir déplu. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  96. Vos expressions sont trop fortes, vous parlez de cela comme du plus grand des malheurs ! (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  97. C'en est un très grand pour moi, Madame, que vous avoir déplu. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  98. Vous ne connaissez ni mon attachement ni mon respect. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  99. Je vous déclare, moi, que vous me désespérerez, si vous ne vous consolez pas. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  100. Je serais trop heureux de pouvoir y demeurer toute ma vie, Madame... (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  101. Je n'ose plus vous répondre, Madame. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  102. On dirait que votre souverain bonheur consiste à ne me pas perdre de vue et j'en serais fâchée. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  103. Vous avez une douleur profonde pour avoir pensé à un mariage dont je me contente de rire. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  104. Souffrirez-vous que je parle, Madame ? (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  105. Il n'y a rien de moins incroyable que le plaisir infini que j'aurais à vous voir toujours ; rien de plus croyable que l'extrême confusion que j'ai de vous avoir indisposé contre moi ; rien de plus naturel que d'être touché autant que je le suis de ne pouvoir du moins me justifier auprès de vous. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  106. je les sais, vos justifications, vous les mettriez en plusieurs articles, et je vais vous les réduire en un seul ; c'est que celui que vous me proposez est extrêmement riche. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  107. Ajoutez-y, Madame, que c'est un honnête homme. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  108. Sans doute, je vous dis qu'il est riche : c'est la même chose. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  109. Madame, ne fût-ce qu'en ma faveur, ne confondons pas la probité avec les richesses. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  110. Cela ne vous regarde pas, Dorante, et je vous excepte ; mais que vous me disiez qu'il est honnête homme, il ne lui manquerait plus que de ne pas l'être. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  111. Quel est-il, votre homme ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  112. Simplement un homme de bonne famille ; mais à qui, malgré cela, Madame, on offre actuellement de très grands partis. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  113. Je me tais, Madame ; votre opinion est que j'ai tort, et je me condamne. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  114. Croyez-moi, Dorante, vous estimez trop les biens : et le bon usage que vous faites des vôtres vous excuse. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  115. Mais entre nous, que ferais-je avec un homme de cette espèce-là ? (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  116. L'honnête homme d'un certain état n'est pas l'honnête homme du mien. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  117. Ce sont d'autres façons, d'autres sentiments, d'autres moeurs, presque un autre honneur ; c'est un autre monde. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  118. Votre mari me rebuterait et je le gênerais. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  119. Madame, épargnez-moi, je vous prie. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  120. Vous m'avez promis d'oublier mon tort, et je compte sur cette bonté-là dans ce moment même. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  121. Pour vous prouver que je n'y songe plus, j'ai envie de vous prier de rester encore avec nous quelque temps ; vous me verrez peut-être incessamment mariée. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  122. Comment, Madame ? (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  123. J'ai un de mes parents qui m'aime et que je ne hais pas, qui est actuellement à Paris, où il suit un procès important, qui est presque sûr, et qui n'attend que ce succès pour venir demander ma main. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  124. Et vous l'aimez, Madame ? (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  125. J'ai abusé trop longtemps de votre patience, et je me retire toujours pénétré de douleur. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  126. J'oubliais de vous prévenir sur une chose, Madame. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  127. Lépine, à qui je destine une récompense de ses services, voudrait épouser Lisette, et je lui défendrai d'y penser, si vous me l'ordonnez. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  128. Dès que c'est Dorante qui le propose ce ne peut être qu'un de ses amis, et par conséquent un homme très estimable qui doit d'ailleurs avoir un rang, et que vous auriez pu épouser avec l'approbation de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  129. Pour moi, Monsieur, la répugnance de Madame ne me surprend point : j'aurais assurément souhaité qu'elle ne l'eût point eue. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  130. Son refus me mortifie plus que je ne puis l'exprimer ; mais j'avoue en même temps que je ne le blâme point. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  131. fierté qui lui sied, et qui est à sa place ; aussi le mari que je proposais ; et dont je sais les sentiments comme les miens, n'osait-il se flatter qu'on lui ferait grâce, et ne voyait que son amour et que son respect qui fussent dignes de Madame. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  132. La vérité est que je n'aurais pas cru avoir besoin d'excuse auprès de vous, mon père, et je m'imaginais que vous aimeriez mieux me voir au Baron, qu'il ne tient qu'à moi d'épouser s'il gagne son procès. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  133. Il me mande qu'il vient vous offrir sa fortune, et nous le verrons peut-être ce soir. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  134. Vous m'aviez paru jusqu'ici très médiocrement prévenue en sa faveur, vous avez changé. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  135. Je pourrais être de trop dans ce moment-ci, Monsieur, et je vous laisse seuls. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  136. Quel est cet honnête homme de vos amis qui songeait à ma fille, et qui se serait cru si heureux de partager ses grands biens avec elle ? (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  137. Il aime tendrement Angélique, dites-vous ? (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  138. Oui, Monsieur, et il y a même une terre. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  139. Je ne me rappelle personne que cela puisse regarder. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  140. Oui, Monsieur, c'est moi à qui l'amour le plus tendre avait imprudemment suggéré un projet, dont il ne me reste plus qu'à demander pardon à Madame. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  141. Vous voyez à présent, Madame, que ma douleur tantôt n'était point exagérée, et qu'il n'y avait rien de trop dans mes expressions. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  142. Vous avez raison, je me trompais. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  143. Sans son inclination pour le Baron, je suis persuadé qu'Angélique vous rendrait justice dans cette occurrence-ci ; mais il ne me reste plus que l'autorité de père, et vous n'êtes pas homme à vouloir que je l'emploie. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  144. Suis-je digne que Madame vous entende seulement prononcer ces mots-là pour moi ! (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  145. Je ne vous accuse de rien, et je me retire. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  146. C'est une qualité qui, de toutes façons, aurait fait le bonheur de ma vie, mais qui n'aurait pu rien ajouter à l'attachement que j'ai pour vous. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  147. Ce n'est pas ici le moment de m'expliquer ; je suis d'ailleurs pressé d'aller donner quelques ordres pour une affaire qui regarde le Baron. (Acte 1, scène 6, LE-MARQUIS)
  148. Je n'ai, au reste, qu'une simple complaisance à vous demander ; puis-je me flatter de l'obtenir ? (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  149. Comment vont nos affaires de votre côté ? (Acte 1, scène 7, LÉPINE)
  150. Ça va comme un charme. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  151. Sait-elle qu'ous êtes l'homme ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  152. C'est qu'alle fait déjà la chattemite ; velà le repentir qui l'amende. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  153. Je vous dis que je me suis nommé, et que son refus subsiste. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  154. C'est cette gloire ; mais ça s'en ira ; velà que ça meurit, faut que ça tombe ; j'en avons la marque ; à telles enseignes que tantôt... (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  155. Qu'est-ce donc, Madame ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  156. Contez-moi ça, Madame. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  157. Dame ! (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  158. vous l'avez appelé petit monsieur : et un petit monsieur, c'est justement et à point un freluquet ; il n'y a pas pus à pardre ou à gagner sur l'un que sur l'autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  159. j'ai eu tort ; je n'ai point à me plaindre de lui. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  160. Comment, marci de ma vie ! (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  161. C'est toi qui n'es qu'une étourdie, qui n'as pas eu le moindre jugement avec lui. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  162. J'ons pourtant cotume d'avoir toujours mon jugement. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  163. Tu viens me dire qu'il a disposé de ma main pour un autre ; et c'était pour lui qu'il la demandait. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  164. Tu me le peins comme un homme qui me manque de respect ; et point du tout ; c'est qu'on n'en eut jamais tant pour personne, c'est qu'il en est pénétré. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  165. Où est-ce qu'elle est donc cette pénétration, pisqu'il a prins la licence d'aller vous déclarer je vous aime, maugré vote importance ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  166. Je ne le saurais pas, son amour ; je ne ferais encore que le soupçonner, sans le détour qu'il a pris pour me l'apprendre. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  167. N'est-ce pas là un homme bien hardi, bien digne de l'accueil que tu lui as attiré de ma part ? (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  168. En vérité, il y a des moments où je suis tentée de lui en faire mes excuses, et je le devrais peut-être. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  169. Écoute, je ne te querelle point ; mais ta bévue me met dans une situation bien fâcheuse. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  170. Est-ce qu'ous êtes obligée d'honorer cet homme, à cause qu'il vous aime ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  171. Ça est biau et mêmement vénérable, mais vote père est bonhomme ; il ne voudrait pas vous bailler de petites gens en mariage. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  172. Faut donc qu'il ne s'y connaisse pas, pisqu'il désire que vous épousiais un homme comme ça. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  173. Mais, c'est que Dorante n'est pas un homme comme ça. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  174. Dorante épousera qui il voudra : c'est d'ailleurs un fort honnête homme. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  175. Je ne suis point surprise qu'il le regrette, et qu'il soit mortifié de me donner au Baron. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  176. vraiment, mon père l'attend pour nous marier ; car il croit que je l'aime, et il n'en est rien. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  177. Ce n'est pas là tout, je l'ai fait accroire à Dorante lui-même. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  178. Enfin, il arrive ce soir ; il entre peut-être actuellement dans la cour du château. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  179. Cela ne me raccommodera pas avec mon père. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  180. Dame, vote père ! (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  181. Car il me semble que ta fureur est que je le haïsse. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  182. C'est que je sais que vous ne l'aimez pas. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  183. Madame, prenez donc l'autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  184. voilà ce que je ne saurais faire, je ne me résoudrai jamais à cette humiliation-là. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  185. Tout ce que tu me proposes est extrême. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  186. J'imagine pourtant un moyen de renouer avec lui sans me compromettre. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  187. Un moyen qui te sera même avantageux, et je suis d'avis que tu ailles le trouver de ma part. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  188. Monsieur, Monsieur de Lépaine, approchez-vous vers Madame. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  189. Que lui plaît-il, à Madame ? (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  190. Va, je te prie, informer ton maître que j'aurais un mot à lui dire. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  191. Je l'en informerai le plus vite que je pourrai, Madame ; car je vais si lentement... (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  192. Oui, Madame, j'ai pleuré, je pleure encore ; et je n'y renonce pas, j'en ai peut-être pour le reste de l'année, qui n'est pas bien avancée. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  193. Je suis homme à faire des cris de désespéré, sans respect de personne. (Acte 1, scène 9, L?PINE)
  194. Il m'alarme. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  195. Vous le savez bien, Madame, vous qui nous renvoyez tous deux, mon maître et moi, comme de trop minces personnages ; ce qui fait que nous partons. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  196. Il ne me le pardonnera pas, Lisette, et Dorante le sait bien. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  197. Le méchant homme ! (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  198. Mais vous nous poignardez ; et c'est la valeur de deux meurtres que vous vous reprocherez quelque jour. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  199. Il me fait tout le mal qu'il peut. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  200. Je n'en sais rien, Madame ; ni lui non plus ; car nous sommes comme des égarés, surtout depuis que nos ballots sont faits. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  201. Il faudra bien du moins que Dorante retarde de quelques jours ; car toute réflexion faite, j'allais dire à Lisette que j'approuve qu'elle t'épouse ; et ton maître, qui t'aime, assistera sans doute à ton mariage. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  202. Lisette ne voulait que mon consentement, et je le donne : va, hâte-toi de l'en instruire. (Acte 1, scène 9, ANG?LIQUE)
  203. Vote consentement, Madame ! (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  204. Vous me considérez trop pour ça, et je m'en vais. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  205. Oui, Madame ; mon état a besoin de secours. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  206. Êtes-vous folle de ne pas prendre cet homme-là ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  207. Je l'ai refusé, Madame. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  208. Je me reprocherais toute ma vie de vous avoir fait manquer votre fortune. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  209. Soyons ruinées, Madame, et toujours glorieuses ; jamais d'humilité, c'est une pensée que je tians de vous. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  210. Votre fierté est si ridicule, qu'elle me dégoûte de la mienne. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  211. Je suis fille de fiscal, une fois ; qu'il me vienne un bailli, je le prends. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  212. Excusez, Madame : c'est que j'entends parler de bailli. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  213. M'aimez-vous, Lisette ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  214. Si je vous aime ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  215. Il ne tient qu'à vous de le retarder, en vous mariant avantageusement. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  216. Ce n'est même que sous prétexte de votre mariage que j'envoie chercher Dorante ; et si votre refus continue, je ne vous verrai de ma vie. (Acte 1, scène 9, ANG?LIQUE)
  217. Je me marierai, afin qu'il séjourne, mais j'y boute une condition. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  218. Baillez-moi l'exemple ; amendez-vous, je m'amende. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  219. Est-ce fait, Madame ? (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  220. Quand on varra la noce de Madame, on varra la nôtre ; la petite avec la grande. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  221. Je tombe à vos genoux, Madame, sauvez la petite. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  222. Je vais chercher mon père à qui j'ai à parler ; va, de ton côté, avertir ton maître, que je compte de retrouver ici, où je vais revenir dans quelques moments. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  223. C'est elle qui me marie avec Lisette, Monsieur. (Acte 1, scène 11, LÉPINE)
  224. Et il va être mon homme, pour à celle fin que vous restiais. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  225. Et vous êtes un méchant homme de vouloir vous en aller, pour la faire bouder par son père. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  226. Et je li ai enjoint qu'alle serait votre femme, et alle ne s'est pas rebéquée. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  227. Éclaircissez-moi, mettez-moi au fait, je ne vous entends pas. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  228. Vous me laissez dans une furieuse inquiétude. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  229. Je vous cherchais, Dorante, et je viens vous sommer de la parole que vous m'avez donnée tantôt, vous ne savez pas que j'ai encore une fille, une cadette qui vaut bien son aînée. (Acte 1, scène 12, LE-MARQUIS)
  230. Votre refus m'afflige, Madame, mais je le respecte, et n'en murmure point. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  231. Un moment, Monsieur. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  232. Je sais jusqu'où va l'amitié que mon père a pour vous ; et si vous vous étiez nommé, les choses se seraient passées différemment ; il n'aurait pas été question de mes répugnances ; ma tendresse pour lui les aurait fait taire, ou me les aurait ôtées, Monsieur ; il n'a tenu qu'à vous de lui épargner la douleur où je l'ai vu de mon refus ; je n'aurais pas eu celle de lui avoir déplu, et je ne l'ai chagriné que par votre faute. (Acte 1, scène 13, ANG?LIQUE)
  233. Vous m'excuserez, mon père, vous ne voulez pas me le dire, et vous me ménagez ; mais vous étiez très mécontent de moi. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  234. Votre parti Madame ! (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  235. Laissons cela, Angélique ; il n'est pas question ici de consulter mon goût, vous êtes destinée à un autre : c'est au Baron ; vous l'aimez, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  236. Monsieur, il vient de venir un homme que vous avez, dit-il, envoyé chercher pour le Baron, et qui attend dans la salle. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  237. Je reviens dans le moment. (Acte 1, scène 14, LE-MARQUIS)
  238. Oui, Madame. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  239. Lépine m'a averti que vous aviez à me parler ; et j'allais me rendre à vos ordres, si Monsieur_le_Marquis ne m'avait pas arrêté. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  240. Je serai donc le seul qui m'en retournerai le pus malheureux de tous les hommes. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  241. Moi, Madame ? (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  242. Oui, Monsieur, vous me proposez. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  243. Un inconnu que je refuse, sans savoir que c'est vous ; quand vous vous nommez, il n'est plus temps. (Acte 1, scène 15, ANG?LIQUE)
  244. Madame, j'y vais malgré moi, vous le savez, Monsieur_le_Marquis veut que je le suive. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  245. Daignez me défendre de lui tenir parole, je vous le demande en grâce. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  246. Non, Madame, je prends tout sur moi, et je pars ce soir. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  247. Madame, épargnez-moi, de grâce, le désespoir d'être témoin de votre mariage avec le Baron. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  248. Je ne l'épouserai point, je vous le promets. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  249. Vous me le promettez ? (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  250. Madame, qu'entends-je ? (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  251. L'excès de mon bonheur me coupe la parole. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  252. Sortons, je me charge de faire entendre raison au Baron. (Acte 1, scène 16, LE-MARQUIS)

LE TRIOMPHE DE L'AMOUR (1732)

  1. Mais, Madame, ne trouvera-t-on pas mauvais que nous soyons entrées si hardiment ici, nous qui n'y connaissons personne ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  2. Restons dans cette allée en nous promenant, j'aurai le temps de te dire ce qu'il faut à présent que tu saches. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  3. Mais, Princesse, faites-moi la grâce tout entière ; si vous voulez me donner un régal bien complet, laissez-moi le plaisir de vous interroger moi-même à ma fantaisie. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  4. Comme tu voudras. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  5. Et comme vous savez que, par amusement, j'ai appris à peindre, à peine y sommes-nous quatre ou cinq jours, que, vous enfermant un matin avec moi, vous me montrez deux portraits, dont vous me demandez des copies en petit et dont l'un est celui d'un homme de quarante-cinq ans, et l'autre celui d'une femme d'environ trente-cinq, tous deux d'assez bonne mine. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  6. Laissez-moi dire : quand ces copies sont finies, vous faites courir le bruit que vous êtes indisposée, et qu'on ne vous voit pas ; ensuite vous m'habillez en homme, vous en prenez l'attirail vous-même ; et puis nous sortons incognito toutes deux dans cet équipage-là, vous, avec le nom de Phocion, moi, avec celui d'Hermidas, que vous me donnez ; et après un quart_d_heure de chemin, nous voilà dans les jardins du philosophe Hermocrate, avec la philosophie de qui je ne crois pas que vous ayez rien à démêler. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  7. Qu'est-ce que c'est que cet homme et cette femme qu'ils représentent ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  8. Que signifie la mascarade où nous sommes ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  9. Je ne saurais le savoir trop tôt, car je m'en meurs. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  10. Léonidas, outré de douleur, et chéri des soldats, vint comme un furieux attaquer Cléomène, le prit avec la Princesse son épouse, et les enferma tous deux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  11. Au bout de quelques années, Cléomène mourut, aussi bien que la Princesse son épouse, qui ne lui survécut que six mois et qui, en mourant, mit au monde un prince qui disparut, et qu'on eut l'adresse de soustraire à Léonidas, qui n'en découvrit jamais la moindre trace, et qui mourut enfin sans enfants, regretté du peuple qu'il avait bien gouverné, et qui vit tranquillement succéder son frère, à qui je dois la naissance, et au rang de qui j'ai succédé moi-même. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  12. Oui ; mais tout cela ne dit encore rien de notre déguisement, ni des portraits dont j'ai fait la copie, et voilà ce que je veux savoir. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  13. Doucement : ce Prince, qui reçut la vie dans la prison de sa mère, qu'une main inconnue enleva dès qu'il fut né, et dont Léonidas ni mon père n'ont jamais entendu parler, j'en ai des nouvelles, moi. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  14. Point du tout ; c'est moi qui vais me remettre au sien. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  15. Vous, Madame ! (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  16. vous n'en ferez rien, je vous jure ; je ne le souffrirai jamais : comment donc ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  17. Ce Prince est depuis dix ans chez le sage Hermocrate, qui l'a élevé, et à qui Euphrosine, parente de Cléomène, le confia, sept ou huit ans après qu'il fut sorti de prison ; et tout ce que je te dis là, je le sais d'un domestique qui était, il n'y a pas longtemps, au service d'Hermocrate, et qui est venu m'en informer en secret, dans l'espoir d'une récompense. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  18. N'importe, il faut s'en assurer, Madame. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  19. Ce n'est pourtant pas là le parti que j'ai pris ; un sentiment d'équité, et je ne sais quelle inspiration m'en ont fait prendre un autre. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  20. J'appris qu'Hermocrate et lui se promenaient tous les jours dans la forêt qui est à côté de mon château. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  21. Sur cette instruction, j'ai quitté, comme tu sais, la ville ; je suis venue ici, j'ai vu Agis dans cette forêt, à l'entrée de laquelle j'avais laissé ma suite. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  22. Le domestique qui m'y attendait me montra ce Prince lisant dans un endroit du bois assez épais. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  23. Figure-toi, Corine, un assemblage de tout ce que les Grâces ont de noble et d'aimable ; à peine t'imagineras-tu les charmes et de la figure et de la physionomie d'Agis. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  24. Ce que je commence à imaginer de plus clair, c'est que ces charmes-là pourraient bien avoir mis les nôtres en campagne. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  25. J'oublie de te dire que, lorsque je me retirais, Hermocrate parut ; car ce domestique, en se cachant, me dit que c'était lui, et ce philosophe s'arrêta pour me prier de lui dire si la Princesse ne se promenait pas dans la forêt ; ce qui me marqua qu'il ne me connaissait point. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  26. Le parti que j'ai pris l'est encore davantage ; je n'ai feint d'être indisposée et de ne voir personne, que pour être libre de venir ici ; je vais, sous le nom du jeune Phocion, qui voyage, me présenter à Hermocrate, comme attiré par l'estime de sa sagesse ; je le prierai de me laisser passer quelque temps avec lui, pour profiter de ses leçons ; je tâcherai d'entretenir Agis, et de disposer son coeur à mes fins. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  27. Je suis née d'un sang qu'il doit haïr ; ainsi je lui cacherai mon nom ; car de quelques charmes dont on me flatte, j'ai besoin que l'amour, avant qu'il me connaisse, les mette à l'abri de la haine qu'il a sans doute pour moi. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  28. Oui ; mais, Madame, si, sous votre habit d'homme, Hermocrate allait reconnaître cette dame à qui il a parlé dans la forêt, vous jugez bien qu'il ne vous gardera pas chez lui. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  29. J'ai pourvu à tout, Corine, et s'il me reconnaît, tant pis pour lui ; je lui garde un piège, dont j'espère que toute sa sagesse ne le défendra pas. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  30. Je serai pourtant fâchée qu'il me réduise à la nécessité de m'en servir ; mais le but de mon entreprise est louable, c'est l'amour et la justice qui m'inspirent. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  31. J'ai besoin de deux ou trois entretiens avec Agis, tout ce que je fais est pour les avoir : je n'en attends pas davantage, mais il me les faut ; et si je ne puis les obtenir qu'aux dépens du philosophe, je n'y saurais que faire. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  32. Et cette soeur qui est avec lui, et dont apparemment l'humeur doit être austère, consentira-t-elle au séjour d'un étranger aussi jeune et d'aussi bonne mine que vous ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  33. Tant pis pour elle aussi, si elle me fait obstacle ; je ne lui ferai pas plus de quartier qu'à son frère. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  34. Mais, Madame, il faudra que vous les trompiez tous deux ; car j'entends ce que vous voulez dire ; cet artifice-là ne vous choque-t-il pas ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  35. Il me répugnerait, sans doute, malgré l'action louable qu'il a pour motif ; mais il me vengera d'Hermocrate et de sa soeur qui méritent que je les punisse ; qui, depuis qu'Agis est avec eux, n'ont travaillé qu'à lui inspirer de l'aversion pour moi, qu'à me peindre sous les traits les plus odieux, et le tout sans me connaître, sans savoir le fond de mon âme, ni tout ce que le ciel a pu y verser de vertueux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  36. Voilà ce que le domestique m'a rapporté d'après l'entretien qu'il surprit. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  37. Eh d'où vient tout le mal qu'ils me font ? (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  38. Je n'en connaissais pas l'héritier légitime ; il n'a jamais paru, on le croit mort. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  39. Non, Corine, je n'ai point de scrupule à me faire. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  40. À ton égard, conforme-toi à tout ce qui m'arrivera ; et j'aurai soin de t'instruire à mesure de tout ce qu'il faudra que tu saches. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  41. Il y aura bien de l'ouvrage à tout ceci, Madame, et votre sexe... (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  42. Madame ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  43. Parlez donc, vous autres hommes, vous êtes donc des femmes ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  44. Mes mignonnes, avant que de vous en aller, il faudra bien, s'il vous plaît, que nous comptions ensemble : je vous ai d'abord pris pour deux fripons ; mais je vous fais réparation : vous êtes deux friponnes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  45. Non, Madame ; laissez-moi faire, et ne craignez rien. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  46. Tenez, la physionomie de ce garçon-là ne m'aura point trompée : assurément, il est traitable. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  47. Et par-dessus le marché, un honnête homme, qui n'a jamais laissé passer de contrebande ; ainsi vous êtes une marchandise que j'arrête, je vais faire fermer les portes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  48. Tiens, mon ami, voilà déjà un commencement de preuves ; ne serais-tu pas fâché d'avoir perdu cela ? (Acte 1, scène 2, PHOCION)
  49. Je n'ai encore qu'un commencement d'envie de n'en plus faire. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  50. Achevez de la déterminer, Madame. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  51. Voilà l'abrégé de ma mauvaise humeur. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  52. Mais de quoi s'agit-il, mes libérales dames ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  53. Tiens, d'une bagatelle : Madame a vu Agis dans la forêt, et n'a pu le voir sans lui donner son coeur. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  54. Cela est extrêmement honnête. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  55. Or, Madame qui est riche, qui ne dépend que d'elle, et qui l'épouserait volontiers, voudrait essayer de le rendre sensible. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  56. Madame ne saurait le rendre sensible qu'en liant quelque conversation avec lui, qu'en demeurant même quelque temps dans la maison où il est. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  57. Et cela ne se pourrait pas, si elle se présentait habillée suivant son sexe ; parce qu'Hermocrate ne le permettrait pas, et qu'Agis lui-même la fuirait, à cause de l'éducation qu'il a reçue du philosophe. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  58. Et voilà pourquoi Madame a pris le parti de se déguiser pour paraître ; ainsi tu vois bien qu'il n'y a point de mal à tout cela. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  59. Madame a pris de l'amour en passant, pour Agis. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  60. Allez, gracieuses personnes, ayez bon courage ; je vous offre mes services. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  61. N'oublie pas, dans le besoin, que Madame s'appelle Phocion, et moi Hermidas. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  62. Et surtout qu'Agis ne sache point qui nous sommes. (Acte 1, scène 2, PHOCION)
  63. Ne craignez rien, seigneur Phocion, touchez là, camarade Hermidas ; voilà comme je parle, moi. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  64. Je ne leur baillons pas cette parmission-là, nous ; je n'entendons pas qu'on vianne comme ça sans dire gare : ne tiant-il qu'à enfiler des portes ouvartes ? (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  65. En a l'honnêteté d'appeler un jardinier ; en li demande le parvilège ; on a queuque bonne manière avec un homme, et pis la parmission s'enfile avec la porte. (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  66. Doucement, notre ami ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  67. Voirement ! (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  68. Contre cette jeunesse qui viant apparemment mugueter nos espaliers. (Acte 1, scène 4, DIMAS)
  69. Vous arrivez à propos, Seigneur, pour me débarrasser de lui. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  70. Je vous demande pardon, Seigneur, de l'accueil rustique de cet homme-là ; Hermocrate lui-même vous en fera ses excuses ; et vous êtes d'une physionomie qui annonce les égards qu'on vous doit. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  71. Il est vrai, Seigneur, que ce jardinier m'a traité brusquement ; mais vos politesses m'en dédommagent ; et si ma physionomie, dont vous parlez, vous disposait à me vouloir du bien, je la croirais en effet la plus heureuse du monde ; et ce serait, à mon gré, un des plus grands services qu'elle pût me rendre. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  72. Promenons-nous, pour parler du nôtre. (Acte 1, scène 4, HERMIDAS)
  73. Je lui dois mon éducation ; j'ose dire qu'il m'aime. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  74. Sa réputation m'attirait ici ; je ne voulais, quand je suis venu, que l'engager à me souffrir quelque temps auprès de lui ; mais depuis que je vous connais, ce motif le cède à un autre encore plus pressant ; c'est celui de vous voir le plus longtemps qu'il me sera possible. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  75. Je vous conseillerai de ne me perdre jamais de vue. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  76. Notre maîtresse s'avance ; elle a une mine grave qui ne me plaît point du tout. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  77. Tenez, Madame, velà le damoisiau dont je vous parle, et cet autre étourniau est de son équipage. (Acte 1, scène 5, DIMAS)
  78. On m'a dit, Seigneur, que vous demandiez à parler à Hermocrate mon frère ; il n'est pas actuellement ici. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  79. Pouvez-vous, en attendant qu'il revienne, me confier ce que vous avez à lui dire ? (Acte 1, scène 5, L?ONTINE)
  80. Je n'ai à l'entretenir de rien de secret, Madame ; il s'agit d'une grâce que j'ai à obtenir de lui, et je compterai d'avance l'avoir obtenue, si vous voulez bien me l'accorder vous-même. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  81. Je m'appelle Phocion, Madame ; mon nom peut vous être connu ; mon père, que j'ai perdu il y a plusieurs années, l'a mis en quelque réputation. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  82. Seul et ne dépendant de personne, il y a quelque temps que je voyage pour former mon coeur et mon esprit. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  83. J'ai visité, dans mes voyages, tous ceux que leur savoir et leur vertu distinguaient des autres hommes. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  84. Il en est même qui m'ont permis de vivre quelque temps avec eux ; et j'ai espéré que l'illustre Hermocrate ne me refuserait pas, pour quelques jours, l'honneur qu'ils ont bien voulu me faire. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  85. Ce ne sont point les appartements qui nous manquent. (Acte 1, scène 5, AGIS)
  86. Non, mais vous savez mieux qu'un autre que cela ne se peut pas, Agis, et que nous nous sommes fait une loi nécessaire de ne partager notre retraite avec personne. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  87. J'ai pourtant promis au seigneur Phocion de vous y engager ; et ce ne sera pas violer la loi que nous nous sommes faite, que d'en excepter un ami de la vertu. (Acte 1, scène 5, AGIS)
  88. Je ne saurais changer de sentiment. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  89. Tête de femme ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  90. Madame, serez-vous inflexible à d'aussi louables intentions que les miennes ? (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  91. Hermocrate vous fléchira, Madame. (Acte 1, scène 5, AGIS)
  92. Je suis sûre qu'il pensera comme moi. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  93. Madame, je n'insisterai plus ; mais oserais-je vous demander un moment d'entretien secret ? (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  94. Puisque vous ne pouvez, Madame, vous rendre à la prière que je vous ai faite, il n'est plus question de vous en presser ; mais peut-être m'accorderez-vous une autre grâce, c'est de vouloir bien me donner un conseil qui va décider de tout le repos de ma vie. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  95. Celui que je vous donnerai, Seigneur, c'est d'attendre Hermocrate, il est meilleur à consulter que moi. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  96. Non, Madame, dans cette occasion-ci, vous me convenez encore mieux que lui. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  97. J'ai besoin d'une raison moins austère que compatissante ; j'ai besoin d'un caractère de coeur qui tempère sa sévérité d'indulgence, et vous êtes d'un sexe chez qui ce doux mélange se trouve plus sûrement que dans le nôtre ; ainsi, Madame, écoutez-moi, je vous en conjure par tout ce que vous avez de bonté. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  98. Il y a quelques jours que, traversant ces lieux en voyageur, je vis près d'ici une dame qui se promenait, et qui ne me vit point ; il faut que je vous la peigne, vous la reconnaîtrez peut-être, et vous en serez mieux au fait de ce que j'ai à vous dire. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  99. On ne saurait s'empêcher de l'aimer, mais d'un amour timide, et comme effrayé du respect qu'elle imprime ; elle est jeune, non de cette jeunesse étourdie qui m'a toujours déplu, qui n'a que des agréments imparfaits, et qui ne sait encore qu'amuser les yeux, sans mériter d'aller au coeur : non, elle est dans cet âge vraiment aimable, qui met les grâces dans toutes leurs forces, où l'on jouit de tout ce que l'on est, dans cet âge où l'âme, moins dissipée, ajoute à la beauté des traits un rayon de la finesse qu'elle a acquise. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  100. Je ne sais de qui vous parlez, Seigneur, cette dame-là m'est inconnue, et c'est sans doute un portrait trop flatteur. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  101. Celui que j'en garde dans mon coeur est mille fois au-dessus de ce que je vous peins là, Madame. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  102. Je vous ai dit que je passais pour aller plus loin ; mais cet objet m'arrêta, et je ne le perdis point de vue, tant qu'il me fut possible de le voir. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  103. Cette dame s'entretenait avec quelqu'un, elle souriait de temps en temps, et je démêlais dans ses gestes je ne sais quoi de doux, de généreux et d'affable, qui perçait à travers un maintien grave et modeste. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  104. Je demandai qui elle était, et j'appris qu'elle est la soeur d'un homme célèbre et respectable. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  105. Qu'elle n'est point mariée, et qu'elle vit avec ce frère dans une retraite dont elle préfère l'innocent repos au tumulte du monde toujours méprisé des âmes vertueuses et sublimes ; enfin, tout ce que j'en appris ne fut qu'un éloge, et ma raison même, autant que mon coeur, acheva de me donner pour jamais à elle. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  106. De grâce, laissez-moi finir, et que ce mot d'amour ne vous rebute point ; celui dont je vous parle ne souille point mon coeur, il l'honore, c'est l'amour que j'ai pour la vertu qui allume celui que j'ai pour cette dame ; ce sont deux sentiments qui se confondent ensemble ; et si j'aime, si j'adore cette physionomie si aimable que je lui trouve, c'est que mon âme y voit partout l'image des beautés de la sienne. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  107. Encore une fois, Seigneur, souffrez que je vous quitte ; on m'attend, et il y a longtemps que nous sommes ensemble. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  108. J'achève, Madame. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  109. Pénétré des mouvements dont je vous parle, je promis avec transport de l'aimer toute ma vie, et c'était promettre de consacrer mes jours au service de la vertu même. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  110. Je résolus ensuite de parler à son frère, d'en obtenir le bonheur de passer quelque temps chez lui, sous prétexte de m'instruire, et là, d'employer auprès d'elle tout ce que l'amour, le respect et l'hommage ont de plus soumis, de plus industrieux et de plus tendre, pour lui prouver une passion dont je remercie les dieux, comme d'un présent inestimable. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  111. et comment en sortir ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  112. Ce que j'avais résolu, je l'ai exécuté ; je me suis présenté pour parler à son frère : il était absent, et je n'ai trouvé qu'elle, que j'ai vainement conjurée d'appuyer ma demande, qui l'a rejetée, et qui m'a mis au désespoir. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  113. Figurez-vous, Madame, un coeur tremblant et confondu devant elle, dont elle a sans doute aperçu la tendresse et la douleur, et qui du moins espérait de lui inspirer une pitié généreuse ; tout m'est refusé, Madame ; et dans cet état accablant, c'est à vous à qui j'ai recours, je me jette à vos genoux, et je vous confie mes plaintes. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  114. Après ce que je viens d'entendre, c'est aux dieux à qui j'en demande moi-même. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  115. Phocion, vous aimez la vertu, dites-vous ; est-ce l'aimer que de venir la surprendre ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  116. Je vous ai consacré ma vie, j'aspire à l'unir à la vôtre ; ne m'empêchez pas de le tenter, souffrez-moi quelques jours ici seulement, c'est à présent la seule grâce qui soit l'objet de mes souhaits ; et si vous me l'accordez, je suis sûr d'Hermocrate. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  117. Vous souffrir ici, vous qui m'aimez ! (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  118. Qu'importe un amour qui ne fait qu'augmenter mon respect ?... (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  119. Faudra-t-il que je vous aime, moi qui n'ai jamais aimé ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  120. Car enfin vous me flattez en vain ; vous êtes jeune, vous êtes aimable, et je ne suis plus ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, L?ONTINE)
  121. Oui, Seigneur, je l'avoue, un peu de beauté, dit-on, m'était échue en partage ; la nature m'avait départi quelques charmes que j'ai toujours méprisés. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  122. Peut-être me les faites-vous regretter ! (Acte 1, scène 6, L?ONTINE)
  123. Convaincrez-vous mes yeux de ce qui n'est pas ? (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  124. Espérez-vous me persuader avec ces grâces ? (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  125. Tranchons là-dessus, Madame, ne disputons plus. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  126. Oui, j'y consens, toute charmante que vous êtes, votre jeunesse va se passer, et je suis dans la mienne ; mais toutes les âmes sont du même âge. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  127. Voici Hermocrate qui vient, et je vous servirai, en attendant que je me détermine. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  128. Est-ce là le jeune étranger dont vous me parlez ? (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  129. Oui, Seigneur, c'est lui-même. (Acte 1, scène 7, AGIS)
  130. C'est moi qui ai eu l'honneur de lui parler le premier, et je lui ai toujours fait vos compliments en attendant votre arrivée. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  131. Vous voyez, Hermocrate, le fils de l'illustre Phocion, que son estime pour vous amène ici ; il aime la sagesse, et voyage pour s'instruire ; quelques-uns de vos pareils se sont fait un plaisir de le recevoir quelque temps chez eux ; il attend de vous le même accueil ; il le demande avec un empressement qui mérite qu'on s'y rende ; j'ai promis de vous y engager, je le fais, et je vous laisse ensemble... (Acte 1, scène 7, LÉONTINE)
  132. Je regarde comme des bienfaits ces instances qu'on vous fait pour moi, Seigneur ; jugez de ma reconnaissance pour vous, si elles ne sont pas inutiles. (Acte 1, scène 7, PHOCION)
  133. Je vous rends grâces, Seigneur, de l'honneur que vous me faites : un disciple tel que vous ne me paraît pas avoir besoin d'un maître qui me ressemble ; cependant, pour en mieux juger, j'aurais confidemment quelques questions à vous faire. (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  134. Ou je me trompe, Seigneur, ou vous ne m'êtes pas inconnu. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  135. Ce n'est pas sans raison que j'ai voulu vous parler en secret ; j'ai des soupçons dont l'éclaircissement ne demande point d'éclat ; et c'est à vous à qui je l'épargne. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  136. Celui dont vous prenez le nom est actuellement à Athènes, je l'apprends par une lettre de Mermécides. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  137. Ce peut être quelqu'un qui se nomme comme moi. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  138. Cet habit-là n'est pas le vôtre, avouez-le, Madame, je vous ai vue ailleurs. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  139. Les témoins, comme vous voyez, n'étaient pas nécessaires, du moins ne rougissez-vous que devant moi. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  140. Si je rougis, je ne me rends pas justice, Seigneur ; et c'est un mouvement que je désavoue ; le déguisement où je suis n'enveloppe aucun projet dont je doive être confuse. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  141. Moi, qui entrevois ce projet, je n'y vois cependant rien de si convenable à l'innocence des moeurs de votre sexe, rien dont vous puissiez vous applaudir ; l'idée de venir m'enlever Agis, mon élève, d'essayer sur lui de dangereux appas, de jeter dans son coeur un trouble presque toujours funeste, cette idée-là, ce me semble, n'a rien qui doive vous dispenser de rougir, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  142. Ce jeune homme qui vient de paraître ici ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  143. Et faut-il que ce soit vous qui me fassiez cet outrage ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  144. Faut-il que des sentiments tels que les miens me l'attirent ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  145. Et les dieux, qui savent mes desseins, ne me le devaient-ils pas épargner ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  146. Non, Seigneur, je ne viens point ici troubler le coeur d'Agis ; tout élevé qu'il est par vos mains, tout fort qu'il est de la sagesse de vos leçons, ce déguisement pour lui n'eût pas été nécessaire ; si je l'aimais, j'en aurais espéré la conquête à moins de frais, il n'aurait fallu que me montrer peut-être, que faire parler mes yeux : son âge et mes faibles appas m'auraient fait raison de son coeur. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  147. Mais ce n'est pas à lui à qui le mien en veut ; celui que je cherche est plus difficile à surprendre, il ne relève point du pouvoir de mes yeux, mes appas ne feront rien sur lui ; vous voyez que je ne compte point sur eux, que je n'en fais pas ma ressource ; je ne les ai pas mis en état de plaire ; et je les cache sous ce déguisement parce qu'ils me seraient inutiles. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  148. Mais ce séjour que vous voulez faire chez moi, Madame, qu'a-t-il de commun avec vos desseins, si vous ne songez pas à Agis ? (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  149. Seigneur, épargnez à votre vertu le regret d'avoir offensé la mienne ; n'abusez point contre moi des apparences d'une aventure peut-être encore plus louable qu'innocente, que vous me voyez soutenir avec un courage qui doit étonner vos soupçons, et dont j'ose attendre votre estime, quand vous en saurez les motifs. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  150. Ne me parlez donc plus d'Agis ; je ne songe point à lui, je le répète : en voulez-vous des preuves incontestables ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  151. Celui que j'aime veut-il me donner sa main ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  152. Agis n'est point ici pour accepter mes offres. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  153. Madame ? (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  154. Je le suis en effet, et ne reviens point du trouble où ce discours me jette : moi, l'objet des mouvements d'un coeur tel que le vôtre ! (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  155. Seigneur, écoutez-moi ; j'ai besoin de me justifier après l'aveu que je viens de faire. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  156. Non, Madame, je n'écoute plus rien, toute justification est inutile, vous n'avez rien à craindre de mes idées ; calmez vos inquiétudes là-dessus ; mais, de grâce, laissez-moi. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  157. Vous attaquez une âme solitaire et sauvage, à qui l'amour est étranger ; ma rudesse doit rebuter votre jeunesse et vos charmes, et mon coeur en un mot ne pourrait rien pour le vôtre. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  158. Je ne lui demande point de partager mes sentiments, je n'ai nul espoir ; et si j'en ai, je le désavoue : mais souffrez que j'achève. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  159. Je vous ai dit que je vous aime, voulez-vous que je reste en proie à l'injure que me ferait ce discours-là, si je ne m'expliquais pas ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  160. Mais la raison me défend d'en entendre davantage. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  161. Mais ma gloire et ma vertu, que je viens de compromettre, veulent que je continue. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  162. Je n'ai rien de redoutable que des charmes humiliés par l'aveu que je vous fais, qu'une faiblesse que vous méprisez, et que je vous apporte à combattre. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  163. J'aimerais encore mieux l'ignorer. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  164. Oui, Seigneur, je vous aime ; mais ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas ici d'un penchant ordinaire ; cet aveu que je vous fais, il ne m'échappe point, je le fais exprès : ce n'est point à l'amour à qui je l'accorde, il ne l'aurait jamais obtenu ; c'est à ma vertu même à qui je le donne. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  165. Je vous dis que je vous aime, parce que j'ai besoin de la confusion de le dire ; parce que cette confusion aidera peut-être à me guérir ; parce que je cherche à rougir de ma faiblesse pour la vaincre : je viens affliger mon orgueil pour le révolter contre vous. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  166. Je ne vous dis point que je vous aime, afin que vous m'aimiez ; c'est afin que vous m'appreniez à ne plus vous aimer moi-même. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  167. Je ne demande point d'être aimée, il est vrai, mais je désire de l'être ; ôtez-moi ce désir ; c'est contre vous-même que je vous implore. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  168. Madame, voici le secours que je vous donne ; je ne veux point vous aimer : que cette indifférence-là vous guérisse, et finissez un discours où tout est poison pour qui l'écoute. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  169. À quoi me renvoyez-vous ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  170. Je ne le suis point, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  171. Passons, de grâce, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  172. Excusez ces traits d'un coeur qui se plaît à louer ce qu'il aime. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  173. Je m'appelle Aspasie ; et ce fut dans ces solitudes où je vivais comme vous, maîtresse de moi-même, et d'une fortune assez grande, avec l'ignorance de l'amour, avec le mépris de tous les efforts qu'on faisait pour m'en inspirer. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  174. Ce fut donc dans ces solitudes où je vous rencontrai, vous promenant aussi bien que moi ; je ne savais qui vous étiez d'abord, cependant, en vous regardant, je me sentis émue ; il semblait que mon coeur devinait Hermocrate. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  175. Mais le soin de garantir la mienne doit m'être encore plus cher ; tout sauvage que je suis, j'ai des yeux, vous avez des charmes, et vous m'aimez. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  176. J'ai des charmes, dites-vous ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  177. Je ne veux pas même m'exposer à les craindre. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  178. Vous ne m'aimez pas encore ; mais vous craignez de m'aimer : vous m'aimerez, Hermocrate, je ne saurais m'empêcher de l'espérer. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  179. Vous me troublez, je vous réponds mal, et je me tais. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  180. Seigneur, retirons-nous, marchons, rejoignons Léontine ; j'ai dessein de demeurer quelque temps ici, et vous me direz tantôt ce que vous aurez résolu là-dessus. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  181. Approche, Dimas : tu vois ce jeune étranger qui me quitte ; je te charge d'observer ses actions, de le suivre le plus que tu pourras, et d'examiner s'il cherche à entretenir Agis ; entends-tu ? (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  182. J'ai toujours estimé ton zèle, et tu ne saurais me le prouver mieux qu'en t'acquittant exactement de ce que je te dis là. (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  183. C'est par civilité, mon ami ; mais je ne t'en aime pas moins, quoique je te laisse là. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  184. Cette comparaison-là est de bon goût, nous en boirons la moitié quand tu voudras, et tu boiras gratis à mes dépens. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  185. Vous dites ça comme s'il en pleuvait ; avez-vous bian de quoi ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  186. Eh depuis quand suis-je devenu merle ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  187. Bon, bon, ne savons-je pas qu'ou avez de la finance de rencontre, je vous ons vu tantôt compter voute somme. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  188. voirement, c'est bian pis ; faut qu'il se doute de toute la manigance ; car il m'a enchargé de faire ici le renard en tapinois, pour à celle fin de défricher la pensée de ces deux parsonnes dont il a doutance par rapport à l'intention qu'alles avont, dont il est en peine d'avoir connaissance au juste, vous entendez bian ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  189. N'appriandez rin de ce renard-là ; il n'y a tant seulement qu'à voir ce que vous voulez que je li dise. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  190. Preumièrement d'abord, faut pas li déclarer ce que c'est que ce monde-là, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  191. Je te dis qu'elles me l'ont dit elles-mêmes. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  192. Qu'elles étaient des femmes. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  193. Alles sont des femmes ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  194. Comment donc, fripon ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  195. Vilain merle ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  196. Alles sont des femmes ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  197. Comme je vas m'ébaudir à conter ça ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  198. Dimas, tu me coupes la gorge. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  199. Des femmes qui baillont de l'argent en darrière un jardinier, maugré qu'il les treuve dans son jardrin, il n'y a morgué point de gorge qui tianne, faut punir ça. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  200. Je ferai financer cette dame pour racheter mon étourderie, je te le promets. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  201. Mais, par priambule, j'entends et je prétends qu'ou me disiais toute cette friponnerie-là. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  202. Combien avez-vous reçu de cette dame, tant en monnaie qu'en grosses pièces ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  203. Après : cette dame, que vient-elle patricoter ici ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  204. C'est qu'Agis a pris son coeur dans une promenade. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  205. Et elle s'est mise comme ça pour escamoter aussi le coeur d'Agis sans qu'il le voie. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  206. Ne vous gênez point ; car je suis un babillard, Madame. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  207. Non, Madame, ne vous découragez point ; dans votre projet vous avez besoin d'ouvriers, il n'y a qu'à gagner aussi le jardinier, n'est-il pas vrai, Dimas ? (Acte 2, scène 2, HERMIDAS)
  208. Ne tient-il aussi qu'à cela, Dimas ; prends toujours d'avance ce que je te donne là, et si tu te tais, sache que tu remercieras toute ta vie le ciel d'avoir été associé à cette aventure-ci ; elle est plus heureuse pour toi que tu ne saurais te l'imaginer. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  209. Conclusion, Madame, me velà vendu. (Acte 2, scène 2, DIMAS)
  210. Et moi, me voilà ruiné ; car sans ma peste de langue, tout cet argent-là arrivait dans ma poche, et c'est de mes deniers qu'on achète ce vaurien-là. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  211. Qu'il vous suffise que je vous ferai riches tous deux : mais parlons de ce qui m'amenait ici, et qui m'inquiète : Hermocrate m'a promis tantôt de me garder quelque temps ici ; cependant je crains qu'il n'ait changé de sentiment ; car il est actuellement en grande conversation, sur mon compte, avec Agis et sa soeur, qui veulent que je reste. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  212. Dis-moi la vérité, Arlequin ; ne t'est-il rien échappé avec lui de mes desseins sur Agis ? (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  213. Je te cherchais pour savoir cela, ne me cache rien. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  214. Non, par ma foi, ma belle Dame ; il n'y a que ce routier-là qui m'a pris comme avec un filet. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  215. Je vous cherchais, mon cher Phocion, et vous me voyez inquiet ; Hermocrate n'est plus si disposé à consentir à ce que vous souhaitez ; je n'ai encore été mécontent de lui qu'aujourd'hui ; il n'allègue rien de raisonnable ; ce n'est point encore moi qui l'ai pressé sur votre chapitre, j'étais seulement présent quand sa soeur lui a parlé pour vous : elle n'a rien oublié pour le déterminer, et je ne sais ce qu'il en sera ; car une affaire qui demandait Hermocrate, et qui l'occupe actuellement, a interrompu leur entretien ; mais, cher Phocion, que ce que je vous dis là ne vous rebute pas ; pressez-le encore, c'est un ami qui vous en conjure ; je lui parlerai moi-même, et nous pourrons le vaincre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  216. Vous trouvez donc quelque douceur à me voir ici ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  217. Votre coeur partage donc les sentiments du mien ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  218. Laissez-moi vous en demander une preuve : voilà la première fois que je goûte le charme de l'amitié ; vous avez les prémices de mon coeur, ne m'apprenez point la douleur dont on est capable quand on perd son ami. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  219. Le pourrais-je sans en être la victime ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  220. Je ne saurais si tôt quitter ces lieux, d'importantes raisons, que vous saurez quelque jour, m'en empêchent ; mais vous, Phocion, qui êtes le maître de votre sort, attendez ici que je puisse décider du mien ; demeurez près de nous pour quelque temps ; vous y serez dans la solitude, il est vrai ; mais nous y serons ensemble, et le monde peut-il rien offrir de plus doux que le commerce de deux coeurs vertueux qui s'aiment ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  221. Oui, je vous le promets, Agis. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  222. Après ce que vous venez de dire, je ne veux plus appeler le monde que les lieux où vous serez vous-même. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  223. Je suis content : les dieux m'ont fait naître dans l'infortune ; mais puisque vous restez, ils s'apaisent, et voilà le signal des faveurs qu'ils me réservent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  224. Écoutez aussi, Agis, au milieu du plaisir que j'ai de vous voir si sensible, il me vient une inquiétude ; l'amour peut altérer bientôt de si tendres sentiments ; un ami ne tient point contre une maîtresse. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  225. Fasse le ciel que votre âme lui soit aussi inaccessible que la mienne ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  226. Vous ne me connaissez pas ; mon éducation, mes sentiments, ma raison, tout lui ferme mon coeur ; il a fait les malheurs de mon sang, et je hais, quand j'y songe, jusqu'au sexe qui nous l'inspire. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  227. Cet aveu change tout entre nous, Seigneur : je vous ai promis de demeurer en ces lieux ; mais la bonne foi me le défend, cela n'est plus possible, et je pars : vous auriez quelque jour des reproches à me faire ; je ne veux point vous tromper, et je vous rends jusqu'à l'amitié que vous m'aviez accordée. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  228. Quel étrange langage me tenez-vous là, Phocion ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  229. D'où vient ce changement si subit ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  230. Rassurez-vous, Agis ; vous ne me regretterez point ; vous avez craint de connaître ce que c'est que la douleur de perdre un ami ; je vais l'éprouver bientôt ; mais vous ne la connaîtrez point. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  231. Non, Seigneur ; cet habit vous abuse, il vous cache une fille infortunée qui échappe sous ce déguisement à la persécution de la Princesse. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  232. Les biens qu'on m'a laissés me jettent aujourd'hui dans la nécessité de fuir. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  233. La Princesse veut que je les livre avec ma main à un de ses parents qui m'aime, et que je hais. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  234. J'appris que, sur mes refus, elle devait me faire enlever sous de faux prétextes ; et je n'ai trouvé d'autre ressource contre cette violence, que de me sauver sous cet habit qui me déguise. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  235. J'ai entendu parler d'Hermocrate, et de la solitude qu'il habite, et je venais chez lui, sans me faire connaître, tâcher, du moins pour quelque temps, d'y trouver une retraite. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  236. Dans l'étonnement où vous me jetez, je ne saurais plus moi-même démêler ce que je pense. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  237. Hermocrate souhaite que je me retire d'ici ; vous m'y souffrez avec peine ; mon départ va vous satisfaire tous deux, et je vais chercher des coeurs dont la bonté ne me refuse pas un asile. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  238. Non, Madame, arrêtez... (Acte 2, scène 3, AGIS)
  239. Vous me haïssez, Seigneur. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  240. Non, vous dis-je, arrêtez, Aspasie ; vous êtes dans un état que je plains : je me reprocherais de n'y avoir pas été sensible ; et je presserai moi-même Hermocrate, s'il le faut, de consentir à votre séjour ici, vos malheurs m'y obligent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  241. Ainsi vous n'agirez plus que par pitié pour moi : que cette aventure me décourage ! (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  242. Le jeune seigneur qu'on veut que j'épouse me paraît estimable ; après tout, plutôt que de prolonger un état aussi rebutant que le mien, ne vaudrait-il pas mieux me rendre ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  243. Je ne vous le conseille pas ; Madame ; il faut que le coeur et la main se suivent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  244. J'ai toujours entendu dire que le sort le plus triste est d'être uni avec ce qu'on n'aime pas, que la vie alors est un tissu de langueurs ; que la vertu même, en nous secourant, nous accable ; mais peut-être sentez-vous que vous aimerez volontiers celui qu'on vous propose. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  245. Prenez-y donc garde ; surtout si quelque secret penchant vous prévenait pour un autre ; car peut-être aimez-vous ailleurs, et ce serait encore pis. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  246. Non, vous dis-je ; je vous ressemble ; je n'ai jusqu'ici senti mon coeur que par l'amitié que j'ai eu pour vous, et si vous ne me retiriez pas la vôtre, je ne voudrais jamais d'autre sentiment que celui-là. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  247. Sur ce pied-là, ne vous exposez pas à revoir la Princesse ; car je suis toujours le même. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  248. Vous m'aimez donc encore ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  249. Toujours, Madame, d'autant plus qu'il n'y a rien à craindre ; puisqu'il ne s'agit entre nous que d'amitié, qui est le seul penchant que je puisse inspirer, et le seul aussi, sans doute, dont vous soyez capable. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  250. Laissons donc là l'amour, il est même dangereux d'en parler. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  251. Voici, je pense, un domestique qui vous cherche : Hermocrate n'est peut-être plus occupé ; souffrez que je vous quitte pour aller le joindre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  252. Allez, Madame Phocion, votre entretien tout à l'heure était bien gardé, car il avait trois sentinelles. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  253. Hermocrate n'a point paru ; mais sa soeur vous cherche, et a demandé au jardinier où vous étiez : elle a l'air un peu triste, apparemment que le philosophe ne se rend pas. (Acte 2, scène 4, HERMIDAS)
  254. Et le seigneur Agis, promet-il quelque chose ; son coeur se mitonne-t-il un peu ? (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  255. Quoi, sérieusement, Madame ? (Acte 2, scène 4, HERMIDAS)
  256. Oui, Madame. (Acte 2, scène 4, HERMIDAS)
  257. J'allais vous trouver, Madame : on m'a appris ce qui se passe ; Hermocrate veut se dédire de la grâce qu'il m'avait accordée, et je suis dans un trouble inexprimable. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  258. Oui, Phocion ; Hermocrate, par une opiniâtreté qui me paraît sans fondement, refuse de tenir la parole qu'il m'a donnée : vous m'allez dire que je le presse encore ; mais je viens vous avouer que je n'en ferai rien. (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  259. Non, ses refus me rappellent moi-même à la raison. (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  260. Ma tendresse aura borné mes vues ; je n'aurai cherché qu'à vous la dire, je vous l'aurai dite, je me serai mis hors d'état de guérir jamais, j'aurai même espéré de vous toucher, et vous voulez que je vous quitte ! (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  261. Me l'avez-vous laissée ? (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  262. C'est à votre vertu même à qui je parle, c'est elle que j'interroge ; qu'elle soit juge entre vous et moi. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  263. Je suis chez vous ; vous m'y avez souffert ; vous savez que je vous aime ; me voilà pénétré de la passion la plus tendre ; vous me l'avez inspirée, et je partirais ! (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  264. Léontine, demandez-moi ma vie, déchirez mon coeur, ils sont tous deux à vous ; mais ne me demandez point des choses impossibles. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  265. Quelle vivacité de mouvements ! (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  266. Et parce que vous êtes désolé, il faut que je vous aime ? (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  267. Est-ce que vous me haïssez ? (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  268. Les dispositions de votre coeur me sont-elles favorables ? (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  269. Que fait donc là ce domestique, Madame ? (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  270. Mais dès que je suis avec Madame, ma conduite n'a pas besoin d'un espion comme toi. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  271. Dites-lui qu'il se retire, Madame, je vous en prie. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  272. Il vaut mieux me retirer moi-même. (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  273. Si vous vous en allez sans promettre de parler pour moi, je ne réponds plus de ma raison. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  274. Plus nécessaire que vous ne pensez, Madame ; vous ne savez pas à qui vous avez affaire : ce Monsieur-là n'est pas si friand de la sagesse que des filles sages ; et je vous avertis qu'il veut déniaiser la vôtre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  275. Tenez, Madame, tantôt son valet, qui est un autre espiègle, est venu me dire : Eh bien ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  276. Elle ne me dit pas ses envies... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  277. Il en perd l'esprit : nous ne restons ici que pour lui avoir le coeur, afin qu'elle nous épouse ; car nous avons des richesses et des flammes plus qu'il n'en faut pour dix ménages. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  278. Voyez comme il s'en soucie ; il vous donnera le supplément, si vous voulez. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  279. La voix vous manque, ma chère maîtresse ; Votre coeur prend congé de la compagnie, on le pille actuellement, et je vais faire venir le seigneur Hermocrate à votre secours. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  280. Je ne veux point qu'il sache qu'on me parle d'amour. (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  281. Que la sagesse s'accommode ; mariez-vous ; il y aura encore de la place pour elle : le métier de brave femme a bien son mérite. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  282. Adieu, Madame ; n'oubliez pas la discrétion de votre petit serviteur, qui vous fait ses compliments, et qui ne dira mot. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  283. Va, je me charge de payer ton silence. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  284. Tout ceci me paraît un songe : Voyez à quoi vous m'exposez ; mais qui vient encore ? (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  285. Pourquoi me l'apporter devant Madame ? (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  286. Mais voyons : oui, la physionomie s'y trouve ; voilà cet air noble et fin, et tout le feu de ses yeux ; il me semble pourtant qu'ils sont encore un peu plus vifs. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  287. C'est apparemment d'un portrait dont vous parlez, Seigneur ? (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  288. Oui, Madame. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  289. Il n'est pas achevé, Madame. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  290. Le voilà, Madame ; vous me le rendrez, au moins. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  291. Je ne veux jamais vous perdre de vue ; la moindre absence m'est douloureuse, ne durât-elle qu'un moment ; et ce portrait me l'adoucira ; cependant vous le gardez. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  292. De quelle joie vous me comblez ! (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  293. Est-il donc arrêté que je vous aimerai ? (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  294. Ne me promettez point votre coeur ; dites que je l'ai, Léontine. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  295. Il le faudra bien pour me donner le temps de me résoudre à notre union. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  296. Je me sens dans une émotion de coeur où je ne veux pas qu'on me voie. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  297. Adieu, Phocion, ne vous inquiétez pas ; je me charge du consentement de mon frère. (Acte 2, scène 7, L?ONTINE)
  298. Courage, Dimas, je me retire, et reviendrai quand il sera parti. (Acte 2, scène 8, PHOCION)
  299. Ce début me fait craindre le reste. (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  300. Eh d'où vient ton enthousiasme là-dessus ? (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  301. C'est que je compare voute face à ce qui arrive ; c'est qu'il se passe des choses émerveillables, et qui portont la signifiance de la rareté de voute parsonne ; c'est qu'en se meurt, en soupire. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  302. Ce dit-on, que je l'aime ce cher homme, cet agriable homme ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  303. Je ne sais de qui tu me parles. (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  304. il n'y a que son habit qui est un homme, le reste est une fille. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  305. Que me dis-tu là ! (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  306. Tatigué, qu'alle est remplie de charmes ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  307. Morgué, qu'ou êtes heureux ; car tous ces charmes-là, devinez leur intention ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  308. Ils disont comme ça, qu'ils se gardont pour l'homme le pus mortel... (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  309. Non, non, je me trompe, pour le mortel le pus parfait qui se treuve parmi les mortels de tous les hommes, qui s'appelle Hermocrate. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  310. Que me va-t-il dire encore ? (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  311. Comme je charchions tantôt à obéir à voute commandement, je l'avons vu qui coupait dans le taillis avec son valet Hermidas, qui est itou un acabit de garçon de la même étoffe. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  312. Moi, tout ballement, je travarse le taillis par un autre côté, et pis je les entends deviser ; et pis Phocion commence : Ah ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  313. Velà qui est fait, Corine ; il n'y a pus de guarison pour moi, ma mie ; je l'aime trop, cet homme-là, je ne saurais pu que faire ni que dire : Eh mais pourtant, Madame, vous êtes si belle ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  314. Cette biauté, queu profit me fait-elle, pisqu'il veut que je m'en retorne ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  315. Eh mais patience, Madame. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  316. Mais que vous dit-il, quand vous li parlez, Madame ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  317. Eh mais il me gronde, et moi je me fâche, ma fille. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  318. Il me représente qu'il est sage. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  319. Mais je vous plains, ce me fait-il. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  320. Mais me velà bian refaite, ce li dis-je. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  321. ce me fait-il. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  322. Mais voute vartu, Madame ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  323. Mais mon tourment, Monsieur ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  324. Il me suffit, te dis-je, c'en est assez. (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  325. Je sis d'avis que vous guarissiez cet enfant-là, noute maître, en tombant itou malade pour elle, et pis la prenre pour minagère ; car en restant garçon ; ça entarre la lignée d'un homme, et ce serait dommage de l'entarrement de la vôtre. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  326. Mais en parlant par similitude, n'y aurait-il pas moyen, par votre moyen, de me recommander à l'affection de la femme de chambre, à cause que je savons toutes ces fredaines-là, et que je n'en sonnons mot ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  327. Il ne me manquait plus que d'essuyer ce compliment-là ! (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  328. Sois discret, Dimas, je te l'ordonne : il serait fâcheux, pour la personne en question, que cette aventure-ci fût connue ; et de mon côté, je vais y mettre ordre en la renvoyant... (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  329. Eh pargué, c'est qu'il ne s'entend pas li-même ; il ne voit pus goutte à ce qu'il veut. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  330. Il faudra bien qu'il me cède ce reste-là ; un portrait vient de terrasser la prud'homie de la soeur, j'en ai encore un au service du frère ; car toute sa raison ne mérite pas les frais d'un nouveau stratagème. (Acte 2, scène 10, PHOCION)
  331. Il parlait tout à l'heure à Corine, peut-être me cherche-t-il. (Acte 2, scène 10, PHOCION)
  332. Mais, Madame, ayez toujours souvenance que ma fortune est au bout de l'histoire. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  333. Aspasie, vous me fuyez quand je vous aborde ? (Acte 2, scène 11, AGIS)
  334. C'est que je me suis tantôt aperçue que vous me fuyiez aussi. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  335. J'en conviens ; mais j'avais une inquiétude qui m'agitait, et qui me dure encore. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  336. Il y a une personne que j'aime ; mais j'ignore si ce que je sens pour elle est amitié ou amour ; car j'en suis là-dessus à mon apprentissage ; et je venais vous prier de m'instruire. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  337. Je n'en sais pas le mot ; dites-moi à quoi j'en suis moi-même ; car je suis dans le même cas pour quelqu'un que j'aime. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  338. Je ne suis plus de même, et je n'ai vu que vous. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  339. Oui ; mais tout cela ne nous rend pas plus savants ; nous nous aimions avant que d'être inquiets ; nous aimons-nous de même, ou bien différemment ? (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  340. Cela commence mal. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  341. Ne m'évitiez-vous pas à cause que vous aviez le coeur troublé, avec des sentiments que vous n'osiez pas me dire ? (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  342. Me voilà ; vous me pénétrez à merveille. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  343. Oui, vous voilà ; mais je vous avertis que votre coeur n'en ira pas mieux ; et que voilà encore des yeux qui ne me pronostiquent rien de bon là-dessus. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  344. Preuve sur preuve ; amour dans l'expression, amour dans les sentiments, dans les regards ; amour s'il en fut jamais. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  345. Amour comme il n'en est point, peut-être. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  346. Doucement, Agis ; une personne de mon sexe parle de son amitié tant qu'on veut, mais de son amour, jamais. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  347. Vous avez parlé de mes yeux ; il semble que les vôtres m'apprennent que vous n'êtes pas insensible. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  348. Pour de mes yeux, je n'en réponds point ; ils peuvent bien vous dire que je vous aime ; mais je n'aurai pas à me reprocher de vous l'avoir dit, moi. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  349. dans quel abîme de passion le charme de ce discours-là ne me jette-t-il point ! (Acte 2, scène 11, AGIS)
  350. Vos sentiments ressemblent aux miens. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  351. Mais ce n'est pas le tout que d'aimer, il faut avoir la liberté de se le dire, et se mettre en état de se le dire toujours. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  352. Je le respecte et je l'aime. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  353. C'est bien dit, Agis ; allez-y dès ce moment ; il faudra bien nous retrouver, car j'ai bien des choses à vous dire. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  354. Pour dissiper le penchant qui m'occupe, n'avez-vous imaginé que l'ennui où vous me laissez ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  355. Me retirer, Seigneur ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  356. Eh dans quel état me renvoyez-vous ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  357. Qu'avez-vous fait pour me guérir ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  358. C'est que j'ai peur que votre secret n'éclate, et ne nuise à l'estime qu'on a pour moi ; c'est que je vous sacrifie à l'orgueilleuse crainte de ne pas paraître vertueux, sans me soucier de l'être ; c'est que je ne suis qu'un homme vain, qu'un superbe, à qui la sagesse est moins chère que la méprisable et frauduleuse imitation qu'il en fait. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  359. Comment donc ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  360. Vous augmentez mes faiblesses en exposant l'opprobre dont vous avez l'impitoyable courage de couvrir les vôtres. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  361. Et vous étonnez ma raison par la preuve sublime que vous me donnez du contraire ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  362. Attendez, Madame. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  363. M'avez-vous cru susceptible de tous les ravages que l'amour fait dans le coeur des autres hommes ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  364. L'âme la plus vile, les amants les plus vulgaires, la jeunesse la plus folle, n'éprouvent point d'agitations que je n'aie senties ; inquiétudes, jalousies, transports, m'ont agité tour à tour. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  365. L'univers est plein de gens qui me ressemblent. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  366. Perdez donc un amour que tout homme pris au hasard mérite autant que moi, Madame. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  367. Non, je le répète encore, si les deux pouvaient être faibles, ils le seraient comme Hermocrate ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  368. Vous parlez de ma gloire : en est-il qui vaille celle de vous avoir causé le moindre des mouvements que vous dites ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  369. Non, c'en est fait, Seigneur, je ne vous demande plus le repos de mon coeur ; vous me le rendez par l'aveu que vous me faites ; vous m'aimez, je suis tranquille et charmée. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  370. Vous me garantissez notre union. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  371. Il me reste un mot à vous dire, et je finis par là. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  372. Je révélerai votre secret ; je déshonorerai cet homme que vous admirez ; et son affront rejaillira sur vous-même, si vous ne partez. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  373. Seigneur, je pars : mais je suis sûre de ma vengeance ; puisque vous m'aimez, votre coeur me la garde. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  374. Je suis venue vous demander du secours contre mon amour ; vous ne m'en avez point donné d'autre que m'avouer que vous m'aimiez ; c'est après cet aveu que vous me renvoyez ; après un aveu qui redouble ma tendresse ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  375. Les dieux détesteront cette même sagesse conservée aux dépens d'un jeune coeur que vous avez trompé, dont vous avez trahi la confiance, dont vous n'avez point respecté les intentions vertueuses, et qui n'a servi que de victime à la férocité de vos opinions. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  376. Modérez vos cris, Madame ; on vient à nous. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  377. Vous me désolez, et vous voulez que je me taise ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  378. Je viens de trouver ce petit garçon qui était dans la posture d'un homme qui écrit : il rêvait, secouait la tête, mirait son ouvrage ; et j'ai remarqué qu'il avait une coquille auprès de lui où il y avait du gris, du vert, du jaune, du blanc, et où il trempait sa plume ; et comme j'étais derrière lui, je me suis approché pour voir son original de lettre ; mais voyez le fripon ! (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  379. Votre propre visage, à l'exception qu'il est plus court que celui que vous portez ; le nez que vous avez ordinairement tient lui seul plus de place que vous tout entier dans ce minois : Est-ce qu'il est permis de rapetisser la face des gens, de diminuer la largeur de leur physionomie ? (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  380. Tu as bien fait, Arlequin, je ne te blâme point. (Acte 2, scène 13, HERMOCRATE)
  381. Par une raison toute naturelle, Seigneur ; j'étais bien aise d'avoir le portrait d'un homme illustre, et de le montrer aux autres. (Acte 2, scène 14, HERMIDAS)
  382. Vous me faites trop d'honneur. (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  383. Eh, comment à présent voulez-vous que je l'ignore ? (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  384. Brisons là-dessus ; vous me faites rougir. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  385. Je ne sais plus ce que je deviens moi-même. (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  386. Vous triomphez, Aspasie ; vous l'emportez, je me rends. (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  387. Sur ce pied-là, je vous pardonne la confusion dont ma victoire me couvre. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  388. Reprenez ce portrait, il vous appartient, Madame. (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  389. Non, je ne le reprendrai point que ce ne soit votre coeur qui me l'abandonne. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  390. Sur ce pied-là, vous devez estimer le mien, et le voilà ; marquez-moi qu'il vous est cher. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  391. Me trouvez-vous assez humilié ? (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  392. Puisque nous sommes seuls, et qu'il ne s'agit que d'un instant, ne le refusez pas, Seigneur. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  393. C'est l'instant où je triomphe, dites-vous ; ne le laissons pas perdre, il est précieux : vos yeux me regardent avec une tendresse que je voudrais bien qu'on recueillît, afin d'en conserver l'image. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  394. À quoi me réduisez-vous ? (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  395. Je vous avoue que j'aurais été très fâché qu'il partît, et que rien ne saurait me faire tant de plaisir que son séjour ici ; on ne saurait le connaître sans l'estimer, et l'amitié suit aisément l'estime. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  396. Peut-être que j'interromps la conversation que vous avez ensemble, et c'est à quoi j'attribue la froideur avec laquelle vous m'écoutez ; ainsi je me retire. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  397. Que signifie cet empressement d'Agis ? (Acte 2, scène 16, HERMOCRATE)
  398. Seigneur, vous me comblez de joie : Vous m'avez dit que vous aviez été jaloux ; il ne me restait plus que le plaisir de le voir moi-même, et vous me le donnez : mon coeur vous remercie de l'injustice que vous me faites. (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  399. Hermocrate est jaloux, il me chérit, il m'adore ! (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  400. Il est injuste, mais il m'aime ; qu'importe à quel prix il me le témoigne ? (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  401. Il s'agit pourtant de me justifier : Agis n'est pas loin, je le vois encore ; qu'il revienne, rappelons-le, Seigneur ; je vais le chercher moi-même ; je vais lui parler, et vous verrez si je mérite vos soupçons. (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  402. Non, Aspasie, je reconnais mon erreur ; votre franchise me rassure ; ne l'appelez pas, je me rends ; il ne faut pas encore que l'on sache que je vous aime : laissez-moi le temps de disposer tout. (Acte 2, scène 16, HERMOCRATE)
  403. Que me voulez-vous, Léontine ? (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  404. Il m'a tantôt marqué tant d'estime pour vous, il m'en a dit tant de bien, que je lui ai promis qu'il resterait, et que vous y consentiriez ; je lui en ai donné ma parole : son séjour sera court, et ce n'est pas la peine de m'en dédire. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  405. Non, Léontine ; vous savez mes égards pour vous, et je ne vous en dédirai point : dès que vous avez promis, il n'y a plus de réplique ; il restera tant qu'il voudra, ma soeur. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  406. D'ailleurs, je regarde que c'est, en passant, un amusement pour Agis, qui vit dans une solitude dont on se rebute quelquefois à son âge. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  407. Vous avez raison ; on y a des moments de tristesse. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  408. Je m'y ennuie souvent moi-même ; j'ai le courage de vous le dire. (Acte 2, scène 17, L?ONTINE)
  409. Après tout, le mal n'est pas sans remède ; heureusement on peut se raviser. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  410. Un homme, à votre âge, sera partout le bienvenu quand il voudra changer d'état. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  411. À ce que je vois, nous sommes tous deux en bel état, Léontine et moi. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  412. Que nous sommes faibles ! (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  413. Tout me répond d'un succès infaillible. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  414. Hermocrate et sa soeur m'ont obsédée tour à tour ; ils doivent tous deux m'épouser en secret : je ne sais combien de mesures sont prises pour ces mariages imaginaires. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  415. Il m'aime tendrement comme Aspasie : pourrait-il me haïr comme Léonide ? (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  416. Non, Madame, achevez ; la princesse Léonide, après tout ce qu'elle a fait, doit lui paraître encore plus aimable qu'Aspasie. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  417. Je pense comme toi ; mais sa famille a péri par la mienne. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  418. J'aime et je crains. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  419. Je vais pourtant agir comme certaine du succès. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  420. Mais, dis-moi, as-tu fait porter mes lettres au château ? (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  421. Oui, Madame ; Dimas, sans savoir pourquoi, m'a fourni un homme à qui je les ai remises ; et comme la distance d'ici au château est petite, vous aurez bientôt des nouvelles. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  422. Va, pars, et mets le comble à tous les services que tu m'as rendu. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  423. Je me sauve. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  424. Je vous ai dit que c'est un spectacle que je ne voulais pas donner ici, mais les mesures que nous avons prises ne me paraissent pas décentes ; vous avez envoyé chercher un équipage, qui doit nous attendre à quelques pas de la maison, n'est-il pas vrai ? (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  425. Ne vaudrait-il pas mieux, au lieu de nous en aller ensemble, que je partisse la première, et que je me rendisse à la ville en vous attendant ? (Acte 3, scène 2, L?ONTINE)
  426. Je vais dès cet instant me mettre en état de cela, et dans deux heures je ne serai pas ici ; mais, Phocion, hâtez-vous de me suivre. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  427. Commencez par me quitter, pour vous hâter vous-même. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  428. Que d'amour ne me devez-vous pas ! (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  429. J'aime à voir votre empressement ; puisse-t-il durer toujours ! (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  430. Je ne me sens que de la joie, moi. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  431. Ne vous impatientez plus, je pars : car voici mon frère, que je ne veux point voir dans ce moment-ci. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  432. Pardonnez ces agitations à un homme dont le coeur promettait plus de force. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  433. Il me reste encore une chose à vous dire, et qui m'embarrasse beaucoup. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  434. Jugez avec combien de soin il faut que je le cache, et de ce qu'il deviendrait entre les mains d'une Princesse qui le fait chercher à son tour, et qui apparemment ne respire que sa mort. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  435. On dit qu'elle épouserait Agis, si elle le connaissait, d'autant plus qu'ils sont du même âge. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  436. Il ne sera pas longtemps avec nous ; nos amis fomentent une guerre chez l'ennemi, auquel il se joindra ; les choses s'avancent, et peut-être bientôt les verra-t-on changer de face. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  437. Elle n'est que l'héritière des coupables ; ce serait là se venger d'un crime par un autre, et Agis n'en est point capable : il suffira de la vaincre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  438. Voilà, je pense, tout ce que vous avez à me dire ; allez prendre vos mesures pour partir. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  439. Adieu, chère Aspasie ; je n'ai plus qu'une heure ou deux à demeurer ici. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  440. Je suis persuadée qu'Agis attend le moment de pouvoir me parler ; cette haine qu'il a pour moi me fait trembler pourtant. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  441. Mais que veulent encore ces domestiques ? (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  442. Je suis votre serviteur, Madame. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  443. Je vous saluons, Madame. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  444. Doucement donc ! (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  445. N'appriandez rin, je sommes seuls. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  446. Que me voulez-vous ? (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  447. Oui, je venons ici tant seulement pour régler nos comptes. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  448. Pour voir comment nous sommes ensemble. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  449. comme dit stautre, vous avons-je fait de bonne besogne ? (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  450. J'avons fait un étouffement de conscience qui était bian difficile, et qui est bian méritoire. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  451. Mes enfants, vous êtes des insolents. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  452. Vous me fâchez ; et voici ma réponse. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  453. C'est que, si vous me nuisez, si vous n'êtes pas discrets, je vous ferai expier votre indiscrétion dans un cachot. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  454. Si au contraire vous gardez le silence, je tiendrai toutes les promesses que je vous ai faites. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  455. Alle me baille de la peur ; continuerons-je l'insolence ? (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  456. Non, c'est peut-être le chemin du cachot ; et j'aime encore mieux rien que quatre murailles. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  457. Je vous retrouve donc, Aspasie, et je puis un moment vous parler en liberté. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  458. Que n'ai-je pas souffert de la contrainte où je me suis vu ! (Acte 3, scène 5, AGIS)
  459. J'ai presque haï Hermocrate et Léontine de toute l'amitié qu'ils vous marquent ; mais qui est-ce qui ne vous aimerait pas ? (Acte 3, scène 5, AGIS)
  460. Que vous êtes aimable, Aspasie, et qu'il m'est doux de vous aimer ! (Acte 3, scène 5, AGIS)
  461. Que je me plais à vous l'entendre dire, Agis ! (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  462. Mais, dites-moi ; cette tendresse, dont la naïveté me charme, est-elle à l'épreuve de tout ? (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  463. Rien n'est-il capable de me la ravir ? (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  464. Je ne vous ai pas tout dit, Agis ; vous ne me connaissez pas encore. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  465. Je connais vos charmes ; je connais la douceur des sentiments de votre âme, rien ne peut m'arracher à tant d'attraits, et c'en est assez pour vous adorer toute ma vie. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  466. vous ne savez pas qui je suis moi-même, ni tout l'effroi que m'inspire pour vous la pensée d'unir mon sort au vôtre. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  467. Je ne vous laisse que pour un moment, Agis, et je reviens dès qu'il vous aura quitté. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  468. Vous me haïssez, sans le savoir pourtant. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  469. On ne me donne pas le temps de vous en dire davantage. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  470. Je ne sais par où commencer ce que j'ai à vous dire. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  471. Et il me semble que vous exagériez un peu là-dessus. (Acte 3, scène 7, AGIS)
  472. Un solitaire qui médite, qui étudie, qui n'a de commerce qu'avec son esprit, et jamais avec son coeur, un homme enveloppé de l'austérité de ses moeurs n'est guère en état de porter son jugement sur certaines choses ; il va toujours trop loin. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  473. Vous avez raison ; je pense comme vous ; car que ne disais-je pas ? (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  474. Que cette passion était folle, extravagante, indigne d'une âme raisonnable ; je l'appelais un délire ; et je ne savais ce que je disais. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  475. Ce n'était pas là consulter ni la raison ni la nature ; c'était critiquer le ciel même. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  476. Oui ; car dans le fond, nous sommes faits pour aimer. (Acte 3, scène 7, AGIS)
  477. Comment donc ! (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  478. C'est un sentiment sur qui tout roule. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  479. Un sentiment qui pourrait bien se venger un jour du mépris que vous en avez fait. (Acte 3, scène 7, AGIS)
  480. Vous m'en menacez trop tard. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  481. Sérieusement ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  482. Préparez-vous à me voir changer bientôt d'état, à me suivre, si vous m'aimez : je pars aujourd'hui, et je me marie. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  483. J'en ai reçu une leçon qui me suffit, et je ne m'y tromperai plus. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  484. Si vous saviez au reste avec quel excès d'amour, avec quelle industrie de passion on est venu me surprendre, vous augureriez mal d'un coeur qui ne se serait pas rendu. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  485. On me voit plusieurs fois dans la forêt, on prend du penchant pour moi, on essaie de le perdre, on ne saurait : on se résout à me parler, mais ma réputation intimide. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  486. Pour ne point risquer un mauvais accueil, on se déguise, on change d'habit, on devient le plus beau de tous les hommes ; on arrive ici, on est reconnu. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  487. Je veux qu'on se retire ; je crois même que c'est à vous à qui on en veut ; on me jure que non. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  488. Pour me convaincre, on me dit : Je vous aime ; en doutez-vous ? (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  489. Ma main, ma fortune, tout est à vous avec mon coeur : donnez-moi le vôtre ou guérissez le mien ; cédez à mes sentiments, ou apprenez-moi à les vaincre ; rendez-moi mon indifférence, ou partagez mon amour ; et l'on me dit tout cela avec des charmes, avec des yeux, avec des tons qui auraient triomphé du plus féroce de tous les hommes. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  490. C'est elle-même ; mais n'en dites mot. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  491. Qu'a-t-elle prétendu en me trompant ? (Acte 3, scène 8, AGIS)
  492. Chez Phrosine, dont j'ai reçu des nouvelles, et qui me presse d'aller la voir. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  493. Nous serons donc tous deux absents ; car je pars aussi dans une heure, je le disais même à Agis. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  494. À la ville comme moi ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  495. Voilà une question qui me ferait douter des motifs du vôtre ; vous vous souvenez aussi des discours que vous m'avez tenus ? (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  496. C'est mon coeur qui me conduit où je vais. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  497. C'est le mien qui me met en voyage. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  498. Sur ce pied-là, je me marie. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  499. Tant mieux, Hermocrate, et grâce à notre mutuelle confidence, je crois que celui que j'aime et moi, nous nous épargnerons les frais du départ : il est ici, et puisque vous savez tout, ce n'est pas la peine de nous aller marier plus loin. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  500. Vous avez raison, et je ne partirai point non plus ; nos mariages se feront ensemble, car celle à qui je me donne est ici aussi. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  501. Celui pour lequel vous me parliez tantôt ? (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  502. Phocion qui m'aime d'une tendresse infinie, qui a fait faire mon portrait sans que je le susse ! (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  503. Tenez, ma soeur, en voilà le double ; le vôtre est en homme, et le mien est en femme ; c'en est toute la différence. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  504. Il n'est pas question de se plaindre ; nos domestiques étaient gagnés, je crains quelques desseins cachés ; hâtons-nous, Léontine, ne perdons point de temps : il faut que cette fille s'explique, et nous rende compte de son imposture. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  505. Vous ne me regardez pas ? (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  506. N'avez-vous pas votre portrait à me donner, comme aux autres ? (Acte 3, scène 9, AGIS)
  507. Je me meurs !... (Acte 3, scène 9, AGIS)
  508. Non, je ne vous quitte plus ; craignez d'être le plus ingrat de tous les hommes, si vous ne m'écoutez pas. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  509. C'est pour vous que j'ai trompé tout le monde, et je n'ai pu faire autrement ; tous mes artifices sont autant de témoignages de ma tendresse, et vous insultez, dans votre erreur, au coeur le plus tendre qui fut jamais. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  510. Je ne suis point en peine de vous calmer ; tout l'amour que vous me devez, tout celui que j'ai pour vous, vous ne le savez pas. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  511. Vous m'aimerez, vous m'estimerez, vous me demanderez pardon. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  512. J'ai tout employé pour abuser des coeurs dont la tendresse était l'unique voie qui me restait pour obtenir la vôtre, et vous étiez l'unique objet de tout ce qu'on m'a vu faire. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  513. Dimas et Arlequin, qui savent mon secret, qui m'ont servie, vous confirmeront ce que je vous dis là ; interrogez-les, mon amour ne dédaigne pas d'avoir recours à leur témoignage. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  514. Ce que vous me dites là est-il possible, Aspasie ? (Acte 3, scène 9, AGIS)
  515. Disposez vous-même de sa vie ; c'est son coeur ici qui vous la livre. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  516. Vous Léonide, Madame ? (Acte 3, scène 9, AGIS)
  517. Je ne puis plus vous exprimer le mien. (Acte 3, scène 9, AGIS)
  518. Madame, Ariston est arrivé. (Acte 3, scène 11, HERMIDAS)
  519. Vous, Hermocrate, et vous, Léontine, qui d'abord refusiez tous deux de me garder, vous sentez le motif de mes feintes : je voulais rendre le trône à Agis, et je voulais être à lui. (Acte 3, scène 11, PHOCION)
  520. Sous mon nom j'aurais peut-être révolté son coeur, et je me suis déguisée pour le surprendre ; ce qui n'aurait encore abouti à rien, si je ne vous avais pas abusés vous-mêmes. (Acte 3, scène 11, PHOCION)
  521. Pour vous, Léontine, mon sexe doit avoir déjà dissipé tous les sentiments que vous avait inspirés mon artifice. (Acte 3, scène 11, PHOCION)

LA SURPRISE DE L'AMOUR (1723)

  1. Tiens, Jacqueline, t'as une himeur qui me fâche. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  2. Tu me veux pour ta femme, eh bian, est-ce que je recule à cela. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  3. Est-ce que toutes les filles n'aimont pas à devenir la femme d'un homme ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  4. Tredame ! (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  5. C'est donc un oisiau bien rare qu'un homme, pour en être si envieuse ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  6. Est-ce que Blaise et le gros Colas ne sont pas affolés de moi tous deux, est-ce qu'ils ne sont pas des hommes aussi bian que toi ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  7. C'est que tu m'aimes mieux qu'eux tant seulement ; mais si je ne te prenais pas moi, ça te fâcherait-il ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  8. Oh dame, t'an veux trop. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  9. Eh morguenne, voilà le tu autem ; je veux de l'amiquié pour la parsonne de moi tout seul : quand tout le Village vianrait te dire, Jacqueline épouse-moi, je voudrais que tu fis bravement la grimace à tout le village, et que tu lui disi, nennin-da, je veux être la femme de Piarre, et pis c'est tout : pour ce qui est d'en cas de moi, si j'allais être un parfide, je voudrais que ça te fâchit rudement, et que t'en pleurisse tout ton soûl ; et velà margué ce qu'en appelle aimer le monde. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  10. Tians, moi qui te parle, si t'allais me changer, il n'y aurait pu de çarvelle cheux moi, c'est de l'amiquié que ça : tatigué que je serais content si tu pouvais itout devenir folle, ah ! (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  11. Ma pauvre Jacqueline dis-moi queuque mot qui me fasse comprendre que tu pardrais un petit brin l'esprit. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  12. Eh, penses-tu que tu m'aimes, par hasard, dis-moi oui ou non ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  13. Regarde-moi entre deux yeux, tu ris tout comme si tu disais oui, hé, hé, hé, qu'en dis-tu ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  14. Eh, je dis franchement que je serais bian empêchée de ne pas t'aimer, car t'es bien agriable. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  15. Je t'ai toujours trouvé une bonne philosomie d'homme, tu m'as fait l'amour, et franchement ça m'a fait plaisir, mais l'honneur des filles les empêche de parler, après ça, ma tante disait toujours qu'un amant, c'est comme un homme qui a faim, pu il a faim, et pu il a envie de manger ; pu un homme a de peine après une fille, et pu il l'aime. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  16. Parsanguenne, il faut que ta tante ait dit vrai, car je meurs de faim, je t'en avertis, Jacqueleine. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  17. Tant mieux, je t'aime de cette himeur-là, pourvu qu'alle dure, mais j'ai bian peur que Monsieur_Lélio, mon maître, ne consente à noute mariage, et qu'il ne me boute hors de chez li, quand il saura que je t'aime ; car il nous a dit qu'il ne voulait point voir d'amourette parmi nous. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  18. Et pourquoi donc ça, est-ce qu'il y a du mal à aimer son prochain, et morgué je m'en vas lui gager, moi, que ça se pratique chez les Turcs, et si ils sont bien méchants. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  19. Oh, c'est pis qu'un Turc, à cause d'une dame de Paris qui l'aimait beaucoup, et qui li a tourné casaque pour un autre galant plus mal bâti que li : noute monsieur a fait du tapage ; il li a dit qu'alle devait être honteuse ; alle lui a dit qu'alle ne voulait pas l'être ; et voilà bian de quoi ; Ç'a-t-elle fait, et pis des injures, ous êtes cun indeigne, et voyez donc cet impertinent ; et je me vengerai, et moi, je m'en gausse ; tant y a qu'à la parfin, alle li a farmé la porte sur nez, l'i qui est glorieux a pris ça en mal, et il est venu ici pour vivre en harmite, en philosophe, car velà comme il dit, et depuis ce temps, quand il entend parler d'amour, il semble qu'en l'écorche comme une anguille ; son valet Arlequin fait itou le dégoûté, quand il voit une fille à droite, ce drôle de corps se baille les airs d'aller à gauche, à cause de queuque mijaurée de chambrière qui li a, à ce qu'il dit, vendu du noir. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  20. Quiens, véritablement c'est une piquié que ça, il n'y a pas de police, an punit tous les jours de pauvres voleurs, et an laisse aller et venir les parfides, mais velà ton maître, parle li. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  21. Non, il a la face triste, c'est peut-être qu'il rêve aux femmes, je sis d'avis que j'attende que ça soit passé ; va, va, il y a bonne espérance, pisque ta maîtresse est arrivée, et qu'alle a dit qu'alle lui en parlerait. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  22. Oh, on n'est pas toujours dans la même disposition, l'esprit aussi bien que le temps est sujet à des nuages. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  23. Tout le monde en est assez de même. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  24. Avec cela, il me semble que je ne me porte pas bien. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  25. Es-tu fou, si tu n'es pas malade, comment trouves-tu donc que tu ne te portes pas bien ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  26. Tenez, Monsieur, je bois à merveille, je mange de même, je dors comme une marmotte, voilà ma santé. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  27. C'est une santé de crocheteur, un honnête homme serait heureux de l'avoir. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  28. Cependant, je me sens pesant et lourd, j'ai une fainéantise dans les membres, je bâille sans sujet, je n'ai du courage qu'à mes repas, tout me déplaît ; je ne vis pas, je traîne, quand le jour est venu, je voudrais qu'il fût nuit ; quand il est nuit, je voudrais qu'il fût jour : voilà ma maladie, voilà comment je me porte bien et mal. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  29. C'est pour ne pas voir sur cet arbre deux petits oiseaux qui sont amoureux ; cela me tracasse, j'ai juré de ne plus faire l'amour, mais quand je le vois faire, j'ai presque envie de manquer de parole à mon serment, cela me raccommode avec ces pestes de femmes, et puis c'est le diable de me refâcher contre elles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  30. Eh, mon cher Arlequin, me crois-tu plus exempt que toi de ces petites inquiétudes-là, je me ressouviens qu'il y a des femmes au monde, qu'elles sont aimables, et ce ressouvenir-là ne va pas sans quelques émotions de coeur ; mais ce sont ces émotions-là qui me rendent inébranlable dans la résolution de ne plus voir de femmes. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  31. Pardi, cela me fait tout le contraire, à moi, quand ces émotions-là me prennent, c'est alors que ma résolution branle : enseignez-moi donc à en faire mon profit comme vous. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  32. Oui-da, mon ami : je t'aime, tu as du bon sens, quoique un peu grossier, l'infidélité de ta maîtresse t'a rebuté de l'amour ; la trahison de la mienne m'en a rebuté de même, tu m'as suivi avec courage dans ma retraite, et tu m'es devenu cher par la conformité de ton génie avec le mien, et par la ressemblance de nos aventures. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  33. Et moi, Monsieur, je vous assure que je vous aime cent fois plus aussi que de coutume, à cause que vous avez la bonté de m'aimer tant : je ne veux plus voir de femmes, non plus que vous ; cela n'a point de conscience, j'ai pensé crever de l'infidélité de Margot, les passe-temps de la campagne, votre conversation et la bonne nourriture m'ont un peu remis, je n'aime plus cette Margot, seulement quelquefois son petit nez me trotte encore dans la tête : mais quand je ne songe point à elle, je n'y gagne rien, car je pense à toutes les femmes en gros, et alors les émotions de coeur, que vous dites viennent me tourmenter ; je cours, je saute, je chante, je danse, je n'ai point d'autre secret pour me chasser cela, mais ce secret-là n'est que de l'onguent miton-mitaine ; je suis dans un grand danger, et puisque vous m'aimez tant, ayez la charité de me dire comment je ferai, pour devenir fort quand je suis faible. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  34. Ce pauvre garçon me fait pitié. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  35. Ah sexe trompeur, tourmente ceux qui t'approchent mais laisse en repos ceux qui te fuient ! (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  36. Quand quelqu'un me vante une femme aimable et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  37. Eh, mon cher enfant, la vipère n'ôte que la vie ; Femmes, vous nous ravissez notre raison, notre liberté, notre repos, vous nous ravissez à nous-mêmes, et vous nous laissez vivre, ne voilà-t-il pas des hommes en bel état après, des pauvres fous, des hommes troublés, ivres de douleur ou de joie, toujours en convulsion, des esclaves, et à qui appartiennent ces esclaves ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  38. À des femmes ! (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  39. Et qu'est-ce que c'est qu'une femme ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  40. Pour la définir il faudrait la connaître : nous pouvons aujourd'hui en commencer la définition, mais je soutiens qu'on n'en verra le bout qu'à la fin du monde. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  41. En vérité, c'est pourtant un joli petit animal que cette femme, un joli petit chat, c'est dommage qu'il ait tant de griffes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  42. Voyez ces ajustements, jupes étroites, jupes en lanterne, coiffure en clocher, coiffure sur le nez, capuchon sur la tête, et toutes les modes les plus extravagantes, mettez-les sur une femme, dès qu'elles auront touché sa figure enchanteresse, c'est l'Amour et les Grâces qui l'ont habillée, c'est de l'esprit qui lui vient jusques au bout des doigts. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  43. Oh, cela est vrai ; il n'y a mardi pas de livre qui ait tant d'esprit qu'une femme, quand elle est en corset et en petites pantoufles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  44. L'homme a le bon sens en partage, mais ma foi l'esprit n'appartient qu'à la femme, à l'égard de son coeur, ah ! (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  45. Si les plaisirs qu'il nous donne étaient durables, ce serait un séjour délicieux que la terre: nous autres hommes la plupart, nous sommes jolis en amour : nous nous répandons en petits sentiments doucereux : nous avons la marotte d'être délicats, parce que cela donne un air plus tendre ; nous faisons l'amour règlement, tout comme on fait une charge, nous nous faisons des méthodes de tendresse ; nous allons chez une femme, pourquoi ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  46. Pour l'aimer, parce que c'est le devoir de notre emploi ; quelle pitoyable façon de faire ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  47. Une femme ne veut être ni tendre ni délicate, ni fâchée ni bien aise ; elle est tout cela sans le savoir, et cela est charmant. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  48. Regardez-la quand elle aime, et qu'elle ne veut pas le dire, morbleu, nos tendresses les plus babillardes approchent-elles de l'amour qui passe à travers son silence ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  49. Monsieur, je m'en souviens, Margot avait si bonne grâce à faire comme cela la nigaude ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  50. Sans l'aiguillon de la jalousie et du plaisir notre coeur à nous autres est un vrai paralytique, nous restons là comme des eaux dormantes, qui attendent qu'on les remue pour se remuer. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  51. Le coeur d'une femme se donne sa secousse à lui-même, il part sur un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance : elle a beau vous avoir dit qu'elle aime, le répète-t-elle vous l'apprenez toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux, en les relevant, en sortant de sa place, en y restant, enfin c'est de la jalousie, du calme, de l'inquiétude, de la joie, du babil, et du silence de toutes couleurs, et le moyen de ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ; le moyen de se voir adorer sans que la tête vous tourne, pour moi, j'étais tout aussi sot que les autres amants ; je me croyais un petit prodige, mon mérite m'étonnait : ah, qu'il est mortifiant d'en rabattre, c'est aujourd'hui ma bêtise qui m'étonne, l'homme prodigieux a disparu, et je n'ai trouvé qu'une dupe à la place. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  52. Butor que tu es, ne t'ai-je pas dit que la femme était aimable, qu'elle avait le coeur tendre, et beaucoup d'esprit. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  53. Non, ce sont là les instruments de notre supplice, dis-moi, mon pauvre garçon, si tu trouvais sur ton chemin de l'argent d'abord, un peu plus loin de l'or, un peu plus loin des perles, et que cela te conduisît à la caverne d'un monstre, d'un tigre, si tu veux, est-ce que tu ne haïrais pas cet argent, cet or et ces perles ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  54. Je ne suis pas si dégoûté, je trouverais cela fort bon ; il n'y aurait que le vilain tigre dont je ne voudrais pas, mais je prendrais vitement quelques milliers d'écus dans mes poches, je laisserais là le reste, et je décamperais bravement après. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  55. Mon enfant, cet argent que tu trouves d'abord sur ton chemin, c'est la beauté, ce sont les agréments d'une femme qui t'arrêtent ; cet or que tu rencontres encore, ce sont les espérances qu'elle te donne ; enfin ces perles, c'est son coeur qu'elle t'abandonne avec tous ses transports. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  56. Le tigre enfin paraît après les perles, et ce tigre, c'est un caractère perfide retranché dans l'âme de ta maîtresse, il se montre, il t'arrache son coeur, il déchire le tien, adieu tes plaisirs, il te laisse aussi misérable, que tu croyais être heureux. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  57. Ah, c'est justement la bête que Margot a lâchée sur moi, pour avoir aimé son argent, son or, et ses perles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  58. Les aimeras-tu encore ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  59. Quand tu seras tenté de revoir des femmes, souviens-toi toujours du tigre, et regarde tes émotions de coeur, comme une envie fatale d'aller sur sa route et de te perdre. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  60. Oh, voilà qui est fait, je renonce à toutes les femmes, et à tous les trésors du monde, et je m'en vais boire un petit coup, pour me fortifier dans cette bonne pensée. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  61. Que me veux-tu, Jacqueline ? (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  62. Mais, dis toi-même, je ne sis pas assez effrontée de mon naturel. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  63. Monsieur, franchement, c'est qu'à me trouve gentil, et si ce n'était qu'alle fait la difficile, il y aurait longtemps que je serions ennocés. (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  64. Est-ce que vous croyez que je sommes comme vos girouettes de Paris, qui tournent à tout vent. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  65. Allez, allez, si quelqu'un de nous deux se plante là, ce sera li qui me plantera, et non pas moi. à tout hasard, notre monsieur, donnez-moi tant seulement une petite parmission de mariage, c'est pour ça que j'avons prins la liberté de vous attaquer. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  66. Oui, Monsieur, voilà tout fin dret ce que c'est, et Jacqueline a itou queuque doutance que vous vourez bian de votre grâce, et pour l'amour de son sarvice, et de stilà de son père et de sa mère, qui vous ont tant sarvi quand ils n'étient pas encore défunts, tant y a, Monsieur excusez l'importunance, c'est que je sommes pauvres, et tout franchement, pour vous le couper court... (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  67. C'est donc, ne vous en déplaise, que je voulons nous marier, et, comme ce dit l'autre, ce n'est pas le tout qu'un pourpoint, s'il n'y a des manches ; c'est ce qui fait, si vous parmettez que je vous le disions en bref... (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  68. Voilà le caractère perfide qui va venir, je t'expliquerai cela plus au long une autre fois, mais tu le sentiras bien, adieu, pauvre homme, je n'ai plus rien à te dire, ton mal est sans remède. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  69. Marguié, tous ces discours me chiffonnont malheur, je varrons ce qui en est par un petit tour d'adresse. (Acte 1, scène 4, PIERRE)
  70. Allons-nous-en, Jacqueline, Madame_la_Comtesse fera mieux que nous. (Acte 1, scène 4, PIERRE)
  71. Eh morbleu, toujours des femmes : eh que me veut-elle ? (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  72. Et moi enclin à l'éviter : je ne me soucie, ni de sa beauté, ni de son veuvage. (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  73. C'est qu'on dit qu'il y a aussi une fille de chambre avec elle, et voilà mes émotions de coeur qui me prennent. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  74. Une femme te fait peur ? (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  75. Voilà un jeune homme bien sauvage. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  76. Parle plus clairement. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  77. Remarquez-vous qu'il n'ose nous regarder, Madame : allons, allons, levez la tête, et rendez-nous compte de la sottise que vous venez de faire. (Acte 1, scène 6, COLOMBINE)
  78. C'est que mon maître a fait voeu de fuir les femmes, parce qu'elles ne valent rien. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  79. Ce n'est pas votre faute, c'est la nature qui vous a bâties comme cela, et moi j'ai fait voeu aussi. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  80. Nous avons souffert comme des misérables à cause de votre bel esprit, de vos jolis charmes, et de votre tendre coeur. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  81. Quelle lamentable histoire, et comment te tireras-tu d'affaire avec moi ? (Acte 1, scène 6, COLOMBINE)
  82. Va, mon ami, va dire à ton maître que je me soucie fort peu des hommes, mais que je souhaiterais lui parler. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  83. Je le vois là qui m'attend, je m'en vais l'appeler ; Monsieur, Madame dit qu'elle ne se soucie point de vous : vous n'avez qu'à venir, elle veut vous dire un mot. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  84. Comme cela m'accrocherait, si je me laissais faire. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  85. Madame, puis-je vous rendre quelque service ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  86. Ils ont peur que vous ne consentiez pas à ce mariage, ils m'ont priée de vous engager à les aider de quelque libéralité, comme de mon côté j'ai dessein de le faire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  87. Madame, j'aurai tous les égards que mérite votre recommandation, et je vous prie de m'excuser si j'ai fui ; mais je vous avoue que vous êtes d'un sexe avec qui j'ai cru devoir rompre pour toute ma vie : cela vous paraîtra bien bizarre. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  88. Je ne chercherai point à me justifier ; car il me reste un peu de politesse, et je craindrais d'entamer une matière qui me met toujours de mauvaise humeur, et si je parlais, il pourrait, malgré moi m'échapper des traits d'une incivilité qui vous déplairait, et que mon respect vous épargne. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  89. Mort_de_ma_vie, Madame, est-ce que ce discours-là ne vous remue pas la bile ? (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  90. Allez, Monsieur, tous les renégats font mauvaise fin : vous viendrez quelque jour crier miséricorde et ramper aux pieds de vos maîtres, et ils vous écraseront comme un serpent. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  91. Si Madame n'était pas présente, je vous dirais franchement, que je ne vous crains, ni ne vous aime. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  92. Tout ce que nous disons ici ne s'adresse point à vous ; regardons-nous comme hors d'intérêt. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  93. Et sur ce pied-là, peut-on vous demander ce qui vous fâche si fort contre les femmes ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  94. Madame, dispensez-moi de vous le dire ; c'est un récit que j'accompagne ordinairement de réflexions où votre sexe ne trouve pas son compte. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  95. Oui, Madame, c'est une infidélité, mais affreuse, mais détestable. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  96. Votre maîtresse cessa-t-elle de vous aimer, pour en aimer un autre ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  97. En doutez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  98. La simple infidélité serait insipide, et ne tenterait pas une femme, sans l'assaisonnement de la perfidie. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  99. Oui, Madame. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  100. Comment, cela vous étonne ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  101. Voilà pourtant les femmes, et ces actions doivent vous mettre en pays de connaissance. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  102. J'ai cru d'abord moi, qu'elle n'avait fait que se dégoûter de vous, et de l'amour, et je lui pardonnais en faveur de cela, la sottise qu'elle avait eue de vous aimer. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  103. Quand je dis vous, je parle des hommes en général. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  104. Comment, Madame, ce n'est donc rien à votre compte, que de cesser sans raison, d'avoir de la tendresse pour un homme ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  105. C'est beaucoup, au contraire ; cesser d'avoir de l'amour pour un homme, c'est à mon compte connaître sa faute, s'en repentir, en avoir honte, sentir la misère de l'idole qu'on adorait, et rentrer dans le respect qu'une femme se doit à elle-même. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  106. J'ai bien vu que nous ne nous entendions point ; si votre maîtresse n'avait fait que renoncer à son attachement ridicule, eh ! (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  107. Je suis de votre sentiment, cette femme-là est tout à fait méprisable ; amant pour amant, il valait autant que vous déshonorassiez sa raison qu'un autre. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  108. Ah, ah, ah, il faudrait bien des conversations comme celle-là pour en faire une raisonnable. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  109. Vous avez fait des merveilles d'abord. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  110. C'est assurément mettre les hommes bien bas, que de les juger indignes de la tendresse d'une femme : l'idée est neuve. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  111. On voit bien que vous êtes fâchée, Madame. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  112. Je n'ai point à me plaindre des hommes, je ne les hais point non plus. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  113. Vous demandez ce que votre espèce a de comique, qui, pour se mettre à son aise a eu besoin de se réserver un privilège d'indiscrétion, d'impertinence, et de fatuité, qui suffoquerait, si elle n'était babillarde, si sa misérable vanité n'avait pas ses coudées franches, s'il ne lui était pas permis de déshonorer un sexe qu'elle ose mépriser pour les mêmes choses, dont l'indigne qu'elle est, fait sa gloire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  114. Fiez-vous à moi, Monsieur, vous ne connaissez pas votre misère, j'oserai vous le dire : vous voilà bien irrité contre les femmes ; je suis peut-être, moi, la moins aimable de toutes. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  115. Tout hérissé de rancune que vous croyez être, moyennant deux ou trois coups d'oeil flatteurs qu'il m'en coûterait, grâce à la tournure grotesque de l'esprit de l'homme, vous m'allez donner la comédie. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  116. Je vous défie de me faire payer ce tribut de folie-là. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  117. Ma foi, Madame, cette expérience-là vous porterait malheur. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  118. Madame, peu de femmes sont aussi aimables que vous, vous l'êtes tout autant que je suis sûr que vous croyez l'être ; mais s'il n'y a que la comédie dont vous parlez qui puisse vous réjouir, en ma conscience, vous ne rirez de votre vie. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  119. En ma conscience, vous me la donnez tous les deux, la comédie, cependant si j'étais à la place de Madame, le défi me piquerait, et je ne voudrais pas en avoir le démenti. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  120. Non, la partie ne me pique point, je la tiens gagnée ; mais comme à la campagne il faut voir quelqu'un, soyons amis pendant que nous y resterons, je vous promets sûreté, nous nous divertirons, vous à médire des femmes, et moi à mépriser les hommes. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  121. Le joli commerce ! (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  122. On n'a qu'à vous en croire, les hommes tireront à l'orient, les femmes à l'occident, cela fera de belles productions, et nos petits-neveux auront bon air. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  123. Eh morbleu, pourquoi prêcher la fin du monde, cela coupe la gorge à tout : soyons raisonnables, condamnez les amants déloyaux, les conteurs de sornettes, à être jetés dans la rivière, une pierre au col, à merveille : enfermez les coquettes entre quatre murailles ; fort bien, mais les amants fidèles, dressez-leur de belles et bonnes statues pour encourager le public ; vous riez adieu, pauvres brebis égarées : pour moi, je vais travailler à la conversion d'Arlequin. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  124. Ne me trompé-je point, est-ce vous que je vois, Madame_la_Comtesse ? (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  125. Oui, Monsieur, c'est moi-même. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  126. Je n'ai l'honneur de connaître Madame que depuis un instant. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  127. Comment, ma surprise ! (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  128. Morbleu, je n'en saurais revenir, c'est le fait le plus curieux qu'on puisse imaginer, dès que je serai à Paris, où je vais, je le ferai mettre dans la gazette. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  129. Songez-vous à tous les millions de femmes qu'il y a dans le monde, au couchant, au levant, au septentrion, au midi, Européennes, Asiatiques, Africaines, Américaines, blanches, noires, basanées, de toutes les couleurs ? (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  130. Nos propres expériences, et les relations de nos voyageurs, nous apprennent que partout la femme est amie de l'homme, que la nature l'a pourvue de bonne volonté pour lui : la nature n'a manqué que Madame : le soleil n'éclaire qu'elle chez qui notre espèce n'ait point rencontré grâce, et cette seule exception de la loi générale se rencontre avec un personnage unique, je te le dis en ami ; avec un homme qui nous a donné l'exemple d'un fanatisme tout neuf ; qui seul de tous les hommes n'a pu s'accoutumer aux coquettes qui fourmillent sur la terre, et qui sont aussi anciennes que le monde ; enfin qui s'est condamné à venir ici languir de chagrin de ne plus voir de femmes, en expiation du crime qu'il a fait quand il en a vu. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  131. Pour moi, je me sais bon gré que la nature m'ait manquée, et je me passerai bien de la façon qu'elle aurait pu me donner de plus, c'est autant de sauvé, c'est un ridicule de moins. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  132. Madame, n'appelez point cette faiblesse-là, ridicule, ménageons les termes, il peut venir un jour où vous serez bien aise de lui trouver une épithète plus honnête. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  133. Oui, si l'esprit me tourne. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  134. Eh bien il vous tournera : c'est si peu de chose que l'esprit, après tout, il n'est pas encore sûr que la nature vous ait absolument manquée. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  135. Combien voyons-nous de choses qui sont d'abord merveilleuses, et qui finissent par faire rire : je suis un homme à pronostic, voulez-vous que je vous dise, tenez, je crois que votre merveilleux est à fin de terme. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  136. Cela se peut bien, Madame, cela se peut bien, les fous sont quelquefois inspirés. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  137. Tiens mon enfant, moi indigne je te fais un cercle à l'imitation de ce Romain, et sous peine des vengeances de l'Amour, qui vaut bien la République_de_Rome, je t'ordonne de n'en sortir que soupirant pour les beautés de Madame. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  138. Monsieur_le_Baron, je vous prie badinez tant qu'il vous plaira, mais ne me mettez point en jeu. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  139. Je ne badine point, Madame, je vous le cautionne garrotté à votre char, il vous aime de ce moment-ci, il a obéi. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  140. Madame, vous pouvez me donner des rivaux tant qu'il vous plaira, mon amour n'est point jaloux. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  141. Messieurs, j'entends volontiers raillerie, mais finissons-la pourtant. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  142. Je vous demande pardon, mais vous aimerez s'il vous plaît, Madame, Lélio est mon ami, et je ne veux point lui donner de maîtresse insensible. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  143. Madame, je sais le peu que je vaux, on peut se dispenser de me l'apprendre, après tout votre antipathie ne me fait point trembler. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  144. Vous seriez fort à plaindre, Monsieur, si mes sentiments ne vous étaient indifférents. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  145. En vérité, vos folies me poussent à bout, Baron. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  146. Oh, Madame, nous aurons l'honneur, Lélio et moi, de vous reconduire jusque chez vous. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  147. Comme vous voilà rouge, Madame. (Acte 1, scène 8, COLOMBINE)
  148. Monsieur_Lélio est tout je ne sais comment aussi : il a l'air d'un homme qui veut être fier, et qui ne peut pas l'être. (Acte 1, scène 8, COLOMBINE)
  149. Laissez-les là, Colombine, ils sont de méchante humeur ; ils viennent de se faire une déclaration d'amour l'un à l'autre, et le tout en se fâchant. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  150. Ouf, ce gibier-là mène un chasseur trop loin : je me perdrais, tournons d'un autre côté... (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  151. Euh, me voilà justement sur le chemin du tigre, maudits soient l'argent, l'or et les perles ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  152. Il ne me plaît pas, moi : passe-le toi-même. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  153. Hé le fou, qui perd l'esprit en voyant une femme. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  154. Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises : dans le fond tu me fais pitié, c'est dommage qu'un jeune homme comme toi, assez bien fait, et bon enfant, car tu es sans malice. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  155. C'est dommage qu'il consume sa jeunesse dans la langueur et la souffrance : car, dis la vérité, tu t'ennuies ici, tu pâtis ? (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  156. Et pourquoi, nigaud, mener une pareille vie ? (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  157. Il n'y a plus de bon temps pour moi et c'est vous qui en êtes la cause, et malgré tout cela il ne s'en faut de rien que je ne t'aime. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  158. La sotte chose que le coeur de l'homme ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  159. Cet original qui dispute contre son coeur comme un honnête homme. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  160. Comme si on devait rougir de ses bonnes qualités. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  161. Au revoir, nigaud ; tu me fuis, mais cela ne durera pas. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  162. Je trouve qu'il y a un quart_d_heure que nous nous promenons sans rien dire : entre deux femmes cela ne laisse pas d'être fort. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  163. Sommes-nous bien dans notre état naturel ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  164. Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  165. Je me taisais à peu près dans le même goût, je ne rêve pas à Lélio, mais je suis autour de cela, je rêve au valet. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  166. Oh pour du mal, il n'y en a pas, mais je croyais que vous ne disiez mot par pure paresse de langue, et je trouvais cela beau dans une femme : car on prétend que cela est rare. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  167. Je n'ai d'autres raisons pour lui parler, que le mariage de ces jeunes gens : il ne m'a point dit ce qu'il veut donner à la fille, je suis bien aise que le neveu de mon fermier trouve quelque avantage, mais, sans nous parler, Lélio peut me faire savoir ses intentions, et je puis le faire informer des miennes. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  168. Ne vas-tu pas faire un commentaire là-dessus ? (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  169. Comment ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  170. Il n'y a pas de commentaire à cela : malepeste, c'est un joli trait d'esprit que cette invention-là. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  171. Le chemin de tout le monde, quand on a affaire aux gens, c'est d'aller leur parler, mais cela n'est pas commode, le plus court est de l'entretenir de loin, vraiment on s'entend bien mieux : lui parlerez-vous avec une sarbacane, ou par procureur ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  172. Mademoiselle Colombine, vos fades railleries ne me plaisent point du tout ; je vois bien les petites idées que vous avez dans l'esprit. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  173. Je me doute moi, que vous ne vous doutez pas des vôtres, mais cela viendra. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  174. Mais aussi de quoi vous avisez-vous de prendre un si grand tour pour parler à un homme. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  175. Monsieur, soyons amis tant que nous resterons ici, nous nous amuserons, vous à médire des femmes, moi à mépriser les hommes, (voilà ce que vous lui avez dit tantôt), est-ce que l'amusement que vous avez choisi ne vous plaît plus ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  176. Il me plaira toujours ; mais j'ai songé que je mettrai Lélio plus à son aise en ne le voyant plus. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  177. Mais voilà des précautions d'un jugement... (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  178. Madame, c'est une maladie qui commence : votre coeur en est à son premier accès de fièvre, tenez, le billet n'est plus nécessaire, je vois Lélio qui s'approche. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  179. Je me retire, faites votre commission. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  180. Pourquoi donc Madame_la_Comtesse se retire-t-elle en me voyant ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  181. Je ne vois pas la finesse qu'il peut y avoir à me laisser là, quand j'arrive, pour m'entretenir dans des papiers. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  182. J'allais prendre des mesures avec elle pour nos paysans : mais voyons ses raisons. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  183. « Monsieur, depuis que nous nous sommes quittés j'ai fait réflexion qu'il était assez inutile de nous voir. » (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  184. Très inutile, je l'ai pensé de même. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  185. Vous avez raison, Madame, je vous remercie de votre attention. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  186. « Vous savez la prière que je vous ai faite tantôt au sujet du mariage de nos jeunes gens, je vous prie de vouloir bien me marquer là-dessus quelque chose de positif. » (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  187. Volontiers, Madame, vous n'attendrez point ! (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  188. Voilà la femme du caractère le plus passable que j'aie vue de ma vie ; si j'étais capable d'en aimer quelqu'une ce serait elle. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  189. Oh non, l'éloignement qu'elle a pour moi me donne en vérité beaucoup d'estime pour elle, cela est dans mon goût, je suis ravi que la proposition vienne d'elle, elle m'épargne, à moi, la peine de la lui faire. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  190. Oui, ma chère enfant, j'y cours : vous pouvez lui dire, puisqu'elle choisit le papier pour le champ de bataille de nos conversations, que j'en ai près d'une rame chez moi, et que le terrain ne me manquera de longtemps. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  191. Vous êtes distrait, Monsieur, vous me dites que vous courez faire réponse, et vous voilà encore ? (Acte 2, scène 2, COLOMBINE)
  192. J'ai tort, j'oublie les choses d'un moment à l'autre : attendez là un moment. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  193. Oui, assurément cela me fera plaisir. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  194. Emmenez-moi avec vous ; car je ne me fie point à elle. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  195. J'ai bien affaire, moi, d'être honnête à mes dépens. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  196. Tu ne m'aimes point, tu ne veux point m'aimer. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  197. Non, je ne veux point t'aimer, mais je n'ai que faire de prendre la peine de m'empêcher de le vouloir. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  198. Tu m'aimerais donc, si tu ne t'en empêchais ? (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  199. Laissez-moi en repos, Mademoiselle_Colombine, promenez-vous d'un côté, et moi d'un autre, sinon je m'enfuirai, car je réponds tout de travers. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  200. Puisqu'on ne peut avoir l'honneur de ta compagnie qu'à ce prix-là, je le veux bien, promenons-nous. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  201. Tout en badinant cependant, me voilà dans la fantaisie d'être aimée de ce petit corps-là. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  202. C'est une malédiction que cet amour : il m'a tourmenté quand j'en avais, et il me fait encore du mal à cette heure que je n'en veux point : il faut prendre patience et faire bonne mine. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  203. Mais vraiment, tu as la voix belle : sais-tu la musique ? (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  204. Oui, je commence à lire les paroles. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  205. Peste soit du petit coquin, sérieusement je crois qu'il me pique. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  206. Elle me regarde, elle voit bien que je fais semblant de ne pas songer à elle. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  207. Je commence à me lasser de la promenade. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  208. Comment te va le coeur ? (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  209. Gageons que tu m'aimes ? (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  210. Oh tu m'ennuies, je veux que tu me dises franchement que tu m'aimes. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  211. Encore un petit tour de promenade. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  212. Et que t'ai-je fait pour me haïr ? (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  213. Oui ; ta petite figure me revient assez. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  214. C'est ce lutin-là qui me prend à la gorge : elle veut que je l'aime. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  215. Vous en parlez bien à votre aise : elle a la malice de me dire qu'elle me haïra. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  216. J'ai entrepris la guérison de sa folie, il faut que j'en vienne à bout : va, va, c'est partie à remettre. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  217. Je la fais indifférente: ai-je quelque intérêt de la faire autrement ? (Acte 2, scène 4, LÉLIO)
  218. Les plus courtes folies sont les meilleures : l'homme est faible, tous les philosophes du temps passé nous l'ont dit, et je m'en fie bien à eux : vous vous croyez leste et gaillard, vous n'êtes point cela ; ce que vous êtes est caché derrière tout cela : si j'avais besoin d'indifférence et qu'on en vendît, je ne ferais pas emplette de la vôtre, j'ai bien peur que ce ne soit une drogue de charlatan, car on dit que l'Amour en est un, et franchement vous m'avez tout l'air d'avoir pris de son Mithridate. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  219. Vous vous agitez, vous allez et venez, vous riez du bout des dents, vous êtes sérieux tout de bon : tout autant de symptômes d'une indifférence amoureuse. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  220. Je pars ; mais mon avis est que vous avez la vue trouble ; attendez qu'elle s'éclaircisse, vous verrez mieux votre chemin ; n'allez pas vous jeter dans quelque ornière, vous embourber dans quelque pas : quand vous soupirerez, vous serez bien aise de trouver un écho qui vous réponde : n'en dites rien, ma maîtresse est étourdie du bateau, la bonne dame bataille, et c'est autant de battu ; motus, Monsieur, je suis votre servante. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  221. Cette folle, qui me vient dire qu'elle croit que sa maîtresse s'humanise, elle qui me fuit, et qui me fuit, et qui me fuit moi présent ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  222. Parbleu, Madame_la_Comtesse, vos manières sont tout à fait de mon goût, je les trouve pourtant un peu sauvages ; car enfin, l'on n'écrit pas à un homme de qui l'on n'a pas à se plaindre : je ne veux plus vous voir, vous me fatiguez, vous m'êtes insupportable, et voilà le sens du billet, tout mitigé qu'il est. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  223. Cela ne vaut pas la peine d'être si content, à moins qu'on ne soit fâché : tenez-vous ferme, mon cher maître, car si vous tombez, me voilà à bas. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  224. Je pars dès demain pour Paris, voilà comme je tombe. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  225. Point du tout, cette femme croirait peut-être que je serais sensible à son amour, et je veux la laisser là pour lui prouver que non. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  226. Tu me suivras. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  227. Bon, ta Colombine, il s'agit bien de Colombine : veux-tu encore aimer, dis ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  228. Ne te souvient-il plus de ce que c'est qu'une femme ? (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  229. Il faut avouer que les bizarreries de l'esprit d'une femme sont des pièges bien finement dressés contre nous ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  230. Dites-moi, Monsieur, j'ai fait un gros serment de n'être plus amoureux ; mais si Colombine m'ensorcelle, je n'ai pas mis cet article dans mon marché, mon serment ne vaudra rien, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  231. Oh, sans l'inimitié que j'ai vouée à l'amour, j'extravaguerais actuellement, peut-être : je sens bien qu'il ne m'en faudrait pas davantage, je serais piqué, j'aimerais : cela irait tout de suite. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  232. J'ai toujours entendu dire, il a du coeur comme un César : mais si ce César était à ma place, il serait bien sot. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  233. Le hasard me fit connaître une femme qui hait l'amour ; nous lions cependant commerce d'amitié, qui doit durer pendant notre séjour ici : je la conduis chez elle, nous nous quittons en bonne intelligence ; nous avons à nous revoir, je viens la trouver indifféremment, je ne songe non plus à l'amour qu'à m'aller noyer, j'ai vu sans danger les charmes de sa personne. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  234. Point du tout, cela n'est pas fini, j'ai maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies ; équipages d'esprit que toute femme apporte en naissant : Madame_la_Comtesse se met à rêver, et l'idée qu'elle imagine en se jouant serait la ruine de mon repos si j'étais capable d'y être sensible. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  235. Un billet m'arrête en chemin : billet diabolique, empoisonné, où l'on écrit que l'on ne veut plus me voir, que ce n'est pas la peine. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  236. M'écrire cela à moi ! qui suis en pleine sécurité, qui n'ai rien fait à cette femme, s'attend-on à cela ? (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  237. Je serai étonné, déconcerté ; premier degré de folie, car je vois cela tout comme si j'y étais ; après quoi, l'amour-propre s'en mêle, je me croirais méprisé, parce qu'on s'estime un peu, je m'aviserai d'être choqué, me voilà fou complet : deux jours après, c'est de l'amour qui se déclare ; d'où vient-il ? (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  238. D'une petite fantaisie magique qui prend à une femme, et qui plus est, ce n'est pas sa faute à elle : la nature a mis du poison pour nous dans toutes ses idées : son esprit ne peut se retourner qu'à notre dommage, sa vocation est de nous mettre en démence : elle fait sa charge involontairement. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  239. Que je suis heureux, dans cette occasion-ci, d'être à l'abri de tous ces périls : le voilà, ce billet insultant, malhonnête ; mais cette réflexion-là me met de mauvaise humeur ; les mauvais procédés m'ont toujours déplu, et le vôtre est un des plus déplaisants, Madame_la_Comtesse ; je suis bien fâché de ne l'avoir pas rendu à Colombine. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  240. Monsieur, ne me parlez plus d'elle, car, voyez-vous, j'ai dans mon esprit qu'elle est amoureuse, et j'enrage. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  241. Oui, je la voyais tantôt qui badinait, qui ne savait que dire, elle tournait autour du pot, je crois même qu'elle a tapé du pied, tout cela est signe d'amour, tout cela mène un homme à mal. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  242. Eh, mon maître, ce n'est pas la peine que vous fassiez ce chemin-là pour moi, je ne mérite pas cela, et il vaut mieux que j'aime que de vous coûter tant de dépense. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  243. Plus j'y rêve, et plus je vois qu'il faut que tu sois fou, pour me dire que je lui plais, après son billet et son procédé. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  244. De qui diantre me parles-tu donc, butor ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  245. De Colombine : ce n'était donc pas à cause d'elle que vous vouliez me mener à Constantinople ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  246. Si fait, j'ai remarqué qu'elle vous aimera bientôt. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  247. Et je remarque que vous l'aimerez aussi. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  248. Moi, l'aimer ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  249. Moi, l'aimer : tiens, tu me feras plaisir de savoir adroitement de Colombine les dispositions où elle se trouve ; car je veux savoir à quoi m'en tenir : et si contre toute apparence, il se trouvait dans son coeur une ombre de penchant pour moi ; vite à cheval : je pars. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  250. Vous : il n'y a qu'un moment, mais c'est que la mémoire vous faille, comme à moi : voulez-vous que je vous dise, il est bien aisé de voir que le coeur vous démange ; vous parlez tout seul, vous faites des discours qui ont dix lieues de long, vous voulez vous en aller en Turquie, vous mettez vos bottes, vous les ôtez, vous partez, vous restez, et puis du noir, et puis du blanc : pardi, quand on ne sait ni ce qu'on dit ni ce qu'on fait, ce n'est pas pour des prunes : et moi, que ferai-je après, quand je vois mon maître qui perd l'esprit ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  251. Je te dis qu'il ne me reste plus qu'une simple curiosité, c'est de savoir s'il ne se passerait pas quelque chose dans le coeur de la Comtesse, et je donnerais tout à l'heure cent écus pour avoir soupçonné juste. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  252. Écoute, après tout, mon pauvre Arlequin, si tu te fais tant de violence pour ne pas aimer cette fille-là, je ne t'ai jamais conseillé l'impossible. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  253. Franchement, Monsieur, la femme est un peu vaurienne, mais elle a du bon : entre nous, je la crois plus ratière que malicieuse : je m'en vais tâcher de rencontrer Colombine, et je ferai votre affaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  254. Je ne veux pas l'aimer, mais si j'ai tant de peine à me retenir, adieu panier je me laisserai aller ; si vous m'en croyez vous ferez de même : être amoureux et ne l'être pas, ma foi, je donnerai le choix pour un liard. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  255. C'est misère : j'aime mieux la misère gaillarde que la misère triste : adieu, je vais travailler pour vous. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  256. C'est que ce que je pourrais apprendre ne me servirait de rien. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  257. Si elle m'aime, que m'importe ? (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  258. Si elle ne m'aime pas, je n'ai pas besoin de le savoir ; ainsi, je ferai mieux de rester comme je suis. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  259. Monsieur, si je deviens amoureux, je veux avoir la consolation que vous le soyez aussi, afin qu'on dise toujours : tel valet, tel maître : je ne m'embarrasse pas d'être un ridicule, pourvu que je vous ressemble ; si la comtesse vous aime, je viendrai vitement vous le dire, afin que cela vous achève : par bonheur que vous êtes déjà bien avancé, et cela me fait un grand plaisir. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  260. Je prierai pourtant la Comtesse d'ordonner à Colombine de laisser ce malheureux en repos : mais peut-être elle est bien aise elle-même que l'autre travaille à lui détraquer la cervelle, car Madame_la_Comtesse n'est pas dans le goût de m'obliger. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  261. Vous me laissez, faites comme il vous plaira, j'ai la tête remplie de femmes et de tendresses : ces maudites idées-là me suivent partout, elles m'assiègent, Arlequin d'un côté, les folies de la Comtesse de l'autre, et toi aussi. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  262. C'est que Piarre ne m'aime plus, ce méserable-là s'est amouraché de la fille à Thomas : tenez, Monsieur, ce que c'est que la cruauté des hommes, je l'ai vu qui batifolait avec elle ; moi, pour le faire venir, je lui ai fait comme ça avec le bras, et y allons donc, et le vilain qu'il est m'a fait comme cela un geste du coude ; cela voulait dire : va te promener. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  263. Oh que les hommes sont traîtres ! (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  264. C'est pourtant un vice dont il a plu aux femmes d'enrichir l'humanité. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  265. Oh Monsieur, je ne veux pas rester dans le village, car on est si faible ; si ce garçon-là me recharchait, je ne sis pas rancuneuse, il y aurait du rapatriage, et je prétends être brouillée. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  266. Je m'en vas, Piarre est son valet, et ça me fâche itou contre elle. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  267. Elle m'a fui tantôt : si je me retire, elle croira que je prends ma revanche, et que j'ai remarqué son procédé ; comme il n'en est rien, il est bon de lui paraître tout aussi indifférent que je le suis. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  268. Ce voisinage-là me déplaît : je crois que je ferai fort bien de m'en aller, dût-elle en penser ce qu'elle voudra. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  269. Oh parbleu, c'en est trop, Madame vous m'avez fait l'honneur de m'écrire qu'il était inutile de nous revoir, et j'ai trouvé que vous pensiez juste ; mais je prendrai la liberté de vous représenter, que vous me mettez hors d'état de vous obéir. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  270. Le moyen de ne vous point voir, je me trouve près de vous, Madame, vous venez jusqu'à moi : je me trouve irrégulier sans avoir tort. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  271. Hélas Monsieur, je ne vous voyais pas : après cela, quand je vous aurais vu, je ne me ferais pas un grand scrupule d'approcher de l'endroit où vous êtes, et je ne me détournerais pas de mon chemin à cause de vous, je vous dirai cependant que vous outrez les termes de mon billet, il ne signifiait pas, haïssons-nous, soyons-nous odieux : si vos dispositions de haine ou pour toutes les femmes, ou pour moi vous l'ont fait expliquer comme cela, et si vous le pratiquez comme vous l'entendez, ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  272. Je vous plains beaucoup de m'avoir vue, vous souffrez apparemment, et j'en suis fâchée, mais vous avez le champ libre, voilà de la place pour fuir, délivrez-vous de ma vue. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  273. Quant à moi, Monsieur, qui ne vous hais ni ne vous aime, qui n'ai ni chagrin ni plaisir à vous voir, vous trouverez bon que j'aille mon train, que vous me soyez un objet parfaitement indifférent, et que j'agisse tout comme si vous n'étiez pas là : je cherche mon portrait, j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte ; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris, et Colombine à qui je l'ai donné pour le remettre à un de mes gens qui part exprès, l'a perdu ; voilà ce qui m'occupe, et si je vous avais aperçu là, il ne m'en aurait coûté que de vous prier très froidement et très poliment de vous détourner. Peut-être même, m'aurait-il pris fantaisie de vous prier de chercher avec moi, puisque vous vous trouvez là : car je n'aurais pas deviné que ma présence vous affligeait ; à présent que je le sais, je n'userai point d'une prière incivile : fuyez vite, Monsieur, car je continue. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  274. Madame, je ne veux point être incivil non plus, et je reste, puisque je puis vous rendre service, je vais chercher avec vous. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  275. Ah non, Monsieur, ne vous contraignez pas ; allez-vous-en, je vous dis que vous me haïssez, je vous l'ai dit, vous n'en disconvenez point : allez-vous-en donc, ou je m'en vais. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  276. Parbleu, Madame, c'est trop souffrir de rebuts en un jour, et billet et discours, tout se ressemble : adieu, donc, Madame, je suis votre serviteur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  277. Mais à propos, cet étourdi qui s'en va et qui n'a point marqué positivement dans son billet ce qu'il voulait donner à sa fermière ; il me dit simplement qu'il verra ce qu'il doit faire : Ah ! (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  278. Je ne suis pas d'humeur à mettre toujours la main à la plume: je me moque de sa haine, il faut qu'il me parle. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  279. Oui, Madame, je reviens, j'ai quelque chose à vous dire, et puisque vous voilà, ce sera un billet d'épargné et pour vous et pour moi. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  280. C'est que le neveu de votre fermier ne doit plus compter sur Jacqueline : Madame, cela doit vous faire plaisir, car cela finit le peu de commerce forcé que nous avons ensemble. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  281. Le commerce forcé ! (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  282. Pourquoi donc, s'il vous plaît, Jacqueline ne veut-elle pas de ce jeune homme ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  283. Je vous le demande, Madame, cela n'est point à mon usage, et vous le définiriez mieux que moi. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  284. Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-ci, si vous vouliez : il est de votre ouvrage apparemment ; je me mêlais de leur mariage, cela vous fatiguait, vous avez tout arrêté : je vous suis obligée de vos égards. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  285. Moi, Madame ! (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  286. Eh je n'en doute pas, Madame, je n'en doute pas. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  287. Vous avez rompu avec les femmes, moi avec les hommes : vous n'avez pas changé de sentiments, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  288. Oh mettez-vous dans l'esprit que mon opiniâtreté vaut bien la vôtre, et que je n'en démordrai point. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  289. Eh Madame, vous m'en avez accablé de preuves d'opiniâtreté ; ne m'en donnez plus, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  290. Eh bien, Monsieur, vous ne m'aimerez jamais, cela est-il si triste ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  291. Oh je le vois bien, je vous ai écrit qu'il ne fallait plus nous voir, et je veux mourir si vous n'avez pris cela pour quelque agitation de coeur ; assurément vous me soupçonnez de penchant pour vous. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  292. Vous m'assurez que vous n'en aurez jamais pour moi : vous croyez me mortifier, vous le croyez, Monsieur_Lélio, vous le croyez, vous dis-je, ne vous en défendez point. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  293. J'espérais que vous me divertiriez en m'aimant : vous avez pris un autre tour, je ne perds point au change, et je vous trouve très divertissant comme vous êtes. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  294. Ma foi, Madame, nous ne nous ennuierons donc point ensemble, si je vous réjouis, vous n'êtes point ingrate : vous espériez que je vous divertirais, mais vous ne m'aviez pas dit que je serais diverti. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  295. Quoi qu'il en soit, brisons là-dessus ; la comédie ne me plaît pas longtemps, et je ne veux être ni acteur ni spectateur. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  296. Écoutez, Monsieur, vous m'avouerez qu'un homme à votre place, qui se croit aimé, surtout quand il n'aime pas, se met en prise ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  297. Je ne pense point que vous m'aimez, Madame, vous me traitez mal, mais vous y trouvez du goût : n'usez point de prétexte, je vous ai déplu d'abord ; moi spécialement je l'ai remarqué, et si je vous aimais, de tous les hommes qui pourraient vous aimer, je serais peut-être le plus humilié, le plus raillé, et le plus à plaindre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  298. Vous vous trompez, je serais fâchée que vous m'aimassiez ; parce que j'ai résolu de ne point aimer : mais quelque chose que j'aie dit, je croirais du moins devoir vous estimer. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  299. Vous êtes injuste, je ne suis pas sans discernement : Mais à quoi bon faire cette supposition, que si vous m'aimiez je vous traiterais plus mal qu'un autre ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  300. La supposition est inutile, puisque vous n'avez point envie de faire l'essai de mes manières, que vous importe ce qui en arriverait ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  301. Cela vous doit être indifférent ; vous ne m'aimez pas ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  302. Je vous prie, point de menace, Madame : vous m'avez tantôt offert votre amitié, je ne vous demande que cela, je n'ai besoin que de cela : ainsi vous n'avez rien à craindre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  303. Moins gênée ; ma foi Madame, il ne faut pas que vous la soyez du tout, et tout bien pesé, je crois que nous ferons mieux de suivre les termes de votre billet. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  304. Oh de tout mon coeur : allons, Monsieur, ne nous voyons plus : je fais présent de cent pistoles au neveu de mon fermier ; vous me ferez savoir ce que vous voulez donner à la fille, et je verrai si je souscrirai à ce mariage, dont notre rupture va lever l'obstacle que vous y avez mis : soyons-nous inconnus l'un à l'autre ; j'oublie que je vous ai vu : je ne vous reconnaîtrai pas demain. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  305. Et moi, Madame, je vous reconnaîtrai toute ma vie, je ne vous oublierai point, vos façons avec moi, vous ont gravé pour jamais dans ma mémoire. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  306. Vous m'y donnerez la place qu'il vous plaira, je n'ai rien à me reprocher, mes façons ont été celles d'une femme raisonnable. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  307. Morbleu, Madame, vous êtes une dame raisonnable, à la bonne heure, mais accordez donc cette lettre avec vos premières honnêtetés et avec vos offres d'amitié : cela est inconcevable, aujourd'hui votre ami, demain rien. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  308. Pour moi, Madame, je ne vous ressemble pas, et j'ai le coeur aussi jaloux en amitié, qu'en amour : ainsi nous ne nous convenons point. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  309. Adieu, Monsieur, vous parlez d'un air bien dégagé, et presque offensant, si j'étais vaine : cependant, et si j'en crois Colombine, je vaux quelque chose, à vos yeux mêmes. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  310. Un moment : vous êtes de toutes les dames que j'ai vues celle qui vaut le mieux, je sens même que j'ai du plaisir à vous rendre cette justice-là : Colombine vous en a dit davantage ; c'est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre:: Madame, je vous en avertis, ainsi n'en croyez jamais au rapport de vos domestiques. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  311. Comment ! (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  312. Que me voulez-vous ? Madame. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  313. Je vous trouve bien hardie d'oser, suivant votre petite cervelle, tirer de folles conjectures de mes sentiments ; et je voudrais bien vous demander sur quoi vous avez compris que j'aime Monsieur, à qui vous l'avez dit? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  314. Je vous jure que je l'ai cru comme je l'ai dit, et je l'ai dit pour le bien de la chose. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  315. Cela ira là, et si la chose arrive, je n'aurai fait aucun mal : à votre égard, Madame, je vais vous expliquer sur quoi j'ai pensé que vous aimiez. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  316. Je suis honteux d'être la cause de cette explication-là, mais vous pouvez être persuadée que ce qu'elle a pu me dire ne m'a fait aucune impression : non, Madame, vous ne m'aimez point, et j'en suis convaincu, et je vous avouerai même dans le moment où je suis, que cette conviction m'est nécessaire : je vous laisse. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  317. Si nos paysans se raccommodent, je verrai ce que je puis faire pour eux : puisque vous vous intéressez à leur mariage, je me ferai un plaisir de le hâter, et j'aurai l'honneur de vous porter tantôt ma réponse, si vous me le permettez. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  318. Que vient-il de me dire ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  319. Cette conviction m'est absolument nécessaire ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  320. Tous les diamants y sont, rien n'y manque, hors le portrait que Monsieur_Lélio a gardé : c'est un grand bonheur que vous ayez trouvé cela ; je vous rends la boîte, il est juste que vous la donniez vous-même à Madame_la_Comtesse : adieu, je suis pressée. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  321. Eh là, là, ne vous en allez pas si vite, je suis de si bonne humeur. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  322. Et allons donc, faut-il avoir des manières comme cela avec moi ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  323. Vous me traitez de Monsieur, cela est-il honnête ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  324. Me dire comment je me porte : par exemple, me faire de petites questions. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  325. Arlequin par-ci, Arlequin par-là ; me demander comme tantôt, si je vous aime : que sait-on ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  326. Non, vous haïssez trop les femmes. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  327. Et moi, à compter d'aujourd'hui, je me brouille avec les hommes, dans un an, ou deux, je me raccommoderai peut-être avec ces nigauds-là. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  328. Il faudra donc que je me tienne pendant ce temps-là les bras croisés à vous voir venir, moi. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  329. Je vous entends, vous m'aimez, j'en suis fâchée, mon ami : le Ciel vous assiste ! (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  330. Mardi oui, je t'aime. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  331. Tu verras, va ; je cours tirer bouteille, pour commencer. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  332. M'aimeras-tu après cette autre impertinence-là ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  333. Il est défendu de mentir. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  334. Tu me parais vraiment repentant, cela me fait plaisir. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  335. Tu m'aimeras au moins ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  336. Je me sens plus léger qu'une plume. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  337. N'oublions rien pour les conduire à s'avouer qu'ils s'aiment : quand tu rendras la boîte à la Comtesse, ne manque pas de lui dire pourquoi ton maître en garde le portrait ? (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  338. Je la vois qui rêve, retire-toi, et reviens dans un moment, de peur qu'en nous voyant ensemble, elle ne nous soupçonne d'intelligence. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  339. J'ai dessein de la faire parler ; je veux qu'elle sache qu'elle aime : son amour en ira mieux, quand elle se l'avouera. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  340. Je n'en sais rien, Madame, je le fais chercher. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  341. N'a-t-il rien à me dire de la part de son maître ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  342. Non, Madame. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  343. Avez-vous dit au cocher de mettre les chevaux au carrosse ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  344. Non, vraiment. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  345. Comment, deviner ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  346. Ce qui n'a jamais été dit n'a pas été répété, Madame, cela est clair : demandez cela à tout le monde. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  347. Peut-on vous demander où vous vouliez aller Madame ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  348. Pour quitter Lélio, qui s'avise de m'aimer, je pense. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  349. Rassurez-vous, Madame, je crois maintenant qu'il n'en est rien. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  350. Je vous trouve plaisante de me venir dire, qu'il n'en est rien ; vous de qui je sais la chose en partie. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  351. Cela est vrai, je l'avais cru, mais je vois que je me suis trompée. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  352. Mais, Madame, tout le monde se peut tromper. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  353. Je vous dis encore une fois que cet homme-là m'aime, et que je vous trouve ridicule de me disputer cela ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  354. Prenez-y garde, vous me répondrez de cet amour-là, au moins ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  355. Moi, Madame, m'a-t-il donné son coeur en garde ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  356. Eh, que vous importe qu'il vous aime ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  357. Voilà un sujet de querelle furieusement tiré par les cheveux : cela est bien subtil ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  358. Monsieur Lélio vous aime, Madame, j'en suis certaine, votre billet l'a piqué, il l'a reçu en colère, il l'a lu de même, il a pâli, il a rougi. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  359. Dites-moi, sur un pareil rapport, qui est-ce qui ne croira pas qu'un homme est amoureux ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  360. Moi, je compte là-dessus, je prends des mesures pour me retirer. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  361. Mesures perdues. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  362. Quelles si grandes mesures avez-vous donc prises, Madame ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  363. Au bout du compte tant mieux s'il ne vous aime point. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  364. Oh vous croyez que cela va comme votre tête, avec votre tant mieux : il serait à souhaiter qu'il m'aimât, pour justifier le reproche que je lui en ai fait, je suis désolée d'avoir accusé un homme d'un amour qu'il n'a pas : mais si vous vous êtes trompée, pourquoi Lélio m'a-t-il fait presque entendre qu'il m'aimait ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  365. Me prenez-vous pour une bête ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  366. Que signifie le discours qu'il m'a tenu en me quittant : Madame vous ne m'aimez point, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; n'est-ce pas tout comme s'il m'avait dit, je serais en danger de vous aimer, si je croyais que vous puissiez m'aimer vous-même ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  367. Allez, allez, vous ne savez ce que vous dites, c'est de l'amour que ce sentiment-là. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  368. Je la crois pourtant aussi naturelle que la vôtre, Madame ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  369. Vous savez que Monsieur_Lélio fuit les femmes ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  370. Cela posé, examinons ce qu'il vous dit : vous ne m'aimez pas, Madame, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; c'est-à-dire pour rester où vous êtes, j'ai besoin d'être certain que vous ne m'aimez pas, sans quoi je décamperais, c'est une pensée désobligeante, entortillée dans un tour honnête, cela me paraît assez net. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  371. Cet air-là, Madame, peut ne signifier encore qu'un homme honteux de dire une impertinence, et qui l'adoucit le plus qu'il peut. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  372. Par quel esprit de contradiction veux-tu penser autrement ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  373. J'y étais, je m'y connais, ou bien Lélio est le plus fourbe de tous les hommes ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  374. Et s'il ne m'aime pas, je fais voeu de détester son caractère ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  375. Oui son honneur y est engagé, il faut qu'il m'aime, ou qu'il soit un malhonnête homme ; car il a donc voulu me faire prendre le change ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  376. Il vous aimait peut-être, et je lui avais dit que vous pourriez l'aimer ; mais vous vous êtes fâchée, et j'ai détruit mon ouvrage : j'ai dit tantôt à Arlequin que vous ne songiez nullement à lui : que j'avais voulu flatter son maître pour me divertir, et qu'enfin Monsieur_Lélio était l'homme du monde que vous aimeriez le moins. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  377. De quoi vous avisez-vous d'aller mortifier un homme à qui je ne veux point de mal ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  378. Que j'estime ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  379. En vérité, vous avez juré de me désobliger ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  380. Tenez, Madame, dussiez-vous me quereller, vous aimez cet homme à qui vous ne voulez point de mal ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  381. Oui, vous l'aimez. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  382. Madame, il n'y a que l'intention de punissable ; et je fais serment que je n'ai eu nul dessein de vous fâcher ; je vous respecte et je vous aime, vous le savez. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  383. Je vous l'avoue, une seule chose me chagrine : c'est de m'apercevoir que vous manquez de confiance pour moi, qui ne veux savoir vos secrets que pour vous servir ; de grâce, ma chère maîtresse, ne me donnez plus ce chagrin-là, récompensez mon zèle pour vous, ouvrez-moi votre coeur, vous n'en serez point fâchée. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  384. Voilà un soupir : c'est un commencement de franchise ; achevez donc ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  385. Madame. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  386. Est-ce que j'aimerais ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  387. Je crois que oui : mais d'où vient vous faire un si grand monstre de cela, eh bien, vous aimez, voilà qui est bien rare ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  388. Non, je n'aime point encore. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  389. Quand je suis venue ici, j'étais triste ; tu me demandais ce que j'avais : ah Colombine ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  390. C'était un pressentiment du malheur qui devait m'arriver. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  391. Voici Arlequin qui vient à nous, renfermez vos regrets. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  392. Madame, mon maître m'a dit que vous avez perdu une boîte de portrait ; je sais un homme qui l'a trouvée ; de quelle couleur est-elle ? (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  393. Te méfies-tu de Madame ? (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  394. Mais c'est la coutume d'interroger le monde pour plus grande sûreté : je n'y pense point à mal. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  395. La voilà, Madame, un autre que vous ne la verrait pas, mais vous êtes une femme de bien. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  396. C'est la même, tiens, prends cela en revanche. (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  397. Il me garde mon portrait, qu'en veut-il faire ? (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  398. Motus, le pauvre homme en tient. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  399. Madame, la cousine dont il parle, peut être morte, mais la cousine qu'il ne dit pas se porte bien, et votre cousin n'est pas votre parent. (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  400. De ce drôle de cousin : mon maître croit bonnement qu'il garde le portrait à cause de la cousine ; et il ne sait pas que c'est à cause de vous, cela est risible, il fait des quiproquos d'apothicaire. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  401. Comment, des injures ? (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  402. Oui, je l'ai laissé là-bas qui se fâche contre le visage de Madame ; il le querelle tant qu'il peut de ce qu'il aime. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  403. Quelquefois il met de bons gros soupirs au bout des mots qu'il dit : Oh ! (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  404. Colombine, il faut absolument qu'il me rende mon portrait, cela est de conséquence pour moi : je vais lui demander, je ne souffrirai pas mon portrait entre les mains d'un homme. (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  405. Colombine, où est Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  406. Madame_la_Comtesse va, je pense, partir tout à l'heure pour Paris. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  407. Quoi, sans me voir ! (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  408. Sans me l'avoir dit ! (Acte 3, scène 4, L?LIO)
  409. De quoi je me plains ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  410. Partir sans me dire adieu, et vous voulez que je sois un homme de bon sens, et que je m'accommode de cela, moi ! (Acte 3, scène 4, L?LIO)
  411. Non, les procédés bizarres me révolteront toujours. (Acte 3, scène 4, L?LIO)
  412. Oh doucement, je veux du vrai dans mes amis, des manières franches et stables, et je n'en trouve point là ; dorénavant je ferai mieux de n'être ami de personne, car je vois bien qu'il n'y a que du faux partout. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  413. Lui ferai-je vos compliments ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  414. Je vois bien que je ne ferai rien par la feinte, il vaut mieux vous parler franchement. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  415. Monsieur, Madame_la_Comtesse ne part pas, elle attend pour se déterminer qu'elle sache si vous l'aimez, ou non ; mais dites-moi naturellement vous-même ce qui en est, c'est le plus court ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  416. C'est le plus court il est vrai, mais j'y trouve pourtant de la difficulté, car enfin dirai-je que je ne l'aime pas ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  417. Mais, Madame_la_Comtesse est aimable, et ce serait une grossièreté. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  418. Eh bien, dites que vous l'aimez. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  419. Mais en vérité c'est une tyrannie que cette alternative-là ; si je vais dire que je l'aime, cela dérangera peut-être Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  420. Cela la fera partir, si je dis que je ne l'aime point ? (Acte 3, scène 4, L?LIO)
  421. Mon indifférence, voilà un beau rapport, et cela me ferait un joli cavalier. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  422. Vous me mettez dans une désagréable situation. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  423. Dites-lui que je suis plein d'estime, de considération et de respect pour elle. (Acte 3, scène 4, L?LIO)
  424. Vous me faites pitié. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  425. Oui, et vous êtes un étrange homme, de ne m'avoir pas confié que vous l'aimiez. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  426. Ah vous voilà dans le ton, songez à dire toujours de même, entendez-vous monsieur de l'ermitage ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  427. Rien, sinon que je vous ai donné la question, et que vous avez jasé dans vos souffrances : tenez vous gai, l'homme indifférent, tout ira bien. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  428. Arlequin, je te le recommande, instruis-le plus amplement, je vais chercher l'autre. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  429. C'est maintenant qu'il faut dire : va comme je te pousse : vive l'amour, mon cher maître, et faites chorus, car il n'y a pas deux chemins : il faut passer par là, ou par la fenêtre. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  430. Ah je suis un homme sans jugement. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  431. Arlequin, je ne devais jamais revoir de femmes. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  432. Il me prend envie de m'enfermer chez moi, et de n'en sortir de six mois. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  433. Vous dites une chanson, et je l'accompagne : ne vous fâchez pas, j'ai de bonnes nouvelles à vous apprendre ; cette Comtesse vous aime, et la voilà qui vient vous donner le dernier coup à vous. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  434. Madame, je m'en doute du moins, et je consens à tout : nos paysans se sont raccommodés et je donne à Jacqueline autant que vous donnez à son amant : c'est de quoi j'allais prendre la liberté de vous informer. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  435. C'est mon portrait, qu'on m'a dit que vous avez, et je viens vous prier de me le rendre, rien ne vous est plus inutile. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  436. Madame, il est vrai qu'Arlequin a trouvé une boîte de portrait que vous cherchiez ; je vous l'ai fait remettre sur-le-champ ; s'il vous a dit autre chose, c'est un étourdi, et je voudrais bien lui demander où est le portrait dont il parle ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  437. Si fait, Monsieur, vous vous souvenez bien que vous lui avez parlé tantôt, je vous l'ai vu mettre après dans la poche du côté gauche. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  438. Ah, Madame, vous pouvez m'en croire. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  439. Tenez, Monsieur, tâtez, Madame, le voilà. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  440. Cela est vrai, il me paraît que c'est lui. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  441. Le voulez-vous, Madame ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  442. Comment donc cela s'est-il fait ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  443. C'est que vous vouliez le garder, à cause, disiez-vous, qu'il ressemblait à une cousine qui est morte, et moi,qui suis fin, je vous disais que c'était à cause qu'il ressemblait à Madame, et cela était vrai. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  444. En vérité Madame, je ne comprends pas ce coquin-là. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  445. Tu me la paieras. (Acte 3, scène 6, L?LIO)
  446. Madame_la_Comtesse ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  447. Voilà Monsieur qui me menace derrière vous. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  448. Madame, vous me feriez bien du plaisir de l'obliger à vous dire qu'il vous aime, il n'aura pas plus tôt avoué cela, qu'il me pardonnera. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  449. Eh, Madame, je vous assure que je ne lui veux aucun mal, il faut qu'il ait l'esprit troublé : retire-toi et ne nous romps plus la tête de tes sots discours. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  450. Je vous prie Madame de n'être point fâchée de ce que j'avais votre portrait, j'étais dans l'ignorance. (Acte 3, scène 6, L?LIO)
  451. Effectivement. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  452. Il n'y a personne qui ne se persuade là-dessus que je vous aime. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  453. Je l'aurais cru moi-même, si je ne vous connaissais pas. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  454. Quand vous le croiriez encore, je ne vous estimerais guère moins clairvoyante. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  455. On n'est pas clairvoyante quand on se trompe, et je me tromperais. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  456. Moi, Madame : vous êtes la maîtresse. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  457. D'aimer ou de n'aimer pas. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  458. Je vous reconnais : l'alternative est bien de vous, Madame ! (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  459. Ce qu'apparemment vous n'avez pas pensé. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  460. Vous ne me le pardonneriez jamais. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  461. Eh bien, Madame ! (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  462. Me voilà expliqué, m'entendez-vous ? (Acte 3, scène 6, L?LIO)
  463. Vous ne répondez rien ; vous avez raison : mes extravagances ont combattu trop longtemps contre vous, et j'ai mérité votre haine. (Acte 3, scène 6, L?LIO)
  464. Non, Madame, condamnez-moi, ou faites-moi grâce. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  465. Ne me demandez rien à présent : reprenez le portrait de votre parente, et laissez-moi respirer. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  466. Parguenne ça me boute la joie au coeur. (Acte 3, scène 6, PIERRE)
  467. Ne vous mettez en peine de rien, mes enfants, j'aurai soin de votre noce. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  468. Grand marci : mais morgué, pisque je sommes en joie, j'allons faire venir les ménétriers que j'avons retenus. (Acte 3, scène 6, PIERRE)
  469. S'amuse à me manquer de foi ; v.2 (Acte 3, scène 7, LE CHANTEUR)
  470. Je ne dis mot, je me tiens coi ; v.7 (Acte 3, scène 7, LE CHANTEUR)
  471. Me dit : J'enrage contre toi. v.12 (Acte 3, scène 7, LE CHANTEUR)
  472. Colas me disait l'autre jour : v.13 (Acte 3, scène 7, LA CHANTEUSE)
  473. Femmes, nous étions de grands fous v.19 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  474. Si de chaque femme volage v.21 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)

L'ILE DES ESCLAVES (1725)

  1. Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim ; voilà mon sentiment et notre histoire. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  2. Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous nos camarades ont péri, et j'envie maintenant leur sort. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  3. Ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  4. Cherchons, il n'y a pas de mal à cela ; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie : j'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j'en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  5. Eh, ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d'ici ; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île_des_Esclaves. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  6. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  7. Chaque pays a sa coutume : ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi ; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  8. Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  9. Comment donc, que veux-tu dire ? (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  10. Le coquin abuse de ma situation, j'ai mal fait de lui dire où nous sommes. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  11. Je t'en prie, je t'en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c'est l'air du pays qui fait cela. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  12. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  13. L'embarquement est divin v.1 (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  14. L'embarquement est divin v.3 (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  15. Badin, comme vous tournez cela. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  16. Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  17. Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  18. Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  19. Je l'ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne : les hommes ne valent rien. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  20. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort : eh bien, Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là ; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  21. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  22. Adieu, mon ami, je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  23. Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  24. Vous vous trompez, et l'on vous apprendra à corriger vos termes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  25. Comment vous appelez-vous ? (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  26. Oui vraiment. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  27. Hé, le terme est sans façon ; je reconnais ces Messieurs à de pareilles licences. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  28. Et lui, comment s'appelle-t-il ? (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  29. Dans ce moment-ci, il peut vous dire tout ce qu'il voudra. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  30. Ne vous gênez point, soulagez-vous par l'emportement le plus vif ; traitez-le de misérable, et nous aussi, tout vous est permis à présent : mais ce moment-ci passé, n'oubliez pas que vous êtes Arlequin, que voici Iphicrate, et que vous êtes auprès de lui ce qu'il était auprès de vous : ce sont là nos lois, et ma charge dans la République est de les faire observer en ce canton-ci. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  31. Vous me donnez la liberté de lui dire ce qu'il me plaira, ce n'est pas assez ; qu'on m'accorde encore un bâton. (Acte 1, scène 2, IPHICRATE)
  32. Camarade, il demande à parler à mon dos, et je le mets sous la protection de la République, au moins. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  33. Monsieur, je suis esclave aussi, moi, et du même vaisseau ; ne m'oubliez pas, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, CLÉANTHIS)
  34. Tâchez de vous calmer ; vous savez qui nous sommes, sans doute. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  35. Ne m'interrompez point, mes enfants. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  36. Je pense donc que vous savez qui nous sommes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  37. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après, la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  38. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès : et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs, et par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos citoyennes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  39. Ce sont là nos lois à cet égard, mettez à profit leur rigueur salutaire. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  40. Remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains, durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains ; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  41. Peut-on de la santé à meilleur compte ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  42. Au reste, ne cherchez point à vous sauver de ces lieux, vous le tenteriez sans succès, et vous feriez votre fortune plus mauvaise : commencez votre nouveau régime de vie par la patience. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  43. Quant à vous, mes enfants, qui devenez libres et citoyens, Iphicrate habitera cette case avec le nouvel Arlequin, et cette belle fille demeurera dans l'autre ; vous aurez soin de changer d'habit ensemble, c'est l'ordre. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  44. Je vous apprends, au reste, que vous avez huit jours à vous réjouir du changement de votre état ; après quoi l'on vous donnera, comme à tout le monde, une occupation convenable. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  45. Ah ça, ma compatriote ; car je regarde désormais notre île comme votre patrie ; dites-moi aussi votre nom. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  46. Effectivement, elle vous prend sur le fait. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  47. Dans votre pays, Euphrosine, on a bientôt dit des injures à ceux à qui l'on en peut dire impunément. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  48. Que voulez-vous que je lui réponde, dans l'étrange aventure où je me trouve ? (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  49. Oh Dame, il n'est plus si aisé de me répondre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  50. Mais à présent il faut parler raison ; c'est un langage étranger pour Madame ; elle l'apprendra avec le temps ; il faut se donner patience : je ferai de mon mieux pour l'avancer. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  51. Elle me trompera bien si elle amende. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  52. Mais comme vous êtes d'un sexe naturellement assez faible, et que par là vous avez dû céder plus facilement qu'un homme aux exemples de hauteur, de mépris et de dureté qu'on vous a donnés chez vous contre leurs pareils ; tout ce que je puis faire pour vous, c'est de prier Euphrosine de peser avec bonté les torts que vous avez avec elle, afin de les peser avec justice. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  53. Oh tenez, tout cela est trop savant pour moi, je n'y comprends rien ; j'irai le grand chemin, je pèserai comme elle pesait ; ce qui viendra, nous le prendrons. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  54. Doucement, point de vengeance. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  55. S'il faut que j'excuse toutes ses mauvaises manières à mon égard, il faudra donc qu'elle excuse aussi la rancune que j'en ai contre elle ; car je suis femme autant qu'elle, moi : voyons, qui est-ce qui décidera. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  56. Eh bien, qu'elle commence toujours par excuser ma rancune ; et puis, moi, je lui pardonnerai quand je pourrai ce qu'elle m'a fait : qu'elle attende. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  57. Souffrez-les, Madame, c'est le fruit de vos oeuvres. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  58. Que voulez-vous que je vous dise : quand on a de la colère, il n'y a rien de tel pour la passer, que de la contenter un peu, voyez-vous ; quand je l'aurai querellée à mon aise une douzaine de fois seulement, elle en sera quitte ; mais il me faut cela. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  59. J'espère, Euphrosine, que vous perdrez votre ressentiment, et je vous y exhorte en ami. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  60. Venons maintenant à l'examen de son caractère : il est nécessaire que vous m'en donniez un portrait qui se doit faire devant la personne qu'on peint, afin qu'elle se connaisse, qu'elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu'elle se corrige. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  61. Nous avons là de bonnes intentions, comme vous voyez. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  62. Allons, commençons. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  63. Allons, me voilà prête ; interrogez-moi, je suis dans mon fort. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  64. Je vous prie, Monsieur, que je me retire, et que je n'entende point ce qu'elle va dire. (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  65. Ma chère Dame, cela n'est fait que pour vous ; il faut que vous soyez présente. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  66. Eh voilà ma chère maîtresse ; cela lui ressemble comme son visage. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  67. Partout, à toute heure, en tous lieux ; je vous ai dit de m'interroger ; mais par où commencer, je n'en sais rien, je m'y perds ; il y a tant de choses, j'en ai tant vu, tant remarqué de toutes les espèces, que cela me brouille. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  68. Madame se tait, Madame parle ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie, c'est tout un, il n'y a que la couleur de différente ; c'est vanité muette, contente ou fâchée ; c'est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse ; c'est Madame, toujours vaine ou coquette l'un après l'autre, ou tous les deux à la fois : voilà ce que c'est, voilà par où je débute, rien que cela. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  69. Madame se lève, a-t-elle bien dormi, le sommeil l'a-t-il rendu belle, se sent elle du vif, du sémillant dans les yeux ? (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  70. Vite sur les armes ; la journée sera glorieuse. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  71. Madame verra du monde aujourd'hui ; elle ira aux spectacles, aux promenades, aux assemblées ; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à voir, il n'y a qu'à le promener hardiment, il est en état, il n'y a rien à craindre. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  72. Madame, au contraire, a-t-elle mal reposé : ah ! qu'on m'apporte un miroir ? (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  73. Comme me voilà faite ! (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  74. Cependant on se mire, on éprouve son visage de toutes les façons, rien ne réussit ; des yeux battus, un teint fatigué ; voilà qui est fini, il faut envelopper ce visage-là, nous n'aurons que du négligé, Madame ne verra personne aujourd'hui, pas même le jour, si elle peut, du moins fera-t-il sombre dans la chambre. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  75. Cependant il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame ? (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  76. Comment vous portez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  77. Très mal, Madame ; j'ai perdu le sommeil ; il y a huit jours que je n'ai fermé l'oeil ; je n'ose pas me montrer, je fais peur. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  78. Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n'est point moi, au moins ; ne me regardez pas, remettez à me voir ; ne me jugez pas aujourd'hui ; attendez que j'aie dormi. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  79. J'entendais tout cela, moi, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d'une pénétration !... (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  80. Courage, Madame ; profitez de cette peinture-là, car elle me paraît fidèle. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  81. Achevez, achevez ; Madame soutiendra bien le reste. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  82. J'étais dans la chambre ; vous vous entreteniez bas ; mais j'ai l'oreille fine : vous vouliez lui plaire sans faire semblant de rien ; vous parliez d'une femme qu'il voyait souvent. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  83. Cette femme-là est aimable, disiez-vous ; elle a les yeux petits, mais très doux ; et là-dessus vous ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  84. Oui, Madame, à vous-même, à tout ce qu'il y a de plus aimable au monde. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  85. Un jour qu'elle pouvait m'entendre, et qu'elle croyait que je ne m'en doutais pas, je parlais d'elle, et je dis : Oh, pour cela il faut l'avouer, Madame est une des plus belles femmes du monde. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  86. Que de bontés, pendant huit jours, ce petit mot-là ne me valut-il pas ! (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  87. J'essayai en pareille occasion de dire que Madame était une femme très raisonnable : oh, je n'eus rien, cela ne prit point ; et c'était bien fait, car je la flattais. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  88. Monsieur, je ne resterai point, ou l'on me fera rester par force ; je ne puis en souffrir davantage. (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  89. J'allais parler des vapeurs de mignardise auxquelles Madame est sujette à la moindre odeur. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  90. Cela suffit, Euphrosine, promenez-vous un moment à quelques pas de nous, parce que j'ai quelque chose à lui dire ; elle ira vous rejoindre ensuite. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  91. Une autre fois je vous dirai comme quoi Madame s'abstient souvent de mettre de beaux habits, pour en mettre un négligé qui lui marque tendrement la taille. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  92. C'est encore une finesse que cet habit-là ; on dirait qu'une femme qui le met ne se soucie pas de paraître, mais à d'autre ; on s'y ramasse dans un corset appétissant, on y montre sa bonne façon naturelle ; on y dit aux gens : Regardez mes grâces, elles sont à moi, celles-là ; et d'un autre côté on veut leur dire aussi : Voyez comme je m'habille, quelle simplicité, il n'y a point de coquetterie dans mon fait. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  93. Je sors, et tantôt nous reprendrons le discours, qui sera fort divertissant ; car vous verrez aussi comme quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle emphase, avec quel air imposant, quoique d'un air distrait et sans y penser ; car c'est la belle éducation qui donne cet orgueil-là. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  94. Vous verrez comme dans la loge on y jette un regard indifférent et dédaigneux sur des femmes qui sont à côté, et qu'on ne connaît pas. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  95. Nous sommes d'honnêtes gens qui vous instruisons ; voilà tout : il vous reste encore à satisfaire à une petite formalité. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  96. Convenez-vous de tous les sentiments coquets, de toutes les singeries d'amour-propre qu'elle vient de vous attribuer ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  97. Si vous en convenez, cela contribuera à rendre votre condition meilleure : je ne vous en dis pas davantage. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  98. On espérera que, vous étant reconnue, vous abjurerez un jour toutes ces folies qui font qu'on n'aime que soi, et qui ont distrait votre bon coeur d'une infinité d'attentions plus louables. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  99. Si au contraire vous ne convenez pas de ce qu'elle a dit, on vous regardera comme incorrigible, et cela reculera votre délivrance. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  100. Monsieur, faites donc comme si j'étais convenue de tout. (Acte 1, scène 4, EUPHROSINE)
  101. Quoi, vous me conseillez de mentir ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  102. Eh oui, Madame, et le tout pour votre bien. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  103. On est d'un certain rang, on aime à plaire. (Acte 1, scène 4, EUPHROSINE)
  104. À merveille : Je suis content, ma chère Dame. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  105. Ne vous impatientez point, montrez un peu de docilité, et le moment espéré arrivera. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  106. Gai, camarade, le vin de la République est merveilleux. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  107. J'en ai bu bravement ma pinte, car je suis si altéré depuis que je suis maître, que tantôt j'aurai encore soif pour pinte. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  108. Vous me réjouissez moi-même. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  109. Oh quand je suis gai, je suis de bonne humeur. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  110. Vous n'aviez pas beaucoup à vous plaindre de lui dans son pays apparemment ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  111. Je vous aime de ce caractère, et vous me touchez. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  112. C'est-à-dire que vous jouirez modestement de votre bonne fortune, et que vous ne lui ferez point de peine ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  113. Ah le pauvre homme ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  114. Oui, car quand on est le maître, on y va tout rondement, sans façon ; et si peu de façon mène quelquefois un honnête homme à des impertinences. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  115. Comment se gouvernait-il là-bas, avait-il quelque défaut d'humeur, de caractère ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  116. Arlequin, me promets-tu d'en rire aussi ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  117. Veux-tu achever de me désespérer et que vas-tu lui dire ? (Acte 1, scène 5, IPHICRATE)
  118. Étourdi par nature, étourdi par singerie, parce que les femmes les aiment comme cela, un dissipe-tout ; vilain quand il faut être libéral, libéral quand il faut être vilain ; bon emprunteur, mauvais payeur ; honteux d'être sage, glorieux d'être fou ; un petit brin moqueur des bonnes gens ; un petit brin hâbleur ; avec tout plein de maîtresses il ne connaît pas : voilà mon homme. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  119. Cette ébauche me suffit. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  120. Vous-même ; la dame de tantôt en a fait autant ; elle vous dira ce qui l'y a déterminée. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  121. Si cela est, il y a là quelque chose qui pourrait assez me convenir d'une certaine façon. (Acte 1, scène 5, IPHICRATE)
  122. Il me faut tout, ou rien. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  123. N'avez-vous que cela à me dire ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  124. Va donc pour la moitié, pour me tirer d'affaire. (Acte 1, scène 5, IPHICRATE)
  125. Adieu, vous saurez bientôt de mes nouvelles. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  126. Cela me surprend, car il a la mine d'un homme raisonnable. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  127. Mais parlons d'autres choses, ma belle Damoiselle : qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  128. Soupirez pour moi, poursuivez mon coeur, prenez-le si vous pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous à faire vos diligences, me voilà, je vous attends : mais traitons l'amour à la grande manière ; puisque nous sommes devenus maîtres, allons-y poliment, et comme le grand monde. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  129. Oui-da, nous n'en irons que meilleur train. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  130. Arlequin, vite des sièges pour moi, et des fauteuils pour Madame. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  131. Tenez, tenez, promenons-nous plutôt de cette manière-là, et tout en conversant vous ferez adroitement tomber l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  132. Car encore une fois nous sommes d'honnêtes gens à cette heure ; il faut songer à cela, il n'est plus question de familiarité domestique. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  133. Allons, procédons noblement, n'épargnez ni compliments ni révérences. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  134. Sans difficulté : pouvons-nous être sans eux, c'est notre suite ; qu'ils s'éloignent seulement. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  135. Remarquez-vous, Madame, le clarté du jour ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  136. Je ressemble donc au jour, Madame. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  137. Comment, vous lui ressemblez ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  138. Rayez ces applaudissements, ils nous dérangent. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  139. Je savais bien que mes grâces entreraient pour quelque chose ici. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  140. Monsieur, vous êtes galant, vous vous promenez avec moi, vous me dites des douceurs ; mais finissons, en voilà assez, je vous dispense des compliments. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  141. Et moi, je vous remercie de vos dispenses. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  142. Vous m'allez dire que vous m'aimez, je le vois bien ; dites, Monsieur, dites ; heureusement on n'en croira rien. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  143. Faut-il m'agenouiller, Madame, pour vous convaincre de mes flammes, et de la sincérité de mes feux ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  144. Faut-il vous dire qu'on vous aime ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  145. Nous sommes aussi bouffons que nos patrons ; mais nous sommes plus sages. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  146. Premièrement, vous ne m'aimez pas, sinon par coquetterie, comme le grand monde. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  147. Et vous, m'aimez-vous ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  148. Comment trouvez-vous mon Arlequin ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  149. Voilà ce que c'est, tombez amoureuse d'Arlequin, et moi de votre suivante ; nous sommes assez forts pour soutenir cela. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  150. Cette imagination-là me rit assez. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  151. Ils ne sauraient mieux faire que de nous aimer, dans le fond. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  152. Ils n'ont jamais rien aimé de si raisonnable, et nous sommes d'excellents partis pour eux. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  153. Je n'étais ces jours passés qu'une esclave ; mais enfin me voilà dame et maîtresse d'aussi bon jeu qu'une autre ; je la suis par hasard ; n'est-ce pas le hasard qui fait tout ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  154. J'ai même un visage de condition ; tout le monde me l'a dit. (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  155. Conseillez-lui aussi de l'amour pour ma petite personne, qui, comme vous voyez, n'est pas désagréable. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  156. Vous parlerez ensuite à Arlequin pour moi ; car il faut qu'il commence ; mon sexe, la bienséance et ma dignité le veulent. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  157. Effectivement, dans le cas où je suis, il pourrait y avoir de la petitesse à m'assujettir à de certaines formalités qui ne me regardent plus ; je comprends cela à merveille ; mais parlez-lui toujours, je vais dire un mot à Cléanthis ; tirez-vous à quartier pour un moment. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  158. Approchez, et accoutumez-vous à aller plus vite, car je ne saurais attendre. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  159. Venez çà, écoutez-moi : un honnête homme vient de me témoigner qu'il vous aime ; c'est Iphicrate. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  160. C'est celui qui vient de me quitter. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  161. Il ne vous fera pas de révérences penchées ; vous ne lui trouverez point de contenance ridicule, d'airs évaporés : ce n'est point une tête légère, un petit badin, un petit perfide, un joli volage, un aimable indiscret ; ce n'est point tout cela ; ces grâces-là lui manquent à la vérité ; ce n'est qu'un homme franc, qu'un homme simple dans ses manières, qui n'a pas l'esprit de se donner des airs ; qui vous dira qu'il vous aime, seulement parce que cela sera vrai : enfin ce n'est qu'un bon coeur, voilà tout ; et cela est fâcheux, cela ne pique point. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  162. Mais vous avez l'esprit raisonnable, je vous destine à lui, il fera votre fortune ici, et vous aurez la bonté d'estimer son amour, et vous y serez sensible, entendez-vous ; vous vous conformerez à mes intentions, je l'espère, imaginez-vous même que je le veux. (Acte 1, scène 7, CL?ANTHIS)
  163. Que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  164. Ne mentez point ; on vous a communiqué les sentiments de mon âme, rien n'est plus obligeant pour vous. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  165. Vous me trouvez un peu nigaud, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  166. Mais cela se passera ; c'est que je vous aime, et que je ne sais comment vous le dire. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  167. Vous êtes si belle, il faut bien vous donner son coeur, aussi bien vous le prendriez de vous-même. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  168. Vous êtes digne de toutes les dignités imaginables : un Empereur ne vous vaut pas ni moi non plus ; mais me voilà, moi, et un Empereur n'y est pas ; et un rien qu'on voit, vaut mieux que quelque chose qu'on ne voit pas. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  169. Arlequin, il me semble que tu n'as point le coeur mauvais. (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  170. Je me mettrais à genoux devant lui. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  171. Ne persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  172. Vois l'extrémité où je suis réduite ; et si tu n'as point d'égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage, que ma douleur t'attendrissent : tu peux ici m'outrager autant que tu le voudras ; je suis sans asile et sans défense, je n'ai que mon désespoir pour tout secours, j'ai besoin de la compassion de tout le monde, de la tienne même, Arlequin ; voilà l'état où je suis, ne le trouves-tu pas assez misérable ? (Acte 1, scène 8, EUPHROSINE)
  173. Cléanthis m'a dit que tu voulais t'entretenir avec moi ; que me veux-tu ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  174. As-tu encore quelques nouvelles insultes à me faire ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  175. Autre personnage qui va me demander encore ma compassion. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  176. Je n'ai rien à te dire, mon ami, sinon que je voulais te faire commandement d'aimer la nouvelle Euphrosine : voilà tout. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  177. Peux-tu me le demander, Arlequin ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  178. On m'avait promis que mon esclavage finirait bientôt, mais on me trompe, et c'en est fait, je succombe ; je me meurs, Arlequin, et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu'il a souffertes de toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  179. Écoute, je te défends de mourir par malice ; par maladie, passe, je te le permets. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  180. Eh de quoi veux-tu qu'ils me punissent, d'avoir eu du mal toute ma vie ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  181. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; le tien y est encore ; il t'avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même, je t'avais choisi par un sentiment d'amitié pour m'accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m'aimais, et cela m'attachait à toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  182. Et qui est-ce qui te dit que je ne t'aime plus ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  183. Tu m'aimes, et tu me fais mille injures ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  184. Parce que je me moque un petit brin de toi ; cela empêche-t-il que je ne t'aime ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  185. Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  186. J'ai plus pâti des tiens que des miens : mes plus grands défauts, c'était ta mauvaise humeur, ton autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  187. Va, tu n'es qu'un ingrat ; au lieu de me secourir ici, de partager mon affliction, de montrer à tes camarades l'exemple d'un attachement qui les eût touchés, qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur coutume ou à m'en affranchir, et qui m'eût pénétré moi-même de la plus vive reconnaissance. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  188. Tu as raison, mon ami, tu me remontres bien mon devoir ici pour toi, mais tu n'as jamais su le tien pour moi, quand nous étions dans Athènes. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  189. Eh bien va, je dois avoir le coeur meilleur que toi ; car il y a plus longtemps que je souffre, et que je sais ce que c'est que de la peine ; tu m'as battu par amitié, puisque tu le dis, je te le pardonne ; je t'ai raillé par bonne humeur, prends-le en bonne part, et fais-en ton profit. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  190. Je parlerai en ta faveur à mes camarades, je les prierai de te renvoyer, et s'ils ne le veulent pas, je te garderai comme mon ami ; car je ne te ressemble pas, moi, je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  191. Fasse le ciel, après ce que je viens d'entendre, que j'aie la joie de te montrer un jour les sentiments que tu me donnes pour toi ! (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  192. Va, mon cher enfant, oublie que tu fus mon esclave, et je me ressouviendrai toujours que je ne méritais pas d'être ton maître. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  193. Ne dites donc point comme cela, mon cher patron , si j'avais été votre pareil, je n'aurais peut-être pas mieux valu que vous : c'est à moi à vous demander pardon du mauvais service que je vous ai toujours rendu. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  194. Ta générosité me couvre de confusion. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  195. Je ne saurais retenir mes larmes. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  196. C'est pour me châtier de mes insolences. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  197. Mais enfin, je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  198. Je me repens de mes sottises, lui des siennes ; repentez-vous des vôtres, Madame Euphrosine se repentira aussi ; et vive l'honneur après ! cela fera quatre beaux repentirs, qui nous feront pleurer tant que nous voudrons. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  199. Dites plutôt quel exemple pour nous, Madame, vous m'en voyez pénétré. (Acte 1, scène 10, IPHICRATE)
  200. Ah vraiment, nous y voilà, avec vos beaux exemples ; voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, qui nous regardent comme des vers de terre, et puis, qui sont trop heureux dans l'occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  201. Il faut avoir le coeur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  202. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ? (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  203. Estimez-vous à cette heure, faites les superbes, vous aurez bonne grâce ! (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  204. Approchez, Madame Euphrosine, elle vous pardonne, voici qu'elle pleure, la rancune s'en va, et votre affaire est faite. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  205. Il est vrai que je pleure, ce n'est pas le bon coeur qui me manque. (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  206. Hélas,comment en aviez-vous le courage ! (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  207. Mais voilà qui est fait, je veux bien oublier tout ; faites comme vous voudrez ; si vous m'avez fait souffrir, tant pis pour vous ; je ne veux pas avoir à me reprocher la même chose, je vous rends la liberté ; et s'il y avait un vaisseau, je partirais tout à l'heure avec vous : voilà tout le mal que je vous veux ; si vous m'en faites encore, ce ne sera pas ma faute. (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  208. Êtes-vous contente, Madame ? (Acte 1, scène 10, IPHICRATE)
  209. Mettez-vous à genoux pour être encore meilleure qu'elle. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  210. La reconnaissance me laisse à peine la force de te répondre. (Acte 1, scène 10, EUPHROSINE)
  211. Que vois-je, vous pleurez, mes enfants, vous vous embrassez ! (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  212. Vous ne voyez rien, nous sommes admirables ; nous sommes des Rois et des Reines ; enfin finale, la paix est conclue, la vertu a arrangé tout cela ; il ne nous faut plus qu'un bateau et un batelier pour nous en aller : et si vous nous les donnez, vous serez presque aussi honnêtes gens que nous. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  213. Et vous, Cléanthis, êtes-vous du même sentiment ? (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  214. Vous me charmez, embrassez-moi aussi, mes chers enfants ; c'est là ce que j'attendais. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  215. Si cela n'était pas arrivé, nous aurions puni vos vengeances, comme nous avons puni leurs duretés. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)

LA MÈRE CONFIDENTE (1735)

  1. Elle arrivera bientôt, elle est avec sa mère, je lui ai dit que j'allais toujours devant, et je ne me suis hâtée que pour avoir avec vous un moment d'entretien, sans qu'elle le sache. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Que me veux-tu, Lisette ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Ah ça, Monsieur, nous ne vous connaissons, Angélique et moi, que par une aventure de promenade dans cette campagne. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Vous êtes tous deux aimables, l'amour s'est mis de la partie, cela est naturel ; voilà sept ou huit entrevues que nous avons avec vous, à l'insu de tout le monde ; la mère, à qui vous êtes inconnu, pourrait à la fin en apprendre quelque chose, toute l'intrigue retomberait sur moi : terminons ; Angélique est riche, vous êtes tous deux d'une égale condition, à ce que vous dites ; engagez vos parents à la demander pour vous en mariage ; il n'y a pas même de temps à perdre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Vous auriez de la peine à trouver un meilleur parti, au moins. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Comment ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Je dis les choses comme elles sont ; je n'ai qu'une très petite légitime. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  8. Vraiment Angélique vous épouserait volontiers, mais nous avons une mère qui ne sera pas tentée de votre légitime, et votre amour ne nous donnerait que du chagrin. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. Oui, je te le promets. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  10. Ce n'est pas le bien d'Angélique qui me fait envie : si je ne l'avais pas rencontrée ici, j'allais, à mon retour à Paris, épouser une veuve très riche et peut-être plus riche qu'elle, tout le monde le sait, mais il n'y a plus moyen : j'aime Angélique ; et si jamais tes soins m'unissaient à elle, je me charge de ton établissement. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Vous êtes séduisant ; voilà une façon d'aimer qui commence à m'intéresser, je me persuade qu'Angélique serait bien avec vous. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Je n'aimerai jamais qu'elle. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  13. Je suis le neveu d'un homme qui a de très grands biens, qui m'aime beaucoup, et qui me traite comme un fils. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  14. d'où vient me faire peur avec vos tristes récits, pendant que vous en avez de si consolants à faire ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Un oncle riche, voilà qui est excellent ; et il est vieux, sans doute, car ces Messieurs-là ont coutume de l'être. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  16. Oui, mais le mien ne suit pas la coutume, il est jeune. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  17. Cet homme-là n'est bon qu'à être le neveu d'un autre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  18. Mais du moins, est-il un peu infirme ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  19. Point du tout, il se porte à merveille, il est, grâce au ciel, de la meilleure santé du monde, car il m'est cher. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  20. Trente-cinq ans et de la santé, avec un degré de parenté comme celui-là ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  21. Et quelle est l'humeur de ce galant homme ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  22. Encore passe, voilà une humeur qui peut nous dédommager de la vieillesse et des infirmités qu'il n'a pas : il n'a qu'à nous assurer son bien. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  23. Te voilà donc dégoûtée de me servir ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  24. Non, vous avez un malheur qui me pique et que je veux vaincre ; mais retirez-vous, voici Angélique qui arrive, je ne lui ai pas dit que vous viendriez ici, quoiqu'elle s'attende bien de vous y voir ; vous reparaîtrez dans un instant et ferez comme si vous arriviez, donnez-moi le temps de l'instruire de tout, j'ai à lui rendre compte de votre personne, elle m'a chargée de savoir un peu de vos nouvelles, laissez-moi faire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  25. Je désespérais que vous vinssiez, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  26. Lisette, as-tu quelque chose à me dire de Dorante ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  27. Oui, je suis parfaitement informée. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  28. Dorante est un homme charmant, un homme aimé, estimé de tout le monde, en un mot, le plus honnête homme qu'on puisse connaître. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  29. Oui, Madame, il n'est pas votre fait. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  30. Explique-toi donc mieux, Lisette : ce n'est pas un défaut, c'est un malheur, je le regarde comme une bagatelle, moi. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  31. Le mien, c'est une autre affaire ; sans vanité, je penserais un peu plus noblement que cela, ce serait une fort belle action que d'épouser Dorante. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  32. Va, va, ne ménage pas mon coeur, il n'est pas au-dessous du tien, conseille-moi hardiment une belle action. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  33. vous en direz tant que vous me tenterez. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. Plus il me devrait, et plus il me serait cher. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  35. Allons, Madame, il faut que vous épousiez cet homme-là, le ciel vous destine l'un à l'autre, cela est visible. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  36. Rappelez-vous votre aventure : nous nous promenons toutes deux dans les allées de ce bois. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  37. Il y a mille autres endroits pour se promener ; point du tout, cet homme, qui nous est inconnu, ne vient qu'à celui-ci, parce qu'il faut qu'il nous rencontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  38. Effectivement. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  39. Il vous salue, nous le saluons, le lendemain, même promenade, mêmes allées, même rencontre, même inclination des deux côtés, et plus de livres de part et d'autre ; cela est admirable ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  40. Ajoute que j'ai voulu m'empêcher de l'aimer, et que je n'ai pu en venir à bout. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  41. Mais si elle fait si bien que ce qui lui plaît me plaise aussi, n'est-ce pas comme si je faisais toujours mes volontés ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  42. Non, tu m'encourages, mais c'est ce misérable bien que j'ai et qui me nuira : ah ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  43. Comment ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  44. Il a fort bien fait de ne m'en rien dire, car je n'en aurais pas tenu un seul ; et comme vous m'avertissez de celui-ci, je ne sais pas trop si je puis rester avec bienséance, j'ai presque envie de m'en aller. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  45. Allons, partons, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  46. Je ne sais que trop que c'est à Lisette que j'ai l'obligation de vous voir ici, Madame. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  47. Oui, elle vient de me l'apprendre tout à l'heure. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  48. Me voyez-vous à regret, Madame ? (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  49. Pour cela, Monsieur, ne vous plaignez pas ; il faut rendre justice à Madame : il n'y a rien de si obligeant que les discours qu'elle vient de me tenir sur votre compte. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  50. Madame, ne m'enviez pas la joie qu'elle me donne. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  51. Pourquoi ne saurait-il pas que vous êtes charmée que tout le monde l'aime et l'estime ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  52. Oserais-je ajouter foi à ce qu'elle me dit ? (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  53. Doucement, ne parlez pas si haut, il me semble que je vois le neveu de notre fermier qui nous observe ; ce grand benêt-là, que fait-il ici ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  54. C'est lui-même. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  55. Adieu, Dorante, nous nous reverrons, je me sauve, retirez-vous aussi. (Acte 1, scène 3, ANG?LIQUE)
  56. Non, Monsieur, arrêtez, il me vient une idée : il faut tâcher de le mettre dans nos intérêts, il ne me hait pas. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  57. Puisqu'il nous a vus, c'est le meilleur parti. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  58. D'abord je faisais une promenade, à présent je regarde. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  59. Ils profiteront bian avec vous, car vous les sifflez comme un charme, Mademoiselle Lisette. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  60. Oui, j'ons tout vu à mon aise, j'ons mêmement entendu leur petit ramage. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  61. qu'alle a bonne meine cette première fois-là, alle ressemble à la vingtième ! (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  62. On ne saurait se dispenser de saluer une dame quand on la rencontre, je pense. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  63. Venons au fait, serais-tu d'humeur d'entrer dans nos intérêts ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  64. Peut-être qu'oui, peut-être que non, ce sera suivant les magnières du monde ; il gnia que ça qui règle, car j'aime les magnières, moi. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  65. Lubin, je te prie instamment de nous servir. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  66. Et pis queuque bredouille au bout de la révérence, c'est itou ma coutume ; toujours je bredouille en saluant, et quand ça se passe avec des femmes, faut bian qu'alles répondent deux paroles pour une ; les hommes parlent, les femmes babillent, allez voute chemin ; velà qui est fort bon, fort raisonnable et fort civil. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  67. Oui, ne m'épargnez pas, toute mon amiquié est à voute sarvice au même prix. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  68. Puisque nous pouvons compter sur toi, veux-tu bien actuellement faire le guet pour nous avertir, en cas que quelqu'un vienne, et surtout Madame ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  69. Puisque nous voici seuls un moment, parlons encore de votre amour, Monsieur. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  70. Vous m'avez fait de grandes promesses en cas que les choses réussissent ; mais comment réussiront-elles ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  71. Angélique est une héritière, et je sais les intentions de la mère, quelque tendresse qu'elle ait pour sa fille, qui vous aime, ce ne sera pas à vous à qui elle la donnera, c'est de quoi vous devez être bien convaincu ; or, cela supposé, que vous passe-t-il dans l'esprit là-dessus ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  72. Je n'ai jusqu'ici songé qu'au plaisir d'aimer Angélique. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  73. Mais ne pourriez-vous pas en même temps songer à faire durer ce plaisir ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  74. C'est bien mon dessein ; mais comment s'y prendre ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  75. Que me dis-tu, Lisette ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  76. Lisette, tu me désespères, il faut absolument éviter ce malheur-là. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  77. ce ne sera pas en disant j'aime, et toujours j'aime... (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  78. Gagnez pays, mes bons amis, sauvez-vous, velà l'ennemi qui s'avance. (Acte 1, scène 6, LUBIN)
  79. Vite, cachez-vous dans le bois, je me retire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  80. Il me semblait avoir entendu du monde. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  81. Non, noute maîtresse ; ce n'est que moi qui me parle et qui me repart, à celle fin de me tenir compagnie, ça amuse. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  82. Ne me trompes-tu point ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  83. Je te crois, et je suis bien aise de te trouver, car je te cherchais ; j'ai une commission à te donner, que je ne veux confier à aucun de mes gens ; c'est d'observer Angélique dans ses promenades, et de me rendre compte de ce qui s'y passe ; je remarque que depuis quelque temps elle sort souvent à la même heure avec Lisette, et j'en voudrais savoir la raison. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  84. Vous me baillez donc une charge d'espion ? (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  85. Oui, ça est fort lucratif ; mais c'est qu'ou venez un peu tard, noute maîtresse, car je sis retenu pour vous espionner vous-même. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  86. Vraiment oui. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  87. Pardi, y a-t-il du mal à dire à cette jeunesse : Velà Madame qui viant, la velà qui ne viant pas ? (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  88. Je consens même que tu les avertisses quand j'arriverai, pourvu que tu me rapportes tout fidèlement, et il ne te sera pas difficile de le faire, puisque tu ne t'éloignes pas beaucoup d'eux. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  89. sans doute, je serai tout porté pour les nouvelles, ça me sera commode, aussitôt pris, aussitôt rendu. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  90. Je te défends surtout de les informer de l'emploi que je te donne, comme tu m'as informé de celui qu'ils t'ont donné ; garde-moi le secret. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  91. Drès qu'ou voulez qu'an le garde, an le gardera ; s'ils me l'aviont commandé, j'aurions fait de même, ils n'aviont qu'à dire. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  92. Premièrement, au lieu de pardre avec eux, j'y gagne. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  93. Je te promets de faire comme eux, quand je serai rentrée chez moi. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  94. Un biau jeune homme fait comme une marveille, qui est libéral, qui a un air, une présentation, une philosomie ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  95. Dame ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  96. C'est ma meine à moi, ce sera la vôtre itou ; il n'y a pas de garçon pu gracieux à contempler, et qui fait l'amour avec des paroles si douces ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  97. Et pis là-dessus ils se lamentont sur le plus, sur le moins, sur la pauvreté de l'un, sur la richesse de l'autre, ça fait des regrets bian touchants. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  98. Quel est ce jeune homme ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  99. Attendez, il m'est avis que c'est Dorante, et comme c'est un voisin, on peut l'appeler le voisin Dorante. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  100. ce nom-là ne m'est pas inconnu, comment se sont-ils vus ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  101. oui, c'est leur capitaine, alle a le gouvarnement des rencontres, c'est un trésor pour des amoureux que cette fille-là. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  102. Voici, ce me semble, ma fille, qui feint de se promener et qui vient à nous ; retire-toi, Lubin, continue d'observer et de m'instruire avec fidélité, je te récompenserai. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  103. Que oui, Madame, ce sera au logis, il n'y a pas loin. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  104. Avez-vous à me parler, Madame ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  105. Lui, ma mère, Ergaste, cet homme si sombre si sérieux, il n'est pas fait pour être un mari, ce me semble. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  106. Vous le verrez bientôt, il doit venir ici, et s'il ne vous accommode pas, vous ne l'épouserez pas malgré vous, ma chère enfant, vous savez bien comme nous vivons ensemble. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  107. Es-tu bien persuadée que je t'aime ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  108. Et toi, ma fille, m'aimes-tu autant ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  109. Je me flatte que vous n'en doutez pas, assurément. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  110. Voilà un mot qui ne me convient point, ordonnez, et je vous obéirai. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  111. Si tu le prends sur ce ton-là, tu ne m'aimes pas tant que je croyais. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  112. Je n'ai point d'ordre à vous donner, ma fille ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne, et si vous me traitez autrement, je n'ai plus rien à vous dire. (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  113. Allons, ma mère, je me rends, vous me charmez, j'en pleure de tendresse, voyons, quelle est cette grâce que vous me demandez ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  114. Viens donc que je t'embrasse : te voici dans un âge raisonnable, mais où tu auras besoin de mes conseils et de mon expérience ; te rappelles-tu l'entretien que nous eûmes l'autre jour ; et cette douceur que nous nous figurions toutes deux à vivre ensemble dans la plus intime confiance, sans avoir de secrets l'une pour l'autre ; t'en souviens-tu ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  115. Nous fûmes interrompues, mais cette idée-là te réjouit beaucoup, exécutons-la, parle-moi à coeur ouvert ; fais-moi ta confidente. (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  116. Je les sépare, moi, je t'en fais serment ; oui, mets-toi dans l'esprit que ce que tu me confieras sur ce pied-là, c'est comme si ta mère ne l'entendait pas ; eh ! (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  117. mais cela se doit, il y aurait même de la mauvaise foi à faire autrement. (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  118. Comme tu voudras, ma chère Angélique. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  119. Je suis donc ta confidente, n'as-tu rien à me confier dès à présent ? (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  120. Comment va ton coeur ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  121. C'est que vous commencez par une furieuse question. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  122. Vous ne me le pardonnerez pas. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  123. Tu rêves encore, avec tes pardons, tu me prends pour ta mère. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  124. Ces sentiments-là sont dignes de toi, et je les dirai ; mais il ne s'agit pas d'elle, elle est absente : revenons, qu'est-ce qui te chagrine ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  125. Que trop, puisque j'aime ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  126. Vous aimez ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  127. C'est pourtant elle qui me répond ; mais rassurez-vous, car je badine. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  128. Non, tu ne badines point, tu me dis la vérité, et il n'y a rien là qui me surprenne ; de mon côté, je n'ai répondu sérieusement que parce que tu me parlais de même ; ainsi point d'inquiétude, tu me confies donc que tu aimes. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  129. Ma chère Angélique, tu ne me rends pas tendresse pour tendresse. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  130. Vous m'excuserez, c'est l'air que vous avez pris qui m'a alarmée ; mais je n'ai plus peur ; oui, j'aime, c'est un penchant qui m'a surpris. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  131. Tu n'es pas la première, cela peut arriver à tout le monde : et quel homme est-ce ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  132. Justement. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  133. Quelque jeune homme galant, qui t'a salué, et qui a su adroitement engager une conversation ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  134. C'est cela même. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  135. Non, le hasard a tout fait, et c'est Lisette qui en est cause, quoique fort innocemment ; elle tenait un livre, elle le laissa tomber, il le ramassa, et on se parla, cela est tout naturel. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  136. Va, ma chère enfant, tu es folle de t'imaginer que tu aimes cet homme-là, c'est Lisette qui te le fait accroire, tu es si fort au-dessus de pareille chose ! (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  137. Tu en riras toi-même au premier jour. (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  138. Franchement, j'aurais bien de la peine à m'en empêcher. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  139. Non vraiment, ne reprenez rien, je vous prie, ceci doit être un secret pour vous en cette qualité-là, et je compte que vous ne savez rien, au moins, vous me l'avez promis. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  140. Je te tiendrai parole, mais puisque cela est si sérieux, peu s'en faut que je ne verse des larmes sur le danger où je te vois, de perdre l'estime qu'on a pour toi dans le monde. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  141. Comment donc ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  142. L'estime qu'on a pour moi ! (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  143. Vous me faites trembler. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  144. Est-ce que vous me croyez capable de manquer de sagesse ? (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  145. Ma fille, vois ce que tu as fait, te serais-tu crue capable de tromper ta mère, de voir à son insu un jeune étourdi, de courir les risques de son indiscrétion et de sa vanité, de t'exposer à tout ce qu'il voudra dire, et de te livrer à l'indécence de tant d'entrevues secrètes, ménagées par une misérable suivante sans coeur, qui ne s'embarrasse guère des conséquences, pourvu qu'elle y trouve son intérêt, comme elle l'y trouve sans doute ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  146. Ce n'est pas un domestique payé pour te trahir, non plus qu'un amant qui met tout son bonheur à te séduire ; tu ne consultes que tes ennemis ; ton coeur même est de leur parti, tu n'as pour tout secours que ta vertu qui ne doit pas être contente, et qu'une véritable amie comme moi, dont tu te défies : que ne risques-tu pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  147. Ma chère mère, ma chère amie, vous avez raison, vous m'ouvrez les yeux, vous me couvrez de confusion ; Lisette m'a trahie, et je romps avec le jeune homme ; que je vous suis obligée de vos conseils ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  148. Madame, il vient d'arriver un homme qui demande à vous parler. (Acte 1, scène 8, LUBIN)
  149. En qualité de simple confidente, je te laisse libre ; je te conseille pourtant de me suivre, car le jeune homme est peut-être ici. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  150. Permettez-moi de rêver un instant, et ne vous embarrassez point ; s'il y est, et qu'il ose paraître, je le congédierai, je vous assure. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  151. Je vous dis qu'il faut qu'alle demeure, à celle fin que vous la lisiais, ça m'est enjoint, et à vous aussi ; il y a dedans un entretien pour tantôt, à l'heure qui vous fera plaisir, et je sis enchargé d'apporter l'heure à Lisette, et non pas la lettre. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  152. Ramassez-la, car je n'ose, de peur qu'en ne me voie, et pis vous me crierez la réponse tout bas. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  153. Ramasse-la toi-même, et va-t'en, je te l'ordonne. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  154. Qu'as-tu à me dire ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  155. C'est que je me repens... (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  156. J'entends qu'il y a des scrupules qui me tourmentont sur vos rendez-vous que je protège, j'ons queuquefois la tentation de vous torner casaque sur tout ceci, et d'aller nous accuser tretous. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  157. Ne suis-je pas honnête homme ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  158. Moi itou, et tellement honnête, qu'il n'y aura pas moyen d'être un fripon, si on ne me soutient le coeur, par rapport à ce que j'ons toujours maille à partie avec ma conscience ; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage ; à chaque pas que je fais, j'ai le défaut de m'arrêter, à moins qu'on ne me pousse, et c'est à vous à pousser. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  159. Ça me ravigote. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  160. Comment a-t-elle reçu ma lettre ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  161. Comment ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  162. Est-ce que vous me faites itou voute rapporteux auprès d'elle ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  163. Pas le mot, ni pour ni contre, je fais ma main, et velà tout, faut pas mêmement que vous sachiez ça. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  164. Alle me l'a rendue à tarre, car je l'ons ramassée ; et Lisette la tient. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  165. Oui, la voici, Lubin me l'a rendue, j'ignore quelle fantaisie lui a pris, mais il est vrai qu'elle est de fort mauvaise humeur, je n'ai pu m'expliquer avec elle à cause du monde qu'il y avait au logis, mais elle est triste, elle m'a battu froid, et je l'ai trouvée toute changée ; je viens pourtant de l'apercevoir là-bas, et j'arrive pour vous en avertir ; attendons-la, sa rêverie pourrait bien tout doucement la conduire ici. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  166. Non, Lisette, ma vue ne ferait que l'irriter peut-être ; il faut respecter ses dégoûts pour moi, je ne les soutiendrais pas, et je me retire. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  167. J'allais me retirer, Madame, Lisette vous le dira : je n'avais garde de me montrer ; le mépris que vous avez fait de ma lettre m'apprend combien je vous suis odieux. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  168. j'en suis quitte à moins ; pour indifférent, passe, et très indifférent ; quant à votre lettre, je l'ai reçue comme elle le méritait, et je ne croyais pas qu'on eût droit d'écrire aux gens qu'on a vus par hasard ; j'ai trouvé cela fort singulier, surtout avec une personne de mon sexe : m'écrire, à moi, Monsieur, d'où vous est venue cette idée, je n'ai pas donné lieu à votre hardiesse, ce me semble, de quoi s'agit-il entre vous et moi ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  169. De rien pour vous, Madame, mais de tout pour un malheureux que vous accablez. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  170. De grâce, Madame, n'ajoutez point la raillerie aux discours cruels que vous me tenez, méprisez ma douleur, mais ne vous en moquez pas, je ne vous exagère point ce que je souffre. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  171. Voulez-vous que je me retire, Madame ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  172. Comme vous voudrez, Monsieur. (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  173. Me vanter, moi, Madame, de quel affreux caractère me faites-vous là ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  174. Je ne réponds rien pour ma défense, je n'en ai pas la force ; si ma lettre vous a déplu, je vous en demande pardon, n'en présumez rien contre mon respect, celui que j'ai pour vous m'est plus cher que la vie, et je vous le prouverai en me condamnant à ne vous plus revoir, puisque je vous déplais. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  175. Voyons, puisque c'est mon tour pour être grondée ; je ne saurais me vanter de rien, moi, je ne vous ai écrit ni rencontré, quel est mon crime ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  176. Dites-moi, il n'a pas tenu à vous que je n'eusse des dispositions favorables pour Monsieur, c'est par vos soins qu'il a eu avec moi toutes les entrevues où vous m'avez amenée sans me le dire, car c'est sans me le dire, en avez-vous senti les conséquences ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  177. Si Monsieur, comme je l'ai déjà dit, et à l'exemple de presque tous les jeunes gens, était homme à faire trophée d'une aventure dont je suis tout à fait innocente, où en serais-je ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  178. Remerciez, Monsieur. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  179. Je répondrai, moi, je n'ai pas perdu la parole : si Monsieur est un homme d'honneur à qui vous faites injure, si je suis une fille généreuse, qui ne gagne à tout cela que le joli compliment dont vous m'honorez, où en est avec moi votre reconnaissance, hem ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  180. Gagez, Madame, faites-moi cette galanterie-là, vous perdrez, et ce sera une manière de donner tout à fait noble. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  181. Des présents, Madame ! (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  182. Dans vos transports, vous m'avez promis d'être extrêmement reconnaissant, si jamais vous aviez le bonheur d'être à Madame, il faut convenir de cela. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  183. Je serais la première à vous donner moi-même. (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  184. J'entre dans votre douleur, Monsieur, mais faites comme moi, je n'avais que de bonnes intentions : j'aime ma maîtresse, tout injuste qu'elle est, je voulais unir son sort à celui d'un homme qui lui aurait rendu la vie heureuse et tranquille, mes motifs lui sont suspects, et j'y renonce ; imitez-moi, privez-vous de votre côté du plaisir de voir Angélique, sacrifiez votre amour à ses inquiétudes, vous êtes capable de cet effort-là. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  185. Retirez-vous pour un moment. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  186. Adieu, Madame ; je vous quitte, puisque vous le voulez ; dans l'état où vous me jetez, la vie m'est à charge, je pars pénétré d'une affliction mortelle, et je n'y résisterai point, jamais on n'eut tant d'amour, tant de respect que j'en ai pour vous, jamais on n'osa espérer moins de retour ; ce n'est pas votre indifférence qui m'accable, elle me rend justice, j'en aurais soupiré toute ma vie sans m'en plaindre, et ce n'était point à moi, ce n'est peut-être à personne à prétendre à votre coeur ; mais je pouvais espérer votre estime, je me croyais à l'abri du mépris, et ni ma passion ni mon caractère n'ont mérité les outrages que vous leur faites. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  187. Oui, Madame. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  188. J'ai été trop vite, ma mère, avec toute son expérience, en a mal jugé ; Dorante est un honnête homme. (Acte 2, scène 4, ANGÉLIQUE)
  189. Il y a du brit dans le ménage, je m'en retorne donc, je vas me mettre pus près par rapport à ce que je m'ennuie d'être si loin, j'aime à voir le monde, vous me sarvirez de récriation, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 4, LUBIN)
  190. Comme tu voudras, reste à dix pas. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  191. Vous avez furieusement maltraité Dorante ! (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  192. C'est vous qui êtes cause que je me suis accoutumée à le voir. (Acte 2, scène 5, ANGÉLIQUE)
  193. C'est un homme au désespoir. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  194. Cela est aisé à dire à qui ne se soucie pas de lui, mais vous savez avec quelle tendresse il vous aime. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  195. Je vous vois tranquille, et il versait des larmes en s'en allant. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  196. Comme alle l'enjole ! (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  197. Il ne peut être qu'à l'écart dans ce bois il n'a pu aller loin, accablé comme il l'était. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  198. Que souhaitez-vous d'un homme dont vous ne pouvez plus supporter la vue ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  199. Vous ne m'estimez plus. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  200. Vous me rendez la vie. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  201. J'aime mieux vous entendre. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  202. Oui, Dorante, je vous le promets, voilà qui est fini ; excusez tous deux l'embarras où se trouve une fille de mon âge, timide et vertueuse ; il y a tant de pièges dans la vie ! (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  203. Serait-il difficile de me tromper si on voulait ? (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  204. Je n'ai que ma sagesse et mon innocence pour toute ressource, et quand on n'a que cela, on peut avoir peur ; mais me voilà bien rassurée. (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  205. Il ne me reste plus qu'un chagrin : Que deviendra cet amour ? (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  206. Savez-vous bien que ma mère me propose un époux que je verrai peut-être dans un quart_d_heure ? (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  207. Je ne vous disais pas tout ce qui m'agitait, il m'était bien permis d'être fâcheuse, comme vous voyez. (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  208. Mais si vous avouiez votre amour à cette mère qui vous aime tant, serait-elle inexorable ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  209. Vous me faites trembler. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  210. Me jeter à ses genoux ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  211. Avec le bien que vous avez, vous n'avez besoin que d'un honnête homme, encore une fois. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  212. Belle Angélique, si vous avez tout l'amour que j'ai, vous auriez bientôt pris votre parti, ne me demandez point ce que je pense, je me trouble, je ne sais où je suis. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  213. Tâche donc de lui remettre l'esprit ; que veut-il dire ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  214. Angélique, voulez-vous que je meure ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  215. J'obéis ; votre mère sera inflexible, et dans le cas où nous sommes... (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  216. Si j'avais des trésors à vous offrir, je vous le dirais plus hardiment. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  217. À notre place, on se fait son sort à soi-même. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  218. Et comment ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  219. Une mère s'emporte, à la fin elle consent, on se réconcilie avec elle, et on se trouve uni avec ce qu'on aime. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  220. Mais ou j'entends mal, ou cela ressemble à un enlèvement ; en est-ce un, Dorante ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  221. Je ne vous reconnais pas à cela, Dorante, je me passerai mieux de bonheur que de vertus, me proposer d'être insensée, d'être méprisable ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  222. Je ne vous aime plus. (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  223. Vous ne m'aimez plus ! (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  224. En vérité, son état me touche. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  225. Adieu, belle Angélique, je ne survivrai pas à la menace que vous m'avez faite. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  226. Ce qu'il vous propose est hardi, mais ce n'est pas un crime. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  227. Un enlèvement, Lisette ! (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  228. Et si vous m'aimez un peu, n'êtes-vous pas effrayée vous-même de l'idée de n'être jamais à moi ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  229. Nous aurions le secours d'une dame qui n'est heureusement qu'à un quart de lieue d'ici, et chez qui je vous mènerais. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  230. Non, Dorante, laissons là votre dame, je parlerai à ma mère ; elle est bonne, je la toucherai peut-être, je la toucherai, je l'espère. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  231. C'est peut-être celui à qui ma mère me destine, fuyez, Dorante, nous nous reverrons tantôt, ne vous inquiétez point. (Acte 2, scène 7, ANGÉLIQUE)
  232. C'est lui-même. (Acte 2, scène 8, ANGÉLIQUE)
  233. Quel homme ! (Acte 2, scène 8, ANG?LIQUE)
  234. Je suis votre serviteur, Madame ; je devance Madame votre mère, qui est embarrassée, elle m'a dit que vous vous promeniez. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  235. Et je me suis hâté de venir vous faire la révérence. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  236. Il parle comme il marche. (Acte 2, scène 8, LISETTE)
  237. Oui, ce me semble. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  238. Madame Argante m'a retenu. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  239. Vous me le permettez donc ? (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  240. Ne vous pressez point, quand on a des commissions, il faut y mettre tout le temps nécessaire, n'avez-vous que celle-là ? (Acte 2, scène 8, LISETTE)
  241. Pas le moindre petit compliment à faire ailleurs ? (Acte 2, scène 8, LISETTE)
  242. Point du tout, je reviens incessamment, Madame. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  243. Je ne sais que dire aux femmes, même à celles qui me plaisent. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  244. Doucement ! (Acte 2, scène 9, ANGÉLIQUE)
  245. Je me révolterais à mon tour. (Acte 2, scène 9, ANG?LIQUE)
  246. Vous, contre cette mère qui dit qu'elle vous aime tant ? (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  247. Qu'elle aime donc mieux, car je ne suis point contente d'elle. (Acte 2, scène 9, ANGÉLIQUE)
  248. Un moment, où est ma fille ? (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  249. Ils y étaient tous deux tout à l'heure, Madame, mais Monsieur Ergaste est allé à cette maison d'ici près, remettre une lettre à quelqu'un, et Mademoiselle est là-bas, je pense. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  250. Elle me parle bien sèchement. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  251. J'y vais, Madame, mais vous me paraissez triste, j'ai eu peur que vous ne fussiez fâchée contre moi. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  252. Non, Madame. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  253. Je veux marier ma fille à Ergaste, vous le savez, et je crains souvent qu'elle n'ait quelque chose dans le coeur ; mais vous me le diriez, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  254. Je n'en doute pas ; allez, je connais votre fidélité, Lisette, je ne m'y trompe pas, et je compte bien vous en récompenser comme il faut ; dites à ma fille que je l'attends. (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  255. Elle prend bien son temps pour me louer ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  256. As-tu quelque chose à me dire ? (Acte 2, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  257. Pisque vous êtes pressée, je mettrons tout en un tas. (Acte 2, scène 11, LUBIN)
  258. Je sais une accusation, je sais une innocence, et pis un autre grand stratagème, attendez, comment appelont-ils cela ? (Acte 2, scène 11, LUBIN)
  259. Je ne t'entends pas mais va-t'en, Lubin, j'aperçois ma fille, tu me diras ce que c'est tantôt, il ne faut pas qu'elle nous voie ensemble. (Acte 2, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  260. Lisette m'a dit que vous me demandiez, ma mère. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  261. Oui, je sais que tu as vu Ergaste, ton éloignement pour lui dure-t-il toujours ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  262. Je vous en dirai volontiers encore, car je l'estime, mais je ne l'aime point, et l'estime et l'indifférence vont fort bien ensemble. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  263. Tu n'as pas revu le jeune homme ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  264. Absolument fini ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  265. Tu me charmes, je ne saurais t'exprimer la satisfaction que tu me donnes ; il n'y a rien de si estimable que toi, Angélique, ni rien aussi d'égal au plaisir que j'ai à te le dire, car je compte que tu me dis vrai, je me livre hardiment à ma joie, tu ne voudrais pas m'y abandonner, si elle était fausse : ce serait une cruauté dont tu n'es pas capable. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  266. Assurément (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  267. Va, tu n'as pas besoin de me rassurer, ma fille, tu me ferais injure, si tu croyais que j'en doute ; non, ma chère Angélique, tu ne verras plus Dorante, tu l'as renvoyé, j'en suis sûre, ce n'est pas avec un caractère comme le tien qu'on est exposé à la douleur d'être trop crédule ; n'ajoute donc rien à ce que tu m'as dit : tu ne le verras plus, tu m'en assures, et cela suffit ; parlons de la raison, du courage et de la vertu que tu viens de montrer. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  268. Grâce au ciel, te voilà donc encore plus respectable, plus digne d'être aimée, plus digne que jamais de faire mes délices ; que tu me rends glorieuse, Angélique ! (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  269. Tu pleures, ma fille, tu viens de triompher de toi-même, tu me vois enchantée, et tu pleures ! (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  270. Non, ma mère, je ne triomphe point, votre joie et vos tendresses me confondent, je ne les mérite point. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  271. Relève-toi, ma chère enfant, d'où te viennent ces mouvements où je te reconnais toujours ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  272. Non, tu ne me trompes point, puisque tu me l'avoues. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  273. Vous allez frémir : on m'a parlé d'enlèvement. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  274. Voilà encore ce qui m'afflige dans l'aveu que je vous fais, c'est que vous allez le mépriser vous-même, il est perdu : vous n'étiez déjà que trop prévenue contre lui, et cependant il n'est point si méprisable ; permettez que je le justifie : je suis peut-être prévenue moi-même ; mais vous m'aimez, daignez m'entendre, portez vos bontés jusque-là. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  275. Vous croyez que c'est un jeune homme sans caractère, qui a plus de vanité que d'amour, qui ne cherche qu'à me séduire, et ce n'est point cela, je vous assure. (Acte 2, scène 12, ANG?LIQUE)
  276. Il a tort de m'avoir proposé ce que je vous ai dit ; mais il faut regarder que c'est le tort d'un homme au désespoir, que j'ai vu fondre en larmes quand j'ai paru irritée, d'un homme à qui la crainte de me perdre a tourné la tête ; il n'a point de bien, il ne s'en est point caché, il me l'a dit, il ne lui restait donc point d'autre ressource que celle dont je vous parle, ressource que je condamne comme vous, mais qu'il ne m'a proposée que dans la seule vue d'être à moi, c'est tout ce qu'il y a compris ; car il m'adore, on n'en peut douter. (Acte 2, scène 12, ANG?LIQUE)
  277. Il y en aura tant d'autres qui t'aimeront encore plus que lui. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  278. Oui, mais je ne les aimerai pas, moi, m'aimassent-ils davantage, et cela n'est pas possible. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  279. Il l'ignorait quand il m'a vue, et c'est ce qui devrait l'empêcher de m'aimer, il sait bien que quand une fille est riche, on ne la donne qu'à un homme qui a d'autres richesses, toutes inutiles qu'elles sont ; c'est, du moins, l'usage, le mérite n'est compté pour rien. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  280. Tu le défends d'une manière qui m'alarme. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  281. Que penses-tu donc de cet enlèvement, dis-moi ? (Acte 2, scène 12, MADAME ARGANTE)
  282. tu es la franchise même, ne serais-tu point en danger d'y consentir ? (Acte 2, scène 12, MADAME ARGANTE)
  283. Le ciel la préserve de savoir seulement qu'on te le propose ! (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  284. J'aimerais mieux mourir moi-même. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  285. Souffre à ton tour que mon amitié te parle pour elle ; lequel aimes-tu le mieux, ou de cette mère qui t'a inspiré mille vertus, ou d'un amant qui veut te les ôter toutes ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  286. Dites-lui qu'elle ne craigne rien de sa fille, dites-lui que rien ne m'est plus cher qu'elle, et que je ne verrai plus Dorante, si elle me condamne à le perdre. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  287. Tout le bonheur de ma vie ; ayez la bonté de lui dire aussi que ce n'est point la quantité de biens qui rend heureuse, que j'en ai plus qu'il n'en faudrait avec Dorante, que je languirais avec un autre : rapportez-lui ce que je vous dis là, et que je me soumets à ce qu'elle en décidera. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  288. Si tu pouvais seulement passer quelque temps sans le voir, le veux-tu bien ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  289. Tu ne me réponds pas, à quoi songes-tu ? (Acte 2, scène 12, MADAME ARGANTE)
  290. Je me repens d'avoir tout dit ; mon amour m'est cher, je viens de m'ôter la liberté d'y céder, et peu s'en faut que je ne la regrette ; je suis même fâchée d'être éclairée ; je ne voyais rien de tout ce qui m'effraye, et me voilà plus triste que je ne l'étais. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  291. Dorante me connaît-il ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  292. C'est qu'il me semble avoir aperçu là-bas Monsieur Ergaste qui se promène. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  293. Voyons ce que tu avais à me dire tantôt et que tu n'as pas eu le temps de m'achever. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  294. Il s'agit tant seulement que cet amoureux veut détourner voute fille. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  295. Il n'y a encore rien de décidé ; car voute fille a dit : Comment, ventregué ! (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  296. Un enlèvement, Monsieur, avec une mère qui m'aime tant ! (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  297. Je saurai y mettre ordre. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  298. Eh voirement oui ! (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  299. Avec une dame entre deux âges, qu'il a mêmement descendue dans l'hôtellerie du village. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  300. Et pourquoi l'a-t-il amenée ? (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  301. Tu ne leur diras pas que c'est moi, à cause de Dorante qui ne m'attendrait pas, mais seulement que c'est quelqu'un qui approche. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  302. Je ne veux pas le mettre entièrement au fait. (Acte 3, scène 1, MADAME ARGANTE)
  303. Je vous entends, rien que queuqu'un, sans nommer parsonne, je ferai voute affaire, noute maîtresse : enfilez le taillis stanpendant que je reste pour la manigance. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  304. La civilité ne vous le parmet pas. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  305. C'est que vous me portez de l'incommodité, j'ons besoin de ce chemin-ci pour une confarence en cachette. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  306. Je te laisserai libre, je n'aime à gêner personne ; mais dis-moi, connais-tu un nommé Monsieur Dorante ? (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  307. C'est que j'ai vu de loin un homme qui lui ressemblait. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  308. Sans doute, mais j'ai compris d'abord qu'il était amoureux d'Angélique, et je ne me suis approché de toi que pour en être mieux instruit. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  309. Par la sambille, allez donc oublier ce que vous savez déjà, comment instruire un homme qui est aussi savant que moi ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  310. Queu sorcier d'homme ! (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  311. Dame, s'il n'ignore de rin, ce n'est pas ma faute. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  312. Bon, vous êtes homme de parole, mais dites-moi, avez-vous souvenance de connaître un certain Monsieur Ergaste, qui a l'air d'être gelé, et qu'on dirait qu'il ne va ni ne grouille, quand il marche ? (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  313. Un homme sérieux ? (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  314. Vraiment oui ! (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  315. Il y était tout présentement ; mais je li avons finement persuadé d'aller être ailleurs. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  316. C'est Dorante lui-même. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  317. Me trompé-je, est-ce vous, Monsieur ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  318. J'y ai quelques amis que j'y suis venu voir ; mais qu'y venez-vous faire vous-même ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  319. Vous m'avez tout l'air d'y être en bonne fortune ; je viens de vous y voir parler à un domestique qui vous apporte quelque réponse, ou qui vous y ménage quelque entrevue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  320. C'est à elle-même. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  321. Cet engagement-là ne vous réussira pas, Dorante, vous y perdez votre temps, car Angélique est extrêmement riche, on ne la donnera pas à un homme sans bien. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  322. Aussi la quitterais-je, s'il n'y avait que son bien qui m'arrêtât, mais je l'aime et j'ai le bonheur d'en être aimé. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  323. Vous l'a-t-elle dit positivement ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  324. C'est beaucoup, mais il vous reste encore un autre inconvénient : c'est qu'on dit que sa mère a pour elle actuellement un riche parti en vue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  325. Elle est au désespoir ; et dit-on quel homme est ce rival ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  326. Je le connais ; c'est un honnête homme. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  327. Ce n'est pas là un homme estimable. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  328. Du caractère dont je le connais, je ne crois pas qu'il voulût vous ôter la vôtre, ni que vous fussiez d'humeur à attaquer la sienne ; et si vous lui disiez poliment vos raisons, je suis persuadé qu'il y aurait égard ; voulez-vous le voir ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  329. C'est risquer beaucoup, peut-être avez-vous meilleure opinion de lui qu'il ne le mérite. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  330. S'il allait me trahir ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  331. La vôtre ne court pas plus de hasard, comme vous voyez. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  332. Point du tout, allez votre chemin, ma façon d'aimer est plus tranquille que la vôtre, j'en suis plus le maître, et je me sens touché de ce que vous me dites. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  333. Vous me laissez la liberté de poursuivre ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  334. Liberté tout entière, continuez, vous dis-je, faites comme si vous ne m'aviez pas vu, et ne dites ici à personne qui je suis, je vous le défends bien. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  335. Voici Angélique, elle ne m'aperçoit pas encore, je vais lui dire un mot en passant, ne vous alarmez point. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  336. Ce n'est pas la peine de vous retirer, Madame ; je suis instruit, je sais que Monsieur vous aime, qu'il n'est qu'un cadet, Lubin m'a tout dit, et mon parti est pris. (Acte 3, scène 5, ERGASTE)
  337. Adieu, Madame. (Acte 3, scène 5, ERGASTE)
  338. Voilà notre secret découvert, cet homme-là, pour se venger, va tout dire à votre mère. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  339. Et malheureusement il a du crédit sur son esprit. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  340. Je finis par un mot, m'aimez-vous ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  341. M'estimez-vous ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  342. Si je vous aime ! (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  343. Achevez de m'en convaincre ; j'ai une chaise au bout de la grande allée, la dame dont je vous ai parlé, et dont la maison est à un quart de lieue d'ici, nous attend dans le village, hâtons-nous de l'aller trouver, et vous rendre chez elle. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  344. Vous voulez donc me dire un éternel adieu ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  345. Encore une fois je vous le défends ; mettez-vous dans l'esprit que, si vous aviez le malheur de me persuader, je serais inconsolable ; je dis le malheur, car n'en serait-ce pas un pour vous de me voir dans cet état ? (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  346. Savez-vous à quoi je me suis engagée ? (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  347. À vous montrer à une dame de mes parentes. (Acte 3, scène 6, ANG?LIQUE)
  348. La fuite même que je vous ai proposée ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  349. Et vous hésitez encore de me suivre ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  350. Non seulement j'hésite, mais je ne le veux point. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  351. Venez, Angélique, au nom de notre amour ; venez, ne nous quittons plus, sauvez-moi ce que j'aime, conservez-vous un homme qui vous adore. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  352. Vous nous avez trahis ; il ne nous reste qu'un moment à nous voir, et ce moment décide de tout. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  353. Vous ne m'aimez point. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  354. Queuqu'un qui est fait comme une mère. (Acte 3, scène 7, LUBIN)
  355. Ne me quittez point, secourez-moi, je ne me reconnais plus. (Acte 3, scène 8, ANGÉLIQUE)
  356. Dorante s'est sauvé, il se meurt, et je vous conjure qu'on le rappelle, puisque vous voulez lui parler. (Acte 3, scène 8, ANGÉLIQUE)
  357. Sa franchise me pénètre. (Acte 3, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  358. Oui, je te l'ai promis, et j'y consens, qu'on le rappelle, je veux devant toi le forcer lui-même à convenir de l'indignité qu'il te proposait. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  359. Mais j'aperçois Lisette, c'est un inconvénient ; renvoie-la comme tu pourras, avant que Dorante arrive, elle ne me reconnaîtra pas sous cet habit, et je me cache avec ma coiffe. (Acte 3, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  360. Apparemment que Dorante attend plus loin. (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  361. Que je ne vous sois point suspecte, Madame ; je suis du secret, et vous allez tirer ma maîtresse d'une dépendance bien dure et bien gênante, sa mère aurait infailliblement forcé son inclination. (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  362. Pour vous, Madame, ne vous faites pas un monstre de votre fuite. (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  363. Que peut-on vous reprocher, dès que vous fuyez avec Madame ? (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  364. Ma mère, songez que je me suis ôté tous les moyens de vous déplaire, et que cette pensée vous attendrisse un peu pour nous. (Acte 3, scène 9, ANGÉLIQUE)
  365. Approchez, Dorante, Madame n'a que de bonnes intentions, je vous ai dit que j'étais sa nièce. (Acte 3, scène 10, ANGÉLIQUE)
  366. Je vous croyais avec Madame votre mère. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  367. Retire-toi, et nous avertis si Madame Argante arrive. (Acte 3, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  368. Madame Argante ? (Acte 3, scène 10, LUBIN)
  369. Monsieur, ma nièce m'a tout conté, rassurez-vous : il me paraît que vous êtes inquiet. (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  370. J'avoue, Madame, que votre présence m'a d'abord un peu troublé. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  371. Comment le trouvez-vous, ma mère ? (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  372. Doucement. (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  373. Je ne viens ici que pour écouter vos raisons sur l'enlèvement dont vous parlez à ma nièce. (Acte 3, scène 11, MADAME ARGANTE)
  374. Un enlèvement est effrayant, Madame, mais le désespoir de perdre ce qu'on aime rend bien des choses pardonnables. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  375. Ma naissance est égale à celle d'Angélique, mais la différence de nos fortunes ne me laisse rien à espérer de sa mère. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  376. Madame, qu'on retienne tout son bien, qu'on me mette hors d'état de l'avoir jamais ; le ciel me punisse si j'y songe ! (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  377. Il m'a toujours parlé de même. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  378. L'amour seul vous fait agir, soit ; mais vous êtes, m'a-t-on dit, un honnête homme, et un honnête homme aime autrement qu'un autre ; le plus violent amour ne lui conseille jamais rien qui puisse tourner à la honte de sa maîtresse, vous voyez, reconnaissez-vous ce que je dis là, vous qui voulez engager Angélique à une démarche aussi déshonorante ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  379. Ceci commence mal. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  380. Pouvez-vous être content de votre coeur ; et supposons qu'elle vous aime, le méritez-vous ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  381. Je ne viens point ici pour me fâcher, et vous avez la liberté de me répondre, mais n'est-elle pas bien à plaindre d'aimer un homme aussi peu jaloux de sa gloire, aussi peu touché des intérêts de sa vertu, qui ne se sert de sa tendresse que pour égarer sa raison, que pour lui fermer les yeux sur tout ce qu'elle se doit à elle-même, que pour l'étourdir sur l'affront irréparable qu'elle va se faire ? (Acte 3, scène 11, MADAME ARGANTE)
  382. Appelez-vous cela de l'amour, et la puniriez-vous plus cruellement du sien, si vous étiez son ennemi mortel ? (Acte 3, scène 11, MADAME ARGANTE)
  383. Madame, permettez-moi de vous le dire, je ne vois rien dans mon coeur qui ressemble à ce que je viens d'entendre. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  384. Un amour infini, un respect qui m'est peut-être encore plus cher et plus précieux que cet amour même, voilà tout ce que je sens pour Angélique ; je suis d'ailleurs incapable de manquer d'honneur, mais il y a des réflexions austères qu'on n'est point en état de faire quand on aime, un enlèvement n'est pas un crime, c'est une irrégularité que le mariage efface ; nous nous serions donné notre foi mutuelle, et Angélique, en me suivant, n'aurait fui qu'avec son époux. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  385. Vous vous croiriez donc mariés, parce que, dans l'étourderie d'un transport amoureux, il vous aurait plu de vous dire : Nous le somme ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  386. Les passions seraient bien à leur aise, si leur emportement rendait tout légitime. (Acte 3, scène 11, MADAME ARGANTE)
  387. Songez-vous que de pareils engagements déshonorent une fille ! (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  388. que sa réputation en demeure ternie, qu'elle en perd l'estime publique, que son époux peut réfléchir un jour qu'elle a manqué de vertu, que la faiblesse honteuse où elle est tombée doit la flétrir à ses yeux mêmes, et la lui rendre méprisable ? (Acte 3, scène 11, MADAME ARGANTE)
  389. Madame, je me livre à vous, à vos conseils, conduisez-moi, ordonnez, que faut-il que je devienne, vous êtes la maîtresse, je fais moins cas de la vie que des lumières que vous venez de me donner ; et vous, Dorante, tout ce que je puis à présent pour vous, c'est de vous pardonner une proposition qui doit vous paraître affreuse. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  390. N'en doutez pas, chère Angélique ; oui, je me rends, je la désavoue ; ce n'est pas la crainte de voir diminuer mon estime pour vous qui me frappe, je suis sûr que cela n'est pas possible ; c'est l'horreur de penser que les autres ne vous estimeraient plus, qui m'effraye ; oui, je le comprends, le danger est sûr, Madame vient de m'éclairer à mon tour : je vous perdrais, et qu'est-ce que c'est que mon amour et ses intérêts, auprès d'un malheur aussi terrible ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  391. Jugez combien je dois l'aimer, cette mère, rien ne nous a gênés dans nos entrevues ; eh bien ! (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  392. Dorante, apprenez qu'elle les savait toutes, que je l'ai instruite de votre amour, du mien, de vos desseins, de mes irrésolutions. (Acte 3, scène 11, ANG?LIQUE)
  393. Oui, je l'avais instruite, ses bontés, ses tendresses m'y avaient obligée, elle a été ma confidente, mon amie, elle n'a jamais gardé que le droit de me conseiller, elle ne s'est reposée de ma conduite que sur ma tendresse pour elle, et m'a laissée la maîtresse de tout, il n'a tenu qu'à moi de vous suivre, d'être une ingrate envers elle, de l'affliger impunément, parce qu'elle avait promis que je serais libre. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  394. Quel respectable portrait me faites-vous d'elle ! (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  395. Tout amant que je suis, vous me mettez dans ses intérêts même, je me range de son parti, et me regarderais comme le plus indigne des hommes, si j'avais pu détruire une aussi belle, aussi vertueuse union que la vôtre. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  396. Abandonnez-vous toujours à ces mêmes bontés qui m'étonnent, et que j'admire ; continuez de les mériter, je vous y exhorte, que mon amour y perde ou non, vous le devez, je serais au désespoir, si je l'avais emporté sur elle. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  397. Ma fille, je vous permets d'aimer Dorante. (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  398. Vous, Madame, la mère d'Angélique ! (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  399. C'est elle-même ; en connaissez-vous qui lui ressemble ? (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  400. Madame, quelques affaires pressantes me rappellent à Paris. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  401. Mon mariage avec Angélique était comme arrêté, mais j'ai fait quelques réflexions, je craindrais qu'elle ne m'épousât par pure obéissance, et je vous remets votre parole. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  402. Ce n'est pas tout, j'ai un époux à vous proposer pour Angélique, un jeune homme riche et estimé : elle peut avoir le coeur prévenu, mais n'importe. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  403. Je vous suis obligée, Monsieur ; ma mère n'est pas pressée de me marier. (Acte 3, scène 12, ANGÉLIQUE)
  404. Il n'est pas riche, mais il vient de me montrer un caractère qui me charme, et qui fera le bonheur d'Angélique ; Dorante, je ne veux que le temps de savoir qui vous êtes. (Acte 3, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  405. Je vais vous le dire, Madame, c'est mon neveu, le jeune homme dont je vous parle, et à qui j'assure tout mon bien. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  406. Monsieur, comment payer vos bienfaits ? (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  407. Point de remerciements. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  408. Ne vous avais-je pas promis qu'Angélique n'épouserait pas un homme sans bien ? (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  409. Et moi, pour bian faire, faut qu'an me récompense, et qu'an me garde. (Acte 3, scène 12, LUBIN)

LA COMMÈRE (1741)

  1. Puisqu'on dit que Madame_Alain va revenir, ce n'est pas la peine de remonter chez vous pour redescendre après ; nous n'avons qu'à l'attendre ici en devisant. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  2. Que j'ai de contentement quand je vous regarde ! (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  3. On dit que l'on meurt de joie ; cela n'est pas vrai, puisque me voilà. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  4. Et si je me réjouis tant de notre mariage, ce n'est pas à cause du bien que vous avez et de celui que je n'ai pas, au moins. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  5. De belles et bonnes rentes sont bonnes, je ne dis pas que non, et on aime toujours à avoir de quoi ; mais tout cela n'est rien en comparaison de votre personne. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  6. Il est donc bien vrai que vous m'aimez un peu, La Vallée ? (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  7. Ce me fait quelquefois douter de votre tendresse, c'est l'inégalité de nos âges. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  8. Mais votre âge, où le mettez-vous donc ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  9. Pardi, je vois des bontés qui sont des merveilles ! (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  10. Je vois que vous avez levé un habit qui me fait brave comme un marquis ; je vois que je m'appelais Jacob quand nous nous sommes connus, et que depuis quinze jours vous avez eu l'invention de m'appeler votre cousin, Monsieur_de_la_Vallée. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  11. Je me suis séparée d'une soeur avec qui je vivais depuis plus de vingt-cinq ans dans l'union la plus parfaite, et je brave les reproches de toute ma famille, qui ne me pardonnera jamais notre mariage quand elle le saura. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  12. Vraiment, que n'avez-vous point fait ! (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  13. Je dis des mots délicats : on me prendrait pour un livre. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  14. Ce n'est pas votre bien qui me détermine. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  15. Finalement, je vous dois mon nom, ma braverie, ma parenté, mon beau langage, ma politesse, ma bonne mine ; et puis vous m'allez prendre pour votre homme comme si j'étais un bourgeois de Paris. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  16. Dites que je vous épouse, La Vallée, et non pas que je vous prends pour mon homme ; cette façon de parler ne vaut rien. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  17. Pardi, grand merci, cousine ! (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  18. Vous me donnez votre coeur qui en vaut quatre comme le mien. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  19. Si vous m'aimez, je suis assez payée. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  20. La fille de Madame_Alain ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  21. Pour la mère, elle ne m'inquiète pas, toute réjouie qu'elle est, et je suis persuadée , après toute l'amitié qu'elle me témoigne, que je ne risque rien à lui confier mon dessein. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  22. Il ne serait pas prudent d'en parler aux gens qui me connaissent. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  23. Je ne veux pas qu'on sache qui je suis, et il n'y a que Madame_Alain à qui nous puissions nous adresser. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  24. Je me rappelle que j'ai un ordre à donner pour le repas de ce soir, et je remonte. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  25. Elle se meurt pour ma jeunesse. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  26. Il me semble en effet depuis que nous nous connaissons, que vous aimez assez à me voir. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  27. Vous avez raison, Mademoiselle_Agathe, j'aime cela tout à fait. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  28. Apparemment de ce que je vous vois aussi. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  29. Vraiment tant mieux. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  30. Nous sommes tous deux du même avis. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  31. Où est-ce qu'est votre petite main que je l'en remercie ? (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  32. Je n'ai jamais permis à Monsieur_Dumont de me baiser la main au moins, quoiqu'il m'aime bien. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  33. C'est signe que vous m'aimez mieux que lui, mon mouton. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  34. Vraiment il faut bien que je lui parle aussi, je l'attends. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  35. Heureusement, la voilà qui arrive. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  36. Dites-moi donc, gros garçon, qu'est-ce qu'elle me conte là ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  37. Discourir, comme elle vous le dit, d'amour et de mariage. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  38. Je ne croyais pas que vous songiez à Agathe ; je me serais imaginé autre chose. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  39. Sans doute qu'elle ne vous hait pas ; elle fait comme sa mère. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  40. Et encore qu'entendez-vous, Madame_Alain ? (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  41. Vous avez tant dit que mon humeur et mes manières vous revenaient, vous êtes toujours si folâtre autour de moi que cela s'entend de reste. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  42. Je me suis bien doutée que vous m'en vouliez et je n'en suis pas fâchée. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  43. Parlez hardiment. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  44. Comment lui dire non ? (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  45. Si vous aviez seulement dix ans de plus, cependant, tout n'en irait que mieux ; car vous êtes bien jeune. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  46. Ne vous pressez pas ; je m'en accommode comme ils sont ; ils ne me font pas plus de peur aujourd'hui qu'ils ne m'en feront demain ; et après tout, un mari de vingt ans avec une veuve de trente-cinq vont bien ensemble, fort bien ; ce n'est pas là l'embarras, surtout avec un mari aussi bien fait que vous et d'un caractère aussi doux. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  47. Arrêtez-vous donc, Madame_Alain ; ne prenez pas la peine de me louer, il y aura trop à rabattre, en vérité, vous me confondez. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  48. Je ne sais plus comment faire avec elle. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  49. Arrangeons-nous, puisque vous m'aimez. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  50. Je n'en ai pourtant pas davantage ; vous en contentez-vous, Madame_Alain ? (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  51. C'est ce que je voulais savoir avant de m'aviser, car pour vous aimer, ce serait besogne faite. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  52. J'ai sept ou huit parents robustes et en bonne santé, dont j'aurai infailliblement la succession quand ils seront morts. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  53. Est-ce que cette demoiselle_Habert, votre cousine qui vous aime tant, ne pourrait pas vous avancer quelque chose ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  54. Vraiment, elle m'avancera de reste, puisqu'elle veut m'épouser. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  55. N'allez pas lui dire que je vous donnais la préférence, elle est jalouse, et vous me feriez tort. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  56. Est-ce que je suis une femme qui parle ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  57. Madame_Alain, parler ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  58. Madame_Alain, qui voit tout, qui sait tout et ne dit mot ! (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  59. Je ferais bien d'autres vacarmes si je voulais. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  60. Vous vîtes encore hier Madame_Remy ici. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  61. Et ce n'était pas ma faute ; mais je n'en ai jamais dit le mot à personne, et ce n'est pas même pour vous l'apprendre que je le dis, c'est seulement pour vous montrer qu'on sait se taire. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  62. Demeurez en repos. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  63. Mais parlez donc, Monsieur_de_la_Vallée, vous qui m'aimez tant, vous aimez là une fille bien ancienne, entre nous. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  64. Bonjour, Madame. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  65. J'apprends là une nouvelle qui me fait plaisir ; on dit que vous vous mariez. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  66. Doucement, ne parlez pas si haut ; il ne faut pas qu'on le sache. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  67. Nous commencions je ne sais encore rien de rien mais je parlerai bas. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  68. Vous vous aimez donc, que cela est plaisant ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  69. Que trouvez-vous de si plaisant à ce mariage, Madame ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  70. Au contraire, je l'approuve, je l'aime. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  71. Il me divertit, j'en ai de la joie. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  72. Vous aimez ce garçon : c'est bien fait. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  73. S'il n'a que vingt_ans, ce n'est pas votre faute, vous le prenez comme il est ; dans dix il en aura trente et vous dix de plus, mais qu'importe ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  74. Rêvez-vous, Madame_Alain ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  75. Calmez-vous ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  76. Mademoiselle_Habert sait que je l'aime. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  77. Voyez comme elle s'est soutenue, elle est plus blanche, plus droite ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  78. Le fripon, comme il en débite ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  79. Attendez ; je vais y mettre bon ordre. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  80. C'est qu'on peut entrer ici à tout moment, et moyennant la précaution que je prends, il ne viendra personne. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  81. Comme vous criez, Madame ! (Acte 1, scène 5, JAVOTTE)
  82. Si quelqu'un vient me demander, qu'on dise que je suis en affaire. (Acte 1, scène 5, MADAME ALAIN)
  83. Il faut que nous soyons seuls, Mademoiselle_Habert a un secret de conséquence à me dire. (Acte 1, scène 5, MADAME ALAIN)
  84. Voilà une sotte femme, Monsieur_de_la_Vallée. (Acte 1, scène 5, MADEMOISELLE HABERT)
  85. Madame_Alain, pour informer cette fille que j'ai une confidence à vous faire ? (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE HABERT)
  86. Si fait vraiment. (Acte 1, scène 6, MADAME ALAIN)
  87. Que me voulez-vous donc, Madame ? (Acte 1, scène 7, JAVOTTE)
  88. Je me suis mal expliquée tout à l'heure. (Acte 1, scène 7, MADAME ALAIN)
  89. Taisez-vous et faites attention à ce qu'on vous dit, sans tant de raisonnements. (Acte 1, scène 7, MADAME ALAIN)
  90. J'ai besoin d'un extrême secret. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  91. Hier au soir, le marchand qui est mon voisin me fit serrer dans ma salle basse je ne sais combien de marchandises_de_contrebande qui seraient confisquées si on le savait : voyez si on me croit sûre. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  92. Vous m'en donnez une étrange preuve ; pourquoi me le dire ? (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  93. Quelle femme ! (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  94. S'il vient ici quelque femme vous demander, je commencerai par dire : "Êtes-vous sa soeur ou non ?" (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  95. Madame. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  96. Vous devez absolument ignorer qui je suis. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  97. On vous demanderait à vous comment vous savez que cette chère enfant a une soeur. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  98. Non ; nous ne sommes pas trop cousins non plus, voyez-vous. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  99. Mais n'admirez-vous pas comme on se prévient ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  100. L'étonnement de tout le monde. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  101. On me percerait l'âme. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  102. Vous me prenez donc pour une folle. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  103. Je vous reconnais pour telle, mais pour preuve que vous ne l'êtes pas, ils apporteront vos amours, qu'ils traiteront de ridicules ; votre dessein d'épouser qu'ils traiteront d'enfance ; ils apporteront une quarantaine d'années qui, malheureusement, en paraissent cinquante ; ils allégueront son âge à lui et mille mauvaises raisons que vous êtes en danger d'essuyer comme bonnes. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  104. Mais, Madame_Alain, vous alléguez l'âge de ma cousine. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  105. Sur le registre où il est écrit, mon petit bonhomme. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  106. On est pour vous et vous criez comme des troublés. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  107. Pas si mignon, Madame_Alain, pas si mignon. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  108. De grâce, Madame, laissons cette matière-là, je vous en conjure. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  109. Toutes les contradictions viendraient uniquement de ce que Monsieur_de_la_Vallée est un cadet qui n'a point de bien... (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  110. Le cadet me l'a dit : point de bien. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  111. Viendraient aussi de ce que j'ai un neveu que ma soeur aime et qui compte sur ma succession. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  112. Traitez votre femme en bon mari, comme elle s'y attend ; ne vous écartez point d'elle, et ne la négligez pas sous prétexte qu'elle est sur son déclin. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  113. Que fait ici mon déclin, Madame ? (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  114. Nous n'en sommes pas là ! (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  115. Je ne l'ai pas informée de l'endroit où j'allais demeurer ; vous voyez même que je ne sors guère de peur de la rencontrer ou de trouver quelques gens de connaissance qui me suivent. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  116. Voulez-vous bien vous charger de me les avoir ? (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  117. Chère dame, que vous allez m'être obligeante ! (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  118. Surtout, Madame_Alain, qu'on ne soupçonne point, par ce que vous direz, que c'est pour moi que vous envoyez chercher ces messieurs. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  119. Pas même les notaires ne sauront pour qui c'est que lorsqu'ils seront ici ; encore n'en diront-ils rien après si vous voulez. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  120. L'homme à la robe, il est éperdu de moi ; et à qui appartient aussi cette contrebande que j'ai dans mon armoire. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  121. Tâchez même de l'amener avec vous. (Acte 1, scène 9, MADAME ALAIN)
  122. Et si Monsieur_Remy me demande ce que vous voulez, que lui dirai-je ? (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  123. Donnez-moi seulement le temps de saluer Mademoiselle_Habert. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  124. J'espère que vous me continuerez l'honneur de votre amitié, et plus à présent que jamais. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  125. Je n'ai nulle envie de vous l'ôter et je vous remercie du redoublement de la vôtre. (Acte 1, scène 9, MADEMOISELLE HABERT)
  126. Vous êtes bien en humeur de complimenter, ce me semble. (Acte 1, scène 9, MADAME ALAIN)
  127. Je vous aime bien ; vous m'avez tenu parole. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  128. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  129. Vous êtes un honnête homme. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  130. Mes enfants, je vous quitte, mais c'est pour vous servir au plus tôt. (Acte 1, scène 10, MADAME ALAIN)
  131. Attendez, ma mie, le coeur me bat. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  132. Cette pensée me rend l'haleine courte. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  133. Quel ravissement ! (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  134. Tenez, il me semble que je ne touche pas à terre. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  135. J'aime à te voir si pénétré. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  136. Je crois que tu m'aimes, mais je te défie de m'aimer plus que ma tendresse pour toi ne le mérite. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  137. Pourvu que Madame_Alain avec ses indiscrétions... (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  138. Cette femme-là m'épouvante toujours. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  139. Elle n'ira pas loin, et dès que vous m'aimez, je suis né coiffé. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  140. Ce qui me surprend, c'est que cette petite Agathe sache que c'est pour un mariage. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  141. Je crois même qu'elle pense que c'est pour elle. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  142. S'imaginerait-elle que vous l'aimez ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  143. Mignonne, votre propos m'afflige l'âme. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  144. Oui, ce jeune monsieur qui me fait la cour et que je vous ai dit qui me recherchait, et comme je disais à Monsieur_Remy que ma mère aurait passé chez lui si elle n'avait pas été chez des notaires, il m'a dit avec des mines doucereuses dont j'ai pensé rire de tout mon coeur : "Mademoiselle, n'approuvez-vous pas que nous ayons au premier jour affaire à lui pour nous-mêmes et que j'en parle à Madame_Alain ?" (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  145. Je m'estime bien glorieuse que vous m'en ayez trouvé, allez, Mademoiselle. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  146. Où est donc Madame_Alain, Mademoiselle_Agathe ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR REMY)
  147. Oh dame ! (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  148. Je fermerai plutôt la porte. (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  149. La voilà elle-même. (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  150. Monsieur_Thibaut va amener un de ses confrères. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  151. Agathe, descendez là-bas ; amenez ces messieurs quand ils seront venus, et qu'on renvoie tout le monde. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  152. Le cher bonhomme, il me regrette ; il s'en va tristement avec sa vieille... (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  153. Toujours des douceurs ; vous recommencez toujours. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  154. Patience, je me corrigerai avec le temps. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  155. Raisonnablement parlant, vous dites assez vrai. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  156. Comment ! (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  157. Je me tais tout court. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  158. En fait de secret confié, il ne faut se rien permettre. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  159. Il me sera permis d'en rire ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  160. Tant mieux ; j'aime la comédie. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  161. Ma mère, voilà ces messieurs. (Acte 1, scène 15, AGATHE)
  162. Je ne m'en cache pas, Madame. (Acte 1, scène 15, MONSIEUR-THIBAUT)
  163. C'est à vous de me gouverner là-dessus. (Acte 1, scène 15, AGATHE)
  164. Messieurs, il est question d'un contrat de mariage pour les deux personnes que vous voyez, et Monsieur_Remy, qui est connu de vous, Monsieur_Thibaut, va servir de témoin. (Acte 1, scène 16, MADAME ALAIN)
  165. Nous n'avons rien à demander à Mademoiselle ; elle est en état de disposer d'elle, mais Monsieur me paraît bien jeune. (Acte 1, scène 16, LE-NOTAIRE)
  166. N'auriez-vous pas un consentement de parents ? (Acte 1, scène 16, LE-NOTAIRE)
  167. Vous n'êtes pas d'ici apparemment. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-THIBAUT)
  168. Cela me paraît en bonne forme, et puis nous nous en rapportons à Madame_Alain dès que c'est chez elle que vous vous mariez. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-THIBAUT)
  169. Commençons toujours, en attendant Monsieur_Remy. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-THIBAUT)
  170. Messieurs, je vous salue. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR REMY)
  171. Madame, j'ai un petit mot à vous dire à quartier, avec la permission de la compagnie. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR REMY)
  172. J'ai été obligé de dire à ma femme pourquoi j'étais retenu ici, mais je n'ai nommé personne. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR REMY)
  173. Au mot de secret, un jeune monsieur qui venait pour une maison que je vends m'a prié de l'amener chez vous. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR REMY)
  174. Messieurs, je vous demande pardon, mais passez je vous prie pour un quart_d_heure dans le cabinet. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  175. Il va monter un homme qui, je crois, veut m'entretenir de vous. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  176. Retirez-vous, Mademoiselle, et vous, Monsieur, de la porte du cabinet, vous jetterez un coup d'oeil sur l'homme qui va entrer. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  177. S'il ne vous connaît pas, vous serez mon parent, comme vous étiez celui de Mademoiselle. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  178. Il n'y a point de mystère ; c'est Monsieur_Remy qui l'a amené. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  179. Oui, il y a une demoiselle qui se marie, et qui n'est peut-être que la vingtième du quartier qui en fait autant. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  180. Si c'est celle que je cherche, je suis de ses amis et j'ai quelque chose à lui remettre. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  181. Où sont ces choses singulières que vous devez m'apprendre, qui, apparemment, ne lui sont pas favorables ? (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  182. Vous m'excuserez, Madame. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  183. Mettez-vous à ma place. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  184. vraiment non. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  185. Voilà une grande différence et tout le reste va de même. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  186. J'en demeure d'accord. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  187. Le coeur me dit que vous me coupez la gorge. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  188. Nous n'y sommes plus. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  189. Avec un veuf de trente ans, homme assez riche, mais qui ne convient point à la famille. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  190. En voilà assez, Madame. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  191. Je me rends. (Acte 1, scène 18, LE NEVEU)
  192. Madame, de quoi s'agissait-il ? (Acte 1, scène 19, MADEMOISELLE HABERT)
  193. Oui, Madame. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  194. Votre franchise naturelle et louable, aidée d'un peu d'industrie de ma part, a causé cet événement. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  195. Avec une femme moins vraie, je ne tenais rien. (Acte 1, scène 20, LE NEVEU)
  196. Ne sommes-nous pas garçon et fille ? (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  197. Comment, Jacob ! (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  198. Son véritable est Jacques Giroux, petit berger, venu depuis sept ou huit mois de je ne sais quel village de Bourgogne, et c'est de lui-même que mes tantes le savent. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  199. Petit paysan, autrement dit ; c'est même chose. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  200. Je vous réponds qu'on arrange cette famille-là bien malhonnêtement, Madame_Alain, et que sans la crainte du bruit et le respect de votre maison et du cabinet où il y a du monde... (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  201. Je me tais. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  202. Il ne saurait nier que ces demoiselles avaient besoin d'un copiste pour mettre au net nombre de papiers et que ce fut un de ses parents, qui est un scribe, qui le présenta à elles. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  203. Chantez mes louanges à votre aise. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  204. Jugez, Madame, vous qui êtes une femme respectable, et qui savez ce que c'est que des gens de famille... (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  205. Je suis la veuve d'un honnête homme extrêmement considéré pour son habileté dans les affaires, et qui a été plus de vingt ans secrétaire de président. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  206. Je ne désapprouve pas qu'elle se marie ; toute la grâce que je lui demande, c'est de se choisir un mari que nous puissions avouer, qui ne fasse pas rougir un neveu plein de tendresse et de respect pour elle, et qui n'afflige pas une soeur à qui elle est si chère, à qui sa séparation a coûté tant de larmes. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  207. Je ne m'en cache pas, vous me touchez. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  208. Les gens comme nous doivent se soutenir ; j'entre dans vos raisons. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  209. Que j'en rirais, si j'étais de bonne humeur ! (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  210. Je vais parler à Mademoiselle_Habert en attendant que vous ameniez sa soeur. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  211. Vous êtes notre ressource et nous nous reposons sur vos soins, Madame. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  212. Ce n'est pas vous que je blâme, Jacob ; mais il n'y a pas moyen d'être, pour un petit berger. (Acte 1, scène 21, MADAME ALAIN)
  213. Messieurs, vous pouvez revenir ici. (Acte 1, scène 21, MADAME ALAIN)
  214. Non, Messieurs. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  215. Comment donc ? (Acte 1, scène 22, MADEMOISELLE HABERT)
  216. Dame ! (Acte 1, scène 22, LA VALLEE)
  217. C'est un jeune homme estimable, et qui, de votre aveu même, est sur le point d'épouser la fille d'un de mes amis. (Acte 1, scène 22, L-AUTRE-NOTAIRE)
  218. Je suis d'avis de me retirer aussi. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR-THIBAUT)
  219. Adieu, Madame. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR THIBAUT)
  220. Ma chère Madame_Alain, retenez du moins Monsieur_Thibaut. (Acte 1, scène 22, MADEMOISELLE HABERT)
  221. Vous me vouliez tant de bien ; souvenez-vous-en. (Acte 1, scène 22, LA VALLEE)
  222. Cette femme est faible et crédule. (Acte 1, scène 22, MADEMOISELLE HABERT)
  223. Ce neveu qui paraît vous aimer est d'une tristesse... (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  224. Est-il possible que vous vous déterminiez à me chagriner sur les rapports d'un homme qui vous doit être suspect, qui a tant d'intérêt à les faire faux, qui est mon neveu enfin, et de tous les neveux le plus avide ? (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  225. Remplie de sens commun comme vous l'êtes. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  226. Calmez-vous, Mademoiselle_Habert ; vous m'affligez. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  227. Je ne saurais voir pleurer les gens sans faire comme eux. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  228. Se peut-il que ce soit Madame_Alain qui nous maltraite... (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  229. Doucement. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  230. C'est la mode ; on ne la changera pas, ni pour vous ni pour ce petit bonhomme. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  231. On exagère, Madame_Alain. (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  232. Je suis calomnié, ma chère dame. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  233. Il n'a pas voulu faire de vacarme, (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  234. Voilà comme on abuse des choses. (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  235. Mais vraiment, des vignes, comtes, marquis, princes, ducs, tout le monde en a, et j'en ai aussi. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  236. J'ai, dit-il, un oncle qui mène des voitures ; encore une malice ; il les fait mener. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  237. Cet oncle a des voitures, mais les voitures et les meneurs sont à lui. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  238. Il en a menti. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  239. Je n'osais me fier à moi ; je suis trop violent. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  240. Ces demoiselles me dictaient ; elles se trompaient ; je me trompais aussi ; tantôt mon écriture montait, tantôt elle descendait ; je griffonnais ; et puis, c'était à rire de Monsieur_Jacob ! (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  241. À parler franchement, j'avoue que j'ai été prise pour dupe, et je suis indignée. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  242. J'ai un billet à écrire, et vous me parlerez après. (Acte 1, scène 24, MADAME ALAIN)
  243. Vous voyez que je vous tiens parole, Madame. (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  244. Vous me faites grand plaisir. (Acte 1, scène 25, MADAME ALAIN)
  245. Apparemment que la partie est renouée et que le mariage se termine. (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  246. C'est un malheur pour cette fille-là d'épouser un petit fripon qui ne l'aime point et qui, encore aujourd'hui, faisait l'amour à une autre pour l'épouser. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  247. C'est bien à un petit rustre comme lui qu'il appartient d'aimer des filles de ma sorte. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  248. Vous croyez donc que j'aurais écouté un homme de rien ! (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  249. C'est un homme riche, fier, et qui salue si froidement tout ce qui n'est pas notaire... (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  250. Je crus de bonne foi ce qu'il me disait, ma mère. (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  251. Il m'a dit que c'est qu'il n'a pu vous désabuser sans trahir son secret, et vous y avez donné comme une étourdie. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  252. Il a même poussé la hardiesse jusqu'à me baiser la main. (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  253. Apprenez aussi, soit dit entre nous, que La Vallée songeait si peu à vous que c'est moi qu'il aime, qu'il m'épouserait si j'étais femme à vous donner un beau-père. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  254. Oui, Mademoiselle, moi-même. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  255. C'est à mon refus qu'il se donne à Mademoiselle_Habert, qui, heureusement pour lui, s'imagine qu'il l'aime, et à qui je vous défends d'en parler, puisque le jeune homme n'a rien. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  256. Oui, je l'ai refusé, quoiqu'il m'ait baisé la main aussi bien qu'à vous, et de meilleur coeur, ma fille. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  257. La Vallée me le paiera pourtant. (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  258. Madame, qu'a-t-on déterminé ? (Acte 1, scène 27, MONSIEUR-THIBAUT)
  259. Quel homme ! (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  260. Si je lui ressemblais, sa femme serait en de bonnes mains. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  261. C'est qu'avant-hier, elle me pria de lui serrer une somme de quatre mille livres qu'elle a épargnée à_son_insu et qu'il n'épargnerait pas, lui, car il dissipe tout. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  262. Vraiment, il se pique d'être galant. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  263. Il se prend de goût pour les jolies femmes, à qui il envoie des présents malgré qu'elles en aient. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  264. Vraiment oui, je les ai, et s'il le savait, je ne les aurais pas longtemps. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  265. Monsieur_Thibaut, commencez toujours ; Monsieur_Lefort va venir. (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  266. Tout à l'heure, Madame. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  267. Monsieur_Remy, je suis à la veille de me marier moi-même. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR THIBAUT)
  268. Vous me devez mille écus que je vous prêtai il y a six mois ; depuis quinze jours ils sont échus ; je vous en ai accordé six autres, mais comme j'en ai besoin, je vous avertis que, sans vous incommoder, sans débourser un sol, vous êtes en état de me payer à présent. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR THIBAUT)
  269. Madame_Alain vient de me dire que votre femme lui a confié avant-hier quatre mille livres qu'elle lui garde. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  270. Le joli tour d'esprit que vous me jouez là ! (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  271. J'aurai soin de remercier Madame_Remy de son économie. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  272. Et je vous paierai, Monsieur, je vous paierai, mais priez Madame_Alain de vous garder mieux le secret qu'elle n'a fait à ma femme, et qu'elle ne dise pas à d'autres qu'à moi que vous faites accroire à Monsieur_Constant, dont vous allez épouser la fille, que votre charge est à vous, pendant que vous vous disposez à la payer des deniers de la dot. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  273. Il me reste encore quelque chose de la mienne et vous n'en êtes pas quitte, Monsieur_Remy. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  274. Dites aussi à Madame_Alain de ne pas divulguer les présents ruineux que vous faites à de jolies femmes. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR THIBAUT)
  275. Courage, Messieurs. (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  276. Je n'ai qu'un mot à répondre : vous n'aurez plus de présents, Madame_Alain. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  277. Si vous vous en allez, emportez donc les marchandises_de_contrebande que Madame_Alain vous a caché dans l'armoire de sa salle. (Acte 1, scène 28, LA VALLEE)
  278. Ma mère, Monsieur_Lefort envoie dire qu'on ne s'impatiente pas ; il achève une lettre qu'on doit mettre à la poste. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  279. Vraiment laissez-la, ma mère ; elle vient signer au contrat, elle est parente de Monsieur_de_la_Vallée et va l'être de Mademoiselle. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  280. C'est ce qu'on a su dans la maison par le neveu de ma nièce Mademoiselle_Habert, qui, en s'en allant, a dit votre pays, votre nom, ce qui a fait que je vous ai reconnu tout d'un coup, et je l'avais bien dit que vous feriez un jour quelque bonne trouvaille, car il n'était pas plus grand que ça quand je quittai le pays, mais vous saurez, Messieurs et Mesdames, que c'était le plus beau petit marmot du canton. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  281. Ma nièce, puisque mon neveu va être votre homme. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  282. C'est pourquoi je viens pour mettre ma marque au contrat, faute de savoir signer. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  283. Voilà l'énigme expliquée. (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  284. Je ne m'étonne plus si Mademoiselle me demandait tantôt mon amitié. (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  285. N'a-t-il pas offert d'épouser notre dame, si elle voulait de sa figure ? (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  286. C'est vous qui me l'avez dit, ma mère, et même qu'il ne se souciait pas de Mademoiselle. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  287. Et qu'il ne faisait semblant de l'aimer qu'à cause de son bien. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  288. C'est en passant que vous me l'avez dit aussi, souvenez-vous-en. (Acte 1, scène 29, MONSIEUR-THIBAUT)
  289. Messieurs, il n'y a plus de contrat. (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  290. Messieurs, discourez un instant pour vous amuser, en attendant que je la regagne. (Acte 1, scène 29, LA VALLEE)
  291. Langue qui me poignarde ! (Acte 1, scène 29, LA VALLEE)
  292. Puisse le ciel vous aimer assez pour vous rendre muette ! (Acte 1, scène 29, MONSIEUR-THIBAUT)
  293. Quand j'aurai vidé votre armoire, je vous achèverai aussi mes compliments. (Acte 1, scène 29, MONSIEUR REMY)
  294. C'est fort bien fait, Messieurs. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)

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L'HEUREUX STRATAGÈME (1733)

  1. Maître Blaise, que me veux-tu ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  2. Oh dame ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  3. Comme ce dit l'autre, ou en êtes bian capable. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  4. Le biau naturel d'homme ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. Point du tout, Monsieur, c'est vous qui charmez les autres. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. Non, je ne me couvre jamais. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  7. C'est bian fait à vous ; moi, je me couvre toujours ; ce n'est pas mal fait non pus. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  8. Comment vous va, Monsieur Dorante ? (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  9. ça s'est bian amendé. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  10. Tu avais, ce me semble, quelque chose à me dire ; entre en matière sans compliment. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. C'est un petit bout de civilité en passant, comme ça se doit. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  12. Dans un moment, il faut que je te quitte : achève. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  13. Je commence. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  14. C'est que je venons par rapport à noute fille, pour l'amour de ce qu'alle va être la femme d'Arlequin voute valet. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  15. Dont je savons qu'ou êtes consentant, à cause qu'alle est femme de chambre de Madame_la_Comtesse qui va vous prendre itou pour son homme. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  16. Par ainsi, si par voute moyen auprès de Madame_la_Comtesse, qui m'avancerait queuque six-vingts francs sur mon office de jardinier... (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  17. Je t'entends, Maître Blaise ; mais j'aime mieux te les donner, que de les demander pour toi à la Comtesse, qui ne ferait pas aujourd'hui grand cas de ma prière. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  18. Par la morgué, ce que j'entends là me dérange de vous remarcier, tant je sis surprins et stupéfait. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  19. Un brave homme comme vous, qui a une mine de prince, qui a le coeur de m'offrir de l'argent, se voir délaissé de la propre parsonne de sa maîtresse !... (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  20. C'est noute enfant que la Comtesse ; c'est défunte noute femme qui l'a norrie : noute femme avait de la conscience ; faut que sa norriture tianne d'elle. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  21. Si je le croyais, je sis homme à li représenter sa faute. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  22. Et qu'est-ce que c'est que ça, Madame, et qu'est-ce que c'est que ça ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  23. Ça me baille un grand parvilége. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  24. Beaucoup de chagrin pour vous, et à cause de cela, quantité de chagrin pour moi ; car un bon domestique va comme son maître. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  25. Comme elle aurait pu trouver mauvais que je buvais en fraude, je me suis sauvé dans l'office avec ma bouteille : d'abord, j'ai commencé par la vider pour la mettre en sûreté. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  26. Laisse là ta bouteille, et me dis ce qui me regarde. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  27. Je parle de cette bouteille parce qu'elle y était ; je ne voulais pas l'y mettre. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  28. Si fait ; car mes oreilles ont reconnu sa parole, et sa parole n'était pas là sans sa personne. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  29. Quand un homme est si joyeux, c'est tant mieux pour lui, mais c'est toujours tant pis pour un autre (montrant son maître), et voilà justement l'autre ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  30. Je ne me souviens pas si je lui ai dit ; mais je sais bien que je devais lui dire. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  31. Monsieur, je ne sais pas comment vous l'entendez, mais votre tranquillité m'étonne ; et si vous n'y prenez garde, ma maîtresse vous échappera. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  32. Je puis me tromper ; mais j'en ai peur. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  33. Je le soupçonne aussi, Lisette ; mais que puis-je faire pour empêcher ce que tu me dis là ? (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  34. Ça se confirme donc, Lisette ? (Acte 1, scène 3, BLAISE)
  35. Sans doute : le Chevalier ne la quitte point ; il l'amuse, il la cajole, il lui parle tout bas ; elle sourit : à la fin le coeur peut s'y mettre, s'il n'y est déjà ; et cela m'inquiète, Monsieur ; car je vous estime ; d'ailleurs, voilà un garçon qui doit m'épouser, et si vous ne devenez pas le maître de la maison, cela nous dérange. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  36. Ce qui me désespère, c'est que je n'y vois point de remède ; car la Comtesse m'évite. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  37. Je me meurs de douleur ! (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  38. Il me semble avoir vu sortir quelqu'un d'avec toi. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  39. C'est Dorante qui me quitte, Madame. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  40. Mais il dit qu'il n'a pas lieu d'être content, et je crois qu'il dit assez juste : qu'en pensez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  41. Il m'aime donc toujours ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  42. Comment ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  43. S'il vous aime ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  44. Est-ce que vous ne l'aimez plus ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  45. Dans le fond, je le distinguais, voilà tout ; et distinguer un homme, ce n'est pas encore l'aimer, Lisette ; cela peut y conduire, mais cela n'y est pas. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  46. Je vous ai pourtant entendu dire que c'était le plus aimable homme du monde. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  47. Je vous ai vue l'attendre avec empressement. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  48. Tout cela est vrai ; nous y voilà : je le distinguais, vous dis-je, et je le distingue encore ; mais rien ne m'engage avec lui ; et comme il te parle quelquefois, et que tu crois qu'il m'aime, je venais te dire qu'il faut que tu le disposes adroitement à se tranquilliser sur mon chapitre. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  49. Avec autant de raison que vous en avez, comment pouvez-vous être infidèle ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  50. Infidèle soit, puisque tu veux que je le sois ; crois-tu me faire peur avec ce grand mot-là ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  51. Il y a comme cela des mots dont on épouvante les esprits faibles, qu'on a mis en crédit, faute de réflexion, et qui ne sont pourtant rien. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  52. Madame, que dites-vous là ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  53. Comme vous êtes aguerrie là-dessus ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  54. Ce coeur qui manque à sa parole, quand il en donne mille, il fait sa charge ; quand il en trahit mille, il la fait encore : il va comme ses mouvements le mènent, et ne saurait aller autrement. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  55. Qu'est-ce que c'est que l'étalage que tu me fais là ? (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  56. Bien loin que l'infidélité soit un crime, c'est que je soutiens qu'il ne faut pas un moment hésiter d'en faire une, quand on en est tentée, à moins que de vouloir tromper les gens, ce qu'il faut éviter, à quelque prix que ce soit. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  57. Si clair, que je m'examine à présent, pour savoir si je ne serai pas moi-même obligée d'en faire une. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  58. Dorante est en vérité plaisant ; n'oserais-je, à cause qu'il m'aime, distraire un regard de mes yeux ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  59. N'appartiendra-t-il qu'à lui de me trouver jeune et aimable ? (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  60. Que je me dévoue à la plus triste stérilité de plaisir qu'il soit possible ? (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  61. C'est apparemment ce qu'il prétend. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  62. Sans doute ; avec ces Messieurs-là, voilà comment il faudrait vivre ; si vous les en croyez, il n'y a plus pour vous qu'un seul homme, qui compose tout votre univers ; tous les autres sont rayés, c'est autant de mort pour vous, quoique votre amour-propre n'y trouve point son compte, et qu'il les regrette quelquefois : mais qu'il pâtisse ; la sotte fidélité lui a fait sa part, elle lui laisse un captif pour sa gloire ; qu'il s'en amuse comme il pourra, et qu'il prenne patience. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  63. Les hommes, quand ils ont envie de nous quitter, y font-ils tant de façons ? (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  64. Tu te moques de moi ; le Chevalier m'aime, il ne me déplaît pas : je ne ferai pas la moindre violence à mon penchant. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  65. Allons, allons, Madame, à présent que je suis instruite, les amants délaissés n'ont qu'à chercher qui les plaigne ; me voilà bien guérie de la compassion que j'avais pour eux. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  66. Ce n'est pas que je n'estime Dorante ; mais souvent, ce qu'on estime ennuie. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  67. Je me sauve de ses plaintes qui m'attendent ; saisis ce moment pour m'en débarrasser. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  68. Madame, j'arrive, et vous me fuyez ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  69. Un instant à la lettre, au moins ; car j'ai peur qu'il ne me vienne compagnie. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  70. Que me veut-il donc, cet amour ? (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  71. Madame, de l'air dont vous m'écoutez, je vois bien que je vous ennuie. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  72. Vous me désespérez. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  73. Faut-il que je vous aime encore, après d'aussi cruelles réponses que celles que vous me faites ! (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  74. Ce style-là ne me corrigera guère. (Acte 1, scène 5, LA COMTESSE)
  75. Ce n'est pas un crime de vous paraître aimable. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  76. Ce n'est pas ma faute, s'il ne m'est pas venu ; il vous est fort permis de souhaiter que j'en aie ; mais de venir me reprocher que je n'en ai point, cela n'est pas raisonnable. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  77. Les sentiments de votre coeur ne font pas la loi du mien ; prenez-y garde : vous traitez cela comme une dette, et ce n'en est pas une. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  78. Accoutumez-vous à penser que vos soupirs ne m'obligent point à les accompagner des miens, pas même à m'en amuser : je les trouvais autrefois plus supportables ; mais je vous annonce que le ton qu'ils prennent aujourd'hui m'ennuie ; réglez-vous là-dessus. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  79. Encore un mot, Madame. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  80. Vous ne m'aimez donc plus ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  81. Je ne me ressouviens pas trop de vous avoir aimé. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  82. Je n'aurai pas le temps : Madame attend compagnie, Monsieur, elle aura peut-être besoin de moi. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  83. Comme elle répond, Monsieur ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  84. La fidélité n'est bonne à rien ; c'est mal fait que d'en avoir ; de beaux yeux ne servent de rien, un seul homme en profite, tous les autres sont morts ; il ne faut tromper personne : avec cela on est enterrée, l'amour-propre n'a point sa part ; c'est comme si on avait cent ans. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  85. Ce n'est pas qu'on ne vous estime ; mais l'ennui s'y met : il vaudrait autant être vieille, et cela vous fait tort. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  86. Quel étrange discours me tiens-tu là ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  87. Veux-tu dire qu'on m'aime ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  88. Aime-t-on le Chevalier ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  89. C'est un fort aimable homme. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  90. Et de moi, suivante de mon âme, qu'en fais-tu ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  91. Vous me paraissez bien affligé, Dorante. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  92. On me trahit, Madame, on m'assassine, on me plonge le poignard dans le sein ! (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  93. On m'étouffe, Madame, on m'égorge, on me distingue ! (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  94. D'elle-même, Madame. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  95. Pourrais-je vous demander un moment d'entretien ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  96. Comme il vous plaira ; j'avais même envie de vous parler sur ce qui nous vient d'arriver. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  97. Nous voilà tous trois sur le pavé : car vous y êtes aussi, vous, Madame. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  98. Votre Chevalier ne vaut pas mieux que notre Comtesse et notre Lisette, et nous sommes trois coeurs hors de condition. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  99. Vous le voyez, Madame. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  100. Pourquoi n'est-ce pas vous que j'aime ? (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  101. Dorante, tâchez de m'aimer. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  102. La réponse n'est pas flatteuse, mais vous me la devez dans l'état où vous êtes. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  103. Madame, je vous demande pardon ; je ne sais ce que je dis : je m'égare. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  104. Vous êtes aimable, sans doute, il n'est pas difficile de le voir, et j'ai regretté cent fois de n'y avoir pas fait assez d'attention ; cent fois je me suis dit... (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  105. Plus vous continuerez vos compliments, plus vous me direz d'injures : car ce ne sont pas là des douceurs, au moins. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  106. Vous avez raison, il faut que je vous aime : il n'y a que ce moyen-là de punir la perfide que j'adore. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  107. Et sans qu'il vous en coûte la peine de m'aimer. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  108. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  109. Il me le paraissait. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  110. Était-elle persuadée que vous l'aimiez de même ? (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  111. Mais du Chevalier, qui vous a quittée et qui l'aime, qu'en ferons-nous ? (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  112. Si la Comtesse croit l'aimer, elle se trompe : elle n'a voulu que me l'enlever. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  113. Si elle croit ne vous plus aimer, elle se trompe encore ; il n'y a que sa coquetterie qui vous néglige. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  114. Voici comment il faut s'y prendre... (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  115. Mais on vient ; remettons à concerter ce que j'imagine. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  116. Voilà tout ce que j'en ai : mais il y a là-bas un coquin qui demande à parler à Madame ; voulez-vous qu'il entre, ou que je le batte ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  117. La vilaine connaissance que vous avez là, Madame ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  118. C'est un garçon adroit et fin, tout valet qu'il est, et dont j'ai fait mon espion auprès de son maître et de la Comtesse : voyons ce qu'il nous dira ; car il est bon d'être extrêmement sûr qu'ils s'aiment. (Acte 1, scène 10, LA MARQUISE)
  119. Je t'en prépare une qui ne me coûtera pas une syllabe. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  120. Qu'as-tu à me dire ? (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  121. Mais, Madame, puis-je parler devant Monsieur ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  122. Cela pourra même occuper Monsieur. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  123. Dès que je vous eus promis, Madame, d'observer ce qui se passerait entre mon maître et la Comtesse, je me mis en embuscade... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  124. Excusez, Madame, je ne finis point quand j'abrège. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  125. Le Chevalier m'aime-t-il encore ? (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  126. Et sans doute il aime la Comtesse ? (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  127. Bon, l'aimer ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  128. Son coeur est brûlant, Madame ; il est perdu d'amour. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  129. Et la Comtesse ne le hait pas apparemment ? (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  130. Je me meurs ! (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  131. J'ai de sûrs témoins de ce que j'avance, mes yeux et mes oreilles... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  132. Mais cela suffit ; ils s'aiment, voilà son histoire finie. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  133. Je les suis de loin ; ils entrèrent dans le bois, j'y entre aussi ; ils tournent dans une allée, moi dans le taillis ; ils se parlent, je n'entends que des voix confuses ; je me coule, je me glisse, et de bosquet en bosquet, j'arrive à les entendre et même à les voir à travers le feuillage... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  134. Car, comme il est Gascon, je le deviens en ce moment, tout Manceau que je suis ; parce qu'on peut tout, quand on est exact, et qu'on sert avec zèle. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  135. Or, ce portrait, Madame, dont je ne voyais que le menton avec un bout d'oreille, était celui de la Comtesse. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  136. Oui, disait-elle, on dit qu'il me ressemble assez. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  137. Allons, allons, vous me flattez, disait la Comtesse, en le regardant d'un oeil étincelant d'amour-propre ; vous me flattez. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  138. Non, Madame, ou qué la pesté m'étouffe ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  139. Jé vous dégrade moi-même, en parlant dé vos charmés : sandis ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  140. Aucune expression n'y peut atteindre ; vous n'êtes fidélément rendue qué dans mon coeur. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  141. N'y sommes-nous pas toutes deux, la Marquise et moi ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  142. Vous m'en occuperiez mille dé coeurs, si jé les avais ; mon amour ne sait où sé mettre, tant il surabonde dans mes paroles, dans mes sentiments, dans ma pensée ; il sé répand partout, mon âme en régorge. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  143. Quand la Comtesse retirait la main, il se jetait sur la peinture ; quand elle redemandait la peinture, il reprenait la main : lequel mouvement, comme vous voyez, faisait cela et cela, ce qui était tout à fait plaisant à voir. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  144. Non, je dis à Madame que je trouve cela comique. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  145. Madame, au nom dé vos grâcés innombrables, nantissez-moi dé la ressemblance, en attendant la personne ; accordez cé rafraîchissement à mon ardeur... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  146. Félicité dé mon âme ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  147. Et c'est Monsieur qui fournit le troisième. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  148. je n'y entends rien, moi ; mais je me les imagine. (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  149. Les fragments qui me restent sont d'un goût choisi. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  150. Les gages de la commission courent-ils toujours, Madame ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  151. Ce non-là, si je m'y connais, me casse sans réplique, et je n'ai plus qu'une révérence à faire. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  152. J'avoue que ses récits m'ont fait souffrir ; mais je me soutiendrai mieux dans la suite. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  153. jamais elle ne me donna son portrait. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  154. Nous n'avons pas eu le temps de digérer notre idée ; mais en attendant, souvenez-vous que vous m'aimez, qu'il faut qu'on le croie, que voici votre rival, et qu'il s'agit de lui paraître indifférent. (Acte 1, scène 15, LA MARQUISE)
  155. On dit qué tu aimes la Comtessé ; moi, jé n'en crois rien, et c'est entré lé oui et lé non qué gît lé petit cas dé conscience qué jé t'apporte. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  156. Tu l'as dit ; ma délicatessé sé fait bésoin dé ton indifférence pour elle : j'aime cetté dame. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  157. Dès qué jé l'aime, tout est dit ; épargne ma modestie. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  158. Parlons simplement : t'aime-t-elle ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  159. Oui, té dis-je, ses yeux ont déjà là-dessus entamé la matière ; ils mé sollicitent lé coeur, ils démandent réponsé : mettrai-je bon au bas dé la réquête ? (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  160. C'est ton agrément qué j'attends. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  161. Elle-même. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  162. Jé t'informe qué nous férons assaut dé noces. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  163. Moi, jé suis ton serviteur du temps passé, du présent et dé l'avénir ; toi dé même apparemment ? (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  164. Apparemment. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  165. Tu lui as confié qué j'aimé la Comtesse, et qu'ellé m'aime ; qu'en dit-ellé ? (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  166. Monsieur, vous n'y songez pas ; il faut revoir la Marquise, entretenir son amour, sans quoi vous êtes un homme mort, enterré, anéanti dans sa mémoire. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  167. meurs dans une mémoire, jé ressuscite dans une autre ; n'ai-je pas la mémoire dé la Comtesse où jé révis ? (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  168. Dorante y est mort de même, d'un coup de caprice. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  169. Mais voici Lisette ; vous devriez me procurer la faveur de sa maîtresse auprès d'elle. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  170. Monsieur, Madame vous demande. (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  171. J'y cours, Lisette : mais remets cé faquin dans son bon sens, jé té prie ; tu mé l'as privé dé cervelle ; il m'entretient qu'il t'aime. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  172. Que ne me prend-il pour sa confidente ? (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  173. Ma charmante, je vous aime : vous voilà aussi savante que moi. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  174. Vous avez raison, votre aventure a bonne mine : la Comtesse vous aime ; vous êtes Gascon, moi Manceau, voilà de grands titres de fortune. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  175. Arlequin, je te vois à tout moment chercher Lisette, et courir après elle. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  176. si je veux l'attraper, il faut bien que je coure après, car elle me fuit. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  177. Assurément ; il n'y a que le mien qui ait la préférence, comme de raison : d'abord moi, ensuite vous ; voilà comme cela est arrangé dans mon esprit ; et puis le reste du monde va comme il peut. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  178. Si tu me préfères à un autre, il s'agit de prendre ton parti sur le chapitre de Lisette. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  179. Non, mais je te défends d'en parler jamais à Lisette, je veux même que tu l'évites ; je veux que tu la quittes, que tu rompes avec elle. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  180. Monsieur, vous avez là des volontés qui ne ressemblent guère aux miennes : pourquoi ne nous accordons-nous pas aujourd'hui comme hier ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  181. C'est que les choses ont changé ; c'est que la Comtesse pourrait me soupçonner d'être curieux de ses démarches, et de me servir de toi auprès de Lisette pour les savoir : ainsi, laisse-la en repos ; je te récompenserai du sacrifice que tu me feras. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  182. Monsieur, le sacrifice me tuera, avant que les récompenses viennent. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  183. Quand on me donnerait la Marquise par-dessus le marché, on me volerait encore. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  184. Lequel aimes-tu mieux, de ton congé, ou de Marton ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  185. Ton congé, tu le connaîtras dès aujourd'hui, si tu ne suis pas mes ordres ; ce n'est même qu'en les suivant que tu serais regretté de Lisette. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  186. Elle me regrettera ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  187. J'obéis, à condition qu'on me regrettera, au moins. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  188. À propos, garde le secret sur la défense que je te fais de voir Lisette : comme c'était de mon consentement que tu l'épousais, ce serait avoir un procédé trop choquant pour la Comtesse, que de paraître m'y opposer ; je te permets seulement de dire que tu aimes mieux Marton, que la Marquise te destine. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  189. Ne craignez rien, il n'y aura là-dedans que la Marquise et moi de malhonnêtes : c'est elle qui me fait présent de Marton, c'est moi qui la prends ; c'est vous qui nous laissez faire. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  190. Mais on me regrettera. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  191. Oui, Madame. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  192. Ma foi, Madame, je commence à croire que nous réussirons ; je la vois déjà très étonnée de ma façon d'agir avec elle : elle qui s'attend à des reproches, je l'ai vue prête à me demander pourquoi je ne lui en faisais pas. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  193. Je l'attends aux larmes : êtes-vous contente ? (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  194. Et votre Chevalier, comment en agit-il ? (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  195. Ne m'en parlez point ; tâchons de le perdre, et qu'il devienne ce qu'il voudra : mais j'ai chargé un des gens de la Comtesse de savoir si je pouvais la voir, et je crois qu'on vient me rendre réponse. (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  196. Oui, Madame, la voilà qui arrive. (Acte 2, scène 2, LE6LAQUAIS)
  197. Quittez-moi : il ne faut pas dans ce moment-ci qu'elle nous voie ensemble, cela paraîtrait affecté. (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  198. Je viens vous trouver moi-même, Marquise : comme vous me demandez un entretien particulier, il s'agit apparemment de quelque chose de conséquence. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  199. Je n'ai pourtant qu'une question à vous faire, et comme vous êtes naturellement vraie, que vous êtes la franchise, la sincérité même, nous aurons bientôt terminé. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  200. Je vous entends : vous ne me croyez pas trop sincère ; mais votre éloge m'exhorte à l'être, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  201. Pour commencer à l'être, je vous dirai que je n'en sais rien. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  202. Si je vous demandais : Le Chevalier vous aime-t-il ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  203. Me diriez-vous ce qui en est ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  204. Non, Marquise, je ne veux pas me brouiller avec vous, et vous me haïriez si je vous disais la vérité. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  205. Vous ne pourriez pas me la tenir, je vous en dispenserais moi-même : il y a des mouvements qui sont plus forts que nous. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  206. Nous y voilà ; et peut-être l'avez-vous pensé vous-même ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  207. Et après cela, j'irais vous dire qu'il m'aime ! (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  208. Vous ne me le conseilleriez pas. (Acte 2, scène 3, LA COMTESE)
  209. Je voudrais l'avoir perdu : je souhaite de tout mon coeur qu'il vous aime. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  210. Vous me rassurez ; ce n'est pas qu'il n'ait tort ; vous êtes si aimable qu'il ne devait plus avoir des yeux pour personne : mais peut-être vous était-il moins attaché qu'on ne l'a cru. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  211. Non, il me l'était beaucoup ; mais je l'excuse : quand je serais aimable, vous l'êtes encore plus que moi, et vous savez l'être plus qu'une autre. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  212. Vous n'êtes point si charmée, Marquise ; je vous disais bien que vous me manqueriez de parole : vos éloges baissent. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  213. Je m'accommode pourtant de celui-ci, j'y sens une petite pointe de dépit qui a son mérite : c'est la jalousie qui me loue. (Acte 2, scène 3, LA COMTESE)
  214. À votre avis, un compliment qui finit par m'appeler coquette ne viendrait pas d'elle ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  215. Oui-da ; mais ce n'est pas assez qu'un peu : ne vous refusez pas le plaisir de me dire que je la suis beaucoup, cela n'empêchera pas que vous ne la soyez autant que moi. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  216. Je n'en donne pas tout à fait les mêmes preuves. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  217. C'est qu'on ne prouve que quand on réussit ; le manque de succès met bien des coquetteries à couvert : on se retire sans bruit, un peu humiliée, mais inconnue, c'est l'avantage qu'on a. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  218. Je ne chicanerai pas ce dédain-là : mais quand l'amour-propre se sauve, voilà comme il parle. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  219. Vous l'aimez, sans doute ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  220. Pas mal ; mais je vais l'aimer davantage, afin qu'il vous résiste mieux. On a besoin de toutes ses forces avec vous. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  221. Je ne combats qu'à cette condition-là, afin que vous n'ayez rien à me dire. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  222. J'avais aussi beau jeu que vous, quand vous me l'avez ôté ; je pourrais donc vous l'enlever de même. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  223. Cette femme-là perd la tête ; sa jalousie l'égare ; elle est à plaindre ! (Acte 2, scène 4, LA-COMTESE)
  224. Madame, je vous demande pardon, je me trompe ; j'ai cru de loin voir tout à l'heure la Marquise ici, et dans ma préoccupation je vous ai prise pour elle. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  225. Madame, c'est une suite de conversation que nous avons eu ensemble, et que je lui rappelais. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  226. Je veux que vous me le disiez. (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  227. Je vous dis, Madame, que ce n'est qu'une bagatelle dont j'ai peine à me ressouvenir moi-même. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  228. C'est, je pense, qu'elle avait la curiosité de savoir comment j'étais dans votre coeur. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  229. C'est moi, qui par hasard, en croyant l'aborder, me suis servi de ce terme-là, sans savoir pourquoi. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  230. Pour un homme d'esprit, vous vous tirez mal d'affaire, Dorante ; car il y a quelque mystère là-dessous. (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  231. Je vois bien que je ne réussirais pas à vous persuader le contraire, Madame ; parlons d'autre chose. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  232. La Marquise en attend ; elle aime les nouvelles, et je suis sûr que ses amis ne les lui épargneront pas, s'il y en a. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  233. Votre embarras me fait pitié. (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  234. Madame, vous revenez encore à cette bagatelle-là ? (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  235. Vous en aurez toujours beaucoup, Madame ; et si celui que vous y aviez est un peu diminué, ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  236. Je me sauve pourtant, dans la crainte de céder à celui qui vous reste. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  237. Il mé paraît qué ma Comtesse rêve, qu'ellé tombé dans lé récueillément. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  238. Oui, je vois la Marquise et Dorante dans une affliction qui me chagrine ; nous parlions tantôt de mariage, il faut absolument différer le nôtre. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  239. Vous n'avez pas remarqué leurs mouvements comme moi ? (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  240. Nous ne sommes pas si pressés. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  241. Si pressé qué j'en meurs, sandis ! (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  242. Si lé cas réquiert uné victime, pourquoi mé donner la préférence ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  243. Je ne saurais me résoudre à les désespérer, Chevalier. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  244. Faisons-nous justice ; notre commerce a un peu l'air d'une infidélité, au moins. (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  245. Ces gens-là ont pu se flatter que nous les aimions, il faut les ménager ; je n'aime à faire de mal à personne : ni vous non plus, apparemment ? (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  246. Ce sont vos amis comme les miens : accoutumons-les du moins à se douter de notre mariage. (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  247. Mais, pour les accoutumer, il faut qué jé vive ; et jé vous défie dé mé garder vivant, vous né mé conduirez pas au terme. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  248. Tâchons dé les accoutumer à moins dé frais : la modé dé mourir pour la consolation dé ses amis n'est pas venue, et dé plus, qué nous importe qué ces deux affligés nous disent : Partez ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  249. De quel arrangement parlez-vous ? (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  250. Voulez-vous dire qu'ils s'aiment ? (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  251. Exprimez-vous comme un autre. (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  252. Monsieur, si vous me prouvez que ces gens-là s'aiment, qu'ils sentent de la douceur à se voir ; si vous me le prouvez, je vous épouse demain, je vous épouse ce soir. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  253. Prouvez-moi seulement qu'ils se consolent ; je ne demande que cela. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  254. Jé vous tiens, et jé vous informe qué la Marquise a donné charge à Frontin dé nous examiner, dé lui apporter un état dé nos coeurs ; et j'avais oublié dé vous lé dire. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  255. Oui, Monsieur, et même avec Dorante ; il n'y a pas longtemps que je les quitte. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  256. Raconte-nous comment ils sé comportent. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  257. Par bonté d'âme, Madame a peur dé les désespérer : moi jé dis qu'ils sé consolent. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  258. À merveille. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  259. Madame peut vous épouser en toute sûreté : de désespoir, je n'en vois pas l'ombre. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  260. Vous m'excuserez, Madame, le désespoir est connaissable. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  261. Si c'étaient de ces petits mouvements minces et fluets, qui se dérobent, on peut s'y tromper ; mais le désespoir est un objet, c'est un mouvement qui tient de la place. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  262. Il vous dit vrai. J'ai tantôt rencontré Dorante, jé lui ai dit : J'aime la Comtessé, j'ai passion pour elle. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  263. Garde-la, m'a-t-il dit tranquillement. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  264. La paix dans le coeur d'un homme qui m'aimait de la passion la plus vive qui fut jamais ! (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  265. Je lui crois pourtant l'âme plus tendre que vous, soit dit en passant. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  266. Ce n'est pas votre faute : chacun aime autant qu'il peut, et personne n'aime autant que lui. Voilà pourquoi je le plains. (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  267. Quel raisonnement ! (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  268. Et Dorante m'a révoqué, il me doit mes appointements. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  269. Laisse là tes appointements. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  270. Frontin, m'ont-ils dit tantôt en parlant de vous deux, s'aiment-ils un peu ? (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  271. Beaucoup, Monsieur ; extrêmement, Madame, extrêmement, ai-je dit en tranchant. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  272. Rien ne remue ; la Marquise bâille en m'écoutant, Dorante ouvre nonchalamment sa tabatière, c'est tout ce que j'en tire. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  273. Madame, je m'y ferais hacher. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  274. Sachez qu'ils s'aiment, et qu'ils m'ont dit eux-mêmes de vous l'apprendre. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  275. Eux-mêmes ! (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  276. Que n'as-tu commencé par nous dire cela, ignorant que tu es ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  277. Grossièrement même. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  278. Par ma foi, j'y suis : c'est qu'ils ont envie de vous mettre en peine. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  279. Je ne m'étonne pas si Dorante, en regardant sa montre, ne la regardait pas fixement, et faisait une demi-grimace. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  280. Point du tout : ne vous alarmez point ; Dorante s'est trop mal conduit pour mériter des égards... (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  281. Elle-même. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  282. Je la connais ; je gagerais qu'elle vient finement, à son ordinaire, m'insinuer qu'ils s'aiment, Dorante et elle. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  283. Il m'est revenu que vous retardiez votre mariage avec le Chevalier, par ménagement pour moi. Je vous suis obligée de l'attention, mais je n'en ai pas besoin. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  284. Réjouissez-vous hardiment ; la nouvelle est bonne. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  285. Que la vanité fait jouer de plaisants rôles à de certaines femmes ! (Acte 2, scène 9, LA COMTESSE)
  286. Car celle-ci meurt de dépit. (Acte 2, scène 9, LA COMTESSE)
  287. Ce qu'il me dit là me fait venir une idée : les petites finesses de la Marquise méritent d'être punies. (Acte 2, scène 9, LA-COMTESE)
  288. Voyons si Dorante, qui l'aime tant, sera insensible à ce que je vais faire. (Acte 2, scène 9, LA COMTESE)
  289. J'entends bian, Madame. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  290. Mon père vous le dira, Madame. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  291. C'est, ne vous déplaise, Madame, qu'Arlequin est un mal-appris ; mais que les pus mal-appris de tout ça, c'est Monsieur Dorante et Madame la Marquise, qui ont eu la finesse de manigancer la volonté d'Arlequin, à celle fin qu'il ne voulît pus d'elle ; maugré qu'alle en veuille bian, comme je me doute qu'il en voudrait peut-être bian itou, si an le laissait vouloir ce qu'il veut, et qu'an n'y boutît pas empêchement. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  292. Et quel empêchement ? (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  293. Oui, Madame ; par le mouyen d'une fille qu'ils appelont Marton, que Madame la Marquise a eu l'avisement d'inventer par malice, pour la promettre à Arlequin. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  294. En disant, comme ça, que faut qu'ils s'épousient à Paris, a mijaurée et li, dans l'intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice, qui n'est rien qu'un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vôtre, Madame, se gobarger de nous trois ; et c'est touchant ça que je venons vous demander justice. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  295. Allez, Lisette, ne vous affligez pas : laissez la Marquise proposer tant qu'elle voudra ses Martons ; je vous en rendrai bon compte, car c'est cette femme-là, que je ménageais tant, qui m'attaque là-dedans. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  296. Dorante n'y a d'autre part que sa complaisance : mais peut-être me reste-t-il encore plus de crédit sur lui qu'elle ne se l'imagine. (Acte 2, scène 10, LA COMTESE)
  297. Arlequin vient de me traiter avec une indifférence insupportable ; il semble qu'il ne m'ait jamais vue : voyez de quoi la Marquise se mêle ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  298. Empêcher qu'une fille ne soit la femme du monde ! (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  299. Oui ; mais le remède ne me vaudra rien. (Acte 2, scène 10, FRONTIN)
  300. Non, Monsieur ; je le croyais, tandis qu'Arlequin m'aimait : mais je vois que je me suis trompée, depuis qu'il me refuse. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  301. Qué répondre à cé coeur dé femme ? (Acte 2, scène 10, LE CHEVALIER)
  302. Et moi, je trouve que ce coeur de femme a raison, et ne mérite pas votre réflexion satirique ; c'est un homme qui l'aimait, et qui lui dit qu'il ne l'aime plus ; cela n'est pas agréable, elle en est touchée : je reconnais notre coeur au sien ; ce serait le vôtre, ce serait le mien en pareil cas. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  303. De tout mon coeur, Madame. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  304. Monsieur, cette femme que vous louez tant, jalouse de moi parce que le Chevalier la quitte, comme si c'était ma faute, va, pour m'attaquer pourtant, chercher de petits détails qui ne sont pas en vérité dignes d'une incomparable telle que vous la faites, et ne croit pas au-dessous d'elle de détourner un valet d'aimer une suivante. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  305. Parce qu'elle sait que nous voulons les marier, et que je m'intéresse à leur mariage, elle imagine, dans sa colère, une Marton qu'elle jette à la traverse ; et ce que j'admire le plus dans tout ceci, c'est de vous voir vous-même prêter les mains à un projet de cette espèce ! (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  306. Vous-même, Monsieur ! (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  307. Qu'il me soit venu dans l'esprit, à moi, que vous vous y intéressez encore ? (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  308. Arlequin se plaignait d'une infidélité que lui faisait Lisette ; il perdait, disait-il, sa fortune : on prend quelquefois part aux chagrins de ces gens-là ; et la Marquise, pour le dédommager, lui a, par bonté, proposé le mariage de Marton qui est à elle ; il l'a acceptée, l'en a remerciée : voilà tout ce que c'est. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  309. Laissez-nous, Monsieur le Chevalier, vous direz votre sentiment quand on vous le demandera. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  310. Dorante, qu'il ne soit plus question de cette petite intrigue-là, je vous prie ; car elle me déplaît. (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  311. Je me flatte que c'est assez vous dire. (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  312. Attendez, Madame, appelons quelqu'un ; mon valet est peut-être là... (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  313. Oui, mais, Madame, observez qu'il faut que je m'en embarrasse, moi ; je ne saurais en décider sans elle. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  314. C'est à moi, sur ce pied-là, à vous prier d'excuser le ton dont je l'ai pris, il ne me convenait point. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  315. J'étais pourtant venu pour savoir une chose ; voudriez-vous bien m'en instruire, Madame ? (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  316. Vous savez celle-ci, Madame. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  317. Doucément, diviné Comtesse, jé tombe en délire ! (Acte 2, scène 11, LE CHEVALIER)
  318. jé perds haleine dé ravissément ! (Acte 2, scène 11, LE CHEVALIER)
  319. L'indigne homme ! (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  320. Oui, Madame. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  321. Comtesse, votre jardiner m'apprend que vous êtes fâchée contre moi : je viens vous demander pardon de la faute que j'ai faite sans le savoir ; et c'est pour la réparer que je vous amène ce garçon-cI. Arlequin, quand je vous ai promis Marton, j'ignorais que Madame pourrait s'en choquer, et je vous annonce que vous ne devez plus y compter. (Acte 2, scène 12, LA MARQUISE)
  322. Je vous donne quittance ; mais on dit que Blaise est venu vous demander justice contre moi, Madame : je ne refuse pas de la faire bonne et prompte ; il n'y a qu'à appeler le notaire ; et s'il n'y est pas, qu'on prenne son clerc, je m'en contenterai. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  323. Renvoyez votre valet, Monsieur ; et vous, Madame, je vous invite à lui tenir parole : je me charge même des frais de leur noce ; n'en parlons plus. (Acte 2, scène 12, LA-COMTESE)
  324. Si vous n'étiez pas ici, moi et mon maître, nous aurions bravement tous deux épousé notre Comtesse et notre Lisette, et nous n'aurions pas votre Marquise et sa Marton sur les bras. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  325. C'est démencé d'amour. (Acte 2, scène 12, LE CHEVALIER)
  326. Comtesse, sommes-nous bonnes amies à présent ? (Acte 2, scène 12, LA MARQUISE)
  327. Les meilleures du monde, assurément, et vous êtes trop bonne. (Acte 2, scène 12, LA-COMTESE)
  328. Laissons-leur ces moments-ci, et allons, de notre côté, songer à ce qui nous regarde. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  329. Adieu, Chevalier, je vous fais mes compliments ; à tantôt. (Acte 2, scène 12, LA MARQUISE)
  330. Comment ! (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  331. Adieu ; ne me suivez pas... (Acte 2, scène 13, LA-COMTESE)
  332. Il est même nécessaire que vous ne me voyiez pas si tôt. (Acte 2, scène 13, LA COMTESE)
  333. Quand j'aurai besoin de vous, je vous en informerai. (Acte 2, scène 13, LA COMTESE)
  334. Jé démeure muet : jé sens qué jé périclite. (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  335. Cette femme est plus femme qu'une autre. (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  336. Mais dé grâce, Lisette, priez-la dé ma part que jé la voie un moment. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  337. Oui, car moi sors de la terrasse, je viens de l'apercevoir se promenant dans la galerie. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  338. C'est ce qui me semble. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  339. J'ai même un petit soupçon qué tu né m'aimes pas. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  340. D'où vient qué nous différons dé sentiments ? (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  341. Je n'en sais rien ; c'est qu'apparemment il faut de la variété dans la vie. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  342. Je crois que nous sommes aussi très variés tous deux. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  343. Oui, si vous m'aimez encore ; sinon, nous sommes uniformes. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  344. Tant que je peux : mais pas autrement qu'en lui parlant contre vous ; car je voudrais qu'elle ne vous aimât pas ; je vous l'avoue, je ne trompe personne. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  345. C'est du moins parler cordialement. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  346. Non ; faites plutôt comme moi, Monsieur, ne m'aimez pas. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  347. Jé veux qué tu m'aimes, et tu m'aimeras, cadédis ! (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  348. Tu m'aimeras ; jé l'entréprends, jé mé lé promets. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  349. Prends, té dis-je, et mé dis seulement cé qué ta maîtresse projette. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  350. Par exemple, j'ai le dessein de vous quitter, si vous n'avez pas celui de me quitter vous-même. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  351. Adieu, le plus disgracié de tous les hommes. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  352. Il me sera inutile d'avoir oublié tes impertinences ; le diable a entrepris de me faire épouser Marton ; il n'en démordra pas ; il me la garde. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  353. Allons, allons, dégourdis-toi, puisque tu m'aimes. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  354. Dis ce que tu me veux. (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  355. Il ne faut pas que Madame y soit. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  356. Oui : c'est Lisette qui demande Monsieur, et il n'est pas à propos que vous le sachiez, Madame. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  357. C'est apparemment de la part de la Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  358. Me siérait-il de faire le cruel ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  359. Nous touchons au terme, et nous manquons notre coup, si vous allez si vite. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  360. Ne vous y trompez point, les mouvements qu'on se donne sont encore équivoques ; il n'est pas sûr que ce soit de l'amour ; j'ai peur qu'on ne soit plus jalouse de moi que de votre coeur ; qu'on ne médite de triompher de vous et de moi, pour se moquer de nous deux. Toutes nos mesures sont prises ; allons jusqu'au contrat, comme nous l'avons résolu ; ce moment seul décidera si on vous aime. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  361. L'amour a ses expressions, l'orgueil a les siennes ; l'amour soupire de ce qu'il perd, l'orgueil méprise ce qu'on lui refuse : attendons le soupir ou le mépris ; tenez bon jusqu'à cette épreuve, pour l'intérêt de votre amour même. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  362. Abrégez avec Lisette, et revenez me trouver. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  363. Votre épreuve me fait trembler ! (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  364. Elle est pourtant raisonnable et je m'y exposerai, je vous le promets. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  365. Je soutiens moi-même un personnage qui n'est pas fort agréable, et qui le sera encore moins sur ces fins-ci, car il faudra que je supplée au peu de courage que vous me montrez ; mais que ne fait-on pas pour se venger ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  366. Que me veux-tu, Lisette ? (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  367. Je n'ai qu'un moment à te donner. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  368. Tu vois bien que je quitte Madame la Marquise, et notre conversation pourrait être suspecte dans la conjoncture où je me trouve. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  369. Ne me retiens point, Lisette : que me veux-tu ? (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  370. Eh, doucement ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  371. Vous ressouvenez-vous que j'appartiens à Madame_la_Comtesse, Monsieur ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  372. L'avez-vous oubliée elle-même ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  373. Qu'est-ce que c'est que les hommes ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  374. C'est que tes exclamations sur les hommes sont si mal placées, que j'en rougis pour ta maîtresse. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  375. Véritablement l'exclamation est effrontée avec nous ; supprime-la. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  376. Quant à moi, Lisette, dites à Madame_la_Comtesse que je la conjure de vouloir bien remettre notre entretien ; que j'ai, pour le différer, des raisons que je lui dirai ; que je lui en demande mille pardons ; mais qu'elle m'approuvera elle-même. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  377. Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, Monsieur, cette bonne dame est amendée ; je suis persuadé qu'elle vous dira d'excellentes choses pour le renouvellement de votre amour. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  378. En un mot, Lisette, je ne saurais, tu le vois bien ; c'est une entrevue qui inquiéterait la Marquise ; et Madame_la_Comtesse est trop raisonnable pour ne pas entrer dans ce que je dis là : d'ailleurs, je suis sûr qu'elle n'a rien de fort pressé à me dire. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  379. Rien, sinon que je crois qu'elle vous aime toujours. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  380. Et bien tendrement malgré la petite parenthèse ! (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  381. Qu'elle m'aime toujours, Lisette ! (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  382. C'en serait trop, si vous parliez d'après elle ; et l'envie qu'elle aurait de me voir en ce cas-là, serait en vérité trop maligne. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  383. Que Madame_la_Comtesse m'ait abandonné, qu'elle ait cessé de m'aimer, comme vous me l'avez dit vous-même, passe : je n'étais pas digne d'elle ; mais qu'elle cherche de gaieté de coeur à m'engager dans une démarche qui me brouillerait peut-être avec la Marquise, ah ! (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  384. Non, Madame. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  385. Comment ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  386. Oui, Madame, et il est persuadé que vous entrerez dans cette bonne raison qu'il apporte. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  387. Mais ce que tu me dis là est inouï, Lisette. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  388. Est-ce de lui dont tu me parles ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  389. De lui-même ; mais de Dorante qui ne vous aime plus. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  390. Cela n'est pas vrai ; je ne saurais m'accoutumer à cette idée-là, on ne me la persuadera pas ; mon coeur et ma raison la rejettent, me disent qu'elle est fausse, absolument fausse. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  391. Imaginez-vous même que Dorante soupçonne que vous ne voulez le voir que pour inquiéter la Marquise et le brouiller avec elle. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  392. En vérité, cette femme-là n'est pas faite pour m'effacer de son coeur, et je ne m'y attends pas. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  393. Madame, elle n'est que trop aimable. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  394. Je la sais de vous-même. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  395. D'abord vous avez nié que c'en fût une, parce que vous n'aimiez pas Dorante, disiez-vous ; ensuite vous m'avez prouvé qu'elle était innocente ; enfin, vous m'en avez fait l'éloge, et si bien l'éloge, que je me suis mise à vous imiter, ce dont je me suis bien repentie depuis. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  396. Mon enfant, je me trompais ; je parlais d'infidélité sans la connaître. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  397. Je n'en sais rien ; mais je l'aime, et tu m'accables, tu me pénètres de douleur ! (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  398. Un tort que je ne me pardonnerai jamais, et qui ne mérite pas que l'on l'oublie ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  399. Je me condamne, je me suis mal conduite, il est vrai. (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  400. Misérable amour-propre de femme ! (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  401. Voilà ce que vous me coûtez ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  402. J'ai voulu plaire au Chevalier, comme s'il en eût valu la peine ; j'ai voulu me donner cette preuve-là de mon mérite ; il manquait cet honneur à mes charmes ; les voilà bien glorieux ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  403. Bien plus ; c'est que c'est un homme que je hais naturellement quand je m'écoute : un homme que j'ai toujours trouvé ridicule, que j'ai cent fois raillé moi-même, et qui me reste à la place du plus aimable homme du monde. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  404. Ne perdez point le temps à vous affliger, Madame. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  405. Dorante ne sait pas que vous l'aimez encore. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  406. Que veux-tu que je fasse pour un ingrat qui refuse de me parler, Lisette ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  407. Estime infinie, confiance aveugle ; et tu dis que j'ai tort ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  408. Et tout homme qu'on honore de ces sentiments-là n'est pas un perfide quand il les trompe ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  409. Oui, je les avais ; je ne m'embarrassais ni de ses plaintes ni de ses jalousies ; je riais de ses reproches ; je défiais son coeur de me manquer jamais ; je me plaisais à l'inquiéter impunément ; c'était là mon idée ; je ne le ménageais point. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  410. Jamais on ne vécut dans une sécurité plus obligeante ; je m'en applaudissais, elle faisait son éloge : et cet homme, après cela, me laisse ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  411. Calmez-vous donc, Madame ; vous êtes dans une désolation qui m'afflige. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  412. Travaillons à le ramener, et ne crions point inutilement contre lui. Commencez par rompre avec le Chevalier ; voilà déjà deux fois qu'il se présente pour vous voir, et que je le renvoie. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  413. Le haïr autant qu'il est haïssable ; c'est à quoi je le destine, je t'assure : mais il faut pourtant que je le voie, Lisette ; j'ai besoin de lui dans tout ceci ; laisse-le venir ; va même le chercher. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  414. Madame, savez-vous bian ce qui se passe ici ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  415. Vous avise-t-on d'un tabellion qui se promène là-bas dans le jardin avec Monsieur Dorante et cette Marquise, et qui dit comme ça qu'il leur apporte un chiffon de contrat qu'ils li ont commandé, pour à celle fin qu'ils y boutent leur seing par-devant sa parsonne ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  416. Qu'est-ce que vous dites de ça, Madame ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  417. Velà comme ils se gobargeont de ça ; et jarnigoi ! (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  418. Ça me fâche. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  419. Et vous, Madame ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  420. C'est comme une fable ! (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  421. Cette fable me révolte. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  422. Cette Marquise, maugré le marquisat qu'alle a, n'en agit pas en droiture ; an ne friponne pas les amoureux d'une parsonne de voute sorte : et dans tout ça il n'y a qu'un mot qui sarve ; Madame n'a qu'à dire, mon râtiau est tout prêt, et, jarnigué ! (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  423. Tu ne me conseilles rien. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  424. Ils vont s'épouser ici, si je n'y mets ordre. (Acte 3, scène 7, LA COMTESE)
  425. Ma foi, Madame, ce que j'entends là m'indigne à mon tour ; et à votre place, je me soucierais si peu de lui, que je le laisserais faire. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  426. Cela n'empêche pas que je ne l'aime. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  427. Il croit que j'ai tort, tu me l'as dit toi-même, et tu avais raison ; je l'ai abandonné la première : il faut que je le cherche et que je le désabuse. (Acte 3, scène 7, LA COMTESE)
  428. Madame, j'ons vu le temps qu'il me chérissait : estimez-vous que je sois bon pour li parler ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  429. Faites, Madame. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  430. À propos de lettre, je ne songeais pas que j'en ai une sur moi que je lui écrivais tantôt, et que tout ceci me faisait oublier. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  431. Vous né mé mandez pas, vous mé laissez en langueur ; jé mé mande moi-même. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  432. messager m'a paru tardif. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  433. Nos gens vont sé marier, le contrat sé passe actuellement. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  434. Ratifiez mon impatience ; songez qué l'amour gémit d'attendre, qué les besoins du coeur sont pressés, qué les instants sont précieux, qué vous m'en dérobez d'irréparables, et qué jé meurs. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  435. Mais c'est vous qué j'aime, Madame ! (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  436. Mais c'est moi qui ne vous aime point, Monsieur ; je suis fâchée de vous le dire si brusquement ; mais il faut bien que vous le sachiez. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  437. Je vous parle très sérieusement. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  438. Vous devez vous être aperçu de mes sentiments. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  439. Comment n'avez-vous pas senti que je n'avais pas envie de conclure ? (Acte 3, scène 8, LA COMTESE)
  440. L'avez-vous vue, comme je vous l'ai recommandé tantôt ? (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  441. Ils ont à s'aimer tous deux, de même qu'ils s'aimaient, Monsieur. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  442. Je n'ai point d'autre parti à vous offrir que de retourner à elle, et je me charge de vous réconcilier. (Acte 3, scène 8, LA COMTESE)
  443. C'est un sentiment qui durera toujours. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  444. Frontin, où en sommes-nous ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  445. Mais, à vue de pays, nous en sommes à rien. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  446. Ce chemin-là n'a pas l'air de nous mener au gîte. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  447. Madame, mon maître et Madame la Marquise envoient savoir s'ils ne vous importuneront pas : ils viennent vous prononcer votre arrêt et le mien ; car je n'épouserai point Lisette, puisque mon maître ne veut pas de vous. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)
  448. Ce que je vais leur dire va vous mettre au fait, Chevalier ; ce ne sera point ma faute, si vous n'êtes pas content. (Acte 3, scène 9, LA-COMTESE)
  449. Eh bien, Madame ! (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  450. Quand il vous plaira, Madame ; c'est à vous à qui je le demande ; son bonheur est entre vos mains ; vous en êtes l'arbitre. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  451. Si je le suis, vous l'épouserez dès aujourd'hui, et vous nous permettrez de joindre notre mariage au vôtre. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  452. Avec qui donc, Madame ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  453. Oui, Comtesse, Madame me fait l'honneur de me donner sa main ; et comme nous sommes chez vous, nous venons vous prier de permettre qu'on nous y unisse. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  454. Nous avons changé votre économie : jé tombé dans lé lot dé Madame la Marquise, et Madame la Comtessé tombé dans lé tien. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  455. nous resterons comme nous sommes. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  456. Laissez-moi parler, Madame, je demande audience : écoutez-moi. Il est temps de vous désabuser, Chevalier : vous avez cru que je vous aimais ; l'accueil que je vous ai fait a pu même vous le persuader ; mais cet accueil vous trompait, il n'en était rien : je n'ai jamais cessé d'aimer Dorante, et ne vous ai souffert que pour éprouver son coeur. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  457. Il vous en a coûté des sentiments pour moi ; vous m'aimez, et j'en suis fâchée : mais votre amour servait à mes desseins. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  458. La faute qu'il a faite est excusable, et je n'ai point à tirer vanité de vous l'avoir dérobé pour quelque temps ; ce n'est point à mes charmes qu'il a cédé, c'est à mon adresse : il ne me trouvait pas plus aimable que vous ; mais il m'a cru plus prévenue, et c'est un grand appât. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  459. Quant à vous, Dorante, vous m'avez assez mal payée d'une épreuve aussi tendre : la délicatesse de sentiments qui m'a persuadée de la faire, n'a pas lieu d'être trop satisfaite ; mais peut-être le parti que vous avez pris vient-il plus de ressentiment que de médiocrité d'amour : j'ai poussé les choses un peu loin ; vous avez pu y être trompé ; je ne veux point vous juger à la rigueur ; je ferme les yeux sur votre conduite, et je vous pardonne. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  460. Je pense qu'il n'est plus temps, Madame, du moins je m'en flatte ; ou bien, si vous m'en croyez, vous serez encore plus généreuse ; vous irez jusqu'à lui pardonner les noeuds qui vont nous unir. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  461. Et moi, Dorante, vous me perdez pour jamais si vous hésitez un instant. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  462. Jé démande audience : jé perds Madame la Marquise, et j'aurais tort dé m'en plaindre ; jé mé suis trouvé défaillant dé fidélité, jé né sais comment, car lé mérite dé Madame m'en fournissait abondance, et c'est un malheur qui mé passe ! (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  463. Il né tient qu'à moi d'user dé réprésailles, et dé dire à Madame_la_Comtesse : Vous mé trompiez, jé vous trompais. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  464. Mais jé né suis qu'un homme, et jé n'aspire pas à cé dégré dé finesse et d'industrie. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  465. Voici lé compte juste ; vous avez contrefait dé l'amour, dites-vous, Madame ; jé n'en valais pas davantage ; mais votre estime a surpassé mon prix. Né rétranchez rien du fatal honneur qué vous m'avez fait : jé vous aimais, vous mé lé rendiez cordialement. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  466. J'achève : jé vous aimais, un peu moins qué Madame. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  467. Passablement, avec quelque réminiscence pour elle. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  468. Laisse là l'histoire qu'on té fait, mon ami ; il fâche Madame qué tu la désertes, qué ses appas restent inférieurs ; sa gloire crie, té rédémande, fait la sirène ; qué son chant té trouve sourd. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  469. Prends un regard dé ces beaux yeux pour té servir d'antidote ; demeure avec cet objet qué l'amour venge dans mon coeur : jé lé dis à régret, jé disputerais Madame dé tout mon sang, s'il m'appartenait d'entrer en dispute ; possède-la, Dorante, bénis lé ciel du bonheur qu'il t'accorde. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  470. Dé toutes les épouses, la plus estimable, la plus digne dé respect et d'amour, c'est toi qui la tiens ; dé toutes les pertes, la plus immense, c'est moi qui la fais ; dé tous les hommes, lé plus ingrat, lé plus déloyal, en même temps lé plus imbécile, c'est lé malheureux qui té parle. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  471. Je ne daigne pas répondre à ce que vous dites sur mon comte, Chevalier : c'est le dépit qui vous l'arrache, et je vous ai dit mes intentions, Dorante ; qu'il n'en soit plus parlé, si vous ne les méritez pas. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  472. Tâchez tous deux de nous oublier encore : vous savez comment cela fait, et cela vous doit être plus aisé cette fois-ci que l'autre. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  473. Dorante, priez Madame de vouloir bien l'honorer de sa signature. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  474. Oui, Madame, si vous nous le permettez. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  475. C'est à Dorante à qui je parle, Madame. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  476. Oui, Madame. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  477. Oui, Madame. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  478. Nous espérons même que le vôtre accompagnera celui-ci. Et vous, Chevalier, ne signerez-vous pas ? (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  479. Présentez la plume à Madame, Monsieur. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  480. Dorante à mes genoux ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  481. Dorante m'aime donc encore ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  482. Et n'a jamais cessé de vous aimer. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  483. C'est elle à qui je devrai votre coeur, si vous me le rendez, Comtesse ; elle a tout conduit. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  484. Comment avez-vous pu feindre si longtemps ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  485. Je ne l'ai pu qu'à force d'amour ; j'espérais de regagner ce que j'aime. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  486. Sommes-nous bonnes amies ? (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  487. Le coeur me dit que oui. (Acte 3, scène 11, LISETTE)
  488. Le mien opine de même. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  489. Et ma volonté se met par-dessus ça. (Acte 3, scène 11, BLAISE)

LE PETIT MAÎTRE CORRIGÉ (1739)

  1. Eh bien, Madame, quand sortirez-vous de la rêverie où vous êtes ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  2. Vous m'avez appelé, me voilà, et vous ne me dites mot. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  3. On va me marier, Marton. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. Eh vraiment, je le sais bien, on n'attend plus que votre oncle pour terminer ce mariage ; d'ailleurs, Rosimond, votre futur, n'est arrivé que d'hier, et il faut vous donner patience. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  5. Patience, est-ce que tu me crois pressée ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. On l'est ordinairement à votre place ; le mariage est une nouveauté curieuse, et la curiosité n'aime pas à attendre. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  7. Heureusement qu'on veut expédier ! (Acte 1, scène 1, MARTON)
  8. Marton, tu es fille d'esprit, comment le trouves-tu ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  9. Il me paraît avoir de l'esprit. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  10. Dans le fond, même, on lui sent un caractère d'honnête homme. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  11. Je le pense comme toi. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  12. Et c'est ce qui me désespère, car cela gâte tout. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  13. Je lui trouve de si sottes façons avec moi, on dirait qu'il dédaigne de me plaire, et qu'il croit qu'il ne serait pas du bon air de se soucier de moi parce qu'il m'épouse... (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  14. Madame, vous en parlez bien à votre aise. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  15. Est-ce que la raison même n'exige pas un autre procédé que le sien ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  16. Je ne suis pas de ce sentiment-là, ni vous non plus ; non, tel que vous le voyez il vous aime ; ne l'ai-je pas fait rougir hier, moi, parce que je le surpris comme il vous regardait à la dérobée attentivement ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  17. Je voudrais être bien sûre de ce que tu me dis là. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  18. Je m'y connais : cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n'a garde de s'en vanter, parce que vous n'allez être que sa femme ; mais je soutiens qu'il étouffe ce qu'il sent, et que son air de petit-maître n'est qu'une gasconnade avec vous. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  19. Eh bien, je t'avouerai que cette pensée m'est venue comme à toi. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  20. Par hasard, n'auriez-vous pas eu la pensée que vous l'aimez aussi ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  21. Franchement c'est grand dommage que ses façons nuisent au mérite qu'il aurait. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  22. Et c'est à quoi je voudrais tâcher ; car, s'il m'aime, il faudra bien qu'il me le dise bien franchement, et qu'il se défasse d'une extravagance dont je pourrais être la victime quand nous serons mariés, sans quoi je ne l'épouserai point ; commençons par nous assurer qu'il n'aime point ailleurs, et que je lui plais ; car s'il m'aime, j'aurai beau jeu contre lui, et je le tiens pour à moitié corrigé ; la peur de me perdre fera le reste. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  23. Je t'ouvre mon coeur, il me sera cher s'il devient raisonnable ; je n'ai pas trop le temps de réussir, mais il en arrivera ce qui pourra ; essayons, j'ai besoin de toi, tu es adroite, interroge son valet, qui me paraît assez familier avec son maître. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  24. C'est à quoi je songeais : mais il y a une petite difficulté à cette commission-là ; c'est que le maître a gâté le valet, et Frontin est le singe de Rosimond ; ce faquin croit apparemment m'épouser aussi, et se donne, à cause de cela, les airs d'en agir cavalièrement, et de soupirer tout bas ; car de son côté il m'aime. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  25. Oui, comme à une soubrette de campagne : mais n'importe, le voici qui vient à nous, laissez-nous ensemble, je travaillerai à le faire causer. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  26. Surtout conduis-toi si adroitement, qu'il ne puisse soupçonner nos intentions. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  27. Mon maître m'envoie savoir comment vous vous portez, Madame, et s'il peut ce matin avoir l'honneur de vous voir bientôt ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  28. Comme qui dirait dans une heure ; il n'est pas habillé. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  29. Que vous n'en savez rien, Madame ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  30. Non, Madame a raison, qui est-ce qui sait ce qui peut arriver dans l'intervalle d'une heure ? (Acte 1, scène 2, MARTON)
  31. Mais, Madame, j'ai peur qu'il ne comprenne rien à ce discours. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  32. Elle est même fantasque. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  33. Je crains le nombre de vos maîtresses, car je vais gager que vous en avez autant que votre maître qui doit en avoir beaucoup ; nous avons entendu dire que c'était un homme fort couru, et vous aussi sans doute ? (Acte 1, scène 3, MARTON)
  34. Très courus ; c'est à qui nous attrapera tous deux, il a pensé même m'en venir quelqu'une des siennes. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  35. Tenez, il est bon de vous mettre là-dessus au fait. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  36. Ecoutez, il n'en est pas de Paris comme de la province, les coutumes y sont différentes. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  37. Oui, en province, par exemple, un mari promet fidélité à sa femme, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  38. À Paris c'est de même ; mais la fidélité de Paris n'est point sauvage, c'est une fidélité galante, badine, qui entend raillerie, et qui se permet toutes les petites commodités du savoir-vivre ; vous comprenez bien ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  39. Je trouve sur mon chemin une personne aimable ; je suis poli, elle me goûte ; je lui dis des douceurs, elle m'en rend ; je folâtre, elle le veut bien, pratique de politesse, commodité de savoir-vivre, pure amourette que tout cela dans le mari ; la fidélité conjugale n'y est point offensée ; celle de province n'est pas de même, elle est sotte, revêche et tout d'une pièce, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  40. Oui, mais ma maîtresse fixera peut-être votre maître, car il me semble qu'il l'aimera assez volontiers, si je ne me trompe. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  41. Vous avez raison, je lui trouve effectivement comme une vapeur d'amour pour elle. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  42. Il y a dans son coeur un étonnement qui pourrait devenir très sérieux ; au surplus, ne vous inquiétez pas, dans les amourettes on n'aime qu'en passant, par curiosité de goût, pour voir un peu comment cela fera ; de ces inclinations-là, on en peut fort bien avoir une demi-douzaine sans que le coeur en soit plus chargé, tant elles sont légères. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  43. À qui que ce soit ; on nous aime beaucoup, mais nous n'aimons point : c'est notre usage. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  44. J'ai peur que ma maîtresse ne prenne cette coutume-là de travers. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  45. Que non, les agréments l'y accoutumeront ; les amourettes en passant sont amusantes ; mon maître passera, votre maîtresse de même, je passerai, vous passerez, nous passerons tous. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  46. Comment donc ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  47. Doucement, voilà la Marquise, la mère de Rosimond qui vient. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  48. Oui, Madame. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  49. Je voulais vous demander ses sentiments, dites-les-moi, vous les savez sans doute, et vous me les apprendrez plus librement qu'elle ; sa politesse me les cacherait, peut-être, s'ils n'étaient pas favorables. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  50. C'est à peu près de quoi nous nous entretenions, Frontin et moi, Madame ; nous disions que Monsieur votre fils est très aimable, et ma maîtresse le voit tel qu'il est ; mais je demandais s'il l'aimerait. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  51. Quand on est faite comme Hortense, je crois que cela n'est pas douteux, et ce n'est pas de lui dont je m'embarrasse. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  52. Frontin vient de me l'expliquer, Madame ; c'est comme un étonnement de coeur, et un étonnement ne dure pas ; sans compter que les commodités de la fidélité conjugale sont un grand article. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  53. Non, Madame, il n'y a qu'un moment que je sais ce que je vous dis là, c'est une instruction que vient de me donner Frontin sur le coeur de son maître, et sur l'agréable économie des mariages de Paris. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  54. Ma foi, Madame, si j'ai tort, c'est la faute du beau monde que j'ai copié ; j'ai rapporté la mode, je lui ai donné l'état des choses et le plan de la vie ordinaire. (Acte 1, scène 4, FRONTIN)
  55. Vous êtes un sot, taisez-vous ; vous pensez bien, Marton, que mon fils n'a nulle_part à de pareilles extravagances ; il a de l'esprit, il a des moeurs, il aimera Hortense, et connaîtra ce qu'elle vaut ; pour toi, je te recommanderai à ton maître, et lui dirai qu'il te corrige. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  56. Mon ingénuité te charme-t-elle encore ? (Acte 1, scène 5, MARTON)
  57. Oh, mais tu tombes à présent dans un excès de raison, tu vas me réduire à te louer. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  58. Il faut pourtant que tu m'aimes. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  59. Doucement, vous redevenez fat. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  60. Je n'ai rien vu de si joli que vous, Marton ; il n'y a point de femme à la cour qui ne s'accommodât de cette figure-là. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  61. Ah, le sot pays, ce me semble. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  62. À propos, ce bon homme qu'on attend de sa terre pour finir notre mariage, cet oncle arrive-t-il bientôt ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  63. Ces messieurs-là, sous prétexte qu'on est leur nièce et leur héritière, s'imaginent qu'on doit faire quelque attention à eux. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  64. Attends, Marton, j'aime à te voir ; tu es la fille du monde la plus amusante. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  65. Comment donc ! (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  66. De quelle humeur est-elle ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  67. D'une humeur peu piquante, assez insipide, elle n'est que raisonnable. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  68. Monsieur, comme je demandais si vous pouviez la voir dans une heure, elle m'a dit qu'elle n'en savait rien. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  69. Point du tout, je vous rends fidèlement la réponse. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  70. Précisément ce qu'il vous rapporte, Monsieur, qu'elle n'en savait rien. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  71. Un moment, Marton, j'avais quelque chose à te dire et je m'en ressouviendrai ; Frontin, m'est-il venu des lettres ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  72. Auriez-vous quelque chose à me dire ? (Acte 1, scène 6, MARTON)
  73. C'est apparemment là une lettre de commerce. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  74. Nous disons, Monsieur, que c'est quelque jolie femme qui vous écrit par amourette. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  75. Doucement, Marton, il ne faut pas dire cela en ce pays-ci, tout serait perdu. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  76. Heureusement qu'on ne me connaîtra pas à vos portraits. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  77. Comment ! (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  78. Mon coeur avait bien à faire là : passe pour dire qu'on me trouve aimable, ce n'est pas ma faute ; mais me donner de l'amour, à moi ! (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  79. C'est un article qu'il fallait épargner à la petite personne qu'on me destine ; la demi-douzaine de maîtresses est même un peu trop ; on pouvait en supprimer quelques-unes ; il y a des occasions où il ne faut pas dire la vérité. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  80. Si je n'avais dit que la vérité, il aurait peut-être fallu les supprimer toutes. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  81. Non, vous ne vous trompiez point, ce n'est pas de quoi je me plains ; mais c'est que ce n'est pas par hasard qu'on vous a fait ces questions-là. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  82. C'est Hortense qui vous les a fait faire, et il aurait été plus prudent de la tranquilliser sur pareille matière, et de songer que c'est une fille de province que je vais épouser, et qui en conclut que je ne dois aimer qu'elle, parce qu'apparemment elle en use de même. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  83. Peut-être qu'elle ne vous aime pas. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  84. Et j'ai cru poliment devoir répondre qu'oui. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  85. Poliment répondre qu'oui ? (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  86. Je me retire. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  87. N'importe ; comme elle a dit qu'elle ne savait pas quand elle pourrait me voir, ce n'est pas à moi à juger qu'elle le peut à présent, et je me retire par respect en attendant qu'elle en décide. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  88. Ma foi, Monsieur, si vous me consultez, ce respect-là ne vaut pas le diable. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  89. Il me semble avoir vu ton maître ici ? (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  90. Oui, Madame, il vient de sortir par respect pour vos volontés. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  91. Comment !... (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  92. J'y cours, Madame, et je lui ferai grand plaisir, car il vous aime de tout son coeur. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  93. Il ne vous en dira peut-être rien, à cause de sa dignité de joli homme. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  94. Il y a des règles là-dessus ; c'est une faiblesse : excusez-la, Madame, je sais son secret, je vous le confie pour son bien ; et dès qu'il vous l'aura dit lui-même, oh ! (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  95. Ce sera bien le plus aimable homme du monde. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  96. Pardon, Madame, de la liberté que je prends ; mais Marton, avec qui je voudrais bien faire une fin, sera aussi mon excuse. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  97. Marton, prends nos intérêts en main ; empêche Madame de nos haïr, car, dans le fond, ce serait dommage, à une bagatelle près, en vérité nous méritons son estime. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  98. Frontin aime son maître, et cela est louable. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  99. Cependant, Marton, il y a des moments où je suis toute prête de laisser là Rosimond avec ses ridiculités, et d'abandonner le projet de le corriger. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  100. Courage, Madame, vous réussirez, vous dis-je ; voilà déjà d'assez bons petits mouvements qui lui prennent ; je crois qu'il est bien embarrassé. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  101. Continuez ; ce n'est pas avec des yeux comme les vôtres qu'on manque son coup ; vous le verrez. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  102. Serait-il vrai que son maître eût de la disposition à m'aimer ? (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  103. Nous le tenons, Madame, et mes observations sont justes. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  104. Mais prétendez-vous qu'il soit tout d'un coup comme un autre ? (Acte 1, scène 9, MARTON)
  105. Le bel air ne veut pas qu'il accoure : il vient, mais négligemment, et à son aise. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  106. S'il va me demander ce que je pense de Rosimond, il m'embarrassera beaucoup, car je ne veux pas lui dire qu'il me déplaît, et je n'ai jamais eu tant d'envie de le dire. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  107. Vous savez combien il m'aime, et les égards qu'on lui doit ; laissons-le achever les affaires qui le retiennent ; différons de quelques jours pour lui en donner le temps. (Acte 1, scène 10, HORTENSE)
  108. C'est que la Marquise me presse, et ce mariage-ci me paraît si avantageux, que je voudrais qu'il fût déjà conclu. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  109. Comment choisir mieux ! (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  110. Biens, naissance, rang, crédit à la cour : vous trouvez tout ici avec une figure aimable, assurément. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  111. Je me rends à vos ordres, Madame ; on m'a dit que vous me demandiez. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  112. Vous avez raison, oui, j'ai chargé Frontin de vous prier, de ma part, de revenir ici ; mais comme vous n'êtes pas revenu sur-le-champ, parce qu'apparemment on ne vous a pas trouvé, je ne m'en ressouvenais plus. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  113. Voilà une distraction dont j'aurais envie de me plaindre. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  114. Mais à propos de distraction, pouvez-vous me voir à présent, Madame ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  115. Tantôt vous ne saviez pas si vous le pouviez, m'a-t-on dit ; et peut-être est-ce encore de même ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  116. Vous ne demandiez à me voir qu'une heure après, et c'est une espèce d'avenir dont je ne répondais pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  117. Je me rappelle ma commission, c'est moi qui ai tort, et je vous en demande pardon. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  118. Si vous saviez combien le séjour de Paris et de la cour nous gâtent sur les formalités, en vérité, Madame, vous m'excuseriez ; c'est une certaine habitude de vivre avec trop de liberté, une aisance de façons que je condamne, puisqu'elle vous déplaît, mais à laquelle on s'accoutume, et qui vous jette ailleurs dans les impolitesses que vous voyez. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  119. Je n'ai pas remarqué qu'il y en ait dans ce que vous avez fait, Monsieur, et sans avoir vu Paris ni la cour, personne au monde n'aime plus les façons unies que moi : parlons de ce que je voulais vous dire. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  120. Vous, Madame, quoi ! (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  121. Vous me surprenez ; avouez-moi la vérité, combien ai-je de rivaux ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  122. La province me le pardonnera-t-elle ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  123. Vraiment, je m'imagine bien qu'ils soupirent tout bas, et que le respect les fait taire. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  124. Mais à propos de respect, n'y manquerais-je pas un peu, moi qui ai pensé dire que je vous aime ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  125. Il y a bien quelque petite chose à redire à mes discours, n'est-ce pas, mais ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  126. Doucement, Monsieur, je renonce à vous parler. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  127. C'est que sérieusement vous êtes belle avec excès ; vous l'êtes trop, le regard le plus vif, le plus beau teint ; ah ! (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  128. Remerciez-moi, vous êtes charmante, et je n'en dis presque rien ; la parure la mieux entendue ; vous avez là de la dentelle d'un goût exquis, ce me semble. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  129. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  130. Attendez, la dentelle est passable ; de cet après-midi le hasard en décidera ; de notre mariage, je ne puis rien en dire, et c'est de quoi j'ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  131. Voilà tout ce que vous me demandez, je pense ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  132. Le différer, Madame ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  133. Moi, ma foi, Madame, je ne pense point, je vous épouse. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  134. Je crois que je n'irai pas si vite : il faut s'aimer un peu quand on s'épouse. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  135. Mais je l'entends bien de même. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  136. C'est une autre affaire ; la difficulté ne me regarderait point : il est vrai que j'espérais, Madame, j'espérais, je vous l'avoue. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  137. Quant au retardement de notre mariage, dont je ne vois pas les raisons, je ne m'en mêlerai point, je n'aurais garde, on me mène, et je suivrai. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  138. Comment ! (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  139. Comment se porte-t-on ici ? (Acte 1, scène 13, LA-COMTESSE)
  140. Nous sommes alliés, au moins, Marquis. (Acte 1, scène 13, LA COMTESSE)
  141. Les moments s'y passent avec tant de rapidité ! (Acte 1, scène 13, DORIMÈNE)
  142. Nous nous sommes rencontrés. (Acte 1, scène 13, DORIMÈNE)
  143. Ai-je à me louer du choix qu'on a fait pour moi ? (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  144. Trêve de plaisanterie, Messieurs. (Acte 1, scène 13, HORTENSE)
  145. Non, sérieusement, je ne plaisante point ; je vous dis qu'il est frappé, je vois cela dans ses yeux ; remarquez-vous comme il rougit ? (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  146. Doucement, il m'appartient ; c'est une espèce d'infidélité qu'il me ferait ; car je l'ai amené, à moins que vous ne teniez sa place, Marquis. (Acte 1, scène 13, DORIMÈNE)
  147. Assurément j'en trouve l'idée tout à fait plaisante, et c'est de quoi nous amuser ici. (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  148. N'est-ce pas, Madame ? (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  149. Madame, Monsieur_le_Comte m'envoie savoir qui vient d'arriver. (Acte 1, scène 14, MARTON)
  150. Nous allons l'en instruire nous-mêmes. (Acte 1, scène 14, DORIMÈNE)
  151. Et vous, Madame, voilà le vôtre. (Acte 1, scène 14, DORIM?NE)
  152. Je vous suis, Messieurs. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  153. Que me veux-tu, Marton ? (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  154. Je n'ai pas le temps de rester, comme tu vois. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  155. C'est une lettre que je viens de trouver, lettre d'amour écrite à Rosimond, mais d'un amour qui me paraît sans conséquence. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  156. La dame qui vient d'arriver pourrait bien l'avoir écrite ; le billet est d'un style qui ressemble à son air. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  157. Avançons encore quelques pas, Monsieur, pour être plus à l'écart, j'aurais un mot à vous dire ; vous êtes l'ami de mon fils, et autant que j'en puis juger, il ne saurait avoir fait un meilleur choix. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  158. Madame, son amitié me fait honneur. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  159. Il n'est pas aussi raisonnable que vous me paraissez l'être, et je voudrais bien que vous m'aidassiez à le rendre plus sensé dans les circonstances où il se trouve ; vous savez qu'il doit épouser Hortense ; nous n'attendons que l'instant pour terminer ce mariage ; d'où vient, Monsieur, le peu d'attention qu'il a pour elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  160. Je l'ignore, et n'y ai pris garde, Madame. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  161. Sans doute, et je ne vous désapprouve pas ; mais ce n'est pas à Dorimène à qui il faut que mon fils fasse aujourd'hui la sienne ; et personne ici ne doit montrer plus d'empressement que lui pour Hortense. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  162. Il est vrai, Madame. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  163. Sa conduite est ridicule, elle peut choquer Hortense, et je vous conjure, Monsieur, de l'avertir qu'il en change ; les avis d'un ami comme vous lui feront peut-être plus d'impression que les miens ; vous êtes venu avec Dorimène, je la connais fort peu ; vous êtes de ses amis, et je souhaiterais qu'elle ne souffrît pas que mon fils fût toujours auprès d'elle ; en vérité, la bienséance en souffre un peu ; elle est alliée de la maison où nous sommes, mais elle est venue ici sans qu'on l'y appelât ; y reste-t-elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  164. Je n'ai pas beaucoup de pouvoir sur elle ; mais je verrai, Madame, et tâcherai de répondre à l'honneur de votre confiance. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  165. Je me sauve de cette cohue de province : ah ! (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  166. Je me meurs de l'extravagance des compliments qu'on m'a fait, et que j'ai rendus. (Acte 2, scène 2, DORIM?NE)
  167. Il y a deux heures que je n'ai pas le sens commun, Dorante, pas le sens commun ; deux heures que je m'entretiens avec une Marquise qui se tient d'un droit, qui a des gravités, qui prend des mines d'une dignité ; avec une petite Baronne si folichonne, si remuante, si méthodiquement étourdie ; avec une Comtesse si franche, qui m'estime tant, qui m'estime tant, qui est de si bonne amitié ; avec une autre qui est si mignonne, qui a de si jolis tours de tête, qui accompagne ce qu'elle dit avec des mains si pleines de grâces ; une autre qui glapit si spirituellement, qui traîne si bien les mots, qui dit si souvent, mais Madame, cependant Madame, il me paraît pourtant ; et puis un bel esprit si diffus, si éloquent, une jalouse si difficile en mérite, si peu touchée du mien, si intriguée de ce qu'on m'en trouvait. (Acte 2, scène 2, DORIM?NE)
  168. Qui m'a déclaré des sentiments qu'il n'osait me dire ; mais des sentiments d'une délicatesse assaisonnée d'un respect que j'ai trouvé d'une fadeur ! (Acte 2, scène 2, DORIM?NE)
  169. Mais vous cherchez Rosimond, Madame ? (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  170. Tant pis, cela n'est pas amusant, il vous en reste encore un air froid et raisonnable, qui me gagnerait si nous restions ensemble ; je vais faire un tour sur la terrasse : allez, Dorante, allez dire à Rosimond que je l'y attends. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  171. Un moment, Madame, je suis chargé d'une petite commission pour vous ; c'est que je vous avertis que la Marquise ne trouve pas bon que vous entreteniez le Marquis. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  172. Eh bien, vous verrez que je l'en trouverai meilleur. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  173. Je commençais à m'ennuyer ici, je ne m'y ennuie plus ; je m'y plais, je l'avoue ; sans ce discours de la Marquise, j'aurais pu me contenter de défendre à Rosimond de se marier, comme je l'avais résolu en venant ici : mais on ne veut pas que je le voie ? (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  174. Je pense qu'il n'y perdra pas : et vous, je veux aussi que vous nous aidiez à le débarrasser de cette petite fille ; je me propose un plaisir infini de ce qui va arriver ; j'aime à déranger les projets, c'est ma folie ; surtout, quand je les dérange d'une manière avantageuse. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  175. Puisse la folle me dire vrai ! (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  176. De Dorimène ; et malheureusement elle est d'un style un peu familier sur Hortense ; elle l'y traite de petite provinciale qu'elle ne veut pas que j'épouse, et ces bonnes gens-ci seraient un peu scandalisés de l'épithète. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  177. Très doucement ; je ne m'en désespère pas. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  178. Ce qui en doit arriver doit être fort indifférent à un homme comme toi. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  179. Aussi me l'est-il. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  180. Je t'avouerai confidemment que je ne sais qu'en faire. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  181. Dès qu'elle a su que ma mère m'avait brusquement amené de Paris chez eux pour me marier, qu'a-t-elle fait ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  182. Oui, j'étais chez elle alors, et j'ai vu partir l'exprès qui nous a précédé : mais enfin c'est une très aimable femme, et qui t'aime beaucoup. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  183. Tu l'aimes aussi, apparemment, et cela n'est pas étonnant. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  184. Nous avons lié une petite affaire de coeur ensemble ; et il y a deux mois que cela dure : deux mois, le terme est honnête ; cependant aujourd'hui, elle s'avise de se piquer d'une belle passion pour moi. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  185. Tu crains les conséquences de l'amour d'une jolie femme, parce que tu te maries ! (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  186. Tu as de ces sentiments bourgeois, toi Marquis ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  187. Il me semble que la Marquise ne me voit pas volontiers ici, et qu'elle n'aime pas à me trouver en conversation avec Hortense ; et je te demande pardon de ce que je vais te dire, mais il m'a passé dans l'esprit que tu avais pu l'indisposer contre moi, et te servir de sa méchante humeur pour m'insinuer de m'en aller. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  188. En vérité vous me faites pitié ! (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  189. Moi qui vous parle, suis-je plus à l'abri de la méchante humeur de ma mère ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  190. Ne devrais-je pas, si je l'en crois, être aux genoux d'Hortense, et lui débiter mes langueurs ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  191. J'ai tort de n'aller pas, une houlette à la main, l'entretenir de ma passion pastorale : elle vient de me quereller tout à l'heure, me reprocher mon indifférence ; elle m'a dit des injures, Monsieur, des injures : m'a traité de fat, d'impertinent, rien que cela, et puis je m'entends avec elle ! (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  192. Êtes-vous bien sûr au moins que je pense comme il faut ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  193. Si sûr à présent, que si tu allais te prendre d'amour pour cette petite Hortense dont on veut faire ta femme, tu me le dirais, que je n'en croirais rien. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  194. Il y a à craindre, à cause que je l'épouse, que mon coeur ne s'enflamme et ne prenne la chose à la lettre ! (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  195. Comment es-tu avec elle ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  196. Comment la trouves-tu toi ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  197. Moi, ma foi, je n'en sais rien, je ne l'ai pas encore trop vue ; cependant, il m'a paru qu'elle était assez gentille, l'air naïf, droit et guindé : mais jolie, comme je te dis. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  198. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s'il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n'en fait rien ; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  199. Je pense que tu ne t'en soucierais guère, et que tu me le pardonnerais. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  200. Oui : comme elle ne m'est pas destinée, je l'aime assez. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  201. De la passion, Monsieur, des mouvements pour me divertir, s'il vous plaît. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  202. Vous l'aimez, Monsieur l'écolier : ceci est sérieux, je vous défends de lui plaire. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  203. Je n'oublie cependant rien pour cela, ainsi laisse-moi partir ; la peur de te fâcher me reprend. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  204. D'une lettre que j'ai trouvée, Monsieur, et qui est apparemment celle que vous avez tantôt reçue de Frontin. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  205. Tu ne l'as montrée à personne, apparemment ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  206. Ne pouviez-vous pas le voir vous-même ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  207. Vraiment oui, Monsieur, ils n'ont pu juger qu'elle était à vous que sur la lecture qu'ils en ont fait. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  208. Rien, Monsieur, elle n'a pas paru y faire attention : mais comme on m'a chargé de vous la rendre, voulez-vous que je dise que vous ne l'avez pas reconnue ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  209. De tout mon coeur, je vous le promets, quoique ce soit une précaution assez inutile, comme je vous dis, car ma maîtresse ne vous en parlera seulement pas. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  210. Non, cela ne va pas jusque-là ; mais elle ne s'y intéresse pas extrêmement non plus. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  211. Plus de dix fois, Monsieur, et vous le savez bien, elle vous l'a dit à vous-même. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  212. Point du tout, elle a, ce me semble, parlé de différer et non pas de rompre : mais que ne s'est-elle expliquée ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  213. Je ne me serais pas avisé de soupçonner son éloignement pour moi, il faut être fait à se douter de pareille chose ! (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  214. Je suis persuadée qu'elles sont toutes des meilleures : mais, tenez, malgré cela je vous avoue moi-même que je ne pourrais pas m'empêcher d'en rire si je ne me retenais pas, tant elles nous paraissent plaisantes à nous autres provinciales ; c'est que nous sommes des ignorantes. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  215. Doucement, confiez-moi ce que votre maîtresse y trouve à redire. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  216. Vous savez bien que vous avez peur de faire l'amoureux de ma maîtresse, parce qu'apparemment cela ne serait pas de bonne grâce dans un joli homme comme vous ; mais comme Hortense est aimable et qu'il s'agit de l'épouser, nous trouvons cette peur-là si burlesque ! (Acte 2, scène 5, MARTON)
  217. Qu'il n'y a point de comédie qui nous divertisse tant ; car il est sûr que vous auriez plu à Hortense si vous ne l'aviez pas fait rire : mais ce qui fait rire n'attendrit plus, et je vous dis cela pour vous divertir vous-même. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  218. Monsieur, n'en prenez pas la peine ; ce ne serait pas en contrefaisant le benêt que vous feriez revenir les bonnes dispositions où ma maîtresse était pour vous ; ce que je vous dis sous le secret, au moins ; mais vous ne réussiriez, ni comme benêt ni comme comique. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  219. Eh bien, cela me guérit d'Hortense ; cette fille qui m'aime et qui se résout à me perdre, parce que je ne donne pas dans la fadeur de languir pour elle ! (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  220. Oui, je m'occupais des reproches qu'on me faisait de mon indifférence pour elle, et je vais tâcher d'y mettre ordre ; elle est là-bas avec Dorante, y venez-vous ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  221. Arrêtez, arrêtez ; il s'agit de mettre ordre à quelque chose de plus important. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  222. Il me semble que cela demeure bien longtemps à se déterminer. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  223. Vous me querellez aussi ! (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  224. Vous ne mettrez pas des volontés de parents en parallèle avec des raisons de cette force-là, sans doute, et je veux demain que tout cela finisse. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  225. Le terme est court, on aurait de la peine à faire ce que vous dites là ; je désespère d'en venir à bout, moi, et vous en parlez bien à votre aise. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  226. Nous sommes à Paris, je vous perds deux jours de vue ; et dans cet intervalle, j'apprends que vous êtes parti avec votre mère pour aller vous marier, pendant que vous m'aimez, pendant qu'on vous aime, et qu'on vient tout récemment, comme vous le savez, de congédier là-bas le Chevalier, pour n'avoir de liaison de coeur qu'avec vous ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  227. Non, Monsieur, vous ne vous marierez point : n'y songez pas, car il n'en sera rien, cela est décidé ; votre mariage me déplaît. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  228. Je ne suis pas de cette humeur-là, je ne saurais ; vous êtes un étourdi, pourquoi vous jetez-vous dans cet inconvénient ? (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  229. Faites-moi donc la grâce d'observer que je suis la victime des arrangements de ma mère. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  230. La victime ! (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  231. Je n'aime pas à la fâcher, j'ai cette faiblesse-là, par exemple. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  232. Ayons pourtant un peu plus de flegme ici ; car que lui direz-vous ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  233. Que vous m'aimez ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  234. Voilà qui va fort bien ; mais vous ressouvenez-vous que vous êtes en province, où il y a des règles, des maximes de décence qu'il ne faut point choquer ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  235. Plaisantes maximes ! (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  236. Est-il défendu de s'aimer, quand on est aimable ? (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  237. Je vous épouserai, Monsieur, j'ai du bien, de la naissance, qu'on nous marie ; c'est peut-être le vrai moyen de me guérir d'un amour que vous ne méritez pas que je conserve. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  238. Des gens qui s'aiment ! (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  239. Surtout, point de mariage ici, commençons par là. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  240. Monsieur, Madame est de trop ; la moitié de ce que j'ai à vous dire est contre elle. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  241. Eh bien, Monsieur, ce que j'ai à vous dire, c'est que Madame ici nous portera malheur à tous deux. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  242. Comment ? (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  243. Pendant que Madame vous amuse, Dorante nous égorge. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  244. Je défie qu'on la place mieux ; si vous entendiez là-bas comme il se démène, comme les déclarations vont dru, comme il entasse les soupirs, j'en ai déjà compté plus de trente de la dernière conséquence, sans parler des génuflexions, des exclamations : Madame, par-ci, Madame, par-là ! (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  245. Couci-couci, et qu'il baise avec un appétit qui me désespère ; je l'ai laissé comme il en retenait une sur qui il s'était déjà jeté plus de dix fois, malgré qu'on en eût, ou qu'on n'en eût pas, et j'ai peur qu'à la fin elle ne lui reste. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  246. Oui, cette main-ci voudra peut-être bien me dédommager du tort qu'on me fait sur l'autre. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  247. Monsieur, on sait bien que Madame a des mains ; mais je vous trouve toujours en arrière. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  248. Renvoyez cet homme-là, Monsieur ; j'admire votre sang-froid. (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  249. Non, Monsieur, elle m'a corrigé, j'étais petit-maître aussi bien qu'un autre ; je ne voulais pas aimer Marton que je dois épouser, parce que je croyais qu'il était malhonnête d'aimer sa future ; mais cela n'est pas vrai, Monsieur, fiez-vous à ce que je dis, je n'étais qu'un sot, je l'ai bien compris. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  250. Faites comme moi, j'aime à présent de tout mon coeur, et je le dis tant qu'on veut : suivez mon exemple ; Hortense vous plaît, je l'ai remarqué, ce n'est que pour être joli homme, que vous la laissez là, et vous ne serez point joli, Monsieur. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  251. On veut que je l'épouse, et je l'épouserai ; d'empressement, on ne m'en a pas vu beaucoup jusqu'ici, je ne pourrai pourtant me dispenser d'en avoir, et j'en aurai parce qu'il le faut : voilà tout ce que j'y sache ; vous allez bien vite. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  252. Je n'ai pas tout dit, la lettre est retrouvée, Hortense et Monsieur_le_Comte l'ont lue d'un bout à l'autre, mettez-y ordre ; ce maudit papier est encore de Madame. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  253. C'est du même que j'avais perdu. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  254. Eh bien, le hasard est heureux, cela les met au fait. (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  255. Oui, toi-même. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  256. Monsieur, si vous ne m'en croyez pas, cachez-vous un moment derrière cette petite palissade, pour entendre ce qu'ils disent, vous aurez le temps, ils ne vous voient point. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  257. Il n'y aurait pas grand mal, le voulez-vous, Madame ? (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  258. Je vous crois sincère, Dorante ; mais quels que soient vos sentiments, je n'ai rien à y répondre jusqu'ici ; on me destine à un autre. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  259. Il sera donc votre époux, Madame ? (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  260. Doucement, je n'hésite point à vous dire que non. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  261. Ce n'est pas que j'aie de l'éloignement pour lui, mais si j'aime jamais, il en coûtera un peu davantage pour me rendre sensible ! (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  262. Je n'accorderai mon coeur qu'aux soins les plus tendres, qu'à tout ce que l'amour aura de plus respectueux, de plus soumis : il faudra qu'on me dise mille fois : je vous aime, avant que je le croie, et que je m'en soucie ; qu'on se fasse une affaire de la dernière importance de me le persuader ; qu'on ait la modestie de craindre d'aimer en vain, et qu'on me demande enfin mon coeur comme une grâce qu'on sera trop heureux d'obtenir. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  263. Voilà à quel prix j'aimerai, Dorante, et je n'en rabattrai rien ; il est vrai qu'à ces conditions-là, je cours risque de rester insensible, surtout de la part d'un homme comme le Marquis, qui n'en est pas réduit à ne soupirer que pour une provinciale, et qui, au pis-aller, a touché le coeur de Dorimène. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  264. Vous êtes là, Madame ? (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  265. Eh oui, Madame, j'ai eu le plaisir de vous entendre ; vous peignez si bien ! (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  266. Qui est-ce qui me prendrait pour un pis-aller ? (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  267. Cela me ressemble tout à fait pourtant. (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  268. Je vous apprends en revanche que vous nous tirez d'un grand embarras ; Rosimond vous est indifférent, et c'est fort bien fait ; il n'osait vous le dire, mais je parle pour lui ; son pis-aller lui est cher, et tout cela vient à merveille. (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  269. Comment donc, vous parlez pour moi ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  270. Finissons, je vous prie ; je ne reconnais point là mes sentiments. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  271. Votre coeur et le mien sont engagés, vous m'aimez. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  272. Qui est-ce qui ne vous aimerait pas ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  273. L'occasion se présente de le dire et je le dis ; il faut bien que Madame le sache. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  274. Non, Madame. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  275. Il faut qu'un mari vous aime, votre coeur ne s'en passerait pas ; ce sont vos usages, ils sont fort bons ; n'en sortez point, et travaillons de concert à rompre votre mariage. (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  276. Parbleu, Mesdames, je vous traverserai donc, car je vais travailler à le conclure ! (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  277. Je sais ce que tu penses, tu me l'as confié ; d'ailleurs, quand je t'ai dit mes sentiments pour Madame, tu ne les as pas désapprouvés. (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  278. Je ne me souviens point de cela, et vous êtes un étourdi, qui me ferez des affaires avec Hortense. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  279. Vous n'ignorez pas mes dispositions, et il ne s'agit point ici de compliments. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  280. Madame, faites-vous quelque attention à ce qu'on dit là ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  281. Est-ce que tu aimes Madame ? (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  282. Il me prend envie aussi de lui demander s'il m'aime ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  283. Voulez-vous gager qu'il n'osera me l'avouer ? (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  284. M'aimez-vous, Marquis ? (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  285. Et vous, Madame, serez-vous la seule qui ne m'en ferez point ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  286. Un moment, Madame ; que tout ce qui vient de se passer ne vous fasse aucune impression : vous voyez ce que c'est que Dorimène ; vous avez dû démêler son esprit et la trouver singulière. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  287. C'est une manière de petit-maître en femme qui tire sur le coquet, sur le cavalier même, n'y faisant pas grande façon pour dire ses sentiments, et qui s'avise d'en avoir pour moi, que je ne saurais brusquer comme vous voyez ; mais vous croyez bien qu'on sait faire la différence des personnes ; on distingue, Madame, on distingue. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  288. Je le veux, Frontin, je le veux, je suis convenu avec Marton qu'elle dirait que je n'ai su ce que c'était ; ainsi, imaginez, faites comme il vous plaira, mais tirez-moi d'intrigue. (Acte 2, scène 10, ROSIMOND)
  289. Mon fils, Monsieur_le_Comte a besoin d'un éclaircissement, sur certaine lettre sans adresse, qu'on a trouvée et qu'on croit s'adresser à vous ? (Acte 2, scène 11, LA-MARQUISE)
  290. Dans la conjoncture où vous êtes, il est juste qu'on soit instruit là-dessus ; parlez-nous naturellement, le style en est un peu libre sur Hortense ; mais on ne s'en prend point à vous. (Acte 2, scène 11, LA MARQUISE)
  291. Tout ce que je puis dire à cela, Madame, c'est que je n'ai point perdu de lettre. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  292. Ce n'est pourtant qu'à vous qu'on peut avoir écrit celle dont nous parlons, Monsieur_le_Marquis ; et j'ai dit même à Marton de vous la rendre. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  293. Non, non, on vous y parle à vous positivement, le nom de Marquis y est répété deux fois, et on y signe la Comtesse pour tout nom, ce qui pourrait convenir à Dorimène. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  294. Mais, oui, je me rappelle du Marquis dans cette lettre ; elle est, dites-vous, signée la Comtesse ? (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  295. Oui, Monsieur, c'est cela même, Comtesse et Marquis, voilà l'histoire. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  296. Je ne savais pas que Frontin fût un Marquis déguisé, ni qu'il fût en commerce de lettres avec des Comtesses. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  297. Eh vraiment oui, il n'y a rien de si aisé ; on m'y appelle Marquis, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  298. D'elle-même. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  299. De sa grâce, je suis un Marquis de la promotion de Lisette, comme elle est Comtesse de la promotion de Frontin, et cela est ordinaire. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  300. Tenez Monsieur, je connais un garçon qui avait l'honneur d'être à vous pendant votre séjour à Paris, et qu'on appelait familièrement Monsieur_le_Comte. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  301. Cela ne se pratique pas autrement ; voilà l'usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous ; c'est ce qui nous distingue. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  302. Je le veux bien ; tout ce qui m'inquiète, c'est que ma fille a vu cette lettre, elle ne m'en a pourtant pas paru moins tranquille : mais elle est réservée, et j'aurais peur qu'elle ne crût pas l'histoire des promotions de Frontin si aisément. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  303. Monsieur, chaque nation a ses coutumes ; voilà les coutumes de la nôtre. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  304. Mais voilà tout apparemment. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  305. Oui, Monsieur, mais quand nos maîtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat ; le maître épouse la maîtresse, et nous la suivante, c'est encore la règle ; et par cette règle que j'observerai, vous voyez bien que Marton me revient. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  306. Lisette, qui est là-bas, le sait, Lisette est jalouse, et Marton est tout de suite une provinciale, et tout de suite on menace de venir empêcher le mariage ; il est vrai qu'on n'est pas venu, mais on voulait venir. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  307. N'en parlons plus, ce n'est pas même votre amour pour Dorimène qui m'inquiéterait ; je sais ce que c'est que ces amours-là : entre vous autre gens du bel air, souffrez que je vous dise que vous ne vous aimez guère, et Dorimène notre alliée est un peu sur ce ton-là. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  308. Pour vous, Marquis, croyez-moi, ne donnez plus dans ces façons, elles ne sont pas dignes de vous ; je vous parle déjà comme à mon gendre ; vous avez de l'esprit et de la raison, et vous êtes né avec tant d'avantages, que vous n'avez pas besoin de vous distinguer par de faux airs ; restez ce que vous êtes, vous en vaudrez mieux ; mon âge, mon estime pour vous, et ce que je vais vous devenir me permettent de vous parler ainsi. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  309. Oui, Monsieur, je l'aperçois qui passe avec ces dames. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  310. Qu'est-ce qui me demande ? (Acte 2, scène 11, MARTON)
  311. Approchez, Hortense, il n'est plus nécessaire d'attendre mon frère ; il me l'écrit lui-même, et me mande de conclure, ainsi nous signons le contrat ce soir, et nous vous marions demain. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  312. Signer le contrat ce soir, et demain me marier ! (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  313. Mon père, souffrez que je me jette à vos genoux pour vous conjurer qu'il n'en soit rien ; je ne croyais pas qu'on irait si vite, et je devais vous parler tantôt. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  314. Ma fille, je sens les motifs de votre refus ; c'est ce billet qu'on a perdu qui vous alarme ; mais Rosimond dit qu'il ne sait ce que c'est. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  315. Rosimond est trop honnête homme pour le nier sérieusement, mon père ; les vues qu'on avait pour nous ont peut-être pu l'engager d'abord à le nier ; mais j'ai si bonne opinion de lui, que je suis persuadée qu'il ne le désavouera plus. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  316. En vérité, Madame, je suis dans une si grande surprise... (Acte 2, scène 12, ROSIMOND)
  317. Celui-là était à moi, Madame : je viens d'expliquer cela ; demandez. (Acte 2, scène 12, FRONTIN)
  318. Oui, Madame, je l'ai rendu à Monsieur qui l'a remis dans sa poche ; je lui avais promis de dire qu'il ne l'avait pas repris, sous prétexte qu'il ne lui appartenait pas, et j'aurais glissé cela tout doucement si les choses avaient glissé de même : mais j'avais promis un petit mensonge, et non pas un faux serment, et c'en serait un que de badiner avec des interrogations de cette force-là ; ainsi donc, Madame, j'ai rendu le billet, Monsieur l'a repris ; et si Frontin dit qu'il est à lui, je suis obligée en conscience de déclarer que Frontin est un fripon. (Acte 2, scène 12, MARTON)
  319. Je me rappelle même que Monsieur, en ouvrant le billet que Frontin lui donnait, s'est écrié : c'est de ma folle de comtesse ! (Acte 2, scène 12, MARTON)
  320. Je n'ose vous dire que j'en ai reconnu l'écriture ; j'ai reçu de vos lettres, Madame. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  321. Ne t'inquiète pas, nous apaiserons la Marquise, et heureusement te voilà libre. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  322. Ce qui m'en fâche, c'est que me voilà pourtant obligé d'épouser cette folle de comtesse ; il n'y a point d'autre parti à prendre ; car, à propos de quoi Hortense me refuserait-elle, si ce n'est à cause de Dorimène ? (Acte 2, scène 13, ROSIMOND)
  323. Il est, dit-on, dans une extrême agitation, il se fâche, il fait l'indifférent, à ce que dit Frontin ; il va trouver Dorimène, il la quitte ; quelquefois il soupire ; ainsi, ne vous rebutez pas, Madame ; voyez ce qu'il vous veut, et ce que produira le désordre d'esprit où il est ; allons jusqu'au bout. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  324. Oui, Marton, je le crois touché, et c'est là ce qui m'en rebute le plus ; car qu'est-ce que c'est que la ridiculté d'un homme qui m'aime, et qui, par vaine gloire, n'a pu encore se résoudre à me le dire aussi franchement, aussi naïvement qu'il le sent ? (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  325. Madame, plus il se débat, et plus il s'affaiblit ; il faut bien que son impertinence s'épuise ; achevez de l'en guérir. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  326. Je lui avais donné de l'amour, vous diriez-vous, et ce n'est pas là un présent si rare ; mais il n'avait point de raison, je pouvais lui en donner, il n'y avait peut-être que moi qui en fût capable ; et j'ai laissé partir cet honnête homme sans lui rendre ce service-là qui nous aurait tant accommodé tous deux. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  327. Sais-tu ce que me veut ton maître ? (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  328. Hélas, Madame, il ne le sait pas lui-même, mais je crois le savoir. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  329. Apparemment qu'il a quelque motif, puisqu'il demande à me voir. (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  330. Non, Madame, il n'y a encore rien de réglé là-dessus ; et en attendant, c'est par force qu'il demande à vous voir ; il ne saurait faire autrement : Il n'y a pas moyen qu'il s'en passe ; il faut qu'il vienne. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  331. Tu l'as dit : c'est son coeur qui a besoin du vôtre, Madame ; qui voudrait l'avoir à bon marché ; qui vient savoir à quel prix vous le mettez, le marchander du mieux qu'il pourra, et finir par en donner tout ce que vous voudrez, tout ménager qu'il est ; c'est ma pensée. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  332. Marton, je ne veux pas lui parler d'abord, je suis d'avis de l'impatienter ; dis-lui que dans le cas présent je n'ai pas jugé qu'il fût nécessaire de nous voir, et que je le prie de vouloir bien s'expliquer avec toi sur ce qu'il a à me dire ; s'il insiste, je ne m'écarte point, et tu m'en avertiras. (Acte 3, scène 2, HORTENSE)
  333. Monsieur, ne pouvez-vous pas me confier ce que vous lui voulez ? (Acte 3, scène 3, MARTON)
  334. Après tout ce qui s'est passé, il ne sied pas beaucoup, dit-elle, que vous ayez un entretien ensemble, elle souhaiterait se l'épargner ; d'ailleurs, je m'imagine qu'elle ne veut pas inquiéter Dorante qui ne la quitte guère, et vous n'avez qu'à me dire de quoi il s'agit. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  335. Celui-là me paraît neuf. (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  336. Marton, je suis bien aise de la désabuser ; allez lui dire qu'il n'en est pas question, que je n'y songe point, qu'elle peut venir avec Dorante même, si elle veut, pour plus de sûreté ; dites-lui qu'il ne s'agit que de Dorimène, et que c'est une grâce que j'ai à lui demander pour elle, rien que cela ; allez, ah ! (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  337. Comme il lui plaira ; quant à moi, je n'ai que faire de lui. (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  338. Mais que me veut cette femme-ci ? (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  339. Marquis, je viens vous avertir que je pars ; vous sentez bien qu'il ne me convient plus de rester, et je n'ai plus qu'à dire adieu à ces gens-ci. (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  340. Je retourne à ma terre ; de là à Paris où je vous attends pour notre mariage ; car il est devenu nécessaire depuis l'éclat qu'on a fait ; vous ne pouvez me venger du dédain de votre mère que par là ; il faut absolument que je vous épouse. (Acte 3, scène 4, DORIM?NE)
  341. Eh oui, Madame, on vous épousera : mais j'ai pour nous, à présent, quelques mesures à prendre, qui ne demandent pas que vous soyez présente, et que je manquerais si vous ne me laissez pas. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  342. Qu'est-ce que c'est que ces mesures ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  343. Vous me chagrinez. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  344. C'est que je veux ménager un raccommodement entre vous et ma mère. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  345. Ne vous embarrassez pas, c'est un mouvement qu'il faut que je me donne. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  346. C'est qu'on croirait peut-être que je regrette Hortense, et je veux qu'on sache qu'elle ne me refuse que parce que j'aime ailleurs. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  347. Eh bien, il n'en sera que mieux que je sois présente, la preuve de votre amour en sera encore plus forte, quoique, à vrai dire, elle soit inutile ; ne sait-on pas que vous m'aimez ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  348. De grâce, Madame, allez-vous-en. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  349. Attendez donc ; ne pouvez-vous m'épouser qu'avec l'agrément de votre mère ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  350. Il serait plus flatteur pour moi qu'on s'en passât, si cela se peut, et d'ailleurs c'est que je ne me raccommoderai point : je suis piquée. (Acte 3, scène 4, DORIM?NE)
  351. Restez piquée, soit ; ne vous raccommodez point, ne m'épousez pas : mais retirez-vous pour un moment. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  352. L'incommode femme ! (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  353. Madame, n'hésitez point à entretenir Monsieur_le_Marquis, il m'a assuré qu'il ne serait point question d'amour entre vous, et que ce qu'il a à vous dire ne concerne uniquement que Dorimène ; il m'en a donné sa parole. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  354. Voyons comme il s'y prendra. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  355. Je me sens ému... (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  356. Il ne s'agit plus de rien, Madame ; elle m'avait prié de vous engager à disposer l'esprit de ma mère en sa faveur, mais ce n'est pas la peine, cette démarche-là ne réussirait pas. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  357. J'en ai meilleur augure ; essayons toujours : mon père y songeait, et moi aussi, Monsieur, ainsi, compter tous deux sur nous. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  358. C'est qu'assurément vous ne méritez pas la façon de penser qu'elle y a eu ; vous ne la méritez pas. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  359. Je vous jure, Monsieur, que je n'y ai point pris garde, et que je n'en agirai pas moins vivement dans cette occasion-ci. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  360. Vous n'avez plus rien à me dire, je pense ? (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  361. Je ne saurais revenir de mon étonnement : j'admire le malentendu qui nous sépare ; car enfin, pourquoi rompons-nous ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  362. Cela me passe. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  363. Madame, où se récriera-t-on, si ce n'est ici ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  364. Malheur à tout homme qui pourrait écouter cela de sang-froid. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  365. Quand on n'examine pas les gens, voilà comme on les explique. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  366. Voilà comme on est un sot. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  367. J'avais cru pourtant vous avoir donné quelque preuve de délicatesse de sentiment. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  368. Oui, Madame, de délicatesse. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  369. Cet homme-là est incurable. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  370. Il n'y a qu'à suivre ma conduite ; toutes vos attentions ont été pour Dorante, songez-y ; à peine m'avez-vous regardé : là-dessus, je me suis piqué, cela est dans l'ordre. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  371. J'ai paru manquer d'empressement, j'en conviens, j'ai fait l'indifférent, même le fier, si vous voulez ; j'étais fâché : cela est-il si désobligeant ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  372. Voilà mes torts. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  373. Et fit-on jamais aux gens les reproches que vous me faites, Madame ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  374. Vous vous plaignez si joliment, que je ne me lasserais point de vous entendre ; mais il et temps que je me retire. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  375. Encore un instant, Monsieur me charme ; on ne trouve pas toujours des amants d'un espèce aussi rare. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  376. Mais, restez donc, Madame, vous ne me dites mot ; convenons de quelque chose. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  377. Vous me permettrez de vous retenir ! (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  378. Vous laisserez là Dorante, et il n'y a point ici, s'il vous plaît, d'autre raccommodement à faire que le mien avec vous ; il n'y en a point de plus pressé. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  379. Me la rendez-vous ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  380. Sommes-nous enfin d'accord ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  381. Vous-ne me répondez rien. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  382. Tenez, Madame, vous croyez peut-être que Monsieur_le_Marquis ne vous aime point, parce qu'il ne vous le dit pas bien bourgeoisement, et en termes précis ; mais faut-il réduire un homme comme lui à cette extrémité-là ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  383. Ne doit-on pas l'aimer gratis ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  384. C'est que votre petit jargon de galanterie me choque, me révolte, il soulève la raison : C'est pourtant dommage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  385. Voici Dorimène qui approche, et à qui je vais confirmer tout ce que je vous ai promis ; et pour vous, et pour elle. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  386. Je ne suis point de trop, Madame, je sais le sujet de votre entretien, il me l'a dit. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  387. Oui, Madame, et je l'assurais que mon père et moi n'oublierons rien pour réussir à ce que vous souhaitez. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  388. Ce n'est pas pour moi qu'il souhaite, Madame, et c'est bien malgré moi qu'il vous en a parlé. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  389. Point du tout, nous avons pensé nous quereller là-dessus à cause de la répugnance que j'y avais : il n'a pas même voulu que je fusse présente à votre entretien. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  390. Il est vrai que le motif de son obstination est si tendre, que je me serais rendue ; mais j'accours pour vous prier de laisser tout là. (Acte 3, scène 7, DORIM?NE)
  391. Je viens de rencontrer la Marquise qui m'a saluée d'un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet ; il y a des moyens de se passer d'une cérémonie si désagréable : elle me rebuterait de notre mariage. (Acte 3, scène 7, DORIM?NE)
  392. Il ne se fera jamais, Madame. (Acte 3, scène 7, ROSIMOND)
  393. Vous voyez, Madame, jusqu'où le dépit porte un coeur tendre. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  394. Elle est nécessaire ; il ne serait pas séant de vous marier sans l'aveu de Madame la Marquise, et nous allons agir mon père et moi, s'il ne l'a déjà fait. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  395. Non, Madame, je vous prie très sérieusement qu'il ne s'en mêle point, ni vous non plus. (Acte 3, scène 7, ROSIMOND)
  396. Le voici qui vient, je vais lui en parler moi-même. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  397. Venez, Madame, hâtez-vous de grâce, nous avons laissé la Marquise avec quelques amis qui tâchent de la gagner. (Acte 3, scène 7, LE-COMTE)
  398. Le moment m'a paru favorable ; présentez-vous, Madame, et venez par vos politesses achever de la déterminer ; ce sont des pas que la bienséance exige que vous fassiez. (Acte 3, scène 7, LE COMTE)
  399. Je me charge de vous les venir dire. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  400. Que me veux-tu ? (Acte 3, scène 8, ROSIMOND)
  401. Je trouve que vous seriez charmant, si vous ne faisiez pas le petit agréable : ce sont vos agréments qui vous perdent. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  402. On s'y moquait de nous la plupart du temps ; je l'ai fort bien remarqué, Monsieur ; les gens raisonnables ne pouvaient pas nous souffrir ; en vérité, vous ne plaisiez qu'aux Dorimènes, et moi aussi ; et nos camarades n'étaient que des étourdis ; je le sens bien à présent, et si vous l'aviez senti aussi tôt que moi, l'adorable Hortense vous aurait autant chéri que me chérit sa gentille suivante, qui m'a défait de toute mon impertinence. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  403. Regardez-moi : Est-ce que vous me reconnaissez, par exemple ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  404. Voyez comme je parle naturellement à cette heure, en comparaison d'autrefois que je prenais des tons si sots : Bonjour, la belle enfant, qu'est-ce ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  405. Comment vous portez-vous ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  406. Voilà comme vous m'aviez appris à faire, et cela me fatiguait ; au lieu qu'à présent je suis si à mon aise : Bonjour, Marton, comment te portes-tu ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  407. Laisse-moi, il n'y a plus de ressource : Et tu me chagrines. (Acte 3, scène 8, ROSIMOND)
  408. Monsieur, ma maîtresse que j'ai rencontrée en passant, comme elle vous quittait, m'a chargé de vous prier d'une chose qu'elle a oublié de vous dire tantôt, et dont elle n'aurait peut-être pas le temps de vous avertir assez tôt : C'est que Monsieur_le_Comte pourra vous parler de Dorante, vous faire quelques questions sur son caractère ; et elle souhaiterait que vous en dissiez du bien ; non pas qu'elle l'aime encore, mais comme il s'y prend d'une manière à lui plaire, il sera bon, à tout hasard, que Monsieur_le_Comte soit prévenu en sa faveur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  409. C'en est trop ; ce trait me pousse à bout : Allez, Marton, dites à votre maîtresse que son procédé est injurieux, et que Dorante, pour qui elle veut que je parle, me répondra de l'affront qu'on me fait aujourd'hui. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  410. Par quel intérêt refusez-vous d'obliger ma maîtresse, qui vous sert actuellement vous-même, et qui, en revanche, vous demande en grâce de servir votre propre ami ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  411. Mon enfant, c'est qu'il l'aime. (Acte 3, scène 9, FRONTIN)
  412. Ne me trahis pas ; je rougirais que l'ingrate le sût : mais, je te l'avoue, Marton : oui, je l'aime, je l'adore, et je ne saurai supporter sa perte. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  413. Vous avez tort ; car il faut que je me fâche à mon tour. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  414. Est-ce que ma maîtresse se doute seulement que vous l'aimez ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  415. Il semblait que vous auriez eu peur de compromettre votre importance ; ce n'était pas la peine que votre coeur se développât sérieusement pour ma maîtresse, ni qu'il se mît en frais de sentiment pour elle. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  416. Trop heureuse de vous épouser, vous lui faisiez la grâce d'y consentir : je ne vous parle si franchement, que pour vous mettre au fait de vos torts ; il faut que vous les sentiez : c'est de vos façons dont vous devez rougir, et non pas d'un amour qui ne vous fait qu'honneur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  417. Je me suis mal conduit, j'en conviens. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  418. Avec tout ce qui peut rendre un homme aimable, vous n'avez rien oublié pour vous empêcher de l'être. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  419. Avec la plus charmante et la plus raisonnable fille du monde, et je dirai même, la plus disposée d'abord à vous vouloir du bien. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  420. J'ouvre les yeux ; je me déteste, et il n'est plus temps ! (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  421. Je ne dis pas cela, Monsieur_le_Marquis, votre état me touche, et peut-être touchera-t-il ma maîtresse. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  422. Cette belle dame a l'air si clément ! (Acte 3, scène 9, FRONTIN)
  423. Me promettez-vous de rester comme vous êtes ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  424. Continuerez-vous d'être aussi aimable que vous l'êtes actuellement ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  425. Je m'y jetterai, Marton, mais sans espérance, puisqu'elle aime Dorante. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  426. Doucement ; Dorante ne lui a plu qu'en s'efforçant de lui plaire, et vous lui avez plu d'abord. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  427. Et moi je meurs de douleur, et je renonce à tout, puisque je vous perds, Madame. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  428. Je ne mérite pas, Hortense, la bonté que vous avez de m'entendre ; et ce n'est pas en me flattant de vous fléchir, que je viens d'embrasser vos genoux. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  429. Non, je me fais justice ; je ne suis pas même digne de votre haine, et vous ne me devez que du mépris ; mais mon coeur vous a manqué de respect ; il vous a refusé l'aveu de tout l'amour dont vous l'aviez pénétré, et je veux, pour l'en punir, vous déclarer les motifs ridicules du mystère qu'il vous en a fait. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  430. Triomphez donc d'un malheureux qui vous adorait, qui a pourtant négligé de vous le dire, et qui a porté la présomption, jusqu'à croire que vous l'aimeriez sans cela : voilà ce que j'étais devenu par de faux airs ; refusez-m'en le pardon que je vous en demande ; prenez en réparation de mes folies l'humiliation que j'ai voulu subir en vous les apprenant ; si ce n'est pas assez, riez-en vous-même, et soyez sûre d'en être toujours vengée par la douleur éternelle que j'en emporte. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  431. Enfin, Marquis, vous ne vous plaindrez plus, je suis à vous, il vous est permis de m'épouser ; il est vrai qu'il m'en coûte le sacrifice de ma fierté : mais, que ne fait-on pas pour ce qu'on aime ? (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  432. Un moment, de grâce, Madame. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  433. Votre père consent à mon bonheur, si vous y consentez vous-même, Madame. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  434. Vous ne me dites rien, Hortense ? (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  435. Je n'aurai pas même, en partant, la triste consolation d'espérer que vous me plaindrez. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  436. Quoi, Rosimond, vous m'aimez ? (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  437. Que dois-je penser, Madame ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  438. Et vous n'aimez pas Dorimène ? (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  439. Comment donc, vous l'adorez ! (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  440. Vous ne m'aimez pas ? (Acte 3, scène 11, DORIM?NE)
  441. Tirez-moi de l'inquiétude où je suis, Madame ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  442. Tu me donnes la mort, Dorante ; mais je ne mérite pas de vivre, et je te pardonne. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  443. Ne me sachez pas mauvais gré de ce qui s'est passé ; je vous ai refusé ma main, j'ai montré de l'éloignement pour vous ; rien de tout cela n'était sincère : c'était mon coeur qui éprouvait le vôtre. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  444. Vous devez tout à mon penchant ; je voulais pouvoir m'y livrer, je voulais que ma raison fût contente, et vous comblez mes souhaits ; jugez à présent du cas que j'ai fait de votre coeur par tout ce que j'ai tenté pour en obtenir la tendresse entière. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  445. Je vous annonce qu'il faudra l'enfermer au premier jour. (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  446. Mon père, c'est Rosimond qui m'aime, et que j'épouserai si vous le souhaitez. (Acte 3, scène 12, HORTENSE)
  447. Que cet événement me charme ! (Acte 3, scène 12, LA-MARQUISE)
  448. Je ne me plains point, Madame ; mais votre procédé est cruel. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  449. Vous n'avez rien à me reprocher, Dorante ; vous vouliez profiter des fautes de votre ami, et ce dénouement-ci vous rend justice. (Acte 3, scène 12, HORTENSE)
  450. Ah, Madame ! (Acte 3, scène 12, FRONTIN)
  451. Aime-moi à présent tant que tu voudras, il n'y aura rien de perdu. (Acte 3, scène 12, MARTON)

LA MÉPRISE (1739)

  1. Je vous dis, Monsieur, que je l'attends ici, je vous dis qu'elle s'y rendra, que j'en suis sûr, et que j'y compte comme si elle y était déjà. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. C'est que vous ne savez pas ce que je vaux, mais une fille ne s'y trompera pas : j'ai vu la friponne jeter sur moi de certains regards, qui n'en demeureront pas là, qui auront des suites, vous le verrez. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Nous n'avons vu la maîtresse et la suivante qu'une fois ; encore, ce fut par un coup du hasard que nous les rencontrâmes hier dans cette promenade-ci ; elles ne furent avec nous qu'un instant ; nous ne les connaissons point ; de ton propre aveu, la suivante ne te répondit rien quand tu lui parlas : quelle apparence y a-t-il qu'elle ait fait la moindre attention à ce que tu lui dis ? (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  4. Mais, Monsieur, faut-il encore vous répéter que ses yeux me répondirent ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Mon maître en tient pour votre maîtresse, lui dis-je tout bas en me rapprochant d'elle ; son coeur est pris, c'est autant de perdu ; celui de votre maîtresse me paraît bien aventuré, j'en crois la moitié de partie, et l'autre en l'air. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Du mien, vous n'en avez pas fait à deux fois, vous me l'avez expédié d'un coup d'oeil ; en un mot, ma charmante, je t'adore : nous reviendrons demain ici, mon maître et moi, à pareille heure, ne manque point d'y mener ta maîtresse, afin qu'on donne la dernière main à cet amour-ci, qui n'a peut-être pas toutes ses façons ; moi, je m'y rendrai une heure avant mon maître, et tu entends bien que c'est t'inviter d'en faire autant ; car il sera bon de nous parler sur tout ceci, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  7. Comme il faut du temps pour dire des paroles et que nous étions très pressés, elle mit, ainsi que je vous l'ai dit, des regards à la place des mots, pour aller plus vite ; et se tournant de mon côté avec une douceur infinie : Oui, mon fils, me dit-elle, sans ouvrir la bouche, je m'y rendrai, je te le promets, tu peux compter là-dessus ; viens-y en pleine confiance, et tu m'y trouveras. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  8. Voilà ce qu'elle me dit ; et que je vous rends mot pour mot, comme je l'ai traduit d'après ses yeux. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  9. Tu sais bien que notre conversation fut courte ; je lui rendis le gant qu'elle avait laissé tomber ; elle me remercia d'une manière très obligeante de la vitesse avec laquelle j'avais couru pour le ramasser, et se démasqua en me remerciant. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  10. Je croyais, lui dis-je, partir demain, et voici la première fois que je me promène ici ; mais le plaisir d'y rencontrer ce qu'il y a de plus beau dans le monde m'y ramènera plus d'une fois. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  11. Ç'aurait été indiquer adroitement un rendez-vous pour le lendemain. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  12. Oui, mais ce rendez-vous indiqué l'aurait peut-être empêché d'y revenir par raison de fierté ; au lieu qu'en ne parlant que du plaisir de la revoir, c'était simplement supposer qu'elle vient ici tous les jours, et lui dire que j'en profiterais, sans rien m'attribuer de la démarche qu'elle ferait en y venant. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  13. Je l'aurais défié d'y manquer ; je me connais. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  14. Promenez-vous d'un autre côté, je vais m'instruire de tout, et j'irai vous rejoindre. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  15. Bonjour, chère enfant ; reconnaissez-moi, me voilà, c'est le véritable. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  16. Que si ; vous me cherchiez, je vous cherchais ; vous me trouvez, je vous trouve ; et je défie que nous trouvions mieux. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  17. Comment vous portez-vous ?. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  18. À merveilles, voilà des appas dans la compagnie de qui il serait difficile de se porter mal. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  19. Et vous, aussi ravissante qu'hypocrite ; mettons bas les façons, vivons à notre aise. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  20. Tiens, je t'aime je te l'ai déjà dit, et je le répète ; tu m'aimes, tu ne me l'as pas dit, mais je n'en doute pas ; donne-toi donc le plaisir de me le dire, tu me le répéteras après, et nous serons tous deux aussi avancés l'un que l'autre. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  21. Tu ne doutes pas que je ne t'aime, dis-tu ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Une fille comme toi manquerait-elle de goût ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  23. Non, ta fierté se meurt, je ne la quitte pas que je ne l'aie achevée. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  24. Dès que tu as deviné que tu me plais, n'est-ce pas assez ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. Palsambleu, je t'aime, que lui faut-il de plus ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  26. Allons, allons, tu me voles, il n'y a pas là ce qui m'est dû, fais-moi mon compte. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  27. Tu me plais. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  28. Tu me retiens encore quelque chose, il n'y a pas là ma somme. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  29. Je t'aime. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  30. Me voilà payé avec un bis. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  31. Ne crains pas la dépense, je mettrai ton coeur en fonds, va, ne t'embarrasse pas. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  32. Premièrement, qui êtes-vous, vous autres ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. Nous sommes des gens de condition qui retournons à Paris, et de là à la cour, qui nous trouve à redire ; nous revenons d'une terre que nous avons dans le Dauphiné ; et en passant, un de nos amis nous a arrêté à Lyon, d'où il nous a mené à cette campagne-ci, où deux paires de beaux yeux nous raccrochèrent hier, pour autant de temps qu'il leur plaira. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  34. Le marquis Ergaste, et moi, le chevalier Frontin, comme cadet de deux frères que nous sommes. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  35. Ce nom-là est connu, et tout ce que tu me dis là nous convient assez. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  36. Mais voyons, mes enfants, qui êtes-vous à votre tour ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  37. En premier lieu, nous sommes belles. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  38. Le compliment vaut une révérence. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  39. Passons, passons, ne te pique point de payer mes compliments ce qu'ils valent, je te ruinerais en révérences, et je te cajole gratis. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  40. Nous sommes orphelines. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  41. Ils ont eu pour héritières deux filles qui vivent ensemble dans un accord qui va jusqu'à s'habiller l'une comme l'autre, ayant toutes deux presque le même son de voix, toutes deux blondes et charmantes, et qui se trouvent si bien de leur état, qu'elles ont fait serment de ne point se marier et de rester filles. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  42. C'est la même chose. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  43. Quoi qu'il en soit, nous protestons contre l'un ou l'autre de ces deux serments-là ; celle que nous aimons n'a qu'à choisir, et voir celui qu'elle veut rompre ; comment s'appelle-t-elle ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  44. Depuis qu'elle l'a vu, comment va son voeu de rester fille ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  45. Combien y a-t-il de ces voeux-là qui se rompent à meilleur marché ! (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  46. C'est lui-même. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  47. Je te quitte donc ; informe-le de tout, encourage son amour. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  48. Si ma maîtresse devient sa femme, je me charge de t'en fournir une. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  49. Me la fourniras-tu en conscience ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  50. Comment ? (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  51. On ne tarit point, tous les échos du pays nous connaissent, on languit, on soupire, on demande quand nous finirons, peut-être qu'à la fin du jour on nous sommera d'épouser : c'est ce que j'en puis juger sur les discours de Lisette, et la chose vaut la peine qu'on y pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  52. Monsieur, comment vous expliquez-vous vous-même ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  53. Je vous félicite, au reste, vous avez dans votre victoire un accident glorieux que je n'ai pas dans la mienne : on avait juré de garder le célibat, vous triomphez du serment. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  54. dis-moi naturellement si l'on a du penchant pour moi. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  55. Il me regarde ; j'étais hier démasquée avec cet habit-ci, et il me reconnaît, sans doute. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  56. Puisque le hasard vous offre encore à mes yeux, Madame, permettez que je ne perde pas le bonheur qu'il me procure. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  57. Que mon action ne vous irrite point, ne la regardez pas comme un manque de respect pour vous, le mien est infini, j'en suis pénétré : jamais on ne craignit tant de déplaire, mais jamais coeur, en même temps, ne fut forcé de céder à une passion ni si soumise, ni si tendre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  58. Monsieur, je ne m'attendais pas à cet abord-là, et quoique vous m'ayez vue hier ici, comme en effet j'y étais, et démasquée, cette façon de se voir n'établit entre nous aucune connaissance, surtout avec les personnes de mon sexe ; ainsi, vous voulez bien que l'entretien finisse. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  59. Madame, arrêtez, de grâce, et ne me laissez point en proie à la douleur de croire que je vous ai offensée, la joie de vous retrouver ici m'a égaré, j'en conviens, je dois vous paraître coupable d'une hardiesse que je n'ai pourtant point ; car je n'ai su ce que je faisais, et je tremble devant vous à présent que je vous parle. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  60. Je vous l'apporte, elle est à vous ; mon sort est entre vos mains, je ne saurais plus vivre si vous me rebutez. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  61. J'explique ce que je sens, Madame ; je me donnai hier à vous ; je vous consacrai mon coeur, je conçus le dessein d'obtenir grâce du vôtre, et je mourrai s'il me la refuse. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  62. Jugez si un manque de respect est compatible avec de pareils sentiments. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  63. Vos expressions sont vives et pressantes, assurément, il est difficile de rien dire de plus fort. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  64. Mais enfin, plus j'y pense, et plus je vois qu'il faut que je me retire, Monsieur ; il n'y a pas moyen de se prêter plus longtemps à une conversation comme celle-ci, et je commence à avoir plus de tort que vous. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  65. De grâce, Madame, encore un mot qui décide de ma destinée, et je finis : me haïssez-vous ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  66. Me sera-t-il permis de chercher à vous être présenté, Madame ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  67. Vous n'aviez qu'un mot à me dire tout à l'heure, vous me l'avez dit, et vous continuez, Monsieur. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  68. Mais en vérité, Monsieur, après m'avoir appris que vous m'aimez, me conseillerez-vous de vous dire que je veux bien que vous me voyiez ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  69. Vous m'avez demandé si je vous haïssais ; je vous ai répondu que non ; en voilà bien assez, ce me semble ; n'imaginez pas que j'aille plus loin. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  70. Quant aux mesures que vous pouvez prendre pour vous mettre en état de me voir avec un peu plus de décence qu'ici, ce sont vos affaires. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  71. Je ne m'opposerai point à vos desseins ; car vous trouverez bon que je les ignore, et il faut que cela soit ainsi : un homme comme vous a des amis, sans doute, et n'aura pas besoin d'être aidé pour se produire. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  72. Madame, je m'appelle Ergaste ; je n'ai d'ami ici que le comte de Belfort, qui m'arrêta hier comme j'arrivais du Dauphiné, et qui me mena sur-le-champ dans cette campagne-ci. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  73. Nos maisons sont voisines, apparemment qu'il nous viendra voir ; et c'est donc chez lui que vous êtes actuellement, Monsieur ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  74. Oui, Madame. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  75. Je le laissai hier donner quelques ordres après dîner, et je vins me promener dans les allées de ce petit bois, où j'aperçus du monde, je vous y vis, vous vous y démasquâtes un instant, et dans cet instant vous devîntes l'arbitre de mon sort. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  76. J'oubliai que je retournais à Paris ; j'oubliai jusqu'à un mariage avantageux qu'on m'y ménageait, auquel je renonce, et que j'allais conclure avec une personne à qui rien ne me liait qu'un simple rapport de condition et de fortune. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  77. Dès que ce mariage vous est avantageux, la partie se renouera ; la dame est aimable, sans doute, et vous ferez vos réflexions. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  78. Non, Madame, mes réflexions sont faites, et je le répète encore, je ne vivrai que pour vous, ou je ne vivrai pour personne ; trouver grâce à vos yeux, voilà à quoi j'ai mis toute ma fortune, et je ne veux plus rien dans le monde, si vous me défendez d'y aspirer. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  79. Moi, Monsieur, je ne vous défends rien, je n'ai pas ce droit-là, on est le maître de ses sentiments ; et si le comte de Belfort, dont vous parlez, allait vous mener chez moi, je le suppose parce que cela peut arriver, je serais même obligée de vous y bien recevoir. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  80. Obligée, Madame ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  81. Vous, Madame, si vous le voulez. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  82. Non, je ne sais encore rien là-dessus, puisqu'ici même j'ignore ce que c'est que l'amour ; et je voudrais bien l'ignorer toute ma vie. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  83. Vous aspirez, dites-vous, à me rendre sensible ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  84. Non, Madame, je n'y vois pas d'apparence. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  85. Il n'est point tard ; continuez-vous votre promenade, Madame ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  86. Et pourrais-je espérer, si l'occasion s'en présente, de vous revoir encore ici quelques moments ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  87. Si vous me trouvez seule et éloignée des autres, dès que nous nous sommes parlé et que, grâce à votre précipitation, la faute en est faite, je crois que vous pourrez m'aborder sans conséquence. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  88. Madame, je viens vous demander votre avis sur une commission qu'on m'a donnée. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  89. Est-ce qu'il me cherche ? (Acte 1, scène 5, HORTENSE)
  90. Rapporte-lui que tu ne me trouves pas. (Acte 1, scène 5, HORTENSE)
  91. Je vous ai pourtant trouvée : comment ferons-nous ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  92. Oui, je me promenais ; et vous, ma soeur ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  93. Moi, de même : le plaisir de rêver m'a insensiblement amené ici. (Acte 1, scène 6, CLARICE)
  94. Et poursuivez-vous votre promenade ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  95. Comme il vous plaira. (Acte 1, scène 6, CLARICE)
  96. Vous me paraissez rêveuse. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  97. Toute seule, Madame ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  98. Cet aimable jeune homme qui vous rendit hier un petit service de si bonne grâce. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  99. Est-ce que tu crois qu'il me parlera ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  100. Il n'y manquera pas, la petite aventure d'hier le lui permet de reste. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  101. Va, va, il ne me reconnaîtra seulement pas. (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  102. Non, je suis trop lasse, il y a longtemps que je me promène. (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  103. Mais pourquoi me fatiguerais-je à fuir un homme qui, j'en suis sûre, ne songe pas plus à moi que ne je songe à lui ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  104. Si vous n'y étiez pas venue de vous-même, je devais vous y mener, moi. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  105. M'y mener ! (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  106. Mais vous êtes bien hardie de me le dire ! (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  107. Et ce n'est pas là tout, c'est qu'il vous aime. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  108. Oui-da, peut-être que je me trompe. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  109. Et ce valet t'a demandé le secret, apparemment ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  110. Cela revient pourtant au même, car je renonce à savoir ce qu'il vous a dit, s'il faut vous interroger pour l'apprendre. (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  111. J'avoue qu'il y a un peu de malice dans mon fait, mais ne vous fâchez pas, Ergaste vous adore, Madame. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  112. Non, mais voici son valet qui me fait signe d'aller lui parler. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  113. Irai-je savoir ce qu'il me veut ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  114. Madame, c'est Monsieur_le_Marquis Ergaste qui aurait grande envie de vous faire encore révérence, et qui, comme vous voyez, vous en sollicite par le plus révérencieux de tous les valets. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  115. Si je l'avais prévu, je me serais retirée. (Acte 1, scène 8, CLARICE)
  116. Que ce jour-ci est heureux pour moi, Madame ! (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  117. Avec quelle impatience n'attendais-je pas le moment de vous revoir encore ! (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  118. Quoi qu'il en soit, vous avez souhaité me parler, Monsieur ; j'ai cru pouvoir y consentir. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  119. Auriez-vous quelque chose à me dire ? (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  120. Ce que mes yeux vous ont dit avant mes discours, ce que mon coeur sent mille fois mieux qu'ils ne le disent, ce que je voudrais vous répéter toujours : que je vous aime, que je vous adore, que je ne vous verrai jamais qu'avec transport. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  121. Vous m'avouerez, Monsieur, que vous ne mettez guère d'intervalle entre me connaître, m'aimer et me le dire ; et qu'un pareil entretien aurait pu être précédé de certaines formalités de bienséance qui sont ordinairement nécessaires. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  122. Je crois vous l'avoir déjà dit, Madame, je n'ai su ce que je faisais, oubliez une faute échappée à la violence d'une passion qui m'a troublé, et qui me trouble encore toutes les fois que je vous parle. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  123. Avec tout cela, Monsieur, convenez pourtant qu'il en faudra revenir à quelqu'une de ces formalités dont il s'agit, si vous avez dessein de me revoir. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  124. Je ne respire que pour cela, Madame. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  125. C'est lui, Madame, chez qui il me semble vous avoir dit que j'étais. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  126. Je ne me le rappelais pas. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  127. Je l'accompagnerai chez vous, Madame, il me l'a promis : s'engage-t-il à quelque chose qui vous me déplaise ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  128. Est-ce que votre réponse me serait contraire ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  129. Quelqu'un approche : laissez-moi seule continuer ma promenade, nous pourrons nous y rencontrer encore. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  130. Retirons-nous vite, Madame ; c'est Arlequin qui vient. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  131. Au reste, j'avais oublié de vous dire le meilleur. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  132. Vous êtes mon homme ; c'est vous que je cherche. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  133. Parle : que me veux-tu ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  134. Une dame qui ne fait point cas de vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  135. C'est cette dame-là qui t'envoie dire qu'elle s'est moquée de moi ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  136. Elle-même en original ; je lui ai aussi entendu marmotter entre ses dents que vous étiez un grand fourbe ; mais, comme elle ne m'a point commandé de vous le rapporter, je n'en parle qu'en passant. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  137. Frontin, après la manière dont nous nous sommes quittés tous deux, je t'ai dit que j'espérais : y comprends-tu quelque chose ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  138. Oui-da, Monsieur ; esprit de femme et caprice : voilà tout ce que c'est ; qui dit l'un, suppose l'autre ; les avez-vous jamais vus séparés ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  139. Ils sont unis comme les cinq doigts de la main. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  140. Ne me prends-tu point pour un autre ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  141. N'êtes-vous pas un homme d'hier ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  142. Qu'appelles-tu un homme d'hier ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  143. Il parle de vous comme d'un enfant au maillot. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  144. Je l'ai dit à cette dame. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  145. Elle me l'a dit aussi : un appelé Ergaste. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  146. C'est cela même ! (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  147. C'est vous qu'on n'estime pas ; vous voyez bien que le paquet est à votre adresse. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  148. On s'est un peu diverti de vous en passant, on vous a regardé comme une farce qui n'amuse plus. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  149. La moquerie, un ; la farce, deux ; il y a un troisième article. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  150. Non pas, s'il vous plaît ; je ne dois pas vous les montrer : cela m'est défendu, parce qu'on s'est repenti d'y avoir écrit, à cause de la bienséance et de votre peu de mérite ; et on m'a crié de loin de les supprimer, et de vous expliquer le tout dans la conversation ; mais laissez-moi voir ce que j'oublie... (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  151. A propos, je ne sais pas lire ; lisez donc vous-même. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  152. Vous jouez fort bien la comédie : vous me l'avez donnée tantôt, mais je n'en veux plus. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  153. Je vous avais permis de m'aborder encore, et je vous le défends, j'oublie même que je vous ai vu. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  154. J'avoue que voilà le vertigo le mieux conditionné qui soit jamais sorti d'aucun cerveau femelle. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  155. Attends que j'aie fait, du moins, un mot de réponse ; il est aisé de me justifier : elle m'accuse d'avoir vu sa soeur, et je ne la connais pas. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  156. Grand merci ; quand je parle de chanson, c'est que j'en vais chanter une ; faites à votre aise, mon cavalier ; je n'ai jamais vu de fourbe si honnête homme que vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  157. Puisqu'il me paie des injures, voyez combien je gagnerais avec lui, si je lui apportais des compliments... (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  158. C'est qu'en fait de musique, il n'y a que le tambour qui me fasse plaisir. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  159. Aimes-tu les contes des fées ? (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  160. Non, je ne me soucie ni de comtes ni de marquis. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  161. Qu'on l'en retire, j'aime à boire chaud. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  162. Doucement ! (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  163. Mets-toi à la place du marchand de vin. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  164. Tu me le rendras ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  165. Mets-toi à ma place aussi, le croirais-tu ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  166. Je ne saurais, car je suis vilain : je n'ai jamais bu à mes dépens. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  167. Que ne sommes-nous à Paris, j'aurais crédit. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  168. Tiens, mon ami, cours porter cette lettre à la dame qui t'envoie. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  169. J'aimerais mieux être le postillon du diable, qui vous emporte tous deux, vous et ce coquin, qui est la copie d'un fripon ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  170. Mais, Monsieur, vous avez vu des amants : devineriez-vous que cet homme-là en est un ? (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  171. Va donc toi-même chercher cette dame-là, et lui remets mon billet le plus tôt que tu pourras. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  172. Il faut absolument qu'elle se soit méprise. (Acte 1, scène 15, ERGASTE)
  173. N'avez-vous pas vu la soeur de Madame, Monsieur ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  174. Eh non, Lisette, de qui me parles-tu ? (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  175. Je n'ai vu que ta maîtresse, je ne me suis entretenu qu'avec elle ; sa soeur m'est totalement inconnue, et je n'entends rien à ce qu'on me dit là. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  176. Non, te dis-je, non, encore une fois, non : je n'ai vu de femme que ta maîtresse, et quiconque lui a rapporté autre chose a fait une imposture, et si elle croit avoir vu le contraire, elle s'est trompée. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  177. Ma foi, Monsieur, si vous n'entendez rien à ce que je vous dis, je ne vois pas plus clair dans ce que vous me dites. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  178. Vous voilà dans un mouvement épouvantable à cause de la question du monde la plus simple que je vous fais. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  179. Est-ce distraction, méchante humeur, ou fantaisie ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  180. D'où vient qu'on me parle de cette soeur ? (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  181. Le billet était fort inutile ; et je ne vous parle ici de cette soeur que parce que nous l'avons vue se promener ici près. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  182. Monsieur, vous me fâchez aussi, et vous ne me ferez pas accroire qu'il me soit rien échappé sur cet article-là ; il faut écouter ce qu'on vous dit, et répondre raisonnablement aux gens, et non pas aux visions que vous avez dans la tête. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  183. Dites-moi seulement si vous n'avez pas vu la soeur de Madame, et puis c'est tout. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  184. Non, Lisette, non, tu me désespères ! (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  185. Ma maîtresse a un mot à vous dire sur le comte de Belfort ; elle n'osait revenir à cause de cette soeur dont je vous parle, et qu'elle a aperçue se promener dans ces cantons-ci ; or, vous m'assurez ne l'avoir point vue. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  186. J'en ferai tous les serments imaginables. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  187. Oui, Clarice elle-même, et j'arrive exprès pour vous en avertir. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  188. Puisque Clarice revient, apparemment qu'elle s'est désabusée, et qu'elle a reconnu son erreur. (Acte 1, scène 17, ERGASTE)
  189. Tenez, jugez vous-même s'il peut en revenir. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  190. Cruellement ! (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  191. Et bien m'en a pris d'être d'une étoffe d'un peu plus de résistance que lui, car je ne reviendrais pas en meilleur ordre. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  192. Que j'attendisse sa maîtresse ici, qu'elle allait y venir pour me parler, et qu'elle ne songeait à rien. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  193. Ce que vous me dites là ne vaut pas le diable, ne vous fiez point à ce calme-là, vous en serez la dupe, Monsieur ; nous revenons houspillés, votre billet et moi : allez-vous-en, sauvez le corps de réserve. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  194. En voici la courte et lamentable histoire. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  195. Madame, que votre beauté ait pour agréable de m'entendre ; je parle pour un homme à demi mort, et peut-être actuellement défunt, qu'un petit nègre est venu de votre part assassiner dans des tablettes : et voici les mourantes lignes que vous adresse dans ce papier son douloureux amour. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  196. Je pleurais moi-même en lui tenant ces propos lugubres, on eût dit que vous étiez enterré, et que c'était votre testament que j'apportais. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  197. Non, je ne reviens point de l'étonnement où tout cela me jette, et je ne conçois rien aux motifs d'une aussi sanglante raillerie. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  198. Monsieur, je la vois ; la voilà qui arrive, et je me sauve ; c'est peut-être le soufflet qui a manqué tantôt, qu'elle vient essayer de faire réussir. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  199. Quel étrange procédé que le vôtre, Madame ! (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  200. La bonne âme ! (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  201. N'approchez pas, Monsieur, plaidez de loin ; Madame a la main légère, elle me doit un soufflet, vous dis-je, et elle vous le paierait peut-être. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  202. Ma foi, Madame, je n'en sais rien ; il y a des fous qu'on appelle visionnaires, n'en serait-ce pas là ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  203. Expliquez donc cette énigme, Monsieur ; quelle injure vous a-t-on faite ? (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  204. Madame, qu'appelez-vous énigme ? (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  205. À quoi puis-je attribuer cette contradiction dans vos manières, qu'au dessein formel de vous moquer de moi ? (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  206. Comment avez-vous reçu mon billet, Madame ? (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  207. Madame, sommes-nous en sûreté avec eux ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  208. Ergaste, je ne vous crois pas un insensé ; mais tout ce que vous me dites là ne peut être que l'effet d'un rêve ou de quelque erreur dont je ne sais pas la cause. (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  209. Je vous avertis qu'Hortense approche, Madame. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  210. Je ne m'écarte que pour un moment, Ergaste, car je veux éclaircir cette aventure-là. (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  211. Vous venez de m'envoyer un billet, Monsieur, qui me fait craindre que vous ne tentiez de me parler, ou qu'il ne m'arrive encore quelque nouveau message de votre part, et je viens vous prier moi-même qu'il ne soit plus question de rien ; que vous ne vous ressouveniez pas de m'avoir vue, et surtout que vous le cachiez à ma soeur, comme je vous promets de le lui cacher à mon tour ; c'est tout ce que j'avais à vous dire, et je passe. (Acte 1, scène 21, HORTENSE)
  212. Si je la connais, Madame, je veux que la foudre m'écrase ! (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  213. Vous ne me connaissez point ? (Acte 1, scène 22, CLARICE)
  214. Non, Madame, je ne vous vis jamais, j'en suis sûr, et je vous crois même une personne apostée pour vous divertir à mes dépens, ou pour me nuire. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  215. Et je vous jure, Madame, par tout ce que j'ai d'honneur... (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  216. Ne jurez pas, ce n'est pas la peine, je ne me soucie ni de vous ni de vos serments. (Acte 1, scène 22, HORTENSE)
  217. C'est pourtant le même habit à qui j'ai parlé, mais ce n'est pas la même tête. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  218. Madame, je vous reconnais, c'est vous que j'adore. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  219. Monsieur vous a sans doute abordée, Madame ; vos habits se ressemblent, et il vous aura pris pour Madame, à qui il parla hier. (Acte 1, scène 22, LISETTE)
  220. C'est cela même, c'est l'habit qui m'a jeté dans l'erreur. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  221. Le soufflet et les tablettes sont sans doute sur votre compte, Madame. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  222. Je vous demande mille pardons de ma méprise, Madame ; je ne suis pas capable de changer, mais personne ne rendrait l'infidélité plus pardonnable que vous. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  223. Point de compliments, Monsieur_le_Marquis : reconduisez-nous au logis, sans attendre que le comte de Belfort s'en mêle. (Acte 1, scène 22, HORTENSE)
  224. Va, va, puisque je t'aime, je ne me vante pas d'être trop sage. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  225. Et toi, l'aimes-tu ? (Acte 1, scène 22, ARLEQUIN)
  226. Comment va le coeur ? (Acte 1, scène 22, ARLEQUIN)
  227. Demande-lui-en des nouvelles, c'est lui qui me le garde. (Acte 1, scène 22, LISETTE)

LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI (1729)

  1. Je pense que voilà le seigneur Trivelin ; c'est lui-même. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Comment te portes-tu, mon cher ami ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. À merveille, mon cher Frontin, à merveille. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. Je n'ai rien perdu des vrais biens que tu me connaissais, santé admirable et grand appétit. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Je suis culbuté, mon enfant ; mais toi-même, comment la fortune t'a-t-elle traité depuis que je ne t'ai vu ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Comme tu sais qu'elle traite tous les gens de mérite. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Je lui ai pourtant une obligation : c'est qu'elle m'a mis dans l'habitude de me passer d'elle. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Je ne sens plus ses disgrâces, je n'envie point ses faveurs, et cela me suffit ; un homme raisonnable n'en doit pas demander davantage. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Je ne suis pas heureux, mais je ne me soucie pas de l'être. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. Doucement, mon ami, doucement, ton admiration me fait rougir, j'ai peur de ne la pas mériter. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Le mépris que je crois avoir pour les biens n'est peut-être qu'un beau verbiage ; et, à te parler confidemment, je ne conseillerais encore à personne de laisser les siens à la discrétion de ma philosophie. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. J'en prendrais, Frontin, je le sens bien ; j'en prendrais, à la honte de mes réflexions. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Le coeur de l'homme est un grand fripon ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  14. C'est le triste bagage de ton serviteur ; ce paquet enferme toutes mes possessions. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  15. Depuis quinze ans que je roule dans le monde, tu sais combien je me suis tourmenté, combien j'ai fait d'efforts pour arriver à un état fixe. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  16. J'avais entendu dire que les scrupules nuisaient à la fortune ; je fis trêve avec les miens, pour n'avoir rien à me reprocher. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  17. Je me suis vu quelquefois à mon aise ; mais le moyen d'y rester avec le jeu, le vin et les femmes ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  18. Comment se mettre à l'abri de ces fléaux-là ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  19. Tantôt maître, tantôt valet ; toujours prudent, toujours industrieux, ami des fripons par intérêt, ami des honnêtes gens par goût ; traité poliment sous une figure, menacé d'étrivières sous une autre ; changeant à propos de métier, d'habit, de caractère, de moeurs ; risquant beaucoup, réussissant peu ; libertin dans le fond, réglé dans la forme ; démasqué par les uns, soupçonné par les autres, à la fin équivoque à tout le monde, j'ai tâté de tout ; je dois partout ; mes créanciers sont de deux espèces : les uns ne savent pas que je leur dois ; les autres le savent et le sauront longtemps. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  20. J'ai logé partout, sur le pavé ; chez l'aubergiste, au cabaret, chez le bourgeois, chez l'homme de qualité, chez moi, chez la justice, qui m'a souvent recueilli dans mes malheurs ; mais ses appartements sont trop tristes, et je n'y faisais que des retraites ; enfin, mon ami, après quinze ans de soins, de travaux et de peines, ce malheureux paquet est tout ce qui me reste ; voilà ce que le monde m'a laissé, l'ingrat ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  21. Primo, depuis que je ne t'ai vu, je me suis jeté dans le service. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  22. Avant que de me réduire tout à fait à cet état humiliant, je commençai par vendre ma garde-robe. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  23. Oui, c'étaient trois ou quatre habits que j'avais trouvés convenables à ma taille chez les fripiers, et qui m'avaient servi à figurer en honnête homme. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  24. Je crus devoir m'en défaire, pour perdre de vue tout ce qui pouvait me rappeler ma grandeur passée. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  25. Oui, mon ami ; j'eus le courage de faire deux ou trois débauches salutaires, qui me vidèrent ma bourse, et me garantirent ma persévérance dans la condition que j'allais embrasser ; de sorte que j'avais le plaisir de penser, en m'enivrant, que c'était la raison qui me versait à boire. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  26. Ensuite, un beau matin, je me trouvai sans un sol. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  27. Comme j'avais besoin d'un prompt secours, et qu'il n'y avait point de temps à perdre, un de mes amis que je rencontrai me proposa de me mener chez un honnête particulier qui était marié, et qui passait sa vie à étudier des langues mortes ; cela me convenait assez, car j'ai de l'étude : je restai donc chez lui. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  28. Là, je n'entendis parler que de sciences, et je remarquai que mon maître était épris de passion pour certains quidams, qu'il appelait des anciens, et qu'il avait une souveraine antipathie pour d'autres, qu'il appelait des modernes ; je me fis expliquer tout cela. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  29. Des anciens..., attends, il y en a un dont je sais le nom, et qui est le capitaine de la bande ; c'est comme qui te dirait un Homère. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  30. C'est dommage ; car c'était un homme qui parlait bien grec. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  31. Il n'était donc pas Français cet homme-là ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  32. Nous avons encore de lui le fort belles satires ; et mon maître l'aimait beaucoup, lui et tous les honnêtes gens de son temps, comme Virgile, Néron, Plutarque, Ulysse et Diogène. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  33. Sais-tu bien qu'il y a plus d'esprit dans ces noms-là que dans le royaume de France ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  34. Les modernes, c'est comme qui dirait... (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  35. Oui, vraiment, tu es un moderne, et des plus modernes ; il n'y a que l'enfant qui vient de naître qui l'est plus que toi, car il ne fait que d'arriver. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  36. Moi, pour gagner son amitié, je me mis à admirer tout ce qui me paraissait ancien ; j'aimais les vieux meubles, je louais les vieilles modes, les vieilles espèces, les médailles, les lunettes ; je me coiffais chez les crieuses de vieux chapeaux ; je n'avais commerce qu'avec des vieillards : il était charmé de mes inclinations ; j'avais la clef de la cave, où logeait un certain vin vieux qu'il appelait son vin grec ; il m'en donnait quelquefois, et j'en détournais aussi quelques bouteilles, par amour louable pour tout ce qui était vieux. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  37. Non que je négligeasse le vin nouveau ; je n'en demandais point d'autre à sa femme, qui vraiment estimait bien autrement les modernes que les anciens, et, par complaisance pour son goût, j'en emplissais aussi quelques bouteilles, sans lui en faire ma cour. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  38. À merveille ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  39. Qui n'aurait pas cru que cette conduite aurait dû me concilier ces deux esprits ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  40. Point du tout ; ils s'aperçurent du ménagement judicieux que j'avais pour chacun d'eux ; ils m'en firent un crime. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  41. La femme me chicana sur le vin vieux ; j'eus beau m'excuser, les gens de partis n'entendent point raison ; il fallut les quitter, pour avoir voulu me partager entre les anciens et les modernes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  42. Tu seras content ; tu serviras la meilleure fille... (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  43. Tu me trompes, Frontin. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  44. C'est une fille habillée en homme dont il s'agit. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  45. Je voulais te le cacher ; mais la vérité m'est échappée, et je me suis blousé comme un sot. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  46. Eh bien, m'avez-vous trouvé un domestique ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  47. J'ai trouvé un de mes amis, qui est fort brave garçon ; il sort actuellement de chez un bourgeois de campagne qui vient de mourir, et il est là qui attend que je l'appelle pour offrir ses respects. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  48. Monsieur, mettez-vous l'esprit en repos : je sais garder un secret. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  49. Voici votre commission, écoutez-moi : vous direz à ma soeur qu'elle ne soit point en peine de moi ; qu'à la dernière partie de bal où mes amies m'amenèrent dans le déguisement où me voilà, le hasard me fit connaître le gentilhomme que je n'avais jamais vu, qu'on disait être encore en province, et qui est ce Lélio avec qui, par lettres, le mari de ma soeur a presque arrêté mon mariage ; que, surprise de le trouver à Paris sans que nous le sussions, et le voyant avec une dame, je résolus sur-le-champ de profiter de mon déguisement pour me mettre au fait de l'état de son coeur et de son caractère ; qu'enfin nous liâmes amitié ensemble aussi promptement que des cavaliers peuvent le faire, et qu'il m'engagea à le suivre le lendemain à une partie de campagne chez la dame avec qui il était, et qu'un de ses parents accompagnait ; que nous y sommes actuellement, que j'ai déjà découvert des choses qui méritent que je les suive avant que de me déterminer à épouser Lélio ; que je n'aurai jamais d'intérêt plus sérieux. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  50. Faites venir ce domestique que vous avez arrêté ; dans un instant j'irai voir si vous êtes parti. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  51. Je regarde le moment où j'ai connu Lélio, comme une faveur du ciel dont je veux profiter, puisque je suis ma maîtresse, et que je ne dépends plus de personne. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  52. L'aventure où je me suis mise ne surprendra point ma soeur ; elle sait la singularité de mes sentiments. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  53. Je te le rendrai mot pour mot, comme tu me l'as donné, quand tu voudras. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  54. Approchez ; comment vous appelez-vous ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  55. Comme vous voudrez, Monsieur ; Bourguignon, Champagne, Poitevin, Picard, tout cela m'est indifférent : le nom sous lequel j'aurais l'honneur de vous servir sera toujours le plus beau nom du monde. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  56. Sans compliment, quel est le tien, à toi ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  57. Il me tarde d'en être chamarré sur toutes les coutures. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  58. C'est un nom que j'ai reçu de père en fils très correctement, et dans la dernière fidélité ; et de tous les Trivelins qui furent jamais, votre serviteur en ce moment s'estime le plus heureux de tous. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  59. Le terme est dur ; il frappe mes oreilles d'un son disgracieux ; ne purgera-t-on jamais le discours de tous ces noms odieux ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  60. Cet homme-là est un extravagant. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  61. Tu me suis ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  62. Vraiment oui, je soutiens mon caractère : ne vous ai-je pas dit que j'étais opiniâtre ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  63. Comment, cruel ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  64. Continuez, vous n'y êtes pas ; j'en viendrai jusqu'aux soupirs ; vos rigueurs me l'annoncent. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  65. Je ne sais plus que penser de tout ce qu'il me dit. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  66. La passion que j'ai de vous servir est sans quartier ; premièrement cela est dans mon sang, je ne saurais me corriger. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  67. Il me prend envie de te traiter comme tu le mérites. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  68. Ne gesticulez point de cette manière-là ; ce geste-là n'est point de votre compétence ; laissez là cette arme qui vous est étrangère : votre oeil est plus redoutable que ce fer inutile qui vous pend au côté. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  69. Je t'avoue que j'avais envie de te cacher la vérité, parce que mon déguisement regarde une dame de condition, ma maîtresse, qui a des vues sur un Monsieur Lélio, que tu verras, et qu'elle voudrait détacher d'une inclination qu'il a pour une, comtesse à qui appartient ce château. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  70. L'emploi me paraît gaillard, soubrette de mon âme. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  71. Ma charge, sous cet habit-ci, est d'attaquer le coeur de la Comtesse ; je puis passer, comme tu vois, pour un assez joli cavalier, et j'ai déjà vu les yeux de la Comtesse s'arrêter plus d'une fois sur moi ; si elle vient à m'aimer, je la ferai rompre avec Lélio ; il reviendra à Paris, on lui proposera ma maîtresse qui y est ; elle est aimable, il la connaît, et les noces seront bientôt faites. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  72. Et je conclus encore, toujours aussi judicieusement, que, deux amis devant s'obliger en tout ce qu'ils peuvent, tu m'avances deux mois de récompense sur l'exacte discrétion que je promets d'avoir. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  73. Je ne parle point du service domestique que je te rendrai ; sur cet article, c'est à l'amour à me payer mes gages. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  74. J'ai assez de coeur pour refuser ces trois derniers louis-là ; mais donne ; la main qui me les présente étourdit ma générosité. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  75. Tu me donneras des ordres en public, et des sentiments dans le tête-à-tête. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  76. Mon air ne vous ment pas d'un mot, et vous êtes fort bon physionomiste. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  77. Allons, la recette est bonne ; j'aime assez votre manière de hâter le coeur. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  78. Vous méritez que je vous dise non, puisque vous me faites cette question-là. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  79. Je le suis raisonnablement. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  80. Voilà ce qu'il me faut ; tu n'as pas un honneur mal entendu sur une infinité de bagatelles qui arrêtent les sots ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  81. Par exemple, un amant qui dupe sa maîtresse pour se débarrasser d'elle en est-il moins honnête homme à ton gré ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  82. Il ne s'agit que de tromper une femme ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  83. Non, vraiment. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  84. Je croyais pour le moins que tu voulais mettre le feu à une ville. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  85. Comment donc ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  86. Trahir une femme, c'est avoir une action glorieuse par-devers soi ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  87. Parbleu, puisque tu le prends sur ce ton-là, je te dirai que je n'ai rien à me reprocher ; et, sans vanité, tu vois un homme couvert de gloire.. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  88. Je te prie, donne-moi le plaisir de te regarder à mon aise ; laisse-moi contempler un homme chargé de crimes si honorables. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  89. Tu me charmes de penser ainsi ; viens que je t'embrasse. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  90. Tu te trompes ; je ne connais point d'aventures plus communes que les miennes ; j'ai toujours eu le malheur de ne trouver que des femmes très sages. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  91. Tu n'as trouvé que des femmes très sages ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  92. Après cela, qu'est-ce que ces femmes-là gagnent à être si sages ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  93. Sommes-nous heureux, nous le disons ; ne le sommes-nous pas, nous mentons ; cela revient au même pour elles. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  94. Quant à moi, j'ai toujours dit plus de vérités que de mensonges. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  95. Revenons à mes affaires. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  96. Quelque jour je te dirai de mes espiègleries qui te feront rire. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  97. Tu es un cadet de maison, et, par conséquent, tu n'es pas extrêmement riche. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  98. Tu es beau et bien fait ; devine à quel dessein je t'ai engagé à nous suivre avec tous tes agréments ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  99. Il s'agit de te faire aimer de la Comtesse, et d'arriver à la conquête de sa main par celle de son coeur. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  100. Tu badines : ne sais-je pas que tu l'aimes, la Comtesse ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  101. Non ; je l'aimais ces jours passés, mais j'ai trouvé à propos de ne plus l'aimer. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  102. Lorsque tu as pris de l'amour, et que tu n'en veux plus, il s'en retourne comme cela sans plus de façon ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  103. J'aimais la Comtesse, parce qu'elle est aimable ; je devais l'épouser, parce qu'elle est riche, et que je n'avais rien de mieux à faire ; mais dernièrement, pendant que j'étais à ma terre, on m'a proposé en mariage une demoiselle de Paris, que je ne connais point, et qui me donne douze mille livres de rente ; la Comtesse n'en a que six. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  104. L'amour que j'avais pour elle pouvait-il honnêtement tenir bon contre un calcul si raisonnable ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  105. Tu ne me réponds rien ! (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  106. C'est cela même. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  107. Il s'agit d'être infidèle, d'aller la trouver, de lui porter ton calcul, de lui dire : Madame, comptez vous-même, voyez si je me trompe. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  108. Peut-être qu'elle pleurera, qu'elle maudira l'arithmétique, qu'elle te traitera d'indigne, de perfide : cela pourrait arrêter un poltron ; mais un brave homme comme toi, au-dessus des bagatelles de l'honneur, ce bruit-là l'amuse ; il écoute, s'excuse négligemment, et se retire en faisant une révérence très profonde, en cavalier poli, qui sait avec quel respect il doit recevoir, en pareil cas, les titres de fourbe et d'ingrat. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  109. Madame_la_Comtesse aurait déjà reçu la mienne, s'il ne tenait plus qu'à cette politesse-là ; mais il y a une petite épine qui m'arrête : c'est que, pour achever l'achat que j'ai fait d'une nouvelle terre il y a quelque temps, Madame_la_Comtesse m'a prêté dix mille écus, dont elle a mon billet. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  110. Madame_la_Comtesse croit qu'elle va m'épouser ; elle n'attend plus que l'arrivée de son frère ; et, outre la somme de dix mille écus dont elle a mon billet, nous avons encore fait, antérieurement à cela, un dédit entre elle et moi de la même somme. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  111. L'honnête homme ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  112. Oui, je commence à te comprendre. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  113. Voici ce que c'est : si je donne de l'amour à la Comtesse, tu crois qu'elle aimera mieux payer le dédit, en te rendant ton billet de dix mille écus, que de t'épouser ; de façon que tu gagneras dix mille écus avec elle ; n'est-ce pas cela ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  114. Tu entres on ne peut pas mieux dans mes idées. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  115. En effet, l'honneur que tu as fait à la Comtesse, en soupirant pour elle, vaut dix mille écus comme un sou. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  116. Je me suis aperçu qu'elle aime ta compagnie ; elle te loue souvent, te trouve de l'esprit ; il n'y a qu'à suivre cela. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  117. Est-il besoin d'aimer sa femme ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  118. Si tu ne l'aimes pas, tant pis pour elle ; ce sont ses affaires et non pas les tiennes. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  119. Mais je croyais qu'il fallait aimer sa femme, fondé sur ce qu'on vivait mal avec elle quand on ne l'aimait pas. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  120. Voilà qui est fait ; me voilà prêt à exécuter ce que tu souhaites. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  121. Si j'épouse la Comtesse, j'irai me fortifier avec le brave Lélio dans le dédain qu'on doit à son épouse. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  122. Je t'en donnerai un vigoureux exemple, je t'en assure ; crois-tu, par exemple, que j'aimerai la demoiselle de Paris, moi ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  123. Donne-lui le mois tout entier à cette pauvre femme, à cause de ses douze mille livres de rente. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  124. On m'écrit qu'elle est belle ; mais, de l'humeur dont je suis, cela ne l'avance pas de beaucoup. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  125. Si elle n'est pas laide, elle le deviendra, puisqu'elle sera ma femme ; cela ne peut pas lui manquer. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  126. Mais, dis-moi, une femme se dépite quelquefois. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  127. En ce cas-là, j'ai une terre écartée qui est le plus beau désert du monde, où Madame irait calmer son esprit de vengeance. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  128. L'âme se tranquillise beaucoup dans une solitude : on y jouit d'une certaine mélancolie, d'une douce tristesse, d'un repos de toutes les couleurs ; elle n'aura qu'à choisir. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  129. L'heureux tempérament ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  130. Je te recommande une chose : feins toujours de l'aimer. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  131. Si tu te montrais inconstant, cela intéresserait sa vanité ; elle courrait après toi, et me laisserait là... (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  132. Je me gouvernerai bien ; je vais au-devant d'elle. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  133. Vous êtes trop cher, Monsieur Lélio, et j'aurai mieux que cela au même prix. (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  134. Je suis en train, continuons pour me divertir et punir ce fourbe-là, et pour en débarrasser la Comtesse. (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  135. J'attendais nos musiciens, Madame, et je cours les presser moi-même. (Acte 1, scène 9, LÉLIO)
  136. Mes véritables raisons, Comtesse ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  137. Comment ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  138. Non, Madame, le mal est fait ; il ne s'agit plus que d'en arrêter le progrès. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  139. Que si ; je ne vous dis rien là dont tous les jours votre miroir ne vous accuse d'être capable ; il doit vous avoir dit que vous aviez des yeux qui violeraient l'hospitalité avec moi, si vous m'ameniez ici. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  140. Mon miroir ne me flatte pas, Chevalier. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  141. Comtesse, vous m'obligeriez beaucoup de me donner votre façon de voir ; car, avec la mienne, il n'y a pas moyen de vous rendre justice. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  142. À l'égard de l'ennui ; si vous saviez l'art de m'en donner auprès de vous, ne me l'épargnez pas, Comtesse ; c'est un vrai présent que vous me ferez ; ce sera même une bonté ; mais cela vous passe, et vous ne donnez que de l'amour ; voilà tout ce que vous savez faire. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  143. Nous ne pouvons avoir notre divertissement que tantôt, Madame ; mais en revanche, voici une noce de village, dont tous les acteurs viennent pour vous divertir. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  144. J'aimerais bien le mariage... v.4 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  145. Il me semble voir à ta mine v.16 (Acte 1, scène 11, UN PAYSAN)
  146. Ne ferais-tu pas bien comme eux ? v.22 (Acte 1, scène 11, UN PAYSAN)
  147. Ma Claudine un jour me conta v.42 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  148. Mais aussitôt, me dit la belle : v.47 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  149. Berger, dis-moi que ton coeur m'aime ; v.53 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  150. Combien son amour est extrême. v.56 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  151. Après, elle me regarda, v.57 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  152. Ma chanson tant recommença, v.66 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  153. Tant qu'enfin la voix me manqua. v.68 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  154. Me voici comme de moitié dans une intrigue assez douce et d'un assez bon rapport, car il m'en revient déjà de l'argent et une maîtresse ; ce beau commencement-là promet encore une plus belle fin. (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  155. Or, moi qui suis un habile homme, est-il naturel que je reste ici les bras croisés ? (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  156. Si je disais au seigneur Lélio que le coeur de la Comtesse commence à capituler pour le Chevalier, il se dépiterait plus vite, et partirait pour Paris où on l'attend. (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  157. Vous liez amitié avec le Chevalier, vous me l'amenez ; et vous voulez ensuite que je lui fasse mauvaise mine ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  158. Vous m'avez dit vous-même que c'était un homme aimable, amusant et effectivement j'ai jugé que vous aviez raison. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  159. Effectivement ! (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  160. Je ne sais que vous dire ; mais voilà un effectivement qui ne devrait pas se trouver là, par exemple. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  161. Vous me raillez, Madame. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  162. Voulez- vous que je respecte votre antipathie pour effectivement ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  163. Non, Madame ; mais il marque que vous êtes un peu trop persuadée du mérite du Chevalier. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  164. Oh il a tort, et le procès que vous lui faites est raisonnable, mais vous m'avouerez qu'il n'y a pas de mal à sentir suffisamment le mérite d'un homme, quand le mérite est réel ; et c'est comme j'en use avec le Chevalier. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  165. Je suis d'avis de ne dire plus mot, et d'attendre que vous m'ayez donné la liste des termes sans reproches que je dois employer, je crois que c'est le plus court ; il n'y a que ce moyen-là qui puisse me mettre en état de m'entretenir avec vous. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  166. Madame, faites grâce à mon amour. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  167. Sentir, Madame, c'est le style du coeur, et ce n'est pas dans ce style-là que vous devez parler du Chevalier. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  168. Écoutez ; le vôtre ne m'amuse point ; il est froid, il me glace ; et, si vous voulez même, il me rebute. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  169. Quittons-nous, croyez-moi ; je parle mal, vous ne me répondez pas mieux ; cela ne fait pas une conversation amusante. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  170. Lélio, pour prix des leçons que vous venez de me donner, je vous avertis, moi, qu'il y a des moments où vous feriez bien de ne pas vous montrer ; entendez-vous ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  171. Vous me trouvez donc bien insupportable ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  172. Épargnez-vous ma réponse ; vous auriez à vous plaindre de la valeur de mes termes, je le sens bien. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  173. Et moi, je sens que vous vous retenez ; vous me diriez de bon coeur que vous me haïssez. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  174. Vous ne feriez pas languir mes souhaits. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  175. Vous me désolez, Madame. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  176. Je me retiens, Monsieur ; je me retiens. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  177. Le dédit même qui est entre nous... (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  178. Que ne me disiez-vous cela sur-le-champ ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  179. J'aimerais mieux mourir ; ne m'assure-t-il pas votre main ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  180. Pourquoi me déplaisez-vous donc ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  181. Vous auriez de la peine à le dire vous-même. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  182. Vous êtes jaloux, premièrement. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  183. Madame, quand on aime... (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  184. Quel emportement ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  185. Autrefois vous me reprochiez que je ne l'étais pas assez ; vous me trouviez trop tranquille ; me voici inquiet, et je vous déplais. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  186. Le compliment que vous me faites est digne de l'entretien dont vous me régalez depuis une heure ; et après cela vous me demanderez en quoi vous me déplaisez ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  187. Mais je ne vous appelle pas capricieuse, Madame ; je dis seulement que vous vouliez que je fusse jaloux ; aujourd'hui je le suis ; pourquoi le trouvez-vous mauvais ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  188. Non, Monsieur, on n'a jamais dit à une femme ce que vous me dites là ; et je n'ai vu que vous dans la vie qui m'ayez trouvé si ridicule. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  189. Je chercherais volontiers à qui vous parlez, Madame ; car ce discours-là ne peut pas s'adresser à moi. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  190. Me voilà devenue visionnaire à présent ; continuez, Monsieur, continuez ; vous ne voulez pas rompre le dédit ; cependant c'est moi qui ne veux plus ; n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  191. Je vous passerais de la jalousie ; je ne parle pas de la vôtre, elle n'est pas supportable ; c'est une jalousie terrible, odieuse, qui vient du fond du tempérament, du vice de votre esprit. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  192. Ce n'est pas délicatesse chez vous ; c'est mauvaise humeur naturelle, c'est précisément caractère. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  193. Ce n'est pas là la jalousie que je vous demandais ; je voulais une inquiétude douce, qui a sa source dans un coeur timide et bien touché, et qui n'est qu'une louable méfiance de soi-même ; avec cette jalousie-là, Monsieur, on ne dit point d'invectives aux personnes que l'on aime ; on ne les trouve ni ridicules, ni fourbes, ni fantasques ; on craint seulement de n'être pas toujours aimé, parce qu'on ne croit pas être digne de l'être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  194. Mais cela vous passe ; ces sentiments-là ne sont pas du ressort d'une âme comme la vôtre. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  195. Chez vous, c'est des emportements, des fureurs, ou pur artifice ; vous soupçonnez injurieusement ; vous manquez d'estime ; de respect, de soumission ; vous vous appuyez sur un dédit ; vous fondez vos droits sur des raisons de contrainte. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  196. Vous êtes en colère, mais vous reviendrez, car vous m'estimez dans le fond. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  197. Soit ; j'en estime tant d'autres ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  198. Je ne regarde pas cela comme un grand mérite d'être estimable ; on n'est que ce qu'on doit être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  199. Vous m'êtes chère ; le Chevalier vous aime ; ayez pour lui un peu plus de froideur ; insinuez-lui qu'il nous laisse, qu'il s'en retourne à Paris. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  200. Lui insinuer qu'il nous laisse, c'est-à-dire lui glisser tout doucement une impertinence qui me fera tout doucement passer dans son esprit pour une femme qui ne sait pas vivre ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  201. Toute la subtilité possible n'empêchera pas un compliment d'être ridicule, quand il l'est, vous me le prouvez par le vôtre ; c'est un avis que je vous insinue tout doucement, pour vous donner un petit essai de ce que vous appelez manière insinuante. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  202. Allons, allons, cela va très rondement ; j'épouserai les douze mille livres de rente. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  203. Il m'a paru tantôt que tu avais quelque chose à me dire ? (Acte 2, scène 3, L?LIO)
  204. L'équipage où je suis ne prévient pas en ma faveur ; cependant, tel que vous me voyez, il y a là dedans le coeur d'un honnête homme, avec une extrême inclination pour les honnêtes gens. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  205. Moi-même, et je le dis avec un souvenir modeste, moi-même autrefois, j'ai été du nombre de ces honnêtes gens ; mais vous savez, Monsieur, à combien d'accidents nous sommes sujets dans la vie. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  206. Le sort m'a joué ; il en a joué bien d'autres ; l'histoire est remplie du récit de ses mauvais tours : princes, héros, il a tout malmené, et je me console de mes malheurs avec de tels confrères. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  207. Les infortunés sont un peu babillards, Monsieur ; ils s'attendrissent aisément sur leurs aventures. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  208. Mais je coupe court ; ce petit préambule me servira, s'il vous plaît, à m'attirer un peu d'estime, et donnera du poids à ce que je vais vous dire. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  209. Vous savez que je fais la fonction de domestique auprès de Monsieur le Chevalier. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  210. Je ne demeurerai pas longtemps avec lui, Monsieur ; son caractère donne trop de scandale au mien. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  211. À peine vous ai-je vu, vous ai-je entendu parler, que j'ai dit en moi-même : Ah quelle âme franche ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  212. Je suis fier, mais je suis pauvre, qualités, comme vous jugez bien, très difficiles à accorder. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  213. L'une avec l'autre, et qui pourtant ont la rage de se trouver presque toujours ensemble ; voilà ce qui me passe. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  214. Elles nous mènent à un combat qui se passe entre elles ; la fierté se défend d'abord à merveille, mais son ennemie est bien pressante ; bientôt la fierté plie, recule, fuit, et laisse le champ de bataille à la pauvreté, qui ne rougit de rien, et qui sollicite en ce moment votre libéralité (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  215. Je t'entends ; tu me demandes quelque argent pour récompense de l'avis que tu vas me donner. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  216. Vous y êtes ; les âmes généreuses ont cela de bon, qu'elles devinent ce qu'il vous faut et vous épargnent la honte d'expliquer vos besoins ; que cela est beau ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  217. Mais n'importe ; votre équité me rendra ce que votre économie me retranche, et je commence : Vous croyez le Chevalier votre intime et fidèle ami, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  218. Vous croyez que la Comtesse vous aime toujours ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  219. Comment ? (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  220. La Comtesse ne vous aime plus, le Chevalier vous a escamoté son coeur : il l'aime, il en est aimé, c'est un fait ; je le sais, je l'ai vu, je vous en avertis ; faites-en votre profit et le mien. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  221. Monsieur, on peut se fier à mes observations. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  222. Tenez, je n'ai qu'à regarder une femme entre deux yeux, je vous dirai ce qu'elle sent et ce qu'elle sentira, le tout à une virgule près. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  223. Tout ce qui se passe dans son coeur s'écrit sur son visage, et j'ai tant étudié cette écriture-là, que je la lis tout aussi couramment que la mienne. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  224. Lui disait-elle, en souriant négligemment à ses enjouements. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  225. Que vous m'amusez agréablement, Chevalier ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  226. Ne sentez-vous pas que vous me plaisez ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  227. Et moi, tout en raccommodant ma palissade, j'expliquais ce vous n'y songez pas, et ce laissez-moi donc ; et je voyais que cela voulait dire : Courage, Chevalier, encore un baiser sur le même ton ; surprenez-moi toujours, afin de sauver les bienséances ; je ne dois consentir à rien ; mais si vous êtes adroit, je n'y saurais que faire ; ce ne sera pas ma faute. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  228. Vous en parlez bien à votre aise, Madame. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  229. Alors la Comtesse de s'embarrasser, le Chevalier de la regarder tendrement ; elle de rougir ; lui de s'animer ; elle de se fâcher sans colère ; lui de se jeter à ses genoux sans repentance ; elle de pousser honteusement un demi-soupir ; lui de riposter effrontément par un tout entier ; et puis vient du silence ; et puis des regards qui sont bien tendres ; et puis d'autres qui n'osent pas l'être ; et puis... (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  230. Vous le voyez bien, Madame. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  231. Me pardonnez-vous ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  232. Je dis que ta découverte commence à prendre forme. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  233. Commence à prendre forme ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  234. De toutes les grimaces que m'a fait la fortune, voilà certes la plus comique ; me payer en exemption de coups de bâton ! (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  235. Je n'y comprends rien : je lui dis que sa maîtresse le plante là ; il me demande si elle y prend goût. (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  236. Et seraient-ils tous deux meilleurs amis que je ne pense ? (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  237. Tu me parais occupé ; à quoi est-ce que tu rêves ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  238. Oui-da, on fait son affaire avec du vin, quoique lentement ; mais en y joignant une pincée d'inclination pour le beau sexe, on réussit bien autrement. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  239. Tu n'y demeureras pas toujours. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  240. Mais de grâce, instruis-moi d'une chose à ton tour : ton maître et Monsieur le Chevalier s'aiment-ils beaucoup ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  241. Se témoignent-ils de grands empressements ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  242. Ils se disent : Comment te portes-tu ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  243. Après cela ils dînent et soupent ensemble ; et puis : Bonsoir ; je te souhaite une bonne nuit, et puis ils se couchent, et puis ils dorment, et puis le jour vient. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  244. Friandise de mon âme ! (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  245. Et c'est de sa main mignonne que je tiens ces louis d'or dont tu parles, et que le don qu'elle m'en a fait me rend si précieux. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  246. Il me divertit ; je veux le pousser jusqu'à l'évanouissement. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  247. Ce n'est pas le tout, mon ami : ses discours ont charmé mon coeur ; de la manière dont elle m'a peint, j'avais honte de me trouver si aimable. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  248. M'aimerez-vous ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  249. Me disait-elle ; puis-je compter sur votre coeur ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  250. Pendant qu'elle me parlait, ingénieuse à me prouver sa tendresse, elle fouillait dans sa poche pour en tirer cet or qui fait mes délices. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  251. Prenez, m'a-t-elle dit en me le glissant dans la. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  252. Main ; et comme poliment j'ouvrais ma main avec lenteur : prenez donc, s'est-elle écriée, ce n'est là qu'un échantillon du coffre-fort que je vous destine ; alors je me suis rendu ; car un échantillon ne se refuse point. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  253. Mon ami, je tombe à tes pieds pour te supplier, en toute humilité, de me montrer seulement la face royale de cette incomparable fille, qui donne un coeur et des louis d'or du Pérou avec ; peut-être me fera-t-elle aussi présent de quelque échantillon ; je ne veux que la voir, l'admirer, et puis mourir content. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  254. Cela ne se peut pas, mon enfant ; il ne faut pas régler tes espérances sur mes aventures ; vois-tu bien, entre le baudet et le cheval d'Espagne, il y a quelque différence. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  255. Je te regarde comme le premier cheval du monde. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  256. Tu abuses de mes comparaisons ; je te permets de m'estimer, Arlequin, mais ne me loue jamais. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  257. Cela ne se peut pas ; mais je t'aime, et tu te sentiras de ma bonne fortune : dès aujourd'hui je te fonde une bouteille de Bourgogne pour autant de jours que nous serons ici. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  258. Une bouteille par jour, cela fait trente bouteilles par mois ; pour me consoler dans ma douleur, donne-moi en argent la fondation du premier mois. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  259. Mon fils, je suis bien aise d'assister à chaque paiement. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  260. Où êtes-vous donc, petit louis d'or de mon âme ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  261. C'est bien peu de chose que rien : et vous me cherchiez tout exprès pour me dire cela ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  262. Un fourbe, de qui je me vengerai. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  263. Mes vertus ont cela de malheureux, qu'elles n'ont jamais été connues de personne. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  264. Je voudrais bien savoir de quoi vous vous mêlez, d'aller dire à Monsieur Lélio que j'aime la Comtesse ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  265. Comment ! (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  266. Vous me faites plaisir de m'en avertir ; pour payer mon avis, il avait promis de se taire ; il a parlé, la dette subsiste. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  267. Retranchez ces petits agréments-là de votre discours ; ce sont des fleurs de rhétorique qui m'entêtent ; je voulais avoir de l'argent, cela est vrai. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  268. Arrêtez ; ma discrétion s'affaiblit, je l'avoue ; je la sens infirme ; il sera bon de la rétablir par un baiser ou deux. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  269. Vous ne m'entendez point ; je ne puis me résoudre à vous dire le mot de l'énigme. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  270. Je vous entends à merveille ; qu'à cela ne tienne. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  271. J'aime pourtant mieux un baiser. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  272. Friponne, tu triches ma flamme ; tu t'esquives, mais avec tant de grâce, qu'il faut me rendre. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  273. M'amour, je me meurs ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  274. Laissez-moi vous contempler, cassette de mon âme : qu'elle est jolie ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  275. Mignarde, mon coeur s'en va, je me trouve mal. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  276. Vite un échantillon pour me remettre ; ah ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  277. Mon cher Arlequin, ne me découvre point ; je te promets des échantillons tant que tu voudras. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  278. M'aimerez-vous, petit homme ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  279. À tout hasard, continuons ce que j'ai commencé. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  280. Vous me paraissez bien triste, Madame ; qu'avez-vous ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  281. Je viens vous faire un compliment qui me déplaît ; mais je ne saurais m'en dispenser. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  282. Ahi, notre conversation débute mal, Madame. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  283. Madame, je ne vaux pas la peine que vous vous excusiez, et vous êtes trop bonne. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  284. Vous ne risquez rien à me donner carte blanche ; je sais le respect que je dois à vos véritables intentions. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  285. Il n'y a rien de plus désagréable que votre obstination à me croire polie ; car il faudra, malgré moi, que je la sois. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  286. Sa fierté se meurt, je veux l'achever. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  287. Adieu, Madame ; je craindrais de prendre le change, je suis tenté de demeurer, et je fuis le danger de mal interpréter vos honnêtetés. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  288. Du moins, Madame, attendez que je sois parti, pour marquer un dégoût à mon égard. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  289. Allez, Monsieur ; je ne saurais attendre ; allez à Paris chercher des femmes qui s'expliquent plus précisément que moi, qui vous prient de rester en termes formels, qui ne rougissent de rien. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  290. Pour moi, je me ménage, je sais ce que je me dois ; et vous partirez, puisque vous avez la fureur de prendre tout de travers. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  291. Peut-on mettre une femme entre le oui et le non ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  292. Y a-t-il rien de plus haïssable qu'un homme qui ne saurait deviner ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  293. Je devine donc ; je me sauve. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  294. Je ne sais pourquoi cet homme m'a plu. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  295. Que je hais les hommes à présent ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  296. Je ne songeais pas, Madame, que je vais dans un pays où je puis vous rendre quelque service ; n'avez-vous rien à m'y commander ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  297. Comment ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  298. Je vous aime, et ne présume rien en ma faveur. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  299. Il est donc inutile de me retenir, Madame. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  300. Comme il prend tout ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  301. Mais aussi, que ne vous expliquez-vous franchement ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  302. Je pars, vous me retenez ; je crois que c'est pour quelque chose qui en vaudra la peine, point du tout ; c'est pour me dire : Je n'entends pas que vous présumiez rien non plus. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  303. Et moi, Madame, je n'entends point vivre comme cela ; je ne saurais, je vous aime trop. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  304. Ce n'est pas ma faute, il est comme vous me l'avez donné. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  305. Me jeter dans l'espérance ! (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  306. Vous m'avez fait peur ; j'ai cru votre soupçon plus grave ; mais pour volage, s'il n'y a que cela qui vous retienne, partons ; quand vous me connaîtrez mieux, vous ne me reprocherez pas ce défaut-là. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  307. Parlons raisonnablement : vous pourrez me plaire, je n'en disconviens pas ; mais est-il naturel que vous plaisiez tout d'un coup ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  308. Venons au fait ; m'aimerez-vous ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  309. Mais, au bout du compte, m'aimez-vous, vous-même ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  310. Oui, Madame ; j'ai fait ce grand effort-là. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  311. Il y a si peu de temps que vous me connaissez, que je ne laisse pas que d'en être surprise. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  312. Madame, faut-il vous voir plus d'un moment pour apprendre à vous adorer ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  313. Je vous crois, ne vous fâchez point ; ne me chicanez pas davantage. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  314. Oui, Comtesse, je vous aime ; et de tous les hommes qui peuvent aimer, il n'y en a pas un dont l'amour soit si pur, si raisonnable, je vous en fais serment sur cette belle main, qui veut bien se livrer à mes caresses ; regardez-moi, Madame ; tournez vos beaux yeux sur moi, ne me volez point le doux embarras que j'y fais naître. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  315. Vous me l'avez laissé prendre, laissez-moi la garder. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  316. Vous me faites oublier ce que j'avais à vous dire : je suis venue tout exprès, et vous m'amusez toujours. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  317. Revenons ; vous m'aimez, voilà qui va fort bien, mais comment ferons-nous ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  318. Il craint que je ne vous aime. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  319. Hé pourquoi ne m'aimeriez-vous pas ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  320. Comment ! (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  321. Ne m'avez-vous pas dit tout à l'heure que vous me ferez grâce ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  322. Ne savais-je pas bien que le maudit peut-être me jouerait un mauvais tour ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  323. Hé que faites-vous donc de mieux, si vous ne m'aimez pas ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  324. Lélio commence bien à me déplaire. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  325. L'homme le plus ennuyant. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  326. Me le conseillez-vous ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  327. Je crois qu'effectivement il en faut venir là. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  328. De mes affaires. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  329. C'est que vous avez des longueurs qui me désespèrent. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  330. Personne n'est comme vous. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  331. Madame, on est ce que l'on peut quand on vous aime. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  332. Je suis vif, et je vous adore, me voilà tout entier ; mais trouvons un expédient qui vous mette à votre aise : si je vous déplais, dites-moi de partir, et je pars, il n'en sera plus parlé ; si je puis espérer quelque chose, ne me dites rien, je vous dispense de me répondre ; votre silence fera ma joie, et il ne vous en coûtera pas une syllabe. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  333. Grâces au ciel et à la bonté de Madame, il n'en sera rien, s'il vous plaît. (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  334. Comment, morbleu ! (Acte 2, scène 9, L?LIO)
  335. Que dites-vous de lui, Madame ? (Acte 2, scène 9, L?LIO)
  336. Votre amitié est belle et bonne, mais je m'en passerai mieux que d'amour pour Madame. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  337. En êtes-vous étonné, si Madame n'a pas la complaisance de s'enfermer pour vous ; vos étonnements ont tout l'air d'être fréquents, et il faudra bien que vous vous y accoutumiez. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  338. Je n'ai rien à vous répondre ; Madame aura soin de me venger de vos louables entreprises. (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  339. Voulez-vous bien que je vous donne la main, Madame ? (Acte 2, scène 9, L?LIO)
  340. Car je ne vous crois pas extrêmement amusée des discours de Monsieur. (Acte 2, scène 9, L?LIO)
  341. Nous pouvons nous promener ensemble ; je ne me plains pas du Chevalier : s'il m'aime, je ne saurais me fâcher de la manière dont il le dit, et je n'aurais tout au plus à lui reprocher que la médiocrité de son goût. (Acte 2, scène 9, LA COMTESSE)
  342. J'aurai plus de partisans de mon goût que vous n'en aurez de vos reproches, Madame. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  343. Je ne sais quelles sont vos vues, Madame ; mais... (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  344. Je n'aime pas les emportés ; je vous reverrai quand vous serez plus calme. (Acte 2, scène 9, LA COMTESSE)
  345. Voilà une femme bien dupe ! (Acte 2, scène 10, LÉLIO)
  346. Dis-moi donc pourquoi tu pleures ; je veux le savoir absolument. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  347. Sais-tu bien que je me fâcherai à la fin ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  348. Tu me la dis si sottement, que je n'y comprends rien ; t'a-t-on fait du mal ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  349. Oui ; quand un pauvre homme perd de l'or, il faut qu'il meure ; et je mourrai aussi, je n'y manquerai pas. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  350. De l'or du Pérou ; voilà comme on dit qu'il s'appelle. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  351. Vraiment oui ; voilà mon affaire. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  352. Arlequin, fais trêve à tes larmes. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  353. Si tu te plains de quelqu'un, j'y mettrai ordre ; mais éclaircis-moi la chose. (Acte 3, scène 1, L?LIO)
  354. Tu me parles d'un or du Pérou, après cela d'un échantillon : je ne t'entends point ; réponds-moi précisément ; le Chevalier t'a-t-il donné de l'or ? (Acte 3, scène 1, L?LIO)
  355. Pas à moi ; mais il l'avait donné devant moi à Trivelin pour me le rendre en main propre ; mais cette main propre n'en a point tâté ; le fripon a tout gardé dans la sienne, qui n'était pas plus propre que la mienne. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  356. Vraiment oui ; Monsieur le Chevalier en avait aussi donné à Trivelin. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  357. Je ne saurais débrouiller ce qu'il veut dire ; il y a cependant quelque chose là-dedans qui peut me regarder. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  358. Quel étrange galimatias me fais-tu là ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  359. Le Chevalier a-t-il de si grands charmes ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  360. Tu parles de lui comme d'une femme. (Acte 3, scène 1, L?LIO)
  361. Vous verrez si ce n'est pas un échantillon qui vous viendra sur-le-champ, et vous me direz si je suis fou. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  362. Voilà justement le secret qui fait avoir un présent, quand on le garde. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  363. Je prétends que tu me le dises, moi. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  364. Vous me ruineriez, Monsieur, il ne me donnerait plus rien, ce charmant petit semblant d'homme, et je l'aime trop pour le fâcher. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  365. Ce petit semblant d'homme ! (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  366. Monsieur, on ne voit point d'hommes comme lui ; il n'y en a point dans le monde ; c'est folie que d'en chercher ; mais sa mascarade empêche de voir cela. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  367. Ce qu'il me dit là me fait naître une pensée que toutes mes réflexions fortifient ; le Chevalier a de certains traits, un certain minois... (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  368. Mais voici Trivelin ; je veux le forcer à me dire la vérité, s'il la sait ; j'en tirerai meilleure raison que de ce butor-là. (Acte 3, scène 1, L?LIO)
  369. Voici ma mauvaise paye ; la physionomie de cet homme-là m'est devenue fâcheuse ; promenons-nous d'un autre côté. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  370. Ne pourriez-vous pas remettre cela ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  371. J'ai actuellement un mal de tête qui ne me permet de conversation avec personne. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  372. Écoute, ton verbiage me déplaît. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  373. Et je veux que tu répondes positivement à ce que je te demanderai ; je réglerai mon procédé sur le tien. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  374. Si tu me dis la vérité, tu n'en seras pas fâché. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  375. Pour finir une conversation, il n'y a rien de mieux que de la laisser là ; c'est le plus court, ce me semble. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  376. Tu m'impatientes, et je commence à me fâcher ; tiens-toi là ; écoute, et me réponds. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  377. À qui en a ce diable d'homme-là ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  378. Oui-da, comme il convient à d'honnêtes gens. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  379. Non, c'est une nouvelle connaissance ; la vôtre et la mienne sont de la même date. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  380. Il se dit cadet d'un aîné gentilhomme ; mais les titres, de cet aîné, je ne les ai point vus ; si je les vois jamais, je vous en promets copie. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  381. Je vous la promets, vous dis-je, je vous en donne ma parole ; il n'y a point de sûreté de cette force-là nulle_part. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  382. Tu me caches la vérité ; le nom de Chevalier qu'il porte n'est qu'un faux nom. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  383. Je l'ai cru réduit à une légitime ; voyez ce que c'est ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  384. Tu bats la campagne ; ce Chevalier mal nommé, avoue-moi que tu l'aimes. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  385. Je l'aime par la règle générale qu'il faut aimer tout le monde ; voilà ce qui le tire d'affaire auprès de moi. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  386. Ma foi, Monsieur, vous vous trompez, rien ne me coûte tant que mes devoirs ; plein de courage pour les vertus inutiles, je suis d'une tiédeur pour les nécessaires qui passe l'imagination ; qu'est-ce que c'est que nous ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  387. N'êtes-vous pas comme moi, Monsieur ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  388. Doucement, Monsieur ; diantre ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  389. Je te ferai périr sous le bâton si tu me joues davantage ; m'entends-tu ? (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  390. Vous me tuerez si je ne parle ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  391. Savez-vous bien que vous me feriez peur, sans votre physionomie d'honnête homme ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  392. C'est mon habit qui est un coquin ; pour moi, je suis un brave homme, mais avec cet équipage-là, on a de la probité en pure perte ; cela ne fait ni honneur ni profit. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  393. Va, je tâcherai de me passer de l'aveu que je te demandais ; mais je te retrouverai, et tu me répondras de ce qui m'arrivera de fâcheux. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  394. Mon ami, la Comtesse écrit actuellement des lettres pour Paris ; elle descendra bientôt, et veut se promener avec moi, m'a-t-elle dit. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  395. Sur cela, je viens t'avertir de ne nous pas interrompre quand nous serons ensemble, et d'aller bouder d'un autre côté, comme il appartient à un jaloux. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  396. Dans cette conversation-ci, je vais mettre la dernière main à notre grand oeuvre, et achever de la résoudre. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  397. Il y a des dédits mal conçus et qui ne servent de rien ; montre-moi le tien, je m'y connais, en cas qu'il y manquât quelque chose, on pourrait prendre des mesures. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  398. Tâchons de le démasquer si mes soupçons sont justes. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  399. Songes-tu encore à me faire épouser quelque autre femme avec la Comtesse ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  400. Non ; je pense à quelque chose de plus sérieux ; je veux me couper la gorge. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  401. Si ta résolution tient, tu me feras ton légataire, peut-être ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  402. Vous même. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  403. Va te mettre au lit et te faire saigner, tu es malade. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  404. Je vous regarde comme un lâche si vous ne marchez. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  405. Pauvre homme ! (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  406. Après ce que tu me dis là, tu es du moins heureux de n'avoir plus le bon sens. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  407. Oui, vous êtes aussi poltron qu'une femme. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  408. Tenons ferme. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  409. Avec une quenouille, mes pareils vous battraient encore. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  410. S'il me voit résolue, il sera peut-être poltron. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  411. Vous me suivez donc ? (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  412. Doucement, mon ami ; expliquons-nous à présent. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  413. Je vous regarde comme un lâche si vous hésitez davantage. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  414. Je me suis, ma foi, trompé ; c'est un cavalier, et des plus résolus. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  415. Vous êtes plus poltron qu'une femme. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  416. Il n'y a point de femme à qui ce visage-là n'allât comme un charme ; tu es masqué en coquette. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  417. Masque vous-même ; vite au bois ! (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  418. Arlequin m'a tenu aussi des discours qui signifiaient que tu étais fille ; ta beauté me l'a fait d'abord soupçonner ; mais je me rends. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  419. Quand un homme comme moi est en train, il a de la peine à s'arrêter. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  420. Tu as encore cela de commun avec la femme. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  421. Non, je te le promets. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  422. Je vous demande pardon si je vous suis importun, Monsieur le Chevalier ; mais ce larron de Trivelin ne veut pas me rendre l'argent que vous lui avez donné pour moi. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  423. Comment, faquin ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  424. C'est donc comme cela que vous m'aimez ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  425. Tenez, Monsieur, écoutez mes raisons ; je suis venu tantôt, que Trivelin lui disait : Que tu es charmante, ma poule ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  426. Ensuite elle a dit à Trivelin de me donner de l'or. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  427. Rien ; il ne ment pas d'un mot. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  428. Pas un petit brin, grâces au ciel ; je suis une femme, et je soutiendrai mon caractère. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  429. Je n'ai rien vu dedans qui me fasse envie. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  430. Vous savez mes projets. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  431. Qui n'avaient pas besoin d'un confident comme moi ; n'est-il pas vrai ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  432. J'aime surtout cet ermitage et cette laideur immanquable dont vous gratifierez votre épouse quinze jours après votre mariage ; il n'y a rien de tel. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  433. Je suis fille, assez jolie, comme vous voyez, et dont les agréments seront de quelque durée, si je trouve un mari qui me sauve le désert et le terme des quinze jours ; voilà ce que je suis, et, par-dessus le marché, presque aussi méchante que vous. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  434. Tirer votre portrait, afin de le porter à certaine dame qui l'attend pour savoir ce qu'elle fera de l'original. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  435. Par cette mission-là, c'est une tendre brebis qui échappe au loup, et douze mille livres de rente de sauvées, qui prendront parti ailleurs ; petites, bagatelles qui valaient bien la peine d'un déguisement. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  436. Là-dessus on vous suit, on sait que vous êtes au bal ; j'ai de l'esprit et de la malice, on m'y envoie ; on m'équipe comme vous me voyez, pour me mettre à portée de vous connaître ; j'arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connais, je trouve que vous ne valez rien ; j'en rendrai compte ; il n'y a pas un mot à redire. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  437. Vous êtes donc la femme de chambre de la demoiselle en question ? (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  438. Pour cet effet, vous réclamiez mon industrie ; et quand j'aurais conduit l'affaire près de sa fin, avant de terminer je comptais de vous rançonner un peu, et d'avoir ma part au pillage ; ou bien de tirer finement le dédit d'entre vos mains, sous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de pistoles payées comptant, ou en billets payables au porteur, sans quoi j'aurais menacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à zéro. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  439. Oh mon projet était fort bien entendu ; moi payée, crac, je décampais avec mon petit gain, et le portrait qui m'aurait encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma maîtresse ; tout cela joint à mes petites économies, tant sur mon voyage que sur mes gages, je devenais, avec mes agréments, un petit parti d'assez bonne défaite sauf le loup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  440. J'ai manqué mon coup, j'en suis bien fâchée ; cependant vous me faites pitié, vous. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  441. Je vous ouvre aussi mon coeur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n'est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l'honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  442. Si nous nous accommodons, dès ce soir j'écris une lettre à Paris, que vous dicterez vous-même ; vous vous y ferez tout aussi beau qu'il vous plaira, je vous mettrai à même. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  443. C'est encore mieux ; j'avoue même qu'elle ne les vaut pas. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  444. Mais mon argent, quand me le donnerez-vous ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  445. Madame_la_Comtesse va venir, et je ne veux point finir avec elle que je n'aie toutes mes sûretés. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  446. Mettez-moi le dédit en main ; je vous le rendrai tantôt pour votre billet. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  447. Ne me trahissez jamais. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  448. Quand j'aurai été quelque temps avec elle, revenez en colère la presser de décider hautement entre vous et moi ; et allez-vous-en, de peur qu'elle ne nous voie ensemble. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  449. J'ai vu de loin, Lélio vous parler ; c'est un homme emporté ; n'ayez point d'affaire avec lui, je vous prie. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  450. Savez-vous qu'il se vante de vous obliger à me donner mon congé ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  451. Il est encore de bonne heure ; il peut gagner Paris, et y arriver au soleil couchant ; expédions-le, ma chère âme. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  452. Me feriez-vous ce chagrin-là ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  453. Vous ne m'aimeriez guère. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  454. Eh bien je me révolte ; qu'en arrivera-t-il ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  455. Mais voyez avec quelle hardiesse il me dit cela ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  456. Non, vous dis-je ; je suis sûr de mon fait ; car vous m'aimez votre coeur est à moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  457. J'en ferai ce que je voudrai, comme vous ferez du mien ce qu'il vous plaira ; c'est la règle, et vous l'observerez, c'est moi qui vous le dis. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  458. Je l'aime ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  459. Je n'ai pas le moindre petit doute ; c'est une confiance que vous m'avez donnée ; et j'en use sans façon, comme vous voyez, et je conclus toujours que Lélio partira. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  460. Dire à un homme qu'il s'en aille ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  461. Me refuser son congé à moi qui le demande, comme s'il ne m'était pas dû ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  462. Je ne saurais, mon cher Chevalier ; j'ai quelques raisons pour en agir plus honnêtement avec lui. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  463. Des raisons, Madame, des raisons ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  464. Ne vous alarmez point ; c'est que je lui ai prêté de l'argent. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  465. Pour m'assurer cet argent-là, j'ai consenti que nous fissions lui et moi un dédit de la somme. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  466. Un dédit, Madame ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  467. Il me pénètre, il me trouble, je ne suis pas le maître. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  468. Voilà ce que c'est que ma facilité pour un homme haïssable, que j'ai toujours deviné que je haïrais ; j'ai toujours eu certaine antipathie pour lui, et je n'ai jamais eu l'esprit d'y prendre garde. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  469. Madame, il s'est bien accommodé de cette antipathie-là ; il en a fait un amour bien tendre ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  470. Tenez, Madame, il me semble que je le vois à vos genoux, que vous l'écoutez avec un plaisir, qu'il vous jure de vous adorer toujours, que vous le payez du même serment, que sa bouche cherche la vôtre, et que la vôtre se laisse trouver ; car voilà ce qui arrive ; enfin je vous vois soupirer ; je vois vos yeux s'arrêter sur lui, tantôt vifs, tantôt languissants, toujours pénétrés d'amour, et d'un amour qui croît toujours. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  471. Et moi je me meurs ; ces objets-là me tuent ; comment ferai-je pour le perdre de vue ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  472. Qu'il va me coûter de chagrins ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  473. Et qu'il me fait dire de folies ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  474. Courage, Monsieur ; rendez-nous tous deux la victime de vos chimères ; que je suis malheureuse d'avoir parlé de ce maudit dédit ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  475. Est-ce que je mérite tout ce que vous me dites ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  476. L'ai-je aimé autant que je vous aime ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  477. Où est l'homme plus chéri que vous l'êtes ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  478. Et rien ne vous persuade ; et vous vous chagrinez ; vous n'entendez rien ; vous me désolez. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  479. Comment vivre avec cela, dites-moi donc ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  480. Le succès de mes impertinences me surprend. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  481. C'en est fait, Comtesse ; votre douleur me rend mon repos et ma joie. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  482. Combien de choses tendres ne venez-vous pas de me dire ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  483. Reprenons notre humeur gaie ; allons, oublions tout ce qui s'est passé. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  484. Mais pourquoi est-ce que je vous aime tant ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  485. C'est que vous êtes plus aimable qu'un autre, apparemment. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  486. Pour tout ce qui n'est pas comme vous, je le serais peut être assez ; mais je ne suis rien pour ce qui vous ressemble. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  487. Comment donc faut-il être fait pour le mériter ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  488. Aimez-moi toujours, et je suis contente. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  489. Je vous le promets ; mais, que Lélio s'en aille. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  490. Souhaité qu'il prît son parti de lui-même, à cause du dédit ; ce serait dix mille écus que je vous sauverais, Chevalier ; car enfin, c'est votre bien que je ménage. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  491. Vous hésitez encore, vous avez peine à me le sacrifier ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  492. Est-ce là comme on aime ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  493. Qu'il vous manque encore de choses pour ne laisser rien à souhaiter à un homme comme moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  494. Il ne me manquera plus rien, consolez-vous. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  495. Non ; je me rends ; je renverrai Lélio, et vous dicterez son congé. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  496. Il me suffit que vous y consentiez ; votre amour est à toute épreuve, et je dispense votre politesse d'aller plus loin ; c'en serait trop ; c'est à moi à avoir soin de vous, quand vous vous oubliez pour moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  497. Je vous aime ; cela veut tout dire. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  498. M'aimer, cela n'est pas assez, Comtesse ; distinguez-moi un peu de Lélio ; à qui vous l'avez dit peut-être aussi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  499. Je veux mourir, s'il ne me donne envie de le dire. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  500. Quand vous me l'aurez dit, je vous en demanderai pardon. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  501. Je crois qu'il me persuadera. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  502. Dites comme moi : Chevalier, je vous adore. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  503. Il me fait faire tout ce qu'il veut. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  504. Soit ; mais ne me demandez plus rien après. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  505. Bien plus qu'il ne me faut, si vous me rendez justice. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  506. Lélio viendra certainement vous presser d'opter entre lui et moi ; ne manquez pas de lui dire que vous consentez à l'épouser. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  507. Je veux que vous le connaissiez à fond ; laissez-moi vous conduire, et sauvons le dédit ; vous verrez ce que c'est que cet homme-là. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  508. J'agirai comme vous le souhaitez. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  509. Permettez, Madame, que j'interrompe pour un moment votre entretien avec Monsieur. (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  510. Je ne viens point me plaindre, et je n'ai qu'un mot à vous dire. (Acte 3, scène 7, L?LIO)
  511. J'aurais cependant un assez beau sujet de parler, et l'indifférence avec laquelle vous vivez avec moi, depuis que Monsieur, qui ne me vaut pas... (Acte 3, scène 7, L?LIO)
  512. Mes reproches sont raisonnables ; mais je vous déplais ; je me suis promis de me taire ; et je me tais, quoi qu'il m'en coûte. (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  513. Pourquoi me trouvez-vous haïssable ? (Acte 3, scène 7, L?LIO)
  514. Pourquoi me fuyez-vous ? (Acte 3, scène 7, L?LIO)
  515. Tu n'avais qu'un mot à dire, qu'un petit mot ; et en voilà plus de cent de bon compte et rien ne s'avance ; cela me réjouit. (Acte 3, scène 7, LE CHEVALIER)
  516. Remettez-vous, Lélio, et dites-moi tranquillement ce que vous voulez. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  517. Prononcez, Madame ; mon coeur ne peut plus souffrir d'incertitude. (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  518. Non, Madame, vos réflexions sont à mon avantage ; et si j'osais... (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  519. Je vous dispense de me remercier, Lélio ; je suis sûre de la joie que je vous donne. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  520. Voilà une lettre qu'on vient d'apporter de la poste, Madame. (Acte 3, scène 7, UN-VALET)
  521. Voulez-vous bien que je me retire un moment pour la lire ? (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  522. Elle me prend au mot ; que dites-vous de ce qui se passe là ? (Acte 3, scène 8, LÉLIO)
  523. Rien ; je crois que je rêve, et je tâche de me réveiller. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  524. Me voilà en belle posture, avec sa main qu'elle m'offre, que je lui demande avec fracas, et dont je ne me soucie point. (Acte 3, scène 8, LÉLIO)
  525. Mais ne me trompez-vous point ? (Acte 3, scène 8, L?LIO)
  526. Je vous sers loyalement, ou je ne suis pas soubrette. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  527. Ce que nous voyons là peut venir d'une chose : pendant que nous nous parlions, elle me soupçonnait d'avoir quelque inclination à Paris ; je me suis contenté de lui répondre galamment là-dessus ; elle a tout d'un coup pris son sérieux ; vous êtes entré sur le champ ; et ce qu'elle en fait n'est sans doute qu'un reste de dépit, qui va se passer ; car elle m'aime. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  528. Me voilà fort embarrassé. (Acte 3, scène 8, LÉLIO)
  529. Il y a bien du bizarre dans ce que tu me proposes là. (Acte 3, scène 8, LÉLIO)
  530. Je ne vous aime plus, Madame, cependant je veux vous épouser ; ne le voulez-vous pas ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  531. Ma foi, Madame, oserais-je vous parler franchement ? (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  532. Comment donc ! (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  533. Expliquez-vous ; ne m'aimez-vous plus ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  534. Je ne dis pas cela tout à fait ; mais mes inquiétudes ont un peu rebuté mon coeur. (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  535. Et que signifie donc ce grand étalage de transports que vous venez de me faire ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  536. Expliquez-vous, Madame ; je n'en puis plus, je souffre... (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  537. Ma foi, Madame, c'est que je croyais que je ne risquerais rien, et que vous me refuseriez. (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  538. Nous le tiendrons, Madame ; j'aurai l'honneur de vous épouser. (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  539. Vous m'épouserez, et vous ne m'aimez plus ! (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  540. Cela n'y fait de rien, Madame ; cela ne doit pas vous arrêter. (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  541. Et le dédit, Madame, vous voulez donc bien l'acquitter ? (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  542. Ma métamorphose n'est pas du goût de vos tendres sentiments, ma chère Comtesse. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  543. Je vous aurais mené assez loin, si j'avais pu vous tenir compagnie ; voilà bien de l'amour de perdu ; mais, en revanche, voilà une bonne somme de sauvée ; je vous conterai le joli petit tour qu'on voulait vous jouer. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  544. Je n'en connais point de plus triste que celui que vous me jouez vous-même. (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  545. Regardez le chagrin qui vous arrive comme une petite punition de votre inconstance ; vous avez quitté Lélio moins par raison que par légèreté, et cela mérite un peu de correction. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  546. Vous me l'avez donnée de bon coeur, et j'en dispose en faveur de Trivelin et d'Arlequin. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  547. Tenez, mes enfants, vendez cela, et partagez-en l'argent.! (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  548. Grand merci ! (Acte 3, scène 9, TRIVELIN_ARLEQUIN)
  549. Cet amour dont nos coeurs se laissent enflammer, v.1 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  550. Ce charme si touchant, ce doux plaisir d'aimer v.2 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  551. A l'objet qui vient nous charmer. v.5 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  552. Au milieu des transports dont il remplit notre âme, v.6 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  553. Jurons-lui mille fois une éternelle flamme. v.7 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  554. Trahissons aussitôt nos serments sans remords. v.9 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  555. Que doivent s'adresser les serments qu'on a faits, v.11 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  556. Jurer d'aimer toute sa vie, v.14 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  557. N'est pas un rigoureux tourment. v.15 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  558. Que l'on doit aimer constamment ; v.18 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  559. Quel parti prendre, et comment faire ? v.22 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  560. Mesdames, vous allez conclure v.26 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  561. Que tous les hommes sont maudits ; v.27 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  562. Mais doucement et point d'injure ; v.28 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)

LES SERMENTS INDISCRETS (1732)

  1. Damis serait un étrange homme, si cette lettre-ci ne rompt pas le projet qu'on fait de nous marier. (Acte 1, scène 1, LUCILE)
  2. Te voilà, Lisette, approche ; je viens d'apprendre que Damis est arrivé hier de Paris, qu'il est actuellement chez son père ; et voici une lettre qu'il faut que tu lui rendes, en vertu de laquelle j'espère que je ne l'épouserai point. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  3. Non, Madame, je ne ferai point votre message ; Damis est l'époux qu'on vous destine ; vous y avez consenti ; tout le monde est d'accord : entre une épouse et vous, il n'y a plus qu'une syllabe de différence, et je ne rendrai point votre lettre ; vous avez promis de vous marier. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  4. Qu'est-ce que c'est qu'un mariage comme celui-là ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  5. Ne faudrait-il pas être folle, pour épouser un homme dont le caractère m'est tout à fait inconnu ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  6. D'ailleurs ne sais-tu pas mes sentiments ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  7. Je vous en défie, Madame. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Quel raisonnement ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  9. Ma physionomie ne sait ce qu'elle dit ; je me sens un fonds de délicatesse et de goût qui serait toujours choqué dans le mariage, et je n'y serais pas heureuse. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  10. Il ne faut que deux ou trois mois de commerce avec un mari pour expédier votre délicatesse ; allez, déchirez votre lettre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  11. Est-ce que tu crois que je me pique d'être plus indifférente qu'une autre ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  12. Non, je ne me vante point de cela, et j'aurais tort de le faire, car j'ai l'âme tendre, quoique naturellement vertueuse : et voilà pourquoi le mariage serait une très mauvaise condition pour moi. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  13. Une âme tendre est douce, elle a des sentiments, elle en demande ; elle a besoin d'être aimée, parce qu'elle aime ; et une âme de cette espèce-là entre les mains d'un mari n'a jamais son nécessaire. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  14. Dame, ce nécessaire-là est d'une grande dépense, et le coeur d'un mari s'épuise. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Je les connais un peu, ces messieurs-là ; je remarque que les hommes ne sont bons qu'en qualité d'amants, c'est la plus jolie chose du monde que leur coeur, quand l'espérance les tient en haleine ; soumis, respectueux et galants, pour le peu que vous soyez aimable avec eux, votre amour-propre est enchanté ; il est servi délicieusement ; on le rassasie de plaisirs, folie, fierté, dédain, caprices, impertinences, tout nous réussit, tout est raison, tout est loi ; on règne, on tyrannise, et nos idolâtres sont toujours à nos genoux. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  16. Mais les épousez-vous, la déesse s'humanise-t-elle, leur idolâtrie finit où nos bontés commencent. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  17. Pour moi, j'y mettrai bon ordre, et le personnage de déesse ne m'ennuiera pas, messieurs, je vous assure. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  18. Comment donc ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  19. Non pas, s'il vous plaît ; ce serait un meurtre ; il ne vieillira qu'avec le temps, et n'enlaidira qu'à force de durer ; je veux qu'il n'appartienne qu'à moi, que personne n'ait que voir à ce que j'en ferai, qu'il ne relève que de moi seule. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  20. Si j'étais mariée, ce ne serait plus mon visage ; il serait à mon mari, qui le laisserait là, à qui il ne plairait pas, et qui lui défendrait de plaire à d'autres ; j'aimerais autant n'en point avoir. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  21. Non, non, Lisette, je n'ai point envie d'être coquette ; mais il y a des moments où le coeur vous en dit, et où l'on est bien aise d'avoir les yeux libres, ainsi, plus de discussion ; va porter ma lettre à Damis, et se range qui voudra sous le joug du mariage ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  22. Madame, que vous me charmez ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. je ne vous dis plus mot ; ne vous mariez point ; ma divinité subalterne vous approuve et fera de même. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. Je marque mes dispositions à Damis ; je le prie de les servir ; je lui indique les moyens qu'il faut prendre pour dissuader son père et le mien de nous marier ; et si Damis est aussi galant homme qu'on le dit, je compte l'affaire rompue. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  25. Madame, voici un domestique qui demande à vous parler. (Acte 1, scène 3, LE VALET)
  26. Madame, cette fille-ci est-elle discrète ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  27. Tenez, cet animal qui débute par me dire une injure ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  28. J'ai l'honneur d'appartenir à Monsieur Damis, qui me charge d'avoir celui de vous faire la révérence. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  29. Ne la gênez point, Madame ; je ne l'écoute pas. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Voyons, que me veut ton maître ? (Acte 1, scène 3, LUCILE)
  31. Il vous demande, Madame, un moment d'entretien avant que de paraître ici tantôt avec son père ; et j'ose vous assurer que cet entretien est nécessaire. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  32. Me conseilles-tu de le voir, Lisette ? (Acte 1, scène 3, LUCILE)
  33. Attendez, Madame, que j'interroge un peu ce harangueur. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  34. Mon maître ne me cache rien de ce qu'il pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  35. Je suis homme, et je me tais ; je vous défie d'en faire autant. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  36. Il est à vous sur-le-champ, Madame ; il m'attend dans une des allées du bois. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  37. Je n'ai point dessein de le voir non plus, mais il faut savoir ce qu'il me veut, et voici mon idée. (Acte 1, scène 4, LUCILE)
  38. Damis va venir, et tu n'as qu'à l'attendre, pendant que je vais me retirer dans ce cabinet, d'où j'entendrai tout. (Acte 1, scène 4, LUCILE)
  39. Dis-lui qu'en y faisant réflexion, j'ai cru que dans cette occasion-ci je ne devais point me montrer, et que je le prie de s'ouvrir à toi sur ce qu'il a à me dire, et s'il refuse de parler, en marquant quelque empressement pour me voir, finis la conversation, en lui donnant ma lettre. (Acte 1, scène 4, LUCILE)
  40. J'entends quelqu'un ; cachez-vous, Madame. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  41. C'est elle-même, et l'on m'avait dit que je la trouverais ici. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  42. Il est vrai, Monsieur ; mais elle a cru devoir se retirer, et m'a chargée de vous prier de sa part de me confier ce que vous voulez lui dire. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  43. Je vois bien que Monsieur pense judicieusement. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  44. Excusez-moi, Monsieur ; la voilà : c'est la même chose, je la représente. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  45. Soit, j'en serai même plus libre à vous dire mes sentiments, et vous me paraissez fille d'esprit. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  46. Venons à ce qui m'amène ; mon père, que je ne puis me résoudre de fâcher, parce qu'il m'aime beaucoup... (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  47. Fort bien : votre histoire commence comme la nôtre. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  48. Ce début-là me plaît. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  49. Attendez jusqu'au bout ; j'étais donc à mon régiment, quand mon père m'a écrit ce qu'il avait projeté avec celui de Lucile ; c'est, je pense, le nom de la prétendue future ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  50. La prétendue, toujours à merveille. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  51. Mon père, ensuite, me presse de venir, me dit que je ne saurais, sur la fin de ses jours, lui donner de plus grande consolation qu'en épousant Lucile ; qu'il est ami intime de son père, que d'ailleurs elle est riche, et que je lui aurai une obligation éternelle du parti qu'il me procure ; et qu'enfin, dans trois ou quatre jours, ils vont, son ami, sa famille et lui, m'attendre à leurs maisons de campagne qui sont voisines, et où je ne manquerai pas de me rendre, à mon retour de Paris. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  52. Moi, qui ne saurais rien refuser à un père si tendre, j'arrive, et me voilà. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  53. Je parle très sérieusement ; et comme on dit que Lucile est d'un esprit raisonnable, et que je lui dois être fort indifférent, j'avais dessein de lui ouvrir mon coeur, afin de me tirer de cette aventure-ci. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  54. Est-ce que vous aimez ailleurs ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  55. Je crois en avoir d'aussi sensés ; c'est qu'en vérité je ne suis pas d'un âge à me lier d'un engagement aussi sérieux ; c'est qu'il me fait peur, que je sens qu'il bornerait ma fortune, et que j'aime à vivre sans gêne, avec une liberté dont je sais tout le prix et qui m'est plus nécessaire qu'à un autre, de l'humeur dont je suis. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  56. Dans le mariage, pour bien vivre ensemble, il faut que la volonté d'un mari s'accorde avec celle de sa femme, et cela est difficile ; car de ces deux volontés-là, il y en a toujours une qui va de travers, et c'est assez la manière d'aller des volontés d'une femme, à ce que j'entends dire. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  57. Mais vous qui riez, est-ce que mes dispositions vous conviennent ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  58. Je vous dis que vous êtes un homme admirable. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  59. Sérieusement ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  60. Un homme sans prix. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  61. Ma foi, vous me charmez. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  62. Vous nous rachetez ; nous vous dispensons même de la bonté que vous avez de supposer quelques exceptions favorables parmi nous. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  63. Je n'en suis pas la dupe ; je n'y crois pas moi-même. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  64. Si je n'avais pas peur d'être ridicule, je vous recommanderais, pour vous piquer, de ne m'en pas manquer vous-même. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  65. Vous me rendrez justice ; de mon côté, je défie vos appas, et je vous réponds de mon coeur. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  66. Et moi du mien, Monsieur, je vous le promets, car je puis hardiment me montrer après ce que vous venez de dire ; allons, Monsieur, le plus fort est fait, nous n'avons à nous craindre ni l'un ni l'autre : vous ne vous souciez point de moi, je ne me soucie point de vous ; car je m'explique sur le même ton, et nous voilà fort à notre aise ; ainsi convenons de nos faits ; mettez-moi l'esprit en repos ; comment nous y prendrons-nous ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  67. Vaut-il mieux nous plaindre d'un éloignement réciproque ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  68. Ce sera comme vous voudrez ; vous savez mon secret ; vous êtes un honnête homme ; expédions. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  69. Nous ne barguignons pas, comme vous voyez ; nous allons rondement ; faites-vous de même ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  70. Qu'est-ce que c'est que cette saillie-là qui me compromet ?... (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  71. Faites-vous de même ?... (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  72. Voulez-vous divertir Monsieur à mes dépens ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  73. Je trouve sa question raisonnable, Madame. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  74. Votre apparition me déconcerte, je l'avoue ; je me suis expliqué d'une manière si libre, en parlant de personnes aimables, et surtout de vous, Madame ! (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  75. Comment donc ! (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  76. Non, Monsieur, elle ne l'est point : supposez que j'en aie, que vous me trouviez redoutable ou non, qu'est-ce que cela dit ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  77. Le goût d'un homme seul ne décide rien là-dessus ; et de quelque façon qu'il se tourne, on n'en vaut ni plus ni moins ; les agréments n'y perdent ni n'y gagnent ; cela ne signifie rien ; ainsi, Monsieur, point d'excuse ; au reste, pourtant, si vous en voulez faire, si votre politesse a quelque remords qui la gêne, qu'à cela ne tienne, vous êtes bien le maître. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  78. Je ne doute pas, Madame, que tout ce que je pourrais vous dire ne vous soit indifférent ; mais n'importe, j'ai mal parlé, et je me condamne très sérieusement. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  79. Car je me ferai sans façon, moi, tous les compliments qu'il vous plaira, ce n'est pas la peine de me les plaindre, ils ne sont pas rares, et l'on en donne à qui en veut. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  80. Il ne s'agit pas de compliments, Madame ; vous êtes bien au-dessus de cela, et il serait difficile de vous en faire. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  81. Celui-là est très fin, par exemple, et vous aviez raison de ne le vouloir pas perdre ; mais restons-en là, je vous prie ; car à la fin, tant de politesses me supposeraient un amour-propre ridicule, et ce serait une étrange chose qu'il fallût me demander pardon de ce qu'on ne m'aime point. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  82. Ce serait en m'aimant qu'on m'embarrasserait : mais grâce au ciel, il n'en est rien ; heureusement mes yeux se trouvent pacifiques ; ils applaudissent à votre indifférence ; ils se la promettaient, c'est une obligation que je vous ai, et la seule de votre part qui pouvait m'épargner une ingratitude ; vous m'entendez ; vous avez eu quelque peur des dispositions que je pouvais avoir ; mais soyez tranquille. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  83. Je me sauve, Monsieur, je vous échappe ; j'ai vu le péril, et il n'y paraît pas. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  84. Madame, oubliez un discours que je n'ai tenu tantôt qu'en plaisantant ; je suis de tous les hommes celui à qui il est le moins permis d'être vain, et vous de toutes les dames celle avec qui il serait le plus impossible de l'être ; vous êtes d'une figure qui ne permet ce sentiment-là à personne ; et si je l'avais, je serais trop méprisable. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  85. Ma foi, si vous le prenez sur ce ton-là, tous deux, vous ne tenez rien ; je n'aime point ce verbiage-là ; ces yeux pacifiques, ces apostrophes galantes à la figure de Madame, et puis des vanités, des excuses, où cela va-t-il ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  86. Ce n'est pas là votre chemin ; prenez garde que le diable ne vous écarte ; tenez, vous ne voulez point vous épouser : abrégeons, et tout à l'heure entre mes mains cimentez vos résolutions d'une nouvelle promesse de ne vous appartenir jamais ; allons, Madame, commencez pour le bon exemple, et pour l'honneur de votre sexe. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  87. le bel expédient, que je commence ! (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  88. comme si tout ne dépendait pas de Monsieur, et que ce ne fût pas à lui à garantir ma résolution par la sienne ! (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  89. Moi, commencer ! (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  90. cela ne me siérait point, ce serait violer les devoirs d'un galant homme, et je ne perdrai point le respect, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  91. Vous l'épouserez par respect ; car ce n'est que du galimatias que toutes ces raisons-là ; j'en reviens à vous, Madame. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  92. Qu'il se détermine : il faut parler naturellement dans la vie. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  93. Terminons donc, s'il n'y a que cela qui vous arrête, Monsieur ; voici mes sentiments : je ne veux point être mariée, et je n'en eus jamais moins d'envie que dans cette occasion-ci ; ce discours est net et sous-entend tout ce que la bienséance veut que je vous épargne. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  94. Vous passez pour un homme d'honneur, Monsieur ; on fait l'éloge de votre caractère, et c'est aux soins que vous vous donnerez pour me tirer de cette affaire-ci, c'est aux services que vous me rendrez là-dessus que je reconnaîtrai la vérité de tout ce qu'on m'a dit de vous. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  95. Je puis avoir le coeur prévenu, je pense qu'en voilà assez, Monsieur, et que ce que je dis là vaut bien un serment de ne vous épouser jamais ; serment que je fais pourtant, si vous le trouvez nécessaire. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  96. Madame, c'en est fait, et vous n'avez rien à craindre. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  97. Je ne suis point de caractère à persécuter les dispositions où je vous vois ; elles excluent notre mariage ; et quand ma vie en dépendrait, quand mon coeur vous regretterait, ce qui ne serait pas difficile à croire, je vous sacrifierais et mon coeur et ma vie, et vous les sacrifierais sans vous le dire ; c'est à quoi je m'engage, non par des serments qui ne signifieraient rien, et que je fais pourtant comme vous si vous les exigez, vous, mais parce que votre coeur, parce que la raison, mon honneur et ma probité dont vous l'exigez, le veulent ; et comme il faudra nous voir, et que je ne saurais partir ni vous quitter sur-le-champ, si, pendant le temps que nous nous verrons, il m'allait par hasard échapper quelque discours qui pût vous alarmer, je vous conjure d'avance de n'y rien voir contre ma parole, et de ne l'attribuer qu'à l'impossibilité qu'il y aurait de n'être pas galant avec ce qui vous ressemble. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  98. Adieu, Madame ; il me tarde de vous montrer que je suis du moins digne de quelque estime. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  99. Mais vous vous en allez sans prendre de mesures. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  100. Madame m'a dit qu'elle avait une soeur à qui je puis feindre de m'attacher ; c'est déjà un moyen d'indiqué. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  101. Mais ma fille pense-t-elle comme nous ? (Acte 2, scène 1, ORGON)
  102. Elle tient de vous, premièrement. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  103. C'est comme qui dirait... entre le froid et le chaud. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  104. Je crois l'avoir aussi, moi ; c'est apparemment qu'il voit que Lucile a de l'éloignement pour lui. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  105. Je crois avoir à mon tour la clef d'un autre secret : je pense que Lucile ne traite froidement Damis que parce qu'il n'a pas d'empressement pour elle. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  106. Parle-moi naturellement : ma fille te dit ce qu'elle pense. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  107. Monsieur, c'est un fripon, sur ma parole ; je lui soutiens qu'il a tort ; il sait bien qu'il ne nous aime point. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  108. Nous avons regardé dans ses yeux, il n'y a rien ; dans ses paroles, elles ne disent mot ; dans le son de sa voix, rien ne marque ; dans ses procédés, rien ne sort ; de mouvements de coeur, il n'en perce aucun. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  109. Notre vanité, qui a des yeux de lynx, a fureté partout ; et puis Monsieur viendra dire qu'il a de l'amour, à nous qui devinons qu'on nous aimera avant qu'on nous aime, qui avons des nouvelles du coeur d'un amant avant qu'il en ait lui-même ! (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  110. Apparemment qu'il te cherche. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  111. Monsieur, c'est que nous ne sommes pas extrêmement camarades. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  112. Sérieusement, Monsieur ? (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  113. Ma foi, Monsieur, comme vous voudrez : on m'a quelquefois dit que ma conversation en valait bien une autre, et j'y mettrai tout ce que j'ai de meilleur. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  114. Il en sortirait aussi légèrement que de Bourgogne. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  115. Je vous menais en Champagne un instant après ; j'aime les pays de vignoble, moi. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  116. Dites-moi confidemment, que pense-t-il sur le mariage en question ? (Acte 2, scène 2, ORGON)
  117. Monsieur, vous me parlez là d'un coeur qui mène une triste vie ; plus je vous regarde, et plus je m'y perds. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  118. Est-ce en fuyant que l'on dit qu'on aime ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  119. Tais-toi, en voilà assez ; tout ce que j'entends me fait juger qu'il n'y a, peut-être, que du malentendu dans cette affaire-ci. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  120. Quant à ma fille, dites-lui, Lisette, que je serais très fâché d'avoir à me plaindre d'elle : c'est sur sa parole que j'ai fait venir Damis et son père ; depuis qu'elle a vu le fils, il ne lui déplaît pas, à ce qu'elle dit ; cependant ils se fuient, et je veux savoir qui des deux a tort ; car il faut que cela finisse. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  121. Demandez-moi pourquoi ce faquin-là me regarde tant ! (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  122. J'étudie tes sentiments sur mon compte. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  123. Toi, me plaire ! (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  124. Allons, parle, voyons ce que tu as à me dire ; hâte-toi, sinon je t'apprendrai ce que valent mes yeux, moi. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  125. Tu me parais être le mieux du monde avec ta maîtresse. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  126. Mon autorité expire, et le mari me succède. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  127. Si mon maître prenait femme, c'est un ménage qui tombe en quenouille ; nous avons donc intérêt qu'ils gardent tous deux le célibat. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  128. Aussi ai-je défendu à ma maîtresse d'en sortir, et heureusement son obéissance ne lui coûte rien. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  129. Ta pupille est d'un caractère rare ; pour mon jeune homme, il hait naturellement le noeud conjugal, et je lui laisse la vie de garçon ; ces Messieurs-là se sauvent ; le pays est bon pour les maraudeurs. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  130. Or, il s'agit de conserver nos postes ; les pères de nos jeunes gens sont attaqués de vieillesse, maladie incurable et qui menace de faire bientôt des orphelins ; ces orphelins-là nous reviennent, ils tombent dans notre lot ; ils sont d'âge à entrer dans leurs droits, et leurs droits nous mettront dans les nôtres. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  131. Oui-da ; c'est un embarras qu'on prend volontiers, quand on aime le bien d'un maître. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  132. Tu as raison, Frontin, il ne faut pas nous aimer. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  133. Tu ne dis pas cela d'un ton ferme. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  134. Tiens, disons-nous quelques injures pour mettre un peu de rancune entre l'amour et nous : je te trouve laide, par exemple. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  135. Détourne ton visage, il fait peur à mes injures. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  136. Je suis bien aise de vous trouver là, Frontin, surtout avec Lisette, qui rendra compte à ma soeur de ce que je vais vous dire ; voici plusieurs fois dans ce jour que j'évite Damis, qui s'obstine à me suivre, à me parler, tout destiné qu'il est à ma soeur ; et comme il ne se corrige point, malgré tout ce que je lui ai pu dire, je suis charmée qu'on sache mes sentiments là-dessus, et Lisette me sera témoin que je vous charge de lui rapporter ce que vous venez d'entendre, et que je le prie nettement de me laisser en repos. (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  137. Non, Madame, je ne saurais ; votre commission n'est pas faisable ; je ne rapporte jamais rien que de gracieux à mon maître ; et d'ailleurs il n'est pas possible que le plus galant homme de la terre ait pu vous ennuyer. (Acte 2, scène 4, FRONTIN)
  138. Le plus galant homme de la terre me paraît admirable, à moi ! (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  139. On lui destine tout ce qu'il y a de plus aimable dans le monde, et Monsieur n'est pas content ; apparemment qu'il n'y voit goutte. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  140. Doucement, Lisette ; personne n'est plus aimable que ma soeur ; mais que je la vaille ou non, ce n'est pas à vous à en décider. (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  141. Je n'attaque personne, Madame ; mais qu'un homme quitte ma maîtresse et fasse un autre choix, il n'y a pas à le marchander : c'est un homme sans goût ; ce sont de ces choses décidées, depuis qu'il y a des hommes. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  142. Oui, sans goût, et je n'aurais qu'un moment à vivre qu'il faudrait que je l'employasse à me moquer de lui ; je ne pourrais pas m'en passer ; sans goût. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  143. Si celui de Madame voulait s'aider, vous ne brilleriez guère. (Acte 2, scène 4, FRONTIN)
  144. Adieu, je me retire : voilà ta maîtresse qui accourt ; confirme-la dans ses dégoûts. (Acte 2, scène 5, FRONTIN)
  145. Vous parliez bien haut avec ma soeur, et je l'ai vu de loin comme en colère. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  146. D'un autre côté, mon père ne me parle point. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  147. Réjouissez-vous, Madame, nous vous débarrasserons de Damis. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  148. Fort bien, je gage que ce que vous me dites là me pronostique quelque coup d'étourdie. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  149. Ne craignez rien, vous ne demandez qu'un prétexte légitime pour le refuser, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  150. J'ai travaillé à vous en donner un ; et j'ai si bien fait, que votre soeur est actuellement éprise de lui ; ce qui nous produira quelque chose. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  151. Ma soeur actuellement éprise de lui ! (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  152. Si avec cela elle vient à l'aimer, vous pouvez vous retirer sans qu'on ait le mot à vous dire ; je vous défie d'imaginer rien de plus adroit : écoutez-moi. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  153. Supprimez l'éloge de votre adresse ; point de réponse qui aille à côté de ce qu'on vous demande : vous parlez de Damis, ne le quittez point ; finissons ce sujet-là. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  154. De quelle humeur êtes-vous donc aujourd'hui, Madame ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  155. Régalez-moi, par-dessus le marché, d'une réflexion sur mon humeur. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  156. Frontin, lui a-t-elle dit, votre maître ne s'adresse qu'à moi, quoique destiné à ma soeur ; on croit que j'y contribue, cela me déplaît, et je vous charge de l'en instruire. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  157. Je la confondrai quand il me plaira. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  158. Lui, me négliger ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  159. Mais il ne me néglige point. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  160. Je le sais bien ; mais il faut cacher ce secret-là, et j'ai continué sur le même ton. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  161. Je dis mon sentiment, Madame. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  162. Je ne connais point ces autres-là, Madame. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  163. Vous me choquez. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  164. Je me tais. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  165. Là-dessus elle est partie avec des appas révoltés, qui se promettent bien de l'emporter sur les vôtres ; qu'en dites-vous ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  166. Que je vous ai mille obligations, que mon affront est complet, que ma soeur triomphe, que j'entends d'ici les airs qu'elle se donne, qu'elle va me croire attaquée de la plus basse jalousie du monde, et qu'on ne saurait être plus humiliée que je le suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  167. Vous me surprenez ! (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  168. N'avez-vous pas dit vous-même à Damis de paraître s'attacher à elle ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  169. Vous confondez grossièrement les idées, et dans un petit génie comme le vôtre, cela est à sa place. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  170. Damis, en feignant d'aimer ma soeur, me donnait une raison toute naturelle de dire : Je n'épouse point un homme qui paraît en aimer une autre. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  171. Mais refuser d'épouser un homme, ce n'est pas être jalouse de celle qu'il aime, entendez-vous ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  172. Cela change d'espèce ; et c'est cette distinction-là qui vous passe ; c'est ce qui fait que je suis trahie, que je suis la victime de votre petit esprit, que ma soeur est devenue sotte, et que je ne sais plus où j'en suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  173. Voilà tout le produit de votre zèle, voilà comme on gâte tout quand on n'a point de tête. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  174. Vous ferez ce qu'il vous plaira ; mais j'ai cru que le plus sûr était d'engager votre soeur à aimer Damis, et peut-être Damis à l'aimer, afin que vous eussiez raison d'être fâchée et de le refuser. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  175. Pourquoi voulez-vous que ma soeur aime Damis ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  176. Pourquoi travailler à l'entêter d'un homme qui ne l'aimera point ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  177. Vous me pénétrez d'une vraie douleur pour elle. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  178. Damis lui-même sera peut-être forcé de l'épouser malgré lui. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  179. C'est un reproche éternel à me faire ; et je suis désolée. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  180. Madame, ne vous alarmez point tant ; allez, consolez-vous ; car je crois que Damis l'aime, et qu'il s'y livre de tout son coeur. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  181. Si Damis avait un parti à prendre, doutez-vous qu'il ne me préférât pas à ma soeur ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  182. Vous avez dû remarquer qu'il aurait moins d'éloignement pour moi que pour elle, assurément. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  183. Du moins mentez sans me manquer de respect. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  184. Vous êtes bien hardie de mettre l'exception à la place de la règle générale. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  185. il est inutile de tant crier ; je ne m'en mêlerai plus ; accommodez-vous, ce n'est pas moi qu'on menace de marier et vous n'avez qu'à dire vos raisons à ceux qui viennent ; défendez-vous à votre fantaisie. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  186. Ma fille, nous vous amenons, Monsieur Ergaste et moi, quelqu'un dont il faut que vous guérissiez l'esprit d'une erreur qui l'afflige : c'est Damis. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  187. Pour moi, Madame, malgré toute la joie que j'aurais d'un mariage qui doit m'unir de plus près à mon meilleur ami, je serais au désespoir qu'il s'achevât, s'il vous répugne. (Acte 2, scène 7, ERGASTE)
  188. Il est vrai, Madame, j'ai cru voir que je ne vous convenais point. (Acte 2, scène 7, DAMIS)
  189. Moi, Madame ? (Acte 2, scène 7, DAMIS)
  190. MONSIEUR Ergaste, les gens de notre âge effarouchent les éclaircissements ; promenons-nous de notre côté ; pour vous, mes enfants, qui ne vous haïssez pas, je vous donne deux jours pour terminer vos débats ; après quoi je vous marie ; et ce sera dès demain, si on me raisonne. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  191. Dès demain, si on me raisonne ! (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  192. Madame, dans ce qui vient de se passer, j'ai fait du mieux que j'ai pu ; j'ai tâché, dans mes réponses, de ménager vos dispositions et la bienséance ; mais que pensez-vous de ce qu'ils disent ? (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  193. Qu'effectivement ceci commence à devenir difficile. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  194. Comment ferons-nous donc ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  195. Vous n'en savez rien, Damis ; voilà qui est à merveille ; mais je vous avertis d'y songer pourtant ; car je ne suis pas obligée d'avoir plus d'imagination que vous. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  196. Parbleu, Madame, je ne vous en demande pas au-delà de ce que j'en ai, non plus ; cela ne serait pas juste. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  197. Mais prenez donc garde ; si nous en manquons l'un et l'autre, comme il y a toute apparence, je vous prie de me dire où cela nous conduira. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  198. Je dirai encore de même : je n'en sais rien, et nous verrons. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  199. Mais oui, Madame, nous verrons ; je n'y sache que cela, moi. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  200. Non, Madame, ils ne sauraient le voir ; cela n'est pas possible ; il y a de certaines figures, de certaines physionomies qu'on ne saurait soupçonner d'être indifférentes. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  201. Qui est-ce qui croira que je ne vous aime pas, par exemple ? (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  202. Cependant, Monsieur, comme il s'agit ici d'affaires sérieuses, voudriez-vous bien supprimer votre qui est-ce qui croira, qui n'est pas de mon goût, et qui a tout l'air d'une plaisanterie que je ne mérite pas. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  203. Est-ce qu'il faut absolument qu'on les aime ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  204. Est-ce qu'on ne saurait s'empêcher de m'aimer quand on me voit ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  205. Vous vous trompez, Monsieur, il en faut tout rabattre ; j'ai mille preuves du contraire, et je ne suis point de ce sentiment-là. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  206. Tenez, j'en suis aussi peu que vous, qui vous divertissez à faire semblant d'en être ; et vous voyez ce que deviennent ces sortes de compliments quand on les presse. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  207. Il vous est fort aisé de les réduire à rien, parce que je vous laisse dire, et que moyennant quoi, vous en faites ce qui vous plaît ; mais je me tais, Madame, je me tais. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  208. Je me tais, Madame, je me tais. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  209. Ne vous ai-je pas dit, Madame, qu'il pourrait, dans la conversation, m'échapper des choses qui ne devaient point vous alarmer ? (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  210. Je crois que c'est la même. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  211. Non, Madame, toute différente : car enfin, je pourrais vous aimer. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  212. C'est ce qui ne se peut pas, Madame ; j'ai promis de me taire là-dessus. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  213. J'ai de l'amour, ou je n'en ai point ; je n'ai pas juré de n'en point avoir ; mais j'ai juré de ne le point dire en cas que j'en eusse ; et d'agir comme s'il n'en était rien. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  214. Voilà tous les engagements que vous m'avez fait prendre, et que je dois respecter de peur du reproche. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  215. Du reste, je suis parfaitement le maître, et je vous aimerai, s'il me plaît ; ainsi, peut-être que je vous aime, peut-être que je me sacrifie, et ce sont mes affaires. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  216. Mais voilà qui est extrêmement commode ! (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  217. Je vous aimerai, s'il me plaît ; peut-être que je vous aime ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  218. Mais dans le fond, si vous m'aimiez avec cet air dégagé que vous avez, vous seriez assurément le plus grand comédien du monde, et ce caractère-là n'est pas des plus honnêtes à porter, entre vous et moi. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  219. Quoi qu'il en soit, en voilà assez ; je m'aperçois que ces plaisanteries-là tendent à me dégoûter de la conversation. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  220. Non, Madame ; il n'y a qu'un moment que nous sommes ensemble. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  221. Madame, il vient d'arriver compagnie, qui est dans la salle avec Monsieur Orgon, et il m'envoie vous dire qu'on va se mettre au jeu. (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  222. Mais, Madame, la compagnie vous demande. (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  223. Que la compagnie attende ; dites que vous ne me trouvez pas. (Acte 2, scène 9, LUCILE)
  224. Apparemment qu'il joue ? (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  225. Allez, dites à mon père que je vais dans mon cabinet, et que je ne me montrerai qu'après que les parties seront commencées. (Acte 2, scène 9, LUCILE)
  226. Vous n'aimez donc pas le jeu, Madame ? (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  227. Je me sais bon gré de vous ressembler en cela. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  228. Je ne suis pas en humeur de chercher des amusements. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  229. Si vous me le permettez. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  230. Vous n'avez pourtant rien à me dire. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  231. En ce moment, par exemple, je rêve à notre aventure, elle est si singulière, qu'elle devrait être unique. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  232. Non, Madame, elle ne l'est point. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  233. Il n'y a pas plus de six mois qu'un de mes amis et une personne qu'on voulait qu'il épousât, se sont trouvés tous deux dans le même cas que vous et moi : même résolution de ne point se marier, avant que de se connaître, même convention entre eux, mêmes promesses que moi de la défaire de lui. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  234. Non, Madame, il les tint : mais notre coeur se moque de nos résolutions. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  235. La dame en question était très aimable ; beaucoup moins que vous pourtant. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  236. Non, je ne suis qu'historien exact ; au reste, Madame, je vous raconte ceci dans la bonne foi, pour nous entretenir et sans aucun dessein. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  237. Qu'arriva-t-il entre la dame et votre ami ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  238. Il n'eut garde à cause de la parole donnée, et il ne vit qu'un parti à prendre, qui est singulier ; ce fut de lui dire, comme je vous disais tout à l'heure, ou je vous aime, ou je ne vous aime pas, et d'ajouter qu'il ne s'enhardirait à dire la vérité que lorsqu'il la verrait elle-même un peu sensible ; je fais un récit, souvenez-vous en. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  239. Je le sais ; mais votre ami était un impertinent, de proposer à une femme de parler la première ! (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  240. La dame en question n'en jugea pas comme vous, Madame ; il est vrai qu'elle avait du penchant pour lui. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  241. C'est dire à une femme : Veux-tu savoir mon amour ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  242. Prenez garde ; cette dame sentit que cette proposition, toute horrible qu'elle vous paraît, ne venait que de son respect et de sa crainte, et que son coeur n'osait se risquer sans la permission du sien ; l'aveu d'un amour qui eût déplu n'eût fait qu'alarmer la dame, et lui faire craindre que mon ami ne hâtât perfidement leur mariage ; elle sentit tout cela. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  243. Mais mon inquiétude est de savoir comment s'y prend une femme en pareil cas ; de quel tour peut-elle se servir ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  244. J'oublierais le français, moi, s'il fallait dire je vous aime avant qu'on me l'eût dit. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  245. Il en agit plus noblement ; elle n'eut pas la peine de parler. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  246. Il y a des manières qui valent des paroles ; on dit je vous aime avec un regard, et on le dit bien. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  247. C'est encore trop ; je permets qu'on le rende, mais non pas qu'on le donne. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  248. Pour vous, Madame, vous ne rendriez que de l'indignation. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  249. Je crois que vous vous divertissez à mes dépens. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  250. Adieu, Monsieur ; on dit que vous aimez ma soeur : terminez la désagréable situation où je me trouve, en l'épousant. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  251. Je continuerai de feindre de la servir, Madame ; c'est tout ce que je puis vous promettre. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  252. D'où vient que j'en ai pour cet homme-là, qui n'est point aimable ? (Acte 2, scène 11, LUCILE)
  253. J'y comprendrais quelque chose si l'amour y avait part ; mais vous ne m'aimez point, il n'en est pas question. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  254. Rien ne serait pourtant plus aisé que de vous aimer, Madame. (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  255. Quoi qu'il en soit, ces façons-là ne me conviennent point ; je l'ai déjà marqué, je vous l'ai fait dire, et je vous demande en grâce de cesser vos poursuites ; car enfin vous n'avez pas dessein de me désobliger, je pense. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  256. Moi, Madame ? (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  257. Sur ce pied-là, finissez donc, ou je vous y forcerai moi-même. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  258. Vous me défendrez donc de vous voir ? (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  259. Non, Monsieur ; mais on s'imagine que vous m'aimez ; vos façons l'ont persuadé à tout le monde ; et je ne le nierai pas, je ne paraîtrai point m'y déplaire, et je vous réduirai, peut-être ou à la nécessité de m'épouser en dépit de votre goût, ou à fuir en homme imprudent (j'adoucis le terme), en homme inexcusable, qui n'aura pas rougi de violer tous les égards, et de se moquer, tour à tour, de deux filles de condition, dont la moindre peut fixer le plus honnête homme : de sorte que vous risquez ou le sacrifice de votre coeur, ou la perte de votre réputation ; deux objets qui valent bien qu'on y pense. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  260. Mais, dites-moi, est-ce que vous n'aimez point ma soeur ? (Acte 3, scène 1, PH?NICE)
  261. Je ne saurais pourtant y en mettre davantage. (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  262. Mais, Madame... (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  263. Non, ma fille, je n'ai jamais prétendu vous contraindre : quelque chose que vous me disiez, il est certain que vous ne l'aimez pas ; ainsi n'en parlons plus. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  264. Damis voulait épouser votre soeur ; c'était là notre arrangement. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  265. Nous sommes obligés de le changer ; le coeur de Lucile en dispose autrement : elle ne l'avoue pas, mais ce n'est que par pur complaisance pour moi, et j'ai quitté ce projet-là. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  266. Mais, mon père, vous dirais-je que j'aime Damis ? (Acte 3, scène 2, LUCILE)
  267. Et si je vous disais que c'est de Lisette elle-même que je sais qu'il ne vous plaît pas, ma fille ? (Acte 3, scène 2, ORGON)
  268. Je vous dispense de ces considérations-là pour moi ; et pour trancher net, vous ne l'épouserez point : vos dégoûts pour lui n'ont été que trop marqués, et je le destine à votre soeur à qui son coeur se donne, et qui ne lui refuse pas le sien, quoiqu'elle aille de son côté me dire le contraire à cause de vous. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  269. Nous y voilà ; je savais votre réponse avant que vous me la fissiez ; je vous connais toutes deux : l'une, de peur de me fâcher, épouserait ce qu'elle n'aime pas ; l'autre, par retenue pour sa soeur, refuserait d'épouser ce qu'elle aime. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  270. Vous voyez bien que je suis au fait, et que je sais vous interpréter ; d'ailleurs, je suis bien instruit, et je ne me trompe pas. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  271. Parlez donc, vous voilà comme une statue. (Acte 3, scène 2, LUCILE)
  272. Prenez garde à ce que vous ferez, mon père ; vous vous méprenez sur ma soeur, et je lui vois presque la larme à l'oeil. (Acte 3, scène 2, LUCILE)
  273. Si elles ne sont pas folles, c'est moi qui ai perdu l'esprit : adieu, je vais informer Monsieur Ergaste du nouveau mariage que je médite, son amitié ne m'en dédira pas. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  274. Pour vous, mes enfants, plaignez-vous ; c'est moi qui ai tort : en effet, j'abuse du pouvoir que j'ai sur vous ; plaignez-vous, je vous le conseille, et cela soulage ; mais je ne veux pas vous entendre, vous m'attendririez trop : allez, sortez sans me répondre, et laissez-moi parler à Monsieur Ergaste, qui arrive. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  275. Vous voyez un homme consterné ; mon cher ami, je ne vois nulle apparence au mariage en question, à moins que de violenter des coeurs qui ne semblent pas faits l'un pour l'autre : je ne saurais cependant pardonner à mon fils d'avoir cédé si vite à l'indifférence de Lucile ; j'ai même été jusqu'à le soupçonner d'aimer ailleurs, et voici son valet à qui j'en parlais ; mais, soit que je me trompe, ou que ce coquin n'en veuille rien dire, tout ce qu'il me répond, c'est que mon fils ne plaît pas à Lucile, et j'en suis au désespoir. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  276. Messieurs, un coquin n'est pas agréable à voir ; voulez-vous que je me retire ? (Acte 3, scène 3, FRONTIN)
  277. Je n'osais la proposer : mais effectivement j'en vois une, avec tout le monde. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  278. À vous parler confidemment, ma cadette ne hait pas son penchant. (Acte 3, scène 3, ORGON)
  279. Vous me charmez ; est-ce une chose conclue ? (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  280. Assurément ; je viens d'en avertir ma fille. (Acte 3, scène 3, ORGON)
  281. Me voilà, Monsieur. (Acte 3, scène 4, FRONTIN)
  282. Tu diras à mon fils que ce n'est plus à Lucile à qui on le destine, et qu'on lui accorde aujourd'hui ce qu'il aime. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  283. Et s'il me demande ce que c'est qu'il aime, que lui dirai-je ? (Acte 3, scène 4, FRONTIN)
  284. Dis-lui qu'il remercie Monsieur Orgon de la bonté qu'il a de n'être pas fâché dans cette occasion-ci ; car si Damis n'épouse pas Lucile, je gagerais bien que c'est à lui à qui il faut s'en prendre : dis-lui que je lui pardonne, en faveur de ce nouveau mariage, le chagrin qu'il a risqué de me donner ; mais que s'il me trompait encore, si après les empressements qu'il a marqués pour Phénice il hésitait à l'épouser, s'il faisait encore cette injure à Monsieur Orgon, je ne veux le voir de ma vie, et que je le déshérite ; je ne lui parlerai pas même que je ne sois content de lui. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  285. Je remarque que ce n'est qu'en baissant le ton que vous prononcez le terrible mot de déshériter ; vous en êtes effrayé vous-même ; la tendresse paternelle est admirable ! (Acte 3, scène 4, FRONTIN)
  286. Obéis ; le reste me regarde. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  287. Je te cherchais, Frontin, et j'attendais que Monsieur Ergaste t'eût quitté pour te parler, et savoir ce qu'il te disait : il semble que les affaires vont mal ; ma maîtresse ne me voit pas de bon oeil ; sais-tu de quoi il s'agit ?... (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  288. La peur d'être déshérité me coupe la parole. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  289. Comment donc, d'épouser Phénice ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  290. Frontin, où en sommes-nous ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  291. Voilà donc pourquoi Lucile m'a si bien reçue tout à l'heure : elle a su que j'ai dit à son père qu'elle n'aimait point Damis, que Damis se déclarait pour sa soeur ; on veut à présent qu'il l'épouse ; je n'ai point prévu ce coup-là, et je me compte disgraciée ; j'ai vu Lucile trop inquiète : apparemment que ton maître ne lui est point indifférent ; et je perds tout, si elle me congédie. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  292. Voilà ce que c'est que de n'avoir pas laissé aller les choses : je crois que nos gens s'aimeraient sans nous. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  293. Mon enfant, tu as beau dire, tous les gouvernements sont lucratifs ; et le célibat où nous les tenions n'était pas mal imaginé ; le pis que j'y trouve, c'est que je t'aime et que tu n'en es pas quitte à meilleur marché que moi. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  294. Que n'as-tu eu l'esprit de m'aimer tout d'un coup ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  295. Je soupçonne, comme toi, que nos gens ne se haïssent point dans le fond, et il n'y aurait qu'à les en faire convenir pour nous tirer d'affaire : tâchons de leur rendre ce service-là. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  296. N'importe, voici ton maître ; changeons adroitement de batterie, et tâchons de le gagner. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  297. Il vient de m'avertir, sans vouloir l'expliquer, que tu avais quelque chose à me dire de sa part. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  298. Lui-même. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  299. Ce que tu me dis là n'est pas concevable. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  300. Enfin le troisième, c'est que les deux premiers seront nuls si vous épousez Phénice. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  301. Prenez garde, Monsieur ; ne confondons point, parlons exactement. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  302. Pourquoi ne m'avoir pas confié vos sentiments ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  303. Mais, mes sentiments, quand ils seraient tels que vous les croyez, ne savez-vous pas bien les siens, Lisette ? (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  304. Et moi, quand je la salue, elle a toujours envie de me le rendre. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  305. Je vous l'avoue, Lisette, tout ce que vous me dites là, si vous êtes sincère, pourrait m'être d'un bon augure ; et si j'osais soupçonner la moindre des dispositions dans son coeur... (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  306. Écoutez : c'est pourtant cette même personne qui, au premier instant qu'elle m'a vu, a marqué assez nettement de l'aversion pour moi, qui m'a fait soupçonner qu'elle aimait ailleurs ! (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  307. Purs discours de mauvaise humeur qu'elle a tenu là, je vous assure. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  308. Soit : mais souvenez-vous qu'elle a exigé que je ne l'épousasse point ; qu'elle me l'a demandé par tout l'honneur dont je suis capable ; que c'est elle, peut-être, qui, pour se débarrasser tout à fait de moi, contribue aujourd'hui au nouveau mariage qu'on veut que je fasse ; en un mot, je ne sais qu'en penser moi-même. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  309. Je puis me tromper, peut-être vous trompez-vous aussi ; et sans quelques preuves un peu moins équivoques de ses sentiments, je ne saurais me déterminer à violer les paroles que je lui ai données ; non pas que je les estime plus qu'elles valent ; elles ne seraient rien pour un homme qui plairait : mais elles doivent lier tout homme qu'on hait, et dont on les a exigées comme une sûreté contre lui. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  310. Quoi qu'il en soit, voici Lucile qui vient ; je n'attends d'elle que le moindre petit accueil pour me déclarer, et son seul abord va décider de tout. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  311. J'ai à vous parler pour un moment, Damis ; notre entretien sera court ; je n'ai qu'une question à vous faire ; vous, qu'un mot à me répondre ; et puis je vous fuis, je vous laisse. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  312. Vous n'y serez point obligée, Madame, et j'aurai soin de me retirer le premier. (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  313. Je prends donc ce parti comme celui qui vous convient le mieux, Madame. (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  314. Madame débute par m'annoncer qu'elle n'a qu'un mot à me dire, et puis qu'elle me fuit ; n'est-ce pas m'insinuer qu'elle a de la peine à me voir ? (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  315. Je n'en doute pas, Madame ; mais ce n'est pas à présent qu'il faut me fuir ; c'était dès le premier instant que vous m'avez vu, et que je vous déplaisais, qu'il fallait le faire. (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  316. Cela serait bien sauvage ; on ne fuit point ici à la vue d'un homme. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  317. Faut-il que des personnes qui se veulent du bien se parlent comme si elles ne pouvaient se souffrir ? (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  318. Et vous, Monsieur, qui aimez ma maîtresse ; car vous l'aimez, je gage. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  319. Oui, Madame, je sors ; mais avant que de partir, il faut que je parle. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  320. Vous me demandez à qui j'en veux. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  321. À vous deux, Madame, à vous deux. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  322. Oui, je voudrais de tout mon coeur ôter à Monsieur qui se tait, et dont le silence m'agite le sang, je voudrais lui ôter le scrupule du ridicule engagement qu'il a pris avec vous, que je me repens de vous avoir laissé prendre, et dont vous souffrez autant l'un que l'autre. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  323. Pour vous, Madame, je ne sais pas comment vous l'entendez ; mais si jamais un homme avait fait serment de ne me pas dire : Je vous aime, oh ! (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  324. je ferais serment qu'il en aurait le démenti ; il saurait le respect qui me serait dû, je n'y épargnerais rien de tout ce qu'il y a de plus dangereux, de plus fripon, de plus assassin dans l'honnête coquetterie des mines, du langage et du coup d'oeil. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  325. Voilà à quoi je mettrais ma gloire, et non pas à me tenir douloureusement sur mon quant-à-moi, comme vous faites, et à me dire : Voyons ce qu'il dit, voyons ce qu'il ne dit pas ; qu'il parle, qu'il commence ; c'est à lui, ce n'est pas à moi ; mon sexe, ma fierté, les bienséances, et mille autres façons inutiles avec Monsieur qui tremble, et qui a la bonté d'avoir peur que son amour ne vous alarme et ne vous fâche. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  326. Mort de ma vie, Monsieur, fâchez hardiment ; faites-nous cet honneur-là ; courage, attaquez-nous ; cette cérémonie-là fera votre fortune, et vous vous entendrez : car jusqu'ici on ne voit goutte à vos discours à tous deux ; il y a du oui, du non, du pour, du contre ; on fuit, on revient, on se rappelle, on n'y comprend rien. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  327. Au reste, elle ne me ménage pas plus que vous. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  328. Je ne m'en plains point, Madame. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  329. Vous m'excuserez, je me mets à votre place ; il n'est point agréable de s'entendre dire de certaines choses en face. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  330. Quoi, Madame ! (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  331. Est-ce l'idée qu'elle a que je vous aime, que vous trouvez si désagréable pour moi ? (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  332. A propos de la difficulté qu'elle s'imagine qu'il y a à ne vous pas aimer, cela est tout simple ; et si j'en voulais à tous ceux qui me soupçonneraient d'amour pour vous, j'aurais querelle avec tout le monde. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  333. vraiment, je le sais bien. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  334. Si vous me soupçonniez, vous ne seriez pas là ; vous fuiriez, vous déserteriez. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  335. Vous avez là des expressions bien gracieuses, et qui font un joli portrait de mon caractère ; j'aime assez l'esprit hétéroclite que cela me donne. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  336. Non, Monsieur, je ne déserterais point ; je ne croirais pas tout perdu ; j'aurais assez de tête pour soutenir cet accident-là, ce me semble, alors comme alors, on prend son parti, Monsieur, on prend son parti. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  337. Il est vrai qu'on peut ou haïr ou mépriser les gens de près comme de loin. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  338. J'ignore ce qu'on fait dans une situation où je ne suis pas ; et je crois que vous ne me donnerez jamais la peine de vous haïr. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  339. Ce mot-là me déplaît, Monsieur, je vous l'ai déjà dit. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  340. Je ne m'en servirai plus, Madame, et si j'avais la liste des mots qui vous choquent, j'aurais grand soin de les éviter. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  341. Je vais vous dire où elle est, moi ; vous la trouverez dans la règle des égards qu'on doit aux dames ; vous y verrez qu'il n'est pas bien de vous divertir avec un peut-être, qui ne fera pas fortune chez moi, qui ne m'intriguera pas ; car je sais à quoi m'en tenir : c'est en badinant que vous le dites ; mais c'est un badinage qui ne vous sied pas ; ce n'est pas là le langage des hommes ; on n'a pas mis leur modestie sur ce pied-là. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  342. On me l'a dit, Madame. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  343. On croit que vous l'aimez ; mais moi, qui ai réfléchi sur l'origine des empressements que vous avez marqués pour elle, je crains qu'on ne s'abuse, et je viens vous demander ce qui en est. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  344. Eh que vous importe, Madame ! (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  345. Voilà bien la question d'un homme qui n'a ni frère ni soeur, et qui ne sait pas combien ils sont chers ! (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  346. C'est que je m'intéresse à elle, Monsieur ; c'est que, si vous ne l'aimez pas, ce serait manquer de caractère, ce me semble, ce serait même blesser les lois de cette probité à qui vous tenez tant, que de l'épouser avec un coeur qui s'éloignerait d'elle. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  347. Pourquoi donc, Madame, avez-vous inspiré qu'on me la donne ? (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  348. Car j'ai tout lieu de soupçonner que vous en êtes cause, puisque c'est vous qui m'avez d'abord proposé de l'aimer ; au reste, Madame, ne vous inquiétez point d'elle, j'aurai soin de son sort plus sincèrement que vous ; elle le mérite bien. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  349. Qu'elle le mérite ou non, ce n'est pas son éloge que je vous demande, ni à vos imaginations que je viens répondre ; parlez, Damis, l'aimez-vous ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  350. Et moi, Madame, si vous lui dites que je ne l'aime point ; si vous exécutez un dessein qui ne tend qu'à me faire sortir d'ici avec la haine et le courroux de tout le monde ; si vous l'exécutez, trouvez bon qu'en revanche je retire toutes mes paroles avec vous, et que je dise à Monsieur Orgon que je suis prêt de vous épouser quand on le voudra, dès aujourd'hui, s'il le faut. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  351. Oui-da, Monsieur, le prenez-vous sur ce ton menaçant ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  352. Allez pour vous venger, violer des promesses dont l'oubli ne serait tout au plus pardonnable qu'à quiconque aurait de l'amour. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  353. Courez vous punir vous-même, vous ne manquerez pas votre coup ; car je vous déclare que je vous y aiderai, moi. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  354. Je serai bien aussi vindicative que vous, et nous verrons qui se dédira de nous deux ; assurément le compliment est admirable ! (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  355. Cessez donc de me persécuter, Madame. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  356. J'ai le coeur incapable de vous nuire ; mais laissez-moi me tirer de l'état où je suis ; contentez-vous de m'avoir déjà procuré ce qui m'arrive ; on ne m'offrirait pas aujourd'hui votre soeur, si, pour vous obliger, je n'avais pas paru m'attacher à elle, ou si vous n'aviez pas dit que je l'aimais. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  357. Souvenez-vous que j'ai servi vos dégoûts pour moi avec un honneur, une fidélité surprenante, avec une fidélité que je ne vous devais point, que tout autre, à ma place, n'aurait jamais eu, et ce procédé si louable, si généreux, mérite bien que vous laissiez en repos un homme qui peut avoir porté la vertu jusqu'à se sacrifier pour vous ; je ne veux pas dire que je vous aime ; non, Lucile, rassurez-vous ; mais enfin vous ne savez pas ce qui en est, vous en pourriez douter ; vous êtes assez aimable pour cela, soit dit sans vous louer ; je puis vous épouser, vous ne le voulez pas, et je vous quitte. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  358. En vérité, Madame, tant d'ardeur à me faire du mal récompense mal un service que tout le monde, hors vous, aurait soupçonné d'être difficile à rendre. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  359. Adieu, Madame. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  360. Mais attendez donc, attendez, donnez-moi le temps de me justifier ; ne tient-il qu'à s'en aller, quand on a chargé les gens de noirceurs pareilles ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  361. vous ferez comme vous pourrez ; mais il faut m'entendre. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  362. Le motif de cette hypocrisie-là me paraît aussi ridicule qu'inconcevable. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  363. A moins que ce ne soit ma soeur qui vous y engage, pour me cacher l'accord de vos coeurs et la part qu'elle a à un engagement que j'ai refusé, dont je ne voudrais jamais, et que je la trouve bien à plaindre de ne pas refuser elle-même. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  364. Non, Frontin, il n'y a plus rien à tenter là-dessus ; Lisette a beau dire, on ne saurait s'expliquer plus nettement que l'a fait Lucile, et voilà qui est fini, il ne s'agit plus que d'éviter l'embarras où je suis du côté de Phénice. (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  365. Serait-il possible qu'elle voulût épouser un homme qu'elle n'aime point ? (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  366. Le mariage rend tous les hommes si graciables ! (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  367. Je crois que voici mon père ; je me sauve ; il ne te parlera peut-être pas ; en tout cas reviens me chercher ici près. (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  368. Oui, Monsieur, il me quitte. (Acte 4, scène 2, FRONTIN)
  369. Il me semble qu'il m'a évité. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  370. Tu me trompes. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  371. Il pense donc bien peu de chose, car il ne me dit presque rien. (Acte 4, scène 2, FRONTIN)
  372. Il aime Phénice qu'il va épouser ; je remarque cependant qu'il est triste et rêveur. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  373. Effectivement, et j'avais envie de lui en dire un mot. (Acte 4, scène 2, FRONTIN)
  374. J'ai résolu de le laisser faire ; mais tu peux l'avertir que je lui tiendrai parole, s'il ne se conduit pas comme il le doit. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  375. Madame, oserais-je auparavant me flatter d'un petit moment d'audience ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  376. Dans mon petit état de subalterne, je regarde, j'examine, et, chemin faisant, je vois par-ci, par-là, des gens que je n'aime point, d'autres qui me reviennent et à qui je me donnerais pour rien : ce ne laisserait pas que d'être un présent. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  377. À vous préparer à la liberté que je vais prendre, Madame, en vous disant que vous êtes une de ces personnes privilégiées pour qui ce mouvement sympathique m'est venu. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  378. Son coeur ne se marie pas, Madame, il reste garçon. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  379. Tu crois donc qu'il ne m'aime pas ? (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  380. C'est-à-dire qu'il me hait ? (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  381. Dis-moi, n'aimerait-il pas ma soeur ? (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  382. C'est qu'ils ont d'abord débuté ensemble par un vertigo ; ils se sont liés mal à propos par je ne sais quelle convention de ne s'aimer ni de s'épouser, et ont délibéré que, pour faire changer de dessein aux pères, qu'on ferait semblant de vous trouver de son goût ; rien que semblant, vous entendez bien ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  383. À merveille. (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  384. Et comme le coeur de l'homme est variable, il se trouve aujourd'hui que leur coeur et leur convention ne riment pas ensemble, et qu'on est fort embarrassé de savoir ce qu'on fera de vous : vous entendez bien ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  385. En voilà bien assez : je suis au fait, et de peur d'être ingrate, je te confie à mon tour que ta discrétion mériterait le châtiment du bâton. (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  386. Je prétends m'en venger, ils le méritent bien ; mais puisqu'ils s'aiment, je veux que ma conduite, en les inquiétant, les force de s'accorder. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  387. Monsieur, que me voulez-vous ? (Acte 4, scène 4, PH?NICE)
  388. Je crois que vous le savez, Madame. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  389. Vous vous moquez, je n'ai point de rancune à garder contre un homme qui va devenir mon époux. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  390. Ne me raillez point, Madame, je sais bien que ce n'est pas à moi à qui vous destinez cet honneur-là, dont je me tiendrais fort heureux. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  391. Si vous dites vrai, votre bonheur est sûr ; je vous promets que je n'y mettrai point d'obstacle. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  392. Ma foi, il ne me siérait pas d'y en mettre non plus, et je ne serais pas excusable, surtout après les empressements que j'ai marqués pour vous, Madame. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  393. Écoutez, Madame, toute plaisanterie cessante, ne vous y fiez pas ; on a toujours du penchant de reste pour les personnes qui vous ressemblent, et je vous assure que je ne suis point embarrassé d'en avoir pour vous. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  394. Tenez, ne badinons point ; car je vous aimerai, je vous en avertis. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  395. Mais vous, Madame, il faudra que vous m'aimiez aussi, et vous m'aviez tantôt fait comprendre que vous aimiez ailleurs. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  396. Je vous aimerai, vous dis-je. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  397. Aimez. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  398. Ma foi, Madame, puisqu'il faut l'avouer, je vous aime. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  399. Il me trompe. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  400. Vous rougissez, Madame. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  401. Oui, Madame, mon coeur est à vous, et je n'ai souhaité de vous voir que pour vous éprouver là-dessus. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  402. Les circonstances où je me trouvais ont d'abord retenu mes sentiments, je n'osais vous en parler ; mais puisque ma situation est changée, qu'il ne s'agit plus de se contraindre, et que vous approuvez mon amour. (Acte 4, scène 5, DAMIS)
  403. Laissez-moi vous exprimer ma joie, et me dédommager par l'aveu le plus tendre... (Acte 4, scène 5, DAMIS)
  404. Ne rougissez point, ma fille ; vos sentiments sont avoués de votre père, et vous pouvez souffrir à vos genoux un homme que vous allez épouser. (Acte 4, scène 5, ORGON)
  405. Mon fils, je n'avais résolu de vous parler qu'à l'instant de votre mariage avec Madame ; vos procédés m'avaient déplu ; mais je vous pardonne, et je suis content ; les sentiments où je vous vois me réconcilient avec vous. (Acte 4, scène 5, ERGASTE)
  406. Cette jeunesse et sa vivacité me réjouissent : je suis charmé de ce hasard-ci ; nous attendons tantôt le notaire, et nous allons au-devant de quelques amis qui nous viennent de Paris. (Acte 4, scène 5, ORGON)
  407. Adieu ; puissiez-vous vous aimer toujours de même ! (Acte 4, scène 5, ORGON)
  408. Nous ne nous aimerons donc guère. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  409. Je dis, Madame... que je viens d'être surpris à vos genoux. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  410. Il me semble que vous en êtes devenu tout triste. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  411. Il me paraît que vous n'en êtes pas trop gaie. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  412. J'ai d'abord été étourdie, je vous l'avoue ; mais je me suis remise en vous voyant fâché : votre chagrin m'a rassurée contre la comédie que vous avez jouée tout à l'heure. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  413. Vous vous seriez bien passé de l'opinion que vous venez de donner de vos sentiments, n'est-il pas vrai ? (Acte 4, scène 6, PH?NICE)
  414. Il n'y a en vérité rien de plus plaisant ; car après ce qu'on vient de voir, qui est-ce qui ne gagerait pas que vous m'aimez ? (Acte 4, scène 6, PH?NICE)
  415. Madame, on gagnerait la gageure ; je ne me dédirai pas, et ne me perdrai point d'honneur. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  416. Je me sacrifierais plutôt. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  417. Je vous trouve encore un peu l'air de victime. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  418. Tout comme il vous plaira, Madame. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  419. Tant mieux pour vous si vous m'aimez, au reste ; car mon parti est pris, et je ne vous refuserais pas, quand vous en aimeriez une autre, quand je ne vous aimerais pas moi-même. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  420. Madame, où en suis-je donc ? (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  421. Ce que je vous dis là ne vous fait rien ; rappelez-vous donc que vous m'aimez. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  422. Vous ne m'aimez pas vous-même. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  423. Par tout ce que vous avez de plus cher, ne me laissez point dans l'état où je suis : je vous en conjure, ne vous y exposez pas vous-même. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  424. Je sors ; adieu, Madame. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  425. Et moi, j'allais vous trouver dans le même dessein. (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  426. Est-ce que cet homme-là vous dit qu'il vous aime ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  427. De quel homme parlez-vous ? (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  428. La nouvelle est fort touchante pour une soeur qui vous aime. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  429. Me voilà bien trompée ! (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  430. Trompée au-delà de ce qu'on peut dire, assurément. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  431. Voulez-vous qu'on soit fâchée d'épouser ce que l'on aime ? (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  432. Je vous parle franchement. (Acte 4, scène 7, PH?NICE)
  433. C'est qu'il ne faut point aimer, Mademoiselle ; c'est que cela ne convient point non plus ; c'est qu'il y va de tout le repos de votre vie ; c'est que je vous persécuterai jusqu'à ce que vous ayez quitté cet amour-là ; c'est que je ne veux point que vous le gardiez, et vous ne le garderez point : c'est moi qui vous le dis, qui vous en empêcherai bien. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  434. Aimer Damis ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  435. Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  436. Cet honnête homme ne vous aime pas, cependant il vous épouse. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  437. Peut-on traiter plus cavalièrement le mariage ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  438. Damis qui se jette à mes genoux, que vous avez trouvé tout prêt à s'y jeter encore !... (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  439. Voilà une petite narration de bon goût que vous me faites là ; je ne vous conseille pas de la faire à d'autres qu'à moi. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  440. Mais enfin, d'où savez-vous qu'il ne m'aime point ? (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  441. De quoi s'agit-il, Madame ? (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  442. Je ne l'ai point préparée, comme vous voyez. (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  443. Lisette, dites sans façon ce que vous pensez : nous parlons de Damis ; croyez-vous qu'il aime ma soeur ? (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  444. Non, certes, je ne le crois pas ; car je sais le contraire, et vous aussi, Madame. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  445. Et si j'avais quelque pouvoir ici, il n'épouserait point Madame. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  446. Pour dire la vérité, il n'aime ici que ma maîtresse. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  447. Qui ne l'aime pas, apparemment. (Acte 4, scène 8, PHÉNICE)
  448. Moi, Madame ? (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  449. On peut le croire, mais on n'en est pas sûr ; quoi qu'il en soit, je n'ai pas peur qu'on me l'enlève. (Acte 4, scène 8, PHÉNICE)
  450. Elle ne craint point qu'on le lui enlève, dit-elle ; ma foi, Madame, je vous renonce si cela ne vous pique pas ; car enfin il est temps de convenir que Damis ne vous déplaît point, d'autant plus qu'il vous aime. (Acte 4, scène 9, LISETTE)
  451. Quand il vous plaira que je le haïsse, la recette est immanquable, vous n'avez qu'à me dire que je l'aime. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  452. Mais il ne s'agit pas de cela ; je veux avoir raison de l'impertinent orgueil de ma soeur ; et je le puis, s'il est vrai que Damis m'aime, comme vous m'en êtes garant. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  453. Le succès de la commission que je vais vous donner roule tout entier sur cette vérité-là que vous me garantissez. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  454. Je vous charge donc d'aller trouver Damis comme de vous-même, entendez-vous ? (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  455. Apparemment que vous n'y allez pas pour lui dire que je le hais : mais vous avez plus de malice que d'ignorance. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  456. Je lui ferai donc entendre que vous l'aimez ? (Acte 4, scène 9, LISETTE)
  457. Oui, Mademoiselle, oui, que je l'aime, puisque vous me forcez à prononcer moi-même un mot qui m'est désagréable, et dont je ne me sers ici que par raison. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  458. Au reste, je ne vous indique rien de ce qui peut appuyer cette fausse confidence : vous êtes fille d'esprit, vous pénétrez les mouvements des autres ; vous lisez dans les coeurs ; l'art de les persuader ne vous manquera pas, et je vous prie de m'épargner une instruction plus ample. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  459. Il y a certaine tournure, certaine industrie que vous pouvez employer : vous aurez remarqué mes discours, vous m'aurez vue inquiète, j'aurai soupiré si vous voulez. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  460. Le peu que je vous en dis me révolte, et je gâterais tout si je m'en mêlais. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  461. Cependant persuadez Damis ; dites-lui qu'il vienne ; qu'il avoue hardiment qu'il m'aime ; que vous sentez que je le souhaite ; que les paroles qu'il m'a données ne sont rien : comme en effet ce ne sont que des bagatelles ; que je les traiterai de même ; et le reste. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  462. Éprouvons encore si son coeur ne me regretterait pas. (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  463. Enfin, Madame, il n'est plus question de notre mariage ; vous voilà libre, et puisqu'il le faut, j'épouserai Phénice. (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  464. Quoique le bonheur de vous plaire ne m'ait pas été réservé, puis-je du moins, Madame, au défaut des sentiments dont je n'étais pas digne, me flatter d'obtenir ceux de l'amitié que je vous demande ? (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  465. Quoi, Madame ! (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  466. J'ai trouvé que vous ne me conveniez point, et je vous avoue que, si l'on m'en croyait, vous ne conviendriez pas mieux à Phénice, et peut-être même pourrais-je en dire ma pensée. (Acte 4, scène 10, LUCILE)
  467. Vous osez me parler encore ? (Acte 4, scène 11, LISETTE)
  468. Est-ce pour me demander mon amitié aussi, à moi ? (Acte 4, scène 11, LISETTE)
  469. Je me meurs, et je ne sais plus ce que je deviendrai. (Acte 4, scène 11, DAMIS)
  470. Qu'on est sot quand on aime ! (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  471. Il n'y a pas moyen ; il dit qu'il a suffisamment éprouvé le coeur de Lucile, et qu'il est si mal disposé pour lui, que peut-être publierait-elle l'aveu de son amour pour le perdre. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  472. Le danger où il est d'épouser Phénice, l'impossibilité où il se trouve de la refuser avec honneur, l'idée qu'il a des sentiments de Lucile, tout cela lui tourne la tête et la tournerait à un autre : il ne voit pas les choses comme nous, il faut le plaindre ; malheureusement c'est un garçon qui a de l'esprit ; cela fait qu'il subtilise, que son cerveau travaille ; et dans de certains embarras, sais-tu bien qu'il n'appartient qu'aux gens d'esprit de n'avoir pas le sens commun ? (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  473. Je l'ai tant éprouvé moi-même ! (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  474. Lui as-tu fait sentir le désagrément qu'il y avait pour son fils de n'entrer dans une maison que pour y brouiller les deux soeurs ? (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  475. Je me suis surpassé, ma fille ; tu sais le talent que j'ai pour la parole et l'art avec lequel je mens quand il faut : je lui ai peint Lucile si ennemie de mon maître, remplissant la maison de tant de murmures, menaçant sa soeur d'une rupture si terrible si elle l'épouse ! (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  476. Voilà, ce me semble, tout ce qu'on peut faire en pareil cas pour ton maître, et j'ai bonne opinion de cela ; mais retire-toi ; voici Lucile qui me cherche apparemment ; je lui ai toujours dit qu'elle aimait Damis sans qu'elle l'ait avoué, et je vais changer de ton afin de la forcer à en changer elle-même. (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  477. Adieu ; songe qu'il faut que je t'épouse, ou que la tête me tourne aussi. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  478. Oui, Madame, et autant qu'il m'a paru, je l'ai laissé très inquiet de vos dispositions ; pour de réponse, Monsieur Ergaste qui est venu le joindre ne lui a pas donné le temps de m'en faire. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  479. Il m'a seulement dit qu'il vous parlerait. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  480. Pouvez-vous être de ce sang-froid-là, dans les circonstances où je me trouve ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  481. De sang-froid, Madame ? (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  482. Comment donc ! (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  483. Mais vous n'y songez pas, Madame. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  484. Lisette, vous en direz tout ce qu'il vous plaira, mais voilà des fatalités qui me passent et qui ne m'appartiennent point du tout. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  485. Mais, Madame, ne soyez donc point injuste. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  486. Depuis que nous sommes ensemble, avez-vous cessé de me parler des douceurs de je ne sais quelle liberté qui n'est que chimère ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  487. Qui est-ce qui m'a conseillé de ne me marier jamais ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  488. Les serments que j'ai faits, qui est-ce qui les a imaginés ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  489. Ils ne tombent que sur un homme que vous n'aimez point. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  490. Eh pourquoi donc vous êtes-vous efforcée de me persuader que je l'aimais ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  491. D'où vient me l'avoir répété si souvent que j'en ai presque douté moi-même ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  492. C'est que je me trompais. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  493. Je l'aimais ce matin, je ne l'aime pas ce soir. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  494. Si je n'en ai pas d'autre garant que vos connaissances, je n'ai qu'à m'y fier, me voilà bien instruite. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  495. Cependant, dans la confusion d'idées que tout cela me donne à moi, il arrive, en vérité, que je me perds de vue. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  496. Rassurez-vous, Madame ; encore une fois vous ne l'aimez point. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  497. Que sais-je si je ne l'aurais pas aimé, si vous m'aviez laissée telle que j'étais, si vos conseils, vos préjugés, vos fausses maximes ne m'avaient pas infecté l'esprit ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  498. Chacun a sa façon de penser et de sentir, et apparemment que j'en ai une ; mais je ne dirai pas ce que c'est, je ne connais que la vôtre. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  499. Et voilà ce que c'est : on croit se déterminer, on croit agir, on croit suivre ses sentiments, ses lumières, et point du tout ; il se trouve qu'on n'a qu'un esprit d'emprunt, et qu'on ne vit que de la folie de ceux qui s'emparent de votre confiance. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  500. Il n'y avait rien de mieux que Damis, c'est un honnête homme. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  501. Mais malheureusement vous êtes au monde ; et la destination de votre vie est d'être le fléau de la mienne. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  502. Je résiste à mon père, je fais des serments ; j'extravague ; et ma soeur en profite ! (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  503. Je vous disais tout à l'heure que vous n'aimiez pas Damis ; à présent je suis tentée de croire que vous l'aimez. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  504. Oui, je l'aime, Mademoiselle ; êtes-vous contente ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  505. Oui, et je suis charmée de l'aimer pour vous mettre dans votre tort, et vous faire taire. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  506. Vous nous auriez épargné bien de la peine à tous, et à Damis qui vous aime, et à Frontin et moi qui nous aimons aussi et qui nous désespérions ; mais laissez-moi faire, il n'y a encore rien de gâté. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  507. Oui, je l'aime, il n'est que trop vrai, et il ne me manquait plus que le malheur de n'avoir pu le cacher ; mais s'il vous en échappe un mot, vous pouvez renoncer à moi pour la vie. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  508. Mais, Madame, ce serait dommage, il vous adore. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  509. Qu'il me le dise lui-même, et je le croirai. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  510. Il le mérite bien, Madame. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  511. Je n'en sais rien, Lisette ; car quand j'y songe, notre amour ne fait pas toujours l'éloge de la personne aimée ; il fait bien plus souvent la critique de la personne qui aime : je ne le sens que trop. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  512. Notre vanité et notre coquetterie, voilà les plus grandes sources de nos passions, voilà d'où les hommes tirent le plus souvent tout ce qu'ils valent. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  513. Ce cabinet où j'étais cachée pendant que Damis te parlait, qu'on le retranche de mon aventure, peut-être que je n'aurais pas d'amour ; car pourquoi est-ce que j'aime ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  514. Parce qu'on me défiait de plaire, et que j'ai voulu venger mon visage ; n'est-ce pas là une belle origine de tendresse ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  515. Madame, Damis n'a que faire de cette aventure-là pour être aimable : laissez-moi vous conduire. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  516. Comment ! (Acte 5, scène 3, ORGON)
  517. De l'homme du monde qui vous est le plus indifférent ! (Acte 5, scène 3, ORGON)
  518. Très indifférent, je l'avoue, mais la manière dont mon père me traite ne me l'est pas. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  519. Ce n'est pas que je trouve mauvais que vous l'aimiez, assurément. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  520. Je sais bien qu'elle est aimable, et si vous ne l'aimiez pas, j'en serais très fâchée ; mais qu'on n'aime qu'elle, qu'on ne songe qu'à elle, qu'on la marie aux dépens du peu d'estime qu'on pouvait faire de mon esprit, de mon coeur, de mon caractère, je vous avoue, mon père, que cela est bien triste, et que c'est me faire payer bien chèrement son mariage. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  521. Tout ce que j'y vois, moi, c'est qu'elle est ta cadette, et qu'elle épouse un homme qui t'était destiné : mais ce n'est qu'à ton refus. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  522. Il a plu sans peine à ta soeur ; nous voulions nous allier, Monsieur Ergaste et moi, et nous profitons de leur penchant mutuel : c'est te débarrasser d'un homme que tu n'aimes point, et tu dois en être charmée. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  523. D'ailleurs, je pouvais quelque jour vouloir me marier moi-même, et me voilà forcée d'y renoncer. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  524. Oui, me voilà condamnée à n'y plus penser ; on ne revient jamais de l'accident humiliant qui m'arrive aujourd'hui : il faut désormais regarder mon coeur et ma main comme disgraciés ; il ne s'agit plus de les offrir à personne, ni de chercher de nouveaux affronts ; j'ai été dédaignée, je le serai toujours, et une retraite éternelle est l'unique parti qui me reste à prendre. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  525. Tu es folle ; on sait que tu as refusé Damis, encore une fois, il le publie lui-même, et tout le risque que tu cours dans cette affaire-ci c'est de passer pour avoir le goût bizarre, voilà tout ; ainsi, tranquillise-toi, et ne va pas toi-même, par un mécontentement mal entendu, te faire soupçonner de sentiments que tu n'as point : voici ta soeur qui vient nous joindre, et à qui j'avais donné ordre de te parler, et je te prie de la recevoir avec amitié. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  526. Approchez, Phénice ; votre soeur vient de me dire les motifs de son dégoût pour votre mariage. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  527. Si vous n'avez rien risqué à lui tenir ce discours, vous m'en avez quelque obligation ; mes manières n'ont pas nui à la constance qu'il a eue pour vous. (Acte 5, scène 4, LUCILE)
  528. Laissez-moi pourtant me flatter qu'il m'a choisie. (Acte 5, scène 4, PHÉNICE)
  529. Est-ce là comme vous répondez aux soins que je me donne pour vous voir unies ? (Acte 5, scène 4, ORGON)
  530. Je ne dirai plus mot ; je n'étais venue que dans le dessein d'embrasser ma soeur, et j'y suis encore prête, si ses sentiments me le permettent. (Acte 5, scène 4, PHÉNICE)
  531. Voilà ce que je demandais ; allons, mes enfants, réconciliez-vous, et soyez bonnes amies : voici Damis qui vient fort à propos. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  532. Je crois, Monsieur, que vous êtes bien persuadé du désir extrême que j'avais de voir terminer notre mariage ; mais vous savez l'obstacle qu'y a apporté Madame ; et plutôt que de jeter le trouble dans une famille... (Acte 5, scène 5, DAMIS)
  533. Je vous annonce que nous sommes tous d'accord, que nous vous estimons tous, et que mes filles viennent de s'embrasser tout à l'heure. (Acte 5, scène 5, ORGON)
  534. Et même de bon coeur, à ce que je pense. (Acte 5, scène 5, PHÉNICE)
  535. Adieu, je vais porter cette bonne nouvelle à Monsieur Ergaste et dans un moment revenir avec lui ici pour conclure. (Acte 5, scène 5, ORGON)
  536. Que vous me divertissez tous deux, vous vous taisez, vous me regardez d'un oeil noir, ha ! (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  537. De quoi s'agit-il, Madame ? (Acte 5, scène 6, DAMIS)
  538. De quoi s'agit-il, Madame ? (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  539. Est-ce que vous me fuyez ? (Acte 5, scène 6, PH?NICE)
  540. N'est-ce pas là un homme bien disposé à m'épouser ? (Acte 5, scène 6, PH?NICE)
  541. Assurément, voilà qui est particulier ; mais levez-vous donc pour vous expliquer. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  542. Si vous saviez combien j'ai souffert du silence timide que j'ai gardé, Madame ! (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  543. Non, je ne puis vous exprimer ce que devint mon coeur la première fois que je vous vis, ni tout le désespoir où je fus d'avoir parlé à Lisette comme j'avais fait. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  544. Je ne m'attendais pas à ce discours-là ; car vous me promîtes alors de rompre notre mariage. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  545. Madame, je ne vous promis rien, souvenez-vous-en, je ne fis que céder à l'éloignement où je vous vis pour moi ; je ne me rendis qu'à vos dispositions, qu'au respect que j'avais pour elles, qu'à la peur de vous déplaire, et qu'à l'extrême surprise où j'étais. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  546. Je vous crois, mais j'admire la conjoncture où cela tombe ; car enfin, si j'avais su vos sentiments, que sais-je ? (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  547. Ils auraient pu me déterminer ; mais à présent, comment voulez-vous qu'on fasse ? (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  548. Vous verrez que notre histoire sera d'un ridicule qui me désole. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  549. Je ne serai jamais à Phénice, je ne puis être qu'à vous seule, et si je vous perds, toute ma ressource est de fuir, de ne me montrer de ma vie, et de mourir de douleur. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  550. Cette extrémité-là serait terrible ; mais dites-moi, ma soeur sait donc que vous m'aimez ? (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  551. Dans quel ravissement me jetez-vous ? (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  552. Mon père, il n'est plus question de mariage avec Madame ; elle n'y a jamais pensé, et mon coeur n'appartient qu'à Lucile. (Acte 5, scène 8, DAMIS)
  553. Oui, Monsieur, à elle-même, qui ne le refusera pas ; mariez hardiment ; tantôt nous vous dirons le reste. (Acte 5, scène 8, LISETTE)
  554. Ne me demandez point d'autre réponse, mon père. (Acte 5, scène 8, LUCILE)
  555. Ne me demande point d'autre réponse. (Acte 5, scène 8, LISETTE)

LA COLONIE (1750)

  1. Ah çà, Madame Sorbin, ou plutôt ma compagne, car vous l'êtes, puisque les femmes de votre état viennent de vous revêtir du même pouvoir dont les femmes nobles m'ont revêtue moi-même ; donnons-nous la main, unissons-nous et n'ayons qu'un même esprit toutes les deux. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  2. Conclusion, il n'y a plus qu'une femme et qu'une pensée ici. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  3. Nous voici chargées du plus grand intérêt que notre sexe ait jamais eu, et cela dans la conjoncture du monde la plus favorable pour discuter notre droit vis-à-vis les hommes. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  4. Oh, pour cette fois-ci, Messieurs, nous compterons ensemble. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  5. Depuis qu'il a fallu nous sauver avec eux dans cette île où nous sommes fixées, le Gouvernement de notre patrie a cessé. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  6. Oui, il en faut un tout neuf ici, et l'heure est venue, nous voici en place d'avoir justice, et de sortir de l'humilité ridicule qu'on nous a imposée depuis le commencement du monde : plutôt mourir que d'endurer plus longtemps nos affronts. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  7. Tenez, je me soucie aujourd'hui de la vie comme d'un fétu ; en un mot comme en cent, je me sacrifie, je l'entreprends. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  8. Madame Sorbin veut vivre dans l'Histoire et non pas dans le Monde. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  9. Et quand même nous ne réussirions pas, nos petites-filles réussiront. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  10. Je vous dis que les hommes n'en reviendront jamais. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  11. Qu'est-ce que c'est que Timagène, Madame Sorbin, je ne le connais plus depuis notre projet, tenez ferme et ne songez qu'à m'imiter. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  12. Ah çà, vous savez bien que les hommes vont dans un moment s'assembler sous des tentes, afin d'y choisir entre eux deux hommes qui nous feront des lois ; on a battu le tambour pour convoquer l'assemblée. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  13. Il n'y a qu'à faire battre le tambour aussi pour enjoindre à nos femmes d'avoir à mépriser les règlements de ces Messieurs, et dresser tout de suite une belle et bonne ordonnance de séparation d'avec les hommes qui ne se doutent encore de rien. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  14. C'est qu'apparemment ils vont se rendre au Conseil ; souhaitez-vous que nous les appelions ? (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  15. Holà, notre homme. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  16. Qu'est-ce que c'est que tu veux, ma femme, nous avons hâte. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  17. Eh là là, tout bellement, je veux vous voir, Monsieur Sorbin, bonjour ; n'avez-vous rien à me communiquer, par hasard ou autrement ? (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  18. Parle-t-on des femmes parmi vous ? (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  19. Non, Madame, je ne sais rien qui les concerne, on n'en dit pas un mot. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  20. Oh rien, c'est que je me parle. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  21. Au Conseil où l'on nous appelle, et où la noblesse et tous les notables d'une part, et le peuple de l'autre, nous menacent cet honnête homme et moi, de nous nommer pour travailler aux lois, et j'avoue que mon incapacité me fait déjà trembler. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  22. Hélas, c'est ce qui se publie, et ce qui me donne un grand souci. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  23. Quoique vous soyez massif et d'un naturel un peu lourd, je vous ai toujours connu un très bon gros jugement qui viendra fort bien dans cette affaire-ci ; et puis je me persuade que ces Messieurs auront le bon esprit de demander des femmes pour les assister, comme de raison. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  24. Tais-toi avec tes femmes, il est bien question de rire ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  25. Mais vraiment, je ne ris pas. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  26. Elle a raison, elle en fera, j'en ferai moi-même. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  27. Vous, Madame ? (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  28. Assurément. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  29. Laissons-là ces rieuses, Seigneur Timagène, et allons-nous-en ; adieu, femme, grand merci de ton assistance. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  30. Parlez, Madame. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  31. Cela m'a l'air d'une harangue, remettons-la à tantôt, le loisir nous manque. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  32. Nos femmes y babillent trop. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  33. Le dessein est formé d'y rester, et comme nous y sommes tous arrivés pêle-mêle, que la fortune y est égale entre tous, que personne n'a droit d'y commander, et que tout y est en confusion, il faut des maîtres, il en faut un ou plusieurs, il faut des lois. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  34. Hé, c'est à quoi nous allons pourvoir, Madame. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  35. Doucement, ces lois, qui est-ce qui va les faire, de qui viendront-elles ? (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  36. Des hommes ! (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  37. Apparemment. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  38. Des hommes. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  39. Apparemment. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  40. Un homme. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  41. Et toujours des hommes et jamais de femmes, qu'en pensez-vous, Timagène ? (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  42. Car le gros jugement de votre Adjoint ne va pas jusqu'à savoir ce que je veux dire. (Acte 1, scène 2, ARTH?NICE)
  43. J'avoue, Madame, que je n'entends pas bien la difficulté non plus. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  44. Tu me le demandes, va-t'en. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  45. Mais, Madame. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  46. Mais, Monsieur, vous me déplaisez là. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  47. Mais va porter ta face d'homme ailleurs. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  48. Toujours des hommes, et jamais de femmes, et ça ne nous entend pas. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  49. Vous m'affligez, Madame, si vous me laissez partir sans m'instruire de ce qui vous indispose contre moi. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  50. Dans l'inquiétude où je suis, je reviendrai, Madame, le plus tôt qu'il me sera possible. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  51. C'est l'ancienne coutume d'être impertinent de père en fils, qui leur bouche l'esprit. (Acte 1, scène 3, MADAME SORBIN)
  52. Je viens à vous, vénérable et future belle-mère, vous m'avez promis la charmante Lina, et je suis bien impatient d'être son époux ; je l'aime tant, que je ne saurais plus supporter l'amour sans le mariage. (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  53. Écartez ce jeune homme, Madame Sorbin, les circonstances présentes nous obligent de rompre avec toute son espèce. (Acte 1, scène 4, ARTHÉNICE)
  54. Oui, je serai content de me tenir humblement derrière. (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  55. Est-ce que vous ne voulez plus qu'il m'aime, ou qu'il m'épouse ? (Acte 1, scène 5, LINA)
  56. Non, ma fille, nous sommes dans une occurrence où l'amour n'est plus qu'un sot. (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  57. Et le mariage, tel qu'il a été jusqu'ici, n'est plus aussi qu'une pure servitude que nous abolissons, ma belle enfant, car il faut bien la mettre un peu au fait pour la consoler. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  58. Que mettra-t-on à la place ? (Acte 1, scène 5, LINA)
  59. Vous savez, Lina, que les femmes jusqu'ici ont toujours été soumises à leurs maris. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  60. Oui, Madame, c'est une coutume qui n'empêche pas l'amour. (Acte 1, scène 5, LINA)
  61. Quand il y est, comment l'ôter ? (Acte 1, scène 5, LINA)
  62. Comment soumise, petite âme de servante, jour de Dieu, soumise, cela peut-il sortir de la bouche d'une femme ? (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  63. Je n'en aurai pas la peine ; Persinet et moi, nous voudrons toujours la même chose ; nous en sommes convenus entre nous. (Acte 1, scène 5, LINA)
  64. Prends-y garde avec ton Persinet ; si tu n'as pas des sentiments plus relevés, je te retranche du noble corps des femmes, reste avec ma camarade et moi pour apprendre à considérer ton importance ; et surtout qu'on supprime ces larmes qui font confusion à ta mère, et qui rabaissent notre mérite. (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  65. Nous sommes chargées, en même temps de vous jurer pour lui une entière obéissance, quand vous lui aurez juré entre nos mains une fidélité inviolable ; deux articles essentiels auxquels on n'a pas songé d'abord. (Acte 1, scène 6, UNE DES DEPUTÉES)
  66. Nous acceptons cependant la distinction dont on nous honore, et nous allons nous acquitter de nos serments, dont l'omission a été très judicieusement remarquée ; je commence. (Acte 1, scène 6, ARTHÉNICE)
  67. Je fais voeu de vivre pour soutenir les droits de mon sexe opprimé ; je consacre ma vie à sa gloire ; j'en jure par ma dignité de femme, par mon inexorable fierté de coeur, qui est un présent du ciel ; il ne faut pas s'y tromper ; enfin par l'indocilité d'esprit que j'ai toujours eue dans mon mariage, et qui m'a préservée de l'affront d'obéir à feu mon bourru de mari ; j'ai dit. (Acte 1, scène 6, ARTH?NICE)
  68. À vous, Madame Sorbin. (Acte 1, scène 6, ARTH?NICE)
  69. Approchez, ma fille, écoutez-moi, et devenez à jamais célèbre, seulement pour avoir assisté à cette action si mémorable. (Acte 1, scène 6, MADAME SORBIN)
  70. Voici mes paroles : vous irez de niveau avec les hommes ; ils seront vos camarades, et non pas vos maîtres ; Madame vaudra partout Monsieur, ou je mourrai à la peine. (Acte 1, scène 6, MADAME SORBIN)
  71. Écoutez à présent ce que toutes les femmes que nous représentons vous jurent à leur tour. (Acte 1, scène 6, UNE-DES-DEPUTEES)
  72. On verra la fin du monde, la race des hommes s'éteindra avant que nous cession d'obéir à vos ordres ; voici déjà une de nos compagnes qui accourt pour vous reconnaître. (Acte 1, scène 6, UNE DES DEPUTEES)
  73. Je me hâte de venir rendre hommage à nos souveraines, et de me ranger sous leurs lois. (Acte 1, scène 7, LA-FEMME)
  74. Embrassons-nous, mes amies ; notre serment mutuel vient de nous imposer de grands devoirs, et pour vous exciter à remplir les vôtres, je suis d'avis de vous retracer en ce moment une vive image de l'abaissement où nous avons langui jusqu'à ce jour ; nous ne ferons en cela que nous conformer à l'usage de tous les chefs de parti. (Acte 1, scène 7, ARTHÉNICE)
  75. Nous emploierions un homme ? (Acte 1, scène 7, UNE DES FEMMES)
  76. Que cet homme nous serve, j'en accepte l'augure. (Acte 1, scène 7, ARTHÉNICE)
  77. Appelez-nous ce domestique. (Acte 1, scène 7, MADAME SORBIN)
  78. L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  79. Dans l'arrangement des affaires, il est décidé que nous n'avons pas le sens commun, mais tellement décidé que cela va tout seul, et que nous n'en appelons pas nous-mêmes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  80. On nous crie dès le berceau, vous n'êtes capables de rien, ne vous mêlez de rien, vous n'êtes bonnes à rien qu'à être sages ; on l'a dit à nos mères qui l'ont cru, qui nous le répètent ; on a les oreilles rebattues de ces mauvais propos ; nous sommes douces, la paresse s'en mêle, on nous mène comme des moutons. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  81. Pour moi, je ne suis qu'une femme, mais depuis que j'ai l'âge de raison, le mouton n'a jamais trouvé cela bon. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  82. Je ne suis qu'une femme, dit Madame Sorbin, cela est admirable ! (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  83. Il faut qu'il y ait en nous une défiance bien louable de nos lumières pour avoir adopté ce jargon-là ; qu'on me trouve des hommes qui en disent autant d'eux ; cela les passe ; revenons au vrai pourtant : vous n'êtes qu'une femme, dites-vous ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  84. Je m'y tiens, Mesdames, je m'y tiens, c'est nous qui avons le mieux, et je bénis le ciel de m'en avoir fait participante, il m'a comblé d'honneurs, et je lui en rends des grâces nonpareilles. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  85. Paix, petite fille ; point de langue ici, rien que des oreilles ; excusez, Mesdames, poursuivez, la camarade. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  86. Examinons ce que nous sommes, et arrêtez-moi, si j'en dis trop ; qu'est-ce qu'une femme, seulement à la voir ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  87. Absolument incontestable. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  88. Je recommence ; regardez-la, c'est le plaisir des yeux : les grâces et la beauté, déguisées sous toutes sortes de formes, se disputent à qui versera le plus de charmes sur son visage et sur sa figure. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  89. Qui est-ce qui peut définir le nombre et la variété de ces charmes ? (Acte 1, scène 9, ARTH?NICE)
  90. Le sentiment les saisit, nos expressions n'y sauraient atteindre. (Acte 1, scène 9, ARTH?NICE)
  91. La femme a l'air noble, et cependant son air de douceur enchante. (Acte 1, scène 9, ARTH?NICE)
  92. C'est une beauté fière, et pourtant une beauté mignarde ; elle imprime un respect qu'on n'ose perdre, si elle ne s'en mêle ; elle inspire un amour qui ne saurait se taire ; dire qu'elle est belle, qu'elle est aimable, ce n'est que commencer son portrait ; dire que sa beauté surprend, qu'elle occupe, qu'elle attendrit, qu'elle ravit, c'est dire, à peu près, ce qu'on en voit, ce n'est pas effleurer ce qu'on en pense. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  93. Et ce qui est encore incomparable, c'est de vivre avec toutes ces belles choses-là, comme si de rien n'était ; voilà le surprenant, mais ce que j'en dis n'est pas pour interrompre, paix. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  94. Venons à l'esprit, et voyez combien le nôtre a paru redoutable à nos tyrans, jugez-en par les précautions qu'ils ont prises pour l'étouffer, pour nous empêcher d'en faire usage ; c'est à filer, c'est à la quenouille, c'est à l'économie de leur maison, c'est au misérable tracas d'un ménage, enfin c'est à faire des noeuds, que ces Messieurs nous condamnent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  95. Véritablement, cela crie vengeance. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  96. Ou bien, c'est à savoir prononcer sur des ajustements, c'est à les réjouir dans leurs soupers, c'est à leur inspirer d'agréables passions, c'est à régner dans la bagatelle, c'est à n'être nous-mêmes que la première de toutes les bagatelles ; voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des moeurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  97. Les ingrats ; allons, Mesdames, supprimons les soupers dès ce jour. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  98. En un mot comme en cent, qu'ils filent à leur tour. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  99. Il est vrai qu'on nous traite de charmantes, que nous sommes des astres, qu'on nous distribue des teints de lis et de roses, qu'on nous chante dans les vers, où le soleil insulté pâlit de honte à notre aspect, et comme vous voyez, cela est considérable ; et puis les transports, les extases, les désespoirs dont on nous régale, quand il nous plaît. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  100. Vraiment, c'est de la friandise qu'on donne à ces enfants. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  101. Que par simplicité nous nous entêtons du vil honneur de leur plaire, et que nous nous amusons bonnement à être coquettes, car nous le sommes, il en faut convenir. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  102. Sans doute ; mais ce qu'il y a d'admirable, c'est que la supériorité de notre âme est si invincible, si opiniâtre, qu'elle résiste à tout ce que je dis là, c'est qu'elle éclate et perce encore à travers cet avilissement où nous tombons ; nous sommes coquettes d'accord, mais notre coquetterie même est un prodige. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  103. Quand je songe à tout le génie, toute la sagacité, toute l'intelligence que chacune de nous y met en se jouant, et que nous ne pouvons mettre que là, cela est immense, il y entre plus de profondeur d'esprit qu'il n'en faudrait pour gouverner deux mondes comme le nôtre, et tant d'esprit est en pure perte. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  104. Tant d'esprit n'aboutit qu'à renverser de petites cervelles qui ne sauraient le soutenir, et qu'à nous procurer de sots compliments, que leurs vices et leur démence, et non pas leur raison, nous prodiguent ; leur raison ne nous a jamais dit que des injures. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  105. Il me paraît à moi, que c'est prendre à gauche. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  106. S'enlaidir exprès pour se venger des hommes ? (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  107. Oui, afin qu'ils soupirent plus que jamais à nos genoux, et qu'ils meurent de douleur de se voir rebutés ; voilà ce qu'on appelle une indignation de bon sens, et vous êtes dans le faux, Madame Sorbin, tout à fait dans le faux. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  108. Ta, ta, ta, ta, je t'en réponds, embellissons-nous pour retomber ; de vingt galants qui se meurent à nos genoux, il n'y en a quelquefois pas un qu'on ne réchappe, d'ordinaire on les sauve tous ; ces mourants-là nous gagnent trop, je connais bien notre humeur, et notre ordonnance tiendra ; on se rendra laide, au surplus ce ne sera pas si grand dommage, Mesdames, et vous n'y perdrez pas plus que moi. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  109. Doucement, cela vous plaît à dire, vous ne jouez pas gros jeu ; vous, votre affaire est bien avancée. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  110. Tredame, ni vous non plus pour une étoile. (Acte 1, scène 9, LINA)
  111. Pardi, me voilà bien ébahie ; eh ! (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  112. Comment donc, la Sorbin ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  113. Qui est-ce qui sera donc Madame ici ; me perdre le respect de cette manière ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  114. Vous avez tort, ma bonne, et je trouve le projet de Madame Sorbin très sage. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  115. M'attaquer moi-même ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  116. Mais voyez ces guenons, avec leur vision de beauté ; oui, Madame Arthénice et moi, qui valons mieux que vous, voulons, ordonnons et prétendons qu'on s'habille mal, qu'on se coiffe de travers, et qu'on se noircisse le visage au soleil. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  117. Et pour contenter ces femmes-ci, notre édit n'exceptera qu'elles, il leur sera permis de s'embellir, si elles le peuvent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  118. Retirez-vous, vos serments vous lient, obéissez ; je romps la séance. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  119. J'avoue que les poings me démangent. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  120. Retirez-vous, vous dis-je, ou je vous ferai mettre aux arrêts. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  121. C'est votre faute, Mesdames, je ne voulais ni de cette artisane, ni de cette princesse, je n'en voulais pas, mais l'on ne m'a pas écoutée. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  122. Tais-toi, je t'habillerai d'un sac si tu me raisonnes. (Acte 1, scène 10, MADAME SORBIN)
  123. Et toi, attends ici que les hommes sortent de leur Conseil, ne t'avise pas de parler à Persinet s'il venait, au moins, me le promets-tu ? (Acte 1, scène 10, MADAME SORBIN)
  124. Et viens nous avertir dès que des hommes paraîtront, tout aussitôt. (Acte 1, scène 10, MADAME SORBIN)
  125. Quand me mariera-t-on à cette heure ? (Acte 1, scène 11, LINA)
  126. Eh bien, Lina, ma chère Lina, contez-moi mon désastre, d'où vient que Madame Sorbin me chasse ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  127. J'en suis encore tout tremblant, je n'en puis plus, je me meurs. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  128. Ce cher petit homme, si je pouvais lui parler dans son affliction. (Acte 1, scène 11, LINA)
  129. Mais on me l'a défendu, on ne veut pas seulement que je le regarde, et je suis sûre qu'on m'épie. (Acte 1, scène 11, LINA)
  130. Me retrancher vos yeux ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  131. Il est vrai qu'il peut me parler lui, on ne m'a pas ordonné de l'en empêcher. (Acte 1, scène 11, LINA)
  132. Lina, ma Lina, pourquoi me mettez-vous à une lieue d'ici ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  133. Si vous n'avez pas compassion de moi, je n'ai pas longtemps à vivre, il me faut même actuellement un coup d'oeil pour me soutenir. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  134. Le bon remède, je sens qu'il me rend la vie ; répétez, m'amour, encore un tour de prunelle pour me remettre tout à fait. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  135. Me voilà un peu revenu, dites-moi le reste à présent, mais parlez-moi de plus près, et non pas en mon absence. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  136. Persinet ne sait pas que nous sommes révoltées. (Acte 1, scène 11, LINA)
  137. Et que les femmes ont résolu de gouverner le monde et de faire des lois. (Acte 1, scène 11, LINA)
  138. Il ne sait pas qu'il va tout à l'heure nous être enjoint de rompre avec les hommes. (Acte 1, scène 11, LINA)
  139. Mais voilà les hommes qui sortent, je m'enfuis pour avertir ma mère ! (Acte 1, scène 11, LINA)
  140. Maudites lois, faisons ma plainte à ces Messieurs. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  141. Non, Seigneur Timagène, nous ne pouvons pas mieux choisir ; le peuple n'a pas hésité sur Monsieur Sorbin, le reste des citoyens n'a eu qu'une voix pour vous, et nous sommes en de bonnes mains. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  142. Messieurs, permettez l'importunité, je viens à vous, Monsieur Sorbin, les affaires d'État me coupent la gorge, je suis abîmé, vous croyez que vous aurez un gendre, et c'est ce qui vous trompe, Madame Sorbin m'a cassé tout net jusqu'à la paix ; on vous casse aussi, on ne veut plus des personnes de notre étoffe, toute face d'homme est bannie, on va nous retrancher à son de trompe, et je vous demande votre protection contre un tumulte. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  143. C'est une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le gouvernement du royaume ; vous saurez que les femmes se sont mises tout en un tas pour être laides, elles vont quitter les pantoufles, on parle même de changer de robes, de se vêtir d'un sac, et de porter les cornettes de côté pour nous déplaire ; j'ai vu préparer un grand colloque, j'ai moi-même approché les bancs pour la commodité de la conversation, je voulais m'y asseoir, on m'a chassé comme un gredin, le monde va périr, et le tout à cause de vos lois, que ces braves Dames veulent faire en communauté avec vous, et dont je vous conseille de leur céder la moitié de la façon, comme cela est juste. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  144. Voilà une belle bagatelle en comparaison de la tendresse des dames ! (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  145. Retirez-vous, jeune homme. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  146. De quelque côté que j'aille, on me dit partout, va-t'en ; je n'y comprends rien. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  147. Heureusement l'aventure est plus comique que dangereuse. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  148. Ma femme est têtue, et je gage qu'elle a tout ameuté ; mais attendez-moi là, je vais voir ce que c'est, et je mettrai bon ordre à cette folie-là quand j'aurai pris mon ton de maître, je vous fermerai le bec à cela ; ne vous écartez pas, Messieurs. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR SORBIN)
  149. Ce qui me surprend, c'est qu'Arthénice se soit mise de la partie. (Acte 1, scène 12, TIMAGÈNE)
  150. Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la République, n'y travaillerons-nous pas de concert ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  151. À rien, comme à l'ordinaire. (Acte 1, scène 13, HERMOCRATE)
  152. C'est-à-dire, à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison, on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot. (Acte 1, scène 13, UN AUTRE HOMME)
  153. Voulez-vous bien vous expliquer, Madame ? (Acte 1, scène 13, TIMAGÈNE)
  154. D'épée, Madame ? (Acte 1, scène 13, HERMOCRATE)
  155. Qu'on nous donne des armes, nous serons plus méchantes que vous ; je veux que dans un mois, nous maniions le pistolet comme un éventail, je tirai ces jours passés sur un perroquet, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  156. De même qu'au Palais à tenir l'audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine ou Avocate. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  157. Des femmes avocates ? (Acte 1, scène 13, UN HOMME)
  158. Et qu'est-ce que c'est qu'un bonnet carré, Messieurs ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  159. D'ailleurs, il n'est pas de notre bail, non plus que votre Code, jusqu'ici c'est votre justice et non pas la nôtre ; justice qui va comme il plaît à nos beaux yeux, quand ils veulent s'en donner la peine, et si nous avons part à l'institution des lois, nous verrons ce que nous ferons de cette justice-là, aussi bien que du bonnet carré, qui pourrait bien devenir octogone si on nous fâche ; la veuve ni l'orphelin n'y perdront rien. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  160. La belle pointe d'esprit, mais finalement, il n'y a rien à rabattre, sinon lisez notre édit, votre congé est au bas de la page. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  161. Madame... (Acte 1, scène 13, TIMAGÈNE)
  162. Monsieur, je n'ai plus qu'un mot à dire, profitez-en ; il n'y a point de Nation qui ne se plaigne des défauts de son gouvernement ; d'où viennent-ils, ces défauts ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  163. C'est que le mariage qui se fait entre les hommes et nous, devrait aussi se faire entre leurs pensées et les nôtres ; c'était l'intention des Dieux, elle n'est pas remplie, et voilà la source de l'imperfection des lois ; l'Univers en est la victime, et nous le servons en vous résistant. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  164. J'ai dit, il serait inutile de me répondre, prenez votre parti, nous vous donnons encore une heure, après quoi la séparation est sans retour, si vous ne vous rendez pas ; suivez-moi, Madame Sorbin, sortons. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  165. Je vous trouve donc, Madame Sorbin, je vous cherchais. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  166. Finissez avec lui ; je vous reviens prendre dans le moment. (Acte 1, scène 14, ARTHÉNICE)
  167. Vraiment, je suis très charmé de vous voir, et vos déportements sont tout à fait divertissants. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  168. Comment dites-vous cela, Madame la cornette ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  169. Comme je le pense, et comme cela tiendra, Monsieur le chapeau. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  170. Doucement, Madame Sorbin, sied-il bien à une femme aussi sensée que vous l'êtes, de perdre jusque-là les égards qu'elle doit à son mari ? (Acte 1, scène 14, TIMAGÈNE)
  171. À l'autre avec son jargon d'homme ; c'est justement parce que je suis sensée que cela se passe ainsi. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  172. Vous dites que je lui dois, mais il me doit de même ; quand il me paiera, je le paierai, c'est de quoi je venais l'accuser exprès. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  173. Que nenni, nos mesures sont prises, tout est résolu, nos paquets sont faits. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  174. C'est une rage que cela, mais revenons au bon sens ; savez-vous, Madame Sorbin, de quel bois je me chauffe ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  175. Le pauvre homme avec son bois, c'est bien à lui parler de cela ; quel radotage ! (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  176. Est-ce que vous croyez me faire trembler avec le catalogue de vos qualités que je sais mieux que vous ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  177. Vous êtes l'élu des hommes, et moi l'élue des femmes ; vous êtes mon mari, je suis votre femme ; vous êtes le maître, et moi la maîtresse ; à l'égard du chef de famille, allons bellement, il y a deux chefs ici, vous êtes l'un, et moi l'autre, partant quitte à quitte. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  178. Cependant, le respect d'une femme. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  179. Cependant le respect est un sot ; finissons, Monsieur Sorbin, qui êtes élu, mari, maître et chef de famille ; tout cela est bel et bon ; mais écoutez-moi pour la dernière fois, cela vaut mieux ; nous disons que le monde est une ferme, les Dieux là-haut en sont les Seigneurs, et vous autres hommes, depuis que la vie dure, en avez toujours été les fermiers tout seuls, et cela n'est pas juste, rendez-nous notre part de la ferme ; gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  180. Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis ; j'ai parlé pour moi ; ma fille, que je vois là-bas et que je vais appeler, va parler pour elle. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  181. Ma chère mère, mon avis, c'est, comme vous l'avez dit, que nous soyons dames et maîtresses par égale portion avec ces Messieurs ; que nous travaillions comme eux à la fabrique des lois, et puis qu'on tire, comme on dit, à la courte paille pour savoir qui de nous sera Roi ou Reine ; sinon, que chacun s'en aille de son côté, nous à droite, eux à gauche, du mieux qu'on pourra. (Acte 1, scène 15, LINA)
  182. Le mien serait d'emmener mon amant et son amour avec nous. (Acte 1, scène 15, LINA)
  183. Que le Ciel nous assiste ; en bonne foi, est-ce là un régime_de_vie, notre femme ? (Acte 1, scène 15, MONSIEUR SORBIN)
  184. Voilà une départie qui me procure la mort, je n'irai jamais jusqu'au souper. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  185. Si vous voulez voir de belles larmes et d'une belle grosseur, il n'y a qu'à regarder les miennes. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  186. J'aime ces extravagantes-là plus que je ne pensais, il faudrait battre, et ce n'est pas ma manière de coutume. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR SORBIN)
  187. J'excuse votre attendrissement. (Acte 1, scène 16, TIMAGÈNE)
  188. Qui est-ce qui n'aime pas le beau sexe ? (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  189. Laissez-nous, petit homme. (Acte 1, scène 16, HERMOCRATE)
  190. C'est vous qui êtes le plus mutin de la bande, Seigneur Hermocrate ; car voilà Monsieur Sorbin qui est le meilleur_acabit d'homme ; voilà moi qui m'afflige à faire plaisir ; voilà le Seigneur Timagène qui le trouve bon ; personne n'est tigre, il n'y a que vous ici qui portiez des griffes, et sans vous, nous partagerions la ferme. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  191. Attendez, Messieurs, on en viendra à un accommodement, si vous le souhaitez, puisque les partis violents vous déplaisent ; mais il me vient une idée, voulez-vous vous en fier à moi ? (Acte 1, scène 16, HERMOCRATE)
  192. Et même ma charge avec, si on me le permet. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR SORBIN)
  193. Pardi, j'irai comme le vent, je saute comme un cabri. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  194. Tout subitement. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  195. Oui, mais comme nous avons la guerre avec les Sauvages de cette île, revenez tous deux dans quelques moments nous dire qu'on les voit descendre en grand nombre de leurs montagnes et qu'ils viennent nous attaquer, rien que cela ; vous pouvez aussi amener avec vous quelques hommes qui porteront des armes, que vous leur présenterez pour le combat. (Acte 1, scène 16, HERMOCRATE)
  196. Ces belles personnes me suivent, et voilà pour vos écritures, Monsieur le Notaire ; tâchez de nous griffonner le papier sur ce papier. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  197. Vous l'emportez, Madame, vous triomphez d'une résistance qui nous priverait du bonheur de vivre avec vous, et qui n'aurait pas duré longtemps si toutes les femmes de la Colonie ressemblaient à la noble Arthénice ; sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance nous auraient déterminés bien vite ; mais à vous parler franchement, le caractère de Madame Sorbin, qui va partager avec vous le pouvoir de faire les lois, nous a d'abord arrêtés, non qu'on ne la croie femme de mérite à sa façon, mais la petitesse de sa condition, qui ne va pas ordinairement sans rusticité, disent-ils... (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  198. Tredame ! (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  199. Ce n'est pas moi qui parle, je vous dis ce qu'on a pensé, on ajoute même qu'Arthénice, polie comme elle l'est, doit avoir bien de la peine à s'accommoder de vous. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  200. Quant à moi, qui ne vous accuse de rien, je m'en tiens à vous dire de la part de ces Messieurs, que vous aurez part à tous les emplois, et que j'ai ordre d'en dresser l'acte en votre présence ; mais, voyez avant que je commence, si vous avez encore quelque chose de particulier à demander. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  201. Et moi de même ; il y en a un qui me déplaît, et que je retranche, c'est la gentilhommerie, je la casse pour ôter les petites conditions, plus de cette baliverne-là. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  202. Comment donc, Madame Sorbin, vous supprimez les Nobles ? (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  203. J'aime assez cette suppression. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  204. Pardon, Madame, j'ai deux petites raisons pour cela, je suis bourgeois et philosophe. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  205. Vos deux raisons auront contentement ; je commande, en vertu de ma pleine puissance, que les nommées Arthénice et Sorbin soient tout un, et qu'il soit aussi beau de s'appeler Hermocrate ou Lanturlu, que Timagène ; qu'est-ce que c'est que des noms qui font des gloires ? (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  206. En vérité, elle raisonne comme Socrate ; rendez-vous, Madame, je vais écrire. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  207. Je n'y consentirai jamais, je suis née avec un avantage que je garderai, s'il vous plaît, Madame l'Artisane. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  208. Doucement, Mesdames, laissons cet article-ci en litige, nous y reviendrons. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  209. Dites le vôtre, Madame l'élue, la noble. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  210. Il est un peu plus sensé que le vôtre, la Sorbin, il regarde l'amour et le mariage ; toute infidélité déshonore une femme, je veux que l'homme soit traité de même. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  211. Je ne serais pas de votre sentiment là-dessus, Madame Sorbin, je trouve la chose équitable, tout homme que je suis. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  212. Je ne veux pas moi ; l'homme n'est pas de notre force, je compatis à sa faiblesse, le monde lui a mis la bride sur le cou en fait de fidélité et je la lui laisse, il ne saurait aller autrement : pour ce qui est de nous autres femmes, de confusion nous n'en avons pas même assez, j'en ordonne encore une dose ; plus il y en aura, plus nous serons honorables, plus on connaîtra la grandeur de notre vertu. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  213. Dame, je parle en femme de petit état. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  214. Voyez-vous, nous autres petites femmes, nous ne changeons ni d'amant ni de mari, au lieu que des Dames, il n'en est pas de même, elles se moquent de l'ordre et font comme les hommes ; mais mon règlement les rangera. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  215. Que lui répondez-vous, Madame, et que faut-il que j'écrive ? (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  216. Madame, on vient d'apercevoir une foule innombrable de Sauvages qui descendent dans la plaine pour nous attaquer ; nous avons déjà assemblé les hommes ; hâtez-vous de votre côté d'assembler les femmes, et commandez-nous aujourd'hui avec Madame Sorbin, pour entrer en exercice des emplois militaires ; voilà des armes que nous vous apportons. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)
  217. Les hommes seront encore capitaines jusqu'à ce que nous sachions le métier. (Acte 1, scène 18, MADAME SORBIN)
  218. La brutalité de cette femme-là me dégoûte de tout, et je renonce à un projet impraticable avec elle. (Acte 1, scène 18, ARTHÉNICE)
  219. Sa sotte gloire me raccommode avec vous autres, viens, mon mari, je te pardonne, va te battre, je vais à notre ménage. (Acte 1, scène 18, MADAME SORBIN)
  220. Je me réjouis de voir l'affaire terminée. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)
  221. Ne vous inquiétez point, Mesdames, allez vous mettre à l'abri de la guerre, on aura soin de vos droits dans les usages qu'on va établir. (Acte 1, scène 18, TIMAG?NE)

LE DÉNOUEMENT IMPRÉVU (1727)

  1. Voute lamentation me corrompt toute ma balle humeur. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  2. J'aime Mademoiselle Argante plus qu'on n'a jamais aimé : je me vois à la veille de la perdre, et tu ne veux pas que je m'afflige ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. En sait bian qu'il faut parfois s'affliger ; mais faut y aller pus bellement que ça ; car moi, j'aime itou Lisette, voyez-vous ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  4. Je vois tout ça fixiblement clair : stanpendant, je me tians l'esprit farme, je bataille contre le chagrin ; je me dis que tout ça n'est rian, que ça n'arrivera pas ; mais, morgué ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  5. Quand je vous entends geindre, ça me gâte le courage. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  6. Je me dis : Piarre, tu ne prends point de souci, mon ami, et c'est que tu t'enjôles ; si tu faisais bian, tu en prenrais : j'en prends donc. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  7. Tenez ; tout en parlant de chouse et d'autre, velà-t-il pas qu'il me prend envie de pleurer ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  8. Mon enfant, rien n'est plus sûr que notre malheur : l'époux qu'on destine à Mademoiselle Argante doit arriver aujourd'hui, et c'en est fait ; Monsieur Argante, pour marier sa fille, ne voudra pas seulement attendre qu'il soit de retour à Paris. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  9. Vous avez une bonne métairie ici ; vous êtes un joli garçon, une bonne pâte d'homme, d'une belle et bonne profession ; vous plaidez pour le monde. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  10. Non : mais il est gentilhomme, et je ne le suis pas. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Queu guiable d'invention d'avoir fait comme ça du sang de deux façons, pendant qu'il viant du même ruissiau ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  12. Je n'oserais voir Mademoiselle Argante aussi souvent que je le voudrais, et tu me feras plaisir de la prier, de ma part, de consentir à l'expédient que je lui ai donné. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  13. Vartigué, laissez-moi faire ; je parlerons au père itou : il n'a qu'à venir, avec son sang noble, comme je vous le rembarrerai ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  14. Je nous traitons tous deux sans çarimonie ; je sis son farmier, et en cette qualité, j'ons le parvilège de l'assister de mes avis ; je sis accoutumé à ça : il me conte ses affaires, je le gouvarne, je le réprimande : il est bavard et têtu ; moi je suis roide et prudent ; je li dis : il faut que ça soit, le bon sens le veut ; là-dessus il se démène, je hoche la tête, il se fâche, je m'emporte, il me repart, je li repars : Tais-toi ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  15. Et pis il jure ; et pis je li rends ; ça li établit une bonne opinion de mon çarviau, qui l'empêche d'aller à l'encontre de mes volontés : et il a raison de m'obéir ; car en vérité, je sis fort judicieux de mon naturel, sans que ça paraisse : ainsi je varrons ce qu'il en sera. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  16. Si tu me rends service là dedans, maître Pierre, et que Mademoiselle Argante n'épouse pas l'homme en question, je te promets d'honneur cinquante pistoles en te mariant avec Lisette. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  17. Monsieur Dorante, vous avez du sang noble, c'est moi qui vous le dis ; ça se connaît aux pistoles que vous me pourmettez, et ça se prouvera tout à fait quand je les recevrons. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  18. Dormez en repos et n'en pardez pas un coup de dent : si alle bronchait, je li revaudrais. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  19. Sa bonne femme de mère, alle est défunte, et cette fille-ci qu'alle a eu, alle est par conséquent la fille de Monsieur Argante, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  20. Cela n'aboutit à rien ; songe seulement à ce que je te promets. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  21. Je voudrais donc que, pour dégoûter le futur, elle affectât une sorte de maladie, un dérangement, comme qui dirait des vapeurs. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  22. Ca ne coûte rian aux femmes : par bonheur alles ont un esprit d'un merveilleux acabit pour ça, et Mademoiselle Argante nous fournira de la folie tant que j'en voudrons ; son çarviau la met à même. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  23. Mais je veux savoir qui c'était, car je me doute que c'est Dorante. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  24. Je lui ai pourtant dit qu'il me ferait plaisir de ne plus venir chez moi. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  25. J'ons une langue, et je m'en sars ; tant que je l'aurai, je m'en sarvirai ; vous me chicanez avec la voute, peut-être que je vous lantarne avec la mienne. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  26. Comment donc ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  27. Est-ce que je ne la marie pas à un honnête, homme ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ARGANTE)
  28. Le velà bian avancé d'être honnête homme ! (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  29. Ce qu'il me plaît. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  30. Voute farme, et tous les animaux qui en dépendont, me baillont moins de peine à gouvarner que vous tout seul ; par ainsi, prenez un autre farmier : je varrons un peu ce qu'il en sera, quand vous ne serez pus à ma charge. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  31. Me quitter tout d'un coup dans l'embarras où je suis, et le jour même que je marie ma fille ; vous prenez bien votre temps, après toutes les bontés que j'ai eues pour vous ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  32. Voirement, des bontés ! (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  33. Mais enfin, pourquoi me quitter ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  34. C'est que mes bonnes qualités sont entarrées avec vous ; c'est qu'ou voulez marier voute fille à voute tête, en lieu de la marier à la mienne ; et drès qu'ou ne voulez pas me complaire en ça, drès que ma raison ne vous sart de rian, et qu'ou prétendez être le maître par-dessus moi qui sis prudent, drès qu'ou allez toujours voute chemin maugré que je vous retienne par la bride, je pards mon temps cheux vous. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  35. Me retenir par la bride ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  36. Belle façon de s'exprimer ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ARGANTE)
  37. Je lui fais un grand tort, en vérité, de lui donner un homme pour le moins aussi riche que ce fainéant de Dorante, et qui avec cela est gentilhomme ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  38. Nous y velà donc, à la gentilhommerie ! (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  39. Ça est vilain à voute âge de bailler comme ça dans la bagatelle ; en vous amuse comme un enfant avec un joujou. (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  40. Ma mie, ce li disait-il, voute père veut donc vous bailler un autre homme que moi ? (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  41. Vraiment oui ! (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  42. Mais si vous m'aimez bian, vous lui dirais quou ne le voulez pas. (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  43. Comme on me l'a baillé, je l'ai prins... (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  44. Et toi encore plus impertinent de me rapporter de pareils discours ; mais mon gendre va venir, et nous verrons qui sera le maître. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  45. Il me semble que mon père sort fâché d'avec toi. (Acte 1, scène 3, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  46. De voute noce avec le fils de ce gentilhomme. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  47. Je ne sais qui l'a enhardi ; mais il n'est pas si timide que de coutume avec moi : il m'a bravement injurié et baillé le sobriquet d'impartinent, et m'a enchargé de dire à Mademoiselle Argante qu'alle est une sotte ; et pisque la velà, je li fais ma commission. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  48. Je ne sais ; mais je suis au désespoir de me voir en danger d'épouser un homme que je n'ai jamais vu ; et seulement parce qu'il est le fils de l'ami de mon père. (Acte 1, scène 3, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  49. Allons, avancez-nous, en attendant, queuque petit échantillon d'extravagance ont voir comment ça fait : en dit que les vapeurs sont bonnes pour ça, montrez-m'en une. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  50. Va, ne t'embarrasse pas ; nous autres femmes, pour faire les folles avons-nous besoin d'étudier notre rôle ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  51. Non ; je savons bian vos facultés ; mais n'amporte, il s'agit d'avoir l'esprit pus torné que de coutume. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  52. Je t'en fais mes compliments. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  53. Mettez-vous pour quelques instants de la coterie des fous revêches, et nous dirons nous autres : la tête lui a tourné. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  54. Tu as beau dire ; cela me répugne. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  55. Je crois qu'effectivement vous avez raison. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  56. Ce n'est pas comme à Paris, où il faut tous les matins recommencer son visage, et le travailler sur nouveaux frais. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  57. J'oubliais le meilleur. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  58. Vous irez vous promener avec eux, la petite canne à la main, le manteau troussé de peur des crottes : ils vous aideront à sauter le fossé, vous diront que vous êtes adroite, remplie de charmes et d'esprit, avec tout plein d'équivoques spirituelles, qui brocheront sur le tout. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  59. Prenez votre parti, sinon je recommence, et je vous nomme tous les animaux de votre ferme, jusqu'à votre mari. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  60. Le vilain homme ! (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  61. Allons, vite, choisissez de quel genre de folie vous voulez le dégoûter ; il va venir, comme vous savez, et vous aimez Dorante, sans doute ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  62. Mais oui, je l'aime ; car je ne connais que lui depuis quatre ans. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  63. Mais oui, je l'aime ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  64. Qu'est-ce que c'est qu'un amour qui commence par mais, et qui finit par car ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  65. Je m'explique comme je sens. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  66. Il y a si longtemps que nous nous voyons ; c'est toujours la même personne, les mêmes sentiments : cela ne pique pas beaucoup ; mais au bout du compte, c'est un bon garçon ; je l'aime quelquefois plus, quelquefois moins, quelquefois point du tout ; c'est suivant : quand il y a longtemps que je ne l'ai vu, je le trouve bien aimable ; quand je le vois tous les jours, il m'ennuie un peu, mais cela se passe, et je m'y accoutume : s'il y avait un peu plus de mouvement dans mon coeur, cela ne gâterait rien pourtant. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  67. Peut-être bien ; mais on ne met rien dans son coeur, on y prend ce qu'on y trouve. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  68. Chemin faisant je rencontre de certains visages qui me remuent, et celui de Pierrot ne me remue point ; n'êtes-vous pas comme moi. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  69. Il y a des physionomies qui font que Dorante me devient si insipide ! (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  70. Et malheureusement, dans ce moment-là, il a la fureur de m'aimer plus qu'à l'ordinaire : moi, je voudrais qu'il ne me dît rien ; mais les hommes savent-ils se gouverner avec nous ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  71. Ils viennent quelquefois vous accabler d'un tas de sentiments langoureux qui ne font que vous affadir le coeur ; on n'oserait leur dire : Allez-vous-en, laissez-moi en repos, vous vous perdez. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  72. Ce serait même une charité de leur dire cela ; mais point, il faut les écouter, n'en pouvoir plus, étouffer, mourir d'ennui et de satiété pour eux ; le beau profit qu'ils font là ! (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  73. Qu'est-ce que c'est qu'un homme toujours tendre, toujours disant : Je vous adore ; toujours vous regardant avec passion ; toujours exigeant que vous le regardiez de même ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  74. Peut-on sans cesse dire : Je vous aime ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE ARGANTE)
  75. Non, je ne saurais souffrir la campagne, et j'aime mieux Dorante, qui ne quittera jamais Paris. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  76. Comment donc ? (Acte 1, scène 5, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  77. Oui, et s'il m'en veut croire, il fera son testament drès ce soir ; car s'il allait trapasser sans le dire au tabellion, j'aimerais autant qu'il ne mourît pas : ce ne serait pas la peine, et ça me fâcherait trop ; en lieu que, s'il me laissait queuque chouse, ça ferait que je me lamenterais plus agriablement sur li. (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  78. Attendez que je reprenne vigueur ; car moi qui veux hériter de li, je sis si découragé, si déconfit, que je sis d'avis itou de coucher mes darnières volontés sur de l'écriture, afin de laisser mes nippes à Lisette. (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  79. Allons, allons, nigaud, avec ton testament et tes nippes : il n'y a rien que je haïsse tant que des dernières volontés. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  80. Le pauvre homme ! (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  81. Comme il est, blafard ! (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  82. Je suis au désespoir, Madame ; votre fermier m'a fait un récit qui m'a fait trembler. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  83. Il dit que vous refusez de me conserver votre main, et que vous ne voulez pas en venir à la seule ressource qui nous reste. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  84. Remettez-vous, j'extravaguerai ; la comédie va commencer ; êtes-vous content ? (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  85. Je varrons la comédie ; alle fera le Poulichinelle, queu contentement ! (Acte 1, scène 6, MAITRE-PIERRE)
  86. Je rirons comme des fous. (Acte 1, scène 6, MAITRE PIERRE)
  87. Vous me rendez la vie, Madame ; mais de grâce l'amour seul a-t-il part à ce que vous allez faire ? (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  88. Ne savez-vous pas bien que je vous aime, quoique j'oublie quelquefois de vous le dire ? (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  89. Adieu, Madame ; songez que mon bonheur dépend de vous. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  90. Nous verrons un peu ce que dira mon père, quand il me verra folle. (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  91. Heureusement, sur le sujet dont il s'agit, il m'a déjà vue dans quelques écarts, et je crois que la chose ira bien ; car il s'agit d'une malice, et je suis femme : c'est de quoi réussir. (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE ARGANTE)
  92. Comme vous voilà faite ! (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  93. Non, je suis de mauvaise humeur ; car je n'ai pu jouer du clavecin ce matin. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  94. Laissez là votre clavecin ; mon gendre arrive, et vous ne devez pas le recevoir dans un ajustement aussi négligé. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  95. Vous haussez les épaules, vous ne me croyez pas : je vous convaincrai, papa. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  96. Me voilà, mon père. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  97. Avez-vous dessein de me jouer ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  98. Je suis là, vous me voyez, je vous entends, que vous plaît-il ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  99. Les petites filles n'obéissent point, mon père ; et puisque j'en suis une, je ferai ma charge, et me gouvernerai, s'il vous plaît, suivant l'épithète que vous me donnez. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  100. Calmez-vous, je me tais : voilà l'agrément qu'il y a d'avoir affaire à une personne raisonnable ! (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  101. Ce discours-là me fait ressouvenir d'une chanson qui dit : Préparons-nous, à la fête nouvelle. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  102. Vous sortez du respect que vous me devez, ma fille. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  103. Il me semble qu'en effet je dis des choses extraordinaires ; je crois que je viens de chanter. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  104. Remettez moi, mon père ; - où en étions-nous ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  105. Je me retrouve : vous m'avez proposé, il y a quelques jours, un mariage qui m'a bouleversé la tête à force d'y penser : tout rompu qu'il est, je n'en saurais revenir, et il faut que j'en pleure. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  106. Me le proposeriez-vous s'il n'était pas avantageux ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  107. Continuez, allez votre train, mon père ; continuez, n'écoutez pas mes dégoûts, tenez ferme, point de quartier, courage ; dites : je veux ; grondez ; menacez, punissez ne m'abandonnez pas dans l'état où je suis : je vous charge de tout ce qui m'arrivera. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  108. Va, mon enfant, je suis content de tes dispositions, et tu peux t'en fier à moi ; je te donne à un homme avec qui tu seras heureuse ; et la campagne, au bout du compte, a ses charmes aussi bien que la ville. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  109. De quel terme te sers-tu là ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  110. Je ne le dirai plus ; mais revenons ; contez-moi un peu ce que c'est que votre gendre : n'est-ce pas cet homme des champs ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  111. Je m'imagine qu'il accourt à nous comme un satyre. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  112. Doucement, mon père ; discutons froidement les choses. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  113. Vous aimez la raison, j'en ai de la plus rare. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  114. Vous me direz peut-être que je n'ai que vingt ans, et que vous en avez soixante. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  115. Écoutez-moi, je me sers d'une supposition. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  116. Vous êtes jeune, étourdie, vive, charmante, comme moi. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  117. Et moi, je suis grave, sérieux, triste et sombre comme vous. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  118. Je vous ai donné des maîtres de clavecin, vous avez un gosier de rossignol, vous dansez comme à l'Opéra, vous avez du goût, de la délicatesse ; moi du souci et de l'avarice ; vous lisez des romans, des historiettes et des contes de fées ; moi des édits, des registres et des mémoires. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  119. Je lui fais des compliments, et je lui accorde ma fille. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  120. Me répondez-vous (car vous êtes civile et bien élevée ) : Je vous marie, ma fille. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  121. Me prenez-vous pour une guenuche ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  122. Mais il est gentilhomme. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  123. À cette épithète de friponne, vous prenez votre sérieux ; vous vous armez de fermeté, et vous me dites : Vous êtes le maître, distinguo : pour les choses raisonnables, oui ; pour celles qui ne le sont pas, non. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  124. Mais si tantôt j'ai lieu de me plaindre de votre conduite, vous vous en repentirez toute votre vie. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  125. Donnez-moi le temps de vous faire la révérence, comme vous me l'auriez faite, si vous aviez été à ma place. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  126. Sa part est meilleure que la vôtre, car nous venons pour l'épouser. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  127. Le seigneur Eraste, mon maître, l'épousera pour femme, et moi pour maîtresse. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  128. Tu es apparemment le garçon plaisant dont il m'a parlé ? (Acte 1, scène 8, MONSIEUR-ARGANTE)
  129. Que si, Monsieur ; mais par galanterie il a jugé propos de se faire précéder par une espèce d'ambassade : il m'a donné même quelques petits intérêts à traiter avec vous. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  130. N'y a-t-il point de femmes dans la chambre prochaine ? (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  131. Vous ne savez pas ce que c'est que l'oreille d'une femme. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  132. Je n'ai ici que des femmes sourdes. (Acte 1, scène 8, MONSIEUR-ARGANTE)
  133. La surdité lève tout scrupule ; et cela étant, je vous dirai sans façon que Monsieur Eraste va venir ; mais qu'il vous prie de ne point dire à sa future que c'est lui, parce qu'il se fait un petit ragoût de la voir sous le nom seulement d'un ami dudit Monsieur Eraste ; ainsi ce n'est point lui qui va venir, et c'est pourtant lui ; mais lui sous la figure d'un autre que lui : ce que je dis là n'est-il pas obscur ? (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  134. Je crois que le voilà ; c'est lui-même. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  135. À présent je vais chercher mes ballots et les siens ; mais de grâce, avant que de partir, souffrez, Monsieur, que je vous recommande mon coeur ; il est sans condition, daignez lui en trouver une. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  136. Monsieur, tout le monde me dit que Mademoiselle Argante est charmante et tout le monde apparemment ne se trompe pas ; ainsi quand je demande à la voir sous cet habit-ci, ce n'est pas pour vérifier si ce que l'on m'a dit est vrai ; mais peut-être, en m'épousant, ne fait-elle que vous obéir ; cela m'inquiète ; et je ne viens sous un autre nom l'assurer de mes respects, que pour tâcher d'entrevoir ce qu'elle pense de notre mariage. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  137. Je me rends. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-ARGANTE)
  138. Il me suffira : que vous disiez à un domestique qu'un de mes amis ; qui m'a précédé, souhaiterait avoir l'honneur de lui parler. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  139. Comme il est douçoureux. (Acte 1, scène 9, MAITRE-PIERRE)
  140. Ce commencement me paraît triste. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  141. Oui-da, tu me parais amusant. (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  142. Je ne sons pas tout à fait bête ; le monde prend parfois de mes petits avis, et s'en trouve bian. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  143. Tenez, vous avez une philosomie de bonne apparence : j'esteme qu'ou êtes un bon compère ; velà ma pensée, parmettez la libarté. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  144. Tu me fais plaisir. (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  145. Comment ! (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  146. C'est que la fille de cians a eu l'avisement de devenir ratière : alle a mis par exprès son esprit sens dessus dessous, sens devant darrière, à celle fin, quand il la varra, qu'il s'en retorne avec son sac et ses quilles. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  147. Velà cen que c'est : et si, maugré la folie, il la prend pour femme, n'y aura pus de rats ; mais ce qu'an mettra en lieu et place, les vaura bian. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  148. Voilà un joli homme ! (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  149. Vous savez qu'on vous a destinés l'un à l'autre : mais il ne veut jouir du bonheur qu'on lui assure, qu'autant que votre coeur y souscrira : c'est un respect que le sien vous doit, et que vous méritez plus que personne : daignez donc, Madame, me confier ce que vous pensez là-dessus ; afin qu'il se conforme à vos volontés. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  150. Oui, Madame. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  151. Je n'en sais rien, je vous jure ; et malheureusement j'ai résolu de n'y penser que dans deux ans, parce que je veux me reposer. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  152. Vous lui donnez un terme bien long. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  153. Je me trompais, c'est dans quatre ans que je voulais dire. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  154. Qu'il me ménage, et qu'il soit docile, entendez-vous, Monsieur ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  155. Ne manquez pas aussi de l'assurer de mon estime. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  156. Sait-il aimer ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  157. a-t-il des sentiments, de la figure ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  158. Mais à propos d'Eraste, me ferez-vous son portrait ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  159. Ce n'est pas la peine, Madame, il me ressemble trait pour trait. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  160. Ma commission est faite, Madame ; je sais vos sentiments, dispensez-vous du désordre d'esprit que vous affectez ; un coeur comme le vôtre doit être libre, et mon ami sera au désespoir de l'extrémité où la crainte d'être à lui vous a réduite. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  161. C'est assurément là Eraste. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  162. Avez-vous quelque chose à m'ordonner, Madame ? (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  163. N'avez-vous que cela à me dire ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  164. Il me semble que je n'ai plus rien à dire après ce que je viens d'entendre. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  165. Je ne devais dire ce que je pense sur Eraste que dans un certain temps ; et si vous voulez, j'abrégerai le terme. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  166. D'où vient me consolerais-je, Madame ? (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  167. Comment vous l'expliquer ?... (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  168. Je le crois de même. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  169. Que d'amour il aura pour vous, Madame, s'il ose se flatter d'être bien reçu ! (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  170. Puis-je espérer que vous me ferez grâce ? (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  171. Au milieu de mon bonheur il me reste une inquiétude. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  172. Vous demeurez à la campagne, et je ne l'aimais pas avant que je vous eusse connu ; il y a quatre ans que je connais Dorante ; l'habitude de le voir me l'avait rendu plus supportable que les autres hommes ; il me convenait, il aspirait à m'épouser, et dans tout ce que j'ai fait, je me gardais moins à lui, que je ne me sauvais du malheur imaginaire d'être à vous : voilà tout, êtes-vous content ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  173. Ils sont, ce me semble, d'assez bonne intelligence. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-ARGANTE)
  174. Ne songeons donc plus qu'à nous réjouir ; et que, pour marquer notre joie, nos musiciens viennent ici commencer la fête. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-ARGANTE)
  175. Voute père, voute amant, tout ça est content ; mais de tous ces biaux contentements-là, moi et Monsieur Dorante, je n'y avons ni part ni portion. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)
  176. Si vous vouliez bien lui parler, mon père ; on lui doit un peu d'égard, et cela me tirerait d'embarras avec lui. (Acte 1, scène 12, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  177. Il m'avait pourmis cinquante pistoles, si vous deveniez sa femme : baillez-m'en tant seulement soixante, et je li ferai vos excuses. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)
  178. C'est marché fait : chantez et dansez à votre aise, à cette heure, je n'y mets pus d'empêchement. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)

LA DISPUTE (1747)

  1. Je n'y comprends rien ; qu'est-ce que c'est que cette maison où vous me faites entrer, et qui forme un édifice si singulier ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  2. Que signifie la hauteur prodigieuse des différents murs qui l'environnent : où me menez-vous ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  3. À un spectacle très curieux ; vous savez la question que nous agitâmes hier au soir. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  4. La première inconstance, ou la première infidélité, n'a pu commencer que par quelqu'un d'assez hardi pour ne rougir de rien. (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  5. Comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la timidité naturelles qu'elles avaient, et qu'elles ont encore depuis que le monde et sa corruption durent, comment veut-on qu'elles soient tombées les premières dans des vices de coeur qui demandent autant d'audace, autant de libertinage de sentiment, autant d'effronterie que ceux dont nous parlons ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  6. Sans doute, Hermiane, je n'y trouve pas plus d'apparence que vous, ce n'est pas moi qu'il faut combattre là-dessus, je suis de votre sentiment contre tout le monde, vous le savez. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  7. Il est vrai que je vous aime, et que mon extrême envie de vous plaire peut fort bien me persuader que vous avez raison, mais ce qui est de certain, c'est qu'elle me le persuade si finement que je ne m'en aperçois pas. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  8. Je n'estime point le coeur des hommes, et je vous l'abandonne ; je le crois sans comparaison plus sujet à l'inconstance et à l'infidélité que celui des femmes ; je n'en excepte que le mien, à qui même je ne ferais pas cet honneur-là si j'en aimais une autre que vous. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  9. J'en serai donc bientôt puni ; car je vais vous donner de quoi me confondre, si je ne pense pas comme vous. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  10. Oui, c'est la nature elle-même que nous allons interroger, il n'y a qu'elle qui puisse décider la question sans réplique, et sûrement elle prononcera en votre faveur. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  11. Pour bien savoir si la première inconstance ou la première infidélité est venue d'un homme, comme vous le prétendez, et moi aussi, il faudrait avoir assisté au commencement du monde et de la société. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  12. Nous allons y être ; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu'ils étaient, ou du moins tels qu'ils ont dû être ; ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères ; vous allez voir le même état de coeur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s'il est possible. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  13. Carise, et vous, Mesrou, partez, et quand il sera temps que nous nous retirions, faites le signal dont nous sommes convenus. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  14. Mon père, naturellement assez philosophe, et qui n'était pas de votre sentiment, résolut de savoir à quoi s'en tenir, par une épreuve qui ne laissât rien à désirer. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  15. logé à part, et où actuellement même il occupe un terrain dont il n'est jamais sorti, de sorte qu'ils ne se sont jamais vus. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  16. Ils ne connaissent encore que Mesrou et sa soeur qui les ont élevés, et qui ont toujours eu soin d'eux, et qui furent choisis de la couleur dont ils sont, afin que leurs élèves en fussent plus étonnés quand ils verraient d'autres hommes. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  17. On va donc pour la première fois leur laisser la liberté de sortir de leur enceinte, et de se connaître ; on leur a appris la langue que nous parlons ; on peut regarder le commerce qu'ils vont avoir ensemble comme le premier âge du monde ; les premières amours vont recommencer, nous verrons ce qui en arrivera. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  18. C'est toujours le même, mais vous n'en connaissez pas toute l'étendue. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  19. Il me semble que je ne suis plus rien dans un si grand espace, cela me fait plaisir et peur. (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  20. Carise, approchez, venez voir, il y a quelque chose qui habite dans le ruisseau qui est fait comme une personne, et elle paraît aussi étonnée de moi que je le suis d'elle. (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  21. Comment, belle, admirable ! (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  22. Le ruisseau fait toutes mes mines, et toutes me plaisent. (Acte 1, scène 3, EGL?)
  23. Vous devez avoir eu bien du plaisir à me regarder, Mesrou et vous. (Acte 1, scène 3, EGL?)
  24. Je passerais ma vie à me contempler ; que je vais m'aimer à présent ! (Acte 1, scène 3, EGL?)
  25. Promenez-vous à votre aise, je vous laisse pour rentrer dans votre habitation, où j'ai quelque chose à faire. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  26. Je ne me lasse point de moi. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  27. Qu'est-ce que c'est que cela, une personne comme moi ?... (Acte 1, scène 4, EGL?)
  28. La personne m'entend, me répond, et si agréablement ! (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  29. Vous me ravissez. (Acte 1, scène 4, AZOR)
  30. Vous me plaisez aussi. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  31. Pourquoi donc me défendez-vous d'avancer ? (Acte 1, scène 4, AZOR)
  32. Je meurs de joie d'être auprès de vous, je me donne à vous, je ne sais pas ce que je sens, je ne saurais le dire. (Acte 1, scène 4, AZOR)
  33. c'est tout comme moi. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  34. C'est ma pensée, mais on ne peut pas se voir davantage, car nous sommes là. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  35. Oui, mais je vous assure qu'il vous sied fort bien de ne l'être pas tant que moi, je ne voudrais pas que vous fussiez autrement, c'est une autre perfection, je ne nie pas la mienne, gardez-moi la vôtre. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  36. Ni mes mains se passer de votre bouche ; mais j'entends du bruit, ce sont des personnes de mon monde : de peur de les effrayer, cachez-vous derrière les arbres, je vais vous rappeler. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  37. Eglé, je vous retrouve inquiète, ce me semble, qu'avez-vous ? (Acte 1, scène 5, CARISE)
  38. Elle a même les yeux plus attendris qu'à l'ordinaire. (Acte 1, scène 5, MESROU)
  39. C'est qu'il y a une grande nouvelle ; vous croyez que nous ne sommes que trois, je vous avertis que nous sommes quatre ; j'ai fait l'acquisition d'un objet qui me tenait la main tout à l'heure. (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  40. Contre le plaisir qu'il me faisait ? (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  41. J'étais bien aise qu'il me la tint ; il me la tenait par ma permission : il la baisait tant qu'il pouvait, et je ne l'aurai pas plus tôt rappelé qu'il la baisera encore pour mon plaisir et le sien. (Acte 1, scène 5, EGL?)
  42. Je sais qui c'est, je crois même l'avoir entrevu qui se retirait ; cet objet s'appelle un homme, c'est Azor, nous le connaissons. (Acte 1, scène 5, MESROU)
  43. Le cher homme ! (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  44. Je ne m'étonne point qu'il vous aime et que vous l'aimiez, vous êtes faits l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 5, CARISE)
  45. Justement, nous l'avons deviné de nous-mêmes. (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  46. Azor, mon Azor, venez vite, l'homme ! (Acte 1, scène 5, EGL?)
  47. C'est Carise et Mesrou, ce sont mes amis. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  48. Ils me l'ont dit, vous êtes fait exprès pour moi, moi faite exprès pour vous, ils me l'apprennent : voilà pourquoi nous nous aimons tant, je suis votre Eglé, vous mon Azor. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  49. L'un est l'homme, et l'autre la femme. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  50. Mon Eglé, mon charme, mes délices, et ma femme ! (Acte 1, scène 6, AZOR)
  51. Regardez, voilà comme il faisait tantôt, fallait-il appeler à mon secours ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  52. Mes enfants, je vous l'ai déjà dit, votre destination naturelle est d'être charmés l'un de l'autre. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  53. Mais il y a une chose à observer, si vous voulez vous aimer toujours. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  54. Comment ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  55. Comme elle s'y entend ! (Acte 1, scène 6, AZOR)
  56. N'en riez pas, elle vous donne un très bon conseil, ce n'est qu'en pratiquant ce qu'elle vous dit là, et qu'en nous séparant quelquefois, que nous continuons de nous aimer, Carise et moi. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  57. Vraiment, je le crois bien, cela peut vous être bon à vous autres qui êtes tous deux si noirs, et qui avez dû vous enfuir de peur la première fois que vous vous êtes vus. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  58. Et vous seriez bientôt rebutés de vous voir si vous ne vous quittiez jamais, car vous n'avez rien de beau à vous montrer ; moi qui vous aime, par exemple, quand je ne vous vois pas, je me passe de vous, je n'ai pas besoin de votre présence, pourquoi ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  59. C'est que vous ne me charmez pas ; au lieu que nous nous charmons, Azor et moi ; il est si beau, moi si admirable, si attrayante, que nous nous ravissons en nous contemplant. (Acte 1, scène 6, EGL?)
  60. La seule main d'Eglé, voyez-vous, sa main seule, je souffre quand je ne la tiens pas et quand je la tiens, je me meurs si je ne la baise, et quand je l'ai baisée, je me meurs encore. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  61. L'homme a raison, tout ce qu'il vous dit là, je le sens ; voilà pourtant où nous en sommes, et vous qui. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  62. Nous ne vous proposons de vous séparer que deux ou trois heures seulement dans la journée. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  63. Vous m'impatientez, Mesrou ; est-ce qu'à force de nous voir nous deviendrons laids ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  64. Qu'est-ce qui nous empêchera de le sentir puisque nous le sommes ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  65. Peut-être alors que, rassasiés de vous voir, vous seriez tentés de vous quitter tous deux pour nous aimer. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  66. Quitte-t-on ce qu'on aime ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  67. Comme vous voudrez. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  68. Comment me quitterait-il ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  69. Oui, ma vie, comment est-il possible qu'on soit si belle, qu'on ait de si beaux regards, une si belle bouche, et tout si beau ? (Acte 1, scène 6, AZOR)
  70. J'aime tant qu'il m'admire ! (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  71. Mesrou me comprend, je vous adore. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  72. J'en suis enchantée moi-même ! (Acte 1, scène 6, CARISE)
  73. Comment donc ! (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  74. Je me reconnais ; c'est encore moi, et bien mieux que dans les eaux du ruisseau, c'est toute ma beauté, c'est moi, quel plaisir de se trouver partout ! (Acte 1, scène 6, EGL?)
  75. Regardez, Azor, regardez mes charmes. (Acte 1, scène 6, EGL?)
  76. C'est Eglé, c'est ma chère femme, la voilà, sinon que la véritable est encore plus belle. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  77. Point du tout, cher homme, c'est plus moi que jamais, c'est réellement votre Eglé, la véritable, tenez, approchez. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  78. Oui, c'est vous, attendez donc, c'est nous deux, c'est moitié l'un et moitié l'autre ; j'aimerais mieux que ce fût vous toute seule, car je m'empêche de vous voir tout entière. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  79. Quel ravissement ! (Acte 1, scène 7, AZOR)
  80. Carise et Mesrou sont pourtant de bonnes gens. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  81. Oui, mon Eglé, leur prédiction me fait quelque peur ; je n'appréhende rien de ma part, mais n'allez pas vous ennuyer de moi, au moins, je serais désespéré. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  82. Prenez garde à vous-même, ne vous lassez pas de m'adorer, en vérité, toute belle que je suis, votre peur m'effraie aussi. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  83. À merveille ! (Acte 1, scène 7, AZOR)
  84. Allons, allons, tout bien examiné, mon parti est pris : donnons-nous du chagrin, séparons-nous pour deux heures, j'aime encore mieux votre coeur et son adoration que votre présence, qui m'est pourtant bien douce. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  85. Si vous ne me prenez pas au mot, tout à l'heure je ne le voudrai plus. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  86. Le courage me manque. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  87. J'ai eu tort de renvoyer mon homme, Carise et Mesrou ne savent ce qu'ils disent. (Acte 1, scène 8, EGLÉ)
  88. Pour aimer toujours ce que je vois là, il n'avait pas besoin de l'absence... (Acte 1, scène 8, EGL?)
  89. Elle me considère avec attention, mais ne m'admire point, ce n'est pas là un Azor. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  90. Elle est d'une espèce qui ne me revient point. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  91. Oui assurément, et très personne. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  92. N'avez-vous rien à me dire ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  93. Non, d'ordinaire on me prévient, c'est à moi qu'on parle. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  94. C'est moi qui charme les autres. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  95. Vous n'êtes pas bien aise de me voir ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  96. Ni bien aise ni fâchée, qu'est-ce que cela me fait ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  97. Vous me considérez, je me montre, et vous ne sentez rien ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  98. C'est que vous regardez ailleurs ; contemplez-moi un peu attentivement, là, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  99. Je vous dis que c'est d'abord moi qu'on voit, moi qu'on informe de ce qu'on pense, voilà comme cela se pratique, et vous voulez que ce soit moi qui vous contemple pendant que je suis présente ! (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  100. Je ne connais pas vos personnes, mais je sais qu'il y en a trois que je ravis et qui me traitent de merveille. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  101. Et moi je sais que je suis si belle, si belle, que je me charme moi-même toutes les fois que je me regarde, voyez ce que c'est. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  102. Que me contez-vous là ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  103. Je ne me considère jamais que je ne sois enchantée, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 9, EGL?)
  104. Il est vrai que vous êtes passable, et même assez gentille, je vous rends justice, je ne suis pas comme vous. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  105. C'est que vous me portez envie, et que vous vous empêchez de me trouver belle. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  106. Je n'en suis pas en peine, car je l'ai vu, allez demander ce qu'il est aux eaux du ruisseau qui coule, demandez-le à Mesrin qui m'adore. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  107. Les eaux du ruisseau, qui se moquent de vous, m'apprendront qu'il n'y a rien de si beau que moi, et elles me l'ont déjà appris, je ne sais ce que c'est qu'un Mesrin, mais il ne vous regarderait pas s'il me voyait ; j'ai un Azor qui vaut mieux que lui, un Azor que j'aime, qui est presque aussi admirable que moi, et qui dit que je suis sa vie ; vous n'êtes la vie de personne, vous ; et puis j'ai un miroir qui achève de me confirmer tout ce que mon Azor et le ruisseau assurent ; y a-t-il rien de plus fort ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  108. N'ai-je pas deviné qu'elle me déplairait ?. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  109. Tenez, en voilà un meilleur, venez apprendre à vous connaître et à vous taire. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  110. Passez votre chemin : dès que vous refusez de prendre du plaisir à me considérer, vous ne m'êtes bonne à rien, je ne vous parle plus. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  111. Que diriez-vous de ce fade objet, de cette ridicule espèce de personne qui aspire à m'étonner, qui me demande ce que je sens en la voyant, qui veut que j'aie du plaisir à la voir, qui me dit : Eh ! (Acte 1, scène 10, EGLÉ)
  112. Comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 10, EGL?)
  113. Je ne dis pas cela, je dis plus belle, comme cela se voit dans le miroir. (Acte 1, scène 10, ADINE)
  114. Doucement, ne vous emportez point ; profitez plutôt du hasard qui vous a fait faire connaissance ensemble, unissons-nous tous, devenez compagnes, et joignez l'agrément de vous voir à la douceur d'être toutes deux adorées, Eglé par l'aimable Azor qu'elle chérit, Adine par l'aimable Mesrin qu'elle aime ; allons, raccommodez-vous. (Acte 1, scène 10, CARISE)
  115. Tenez, je sais le moyen de lui faire entendre raison, je n'ai qu'à lui ôter son Azor dont je ne me soucie pas, mais rien que pour avoir la paix. (Acte 1, scène 10, ADINE)
  116. Où est son imbécile Mesrin ? (Acte 1, scène 10, EGLÉ)
  117. Vraiment, bien entendu ; elle me fait pitié. (Acte 1, scène 11, ADINE)
  118. Je vous suis, mais j'aperçois Mesrin, je n'ai qu'un mot à lui dire. (Acte 1, scène 11, ADINE)
  119. Je ne serai qu'un moment en passant. (Acte 1, scène 11, ADINE)
  120. Mesrin ! (Acte 1, scène 12, ADINE)
  121. Non, remettez votre joie, je ne suis pas revenue, je m'en retourne, ce n'est que par hasard que je suis ici. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  122. La beauté même. (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  123. Elle-même ; en vous quittant, j'ai trouvé une nouvelle personne qui est d'un autre monde, et qui, au lieu d'être étonnée de moi, d'être transportée comme vous l'êtes et comme elle devrait l'être, voulait au contraire que je fusse charmée d'elle, et sur le refus que j'en ai fait, m'a accusée d'être laide. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  124. Vous me mettez d'une colère ! (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  125. M'a soutenu que vous me quitteriez quand vous l'auriez vue. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  126. Elle reviendra sans doute, et je veux absolument que vous la méprisiez, quand vous la trouverez, je veux qu'elle vous fasse peur. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  127. Voici à présent comme elle est faite : c'est un visage fâché, renfrogné, qui n'est pas comme celui de Carise, qui n'est pas blanc comme le mien non plus, c'est une couleur qu'on ne peut pas bien dire. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  128. Point du tout, couleur indifférente ; elle a des yeux, comment vous dirai-je ? (Acte 1, scène 12, ADINE)
  129. Des yeux qui ne font pas plaisir, qui regardent, voilà tout ; une bouche ni grande ni petite, une bouche qui lui sert à parler ; une figure toute droite, toute droite et qui serait pourtant à peu près comme la nôtre, si elle était bien faite ; qui a des mains qui vont et qui viennent, des doigts longs et maigres, je pense ; avec une voix rude et aigre ; oh ! (Acte 1, scène 12, ADINE)
  130. Il me semble que je la vois, laissez-moi faire : il faut la renvoyer dans un autre monde, après que je l'aurai bien mortifiée. (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  131. Laissez-la donc, Mesrin, je suis pressée. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  132. Adieu tout ce que j'aime, je ne serai pas longtemps, songez à ma vengeance. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  133. Adieu tout mon charme ! (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  134. Mais j'aperçois quelqu'un, c'est une personne comme moi, serait-ce Eglé ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  135. Non, car elle n'est point difforme. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  136. Vous êtes pareille à moi, ce me semble ? (Acte 1, scène 13, AZOR)
  137. Vous êtes donc un homme ? (Acte 1, scène 13, AZOR)
  138. Moi, c'est la même chose, d'où venez-vous ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  139. Votre mine me convient, mettez votre main dans la mienne, il faut nous aimer. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  140. Oui-da ; vous me réjouissez, je me plais à vous voir sans que vous ayez des charmes. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  141. Ni vous non plus ; je ne me soucie pas de vous, sinon que vous êtes bonhomme. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  142. Voilà ce que c'est, je vous trouve de même, un bon camarade, moi un autre bon camarade, je me moque du visage. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  143. Quoi donc, c'est par la bonne humeur que je vous regarde ; à propos, prenez-vous vos repas ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  144. Je les prends aussi ; prenons-les ensemble pour notre divertissement, afin de nous tenir gaillards ; allons, ce sera pour tantôt : nous rirons, nous sauterons, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  145. Moi de même, et nous serons deux, peut-être quatre, car je le dirai à ma blanche qui a un visage : il faut voir ! (Acte 1, scène 13, AZOR)
  146. Je le crois, camarade, car vous n'êtes rien du tout, ni moi non plus, auprès d'une autre mine que je connais, que nous mettrons avec nous, qui me transporte, et qui a des mains si douces, si blanches, qu'elle me laisse tant baiser ! (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  147. Est-ce que ma blanche n'en a pas aussi qui sont célestes, et que je caresse tant qu'il me plaît ? (Acte 1, scène 13, AZOR)
  148. Oui, c'est un camarade que j'ai fait, qui s'appelle homme, et qui arrive d'un monde ici près. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  149. L'homme, il n'y a qu'à y rester. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  150. C'est ce que nous disions, car il est tout à fait bon et joyeux ; je l'aime, non pas comme j'aime ma ravissante Eglé que j'adore, au lieu qu'à lui je n'y prends seulement pas garde, il n'y a que sa compagnie que je cherche pour parler de vous, de votre bouche, de vos yeux, de vos mains, après qui je languissais. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  151. Doucement, ce n'est pas ici votre blanche, c'est la mienne, ces deux mains sont à moi, vous n'y avez rien. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  152. Comment ! (Acte 1, scène 14, AZOR)
  153. Et moi je me doute que ce n'est pas un mensonge. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  154. C'est qu'il y a longtemps que je me promène. (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  155. Et j'aurais empêché que la belle femme ne s'ennuie. (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  156. Je rêve que je ne suis pas de bonne humeur. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  157. Il me semble que je suis fâchée contre moi, que je suis fâchée contre Azor, je ne sais à qui j'en ai. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  158. C'est que j'ai dessein d'aimer toujours Azor, et j'ai peur d'y manquer. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  159. Vous n'avez qu'a me répondre toujours de même, je serai bientôt fâchée contre vous aussi. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  160. Vous êtes en effet de bien mauvaise humeur ; mais que vous a fait Azor ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  161. Vous cesserez de l'aimer ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  162. Ne me chicanez donc pas ; que savais-je ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  163. Eglé, ce ne peut pas être son trop d'empressement à vous voir qui lui nuit auprès de vous, il n'y a pas assez longtemps que vous le connaissez. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  164. Pas mal de temps ; nous avons déjà eu trois conversations ensemble, et apparemment que la longueur des entretiens est contraire. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  165. Il en a encore un et même deux, il en a je ne sais combien : premièrement, il m'a contrariée ; car mes mains sont à moi, je pense, elles m'appartiennent, et il défend qu'on les baise ! (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  166. Un camarade qu'il a découvert tout nouvellement, et qui s'appelle homme. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  167. Charmant, plus doux qu'Azor, et qui proposait aussi de demeurer pour me tenir compagnie ; et ce fantasque d'Azor ne lui a permis ni la main, ni la compagnie, l'a querellé et l'a emmené brusquement sans consulter mon désir : ah ! (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  168. Il a donc peur qu'on ne m'aime ? (Acte 1, scène 15, EGL?)
  169. Il n'a qu'a me plaire davantage, car à l'égard d'être aimée, je suis bien aise de l'être, je le déclare, et au lieu d'un camarade, en eût-il cent, je voudrais qu'ils m'aimassent tous, c'est mon plaisir ; il veut que ma beauté soit pour lui tout seul, et moi je prétends qu'elle soit pour tout le monde. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  170. Tenez, votre dégoût pour Azor ne vient pas de tout ce que vous dites là, mais de ce que vous aimez mieux à présent son camarade que lui. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  171. Il me parait que oui, mon accident me fait honte, j'ai encore cette ignorance-là. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  172. Ce n'en est pas une, vous aviez tant promis de l'aimer constamment. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  173. Il est vrai que je ne les estime pas beaucoup ; il y en a pourtant une excellente, c'est que le camarade vaut mieux qu'Azor. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  174. Ajoutez que ce nouveau venu vous aimera. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  175. Justement, il m'aimera, je l'espère, il a encore cette qualité-là. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  176. Au lieu qu'Azor n'en est pas à vous aimer. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  177. Non, car il m'aime déjà. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  178. Quels étranges motifs de changement ! (Acte 1, scène 15, CARISE)
  179. Je ne suis contente de rien, d'un côté, le changement me fait peine, de l'autre, il me fait plaisir ; je ne puis pas plus empêcher l'un que l'autre ; ils sont tous deux de conséquence ; auquel des deux suis-je le plus obligée ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  180. Faut-il me faire de la peine ? (Acte 1, scène 15, EGL?)
  181. Faut-il me faire du plaisir ? (Acte 1, scène 15, EGL?)
  182. C'est que je vous le défends ; Mesrou et moi, nous devons avoir quelque autorité sur vous, nous sommes vos maîtres. (Acte 1, scène 16, CARISE)
  183. Mes maîtres ! (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  184. Retirons-nous, vous n'êtes pas encore sûre qu'il vous aime. (Acte 1, scène 16, CARISE)
  185. Vous voir, vous contempler, vous admirer, vous appeler mon âme. (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  186. Vous voyez bien qu'il parle de son âme ; est-ce que vous m'aimez ? (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  187. Comme un perdu. (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  188. M'aimez-vous aussi ? (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  189. Mesrin, imitez Eglé, ne soyez point infidèle. (Acte 1, scène 16, MESROU)
  190. Mesrin ! (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  191. L'homme s'appelle Mesrin ! (Acte 1, scène 16, EGL?)
  192. Carise, voila trop de qualités, il n'y a pas moyen de résister ; Mesrin, venez que je vous aime. (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  193. Non, je serai bien aise qu'Azor me regrette, moi ; ma beauté le mérite ; il n'y a pas de mal aussi qu'Adine soupire un peu, pour lui apprendre à se méconnaître. (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  194. Assurément. (Acte 1, scène 17, AZOR)
  195. Comment savez-vous que j'aime Mesrin ? (Acte 1, scène 17, EGLÉ)
  196. Comment ? (Acte 1, scène 17, AZOR)
  197. Eglé vous aime, elle ne se soucie plus de moi ? (Acte 1, scène 17, AZOR)
  198. Tant mieux ; continuez, je ne me soucie plus de vous non plus, attendez-moi, je reviens. (Acte 1, scène 17, AZOR)
  199. Arrêtez donc, que voulez-vous dire, vous ne m'aimez plus, qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 17, EGLÉ)
  200. Qu'avez-vous affaire à lui, puisque vous m'aimez ? (Acte 1, scène 18, MESRIN)
  201. Laissez-moi faire, je ne vous en aimerai que mieux, si je puis le ravoir, c'est seulement que je ne veux rien perdre. (Acte 1, scène 18, EGLÉ)
  202. Bonjour, la belle Eglé, quand vous voudrez vous voir, adressez-vous à moi, j'ai votre portrait, on me l'a cédé. (Acte 1, scène 19, ADINE)
  203. Comment ! (Acte 1, scène 19, ADINE)
  204. Mesrin, mon portrait ! (Acte 1, scène 19, ADINE)
  205. Et comment l'a-t-elle ? (Acte 1, scène 19, ADINE)
  206. Passez ici, Mesrin, que faites-vous là, vous extravaguez, je pense. (Acte 1, scène 19, ADINE)
  207. Non, laissez-moi, Prince je n'en veux pas voir davantage ; cette Adine et cette Eglé me sont insupportables, il faut que le sort soit tombé sur ce qu'il y aura jamais de plus haïssable parmi mon sexe. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  208. Je me sauve. (Acte 1, scène 20, EGLÉ)
  209. Demeurez tous, n'ayez point de peur ; voici de nouveaux camarades qui viennent, ne les épouvantez point, et voyons ce qu'ils pensent. (Acte 1, scène 20, CARISE)
  210. C'est vous, Carise et Mesrou, tout cela est-il hommes ou femmes ? (Acte 1, scène 20, MESLIS)
  211. Il y a autant de femmes que d'hommes ; voilà les unes, et voici les autres ; voyez, Meslis, si parmi les femmes vous n'en verriez pas quelqu'une qui vous plairait encore plus que Dina, on vous la donnerait. (Acte 1, scène 20, CARISE)
  212. J'aimerais bien son amitié. (Acte 1, scène 20, EGLÉ)
  213. Ne l'aimez point, car vous ne l'aurez pas. (Acte 1, scène 20, MESLIS)
  214. Je vous remercie, elles ne me déplaisent point, mais je ne me soucie pas d'elles, il n'y a qu'une Dina dans le monde. (Acte 1, scène 20, MESLIS)
  215. Je me charge de sa fortune. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  216. Et moi de celle de Meslis. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  217. On ne vous séparera pas ; allez, Carise, qu'on les mette à part et qu'on place les autres suivant mes ordres. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  218. Les deux sexes n'ont rien à se reprocher, Madame : vices et vertus, tout est égal entre eux. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  219. Je vous prie, mettez-y quelque différence : votre sexe est d'une perfidie horrible, il change à propos de rien, sans chercher même de prétexte. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)

ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR (1723)

  1. Vous soupirez, Madame, et malheureusement pour vous, vous risquez de soupirer longtemps si votre raison n'y met ordre ; me permettrez-vous de vous dire ici mon petit sentiment ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Le jeune homme que vous avez enlevé à ses parents est un beau brun, bien fait ; c'est la figure la plus charmante du monde ; il dormait dans un bois quand vous le vîtes, et c'était assurément voir l'Amour endormi ; je ne suis donc point surpris du penchant subit qui vous a pris pour lui. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  3. Est-il rien de plus naturel que d'aimer ce qui est aimable ? (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  4. Oh sans doute ; cependant avant cette aventure, vous aimiez assez le grand enchanteur Merlin. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Eh bien, l'un me fait oublier l'autre : cela est encore fort naturel. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  6. C'est la pure nature ; mais il reste une petite observation à faire : c'est que vous enlevez le jeune homme endormi, quand peu de jours après vous allez épouser le même Merlin qui en a votre parole. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Cela devient sérieux ; et entre nous, c'est prendre la nature un peu trop à la lettre ; cependant passe encore ; le pis qu'il en pouvait arriver, c'était d'être infidèle ; cela serait très vilain dans un homme, mais dans une femme, cela est plus supportable : quand une femme est fidèle, on l'admire ; mais il y a des femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées ; vous êtes de celles-là, moins de gloire, et plus de plaisir, à la bonne heure. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. De la gloire à la place où je suis, je serais une grande dupe de me gêner pour si peu de chose. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  9. C'est bien dit, poursuivons : vous portez le jeune homme endormi dans votre palais, et vous voilà à guetter le moment de son réveil ; vous êtes en habit de conquête, et dans un attirail digne du mépris généreux que vous avez pour la gloire, vous vous attendiez de la part du beau garçon à la surprise la plus amoureuse ; il s'éveille, et vous salue du regard le plus imbécile que jamais nigaud ait porté : vous vous approchez, il bâille deux ou trois fois de toutes ses forces, s'allonge, se retourne et se rendort : voilà l'histoire curieuse d'un réveil qui promettait une scène si intéressante. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. Vous sortez en soupirant de dépit, et peut-être chassée par un ronflement de basse-taille, aussi nourri qu'il en soit ; une heure se passe, il se réveille encore, et ne voyant personne auprès de lui, il crie : eh ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. À ce cri galant, vous rentrez ; l'Amour se frottait les yeux : que voulez-vous, beau jeune homme, lui dites-vous ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Mais n'êtes-vous point surpris de me voir, ajoutez-vous ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Depuis quinze jours qu'il est ici, sa conversation a toujours été de la même force ; cependant vous l'aimez, et qui pis est, vous laissez penser à Merlin qu'il va vous épouser, et votre dessein, m'avez-vous dit, est, s'il est possible, d'épouser le jeune homme ; franchement, si vous les prenez tous deux, suivant toutes les règles, le second mari doit gâter le premier. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  14. Je vais te répondre en deux mots : la figure du jeune homme en question m'enchante ; j'ignorais qu'il eût si peu d'esprit quand je l'ai enlevé. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  15. Pour moi, sa bêtise ne me rebute point : j'aime, avec les grâces qu'il a déjà, celles que lui prêtera l'esprit quand il en aura. (Acte 1, scène 1, LA F?E)
  16. Quelle volupté de voir un homme aussi charmant me dire à mes pieds : je vous aime ! (Acte 1, scène 1, LA F?E)
  17. Il est déjà le plus beau brun du monde, mais sa bouche, ses yeux, tous ses traits seront adorables, quand un peu d'amour les aura retouchés, mes soins réussiront peut-être à lui en inspirer. (Acte 1, scène 1, LA F?E)
  18. Souvent il me regarde ; et tous les jours je touche au moment où il peut me sentir et se sentir lui-même : si cela lui arrive, sur-le-champ j'en fais mon mari ; cette qualité le mettra alors à l'abri des fureurs de Merlin; mais avant cela, je n'ose mécontenter cet enchanteur, aussi puissant que moi, et avec qui je différerai le plus longtemps que je pourrai. (Acte 1, scène 1, LA F?E)
  19. Mais si le jeune homme n'est jamais, ni plus amoureux, ni plus spirituel, si l'éducation que vous tâchez de lui donner ne réussit pas, vous épouserez donc Merlin ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  20. Non ; car en l'épousant même je ne pourrais me déterminer à perdre de vue l'autre, et si jamais il venait à m'aimer, toute mariée que je serais, je veux bien te l'avouer, je ne me fierais pas à moi. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  21. Oh, je m'en serais bien douté, sans que vous me l'eussiez dit : femme tentée, et femme vaincue, c'est tout un. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  22. Eh bien, aimable enfant, vous me paraissez triste : y a-t-il quelque chose ici qui vous déplaise ? (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  23. je vous prie, ne riez pas, cela me fait injure, je l'aime, cela vous suffit pour le respecter. (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  24. Vous me refusez si peu de chose, à moi qui vous aime ? (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  25. Mon cher Arlequin, un beau garçon comme vous, quand une dame lui présente quelque chose, doit baiser la main en le recevant. (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  26. Vous répètent à tout moment : v.5 (Acte 1, scène 3, CHANTEUR)
  27. Dame, cela est drôle ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  28. Aimez, aimez, rien n'est si doux. v.7 (Acte 1, scène 3, CHANTEUSE)
  29. Vous vous endormez, que faut-il donc faire pour vous amuser ? (Acte 1, scène 3, LA FÉE)
  30. Emmenez-le, il se distraira peut-être, en mangeant, du chagrin qui le prend ; je sors d'ici pour quelques moments ; quand il aura fait collation, laissez-le se promener où il voudra. (Acte 1, scène 3, LA FÉE)
  31. Vous me fuyez, belle Silvia ? (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  32. Que voulez-vous que je fasse, vous m'entretenez d'une chose qui m'ennuie, vous me parlez toujours d'amour. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  33. Voilà ce qui me désespère. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  34. Ce n'est pas ma faute, je sais bien que toutes nos bergères ont chacune un berger qui ne les quitte point ; elles me disent qu'elles aiment, qu'elles soupirent ; elles y trouvent leur plaisir. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  35. Pour moi, je suis bien malheureuse : depuis que vous dites que vous soupirez pour moi, j'ai fait ce que j'ai pu pour soupirer aussi, car j'aimerais autant qu'une autre à être bien aise ; s'il y avait quelque secret pour cela, tenez, je vous rendrais heureux tout d'un coup, car je suis naturellement bonne. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  36. pour de secret, je n'en sais point d'autre que celui de vous aimer moi-même. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  37. Apparemment que ce secret-là ne vaut rien ; car je ne vous aime point encore, et j'en suis bien fâchée ; comment avez-vous fait pour m'aimer, vous ? (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  38. Voyez quelle différence ; et moi, plus je vous vois et moins je vous aime. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  39. N'importe, allez, allez, cela viendra peut-être, mais ne me gênez point. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  40. Je me retirerai donc, puisque c'est vous plaire, mais pour me consoler, donnez-moi votre main, que je la baise. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  41. Oui ; mais puisque c'est une faute, je ne veux point la faire qu'elle ne me donne du plaisir comme aux autres. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  42. Que ce berger me déplaît avec son amour ! (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  43. Toutes les fois qu'il me parle, je suis toute de méchante humeur. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  44. Je me retire, car je ne vous connais pas. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  45. Vous ne me connaissez pas ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  46. Tant mieux : où demeurez-vous ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  47. Je demeure tout près ; mais il ne faut pas venir; il vaut mieux nous voir toujours ici, parce qu'il y a un berger qui m'aime ; il serait jaloux, et il nous suivrait. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  48. Ce berger-là vous aime ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  49. Est-ce que vous l'aimez, vous ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  50. C'est bien fait, il faut n'aimer personne que nous deux ; voyez si vous le pouvez ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  51. Je ne mens jamais, mais où demeurez-vous aussi ? (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  52. J'aimerais mieux mourir. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  53. Vous m'aimerez donc toujours ? (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  54. Ce serait bien dommage de me tromper, car je suis si simple. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  55. Mais mes moutons s'écartent, on me gronderait s'il s'en perdait quelqu'un : il faut que je m'en aille. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  56. Que ces moutons me fâchent ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  57. Non, je veux le garder, il me tiendra compagnie. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  58. Je me lave quelquefois le visage, et je m'essuie avec. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  59. Partout, mais j'ai hâte, je ne vois plus mes moutons ; adieu, jusqu'à tantôt. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  60. Notre jeune homme, a-t-il goûté ? (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  61. Oui, goûté comme quatre : il excelle en fait d'appétit. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  62. Merlin est venu pour vous voir. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  63. En vérité, Madame, c'est bien dommage que ce petit innocent l'ait chassé de votre coeur ! (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  64. Merlin est au comble de la joie, il croit vous épouser incessamment. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  65. me disait-il tantôt, en regardant votre portrait. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  66. Il reviendra, comment vous tirerez-vous d'affaire avec lui ? (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  67. Voilà ce qui s'appelle un coeur de femme complet. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  68. Il me semble qu'il se tient mieux qu'à l'ordinaire ? (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  69. Je suis curieuse de voir ce qu'il fera tout seul, mets-toi à côté de moi, je vais tourner mon anneau qui nous rendra invisibles. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  70. Cela me paraît singulier. (Acte 1, scène 7, LA F?E)
  71. Comment ! (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  72. Madame, voulez-vous avoir la bonté de vouloir bien me dire comment on est quand on aime bien une personne ? (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  73. Quand on aime, mon cher enfant, on souhaite toujours de voir les gens, on ne peut se séparer d'eux, on les perd de vue avec chagrin : enfin on sent des transports, des impatiences et souvent des désirs. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  74. Il jase vraiment ! (Acte 1, scène 7, TRIVELIN)
  75. Il jase, il est vrai, mais sa réponse ne me plaît pas : mon cher Arlequin, ce n'est donc pas de moi que vous parlez ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  76. Il n'est pas à moi et il le baisait ; n'importe, cachons-lui mes soupçons, et ne l'intimidons pas ; car il ne me découvrirait rien. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  77. Ayez la charité de me rendre le mouchoir. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  78. Vous me quittez ; où allez-vous ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  79. Je vous avoue, Madame, que voici une aventure où je ne comprends rien, que serait-il donc arrivé à ce petit peste-là ? (Acte 1, scène 8, TRIVELIN)
  80. Quel coup pour moi, que le petit ingrat vient de me paraître aimable ! (Acte 1, scène 8, LA FÉE)
  81. As-tu vu comme il est changé ? (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  82. As-tu remarqué de quel air il me parlait ? (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  83. Il a déjà de la délicatesse de sentiment, il s'est retenu, il n'ose me dire à qui appartient le mouchoir, il devine que j'en serais jalouse ; ah ! (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  84. Une autre lui entendra dire ce je vous aime que j'ai tant désiré, et je sens qu'il méritera d'être adoré ; je suis au désespoir. (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  85. Cherche de ton côté, va vite, je me meurs. (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  86. Arrête-toi un moment, ma cousine ; je t'aurai bientôt conté mon histoire, et tu me donneras quelque avis. (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  87. J'étais plus contente que si on m'avait donné tous les moutons du hameau : vraiment je ne m'étonne pas si toutes nos bergères sont si aises d'aimer ; je voudrais n'avoir fait que cela depuis que je suis au monde, tant je le trouve charmant ; mais ce n'est pas tout, il doit revenir ici bientôt ; il m'a déjà baisé la main, et je vois bien qu'il voudra me la baiser encore. (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  88. Non ; il ne faut point aussi lui dire tant que tu l'aimes. (Acte 1, scène 9, LA-COUSINE)
  89. comment s'en empêcher ? (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  90. Je suis encore trop jeune pour pouvoir me gêner. (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  91. Fais comme tu pourras, mais on m'attend, je ne puis rester plus longtemps, adieu, ma cousine. (Acte 1, scène 9, LA-COUSINE)
  92. J'aimerais autant ne point aimer que d'être obligée d'être sévère ; cependant elle dit que cela entretient l'amour, voilà qui est étrange ; on devrait bien changer une manière si incommode ; ceux qui l'on inventée n'aimaient pas tant que moi. (Acte 1, scène 10, SILVIA)
  93. Voici mon amant ; que j'aurai de peine à me retenir ! (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  94. Êtes-vous bien aise de me voir ? (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  95. Et moi, je ne veux pas que vous disiez comme cela. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  96. Ne me baisez pas la main au moins. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  97. Non : quand on aime les gens, on ne les empêche pas de baiser sa main. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  98. Tenez, voilà la mienne ; voyez si je ferai comme vous. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  99. Là, là, consolez-vous, mon amant, et baisez ma main puisque vous en avez envie ; baisez, mais écoutez, n'allez pas me demander combien je vous aime, car je vous en dirais toujours la moitié moins qu'il n'y en a. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  100. Cela n'empêchera pas que, dans le fond, je ne vous aime de tout mon coeur ; mais vous ne devez pas le savoir, parce que cela vous ôterait votre amitié, on me l'a dit. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  101. Tous ceux qui vous ont dit cela ont fait un mensonge : ce sont des causeurs qui n'entendent rien à notre affaire. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  102. Le coeur me bat quand je baise votre main et que vous dites que vous m'aimez, et c'est marque que ces choses-là sont bonnes à mon amitié. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  103. Cela se peut bien, car la mienne en va de mieux en mieux aussi ; mais n'importe, puisqu'on dit que cela ne vaut rien, faisons un marché de peur d'accident : toutes les fois que vous me demanderez si j'ai beaucoup d'amitié pour vous, je vous répondrai que je n'en ai guère, et cela ne sera pourtant pas vrai ; et quand vous voudrez me baiser la main, je ne le voudrai pas, et pourtant j'en aurai envie. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  104. quand cela nous fâchera tout de bon, ne sommes-nous pas les maîtres ? (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  105. M'aimez-vous beaucoup ? (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  106. Ce n'est que pour rire au moins, autrement... (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  107. Dame ! (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  108. Voilà un petit mot qui me plaît comme tout. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  109. La méchante femme, je tremble encore de peur. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  110. Peut-être qu'elle va tuer mon amant, elle ne lui pardonnera jamais de m'aimer, mais je sais bien comment je ferai ; je m'en vais assembler tous les bergers du hameau, et les mener chez elle : allons. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  111. Je ne puis me remuer. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  112. Messieurs, ayez pitié de moi, au secours, au secours ! (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  113. Je n'ai pu paraître aimable à tes yeux, je n'ai pu t'inspirer le moindre sentiment, malgré tous les soins et toute la tendresse que tu m'as vue ; et ton changement est l'ouvrage d'une misérable bergère ! (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  114. Je ne te conseille pas d'affecter une stupidité que tu n'as plus, et si tu ne te montres tel que tu es, tu vas me voir poignarder l'indigne objet de ton choix. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  115. Non, non ; je vous promets que j'aurai de l'esprit autant que vous le voudrez. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  116. C'est que je n'aime à voir mourir personne. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  117. Tu me verras mourir, moi, si tu ne m'aimes. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  118. Arlequin, voudrais-tu aimer une personne qui te trompe, qui a voulu badiner avec toi, et qui ne t'aime pas ? (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  119. Pour cela si fait, elle m'aime à la folie. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  120. Elle t'abusait, je le sais bien, puisqu'elle doit épouser un berger du village qui est son amant : si tu veux, je m'en vais l'envoyer chercher, et elle te le dira elle-même. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  121. Tic, tac, tic, tac, ouf voilà des paroles qui me rendent malade. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  122. Allons, allons, je veux savoir cela ; car si elle me trompe, jarni, je vous caresserai, je vous épouserai devant ses deux yeux pour la punir. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  123. Oui ; mais vous êtes bien fine, si vous êtes là quand elle me parlera, vous lui ferez la grimace, elle vous craindra, et elle n'osera me dire rondement sa pensée. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  124. Je me retirerai. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  125. Vous êtes une sorcière, vous nous jouerez un tour comme tantôt, et elle s'en doutera : vous êtes au milieu du monde, et on ne voit rien. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  126. je ne veux point que vous trichiez ; faites un serment que vous n'y serez pas en cachette. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  127. Je ne sais point si ce juron-là est bon ; mais je me souviens à cette heure, quand on me lisait des histoires, d'avoir vu qu'on jurait par le six, le tix, oui le Styx. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  128. C'est la même chose. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  129. N'importe, jurez toujours ; dame, puisque vous craignez, c'est que c'est le meilleur. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  130. Et moi en attendant je m'en vais gémir en me promenant. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  131. Mon serment me lie, mais je n'en sais pas moins le moyen d'épouvanter la bergère sans être présente, et il me reste une ressource ; je donnerai mon anneau à Trivelin qui les écoutera invisible, et qui me rapportera ce qu'ils auront dit. (Acte 1, scène 15, LA FÉE)
  132. Que voulez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 16, TRIVELIN)
  133. Quand j'aurai quitté cette fille, vous avertirez Arlequin de lui venir parler, et vous le suivrez sans qu'il le sache pour venir écouter leur entretien, avec la précaution de retourner la bague, pour n'être point vu d'eux ; après quoi, vous me redirez leur discours : entendez-vous ? (Acte 1, scène 16, LA FÉE)
  134. Oui, Madame. (Acte 1, scène 16, TRIVELIN)
  135. Je n'ai lieu d'aimer plus que je n'aimais, que pour en souffrir davantage ; cependant il me reste encore quelque espérance ; mais voici ma rivale. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  136. Madame, est-ce que vous voulez toujours me retenir de force ici ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  137. Si ce beau garçon m'aime, est-ce ma faute ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  138. Il dit que je suis belle, dame, je ne puis pas m'empêcher de l'être. (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  139. Écoutez-moi, petite fille, mille tourments vous sont préparés, si vous ne m'obéissez. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  140. Arlequin va paraître ici : je vous ordonne de lui dire que vous n'avez voulu que vous divertir avec lui, que vous ne l'aimez point, et qu'on va vous marier avec un berger du village ; je ne paraîtrai point dans votre conversation, mais je serai à vos côtés sans que vous me voyiez, et si vous n'observez mes ordres avec la dernière rigueur, s'il vous échappe le moindre mot qui lui fasse deviner que je vous aie forcée à lui parler comme je le veux, tout est prêt pour votre supplice. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  141. Moi, lui dire que j'ai voulu me moquer de lui ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  142. Il se mettra à pleurer, et je me mettrai à pleurer aussi : vous savez bien que cela est immanquable. (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  143. Vous osez me résister ! (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  144. Paraissez, esprits infernaux, enchaînez-la, et n'oubliez rien pour la tourmenter. (Acte 1, scène 17, LA F?E)
  145. N'avez-vous pas de conscience de me demander une chose impossible ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  146. Ce n'est pas tout; allez prendre l'ingrat qu'elle aime, et donnez-lui la mort à ses yeux. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  147. Madame la Fée, vous n'avez qu'à le faire venir ; je m'en vais lui dire que je le hais, et je vous promets de ne point pleurer du tout ; je l'aime trop pour cela. (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  148. Si vous versez une larme, si vous ne paraissez tranquille, il est perdu, et vous aussi. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  149. Achevons vite de pleurer, afin que mon amant ne croie pas que je l'aime, le pauvre enfant, ce serait le tuer moi-même. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  150. Mais essuyons mes yeux, le voilà qui vient. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  151. Oui, tout ce que j'ai fait, ce n'était que pour me donner du plaisir. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  152. Mon amie, dites franchement, cette coquine de fée n'est point ici, car elle en a juré. (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  153. Là, là, remettez-vous, mon petit coeur : dites, êtes-vous une perfide ? (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  154. Allez-vous être la femme d'un vilain berger ? (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  155. Le courage me manque. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  156. J'ai été obligée de vous dire des menteries. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  157. Madame la Fée, pardonnez-moi en quelque endroit que vous soyez ici, vous voyez bien ce qui en est. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  158. Non, mes enfants, ce n'est pas la Fée ; mais elle m'a donné son anneau, afin que je vous écoutasse sans être vu. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  159. Je vais chercher la Fée qui m'attend, à qui je dirai que vous vous êtes parfaitement acquittée de ce qu'elle vous avait ordonné : elle sera témoin de votre retraite. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  160. Pour vous, Arlequin, quand Silvia sera sortie, vous resterez avec la Fée, et alors en l'assurant que vous ne songez plus à Silvia infidèle, vous jurerez de vous attacher à elle, et tâcherez par quelque tour d'adresse, et comme en badinant, de lui prendre sa baguette ; je vous avertis que dès qu'elle sera dans vos mains, la Fée n'aura plus aucun pouvoir sur vous deux ; et qu'en la touchant elle-même d'un coup de la baguette, vous en serez absolument le maître. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  161. Quel honnête homme ! (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  162. Préparez-vous, je vais amener ici la Fée. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  163. Ma chère amie, la joie me court dans le corps ; il faut que je vous baise, nous avons bien le temps de cela. (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)
  164. Je crois, Madame, que vous aurez lieu d'être contente. (Acte 1, scène 20, TRIVELIN)
  165. Madame, voulez-vous que je m'en aille ? (Acte 1, scène 20, SILVIA)
  166. Je vous avais dit la vérité, comme vous voyez (Acte 1, scène 21, LA FÉE)
  167. Je me soucie bien de cela : c'est une petite laide qui ne vous vaut pas. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  168. Que j'étais sot ; laissez faire, nous l'attraperons bien, quand nous serons mari et femme. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  169. Mon cher Arlequin, vous m'aimerez donc ? (Acte 1, scène 21, LA FÉE)
  170. J'avais assurément la vue trouble. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  171. Mon cher Arlequin, je te fais mon maître, mon mari ; oui, je t'épouse ; je te donne mon coeur, mes richesses, ma puissance. (Acte 1, scène 21, LA FÉE)
  172. Ma mie, que vous me plaisez ! (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  173. Et je m'en vais mettre ce bâton à mon côté. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  174. Tout doucement, tout doucement! (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  175. Vous me grondiez tantôt parce que je n'avais pas d'esprit ; j'en ai pourtant plus que vous. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  176. Soyez bien sage, madame la sorcière, car voyez bien cela ! (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  177. Trivelin où sont mes valets et tous les diables aussi ? (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  178. Voilà encore ces vilains hommes qui me font peur. (Acte 1, scène 22, SILVIA)
  179. Bonjour, Madame, comment vous portez-vous ? (Acte 1, scène 22, SILVIA)
  180. Tout doux, je suis le maître ; allons, qu'on nous regarde tout à l'heure agréablement. (Acte 1, scène 22, ARLEQUIN)

Dans les 1895 textes du corpus, il y a 35 textes (soit une présence dans 1,85 % des textes) dans lesquels il y a 12000 occurences de la forme recherchée, soit une moyenne de 342,86 occurences par texte.

Titres Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4 Acte 5 Prologue Total
1 F?LICIE14900000149
2 FÉLICIE3000003
3 LA DOUBLE INCONSTANCE204187152000543
4 LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE19600000196
5 LES ACTEURS DE BONNE FOI24300000243
6 ANNIBAL107106107111820513
7 LE TRIOMPHE DE PLUTUS17000000170
8 LE TRIOMPHE DE PLUTUS170000017
9 LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR179171114000464
10 L'H?RITIER DE VILLAGE24100000241
11 L'?LE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES1770151126043497
12 LA JOIE IMPR?VUE24600000246
13 L'?PREUVE25700000257
14 L'ÉPREUVE150000015
15 LES SINC?RES30000000300
16 LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD133185131000449
17 LA PROVINCIALE35000000350
18 LE PRINCE TRAVESTI23026898000596
19 LES FAUSSES CONFIDENCES196204164000564
20 LE LEGS37600000376
21 LA R?UNION DES AMOURS16300000163
22 LA FEMME FID?LE17200000172
23 L'?COLE DES M?RES20800000208
24 L'ÉCOLE DES MÈRES8000008
25 LE PR?JUGE VAINCU25200000252
26 LE TRIOMPHE DE L'AMOUR182230109000521
27 LA SURPRISE DE L'AMOUR161158149000468
28 L'ILE DES ESCLAVES21300000213
29 L'ILE DES ESCLAVES2000002
30 LA M?RE CONFIDENTE153138118000409
31 LA COMM?RE29400000294
32 L'HEUREUX STRATAG?ME174161154000489
33 LE PETIT MA?TRE CORRIG?156166129000451
34 LA M?PRISE22700000227
35 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI143192203000538
36 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI1001400024
37 LES SERMENTS INDISCRETS100152111106860555
38 LA COLONIE22100000221
39 LE D?NOUEMENT IMPR?VU17800000178
40 LA DISPUTE21900000219
41 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR17800000178
42 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR2000002
43 LA SURPRISE DE L'AMOUR0060006
44 L'ÎLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES000130013
  Total7205231819103561684312000

 

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