DES BEAUX CHEVEUX

CONVERSATION

VIII

XCVIII.

AVEC PRIVILÈGE DU ROI.

PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi.

À PARIS, Chez CHARLES DE SERCY, au Palais, dans le Salle Dauphine, à la Bonne-Foi couronnée.


Texte établi par Paul FIÈVRE, octobre 2023

Publié par Paul FIEVRE, novembre 2023

© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:17.


ACTEUR.

ALCIPE.

ALMAHIDE.

Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 46-49.


DES BEAUX CHEVEUX.

On cajole Almahide sur la beauté de ses cheveux.

ALCIPE.

Saviez-vous, Mademoiselle, comment j'appelle vos cheveux ? Je les appelle des belles chaînes.

ALMAHIDE.

Ce sont à mon avis des liens bien déliés.

ALCIPE.

S'ils étaient forts, ils seraient faibles.

ALMAHIDE.

Il est vrai qu'un poil rude et grossier est mal propre à enchaîner des coeurs : mais enfin si votre coeur n'était attaché à ma personne que par mes cheveux, sa servitude dépendrait de peu de chose.

ALCIPE.

Vous triomphez de la liberté par toutes les parties qui composent votre visage : mais quand vous seriez privée de la plupart des grâces qui vous rendent ravissante, ces cheveux noirs qui ajoutent quelque éclat à la blancheur de votre teint, seraient capables de réduire à vos pieds la galanterie la plus fière la plus dédaigneuse.

ALMAHIDE.

Comme la couleur qui est aimée des uns, est quelquefois méprisée des autres, ce n'est peut-être pas tant à la couleur de mon poil que je dois votre cajolerie, qu'à l'habitude que vous avez de cajoler.

ALCIPE.

Je ne débite point des paroles obligeantes pour des objets disgraciés ; ma délicatesse me dispense de cette sotte galanterie ; mais quand mes yeux seraient plus difficiles qu'ils ne sont, ils trouveraient dans l'ornement de votre tête le plus bel accompagnement du monde.

ALMAHIDE.

Quelque état que vous fassiez de mon poil, mon miroir m'apprend qu'il n'est ni beau, ni laid.

ALCIPE.

Qu'est-il donc ?

ALMAHIDE.

Il me semble qu'il est supportable.

ALCIPE.

Vous dites quelque chose, mais vous ne ne dites pas assez ; et si le miroir que vous m'avez opposé avait le malheureux privilège d'être sensible, ou il ne connaîtrait pas la beauté des objets dont il recevrait les images ; ou s'il les connaissait, les soupirs seraient du moins le panégyrique de vos cheveux.

 


PRIVILÈGE DU ROI.

Louis par le Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À nos âmés et Féaux conseillers les gens tenant nos cours de Parlement, requêtes de notre Hôtel et du Palais, Baillifs, sénéchaux, leurs lieutenants, et tous autres nos officiers et justiciers qu'il appartiendra, Salut. Notre cher et bine aimé le Sieur RENÉ BARY, nous a fait exposé qu'il a fait un livre intitulé, L'ESprit de Cour, ou les belles conversations, lequel il désirerait faire imprimer, s'il nous plaisait lui accorder nos lettres sur ce nécessaires. À CES CAUSES, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes, de faire imprimer, vendre et débiter en tous les lieux de notre Royaume, le susdit livre en tout ou en partie, en tels volumes, marges et caractères que bon lui semble, pendant sept années, à commencer du jours que chaque volume sera achevé d'imprimer pour le première fois, et à condition qu'il en sera mis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un ne celle de notre château du Louvre, vulgairement appelé le Cabinet des Livres, et un en celle de notre très cher et féal le Sieur Séguier Chancelier de France, avant de les exposer en vente ; et à faute de rapporter ès mains de notre âmé et féal Conseiller en nos conseils, Grand Audiencier de France, en quartier, un récépissé de notre Bibliothèque, et du Sieur Cramoisy, commis par nous du chargement de la délivrance actuelle desdits exemplaires, Nous avons dès à présent déclaré ladite permission d'imprimer nulle, et avons enjoint au Syndic de faire saisir tous les exemplaires qui auront été imprimés sans avoir satisfait les clauses portées par ces présentes. Défendons très expressément à toutes personnes, de quelque condition et qualité qu'elles soient, d'imprimer, faire imprimer, vendre ni débiter le susdit livre en aucun lieu de notre désobéissance durant ledit temps, sous quelque prétexte que ce soit, sans le consentement de l'exposant, à peine de confiscation de ces exemplaires, de quinze cent livres d'amende, et de touts dépends, dommages et intérêts. Voulons qu'aux copies des présentes collationnées par l'un de nos âmés et féaux conseillers et secrétaires du Roi, foi soit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission ; Car tel est notre bon plaisir ; nonobstant oppositions ou appellations quelconques, Clameur de Haro, Charte Normande, et autres lettres à ce contraires. Donné à Paris le quinzième jour de décembre, l'an de grâce mille six cent soixante et un, et de Notre règne le dix-neuvième. Signé, par le Roi en son conseil, MOUSTIER, et scellé du grand sceau de cire jaune.

Registré sur le livre de la Communauté le 10 , mars 1662, suivant l'arrêt de la Cour de Parlement du 8 avril 1653. Signé DEBRAY, Syndic.

Ledit Sieur BARY a cédé et transporté son droit de privilège à Charles de Sercy Marchand Libraire à Paris, pour en jouir suivant l'accord fait entre eux.

Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis


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