Occurences de l'expression

est

pour MARIVAUX

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FÉLICIE (1750)

  1. Aussi le plaisir d'être avec vous, qui est toujours si grand pour moi, ne m'a-t-il jamais été si sensible. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  2. N'est-ce que d'aujourd'hui que vous êtes bien sûre de cette vérité-là, vous, avec qui je suis dès mon enfance, vous, à qui je dois tout ce que je puis avoir d'estimable dans le coeur et dans l'esprit ! (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  3. Il est vrai que vous avez toujours été l'objet de mes complaisances ; et s'il vous reste encore quelque chose à désirer de mon pouvoir et de ma science, vous n'avez qu'à parler, Félicie ; je ne vous ai aujourd'hui menée ici que pour vous le dire. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. ce n'est assurément que par bonté que vous le dites ? (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  5. C'est de bonne foi ; si je savais mieux, je le dirais. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  6. Songez que c'est peut-être de tous les dons le plus dangereux que vous choisissez, Félicie. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. Mais, de plaire : non, ce n'est pas positivement cela ; c'est qu'on a l'amitié de tout le monde quand on est aimable, et l'amitié de tout le monde est utile et souhaitable. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  8. C'est-à-dire que vous voulez en être sûre. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  9. C'est le monde même. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  10. C'est une compagne que je vous laisse, Félicie ; elle porte le nom d'une de vos plus estimables qualités, la modestie, ou plutôt la pudeur. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. N'y craignez rien, vous dis-je ; c'est moi qui vous y protège. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Voilà un canton qui me paraît bien riant ; ma chère compagne, allons-y ; voyons ce que c'est. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  13. Est-ce qu'on m'y fera un crime d'être jolie, dans ce pays galant ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  14. Sous le prétexte qu'on est aimable, on n'osera pas se montrer ; il ne faudra rien voir, toujours s'enfuir, et ne s'occuper qu'à faire la sauvage ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  15. Écoutez, Félicie, ne vous y trompez pas ; les grâces et la sagesse ont toujours eu de la peine à rester ensemble. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  16. À l'égard des pièges dont vous parlez, il me semble à moi qu'il n'est pas question de les fuir, mais d'apprendre à les mépriser ; et pourquoi ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  17. Voyons ; si je plais, on m'y regardera, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  18. Et vous, bien des terreurs paniques, Modestie. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  19. Je suis timide, il est vrai ; c'est mon caractère. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  20. Fort bien ; et moyennant ce caractère, nous voilà donc condamnées à rester là : nos relations seront curieuses ! (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  21. Je ne vous dis pas de rester là ; voyons toujours ce côté, il est plus tranquille. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  22. C'est qu'il me réjouit moins la vue. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  23. Et moi, c'est que je fuis le danger que je soupçonne ici. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  24. Il n'est quelquefois plus temps de le fuir, quand on l'a vu. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  25. Ne voyez-vous pas bien que la raison n'est point d'accord de cela ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  26. Je me suis donc étrangement trompée ; j'ai souhaité d'être aimable, afin qu'on m'aimât dès qu'on me verrait, ce qui est assurément très innocent ; et il se trouverait que, selon vos chicanes, ce serait afin qu'on ne me vît jamais : en vérité, je ne saurai goûter ce que vous me dites. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  27. Ce n'est pas là répondre ; je veux que vous soyez de mon avis, dès que j'ai raison. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  28. Puisque vous êtes la Modestie, on est bien aise d'avoir votre approbation. (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  29. Nous nous y amuserons assurément ; il doit y avoir quelque agréable fête. Que cela est vif et touchant ! (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  30. Est-ce qu'il n'est pas permis d'avoir du goût ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  31. Parlez franchement ; c'est qu'on a tort d'avoir des yeux et des oreilles, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  32. Que cela est tendre et animé tout ensemble ! (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  33. Est-il rien de plus enchanteur v.4 (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  34. Oui, elle est belle, mais sérieuse. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  35. C'est un charme différent. Mais, que vois-je ? (Acte 1, scène 4, LA-MODESTIE)
  36. Cela est vrai, je lui trouve de la majesté. (Acte 1, scène 4, FÉLICIE)
  37. Beauté céleste, je règne dans ces cantons ; j'ose assurer qu'ils sont les plus riants ; daignez les honorer de votre présence. (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  38. Mais sans doute ; mais mon coeur ne sait ce qu'il veut, voilà ce que c'est ; il ne choisit point ; tenez, il vous voudrait tous deux ; voyez, n'y aurait-il pas moyen de vous accorder ? (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  39. Mais prenons toujours ceux-ci qui se présentent, et qui sont permis ; voyons ce que c'est, et puis nous irons aux vôtres : est-ce que j'y renonce ? (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  40. Cette rigueur-là n'est point du tout persuasive, point du tout : austérité superflue que tout cela ; l'excès n'est point une sagesse, et je sais me conduire. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  41. Elle est partie ; il ne vous reste plus que moi, Félicie, et peut-être nous séparons-nous aussi. (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  42. De quoi s'est-elle fâchée ? (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  43. Si le plaisir qu'on sent à vous voir la chagrine, sa peine est sans remède, Félicie ; mais n'y songez plus, nous nous passerons bien d'elle. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  44. Il est pourtant vrai que, sans vous, je l'aurais suivie, Seigneur. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  45. Que j'ai mal fait de rester ! (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  46. Vous voyez ce qui en est. (Acte 1, scène 6, LA-MODESTIE)
  47. Il est encore temps de vous retirer. (Acte 1, scène 6, LA-MODESTIE)
  48. C'est que je suis l'amie de la vertu. (Acte 1, scène 6, LA-MODESTIE)
  49. Arrêtez, Modestie ! (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  50. Elle devrait avoir nom Férocité, et non pas Modestie. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  51. Qu'elle est revêche et bourrue ! (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  52. C'est ma compagne. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  53. Laissez là ma main, elle n'est pas de la conversation. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  54. Il est vrai que vous vous scandalisez de trop peu de chose. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  55. Si votre coeur n'a pas besoin d'elle, le mien n'est pas de même, entendez-vous ? (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  56. Je ne vous propose pas de vous en aller, je ne veux pas seulement vous perdre de vue, et ce que j'en dis n'est que pour vous épargner son importunité. (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  57. Pour ce commencement-là, il n'est pas difficile : oui, j'y consens ; quand je ne le voudrais pas, il n'en serait ni plus ni moins, ainsi, il vaut autant vous le permettre. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  58. Ce n'est pas encore assez. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  59. votre compagne n'y est plus. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  60. Attendez ce qui me reste à vous dire, il n'en sera que ce que vous voudrez. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  61. Écoutez-moi, charmante Félicie, n'est-ce pas toujours à la personne que l'on aime qu'il faut se marier ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  62. Qui est-ce qui a jamais douté de cela ? (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  63. On est donc, à cet égard-là, les maîtres de sa destinée ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  64. vous me faites frémir, et par bonheur ma compagne n'est qu'à deux pas d'ici. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  65. N'est-il pas de votre intérêt que je sois estimable ? (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  66. Et l'estime que je mérite encore, que deviendrait-elle ? (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  67. Vous permettre de m'aimer, vous l'entendre dire, vous aimer moi-même, à la bonne heure, passe pour cela ; s'il y entre de la faiblesse, elle est excusable ; on peut être tendre et pourtant vertueuse ; mais vous me proposez d'être insensée, d'être extravagante, d'être méprisable ; oh ! (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  68. Et moi, je vous dis, Lucidor, que c'est la rendre immanquable : non, non, n'en parlons plus ; je ne me rendrai jamais à cela ; tout ce que je puis faire, c'est de vous pardonner de me l'avoir dit. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  69. Ma probité vous est-elle suspecte ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  70. Que cela est vrai ! (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  71. Notre sort n'est assuré que par là. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  72. Qui est-ce qui s'intéresse à vous plus que moi ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  73. Puisqu'il le faut, donnez-moi, de grâce, un quart_d_heure pour me résoudre ; mon esprit est tout en désordre ; je ne sais où je suis, laissez-moi me reconnaître, n'arrachez rien au trouble où je me sens, et fiez-vous à mon amour ; il aura plus de soin de vous que de moi-même. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  74. Et mon amour m'est cher. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  75. Je l'estime, mais je n'ai rien à lui dire, et je crains qu'elle ne me parle. (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  76. Non, dès qu'elle ne veut pas de vous, qui devez être sa plus intime amie, elle n'est pas en état de m'entendre. (Acte 1, scène 11, DIANE)
  77. Non, je ne risque rien : Lucidor est plein d'honneur, il m'aime ; je sens que je ne vivrais pas sans lui ; on me le refuserait peut-être, je l'épouse ; il est question d'un mariage qu'il me propose avec toute la tendresse imaginable, et sans lequel je sens que je ne puis être heureuse : ai-je tort de vouloir l'être ? (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  78. Est-ce qu'il est défendu, dans le monde, de faire son bonheur ? (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  79. En est-ce fait ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  80. Est-ce mon retour qui cause vos pleurs ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  81. Cette sombre compagne appelée Modestie ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  82. Est-ce ainsi que vous traitez, que vous recevez un amant qui vous adore, un époux qui va faire sa félicité de la vôtre, et qui ne veut respirer que par vous et pour vous ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  83. Allons, Félicie, n'hésitez plus ; venez, tout est prêt pour nous unir ; la chaîne du plaisir et du bonheur nous attend. (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  84. Chère Modestie, chère compagne, où êtes-vous ? (Acte 1, scène 12, FÉLICIE)
  85. Et qu'il est doux de me revoir entre vos bras ! (Acte 1, scène 13, FÉLICIE)

LA DOUBLE INCONSTANCE (1724)

  1. En vérité, je vous demande pardon, celui-là m'est échappé, mais je n'en dirai plus, je me corrigerai. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Que c'est votre souverain qui vous aime. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  3. Je ne l'empêche pas, il est le maître : mais faut-il que je l'aime, moi ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  4. Songez que c'est sur vous qu'il fait tomber le choix qu'il doit faire d'une épouse entre ses sujettes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Qui est-ce qui lui a dit de me choisir ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  6. Qu'est-ce qu'Arlequin au prix d'un prince plein d'égards, qui ne veut pas même se montrer qu'on ne vous ait disposée à le voir ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Doucement, Madame, mon dessein n'est pas de vous fâcher. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Si le prince est si tendre, ce n'est pas ma faute, je n'ai pas été le chercher ; pourquoi m'a-t-il vue ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  9. S'il est jeune et aimable, tant mieux pour lui, j'en suis bien aise : qu'il garde tout cela pour ses pareils, et qu'il me laisse mon pauvre Arlequin, qui n'est pas plus gros monsieur que je suis grosse dame, pas plus riche que moi, pas plus glorieux que moi, pas mieux logé, qui m'aime sans façon, que j'aime de même, et que je mourrai de chagrin de ne pas voir. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  10. Qu'est-il devenu ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  11. Le compliment est court, mais il est net. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Encore une fois, calmez-vous, vous voulez Arlequin, il viendra incessamment, on est allé le chercher ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Ce qu'elle dit, seigneur, ma foi, ce n'est pas la peine de le répéter, il n'y a rien encore qui mérite votre curiosité. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  14. Eh non, seigneur, ce sont de petites bagatelles dont le récit vous ennuierait, tendresse pour Arlequin, impatience de le rejoindre, nulle envie de vous connaître, désir violent de ne vous point voir, et force haine pour nous ; voilà l'abrégé de ses dispositions, vous voyez bien que cela n'est point réjouissant ; et franchement, si j'osais dire ma pensée, le meilleur serait de la remettre où on l'a prise. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  15. J'ai déjà dit la même chose au Prince, mais cela est inutile. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  16. Mon sentiment à moi est qu'il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette fille-là ; refuser ce qu'elle refuse, cela n'est point naturel, ce n'est point là une femme, voyez-vous, c'est quelque créature d'une espèce à nous inconnue. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  17. Et c'est ce prodige qui augmente encore l'amour que j'ai conçu pour elle ! (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  18. Eh, Seigneur, ne l'écoutez pas avec son prodige, cela est bon dans un conte de fée. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  19. Du côté de l'ambition, Silvia n'est point en prise, mais elle a un coeur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme. (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  20. Est-on allé chercher Arlequin ? (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  21. Silvia vous connaît déjà sans savoir que vous êtes le Prince, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  22. Il faudra mettre à profit l'ignorance où elle est de votre rang ; on l'a déjà prévenue que vous ne la verriez pas sitôt ; je me charge du reste, pourvu que vous vouliez bien agir comme je voudrai ! (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  23. Si vous m'acquérez le coeur de Silvia, il n'est rien que vous ne deviez attendre de ma reconnaissance. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  24. Il n'est pas besoin, la voilà qui entre ; adieu, je vais au-devant d'Arlequin ! (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  25. Je le sais bien ; mais qu'est-ce que cela fait ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  26. C'est le sentiment de bien des gens. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  27. C'est mon faible. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  28. Saurais-tu avec une adresse naïve et modeste inspirer un tendre penchant à quelqu'un, en lui témoignant d'en avoir pour lui, et le tout pour une bonne fin ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  29. Non, elle n'est pas nécessaire : il s'agit ici d'un homme simple, d'un villageois sans expérience, qui s'imagine que nous autres femmes d'ici sommes obligées d'être aussi modestes que les femmes de son village ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  30. la modestie de ces femmes-là n'est pas faite comme la nôtre ; nous avons des dispenses qui le scandaliseraient ; ainsi ne regrette plus tes mouches, et mets-en la valeur dans tes manières ; c'est de ces manières dont je te parle ; je te demande si tu sauras les avoir comme il faut ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  31. Il faut en effacer cela ; tu mets je ne sais quoi d'étourdi et de vif dans ton geste, quelquefois c'est du nonchalant, du tendre, du mignard ; tes yeux veulent être fripons, veulent attendrir, veulent frapper, font mille singeries ; ta tête est légère ; ton menton porte au vent ; tu cours après un air jeune, galant et dissipé ; parles-tu aux gens, leur réponds-tu ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  32. Toutes ces petites impertinences-là sont très jolies dans une fille du monde, il est décidé que ce sont des grâces, le coeur des hommes s'est tourné comme cela, voilà qui est fini : mais ici il faut, s'il te plaît, faire main basse sur tous ces agréments-là ; le petit homme en question ne les approuverait point, il n'a pas le goût si fort, lui. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  33. Tiens, c'est tout comme un homme qui n'aurait jamais bu que de belle eau bien claire, le vin ou l'eau-de-vie ne lui plairaient pas ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  34. C'est que je les examine, moi, voilà pourquoi ils deviennent ridicules : mais tu es en sûreté de la part des hommes. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  35. Rien : tu laisseras aller tes regards comme ils iraient si ta coquetterie les laissait en repos ; ta tête comme elle se tiendrait, si tu ne songeais pas à lui donner des airs évaporés ; et ta contenance tout comme elle est quand personne ne te regarde. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  36. Tiens, ce regard-là est-il bon ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  37. Tu n'es qu'une femme, est-ce que cela anime ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  38. C'est pour Arlequin, n'est-ce-pas ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  39. Tu n'es, non plus que moi, que la fille d'un domestique du Prince, et tu deviendras grande dame. (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  40. Voilà ma conscience en repos, et en ce cas-là, si je l'épouse, il n'est pas nécessaire que je l'aime. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  41. N'est-il pas vrai que voilà une belle maison ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  42. Que diantre, qu'est-ce que cette maison-là et moi avons affaire ensemble ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  43. Qu'est-ce que c'est que vous ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  44. Je suis un honnête homme, à présent votre domestique : je ne veux que vous servir, et nous n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  45. C'est un plus grand maître que vous qui vous a fait le mien. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  46. Qui est donc cet original-là, qui me donne des valets malgré moi ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  47. Est-ce que nous avons quelque chose à nous dire ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  48. Hélas, je vous demande pardon, voyez ce que c'est, je ne savais pas que j'avais à vous parler. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  49. Je sais où elle est ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  50. Vous savez où elle est, mon ami, mon valet, mon maître, mon tout ce qu'il vous plaira ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  51. Est-ce à droite, à gauche, ou tout devant moi ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  52. Mais il me la rendra, comme cela est juste ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  53. Il y a une petite difficulté : il en est devenu amoureux, et souhaiterait d'en être aimé à son tour. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  54. Son tour ne peut pas venir, c'est moi qu'elle aime. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  55. Est-ce qu'on veut me chicaner mon bon droit ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  56. Je ne sais point cela : cela m'est inutile. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  57. Vous avez raison : mais ne voyez-vous pas que si vous épousez Silvia, le Prince resterait malheureux ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  58. Il ne peut se résoudre à quitter Silvia, je vous dirai même qu'on lui a prédit l'aventure qui la lui a fait connaître, et qu'elle doit être sa femme ; il faut que cela arrive, cela est écrit là-haut. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  59. Eh bien, c'est ma mort qu'on a prédite ; ainsi c'est prédire rien qui vaille, et dans tout cela il n'y a que l'astrologue à pendre. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  60. C'est à cause de cela que je n'y perds rien. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  61. Ah, que cela est beau ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  62. il n'y a qu'une chose qui m'embarrasse ; qui est-ce qui habitera ma maison de ville, quand je serai à ma maison de campagne ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  63. Eh bien, innocent que vous êtes, si je n'ai pas ce secret-là, il est inutile d'avoir deux maisons. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  64. Cependant tout le monde est charmé d'avoir de grands appartements, nombre de domestiques... (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  65. Je conviens que vous ne serez point en danger de mettre ce domestique-là dehors : mais ne seriez-vous pas sensible au plaisir d'avoir un bon équipage, un bon carrosse, sans parler de l'agrément d'être meublé superbement ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  66. N'est-ce pas là de bonnes jambes ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  67. Ce que vous dites là serait plus de mon goût que tout le reste ; car je suis gourmand, je l'avoue : mais j'ai encore plus d'amour que de gourmandise. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  68. J'en suis fâché, mais il n'y a rien à faire ; le coeur de Silvia est un morceau encore plus friand que tout cela : voulez-vous me la montrer, ou ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  69. Vous l'entretiendrez, soyez-en sûr, mais il est encore un peu matin ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  70. Ce n'est pas la peine ; quand je suis seul, moi, je me fais compagnie. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  71. C'est donc vous, Monsieur, qui êtes l'amant de Mademoiselle Silvia ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  72. C'est une très jolie fille ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  73. C'est quelle n'aimera personne que moi. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  74. C'est qu'elle refuse un prince aimable. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  75. Non, mais enfin c'est un prince. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  76. En fait de fille, ce prince n'est pas plus avancé que moi ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  77. Vous me la baillez belle avec vos sujets et vos États ; si je n'ai pas de sujets, je n'ai charge de personne ; et si tout va bien, je m'en réjouis, si tout va mal, ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  78. Il est vrai que la vôtre m'a trompée, et voilà comme on a souvent tort de se prévenir en faveur de quelqu'un. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  79. Tenez, dans le fond, c'est dommage que vous soyez une si grande coquette. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  80. Point du tout : il n'y a point de mal à voir ce que les gens nous montrent ; ce n'est point moi qui ai tort de vous trouver coquette, c'est vous qui avez tort de l'être, Mademoiselle ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  81. Écoutez, si vous m'aimez tout de bon, retirez-vous vite, afin que cela s'en aille ; car je suis pris, et naturellement je ne veux pas qu'une fille me fasse l'amour la première, c'est moi qui veux commencer à le faire à la fille, cela est bien meilleur. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  82. Comment est-ce que les garçons à la cour peuvent souffrir ces manières-là dans leurs maîtresses ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  83. Qu'une femme est laide quand elle est coquette. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  84. Vous parlez de Silvia, c'est cela qui est aimable ; si je vous contais notre amour, vous tomberiez dans l'admiration de sa modestie. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  85. Allons, allons, c'est maintenant à moi à tenter l'aventure. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  86. c'est tout dire. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  87. Seigneur, vous pouvez en toute sûreté ordonner les apprêts de votre mariage, vous arranger pour cela ; je vous garantis aimé, je vous garantis marié, Silvia va vous donner son coeur, ensuite sa main ; je l'entends d'ici vous dire : Je vous aime ; je vois vos noces, elles se font ; Arlequin m'épouse, vous nous honorez de vos bienfaits, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  88. Tout est fini, rien n'est commencé. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  89. Je les ferai bien venir, ces apparences, j'ai de bons moyens pour cela ; je vais commencer par aller chercher Silvia, il est temps qu'elle voie Arlequin. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  90. Nous ne différons que du oui et du non, ce n'est qu'une bagatelle. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  91. Pour moi, j'ai résolu qu'ils se voient librement : sur la liste des mauvais tours que je veux jouer à leur amour, c'est ce tour-là que j'ai mis à la tête. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  92. C'est donc une marque d'honneur ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  93. Et dites-moi, ces gens-là qui me suivent, qui est-ce qui les suit, eux ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  94. Voilà une drôle de façon d'honorer un honnête homme, que de mettre une troupe de coquins après lui : c'est se moquer du monde ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  95. Mon ami, est-ce que je ne me suis pas bien expliqué ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  96. Quand je vous dis que nous ne méritons pas d'avoir des gens à notre suite, ce n'est pas que nous manquions d'honneur ; c'est qu'il n'y a que les personnes considérables, les seigneurs, les gens riches, qu'on honore de cette manière-là : s'il suffisait d'être honnête homme, moi qui vous parle, j'aurais après moi une armée de valets ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  97. Je le crois bien, c'était mon intention ; par bonheur ce n'est qu'un malentendu, et vous devez être bien aise d'avoir reçu innocemment les coups de bâton que je vous ai donnés. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  98. Je vois bien à présent que c'est qu'on fait ici tout l'honneur aux gens considérables, riches, et à celui qui n'est qu'honnête-homme, rien. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  99. C'est cela même ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  100. Sur ce pied-là ce n'est pas grand-chose que d'être honoré, puisque cela ne signifie pas qu'on soit honorable. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  101. Nous avons ordre de rester auprès de vous. (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  102. Mon cher Arlequin, c'est donc vous ! (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  103. Si quelqu'un m'entendait dire cela, je serais perdue : mais dans le fond du coeur je vous estime, et je vous plains ! (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  104. C'est que vous êtes un bon coeur. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  105. Est-ce une question à faire ? (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  106. Je l'ai vue au désespoir, je l'ai vue pleurer de votre absence ; elle m'a touchée moi-même, je mourais d'envie de vous voir ensemble ; vous voilà : adieu, mes amis, je m'en vais, car vous m'attendrissez ; vous me faites tristement ressouvenir d'un amant que j'avais, et qui est mort ; il avait de l'air d'Arlequin, et je ne l'oublierai jamais. (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  107. Allez, Mademoiselle, vous êtes une fille de bien ; je suis votre ami aussi, moi ; je suis fâché de la mort de votre amant, c'est bien dommage que vous soyez affligée, et nous aussi ! (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  108. Petit coeur, est-ce que je m'accoutumerais à être malheureux ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  109. Je ne veux point que vous m'oubliiez ; je ne veux point non plus que vous enduriez rien à cause de moi ; je ne sais point dire ce que je veux, je vous aime trop, c'est une pitié que mon embarras, tout me chagrine ! (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  110. si vous aviez un peu de compassion pour moi, est-ce que vous seriez si affligée ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  111. Silvia, je suis votre amant, vous êtes ma maîtresse, retenez-le bien, car cela est vrai, et tant que je serai en vie, cela ira toujours le même train, cela ne branlera pas, je mourrai de compagnie avec cela. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  112. À qui est-ce que je la porterais ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  113. Eh bien, n'est-ce pas assez ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  114. Il n'y a qu'à rester comme nous sommes, il n'y aura pas besoin de serments. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  115. C'est une bagatelle ; quand on a un peu pâti, le plaisir en semble meilleur. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  116. est-ce qu'il prend tout ce qu'il me dit ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  117. C'est comme du miel, ces paroles-là ! (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  118. Vous êtes libres de vous voir autant qu'il vous plaira, c'est moi qui vous en assure, vous savez bien que je ne voudrais pas vous tromper. (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  119. Notre amie, pendant qu'elle sera là, restez avec moi, pour empêcher que je ne m'ennuie ; il n'y a ici que votre compagnie que je puisse endurer ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  120. Seigneur Arlequin, le dîner est prêt ! (Acte 1, scène 13, TRIVELIN)
  121. La soupe est-elle bonne ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  122. Je crois qu'elle dînera avec sa mère ; vous êtes le maître pourtant : mais je vous conseille de les laisser ensemble, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  123. Je veux bien : mais mon appétit n'est pas encore ouvert. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  124. Le vin est au frais, et le rôt tout prêt. (Acte 1, scène 13, TRIVELIN)
  125. Ce rôt est donc friand ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  126. C'est du gibier qui a une mine... (Acte 1, scène 13, TRIVELIN)
  127. Allons donc ; quand la viande est froide, elle ne vaut rien. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  128. Mais où est Arlequin ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  129. C'est quelque chose d'épouvantable que ce pays-ci ! (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  130. Mais, leur dis-je, j'ai promis à Arlequin ; où est la fidélité, la probité, la bonne foi ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  131. Ils ne m'entendent pas ; ils ne savent ce que c'est que tout cela, c'est tout comme si je leur parlais grec ; ils me rient au nez, me disent que je fais l'enfant, qu'une grande fille doit avoir de la raison : Eh ! (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  132. cela n'est-il pas joli ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  133. Qu'est-ce que c'est que ces gens-là ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  134. N'est-ce pas mon devoir d'honnête fille ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  135. Et quand on ne fait pas son devoir, est-on heureuse ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  136. Par-dessus le marché, cette fidélité n'est-elle pas mon charme ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  137. Car c'est un abus que tout ce qu'il fait, tous ces concerts, ces comédies, ces grands repas qui ressemblent à des noces, ces bijoux qu'il m'envoie ; tout cela lui coûte un argent infini, c'est un abîme, il se ruine ; demandez-moi ce qu'il y gagne ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  138. Je n'en doute pas, voilà ce que c'est que l'amour ; j'ai aimé de même, et je me reconnais au petit peloton. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  139. Tenez, si j'avais eu à changer Arlequin contre un autre, ç'aurait été contre un officier du palais, qui m'a vue cinq ou six fois, et qui est d'aussi bonne façon qu'on puisse être : il y a bien à tirer si le Prince le vaut ; c'est dommage que je n'aie pu l'aimer dans le fond, et je le plains plus que le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  140. Eh bien, qu'il tâche de m'oublier, qu'il me renvoie, qu'il voie d'autres filles ; il y en a ici qui ont leur amant tout comme moi : mais cela ne les empêche pas d'aimer tout le monde, j'ai bien vu que cela ne leur coûte rien : mais pour moi, cela m'est impossible. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  141. Oh que si, il y en a de plus jolies que moi ; et quand elles seraient la moitié moins jolies, cela leur fait plus de profit qu'à moi d'être tout à fait belle : j'en vois ici de laides qui font si bien aller leur visage, qu'on y est trompé. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  142. Oui, mais le vôtre va tout seul, et cela est charmant. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  143. Bon, moi, je ne parais rien, je suis toute d'une pièce auprès d'elles, je demeure là, je ne vais ni ne viens ; au lieu qu'elles, elles sont d'une humeur joyeuse, elles ont des yeux qui caressent tout le monde, elles ont une mine hardie, une beauté libre qui ne se gêne point, qui est sans façon ; cela plaît davantage que non pas une honteuse comme moi, qui n'ose regarder les gens et qui est confuse qu'on la trouve belle. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  144. Voilà justement ce qui touche le Prince, voilà ce qu'il estime ; c'est cette ingénuité, cette beauté simple, ce sont ces grâces naturelles : Eh ! (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  145. Qu'est-ce donc qu'elles disent ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  146. Mais puisque je suis si peu agréable à leur compte, pourquoi donc est-ce que le Prince m'aime et qu'il les laisse là ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  147. Elles sont persuadées qu'il ne vous aimera pas longtemps, que c'est un caprice qui lui passera, et qu'il en rira tout le premier ! (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  148. Pardi, vous voyez bien ce qu'il en est, il ne tient qu'à moi de les confondre. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  149. Je crois que c'est cet officier dont je vous ai parlé, c'est lui-même. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  150. À l'égard de cette dame, je la remercie de la volonté qu'elle a de me faire une révérence, je ne mérite pas cela ; mais qu'elle me la fasse, puisque c'est son désir, je lui en rendrai une comme je pourrai, elle excusera si je la fais mal. (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  151. Ce n'est pas mon dessein ; j'avais la curiosité de voir cette petite fille qu'on aime tant, qui fait naître une si forte passion ; et je cherche ce qu'elle a de si aimable. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  152. On dit qu'elle est naïve, c'est un agrément campagnard qui doit la rendre amusante, priez-la de nous donner quelques traits de naïveté ; voyons son esprit. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  153. Eh non, Madame, ce n'est pas la peine, il n'est pas si plaisant que le vôtre ! (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  154. Et moi, je voudrais qu'il ne m'aimât pas, car j'ai du chagrin de ne pouvoir lui rendre le change ; encore si c'était un homme comme tant d'autres, à qui on dit ce qu'on veut ; mais il est trop agréable pour qu'on le maltraite, lui, et il a toujours été comme vous le voyez. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  155. Que puis-je faire pour mériter ce que vous venez de me dire, si ce n'est de vous aimer toujours ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  156. Aimez-moi, à la bonne heure, j'y aurai du plaisir, pourvu que vous promettiez de prendre votre mal en patience ; car je ne saurais mieux faire, en vérité : Arlequin est venu le premier, voilà tout ce qui vous nuit. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  157. Franchement, il a raison, Silvia, vous êtes charmante, et à sa place je serais tout comme il est. (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  158. Oui, ma chère Silvia, j'y cours ; à mon égard, de quelque façon que vous me traitiez, mon parti est pris, j'aurai du moins le plaisir de vous aimer toute ma vie. (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  159. Allez, Monsieur, hâtez-vous d'informer le Prince du mauvais procédé de la dame en question ; il faut que tout le monde sache ici le respect qui est dû à Silvia (Acte 2, scène 3, FLAMINIA)
  160. Tenez, l'étoffe est belle, elle m'ira bien ; mais je ne veux point de tous ces habits-là, car le Prince me veut en troc, et jamais nous ne finirons ce marché-là. (Acte 2, scène 4, SILVIA)
  161. C'est que mon valet Trivelin, que je ne paye point, m'a mené par toutes les chambres de la maison, où l'on trotte comme dans les rues ; où l'on jase comme dans notre halle, sans que le maître de la maison s'embarrasse de tous ces visages-là, et qui viennent chez lui sans lui donner le bonjour, qui vont le voir manger, sans qu'il leur dise : Voulez-vous boire un coup ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  162. Elle, qui m'a entendu, s'est retournée et m'a dit : Ne voyez-vous pas bien qu'il me porte la queue ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  163. Sur cela le polisson s'est mis à rire, la dame riait, Trivelin riait, tout le monde riait : par compagnie je me suis mis à rire aussi. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  164. D'une bagatelle : c'est que vous ne savez pas que ce que vous avez vu faire à ce laquais est un usage pour les dames. (Acte 2, scène 5, FLAMINIA)
  165. C'est donc encore un honneur ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  166. Pardi, j'ai donc bien fait d'en rire ; car cet honneur-là est bouffon et à bon marché. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  167. Mais à propos de Silvia, est-elle encore avec sa mère ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  168. S'il t'arrive de faire le rapporteur, et qu'à cause de toi on fasse seulement la moue à cette honnête fille-là, c'est deux oreilles que tu auras de moins : je te les garantis dans ma poche. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  169. Cela est terrible ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  170. Je ne suis point ingrate, il n'y a rien que je ne fisse pour vous rendre contents tous deux ; et d'ailleurs vous êtes si estimable, Arlequin, quand je vois qu'on vous chagrine, je souffre autant que vous. (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  171. Pardi, qui est-ce qui ne vous plaindrait pas ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  172. Qui est-ce qui ne s'intéresserait pas à vous ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  173. Si vous saviez combien il m'est cruel de n'avoir point de pouvoir ! (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  174. Non, je ne serai jamais témoin de votre contentement, voilà qui est fini ; Trivelin causera, l'on me séparera d'avec vous, et que sais-je, moi, où l'on m'emmènera ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  175. Et où est-ce que je prendrai du courage pour endurer tout cela ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  176. Ma mie, vous me gagnez le coeur ; conseillez-moi dans ma peine, avisons-nous, quelle est votre pensée ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  177. Il est fâcheux que j'aime Silvia, sans cela je vous donnerais de bon coeur la ressemblance de votre amant. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  178. Ce pays-ci n'est pas digne d'avoir cette fille-là ; si par quelque malheur Silvia venait à manquer, dans mon désespoir je crois que je me retirerais avec elle ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  179. N'est-ce point compromettre mes épaules ? (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  180. Ce ne sont point des compliments, mais des témoignages d'estime. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  181. Votre visage ne m'est point nouveau, Monsieur ; je vous ai vu quelque part à la chasse, où vous jouiez de la trompette ; je vous ai ôté mon chapeau en passant, et vous me devez ce coup de chapeau-là. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  182. Je compte sur votre bon coeur ; voici ce que c'est : j'ai eu le malheur de parler cavalièrement de vous devant le Prince. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  183. Oui ; mais le Prince s'est fâché contre moi. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  184. Voilà qui me plaît ; c'est un honnête homme ; s'il ne me retenait pas ma maîtresse, je serais fort content de lui. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  185. Cela est très raisonnable : de quoi vous plaignez-vous ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  186. Ce n'est pas là tout : Arlequin, m'a-t-il répondu, est un garçon d'honneur ; je veux qu'on l'honore, puisque je l'estime ; la franchise et la simplicité de son caractère sont des qualités que je voudrais que vous eussiez tous. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  187. Il s'est aussi fâché contre eux. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  188. Si vous n'y consentiez pas, ma fortune serait ruinée ; à présent qu'il ne m'est plus permis de voir le Prince, que ferais-je à la cour ? (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  189. Comment, être exilé, ce n'est donc point vous faire d'autre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  190. Vraiment non ; voilà ce que c'est. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  191. Est-il sûr qu'on est exilé quand on médit ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  192. Allons, voilà qui est fait, je m'en vais médire du premier venu, et j'avertirai Silvia et Flaminia d'en faire autant. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  193. Quoi qu'il en soit, épargnez-moi cette punition-là, je vous prie ; d'ailleurs, ce que j'ai dit de vous n'est pas grande chose. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  194. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  195. L'air d'un innocent, pour parler à la franquette ; mais qu'est-ce que cela fait ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  196. C'est se moquer, vous ne méritez pas d'être exilé, vous avez cette bonne fortune-là pour rien. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  197. N'importe, empêchez que je ne le sois ; un homme comme moi ne peut demeurer qu'à la cour : il n'est en considération, il n'est en état de pouvoir se venger de ses envieux qu'autant qu'il se rend agréable au Prince, et qu'il cultive l'amitié de ceux qui gouvernent les affaires. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  198. J'aimerais mieux cultiver un bon champ, cela rapporte toujours peu_ou_prou, et je me doute que l'amitié de ces gens-là n'est pas aisée à avoir ni à garder. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  199. Vous avez raison dans le fond : ils ont quelquefois des caprices fâcheux, mais on n'oserait s'en ressentir, on les ménage, on est souple avec eux, parce que c'est par leur moyen que vous vous vengez des autres. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  200. C'est justement recevoir des coups de bâton d'un côté, pour avoir le privilège d'en donner d'un autre ; voilà une drôle de vanité ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  201. Oui, c'est mon intime. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  202. Le Prince a beaucoup de bienveillance pour elle ; elle est la fille d'un de ses officiers ; et je me suis imaginé de lui faire sa fortune en la mariant à un petit-cousin que j'ai à la campagne, que je gouverne, et qui est riche. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  203. Oui, mais ce n'est pas là le chemin des miennes ; car je n'aime point qu'on épouse mes amies, moi, et vous n'imaginez rien qui vaille avec votre petit-cousin. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  204. Eh dame, puisqu'on ne nous gêne plus, j'aime autant être ici qu'ailleurs ; qu'est-ce que cela fait d'être là ou là ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  205. Aussi, de notre part, c'est queussi-queumi. (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  206. Prix pour prix, les gens qui nous aiment sont de meilleure compagnie que ceux qui ne se soucient pas de nous, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  207. Allez, allez, Arlequin ; à cette heure que nous nous voyons quand nous voulons, ce n'est pas la peine de nous ôter notre liberté à nous-mêmes ; ne vous gênez point ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  208. Ce n'est pas moi qui ai envie de plaire, telle que vous me voyez ; il me fâche assez d'être si jolie, et que vous ne soyez pas assez belle. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  209. Est-ce que vous n'avez plus de caquet quand il faut bien dire ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  210. Gardez donc le silence ; car quand vous vous lamenteriez jusqu'à demain, mon visage n'empirera pas : beau ou laid, il restera comme il est. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  211. Qu'est-ce que vous me voulez ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  212. Est-ce que vous ne m'avez pas assez querellée ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  213. Voilà qui est fini, je ne me moquerai plus de vous ; je sais bien que l'humilité n'accommode pas les glorieux, mais la rancune donne de la malice. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  214. J'avais cru m'apercevoir que le Prince avait quelque inclination pour moi, et je ne croyais pas en être indigne : mais je vois bien que ce n'est pas toujours aux agréments qu'on se rend ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  215. Vous verrez que c'est à la laideur et à la mauvaise façon, à cause qu'on se rend à moi. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  216. Eh bien oui, je suis jalouse, il est vrai ; mais puisque vous n'aimez pas le Prince, aidez-moi à le remettre dans les dispositions où j'ai cru qu'il était pour moi : il est sûr que je ne lui déplaisais pas, et je le guérirai de l'inclination qu'il a pour vous, si vous me laissez faire ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  217. Croyez-moi, vous ne le guérirez de rien ; mon avis est que cela vous passe. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  218. J'ai satisfait à ce qu'on exigeait de moi à votre égard, et je vous prie d'oublier tout ce qui s'est passé entre nous ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  219. J'ai, que je suis en colère ; cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon, et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m'a encore fâchée, m'a dit que c'était à ma laideur qu'on se rendait, qu'elle était plus agréable, plus adroite que moi, qu'elle ferait bien passer l'amour du Prince ; qu'elle allait travailler pour cela ; que je verrais, pati, pata ; que sais-je, moi, tout ce qu'elle mis en avant contre mon visage ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  220. Est-ce que je n'ai pas raison d'être piquée ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  221. Je ne manque pas de bonne volonté ; mais c'est Arlequin qui m'embarrasse. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  222. Vous me faites rêver à une chose, ne trouvez-vous pas qu'il est un peu négligent depuis que nous sommes ici, Arlequin ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  223. C'était le garçon le plus passable de nos cantons, il demeurait dans mon village, il était mon voisin, il est assez facétieux, je suis de bonne humeur, il me faisait quelquefois rire, il me suivait partout, il m'aimait, j'avais coutume de le voir, et de coutume en coutume je l'ai aimé aussi, faute de mieux : mais j'ai toujours bien vu qu'il était enclin au vin et à la gourmandise. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  224. D'un côté, Arlequin est un petit négligent qui ne songe ici qu'à manger ; d'un autre côté, si on me renvoie, ces glorieuses de femmes feront accroire partout qu'on m'aura dit : Va-t'en, tu n'es pas assez jolie. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  225. C'est un homme aimable. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  226. Si Arlequin se mariait à une autre fille que moi, à la bonne heure ; je serais en droit de lui dire : Tu m'as quittée, je te quitte, je prends ma revanche : mais il n'y a rien à faire ; qui est-ce qui voudrait d'Arlequin ici, rude et bourru comme il est ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  227. Il n'y a pas presse, entre nous : pour moi, j'ai toujours eu dessein de passer ma vie aux champs ; Arlequin est grossier, je ne l'aime point, mais je ne le hais pas ; et dans les sentiments où je suis, s'il voulait, je vous en débarrasserais volontiers pour vous faire plaisir. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  228. Mais mon plaisir, où est-il ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  229. Il n'est ni là, ni là ; je le cherche. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  230. C'est bien là le moyen de faire que je vous commande quelque chose ! (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  231. Qu'est-ce que cela avance ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  232. Vos discours me pénètrent, Silvia, vous êtes trop touchée de ma douleur ; ma tendresse, toute grande qu'elle est, ne vaut pas le chagrin que vous avez de ne pouvoir m'aimer. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  233. Restez-là, c'est ma volonté ; je la sais mieux que vous, peut-être. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  234. Qu'elle est aimable ! (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  235. Il est temps de dire qui je suis. (Acte 2, scène 12, LE PRINCE)
  236. Est-ce que je vous fâche ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  237. Ce n'est pas à cause de la principauté que je voudrais que vous fussiez prince, c'est seulement à cause de vous tout seul ; et si vous l'étiez, Arlequin ne saurait pas que je vous prendrais par amour ; voilà ma raison. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  238. Et quand vous le seriez, tenez, je ne pourrais me résoudre à être une infidèle, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  239. Il ne me dira pas un mot, c'est tout comme si j'étais partie ; mais quand je serai chez nous, vous y viendrez ; eh, que sait-on ce qui peut arriver ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  240. Flaminia, qu'elle est aimable ! (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  241. Elle l'est infiniment. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  242. Eh bien, Flaminia, ce plaisir-là, imaginez-vous qu'il n'est que fadeur, qu'il n'est qu'ennui, en comparaison du plaisir que m'ont donné les discours de Silvia, qui ne m'a pourtant point dit : Je vous aime. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  243. Cela est impossible : je suis ravi, je suis enchanté, je ne peux pas vous répéter cela autrement. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  244. Si vous saviez combien, dit-elle, elle est affligée de ne pouvoir m'aimer, parce que cela me rend malheureux et qu'elle doit être fidèle à Arlequin... (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  245. Non, je le dis encore, il n'y a que l'amour de Silvia qui soit véritablement de l'amour ; les autres femmes qui aiment ont l'esprit cultivé, elles ont une certaine éducation, un certain usage, et tout cela chez elles falsifie la nature ; ici c'est le coeur tout pur qui me parle ; comme ses sentiments viennent, il les montre ; sa naïveté en fait tout l'art, et sa pudeur toute la décence. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  246. Vous m'avouerez que cela est charmant. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  247. Tout ce qui la retient à présent, c'est qu'elle se fait un scrupule de m'aimer sans l'aveu d'Arlequin. (Acte 3, scène 1, LE PRINCE)
  248. Dans la première conversation, je l'instruirai de l'état de ses petites affaires avec moi, et ce penchant qui est incognito chez lui, et que je lui ferai sentir par un autre stratagème, la douceur avec laquelle vous lui parlerez, comme nous en sommes convenus, tout cela, je pense, va vous tirer d'inquiétude, et terminer mes travaux dont je sortirai, seigneur, victorieuse et vaincue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  249. C'est une petite bagatelle qui ne mérite pas de vous être dite ; c'est que j'ai pris du goût pour Arlequin, seulement pour me désennuyer dans le cours de notre intrigue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  250. Donnez-vous patience, mon domestique. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  251. Dites-moi, qui est-ce qui me nourrit ici ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  252. C'est le Prince. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  253. Je ris de votre idée, qui est plaisante. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  254. Oui ; j'ai dessein de lui faire un écrit pour le prier d'avertir le Prince que je m'ennuie, et lui demander quand il veut finir avec nous ; car mon père est tout seul. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  255. Mais, seigneur Arlequin, il n'est pas besoin de mêler Flaminia là-dedans. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  256. C'est donc un géant, ce secrétaire d'État ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  257. Cela est fâcheux, mon mignon ; mais en attendant qu'elle en soit informée, je vais toujours vous en faire quelques remerciements pour elle. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  258. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  259. Bonjour, ma mie ; c'est ce faquin qui dit qu'il vous aime depuis deux ans. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  260. Que c'est tant pis pour lui. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  261. Sans doute : mais est-ce que vous seriez fâché que l'on m'aimât ? (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  262. C'est bien fait, n'examinez jamais, Flaminia, cela sera ce que cela pourra ; au reste, croyez-moi, ne prenez point d'amant : j'ai une maîtresse, je la garde ; si je n'en avais point, je n'en chercherais pas. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  263. Le moyen, après tout ce que vous dites, de rester votre amie ? (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  264. Ne me le demandez pas, je n'en veux rien savoir ; ce qui est de sûr, c'est que dans le monde je n'aime rien plus que vous. (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  265. De grâce, ne vous ressouvenez plus de rien, et réconciliez-vous avec moi, en faveur du présent que je vous apporte de la part du Prince ; c'est de tous les présents le plus grand qu'on puisse vous faire. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  266. Est-ce Silvia que vous m'apportez ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  267. Non, le présent dont il s'agit est dans ma poche ; ce sont des lettres de noblesse dont le Prince vous gratifie comme parent de Silvia, car on dit que vous l'êtes un peu. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  268. Qu'est-ce que c'est donc ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  269. L'ambition, c'est un noble orgueil de s'élever. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  270. Un orgueil qui est noble ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  271. Par ma foi, sa signification ne vaut pas mieux que lui, c'est bonnet blanc, et blanc bonnet. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  272. Je n'en serais ni bien aise ni fâché ; c'est suivant la fantaisie qu'on a. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  273. Je vous remercie, et le Prince aussi ; car il est bien obligeant dans le fond. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  274. Et quand on ne s'en acquitte pas, est-on encore gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  275. Est-ce là tout ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  276. À l'égard du reste, comme je vous ai dit, ayez de la vertu, aimez l'honneur plus que la vie, et vous serez dans l'ordre. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  277. Premièrement, il est bon d'expliquer ce que c'est que cet honneur qu'on doit aimer plus que la vie. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  278. Malapeste, quel honneur ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  279. Vous approuverez ce que cela veut dire ; c'est qu'il faut se venger d'une injure, ou périr plutôt que de la souffrir. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  280. Tout ce que vous m'avez dit n'est donc qu'un coq-à-l'âne ; car si je suis obligé d'être généreux, il faut que je pardonne aux gens ; si je suis obligé d'être méchant, il faut que je les assomme. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  281. Je vous entends, il m'est défendu d'être meilleur que les autres ; et si je rends le bien pour le mal, je serai donc un homme sans honneur ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  282. La méchanceté n'est pas rare ; ce n'était pas la peine de la recommander tant. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  283. Que la tache y reste ; vous parlez du sang comme si c'était de l'eau de la rivière. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  284. Je vous rends votre paquet de noblesse, mon honneur n'est pas fait pour être noble, il est trop raisonnable pour cela. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  285. C'est celui-là qui est cause qu'on m'a pris Silvia ! (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  286. Vous voilà donc, Monsieur le babillard, qui allez dire partout que la maîtresse des gens est belle ; ce qui fait qu'on m'a escamoté la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  287. Parlez, il vous est libre : mais je n'ai pas ordre de vous écouter, moi. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  288. C'est ton prince lui-même qui te parle, et non pas un officier du palais, comme tu l'as cru jusqu'ici aussi bien que Silvia. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  289. Excusez, Monseigneur, c'est donc moi qui suis un sot d'avoir été un impertinent avec vous ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  290. Puisque vous n'avez pas de rancune contre moi, ne permettez que j'en aie contre vous ; je ne suis pas digne d'être fâché contre un prince, je suis trop petit pour cela : si vous m'affligez, je pleurerai de toute ma force, et puis c'est tout ; cela doit faire compassion à votre puissance, vous ne voudriez pas avoir une principauté pour le contentement de vous tout seul. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  291. Prenez que je suis pauvre, et que tout mon bien est un liard ; vous qui êtes riche de plus de mille écus, vous vous jetez sur ma pauvreté et vous m'arrachez mon liard ; cela n'est-il pas bien triste ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  292. Je te prive de Silvia, il est vrai : mais demande-moi ce que tu voudras, je t'offre tous les biens que tu pourras souhaiter, et laisse-moi cette seule personne que j'aime. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  293. Ne parlons point de ce marché-là, vous gagneriez trop sur moi ; disons en conscience : si un autre que vous me l'avait prise, est-ce que vous ne me la feriez pas remettre ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  294. Eh bien, personne ne me l'a prise que vous ; voyez la belle occasion de montrer que la justice est pour tout le monde. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  295. N'est-ce pas à moi à être son protecteur, puisque je suis son maître ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  296. Qui est-ce qui fera mon office de prince, si je ne le fais pas ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  297. Vous prenez cela pour argent comptant ; et puis vous avez beau être bon, vous avez beau être brave homme, c'est autant de perdu, cela ne vous fait point de profit ; sans ces gens-là, vous ne me chercheriez point chicane, vous ne diriez pas que je vous manque de respect parce que je vous représente mon bon droit : allez, vous êtes mon prince, et je vous aime bien ; mais je suis votre sujet, et cela mérite quelque chose. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  298. Arlequin, je t'ai causé du chagrin, mais celui que tu me laisses est plus cruel que le tien. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  299. Il est vrai que j'ai tort à ton égard ; je me reproche l'action que j'ai faite, c'est une injustice : mais tu n'en es que trop vengé. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  300. Non, il est juste que tu sois content ; tu souhaites que je te rende justice ; sois heureux aux dépens de tout mon repos. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  301. Adieu, Arlequin, je t'estime malgré tes refus. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  302. C'est qu'on m'a dit que vous aviez coutume d'être flatté ; moi, j'ai coutume de dire vrai, et une bonne coutume comme celle-là ne s'accorde pas avec une mauvaise ; jamais votre amitié ne sera assez forte pour endurer la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  303. Il ne me reste qu'une chose à te dire, Arlequin : souviens-toi que je t'aime ; c'est tout ce que je te recommande. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  304. Point du tout ; c'est la meilleure fille du monde, vous ne devez point lui vouloir de mal. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  305. Apparemment que mon coquin de valet aura médit de ma bonne amie ; par la mardi, il faut que j'aille voir où elle est. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  306. Est-ce que je quitterai Silvia là ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  307. J'ai un peu fait le nigaud avec le Prince, parce que je suis tendre à la peine d'autrui ; mais le Prince est tendre aussi lui, et il ne dira mot. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  308. Qu'est-ce que cela veut dire, adieu ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  309. Trivelin nous a trahis ; le Prince a su l'intelligence qui est entre nous ; il vient de m'ordonner de sortir d'ici, et m'a défendu de vous voir jamais. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  310. Ahi, qu'est-ce, ma mie ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  311. Ce n'est point de l'amitié que j'avais pour vous, Arlequin, je m'étais trompée. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  312. C'est donc de l'amour ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  313. Restez. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  314. C'est que mon amitié est aussi loin que la vôtre ; elle est partie : voilà que je vous aime, cela est décidé, et je n'y comprends rien. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  315. Il est vrai. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  316. Ensuite, puisque notre coeur s'est mécompté et que nous nous aimons par mégarde, nous prendrons patience et nous nous accommoderons à l'avenant ! (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  317. Vraiment oui ; est-ce ma faute, à moi ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  318. Je pars pour parler au Prince ; ne dites pas à Silvia que je vous aime, elle croirait que je suis dans mon tort, et vous savez que je suis innocent ; je ne ferai semblant de rien avec elle, je lui dirai que c'est pour sa fortune que je la laisse là. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  319. Qui est-ce qui aurait cru que j'y prendrais tant de plaisir ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  320. Je voulais me venger de ces femmes, vous savez bien, cela s'est passé. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  321. J'aimais Arlequin, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  322. Ce n'est pas un si grand malheur. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  323. Lorsque je l'ai aimé, c'était un amour qui m'était venu ; à cette heure que je ne l'aime plus, c'est un amour qui s'en est allé ; il est venu sans mon avis, il s'en retourne de même, je ne crois pas être blâmable. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  324. Il faut le penser tout à fait comme moi, parce que cela est : voilà de mes gens qui disent tantôt oui, tantôt non. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  325. Mais n'est-ce pas cet officier que vous aimez ? (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  326. Il mourrait de tristesse, et c'est encore pis. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  327. Diantre, il est donc bien facile de m'oublier, à ce compte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  328. Est-ce qu'il a fait quelque maîtresse ici ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  329. Votre amant vous cherche ; croyez-moi, finissez avec lui sans vous inquiéter du reste. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  330. Je sais que vous êtes résolue à me refuser votre coeur, et c'est là savoir ce que vous pensez. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  331. Comme on n'est pas le maître de son coeur, si vous aviez envie de m'aimer, vous seriez en droit de vous satisfaire ; voilà mon sentiment. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  332. C'est mon avis aussi ; j'ai décidé de même, et je crois que nous avons raison tous deux ; ainsi je vous aimerai, s'il me plaît, sans qu'il y ait le petit mot à dire. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  333. Vous m'empêchez de jurer : cela est joli ! (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  334. Est-ce que vous êtes le Prince ? (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  335. Notre union est donc assurée ! (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  336. Eh bien, Arlequin, je n'aurai donc pas la peine de vous le dire ; consolez-vous comme vous pourrez de vous-même ; le Prince vous parlera, j'ai le coeur tout entrepris : voyez, accommodez-vous, il n'y a plus de raison à moi, c'est la vérité. (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  337. Qu'est-ce que vous me diriez ? (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  338. Qu'est-ce que je vous répondrais ? (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  339. Flaminia, c'est à vous que je remets Arlequin ; je l'estime et je vais le combler de biens. (Acte 3, scène 10, LE-PRINCE)

LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE (1712)

  1. Cléandre, ce mignon, à vos yeux est charmant : v.3 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  2. Qu'elles sentent déjà ce que c'est que l'amour. v.7 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  3. Il a de très grands biens, il est près du village; v.13 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  4. Il est vrai que l'on dit qu'il n'est pas de votre âge : v.14 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  5. En est-elle moins bien pour avoir un barbon ? v.16 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  6. Nous verrons aujourd'hui ce que c'est que cet homme. v.21 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  7. C'est un colifichet qui voudrait nous surprendre, v.26 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  8. C'est faire votre bien que de vous résister, v.31 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  9. Tout autre que Cléandre à mes yeux est horrible. v.34 (Acte 1, scène 2, PHILINE)
  10. Il est vrai. v.35 (Acte 1, scène 2, TOINETTE)
  11. À nous unir tous deux est-il toujours contraire ? v.38 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  12. Je l'avouerai, le compliment est doux. v.40 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  13. Et ce choix à mon coeur est un cruel supplice. v.50 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  14. Si de ces trois partis mon père est entêté ? v.52 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  15. Il est des moyens sûrs, et quand on aime bien... v.55 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  16. Si mon amour m'est cher, ma vertu m'est plus chère. v.57 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  17. Votre injuste froideur est enfin découverte. v.62 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  18. C'en est fait, je vous laisse à votre indifférence ; v.69 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  19. Et si vous m'accablez d'un si cruel destin, v.71 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  20. Finissons là-dessus ; quand on est sans tendresse v.77 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  21. Mon crime est d'avoir eu le coeur trop enflammé ; v.83 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  22. Rien ne vous attendrit : quel coeur ! Qu'il est barbare ! v.89 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  23. Vous savez qu'il n'est pas fort prudent de l'attendre ; v.98 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  24. C'est, il faut l'avouer, un destin bien fatal ; v.107 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  25. Mais en revanche, aussi, c'est un destin banal. v.108 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  26. C'est un fort bon moyen que de verser des larmes ! v.114 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  27. Qu'il est beau de pleurer, quand on est amoureux ! v.120 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  28. De mon père tu sais quelle est l'intention. v.135 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  29. L'autre est un chevalier, l'autre homme de finance ; v.137 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  30. En fait de tours d'esprit, la femelle est plus vive. v.146 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  31. Oui, quoique le destin vous livre ici la guerre, v.153 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  32. Si Crispin est pour vous... v.154 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  33. Ha ! Votre enthousiasme est enfin achevé. v.160 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  34. Sans compliment : c'est dans cette journée, v.167 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  35. De La Boursinière, est rival d'importance. v.176 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  36. Chez les vieilles beautés est leur bureau d'adresse. v.179 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  37. Tout doit vous réussir, cet oracle est certain. v.190 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  38. Mais depuis qu'à vos pas m'attache le destin, v.202 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  39. C'est le futur, soit dit sans taxer votre gloire, v.204 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  40. C'est là, monsieur Ariste : v.211 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  41. C'est que ce Démocrite avertit celui-ci v.218 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  42. Est-ce Ariste ? v.223 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  43. C'est moi. v.223 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  44. Oh ! bian, pisque c'est vous, souffrez donc sans mystère v.228 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  45. Je ne sais pas au vrai si la fille est bian sage ; v.236 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  46. Vous en pourrez juger, elle est très vertueuse. v.239 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  47. Biau-père, dites-moi, n'est-elle pas rêveuse ? v.240 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  48. C'est, je l'ose assurer, mon souhait le plus doux ; v.242 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  49. C'est qu'en ville autrefois sa fortune était faite. v.244 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  50. Le fait est seulement que, lassé du fracas, v.257 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  51. Biau-père, c'est l'enfant dont vous voulez parler ? v.262 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  52. Il est vrai, c'est ma fille ; et je vais l'appeler. v.263 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  53. Morgué, qu'elle est gentille ! v.264 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  54. Et cet homme est Ariste. Approchez-vous de nous, v.266 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  55. Madame a des appas dont on est si charmé, v.269 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  56. Est-il vrai, trouvez-vous que je sois bien aimable ? v.271 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  57. Il est tout interdit. v.279 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  58. Son humeur est contraire à la mélancolie. v.304 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  59. La peste les étouffe. v.311 (Acte 1, scène 6, MAITRE JACQUES)
  60. Mon humeur est mutine : v.311 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  61. Il est congédié. v.315 (Acte 1, scène 7, CRISPIN)
  62. Est-il vrai, sieur Crispin ? Ah ! vous vous ravalez. v.317 (Acte 1, scène 7, TOINETTE)
  63. C'est trop se prodiguer. v.319 (Acte 1, scène 7, TOINETTE)
  64. Puisque c'est aujourd'hui v.329 (Acte 1, scène 8, DÉMOCRITE)
  65. L'on prépare un régal : ma fille est prévenue... v.331 (Acte 1, scène 8, D?MOCRITE)
  66. Mais, pour être sa femme, il est un peu trop vieux. v.333 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  67. La raison, à son âge, est, ma foi, bagatelle, v.335 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  68. Et la raison n'est pas le charme d'une belle. v.336 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  69. C'en est fait, taisez-vous, je lui laisse le choix : v.341 (Acte 1, scène 8, DÉMOCRITE)
  70. Parbleu, c'est bien à vous à taxer ma prudence ! v.344 (Acte 1, scène 8, DÉMOCRITE)
  71. En effet, est-il rien de plus avantageux ? v.345 (Acte 1, scène 9, DÉMOCRITE)
  72. Mais vider des procès, c'est une mer à boire. v.351 (Acte 1, scène 9, D?MOCRITE)
  73. C'est ici. v.352 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  74. C'est moi seul, enfin, que j'en veux croire. v.352 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  75. Le seigneur Démocrite est-il pas logé là ? v.353 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  76. La rencontre est heureuse, et ma joie est extrême, v.355 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  77. Philine est le sujet qui m'amène vers vous : v.357 (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  78. Ah ! je comprends, Monsieur, et la chose est fort claire ; v.360 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  79. Elle est chez un parent, même assez loin d'ici. v.369 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  80. Vous pouvez ordonner, et c'est me faire injure v.372 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  81. Il est bon de choisir ; j'en dois voir encor deux, v.377 (Acte 1, scène 11, DÉMOCRITE)
  82. Mais c'est moi qui le suis. v.389 (Acte 1, scène 12, DÉMOCRITE)
  83. Car le doute est fondé dessus l'expérience. v.396 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  84. Ma fille, c'est Ariste. v.403 (Acte 1, scène 13, DÉMOCRITE)
  85. Tantôt c'est au grenier, pour descendre du foin ; v.410 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  86. Je pense qu'ici-bas mon pareil n'est pas né. v.438 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  87. Il est vrai que de soi c'est un peu trop penser ; v.446 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  88. Un peu de vanité n'est pas un si grand vice. v.448 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  89. Ce n'est pourtant pas tout : reste deux, et partant v.449 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  90. Il faut les écarter ; le cas est important. v.450 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  91. Aucun d'eux n'est venu pour lui rendre visite. v.452 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  92. Mais, est-ce toi, Crispin ? v.465 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  93. C'est votre serviteur. v.465 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  94. À présent, c'en est fait, je ne veux plus le voir, v.489 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  95. À vrai dire, n'est pas de si grande importance. v.500 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  96. Il est bon de le voir et de me rétracter. v.502 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  97. Est-il là ? je venais pour lui rendre visite. v.504 (Acte 1, scène 17, LE FINANCIER)
  98. Le seigneur Démocrite est-il en sa maison ? v.506 (Acte 1, scène 17, LE FINANCIER)
  99. C'est bien en vain que j'ai fait sentinelle. v.508 (Acte 1, scène 17, TOINETTE)
  100. Non, non, il n'est plus temps de vouloir le celer. v.529 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  101. Je vois trop ce que c'est, et vous pouvez parler. v.530 (Acte 1, scène 18, D?MOCRITE)
  102. Il s'est dit de chez vous. v.534 (Acte 1, scène 18, LE FINANCIER)
  103. Il ment, c'est un coquin. v.534 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  104. Au reste, je vous prie, v.539 (Acte 1, scène 18, LE FINANCIER)
  105. N'est pas des plus aisés, et veut bien du mystère. v.544 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  106. C'est moi. v.549 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  107. Est à votre service. v.550 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  108. M'est inconnu ; qu'importe ?... On dirait qu'il se fâche. v.552 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  109. Est-on Turc avec ceux que l'on ne connaît pas ? v.553 (Acte 1, scène 19, D?MOCRITE)
  110. Il est, je l'avouerai, de ridicules hommes. v.556 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  111. Mon amitié pourtant n'est pas indifférente. v.560 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  112. Comment va notre enfant ? Elle est belle, ma foi ; v.562 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  113. Elle est riche, papa : mais vous n'en dites rien ; v.566 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  114. Démocrite, entre nous, point tant de modestie. v.571 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  115. C'est qu'il a peur de perdre. v.583 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  116. Quelle est donc cette énigme ? v.587 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  117. Voyez-vous cet habit ? Il est beau, somptueux ; v.593 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  118. Fi ! C'est un guenillon que je porte en campagne : v.595 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  119. Voulez-vous voir mon train ? Il est fort près d'ici. v.597 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  120. Ma livrée est magnifique aussi. v.598 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  121. Après cela, mourez pour nous laisser le reste. v.603 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  122. Dites, en vérité, puis-je être plus modeste ? v.604 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  123. Je ne puis démêler si c'est la fourberie, v.607 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  124. Ou si ce n'est enfin que pure frénésie v.608 (Acte 1, scène 19, D?MOCRITE)
  125. N'est-ce pas vous, Monsieur, qu'on nomme Démocrite ? v.615 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  126. Hélas ! par les sanglots ma voix est arrêtée : v.628 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  127. Mais enfin, il est temps d'avouer mon malheur. v.629 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  128. Quoi ! c'est celui qui veut entrer dans ma famille ? v.644 (Acte 1, scène 21, DÉMOCRITE)
  129. Cette action est noire. v.646 (Acte 1, scène 21, DÉMOCRITE)
  130. Hélas ! c'est un fripon. v.646 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  131. Ah ! c'est un furieux. v.651 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  132. Votre fille est fort riche, elle est jeune, elle est belle ; v.660 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  133. Cet homme est de chez vous, c'est vous en dire assez. v.666 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  134. C'est un nommé Crispin, insigne en fourberie ; v.668 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  135. Je n'en sais que le nom, il n'est point de chez moi. v.669 (Acte 1, scène 22, D?MOCRITE)
  136. Quel est donc ce mystère ? v.672 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  137. C'est du ciel s'attirer la malédiction. v.674 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  138. Est ici cas pendable et qui coûte la vie ? v.676 (Acte 1, scène 22, D?MOCRITE)
  139. C'est votre femme. v.679 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  140. Mais je crois la connaître. Ah parbleu ! c'est Crispin, v.681 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  141. Ma peine est inutile, v.687 (Acte 1, scène 23, LE FINANCIER)
  142. Eh ! c'est Crispin, je crois. v.690 (Acte 1, scène 23, LE FINANCIER)
  143. C'est lui-même. v.691 (Acte 1, scène 23, DÉMOCRITE)
  144. Il s'est dit financier, et prenait votre nom. v.694 (Acte 1, scène 23, DÉMOCRITE)
  145. Mais à mon crime, hélas ! mon regret est égal. v.698 (Acte 1, scène 23, CRISPIN)
  146. Démocrite, Messieurs, est-il connu de vous ? v.701 (Acte 1, scène 24, ARISTE)
  147. C'est que j'en savons un qui s'est moqué de nous. v.702 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  148. Mais cela ne se peut, ma surprise est extrême. v.704 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  149. C'est cependant mon nom. v.705 (Acte 1, scène 24, ARISTE)
  150. Montrant ce Démocrite. "Hé bon ! ce n'est pas li", v.717 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  151. La chose est comme il dit. v.723 (Acte 1, scène 24, ARISTE)
  152. C'est encor ton ouvrage, v.723 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  153. Il est vrai. v.724 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  154. Quel est donc ce visage ? v.724 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  155. C'est notre homme ! v.725 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  156. C'est lui, mais le fourbe a plus fait, v.725 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  157. Il aime votre fille, il en est fort aimé. v.741 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  158. De tout ce qui s'est fait, enfin, je suis l'auteur ; v.745 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  159. De mon destin, Monsieur, je viens vous rendre maître ; v.756 (Acte 1, scène 25, CLÉANDRE)
  160. Je me suis, il est vrai, servi de stratagème ; v.759 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  161. Mon procès est gagné, j'adore votre fille : v.764 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  162. Mon père, faites-moi grâce, et mon coeur est tout prêt v.769 (Acte 1, scène 25, PHILINE)
  163. C'en est fait, et mon coeur cesse d'être inflexible. v.772 (Acte 1, scène 25, DÉMOCRITE)
  164. Ces messieurs resteront pour la cérémonie. v.775 (Acte 1, scène 25, D?MOCRITE)
  165. Soyez contents tous deux, votre peine est finie. v.776 (Acte 1, scène 25, D?MOCRITE)
  166. Quelle est donc ta folie ? v.783 (Acte 1, scène 25, TOINETTE)

LES ACTEURS DE BONNE FOI (1757)

  1. Allons, il en faut convenir, c'est la meilleure de toutes les tantes du monde, et vous avez raison ; il n'y aurait pas plus de profit à l'avoir pour mère. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  2. Mais, dis-moi, cette comédie dont tu nous régales, est-elle divertissante ? (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  3. Non, il n'est pas de mon ressort ; les génies comme le mien ne connaissent pas le médiocre ; tout ce qu'ils font est charmant ou détestable ; j'excelle ou je tombe, il n'y a jamais de milieu. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  4. Tout ce que vous y trouverez de beau est de moi. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  5. Lisette, qui est des nôtres, a sans doute gardé le secret. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  6. Dis-moi donc ce que c'est. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  7. J'oublie encore à vous dire une finesse de ma pièce ; c'est que Colette qui doit faire mon amoureuse, et moi qui dois faire son amant, nous sommes convenus tous deux de voir un peu la mine que feront Lisette et Blaise à toutes les tendresses naïves que nous prétendons nous dire ; et le tout, pour éprouver s'ils n'en seront pas un peu alarmés et jaloux ; car vous savez que Blaise doit épouser Colette, et que l'amour nous destine, Lisette et moi, l'un à l'autre. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  8. Ce que j'aime de ta comédie, c'est que nous nous la donnerons à nous-mêmes ; car je pense que nous allons tenir de jolis propos. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. De très jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres : toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle ; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  10. Un joli homme est inconstant, une coquette n'est pas fidèle : Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  11. Blaise est un sot qui en pleure, tu es une diablesse qui t'en mets en fureur ; et voilà ma pièce. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  12. Courage, friponne ; vous y êtes, c'est dans ce goût-là qu'il faut jouer votre rôle. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  13. C'est à nous deux à commencer, je crois. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. C'est que je me promène. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  15. Et votre façon, en vous promenant, est-elle de ne pas regarder les gens qui vous abordent ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  16. C'est que je suis distrait dans mes promenades. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  17. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  18. Cette question-là nous présage une querelle. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  19. Oui, mais est-ce du jeu de me dire des injures en mon absence ? (Acte 1, scène 3, COLETTE)
  20. Sans doute, ne voyez-pas bien que c'est une fille jalouse qui vous méprise ? (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  21. Non, non, gardons le coup de poing pour la représentation, et supposons qu'il est donné ; ce serait un double emploi, qui est inutile. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  22. Bonjour, ma belle enfant : je suis bien sûr que ce n'est pas moi que vous cherchez. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  23. Ça est bien obligeant. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  24. Doucement, Colette ; il n'est pas décent de vous déclarer si vite. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  25. C'est qu'elle ne sait pas mieux faire. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  26. Il est vrai, m'amie, que vous êtes plaisante de vouloir que nous nous en allions. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  27. Est-ce que tu en sens de l'amour ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  28. Il faut bien, pisque c'est mon devoir. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  29. Ce n'est pas qu'elle m'aime tout de bon ; elle veut dire seulement qu'elle doit faire semblant de m'aimer ; n'est-ce pas, Colette ? (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  30. Est-ce que vous m'aimez, Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  31. C'est que si vous m'aimez, dame !... (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  32. C'est que, si vous m'aimez, c'est bian fait ; car il n'y a rian de pardu. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  33. Oui, mais il n'est pas nécessaire qu'il les baise. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  34. Ce n'est que des mains, au bout du compte. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  35. Ne faut pas magnier non plus ; n'est-ce pas, Mademoiselle Lisette ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  36. C'est le mieux. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  37. Vraiment ça me fâche assez ; car ce n'est pas moi qui le prends ; c'est mon père et ma mère qui me le baillent. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  38. Tais-toi donc, tout ceci est de la scène, tu le sais bien. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  39. C'est que je vais gager que ça est vrai. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  40. Non, il ne me revient point ; et si je pouvais, par queuque manigance, m'empêcher de l'avoir pour mon homme, je serais bientôt quitte de li ; car il est si sot ! (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  41. C'est la vérité qu'alle me l'a dit. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  42. Tu n'y seras pas, il est vrai ; mais tu es actuellement devant ses yeux, et par méprise elle se règle là-dessus. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  43. À toi, à présent, Blaise ; c'est toi qui entres ici, et qui viens nous interrompre ; retire-toi à quatre pas, pour feindre que tu arrives ; moi, qui t'aperçois venir, je dis à Colette : « Voici Blaise qui arrive, ma chère Colette ; remettons l'entretien à une autre fois. » (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  44. C'est, à cette heure, à moi à qui tu as affaire. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  45. Est-ce comme cela qu'on commence une scène ? (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  46. Sans vous interrompre, ça est remis de mardi en quinze, et d'ici à ce temps-là, je varrons venir. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  47. N'importe ; cette erreur-là n'est ici d'aucune conséquence. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  48. Qui est-ce qui t'a dit, Blaise, que j'aime Colette ? (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  49. C'est vous qui le disiais tout à l'heure. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  50. C'est donc Mademoiselle Lisette qui me l'a appris, et qui vous donne aussi biaucoup de blâme de cette affaire-là ? (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  51. Continuez ; continuez ; dans la représentation il ne les verra pas, et cela le corrigera ; quand un homme perd sa maîtresse, il lui est permis d'être distrait, Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  52. Cette comédie-là n'est faite que pour nous planter là, Mademoiselle Lisette. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  53. Ce n'est pas comme ça qu'on en use avec un fiancé de la semaine qui vient. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  54. Oui, je lui plais ; je nous plaisons tous deux ; il est garçon, je sis fille ; il est à marier, moi itou ; il voulait de Mademoiselle Lisette, il n'en veut pus ; il la quitte, je te quitte ; il me prend, je le prends. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  55. Quant à ce qui est de vous autres, il n'y a que patience à prendre. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  56. C'est bian dit ; je nous querellerons après, c'est la même chose. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  57. Cette jalouse, comme elle est malapprise ! (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  58. Je nous varrons tantôt, Monsieur Merlin, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  59. Qu'est-ce que c'est donc que le bruit que j'entends ? (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  60. Rien, c'est Blaise et Colette qui sortent d'ici avec Lisette, Madame. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  61. Est-ce qu'ils avaient querelle ensemble ? (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  62. Je veux savoir ce que c'est. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  63. C'est qu'il s'agissait d'un petit dessein que... (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  64. Monsieur vous dira ce que c'est. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  65. Madame, il est question d'une bagatelle que vous saurez tantôt. (Acte 1, scène 6, ÉRASTE)
  66. Puisqu'il faut vous le dire, c'est une petite pièce dont il est question. (Acte 1, scène 6, ÉRASTE)
  67. C'est, Madame, une comédie, et nous vous ménagions le plaisir de la surprise. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  68. On ne s'y bat pas, Madame ; la bataille que vous avez entendue n'était qu'un entracte ; mes acteurs se sont brouillés dans l'intervalle de l'action ; c'est la discorde qui est entrée dans la troupe ; il n'y a rien là que de fort ordinaire. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  69. C'est la chose du monde la plus innocente, Madame, et d'ailleurs Madame Amelin se faisait une joie de la voir exécuter. (Acte 1, scène 6, ÉRASTE)
  70. C'est elle qui nous paye pour la mettre en état ; et moi, qui vous parle, j'ai déjà reçu des arrhes ; ma marchandise est vendue, il faut que je la livre ; et vous ne sauriez, en conscience, rompre un marché conclu, Madame. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  71. Il faudrait que je restituasse, et j'ai pris des arrangements qui ne me le permettent plus. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  72. Sans compter douze sous qu'il m'en coûte pour un moucheur de chandelles que j'ai arrêté ; trois bouteilles de vin que j'ai avancées aux ménétriers du village pour former mon orchestre ; quatre que j'ai donné parole de boire avec eux immédiatement après la représentation ; une demi-main de papier que j'ai barbouillée pour mettre mon canevas bien au net... (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  73. C'est moi à qui l'idée en est venue. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  74. Je l'ai appris par le bruit qu'on faisait dans cette salle ; mais j'ai une grâce à vous demander, Madame ; c'est que vous ayez la bonté d'abandonner le projet, à cause de moi, dont l'âge et le caractère... (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  75. Voilà qui est fini, Madame ; ne vous alarmez point ; c'en est fait, il n'en est plus question. (Acte 1, scène 7, MADAME-AMELIN)
  76. Madame Amelin n'est pas contente, ma mère. (Acte 1, scène 7, ANGELIQUE)
  77. Où en est notre comédie ? (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  78. Tout ce qui arrivera de ceci, c'est qu'au lieu de la lui donner, il faudra qu'elle me la donne, et qu'elle la joue, qui pis est, et je vous prie de m'y aider. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  79. Votre neveu est, en effet, un si grand parti pour elle... (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  80. Car ils ne sauront pas que je me divertis, non plus que le reste des acteurs. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  81. Vous m'avez fait confidence de votre inclination pour mon neveu, tout est dit. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  82. Vous n'avez qu'à vous conformer à ce que je vais faire : voici mon neveu, et c'est ici la première scène, êtes-vous prête ? (Acte 1, scène 8, MADAME AMELIN)
  83. Ce que tout le monde en pense ; que Madame est fort aimable. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  84. La réponse est flatteuse. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  85. Elle est toute simple. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  86. C'est que je trouve à propos de vous marier avec elle. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  87. C'est pourtant elle qui me le propose. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  88. C'est d'étonnement et de joie, n'est-ce pas, mon neveu ? (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  89. Vous méritez un coeur tout entier, Madame ; et vous savez que j'adore Angélique, qu'il m'est impossible d'aimer ailleurs. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  90. Vous m'aimerez, vous dis-je ; on m'a promis votre coeur, et je prétends qu'on me le tienne ; je crois que d'en donner deux cent mille écus, c'est le payer tout ce qu'il vaut, et qu'il y en a peu de ce prix-là. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  91. Angélique l'estimerait davantage. (Acte 1, scène 9, ÉRASTE)
  92. Qu'elle l'estime ce qu'elle voudra, j'ai garanti que Madame l'aurait ; il faut qu'elle l'ait, et que vous dégagiez ma parole. (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  93. Que lui est-il donc arrivé ? (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  94. Rien que de fort heureux, quand il sera raisonnable ; au reste, Madame, j'allais vous informer que nous sommes sur notre départ, Araminte, mon neveu et moi. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  95. Est-ce que vous y allez, Madame ? (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  96. Je pense que le mieux est de le laisser là ; le dégoût que vous avez marqué pour ce petit divertissement, qui me flattait, m'a fait faire quelques réflexions. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  97. Qu'on la joue, Madame ; qu'à cela ne tienne ; et si ce n'est pas assez, qu'on y joigne l'opéra, la foire, les marionnettes, et tout ce qu'il vous plaira, jusqu'aux parades. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  98. Est-ce là tout ce que vous répondez ? (Acte 1, scène 10, ANGELIQUE)
  99. Y songez-vous, mon neveu, de parler d'amour à une autre, en présence de Madame que je vous destine ? (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  100. Mais en vérité, tout ceci n'est qu'un rêve. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  101. On dit que la pièce est un impromptu ; je veux y jouer moi-même ; qu'on tâche de m'y ménager un rôle ; jouons-y tous, et vous aussi, ma fille. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  102. Laissons-les, ma mère ; voilà tout ce qu'il nous reste. (Acte 1, scène 10, ANGELIQUE)
  103. Vous joueriez à merveille, Madame, et votre vivacité en est une preuve ; mais je ferais scrupule d'abaisser votre gravité jusque-là. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  104. C'est Merlin qui est l'auteur de la pièce ; je le vois qui passe ; je vais la lui recommander moi-même. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  105. La comédie que vous nous destinez est-elle bientôt prête ? (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  106. En vérité, cela est inutile. (Acte 1, scène 11, MADAME-AMELIN)
  107. Tu te plaignais de ce que j'aime Colette ; et c'est, dis-tu, Lisette qui te l'a appris ? (Acte 1, scène 12, MERLIN)
  108. Qu'est-ce que vous voulez que je dise davantage ? (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  109. Et moi, je lui défends de vous en empêcher : je vous sers de mère ici, c'est moi qui suis la vôtre. (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  110. Et au par-dessus, on se raille de ma parsonne dans ce peste de jeu-là, noute maîtresse ; Colette y fait semblant d'avoir le coeur tendre pour Monsieur Merlin, Monsieur Merlin de li céder le sien ; et maugré la comédie, tout ça est vrai, noute maîtresse ; car ils font semblant de faire semblant, rien que pour nous en revendre, et ils ont tous deux la malice de s'aimer tout de bon en dépit de Lisette qui n'en tâtera que d'une dent, et en dépit de moi qui sis pourtant retenu pour gendre de mon biau-père. (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  111. Qu'est-ce que cela signifie, petite fille ? (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  112. Morguié, est-ce que ça n'est pas vrai ? (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  113. Elle est si jolie, que je n'ai pu m'en empêcher. (Acte 1, scène 12, MERLIN)
  114. Qu'est-ce que cela te fait, dès que ce n'est qu'une comédie ? (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  115. Madame, laissez-là ce pauvre garçon : vous voyez bien que le dialogue n'est pas son fort. (Acte 1, scène 12, MADAME-AMELIN)
  116. Il braira tant qu'on voudra ; mais c'est là tout. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  117. Quand on achèverait cette scène-ci, vous n'avez pas l'autre ; car c'est moi qui dois la jouer, et je n'en ferai rien. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  118. Et pour qui est-il donc, Madame ? (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  119. C'est celui d'Éraste et le mien. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  120. Il m'a paru que je ne pouvais marier mon neveu, chez vous, sans vous faire cette honnêteté-là, Madame, et je ne quitterai point que vous n'ayez signé, qui pis est ; car vous signerez. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  121. Vous resterez, s'il vous plaît ; le contrat ne saurait se passer de vous. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  122. Au reste, suivant toute apparence, ce contrat est à présent inutile, et n'est plus conforme à vos intentions, puisque c'est celui qu'on a dressé hier, et qu'il est au nom de Monsieur Éraste et de Mademoiselle Angélique. (Acte 1, scène 13, LE-NOTAIRE)
  123. Est-il vrai ? (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  124. Sur ce pied-là, ce n'est pas la peine de le refaire ; il faut le signer comme il est. (Acte 1, scène 13, MADAME AMELIN)
  125. Vous ne m'aimerez jamais tant que vous m'avez haïe ; mais mes quarante ans me restent sur le coeur ; je n'en ai pourtant que trente-neuf et demi. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  126. Blaise, la tienne est de bon acabit ; j'en suis bien contente. (Acte 1, scène 13, COLETTE)

ANNIBAL (1727)

  1. Sais-tu quel est celui que Rome nous envoie ! v.5 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  2. Ô Rome ! Que ton choix à mon coeur est fatal ! v.8 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  3. L'élevait au-dessus du reste des humains : v.15 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  4. Mais du destin sans doute un injuste caprice v.29 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  5. Il est permis de prendre un peu de confiance, v.50 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  6. Que ferai-je, dis-moi, si ce retour funeste v.69 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  7. D'un malheureux amour trouve en moi quelque reste ! v.70 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  8. Et je suis destinée à vivre sous sa loi. v.76 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  9. Sans amour, il est vrai, j'allais être asservie ; v.77 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  10. C'est un secret qu'il faut renfermer dans son coeur, v.91 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  11. Son pouvoir est peu sûr tant qu'il respire un homme v.101 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  12. Est de n'oublier rien pour m'éloigner du roi. v.108 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  13. Vous possédez du roi l'estime et la tendresse : v.114 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  14. C'est soi-même souvent l'avoir peu généreuse. v.118 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  15. Annibal, destiné pour être votre époux, v.119 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  16. Et votre coeur, enfin, est assez grand pour croire v.121 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  17. Qu'il est de son devoir d'avoir soin de ma gloire. v.122 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  18. M'associe aux hasards de votre destinée. v.126 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  19. Le triomphe n'est pas plus beau que mon malheur. v.140 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  20. Mais il n'est pas moins sûr, et j'y suis destinée. v.174 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  21. Est l'ouvrage insolent de son autorité ; v.192 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  22. Mais donner au Sénat quelque marque d'estime, v.213 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  23. Quoi ! Seigneur, votre rang n'est pas sacrifié, v.219 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  24. C'est montrer votre estime, en produire des marques v.221 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  25. Voyez-vous le Sénat ! Et qu'est-ce donc qu'un roi ! v.224 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  26. L'âme aujourd'hui des rois est-elle donc saisie ! v.226 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  27. Et quel est donc enfin le charme ou le poison v.227 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  28. Ô rois ! Et ce respect, vous l'appelez estime ! v.233 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  29. Vous régnez, et ce n'est qu'un agent qui s'avance. v.237 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  30. Sans vous embarrasser s'il est Scythe ou Romain, v.239 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  31. Pendant que de ces lieux la retraite est facile, v.265 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  32. Ce sont là des hasards à qui l'âme est soumise, v.285 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  33. Laodice est aimable, et je ne pense pas v.291 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  34. Mais la gloire, Amilcar, est plus aimable qu'elle : v.294 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  35. Où conduire mes pas ! Va, crois-moi, mon destin v.299 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  36. Il est faible, il est vrai ; mais il veut qu'on l'estime. v.302 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  37. Est de me rendre ici son assidu témoin. v.312 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  38. C'est du seul Annibal que ce trait est parti. v.324 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  39. Est le moindre intérêt qui guide ici vos pas. v.336 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  40. Voilà quel est ici mon véritable emploi, v.343 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  41. Annibal n'a que trop montré qu'il est à craindre. v.346 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  42. Il fuit, il est vaincu, mais vaincu par des coups v.347 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  43. Seulement ce qu'elle est et non ce qu'on la croit ; v.360 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  44. Tout, jusqu'à sa défaite, est en lui formidable, v.362 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  45. Ce coup est important : Rome en est alarmée. v.365 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  46. Si contraire à la loi que Rome s'est donnée, v.374 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  47. Il le dit aujourd'hui ; c'est moi qui vous l'annonce. v.405 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  48. Ainsi, quand le pardon vous est encore offert, v.407 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  49. Vous vaincrez Artamène, et vos heureux destins v.419 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  50. Qu'en ferez-vous, Seigneur, si Rome est mécontente ! v.422 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  51. Restez en paix, régnez, gardez votre couronne : v.425 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  52. N'est que le prix heureux de leur obéissance. v.430 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  53. C'est de ses actions la raison qui décide, v.445 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  54. Qui de sa part encore n'est pas exécuté : v.448 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  55. Son pouvoir n'est-il pas guidé par la raison ! v.455 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  56. M'en défendre, Seigneur, est-ce commettre un crime ! v.458 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  57. Seigneur, si de la vôtre elle n'est que la suite ! v.462 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  58. Le projet est hardi. Cependant votre état v.483 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  59. La victoire avait mis le destin des Romains ! v.492 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  60. Sans l'imprudent repos que mon bras s'est permis, v.499 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  61. En verraient à présent le reste avec pitié. v.504 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  62. Ô Rome ! Tes destins ont pris une autre face. v.505 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  63. Le Sénat, qui d'un autre est aujourd'hui l'appui, v.519 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  64. Rome, il est vrai, vous vit gagner quelque victoire, v.533 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  65. Tout le reste est chimère ou pure vanité, v.551 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  66. Tout est indifférent de qui n'est plus à craindre. v.554 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  67. A des discours qu'il est trop aisé de confondre. v.562 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  68. Rome, qui vous envoie, est-elle donc atteinte ! v.570 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  69. Ce devoir est, Seigneur, de n'oser entreprendre v.577 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  70. Mais s'il est vrai, Seigneur, que vous dépendiez d'elle, v.593 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  71. Qu'importe ! C'est aux dieux que Rome en est comptable. v.598 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  72. Annibal est chez vous, Rome en est courroucée : v.601 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  73. Est-ce donc imprudence, ou n'avez-vous point su v.603 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  74. Et pouvoir ignorer quel est votre intérêt. v.616 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  75. J'avouerai cependant, puisque Rome est puissante, v.617 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  76. Qu'il est avantageux de la rendre contente. v.618 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  77. Oui, ma charge est de vous en instruire ; v.625 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  78. Mais, Seigneur, écoutez ce qui me reste à dire. v.626 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  79. Et c'est un choix, Seigneur, avantageux pour vous. v.628 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  80. Et de son amitié l'entreprise est nouvelle ; v.638 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  81. Rome de vos desseins est sans doute informée ! v.641 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  82. Et tu peux ajouter qu'elle en est alarmée. v.642 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  83. En est en même temps plus terrible pour vous. v.644 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  84. Mais as-tu bien conçu quelle est la perfidie v.645 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  85. Ce héros, qui se fie à ces marques d'estime, v.653 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  86. Et ce n'est pas ainsi que ce Sénat raisonne. v.658 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  87. Puisque lui résister c'est se montrer rebelle. v.662 (Acte 2, scène 4, HI?RON)
  88. Je me trompais ; et c'est son épouvante même v.681 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  89. La menace n'est rien, ce n'est pas ce qui nuit ; v.687 (Acte 2, scène 4, PRUSIAS)
  90. Je ne sais point encor si c'est indifférence ; v.694 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  91. C'est ainsi que le mien nourrissait un amour v.711 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  92. Ce qu'elle a pour la vôtre et d'estime et d'amour. v.724 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  93. Non, c'est Rome qui parle, et malgré la grandeur v.727 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  94. Ne dites pas son nom : il n'en est pas besoin. v.736 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  95. Sur l'estime de Rome et son empressement ! v.740 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  96. En prive-t-il le coeur du reste des humains ! v.748 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  97. Si tel est notre sort, du moins épargnez-nous v.751 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  98. C'est en dire beaucoup : une telle entreprise v.757 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  99. Qu'il ait de mon destin cru pouvoir ordonner. v.760 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  100. Et c'est trop, entre nous, présumer des effets v.763 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  101. Est trop fait aux honneurs pour en être charmé. v.768 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  102. Non : il est, quel qu'il soit, indigne de me plaire. v.774 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  103. Le reste est un secret où je ne dois rien voir. v.799 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  104. Et pour dire encore plus, toujours trop estimée, v.802 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  105. Il est vrai qu'à nos voeux le ciel souvent propice v.805 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  106. Eût destiné mon coeur à leur être équitable. v.814 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  107. Qu'entends-je ! Moi, Madame, oser m'estimer plus ! v.819 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  108. Non, Seigneur ; c'est en vain que le vôtre m'en presse ; v.822 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  109. À permettre mes feux s'est en vain abaissée. v.830 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  110. Mais cependant, pourquoi s'est-elle interrompue ! v.833 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  111. Serait-ce qu'Annibal est destiné pour elle, v.838 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  112. L'hymen de votre fille est aujourd'hui certain. v.847 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  113. À quel heureux époux destinez-vous sa main ! v.848 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  114. Est-ce donc un mystère ! v.849 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  115. Est-il juste, après tout, que sa bonté me gêne ! v.854 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  116. Quel est donc cet époux que vous ne nommez pas ! v.856 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  117. Est-ce à vous qu'on m'envoie ! Est-ce ici votre place ! v.862 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  118. Dont le coeur généreux s'est signalé pour moi ; v.864 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  119. Si ce n'est pas assez pour y pouvoir paraître, v.869 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  120. C'est moi. v.879 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  121. Oui, c'est lui qui défendra le roi ; v.880 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  122. Puisque de sa révolte Annibal est complice, v.882 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  123. Le parti le meilleur pour Rome est désormais v.883 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  124. Et sans m'estimer trop, j'assurerai, Seigneur, v.891 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  125. Qui m'attache à jamais à votre destinée, v.894 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  126. Qui de Rome peut-être expose le destin, v.896 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  127. Cette Rome, il est vrai, ne parle point de moi ; v.899 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  128. Ce n'est pas que, saisi de quelque défiance, v.906 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  129. Est-ce d'être vaincu, de cesser d'être roi ! v.912 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  130. Annibal est vaincu ; je laisse à sa colère v.921 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  131. Et ce n'est qu'en faisant éclater sa vengeance, v.925 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  132. N'intéresse point Rome, et n'est fatal qu'aux rois. v.928 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  133. C'est donc à Prusias à qui seul il importe v.929 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  134. Connaissez-le, Seigneur : Laodice m'est chère ; v.961 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  135. Tristes réflexions, qu'il n'est plus temps de faire ! v.985 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  136. N'est plus une ressource, et n'est qu'un châtiment. v.988 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  137. L'exposer aux affronts que Rome lui destine ! v.1009 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  138. Que dis-je ! Mon malheur est-il donc sans retour ! v.1011 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  139. Observons tout : la mort n'est pas ce que je crains ; v.1027 (Acte 3, scène 8, ANNIBAL)
  140. Sans crime ! Ah ! C'en est un, que d'avoir souhaité v.1037 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  141. Que c'est faire des voeux pour sa honte et la mienne. v.1040 (Acte 4, scène 1, LAODICE)
  142. Je vois que c'en est fait, et que Rome l'emporte ; v.1055 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  143. Un aveu qui me sauve est tout ce que j'exige. v.1060 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  144. Songez que votre coeur est pour moi dans ces lieux v.1061 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  145. Que la foi qui le lie est un fardeau pour lui, v.1066 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  146. Sans Rome que je hais, j'assurais mon destin. v.1070 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  147. Quel est donc cet époux que l'on vient vous offrir ! v.1073 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  148. Vivez, Seigneur, vivez ; j'estime trop moi-même v.1075 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  149. Oui, puisque c'est à moi que ce héros se livre, v.1079 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  150. Et qu'enfin c'est pour lui que j'ai juré de vivre, v.1080 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  151. Mon père est vertueux ; et si le sort jaloux v.1089 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  152. À faillir envers vous est aujourd'hui forcée, v.1092 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  153. Voilà quel est le soin que Rome prend de vous. v.1097 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  154. Parlez-moi sans détour : content d'être estimé, v.1101 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  155. C'est à vous cependant que je dois ma tendresse. v.1103 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  156. Ce coeur est prévenu, je m'aperçois qu'il aime. v.1111 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  157. Il n'est plus temps, Madame, et dans ce triste jour, v.1117 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  158. Peut-être cependant ma crainte est-elle vaine ; v.1123 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  159. Peut-être notre hymen est tout ce qui le gêne : v.1124 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  160. Quand même je fuirais, la retraite est peu sûre. v.1127 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  161. Fuir, c'est en pareil cas donner jour à l'injure ; v.1128 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  162. C'est enhardir le crime ; et pour l'épouvanter, v.1129 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  163. Le parti le plus sûr c'est de m'y présenter. v.1130 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  164. Du reste des secrets que j'ai lus dans votre âme ; v.1132 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  165. Vous m'estimez assez pour ne présumer pas v.1149 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  166. De mon estime ici remplirez-vous l'attente ! v.1152 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  167. On vous a dit à qui ma main fut destinée ! v.1155 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  168. Notre hymen est rompu. v.1161 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  169. Écoutez ce qui reste. v.1167 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  170. Votre emploi dans ces lieux à ma gloire est funeste. v.1168 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  171. Sauvez donc ce héros : ma main est à ce prix. v.1177 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  172. Est-ce de votre haine une fatale adresse ! v.1180 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  173. Votre main est pour moi d'un prix inestimable, v.1183 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  174. S'il ne meurt outragé, Rome est-elle trahie ! v.1192 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  175. Et jusqu'où sont portés leurs augustes destins. v.1194 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  176. C'est conjurer sa perte et saper sa puissance. v.1204 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  177. N'est pas un bien que puisse accepter un Romain. v.1222 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  178. C'est avec désespoir v.1225 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  179. Des refus dont il est si déchiré lui-même. v.1236 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  180. Ce n'est pas tout encor : songez que votre amante v.1243 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  181. Mais, Seigneur, qu'avec vous mon coeur s'est écarté v.1249 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  182. Vous soupirez ! Grands dieux ! C'est vous qui dans nos âmes v.1255 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  183. Rome est donc le jouet de tes transports honteux ! v.1274 (Acte 4, scène 4, FLAMINIUS)
  184. Non à fuir, c'est trop peu, mais à haïr le crime ; v.1280 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  185. S'il s'est joint un soupir au refus que j'ai fait ! v.1282 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  186. Restez, de grâce ; il m'est d'une importance extrême v.1291 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  187. Laodice est à moi, si vous êtes jaloux v.1293 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  188. Et je vois qu'il est temps que je vous en dégage. v.1296 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  189. Mais il vous reste encore un autre engagement, v.1301 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  190. C'en est assez ; voilà ce que j'avais à dire. v.1316 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  191. M'apprend trop qu'il est temps... v.1318 (Acte 4, scène 7, FLAMINIUS)
  192. Quel est donc ce mystère v.1323 (Acte 4, scène 8, FLAMINIUS)
  193. Peut-être d'Annibal trancher la destinée. v.1328 (Acte 5, scène 1, PRUSIAS)
  194. Du courroux du Sénat la nouvelle est semée ; v.1331 (Acte 5, scène 1, HIÉRON)
  195. C'est la faute du sort, et non de votre coeur. v.1342 (Acte 5, scène 1, HIÉRON)
  196. Et que je garderai le reste de ma vie. v.1348 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  197. Artamène est vaincu, sa défaite est entière ; v.1355 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  198. Mais la gloire, Seigneur, en est si meurtrière, v.1356 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  199. Mais de mon peuple entier la perte est infaillible v.1360 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  200. Pour surmonter l'effroi dont il est abattu, v.1373 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  201. C'est de moi, non de vous, qu'il faut que je me plaigne. v.1376 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  202. J'ai tort, et j'aurais dû prévoir que mon destin v.1377 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  203. À quels rois l'univers est-il abandonné ! v.1402 (Acte 5, scène 3, ANNIBAL)
  204. Ah ! C'est vous, généreuse Princesse. v.1411 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  205. Oui, je vous rends enfin ce funeste service ; v.1415 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  206. Mais de la trahison le roi n'est point complice. v.1416 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  207. C'est ce dernier secours qu'ils me laissaient en vous. v.1426 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  208. Que d'estime pour moi me découvrent vos pleurs ! v.1437 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  209. Est-il pour Annibal de plus dignes faveurs ! v.1438 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  210. Puisque vous m'estimez, ne pleurez pas ma mort. v.1442 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  211. De ce funeste soin que vous devait mon coeur. v.1446 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  212. Que, s'il m'est défendu de lui rendre un service, v.1480 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  213. Est digne du succès que j'ose demander. v.1486 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  214. L'estime qu'après tout nous méritons tous deux, v.1490 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  215. Seigneur, si votre estime a conçu ce projet, v.1493 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  216. Pour Annibal peut-être est encore un mystère. v.1496 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  217. S'il demande du temps, ce n'est pas qu'il hésite ; v.1519 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  218. Et vous, que jusque-là le destin persécute, v.1523 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  219. Vous l'êtes, Annibal, et l'aveu m'en est doux. v.1525 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  220. Ces vainqueurs que déjà vous estimez peut-être. v.1540 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  221. C'est pour vous honorer une raison de plus. v.1542 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  222. Oui, le parti sans doute est glorieux à prendre, v.1547 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  223. Et c'est avec plaisir que je viens de l'entendre. v.1548 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  224. Il ne me restait plus, persécuté du sort, v.1553 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  225. Mais enfin c'en est fait, j'ai cru que la dernière v.1555 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  226. Du héros désarmé c'est le dernier parti. v.1558 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  227. Ah ! Souffrez qu'un Romain, dont l'estime est sincère, v.1559 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)

LE TRIOMPHE DE PLUTUS (1739)

  1. J'aperçois Apollon ; il est descendu dans ces lieux pour y faire sa cour à sa nouvelle maîtresse. (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  2. Je crois que c'est Plutus déguisé en financier. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  3. C'est-à-dire, pour parler d'une façon plus convenable, que vous y avez une inclination. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  4. Une fille ou une inclination, n'est-ce pas la même chose ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  5. Apparemment que la petite contestation que nous avons eue l'autre jour vous a piqué ; vous n'en voulez pas avoir le démenti, c'est fort bien fait. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  6. Dites-moi, votre maîtresse est-elle aimable ? (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  7. C'est un morceau à croquer ; je l'ai vue l'autre jour en traversant les airs, et je veux lui en dire deux mots. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  8. Qu'elle soit comme elle voudra, je ne m'embarrasse point ; avec de l'argent j'ai tout ce qu'il me faut ; mais qu'est-ce que votre maîtresse à vous ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  9. Est-elle veuve, fille, et cætera ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  10. C'est une fille. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  11. La mienne est sous la direction d'un oncle qui cherche à la marier ; elle est assez riche, et il lui veut un bon parti. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  12. C'est là l'histoire de ma petite brune ; elle est aussi chez un oncle qui s'appelle Armidas. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  13. C'est cela même. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  14. Nous verrons, nous verrons ; j'ai une petite chose à vous dire : c'est que votre belle, je la connais, je lui ai déjà parlé, et, sans vanité, elle est dans d'assez bonnes dispositions pour nous. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  15. Qu'est-ce que cela me fait à moi ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  16. Vous pouvez ici rester, si vous voulez, et lui parler à votre tour ; voyez bien que je suis de bonne composition, quand je ne vois point de danger. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  17. Vous me l'avez toujours dit ; mais, Monsieur, est-ce que vous allez voir Mademoiselle Aminte avec Monsieur que voilà ? (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  18. C'est un de mes amis qui m'a suivi, et dont je veux donner la connaissance à Armidas, l'oncle d'Aminte. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  19. C'est fort bien fait, Monsieur. (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  20. Ce n'est pas de même ; je ne m'appelle pas Ergaste, moi ; j'ai nom Richard, et je suis bien nommé ; en voici la preuve. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  21. Que cette preuve-là est claire ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  22. Elle est d'une force qui m'étourdit. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  23. Prends, prends ; si ce n'est pas assez d'une preuve, je ne suis pas en peine d'en donner deux, et même trois. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  24. Vous êtes bien le maître de prouver tant qu'il vous plaira, et s'il ne s'agit que de douter du fait, je douterai de reste. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  25. Tu n'as qu'à parler ; mais c'est à condition que tu seras de mes amies. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  26. Quel homme est-ce donc que cela ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  27. Est-ce amourette que vous voulez dire ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  28. Garde ton honneur, ce n'est pas là ma fantaisie. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  29. C'est que j'aime ta maîtresse ; je suis riche, un richissime négociant, à qui l'or et l'argent ne coûtent rien, et je voudrais bien n'aimer pas tout seul. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  30. Effectivement, ce serait dommage, et vous méritez bien compagnie ; mais la chose est un peu difficile, voyez-vous ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  31. Cela est vrai, quand c'est dans de bonnes vues ; mais les vôtres n'ont pas l'air d'être bien régulières. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  32. Oh ça, est-ce que vous voudriez épouser ma maîtresse ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  33. Fort bien, je vous sers de bon coeur à ce prix-là ; mais Monsieur Ergaste, votre ami, avec qui vous êtes venu, est amoureux d'Aminte, et je crois même qu'il ne lui déplaît pas ; il parle de mariage aussi, il est d'une figure assez aimable, beaucoup d'esprit, et il faudra lutter contre tout cela. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  34. Armidas a pourtant de l'amitié pour lui ; mais Armidas est intéressé, et vos richesses pourront l'éblouir. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  35. Ergaste, au reste, se dit un gentilhomme à son aise, et sous ce titre, il fait son chemin tant qu'il peut dans le coeur de ma maîtresse, qui est un peu précieuse, et qui l'écoute à cause de son esprit. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  36. Dis-lui tout cela ; dis-lui encore que mon or et mon argent sont toujours beaux ; cela ne prend point de rides ; un louis d'or de quatre-vingts ans est tout aussi beau qu'un louis d'or d'un jour, et cela est considérable d'être toujours jeune du côté du coffre-fort. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  37. Malepeste ! (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  38. Quelqu'un vient à nous ; qui est-ce ? (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  39. C'est Arlequin, valet de Monsieur Ergaste. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  40. Mon maître est-il arrivé ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  41. Oui, il est au logis. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  42. Oui, Monsieur ; je le sers par amitié, faut dire ; car ce n'est pas pour ma fortune. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  43. Est-ce que tu n'es pas grassement chez lui ? (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  44. N'est-ce pas un rêve ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  45. Ce serait bien dommage, Monsieur est si bon ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  46. Te voilà, Arlequin ; est-ce que ton maître est arrivé ? (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  47. C'est que si mon amitié pouvait vous accommoder, la vôtre me conviendrait on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  48. Monsieur, vous me faites bien de l'honneur ; le compliment est singulier. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  49. J'y vais rondement, comme vous voyez ; mais franchise vaut mieux que politesse, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  50. Monsieur, mon amitié est due à tous les honnêtes gens ; et quand j'aurai l'honneur de vous connaître... (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  51. Voyez de quoi il s'agit : Monsieur est ami du seigneur Ergaste ; ils viennent d'arriver ensemble. (Acte 1, scène 6, SPINETTE)
  52. Monsieur Ergaste est au logis, je vous laisse. (Acte 1, scène 6, SPINETTE)
  53. Monsieur, vous ne pouviez manquer d'être bien venu sous les auspices de Monsieur Ergaste, que j'estime beaucoup. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  54. C'est que j'ai des expédients pour les affaires, moi. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  55. Monsieur, c'est une terre que j'ai, assez éloignée d'ici, qui n'est pas à ma bienséance, et que je voudrais vendre. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  56. Elle est de vingt mille écus ; mais la personne qui la marchande ne veut m'en donner que quinze, et nous ne saurions nous accommoder. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  57. La terre est à moi, et l'argent à vous. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  58. Mais, Monsieur, j'ai peine à vous la vendre de cette manière ; vous ne l'avez pas vue, et vous n'aimeriez peut-être pas le pays où elle est ? (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  59. Point du tout, j'aime tous les pays, moi ; n'est-ce pas des arbres et des campagnes partout ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  60. Je ne m'y connais pas ; il suffit, c'est une terre ; je ne l'ai point vue, mais je vous vois ; vous avez la physionomie d'un honnête homme, et votre terre vous ressemble. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  61. Monsieur, cela est excellent ; je vous suis entièrement obligé. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  62. Votre nièce est bien jolie, Monsieur Armidas. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  63. C'est mon ami, mais je n'y saurais que faire ; l'amour se moque de l'amitié, et moi aussi ; je suis trop franc pour être scrupuleux. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  64. Il est vrai, Monsieur, qu'Ergaste me paraît rechercher ma nièce. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  65. Il est d'ailleurs homme de mérite. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  66. Si cela est, c'est un grand défaut, et je suis bien aise que vous m'avertissiez. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  67. Au reste, je prouverai sur table, au moins. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  68. Est-ce que, si vous étiez fille à marier, ma figure romprait le marché ? (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  69. Elle est aussi commode que ma fortune. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  70. Un homme comme moi, c'est un trésor. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  71. Ma nièce, où est donc le seigneur Ergaste ? (Acte 1, scène 7, ARMIDAS)
  72. Il s'est enfermé dans une chambre pour composer un divertissement qu'il veut me donner en musique. (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  73. Ce n'est pas l'usage que j'en veux faire. (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  74. Mais Monsieur n'est-il pas la personne qu'Ergaste a amené avec lui ? (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  75. Oui, ma nièce, Monsieur est un galant homme ; qui, depuis le peu de temps que je le connais, m'a déjà donné pour lui une estime toute particulière. (Acte 1, scène 7, ARMIDAS)
  76. Point du tout, je ne suis qu'un bon homme ; mais j'ai de bons yeux ; je me connais en beautés, et je déclare tout net que Mademoiselle en est une. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  77. La comparaison est forte, quoique ordinaire. (Acte 1, scène 7, AMINTE)
  78. Ma foi, je vous la donne comme elle m'est venue. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  79. cela est vrai, on m'aime toujours quand on me connaît bien. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  80. Ce que j'en dis n'est que pour plaisanter. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  81. Voudriez-vous bien, Monsieur, me dire pourquoi cet homme-là vous plaît tant ; ce qui a pu vous le rendre si estimable en un quart_d_heure ? (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  82. Ma nièce, cet homme que vous trouvez si ridicule, encore une fois, je ne puis l'estimer assez. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  83. Il vous a déjà vue en passant par ici, il vous aime ; il n'est revenu que pour vous revoir. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  84. Elle est fort jolie. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  85. Devine à quoi il destine ce gain ? (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  86. J'ai vendu cette terre dont je destinais l'argent pour te marier. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  87. Est-ce que vous ne le voulez plus, mon cher oncle ? (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  88. Il est bien question de cela ! (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  89. C'est Monsieur Richard qui a acheté la terre sans l'avoir vue, sur ma parole, au prix que je demandais, sans hésiter. (Acte 1, scène 8, ARMIDAS)
  90. Vous conviendrez qu'il n'a pas d'esprit, et qu'il est d'une figure épaisse. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  91. C'est une épaisseur qui ne vient que d'embonpoint. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  92. Mais, mon oncle, le rival que vous lui substituez est bien grossier ; cela m'arrête, car je me pique de quelque délicatesse. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  93. Parle ; voilà qui est bien mystérieux ! (Acte 1, scène 9, ARMIDAS)
  94. C'est que j'ai des louis d'or dans ma poche à qui j'ai promis de vous recommander Monsieur Richard, ma belle demoiselle. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  95. Cela est étonnant. (Acte 1, scène 9, ARMIDAS)
  96. C'est lui qui m'a payé les gages que Monsieur Ergaste me doit ; cela est bien honnête. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  97. Je l'épouse aussi, moi, cela est résolu. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  98. Il vous aime comme un perdu ; il est drôle, bouffon, gaillard. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  99. Monsieur, des vers, une chanson, se reçoivent ; mais pour un bracelet de cette magnificence, ce n'est pas de même. (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  100. Tenez, j'ai donné mon coeur, et quand cela est parti, le reste en coûte plus rien à déménager ; car je vous aime, il n'y a que moi qui puisse aimer comme cela ; et cela ira toujours en augmentant. (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  101. Allons, est-ce marché fait ? (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  102. Il est plusieurs sortes de mérites, et vous avez le vôtre, Monsieur ; mais que deviendrait Ergaste ? (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  103. La conversation de Monsieur Richard est magnifique. (Acte 1, scène 11, SPINETTE)
  104. C'est que les musiciens ont la voix enrouée ; il faut un peu graisser ces gosiers-là. (Acte 1, scène 12, PLUTUS)
  105. il n'est pas besoin que vous payiez mes musiciens. (Acte 1, scène 12, APOLLON)
  106. C'est un présent que Monsieur nous fait ; que vous importe ? (Acte 1, scène 12, MUSICIEN)
  107. C'est bien dit ; contente-les, si tu peux. (Acte 1, scène 12, PLUTUS)
  108. Ce qu'il y a de commode, c'est que cela se chante à livre ouvert. (Acte 1, scène 13, PLUTUS)
  109. Perfide, est-ce là les fruits de tant de soins ? (Acte 1, scène 13, APOLLON)
  110. Que voilà qui est chromatique ! (Acte 1, scène 13, PLUTUS)
  111. Allons, ma nièce, c'est trop s'amuser ; suis-moi. (Acte 1, scène 13, ARMIDAS)
  112. C'est une fille assez raisonnable, comme vous savez. (Acte 1, scène 14, ARMIDAS)
  113. Est-ce là tout ce que vous avez à me dire ? (Acte 1, scène 14, APOLLON)
  114. Monsieur Richard est donc maître du champ de bataille ? (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  115. Je ne vous entends point ; Où donc est ce champ de bataille ? (Acte 1, scène 15, SPINETTE)
  116. Vous me faites perdre ici mon temps ; le dîner est prêt ; est-ce que vous n'en êtes point ? (Acte 1, scène 15, SPINETTE)
  117. Qui l'est donc, si ce n'est moi ? (Acte 1, scène 16, APOLLON)
  118. Cela est vrai ; nous nous tenions compagnie dans le chemin. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  119. Le seigneur Richard n'est-il pas dans la maison, Monsieur ? (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  120. C'est Monsieur Richard qui nous emploie, et que nous cherchons. (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  121. Il ne manquait plus que ce trait pour achever ma défaite ; et me voilà pleinement convaincu que l'or est l'unique divinité à qui les hommes sacrifient. (Acte 1, scène 17, APOLLON)
  122. Qui est là ? (Acte 1, scène 17, SPINETTE)
  123. C'est pour le divertissement que Monsieur Richard nous a demandé. (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  124. Il n'est point honteux pour le dieu du mérite d'être au-dessous du dieu des vices dans le coeur des hommes. (Acte 1, scène 18, APOLLON)
  125. Cela signifie qu'Ergaste est Apollon, et moi Plutus, qui lui a escroqué sa maîtresse. (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  126. Vous vous passerez bien de moi avec cela ; n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  127. Allons, divertissez-vous ; les musiciens sont payés, la fête est prête, qu'on l'exécute ! (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  128. Dieu des trésors, quelle est ta gloire ! v.9 (Acte 1, scène 19, SUIVANT-DE-PLUTUS)
  129. Et tu fais à ton gré le destin des mortels. v.12 (Acte 1, scène 19, SUIVANT DE PLUTUS)
  130. C'est la puissance v.24 (Acte 1, scène 19, SUIVANTE-DE-PLUTUS)
  131. Si Plutus n'est votre dieu tutélaire. v.35 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  132. Tout est vif, exact, attentif, v.62 (Acte 1, scène 19, APOLLON)
  133. De nos beautés la maxime est contraire. v.72 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  134. S'il est pourvu d'un bon magot, v.77 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  135. N'est point l'objet qu'un amant considère ; v.80 (Acte 1, scène 19, AMINTE)
  136. De nos amants la maxime est contraire. v.87 (Acte 1, scène 19, AMINTE)
  137. Sans dépenser, c'est en vain qu'on espère v.94 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  138. Tant que Philis eut un destin prospère, v.109 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  139. Est en rumeur ; v.136 (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)

LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR (1728)

  1. Qu'est-ce que j'entends là ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  2. C'est vous ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  3. Fort bien ; mais qui est-ce qui vous a dit de me suivre ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  4. Vous m'appelez, je viens ; vous marchez, je vous suis : j'attends le reste. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Les personnes affligées ne doivent point rester seules, Madame. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Et c'est à ceux qui vous aiment à vous secourir dans cet état-là ; je ne veux pas vous laisser mourir de chagrin. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Il est vrai que votre zèle est fort bien entendu ; pour m'empêcher d'être triste, il me met en colère. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  8. Ce que je dis là n'est que trop vrai : il n'y a plus de consolation pour moi, il n'y en a plus ; après deux ans de l'amour le plus tendre, épouser ce que l'on aime ; ce qu'il y avait de plus aimable au monde, l'épouser, et le perdre un mois après ! (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  9. C'est toujours autant de pris. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Je connais une dame qui n'a gardé son mari que deux jours ; c'est cela qui est piquant. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Vous me faites trembler : est-ce que tous les hommes sont morts ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Que m'importe qu'il reste des hommes ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  13. Voilà une pensée qui n'est pas de ce monde ; mais vous êtes bien fraîche pour une personne qui se fatigue tant. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Ah çà, Madame, sérieusement, je vous trouve le meilleur visage du monde ; voyez ce que c'est : quand vous aimiez la vie, peut-être que vous n'étiez pas si belle ; la peine de vivre vous donne un air plus vif et plus mutin dans les yeux, et je vous conseille de batailler toujours contre la vie ; cela vous réussit on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Qu'est-ce que tu vas faire ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  16. Cela n'est pas naturel, et vous trichez. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  17. Je vous disais que vous étiez plus belle qu'à l'ordinaire ; mais la vérité est que vous êtes très changée, et je voulais vous attendrir un peu pour un visage que vous abandonnez bien durement. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  18. Il est vrai que je suis dans un terrible état. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  19. Ne serait-ce pas un meurtre que de laisser dépérir ce teint-là, qui n'est que lys et que rose quand on en a soin ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  20. Mais voici, je pense, un domestique de Monsieur le Chevalier. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  21. C'est ce valet de campagne si naïf, qui vous a tant diverti il y a quelques jours. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  22. Il vous appartient bien de m'interrompre, ma mie ; est-ce qu'il ne m'est pas libre d'être honnête ? (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  23. Cela est vrai ; mais quand la colère me prend, ordinairement la mémoire me quitte. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  24. Ce n'est pas la peine, Madame, et je m'en ressouviens à cette heure ; c'est que nous arrivâmes hier tous deux à Paris, Monsieur le Chevalier et moi, et que nous en partons demain pour n'y revenir jamais, ce qui fait que Monsieur le Chevalier vous mande ; que vous ayez à trouver bon qu'il ne vous voie point cette après-dînée, et qu'il ne vous assure point de ses respects, sinon ce matin, si cela ne vous déplaisait pas, pour vous dire adieu, à cause de l'incommodité de ses embarras. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  25. Il a à vous dire que vous ayez la bonté de l'entretenir un quart_d_heure ; pour ce qui est d'affliction, ne vous embarrassez pas, Madame, il ne nuira pas à la vôtre ; au contraire, car il est encore plus triste que vous, et moi aussi ; nous faisons compassion à tout le monde. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  26. La voilà qui soupire, et c'est toi qui en es cause, butor que tu es ; nous avons bien affaire de tes pleurs. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  27. À propos, tu as raison, et ce n'est pas la peine d'en dire davantage. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  28. Ce bouffon-là est amusant. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  29. Mais ce que vous me dites là est merveilleux ; je ne savais pas que mes beaux yeux enseignassent la rhétorique. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  30. Je ne sais ce que c'est ; je ne veux point tâter de cela : adieu. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  31. Arrêtez, voyez mon petit syllogisme, je vous assure qu'il est concluant. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  32. Est-ce là tout ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  33. Je vous y donne le nom d'Hélène, de la manière du monde la plus poétique, et j'ai pris la liberté de m'appeler le Pâris de l'aventure : les voilà, cela est galant. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  34. Madame, c'est un trait de l'histoire des Grecs, dont Mademoiselle Lisette me demandait l'explication. (Acte 1, scène 6, HORTENSIUS)
  35. Elle est bien curieuse, et vous bien complaisant : où sont les livres que vous m'avez achetés, Monsieur ? (Acte 1, scène 6, LA MARQUISE)
  36. Votre visite ne m'est point importune, je la reçois avec plaisir ; puis-je vous rendre quelque service ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  37. Vous voyez, Madame, un homme au désespoir, et qui va se confiner dans le fond de sa province, pour y finir une vie qui lui est à charge. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  38. Vous m'inquiétez ; que vous est-il donc arrivé ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  39. Est-ce qu'elle est morte ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  40. C'est la même chose pour moi. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  41. Vous savez où elle s'était retirée depuis huit mois pour se soustraire au mariage où son père voulait la contraindre ; nous espérions tous deux que sa retraite fléchirait le père : il a continué de la persécuter ; et lasse ; apparemment, de ses persécutions, accoutumée à notre absence, désespérant, sans doute, de me voir jamais à elle, elle a cédé, renoncé au monde, et s'est liée par des noeuds qu'elle ne peut plus rompre : il y a deux mois que la chose est faite. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  42. Non, Chevalier, ne vous gênez point ; votre douleur fait votre éloge, je la regarde comme une vertu ; j'aime à voir un coeur estimable car cela est si rare, hélas ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  43. Il est vrai, Madame, que mes chagrins ne m'empêchent pas d'être touché des vôtres. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  44. J'en suis persuadée ; mais venons au reste : que me voulez-vous ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  45. Voici une lettre que je ne saurais lui faire tenir, et qu'elle ne recevrait point de ma part ; vous allez incessamment à votre campagne, qui est voisine du lieu où elle est, faites-moi, je vous supplie, le plaisir de la lui donner vous-même ; la lire est la seule grâce que je lui demande ; et si, à mon tour, Madame, je pouvais jamais vous obliger... (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  46. Qui est-ce qui en doute ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  47. Dès que vous êtes capable d'une vraie tendresse, vous êtes né généreux, cela s'en va sans dire ; je sais à présent votre caractère comme le mien ; les bons coeurs se ressemblent, Chevalier : mais la lettre n'est point cachetée. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  48. Je ne sais ce que je fais dans le trouble où je suis : puisqu'elle ne l'est point, lisez-la, Madame, vous en jugerez mieux combien je suis à plaindre ; nous causerons plus longtemps ensemble, et je sens que votre conversation me soulage. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  49. Tenez, sans compliment, depuis six mois je n'ai eu de moment supportable que celui-ci ; et la raison de cela, c'est qu'on aime à soupirer avec ceux qui vous entendent : lisons la lettre. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  50. Je ne saurais le dire ; tout ce que je sais, c'est que je vous ai perdue, que je voudrais vous parler pour redoubler la douleur de ma perte, pour m'en pénétrer jusqu'à mourir." (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  51. Mais cela est étonnant : ce que vous dites là, Chevalier, je l'ai pensé mot pour mot dans mon affliction ; peut-on se rencontrer jusque-là ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  52. En vérité, vous me donnez bien de l'estime pour vous ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  53. "Mais c'est fait, et je ne vous écris que pour vous demander pardon de ce qui m'échappa contre vous à notre dernière entrevue ; vous me quittiez pour jamais, Angélique, j'étais au désespoir ; et dans ce moment-là, je vous aimais trop pour vous rendre justice ; mes reproches vous coûtèrent des larmes, je ne voulais pas les voir, je voulais que vous fussiez coupable, et que vous crussiez l'être ; et j'avoue que j'offenserais la vertu même. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  54. Adieu, Angélique, ma tendresse ne finira qu'avec ma vie, et je renonce à tout engagement ; j'ai voulu que vous fussiez contente de mon coeur, afin que l'estime que vous aurez pour lui excuse la tendresse dont vous m'honorâtes." (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  55. Je vous la demande de tout mon coeur, elle sera ma ressource ; je prendrai la liberté de vous écrire, vous voudrez bien me répondre, et c'est une espérance consolante que j'emporte en partant. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  56. En vérité, Chevalier, je souhaiterais que vous restassiez ; il n'y a qu'avec vous que ma douleur se verrait libre. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  57. Si je restais, je romprais avec tout le monde, et ne voudrais voir que vous. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  58. Il est vrai que je pourrais vous en parler quelquefois. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  59. Nous demeurons comme dans la même maison, puisque le même jardin nous est commun. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  60. Voilà qui est fini, Madame ; vous me déterminez ; c'est un bonheur pour moi que de vous avoir vue ; je me sens déjà plus tranquille. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  61. C'est un caractère à peu près comme celui d'Angélique, et ce sont des trésors que ces caractères-là ; oui, je la préfère à tous les amis du monde. (Acte 1, scène 8, LE CHEVALIER)
  62. Monsieur, quand je suis à rien faire, je m'attriste à cause de votre maîtresse, et un peu à cause de la mienne ; je suis fâché de ce que nous partons ; si nous restions, je serais fâché de même. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  63. Ce n'est pas la peine, je les porterai tantôt. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  64. Cela n'est plus nécessaire, puisque je reste ici. (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  65. Je n'y comprends rien ; c'est donc encore autant de perdu que ces lettres-là ? (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  66. Mais, Monsieur, qui est-ce qui vous empêche de partir, est-ce Madame la Marquise ? (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  67. Cela n'est pas aisé, Monsieur_le_Comte. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  68. Que lui est-il donc arrivé à ce pauvre garçon ? (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  69. Et pourtant je suis bien aise de rester, à cause de Lisette. (Acte 1, scène 10, LUBIN)
  70. Cela est galant : mais, Monsieur le Chevalier, venons à ce qui nous amène, Monsieur_le_Comte et moi. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  71. J'étais sous le berceau pendant votre conversation avec Madame la Marquise, et j'en ai entendu une partie sans le vouloir ; votre voyage est rompu, ma maîtresse vous a conseillé de rester, vous êtes tous deux dans la tristesse, et la conformité de vos sentiments fera que vous vous verrez souvent. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  72. Je suis attachée à ma maîtresse, plus que je ne saurais vous le dire, et je suis désolée de voir qu'elle ne veut pas se consoler, qu'elle soupire et pleure toujours ; à la fin elle n'y résistera pas : n'entretenez point sa douleur, tâchez même de la tirer de sa mélancolie ; voilà Monsieur_le_Comte qui l'aime, vous le connaissez, il est de vos amis, Madame la Marquise n'a point de répugnance à le voir ; ce serait un mariage qui conviendrait, je tâche de le faire réussir ; aidez-nous de votre côté, Monsieur le Chevalier, rendez ce service à votre ami, servez ma maîtresse elle-même. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  73. C'est conclure d'une manière qui m'étonne. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  74. Faites entendre raison aux gens, voilà ce qui en arrive ; assurément, cela est original, il me quitte aussi froidement que s'il quittait un rival. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  75. N'est-ce pas, Lisette ? (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  76. Mademoiselle Angélique est perdue pour vous. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  77. Madame la Marquise est riche, jeune et belle. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  78. Cela est friand. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  79. Expliquez-vous ; qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  80. C'est ma foi bien dit, il faut être honnête homme pour l'épouser, il n'y a que les malhonnêtes gens qui ne l'épouseront point. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  81. Si vous saviez combien aujourd'hui votre physionomie est bonne à porter dans un désert, vous aurez le plaisir de n'y trouver rien de si triste qu'elle. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  82. Ce n'est pas là tout : quand vous parlez aux gens, c'est du ton d'un homme qui va rendre les derniers soupirs ; ce sont des paroles qui traînent, qui vous engourdissent, qui ont un poison froid qui glace l'âme, et dont je sens que la mienne est gelée ; je n'en peux plus, et cela doit vous faire compassion. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  83. Je ne vous blâme pas ; vous avez perdu votre maîtresse, vous vous êtes voué aux langueurs, vous avez fait voeu d'en mourir ; c'est fort bien fait, cela édifiera le monde : on parlera de vous dans l'histoire, vous serez excellent à être cité, mais vous ne valez rien à être vu ; ayez donc la bonté de nous édifier de plus loin. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  84. Il est incivil. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  85. Mon voyage est rompu ; on ne change pas à tout moment de résolution, et je ne partirai point ; à l'égard de Monsieur_le_Comte, je parlerai en sa faveur à votre maîtresse ; et s'il est vrai, comme je le préjuge, qu'elle ait du penchant pour lui, ne vous inquiétez de rien, mes visites ne seront pas fréquentes, et ma tristesse ne gâtera rien ici. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  86. Je m'attendais à trouver quelque consolation dans la Marquise, sa généreuse résolution de ne plus aimer me la rendait respectable ; et la voilà qui va se remarier ; à la bonne heure : je la distinguais, et ce n'est qu'une femme comme une autre. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  87. Chère Angélique, s'il y a quelque chose au monde qui puisse me consoler, c'est de sentir combien vous êtes au-dessus de votre sexe, c'est de voir combien vous méritez mon amour. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  88. Et qu'est devenue la mémoire de son mari ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  89. Monsieur, qu'est-ce que vous voulez qu'elle fasse d'une mémoire ? (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  90. Qu'il reste comme il est, je n'ai pas envie de lui gâter la taille. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  91. Est-ce que vous avez du chagrin ? (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  92. Vous avez là un puissant antidote : je vous dirai pourtant, mon ami, que le chagrin est toujours inutile, parce qu'il ne remédie à rien, et que la raison doit être notre règle dans tous les états. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  93. Elles ne vous conviendraient pas : mais quel est votre chagrin ? (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  94. C'est l'amour. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  95. Oui ; mais quand il est pris, que veut-elle qu'on en fasse ? (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  96. Quand on a de l'amour, est-ce qu'on a des jambes ? (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  97. Voilà qui est bon, cela. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  98. Gageons que c'est avec cette morale-là que vous traitez la Marquise, qui va se marier avec Monsieur_le_Comte ? (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  99. Et qu'est-ce que vous faites de tout cela dans votre tête ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  100. J'ai bien du tourment dans le coeur ; je ne sais plus à présent si c'est Marton que j'aime ou si c'est Lisette : je crois pourtant que c'est Lisette, à moins que ce ne soit Marton. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  101. C'est de la morale et de la philosophie ; ils disent que cela purge l'âme ; j'en ai pris une petite dose, mais cela ne m'a pas seulement fait éternuer. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  102. Pardi, ce n'est donc pas pour moi que tu faisais apporter des sièges ? (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  103. C'est pour Madame qui va venir ici. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  104. Non, te dis-je, ton maître ne veut point s'attacher à ma maîtresse, et ma fortune dépend de demeurer avec elle, comme la tienne dépend de rester avec le Chevalier. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  105. Cela est vrai, j'oubliais que j'avais une fortune qui est d'avis que je ne te regarde pas. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  106. Cependant, si tu me trouvais à ton gré, c'est dommage que tu n'aies pas la satisfaction de m'aimer à ton aise ; c'est un hasard qui ne se trouve pas toujours. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  107. Te voilà, Lubin ; où est ton maître ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  108. Je crois, Madame, qu'il est allé soupirer chez lui. (Acte 2, scène 3, LUBIN)
  109. Non, Madame, le choix ne m'en paraît pas docte ; dans dix tomes, pas la moindre citation de nos auteurs grecs ou latins, lesquels, quand on compose, doivent fournir tout le suc d'un ouvrage ; en un mot, ce ne sont que des livres modernes, remplis de phrases spirituelles ; ce n'est que de l'esprit, toujours de l'esprit, petitesse qui choque le sens commun. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  110. Est-ce que les anciens n'en avaient pas ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  111. Je ne sais pas trop bien quelle image employer pour cet effet, car c'est par les images que les anciens peignaient les choses. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  112. Représentez-vous, dit-il, une femme coquette : primo, son habit est en pretintailles, au lieu de grâces, je lui vois des mouches ; au lieu de visage, elle a des mines ; elle n'agit point ; elle gesticule ; elle ne regarde point, elle lorgne ; elle ne marche pas, elle voltige ; elle ne plaît point, elle séduit ; elle n'occupe point, elle amuse ; on la croit belle, et moi je la tiens ridicule, et c'est à cette impertinente femme que ressemble l'esprit d'à présent, dit l'auteur. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  113. c'est une beauté si mâle, que pour démêler qu'elle est belle, il faut se douter qu'elle l'est : simple dans ses façons, on ne dirait pas qu'elle ait vu le monde ; mais ayez seulement le courage de vouloir l'aimer, et vous parviendrez à la trouver charmante. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  114. Ce que vous dites est probable. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  115. Je vous supplierai de m'en dispenser, Madame ; ce n'est pas la peine, pour le peu de temps que nous avons à rester ensemble, puisque vous vous mariez avec Monsieur_le_Comte. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  116. Vous tenez là de jolis discours ; avec vos passions ; il est vrai que vous êtes assez propre à leur faire peur, mais je n'ai que faire de vous pour les combattre. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  117. De Mademoiselle Lisette qui l'a dit à Lubin, lequel me l'a rapporté, avec cette apostille contre moi, qui est que ce mariage m'expulserait d'ici. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  118. Mais qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  119. Du vague, voilà qui est bien instructif ; voyons donc ce vague. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  120. Voilà, par exemple, de ces faits incroyables ; c'est promener la main d'une femme, et dire aux gens : la voulez-vous ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  121. Je m'imagine voir le Chevalier reculer de dix pas à la proposition, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  122. L'histoire rapporte qu'il s'est d'abord écrié dans sa surprise, et qu'ensuite il a refusé la chose. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  123. J'en approuve l'esprit ; s'il pensait autrement, je ne le verrais de ma vie ; mais se récrier devant les domestiques, m'exposer à leur raillerie, ah ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  124. C'en est un peu trop ; il n'y a point de situation qui dispense d'être honnête. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  125. La remarque critique est judicieuse. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  126. Ce que vous dites est sans faute. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  127. Puis-je rester ici ? (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  128. Allez, Monsieur, je vous retiens pour cent ans : vous n'avez ici ni Comte ni Chevalier à craindre ; c'est moi qui vous en assure, et qui vous protège. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  129. C'est donc que cette paix y règne d'un air fâché ? (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  130. C'est que vous saurez, Madame, que Lisette trouve ma personne assez agréable ; la sienne me revient assez, et ce serait un marché fait, si, par une bonté qui nous rendrait la vie, Madame, qui est à marier, voulait bien prendre un peu d'amour pour mon maître qui a du mérite, et qui, dans cette occasion, se comporterait à l'avenant. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  131. Cela est vrai, il ne vous aime pas, et je lui en ai fait la réprimande avec Lisette ; mais si vous commenciez, cela le mettrait en train. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  132. Et toi, reste ici, je te prie. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  133. Qu'est-ce que c'est donc que cette cérémonie ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  134. C'est que j'apprends que vous me marierez avec Monsieur_le_Comte, au défaut du Chevalier, à qui vous m'avez proposée, et qui ne veut point de moi, malgré tout ce que vous avez pu lui dire avec son valet, qui vient m'exhorter à avoir de l'amour pour son maître, dans l'espérance que cela le touchera. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  135. Qu'est-ce que c'est donc que l'amour du Comte ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  136. Et qu'est-ce qui pourrait se l'imaginer ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  137. Qu'une femme est à plaindre dans la situation où je suis ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  138. Fort bien, Madame, vous parlez de zèle, et je suis payée du mien ; voilà ce que c'est que de s'attacher à ses maîtres ; la reconnaissance n'est point faite pour eux ; si vous réussissez à les servir, ils en profitent ; et quand vous ne réussissez pas, ils vous traitent comme des misérables. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  139. Il est vrai qu'il vaudrait mieux que cela ne fût point advenu. (Acte 2, scène 6, HORTENSIUS)
  140. Monsieur, mon veuvage est éternel ; en vérité, il n'y a point de femme au monde plus éloignée du mariage que moi, et j'ai perdu le seul homme qui pouvait me plaire ; mais, malgré tout cela, il y a de certaines aventures désagréables pour une femme. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  141. Le Chevalier m'a refusée, par exemple ; mon amour-propre ne lui en veut aucun mal ; il n'y a là-dedans, comme je vous l'ai déjà dit, que le ton, que la manière que je condamne : car, quand il m'aimerait, cela lui serait inutile ; mais enfin il m'a refusée, cela est constant, il peut se vanter de cela, il le fera peut-être ; qu'en arrive-t-il ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  142. Cela jette un air de rebut sur une femme, les égards et l'attention qu'on a pour elle en diminuent, cela glace tous les esprits pour elle ; je ne parle point des coeurs, car je n'en ai que faire : mais on a besoin de considération dans la vie, elle dépend de l'opinion qu'on prend de vous ; c'est l'opinion qui nous donne tout, qui nous ôte tout, au point qu'après tout ce qui m'arrive, si je voulais me remarier, je le suppose, à peine m'estimerait-on quelque chose, il ne serait plus flatteur de m'aimer ; le Comte, s'il savait ce qui s'est passé, oui, le Comte, je suis persuadée qu'il ne voudrait plus de moi. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  143. Et moi, Madame, je dis que le Chevalier est un hypocrite ; car, si son refus est si sérieux, pourquoi n'a-t-il pas voulu servir Monsieur_le_Comte comme je l'en priais ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  144. Qu'est-ce que c'est que d'un air piqué ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  145. Est-ce qu'il était jaloux ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  146. Oui, Madame, je l'ai cru jaloux : voilà ce que c'est ; il en avait toute la mine. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  147. Monsieur s'informe comment le Comte est auprès de vous ; comment vous le recevez ; on lui dit que vous souffrez ses visites, que vous ne le recevez point mal. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  148. dit-il avec dépit, ce n'est donc pas la peine que je m'en mêle ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  149. Qui est-ce qui n'aurait pas cru là-dessus qu'il songeait à vous pour lui-même ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  150. Il en est bien capable. (Acte 2, scène 6, LUBIN)
  151. Si vous me le permettez, Madame, je vous apprendrai un petit axiome qui vous sera, sur la chose, d'une merveilleuse instruction ; c'est que le jaloux veut avoir ce qu'il aime : or, étant manifeste que le Chevalier vous refuse... (Acte 2, scène 6, HORTENSIUS)
  152. Vous avez des expressions bien grossières ; votre axiome ne sait ce qu'il dit ; il n'est pas encore sûr qu'il me refuse. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  153. Comment, est-ce que le Comte était présent ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  154. Il n'y était plus ; je dis seulement qu'il croit que le Chevalier est son rival. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  155. Ce n'est pas assez qu'il le croie, ce n'est pas assez, il faut que cela soit ; il n'y a que cela qui puisse me venger de l'affront presque public que m'a fait sa réponse ; il n'y a que cela ; j'ai besoin, pour réparations, que son discours n'ait été qu'un dépit amoureux ; dépendre d'un dépit amoureux ! (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  156. Cela n'est-il pas comique ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  157. Assurément : ce n'est pas que je me soucie de ce qu'on appelle la gloire d'une femme, gloire sotte, ridicule, mais reçue, mais établie, qu'il faut soutenir, et qui nous pare ; les hommes pensent comme cela, il faut penser comme les hommes, ou ne pas vivre avec eux. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  158. Où en suis-je donc, si le Chevalier n'est point jaloux ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  159. L'est-il ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  160. Ne l'est-il point ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  161. C'est un peut-être ; mais cette gloire en souffre, toute sotte qu'elle est, et me voilà dans la triste nécessité d'être aimée d'un homme qui me déplaît ; le moyen de tenir à cela ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  162. Voilà le Chevalier qui vient, restez ; j'ai intérêt d'avoir des témoins. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  163. Il n'y a pas grand mal, Monsieur le Chevalier ; c'est une lecture retardée, voilà tout. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  164. C'est un fort honnête homme. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  165. Il est fort de mes amis. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  166. Il est des miens aussi. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  167. Je ne savais pas que vous le connussiez beaucoup ; il vient ici quelquefois, et c'est presque le seul des amis de feu Monsieur_le_Marquis que je voie encore ; il m'a paru mériter cette distinction-là ; qu'en dites-vous ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  168. Oui, Madame, vous avez raison, et je pense comme vous ; il est digne d'être excepté. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  169. Pour vous, Chevalier, j'ai encore un mot à vous dire avant notre lecture ; il s'agit d'un petit éclaircissement qui ne vous regarde point, qui ne touche que moi, et je vous demande en grâce de me répondre avec la dernière naïveté sur la question que je vais vous faire. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  170. Cette vérité-là est singulière. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  171. Je n'y saurais que faire, elle ne laisse pas que d'être ; il est permis aux gens de mauvaise humeur de la trouver comme ils voudront. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  172. Je n'avais garde ; le Comte est un amant, vous m'aviez dit que vous ne les aimiez point ; mais vous êtes la maîtresse. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  173. Marquise, tout ceci n'est que conversation, et je serais au désespoir de vous chagriner ; achevez, de grâce. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  174. Vous êtes l'homme du monde le plus estimable, quand vous voulez ; et je ne sais par quelle fatalité vous sortez aujourd'hui d'un caractère naturellement doux et raisonnable ; laissez-moi finir... (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  175. Eh bien, ce Comte qui me déplaît, vous n'avez pas voulu me parler pour lui ; Lisette s'est même imaginé vous voir un air piqué. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  176. Passe pour cela, c'est répondre, et je vous reconnais : sur cet air piqué, elle a pensé que je ne vous déplaisais pas. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  177. Cela n'est pas difficile à penser. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  178. On ne plaît pas à tout le monde ; or, comme elle a cru que vous me conveniez, elle vous a proposé ma main, comme si cela dépendait d'elle, et il est vrai que souvent je lui laisse assez de pouvoir sur moi ; vous vous êtes, dit-elle, révolté avec dédain contre la proposition. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  179. Doucement, voici ma question : avez-vous rejeté l'offre de Lisette, comme piqué de l'amour du Comte, ou comme une chose qu'on rebute ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  180. Commençons par rayer ce dernier, il est incroyable ; pour de la jalousie... (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  181. Je vous entends, je l'avais bien prévu, et mon injure est avérée. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  182. est-elle ? (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  183. Est-ce que vous êtes fâchée contre moi ? (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  184. Vous ne m'entendez point, c'est à l'impertinente Lisette à qui j'en veux : je n'ai point de part à l'offre qu'elle vous a faite, et il a fallu vous l'apprendre, voilà tout ; d'ailleurs, ayez de l'indifférence ou de la haine pour moi, que m'importe ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  185. Chevalier, vous êtes le maître de rester si ma lecture vous convient ; mais vous êtes bien triste, et je veux tâcher de me dissiper. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  186. Qu'est-ce que c'est que votre livre ? (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  187. Je m'aperçois, Madame, que je faisais une impolitesse de me retirer, et je vais rester, si vous le voulez bien. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  188. "La raison est d'un prix à qui tout cède ; c'est elle qui fait notre véritable grandeur ; on a nécessairement toutes les vertus avec elle ; enfin le plus respectable de tous les hommes, ce n'est pas le plus puissant, c'est le plus raisonnable." (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  189. Vela s'en va sans dire et c'est la règle. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  190. "Puisque la raison est un si grand bien, n'oublions rien pour la conserver ; fuyons les passions qui nous la dérobent ; l'amour est une de celles..." (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  191. Cela n'est pas vrai ; je n'ai jamais été plus raisonnable que depuis que j'en ai pour Angélique, et j'en ai excessivement. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  192. Cela est impossible. (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  193. C'est votre goût, Madame, qui doit décider. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  194. Je demeurerai neutre, si la querelle continue ; car je m'imagine que vous ne voudrez pas la recommencer ; nos occupations vous ennuient, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  195. C'est cela qui me rebuterait, par exemple, car la véritable amitié veut qu'on fasse quelque chose pour elle, elle veut consoler. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  196. Aussi aurait-elle bien du pouvoir sur moi : si je la trouvais, personne au monde n'y serait plus sensible ; j'ai le coeur fait pour elle ; mais où est-elle ? (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  197. Je m'imaginais l'avoir trouvée, me voilà détrompé, et ce n'est pas sans qu'il en coûte à mon coeur. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  198. d'une chose que vous avez rendue nécessaire : une étourdie vient vous proposer ma main, vous y avez de la répugnance ; à la bonne heure, ce n'est point là ce qui me choque ; un homme qui a aimé Angélique peut trouver les autres femmes bien inférieures, elle a dû vous rendre les yeux très difficiles ; et d'ailleurs tout ce qu'on appelle vanité là-dessus, je n'en suis plus. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  199. Représentez-vous cette action-là de sang-froid ; vous êtes galant homme, jugez-vous ; où est l'amitié dont vous parlez ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  200. Car, encore une fois, ce n'est pas de l'amour que je veux, vous le savez bien, mais l'amitié n'a-t-elle pas ses sentiments, ses délicatesses ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  201. L'amour est bien tendre, Chevalier ; eh bien, croyez qu'elle ménage avec encore plus de scrupule que lui les intérêts de ceux qu'elle unit ensemble. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  202. Nous n'y sommes pas, ce quelqu'un n'est pas venu, et ce n'est que pour vous dire combien je vous ménagerais : cependant vous vous plaignez. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  203. Tenez, je trancherai tout d'un coup là-dessus : si je n'aimais pas Angélique, qu'il faut bien que j'oublie, vous n'auriez qu'une chose à craindre avec moi, qui est que mon amitié ne devînt amour, et raisonnablement il n'y aurait que cela à craindre non plus ; c'est là toute la répugnance que je me connais. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  204. C'est que le Comte vous aimait, c'est que vous le souffriez ; j'étais outré de voir cet amour venir traverser un attachement qui devait faire toute ma consolation ; mon amitié n'est point compatible avec cela, ce n'est point une amitié faite comme les autres. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  205. Eh bien, voilà qui change tout, je ne me plains plus, je suis contente ; ce que vous me dites là, je l'éprouve, je le sens ; c'est là précisément l'amitié que je demande, la voilà, c'est la véritable, elle est délicate, elle est jalouse, elle a droit de l'être ; mais que ne me parliez-vous ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  206. Que n'êtes-vous venu me dire : Qu'est-ce que c'est que le Comte ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  207. Est-ce que je ne l'étais pas de cette façon-là tantôt ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  208. à qui en dit-on, si ce n'est aux gens qu'on aime, et qui semblent n'y pas répondre ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  209. Ma foi, je défie un amant de vous aimer plus que je fais ; je n'aurais jamais cru que l'amitié allât si loin, cela est surprenant ; l'amour est moins vif. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  210. Non, il n'y a rien de trop ; mais il me reste une grâce à vous demander. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  211. Je crois qu'il est fâché de me voir ici, et je sais lire aussi bien que lui. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  212. N'est-ce pas une chose étrange, qu'un homme comme moi n'ait point de fortune ! (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  213. Est-ce que l'amour m'expulserait d'ici ? (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  214. Pourquoi me faites-vous cette question-là ? (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  215. Ma foi, je n'en sais rien, si ce n'est pour entrer en conversation. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  216. C'est que cette nuit vous en aurez le plaisir ; le vent de bise vous en dira deux mots. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  217. J'entends, c'est que Madame la Marquise et Monsieur le Chevalier ont de l'inclination l'un pour l'autre. (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  218. Tout coup vaille, quand ce serait de l'inclination, quand ce serait des passions, des soupirs, des flammes, et de la noce après : il n'y a rien de si gaillard ; on a un coeur, on s'en sert, cela est naturel. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  219. Enfin, le voilà congédié ; c'est pourtant un amant que je perds. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  220. Voudrais-tu bien m'en pousser un, pour voir ce que c'est ? (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  221. Cela est vrai. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  222. J'aime tout ce qui est joli, ainsi je t'aime : c'est là ce que l'on appelle un argument. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  223. J'entends quelqu'un qui vient ; je crois que c'est Monsieur_le_Comte : Madame m'a chargé d'un compliment pour lui, qui ne le réjouira pas. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  224. Cela est-il vrai ? (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  225. Madame la Marquise est si peu disposée à se marier, qu'elle ne veut pas même voir d'amants : elle m'a dit de vous prier de ne point vous obstiner à l'aimer. (Acte 3, scène 4, LISETTE)
  226. Le Chevalier est ici, apparemment ? (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  227. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  228. Est-ce de l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre ? (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  229. Je vais me servir d'un stratagème, qui, tout commun qu'il est, ne laisse pas souvent que de réussir. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  230. C'est une autre affaire, et je me suis expliqué là-dessus. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  231. Qu'est-ce que c'est que cette idée-là ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  232. Monsieur_le_Comte, un homme d'esprit comme vous ne doit point faire de chicane sur les mots ; le oui et le non, qui ne se sont point présentés à moi, ne valent pas mieux que le langage que je vous tiens ; c'est la même chose, assurément : il y a entre la Marquise et moi une amitié et des sentiments vraiment respectables. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  233. Cela est-il net ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  234. Est-ce que vous voulez continuer d'aimer la Marquise ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  235. Entre nous ; il est étonnant que vous ne vous lassiez point de son indifférence. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  236. Un coeur qui ne se remue ni pour ni contre, qui n'est ni ami ni ennemi, qui n'est rien, qui est mort, le ressuscite-t-on ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  237. Je n'en crois rien : et c'est pourtant ce que vous voulez faire. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  238. Je n'en suis pas tout à fait réduit à une entreprise si chimérique, et le coeur de la Marquise n'est pas si mort que vous le pensez : m'entendez-vous ? (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  239. C'est l'usage ; et à cela quelle réponse ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  240. C'est qu'il était tout venu. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  241. Cependant aujourd'hui elle ne veut pas me voir, j'attribue cela à ce que j'avais été quelques jours sans paraître, avant que vous arrivassiez : la Marquise est la femme de France la plus fière. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  242. Ce qui m'en plaît, c'est que vous le dites sans jalousie. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  243. ce n'est pas la peine ; il me suffit de m'en réjouir sincèrement, et je vais vous en donner des preuves qui ne seront point équivoques. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  244. Parbleu, c'en est trop : faut-il que j'y renonce pour vous mettre en repos ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  245. Je n'irai point sur vos brisées, mais qu'on me trouve un parti convenable, et demain je me marie ; et qui plus est, c'est que cette Marquise, qui ne vous sort pas de l'esprit, tenez, je m'engage à la prier de la fête. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  246. Votre question me fait ressouvenir qu'il y a longtemps que je ne l'ai vue, et qu'il faut que vous me présentiez à elle. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  247. Vous m'avez dit cent fois qu'elle était digne d'être aimée du plus honnête homme : on l'estime, vous connaissez son bien, vous lui plairez, j'en suis sûr ; et si vous ne voulez qu'un parti convenable, en voilà un. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  248. Votre idée est admirable : elle est amie de la Marquise, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  249. Allons, cela est bon, et je veux que ce soit moi qui lui annonce la chose. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  250. Je crois que c'est elle qui entre, retirez-vous pour quelques moments dans ce cabinet ; vous allez voir ce qu'un rival de mon espèce est capable de faire, et vous paraîtrez quand je vous appellerai. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  251. Vous avez été bien longtemps ensemble, de quoi donc était-il question ? (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  252. Mais je crois que cela n'est pas douteux. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  253. Il est bien curieux : à votre place, je n'aurais pas seulement voulu les distinguer, qu'il devine. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  254. Comment donc, je serais très fâché, à cause de vous, que le commerce de notre amitié rendît vos sentiments équivoques ; mon attachement pour vous est trop délicat, pour profiter de l'honneur que cela me ferait ; mais j'y ai mis bon ordre, et cela par une chose tout à fait imprévue : vous connaissez sa soeur, elle est riche, très aimable, et de vos amies, même. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  255. Ce n'est pas là tout, c'est que je me suis encore chargé de vous parler en faveur du Comte, et je vous en parle du mieux qu'il m'est possible ; vous n'aurez pas le coeur inexorable, et je ne crois pas la proposition fâcheuse. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  256. C'est fort bien fait. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  257. C'est que je voulais me le cacher à moi-même, et il l'ignore aussi. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  258. Madame, il y a longtemps que mon coeur est à vous ; consentez à mon bonheur ; que cette aventure-ci vous détermine : souvent il n'en faut pas davantage. (Acte 3, scène 10, LE COMTE)
  259. L'ingrat qu'il est, il se marie : l'infidélité d'un amant ne me toucherait point, celle d'un ami me désespère ; le Comte m'aime, j'ai dit qu'il ne me déplaisait pas ; mais où ai-je donc été chercher tout cela ? (Acte 3, scène 11, LA MARQUISE)
  260. Au plus haïssable de tous les hommes ; à un homme que le hasard a destiné pour me faire du mal, et pour m'arracher, malgré moi, des discours que j'ai tenus, sans savoir ce que je disais. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  261. Mais il n'est venu que le Comte. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  262. C'est lui-même. (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  263. Mais qu'est-ce que c'est donc que cette aventure-là ? (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  264. Je ne saurais te la mieux dire ; c'est le Chevalier, c'est ce misanthrope-là qui est cause de cela : il m'a fâché, le Comte en a profité, je ne sais comment ; ils veulent souper ce soir ici ; ils ont parlé de notaire, d'articles ; je les laissais dire ; le Chevalier est sorti, il se marie aussi ; le Comte lui donne sa soeur ; car il ne manquait qu'une soeur, pour achever de me déplaire, à cet homme-là... (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  265. Veux-tu que je sois la belle-soeur d'un homme qui m'est devenu insupportable ? (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  266. Qu'est-ce que c'est donc que cet état-là ? (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  267. Mais c'est, je crois, ce maudit Chevalier qui est cause de tout cela ; et pour moi je crois que cet homme-là vous aime. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  268. En vérité, la situation où je me trouve est bien triste ! (Acte 3, scène 12, LA MARQUISE)
  269. Madame, Monsieur le Chevalier, qui est dans un état à faire compassion... (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  270. Oui, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 13, LA MARQUISE)
  271. Non, Marquise, c'en est fait ; il ne m'est plus possible de rester, mon coeur ne serait plus content du vôtre. (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  272. Ce n'est qu'un seul mot qui m'arrête. (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  273. Et de qui est-il, Madame ? (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  274. Tenez, Chevalier, n'est-ce pas là le mot qui vous arrête ? (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  275. C'est mon billet ! (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  276. Je rougis, Chevalier, c'est vous répondre. (Acte 3, scène 15, LA MARQUISE)
  277. Il est vrai, Monsieur_le_Comte ; quand vous me disiez que j'aimais Madame, vous connaissiez mieux mon coeur que moi ; mais j'étais dans la bonne foi, et je suis sûr de vous paraître excusable. (Acte 3, scène 16, LE CHEVALIER)
  278. je commence à comprendre : le Comte s'en va, le notaire reste, et vous vous mariez. (Acte 3, scène 17, LISETTE)
  279. Et nous aussi, et il faudra que votre contrat fasse la fondation du nôtre : n'est-ce pas, Lisette ? (Acte 3, scène 17, LUBIN)

L'HÉRITIER DE VILLAGE (1729)

  1. Eh oui, note femme ; c'est li-même en parsonne. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  2. Toujours il meurt, et jamais ça n'est fait : voilà deux ou trois fois qu'il lantarne. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  3. Il est donc trépassé ce coup-ci ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  4. Oh il est encore pis que ça. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. Il est entarré. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. Qu'est-ce que t'en veux faire ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  7. Oui, parce que cela est plus commode. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  8. Est-ce pour moi les cinq sols, Monsieur Blaise ? (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  9. Et où est la grandeur d'âme ? (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  10. Mon homme est devenu fou. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  11. C'est que Monsieur Blaise m'a dit, par les chemins, qu'il avait hérité d'autant de son frère le mercier. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  12. Es-tu dans ton bon sens, ça est-il vrai ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  13. Oui, Madame, ça est çartain. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  14. Ça est çartain ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  15. Cela est juste ; tenez, mon bel ami, faites itou manigancer cela par un maltôtier. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  16. Ça est bien agriable. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  17. Prenons, retenons, bariolons, c'est fort bian fait, mon poulet. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  18. Je vous prends, velà qui est fait. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  19. Serviteur très humble, très obéissant et très gaillard Arlequin ; c'est le nom du personnage. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  20. Le nom est drôle. (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  21. C'est comme un colombier ; çà, allons, mon ami, c'est marché fait ; tenez, velà noute maison, allez-vous-en dire à nos enfants de venir. Si vous ne les trouvez pas, vous irez les charcher là où ils sont, stapendant que je convarserons moi et noute femme. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  22. C'est bian dit, mon homme, faut jouir. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  23. Ce n'est pas le tout que de jouir, femme : faut avoir de belles manières. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  24. Je dis tant seulement que c'est le marchand et le tailleur qui baillont tout cela ; mais c'est l'honneur, la fiarté et l'esprit qui baillont le reste. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  25. Eh morgué, tu ne m'entends point : c'est que je veux dire qu'il ne faut faire semblant de rian, qu'il faut se conduire à l'aise, avoir une vartu négligente, se parmettre un maintien commode, qui ne soit point malhonnête, qui ne soit point honnête non plus, de ça qui va comme il peut ; entendre tout, repartir à tout, badiner de tout. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  26. Tians, par exemple, prends que je ne sois pas ton homme, et que t'es la femme d'un autre ; je te connais, je vians à toi, et je batifole dans le discours ; je te dis que t'es agriable, que je veux être ton amoureux, que je te conseille de m'aimer, que c'est le plaisir, que c'est la mode : Madame par-ci, Madame par-là ; ou êtes trop belle ; qu'est-ce qu'ou en voulez faire ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  27. Mais vraiment, je te repousse dans l'estomac, d'abord. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  28. Nous velà tout juste ; velà comme ça se pratique dans noute village ; cet honneur-là qui est tout d'une pièce, est fait pour les champs ; mais à la ville, ça ne vaut pas le diable, tu passerais pour un je ne sais qui. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  29. Soit ; il n'y a rian de gâté ; ce n'est que des mains, au bout du compte ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  30. S'il t'attrape queuque baiser sur le chignon, voire sur la face, il n'y aura point de mal à ça ; attrape qui peut, c'est autant de pris, ça ne te regarde point ; ça viant jusqu'à toi, mais ça te passe ; qu'il te lorgne tant qu'il voudra, ça aide à passer le temps ; car, comme je te dis, la vartu du biau monde n'est point hargneuse ; c'est une vartu douce que la politesse a bouté à se faire à tout ; alle est folichonne, alle a le mot pour rire, sans façon, point considérante ; alle ne donne rian, mais ce qu'on li vole, alle ne court pas après. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  31. Et drès que c'est la mode pour être honnête, je varrons ; cette vartu-là n'est pas plus difficile que la nôtre. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  32. Je te varrions un régiment de galants à l'entour de toi, que je sis obligé de passer mon chemin, c'est mon savoir-vivre que ça, li aura trop de froidure entre nous. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  33. Et qui est-ce qui m'aimera donc moi ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  34. Mais quand je ne serons que tous deux, est-ce que tu me haïras ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  35. Non ; je pense qu'il n'y a pas d'obligation à ça ; stapendant je nous en informerons pour être pus sûrs ; mais il y a une autre bagatelle qui est encore pour le bon air ; c'est que j'aurons une maîtresse qui sera queuque chiffon de femme, qui sera bian laide et bian sotte, qui ne m'aimera point, que je n'aimerai point non pus ; qui me fera des niches, mais qui me coûtera biaucoup, et qui ne vaura guère, et c'est là le plaisir. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  36. Car c'est mon devoir d'honnête madame d'en avoir un itou, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  37. T'as raison, femme ; je pense itou que c'est de la belle manière, ça se pratique ; mais ce chapitre-là ne me reviant pas. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  38. Ça se peut bian, mais tout le reste est bon, et je m'y tians ; mais nos enfants ne venont point ; c'est que noute laquais les charche, je m'en vais voir ça. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  39. Je suis de votre goût, Madame ; j'aime Paris, c'est le salut du galant homme ; mais il fait cher vivre à l'auberge. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  40. Vous voilà ; Claudine, votre mari est-il revenu, a-t-il fait nos commissions ? (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  41. Qu'il est rustique, et qu'il sent le terroir. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  42. Eh donc je conclus qu'elle est folle. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  43. Ce genre de folie est divertissant. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  44. Vous n'y songez pas, Chevalier, c'est une impertinente qui perd le respect, et vous devriez la faire taire. (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  45. Ça est trop drôle. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  46. Est-ce que je nous soucions l'un de l'autre ? (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  47. J'examine Blaise ; sa femme est folle, je le crois à l'unisson. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  48. C'est peut-être que le respect vous a manqué. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  49. Cousine, le vertigo n'est-il pas double ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  50. Je chante de même ; c'est moi qui suis le précepteur de la famille. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  51. Madame Damis, acoutez-moi ; tout ceci vous renvarse la çarvelle, c'est pis qu'une égnime pour vous et voute cousin. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  52. J'avions un frère, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  53. Il est parti. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  54. Eh bien bon voyage ; mais changez-nous de vertigo, celui-ci est triste. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  55. La fin en est plus drôle. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  56. C'est que, ne vous en déplaise, j'en avons hérité de cent mille francs, sans compter les broutilles ; et voilà la preuve de mon dire, signé : Rapin. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  57. Le galant homme dit vrai, cousine ; je connais ce Rapin et sa signature ; voilà cent mille francs, c'est comme s'il en tenait le coffre ; je les honore beaucoup, et cela change la thèse. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  58. Vous vous moquez, vous êtes trop modestes, et si vous me fâchez, je vous compare aux astres tous tant que vous êtes. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  59. Quant à Madame, je la supplie seulement de me recevoir au nombre de ses amis, tout dangereux qu'il est d'obtenir cette grâce ; car je n'en fais point le fin, elle possède un embonpoint, une majesté, un massif d'agréments, qu'il est difficile de voir innocemment. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  60. Baisez ; ce n'est que des mains au bout du compte. (Acte 1, scène 4, CLAUDINE)
  61. Allons, Madame Damis, avancez ; j'ai mesuré le terrain : à vous le reste. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  62. Voilà qui est bien ; halte là maintenant ; je requiers la permission de dire un mot à l'oreille de la cousine. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  63. Et moi itou ; mais, Monsieur le Chevalier, où est mon compliment à moi, qui suis le docteur de la maison ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  64. Va, je te trouve bouffon ; vante-toi de ma bienveillance, je t'en honore, et ta fortune est faite. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  65. Cette canaille a cent mille francs ; vous êtes veuve, je suis garçon ; voici un fils, voilà une fille ; vous n'êtes pas riche, mes finances sont modestes : les légitimes de la Garonne, vous les connaissez ; proposons d'épouser. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  66. Ce sont des villageois : mais qu'est-ce que cela fait ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  67. Il est vrai que vous êtes noble ; moi, je le suis depuis le premier homme ; mais les premiers hommes étaient pasteurs ; prenez donc le pastoureau, et moi la pastourelle. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  68. Colin est jeune, et sa jeunesse ne vous messiéra pas. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  69. Chevalier, l'idée me paraît assez sensée ; mais la démarche est humiliante. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  70. La belle gloire, c'est la raison, cadédis ; ainsi j'achève. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  71. J'ai l'honneur d'être gentilhomme, estimé, personne n'en doute ; je suis dans les troupes, je ferai mon chemin, sandis ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  72. Je n'ai qu'un aîné, le baron de Lydas, un seigneur languissant, un casanier incommodé du poumon ; il faut qu'il meure, et point de lignée ; j'aurai son bien, cela est net. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  73. Noute fils, c'est une petite face aussi bien troussée qu'il y en ait. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  74. Il n'y pas de mal à ça, Madame, ça est grandement naturel. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  75. Pour ça, faut avouer que Colin est biau ; n'en dit partout qu'il me ressemble. (Acte 1, scène 5, CLAUDINE)
  76. Oui, oui, Madame est prou gentille, mais je ne voyons rian de ça, moi, car ce n'est que ma femme ; poursuivez. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  77. Là-dessus je me suis mis à regarder Mademoiselle Colette ; la demoiselle en même temps a tourné les yeux dessus moi ; tourner les yeux dessus quelqu'un, rien n'est plus simple, ce semble ; cependant du tournement d'yeux dont je parle, de la beauté dont ils étaient, de ses charmes et de sa douceur, de l'émotion que j'ai sentie, ne m'en demandez point de nouvelles, voyez-vous, l'expression me manque, je n'y comprends rien. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  78. Est-ce votre fille, est-ce l'Amour qui m'a regardé ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  79. Ça est merveilleux ; mais voyez donc cette petite masque! (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  80. Homme d'honneur, ce que vous dites est touchant ; mais il est un moyen. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  81. Oh bian je nous accordons à tout, pourveu que Madame n'aille pas dire que ce mariage n'est pas de niviau avec elle. (Acte 1, scène 5, CLAUDINE)
  82. Cousine, répondez ; faites voir la modestie de vos sentiments. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  83. Touchez là, mon gendre ; allons, ma bru, ça vaut fait ; j'achèterons de la noblesse, alle sera toute neuve, alle en durera pus longtemps, et soutianra la vôtre qui est un peu usée. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  84. Pour ce qui est d'en cas d'à présent, allez prendre un doigt de collation. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  85. Un père de famille a bian du souci, et c'est une mauvaise graine que des enfants. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  86. Drès que ça est grand, ça veut tâter de la noce. (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  87. Stapendant il m'est avis que je faisons un métier de fous, nous autres honnêtes gens... (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  88. Ça est vrai, je reconnais la dette ; mais je ne saurais la payer, ça me serait reproché. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  89. Parce que ça n'est pas daigne d'une parsonne de ma compétence ; ça me tournerait à confusion. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  90. Mais est-ce que vous vous moquez de moi ? (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  91. Il m'est bian parmis d'en bailler en emprunt, ça se pratique ; mais en paiement, ça ne se peut pas. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  92. Il vous est permis d'en prêter, dites-vous ? (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  93. Effectivement le privilège est noble, et d'ailleurs il vous convient mieux qu'à un autre ; car j'ai toujours remarqué que vous êtes naturellement généreux. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  94. Ça est vrai, Monsieur le fiscal, ça est vrai. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  95. Mais vous avez l'âme belle, et j'ai une grâce à vous demander, laquelle est de vouloir bien me prêter cinquante francs. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  96. Ça est bian malhonnête à vous. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  97. Ce n'est pas comme ça qu'on triche l'honneur des gens de ma sorte ; c'est un affront. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  98. Est-ce que ce n'est pas mon père ? (Acte 1, scène 8, COLIN)
  99. Oh oh velà qui est bon ; j'aime le mariage, moi ; et je serai l'homme de qui ? (Acte 1, scène 8, COLIN)
  100. Ce transport est bon, je l'approuve ; mais le geste n'en vaut rien, je le casse. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  101. Et moi, mon bon Monsieur, qui est-ce qui me prend ? (Acte 1, scène 8, COLETTE)
  102. Qu'est-ce que je leur dirai ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  103. Comme ainsi soit qu'il n'est rien de si beau que les similitudes, commençons doctement par là. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  104. C'est que la biauté de votre parsonne... (Acte 1, scène 9, COLIN)
  105. Car il ne faut pas tant de priambule ; et c'est ce qui fait d'abord que je vous veux pour femme. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  106. Qu'est-ce qu'ou dites à ça ? (Acte 1, scène 9, COLIN)
  107. Ça est vrai, Mademoiselle ; mais vous serez pus accoutumée à la seconde fois qu'à la première, et de fois en fois vous vous y accoutumerez tout à fait. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  108. Mais oui ; il m'est avis qu'il a d'abord galopé de l'amour au mariage. (Acte 1, scène 9, COLETTE)
  109. C'est que je suis hâtif ; mais j'irai le pas. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  110. C'est que cette noce est friande, et mon esprit va toujours trottant envers elle. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  111. Laissons tout cela ; tenez je m'en vas, je n'aime pas à être à l'école ; je parlerai à l'aventure ; laissez venir Madame Damis ; pisqu'alle est veuve, alle me fera mieux ma leçon que vous. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  112. Mais, Monsieur le Chevalier, c'est une autre histoire ; sa mine me plaît ; vous varrez, vous varrez comme ça me démène le coeur. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  113. Quand les révérences seront faites, vous aurez une certaine modestie, qui sera relevée d'une certaine coquetterie... (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  114. Je boutrai une pincée de chaque sorte, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  115. Qu'est-ce que c'est que cela ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  116. Est-ce que vous m'aimeriez ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  117. Monsieur, pour ce qui est de votre coeur, je ne l'avons pas vu ; si vous me disiez la parsonne qui l'a prins, on varrait ça. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  118. Monsieur, c'est pourtant mes yeux que je porte, je n'empruntons ceux-là de parsonne. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  119. Ce qui est fait est fait. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  120. Votre coeur est venu à moi, je ne li dirai pas de s'en aller ; et on ne rend pas cela de la main à la main. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  121. Ça se peut bian ; mais il n'est pas encore temps de le dire. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  122. Vous me demandez mon coeur ; mais il est tout neuf ; et le vôtre a peut-être sarvi. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  123. Il ne lui en reste pas une syllabe, vos beaux yeux l'ont dépouillé de tout ; je le renonce, et je plaide à présent pour en avoir un autre. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  124. Gageons, ma poule, que l'affaire est faite. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  125. Velà qui est fait, il est fou, ça doit me gagner, faut que je parle. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  126. Madame, il est vrai que l'honneur de voir voute biauté est une chose si admirable, que par rapport à noute mariage, dont ce que j'en dis n'est pas que j'en parle car mon amitié dont je ne dis mot ; mais..., morgué tenez, je m'embarbouille dans mon compliment, parlons à la franquette ; il n'y a que les mots qui faisont les paroles. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  127. Il parle un assez mauvais langage, mais il est amusant. (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  128. Il est vrai que je ne savons pas l'ostographe ; mais morgué ! (Acte 1, scène 14, COLIN)
  129. Je sommes tout à fait drôle ; quand je ris, c'est de bon coeur ; quand je chante, c'est pis qu'un marle, et de chansons j'en savons plein un boissiau ; c'est toujours moi qui mène le branle, et pis je saute comme un cabri ; et boute et t'en auras, toujours le pied en l'air ; n'y a que moi qui tiant, hors Mathuraine, da, qui est aussi une sauteuse, haute comme une parche. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  130. C'est une bonne criature, et moi aussi ; tenez, je prends le temps comme il viant, et l'argent pour ce qu'il vaut. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  131. L'appétit ne me manque pas, toujours ; c'est le principal ; et pis cette éducation, à quoi ça sart-il ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  132. Est-ce qu'on en aime mieux ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  133. C'est comme qui dirait beaucoup ; mais c'est que la confusion vous rend le coeur chiche ; baillez-moi votre main que je la baise ; ça vous mettra pus en train. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  134. En vérité, l'Amour est un grand maître ! (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  135. Alle me trouve gaillard, et alle dit qu'alle est bian contente ; mais velà des violoneux. (Acte 1, scène 15, COLIN)
  136. Oui, c'est une petite politesse que je faisons à ma bru, comme un reste de collation. (Acte 1, scène 15, BLAISE)
  137. C'est le repos de l'amour honnête ; où se tient le notaire ? (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  138. Qu'est-ce, Monsieur Griffet ? (Acte 1, scène 15, BLAISE)
  139. Blaise, mon ami, il ne me reste plus qu'à vous répéter ce que le procureur a mis au bas de sa missive : et suis... (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  140. Ce n'est pas grand dommage ; mauvaise milice que tout cela, qui ne vaut pas le pain d'amunition. (Acte 1, scène 15, ARLEQUIN)
  141. C'est une accordée de pardue ; tu me quittes, je te quitte, et vive la joie ! (Acte 1, scène 15, COLIN)
  142. Je pense que velà bian des équipages de chus, et des casaques de reste. (Acte 1, scène 15, CLAUDINE)

L'ÃŽLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES (1727)

  1. La pièce que nous allons voir est sans doute tirée de Gulliver ? (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  2. Sérieusement, tu crois qu'il n'y est pas question de Gulliver ? (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  3. C'est que, s'il ne s'en agissait pas, je m'en irais tout à l'heure. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  4. Il est très douteux qu'il s'en agisse ; et franchement, à ta place, je ne voudrais point du tout m'exposer à ce doute-là : je ne m'y fierais pas, car cela est très désagréable, et je partirais sur-le-champ. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  5. Ma foi, crois-moi, ce n'est pas là notre fort : pour de l'esprit, nous en avons à ne savoir qu'en faire ; nous en mettons partout, mais de jugement, de réflexion, de flegme, de sagesse, en un mot, de cela. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  6. Je t'admire, mon cher Marquis, avec l'air mortifié dont tu parais finir ta période : mais tu ne m'effrayes point ; tu n'es qu'un hypocrite ; et je sais bien que ce n'est que par vanité que tu soupires sur nous. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Par vanité : celui-là est impayable. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  8. Malpeste ! (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. N'est-ce pas là la réflexion que tu veux qu'on fasse ? (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  10. Parbleu, Chevalier, ta pensée est pourtant plaisante. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  11. Sais-tu bien que j'ai envie de dire qu'elle est vraie ? (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  12. Très vraie ; et par-dessus le marché, c'est qu'il n'y a rien de si raisonnable que l'aveu que tu en fais. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  13. L'étranger qu'on y loue n'y rit pas de si bon coeur que lui, et cela est charmant. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  14. Effectivement cela nous fait honneur, c'est que notre orgueil entend raillerie. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  15. Il est moins neuf que celui des autres. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  16. C'est avec une austérité qui rebute de leur sagesse. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  17. Leur badinage n'est pas de commerce ; il y a quelque chose de rude, de violent, d'étranger à la véritable joie ; leur raison est sans complaisance, il lui manque cette douceur que nous avons, et qui invite ceux qui ne sont pas raisonnables à le devenir : chez eux, tout est sérieux, tout y est grave, tout y est pris à la lettre : on dirait qu'il n'y a pas encore assez longtemps qu'ils sont ensemble ; les autres hommes ne sont pas encore leurs frères, ils les regardent comme d'autres créatures. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  18. Et nous, tout cela nous amuse, tout est bien venu parmi nous ; nous sommes les originaires de tous pays : chez nous le fou y divertit le sage, le sage y corrige le fou sans le rebuter. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  19. Nous ne sommes plus chez nos quand il y est ; il faut presque échapper à ses yeux, quand nous sommes chez lui. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  20. Toute notre indulgence, tous nos éloges, toutes nos admirations, toute notre justice, est pour l'étranger ; enfin notre amour-propre n'en veut qu'à notre nation ; celui de tous les étrangers n'en veut qu'à nous, et le nôtre ne favorise qu'eux. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  21. Qu'est-ce que c'est que des petits hommes ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  22. Assurément, le titre est rebutant ; qu'en dites-vous, Monsieur le Conseiller ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  23. Voulez-vous bien nous dire ce que c'est que vos Petits Hommes ? (Prologue, scène 3, LA COMTESSE)
  24. Ah, ce n'est pas la peine : les nôtres sont fort bons pour figurer en petit : la taille n'y fera rien pour moi. (Prologue, scène 3, LE CHEVALIER)
  25. Nous ne voulions point vous tromper ; nous vous disons ce que c'est, et vous êtes venus sur l'affiche qui vous promet des petits hommes ; d'ailleurs, nous avons mis aussi l'Ile de la Raison. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  26. ce n'est pas là le séjour de la joie. (Prologue, scène 3, LA COMTESSE)
  27. Mais, Messieurs, depuis six mois que nous avons été pris par cet insulaire qui vient de nous mettre ici, que vous est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  28. Quant à ce qui est de moi, noute geoulier, sa femme et ses enfants, ils me regardiont tous ni plus ni moins comme un animal. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  29. C'est la faute de la rareté. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  30. Oui-da, lé douté là-dessus est pardonnavle. (Acte 1, scène 2, FONTIGNAC)
  31. C'est-à-dire ? (Acte 1, scène 2, LE MÉDECIN)
  32. C'est-à-dire que moi qu'on appelait le grand Blaise, moi qui vous parle, il n'y a pus de nouvelles de moi : je ne savons pas ce que je sis devenu ; je ne trouve pus dans mon pourpoint qu'un petit reste de moi, qu'un petit criquet qui ne tiant pas plus de place qu'un éparlan. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  33. Ma foi, ma parsonne est bian diminuée ; mais j'aime encore mieux le petit morciau qui m'en reste, que de n'en avoir rian du tout : mais tenez, velà apparemment le gouverneux d'ici qui nous lorgne avec une leunette. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  34. Et cependant ces petits animaux ont parfaitement la figure d'homme, et même à peu près nos gestes et notre façon de regarder. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  35. En voilà un que je serais bien aise d'avoir aussi : je crois que c'est un petit mâle. (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  36. J'aime mieux mon mâle que tout le reste ; mais ne mordent-ils pas, au moins ? (Acte 1, scène 3, FLORIS)
  37. Monsieu le Gouverneux, ou bian Monsieu le Roi, je ne savons lequel c'est ; et vous, Mademoiselle sa fille, et Monsieur son garçon, il n'y a qu'un mot qui sarve. (Acte 1, scène 3, BLAISE)
  38. Seigneur, je me rappelle un fait ; c'est que j'ai lü dans les registres de l'Etat, qu'il y a près de deux cents ans qu'on en prit de semblables à ceux-là ; ils sont dépeints de même. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  39. On crut que c'étaient des animaux, et cependant c'étaient des hommes : car il est dit qu'ils devinrent aussi grands que nous, et qu'on voyait croître leur taille à vue d'oeil, à mesure qu'ils goûtaient notre raison et nos idées. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  40. Il est vrai qu'ils parlent et qu'ils répondent à ce qu'on leur dit : mais nous ne savons pas jusqu'où l'instinct des animaux peut aller. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  41. Si leur petitesse n'est qu'un charme, essayons de le dissiper, en les rendant raisonnables : c'est toujours faire une bonne action que de tenter d'en faire une. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  42. Blectrue, c'est à vous à qui je les confie. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  43. vous qui parlez, savez-vous bian que si vous êtes noute prouchain, que c'est tout le bout du monde ? (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  44. Doucement, petits singes ; apaisez-vous, je ne demande qu'à sortir d'erreur ; et le parti que je vais prendre pour cela, c'est de vous entretenir chacun en particulier, et je vais vous laisser un moment ensemble pour vous y déterminer : calmez-vous, nous ne vous voulons que du bien ; si vous êtes des hommes, tâchez de devenir raisonnables : on dit que c'est pour vous le moyen de devenir grands. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  45. Peut-on débénir cé qué l'on est ? (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  46. Pour moi, je crois que c'est un pays de magie, où notre naufrage nous a fait aborder. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  47. Les gens de ce pays l'appelont l'île de la Raison, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  48. Il faut donc que les habitants s'appelaint les Raisonnables ; car en France il n'y a que des Français, en Allemagne des Allemands, et à Passy des gens de Passy, et pas un Raisonnable parmi ça : ce n'est que des Français, des Allemands, et des gens de Passy. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  49. Jé dis donc qué plus jé bous régarde, et plus jé mé fortifie dans l'idée dé cé rustré ; notré pétitessé, sandis, n'est pas uniformé ; rémarquez, Messieurs, qu'ellé va par échélons. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  50. C'est peut-être parce qu'il y en a de plus fous les uns que les autres. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  51. Cet hommé dit d'or ; jé pense qué c'est lé dégré dé folie qui régle la chose ; et qu'ainsi ne soit, regardez cé paysan, cé n'est qu'un rustre. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  52. Et cépendant cé rustre, il est lé plus grand dé nous tous. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  53. Non pas lé plus sage, mais lé moins frappé dé folie, et jé né m'en étonné pas ; lé champ dé vataillé dé l'extrabagancé, boyez-bous, c'est lé grand monde, et cé paysan né lé connaît pas, la folie né l'attrapé qué dé loin ; et boilà cé qui lui rend ici la taillé un peu plus longue. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  54. À voir voute taille, ou avez eu des moyans de reste. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  55. En effet, la chambrière n'est pas si petiote que la maîtresse, faut bian qu'alle ne soit pas si folle. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  56. Ellé né vient pourtant qu'après nous, et c'est qué la raison des femmes est toujours un peu plus dévilé qué la nôtre. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  57. Tenez, philosophe, vous qui parlez, voute taille est la plus malingre de toutes. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  58. Oui, c'est la plus inapercévable, cellé qui rampe lé plus, et la raison en est bonne ! (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  59. Il est, morgué bian écrasé. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  60. Des gens dé botre métier, cependant, lé bon sens n'en est pas célèbre ; n'avez-vous pas dit qué bous étiez en voyage pour une épigramme ? (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  61. Cela est vrai. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  62. Je l'avais fait contre un homme puissant qui m'aimait assez, et qui s'est scandalisé mal à propos d'un pur jeu d'esprit. (Acte 1, scène 8, LE PO?TE)
  63. Jé l'oubliais, dé la profession dont il est, sa critique est touté faite. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  64. C'est moi, je serai bien aise de savoir ce dont il s'agit. (Acte 1, scène 9, LE POÈTE)
  65. Seigneur Blectrue, laissons là l'instinct, il n'est fait que pour les bêtes ; il est vrai que nous sommes petits. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  66. Ou du moins vous nous croyez tels, et nous aussi ; mais cette petitesse réelle ou fausse ne nous est venue que depuis que nous avons mis le pied sur vos terres. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  67. Cela ressemblerait à l'article dont il est fait mention dans nos registres. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  68. Je crois vous reconnaître à travers le déguisement humiliant où vous êtes : oui, la petitesse de votre corps n'est qu'une figure de la petitesse de votre âme. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  69. Je sais que l'homme est bien peu de chose. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  70. C'est le disciple des dieux, quand il est raisonnable ; c'est le compagnon des bêtes quand il ne l'est point. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  71. Est-ce comme qui dirait marchand ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  72. Cela est bien bizarre. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  73. Voilà qui est fini, je n'espère plus rien ; votre espèce me devient plus problématique que jamais. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  74. Ce qu'il dit là est assez plaisant. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  75. Eh mais, c'est une chose très gracieuse. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  76. Ce n'est pas là tout, sans doute, et nous nous reverrons, s'il le faut. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  77. Amenez-la comme elle est. (Acte 1, scène 12, BLECTRUE)
  78. Je veux voir pourquoi elle n'est pas si petite que les autres ; cela pourra encore m'apprendre quelque chose sur leur espèce. (Acte 1, scène 13, BLECTRUE)
  79. Morgué, est-ce qu'on nous prend pour des oisiaux ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  80. Cela est-il vrai ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  81. Palsangué, velà donc mon compte de tantôt avec les échelons du Gascon ; velà ce que c'est ; ous avez raison, je ne sis pas raisonnable. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  82. Je n'ons point de raison, c'est ma pensée. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  83. Ça est honteux. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  84. Prenez garde ; l'aveu que vous faites de manquer de raison n'est peut-être pas comme il faut : peut-être ne le faites-vous que dans la seule vue de rattraper votre figure ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  85. Ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  86. Réfléchissez sur vos folies pour en guérir ; soyez-en honteux de bonne foi : c'est de quoi il s'agit apparemment. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  87. Jarnigué, c'est une balle chose, si alle n'était pas si difficile ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  88. Ça est vrai ; vous m'y faites penser. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  89. C'est l'effet de la raison. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  90. C'est l'effet de la raison ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  91. Oui, mon ami, un homme de six pieds ne vaut pas une marionnette raisonnable ; c'est mon darnier mot et ma darnière parole. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  92. Ceci est sensible. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  93. Garnigoi, velà que ça reste là. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  94. Ça est vrai ; j'en sis tout stupéfait : mais faut bian que je ne l'aime pas encore autant qu'alle en est daigne ; ou bian, c'est que je ne mérite pas qu'alle achève ma délivrance. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  95. Ce sont des hommes, voilà qui est fini. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  96. J'avons un tas de fautes qui est trop grand pour en venir à bout : mais, quant à ce qui est de cette ivrognerie, j'ons toujours fricassé tout mon argent pour elle : et pis, mon ami, quand je vendions nos denrées, combian de chalands n'ons-je pas fourbé, sans parmettre aux gens de me fourber itou ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  97. ça est bian malin ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  98. Oui, ma taille s'avance ; et c'est bian de la grâce que la raison me fait ; car je sis un pauvre homme. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  99. Qu'est-ce que c'est que ça ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  100. Morgué, ça est vrai ; me velà rechuté, je raccourcis. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  101. Qui est-ce qui dirait ça ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  102. Drès qu'ils me varront, ma présence les sarmonnera ; faut qu'ils devenient souples, et qu'ils restient tous parclus d'étonnement. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  103. C'est vous qui êtes le soleil, et je ne sis pas tant seulement la leune auprès de vous, moi : mais je ferons de mon mieux, à moins qu'ils me rebutiont à cause de ma chétive condition. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  104. Et c'est à cause de ça. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  105. Boutez de la raison là-dedans ; et pis, zeste, tout le corps arrive. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  106. Ce n'est pas que j'y répugne. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  107. c'est la plus balle pensée qu'ou aurez de voute vie. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  108. Écoutez-moi, galant homme ; n'est-cé pas ses imperfétions qu'il faut réconnaîtré ? (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  109. La bêtise n'est pas dé mon lot. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  110. Cé n'est pas là qué gît mon mal : c'était lé vôtre ; chacun a lé sien. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  111. Jé né prétends pourtant pas mé ménager, car jé né m'estimé plus ; mais dans la réflétion, jé mé trouvé moins imvécile qu'impertinent, moins sot qué fat. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  112. C'est ce que je voulons dire : ça va grand train. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  113. Est-ce là tout ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  114. Sans doute, puisqu'ou êtes Gascon ; mais est-ce par couteume ou par occasion ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  115. Qu'est-ce que c'est que ça ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  116. Un homme qui ment, c'est comme un homme qui a pardu la parole. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  117. N'importe, maugré qu'ou soyez bavard, mon dire est vrai ; c'est que ceti-là qui ment ne dit jamais la parole qu'il faut, et c'est comme s'il ne sonnait mot. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  118. Jé né hais pas cetté pensée ; elle est fantasque. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  119. Cé n'est point lé corps qué j'empoisonnais, jé faisais mieux. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  120. C'est peut-être les rivières ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  121. C'est l'esprit des hommes qué jé corrompais ; jé les rendais avugles ; en un mot, j'étais un flattur. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  122. Patience ; car d'abord voute poison avait bian mauvaise meine ; mais ça est épouvantable, et je sis tout escandalisé. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  123. Jé mé détesté. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  124. Pour moi, Fontignac, je ne te haïssais pas : mais j'avoue qu'aujourd'hui mon coeur est bien disposé pour toi ; je te dois autant que tu dois à Blaise. (Acte 3, scène 1, SPINETTE)
  125. Ça est admirable ! (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  126. Et la mienne est si bian reposée ! (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  127. La raison est un si grand trésor. (Acte 3, scène 1, SPINETTE)
  128. Ne le pardez pas, vous ; ça est bian casuel entre les mains d'une fille. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  129. Alle me charme, Monsieu de Fontignac ; alle a de la modestie, alle est aussi raisonnable que nous autres hommes. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  130. Jé m'estimérais bien fortuné dé l'être autant qu'elle. (Acte 3, scène 1, FONTIGNAC)
  131. Un Gascon de modeste ! (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  132. est-il donc ? (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  133. Je pense que c'est noute médecin ? (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  134. Mademoiselle, je ne demande pas mieux ; car en vérité, c'est quelque chose de bien affreux que de rester comme je suis, moi qui ai du bien, qui suis riche et estimé dans mon pays. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  135. Né comptez pas l'estimé dé ces fous. (Acte 3, scène 2, FONTIGNAC)
  136. Est-ce que la pitance vous manque ici ? (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  137. C'est comme un enfant qui crie après sa poupée. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  138. Rémettons donc cet estropié d'esprit entré les mains dé Madémoisellé Spinetté. (Acte 3, scène 2, FONTIGNAC)
  139. c'est à moi à me taire où vous êtes. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  140. Oh dame, il faut que l'humilité marche entre nous ; je nous mettons bas pour rester haut. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  141. Tout votre secret est de me dire des injures ? (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  142. Voyons donc ce que c'est. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  143. Non, je suis veuf ; ma femme est morte à vingt-cinq ans d'une fluxion de poitrine. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  144. Peste soit du docteur ! (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  145. C'est que c'était pour la darnière fois qu'on courait. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  146. Encore est-ce, quand c'est la pauvreté qui oblige à tuer les gens ; mais quand en est riche, ce n'est pas la peine ; et je continue toujours à dire qu'ou êtes un sot, et que, si vous voulez grandir, faut laisser les gens mourir tout seuls. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  147. Pour moi, j'espère que je ferai entendre raison à ma maîtresse, et que nous demeurerons tous ici ; car on y est si bien ! (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  148. La raison dans le pays des folies, c'est comme une pelote de neige au soleil. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  149. Mademoiselle, vous vous gaussez, ai-je repris ; ce n'est pas moi qui baille les parvilèges, c'est moi qui les demande. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  150. Et pis vous êtes venu, et j'en avons resté là. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  151. Qu'est-ce que ça signifie ? (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  152. C'est la loi du pays qui veut qu'on en use ainsi. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  153. D'ordinaire effectivément ellé n'est pas robuste. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  154. Morgué ça est vrai, on ne voit partout que des sagesses à la renvarse. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  155. Que deviendra l'amour, si c'est le sexe le moins fort que vous chargez du soin d'en surmonter les fougues ? (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  156. C'est vous en ce cas qu'il faut déshonorer, et non pas elles. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  157. Allez mes enfants, ce n'est pas la raison, c'est le vice qui les a faites ; il a bien entendu ses intérêts. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  158. Mais, Mademoiselle, parlez-moi, dans queulle intention est-ce que vous me dites que je sis biau ? (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  159. Est-ce que je vous plais ? (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  160. Je sis bian sévère, est-ce pas ? (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  161. C'est que je rêve. (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  162. Mais il faut que ça vianne ; ça n'est pas encore bian mûr, et je varrons pendant qu'à m'aimera ; qu'alle aille son train. (Acte 3, scène 5, BLAISE)
  163. Aimer toute seule est bien triste ! (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  164. Vous savez, Madame, que tantôt Fontignac et ce paysan croyaient que nous n'étions petits que parce que nous manquions de raison ; et ils croyaient juste : cela s'est vérifié. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  165. Est-ce que je suis folle ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  166. Morgué, velà cen que c'est. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  167. Ce n'est que par l'aveu de mes folies que j'ai rattrapé ma raison. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  168. Velà qui est bel et bon ; mais il n'y a que voute folie qui en varse : voute raison n'en baille pas une goutte, et ça n'avance rian. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  169. Cela est vrai. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  170. Ne vous fâchez pas, ce n'est que par charité que je vous méprisons. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  171. Cette jeunesse, alle est une girouette. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  172. Madame, vous comptez si bien, que ce n'est pas la peine que je m'en mêle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  173. Ce n'est pas pour des preunes qu'ou êtes si petite. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  174. Enfin, Spinette, je veux croire que tout ceci est de bonne foi ; mais je ne vois rien en moi qui ressemble à ce que vous dites. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  175. Aidez-vous, Madame ; songez, par exemple, à ce que c'est qu'une toilette. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  176. N'est-ce pas une table qui est si bian dressée, avec tant de brimborions, où il y a des flambiaux, de petits bahuts d'argent et une couvarture sur un miroir ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  177. C'est cela même. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  178. Est-ce que sa mère ne li avait pas baillé un visage tout fait ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  179. Est-ce que le visage d'une coquette est jamais fini ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  180. N'est-il pas vrai qu'à votre miroir, un jour, un regard doux vous a coûté plus de trois heures à attraper ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  181. Encore n'en attrapâtes-vous que la moitié de ce que vous en vouliez ; car, quoique ce fût un regard doux, il s'agissait aussi d'y mêler quelque chose de fier : il fallait qu'un quart de fierté y tempérât trois quarts de douceur ; cela n'est pas aisé. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  182. La coquetterie reste dans la disette ; elle n'a pas seulement son nécessaire avec elle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  183. L'étourdi à qui tant de grâces sont destinées arrivera tantôt. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  184. Est-ce qu'on l'aime ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  185. C'est la raison qui bataille avec la folie. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  186. Ne vous troublez point, Madame ; c'est un coeur tout à vous qui vous parle. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  187. Et puis cette bonté superbe avec laquelle on salue des inférieurs ; cet air altier avec lequel on prend sa place ; cette évaluation de ce que l'on est et de ce que les autres ne sont pas. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  188. Et pis du doux dans un regard, qui se détrempe avec du fiar ; et pis une balance pour peser cette marchandise : qu'est-ce que c'est que tout ça ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  189. Spinette, m'amie, velà qui est fait, la marionnette est partie ; velà le pus biau jet qui se fera jamais. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  190. Mes enfants, ce qu'il y a de plus doux pour moi dans tout cela, c'est le jugement sain et raisonnable que je porte actuellement des choses. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  191. Que la raison est délicieuse ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  192. Je vous l'avais promis, et si vous m'en croyez, nous resterons ici. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  193. Alle est toujours à moitié tombée. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  194. Premièrement, il y a ici le fils du Gouvarneur, qui est un garçon bian torné. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  195. C'est pourtant cette bamboche de tantôt. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  196. C'est ma maîtresse, cette petite femelle que Monsieur avait retenue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  197. Oui, Seigneur, c'est moi-même, sur qui la raison a repris son empire. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  198. On travaille à li faire sa taille à ceti-là : le Gascon est après, à ce qu'il nous a dit. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  199. Vous ne pouvez, ma chère amie, nous faire un plus grand plaisir ; et si la modestie permettait à mon frère de s'expliquer là-dessus, je crois qu'il en marquerait autant de joie que moi. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  200. Morgué, à propos, ce n'est pas comme ça qu'il faut répondre ; c'est à li à tenir sa morgue, et non pas à vous. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  201. C'est les hommes qui font les pimbêches, ici, et non pas les femmes. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  202. Madame, c'est que cela a changé de main. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  203. Dans notre pays on nous assiège ; c'est nous qui assiégeons ici parce que la place en est mieux défendue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  204. L'homme ici, c'est le garde-fou de la femme. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  205. La pratique de cet usage-là m'est bien neuve ; mais j'y ai pensé plus d'une fois en ma vie, quand j'ai vu les hommes se vanter des faiblesses des femmes. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  206. Oui, oui, cela est extrêmement juste. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  207. Mon frère, Madame est instruite de nos usages, et elle a un secret à vous confier. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  208. Souvenez-vous qu'elle est étrangère, et qu'elle mérite plus d'égards qu'une autre. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  209. Allons voir si voute petit mâle de tantôt est bian avancé. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  210. Cela est vrai, et personne ne m'engagerait plus vite à y renoncer que vous. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  211. Je me prête autant que je puis à cette difficulté qui vous reste encore. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  212. Vous la nommez bien ; elle est vraiment difficulté. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  213. Donnez-m'en seulement l'idée ; aidez-moi à savoir ce que c'est. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  214. Cela n'est pas défendu : l'amour est un sentiment naturel et nécessaire ; il n'y a que les vivacités qu'il en faut régler. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  215. Vous voyez bien que ce n'est pas pour un autre. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  216. Nous ne connaissons point ce titre-là ici ; mon nom est Parmenès, et l'on ne m'en donne point d'autre. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  217. Permettez, Seigneur, qué j'emmène Madame ; l'esprit dé son frère fait lé mutin, il régimbe ; sa folie est ténace, et j'ai bésoin dé troupes auxiliaires. (Acte 3, scène 9, FONTIGNAC)
  218. Il y aura dé la vésogne après lui ; car c'est une cervelle dé courtisan. (Acte 3, scène 9, FONTIGNAC)
  219. Pouvez-vous vous empêcher de l'estimer, et ne me l'enviez-vous pas vous-même ? (Acte 4, scène 1, LA COMTESSE)
  220. Morgué, il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour nous admirer, sans compter que velà Mademoiselle qui est la propre fille du Gouverneur et qui n'attend que la revenue de votre parsonne pour vous entretenir de vos beaux yeux : ce qui vous sera bian agriable à entendre. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  221. Velà noute médecin de guari ; il en embrasse tout le monde ; il est si joyeux, qu'il a pensé étouffer un passant. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  222. Quand est-ce donc que vous nous étoufferez itou ? (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  223. Il n'y a pus que vous d'ostiné, avec ce faiseur de vars, qui est rechuté, et ce petit glorieux de phisolophe, qui est trop sot pour s'amender, et qui raisonne comme une cruche. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  224. Est-il vrai que ma soeur est convenue de toutes les folies dont elle parle ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  225. Il est venu des larmes, un peu dé découragément, dé pétites colères brochant sur le tout. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  226. est-il donc cet aveugle ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  227. Monsieur, avrégeons ; la vie est courte ; parlons d'affaire. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  228. Il en est dé vous commé dé ces vases trop pleins ; on né peut les rémuer qu'ils né répandent. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  229. Voudriez-vous bien me dire quelle est cette faiblesse par laquelle je prélude ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  230. C'est la peur qué vous avez qué jé né vous épluche. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  231. Cadédis, quittez la bavette ; il est bien temps qué vous soyez sévré. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  232. est donc le respect que tu me dois ? (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  233. Lé respect qué vous démandez, voyez-vous, c'est lé sécouement du grélot ; mais j'ai perdu lé hochet. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  234. Cé n'est pas le bras à vous, c'est la tête qu'il faut vous rémettre ! (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  235. Laissez-moi, vous dis-je ; mon plus grand malheur est de vous voir ici. (Acte 4, scène 2, LE COURTISAN)
  236. Queu tintamarre est-ce que j'entends là ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  237. C'est ce coquin que tu vois qui vient de me dire tout ce qu'il y a de plus injurieux au monde. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  238. C'est qu'ou êtes un maladroit ; il a bian fait de retirer le bras. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  239. Il li appartient bian de fâcher un mignard comme ça, à cause qu'il n'est qu'un petit bout d'homme. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  240. Eh bian, qu'est-ce ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  241. Je t'assure que ce n'est pas la raison qui me manque. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  242. Tenez, il m'est obligé, ce dit-il. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  243. Il n'est déjà pus si glorieux comme dans ce vaissiau où il ne me regardait pas. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  244. Je ne prétends pas qu'il vous parle à vous, car il n'en est pas daigne ; ce sera à moi qu'il parlera à l'écart. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  245. Vous rapportez des emprunts : qu'est-ce que ça fait, pourvu qu'on rende ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  246. Jé m'expliqué : c'est qué Monsieur avait lé coeur grand. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  247. Est-ce que tout y tenait ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  248. Les grandes âmes donnent tout, et né restituent rien, et la noblessé dé la sienne étouffait sa justice. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  249. D'autant plus qué cetté noblesse est cause qué l'on rafle la tavlé dé ses créanciers pour entréténir la magnifience dé la sienne. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  250. Qu'est-ce que c'est que cette avaleuse de magnificence ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  251. C'est qu'il parle trop haut. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  252. Ca est-il vrai que vos yeux ont arrangé de vendre du noir ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  253. Cassez-moi ce ressort-là ; en dirait d'un torne-broche quand il est monté. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  254. Ça est honnête, et vous devez être content de la diffarance ; car velà, par exemple, un animal chargé de vivres : et bian ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  255. Les vivres sont bons, je serais bian fâché d'en médire ; mais de ceti-là qui les porte, il n'y a pas de mal à dire que c'est un animal, n'est-ce pas ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  256. lui disiez-vous, jé n'estime à la cour personne autant qué vous ; jé m'en fais fort, jé lé dis partout, vous devez lé savoir ; cadédis, j'aime l'honnur, et vous en avez. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  257. Tu n'as pas tort ; mais né lé crois pas, s'il est possible. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  258. Monsieur, jé les ai pleuré ces éloges, jé les ai pleuré, lé coquin vous louait, et né vous en estimait pas davantagé. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  259. Ça est vrai, il m'a dit qu'il vous attrapait comme un innocent. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  260. Non, il n'est plus nécessaire. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  261. C'est bian dit, courez toujours. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  262. C'est une chose qui mérite une véritable compassion. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  263. Qu'est-ce que c'est donc qu'une science où l'on puise plus de corruption que dans le commerce du plus grand monde ? (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  264. C'est un var qui en fait d'autres mais morgué ! (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  265. Je n'ai fait que les écrire, et cela aurait diverti le Gouverneur, un peu à vos dépens, à la vérité ; mais c'est ce qui en fait tout le sel ; et à cause que j'ai mis quelque épithète un peu maligne contre le Philosophe, cela l'a mis en colère. (Acte 4, scène 4, LE POÈTE)
  266. Il faut que mon épigramme soit bonne, car il est bien piqué. (Acte 4, scène 4, LE POÈTE)
  267. Cela n'est pas concevable. (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  268. Tout ce qu'on peut faire d'eux, c'est de les nourrir, puisque ce sont des hommes, car il n'est pas permis de les étouffer. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  269. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  270. Et qu'est-ce que c'est que cette sagesse ? (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  271. C'est de n'être pas fou. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  272. Quand un homme est fou, en sait-il queuque chose ? (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  273. Fort mal ; car ce manant est donc fou aussi. (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  274. C'est que tu ne crois pas l'être. (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  275. C'est pis que la peste. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  276. pargué, c'est vous mener cheux vous. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  277. Je suis raisonnable, et ce bien-là est sans prix ; mais, après cela, rien ne me flatte tant, dans mon aventure, que le plaisir de pouvoir vous offrir mon coeur. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  278. Vous m'offrez votre coeur, et c'est à moi à vous offrir le mien. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  279. Votre coeur ne doit point se donner ; c'est bien assez qu'il se laisse surprendre. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  280. Je vous instruis contre moi ; je vous apprends à me résister, mais en même temps à mériter ma tendresse et mon estime. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  281. Ménagez-moi donc l'honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n'avilissez point votre coeur par l'impatience qu'il aurait de se rendre ; et pour vous achever l'idée de ce que vous devez être, n'oubliez pas qu'en nous aimant tous deux, vous devenez, s'il est possible, encore plus comptable de ma vertu que je ne la suis moi-même. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  282. Mais, mon cher Blaise, elle est pourtant partie. (Acte 4, scène 6, LE COURTISAN)
  283. Je vous parmets de me conter ça à moi, et il n'y a pas de mal à l'aimer en cachette ; ça est honnête ; et mêmement ils disont ici que pus en aime sans le dire, et pus ça est biau ; car en souffre biaucoup, et c'est cette souffrance-là qui est daigne de nous, disont-ils. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  284. Voilà ce que c'est. (Acte 4, scène 7, L'INSULAIRE)
  285. C'est coucher bien gros tout d'une fois. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  286. Oui ; mais voute compte n'est pas le mian : j'avons une autre arusmétique. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  287. Il est temps qué votre modestie cède la victoire. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  288. Mon dessein n'est pas de vous faire de la peine : et s'il est vrai que vous ne puissiez avoir du retour... (Acte 4, scène 7, L'INSULAIRE)
  289. N'est-ce pas assez disputer ? (Acte 4, scène 7, L'INSULAIRE)
  290. Ca est bon ; ça tire honnêtement à sa fin. (Acte 4, scène 8, BLAISE)
  291. C'est qu'ils disent ce qu'ils savent. (Acte 4, scène 8, BLAISE)
  292. Ca est donc bâclé ? (Acte 4, scène 8, BLAISE)
  293. Oui, cela est fait : en voilà assez ; et je me charge du reste auprès de mon père. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  294. Mais c'est pourtant à vous à décider, mon fils ; aimez-vous Madame ? (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  295. est donc le notaire pour tous ces mariages, et pour écrire le contrat ? (Acte 4, scène 9, BLAISE)
  296. L'usage le plus digne qu'on puisse faire de son bonheur, c'est de s'en servir à l'avantage des autres. (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  297. La plus belle prestance v.63 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  298. Et l'on n'est, quand Plutus dit non, v.65 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  299. Par vous est applaudie, v.99 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)

LA JOIE IMPRÉVUE (1760)

  1. Non, Monsieur, il faut que je vous parle, cela est de conséquence. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  2. Patience, Monsieur votre père vous a envoyé pour acheter une charge : l'argent de cette charge était en entier entre les mains de votre banquier, de qui vous avez déjà reçu la moitié, que vous avez jouée et perdue ; ce qui fait, par conséquent, que vous ne pouvez plus avoir que la moitié de votre charge ; et voilà ce qui est terrible. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  3. Est-ce là tout ce que tu as à me dire ? (Acte 1, scène 1, DAMON)
  4. Doucement, Monsieur ; c'est qu'actuellement j'ai une charge aussi, moi, laquelle est de veiller sur votre conduite et de vous donner mes conseils. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  5. Votre conduite, vous la voyez, elle est détestable ; mes conseils, vous les avez méprisés, vos fonds sont entamés, la moitié de votre argent est partie, et voilà mon dépôt dans le plus déplorable état du monde : il faut pourtant que j'en rende compte, et c'est ce qui fait ma douleur. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  6. En arrivant à Paris, je me mets dans cet hôtel garni : j'y vois un jardin qui est commun à une autre maison, je m'y promène, j'y rencontre le Chevalier, avec qui, par hasard, je lie conversation ; il loge au même hôtel, nous mangeons à la même table, je vois que tout le monde joue après dîner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu ; voilà d'où cela vient ; mais ne t'inquiète point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent ; et j'ai un pressentiment que je serai heureux. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  7. Soyez sûr que c'est le diable qui vous parle à l'oreille. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  8. Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon père ne sache rien de ce qui s'est passé : au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance ; c'est ici où je la vois quelquefois, où je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  9. Quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation ; je vous dirai même que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrêmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle ; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue : c'est que la mère de Constance, quand elle se promène ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraît pas fort touchée de votre compagnie, sa mine s'allonge, j'ai peur qu'elle ne vous trouve un étourdi ; vous êtes pourtant un assez joli garçon, assez bien fait mais, de temps en temps, vous avez dans votre air je ne sais quoi... qui marquerait... une tête légère... (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  10. Mais qui est-ce qui vient par cette autre allée du jardin ? (Acte 1, scène 1, DAMON)
  11. C'est peut-être ce fripon de Chevalier qui vient chercher le reste de votre argent. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  12. Prends garde à ce que tu dis, et avance pour voir qui c'est. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  13. est ton maître, Pasquin ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  14. Il est sorti, Monsieur. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  15. D'où vient est-ce que tu me le caches ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  16. Est-ce que vous avez affaire ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  17. Non, c'est qu'il me rendait quelque compte qui ne presse pas. (Acte 1, scène 2, DAMON)
  18. C'est que je n'aime pas ceux qui gagnent l'argent de mon maître. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  19. Monsieur, cet argent qui est à deux pas d'ici, n'est pas à vous, il est à Monsieur votre père, et vous savez bien que son intention n'est pas que Monsieur le Chevalier y ait part ; il ne lui en destine pas une obole. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  20. Puisse-t-il dire vrai, au reste. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  21. Il n'y a pas de mal à dire que vous perdrez, quand c'est la vérité. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  22. C'est que vous avez du coeur, et lui de l'adresse. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  23. C'est qu'il voudra gagner. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  24. Non, je n'en ai point reçu d'autre que de sa mine ; c'est elle qui m'a dit tout le mal que j'en sais. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  25. C'est pourtant une fille qui, du premier coup d'oeil, a senti tout ce que je valais. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  26. Tu me donnes une grande idée de sa pénétration ; je vais chez mon banquier, c'est aujourd'hui jour de poste, ne t'éloigne pas. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  27. Liste des articles et commissions recommandés par Monsieur Orgon à Monsieur Damon son fils aîné, sur les déportements, faits, gestes, et exactitude duquel il est enjoint à moi Pasquin, son serviteur, d'apporter mon inspection et contrôle. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  28. Oui, Monsieur, ce sont mes fonctions ; c'est, comme qui dirait, gouverneur. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  29. Passe, cela est fait. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  30. Ma foi, c'est Madame Dorville, rue Galante, dans la rue où nous sommes. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  31. Madame Dorville : est-ce là le nom de l'adresse ? (Acte 1, scène 3, DAMON)
  32. C'est elle-même, sans doute, qui loge dans cette maison, d'où elle passe dans le jardin de votre hôtel. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  33. Voyez ce que c'est, faute d'exactitude, nous négligions la lettre du monde la plus importante, et qui va nous donner accès dans la maison. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  34. Monsieur, comme vous en rapporterez le reste de votre argent, je vous demande en grâce que je le voie avant que vous le jouiez, je serais bien aise de lui dire adieu. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  35. Le plus souvent c'est elle qui me prévient. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  36. Qu'est-ce donc, beauté de mon âme ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  37. C'est que j'ai à te parler, et que je rêve : tu dis que tu m'aimes, et je suis en peine de savoir si je fais bien de te le rendre. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  38. Pour ce qui est d'un amant, avec un mari comme moi, tu n'en auras que faire. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  39. Il y a quelques jours qu'il lui échappa qu'elle avait des vues, et c'est sur quoi nous raisonnions tantôt, Constance et moi, de façon qu'elle est fort inquiète, et de temps en temps, nous sommes toutes deux tentées de vous laisser là. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  40. Malepeste ! (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  41. Qu'est-ce que cela signifie, rencontrés ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  42. Oui, vraiment : ce fut le Chevalier, avec qui nous étions, qui aborda la mère dans le jardin ; ce qui continue de notre part : de façon que nous ne sommes encore que des amants qui s'abordent, en attendant qu'ils se fréquentent : il est vrai que c'en est assez pour s'aimer, et non pas pour se demander en mariage, surtout quand on a des mères qui ne voudraient pas d'un gendre de rencontre. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  43. Pour ce qui est de nos parents, nous ne leur avons, depuis notre arrivée, écrit que deux petites lettres, où il n'a pu être question de vous, ma fille : à la première, nous ne savions pas seulement que vos beautés étaient au monde ; nous ne l'avons su qu'une heure avant la seconde ; mais à la troisième, on mandera qu'on les a vues, et à la quatrième, qu'on les adore. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  44. Achevons : dis-moi, cette charge que doit avoir ton maître est-elle achetée ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  45. Pasquin, est-il réellement question d'une charge ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  46. Mais, ma foi, il lui ressemble trop, c'est lui-même. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  47. Monsieur, j'ai bien de la joie à vous revoir, mais votre accueil est triste ; vous n'avez pas l'air aussi serein qu'à votre ordinaire. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  48. Il est vrai que j'ai fort sujet d'être content de ce qui se passe. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  49. Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous êtes ici, et il y en a autant que j'y suis ; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y êtes ; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste ; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  50. Je sors actuellement de chez ce banquier, j'y ai laissé mon fils qui ne m'y a pas vu, et qu'on va achever de payer ; mais je ne laisserai pas le reste de la somme à sa discrétion, et j'ai dit qu'on l'amusât pour me donner le temps de venir te parler. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  51. Monsieur, puisque vous savez tout, vous savez sans doute que ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  52. Ce jardin-ci m'en est témoin, il m'a vu pleurer, Monsieur : mes larmes apparemment ne sont pas touchantes ; car votre fils n'en a tenu compte, et je conviens avec vous que c'est un étourdi, un évaporé, un libertin qui n'est pas digne de vos bontés. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  53. Doucement, il mérite les noms que tu lui donnes, mais ce n'est pas à toi à les lui donner. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  54. Monsieur, il ne les mérite pas non plus ; et je ne les lui donnais que par complaisance pour votre colère et pour ma justification : mais la vérité est que c'est un fort estimable jeune homme, qui n'a joué que par politesse, et qui n'a perdu que par malheur. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  55. Cet enfant-là a pour vous un amour qui n'est pas croyable. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  56. Il me l'a toujours paru, et j'avoue que jusqu'ici je n'ai rien vu que de louable en lui ; je voulais achever de le connaître : il est jeune, il a fait une faute, il n'y a rien d'étonnant, et je la lui pardonne, pourvu qu'il la sente ; c'est ce qui décidera de son caractère : ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  57. Voilà qui est fait, Monsieur, je vous le garantis rangé pour le reste de sa vie, il m'a juré qu'il ne jouerait plus qu'une fois. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  58. Oui, Monsieur, rien qu'une fois, parce qu'il vous aime ; il veut rattraper son argent, afin que vous n'ayez pas le chagrin de savoir qu'il l'a perdu ; il n'y a rien de si tendre ; et ce que je vous dis là est exactement vrai. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  59. Est-ce aujourd'hui qu'il doit jouer ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  60. Ce soir même, pendant le bal qu'on doit donner ici, et où se doit trouver un certain Chevalier qui lui a gagné son argent, et qui est homme à lui gagner le reste. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  61. C'est donc pour ce beau projet qu'il est allé chez le banquier ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  62. Je n'en sais rien, mais je crois qu'oui, car il y a quelques jours qu'il y eut un bal où ils l'étaient tous deux ; mon maître a même encore son domino vert qu'il a gardé pour ce bal-ci, et je pense que le Chevalier, qui loge au même hôtel, a aussi gardé le sien qui est jaune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  63. Garde-toi, surtout, de dire à mon fils que je suis ici, je te le défends, et remets-lui cette lettre comme venant de la poste ; mais ce n'est pas là tout : on m'a dit aussi qu'il voit souvent dans ce jardin une jeune personne qui vient s'y promener avec sa mère ; est-ce qu'il l'aime ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  64. N'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  65. Passons, il n'est pas question de toi. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  66. C'est que nos déesses sont camarades. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  67. N'est-ce pas la fille de Madame Dorville ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  68. Il l'avait oubliée, et il doit la lui remettre à son retour ; mais, Monsieur, cette Madame Dorville est-elle bien de vos amies ? (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  69. Pardonnez mon transport, c'est l'amour qui le cause ; il ne tiendra qu'à vous de faire notre fortune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  70. C'est à quoi je pense. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  71. Cela est adorable ! (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  72. C'est Lisette, Monsieur, voyez qu'elle a bonne mine ! (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  73. Point du tout, je n'eus jamais tant de bon sens, ma tête est dans toute sa force. (Acte 1, scène 7, PASQUIN)
  74. C'est donc la tête d'un grand maraud : ah, l'indigne ! (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  75. Tu diras à ton maître, de la part de Madame Dorville, qu'elle le prie de ne plus parler à Constance, que c'est une liberté qui lui déplaît, et qu'il s'en abstiendra, s'il est galant homme ; ce dont l'impudence du valet fait que je doute. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  76. Un peu moins que vous ne pensez ; ne me retenez pas, Monsieur, je ne saurais rester : votre homme sait les nouvelles, qu'il vous les dise. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  77. Ce n'est rien, c'est qu'elle a des ordres qui me divertissent. (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  78. Madame Dorville s'emporte, et prétend que nous supprimions tout commerce avec elle ; notre fréquentation dans le jardin n'est pas de son goût, dit-elle ; elle s'imagine que nous lui déplaisons, cette bonne femme ! (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  79. Oui, Monsieur : voilà ce qui le réjouit, il n'est plus permis à Constance de vous dire le moindre mot, on vous prie de la laisser en repos, vous êtes proscrit, tout entretien nous est interdit avec vous, et même, en vous parlant, je fais actuellement un crime. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  80. Oui, Monsieur, c'est une bagatelle ; Madame Dorville ne sait ce qu'elle dit, ni de qui elle parle ; je vous retiens ce soir à souper chez elle. (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  81. Votre vin est-il bon, Lisette ? (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  82. Elle me croit timbré, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  83. Point du tout, c'est une erreur. (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  84. est votre lettre pour cette Madame Dorville ? (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  85. Non, je vous attends ici ; allez vite, nous nous amuserions l'un et l'autre, et il n'y a point de temps à perdre ; tenez, prenez ce paquet que je viens de recevoir du facteur, il est de votre père. (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  86. Par ce garçon, n'est-ce pas moi que vous entendez, Madame ? (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  87. Oui, je sais ce dont il est question, et j'en ai instruit mon maître ; mais ce n'est pas là votre dernier mot, Madame, vous changerez de sentiment ; je prends la liberté de vous le dire, nous ne sommes pas si mal dans votre esprit. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  88. Madame, je vous demande pardon ; mais je ne passe point, je reste, je ne vais pas plus loin. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  89. Qu'est-ce que c'est que cet impertinent-là ? (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  90. Madame, c'est qu'il est un peu imbécile. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  91. Point du tout, c'est seulement que je sais dire la bonne aventure. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  92. Ils sont faits pour s'aimer ; c'est l'avis des astres et le vôtre. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  93. C'est que Damon vous aura dit, sans doute, quelques galanteries ? (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  94. C'est un jeune homme fort estimable. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  95. est cet étourdi qui ne vient point avec sa lettre ? (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  96. Il n'est plus question de se voir, Monsieur, j'ai des vues pour ma fille qui ne s'accordent plus avec de pareilles galanteries. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  97. Ce valet n'est pas si extravagant. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  98. Ma foi, tenez, c'est lui qu'elle choisirait, si elle était sa maîtresse. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  99. C'est positivement à lui que je destinais Constance. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  100. Ne dis rien de ceci à ma fille, non plus qu'à Damon, Lisette ; je veux les surprendre, et c'est aussi l'intention du père qui doit arriver incessamment, et qui me prie de cacher à son fils, s'il aime ma fille, que nous avons dessein d'en faire mon gendre ; il se ménage, dit-il, le plaisir de paraître obliger Damon en consentant à ce mariage. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  101. Il y a des moments où l'on n'est pas gai. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  102. Qui est-ce qui n'a pas l'humeur inconstante ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  103. Qui est-ce qui vous parle ? (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  104. Ne dissimulez point, ma fille, on peut ou hâter ou retarder le mariage dont il s'agit ; parlez nettement : est-ce que vous aimez Damon ? (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  105. Je les aurais combattus, si j'y avais pris garde, et je tâcherai de les surmonter, puisque vous me l'ordonnez ; il aurait pu devenir mon époux, si vous l'aviez voulu ; il a de la naissance et de la fortune, il m'aime beaucoup ; ce qui est avantageux en pareil cas, et ce qu'on ne rencontre pas toujours. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  106. Celui que vous me destinez feindra peut-être plus d'amour qu'il n'en aura ; je n'en aurai peut-être point pour lui, quelque envie que j'aie d'en avoir ; cela ne dépend pas de nous. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  107. La seule grâce dont j'ai besoin, c'est que vous m'accordiez du temps pour me mettre en état de vous obéir d'une manière moins pénible. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  108. Quand vous aurez vu le futur, vous ne serez peut-être pas fâchée qu'on expédie, et mon avis n'est pas qu'on recule. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  109. Ma mère, je vous conjure de la faire taire, elle abuse de vos bontés ; il est indécent qu'un domestique se mêle de cela. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  110. Si vous rencontrez Damon, je vous permets de souffrir qu'il vous aborde ; vous me paraissez si raisonnable que ce n'est pas la peine de vous rien défendre là-dessus. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  111. À la bonne heure, mais je n'aime point le silence, je vous en avertis ; si je ne parle, je m'en vais, vous ne pourrez rester seule, il faudra que vous vous retiriez, et vous ne verrez point Damon ; ainsi, discourons, faites-vous cette petite violence. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  112. Ce n'est pas là mon compte ; il faut que vous me répondiez. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  113. C'est à cause de cela que vous me garderez. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  114. Ne vous adressez point à elle, Damon, elle est votre ennemie et la mienne. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  115. Point de mouvements, croyez-moi, tout est fait, tout est conclu, je vous parle en amie. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  116. J'arrive incessamment à Paris, mon fils ; je compte que les affaires de votre charge sont terminées, et que je n'aurai plus qu'à remplir un engagement que j'ai pris pour vous, et qui est de terminer votre mariage avec une des plus aimables filles de Paris. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  117. Il ne m'en reste qu'une, c'est d'attendre ici mon rival ; je ne m'explique pas sur le reste. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  118. Il est ici ? (Acte 1, scène 15, DAMON)
  119. Depuis que vous y êtes : figurez-vous qu'il n'est pas arrivé un moment plus tôt ni plus tard. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  120. C'est ce que nous verrons. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  121. Point d'emportement, Damon ; je vous quitte : peut-être qu'elle nous trompe pour nous épouvanter ; il est du moins certain que je n'ai point vu ce rival. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  122. Non, Monsieur ; restez en repos sur ma parole, je suis pour vous, et j'y ai toujours été : je plaisante, je ne saurais vous dire pourquoi ; mais ne vous désespérez pas, tout ira bien, très bien, c'est moi qui vous le dis ; moi, vous dis-je, tranquillisez-vous, partez. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  123. N'est rien ; point de questions, je suis muette. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  124. Ce n'est pourtant que l'affaire d'un instant. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  125. Ma poule, votre ignorance est comique. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  126. Damon devait épouser ma maîtresse, suivant la lettre qu'il a tantôt remise à Madame Dorville de la part de son père ; on en était convenu ; n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  127. Il m'a révélé un secret de mince valeur, car tout est changé ; votre lettre est venue trop tard ; Madame Dorville ne peut plus tenir parole, et Constance et moi nous sommes toutes deux arrêtées pour d'autres. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  128. Celui que j'épouse à ta place est jaloux, ne te montre plus. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  129. Doucement, ceci est brutal. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  130. Est-ce qu'il est ici ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  131. L'esprit familier qui t'a dit le reste, doit t'avoir dit sa secrète arrivée. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  132. Tout beau, ne dérangeons rien ; ne va point faire de sottises qui gâteraient tout peut-être ; il n'y a pas le mot de ce que je t'ai dit ; la lettre en question est toujours bonne, et les conventions tiennent ; c'est ce que m'a confié Madame Dorville et je me suis divertie de ta douleur, pour me venger de la scène de tantôt. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  133. C'est le Chevalier qui vient pour jouer avec mon maître, et qui lui gagnerait le reste de son argent ; je vais tâcher de l'amuser, pour l'empêcher d'aller joindre Damon ; mais reviens, si tu peux, dans un instant, pour m'aider à le retenir. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  134. est ton maître ? (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  135. C'est que je suis plus heureux que lui. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  136. Du bonheur ; ce n'est pas là votre fort, vous êtes trop sage pour en avoir affaire. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  137. Monsieur, c'est vous ? (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  138. est mon fils ? (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  139. Apparemment qu'il est dans la salle. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  140. Ne restez pas ici avec lui, de peur que le Chevalier, qui va sans doute arriver, ne vous trouve ensemble. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  141. C'est vous, Chevalier, je commençais à m'impatienter : hâtons-nous de passer dans le cabinet qui est à côté de la salle. (Acte 1, scène 18, DAMON)
  142. Damon est-il venu ? (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  143. C'est peut-être son banquier qui l'a remis. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  144. Qu'est-ce que tu veux dire ? (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  145. Je ne saurais vous l'expliquer, les astres ne m'en ont pas dit davantage ; ce qu'on lit dans le ciel est écrit en si petit caractère ! (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  146. Oui, cela y est encore ; mais je vois qu'il ne m'en arrivera rien. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  147. C'est peut-être le petit caractère qui t'empêche d'y lire des coups de bâton. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  148. Il est même écrit que vous vous impatienterez. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  149. C'est que je n'ai qu'un quart_d_heure à lui donner. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  150. Malepeste ! (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  151. Non, Monsieur, j'ai ordre de rester ici avec vous. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  152. Une belle dame, riche et veuve, et qui est dans une des salles du bal, voudrait vous parler. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  153. Cet entretien-là peut vous mettre en jolie posture ; il y a longtemps qu'on vous connaît ; on est sage, on vous aime, on a vingt-cinq mille livres de rente, et vous pouvez mener tout cela bien loin. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  154. C'est Lisette. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  155. Qu'est-ce donc que cet impertinent qui vous retient ? (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  156. Soubrette d'aventurière, vous ne l'aurez point, votre action est contre la police. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  157. C'est un coquin qui ne m'appartient point. (Acte 1, scène 20, LE CHEVALIER)
  158. Ce n'est donc pas contre vous que j'ai joué ? (Acte 1, scène 21, DAMON)
  159. Damon, je ne saurais rester ; une affaire m'appelle ailleurs. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  160. Ce n'est pas la peine, je vous amusais aussi, moi. (Acte 1, scène 21, LISETTE)
  161. Vous êtes jeune, vous dépendez apparemment d'un père ; je me reprocherais de profiter de l'étourdissement où vous êtes, et d'être, pour ainsi dire, le complice du désordre où vous voulez vous jeter ; j'ai même regret d'avoir tant joué ; votre âge et la considération de ceux à qui vous appartenez devaient m'en empêcher : croyez-moi, Monsieur ; vous me paraissez un jeune homme plein d'honneur, n'altérez point votre caractère par une aussi dangereuse habitude que l'est celle du jeu, et craignez d'affliger un père, à qui je suis sûr que vous êtes cher. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  162. Voilà qui est fort touchant ; mais j'allais lui donner sa revanche ; j'offre de vous la donner à vous-même. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  163. Allons, ma fille, il est temps de se retirer. (Acte 1, scène 22, MADAME DORVILLE)
  164. Oui, Madame, c'est moi-même ; et j'allais dans le moment me faire connaître ; je m'étais fait un plaisir de vous surprendre. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  165. Ma fille, saluez Monsieur, il est le père de l'époux que je vous destine. (Acte 1, scène 22, MADAME DORVILLE)
  166. Après cet aveu-là, Madame, je crois qu'il ne doit plus être question de notre projet. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  167. Non, certes, c'est à quoi Madame Dorville voudra bien que je ne consente jamais. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  168. Mais ce n'est pas de lui dont je parle. (Acte 1, scène 22, CONSTANCE)
  169. Belle Constance, ignoriez-vous que Damon est mon fils ? (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  170. Vous voyez bien qu'ils sont assez d'accord ; ce n'est pas la peine de rentrer dans le bal, je pense, allons souper chez moi. (Acte 1, scène 22, MADAME DORVILLE)
  171. Je demandais tantôt si votre vin était bon ; c'est moi qui vais t'en dire des nouvelles. (Acte 1, scène 22, PASQUIN)

L'ÉPREUVE (1740)

  1. Non, tu te trompes, c'est moi que la chose regarde. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  2. Tu sais que je suis venu ici il y a près de deux mois pour y voir la terre que mon homme d'affaires m'a achetée ; j'ai trouvé dans le château une Madame Argante, qui en était comme la concierge, et qui est une petite bourgeoise de ce pays-ci. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  3. Cette bonne dame a une fille qui m'a charmé, et c'est pour elle que je veux te proposer. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  4. La confidence est gaillarde ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. C'est une autre histoire ; et cela étant, il y a une chose qui m'inquiète. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. C'est qu'en venant, j'ai rencontré près de l'hôtellerie une fille qui ne m'a pas aperçu, je pense, qui causait sur le pas d'une porte, mais qui m'a bien la mine d'être une certaine Lisette que j'ai connue à Paris, il y a quatre ou cinq ans, et qui était à une dame chez qui mon maître allait souvent. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  7. Mais, vraiment, il y en a une chez Madame Argante de ce nom-là, qui est du village, qui y a toute sa famille, et qui a passé en effet quelque temps à Paris avec une dame du pays. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  8. Tout le remède que j'y sache, c'est de payer d'effronterie, et de lui persuader qu'elle se trompe. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  9. Quoique à la fleur de votre âge, vous êtes tout à fait sage et raisonnable, il me semble pourtant que votre projet est bien jeune. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  10. Doucement, vous êtes le fils d'un riche négociant qui vous a laissé plus de cent mille livres de rente, et vous pouvez prétendre aux plus grands partis ; le minois dont vous parlez là est-il fait pour vous appartenir en légitime mariage ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  11. Il est vrai qu'Angélique n'est qu'une simple bourgeoise de campagne ; mais originairement elle me vaut bien, et je n'ai pas l'entêtement des grandes alliances ; elle est d'ailleurs si aimable, et je démêle, à travers son innocence, tant d'honneur et tant de vertu en elle ; elle a naturellement un caractère si distingué, que, si elle m'aime, comme je le crois, je ne serai jamais qu'à elle. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  12. Est-ce que cela n'est pas décidé ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  13. Non, il n'a pas encore été question du mot d'amour entre elle et moi ; je ne lui ai jamais dit que je l'aime ; mais toutes mes façons n'ont signifié que cela ; toutes les siennes n'ont été que des expressions du penchant le plus tendre et le plus ingénu. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  14. Je tombai malade trois jours après mon arrivée ; j'ai été même en quelque danger, je l'ai vue inquiète, alarmée, plus changée que moi ; j'ai vu des larmes couler de ses yeux, sans que sa mère s'en aperçut et, depuis que la santé m'est revenue, nous continuons de même ; je l'aime toujours, sans le lui dire, elle m'aime aussi, sans m'en parler, et sans vouloir cependant m'en faire un secret ; son coeur simple, honnête et vrai, n'en sait pas davantage. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  15. Il n'est pas temps ; tout sûr que je suis de son coeur, je veux savoir à quoi je le dois ; et si c'est l'homme riche, ou seulement moi qu'on aime : c'est ce que j'éclaircirai par l'épreuve où je vais la mettre ; il m'est encore permis de n'appeler qu'amitié tout ce qui est entre nous deux, et c'est de quoi je vais profiter. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  16. Voilà qui est fort bien ; mais ce n'était pas moi qu'il fallait employer. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  17. Qu'est-ce ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  18. C'est que j'aime tant la santé des braves gens, alle est si recommandabe, surtout la vôtre, qui est la pus recommandabe de tout le monde. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  19. Voirement, cette utilité-là est belle et bonne ; et je vians tout justement vous prier de m'en gratifier d'une. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  20. Vous savez bian, Monsieur, que je fréquente chez Madame Argante, et sa fille Angélique, alle est gentille, au moins. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  21. C'est, ne vous déplaise, que je vourais avoir sa gentillesse en mariage. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  22. Dame, quand parfois je li conte ma chance, alle rit de tout son coeur, et me plante là, c'est bon signe, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  23. C'est qu'en revanche des soins que Madame Argante et toute sa maison ont eu de moi pendant ma maladie, j'ai songé à marier Angélique à quelqu'un de fort riche, qui va se présenter, qui ne veut précisément épouser qu'une fille de campagne, de famille honnête, et qui ne se soucie pas qu'elle ait du bien. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  24. Vous me faites là un vilain tour avec voute avisement, Monsieur Lucidor ; velà qui m'est bian rude, bian chagrinant et bian traître. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  25. Velà-t-il pas une santé qui m'est bian chanceuse, après vous avoir mené moi-même ceti-là qui vous a tiré deux fois du sang, et qui est mon cousin, afin que vous le sachiez, mon propre cousin gearmain ; ma mère était sa tante, et jarni ! (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  26. Ce n'est pas bian fait à vous. (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  27. Sans compter que c'est cinq bonnes mille livres que vous m'ôtez comme un sou, et que la petite aura en mariage. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  28. Calmez-vous, est-ce cela que vous en espérez ? (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  29. C'est comme un prince qui parle ! (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  30. Il n'est pas nécessaire, point de compliments, je vous tiendrai parole. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  31. Ce n'est pas tout à fait cela, écoutez-moi, je prétends, vous dis-je, que vous vous proposiez pour Angélique, indépendamment du mari que je lui offrirai ; si elle vous accepte, comme alors je n'aurai fait aucun tort à votre amour, je ne vous donnerai rien ; si elle vous refuse, les douze mille francs sont à vous. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  32. Peut-être bien que la somme m'étourdit un petit brin ; j'en sis friand, je le confesse, alle est si consolante ! (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  33. Je mets cependant encore une condition à notre marché, c'est que vous feigniez de l'empressement pour obtenir Angélique, et que vous continuiez de paraître amoureux d'elle. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  34. Vous me surprenez, je ne m'en suis pas aperçu, vous vous trompez ; en tout cas, si elle ne veut pas de vous, souvenez-vous de lui faire ce petit reproche-là, je serais bien aise de savoir ce qui en est, par pure curiosité. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  35. J'avoue qu'elle sert Madame Argante, mais elle n'est pas de moindre condition que les autres filles du village. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  36. Voirement, alle en est née native. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  37. Mais je vous ordonne une chose ; c'est de ne lui dire que vous l'aimez qu'après qu'Angélique se sera expliquée sur votre compte ; il ne faut pas que Lisette sache vos desseins auparavant. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  38. Rien ne vous empêche de rester. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  39. Oui, c'est un de mes amis qui vient me voir. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  40. Nous verrons quand il sera revenu de l'hôtellerie où il est retourné ; où est Angélique, Lisette ? (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  41. Voici un homme qui est de bonne volonté pour elle, qui a grande envie de l'épouser, et je lui demandais si elle avait de l'inclination pour lui ; qu'en pensez-vous ? (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  42. Autant que j'en puis juger, mon avis est que jusqu'ici elle n'a rien dans le coeur pour vous. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  43. Rian du tout, c'est ce que je disais. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  44. Cetelle-là est belle et bonne, et je m'y accorde. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  45. Ce n'est pas que vous ne valiez votre prix, Monsieur Blaise, mais je crains que Madame Argante ne vous trouve pas assez de bien pour sa fille. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  46. Ça est vrai, pas assez de bian. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  47. C'est qu'il n'espère pas grand-chose. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  48. Oui, velà ce que c'est, et pis tout ce qui viant, je le prends. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  49. Oui, j'ons des manières fantasques, et ça vous étonne, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  50. Tout au contraire, c'est ma prudence qui vous contemple. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  51. Non, c'est moi qui le voix mieux que de coutume ; il est tout nouviau pour moi. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  52. C'est se moquer que de vous entendre ; on dirait que vous m'en contez ; je sais bien que vous êtes un fermier à votre aise, et que je ne suis pas pour vous, de quoi s'agit-il donc ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  53. Non, c'est fait exprès, c'est résolu. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  54. Voilà qui est bien particulier ; ne recherchez-vous pas Angélique ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  55. Ça est itou conclu. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  56. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  57. Dame, je sis bridé, mais ce n'est pas comme vous, je ne saurais parler pus clair ; voici venir Angélique, laissez-moi li toucher un petit mot d'affection, sans que ça empêche que vous soyez gentille. (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  58. Ma foi, votre tête est dérangée, Monsieur Blaise, je n'en rabats rien. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  59. Est-il vrai, Lisette, qu'il est venu quelqu'un de Paris pour Monsieur Lucidor ? (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  60. Dit-on que ce soit pour l'emmener à Paris qu'on est venu ? (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  61. C'est ce que je ne sais pas, Monsieur Lucidor ne m'en a rien appris. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  62. Il parle vraiment d'un très grand mariage ; il s'agit d'un homme du monde, et il ne dit pas qui c'est, ni d'où il viendra. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  63. Ce n'est pas moi, toujours. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  64. C'est toujours queuque chose. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  65. Bon ça ; velà qui se comprend ; c'est pourtant fâcheux, voyez-vous, ça me chagraine ; mais n'importe, ne vous gênez pas, je reviendrai tantôt pour savoir si vous désirez que j'en parle à Madame Argante, ou s'il faudra que je m'en taise ; ruminez ça à part vous, et faites à votre guise, bonjour. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  66. c'est un conteur de sornettes qui ne convient pas à une fille comme vous. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  67. Très considérable, si c'est ce que je soupçonne. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  68. Ne serait-ce pas lui, par hasard, que vous vous imaginez être l'homme en question, tout grand seigneur qu'il est par ses richesses ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  69. Je ne sais pas seulement moi-même ce que je veux dire, on rêve, on promène sa pensée, et puis c'est tout ; on le verra, ce mari, je ne l'épouserai pas sans le voir. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  70. Est-ce en secret ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  71. Il n'y a pas de nécessité que vous restiez. (Acte 1, scène 7, LUCIDOR)
  72. Cela est si aisé avec de certaines personnes ; mais que me voulez-vous donc ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  73. Confiez-moi ce qui en est comme au meilleur ami que vous ayez. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  74. Je ne sais pas, Monsieur, pourquoi vous pensez que j'en distingue, des jeunes gens qui me font la cour ; est-ce que je les remarque ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  75. Est-ce que je les vois ? (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  76. Il me demandera en ce qu'il lui plaira, mais, en un mot, tous ces gens-là me déplaisent depuis le premier jusqu'au dernier, principalement lui, qui me reprochait, l'autre jour, que nous nous parlions trop souvent tous deux, comme s'il n'était pas bien naturel de se plaire plus en votre compagnie qu'en la sienne ; que cela est sot ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  77. Il est vrai, je vois avec joie que votre amitié répond à la mienne. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  78. C'est que je vous destine un mari qui y demeure. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  79. Est-il possible ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  80. Ce n'est pas assez, je n'ose encore être bien aise en toute confiance. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  81. Quel homme est-ce ? (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  82. Ce n'est pas là le principal ; après. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  83. Il est de mon âge et de ma taille. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  84. Bon ; c'est ce que je voulais savoir. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  85. C'est un homme tout aussi uni, tout aussi sans façon que je le suis. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  86. Vous aurez le sien, Angélique, je vous en assure, je le connais ; c'est tout comme s'il vous le disait lui-même. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  87. Que de l'humeur dont il est, vous allez le rendre heureux ! (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  88. Et moi je les prends, parce qu'ils y retourneront avec vous, et que nous y serons ensemble ; mais il ne fallait point de bijoux, c'est votre amitié qui est le véritable. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  89. Et quel est donc cet homme qui s'appelle lui par excellence ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  90. Est-ce qu'il est ici ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  91. Je n'ai vu que Monsieur Lucidor, et ce n'est pas lui qui vous épouse. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  92. Si fait, voilà vingt fois que je te le répète ; si tu savais comme nous nous sommes parlé, comme nous nous entendions bien sans qu'il ait dit : C'est moi ! (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  93. Je reviens, belle Angélique ; en allant chez votre mère, j'ai trouvé Monsieur qui arrivait, et j'ai cru qu'il n'y avait rien de plus pressé que de vous l'amener ; c'est lui, c'est ce mari pour qui vous êtes si favorablement prévenue, et qui, par le rapport de nos caractères, est en effet un autre moi-même ; il m'a apporté aussi le portrait d'une jeune et jolie personne qu'on veut me faire épouser à Paris. (Acte 1, scène 10, LUCIDOR)
  94. Mademoiselle est immobile, vous muet, et moi stupéfaite ; j'ouvre les yeux, je regarde, et je n'y comprends rien. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  95. Lisette, qui est-ce qui l'aurait cru ? (Acte 1, scène 11, ANGÉLIQUE)
  96. C'est Frontin, c'est lui-même. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  97. Ce village-ci est bien familier. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  98. Est-ce que je me tromperais ? (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  99. Qu'est-ce que c'est que Madame Dorman ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  100. Je ne dis plus mot, mais j'avoue que je vous ai pris pour Frontin, et il faut que je me fasse toute la violence du monde pour m'imaginer que ce n'est point lui. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  101. Mais c'est un nom de valet. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  102. Tout de bon, ce n'est pas toi... (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  103. je veux dire, ce n'est pas vous ? (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  104. Je crois que le plus court est d'en rire moi-même ; allez, ma fille, un homme moins raisonnable et de moindre étoffe se fâcherait ; mais je suis trop au-dessus de votre méprise, et vous me divertiriez beaucoup, n'était le désagrément qu'il y a d'avoir une physionomie commune avec ce coquin-là. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  105. La nature pouvait se passer de lui donner le double de la mienne, et c'est un affront qu'elle m'a fait, mais ce n'est pas votre faute ; parlons de votre maîtresse. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  106. Monsieur, n'y ayez point de regret ; celui pour qui je vous prenais est un garçon fort aimable, fort amusant, plein d'esprit et d'une très jolie figure. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  107. J'entends bien, la copie est parfaite. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  108. Ce n'est rien, je commence à m'y faire : ce n'est pas à moi à qui vous parlez. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  109. Non, Monsieur, c'est à votre copie, et je voulais dire qu'il aurait grand tort de me tromper ; car je voudrais de tout mon coeur que ce fût lui ; je crois qu'il m'aimait, et je le regrette. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  110. Que cela est flatteur ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  111. Voilà qui est bien particulier ; à chaque fois que vous parlez, il me semble l'entendre. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  112. Je sais garder un secret ; Monsieur, dites-moi si c'est toi... (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  113. Allons, vous abusez de ma bonté ; il est temps que je me retire. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  114. Je m'y suis pris de toutes façons, et ce n'est pas lui sans doute, mais il n'y a jamais rien eu de pareil. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  115. Quand ce serait lui, au reste, Maître Blaise est bien un autre parti, s'il m'aime. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  116. C'est que je ris de tout, mon poulet. (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  117. En tout cas, j'ai un avis à vous donner ; c'est qu'Angélique ne paraît pas disposée à accepter le mari que Monsieur Lucidor lui destine, et qui est ici, et que si, dans ces circonstances, vous continuez à la rechercher, apparemment vous l'obtiendrez. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  118. Vous m'impatientez avec vos tant mieux si tristes, vos tant pis si gaillards, et le tout en m'appelant ma grande fille et mon poulet ; il faut, s'il vous plaît, que j'en aie le coeur net, Monsieur Blaise : pour la dernière fois, est-ce que vous m'aimez ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  119. Quelle est-elle ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  120. Lorgnez-moi un peu, que je voie si ça est vrai. (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  121. Voilà Madame Argante et Monsieur Lucidor ; il est apparemment question du mariage d'Angélique avec l'amant qui lui est venu ; la mère voudra qu'elle l'épouse ; et si elle obéit, comme elle y sera peut-être obligée, il ne sera plus nécessaire que vous la demandiez ; ainsi, retirez-vous, je vous prie. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  122. Oui, mais je sis d'obligation aussi de revenir voir ce qui en est, pour me comporter à l'avenant. (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  123. Votre énigme est d'une impertinence qui m'indigne. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  124. C'est pourtant douze mille francs qui vous fâchent. (Acte 1, scène 13, MAÎTRE BLAISE)
  125. Monsieur, ne vous rebutez point, il n'est pas possible qu'Angélique ne se rende, il n'est pas possible. (Acte 1, scène 14, MADAME-ARGANTE)
  126. Lisette, vous étiez présente quand Monsieur a vu ma fille ; est-il vrai qu'elle ne l'ait pas bien reçu ? (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  127. Sans doute ; elle est si jeune et si innocente ! (Acte 1, scène 14, MADAME-ARGANTE)
  128. Madame, le mariage en impromptu étonne l'innocence, mais ne l'afflige pas, et votre fille est allée se trouver mal dans sa chambre. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  129. Vous avez beau dire, on a eu tort de m'exposer à cette aventure-ci ; il est fâcheux à un galant homme, à qui tout Paris jette ses filles à la tête, et qui les refuse toutes, de venir lui-même essuyer les dédains d'une jeune citoyenne de village, à qui on ne demande précisément que sa figure en mariage. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  130. Non, Monsieur, je dis la chose comme elle est ; répondez, ma fille. (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  131. La connaissance est si tôt faite en mariage, c'est un pays où l'on va si vite... (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  132. Depuis que Monsieur Lucidor est ici, son séjour n'a été marqué pour nous que par des bienfaits ; pour comble de bonheur, il procure à ma fille un mari tel qu'elle ne pouvait pas l'espérer, ni pour le bien, ni pour le rang, ni pour le mérite... (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  133. Oui, Monsieur, votre zèle est admirable, c'est la plus belle chose du monde, et j'ai tort, je suis une étourdie, mais laissez-moi dire. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  134. A cette heure que ma mère n'y est plus, et que je suis un peu plus hardie, il est juste que je parle à mon tour, et je commence par vous, Lisette ; c'est que je vous prie de vous taire, entendez-vous ; il n'y a rien ici qui vous regarde ; quand il vous viendra un mari, vous en ferez ce qu'il vous plaira, sans que je vous en demande compte, et je ne vous dirai point sottement, ni que vous êtes née coiffée, ni que vous êtes trop heureuse, ni que vous attendez un prince, ni d'autres propos aussi ridicules que vous m'avez tenus, sans savoir ni quoi, ni qu'est-ce. (Acte 1, scène 16, ANG?LIQUE)
  135. La vôtre est toute prête, Monsieur. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  136. Vous êtes honnête homme, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 16, ANG?LIQUE)
  137. C'est en quoi je brille. (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  138. C'est bien fait, je vous dirai donc, Monsieur, que je serais mortifiée s'il fallait vous aimer, le coeur me le dit ; on sent cela ; non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime ; je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre ; je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là, j'y vais de tout mon coeur ; ce n'est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous, et si je l'avais pu, il ne m'en aurait pas plus coûté de vous crier : Ne venez pas ! (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  139. Vous ne manquerez pas de filles ; quand on est riche, on en a tant qu'on veut, à ce qu'on dit, au lieu que naturellement je n'aime pas l'argent ; j'aimerais mieux en donner que d'en prendre ; c'est là mon humeur. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  140. Elle est bien opposée à la mienne ; à quelle heure voulez-vous que je parte ? (Acte 1, scène 16, FRONTIN)
  141. Vous êtes bien honnête ; quand il vous plaira, je ne vous retiens point, il est tard, à cette heure, mais il fera beau demain. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  142. Ce n'est pas fait ? (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  143. Votre ami n'a guère de coeur, il me demande à quelle heure il partira, et il reste. (Acte 1, scène 16, ANG?LIQUE)
  144. Il n'est pas si aisé de vous quitter, Angélique ; mais je vous débarrasserai de lui. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  145. Il y a des antipathies insurmontables ; si Angélique est dans ce cas-là, je ne m'étonne point de son refus, et je ne renonce pas au projet de l'établir avantageusement. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  146. Qui est-ce qui y songe ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  147. Il est vrai que je laisse là tous vos mariages ; mais aussi il ne faut pas croire, à cause de vos rares bontés, qu'on soit obligé, vite et vite, de se donner au premier venu que vous attirerez de je ne sais où, et qui arrivera tout botté pour m'épouser sur votre parole ; il ne faut pas croire cela, je suis fort reconnaissante, mais je ne suis pas idiote. (Acte 1, scène 17, ANG?LIQUE)
  148. Qu'est-ce que c'est que cette science que vous avez ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  149. C'est qu'il n'est pas juste que je l'aie. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  150. C'est-à-dire que vous ne voulez pas que je songe à vous marier, et que, malgré ce que vous m'avez dit tantôt, il y a quelque amour secret dont vous me faites mystère. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  151. Eh mais, cela se peut bien, oui, Monsieur, voilà ce que c'est, j'en ai pour un homme d'ici, et quand je n'en aurais pas, j'en prendrais tout exprès demain pour avoir un mari à ma fantaisie. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  152. Ah çà, Monsieur, je vous prends à témoin comme quoi je l'aime, comme quoi alle me repousse, que, si elle ne me prend pas, c'est sa faute, et que ce n'est pas sur moi qu'il en faut jeter l'endosse. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  153. Au demeurant, ça ne me surprend point ; Mademoiselle Angélique en refuse deux, alle en refuserait trois ; alle en refuserait un boissiau ; il n'y en a qu'un qu'alle envie, tout le reste est du fretin pour alle, hormis Monsieur Lucidor, que j'ons deviné drès le commencement. (Acte 1, scène 18, MA?TRE BLAISE)
  154. Je pleure tous les malades que je vois, je pleure pour tout ce qui est en danger de mourir ; si mon oiseau mourait devant moi, je pleurerais ; dira-t-on que j'ai de l'amour pour lui ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  155. Que l'affront qu'on me fait m'est sensible ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  156. Monsieur, c'est par discrétion que je ne vous ai pas dit ma pensée ; mais je vous aime si peu, que, si je ne me retenais pas, je vous haïrais, depuis ce mari que vous avez mandé de Paris ; oui, Monsieur, je vous haïrais, je ne sais trop même si je ne vous hais pas, je ne voudrais pas jurer que non, car j'avais de l'amitié pour vous, et je n'en ai plus ; est-ce là des dispositions pour aimer ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  157. Je suis honteux de la douleur où je vous vois, avez-vous besoin de vous défendre, dès que vous en aimez un autre, tout n'est-il pas dit ? (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  158. Puisqu'on m'obstine, c'est justement lui qui parle, cet indigne. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  159. Cela n'est pas vrai. (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  160. Oui, c'est lui, je vous dis que c'est lui ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  161. Par votre foi, est-ce ma personne qui vous a pris le coeur ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  162. Oui, c'est vous, malhonnête que vous êtes ! (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  163. Ce n'est pas là ce qui embarrassera, et j'aplanirai tout ; puisque vous avez le bonheur d'être aimé, Maître Blaise, je donne vingt mille francs en faveur de ce mariage, je vais en porter la parole à Madame Argante, et je reviens dans le moment vous en rendre la réponse. (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  164. Ce Monsieur Lucidor est un grand marieur de filles ; à quoi vous déterminez-vous, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  165. Est-ce que vous aviez quelque dessein pour elle ? (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  166. Est-ce votre dernier mot ? (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  167. Votre mère consent à tout, belle Angélique j'en ai sa parole, et votre mariage avec Maître Blaise est conclu, moyennant les vingt mille francs que je donne. (Acte 1, scène 20, LUCIDOR)
  168. C'est que ma mère sera fâchée, et puis j'ai eu assez de confusion pour cela. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  169. Voilà qui est fini ; je ne veux rien d'un homme qui m'a donné le renom que je l'aimais toute seule. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  170. Quand il n'y aurait que ce portrait de Paris qui est dans votre poche. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  171. Ce portrait n'est qu'une feinte ; c'est celui d'une soeur que j'ai. (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  172. Et si je restais, si je vous demandais votre main, si nous ne nous quittions de la vie ? (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  173. Vraiment, que de reste, Monsieur, c'est bien de l'honneur à nous tous, et il ne manquera rien à la joie où je suis, si Monsieur... (Acte 1, scène 22, MADAME-ARGANTE)
  174. Qui est votre ami, demeure aussi le nôtre. (Acte 1, scène 22, MADAME ARGANTE)
  175. C'est du moins agréablement : v.17 (Acte 1, scène 23, FRONTIN)
  176. Quand l'époux est toujours amant ! v.32 (Acte 1, scène 23, ANGÉLIQUE)
  177. Mais jusqu'ici la chose est neuve : v.33 (Acte 1, scène 23, ANG?LIQUE)

LES SINCÈRES (1747)

  1. Il ne me retient point, c'est bon signe. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Je reste donc pour prendre mes mesures, suivant le temps qu'il vous plaira de prendre pour vous déterminer. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Mais est-ce que vous en avez une ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. C'est que ces accidents-là me sont si familiers ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Marton, l'incomparable Marton, qu'Araminte n'a pas amenée avec elle, et devant qui toute soubrette est plus_ou_moins guenon, est la souveraine de mon coeur. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Oui, ma fille : rompons, brisons, détruisons ; c'est à quoi j'aspirais. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  7. Il y a bien des choses dans ce portrait-là : en gros, je te dirai qu'elle est vaine, envieuse et caustique ; elle est sans quartier sur vos défauts, vous garde le secret sur vos bonnes qualités ; impitoyablement muette à cet égard, et muette de mauvaise humeur ; fière de son caractère sec et formidable qu'elle appelle austérité de raison ; elle épargne volontiers ceux qui tremblent sous elle, et se contente de les entretenir dans la crainte. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Assez sensible à l'amitié, pourvu qu'elle y prime : il faut que son amie soit sa sujette, et jouisse avec respect de ses bonnes grâces : c'est vous qui l'aimez, c'est elle qui vous le permet ; vous êtes à elle, vous la servez, et elle vous voit faire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. Généreuse d'ailleurs, noble dans ses façons ; sans son esprit qui la rend méchante, elle aurait le meilleur coeur du monde ; vos louanges la chagrinent, dit-elle ; mais c'est comme si elle vous disait : Louez-moi encore du chagrin qu'elles me font. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Quant à moi, j'ai là-dessus une petite manière qui l'enchante ; c'est que je la loue brusquement, du ton dont on querelle ; je boude en la louant, comme si je la grondais d'être louable ; et voilà surtout l'espèce d'éloges qu'elle aime, parce qu'ils n'ont pas l'air flatteur, et que sa vanité hypocrite peut les savourer sans indécence. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. C'est moi qui l'ajuste et qui la coiffe ; dans les premiers jours je tâchai de faire de mon mieux, je déployai tout mon savoir-faire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Je le devinai : c'est que c'était une coquette qui voulait l'être sans que je le susse, et qui prétendait que je le fusse pour elle ; son intention, ne vous déplaise, était que je fisse violence à la profonde indifférence qu'elle affectait là-dessus. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  13. Ce n'est pas de même ; il dit ce qu'il pense de tout le monde, mais il n'en veut à personne ; ce n'est pas par malice qu'il est sincère, c'est qu'il a mis son affection à se distinguer par là. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  14. Si, pour paraître franc, il fallait mentir, il mentirait : c'est un homme qui vous demanderait volontiers, non pas : M'estimez-vous ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  15. Son but n'est pas de persuader qu'il vaut mieux que les autres, mais qu'il est autrement fait qu'eux ; qu'il ne ressemble qu'à lui. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. À son compte, il est si imprudent, il a si peu de capacité, il est si borné, quelquefois si imbécile. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  17. Je l'ai entendu s'accuser d'être avare, lui qui est libéral ; sur quoi on lève les épaules, et il triomphe. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  18. Il est connu partout pour homme de coeur, et je ne désespère pas que quelque jour il ne dise qu'il est poltron ; car plus les médisances qu'il fait de lui sont grosses, et plus il a de goût à les faire, à cause du caractère original que cela lui donne. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  19. Brouillez-vous avec lui, la recette est sûre ; vanter son ami, cela est trop peuple : mais louer son ennemi, le porter aux nues, voilà le beau ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  20. C'est-à-dire que vous êtes né menteur ; chacun a ses talents. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  21. Qu'est-ce qui me prie ? (Acte 1, scène 2, ERGASTE)
  22. C'est Madame la Marquise. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. Cela est bien heureux ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. Oui, voilà qui est fini, vous dis-je, j'entends. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  25. Cela m'est indifférent. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  26. Est-ce à la Marquise ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  27. Vous-même ; il est certain que vous m'aimiez avant que de venir ici. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  28. Cela est vrai. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  29. C'est que, si elle vient à m'aimer, je m'en fierai plus à ce qu'elle me dira, qu'à ce que vous m'auriez dit. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  30. Est-ce un défaut ? (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  31. Mais il n'est plus question du passé ; voici la Marquise, ma présence vous gênerait, et je vous laisse. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  32. qu'elle est ridicule ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  33. Et moi, j'en connais une ; devinez-vous qui c'est ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  34. C'est vous, Marquise ; où voulez-vous que je la prenne ailleurs ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  35. Eh bien, vous êtes l'homme dont je vous parle ; aussi m'avez-vous prévenue d'une estime pour vous, d'une estime... (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  36. Quand je dis vous, Marquise, c'est sans faire réflexion que vous êtes là ; je vous le dis comme je le dirais à un autre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  37. Comme de mon côté je vous cite sans vous voir ; c'est un étranger à qui je parle. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  38. L'un était un jeune homme de vingt-huit à trente ans, un fat toujours agité du plaisir de se sentir fait comme il est ; il ne saurait s'accoutumer à lui ; aussi sa petite âme n'a-t-elle qu'une fonction, c'est de promener son corps comme la merveille de nos jours ; c'est d'aller toujours disant : Voyez mon enveloppe, voilà l'attrait de tous les coeurs, voilà la terreur des maris et des amants, voilà l'écueil de toutes les sagesses. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  39. Imaginez-vous qu'il n'a précisément qu'un objet dans la pensée, c'est de se montrer ; quand il rit, quand il s'étonne, quand il vous approuve, c'est qu'il se montre. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  40. Ce n'est rien de tout cela qu'il veut faire, c'est qu'il se montre ; c'est qu'il vous dit : Regardez-moi. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  41. Remarquez mes gestes et mes attitudes ; voyez mes grâces dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis ; voyez mon air fin, mon air leste, mon air cavalier, mon air dissipé ; en voulez-vous du vif, du fripon, de l'agréablement étourdi ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  42. Il dirait volontiers à tous les amants : N'est-il pas vrai que ma figure vous chicane ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  43. À l'indifférente : Vous n'y tenez point, je vous réveille, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  44. À la jeune fille : Avouez que votre coeur est ému ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  45. Il a parlé d'un mariage qui a pensé se conclure pour lui ; mais que trois ou quatre femmes jalouses, désespérées et méchantes, ont trouvé sourdement le secret de faire manquer : cependant il ne sait pas encore ce qui arrivera ; il n'y a que les parents de la fille qui se soient dédits, mais elle n'est pas de leur avis. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  46. Il sait de bonne part qu'elle est triste, qu'elle est changée ; il est même question de pleurs : elle ne l'a pourtant vu que deux fois ; et ce que je vous dis là, je vous le rends un peu plus clairement qu'il ne l'a conté. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  47. Un fat se doute toujours un peu qu'il l'est ; et comme il a peur qu'on ne s'en doute aussi, il biaise, il est fat le plus modestement qu'il lui est possible ; et c'est justement cette modestie-là qui rend sa fatuité sensible. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  48. À côté de lui était une nouvelle mariée, d'environ trente ans, de ces visages d'un blanc fade, et qui font une physionomie longue et sotte ; et cette nouvelle épousée, telle que je vous la dépeins, avec ce visage qui, à dix ans, était antique, prenait des airs enfantins dans la conversation ; vous eussiez dit d'une petite fille qui vient de sortir de dessous l'aile de père et de mère ; figurez-vous qu'elle est toute étonnée de la nouveauté de son état ; elle n'a point de contenance assurée ; ses innocents appas sont encore tout confus de son aventure ; elle n'est pas encore bien sûre qu'il soit honnête d'avoir un mari ; elle baisse les yeux quand on la regarde ; elle ne croit pas qu'il lui soit permis de parler si on ne l'interroge ; elle me faisait toujours une inclination de tête en me répondant, comme si elle m'avait remerciée de la bonté que j'avais de faire comparaison avec une personne de son âge ; elle me traitait comme une mère, moi, qui suis plus jeune qu'elle, ah, ah, ah ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  49. Il est vrai que, si elle a trente ans, elle est à peu près votre aînée de deux. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  50. Est-ce là tout ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  51. Vis-à-vis de la petite fille de trente ans, était une assez grosse et grande femme de cinquante à cinquante-cinq ans, qui nous étalait glorieusement son embonpoint, et qui prend l'épaisseur de ses charmes pour de la beauté ; elle est veuve, fort riche, et il y avait auprès d'elle un jeune homme, un cadet qui n'a rien, et qui s'épuise en platitudes pour lui faire sa cour. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  52. Et cette main sans pair, si vous l'aviez vue, Monsieur, est assez blanche, mais large, ne vous déplaise, mais charnue, mais boursouflée, mais courte, et tient au bras le mieux nourri que j'aie vu de ma vie. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  53. Notre cercle finissait par un petit homme qu'on trouvait si plaisant, si sémillant, qui ne dit rien et qui parle toujours ; c'est-à-dire qu'il a l'action vive, l'esprit froid et la parole éternelle : il était auprès d'un homme grave qui décide par monosyllabes, et dont la compagnie paraissait faire grand cas ; mais à vous dire vrai, je soupçonne que tout son esprit est dans sa perruque : elle est ample et respectable, et je le crois fort borné quand il ne l'a pas ; les grandes perruques m'ont si souvent trompée que je n'y crois plus. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  54. Il est constant qu'il est de certaines têtes sur lesquelles elles en imposent. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  55. Prenez garde aussi de m'estimer trop. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  56. Il est lui-même chez Madame qui attend la lettre. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  57. Je n'en sais encore rien ; je ne saurais t'expliquer mon projet ; j'aurais de la peine à me l'expliquer à moi-même : ce n'est pas un projet, c'est une confusion d'idées fort spirituelles qui n'ont peut-être pas le sens commun, mais qui me flattent. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  58. Tu n'y comprends rien, la chose est obscure, j'essaie, je hasarde ; je te conduirai, et tout ira bien ; m'entends-tu un peu ? (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  59. Cela est si clair ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  60. Paix ; voici nos gens qui arrivent : tu sa le rôle que je t'ai donné ; obéis, j'aurai soin du reste. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  61. C'est vous, Lisette ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  62. La Marquise est à la veille d'épouser Ergaste ; il y a du moins lieu de le croire, à l'empressement qu'ils ont l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  63. Vous l'avez dit, Madame ; mon amour est de sa façon. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  64. Quant à Mademoiselle, son coeur est allé à Dubois, c'est lui qui le possède. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  65. Laissons là ce détail ; vous aimez toujours ma maîtresse ; dans le fond elle ne vous haïssait pas, et c'est vous qui l'épouserez, je vous la donne. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  66. Et c'est Madame à qui je prends la liberté de transporter mon maître. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  67. Voyez donc cet animal ; c'est bien à toi à parler d'elle : tu nous fais là une belle comparaison. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  68. Voilà bien du bruit pour un petit mot ; c'est donc le phénix, Monsieur Ergaste ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  69. Ta maîtresse en est-elle un plus que nous ? (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  70. Monsieur, je suis indigné : qu'est-ce donc que sa maîtresse a qui la relève tant au-dessus de mon maître ? (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  71. On sait bien qu'elle est aimable ; mais il y en a encore de plus belles, quand ce ne serait que Madame. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  72. Qu'est-ce donc, Dorante, il me semble que tu cries ? (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  73. Est-ce ce coquin-là qui te fâche ? (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  74. C'est un insolent. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  75. Monsieur, si la sincérité loge quelque part, c'est dans votre coeur. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  76. Parlez : la plus belle femme du monde est-ce la Marquise ? (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  77. Non, qu'est-ce que cette mauvaise plaisanterie-là, butor ? (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  78. La Marquise est aimable et non pas belle. (Acte 1, scène 8, ERGASTE)
  79. Dorante, c'est là ce qui t'irrite ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  80. Au reste, j'étais venu savoir si vous n'avez rien à mander à Paris, où j'envoie un de mes gens qui va partir ; peut-il vous être utile ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  81. Que tout cela est triste ! (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  82. L'expression est grande et magnifique assurément : mais je lui trouve un défaut ; c'est qu'elle me glace, et vous ne la prononcez jamais que je ne sois tentée d'être aussi muette qu'une idole. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  83. C'est ce que je ne saurais décider. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  84. Un homme qui aime une femme raisonnable ne dit point : Je soupire ; ce mot n'est pas assez sérieux pour lui, pas assez vrai ; il dit : Je vous aime ; je voudrais bien que vous m'aimassiez ; je suis bien mortifié que vous ne m'aimiez pas : voilà tout, et il n'y a que cela dans votre coeur non plus. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  85. Vous n'y verrez, ni que vous m'adorez, car c'est parler en poète ; ni que vous êtes désespéré, car il faudrait vous enfermer ; ni que je suis cruelle, car je vis doucement avec tout le monde ; ni peut-être que je suis belle, quoique à tout prendre il se pourrait que je la fusse ; et je demanderai à Ergaste ce qui en est ; je compterai sur ce qu'il me dira ; il est sincère : c'est par là que je l'estime ; et vous me rebutez par le contraire. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  86. Vous me poussez à bout ; mon coeur en est plus croyable qu'un misanthrope qui voudra peut-être passer pour sincère à vos dépens, et aux dépens de la sincérité même. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  87. À mon égard, je n'exagère point : je dis que je vous adore, et cela est vrai ; ce que je sens pour vous ne s'exprime que par ce mot-là. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  88. J'appelle aussi mon amour une passion, parce que c'en est une ; je dis que votre raillerie me désespère, et je ne dis rien de trop ; je ne saurais rendre autrement la douleur que j'en ai ; et s'il ne faut pas m'enfermer, c'est que je ne suis qu'affligé, et non pas insensé. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  89. Il est encore vrai que je soupire, et que je meurs d'être méprisé : oui, je m'en meurs, oui, vos railleries sont cruelles, elles me pénètrent le coeur, et je le dirai toujours. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  90. Ce n'est pas là tout ; je lui marque encore une chose. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  91. Qui est ?... (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  92. Et comme on peut se marier à la campagne, je pourrai même mander que c'en est fait. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  93. C'est que ce sont de ces choses qui vont tout de suite, quand on s'aime. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  94. Sans difficulté ; mais, dites-moi, Ergaste, vous êtes homme vrai : qu'est-ce que c'est que votre amour ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  95. C'est-à-dire un peu plus que moi. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  96. mais c'est ce qui est indécis, et si indécis, que je penche à croire que vous en avez bien autant. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  97. Cela est considérable ; mais savez-vous à quoi je penche, moi ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  98. Je n'en doute pas ; je sais votre indifférence là-dessus, d'autant plus que si cette égalité n'y est point, ce serait de si peu de chose ! (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  99. votre badinage me charme ; il en sera donc ce qu'il vous plaira ; l'essentiel est que je vous aime autant que je l'aimais. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  100. On risque toujours de se méprendre avec elle, et de croire qu'elle est sensible quand elle n'est qu'honnête ; et cela ne me convient point. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  101. Jamais, et voici ce que j'en pense : Araminte a de la beauté, on peut dire que c'est une belle femme. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  102. Et quant à moi, à cet égard-là, je n'ai qu'à me cacher, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  103. Qu'il est plat ! (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  104. Franchement, c'est que vous êtes un mauvais connaisseur, et qu'à dire vrai, nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  105. Oui, Monsieur, du baroque ; mais on s'y accoutume, et voilà tout ; et quand je vous accorde que nous n'avons pas plus de beauté l'une que l'autre, c'est que je ne me soucie guère de me faire tort ; mais croyez que tout le monde la trouvera encore plus éloignée d'être belle que moi, tout effroyable que vous me faites. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  106. À la bonne heure ; mais quand on a le goût faux, c'est une triste qualité que d'être sincère. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  107. Le plus grand défaut de ma sincérité, c'est qu'elle est trop forte. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  108. Ce n'est pas la peine de vous demander ce que vous pensiez de la différence de nos esprits, vous ne savez pas juger. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  109. Vous biaisez ici, c'est vain et emporté que vous voulez dire. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  110. Qu'est-ce donc, Lisette ? (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  111. Est-ce que nos beautés ont déjà été débattues ? (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  112. Ce que je veux apprendre à Monsieur, c'est que Frontin dit qu'il est arrivé dans le temps que Dorante se fâchait, s'emportait contre lui en faveur de Madame. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  113. Le rapport de Frontin est-il exact, Monsieur ? (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  114. C'est un sot, il en a dit beaucoup trop : il est faux que je l'aie applaudi ou loué : mais comme il ne s'agissait que de la beauté, qu'on ne saurait contester à Araminte, je me suis contenté de dire froidement que je ne voyais pas qu'il eût tort. (Acte 1, scène 13, ERGASTE)
  115. Il est vrai que ce n'est pas là applaudir, ce n'est que confirmer, qu'appuyer la chose. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  116. Oui ; et j'ai même ajouté, par une estime particulière pour vous, que vous seriez de mon avis vous-même. (Acte 1, scène 13, ERGASTE)
  117. Voilà où l'oracle s'est trop avancé ; je ne justifierai point votre estime : j'en suis fâchée ; mais je connais Araminte, et je n'irai point confirmer aussi une décision qui lui tournerait la tête ; car elle est si sotte : je gage qu'elle vous aura cru, et il n'y aurait plus moyen de vivre avec elle. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  118. Monsieur, vous m'avez rendu compte de votre coeur ; il est juste que je vous rende compte du mien. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  119. Ma première inclination a d'abord été mon mari, qui valait mieux que vous, Ergaste, soit dit sans rien diminuer de l'estime que vous méritez. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  120. Qu'il est plus doux, plus complaisant, qu'il a la mine un peu plus distinguée, et qu'il pense plus modestement de lui que vous ; mais que vous plaisez davantage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  121. J'ai tort aussi, très tort : mais ce qui me surprend, c'est qu'une figure aussi chétive que la mienne, qu'un homme aussi désagréable, aussi revêche, aussi sottement infatué de lui-même, ait pu gagner votre coeur. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  122. Est-ce que nos coeurs ont de la raison ? (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  123. Je tâcherai d'en profiter ; tout ce que je crains, c'est qu'un homme aussi commun, et qui vaut si peu, ne vous rebute. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  124. Dès que vous pardonnez à mes désagréments, il est juste que je pardonne à la petitesse de votre mérite. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  125. Quelle heure est-il ? (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  126. Je crois qu'il est tard. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  127. Non, c'est que je m'ennuie ; ma sincérité ne vous choquera pas. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  128. Est-il assez étrange ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  129. Fort bien ; c'est-à-dire que nous sommes tous des aveugles. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  130. Mais, Lisette, est-ce qu'on est sincère ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  131. Toute la terre est polie... (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  132. Vraiment, oui ; le témoignage d'un hypocondre est bien plus sûr. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  133. Mais le vôtre est charmant ; petits et grands, jeunes et vieux, tout en convient, jusqu'aux femmes ; il n'y a qu'un cri là-dessus. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  134. À la ville, aux champs, c'est le même écho, partout charmante ; que diantre ! (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  135. Il est vrai qu'on ne dit pas cela d'une figure ordinaire ; mais tu vois pourtant ce qui m'arrive ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  136. vous avez un furieux penchant à vous rabaisser, je n'y saurais tenir ; la petite opinion que vous avez de vous est insupportable. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  137. Tenez, il vous est venu tantôt compagnie ; il y avait des hommes et des femmes. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  138. Quelqu'un de mes gens pouvait être là ; ce n'est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est ; car est-ce par là qu'on vaut quelque chose ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  139. Non, c'est qu'il est bon de se connaître. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  140. Il n'en est pas moins outré des impertinences de Frontin dont il a été témoin. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  141. Allez, Monsieur, il vous apprendra que Madame est laide. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  142. Oui, laide, c'est une nouvelle découverte ; à la vérité, cela ne se voit qu'avec les lunettes d'Ergaste. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  143. Il n'est pas question de plaisanter, peu m'importe ce que je suis à cet égard ; ce n'est pas l'intérêt que j'y prends qui me fait parler, pourvu que mes amis me croient le coeur bon et l'esprit bien fait, je les quitte du reste : mais qu'un homme que je voulais estimer, dont je voulais être sûre, m'ait regardée comme une femme dont il croyait que ses flatteries démonteraient la petite cervelle, voilà ce que je lui reproche. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  144. Et moi, Madame, je vous déclare que ce n'est plus ni vous ni vos grâces que je défends ; vous êtes fort libre de penser de vous ce qu'il vous plaira, je ne m'y oppose point ; mais je ne suis ni un adulateur ni un visionnaire, j'ai les yeux bons, j'ai le jugement sain, je sais rendre justice ; et je soutiens que vous êtes une des femmes du monde la plus aimable, la plus touchante, je soutiens qu'il n'y aura point de contradiction là-dessus ; et tout ce qui me fâche en le disant, c'est que je ne saurais le soutenir sans faire l'éloge d'une personne qui m'outrage, et que je n'ai nulle envie de louer. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  145. Je suis de même ; on est fâché du bien qu'on dit d'elle. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  146. C'est pour votre honneur que j'insiste ; les sentiments varient-ils jusque-là ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  147. Ce n'est jamais que du plus au moins qu'on diffère ; mais du blanc au noir, du tout au rien, je m'y perds. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  148. Ergaste est un extravagant, la tête lui tourne ; cet esprit-là ne fera pas bonne fin. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  149. Parlez, Madame, car je suis piqué ; c'est votre sincérité que j'interroge : vous êtes-vous jamais présentée nulle_part, au spectacle, en compagnie, que vous n'ayez fixé les yeux de tout le monde, qu'on ne vous y ait distinguée ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  150. J'avoue que la question m'embarrasse. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  151. Mais cet Ergaste est si hypocondre, qu'il a l'extravagance de trouver Araminte mieux que vous. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  152. Et cette Araminte est si dupe, qu'elle en est émue, qu'elle se rengorge, et s'en estime plus qu'à l'ordinaire. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  153. Elle est donc bien gonflée ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  154. Il est vrai que je me sens obligée de dire, pour votre justification, qu'on a toujours mis quelque différence entre elle et moi ; je ne serai pas de bonne foi si je le niais ; ce n'est pas qu'elle ne soit aimable. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  155. Pourquoi est-ce que je dispute ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  156. Ce n'est pas pour moi, c'est pour vous ; je ne demande pas mieux que d'avoir tort pour être satisfaite de votre caractère. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  157. Ce n'est pas que vous n'ayez vos défauts ; vous en avez, car je suis sincère aussi, moi, sans me vanter de l'être. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  158. Est-il permis, par exemple, avec une figure aussi distinguée que la vôtre, et faite au tour, est-il permis de vous négliger quelquefois autant que vous le faites ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  159. C'est distraction, c'est souvent par oubli de moi-même. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  160. C'est qu'il a raison et qu'il parle juste. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  161. Écoutez-moi, Lisette ; le notaire d'ici est actuellement dans mon cabinet qui m'arrange des papiers ; allez lui dire qu'il tienne tout prêt un contrat de mariage. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  162. N'est-ce pas Araminte que je vois ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  163. Je vous dirais bien que je le désavoue, mais je pense qu'il n'en est pas besoin ; vous me faites apparemment la justice de croire que je me connais, et que je sais à quoi m'en tenir sur pareille folie. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  164. Ne parlez-vous pas de ce qui s'est passé tantôt devant vous, Madame ? (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  165. Tout ce qu'on y pourrait souhaiter de plus, c'est qu'Ergaste fût un meilleur juge. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  166. C'est donc par modestie que vous vous méfiez de son jugement ; car il vous a traitée plus favorablement que moi : il a décidé que vous plaisiez davantage, et je changerais bien mon partage contre vous. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  167. Oui-da ; je sais qu'il vous trouve régulière, mais point touchante ; c'est-à-dire que j'ai des grâces, et vous des traits : mais je n'ai pas plus de foi à mon partage qu'au vôtre ; je dis le vôtre (elle se lève après avoir plié son billet) parce qu'entre nous nous savons que nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  168. C'est que mon peu de mérite et ma mauvaise façon m'intimident ; car je sais toutes mes vérités, on me les a dites. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  169. C'est que je ne mérite pas qu'on m'en veuille. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  170. Cela n'est pas douteux. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  171. Et qui plus est, c'est que vous m'aimez encore, c'est que vous n'avez pas cessé d'un instant. (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  172. est-elle donc ? (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  173. Le conseil est bon, je vais dans un moment l'assurer de ma parfaite obéissance. (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  174. Ce n'est pas la peine ; vous l'allez voir paraître, et je ne suis envoyée que pour vous préparer sur votre disgrâce. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  175. Je soupçonne que le notaire est là dedans qui passe un contrat de mariage ; n'écrira-t-il rien en ma faveur ? (Acte 1, scène 20, ERGASTE)
  176. Cela est vrai, et je ne vous aime plus ; mais quand le notaire viendra, nous verrons. (Acte 1, scène 20, ARAMINTE)
  177. Ergaste, ce que je vais vous dire vous surprendra peut-être ; c'est que je me marie, n'en serez-vous point fâché ? (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  178. Notre contrat de mariage est passé. (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  179. C'est fort bien fait. (Acte 1, scène 21, ERGASTE)
  180. C'est Araminte que vous épousez ? (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  181. Oui, c'est Madame que j'aime, que j'aimais, et que j'ai toujours aimée, qui plus est. (Acte 1, scène 21, ERGASTE)

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

  1. C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie : moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai ; le non n'est pas naturel. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Le non n'est pas naturel, quelle sotte naïveté ! (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Eh bien, c'est encore oui, par exemple. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon coeur par le vôtre... (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  5. Mon coeur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Ce n'est pas mon dessein ; mais dans le fond voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon que vous étiez bien aise d'être mariée ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Cela est encore tout neuf. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  10. Quoi, vous n'épouserez pas celui qu'il vous destine ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : Pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  13. Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  14. C'est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  15. On ajoute qu'il est bien fait ; passe. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  16. Oui-dà, cela est pardonnable. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  17. Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  18. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  19. C'est la douceur, la raison, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  20. Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste : Aussi l'est-il, répondait-on ; je l'ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d'un mot. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  21. Ergaste s'est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  22. N'est-on pas content de Léandre quand on le voit ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  23. Eh bien chez lui, c'est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui ne gronde ; c'est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n'a point de commerce avec elle, elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui, tout ce qui l'environne. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  24. N'est-ce pas là un mari bien amusant ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  25. Voilà ce que c'est que les hommes. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  26. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  27. Elle me fit pitié, Lisette ; si j'allais te faire pitié aussi : Cela est terrible, qu'en dis-tu ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  28. Songe à ce que c'est qu'un mari. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  29. C'est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là, il me raccommode avec tout le reste. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  30. Lisette de son côté baisse les yeux, qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  31. C'est que j'entretenais Lisette du malheur d'une femme maltraitée par son mari ; je lui citais celle de Tersandre, que je trouvai l'autre jour fort abattue, parce que son mari venait de la quereller, et je faisais là-dessus mes réflexions. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  32. Premièrement, il est beau, et c'est presque tant pis. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. Moi, je dis ce qu'on m'apprend ; c'est la doctrine de Madame, j'étudie sous elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. Allons, allons, il n'est pas question de tout cela. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  35. Dorante vient pour t'épouser ; dans le dernier voyage que je fis en province, j'arrêtai ce mariage-là avec son père, qui est mon intime et mon ancien ami ; mais ce fut à condition que vous vous plairiez à tous deux, et que vous auriez entière liberté de vous expliquer là-dessus ; je te défends toute complaisance à mon égard : si Dorante ne te convient point, tu n'as qu'à le dire, et il repart ; si tu ne lui convenais pas, il repart de même. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ORGON)
  36. Parle, si la chose est faisable je te l'accorde. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  37. Elle est très faisable ; mais je crains que ce ne soit abuser de vos bontés. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  38. Son idée est plaisante. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  39. "Je ne sais au reste ce que vous penserez d'une imagination qui est venue à mon fils ; elle est bizarre, il en convient lui-même, mais le motif est pardonnable et même délicat ; c'est qu'il m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le personnage de son maître." (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  40. Écoutez le reste... (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  41. "Mon fils sait combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux, et il espère, dit-il, sous ce déguisement de peu de durée, saisir quelques traits du caractère de notre future et la mieux connaître, pour se régler ensuite sur ce qu'il doit faire, suivant la liberté que nous sommes convenus de leur laisser. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  42. Ce n'est pas le tout, voici ce qui arrive ; c'est que votre soeur, inquiète de son côté sur le chapitre de Dorante, dont elle ignore le secret, m'a demandé de jouer ici la même comédie, et cela précisément pour observer Dorante, comme Dorante veut l'observer. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  43. Actuellement, la maîtresse et la suivante se travestissent. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  44. Ma foi, Monsieur, puisque les choses prennent ce train-là, je ne voudrais pas les déranger, et je respecterais l'idée qui leur est inspirée à l'un et à l'autre ; il faudra bien qu'ils se parlent souvent tous deux sous ce déguisement, voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  45. C'est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir, je veux me trouver au début et les agacer tous deux. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  46. Ma foi, ma soeur, c'est autant de pris que le valet ; mais tu pourrais bien aussi escamoter Dorante à ta maîtresse. (Acte 1, scène 5, MARIO)
  47. Franchement, je ne haïrais pas de lui plaire sous le personnage que je joue, je ne serais pas fâchée de subjuguer sa raison, de l'étourdir un peu sur la distance qu'il y aura de lui à moi ; si mes charmes font ce coup-là, ils me feront plaisir, je les estimerai. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  48. Eh bien, l'honneur de lui plaire ne me sera pas inutile ; les valets sont naturellement indiscrets, l'amour est babillard, et j'en ferai l'historien de son maître. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  49. Monsieur, il vient d'arriver un domestique qui demande à vous parler ; il est suivi d'un crocheteur qui porte une valise. (Acte 1, scène 5, UN-VALET)
  50. Qu'il entre : c'est sans doute le valet de Dorante ; son maître peut être resté au bureau pour affaires. (Acte 1, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  51. est Lisette ? (Acte 1, scène 5, MONSIEUR ORGON)
  52. Je cherche Monsieur Orgon, n'est-ce pas à lui à qui j'ai l'honneur de faire la révérence ? (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  53. Oui, mon ami, c'est à lui-même. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  54. Moi, Monsieur, je dis qu'il est bienvenu, et qu'il promet. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  55. Vous avez bien de la bonté, je fais du mieux qu'il m'est possible. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  56. Il n'est pas mal tourné au moins, ton coeur n'a qu'à se bien tenir, Lisette. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  57. Mon coeur, c'est bien des affaires. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  58. Cette modestie-là me plaît, continuez de même. (Acte 1, scène 6, SILVIA)
  59. Mais il me semble que ce nom de Mademoiselle qu'il te donne est bien sérieux ; entre gens comme vous, le style des compliments ne doit pas être si grave, vous seriez toujours sur le qui-vive ; allons, traitez-vous plus commodément, tu as nom Lisette, et toi mon garçon, comment t'appelles-tu ? (Acte 1, scène 6, MARIO)
  60. Votre serviteur, ce n'est point encore là votre jargon, c'est ton serviteur qu'il faut dire. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  61. Oh, doucement, s'aimer, c'est une autre affaire ; vous ne savez peut-être pas que j'en veux au coeur de Lisette, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  62. Il est vrai qu'il m'est cruel, mais je ne veux pas que Bourguignon aille sur mes brisées. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  63. Vous avez raison, Monsieur, c'est dans ses yeux que je l'ai prise. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  64. Tais-toi, c'est encore pis, je te défends d'avoir tant d'esprit. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  65. Ils se donnent la comédie, n'importe, mettons tout à profit ; ce garçon-ci n'est pas sot, et je ne plains pas la soubrette qui l'aura. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  66. Elle est bien hardie d'oser avoir une femme de chambre comme toi. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  67. Bourguignon, cette question-là m'annonce que, suivant la coutume, tu arrives avec l'intention de me dire des douceurs, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  68. Ma foi, je n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te l'avoue ; tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les soubrettes, je n'aime pas l'esprit domestique ; mais à ton égard c'est une autre affaire ; comment donc, tu me soumets, je suis presque timide, ma familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi, j'ai toujours envie d'ôter mon chapeau de dessus ma tête, et quand je te tutoie, il me semble que je jure ; enfin j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  69. Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est précisément l'histoire de tous les valets qui m'ont vue. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  70. Le trait est joli assurément ; mais je te le répète encore, je ne suis point faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  71. C'est-à-dire que ma parure ne te plaît pas ? (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  72. Ton petit traité n'est composé que de deux clauses impossibles. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  73. Parbleu, cela est plaisant, ce que tu as juré pour homme, je l'ai juré pour femme, moi, j'ai fait serment de n'aimer sérieusement qu'une fille de condition. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  74. Je ne m'en écarte peut-être pas tant que nous le croyons, tu as l'air bien distingué, et l'on est quelquefois fille de condition sans le savoir. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  75. Mais ce n'est pas là de quoi il est question ; trêve de badinage, c'est un homme de condition qui m'est prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  76. Attends, Lisette, je voulais moi-même te parler d'autre chose ; mais je ne sais plus ce que c'est. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  77. Je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que tu voudras bien me dire confidemment ce qu'il est ; ton attachement pour lui m'en donne bonne opinion, il faut qu'il ait du mérite puisque tu le sers. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  78. Et moi, je voudrais bien savoir comment il se fait que j'ai la bonté de t'écouter, car assurément, cela est singulier. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  79. Tu as raison, notre aventure est unique. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  80. Quand ton maître sera venu, je tâcherai en faveur de ma maîtresse de le connaître par moi-même, s'il en vaut la peine ; en attendant, tu vois cet appartement, c'est le vôtre. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  81. Un domestique là-bas m'a dit d'entrer ici, et qu'on allait avertir mon beau-père qui était avec ma femme. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  82. Eh oui, mon beau-père et ma femme, autant vaut ; je viens pour épouser, et ils m'attendent pour être mariés ; cela est convenu, il ne manque plus que la cérémonie, qui est une bagatelle. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  83. C'est une bagatelle qui vaut bien la peine qu'on y pense. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  84. Bourguignon, on est homme de mérite à bon marché chez vous, ce me semble ? (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  85. C'est qu'il ne l'est pas encore. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  86. Elle a raison, Monsieur, le mariage n'est pas fait. (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  87. C'est fort bien fait, je m'en réjouis : croyez-vous que je plaise ici, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  88. Vous êtes bien modeste de vous en contenter, mais je vous quitte, il faut qu'on ait oublié d'avertir votre beau-père, car assurément il serait venu, et j'y vais. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  89. Que le sort est bizarre ! (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  90. Aucun de ces deux hommes n'est à sa place. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  91. Pourquoi donc, mon entrée est si gentille ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  92. Je ferai encore mieux dans les suites, et puisque le sérieux n'est pas suffisant, je donnerai du mélancolique, je pleurerai, s'il le faut. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  93. Est-ce que la fille n'est pas plaisante ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  94. Mon cher Monsieur, je vous demande mille pardons de vous avoir fait attendre ; mais ce n'est que de cet instant que j'apprends que vous êtes ici. (Acte 1, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  95. Monsieur, mille pardons, c'est beaucoup trop et il n'en faut qu'un quand on n'a fait qu'une faute ; au surplus, tous mes pardons sont à votre service. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  96. Je serais d'abord venu ici avec Bourguignon ; mais quand on arrive de voyage, vous savez qu'on est si mal bâti, et j'étais bien aise de me présenter dans un état plus ragoûtant. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  97. Le gaillard est gourmet, il boira du meilleur. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  98. De vous dire l'état où sont les choses, parce qu'il est important que vous en soyez éclairci, afin que vous n'ayez point à vous plaindre de moi. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  99. Ceci est donc bien sérieux ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  100. Et de quelle conséquence est-il donc ? (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  101. Monsieur, on a de la peine à se louer soi-même, mais malgré toutes les règles de la modestie, il faut pourtant que je vous dise que si vous ne mettez ordre à ce qui arrive, votre prétendu gendre n'aura plus de coeur à donner à Mademoiselle votre fille ; il est temps qu'elle se déclare, cela presse, car un jour plus tard, je n'en réponds plus. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  102. Je vous le répète encore, le coeur de Dorante va bien vite ; tenez, actuellement je lui plais beaucoup, ce soir il m'aimera, il m'adorera demain ; je ne le mérite pas, il est de mauvais goût, vous en direz ce qu'il vous plaira ; mais cela ne laissera pas que d'être ; voyez-vous, demain je me garantis adorée. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  103. C'est un original, j'ai remarqué qu'il fait l'homme de conséquence avec elle, parce qu'il est bien fait ; il la regarde et soupire. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  104. C'est donc d'indignation. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  105. Serviteur : Adieu, mes enfants, je vous laisse ensemble ; il est bon que vous vous aimiez un peu avant que de vous marier. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  106. J'ai de la peine à croire qu'il vous en coûte tant d'attendre, Monsieur, c'est par galanterie que vous faites l'impatient, à peine êtes-vous arrivé ! (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  107. Votre amour ne saurait être bien fort, ce n'est tout au plus qu'un amour naissant. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  108. Vous vous trompez, prodige de nos jours, un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d'oeil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces et le troisième l'a rendu grand garçon ; tâchons de l'établir au plus vite, ayez soin de lui puisque vous êtes sa mère. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  109. Trouvez-vous qu'on le maltraite, est-il si abandonné ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  110. Mais est-il possible que vous m'aimiez tant ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  111. Je ne me soucie pas de ce qui est possible, moi ; mais je vous aime comme un perdu, et vous verrez bien dans votre miroir que cela est juste... (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  112. Quelqu'un vient à nous ; c'est votre valet. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  113. Madame, sans lui j'allais vous dire de belle choses, et je n'en trouverai plus que de communes à cette heure, hormis mon amour qui est extraordinaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  114. Mais à propos de mon amour, quand est-ce que le vôtre lui tiendra compagnie ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  115. La question est vive ; savez-vous bien que vous m'embarrassez ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  116. Ce n'est donc pas la retenue d'à présent qui donne bien d'autres permissions. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  117. Vous m'aimez, cela est admirable ! (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  118. Souvenez-vous qu'on n'est pas les maîtres de son sort. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  119. ce mais-là n'est bon qu'à me donner la fièvre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  120. Madame, je vous assure que cela est pressé. (Acte 2, scène 6, SILVIA)
  121. Fort bien ; mais puisqu'il n'y est plus, écoutez-moi comme votre maîtresse : vous voyez bien que cet homme-là ne me convient point. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  122. Est-il nécessaire de le voir deux fois pour juger du peu de convenance ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  123. Apparemment que mon père n'approuve pas la répugnance qu'il me voit, car il me fuit, et ne me dit mot ; dans cette conjoncture, c'est à vous à me tirer tout doucement d'affaire, en témoignant adroitement à ce jeune homme que vous n'êtes pas dans le goût de l'épouser. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  124. Et qu'est-ce qui vous en empêche ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  125. Donnez-vous le temps de voir ce qu'il est, voilà tout ce qu'on vous demande. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  126. C'est que je me méfie de lui, car il est raisonneur. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  127. Je crois qu'il est homme à vous avoir conté des histoires maladroites, pour faire briller son bel esprit. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  128. Car enfin, vous m'obligez à le justifier ; il n'est pas question de le brouiller avec son maître, ni d'en faire un fourbe, pour me faire, moi, une imbécile qui écoute ses histoires. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  129. Qu'est-ce que c'est que le ton dont vous dites cela vous-même ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  130. Eh bien, si ce valet n'a rien dit, à la bonne heure, il ne faut pas vous emporter pour le justifier, je vous crois, voilà qui est fini, je ne m'oppose pas à la bonne opinion que vous en avez, moi. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  131. Qu'est-ce que cela veut dire, à qui parlez-vous ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  132. Qui est-ce qui est à l'abri de ce qui m'arrive, où en sommes-nous ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  133. Je frissonne encore de ce que je lui ai entendu dire ; avec quelle impudence les domestiques ne nous traitent-ils pas dans leur esprit ? (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  134. Je ne saurais m'en remettre, je n'oserais songer aux termes dont elle s'est servie, ils me font toujours peur. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  135. Écartons l'idée dont cette insolente est venue me noircir l'imagination. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  136. Voici Bourguignon, voilà cet objet en question pour lequel je m'emporte ; mais ce n'est pas sa faute, le pauvre garçon, et je ne dois pas m'en prendre à lui. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  137. C'est que cela m'est échappé. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  138. Eh bien, crois-moi, parlons comme nous pourrons ; ce n'est pas la peine de nous gêner pour le peu de temps que nous avons à nous voir. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  139. Est-ce que ton maître s'en va ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  140. Ni à moi non plus, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  141. Tiens, Bourguignon, une bonne fois pour toutes, demeure, va-t'en, reviens, tout cela doit m'être indifférent, et me l'est en effet, je ne te veux ni bien ni mal, je ne te hais, ni ne t'aime, ni ne t'aimerai, à moins que l'esprit ne me tourne. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  142. Mon malheur est inconcevable, tu m'ôtes peut-être tout le repos de ma vie. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  143. Quelle fantaisie il s'est allé mettre dans l'esprit ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  144. Il me fait de la peine : reviens à toi ; tu me parles, je te réponds, c'est beaucoup, c'est trop même, tu peux m'en croire, et si tu étais instruit, en vérité, tu serais content de moi, tu me trouverais d'une bonté sans exemple, d'une bonté que je blâmerais dans une autre. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  145. Je ne me la reproche pourtant pas, le fond de mon coeur me rassure, ce que je fais est louable, c'est par générosité que je te parle ; mais il ne faut pas que cela dure, ces générosités-là ne sont bonnes qu'en passant, et je ne suis pas faite pour me rassurer toujours sur l'innocence de mes intentions ; à la fin, cela ne ressemblerait plus à rien. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  146. Ainsi finissons, Bourguignon ; finissons je t'en prie ; qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  147. C'est se moquer, allons, qu'il n'en soit plus parlé. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  148. Venons à ce que tu voulais me dire ; tu te plaignais de moi quand tu es entré, de quoi était-il question ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  149. Elle se l'imagine, et si elle t'en parle encore, tu peux nier hardiment, je me charge du reste. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  150. Eh, ce n'est pas cela qui m'occupe ! (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  151. Mais, à propos de tes adieux, il me reste encore une chose à savoir : vous partez, m'as-tu dit, cela est-il sérieux ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  152. Et je n'ai fait qu'une faute, c'est de n'être pas parti dès que je t'ai vue. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  153. Oh, il n'est pas si curieux à savoir que le mien, je t'en assure. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  154. Il est donc bien vrai que tu ne me hais, ni ne m'aimes, ni ne m'aimeras ? (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  155. Rien, ce n'est pas là ce qui te nuit. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  156. J'agis de bonne foi, donne-moi du secours contre moi-même, il m'est nécessaire, je te le demande à genoux. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  157. C'est ma facilité qui le place là ; lève-toi donc. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  158. Tu parais le dire sérieusement ; et si cela est, ma raison est perdue. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  159. C'est bien dommage de vous interrompre, cela va à merveille, mes enfants, courage ! (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  160. Je suis, grâce au ciel, comme à mon ordinaire ; je suis fâchée de vous dire que c'est une idée. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  161. C'est donc ce garçon qui vient de sortir qui t'inspire cette extrême antipathie que tu as pour son maître ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  162. Le domestique de Dorante ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  163. Cependant, on prétend que c'est lui qui le détruit auprès de toi, et c'est sur quoi j'étais bien aise de te parler. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  164. Ce n'est pas la peine, mon père, et personne au monde que son maître ne m'a donné l'aversion naturelle que j'ai pour lui. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  165. Ma foi, tu as beau dire, ma soeur, elle est trop forte pour être si naturelle, et quelqu'un y a aidé. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  166. Et qui est donc ce quelqu'un qui y a aidé ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  167. C'est que je suis bien lasse de mon personnage, et je me serais déjà démasquée si je n'avais pas craint de fâcher mon père. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  168. Puisque j'ai eu la complaisance de vous permettre votre déguisement, il faut, s'il vous plaît, que vous ayez celle de suspendre votre jugement sur Dorante, et de voir si l'aversion qu'on vous a donnée pour lui est légitime. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  169. J'essuie des expressions bien étranges ; je n'entends plus que des choses inouïes, qu'un langage inconcevable ; j'ai l'air embarrassé, il y a quelque chose, et puis c'est le galant Bourguignon qui m'a dégoûtée, c'est tout ce qui vous plaira, mais je n'y entends rien. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  170. Pour le coup, c'est toi qui es étrange. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  171. Il est vrai que tu es si agitée que je ne te reconnais point non plus. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  172. Ce sont apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé comme elle a fait ; elle accusait ce valet de ne t'avoir pas entretenue à l'avantage de son maître, et Madame, nous a-t-elle dit, l'a défendu contre moi avec tant de colère, que j'en suis encore toute surprise, et c'est sur ce mot de surprise que nous l'avons querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence d'un mot. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR ORGON)
  173. Quoi, parce que je suis équitable, que je veux qu'on ne nuise à personne, que je veux sauver un domestique du tort qu'on peut lui faire auprès de son maître, on dit que j'ai des emportements, des fureurs dont on est surprise : un moment après un mauvais esprit raisonne, il faut se fâcher, il faut la faire taire, et prendre mon parti contre elle à cause de la conséquence de ce qu'elle dit ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  174. Instruisez-moi, je vous en conjure ; cela est-il sérieux, me joue-t-on, se moque-t-on de moi ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  175. On accuse ce valet, et on a tort ; vous vous trompez tous, Lisette est une folle, il est innocent, et voilà qui est fini ; pourquoi donc m'en reparler encore ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  176. Tu te retiens, ma fille, tu aurais grande envie de me quereller aussi ; mais faisons mieux, il n'y a que ce valet qui est suspect ici, Dorante n'a qu'à le chasser. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  177. Mais comme l'action m'a déplu, la répétition n'en est pas aimable. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  178. La seule chose que j'exige de toi, ma fille, c'est de ne te déterminer à le refuser qu'avec connaissance de cause ; attends encore, tu me remercieras du délai que je demande, je t'en réponds. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  179. Eh bien, parle donc, je t'écoute, puisqu'il est arrêté que ma complaisance pour toi sera éternelle. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  180. Tu ne dois la confidence que je vais te faire qu'à l'estime que j'ai pour toi. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  181. Je le crois ; mais tâche de m'estimer sans me le dire, car cela sent le prétexte. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  182. Reste, ce n'est plus Bourguignon qui te parle. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  183. C'est ici où tu vas juger des peines qu'a dû ressentir mon coeur. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  184. Ce n'est pas à ton coeur à qui je parle, c'est à toi. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  185. Sache que celui qui est avec ta maîtresse n'est pas ce qu'on pense. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  186. Qui est-il donc ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  187. C'est moi qui suis Dorante. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  188. Je rougis pour elle de le dire, mais ta maîtresse a si peu de goût qu'elle est éprise de mon valet au point qu'elle l'épousera si on la laisse faire. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  189. Votre situation est neuve assurément ! (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  190. Votre penchant pour moi est-il si sérieux ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  191. Au point de renoncer à tout engagement, puisqu'il ne m'est pas permis d'unir mon sort au tien ; et dans cet état, la seule douceur que je pouvais goûter, c'était de croire que tu ne me haïssais pas. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  192. Un coeur qui m'a choisie dans la condition où je suis, est assurément bien digne qu'on l'accepte, et je le payerais volontiers du mien, si je ne craignais pas de le jeter dans un engagement qui lui ferait tort. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  193. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 2, scène 13, MARIO)
  194. Ce n'est point Bourguignon, mon frère, c'est Dorante. (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  195. Oh je le garderai bien, car je ne sais ce que c'est. (Acte 2, scène 13, MARIO)
  196. Allons, mon frère, venez, ne perdons point de temps ; il n'est jamais rien arrivé d'égal à cela ! (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  197. Maraud, soit, mais cela n'est point contraire à faire fortune. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  198. Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin ; mais un coquin peut faire un bon mariage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  199. Tout ce qui se passe ici, tout ce qui m'y est arrivé à moi-même est incroyable... (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  200. Elle est si aimable, qu'on aurait de la peine à ne lui pas parler d'amour. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  201. Non ; mais qu'est-ce que cela vous fait ? (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  202. C'est apparemment avec ces petites délicatesses-là que vous attaquez Lisette ; cela imite l'homme de condition. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  203. Ah, le voici : c'est que malgré le ton badin que j'ai pris tantôt, je serais très fâché qu'elle t'aimât ; c'est que sans autre raisonnement, je te défends de t'adresser davantage à elle ; non pas dans le fond que je craigne qu'elle t'aime, elle me paraît avoir le coeur trop haut pour cela, mais c'est qu'il me déplaît à moi d'avoir Bourguignon pour rival. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  204. Ma foi, je vous crois, car Bourguignon, tout Bourguignon qu'il est, n'est pas même content que vous soyez le sien. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  205. Est-ce que je ne vaux pas la peine de l'être ? (Acte 3, scène 2, MARIO)
  206. La réponse est de bon sens, je te la pardonne ; mais je suis bien mortifié de ne pouvoir pas dire qu'on m'aime, et je ne le dis pas pour t'en rendre compte, comme tu le crois bien, mais c'est qu'il faut dire la vérité. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  207. Ta livrée n'est pas propre à faire pencher la balance en ta faveur, et tu n'es pas fait pour lutter contre moi. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  208. Ce n'est rien, je disais un mot à Bourguignon. (Acte 3, scène 3, MARIO)
  209. Il est triste, est-ce que vous le querelliez ? (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  210. Ce n'est pas ma faute. (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  211. À qui est-ce que je parle ? (Acte 3, scène 3, MARIO)
  212. Mais où en est-il précisément, ma soeur ? (Acte 3, scène 4, MARIO)
  213. Je prends ma revanche ; tu m'as tantôt chicané sur mes expressions, il faut bien à mon tour que je badine un peu sur les tiennes ; ta joie est bien aussi divertissante que l'était ton inquiétude. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  214. Dorante et moi, nous sommes destinés l'un à l'autre, il doit m'épouser ; si vous saviez combien je lui tiendrai compte de ce qu'il fait aujourd'hui pour moi, combien mon coeur gardera le souvenir de l'excès de tendresse qu'il me montre ! (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  215. Il ne pourra jamais se rappeler notre histoire sans m'aimer, je n'y songerai jamais que je ne l'aime, vous avez fondé notre bonheur pour la vie, en me laissant faire ; c'est un mariage unique ; c'est une aventure dont le seul récit est attendrissant ; c'est le coup de hasard le plus singulier, le plus heureux, le plus... (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  216. Il faut convenir que le régal que tu te donnes est charmant, surtout si tu achèves. (Acte 3, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  217. Cela vaut fait, Dorante est vaincu, j'attends mon captif. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  218. Ce qui lui en coûte à se déterminer ne me le rend que plus estimable : il pense qu'il chagrinera son père en m'épousant, il croit trahir sa fortune et sa naissance. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  219. C'est-à-dire que tu veux qu'il sente toute l'étendue de l'impertinence qu'il croira faire : quelle insatiable vanité d'amour-propre ! (Acte 3, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  220. Cela, c'est l'amour-propre d'une femme, et il est tout au plus uni. (Acte 3, scène 4, MARIO)
  221. Monsieur, vous m'avez dit tantôt que vous m'abandonniez Dorante, que vous livriez sa tête à ma discrétion ; je vous ai pris au mot, j'ai travaillé comme pour moi, et vous verrez de l'ouvrage bien fait, allez, c'est une tête bien conditionnée. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  222. Attends, j'y mets pourtant une petite restriction ; c'est qu'il faudrait, pour nous disculper de ce qui arrivera, que tu lui dises un peu qui tu es. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  223. Cela est juste, retirons-nous. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  224. Non, mon cher, la durée m'en est trop précieuse. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  225. Avant que je la demande à lui, souffrez que je la demande à vous ; je veux lui rendre mes grâces de la charité qu'elle aura de vouloir bien entrer dans la mienne qui en est véritablement indigne. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  226. Le présent qu'il vous a fait ne le ruinera pas, il est bien mesquin. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  227. C'est que vous ne le voyez pas au grand jour. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  228. Vous ne sauriez croire combien votre modestie m'embarrasse. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  229. Ne faites point dépense d'embarras ; je serais bien effronté, si je n'étais modeste. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  230. Enfin, Monsieur, faut-il vous dire que c'est moi que votre tendresse honore ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  231. Eh, je me connais bien aussi, et je n'ai pas là une fameuse connaissance, ni vous non plus, quand vous l'aurez faite ; mais c'est là le diable que de me connaître, vous ne vous attendez pas au fond du sac. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  232. Tant d'abaissement n'est pas naturel. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  233. Vous m'inquiétez : est-ce que vous n'êtes pas ?... (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  234. Madame, votre amour est-il d'une constitution bien robuste, soutiendra-t-il bien la fatigue que je vais lui donner, un mauvais gîte lui fait-il peur ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  235. Savez-vous ce que c'est qu'un louis d'or faux ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  236. Achevez donc, quel est votre nom ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  237. Ce n'est donc point Dorante à qui je parle enfin ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  238. C'est lui qui est mon capitaine. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  239. Va, va, ma gloire te pardonne, elle est de bonne composition. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  240. C'est mon capitaine ou l'équivalent. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  241. Va, le mal n'est pas grand, consolons-nous ; ne faisons semblant de rien, et n'apprêtons point à rire. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  242. Il y a apparence que ton maître est encore dans l'erreur à l'égard de ma maîtresse, ne l'avertis de rien, laissons les choses comme elles sont : je crois que le voici qui entre. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  243. Je veux bien que vous sachiez qu'un amour de ma façon n'est point sujet à la casse, que je n'ai pas besoin de votre friperie pour pousser ma pointe, et que vous n'avez qu'à me rendre la mienne. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  244. Tu es un fourbe, cela n'est pas concevable, et je vois bien qu'il faudra que j'avertisse Monsieur Orgon. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  245. Ah, le bon homme, nous l'avons dans notre manche ; c'est le meilleur humain, la meilleure pâte d'homme !... (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  246. Vos petites manières sont un peu aisées, mais c'est la grande habitude qui fait cela : adieu, quand j'aurai épousé, nous vivrons but à but. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  247. Bonjour, Lisette, je vous recommande Bourguignon, c'est un garçon qui a quelque mérite. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  248. Qu'elle est digne d'être aimée ! (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  249. J'ai eu beau décrier votre valet et prendre sa conscience à témoin de son peu de mérite, j'ai eu beau lui représenter qu'on pouvait du moins reculer le mariage, il ne m'a pas seulement écoutée ; je vous avertis même qu'on parle d'envoyer chez le notaire, et qu'il est temps de vous déclarer. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  250. C'est mon intention ; je vais partir incognito, et je laisserai un billet qui instruira Monsieur Orgon de tout. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  251. Ce n'est pas là mon compte. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  252. Comme je ne sais pas vos raisons, je ne puis ni les approuver, ni les combattre ; et ce n'est pas à moi à vous les demander. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  253. Il vous est aisé de les soupçonner, Lisette. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  254. Cela est bien naïf : adieu. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  255. Ah, voilà qui est fini, il s'en va, je n'ai pas tant de pouvoir sur lui que je le croyais : mon frère est un maladroit, il s'y est mal pris, les gens indifférents gâtent tout. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  256. Restez, je vous prie, j'ai encore quelque chose à vous dire. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  257. Eh, Monsieur, de quelle conséquence est-il de vous justifier auprès de moi ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  258. Ce n'est pas la peine, je ne suis qu'une suivante, et vous me le faites bien sentir. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  259. Est-ce à vous à vous plaindre, vous qui me voyez prendre mon parti sans me rien dire ? (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  260. Cela est vrai. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  261. qui est-ce qui vous l'a dit ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  262. Eh bien, Lisette, par tout ce que vous avez de plus cher au monde, instruisez-moi de ce qui en est, je vous en conjure. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  263. Vous m'aimez, mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous ; que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  264. Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  265. Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  266. Ma chère Lisette, que viens-je d'entendre : tes paroles ont un feu qui me pénètre, je t'adore, je te respecte ; il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  267. Oui, Dorante, la même idée de nous connaître nous est venue à tous deux. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  268. Vous avez perdu votre rang, mais vous n'êtes point à plaindre, puisque Arlequin vous reste. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)

LA PROVINCIALE (1750)

  1. Vraiment, il est bien temps de venir : je n'ai plus le loisir de vous entretenir ; il y a une heure que je vous attends, et que vous devriez être ici. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  2. C'est la faute de ce coquin-là, qui m'a éveillé trop tard. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  3. Ma foi, c'est que je ne me suis pas éveillé plus tôt. (Acte 1, scène 1, LA RAMÉE)
  4. Madame La Thibaudière est presque habillée : elle ou Lisette peut descendre dans cette salle-ci, et il faut être plus exact. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  5. Mettez-moi au fait en deux mots : qu'est-ce que c'est d'abord que Madame La Thibaudière ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  6. Une femme de province, qui n'est ici que depuis huit jours ; qui est venue occuper un très grand appartement, précisément dans l'hôtel où je suis logée ; avec qui j'ai lié connaissance le surlendemain de son arrivée ; qui est veuve depuis un an ; qui a presque toujours demeuré à la campagne, qui jamais n'a vu Paris, ni quitté la province ; qui, depuis six mois, a hérité d'un oncle qui la laisse prodigieusement riche ; et qui, le jour même où je la connus, reçut un remboursement de plus de cent mille livres, qu'elle a encore. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  7. Cela est beau ! (Acte 1, scène 1, LA RAMÉE)
  8. Et c'est cette femme-là, sans doute, avec qui je vous rencontrai avant-hier à midi dans la boutique de ce marchand, où j'étais moi-même avec ces deux dames ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. Parbleu, cela n'est pas difficile ! (Acte 1, scène 1, LA RAMÉE)
  10. Que La Ramée entrât dans la salle où nous dînions, Madame La Thibaudière et moi ; qu'elle le reconnût pour l'avoir vu la veille avec vous, et qu'elle se doutât que vous ne vouliez venir me parler que pour tâcher de la voir encore, comme en effet elle s'en est doutée. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  11. Je vous le disais bien ; c'est elle-même ! (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  12. Cela est fort galant, Monsieur, mais vous pouvez avoir quelque chose à vous dire ; je suis pressée, et je crois devoir vous laisser en liberté. (Acte 1, scène 2, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  13. Laissez-moi seulement La Ramée, que je vais instruire de ce qu'il est bon que vous sachiez. (Acte 1, scène 3, MADAME LÉPINE)
  14. Et votre lieutenant, quelle est sa pensée un peu au net ? (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  15. Madame Lépine, il s'agit ici d'une espèce de parti bleu honnête contre une cassette ; et par ma foi, cinquante pistoles, ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  16. Ne craignez rien : ce n'est qu'une petite réflexion dont je vous avise. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  17. Dis-moi : cette lettre qu'il m'a laissée, est-elle dans le goût que j'ai demandé ? (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  18. Comptez sur le billet doux le plus cavalier, le plus leste, le plus dégagé... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  19. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'y ai quelque part. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  20. Il n'a pas plus de sept ou huit lignes ; et en honneur, c'est un chef-d'oeuvre d'impertinence. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  21. Et voilà précisément comme il nous le faut avec notre provinciale, préparée comme elle l'est ! (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  22. C'est cette impertinence-là qui en fera le mérite auprès d'elle. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  23. Il est parfait, vous dis-je ; il est écrit sous ma dictée ; bien entendu que ladite Marquise soit assez folle pour le soutenir. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  24. Et puis, c'est une tête de femme, ce qui prête beaucoup. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  25. Et le Chevalier, à propos, l'avez-vous fait de grande maison, tout fils de bourgeois qu'il est ? (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  26. C'est un de nos galants du bel air, et des plus répandus que j'aie jamais connu chez tout ce qu'il y a de plus distingué. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  27. Mais comme, d'un autre côté, la fortune lui donne de grands avantages sur une dame ruinée, j'ai la modestie de négliger les cérémonies avec la Marquise de la Thibaudière, de lui céder les honneurs du pas, et de laisser, entre elle et moi, une petite distance qui me gagne sa vanité, et qui ne me coûte que des égards et quelques flatteries, de façon que je suis tour à tour, et sa complaisante, et son oracle. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  28. Votre Marquise, au reste, n'a encore reçu de visite que d'un de ses parents, homme de province assez âgé, et qui, pour terminer une grande affaire qu'elle a ici, vient la marier avec un homme de considération, qu'il doit lui amener incessamment, et qui la fixerait à Paris. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  29. Malepeste ! (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  30. Adieu, va-t'en, tout est dit. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  31. Qu'est-ce que c'est qu'une pour toi ? (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  32. Est-ce que tu écris aussi à la Marquise ? (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  33. Non, c'est une porte plus bas ; c'est à Cathos dont je ne sais le nom que de tout à l'heure, à ce petit minois de femme de chambre, qui était avec vous chez ce marchand, qui me parut niaise, mais jolie, et avec qui, par inspiration, j'ébauchai une petite conversation de regards, où elle joua assez bien sa partie ; et hier, quand le Chevalier m'envoya chez vous, en redescendant, je la trouvai sur la porte d'un entre-sol, où je repris le fil du discours par un : Votre valet très humble, Mademoiselle, et par une ou deux révérences, aussi bien troussées, soutenues d'un déhanchement aussi parfait !... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  34. Je ne m'attends pas qu'on ait rien remboursé à Cathos ; mais si vous vouliez, chemin faisant, la mettre un peu en goût d'être du bel air avec moi, je n'aurai point de régiment à acheter, mais j'aurai quelque payement à faire, et tout m'est bon : je glanerai ; ce qui viendra, je le prendrai. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  35. Nous sommes revenues ; et Madame la Marquise s'est arrêtée dans le jardin. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  36. Oui, c'est Monsieur de la Ramée qui m'apporte un billet que Monsieur le Chevalier avait oublié de me donner. (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  37. Et il m'en reste encore un dont l'objet de mes soupirs aura, s'il vous plaît, la bonté de me défaire. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  38. Est-ce moi que Monsieur veut dire ? (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  39. Je me doute qui c'est, par-ci, par-là. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  40. Monsieur de la Ramée est un illustre au moins, un garçon très couru. (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  41. Et ce garçon si couru, c'est vous qui l'avez attrapé. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  42. C'est ce que vous verrez dans cette petite épître qui vous entretiendra de moi jusqu'à mon retour, et que je n'ai pu qu'adresser à Mademoiselle, Mademoiselle en blanc, faute d'être instruit de votre nom. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  43. Madame Lépine, je vous demande pardon de la liberté que je prends devant vous, mais ce petit minois m'étourdit ; il est céleste, il m'égare ; il s'agit d'amour, et cela passe partout... (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  44. N'est-ce pas Cathos que vous dites, charme de ma vie ? (Acte 1, scène 5, LA RAM?E)
  45. Ce nom-là m'est familier ; je connais une des plus belles pies du monde qui s'appelle de même. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  46. Prenez, Charlotte, prenez cette lettre, et souvenez-vous que c'est Charlot de la Ramée qui vous la présente, et qui brûle d'en avoir réponse. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  47. Eh mais, c'est de bonne heure. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  48. Qu'est-ce que c'est que cet homme-là, Cathos ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  49. C'est qu'il raille ; c'est ma main qu'il voulait baiser, et qu'il ne baisera que tantôt. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  50. Qu'il ne baisera que tantôt, qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  51. Oui, l'affaire est remise. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  52. À l'égard du garçon, c'est l'homme de chambre d'un jeune chevalier de nos amis ; et la Marquise, c'est Madame : voilà tout. (Acte 1, scène 6, CATHOS)
  53. Depuis quand est-elle marquise ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  54. de quelle promotion l'est-elle ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  55. Madame, ne m'apprendrez-vous pas ce que c'est que ce marquisat ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  56. Madame La Thibaudière m'a dit qu'elle avait une terre qui portait ce titre, et elle l'a pris elle-même, ce qui est assez d'usage. (Acte 1, scène 6, MADAME LÉPINE)
  57. Est-elle folle ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  58. Je ne l'appellerai jamais que Madame Riquet ; c'est son nom, et non pas La Thibaudière. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  59. Au surplus, Madame Riquet est sa maîtresse. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  60. est-elle ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  61. C'est qu'on n'ai ni cousin ni cousine à Paris, mon très cher... (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  62. Est-il vrai que vous avez changé de nom ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  63. Il est vrai ; mais ce n'est pas là changer de nom : c'est prendre celui de sa terre. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  64. Oui, mais Monsieur Lormeau ne sait point cela, il faut l'en instruire ; il est dans les simplicités de province. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  65. Madame est bon, Marquise aussi, toujours l'un ou l'autre ; c'est la règle. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  66. Feu votre mari s'appelait Monsieur Riquet, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  67. Mon mari, au reste, s'appelait Monsieur Riquet, j'en conviens ; mais, depuis sa mort, j'ai hérité du marquisat de la Thibaudière, et j'en prends le nom, comme de son vivant il l'aurait pris lui-même, s'il avait été raisonnable. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  68. Oui, Marquise ; et je venais vous dire que je vous amènerai tantôt la personne avec qui je travaille à vous marier, pour vous éviter le procès que vous auriez ensemble touchant votre succession ; c'est un homme de distinction qui vous donnera un assez beau rang. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  69. C'est que nos manières sont de l'arabe pour lui. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  70. C'est moi qui lui ai enseigné cet arabe-là pour rire. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  71. Que ce gentilhomme est grossier, Marquise ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  72. Que Monsieur votre cousin est campagnard ! (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  73. Savez-vous bien, au reste, que vous venez de m'étonner, Marquise ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  74. Est-il possible ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  75. C'est à vous à qui j'en ai l'obligation. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  76. J'avance aussi, moi, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  77. Il faut que je vous embrasse, Marquise, je n'y saurais tenir ; voilà un dégoût qui part du sentiment le plus exquis, et que vous avez sans le secours de personne, ce qui est particulier... (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  78. Voyez-vous cette lettre-là qu'on est venu tantôt à genoux me prier de vous rendre ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  79. Voilà qui est passionné. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  80. Celle-ci est du Chevalier, qui, sans contredit, est l'homme de France le plus à la mode. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  81. Je le soupçonnais, Madame Lépine ; c'est ici où j'ai besoin d'un peu d'instruction. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  82. Quoi qu'il en dise, dans le fond, notre liaison n'est presque rien ; cependant il m'écrit, et me parle d'amour apparemment. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  83. Dans mon pays, cela me paraîtrait impertinent ; ici, ce n'est peut-être qu'une liberté de savoir-vivre. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  84. C'est-à-dire que ma difficulté est encore un reste de barbarie. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  85. Cela est violent. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  86. Allons, voilà la mienne ouverte, et si je ne la lis, ni ne réponds, je vous prends à témoin que c'est que je ne sais ni lire ni écrire. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  87. Il est charmant, je dis charmant ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  88. Car elle est hardie, familière. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  89. Je crois aussi que celle de mon galant aura bien des charmes, car il va si vite dans le propos ; il me considère si peu, que c'est un plaisir, le petit folichon qu'il est. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  90. À peu près de même, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  91. Je m'en doute bien ; mon coeur ne serait pas parti si vite, si le vôtre avait dû vous rester. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  92. C'est ici une affaire de sympathie ; notre étoile était de nous aimer : hâtons-nous de la remplir ; j'ai besoin de vous voir ; vous m'attendez sans doute. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  93. C'est assez d'une pareille lettre, pour illustrer toute la vie d'une femme. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  94. Remarquez la modestie... (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  95. Madame Lépine, puisque ce billet-là m'est si honorable, il n'est pas nécessaire que je le cache. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  96. Non, c'est un billet doux, que je viens de recevoir, mais qui est extrêmement léger et joli ; et Monsieur, qui est de Paris, sait bien qu'il faut y répondre. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  97. Madame est la maîtresse de ses actions. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  98. S'il vous faut un Caton, ce n'en est pas un. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  99. C'est un étourdi, j'en conviens ; et s'il ne l'était pas, qu'en ferait-on ? (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  100. Vraiment, il faudra bien qu'il la suive ; il n'y manquera pas : mais je pense entre nous que ce n'est pas là le plus grand de vos soucis, Monsieur, et que nous ne nous chicanerons pas là-dessus ; nous savons bien que le coeur est une espèce de hors-d'oeuvre dans le mariage. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  101. Oui, mais en cas d'époux, cela est défendu. (Acte 1, scène 10, CATHOS)
  102. Il n'est pas même question d'aimer avec le Chevalier, il ne faut en avoir que l'air ; on ne nous demande que cela. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  103. Est-ce que les femmes du monde ont besoin d'un amour réel, en fait de galanterie ? (Acte 1, scène 10, MADAME L?PINE)
  104. C'est justement à quoi j'en suis avec le Chevalier ; quoiqu'il ne m'ait pas fort touchée, je me figure que je l'aime : je me le fais accroire, pour m'aider à soutenir la chose avec les airs convenables. (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  105. Tout ceci n'est fait que pour votre réputation. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  106. Ce garçon-ci fait une faute dont il est important de le corriger. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  107. Mon enfant, quand vous parlez à votre maîtresse, ce n'est pas à vous à l'appeler Marquise tout court ; c'est un manque de respect. (Acte 1, scène 11, MADAME L?PINE)
  108. Pardi, c'est pourtant ce nom-là qu'on nous a ordonné l'autre jour. (Acte 1, scène 11, LE VALET)
  109. C'est-à-dire que c'est sous ce nom-là que vous devez la servir, et que les étrangers doivent la demander. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  110. Ôtez-lui aussi le nom de Colin, qui sonne mal, et qui est campagnard. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  111. C'est qu'il y a là-bas un beau Monsieur, bien mis, qui est jeune, qui se carre, et qui est venu, disant : Madame la Marquise y est-elle ? (Acte 1, scène 11, VALET-COLIN)
  112. Bellement, Monsieur ! lui ai-je fait ; je vais voir si c'est sa volonté que vous entriez. (Acte 1, scène 11, VALET COLIN)
  113. Va, butor, a-t-il fait, va lui dire que c'est moi dont elle a reçu un billet ce matin par Madame Lépine. (Acte 1, scène 11, VALET COLIN)
  114. Madame, c'est sans doute le Chevalier ! (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  115. Et il est là-bas, depuis que tu nous parles ! (Acte 1, scène 11, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  116. Voilà qui est désolant ! (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  117. une réception brutale, un billet qui est encore sans réponse. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  118. Voilà ce que c'est. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  119. Le respect qu'on a ici avec les femmes, et qui est à la mode, je ne le connais pas ; et je crains toujours ma vertu de province. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  120. C'est-à-dire, deux ou trois mots folâtres ; et puis : je suis votre servante. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  121. Depuis quand l'Amour est-il si mal venu chez sa mère ? (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  122. Cathos et La Ramée se font, du geste et des yeux, beaucoup d'amitié. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  123. La mère de l'Amour est très fâchée de votre accident, et va donner de si bons ordres que l'Amour n'attendra plus. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  124. Madame Lépine a sans doute eu la bonté de vous remettre certain billet pressant ; et cependant vous êtes en arrière ; il ne m'est pas venu de revanche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  125. C'est la Marquise de France la plus aimable et la plus dégagée que j'attaque ce matin, et qui laisse passer deux mortelles heures, sans donner signe de vie. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  126. Qu'est-ce que c'est donc que cette paresse dans les devoirs les plus indispensables de galanterie ? (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  127. Il n'est pas croyable que mon billet ait été pour vous un sujet de scandale ; votre sagesse sait vivre apparemment, et n'est ni bourgeoise ni farouche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  128. C'est que Madame la Marquise a toujours été en affaire, et n'a pas eu le temps d'écrire. (Acte 1, scène 13, MADAME LÉPINE)
  129. Mais au surplus, le billet est charmant, il m'a réjouie, il m'a plu, vous me plaisez vous-même plus que vous ne méritez dans ce moment-ci, petit mutin que vous êtes ! (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  130. Pardon à mon tour : votre conduite est d'une aisance incontestable ; on ne saurait moins disputer le terrain que vous ne le faites, ni se présenter de meilleure grâce à une affaire de coeur ; et je vais, en réparation de mes soupçons, annoncer à la ville et aux faubourgs que vous êtes la beauté de l'Europe la plus accessible et la plus légère de scrupules et de modestie populaire. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  131. Ne m'oubliez pas, ma chère Madame Lépine, et servez-moi auprès de la Marquise, car mon coeur est pressé... (Acte 1, scène 14, LE CHEVALIER)
  132. L'affaire de votre régiment est-elle terminée, Monsieur le Chevalier ? (Acte 1, scène 14, MADAME LÉPINE)
  133. C'est une bagatelle, et nous les aurons tantôt. (Acte 1, scène 14, LA RAMÉE)
  134. Ce n'est pas la modestie qui me tient ; je ne recule pas plus qu'une Marquise : mais il faut du temps, et vous n'avez qu'à vous en aller un peu, vous aurez votre affaire toute griffonnée. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  135. Est-ce trop, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  136. Ce n'est tant que dix mille. (Acte 1, scène 15, LA RAM?E)
  137. Eh oui, c'est de la mitraille ! (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  138. On est belle âme tout comme une autre. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  139. Vantez-vous-en, mignonne : le minois que vous portez est le plus subtil filou que je connaisse ; il lui a suffi de jouer un instant de la prunelle, pour escamoter mon coeur. (Acte 1, scène 16, MADAME LÉPINE)
  140. Qu'il est gentil avec cette prunelle qui le filoute ! (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  141. C'est bien son intention. (Acte 1, scène 16, MADAME LÉPINE)
  142. Mais, à propos de coeur, si vous avez perdu le vôtre, n'en soyez point en peine ; c'est moi qui l'ai trouvé, m'amie Cathos. (Acte 1, scène 16, MADAME L?PINE)
  143. Oui, je pense qu'il est mon souffleur. (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  144. C'est mon poulet à moi, où il est dit que mon minois est un larron, et que ma prunelle escamote le coeur du monde. (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  145. C'est une preuve d'usage et d'expérience. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  146. Et dont le coeur n'est pas assez déniaisé. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  147. La réflexion est bonne. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  148. Et il n'est pas temps que je m'emporte ; nous ne sommes encore qu'au premier billet. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  149. Je m'en tiendrai donc d'abord au simple étourdi ; et sur ce pied-là, mon billet est tout fait. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  150. Il n'est que dans ma tête, et le voici à peu près. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  151. On croirait que je l'aime ; et cependant il n'en est rien : je ne fais qu'imiter. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  152. soyez en repos là-dessus ; tout le monde saura qu'il vous aime, et, qui plus est, que vous l'aimez. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  153. Est-ce qu'il le dira ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  154. C'est son heureuse indiscrétion qui vous fera connaître, qui vous mettra en spectacle. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  155. Ce qui caractérise une femme à la mode, et du bel air, c'est de soutenir audacieusement le bruit qui se répand d'elle ; c'est de le répandre elle-même. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  156. Juste ciel, tout est vu. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  157. Si on ne dit pas que vous êtes amoureuse, c'est tant pis pour votre honneur... (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  158. Ce que c'est que l'ignorance ! (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  159. Il n'est pas capable d'y manquer ; c'est la règle. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  160. Est-il vrai, Chevalier, ne me trompez-vous point ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  161. Qu'est-ce que c'est qu'aimer ? (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  162. Est-ce qu'on vous aime ? (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  163. Ce n'est qu'une main après tout. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  164. Des mains, chez nous, ce n'est pas des prunes. (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  165. C'est là le fin de votre état. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  166. Il y a une chose que j'omettais, et qui vous mettrait tout d'un coup au pair de tout ce qu'il y a de plus distingué en fait de femmes à la mode, et qui est même nécessaire, qui met le sceau à la bonne renommée... (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  167. C'est selon. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  168. Je sais qu'il manque encore une somme au Chevalier pour achever de payer un régiment dont il est en marché. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  169. La circonstance est heureuse pour rendre votre nom fameux. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  170. C'est une voie que je vous ouvrais pour abréger. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  171. Le notaire, ici, c'est l'honneur : et le billet, c'est la parole du débiteur. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  172. Petite ou grande, n'importe, dès que c'est l'honneur qui engage ; et puis, ce n'est point précisément par besoin qu'un cavalier emprunte en pareil cas ; c'est par galanterie ; pour faire briller une femme ; c'est un service qu'il lui rend. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  173. Tout ce que vous avez dit pour elle est donc aussi pour moi ? (Acte 1, scène 18, CATHOS)
  174. C'est la même chose, proportion gardée. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  175. Et que tu observeras de tutoyer La Ramée, comme il te tutoiera lui-même ; c'est l'usage. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  176. Votre billet est bien troussé, il m'a été fort agréable ; c'est bien fait de me l'avoir mandé. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  177. Il dit que ma mine vous a filouté, j'en suis bien aise ; c'est queussi, queumi. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  178. Est-ce que tu crois que l'amour me fait peur ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  179. Je me reconnais au désordre de ta tête : il est digne de mon mérite, et tu me ravis... (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  180. Est-ce la droite ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  181. Est-ce la gauche ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  182. Prends, on sait bien que ce n'est que des mains. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  183. Il y paraît, malepeste ! (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  184. Il est rare de trouver une honnête fille qui pousse la civilité aussi loin que toi. (Acte 1, scène 19, LA RAM?E)
  185. C'est à présent Lisette. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  186. C'est bien fait : tu es taillée pour la dignité de ce nom-là. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  187. Cela est bon, cela ? (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  188. C'est moi qui veux être ruinée toute seule, en attendant restitution. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  189. Quant à la restitution, je te la garantis sur mon honneur. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  190. Elle est bien osée. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  191. Il est homme à s'en accommoder. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  192. Oui : on est allé avertir la Marquise, avec qui je n'aurai pas une longue conversation ; car, à te dire vrai, cette folle-là m'ennuie ; et j'arrive avec la personne que tu sais, que j'ai laissée dans un fiacre là-bas, et qui doit entrer quelques instants après moi. (Acte 1, scène 20, LE CHEVALIER)
  193. Vous y verrez vos questions résolues. (Acte 1, scène 21, MADAME LÉPINE)
  194. C'est l'Amour même qui vous les a dictées ; c'est lui qui vous a tenu la main. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  195. Que cette main m'est chère ! (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  196. Et c'est vous qui êtes obligée de le venir enlever de chez moi, le petit fuyard ! (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  197. On est venu chez moi pour une affaire de la dernière conséquence qui vous regarde, et qui doit absolument finir aujourd'hui. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  198. C'est de votre régiment dont il est question ; un autre presse pour l'acheter ; son argent est tout prêt, m'a-t-on dit ; on diffère, par amitié pour vous, de conclure avec lui jusqu'à ce soir ; c'est notre ami le Maquis qui est venu m'en informer. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  199. Qu'est-ce que cela signifie : partons ? (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  200. Je ne tâche point, moi ; il n'est pas question qu'on tâche, il faut de l'expédition, et j'ai la somme toute comptée. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  201. Je n'en veux point ; ma somme est trouvée. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  202. N'est-ce pas dix mille écus ?... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  203. Votre emportement décide : vous insultez Madame ; et pour la venger, j'avouerai que je l'aime, et c'est son argent que j'accepte. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  204. C'est le fils de mon procureur. (Acte 1, scène 23, MONSIEUR-DERVAL)
  205. L'aventure est curieuse. (Acte 1, scène 23, UNE DES DAMES)
  206. C'est dommage qu'elle ait manqué. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)

LE PRINCE TRAVESTI (1727)

  1. Ma chère Hortense, depuis un an que vous êtes absente, il m'est arrivé une grande aventure. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  2. Cela est bien différent, et je vous parus hier ce que je n'étais pas ; mais nous avions des témoins, et d'ailleurs vous aviez besoin de repos. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  3. Que vous est-il donc arrivé, Madame ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  4. Eh n'est-ce pas un défaut que de n'avoir point de faiblesse ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  5. Quel est le sujet de votre inquiétude ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  6. Car elle est faite comme un plaisir, cette peine que vous dites. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  7. Je crois voir qu'on n'est pas ingrat. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  8. Car qu'est-ce que c'est que du respect ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  9. L'amour est bien enveloppé là-dedans. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  10. Je n'ose, Hortense, un reste de fierté me retient. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  11. Il faudra pourtant bien que ce reste-là s'en aille avec le reste, si vous voulez vous éclaircir. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Mais quelle est la personne en question ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  13. Celui qui commandait l'armée l'engagea par mon ordre à venir ici ; depuis qu'il y est, ses sages conseils dans mes affaires ne m'ont pas été moins avantageux que sa valeur ; c'est d'ailleurs l'âme la plus généreuse... (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  14. Est-il jeune ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  15. Il est dans la fleur de son âge. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  16. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, cet homme-là vous a donné son coeur ; vous lui avez rendu le vôtre en revanche, c'est coeur pour coeur, le troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  17. Mais cet homme qui en vaut quatre, et que vous voulez que j'épouse, savez-vous qu'il n'est, à ce qu'il dit, qu'un simple gentilhomme, et qu'il me faut un prince ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  18. Il est vrai que dans nos Etats le privilège des princesses qui règnent est d'épouser qui elles veulent ; mais il ne sied pas toujours de se servir de ses privilèges. (Acte 1, scène 2, LA PRINCESSE)
  19. Madame, il vous faut un prince ou un homme qui mérite de l'être, c'est la même chose ; un peu d'attention, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  20. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, Madame, avec cela, fût-il né dans une chaumière, sa naissance est royale, et voilà mon Prince ; je vous défie d'en trouver un meilleur. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  21. Croyez-moi, je parle quelquefois sérieusement ; vous et moi nous restons seules de la famille de nos maîtres ; donnez à vos sujets un souverain vertueux ; ils se consoleront avec sa vertu du défaut de sa naissance. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  22. Vous avez raison, et vous m'encouragez ; mais, ma chère Hortense, il vient d'arriver ici un ambassadeur de Castille, dont je sais que la commission est de demander ma main pour son maître ; aurais-je bonne grâce de refuser un prince pour n'épouser qu'un particulier ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  23. Cela est vrai, je n'y songeais pas, et voilà tout d'un coup ma postérité anéantie... (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  24. Je ne craignais qu'une chose, c'est qu'il ne mourût de tant d'amour avant que d'arriver au jour de notre union. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  25. J'avoue que cela est affligeant. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  26. Imaginez-vous ce que c'est que d'être humiliée, rebutée, abandonnée, et vous aurez quelque légère idée de tout ce qui compose la douleur d'une jeune femme alors. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  27. Être aimée d'un homme autant que je l'étais, c'est faire son bonheur et ses délices ; c'est être l'objet de toutes ses complaisances, c'est régner sur lui, disposer de son âme ; c'est voir sa vie consacrée à vos désirs, à vos caprices, c'est passer la vôtre dans la flatteuse conviction de vos charmes ; c'est voir sans cesse qu'on est aimable : ah ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  28. Que cela est doux à voir ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  29. En vérité, tout est perdu quand vous perdez cela. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  30. Lui parlez-vous, toutes ses réponses sont des monosyllabes, oui, non ; car le dégoût est laconique. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  31. Cela est inutile ; je ne sache qu'un homme dans le monde qui pût me convertir là-dessus, homme que je ne connais point, que je n'ai jamais vu que deux jours. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  32. Mon mari mourut deux mois après, et je ne sais par quelle fatalité l'homme que j'ai vu m'est toujours resté dans l'esprit. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  33. Mais il y a apparence que nous ne nous reverrons jamais ; ainsi mon coeur est en sûreté. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  34. Mais qui est-ce qui vient à nous ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  35. C'est un homme à Lélio. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  36. Il me vient une idée pour vous ; ne saurait-il pas qui est son maître ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  37. Il n'y a pas d'apparence ; car Lélio perdit ses gens à la dernière bataille, et il n'a que de nouveaux domestiques. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  38. N'importe, faisons-lui toujours quelque question. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  39. Ton maître est-il dans le palais ? (Acte 1, scène 3, LA-PRINCESSE)
  40. Depuis qu'il vous a parlé tantôt, je l'ai perdu de vue dans cette peste de maison, et, ne vous déplaise, je me suis aussi perdu, moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  41. Cela est si beau, si beau, qu'on n'ose pas le regarder ; cela fait peur à un pauvre homme comme moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  42. Et moi, qu'est-ce que je suis en comparaison de cela ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  43. Mais n'est-ce pas encore une autre impertinence que je fais, de raisonner avec vous comme avec ma pareille ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  44. Ta condition est-elle bonne ? (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  45. Il est aussi babillard que joyeux. (Acte 1, scène 3, LA-PRINCESSE)
  46. Est-ce que vous savez une meilleure condition pour moi, Madame ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  47. Non, je n'en sache point de meilleure que celle de ton maître ; car on dit qu'il est grand seigneur. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  48. Tu me réponds comme si tu ne savais pas qui il est. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  49. Ce qui fut dit, fut fait ; il prit encore d'autre monde ; et puis le voilà qui part pour venir ici, et puis moi je pars de même, et puis nous voilà en voyage, en courant la poste, qui est le train du diable ; car parlant par respect, j'ai été près d'un mois sans pouvoir m'asseoir. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  50. La Grandeur de Madame l'a trouvé brave homme, elle l'a favorisé de sa faveur ; car on l'appelle favori ; il n'en est pas plus impertinent qu'il l'était pour cela, ni moi non plus. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  51. Il est courtisé, et moi aussi ; car tout le monde me respecte, tout le monde est ici en peine de ma santé, et me demande mon amitié ; moi, je la donne à tout hasard, cela ne me coûte rien, ils en feront ce qu'ils pourront, ils n'en feront pas grand-chose. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  52. C'est un drôle de métier que d'avoir un maître ici qui a fait fortune ; tous les courtisans veulent être les serviteurs de son valet. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  53. Cette Princesse est une bonne femme ; elle n'a pas voulu me tourner le dos sans me faire une civilité. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  54. Qu'est-ce que tu fais ici ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  55. Est-ce que tu l'as vue, la Princesse ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  56. est-elle ? (Acte 1, scène 4, L?LIO)
  57. Et puis c'est tout. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  58. Tout ce que j'en puis comprendre, c'est que la Princesse s'est informée de lui s'il me connaissait. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  59. Tenez, d'un autre côté, je m'imagine quelquefois que vous êtes quelque grand seigneur ; car j'ai entendu dire qu'il y a eu des princes qui ont couru la prétantaine pour s'ébaudir, et peut-être que c'est un vertigo qui vous a pris aussi. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  60. Est-ce par le nombre des équipages que j'avais quand je t'ai pris ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  61. Personne n'a si bon coeur que vous, et il m'est avis que c'est là la marque d'un prince. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  62. Je suis jeune, c'est une étude qui me sera nécessaire un jour ; voilà mon secret, mon enfant. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  63. Qu'est-ce que vous ferez de cette connaissance des hommes ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  64. C'est qu'ils ne me tromperont plus. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  65. Elle est aimable ; et si je lui plais, rien n'est plus flatteur pour moi que son inclination, car elle ne me connaît pas. (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  66. Elle ne m'est pas indifférente ; mais que je l'aimerais sans le souvenir inutile que je garde encore de cette belle personne que je sauvai des mains des voleurs ! (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  67. Non, Madame ; je ne l'exige point non plus ; ce bonheur-là n'est pas fait pour moi, et je ne mérite sans doute que votre indifférence. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  68. Je ne serais pas assez modeste si je vous disais que vous l'êtes trop, mais de quoi s'agit-il ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  69. Je vous estime, je vous ai une grande obligation ; nous nous retrouvons ici, nous nous reconnaissons ; vous n'avez pas besoin de moi, vous avez la Princesse ; que pourriez-vous me vouloir encore ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  70. Non, je suis naturelle ; et pour preuve de cela, vous pouvez vous expliquer mieux, je ne vous en empêche point, cela est sans conséquence. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  71. Qu'est-ce que c'était que votre tristesse ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  72. C'est là ce que vous entendiez ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  73. Tout ce que je sais, c'est que je me serais bien passée de savoir votre secret. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  74. Il est vrai que votre pitié m'est bien due ; j'ai plus d'un chagrin ; vous ne m'aimerez jamais, et vous m'avez dit que vous étiez mariée. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  75. Mais supposons que je vous aime, n'y a-t-il pas une princesse qui croit que vous l'aimez, qui vous aime peut-être elle-même, qui est la maîtresse ici, qui est vive, qui peut disposer de vous et de moi ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  76. Il n'aboutira à rien, dès lors qu'il n'est qu'une supposition. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  77. Voici un coup de hasard qui change mes desseins ; il ne s'agit plus maintenant d'épouser la Princesse ; tâchons de m'assurer parfaitement du coeur de la personne que j'aime, et s'il est vrai qu'il soit sensible pour moi. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  78. Et moi, Madame, ma réponse à cela est que je vous adore, et je vais de ce pas la porter à la Princesse. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  79. Cette réflexion m'arrête ; mais il est cruel de se voir soupçonné de joie, quand on n'a que du trouble. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  80. Il doit vous rester de violents chagrins ! (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  81. Il ne me reste que des sentiments de tendresse qui ne finiront qu'avec ma vie. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  82. Votre rang est d'être un homme aimable et vertueux, et c'est là le plus beau rang du monde ; mais je vous dis encore une fois que cela est résolu ; je ne vous aimerai point, je n'en conviendrai jamais. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  83. J'obéirai, je me conduirai comme vous voudrez ; je ne vous demande plus qu'une grâce ; c'est de vouloir bien, quand l'occasion s'en présentera, que j'aie encore une conversation avec vous. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  84. Vous savez que le premier secrétaire d'État de la Princesse vient de mourir, et je vous avoue que j'aspire à sa place ; dans le rang où je suis ; je n'ai plus qu'un pas à faire pour la remplir ; naturellement elle me paraît due ; il y a vingt-cinq ans que je sers l'État en qualité de conseiller de la Princesse ; je sais combien elle vous estime et défère à vos avis, je vous prie de faire en sorte qu'elle pense à moi ; vous ne pouvez obliger personne qui soit plus votre serviteur que je le suis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  85. C'est que le service que vous me demandez ne vaut pas qu'un honnête homme, pour l'obtenir, s'abaisse jusqu'à trahir ses sentiments. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  86. C'est de la Princesse elle-même que je tiens ce que je vous dis ; et quoiqu'elle ne m'en ait fait aucun mystère, vous ne le sauriez pas sans vos compliments. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  87. Vous êtes louable, Monsieur, et votre zèle est digne de récompense ; il me servira d'exemple. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  88. Vous êtes jeune, la Princesse vous estime, et j'ai une fille aimable, qui est un assez bon parti. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  89. Je vous demande grâce pour elle ; j'ai pitié de la victime que vous voulez sacrifier à votre ambition ; c'est trop aimer la fortune. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  90. Qui est-ce qui n'aimerait pas à gouverner ? (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  91. Oui, et c'est l'homme qui aurait plus de vertu que d'ambition et d'avarice. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  92. Point du tout, ce n'est que du zèle. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  93. Ah vous voilà dans votre figure naturelle, je vous vois le visage à présent ; il n'est pas joli, mais cela vaut toujours mieux que le masque que vous portiez tout à l'heure. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  94. Vos bontés sont infinies, Madame ; mais mon métier est la guerre. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  95. Vous faites mieux qu'un autre tout ce que vous voulez faire ; et quand votre présence sera nécessaire à l'armée, vous choisirez pour exercer vos fonctions ici ceux que vous en jugerez les plus capables : ce que vous ferez n'est pas sans exemple dans cet État. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  96. La supériorité de mérite doit l'emporter en pareil cas sur l'ancienneté de services ; et d'ailleurs Frédéric est le seul que cette fonction pouvait regarder, si vous n'y étiez pas ; mais il m'est affectionné, et je suis sûre qu'il se soumet de bon coeur au choix qui m'a paru le meilleur. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  97. C'est aujourd'hui le jour de ma naissance, et ma cour, suivant l'usage me donne aujourd'hui une fête que je vais voir. (Acte 1, scène 11, LA PRINCESSE)
  98. Si je ne viens à bout de perdre cet homme-là, ma chute est sûre... (Acte 1, scène 12, FRÉDÉRIC)
  99. Et je n'en saurais douter, c'est l'amour qui a nommé ce ministre-là : oui, la Princesse a du penchant pour lui... (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  100. Comptez, vous, Monseigneur le conseiller ; n'est-ce pas trois sols que je perds ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  101. Cela est juste. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  102. Écoute ; j'ai bien peur que la faveur de ton maître ne soit pas longue ; elle est un grand coup de hasard. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  103. C'est comme s'il avait gagné aux cartes. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  104. Non, je crois que c'est quelque enfant trouvé. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  105. Je n'ai point d'esprit ; mais de la prudence, j'en ai que c'est une merveille ; et voilà comme je dis : Un homme qui se trouve bien assis, qu'a-t-il besoin de se mettre debout ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  106. J'ai bon pain, bon vin, bonne fricassée et bon visage, cent écus par an, et les étrennes au bout ; cela n'est-il pas magnifique ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  107. Je ne prétends pas que tu t'attaches à moi pour être mon domestique ; je veux te donner des emplois qui t'enrichiront, et par-dessus le marché te marier avec une jolie fille qui a du bien. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  108. Tu es chez le seigneur Lélio ; je serais curieux de savoir qui il est. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  109. Je souhaiterais donc que tu y restasses encore trois semaines ou un mois, pour me rapporter tout ce que tu lui entendras dire en particulier, et tout ce que tu lui verras faire. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  110. Avancez-moi encore la fille ; nous la rabattrons sur le reste. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  111. On ne paie un service qu'après qu'il est rendu, mon enfant ; c'est la coutume. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  112. Tout franc, c'est que la commission me chiffonne. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  113. Ne parlons point de votre argent, il est fort bon, je n'ai rien à lui dire ; mais, tenez, j'ai opinion que vous voulez me donner un office de fripon ; car qu'est-ce que vous voulez faire des paroles du seigneur Lélio, mon maître, là ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  114. C'est une simple curiosité qui me prend. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  115. Tenez, votre jolie fille, ce n'est qu'une guenon ; vos emplois, de la marchandise de chien ; voilà mon dernier mot, et je m'en vais tout droit trouver la Princesse et mon maître ; peut-être récompenseront-ils le dommage que je souffre pour l'amour de ma bonne conscience. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  116. Bon, quand on n'a point d'honneur, est-ce qu'il faut avoir de la réputation ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  117. Arrête, Arlequin ; tu me mets au désespoir, tu ne sais pas la conséquence de ce que tu vas faire, mon enfant, tu me fais trembler ; c'est toi-même que je te conjure d'épargner, en te priant de sauver mon honneur ; encore une fois ; arrête, la situation d'esprit où tu me mets ne me punit que trop de mon imprudence. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  118. Cela est épouvantable. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  119. Je passe mon chemin sans penser à mal, et puis vous venez à l'encontre de moi pour m'offrir des filles, et puis vous me donnez une pistole pour trois sols : est-ce que cela se fait ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  120. Moi, je prends cela, parce que je suis honnête, et puis vous me fourbez encore avec je ne sais combien d'autres pistoles que j'ai dans ma poche, et que je ferai venir en témoignage contre vous, comme quoi vous avez mitonné le coeur d'un innocent, qui a eu sa conscience et la crainte du bâton devant les yeux, et qui sans cela aurait trahi son bon maître, qui est le plus brave et le plus gentil garçon, le meilleur corps qu'on puisse trouver dans tous les corps du monde, et le factotum de la Princesse ; cela se peut-il souffrir ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  121. Pourtant, ce que c'est que d'être honnête homme ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  122. Quand je nierais le fait, c'est un homme simple qu'on n'en croira que trop sur une infinité d'autres présomptions, et la quantité d'argent que je lui ai donné prouve encore contre moi. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  123. Quand j'étais Arlequin, vous faisiez le gros dos avec moi ; à cette heure que c'est vous qui l'êtes, je veux prendre ma revanche. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  124. Allons, consolez-vous ; je suis las de faire le glorieux, cela est trop sot ; il n'y a que vous autres qui puissiez vous accoutumer à cela. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  125. Voilà tout ce qui m'en reste. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  126. Bon ; ces pistoles-là, c'est pour votre pénitence de m'avoir donné les autres pistoles. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  127. Venons au reste de la boutique, parlons des emplois. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  128. Touchez là ; c'est marché fait. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  129. Tu dis que c'est une guenon. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  130. Un si joli garçon que vous est-il capable d'offenser quelqu'un ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  131. Le reste est si gros qu'il m'étrangle. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  132. Mais, est-il bien vrai que vous m'aimiez ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  133. Cela est si gros, que je n'en sais pas le compte. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  134. Vous m'aimez déjà, vous voulez m'épouser ; la prédiction est bien avancée ; à l'égard de la proposition du seigneur Frédéric, je ne sais ce que c'est ; mais vous savez bien ce qu'il vous a dit ; quant à moi, il m'a seulement recommandé de vous aimer, et je suis en bon train de cela, comme vous voyez.. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  135. Cela est admirable ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  136. Je vous aime, cela est vrai ; je veux vous épouser, cela est encore vrai, et véritablement le seigneur Frédéric m'a proposé d'être un fripon ; je n'ai pas voulu l'être, et pourtant vous verrez qu'il faudra que j'en passe par là ; car quand une chose est prédite, elle ne manque pas d'arriver. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  137. Je suis un grand nigaud ; mais, au bout du compte, cela avait la mine d'une friponnerie, comme j'ai la mine d'Arlequin ; je suis fâché d'avoir vilipendé ce bon seigneur Frédéric ; je lui ai fait donner tout son argent ; par bonheur je ne suis pas obligé à restitution ; je ne devinais pas qu'il y avait une prédiction qui me donnait le tort. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  138. Il ne s'agit plus à présent que d'obéir à ce qui est prédit, en faisant ce que souhaite le seigneur Frédéric, afin de gagner pour nous cette grosse fortune qui nous est promise. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  139. Gagnons, ma mie, gagnons, cela est juste, Arlequin est à vous, tournez-le, virez-le à votre fantaisie, je ne m'embrasse plus de lui, la prédiction m'a transporté à vous, elle sait bien ce qu'elle fait, il ne m'appartient pas de contredire à son ordonnance, je vous aime, je vous épouserai, je tromperai Monsieur Lélio, et je m'en gausse, le vent me pousse, il faut que j'aille, il me pousse à baiser votre menotte, il faut que je la baise. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  140. Il est embarrassé. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  141. Ce frisson-là est une affaire d'État... (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  142. Qu'est-ce que c'est qu'une entrevue ? (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  143. Qu'est-ce que c'est que cette fortune ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  144. C'est que le seigneur Frédéric m'a promis tout plein mes poches d'argent, si je lui contais un peu ce que vous êtes, et tout ce que je sais de vous ; il m'a bien recommandé le secret, et je suis obligé de le garder en conscience ; ce que j'en dis, ce n'est que par manière de parler. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  145. Que Frédéric est lâche ! (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  146. Si je ne le trouve pas, qu'est-ce que je lui dirai ? (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  147. Ma chère Hortense, apparemment que ma rêverie est contagieuse ; car vous devenez rêveuse aussi bien que moi. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  148. Un homme à qui vous avez fait apercevoir que je l'aime, un homme à qui j'ai cru voir du penchant pour moi, devrait, à votre discours, donner malgré lui quelques marques de joie, et vous ne me parlez que de son profond respect ; cela est bien froid. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  149. Mais, Madame, ordinairement le respect n'est ni chaud ni froid ; je ne lui ai pas dit crûment : La Princesse vous aime ; il ne m'a pas répondu crûment : J'en suis charmé ; il ne lui a pas pris des transports ; mais il m'a paru pénétré d'un profond respect. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  150. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  151. Cela est plus clair. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  152. C'est pourtant la même chose. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  153. Vous êtes aimable, Lélio l'est aussi ; vous vous êtes vu tous deux ; vous m'avez fait un rapport de lui qui n'a pas rempli mes espérances ; je me suis égarée là-dessus ; j'ai vu mille chimères ; vous étiez déjà ma rivale. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  154. Qu'est-ce que c'est que l'amour, ma chère Hortense ! (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  155. est l'estime que j'ai pour vous, la justice que je dois vous rendre ? (Acte 2, scène 5, LA PRINCESSE)
  156. Hé bien, vous n'en convenez pas ; cela est mal entendu, par exemple ; il semblerait qu'il y a du mystère ; n'ai-je pas remarqué que les regards de Lélio vous embarrassaient, et que vous n'osiez pas le regarder, par considération pour moi sans doute ?... (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  157. C'est que je vous vois en train de remarquer, et si je réponds, j'ai peur que vous ne remarquiez encore quelque chose dans ma réponse ; cependant je n'y gagne rien, car vous faites une remarque sur mon silence. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  158. Je ne sais plus comment me conduire ; si je me tais, c'est du mystère ; si je parle, autre mystère ; enfin je suis mystère depuis les pieds jusqu'à la tête. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  159. Mais, Madame, c'est plus mon amour que le vôtre ; de la manière dont vous le prenez, il me fatigue plus que vous ; ne pourriez-vous me dispenser de votre confidence ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  160. Lélio m'a regardée, vous ne savez que penser, vous ne me comprenez pas, vous m'estimez, vous me croyez fourbe ; haine, amitié, soupçon, confiance, le calme, l'orage, vous mettez tout ensemble, je m'y perds, la tête me tourne, je ne sais où je suis ; je quitte la partie, je me sauve, je m'en retourne ; dussiez-vous prendre encore mon voyage pour une finesse.. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  161. Car tout est égal avec vous. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  162. Que voulez-vous que je fasse dans la compagnie d'un homme avec qui toute fonction de mes deux yeux est interdite ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  163. D'ailleurs, s'il a toujours ce profond respect qui n'est pas de votre goût, vous vous en prendrez à moi, vous me direz encore : Cela est bien froid ; comme si je n'avais qu'à lui dire : Monsieur, soyez plus tendre. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  164. Au lieu de rire de mon séjour, nous rirons de mon absence ; n'est-ce pas la même chose ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  165. Je vous attendais, Lélio ; vous savez quelle est la commission de l'ambassadeur du roi de Castille, qu'on est convenu d'en délibérer aujourd'hui. (Acte 2, scène 6, LA-PRINCESSE)
  166. Frédéric s'y trouvera ; mais c'est à vous seul à décider. (Acte 2, scène 6, LA PRINCESSE)
  167. J'ai quelques ordres à donner ; je vous laisse un moment avec Hortense, à peine vous connaissez-vous encore, elle est mon amie, et je suis bien aise que l'estime que j'ai pour vous ait son aveu. (Acte 2, scène 6, LA PRINCESSE)
  168. Enfin, Madame, il est temps que vous décidiez de mon sort, il n'y a point de moments à perdre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  169. Si je refuse de le conclure, c'est entrer dans ses vues, et lui dire que je l'aime ; si je le conclus, c'est lui donner des preuves d'une indifférence dont elle cherchera les raisons. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  170. La conjoncture est pressante ; que résolvez-vous en ma faveur ? (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  171. Il faut que je me dérobe d'ici incessamment ; mais vous, Madame, y resterez-vous ? (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  172. Non, Monsieur, n'espérez rien, je vous prie ; ne parlons plus de votre coeur, et laissez le mien en repos ; vous le troublez, je ne sais ce qu'il est devenu ; je n'entends parler que d'amour à droite et à gauche, il m'environne ; il m'obsède, et le vôtre, au bout du compte, est celui qui me presse le plus. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  173. Madame, c'en est donc fait, mon amour vous fatigue, et vous me rebutez ? (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  174. Il n'est que trop vrai que vous pouvez m'écouter sans aucun risque. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  175. Il n'est que trop vrai ! (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  176. Je suis plus difficile en vérités que vous ; et ce qui est trop vrai pour vous ne l'est pas assez pour moi. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  177. En vérité, Monsieur, vous n'y songez pas : il n'est que trop vrai ! (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  178. Vous êtes arrivé à la cour ; vous avez plu à la Princesse, elle vous aime ; vous dépendez d'elle, j'en dépends de même ; elle est jalouse de moi : voilà ce que vous avez fait, Monsieur, et il n'y a point de remède à cela, puisque je n'en trouve point.. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  179. La Princesse est jalouse de vous ? (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  180. Lélio, qu'est-ce que c'est que votre amour ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  181. Je refuse de vous aimer : qu'est-ce que j'y gagne ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  182. Non, Lélio, non ; le plaisir n'est pas grand. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  183. Dites-moi, qu'est-ce qui m'empêche de vous aimer ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  184. Cela est-il si difficile ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  185. C'est votre main qui manque à mon bonheur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  186. Je vous avais prié de laisser mon coeur en repos, vous n'en faites rien ; voilà qui est fini ; poursuivez, je ne vous crains plus. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  187. Voici donc, à la lettre, ce que je pense, et ce que je penserai toujours : c'est que je ne vous aime point, et que je ne vous aimerai jamais. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  188. Ce discours est net, je le crois sans réplique ; il ne reste plus de question à faire. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  189. Oui, Madame, je vois bien que votre résolution est prise. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  190. La seule espérance d'être uni pour jamais avec vous m'arrêtait encore ici ; je m'étais flatté, je l'avoue ; mais c'est bien peu de chose que l'intérêt que l'on prend à un homme à qui l'on peut parler comme vous le faites. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  191. Partez donc, ou soyez mon ennemi mortel ; partez, ma tendresse vous l'ordonne ; ou restez ici l'homme du monde le plus haï de moi, et le plus haïssable que je connaisse. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  192. Et moi, je ne crains plus rien ; je me sens l'imprudence la plus tranquille du monde ; vous me l'avez donnée, je m'en trouve bien ; c'est à vous à me la garantir, faites comme vous pourrez. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  193. Laissons là ces droits historiques, Monsieur ; je sais ce que c'est ; et quand on voudra, la Princesse en produira de même valeur sur les Etats du roi votre maître. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  194. Effectivement vos droits ne sont pas fondés, et il n'est pas besoin d'en appuyer le mariage dont il s'agit. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  195. Etes-vous sûr, Monsieur, qu'ils voudront bien passer sous une domination étrangère, et peut-être se soumettre aux coutumes d'une nation qui leur est antipathique ? (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  196. S'il faut les opprimer pour les rendre tranquilles, comme vous l'entendez, ce n'est pas de leur souveraine que doit leur venir un pareil repos ; il n'appartient qu'à la fureur d'un ennemi de leur faire un présent si funeste. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  197. Votre avis est donc de rejeter le mariage que je propose ? (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  198. Vous êtes ici dans une belle situation, et vous craignez d'en sortir, si la Princesse se marie ; mais le Roi mon maître est assez grand seigneur pour vous dédommager, et j'en réponds pour lui. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  199. Quand nous faisons parler les princes, Monsieur, que ce soit toujours d'une manière noble et digne d'eux ; c'est un respect que nous leur devons, et vous me faites rougir pour le roi de Castille. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  200. Une discussion là-dessus nous mènerait trop loin ; il ne me reste qu'un mot à vous dire ; et ce n'est plus le roi de Castille, c'est moi qui vous parle à présent. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  201. On m'a averti que je vous trouverais contraire au mariage dont il s'agit, tout convenable, tout nécessaire qu'il est, si jamais la Princesse veut épouser un prince. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  202. Vous m'allez encore parler à coeur ouvert, Monsieur, et si vous m'en croyez, vous n'en ferez rien ; la franchise ne vous réussit pas ; le Roi votre maître s'en est mal trouvé tout à l'heure, et vous m'inquiétez pour la Princesse. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  203. Ne les expliquez point ; je crois savoir ce que c'est ; on me les a dites aussi, et j'en ai ri comme d'une chimère. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  204. Un homme d'esprit comme vous, dont la fortune est déjà si prodigieuse, et qui la mérite, ne saurait avoir des sentiments aussi périlleux que ceux qu'on vous attribue. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  205. La Princesse n'est sans doute que l'objet de vos respects ; mais le bruit qui court sur votre compte vous expose, et pour le détruire, je vous conseillerais de porter la Princesse à un mariage avantageux à l'État. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  206. Le roi de Castille a pris de l'inclination pour la Princesse sur un portrait qu'il en a vu ; c'est en amant que ce jeune prince souhaite un mariage que la raison, l'égalité d'âge et la politique doivent presser de part et d'autre. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  207. Cependant je continuerai à vous respecter, puisque vous dites qu'il le faut, sans pourtant en examiner moins si le mariage dont il s'agit est vraiment convenable. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  208. Non, Monsieur, il n'y a rien à présumer ; c'est un ton que j'ai cru pouvoir prendre avec un aventurier que le sort a élevé. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  209. Je dis que je l'estime. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  210. Où diable est-il donc ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  211. Que la peste l'étouffe ! (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  212. Pourquoi est-ce que vous laissez votre bourse à la maison ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  213. De bonnes choses, c'est du nanan. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  214. Cet argent promis m'envoie des scrupules ; si vous pouviez me donner des gages ; ce petit diamant qui est à votre doigt, par exemple ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  215. Or donc, tantôt, Monsieur Lélio, qui vous méprise que c'est une bénédiction, il parlait à lui tout seul... (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  216. Madame, Monsieur Lélio penche à croire que sa proposition est recevable. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  217. Lui, son sentiment est que j'épouse le roi de Castille ? (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  218. Monsieur Lélio y est mêlé ; mais je n'ai pas eu encore le temps de savoir ce que c'est. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  219. C'est que, voyez-vous, Madame, il n'y a mardi point de chanson à cela, je suis bon serviteur de Votre Principauté. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  220. Dame, quand on vous parle, à vous autres, ce n'est pas le tout que d'ôter son chapeau, il faut bien mettre en avant quelque petite faribole au bout. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  221. Tout d'un coup il ne s'est plus viré, et puis s'est mis à dire comme cela : Ouf je suis diablement embarrassé. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  222. Quand il a eu dit cela, il n'a rien dit davantage, il s'est promené ; ensuite il y a pris un grand frisson. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  223. Car, a-t-il repris, j'ai lorgné ma gentille maîtresse pendant cette belle fête ; et si cette Princesse, qui est plus fine qu'un merle, a vu trotter ma prunelle, mon affaire va mal, j'en dis du mirlirot. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  224. Ai-je dit en moi-même, friponner, c'est le fait des larrons, et non pas d'une Princesse qui est fidèle comme l'or. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  225. Qu'est-ce que c'est que tout ce tripotage-là ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  226. Madame, vous m'avez dit quelquefois que je présumais mal de Lélio ; voyez l'abus qu'il fait de votre estime. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  227. Je ne suis qu'un butor, et c'est ce misérable conseiller de malheur qui m'a brouillé avec votre charitable personne. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  228. Madame, c'est un valet qui vous parle, et qui cherche à se sauver ; je ne sais ce qu'il veut dire. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  229. Je ne suis qu'un chétif valet, et si pourtant, je voulais être homme de bien ; et lui, qui est riche et grand seigneur, il n'a jamais eu le coeur d'être honnête homme. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  230. Tenez, Madame, voilà comme cela est venu. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  231. - Mais je te donnerai tant de bonnes drogues ; je te ferai ci, je te ferai cela ; je sais une fille qui est jolie, qui est dans ses meubles ; je la tiens dans ma manche ; je te la garde. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  232. Il me doit encore une pension de cent écus par an, et j'ai déjà reçu la fillette, que je ne puis pas vous montrer, parce qu'elle n'est pas là ; sans compter une prophétie qui a parlé, à ce qu'ils disent, de mon argent, de ma fortune et de ma friponnerie. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  233. Vous qui êtes une princesse, si on vous donnait tant d'argent, de pensions, de bagues, et un joli garçon, est-ce que vous y pourriez tenir ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  234. Non, Madame, restez, je suis bien aise d'être seule ; mais ne vous écartez point. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  235. Oui-da, Monsieur, faut-il demander qu'on vous ôte la vie, pour vous délivrer du malheur d'être détesté de tous les hommes ? (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  236. Vous savez bien le privilège que vous m'avez donné tantôt ; eh bien ce privilège est ma perdition : pour deux ou trois petites miettes de paroles que j'ai lâchées de vous à la Princesse, elle veut que je garde la chambre ; et j'allais faire mes fiançailles. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  237. Je m'aperçois qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire dans le palais ; les gardes m'ont reçu avec une froideur qui m'a surpris ; qu'est-il arrivé ? (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  238. Oui, c'est fort bien dit ; il m'a corrompu ; j'avais le coeur plus net qu'une perle ; j'étais tout à fait gentil ; mais depuis que je l'ai fréquenté, je vaux moins d'écus que je ne valais de mailles. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  239. Je vous ai prié de travailler à me faire premier ministre, il est vrai ; mais quel pouvait être mon dessein ? (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  240. Quoi qu'il en soit, tout louable qu'il est, ce zèle, je me vois près d'en être la victime. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  241. Peut-être êtes-vous digne qu'ils réussissent, et la manière dont vous en userez avec moi dans l'état où je suis, l'usage que vous ferez de votre crédit auprès de la Princesse, enfin la destinée que j'éprouverai, décidera de l'opinion que je dois avoir de vous. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  242. Si je ne péris pas, au contraire, mon estime, ma reconnaissance et mes satisfactions vous attendent. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  243. Il n'y aura donc que moi qui resterai un fripon, faute de savoir faire une harangue. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  244. Je vous sauverai si je puis, Frédéric ; vous me faites du tort ; mais l'honnête homme n'est pas méchant, et je ne saurais refuser ma pitié aux opprobres dont vous couvre votre caractère. (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  245. Mais qu'il est traversé ; cependant, Madame, ne vous alarmez point, je vais déclarer qui je suis à la Princesse, et lui avouer... (Acte 2, scène 14, LÉLIO)
  246. Je vous le défends ; c'est une âme violente, elle vous aime, elle se flattait que vous l'aimiez, elle vous aurait épousé, tout inconnu que vous lui êtes ; elle verrait à présent que vous lui convenez. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  247. Vous êtes dans son palais sans secours, vous m'avez donné votre coeur, tout cela serait affreux pour elle ; vous péririez, j'en suis sûre ; elle est déjà jalouse, elle deviendrait furieuse, elle en perdrait l'esprit ; elle aurait raison de le perdre, je le perdrais comme elle, et toute la terre le perdrait. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  248. Vous ne savez pas ce que c'est ; j'en frémis, n'en parlons plus. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  249. Peut-être allez-vous être arrêté ; ne restons point ici, retirons-nous ; je suis mourante de frayeur pour vous ; mon cher Prince, que vous m'avez donné d'amour ! (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  250. Adieu ; ne restons point à présent ensemble, peut-être nous verrons-nous libres. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  251. Voici quelqu'un, retirons-nous, c'est peut-être la Princesse, et je ne veux pas qu'elle me voie dans ce moment-ci. (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  252. La Princesse vous a tantôt envoyé chercher ; est-elle encore fâchée contre nous ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  253. Oui, mais la prudence m'a pris, et j'ai fait une réflexion ; j'ai dit : Par la mardi, c'est que cette Princesse avec Hortense veut éprouver si je serai encore un coquin. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  254. Et vous croyez qu'Hortense est de concert avec la Princesse, et qu'elle lui rendra compte de votre sincérité ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  255. Elle ne l'a pas dit ; mais plus fin que moi n'est pas bête. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  256. Oui ; mais il n'aura pas besoin de lunettes pour le lire ; c'est encore une attrape qu'on me fait. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  257. Je n'en sais rien ; mon honneur est dans l'embarras là-dessus. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  258. J'entends du bruit, c'est peut-être elle qui vient pour vous le demander. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  259. Vous jugez bien que, dans l'état où je suis, j'ai besoin de consolation, Hortense ; et ce n'est qu'à vous seule à qui je puis ouvrir mon coeur. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  260. Je crains, à mon tour, que votre ménagement pour moi n'ait été plus loin que vous ne dites ; peut-être ne l'avez-vous pas entretenu de mes sentiments ; peut-être l'avez-vous trouvé prévenu pour une autre ; et vous, qui prenez à mon coeur un intérêt si tendre, si généreux, vous m'avez fait un mystère de tout ce qui s'est passé ; c'est une discrétion prudente, dont je vous crois très capable. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  261. Ce n'est pourtant pas s'expliquer d'une manière énigmatique ; je suis outrée, je suis trahie, méprisée, et par qui, Hortense ? (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  262. C'est moi qui vous suis à charge ; notre conversation vous fatigue, je le sens bien ; mais cependant restez, vous me devez un peu de complaisance. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  263. Calmez cependant vos inquiétudes sur mon compte ; ma situation est triste, à la vérité ; j'ai été le jouet de l'ingratitude et de la perfidie ; mais j'ai pris mon parti. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  264. Il ne me reste plus qu'à découvrir ma rivale, et cela va être fait ; vous auriez pu me la faire connaître, sans doute ; mais vous la trouvez trop coupable, et vous avez raison. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  265. Parlez-moi franchement, c'est moi, vos soupçons continuent. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  266. Je suis prête à partir tout à l'heure, indiquez-moi l'endroit où vous voulez que j'aille, ôtez-moi la liberté, s'il est nécessaire, rendez-la ensuite à Lélio, faites-lui un accueil obligeant, rejetez sa détention sur quelques faux avis ; montrez-lui dès aujourd'hui plus d'estime, plus d'amitié que jamais, et de cette amitié qui le frappe, qui l'avertisse de vous étudier ; et dans trois jours, dans vingt-quatre heures, peut-être saurez-vous à quoi vous en tenir avec lui. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  267. Calmez-vous, j'attends des preuves incontestables de votre innocence. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  268. Madame, c'est là le billet que Madame Hortense m'a donné... (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  269. Arlequin est le seul par qui je puisse vous avertir de ce que j'ai à vous dire, tout dangereux qu'il est peut-être de s'y fier ; il vient de me donner une preuve de fidélité, sur laquelle je crois pouvoir hasarder ce billet pour vous, dans le péril où vous êtes. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  270. C'est lui qui m'a sauvé la vie. (Acte 3, scène 6, HORTENSE)
  271. Et c'est vous qui m'arrachez la mienne. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  272. Je me meurs, c'est moi, c'est mon amour qui vous perd ! (Acte 3, scène 6, HORTENSE)
  273. Vous haïssez Lélio, il ne mérite plus votre haine, il est à plaindre aujourd'hui. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  274. Moins que vous ne croyez, Seigneur ; c'est un homme estimable, plein d'honneur. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  275. Oui, Madame, très sincère, c'est un titre que je ne pourrais vous disputer sans injustice ; tantôt, quand je vous ai demandé votre protection, vous m'avez donné des preuves de franchise qui ne souffrent pas un mot de réplique. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  276. À l'égard de ses biens, l'acquisition en a été trop rapide et trop aisée à faire ; je n'en voudrais pas, quand il ne tiendrait qu'à moi de m'en saisir ; je rougirais de les mêler avec les miens ; c'est à l'État à qui ils appartiennent, et c'est à l'État à les reprendre. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  277. C'est fort bien dit, Madame ; car les aventuriers prennent leurs mesures ; il est vrai que, lorsqu'on les tient, on peut les engager à révéler leur secret. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  278. Si, avant que d'en venir là, elle m'avait demandé mon avis, ce qu'elle a fait, j'aurais cru, je vous jure, être obligé en conscience de lui conseiller de le faire ; cela posé, vous voyez quel est mon devoir dans cette occasion-ci, Madame, la conséquence est aisée à tirer. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  279. Très aisée, seigneur Frédéric ; vous avez raison ; dès que vous me renvoyez à votre conscience, tout est dit ; je sais quelle espèce de devoirs sa délicatesse peut vous dicter. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  280. Allez, Frédéric, je ne vous demande plus rien ; vous êtes trop méchant pour être à craindre ; votre méchanceté vous met hors d'état de nuire à d'autres qu'à vous-même ; à l'égard de Lélio, sa destinée, non plus que la mienne, ne relèvera jamais de la lâcheté de vos pareils. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  281. La Princesse est irritée contre Lélio ; elle a dessein de le mettre entre les mains du plus grand ennemi qu'il ait ici, c'est Frédéric. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  282. Lélio m'est cher, c'est aveu que je donne au péril où il est ; le temps vous prouvera que j'ai pu le faire. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  283. Dès que Lélio est désagréable à la Princesse, et qu'elle l'a jugé coupable, Monsieur l'Ambassadeur n'ira point lui faire une prière qui lui déplairait. (Acte 3, scène 8, FRÉDÉRIC)
  284. J'ai meilleure opinion de la Princesse ; elle ne désapprouvera pas une action qui d'elle-même est louable. (Acte 3, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  285. Ce prince, en me chargeant des intérêts de son coeur auprès de vous, m'a recommandé encore d'être secourable à tout le monde ; c'est donc en son nom que je vous prie de pardonner à Lélio les sujets de colère que vous pouvez avoir contre lui. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  286. Quoiqu'il ait mis quelque obstacle aux désirs de mon maître, il faut que je lui rende justice ; il m'a paru très estimable, et je saisis avec plaisir l'occasion qui s'offre de lui être utile. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  287. Il n'est pas nécessaire. (Acte 3, scène 9, LA-PRINCESSE)
  288. J'ai grande idée d'un prince qui sait se choisir des ministres aussi estimables que vous l'êtes, et son coeur... (Acte 3, scène 11, LA-PRINCESSE)
  289. Madame, il ne me siérait pas d'en entendre davantage ; c'est le roi de Castille lui-même qui reçoit le bonheur dont vous le comblez. (Acte 3, scène 11, L'AMBASSADEUR)
  290. Ma main est bien due à un prince qui la demande d'une manière si galante et si peu attendue. (Acte 3, scène 11, LA-PRINCESSE)
  291. Pour moi, Madame, il ne me reste plus qu'à vous jurer une reconnaissance éternelle. (Acte 3, scène 11, LÉLIO)

LES FAUSSES CONFIDENCES (1738)

  1. Ayez la bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle ; Mademoiselle_Marton est chez Madame et ne tardera pas à descendre. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  2. Je vous remercie ; ce n'est pas la peine, ne vous détournez point. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Excusez, Monsieur, et restez à votre fantaisie. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  4. J'ai cru que je ne pourrais me débarrasser d'un domestique qui m'a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  5. Dis-moi, Monsieur_Remy n'est donc pas encore venu ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  6. Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  7. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d'intendant, à cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur ; il ne sait point du tout que c'est toi qui m'as adressé à lui : il la prévint hier ; il m'a dit que je me rendisse ce matin ici, qu'il me présenterait à elle, qu'il y serait avant moi, ou que s'il n'y était pas encore, je demandasse une Mademoiselle_Marton. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  8. Je n'en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois ; tu m'as servi, je n'ai pu te garder, je n'ai pu même te bien récompenser de ton zèle ; malgré cela, il t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune ! (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  9. En vérité, il n'est point de reconnaissance que je ne te doive. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  10. Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  11. Votre bonne mine est un Pérou ! (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  12. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  13. Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  14. Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble ! (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  15. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  16. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur_Remy ; nous voilà embarqués poursuivons. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  17. À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'amour et moi nous ferons le reste. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  18. Mademoiselle_Marton va venir, on est allé l'avertir. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  19. C'est qu'en venant ici, j'ai rêvé à une chose... (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  20. Elle est jolie, au moins. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  21. Et de fort bonne famille : c'est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami du vôtre ; homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien ; la dame d'ici a voulu l'avoir ; elle l'aime, la traite bien moins en suivante qu'en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert même de la marier. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  22. Marton a d'ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise ; vous allez être tous deux dans la même maison ; je suis d'avis que vous l'épousiez : qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  23. Vous n'avez rien, mon neveu, je dis rien qu'un peu d'espérance. Vous êtes mon héritier ; mais je me porte bien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai, sans compter que je puis me marier : je n'en ai point d'envie ; mais cette envie-là vient tout d'un coup : il y a tant de minois qui vous la donnent ; avec une femme on a des enfants, c'est la coutume ; auquel cas, serviteur au collatéral. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  24. Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd'hui, et que je vous ôterai demain peut-être. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  25. Vous avez raison, Monsieur, et c'est aussi à quoi je vais travailler. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  26. C'est qu'il est mon neveu. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  27. Ce neveu-là est bon à montrer ; il ne dépare point la famille. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  28. C'est de lui dont j'ai parlé à Madame pour intendant, et je suis charmé qu'il vous revienne : il vous a déjà vue plus d'une fois chez moi quand vous y êtes venue ; vous en souvenez-vous ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  29. Quelle est cette jolie fille-là ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  30. En voilà un qui ne demande pas mieux ; c'est un coeur qui se présente bien. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  31. Je ne saurais rester ; je reviendrai tantôt. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  32. Il s'est trop hâté de partir. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  33. Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  34. Est-ce à vous à qui il en veut ? (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  35. Non, Madame, c'est à vous-même. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  36. C'est qu'il a souhaité que je vous parlasse auparavant. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  37. C'est le neveu de Monsieur_Remy, celui qu'il vous a proposé pour homme d'affaires. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  38. C'est là lui ! (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  39. Il est généralement estimé, je le sais. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  40. Est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ? (Acte 1, scène 6, MARTON)
  41. Il n'était pas nécessaire de me préparer à le recevoir : dès que c'est Monsieur_Remy qui me le donne, c'en est assez ; je le prends. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  42. Cela est inutile. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  43. Dès que c'est un honnête homme, il aura lieu d'être content. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  44. On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, MARTON)
  45. Non, Monsieur ; c'est une affaire terminée, je renverrai tout. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  46. C'est-à-dire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du parti que vous prenez ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  47. Je ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, Madame ; l'honneur de servir une dame comme vous n'est au-dessous de qui que ce soit, et je n'envierai la condition de personne. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  48. Il est vrai que je suis toujours fâchée de voir d'honnêtes gens sans fortune, tandis qu'une infinité de gens de rien et sans mérite en ont une éclatante. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  49. C'est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n'avez que trente ans tout au plus ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  50. Ce qu'il y a de consolant pour vous, c'est que vous avez le temps de devenir heureux. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  51. On vous montrera l'appartement que je vous destine ; s'il ne vous convient pas, il y en a d'autres, et vous choisirez. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  52. Il faut aussi quelqu'un qui vous serve et c'est à quoi je vais pourvoir. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  53. Est-ce que je ne serai plus à moi ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  54. C'est une autre affaire. C'est Madame qui donnera ordre à Monsieur de souffrir mon service, que je lui prêterai par le commandement de Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  55. Voilà ce que c'est. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  56. Madame te payera ; n'est-ce pas assez ? (Acte 1, scène 9, MARTON)
  57. À votre aise le reste. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  58. Le gracieux camarade qui m'est venu là par hasard ! (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  59. Mais voici Madame Argante ; je vous avertis que c'est sa mère, et je devine à peu près ce qui l'amène. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  60. Eh bien, Marton, ma fille a un nouvel intendant que son procureur lui a donné, m'a-t-elle dit : j'en suis fâchée ; cela n'est point obligeant pour Monsieur_le_Comte, qui lui en avait retenu un. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  61. Quelle espèce d'homme est-ce ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  62. C'est Monsieur, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  63. C'est Monsieur ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  64. Je ne m'en serais pas doutée ; il est bien jeune. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  65. À trente ans, on est en âge d'être intendant de maison, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  66. C'est selon. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  67. Monsieur entend les affaires ; il est fils d'un père extrêmement habile. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  68. Est-ce là la figure d'un intendant ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  69. Je vous réponds de lui ; c'est l'homme qu'il nous faut. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  70. Connaissez-vous Monsieur_le_Comte_Dorimont ? C'est un homme d'un beau nom ; ma fille et lui allaient avoir un procès ensemble au sujet d'une terre considérable, il ne s'agissait pas moins que de savoir à qui elle resterait, et on a songé à les marier, pour empêcher qu'ils ne plaident. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  71. Ma fille est veuve d'un homme qui était fort considéré dans le monde, et qui l'a laissée fort riche. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  72. Mais Madame_la_Comtesse_Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d'une si grande distinction, qu'il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l'avoue, je serai charmée moi-même d'être la mère de Madame_la_Comtesse_Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car Monsieur_le_Comte_Dorimont est en passe d'aller à tout. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  73. Pas tout à fait encore, mais à peu près ; ma fille n'en est pas éloignée. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  74. Mais j'ai quelquefois peur que ce ne soit une défaite. Ma fille n'a qu'un défaut ; c'est que je ne lui trouve pas assez d'élévation. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  75. C'est un petit trait de morale qui ne gâte rien à notre affaire. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  76. De quoi est-il question, Madame ? (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  77. De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon ; que si elle plaidait, elle perdrait. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  78. Si effectivement son droit est le plus faible, je ne manquerai pas de l'en avertir, Madame. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  79. Vous n'y êtes point ; ce n'est pas là ce qu'on vous dit ; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  80. C'est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonne de la tromper à son avantage, entendez-vous ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  81. C'est moi, moi. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  82. C'est un ignorant que cela, qu'il faut renvoyer. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  83. Elle est extrêmement entêtée de ce mariage, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  84. C'est par indolence. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  85. Oh ça, il y a une petite raison à laquelle vous devez vous rendre ; c'est que Monsieur_le_Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat ; et cet argent-là, suivant le projet de Monsieur_Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  86. Tenez, Mademoiselle_Marton, vous êtes la plus aimable fille du monde ; mais ce n'est que faute de réflexion que ces mille écus vous tentent. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  87. Au contraire, c'est par réflexion qu'ils me tentent : plus j'y rêve, et plus je les trouve bons. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  88. Ma foi, vous avez beau dire : d'ailleurs, le Comte est un honnête homme, et je n'y entends point de finesse. (Acte 1, scène 11, MARTON)
  89. Voici ce que c'est : on veut me marier avec Monsieur_le_Comte_Dorimont pour éviter un grand procès que nous aurions ensemble au sujet d'une terre que je possède. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  90. C'est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j'ai prié qu'on m'en dispensât. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  91. Que ma mère est frivole ! (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  92. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  93. On aura de mauvais procédés avec vous, parce que vous en avez d'estimables ; cela serait plaisant ! (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  94. Revenons à ce procès dont il est question : si je n'épouse point Monsieur_le_Comte... (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  95. Madame la Marquise se porte mieux, Madame et vous est fort obligée... fort obligée de votre attention. (Acte 1, scène 13, DUBOIS)
  96. Voilà qui est bien. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)
  97. Il m'est recommandé de ne vous parler qu'en particulier. (Acte 1, scène 13, DUBOIS)
  98. Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  99. Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  100. Par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  101. C'est Monsieur_Remy qui me l'a envoyé pour intendant. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  102. Et c'est Monsieur_Remy qui vous l'envoie : hélas ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  103. Le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  104. Explique-toi : est-ce que tu le connais ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  105. Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  106. Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  107. C'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  108. De quoi peut-il donc être question ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  109. Son défaut, c'est là. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  110. C'est à la tête que le mal le tient. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  111. Oui, il est timbré, mais timbré comme cent. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  112. Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme incomparable. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  113. Vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  114. Malepeste ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  115. Sa folie est de bon goût. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  116. Est-ce que tu la connais, cette personne ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  117. J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  118. Il est bien fait, d'une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n'est pas riche ; et vous saurez qu'il n'a tenu qu'à lui d'épouser des femmes qui l'étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune et qui auraient mérité qu'on la leur fît à elles-mêmes : il y en a une qui n'en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours ; je le sais, car je l'ai rencontrée. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  119. Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon coeur est parti. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  120. Cela est fâcheux ; mais où m'a-t-il vue, avant que de venir chez moi, Dubois ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  121. J'espérais que cela se passerait, car je l'aimais : c'est le meilleur maître ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  122. Je me fis même ami d'un de vos gens qui n'y est plus, un garçon fort exact, et qui m'instruisait, et à qui je payais bouteille. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  123. C'est à la Comédie qu'on va, me disait-il ; et je courais faire mon rapport, sur lequel, dès quatre heures, mon homme était à la porte. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  124. C'est chez Madame celle-ci, c'est chez Madame celle-là ; et sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir Madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés ; car c'était dans l'hiver ; lui, ne s'en souciant guère ; moi, jurant par-ci par-là pour me soulager. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  125. Est-il possible ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  126. Au retour il était furieux, il voulut me battre, tout bon qu'il est ; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  127. Je suis si lasse d'avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l'avoir, parce qu'il a de la probité ; ce n'est pas que je sois fâchée, car je suis bien au-dessus de cela. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  128. Vraiment, je le renverrais bien ; mais ce n'est pas là ce qui le guérira. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  129. Je suis dans des circonstances où je ne saurais me passer d'un intendant ; et puis, il n'y a pas tant de risque que tu le crois : au contraire, s'il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c'est l'habitude de me voir plus qu'il n'a fait, ce serait même un service à lui rendre. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  130. Oui ; c'est un remède bien innocent. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  131. Il a un respect, une adoration, une humilité pour vous, qui n'est pas concevable. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  132. Est-ce que vous croyez qu'il songe à être aimé ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  133. Il dit que dans l'univers il n'y a personne qui le mérite ; il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grâces, votre belle taille ; et puis c'est tout : il me l'a dit mille fois. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  134. Voilà qui est bien digne de compassion ! (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  135. La vérité est que voici une confidence dont je me serais bien passée moi-même. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  136. Il est vrai. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  137. Mais, oui, je tâcherai que vous restiez ; je tâcherai. (Acte 1, scène 15, ARAMINTE)
  138. Vous m'ordonnez donc de vous rendre compte de l'affaire en question ? (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  139. Et d'ailleurs, votre situation est si tranquille et si douce. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  140. Marton vous cherche pour vous montrer l'appartement qu'on vous destine. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  141. Arlequin est allé boire. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  142. Qu'elle est aimable ! (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  143. Elle n'en réchappera point ; c'est autant de pris. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  144. Reste, au contraire ; je crois que voici Marton. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  145. Partez ; aussi bien ai-je un petit avis à donner à Marton. Il est bon de jeter dans tous les esprits les soupçons dont nous avons besoin. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  146. est donc Dorante ? (Acte 1, scène 17, MARTON)
  147. Au reste, qu'est-il nécessaire qu'il voie cet appartement ? (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  148. Madame est bonne et sage ; mais prenez garde, ne trouvez-vous pas que ce petit galant-là fait les yeux doux ? (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  149. Eh bien, est-ce qu'on te fâche quand on la trouve belle ? (Acte 1, scène 17, MARTON)
  150. Mais je me figure quelquefois qu'il n'est venu ici que pour la voir de plus près. (Acte 1, scène 17, DUBOIS)
  151. J'ai même consulté plusieurs personnes, l'affaire est excellente ; et si vous n'avez que le motif dont vous parlez pour épouser Monsieur_le_Comte, rien ne vous oblige à ce mariage. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  152. Vous me disiez tantôt que mon état était doux et tranquille ; n'aimeriez-vous pas mieux que j'y restasse ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  153. Je viens d'apprendre que le concierge d'une de vos terres est mort : on pourrait y mettre un de vos gens ; et j'ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  154. Non, envoyez plutôt votre homme au château, et laissez-moi Dubois : c'est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  155. Il est vrai, Madame ; il est fidèle, mais peu exact. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  156. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu'ils ont servis. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  157. Mais, Monsieur_Remy, ceci est un peu vif ; vous prenez assez mal votre temps, et j'ai refusé l'autre personne. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  158. Tenez, Madame, jugez-en vous-même ; voici de quoi il est question : c'est une dame de trente-cinq ans, qu'on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction ; qui ne déclare pas son nom ; qui dit que j'ai été son procureur ; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu'elle prouvera ; qui a vu Monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu'il n'a pas de bien, et qui offre de l'épouser sans délai. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  159. Et la personne qui est venue chez moi de sa part doit revenir tantôt pour savoir la réponse, et vous mener tout de suite chez elle. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  160. Cela est-il net ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  161. C'est à lui à répondre. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  162. J'ai le coeur pris : voilà qui est fâcheux ! (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  163. Ah, ah, le coeur est admirable ! (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  164. Je n'aurais jamais deviné la beauté des scrupules de ce coeur-là, qui veut qu'on reste intendant de la maison d'autrui pendant qu'on peut l'être de la sienne ! (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  165. Est-ce là votre dernier mot, berger fidèle ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  166. Le sot coeur, mon neveu ; vous êtes un imbécile, un insensé ; et je tiens celle que vous aimez pour une guenon, si elle n'est pas de mon sentiment, n'est-il pas vrai, Madame, et ne le trouvez-vous pas extravagant ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  167. Je sais bien que cela est difficile. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  168. Il n'y a pas moyen, Madame, mon amour m'est plus cher que ma vie. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  169. Votre question est bien aisée à décider. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  170. Monsieur_Remy, c'est de Dorante que vous parlez ? (Acte 2, scène 3, MARTON)
  171. C'est pour se garder à moi qu'il refuse d'être riche ? (Acte 2, scène 3, MARTON)
  172. Dorante, que je vous estime ! (Acte 2, scène 3, MARTON)
  173. Pardi, le coeur d'une femme est bien étonnant ! (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  174. Il est en colère, mais nous l'apaiserons. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  175. C'est le Comte, celui dont je vous ai parlé, et qui doit épouser Madame. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  176. Je vous laisse donc ; il pourrait me parler de son procès : vous savez ce que je vous ai dit là-dessus, et il est inutile que je le voie. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  177. Allez, ne vous inquiétez point, c'est un galant homme ; et si la mère n'en est pas contente, c'est un peu de sa faute ; elle a débuté tantôt par le brusquer d'une manière si outrée, l'a traité si mal, qu'il n'est pas étonnant qu'elle ne l'ait point gagné. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  178. Imaginez-vous qu'elle l'a querellé de ce qu'il est bien fait. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  179. Il a bonne mine, en effet, et n'a pas trop l'air de ce qu'il est. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  180. Pardonnez-moi, Monsieur ; car il est honnête homme. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  181. Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer ; et pour achever de la résoudre, il ne s'agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  182. Non, ce n'est point un homme à mener par là ; c'est le garçon de France le plus désintéressé. (Acte 2, scène 4, MARTON)
  183. Mademoiselle, voilà un homme qui en demande un autre ; savez-vous qui c'est ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  184. Et qui est cet autre ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  185. Ma foi, je n'en sais rien ; c'est de quoi je m'informe à vous. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  186. Il nous a dit qu'on ne la remît qu'à lui-même, et qu'il viendrait la prendre ; mais comme mon père est obligé de partir demain pour un petit voyage, il m'a envoyé pour la lui rendre, et on m'a dit que je saurais de ses nouvelles ici. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  187. N'est-ce pas vous, Monsieur_le_Comte ? (Acte 2, scène 6, MARTON)
  188. Je n'ai point affaire à Monsieur, Mademoiselle ; c'est une autre personne. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  189. N'est-ce pas le procureur de Madame ? montrez-nous la boîte. (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  190. Monsieur, cela m'est défendu ; je n'ai ordre de la donner qu'à celui à qui elle est : le portrait de la dame est dedans. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  191. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  192. Je vais tout à l'heure savoir ce qu'il en est. (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  193. Je sais qui vous cherchez ; c'est le neveu de Monsieur_Remy, de chez qui vous venez. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  194. Il me semble que c'est son nom. (Acte 2, scène 7, LE-GARÇON)
  195. Eh bien, c'est de moi dont il s'agit. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  196. Monsieur Dorante n'est pas ici, et ne reviendra pas sitôt. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  197. C'est ce qui me paraît. (Acte 2, scène 7, LE-GARÇON)
  198. Arlequin croit que c'est moi qu'il demande. (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  199. Allez, soyez en repos ; l'ouvrier est venu, je lui ai parlé, j'ai la boîte, je la tiens. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  200. Retirez-vous, voici Madame avec sa mère et le Comte ; c'est peut-être de cela qu'ils s'entretiennent. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  201. Marton, qu'est-ce que c'est qu'un portrait dont Monsieur_le_Comte me parle, qu'on vient d'apporter ici à quelqu'un qu'on ne nomme pas, et qu'on soupçonne être le mien ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  202. Ce n'est rien, Madame ; je vous dirai ce que c'est : je l'ai démêlé après que Monsieur_le_Comte est parti ; il n'a que faire de s'alarmer. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  203. N'importe, c'est tout comme si je l'avais vu. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  204. Ce qu'il y a de certain, c'est un portrait de femme, et c'est ici qu'on vient chercher la personne qui l'a fait faire, à qui on doit le rendre, et ce n'est pas moi. (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  205. Mais quand je vous dis que Madame n'y est pour rien, ni vous non plus. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  206. Si vous êtes instruite, dites-nous donc de quoi il est question ; car je veux le savoir. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  207. Oui ; ceci a un air de mystère qui est désagréable. (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  208. C'est mon portrait. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  209. Et qui est-ce qui a fait cette dépense-là pour vous ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  210. Un très aimable homme qui m'aime, qui a de la délicatesse et des sentiments, et qui me recherche ; et puisqu'il faut vous le nommer, c'est Dorante. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  211. Vous nous trompez ; depuis qu'il est ici, a-t-il eu le temps de vous faire peindre ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  212. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il me connaît. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  213. Je n'ai pas encore ouvert la boîte, mais c'est moi que vous y allez voir. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  214. Je m'en doutais bien ; c'est Madame. (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  215. Il est vrai, et me voilà bien loin de mon compte ! (Acte 2, scène 9, MARTON)
  216. Monsieur_Remy me dit que son neveu m'aime, qu'il veut nous marier ensemble ; Dorante est présent, et ne dit point non ; il refuse devant moi un très riche parti ; l'oncle s'en prend à moi, me dit que j'en suis cause. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  217. C'est un petit portrait de femme, Dorante m'aime jusqu'à refuser sa fortune pour moi. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  218. Je conclus donc que c'est moi qu'il a fait peindre. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  219. Ce n'est pas là une chose bien difficile à deviner. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  220. Vous faites le fâché, l'étonné, Monsieur_le_Comte ; il y a eu quelque malentendu dans les mesures que vous avez prises ; mais vous ne m'abusez point ; c'est à vous qu'on apportait le portrait. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  221. Un homme dont on ne sait pas le nom, qu'on vient chercher ici, c'est vous, Monsieur, c'est vous. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  222. Oui, oui, c'est Monsieur : à quoi bon vous en défendre ? (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  223. Dans les termes où vous en êtes avec ma fille, ce n'est pas là un si grand crime ; allons, convenez-en. (Acte 2, scène 9, MADAME ARGANTE)
  224. Non, Madame, ce n'est point moi, sur mon honneur, je ne connais pas ce Monsieur_Remy : comment aurait-on dit chez lui qu'on aurait de mes nouvelles ici ? (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  225. Qu'est-ce qu'une circonstance de plus ou de moins ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  226. Voyez ce que c'est, Marton. (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  227. Apprenez-nous ce que c'est que ce mot que vous diriez contre Dorante ; il serait bon de savoir ce que c'est. (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  228. Mais, encore une fois, sachons ce que veut dire Dubois par ce mot : c'est le plus pressé. (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  229. C'est par pure colère que j'ai fait cette menace, Madame ; et voici la cause de la dispute. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  230. En arrangeant l'appartement de Monsieur Dorante, j'ai vu par hasard un tableau où Madame est peinte, et j'ai cru qu'il fallait l'ôter, qu'il n'avait que faire là, qu'il n'était point décent qu'il y restât ; de sorte que j'ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m'en empêcher, et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  231. Sans doute, de quoi t'avises-tu d'ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n'y avait qu'un moment avec toute la satisfaction possible ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  232. Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu'on a mis là par hasard, et qui y est resté. (Acte 2, scène 10, ARAMINTE)
  233. Vous m'excuserez, ma fille ; ce n'est point là sa place, et il n'y a qu'à l'ôter ; votre intendant se passera bien de ses contemplations. (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  234. Ce qui est de sûr, c'est que cet homme d'affaires-là est de bon goût. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  235. Oui, la réflexion est juste. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  236. Effectivement, il est fort extraordinaire qu'il ait jeté les yeux sur ce tableau. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  237. Interrogez-le ; sachons ce que c'est. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  238. Qu'est-ce donc que vous voyez, et que je ne vois point ? (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  239. Je ne vois pas le sujet de me défaire d'un homme qui m'est donné de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-être ; voilà ce qui n'échappe pas à ma pénétration, par exemple. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  240. Je consens, au reste, d'écouter Dubois, le conseil est bon, et je l'approuve. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  241. S'il me donne des motifs raisonnables de renvoyer cet intendant assez hardi pour regarder un tableau, il ne restera pas longtemps chez moi ; sans quoi, on aura la bonté de trouver bon que je le garde, en attendant qu'il me déplaise à moi. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  242. Le mariage terminerait tout, et le vôtre est comme arrêté. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  243. Laisse là ton zèle, ce n'est pas là celui que je veux, ni celui qu'il me faut ; c'est de ton silence dont j'ai besoin pour me tirer de l'embarras où je suis, et où tu m'as jetée toi-même ; car sans toi je ne saurais pas que cet homme-là m'aime, et je n'aurais que faire d'y regarder de si près. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  244. C'est encore une suite de zèle mal entendu. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  245. C'est ton étourderie qui me force actuellement de te parler, sous prétexte de t'interroger sur ce que tu sais de lui. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  246. Il n'y a rien de plus facile à raccommoder : ce rapport sera que des gens qui le connaissent m'ont dit que c'était un homme incapable de l'emploi qu'il a chez vous ; quoiqu'il soit fort habile, au moins : ce n'est pas cela qui lui manque. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  247. S'il en est incapable, on me dira de le renvoyer, et il n'est pas encore temps ; j'y ai pensé depuis ; la prudence ne le veut pas, et je suis obligée de prendre des biais, et d'aller tout doucement avec cette passion si excessive que tu dis qu'il a, et qui éclaterait peut-être dans sa douleur. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  248. Me fierais-je à un désespéré ? Ce n'est plus le besoin que j'ai de lui qui me retient, c'est moi que je ménage. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  249. Dorante n'a vu Marton ni de près ni de loin ; c'est le procureur qui a débité cette fable-là à Marton, dans le dessein de les marier ensemble. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  250. Je lui ai dit que je me tairais, mais que je ne prétendais pas rester dans la maison avec lui, et qu'il fallait qu'il sortît ; ce qui l'a jeté dans des gémissements, dans des pleurs, dans le plus triste état du monde. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  251. J'augurais beaucoup de ce mariage avec Marton ; je croyais qu'il m'oublierait, et point du tout, il n'est question de rien. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  252. Attends : comment faire ? Si lorsqu'il me parle il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m'en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer ; il est vrai qu'il me fâcherait s'il parlait ; mais il serait à propos qu'il me fâchât. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  253. Vraiment oui ; Monsieur Dorante n'est point digne de Madame. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  254. S'il était dans une plus grande fortune, comme il n'y a rien à dire à ce qu'il est né, ce serait une autre affaire, mais il n'est riche qu'en mérite, et ce n'est pas assez. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  255. Non, je ne saurais l'en accuser ; c'est le Comte qui l'a fait faire. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  256. Point du tout, c'est de Dorante, je le sais de lui-même, et il y travaillait encore il n'y a que deux mois, lorsque je le quittai. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  257. Il m'est impossible de l'instruire ; mais qu'il se découvre ou non, les choses ne peuvent aller que bien. (Acte 2, scène 13, DUBOIS)
  258. Je suis dans le chagrin et dans l'inquiétude : j'ai tout quitté pour avoir l'honneur d'être à vous, je vous suis plus attaché que je ne puis le dire ; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement ; et cependant je ne suis pas sûr de rester. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  259. Ils ne se tromperaient pas, Madame ; c'est une bonté qui me pénètre de reconnaissance. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  260. À la bonne heure ; mais il n'est pas nécessaire qu'ils le croient. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  261. Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie, c'est peut-être ce qui les indispose contre vous. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  262. Le Comte croira que vous y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  263. Pour le Comte, qui est sorti d'ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  264. Il est vrai. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  265. Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr... Avez-vous écrit ? (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  266. Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  267. Il souffre, mais il ne dit mot ; est-ce qu'il ne parlera pas ? (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  268. Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame : douteux, il ne l'est point. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  269. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  270. Cela est singulier. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  271. Voilà qui est écrit tout de travers ! (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  272. Cette adresse-là n'est presque pas lisible. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  273. Aujourd'hui Monsieur me recherche ; il vient même de refuser un parti infiniment plus riche, et le tout pour moi ; du moins me l'a-t-il laissé croire, et il est à propos qu'il s'explique ; mais comme je ne veux dépendre que de vous, c'est de vous aussi, Madame, qu'il faut qu'il m'obtienne : ainsi, Monsieur, vous n'avez qu'à parler à Madame. (Acte 2, scène 14, MARTON)
  274. Vous avez fait là un très bon choix : c'est une fille aimable et d'un excellent caractère. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  275. C'est une erreur où Monsieur_Remy l'a jetée sans me consulter ; et je n'ai point osé dire le contraire, dans la crainte de m'en faire une ennemie auprès de vous. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  276. Il en est de même de ce riche parti qu'elle croit que je refuse à cause d'elle ; et je n'ai nulle_part à tout cela. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  277. Est-elle fille ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  278. Madame, elle est veuve. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  279. On essaie de se faire aimer, ce me semble : cela est naturel et pardonnable. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  280. Son état est bien au-dessus du mien. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  281. Elle est donc au-dessus de toute comparaison ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  282. Cela est bien bizarre. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  283. Le plaisir de la voir quelquefois, et d'être avec elle, est tout ce que je me propose. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  284. Est-ce que vous l'avez fait faire ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  285. Il m'en est tombé un par hasard entre les mains : on l'a trouvé ici. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  286. Il est vrai que la chose serait assez extraordinaire : examinez. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  287. C'est Marton ! (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  288. Elle n'est point entrée. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  289. Voilà pourtant ce que c'est que de l'avoir gardé ! (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  290. Dorante s'est-il déclaré, Madame ? (Acte 2, scène 16, DUBOIS)
  291. Et est-il nécessaire que je lui parle ? (Acte 2, scène 16, DUBOIS)
  292. Je n'ai rien vu d'approchant à ce que tu m'as conté ; et qu'il n'en soit plus question : ne t'en mêle plus. (Acte 2, scène 16, ARAMINTE)
  293. Elle n'est qu'à deux pas : voulez-vous tout perdre ? (Acte 2, scène 17, DUBOIS)
  294. La lettre est-elle prête ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  295. Lui avez-vous bien recommandé de s'adresser à Marton ou à moi pour savoir ce que c'est ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  296. Allez donc la lui donner : je me charge du reste auprès de Marton que je vais trouver. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  297. Dans l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure ? (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  298. Il faut l'achever, pendant qu'elle est étourdie. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  299. Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  300. Il est trop tard. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  301. L'heure du courage est passée. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  302. Elle est confuse de ce que Marton m'a surpris à ses genoux. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  303. Elle n'y est pas. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  304. C'est moi qui, voyant le train que prenait la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  305. Cela est-il agréable ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  306. Oui, je sais bien que vous l'aimez : c'est à cause de cela que je ne vous écoute pas. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  307. Je ne me souviens plus de ce que c'est. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  308. Mais est-ce là tout ce que tu sais de lui ? (Acte 3, scène 2, MARTON)
  309. C'est de la part de Madame Argante et de Monsieur_le_Comte que je te parle, et nous avons peur que tu n'aies pas tout dit à Madame, ou qu'elle ne cache ce que c'est. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  310. Je vous demande pardon de la comparaison : mais c'est pour vous mettre l'esprit en repos. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  311. Il est certain qu'il aime Madame. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  312. Elle est si prévenue... (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  313. Je vais de ce pas parler à Arlequin, s'il n'est pas encore parti. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  314. Tenez : n'est-ce pas là une belle figure pour se moquer de la mienne ? (Acte 3, scène 3, DUBOIS)
  315. C'est que mon camarade, que je sers, m'a dit de porter cette lettre à quelqu'un qui est dans cette rue, et comme je ne la sais pas, il m'a dit que je m'en informasse à vous ou à cet animal-là ; mais cet animal-là ne mérite pas que je lui en parle, sinon pour l'injurier. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  316. Voilà qui est bien agréable ! (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  317. Rien que ce que vous saviez déjà, Madame, et ce n'est pas assez. (Acte 3, scène 4, MARTON)
  318. Dubois est un coquin qui nous trompe. (Acte 3, scène 4, MADAME ARGANTE)
  319. Il est vrai que sa menace signifiait quelque chose de plus. (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  320. Il est ici, et je le lui présenterai sur-le-champ. (Acte 3, scène 4, MADAME ARGANTE)
  321. On m'a dit de votre part de venir ici, Madame : de quoi est-il donc question ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  322. C'est donc vous, Monsieur le Procureur ? (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  323. Oui, Madame, je vous garantis que c'est moi-même. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  324. C'est que nous nous serions bien passés du présent que vous nous avez fait. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  325. Madame, s'il n'est pas à votre goût, vous êtes bien difficile. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  326. C'est votre neveu, dit-on ? (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  327. Tout votre neveu qu'il est, vous nous ferez un grand plaisir de le retirer. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  328. Ce n'est pas à vous que je l'ai donné. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  329. Non ; mais c'est à nous qu'il déplaît, à moi et à Monsieur_le_Comte que voilà, et qui doit épouser ma fille. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  330. Celui-ci est nouveau ! (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  331. Mais, Madame, dès qu'il n'est pas à vous, il me semble qu'il n'est pas essentiel qu'il vous plaise. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  332. Tant pis pour qui ne l'est pas. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  333. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  334. Que vous me connaissiez ou non, il n'est pas si peu essentiel que vous le dites que notre neveu plaise à Madame. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  335. Elle n'est pas une étrangère dans la maison. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  336. Parfaitement étrangère pour cette affaire-ci, Monsieur ; on ne peut pas plus étrangère : au surplus, Dorante est un homme d'honneur, connu pour tel, dont j'ai répondu, dont je répondrai toujours, et dont Madame parle ici d'une manière choquante. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  337. Votre Dorante est un impertinent. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  338. Est-ce que vous ne lui imposerez pas silence ? (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  339. Je ne le connais que pour un homme très estimable. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  340. Au discours que Madame en tient, ce doit pourtant être un fripon, dont il faut que je vous délivre, et on se passerait bien du présent que je vous ai fait, et c'est un impertinent qui déplaît à Monsieur qui parle en qualité d'époux futur ; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  341. À l'égard de Dorante, la meilleure justification qu'il y ait pour lui, c'est que je le garde. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  342. Madame, il est vrai qu'il est venu avec moi ; mais c'est Madame Argante... (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  343. Oui, ma fille, c'est moi qui ai prié Monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors : je suis sûre de mon fait. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  344. J'ai laissé dire votre procureur, au reste, mais il amplifie. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  345. Honnête homme, soit : du moins n'a-t-on pas encore de preuves du contraire, et je veux croire qu'il l'est. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  346. Il restera, je vous assure. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  347. Quand je vous dis qu'il vous aime, j'entends qu'il est amoureux de vous, en bon français ; qu'il est ce qu'on appelle amoureux ; qu'il soupire pour vous ; que vous êtes l'objet secret de sa tendresse. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  348. Ceci n'est pas matière à plaisanterie, ma fille. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  349. Il n'est pas question de votre Monsieur_Remy ; laissons là ce bonhomme, et traitons la chose un peu plus sérieusement. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  350. J'ai laissé passer le bonhomme à cause de vous, au moins ; mais le bonhomme est quelquefois brutal. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  351. Est-ce qu'on ne peut me voir sans m'aimer ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  352. Il y aurait de la bizarrerie à se fâcher de ce qu'il est bien fait. (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  353. J'ai lieu de présumer que mes services ne vous sont plus agréables, et dans la conjoncture présente, il est naturel que je sache mon sort. (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  354. Le sort d'un intendant : que cela est beau ! (Acte 3, scène 7, MADAME ARGANTE)
  355. Quelle est cette conjoncture, Monsieur, et le motif de votre inquiétude ? (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  356. Ce quelqu'un-là est fort mal conseillé. (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  357. Désabusez-vous : ce n'est point moi qui l'ai fait venir. (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  358. Le terme est encore trop long : il devrait en sortir tout à l'heure. (Acte 3, scène 7, MADAME ARGANTE)
  359. Allez, Dorante, tenez-vous en repos ; fussiez-vous l'homme du monde qui me convînt le moins, vous resteriez : dans cette occasion-ci, c'est à moi-même que je dois cela ; je me sens offensée du procédé qu'on a avec moi, et je vais faire dire à cet homme d'affaires qu'il se retire ; que ceux qui l'ont amené sans me consulter le remmènent, et qu'il n'en soit plus parlé. (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  360. Ne vous pressez pas de le renvoyer, Madame ; voilà une lettre de recommandation pour lui, et c'est Monsieur Dorante qui l'a écrite. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  361. La lettre est de Monsieur, vous dis-je. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  362. Un misérable ouvrier que je n'attendais pas est venu ici pour m'apporter la boîte de ce portrait que j'ai fait d'elle. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  363. C'est-à-dire que le personnage sait peindre. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  364. Mais seulement du peu que je vaux auprès d'elle, tout honoré que je suis de l'estime de tant d'honnêtes gens. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  365. Et en vertu de quoi l'estiment-ils tant ? (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  366. Cette lettre n'est pas d'une écriture contrefaite ? (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  367. C'est de l'amour qu'il a ; ce n'est pas d'aujourd'hui que les belles personnes en donnent et, tel que vous le voyez, il n'en a pas pris pour toutes celles qui auraient bien voulu lui en donner. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  368. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu'il veut courir ; voilà le mal ; car au reste, s'il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu'il adore. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  369. Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, Madame. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  370. Allez-vous-en, vous prenez mal votre temps pour me faire des questions. (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  371. Mais, ma fille, elle a raison ; c'est Monsieur_le_Comte qui vous en répond, il n'y a qu'à le prendre. (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  372. Est-ce à cause qu'il vient de ma part, Madame ? (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  373. Mais en effet, je ne vous reconnais pas. Qu'est-ce qui vous fâche ? (Acte 3, scène 8, MADAME ARGANTE)
  374. Tout ; on s'y est mal pris ; il y a dans tout ceci des façons si désagréables, des moyens si offensants, que tout m'en choque. (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  375. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  376. J'y ai pourvu, Madame ; j'ai appelé Arlequin, qui ne le quittera pas, et je crois d'ailleurs qu'il n'arrivera rien ; voilà qui est fini. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  377. Je ne suis venu que pour dire une chose ; c'est que je pense qu'il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à Madame de le voir davantage ; ce n'est pas la peine. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  378. En un mot, vous en êtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu'on vous a lue et que Mademoiselle_Marton a tirée d'Arlequin par mon avis ; je me suis douté qu'elle pourrait vous être utile, et c'est une excellente idée que j'ai eue là, n'est-ce pas, Madame ? (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  379. C'est à vous que j'ai l'obligation de la scène qui vient de se passer ? (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  380. C'est vous qui avez répandu tous les soupçons qu'on a eus sur son compte, et ce n'est pas par attachement pour moi que vous m'avez appris qu'il m'aimait ; ce n'est que par le plaisir de faire du mal. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  381. Il m'importait peu d'en être instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  382. Allons, voilà qui est parfait. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  383. Votre intention est-elle que je sorte dès aujourd'hui, Madame ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  384. Cette aventure-ci est bien triste pour moi ! (Acte 3, scène 10, MARTON)
  385. Est-ce que vous êtes fâchée de vous en aller ? (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  386. Eh bien, restez, Mademoiselle, restez : j'y consens ; mais finissons. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  387. Il est pourtant vrai que vous me renvoyez, Madame, d'où vient ma disgrâce ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  388. Elle est dans votre imagination. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  389. Il ne m'avait jamais vue : c'est Monsieur_Remy qui m'a trompée, et j'excuse Dorante. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  390. Pourquoi avez-vous eu la cruauté de m'abandonner au hasard d'aimer un homme qui n'est pas fait pour moi, qui est digne de vous, et que j'ai jeté dans une douleur dont je suis pénétrée ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  391. Rien ne m'est si cher que vous. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  392. Monsieur Dorante vous demande à genoux qu'il vienne ici vous rendre compte des paperasses qu'il a eues dans les mains depuis qu'il est ici. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  393. Ce n'est pas là-dessus que j'aurai à me plaindre. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  394. Un de vos fermiers est venu tantôt, Madame. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  395. Oui, Madame... il est venu. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  396. Comment vous garder jusque-là, après ce qui est arrivé ? (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  397. Dans tout ce qui s'est passé chez vous, il n'y a rien de vrai que ma passion qui est infinie, et que le portrait que j'ai fait. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  398. Tous les incidents qui sont arrivés partent de l'industrie d'un domestique qui savait mon amour, qui m'en plaint, qui par le charme de l'espérance, du plaisir de vous voir, m'a pour ainsi dire forcé de consentir à son stratagème ; il voulait me faire valoir auprès de vous. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  399. Après tout, puisque vous m'aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon coeur n'est point blâmable : il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu'il a réussi. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  400. Monsieur_le_Comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n'y faut plus penser : vous méritez qu'on vous aime ; mon coeur n'est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d'un rang qui vous convienne. (Acte 3, scène 13, ARAMINTE)
  401. Je songeais à me retirer ; j'ai deviné tout ; Dorante n'est venu chez vous qu'à cause qu'il vous aimait ; il vous a plu ; vous voulez lui faire sa fortune : voilà tout ce que vous alliez dire. (Acte 3, scène 13, LE COMTE)

LE LEGS (1736)

  1. Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge il est vrai de m'épouser, ou de m'en donner deux cent mille ; cela est à son choix ; mais le Marquis ne sent rien pour moi. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Je suis sûre qu'il a de l'inclination pour la Comtesse ; d'ailleurs, il est déjà assez riche par lui-même ; voilà encore une succession de six cent mille francs qui lui vient, à laquelle il ne s'attendait pas ; et vous croyez que, plutôt que d'en distraire deux cent mille, il aimera mieux m'épouser, moi qui lui suis indifférente, pendant qu'il a de l'amour pour la Comtesse, qui peut-être ne le hait pas, et qui a plus de bien que moi ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  3. Du caractère dont elle est, celui du Marquis doit être de son goût. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. La Comtesse est une femme brusque, qui aime à primer, à gouverner, à être la maîtresse. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  5. Le Marquis est un homme doux, paisible, aisé à conduire ; et voilà ce qu'il faut à la Comtesse. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. Son air de naïveté lui plaît ; c'est, dit-elle, le meilleur homme, le plus complaisant, le plus sociable. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. D'ailleurs, le Marquis est d'un âge qui lui convient ; elle n'est plus de cette grande jeunesse : il a trente-cinq ou quarante ans, et je vois bien qu'elle serait charmée de vivre avec lui. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  8. Ce n'est pas un petit objet que deux cent mille francs qu'il faudra qu'on vous donne si l'on ne vous épouse pas ; et puis, quand le Marquis et la Comtesse s'aimeraient, de l'humeur dont ils sont tous deux, ils auront bien de la peine à se le dire. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. L'un est un Gascon froid, mais adroit ; Lisette a de l'esprit. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  10. Je ne prétends vous engager à rien et voici de quoi il est question ; le Marquis, votre maître, vous estime, Lépine ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. Il n'y a point d'inconvénient à me dire ce qui en est. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Et vous, Lisette, quel est votre sentiment sur la Comtesse ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  13. C'est qu'il me semble que voilà précisément le service que vous exigez de moi, et c'est précisément celui que je ne puis vous rendre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. Ma maîtresse est veuve ; elle est tranquille ; son état est heureux ; ce serait dommage de l'en tirer ; je prie le Ciel qu'elle y reste. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Quant à moi, je garde mon lot ; rien ne m'oblige à restitution. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  16. Monsieur_le_Marquis vit dans le célibat ; mais le mariage, il est bon, très bon, il a ses peines, chaque état a les siennes ; quelquefois le mien me pèse ; le tout est égal. (Acte 1, scène 2, L?PINE)
  17. C'est de quoi il n'est pas question de ma part. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. De la mienne, j'en suis demeuré à l'estime. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  19. Néanmoins Mademoiselle est aimable ; mais j'ai passé mon chemin sans y prendre garde. (Acte 1, scène 2, L?PINE)
  20. Je vous en offre autant ; c'est tout au plus si je connais actuellement la vôtre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  21. Est-ce là tout ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  22. Est-ce là ce Lépine, que vous connaissiez ? (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  23. Quelquefois pourtant nombre de gens ont estimé que j'étais un garçon assez revenant ; mais nous y retournerons ; c'est partie à remettre. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  24. Écoutez le restant. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  25. Il est certain que mon maître distingue tendrement votre maîtresse. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  26. Mademoiselle, est-ce mon amour qui vous déplaît ? (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  27. Ma maîtresse, comme vous dites fort habilement, tient l'amour au-dessous d'elle ; et j'aurai soin de l'entretenir dans cette humeur, attendu qu'il n'est pas de mon petit intérêt qu'elle se marie. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  28. J'ai beaucoup d'estime et de respect pour Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  29. C'est que, entre nous, il n'y a point de femme que j'aime tant qu'elle. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  30. Est-ce de l'amour que vous entendez ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  31. C'est ce qui me semble. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  32. Oui, cela m'embarrasse, et, comme ta maîtresse est une femme fort raisonnable, j'ai peur qu'elle ne se moque de moi, et je ne saurais plus que lui dire ; de sorte que j'ai rêvé qu'il serait bon que tu la prévinsses en ma faveur. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  33. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins ; gardez-moi votre coeur, c'est un dépôt que je vous laisse. (Acte 1, scène 5, LÉPINE)
  34. De l'humeur dont elle est, je crois que cet amour-ci ne la divertira guère. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  35. Qu'est-ce que c'est qu'envie de me remarier ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  36. est-il, le Marquis ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  37. Oui ; malepeste, il a ses raisons pour être éveillé de bonne heure. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  38. Qui est ce benêt-là ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  39. Celui qui brûle est un sot. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  40. Ce n'est point de Paris ; votre conquête est dans le château. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  41. Vous l'appelez benêt ; moi je vais le flatter ; c'est un soupirant qui a l'air fort simple, un air de bon homme. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  42. Qui est-ce qui ressemble à cela ici ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  43. Celui qui est avec nous ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  44. Au reste, il n'y a qu'à vous en défaire tout doucement. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  45. C'est un fort honnête homme, un homme dont je fais cas, qui a d'excellentes qualités ; et j'aime encore mieux que ce soit lui qu'un autre. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  46. Il ne t'aura peut-être parlé que d'estime ; il en a beaucoup pour moi, beaucoup ; il me l'a marquée en mille occasions d'une manière fort obligeante. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  47. Non, Madame, c'est de l'amour qui regarde vos appas ; il en a prononcé le mot sans bredouiller comme à l'ordinaire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  48. C'est de la flamme ; il languit, il soupire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  49. Est-il possible ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  50. Sur ce pied-là, je le plains ; car ce n'est pas un étourdi ; il faut qu'il le sente puisqu'il le dit, et ce n'est pas de ces gens-là qu'on se moque ; jamais leur amour n'est ridicule. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  51. Mais il n'osera m'en parler, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  52. Pourvu que vous ne l'ayez pas brusqué, pourtant ; il fallait y prendre garde ; c'est un ami que je veux conserver, et vous avez quelquefois le ton dur et revêche, Lisette ; il valait mieux le laisser dire. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  53. Que c'est mal parler ! (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  54. Et même est-ce que je vous aurais donné le vôtre ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  55. C'est un ennemi que vous m'allez faire d'un des hommes du monde que je considère le plus, et qui le mérite le mieux. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  56. Quel sot langage de domestique ! (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  57. Madame, je suis d'avis de rester auprès de vous ; cela m'arrive souvent, et vous en serez plus à abri d'une déclaration. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  58. Non, Lisette ; c'est une lettre de conséquence, et vous me ferez plaisir de la porter vous-même, parce que, si le courrier est passé, vous me la rapporterez, et je l'enverrai par une autre voie. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  59. Elle avait la fureur de rester. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  60. Les domestiques sont haïssables ; il n'y a pas jusqu'à leur zèle qui ne vous désoblige. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  61. C'est toujours de travers qu'ils vous servent. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  62. Courage, Monsieur ; l'accueil est gracieux, presque tendre ; c'est un coeur qui demande qu'on le prenne. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  63. Madame, vous avez bien de la bonté ; c'est que j'ai bien des choses à vous dire. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  64. Cette assurance m'est bien agréable, et je serais tenté d'en abuser. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  65. Son caractère est si différent du vôtre ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  66. Il faudrait toujours l'entretenir de compliments, et moi, ce n'est pas là mon fort. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  67. vous plaisez sans y penser, ce n'est pas votre faute. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  68. Est-ce que vous n'êtes pas le mien ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  69. C'est que justement le pis s'y trouve. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  70. C'est que vous ne connaissez qu'elle ; c'est la plus aimable femme, la plus franche... (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  71. Que c'est bien dit, une autre moi-même ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  72. Ce qui me plaît en vous, c'est votre franchise, qui est une qualité admirable. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  73. C'est qu'Hortense aime le Chevalier. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  74. Mais, à propos, c'est votre parent ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  75. Ce n'est pas qu'il n'y ait du risque ; elle a du discernement, Marquis. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  76. Est-il vrai ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  77. C'est mon sentiment. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  78. Quand nous en serons à l'article des grâces, il n'y aura qu'à parler ; elles ne feront pas plus de difficulté que le reste, entendez-vous ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  79. Mais, Marquis, est-ce qu'elle ne sait pas que vous l'aimez ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  80. En vérité, c'est la pousser trop loin, et, toute amie des bienséances que je suis, je ne vous approuve pas ; ce n'est pas se rendre justice. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  81. Elle est si sensée, que j'ai peur d'elle. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  82. Vous dites qu'elle est sensée ; que craignez-vous ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  83. Il est louable de penser modestement de soi ; mais avec de la modestie, on parle, on se propose. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  84. Si vous saviez qui c'est, vous ne m'exhorteriez pas tant. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  85. Ce n'est pas l'amour, ce sont les amants, tels qu'ils sont la plupart, que je méprise, et non pas le sentiment qui fait qu'on aime, qui n'a rien en soi que de fort honnête, de fort permis, et de fort involontaire. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  86. C'est le plus doux sentiment de la vie ; comment le haïrais-je ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  87. Il est bien question de ma santé ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  88. C'est l'air de la campagne. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  89. Est-ce de moi dont il s'agit ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  90. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  91. Est-ce une déclaration d'amour que vous me faites ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  92. Qui est-ce qui ne s'y tromperait pas ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  93. Ce n'est que façon de parler : je dis seulement qu'il est fâcheux que vous ne vouliez ni aimer, ni vous remarier, et que j'en suis mortifié, parce que je ne vois pas de femme qui peut convenir autant que vous. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  94. Je ne me trompe pas : c'est moi que vous aimez, vous me le dites en termes exprès. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  95. Hé bien, oui, quand ce serait vous, il n'est pas nécessaire de se fâcher. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  96. Ne dirait-on pas que tout est perdu ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  97. Et qui est-ce qui vous querelle ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  98. La manière dont vous me refusez n'est pas douce. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  99. J'aime les gens simples et unis ; mais en vérité celui-là l'est trop. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  100. Non, je ne sais pas ce que c'est ; je ne m'en souviens plus. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  101. Il est humiliant pour moi d'être obligée de vous prévenir. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  102. Avez-vous oublié qu'il y a un testament qui nous regarde ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  103. Oui, je me souviens du testament. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  104. Oui, Madame, oui ; il faut que je vous épouse, cela est vrai. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  105. Il est temps de fixer mon état. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  106. Je ne vous cache point que vous avez un rival ; c'est le Chevalier, qui est parent de Madame, que je ne vous préfère pas, mais que je préfère à tout autre, et que j'estime assez pour en faire mon époux si vous ne devenez pas le mien ; c'est ce que je lui ai dit jusqu'ici ; et comme il m'assure avoir des raisons pressantes de savoir aujourd'hui même à quoi s'en tenir, je n'ai pu lui refuser de vous parler. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  107. Ma main est à vous, si vous la demandez. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  108. Est-ce votre coeur qui me choisit, Monsieur_le_Marquis ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  109. Qui est-ce qui vous dit le contraire ? (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  110. Il est vrai, c'était de vous dont il m'entretenait ; il songeait à vous proposer ce mariage. (Acte 1, scène 11, LA COMTESSE)
  111. J'en conviens ; mais le temps se passe ; on est distrait ; on ne sait pas si les gens sont de votre avis. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  112. Vous êtes bien modeste. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  113. Voilà qui est donc arrêté, et je vais l'annoncer au Chevalier qui entre. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  114. Il accepte ma main, mais de mauvaise grâce ; ce n'est qu'une ruse, ne vous effrayez pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  115. Madame, il ne me reste plus d'espérance, sans doute ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  116. Oui, Chevalier, je l'épouse ; la chose est conclue, et le ciel vous destine à une autre qu'à moi. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  117. Oui, c'est cela même ; mais il vient de me l'avouer, et il l'avait confié à Madame. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  118. est donc la plaisanterie, Hortense ? (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  119. J'en suis fâché, mais mettez-vous à ma place ; il y a un testament, vous le savez bien ; je ne peux pas faire autrement. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  120. Sans le testament, vous n'aimeriez peut-être pas autant que moi. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  121. N'est-ce pas trop risquer ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  122. Dans l'état où je suis, Marquis, achevez de me prouver que mon malheur est sans remède. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  123. J'entends bien ce que le Chevalier veut dire ; c'est qu'il espère toujours que nous ne nous marierons pas, Monsieur_le_Marquis ; n'est-ce pas, Chevalier ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  124. Vous m'excuserez ; vous n'êtes pas convaincu, vous ne l'êtes pas ; et comme il faut, m'avez-vous dit, que vous alliez demain à Paris pour y prendre des mesures nécessaires en cette occasion-ci, vous voudriez, avant que de partir, savoir bien précisément s'il ne vous reste plus d'espoir ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  125. Voilà ce que c'est ; vous avez besoin d'une entière certitude ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  126. Monsieur_le_Marquis, nous ne sommes qu'à une lieue de Paris ; il est de bonne heure ; envoyez Lépine chercher un notaire, et passons notre contrat aujourd'hui, pour donner au Chevalier la triste conviction qu'il demande. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  127. Mais qui est-ce qui songeait à avoir un notaire aujourd'hui ? (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  128. Vous aurez la bonté d'attendre à demain, Monsieur le Chevalier ; vous n'êtes pas si pressé ; votre fantaisie n'est pas d'une espèce à mériter qu'on se gêne tant pour elle ; ce serait ce soir ici un embarras qui nous dérangerait. (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  129. Il est donc bien ragoûtant de voir sa maîtresse mariée à son rival ? (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  130. Comme Monsieur voudra, au reste ! (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  131. Moi, ce n'est que pour rendre service. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  132. Qui est-ce qui m'appelle ? (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  133. Ce qu'elle conte est-il vrai, Monsieur ? (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  134. C'est pourtant le dernier qu'on veut. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  135. Ce n'est pas la peine que je voyage pour avoir le vôtre ; je le compte pour mort. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  136. Il n'y a qu'à vous taire ; car si celui de Monsieur est mort, le mien l'est aussi. (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  137. Il est certain que je lui ai écrit ; mais aussi ne m'a-t-il point fait de réponse. (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  138. Non, Madame ; si je monte à cheval, c'est autant de resté par les chemins. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  139. Est-ce que vous êtes mort aussi ? (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  140. Ce garçon qui est tout froissé, qui a roulé un étage, je m'étonne qu'il ne soit pas au lit. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  141. Pars si tu peux, au reste. (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  142. Allez, partez, Lépine ; on n'est point fatigué dans une chaise. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  143. Voilà ce qu'on appelle un excellent domestique ! (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  144. Tout est consulté, Monsieur ; adieu. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  145. Chevalier, vous voyez bien qu'il ne m'est plus permis de vous écouter. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  146. C'est le diable qui m'en veut. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  147. Non ; mais elle est assez mutine pour vous épouser. (Acte 1, scène 16, LA COMTESSE)
  148. Mais c'est que j'ai une proposition à vous faire, et qui est tout à fait raisonnable. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  149. Votre amour n'est pas aussi vrai que vous me l'avez dit. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  150. Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante ; ainsi, tenez, accommodons-nous plutôt. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  151. Partageons le différend en deux ; il y a deux cent mille francs sur le testament ; prenez-en la moitié, quoique vous ne m'aimiez pas, et laissons là tous les notaires, tant vivants que morts. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  152. C'est le plus court et je m'en retourne. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  153. Et moi je dirai que je vous aime ; qui est-ce qui me prouvera le contraire dès que je vous accepte ? (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  154. Je soutiendrai que c'est vous qui ne m'aimez pas, et qui même, dit-on, en aime une autre. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  155. L'odieuse contestation ! (Acte 1, scène 17, LA COMTESSE)
  156. C'est s'égorger que se marier comme vous faites, et je ne prêterai jamais ma maison pour une si funeste cérémonie ; vos fureurs iront se passer ailleurs, si vous le trouvez bon. (Acte 1, scène 17, LA COMTESSE)
  157. Comtesse, la Marquise est votre voisine ; nous irons chez elle. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  158. Restez, Chevalier ; parlons un peu de ceci. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  159. C'est une chose affreuse ! (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  160. Je ne m'en soucie guère ; elle sera ma femme, mais en revanche je serai son mari ; c'est ce qui me console, et ce sont plus ses affaires que les miennes. (Acte 1, scène 18, LE MARQUIS)
  161. Vous qui êtes né généreux, Chevalier, et qui avez du pouvoir sur elle, retenez-la ; faites-lui, par pitié, entendre raison, si ce n'est par amour. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  162. Il faut que j'aie mal entendu ; car je vous estime. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  163. Je dis que je ne puis rien là-dedans, et que c'est ma tendresse qui me défend de la résoudre à ce que vous souhaitez. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  164. Si je l'épouse, elle ne le serait pas assez avec la fortune que j'ai ; la douceur de notre union s'altérerait ; je la verrais se repentir de m'avoir épousé, de n'avoir pas épousé Monsieur, et c'est à quoi je ne m'exposerai point. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  165. Est-ce vous qui me parlez, Chevalier ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  166. Moi qui vous estimais ! (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  167. Non ; voilà qui est fini, je ne saurais le mépriser davantage. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  168. À l'égard du reste, on tâchera de vous la faire. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  169. À l'exception de vous, toute femme m'est égale ; brune, blonde, petite ou grande, tout cela revient au même, puisque je ne vous ai pas, que je ne puis vous avoir, et qu'il n'y a que vous que j'aimais. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  170. Voyez donc comment vous ferez ; car enfin, est-ce une nécessité que je vous épouse à cause de la situation désagréable où vous êtes ? (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  171. Ce n'est pas votre faute si je vous aime, et je ne prétends pas que vous m'aimiez ; je ne vous en parle point non plus. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  172. Vous faites fort bien, Monsieur ; votre discrétion est tout à fait raisonnable ; je m'y attendais, et vous avez tort de croire que je vous fais plus ridicule que vous ne l'êtes. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  173. Tout le mal qu'il y a, c'est que j'épouserai cette fille-ci avec un peu plus de peine que je n'en aurais eu sans vous. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  174. Qu'on me dise en vertu de quoi cet homme-là s'est mis dans la tête que je ne l'aime point ! (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  175. Je suis quelquefois, par impatience, tentée de lui dire que je l'aime, pour lui montrer qu'il n'est qu'un idiot. (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  176. Il est vrai qu'avec l'esprit tourné comme il l'a, il est homme à te punir de l'avoir bien servi. (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  177. C'est cependant mon excellence qui fait aujourd'hui que je chancelle dans mon poste. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  178. Tout estimé que je suis de la plus aimable Comtesse, elle verra qu'on me supprime. (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  179. Lisette est une jolie petite personne ! (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  180. Cette prudence ne vous rit pas, elle vous répugne ; votre belle âme de comtesse s'en scandalise ; mais tout le monde n'est pas comtesse ; c'est une pensée de soubrette que je rapporte. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  181. Lisette n'a point de bien, et c'est avec de petits sentiments qu'on en amasse. (Acte 1, scène 21, L?PINE)
  182. Mademoiselle, vous allez trouver le temps orageux ; mais ce n'est qu'une gentillesse de ma façon pour obtenir votre coeur. (Acte 1, scène 22, LÉPINE)
  183. C'est donc vous ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  184. Je ne sais pas en quoi je le mérite ; mais ce qui est de certain, c'est que, toute réflexion faite, je venais pour vous le conseiller. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  185. Qu'est-ce que c'est que mes profits ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  186. Penserait-on que je serai peut-être obligée de me remarier, pour échapper à la fourberie et aux services intéressés de mes domestiques ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  187. Surtout avec le Marquis, qui, de son côté, est le meilleur homme du monde ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  188. Ainsi, qu'est-ce que j'y perdrais ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  189. Et enfin, je pense si différemment, que je venais actuellement, comme je vous l'ai dit, tâcher de vous porter au mariage en question, parce que je le juge nécessaire. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  190. Voilà qui est bien, je vous crois. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  191. Je ne savais pas que Lépine vous aimait ; et cela change tout, c'est un article qui vous justifie. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  192. Qu'est-ce que tu voulais me dire ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  193. Que je songeais que le Marquis est un homme estimable. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  194. Cela est encore vrai ; ce n'est pas là ce que je dispute. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  195. Savez-vous bien que c'est peut-être le seul homme qui vous convienne ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  196. N'est-ce pas assez, vraiment ! (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  197. Si, pour vous marier, vous attendez qu'il vous en vienne, vous resterez toujours veuve ; et à proprement parler, ce n'est pas lui que je vous propose d'épouser, c'est son caractère. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  198. Qui est admirable, j'en conviens. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  199. Oui, c'est une bonne action que je ferai, et il est louable d'en faire autant qu'on peut. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  200. Sais-tu ce qui est arrivé ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  201. En un mot, je le déteste, je suis furieuse contre son amour ; voilà d'où il part ; moyennant quoi je ne saurais le désabuser sans lui dire : Monsieur, vous ne savez ce que vous dites. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  202. C'est une autre affaire : vous avez raison ; ce n'est point ce que je vous conseille non plus, et il n'y a qu'à le laisser là. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  203. Peut-être n'a-t-il pas tant de tort, et que c'est ma faute. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  204. J'y pensais : c'est ce que j'allais vous dire. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  205. Apparemment, ce n'est pas vous qui vous en avisez, c'est moi. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  206. Si je l'épouse, c'est à toi à qui il en aura l'obligation ; et je prétends qu'il le sache, afin qu'il t'en récompense. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  207. Je vous quitte pour chercher Lépine, mais ce n'est pas la peine ; je vois le Marquis, et je vous laisse. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  208. Oui, c'est en faveur de Lépine. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  209. Il n'a voulu que vous rendre service ; il craint que vous ne le congédiiez, et vous m'obligerez de le garder ; c'est une grâce que vous ne me refuserez pas, puisque vous dites que vous m'aimez. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  210. Oui, la chose est fort plaisante ! (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  211. Ce n'est non plus à moi que vous répondez, qu'à qui ne vous parla jamais ; et cependant Monsieur se plaint ! (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  212. C'est que Monsieur est un extravagant. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  213. C'est du moins le plus insupportable homme que je connaisse. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  214. Tenez ; vous dites que vous m'aimez, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  215. Voilà qui est bien difficile à deviner. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  216. Parbleu, vous le savez de reste. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  217. Est-ce là me répondre ? (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  218. Votre billet est-il prêt, Marquis ? (Acte 1, scène 25, HORTENSE)
  219. Oui ; c'est pour la remercier du peu de regret que j'ai aux deux cent mille francs que je vous donne. (Acte 1, scène 25, LE MARQUIS)

LA RÉUNION DES AMOURS (1732)

  1. Qui est-ce qui a l'audace de porter comme moi un carquois et des flèches ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  2. N'est-ce pas là Cupidon, cet usurpateur de mon empire ? (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  3. Qu'il est laid ! (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  4. Le compliment est sec ; mais je vous le pardonne. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  5. Un proscrit n'est pas de bonne humeur. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  6. Malepeste ! (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  7. Que cela est beau ! (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  8. C'est-à-dire que vous n'avez fui que parce que vous étiez glorieux : et vous êtes un héros fuyard. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  9. Est-ce que vous vous ennuyez dans votre solitude ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  10. Ce n'est plus de même. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  11. Allons, dit-on, je vous aime ; voyez ce que vous pouvez faire pour moi, car le temps est cher ; il faut expédier les hommes. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  12. Langueurs, timidité, doux martyre, il n'en est plus question. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  13. Elle a sa charge, et moi la mienne ; elle est faite pour régir l'univers, et moi pour l'entretenir, déterminez-vous, vous dis-je : mais je ne vous prends qu'à condition que vous quitterez je ne sais quel air de dupe que vous avez sur la physionomie. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  14. Un peu de mutinerie dans les yeux ; les vôtres prêchent la résistance : est-ce là la contenance d'un vainqueur ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  15. Bonjour, Plutus ; seigneur Mercure, il y a aujourd'hui assemblée générale et c'est vous qui avez averti tous les dieux, de la part de Jupiter, de se trouver ici. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  16. Il est vrai. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  17. Est-ce que je ne suis pas une divinité assez considérable ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  18. Ce n'est pas là un grand malheur. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  19. Apparemment que c'est elle qui vous a aussi chargé du soin d'aller chercher le dieu de la tendresse, lui dont on ne se ressouvenait plus ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  20. On n'est plus dans le goût de l'amoureux martyre ; on ne l'a retenu que dans les chansons. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  21. Le métier de cruelle est tombé ; ne t'embarrasse pas de ton rival ; je ne veux que de l'or pour le battre, moi. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  22. Point d'étourderie ; Jupiter est le maître : on pourrait bien vous casser, car on n'est pas trop content de vous. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  23. C'est-à-dire que les femmes sont bien aises d'être courues ? (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  24. Voilà ce que c'est. (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  25. Est-ce ma faute ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  26. Ce n'est point à moi à vous donner des leçons ; mais prenez-y garde : ce sont les hommes, ce sont les femmes qui crient, qui disent que c'est vous qui passez les contrats de la moitié des mariages. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  27. Ce sont des malices qui ne finissent point ; sans compter votre libertinage : car Bacchus, dit-on, vous fait faire tout ce qu'il veut ; Plutus, avec son or, dispose de votre carquois ; pourvu qu'il vous donne, toute votre artillerie est à son service, et cela n'est pas joli ; ainsi, tenez-vous en repos, et changez de conduite. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  28. Celui-là est comique ! (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  29. Oubliez-vous que c'est moi qui met tout en mouvement, que c'est moi qui donne la vie ; qu'il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus sémillant, plus vivant que tous les dieux ensemble ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  30. Je n'aime pas les dispositions où je vois que Minerve est pour lui. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  31. Vous entendre raisonner tous les deux sur la nature de vos feux, pour juger lequel de vos dons on doit préférer dans cette occasion ici : et c'est de quoi même je suis chargé de vous informer. (Acte 1, scène 4, APOLLON)
  32. C'est, parbleu ! (Acte 1, scène 4, CUPIDON)
  33. Bien dit ; je vais me recueillir chez Bacchus ; il y a du vin de Champagne qui est d'une éloquence admirable ; j'y trouverai mon plaidoyer tout fait. (Acte 1, scène 4, CUPIDON)
  34. Il a beau dire ; le vent du bureau n'est pas pour lui, et je me défie du succès. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  35. Cela est bien différent ; les chansons ne seront plus si jolies. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  36. Cela est bien plat. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  37. Est-ce qu'il faut un commentaire à Mercure ? (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  38. Tout le monde est au fait d'une action. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  39. Oui, tout le monde gesticule. (Acte 1, scène 5, MERCURE)
  40. Il y a des coeurs matériels qui n'entendent un sentiment que lorsqu'il est mis sur un canevas bien intelligible. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  41. C'est Philis qu'on attaque, qui combat, qui se défend mal ; c'est un beau bras qu'on saisit ; c'est une main qu'on adore et qu'on baise ; c'est Philis qui se fâche ; on se jette à ses genoux, elle s'attendrit, elle s'apaise ; un soupir lui échappe : Ah ! (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  42. Des regards, des ardeurs, des douceurs ; cela est charmant. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  43. Il est temps de venir, Déesse ; l'assemblée va se tenir bientôt. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  44. Je me suis seulement amusée un instant à parler à Minerve sur le choix qu'elle a fait de certains dieux pour la cérémonie dont il est question. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  45. Cela est net. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  46. Il ne vous en coûtera pas plus de savoir le reste. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  47. C'est que vous flattez, que vous mentez, et que vous êtes un corrupteur des âmes humaines. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  48. Laissez-la achever ; ce qu'elle dit est amusant. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  49. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  50. Vous rougissez ; mais ce n'est pas de vos vices ; ce n'est que du reproche que je vous en fais. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  51. Car enfin, n'est-ce pas vous qui dictez tous les éloges flatteurs qui se débitent ? (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  52. J'ai remarqué que la fiction vous réussit mieux que le reste. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  53. On est toujours mal loué de lui, dès qu'on mérite de l'être. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  54. Quand j'ouvre un livre, et que je vois le nom d'une vertueuse personne à la tête, je m'en réjouis ; mais j'en ouvre un autre, il s'adresse à une personne admirable ; j'en ouvre cent, j'en ouvre mille ; tout est dédié à des prodiges de vertu et de mérite. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  55. En un mot, il y a mille épîtres où vous vous écriez : Que votre modestie se rassure, Monseigneur. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  56. Il me faut donc mille Monseigneurs modeste. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  57. On ne sent point qu'on est menteur, quand on a l'habitude de l'être. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  58. La réponse est consolante. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  59. Et ce qu'il y a de plaisant, c'est que ceux que vous travestissez prennent le masque que vous leur donnez pour leur visage. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  60. C'est sur ce pied-là qu'elle se montre ; et la charmante Iris est une guenon qui vous ferait peur. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  61. Malepeste ! (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  62. C'est l'article de tout le monde. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  63. Le plus grand des mortels, c'est le Prince qui l'aime et qui la cherche ; je mets presque à côté de lui le sujet vertueux qui ose la lui dire. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  64. Et le plus heureux de tous les peuples est celui chez qui ce Prince et ce sujet se rencontrent ensemble. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  65. Au reste, Apollon, tout ce que je vous dis là ne signifie pas que je vous craigne. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  66. Vous savez aujourd'hui de quel Prince il est question. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  67. C'en est fait, je me rends, Déesse, et je me raccommode avec vous. (Acte 1, scène 6, APOLLON)
  68. Ce que c'est que les gens d'esprit ! (Acte 1, scène 7, MERCURE)
  69. Mais qu'est-ce que c'est que mes défauts ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  70. À votre place, je ne ferais point cette question-là. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  71. Sage Minerve, vous devant qui je m'estime heureux de réclamer mes droits... (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  72. C'en est trop. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  73. Divinité scandaleuse, dont le culte est un crime, à qui la seule corruption des hommes a dressé des autels ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  74. Funeste auteur des plus honteuses flétrissures des hommes, qui, pour récompense à ceux qui vous suivent, ne leur laissez que le déshonneur, le repentir et la misère en partage : osez-vous vous comparer à moi, au dieu de la plus noble, de la plus estimable, de la plus tendre des passions et j'ose dire, de la plus féconde en héros ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  75. Est-ce que vous croyez que la terre ne se passera pas bien de ces messieurs-là ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  76. On est bien dupe de les admirer, puisqu'on en paie la façon. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  77. Il est beau de l'être ; mais la raison n'admire que les sages. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  78. Qu'est-ce que c'était autrefois que l'envie de plaire ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  79. Je vous en atteste vous-même. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  80. Qu'est-ce que c'était que l'amour ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  81. L'espoir de plaire, l'impossibilité d'y arriver autrement que par la vertu, forçaient son âme à devenir estimable. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  82. De mon temps, la Pudeur était la plus estimable des Grâces. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  83. Il ne faut pas faire tant de bruit ; c'est encore de même. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  84. Mais je m'appelle l'Amour ; mon métier n'est pas d'avoir soin d'elle. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  85. Voilà ses officiers ; c'est à eux à la défendre du danger qu'elle court ; et ce danger, c'est moi. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  86. Quand je la bats, elle me le pardonne : quand elle me bat, je ne l'en estime pas moins, et elle ne m'en hait pas davantage. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  87. C'est sur la bataille des contraires que tout roule dans la nature. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  88. N'est-il pas condamnable ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  89. Minerve, toute la nature est intéressée à ce que vous renvoyiez ce vieux garçon-là. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  90. Autant en emporte le vent : et rien ne reste que des romans de douze tomes. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  91. Vous me reprochez ma naissance, parce qu'elle n'est pas méthodique, et qu'il y manque une petite formalité, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  92. Mon enfant, c'est en quoi elle est excellente, admirable ; et vous n'y entendez rien. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  93. Ceci est nouveau. (Acte 1, scène 10, MERCURE)
  94. La nature avait besoin d'un Amour, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  95. Cela n'est pas vrai ; je donne de l'amour, voilà tout : le reste vient du coeur des hommes. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  96. J'allume le feu ; c'est à la raison à le conduire : et je m'en tiens à mon métier de distributeur de flammes au profit de l'univers. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  97. C'est l'avis de Minerve. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  98. Vous me direz, après, laquelle vous aura paru du caractère le plus estimable ; et je jugerai par là lequel de leurs dons peut entraîner le moins d'inconvénients dans l'âme du Prince. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  99. L'expédient est très bon. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  100. C'est bien dit, point de prévention. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  101. Il est bien humiliant pour moi de me voir tant de fois réduit à lutter contre lui. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  102. C'est le brodequin qui épouvante le cothurne. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  103. Le pas est réglé entre vous. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  104. C'est à l'Amour à commencer. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  105. Il est la tragédie, lui ; moi, je ne suis que la petite pièce. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  106. Ils n'ont osé se produire que dans mes timides regards ; mais il n'est plus temps de feindre, ni de vous dérober votre victime. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  107. Voilà qui est bien ; votre langage est décent. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  108. Oui-da ; cette flamme, avec les rigueurs de Madame, la témérité qu'on accable à cause de cette audace qui met en courroux, en dépit de l'espérance qu'on n'a point, avec cette victime qui vient brocher sur le tout : cela est très beau, très touchant, assurément. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  109. Ce n'est pas votre sentiment qu'on demande. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  110. Ce n'est pas la peine. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  111. Je vous dis la vérité ; ce n'est pas d'aujourd'hui que vous me touchez. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  112. Je sens que tout mon coeur vous est dû. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  113. C'est l'Amour à vos genoux qui vous parle. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  114. Il est soumis : il ne veut que vous fléchir. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  115. Je la tenais déjà par la main, toute Vertu qu'elle est : et si elle me donnait encore un quart_d_heure d'audience, je vous la garantirais mal nommée. (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  116. Oui ; mais la Vertu est sage, et vous fuit. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  117. Qu'est-ce donc, seigneur Mercure ? (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  118. Je suis sûr que c'est Minerve qui va venir vous donner votre congé. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  119. C'est elle-même. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  120. Avec votre confrère, l'âme est trop tendre, il est vrai ; mais avec vous, elle est trop libertine. (Acte 1, scène 14, MINERVE)
  121. Au reste, ce n'est pas un conseil que je vous donne ; c'est un ordre de Jupiter que je vous annonce. (Acte 1, scène 14, MINERVE)

LA FEMME FIDÈLE (1750)

  1. Le jardin est bien changé depuis dix ans, et nous allons savoir si nos femmes sont de même. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Regarde, n'est-ce pas là mon jardinier qui vient à nous ? (Acte 1, scène 1, LE MARQUIS)
  3. C'est Colas que Madame a conservé ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. Qu'est-ce qui vous a dit mon nom, bonhomme ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  5. C'est le village. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  6. Et qu'est-ce que vous voulez ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  7. Faut-il entrer comme ça dans le jardin des personnes sans demander ni quoi ni qu'est-ce ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  8. Le pauvre Monsieur_le_Marquis, je savons bian qu'il est défunt, vous ne nous apprenez rian de nouviau, il y a déjà queuque temps que j'avons reçu le darnier certificat de son trépassement. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  9. C'est la peste qui a étouffé Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  10. Il a raison ; c'est cette contagion qui a emporté tant de captifs. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  11. C'est un hasard que noute dame n'en a perdu l'esprit ; la mort de l'homme fut quasiment l'entarement de la femme ; et depuis qu'alle est réchappée, alle a biau faire, cette misérable perte lui est toujours restée dans le coeur. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  12. C'est l'effet de votre bonté : car vous paraissez bian caduc et bien cassé. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  13. Il m'est avis que c'est de vilain monde ; eh ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  14. Dites-moi, braves gens, ce pauvre Frontin qui s'embarquit de compagnie avec noute maître, que lui est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  15. Est-il mort emporté itou ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  16. Est-ce qu'ous êtes Frontin ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  17. C'est qu'il porte le même nom. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  18. C'est li, vous dis-je... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  19. C'est encore vous ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  20. C'est Monsieur_le_Marquis, c'est Frontin ; je me moque des barbes, ce n'est que des manigances ; je sis trop aise, ça me transporte, il faut que je crie... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  21. Faut que tout le village danse, c'est moi qui mènerai le branle ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  22. Ne crie point ; tais-toi, Maître Colas, tais-toi ; oui, c'est moi ; mais je t'ordonne de me garder le secret, je te l'ordonne. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  23. J'ai mes raisons : tu sais combien j'aimais la Marquise ; il n'y avait qu'un mois que nous étions mariés, quand je fus obligé de la quitter pour ce malheureux voyage en Sicile, au retour duquel nous fûmes pris par un corsaire d'Alger ; nous avons depuis passé dix ans dans de différents esclavages, sans qu'il m'ait été possible de donner de mes nouvelles à la Marquise, et, malgré cette longue absence, je reviens toujours plein d'amour pour elle, fort en peine de savoir si ma mémoire lui est encore chère, et c'est avec l'intention d'éprouver ce qui en est que j'ai pris ce déguisement. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  24. Il est certain qu'alle vous aime autant que ça se peut pour un trépassé, et drès qu'alle vous varra, qu'alle vous touchera, mon avis est qu'il y aura de la pâmoison dans la revoyance. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  25. Mon enfant, qu'est-ce que c'est que ça, queu train menez-vous donc ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  26. Il est vrai que vout'homme est mort ; mais il en reste tant d'autres ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  27. À la parfin, il y a deux ans, je pense, que la mère, vers la moisson, amenit au château une troupe de monde, parmi quoi il y avait un grand monsieur qui en fut affolé drès qu'il l'envisagit, et c'est c'ti-à qui va la prendre pour femme... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  28. Garde-moi le secret, Colas ; et toi, Frontin, reste ici et dis à la Marquise qu'un gentilhomme qui arrive d'Alger, et qui est dans ce village, envoie savoir s'il peut la voir pour lui parler de feu son mari. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  29. Est-ce là ce grand monsieur qui s'emploie à ravigoter la Marquise ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Personne n'est averti, ma fille... (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  31. Qu'est-ce que c'est que ce vieillard-là ? (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  32. C'est un captif, si je ne me trompe. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  33. Est-ce là où vous avez été captif ? (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  34. C'est un pays où Monsieur_le_Marquis d'Ardeuil est mort ; peut-être l'avez-vous connu ? (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  35. J'ai surtout connu son valet, Frontin, qui est aussi, et qui se privait de tout pour le faire vivre. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  36. Oui, oui, ce Frontin était un domestique affectionné. (Acte 1, scène 3, MADAME ARGANTE)
  37. Je ne saurais le récompenser, puisqu'il n'est plus. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  38. Cet entretien, en un tel jour, est bien mal à propos, et je souhaiterais qu'on nous l'épargnât. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  39. Mon maître m'envoie demander s'il peut voir Madame la Marquise : c'est un gentilhomme des plus respectables et des plus décrépis. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  40. Refuser de recevoir un homme qui a été l'ami de mon mari, et qui vient exprès ici pour m'en parler, vous n'y songez pas, Dorante ; ce n'est point là me connaître. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  41. Allez, Colas, allez avec ce domestique dire de ma part à son maître qu'il me fera beaucoup d'honneur, et que je l'attends. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  42. Il est vrai... (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  43. Ce n'est point un amant, c'est un époux que je regrette ; vous l'avez connu, vous m'avez avoué vous-même qu'il méritait mes regrets ; ne lui enviez point mes larmes, elles ne prennent rien sur les sentiments que j'ai pour vous : vous êtes peut-être le seul homme du monde à qui je puisse consentir de me donner après avoir été à lui, et vous devez être content. (Acte 1, scène 4, LA MARQUISE)
  44. Vous vous trompez, Monsieur, ce n'est point moi que ceci regarde, c'est ma fille que voici. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  45. D'autant que le vin du cabaret est détestable. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  46. Il est vrai qu'on ne saurait être plus unis que nous l'avons été, Monsieur_le_Marquis et moi... (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  47. Je vous demande pardon si je m'attendris moi-même ; je trouble peut-être quelque engagement nouveau : il me semble que ma commission n'est pas ici au gré de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  48. Mon ami est donc heureux de ne plus vivre et d'avoir ignoré ce mariage ; du moins est-il mort avec la douceur de penser que Madame serait inconsolable. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  49. Avec votre permission, Monsieur, cette pensée dans laquelle il est mort ne valait rien du tout ; le ciel nous préserve qu'elle soit exaucée ! (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  50. Remettons plutôt ce qui me reste à vous dire, Madame ; vous serez peut-être seule une autre fois, et je reviendrai. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  51. Eh non, Monsieur, achevons ; que peut-il vous rester tant ? (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  52. Le Marquis l'aimait beaucoup, il vous l'a dit, il est mort en vous le répétant, ce doit être là tout, il ne saurait guère y en avoir davantage. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  53. Voici toujours un portrait qui est de vous, Madame, qu'il emporta d'ici en vous quittant, qu'il m'a recommandé de vous rendre, que nos patrons, tout barbares qu'ils sont, n'ont pas eu la cruauté d'arracher à sa tendresse, et qu'il a conservé mille fois plus chèrement que sa vie. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  54. Je le reconnais, c'est le dernier gage qu'il reçut de mon amour, et il l'a gardé jusqu'à la mort. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  55. Il m'est permis de le souhaiter. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  56. Il m'est échappé de vous dire qu'il vous priait de ne le donner à personne. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  57. Laissez-moi me conformer à ce qu'il a désiré, Dorante ; c'est un respect que je lui dois. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  58. Il faut l'excuser ; il est devenu familier à force d'être mon camarade. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  59. Abrégez avec elle, et ménagez sa faiblesse là-dessus : à quoi bon l'attendrir pour un homme qui n'est plus au monde ? (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  60. Il est vrai que c'était un homme de mérite, un homme estimable, il avait des qualités... (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  61. Mais enfin il n'est plus, et si vous connaissiez Monsieur, vous verriez qu'elle ne perd pas au change. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  62. Madame est prévenue en ma faveur. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  63. Il ne m'est pas possible : j'ai fait serment de la remettre, il y va de mon honneur. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  64. Ce n'est pas mon dessein, Madame. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  65. Et plus étrange encore le vieillard qui s'en est chargé ! (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  66. N'est-ce pas que c'est une brave femme que voute femme ? (Acte 1, scène 7, COLAS)
  67. Je vous avartis qu'alle se lamente là-bas dans ce petit cabinet de vardure, alle a la face toute trempée : j'ons vu ses deux yeux qui vont quasiment comme des arrosoirs, c'est une piquée. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  68. Il n'y a rian là de biau à voir, la curiosité est bian chetite. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  69. Est-ce là la dernière mode de là-bas ? (Acte 1, scène 9, JEANNOT)
  70. Oui, oui, ça est juste : faut pas que les gens du dehors sachiont les petites broutilles du ménage ; j'allons nous jeter de côté, Jeannot et moi. (Acte 1, scène 9, COLAS)
  71. Est-ce qu'il y a du massacre ici ? (Acte 1, scène 11, COLAS)
  72. Ah çà, dites-nous, mon bonhomme, votre maître prétend-il rester longtemps ici ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  73. C'est un homme intrépide ! (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  74. Il me semble lui avoir entendu dire qu'il avait vu mourir le Marquis, et il ne nous refusera pas de l'assurer à ma fille, si son maître disait le contraire ; il sera bien aise de nous servir ; n'est-ce pas, bonhomme ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  75. J'y suis, c'est de l'argent qu'il demande. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  76. Eh bien, Monsieur, nous voici seuls, et vous pouvez en liberté me parler de mon mari ; ne prenez point garde à ma douleur, elle m'est mille fois plus chère que tous les plaisirs du monde. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  77. Quel motif avez-vous pour me cacher le reste ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  78. Ce que vous voulez savoir n'est fait que pour une épouse qui serait restée veuve, Madame. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  79. Vous allez cependant donner votre main à un autre, Madame, et ce n'est point à moi à y trouver à redire ; mais je ne saurais m'empêcher d'être sensible à la consternation où il en serait lui-même... (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  80. Ce n'est pas un crime, et cependant il en mourrait, Madame. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  81. Je finis ma vie dans les plus grands malheurs, me disait-il ; mais mon coeur a joui d'un bien qui les a tous adoucis : c'est la certitude où je suis que la Marquise n'aimera jamais que moi. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  82. J'aime votre sensibilité, et je la respecte, mais vous n'êtes pas instruit ; c'est l'ami de mon mari même que je vais prendre pour juge : ne vous imaginez pas que mon coeur soit coupable ; que le vôtre ne gémisse point, le Marquis n'est point trompé. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  83. Il est question d'un mariage, Madame, et, suivant toute apparence, vous ne vous mariez pas sans amour. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  84. Vous me trouvez prête à terminer un mariage, et je ne vous dis pas que je haïsse celui que j'épouse ; non, je ne le hais point, j'aurais tort : c'est un honnête homme. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  85. C'est d'ailleurs un homme qui depuis près de deux ans vit avec moi dans un respect, dans une soumission, avec une déférence pour ma douleur, enfin dans des chagrins, dans des inquiétudes pour ma santé qui est considérablement altérée, dans des frayeurs de me voir mourir, qu'à moins d'avoir une âme dépouillée de tout sentiment, cela a dû faire quelque impression sur moi ; mais quelle impression, Monsieur ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  86. Dites donc que j'y consens, ce qui est bien différent, et que j'y consens tourmentée par une mère à qui je suis chère, qui me doit l'être, qui n'a jamais rien aimé tant que moi, et que mes refus désolent. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  87. On n'est pas toujours la maîtresse de son sort, Monsieur, il y a des complaisances inévitables dans la vie, des espèces de combats qu'on ne saurait toujours soutenir. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  88. Est-ce là de l'amour ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  89. Est-ce là oublier le Marquis ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  90. Est-ce là épouser avec tendresse ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  91. C'est le seul bien qui me restait, et c'est après vous le seul que je regrette. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  92. Consolez-vous, vivez, mais restez libre ; c'est pour vous que je vous en conjure : personne ne saurait le prix de votre coeur. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  93. Oui, Madame, on s'est trompé ; il est vrai que la plus grande partie des captifs mourut à Alger pendant que nous y étions ; mais nous trouvâmes le moyen de nous sauver, et c'est notre disparition qui a fait l'erreur : je suis dans le même cas, et le Marquis mourut dans notre fuite, ou du moins il se mourait quand je fus obligé de le quitter. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  94. Tout mon coeur est à lui. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  95. est-il ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  96. Menez-moi où il est. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  97. Non, je vous suis aussi cher qu'il vous l'est lui-même. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  98. Qu'est-ce que c'est donc ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  99. Ma fille, je vous avertis que nous faisons arrêter cet homme-là qui refuse par pur intérêt de certifier que le Marquis est mort. (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  100. C'est lui-même ! (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  101. Oui, ma mère, c'est lui, c'est lui que je tiens et que j'embrasse. (Acte 1, scène 17, LA MARQUISE)
  102. Monsieur, je n'ai plus rien à dire, jugez de mon embarras, et je me sauve bien confuse de tout ce qui s'est passé. (Acte 1, scène 17, MADAME ARGANTE)
  103. Personne ici n'est plus déplacé que moi. (Acte 1, scène 17, DORANTE)
  104. Mon ami le défunt, commençons par aller boire sur votre testament. (Acte 1, scène 17, COLAS)

L'ÉCOLE DES MÈRES (1732)

  1. Oui, vous voilà fort bien déguisé, et avec cet habit-là, vous disant mon cousin, je crois que vous pouvez paraître ici en toute sûreté ; il n'y a que votre air qui n'est pas trop d'accord avec la livrée. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Je crois que vous devez être content du zèle avec lequel je vous sers : je m'expose à tout, et ce que je fais pour vous n'est pas trop dans l'ordre ; mais vous êtes un honnête homme ; vous aimez ma jeune maîtresse, elle vous aime ; je crois qu'elle sera plus heureuse avec vous qu'avec celui que sa mère lui destine, et cela calme un peu mes scrupules. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Très tendrement, mais voici un domestique de la maison qui vient ; c'est Frontin, qui ne me hait pas, faites bonne contenance. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Avec un de mes parents qui s'appelle La Ramée, et dont le maître, qui est ordinairement en province, est venu ici pour affaire ; et il profite du séjour qu'il y fait pour me voir. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  5. C'est-à-dire un cousin ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  6. Qu'est-ce que tu veux dire avec ta tournure ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  7. Je veux dire que ce n'est, par ma foi, que de la fausse monnaie que tu me donnes, et que si le diable emportait ton cousin il ne t'en resterait pas un parent de moins. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  8. Il est pourtant nécessaire que je lui parle pour une affaire de famille qui ne te regarde pas. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Que les secrets de ta famille s'accommodent, moi, je reste. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  10. Honnête homme ou non, son honneur est de trop, dès qu'il récompense. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  11. Oui, je pense que c'est à peu près soixante ans qui en épousent dix-sept. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  12. Ce n'est qu'à regret qu'Angélique obéit, d'autant plus que le hasard lui a fait connaître un aimable homme qui a touché son coeur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  13. Tu l'as dit ; c'est cela même. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. Oui, mon enfant, c'est moi. (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  15. Ce n'est pas de l'entretien dont je doute : mais à quoi aboutira-t-il ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  16. Angélique est une Agnès élevée dans la plus sévère contrainte, et qui, malgré son penchant pour vous, n'aura que des regrets, des larmes et de la frayeur à vous donner : est-ce que vous avez dessein de l'enlever ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  17. Et dont l'extrémité ne vous ferait pas grand-peur, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  18. Mais tout coup vaille ; pour se mettre à son aise, il faut quelquefois risquer son honneur, il s'agit d'ailleurs d'une jeune victime qu'on veut sacrifier, et je crois qu'il est généreux d'avoir part à sa délivrance, sans s'embarrasser de quelle façon elle s'opérera : Monsieur payera bien, cela grossira ta dot, et nous ferons une action qui joindra l'utile au louable. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  19. Ne vous inquiétez de rien, je n'ai point envie d'enlever Angélique, et je ne veux que l'exciter à refuser l'époux qu'on lui destine : mais la nuit s'approche, où me retirerai-je en attendant le moment où je verrai Angélique ? (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  20. Comme on ne sait encore qui vous êtes, en cas qu'on vous fît quelques questions, au lieu d'être mon parent, soyez celui de Frontin, et retirez-vous dans sa chambre, qui est à côté de cette salle, et d'où Frontin pourra vous amener, quand il faudra. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  21. Allez tout à l'heure ; car il faut que je prévienne Angélique, qui assurément sera charmée de vous voir, mais qui ne sait pas que vous êtes ici, et à qui je dirai d'abord qu'il y a un domestique dans la chambre de Frontin qui demande à lui parler de votre part : mais sortez, j'entends quelqu'un qui vient. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Non, restez : c'est la mère d'Angélique, elle vous verrait fuir, il vaut mieux que vous demeuriez. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. est ma fille, Lisette ? (Acte 1, scène 3, MADAME-ARGANTE)
  24. Apparemment qu'elle est dans sa chambre, Madame. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  25. Qui est ce garçon-là ? (Acte 1, scène 3, MADAME-ARGANTE)
  26. Madame, c'est un garçon de condition, comme vous voyez, qui m'est venu voir, et à qui je m'intéresse parce que nous sommes fils des deux frères ; il n'est pas content de son maître, ils se sont brouillés ensemble, et il vient me demander si je ne sais pas quelque maison dont il pût s'accommoder... (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  27. Sa physionomie est assez bonne ; chez qui avez-vous servi, mon enfant ? (Acte 1, scène 3, MADAME-ARGANTE)
  28. Restez, Lisette. (Acte 1, scène 3, MADAME-ARGANTE)
  29. Ma fille vous dit assez volontiers ses sentiments, Lisette ; dans quelle disposition d'esprit est-elle pour le mariage que nous allons conclure ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  30. Madame, elle n'oserait vous en marquer, quand elle en aurait ; c'est une jeune et timide personne, à qui jusqu'ici son éducation n'a rien appris qu'à obéir. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  31. C'est, je pense, ce qu'elle pouvait apprendre de mieux à son âge. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  32. Vous savez qu'à peine ose-t-elle lever les yeux, tant elle a peur de sortir de cette modestie sévère que vous voulez qu'elle ait ; tout ce que j'en sais, c'est qu'elle est triste. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  33. Je le crois, c'est une marque qu'elle a le coeur bon : elle va se marier, elle me quitte, elle m'aime, et notre séparation est douloureuse. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  34. Ordinairement, pourtant, une fille qui va se marier est assez gaie. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  35. Cela est singulier. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  36. À l'égard du mari que je lui donne, je ne doute pas qu'elle n'approuve mon choix ; c'est un homme très riche, très raisonnable. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  37. Il est bien question de l'âge d'un mari avec une fille élevée comme la mienne ! (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  38. S'il n'en est pas question avec Mademoiselle votre fille, il n'y aura guère eu de prodige de cette force-là ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  39. Et pourquoi, de l'humeur dont elle est, ne serait-elle pas heureuse ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  40. C'est qu'elle ne sera point de l'humeur dont vous dites, cette humeur-là n'existe nulle_part. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  41. Ils seront donc bien modestes. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  42. Il n'est pas besoin de l'aller chercher, Madame, la voilà qui passe, et je vous laisse. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  43. Ne trouvez-vous pas qu'il est heureux pour vous d'épouser un homme comme Monsieur Damis, dont la fortune, dont le caractère sûr et plein de raison, vous assurent une vie douce et paisible, telle qu'il convient à vos moeurs et aux sentiments que je vous ai toujours inspirés ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  44. Oui : comment regardez-vous le mariage en question ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  45. Ce n'est pas que je doute que vous soyez contente, mais je voudrais vous l'entendre dire vous-même. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  46. C'est que ce que je dirais vous fâcherait peut-être. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  47. Est-ce que vous n'êtes point de mon sentiment ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  48. C'est que je n'ai point de dispositions dans le coeur. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  49. Qu'est-ce que rien ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  50. Car je commence à vous entendre : c'est-à-dire, ma fille, que vous n'avez point de volonté ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  51. Il n'est pas nécessaire ; vous faites encore mieux d'être comme vous êtes ; de vous laisser conduire, et de vous en fier entièrement à moi. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  52. Aussi voyez-vous que vous en êtes récompensée ; je ne vous donne pas un jeune extravagant qui vous négligerait peut-être au bout de quinze jours, qui dissiperait son bien et le vôtre, pour courir après mille passions libertines ; je vous marie à un homme sage, à un homme dont le coeur est sûr, et qui saura tout le prix de la vertueuse innocence du vôtre. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  53. Oui, grâces à mes soins, je vous vois telle que j'ai toujours souhaité que vous fussiez ; comme il vous est familier de remplir vos devoirs, les vertus dont vous allez avoir besoin ne vous coûteront rien ; et voici les plus essentielles ; c'est, d'abord, de n'aimer que votre mari. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  54. C'est une espèce de loi qu'on nous a imposée ; et qui dans le fond nous fait honneur, car entre deux personnes qui vivent ensemble, c'est toujours la plus raisonnable qu'on charge d'être la plus docile, et cette docilité-là vous sera facile ; car vous n'avez jamais eu de volonté avec moi, vous ne connaissez que l'obéissance. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  55. Je vous laisse, songez à tout ce que je vous ai dit ; et surtout gardez ce goût de retraite, de solitude, de modestie, de pudeur qui me charme en vous ; ne plaisez qu'à votre mari, et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  56. Je t'assure que non ; c'est bien assez qu'il m'épouse. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  57. C'est lui qui est aimable, qui est complaisant, et non pas ce Monsieur Damis que ma mère a été prendre je ne sais où, qui ferait bien mieux d'être mon grand-père que mon mari, qui me glace quand il me parle, et qui m'appelle toujours ma belle personne ; comme si on s'embarrassait beaucoup d'être belle ou laide avec lui : au lieu que tout ce que me dit Eraste est si touchant ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  58. On voit que c'est du fond du coeur qu'il parle ; et j'aimerais mieux être sa femme seulement huit jours, que de l'être toute ma vie de l'autre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  59. On dit qu'il est au désespoir, Eraste. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  60. Je sais bien qu'il sera inconsolable : N'est-on pas bien à plaindre, quand on s'aime tant, de n'être pas ensemble ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  61. Ma mère dit qu'on est obligé d'aimer son mari ; eh bien ! (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  62. Il est encore temps ; vous êtes d'une vivacité étonnante avec moi, et vous tremblez devant votre mère. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  63. Il faudrait lui dire ce soir : Cet homme-là est trop vieux pour moi ; je ne l'aime point, je le hais, je le haïrai, et je ne saurais l'épouser. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  64. Tu as raison : mais quand ma mère me parle, je n'ai plus d'esprit ; cependant je sens que j'en ai assurément ; et j'en aurais bien davantage, si elle avait voulu ; mais n'être jamais qu'avec elle, n'entendre que des préceptes qui me lassent, ne faire que des lectures qui m'ennuient, est-ce là le moyen d'avoir de l'esprit ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  65. Qu'est-ce que cela apprend ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  66. Cela n'est-il pas ridicule ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  67. Regardez comme me voilà faite : Ma mère appelle cela un habit modeste : il n'y a donc de la modestie nulle_part qu'ici ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  68. Je ne porte point de ruban, mais qu'est-ce que ma mère y gagne ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  69. Voilà pourtant ce qui m'est arrivé. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  70. Mais est-ce que je n'ai pas raison ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  71. Je ne sais point ce qui est permis ou non, au moins. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  72. C'est un aveu sans conséquence avec moi. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  73. Il y a ici un domestique à lui qui a une lettre à vous rendre de sa part. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  74. est-elle ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  75. est ce domestique ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  76. Dame, c'est encore ma mère qui en est cause. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  77. Mais est-ce que je pourrai le voir ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  78. Tenez, voici ce domestique que Frontin nous amène. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  79. Ne craignez rien, il est dans vos intérêts, et ce domestique passe pour son parent. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  80. C'est vous, Eraste ? (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  81. Est-ce que vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit ? (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  82. Est-ce que vous seriez fâchée de ce qui vous est échappé ? (Acte 1, scène 7, ÉRASTE)
  83. Qui est-ce qui entre là ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  84. C'est le valet de Monsieur Damis. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  85. C'est le valet de mon père, et non pas de Monsieur Damis qui m'est inconnu. (Acte 1, scène 8, )
  86. Et pourquoi est-ce que vous portez ce visage-là ? (Acte 1, scène 8, CHAMPAGNE)
  87. La belle question ! (Acte 1, scène 8, ÉRASTE)
  88. Est-ce qu'il n'est pas permis à mon cousin La Ramée d'avoir son visage ? (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  89. Je veux bien que Monsieur La Ramée en ait un ; mais il ne lui est pas permis de se servir de celui d'un autre. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  90. Qu'est-ce que cette folie-là ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  91. Oui, celui d'un autre : en un mot, cette mine-là ne lui appartient point ; elle n'est point à sa place ordinaire, ou bien j'ai vu la pareille à quelqu'un que je connais. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  92. C'est peut-être une physionomie à la mode, et La Ramée en aura pris une. (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  93. Voilà bien, en effet, des discours d'un butor comme toi, Champagne : est-ce qu'il n'y a pas mille gens qui se ressemblent ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  94. Cela est vrai ; mais qu'il appartienne à ce qu'il voudra, je ne m'en soucie guère ; chacun a le sien ; il n'y a que vous, Mademoiselle Lisette, qui n'avez celui de personne, car vous êtes plus jolie que tout le monde : il n'y a rien de si aimable que vous. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  95. Monsieur Frontin, ce que j'en dis, c'est en cas que vous n'aimiez pas Lisette, comme cela peut arriver ; car chacun n'est pas du même goût. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  96. C'est que Lisette ne veut point de moi, et outre cela j'ai vu la physionomie de Monsieur votre fils sur le visage d'un valet. (Acte 1, scène 10, CHAMPAGNE)
  97. Il y a déjà bonne compagnie assemblée chez moi, c'est-à-dire, une partie de ma famille, avec quelques-uns de nos amis, car pour les vôtres, vous n'avez pas voulu leur confier votre mariage. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  98. Mon fils même ne sait rien de mon dessein : et c'est à cause de cela que je vous ai prié de vouloir bien me donner le nom de Damis, au lieu de celui d'Orgon, qu'on mettra dans le contrat. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  99. Vous êtes le maître, Monsieur ; au reste, il n'appartient point à une mère de vanter sa fille ; mais je crois vous faire un présent digne d'un honnête homme comme vous. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  100. Il est vrai que les avantages que vous lui faites... (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  101. Madame, n'en parlons point, je vous prie ; c'est à moi à vous remercier toutes deux, et je n'ai pas dû espérer que cette belle personne fît grâce au peu que je vaux. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  102. C'est le premier que ma fille aura vu. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  103. Daignez, à la faveur de notre union prochaine, m'accorder un petit moment d'entretien avec Angélique ; c'est une satisfaction que je n'ai pas eu jusqu'ici. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  104. J'y consens, Monsieur, on ne peut vous le refuser dans la conjoncture présente ; et ce n'est pas apparemment pour éprouver le coeur de ma fille ? (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  105. Il n'est pas encore temps qu'il se déclare tout à fait ; il doit vous suffire qu'elle obéit sans répugnance ; et c'est ce que vous pouvez dire à Monsieur, Angélique ; je vous le permets, entendez-vous ? (Acte 1, scène 11, MADAME ARGANTE)
  106. Enfin, charmante Angélique, je puis donc sans témoins vous jurer une tendresse éternelle : il est vrai que mon âge ne répond pas au vôtre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  107. Oui, mais on n'est pas obligé d'user des permissions qu'on a. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  108. Est-ce par modestie, est-ce par dégoût que vous me refusez l'aveu que je demande ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  109. Non, ce n'est pas par modestie. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  110. C'est donc par dégoût ?... (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  111. C'est que je suis polie. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  112. Parlez-moi franchement : est-ce que vous me haïssez ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  113. Si vous vous en contentez, et moi aussi, et s'il n'est pas malhonnête d'avouer aux gens qu'on ne les aime point, je ne serai plus embarrassée. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  114. C'est une répétition dont je ne suis point curieux ; et ce n'était pas là ce que votre mère m'avait fait entendre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  115. Qui est que vous ne m'aimez point ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  116. Du tout ; je ne saurais ; et ce n'est pas par malice, c'est naturellement : et vous, qui êtes, à ce qu'on dit, un si honnête homme, si, en faveur de ma sincérité, vous vouliez ne me plus aimer et me laisser là, car aussi bien je ne suis pas si belle que vous le croyez, tenez, vous en trouverez cent qui vaudront mieux que moi. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  117. Mon intention, assurément, n'est pas qu'on vous contraigne. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  118. Ce que vous dites là est bien raisonnable, et je ferai grand cas de vous si vous continuez. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  119. N'allez pourtant pas dire à ma mère que je vous ai confié que je ne vous aime point, parce qu'elle se mettrait en colère contre moi ; mais faites mieux ; dites-lui seulement que vous ne me trouvez pas assez d'esprit pour vous, que je n'ai pas tant de mérite que vous l'aviez cru, comme c'est la vérité ; enfin, que vous avez encore besoin de vous consulter : ma mère, qui est fort fière, ne manquera pas de se choquer, elle rompra tout, notre mariage ne se fera point, et je vous aurai, je vous jure, une obligation infinie. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  120. Non, Angélique, non, vous êtes trop aimable ; elle se douterait que c'est vous qui ne voulez pas, et tous ces prétextes-là ne valent rien ; il n'y en a qu'un bon ; aimez-vous ailleurs ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  121. Mais il n'est pas possible que je m'en doute si cela n'est pas vrai ; autrement ce serait être de mauvaise foi ; et, malgré toute l'envie que j'ai de vous obliger, je ne saurais dire une imposture. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  122. Volontiers, Monsieur ; mais on est impatient de vous voir. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  123. Elle est à toi, si tu veux me confier ce que tu sais sur le chapitre d'Angélique. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  124. Je viens adroitement de lui faire avouer qu'elle a un amant ; et observée comme elle est par sa mère, elle ne peut ni l'avoir vu ni avoir de ses nouvelles que par le moyen des domestiques : tu t'en es peut-être mêlé toi-même, ou tu sais qui s'en mêle, et je voudrais écarter cet homme-là ; quel est-il ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR DAMIS)
  125. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-être employé contre elle ; au reste je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure ; il est actuellement dans ma chambre ; Lisette en a fait mon parent, et dans quelques moments, elle doit l'introduire ici même où je suis chargé d'éteindre les bougies, et où elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  126. Je ne saurais mieux m'y prendre pour savoir de quoi il est question. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR-DAMIS)
  127. Qu'on est malheureux d'aimer à mon âge ! (Acte 1, scène 14, MONSIEUR DAMIS)
  128. Tenez, Monsieur, voilà tout votre attirail, jusqu'à un masque : c'est un visage qui ne vous donnera que dix-huit ans, vous ne perdrez rien au change ; ajustez-vous vite ; bon ! (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  129. Est-ce toi, Lisette ? (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  130. est-il ? (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  131. Est-ce que je me trompe ? (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-DAMIS)
  132. C'est la voix de mon fils, écoutons. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR DAMIS)
  133. J'entends remuer du taffetas ; est-ce vous, Angélique, est-ce vous ? (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  134. C'est vous-même. (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  135. C'est mon fils. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-DAMIS)
  136. Au nom de notre amour, Angélique, puisque vous m'avez permis de me flatter du vôtre, gardez-vous à ma tendresse, je vous en conjure par ces charmes que le ciel semble n'avoir destinés que pour moi ; par cette main adorable sur qui je vous jure un amour éternel. (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  137. Il est vrai, mais il m'a marqué le dernier mépris. (Acte 1, scène 17, ÉRASTE)
  138. Il faut que vous ayez mal entendu, Eraste : est-ce qu'on méprise les gens qu'on aime ? (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  139. Vraiment, ce n'est pas là l'embarras, et je vous le répéterais avec plaisir, mais vous le savez bien assez. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  140. Je suis si lasse de les cacher, que, lorsque je suis contente, et que je le puis dire, je l'ai déjà dit avant que de savoir que j'ai parlé ; c'est comme quelqu'un qui respire, et imaginez-vous à présent ce que c'est qu'une fille qui a toujours été gênée, qui est avec vous, que vous aimez, qui ne vous hait pas, qui vous aime, qui est franche, qui n'a jamais eu le plaisir de dire ce qu'elle pense, qui ne pensera jamais rien de si touchant, et voyez si je puis résister à tout cela. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  141. Mais il s'agit de nos affaires : j'ai le bonheur d'avoir un père raisonnable, à qui je suis aussi cher qu'il me l'est à moi-même, et qui, j'espère, entrera volontiers dans nos vues. (Acte 1, scène 18, ÉRASTE)
  142. C'en est trop, fille indigne de ma tendresse ! (Acte 1, scène 18, MADAME-ARGANTE)
  143. Est-ce là le fruit des soins que je me suis donné pour vous former à la vertu ? (Acte 1, scène 18, MADAME-ARGANTE)
  144. c'est vous, Monsieur ? (Acte 1, scène 19, MADAME-ARGANTE)
  145. Ce fripon-là, c'est mon fils, à qui, tout bien examiné, je vous conseille de donner votre fille. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  146. Votre fille a tort, mais elle est vertueuse, et à votre place je croirais devoir oublier tout, et me rendre. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  147. Qu'il n'en reste toujours quelqu'un pour le vainqueur. v.9 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  148. C'est un conteur de fariboles, v.23 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  149. Ah ! Qu'il entend peu ce que c'est ! v.41 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)
  150. Pour faire rester son parent v.65 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)

LE PRÉJUGE VAINCU (1746)

  1. Regarde-moi, Lisette, et devine le reste. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  2. Je ne devine jamais le reste, à moins qu'on ne me le dise. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Je vais donc t'aider, voici ce que c'est, j'ai besoin de ton coeur, ma fille. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  4. Ce que j'ai perdu de raison depuis ce temps-là est incroyable ; et si je continue, il ne m'en restera pas pour me conduire jusqu'à demain. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  5. Ce n'est pas qu'on ne soyais agriable, mais mon rang me le défend ; je vous en informe, tout ce qui est comme vous n'est pas mon pareil, à ce que m'a dit ma maîtresse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Voilà pourtant un itou qui n'est pas de trop bonne maison : mais une princesse peut avoir été mal élevée. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  7. La nôtre était la meilleure de tout le village, et que trop bonne ; c'est ce qui nous a ruinés. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Ce renom-là n'est pas comparable au bruit que mon père a fait dans sa vie. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  9. Tout cela, sans vanité, est assez éclatant. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  10. Oui, mais il est riche. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  11. D'accord ; mais elle est pauvre. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  12. La beauté est une si grande dame ! (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  13. C'est une concierge que j'arrête pour votre château ; je concluais le marché, et je lui donnais des arrhes. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  14. Est-il vrai, Lisette ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  15. Lépine est un garçon à qui je veux du bien, et tu me parais une bonne fille. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  16. Lisette, puisqu'à présent je puis me fier à toi, je ne ferai point difficulté de te confier un secret ; c'est que j'aime passionnément ta maîtresse, qui ne le sait pas encore : et j'ai eu mes raisons pour le lui cacher. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  17. Il est vrai que j'ai acquis quelque considération dans le monde ; on m'a même déjà offert de très grands partis. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  18. Angélique est d'une naissance très distinguée. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  19. J'ai observé qu'elle est plus touchée qu'une autre de cet avantage-là, et la fierté que je lui crois là-dessus m'a retenu jusqu'ici. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  20. J'ai eu peur, si je me déclarais sans précaution, qu'il ne lui échappât quelque trait de dédain, que je ne me sens pas capable de supporter, que mon coeur ne lui pardonnerait pas ; et je ne veux point la perdre, s'il est possible. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  21. Quel est son caractère ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  22. C'est autant de marié, il n'y a qu'à aller franchement, c'est la manière. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  23. C'est que c'est une fille comme il n'y en a point, d'abord. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. C'est folie que d'en chercher une autre ; il n'y a de ça que cheux nous ; ça se voit ici, et velà tout. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. C'est la pus belle himeur, le coeur le pus charmant, le pus benin !... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  26. Fâchez-la, ça vous pardonne ; aimez-la, ça vous chérit : il n'y a point de bonté qu'alle ne possède ; c'est une marveille, une admiration du monde, une raison, une libéralité, une douceur !... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  27. C'est vote biauté qui l'y oblige, ce li fais-je. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  28. Alle repart : Ce n'est pas qu'il m'en sonne mot, car il n'oserait ; ma qualité l'empêche. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  29. Que cela est bon, Monsieur ! (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  30. Oui, c'est mon opinion itou. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  31. Que c'est une belle prestance d'homme ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  32. Je n'avons point de noblesse qui ait cette phisolomie-là : alle est magnifique, pardi ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. T'as raison, Lisette, me répartit-elle ; oui, ma fille, c'est dommage ; cette nativité est fâcheuse ; car le parsonnage est agriable, il fait plaisir à considérer, je n'en vas pas à l'encontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. Monsieur, qui est-ce qui sait ça ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  35. Il n'y a que les gentilshommes qui soyont son prochain, le reste est quasiment de la formi pour elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  36. Ce n'est pas que vous ne li plaisiais. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  37. S'il n'y avait que son coeur, je vous dirais : Il vous attend, il n'y a qu'à le prenre ; mais cette gloire est là qui le garde ; ce sera elle qui gouvarnera ça, et faudrait trouver queuque manigance. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  38. Qu'est-ce que c'est que la gloire ? (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  39. Comme elle croit que je l'aime, elle soupçonnera que c'est moi ; et tu lui diras qu'à la vérité je n'ai pas dit qui c'était, mais qu'il t'a semblé que je parlais pour un autre, pour quelqu'un d'une condition égale à la mienne. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  40. Qui n'est pas clair. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  41. Peut-être qu'alle vous excuserait, vous, maugré la bourgeoisie ; mais n'y aura pas de marci pour un pareil à vous ; alle dégrignera vote homme, alle dira que c'est du fretin. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  42. Oui, je comprends, ce ne sera pas vous qui aurez eu les injures, ce sera l'autre ; et pis, quand alle saura que c'est vous... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  43. Et de dire : C'est une autre histoire, je ne parlais pas de vous. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  44. C'est Monsieur Dorante li-même, qui s'enquierre comment vous va le coeur, et si parsonne ne l'a prins ; c'est mon galant Lépaine qui demande après le mien. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  45. Est-ce que ça n'est pas biau ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  46. L'intérêt que Dorante prend à mon coeur ne m'est point nouveau. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  47. Tu sais les soupçons que j'avais là-dessus, et Dorante est aimable ; mais malheureusement il lui manque de la naissance, et je souhaiterais qu'il en eût, j'ai même eu besoin quelquefois de me ressouvenir qu'il n'en a point. (Acte 1, scène 3, ANG?LIQUE)
  48. Ce n'est pas la peine de vous ressouvenir de ça, vous velà exempte de mémoire. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  49. C'est seulement qu'il est le commis d'un autre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  50. Qu'est-ce que c'est que le commis d'un autre ? (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  51. Dorante est bien hardi ! (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  52. Et que cet acabit de mari n'est pas capable d'être vote homme : allons. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  53. Attends, laisse-le venir ; dans le fond, il est au-dessous de moi d'être si sérieusement piquée. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  54. Avoir un visage qui ment, est-il permis ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  55. Non, Lisette, il n'a été que ridicule, et c'est nous qui nous trompions. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  56. C'est manque de monde : ces petits messieurs-là, pour avoir bonne grâce, croient qu'il n'y a qu'à se prosterner et à dire des fadeurs, ils n'en savent pas davantage. (Acte 1, scène 3, ANG?LIQUE)
  57. Je ne parlais pas de sa figure ; je ne l'ai jamais trop remarquée ; non qu'il ne soit assez bien fait ; ce n'est pas là ce que j'attaque. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  58. C'est un mal-appris qui est bian torné, et pis c'est tout. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  59. Qui a l'air assez commun pourtant, l'air de ces gens-là ; mais ce qu'il avait d'aimable pour moi, c'est son attachement pour mon père, à qui même il a rendu quelque service : voilà ce qui le distinguait à mes yeux, comme de raison. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  60. Ce que c'est que d'aimer son père ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  61. Ce qu'une fille raisonnable, qui m'appartient et qui est née quelque chose, doit faire d'un valet qui ne lui convient pas, et du valet d'un homme qui manque aux égards qu'il me doit. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  62. C'est donc quelque chose de bien étrange ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  63. Attendez ; ne serait-il pas question d'un certain mariage, dont Lisette m'a déjà parlé ? (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  64. Je ne l'avais pas priée de vous prévenir ; mais c'est de cela même, Madame. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  65. En ce cas-là, tout est dit, Dorante ; Lisette m'a tout conté. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  66. Dorante, si c'est de bonne foi que vous avez craint de me fâcher, la manière dont je m'explique doit vous arrêter, ce me semble, et je vous le répète encore, parlons d'autre chose. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  67. C'en est trop. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  68. C'en est un très grand pour moi, Madame, que vous avoir déplu. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  69. je les sais, vos justifications, vous les mettriez en plusieurs articles, et je vais vous les réduire en un seul ; c'est que celui que vous me proposez est extrêmement riche. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  70. N'est-ce pas là tout ? (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  71. Ajoutez-y, Madame, que c'est un honnête homme. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  72. Sans doute, je vous dis qu'il est riche : c'est la même chose. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  73. Cela ne vous regarde pas, Dorante, et je vous excepte ; mais que vous me disiez qu'il est honnête homme, il ne lui manquerait plus que de ne pas l'être. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  74. Il est d'ailleurs estimé, connu, destiné à un poste important. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  75. Quel est-il, votre homme ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  76. Je me tais, Madame ; votre opinion est que j'ai tort, et je me condamne. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  77. Croyez-moi, Dorante, vous estimez trop les biens : et le bon usage que vous faites des vôtres vous excuse. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  78. L'honnête homme d'un certain état n'est pas l'honnête homme du mien. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  79. Ce sont d'autres façons, d'autres sentiments, d'autres moeurs, presque un autre honneur ; c'est un autre monde. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  80. Pour vous prouver que je n'y songe plus, j'ai envie de vous prier de rester encore avec nous quelque temps ; vous me verrez peut-être incessamment mariée. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  81. J'ai un de mes parents qui m'aime et que je ne hais pas, qui est actuellement à Paris, où il suit un procès important, qui est presque sûr, et qui n'attend que ce succès pour venir demander ma main. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  82. Lépine, à qui je destine une récompense de ses services, voudrait épouser Lisette, et je lui défendrai d'y penser, si vous me l'ordonnez. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  83. Lisette est une fille de famille qui peut trouver mieux, Monsieur, et je ne vois pas que votre Lépine lui convienne. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  84. Dès que c'est Dorante qui le propose ce ne peut être qu'un de ses amis, et par conséquent un homme très estimable qui doit d'ailleurs avoir un rang, et que vous auriez pu épouser avec l'approbation de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  85. Cependant ce sont là de ces choses sur lesquelles il est juste que vous restiez la maîtresse. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  86. Née ce qu'elle est, c'est une noble. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  87. fierté qui lui sied, et qui est à sa place ; aussi le mari que je proposais ; et dont je sais les sentiments comme les miens, n'osait-il se flatter qu'on lui ferait grâce, et ne voyait que son amour et que son respect qui fussent dignes de Madame. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  88. La vérité est que je n'aurais pas cru avoir besoin d'excuse auprès de vous, mon père, et je m'imaginais que vous aimeriez mieux me voir au Baron, qu'il ne tient qu'à moi d'épouser s'il gagne son procès. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  89. Quel est cet honnête homme de vos amis qui songeait à ma fille, et qui se serait cru si heureux de partager ses grands biens avec elle ? (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  90. Où l'a-t-il vue, depuis six ans qu'elle est sortie de Paris ? (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  91. C'est ici, Monsieur. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  92. C'est moi, Monsieur. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  93. C'est vous ? (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  94. Oui, Monsieur, c'est moi à qui l'amour le plus tendre avait imprudemment suggéré un projet, dont il ne me reste plus qu'à demander pardon à Madame. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  95. Sans son inclination pour le Baron, je suis persuadé qu'Angélique vous rendrait justice dans cette occurrence-ci ; mais il ne me reste plus que l'autorité de père, et vous n'êtes pas homme à vouloir que je l'emploie. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  96. C'est une qualité qui, de toutes façons, aurait fait le bonheur de ma vie, mais qui n'aurait pu rien ajouter à l'attachement que j'ai pour vous. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  97. Ce n'est pas ici le moment de m'expliquer ; je suis d'ailleurs pressé d'aller donner quelques ordres pour une affaire qui regarde le Baron. (Acte 1, scène 6, LE-MARQUIS)
  98. Je n'ai, au reste, qu'une simple complaisance à vous demander ; puis-je me flatter de l'obtenir ? (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  99. Tu ne m'avais pas parlé d'un Baron qui est son parent, et qu'elle attend pour l'épouser. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  100. N'est-ce que ça ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  101. C'est qu'alle fait déjà la chattemite ; velà le repentir qui l'amende. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  102. Oui, cette fille-là est dans un état violent. (Acte 1, scène 7, LÉPINE)
  103. C'est cette gloire ; mais ça s'en ira ; velà que ça meurit, faut que ça tombe ; j'en avons la marque ; à telles enseignes que tantôt... (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  104. Qu'est-ce donc, Madame ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  105. C'est que vous avez bian rabroué le freluquet n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  106. Je n'ai jamais dit que c'en fût un, ce n'est pas là son défaut. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  107. vous l'avez appelé petit monsieur : et un petit monsieur, c'est justement et à point un freluquet ; il n'y a pas pus à pardre ou à gagner sur l'un que sur l'autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  108. Dorante n'est pas un mal-apprins, après l'impartinence qu'il a commise envars la révérence due à vote qualité ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  109. Qu'elle est grossière ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  110. C'est toi qui n'es qu'une étourdie, qui n'as pas eu le moindre jugement avec lui. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  111. Tu me le peins comme un homme qui me manque de respect ; et point du tout ; c'est qu'on n'en eut jamais tant pour personne, c'est qu'il en est pénétré. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  112. est-ce qu'elle est donc cette pénétration, pisqu'il a prins la licence d'aller vous déclarer je vous aime, maugré vote importance ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  113. N'est-ce pas là un homme bien hardi, bien digne de l'accueil que tu lui as attiré de ma part ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  114. Prenez garde à vote grandeur ; alla est bian douillette en cette occurrence. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  115. Est-ce qu'ous êtes obligée d'honorer cet homme, à cause qu'il vous aime ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  116. Est-ce que son inclination vous commande ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  117. est l'embarras ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  118. Ça est biau et mêmement vénérable, mais vote père est bonhomme ; il ne voudrait pas vous bailler de petites gens en mariage. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  119. Mais, c'est que Dorante n'est pas un homme comme ça. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  120. Tu le confonds toujours avec ce je ne sais qui dont tu m'as parlé ; et ce n'est pas là Dorante. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  121. C'est que ma mémoire se brouille, rapport à cet autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  122. Dorante est de très bonne famille, et très distinguée, quoique sans noblesse ; de ces familles qui vont à tout, qui s'allient à tout. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  123. Dorante épousera qui il voudra : c'est d'ailleurs un fort honnête homme. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  124. Est-ce que vous allez être sa Baronne ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  125. vraiment, mon père l'attend pour nous marier ; car il croit que je l'aime, et il n'en est rien. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  126. Il n'y a donc qu'à lui dire aussi que je suis folle ; car c'est moi qui l'ai persuadé que je l'aimais. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  127. Ce n'est pas là tout, je l'ai fait accroire à Dorante lui-même. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  128. Sait-on ce qu'on dit quand on est fâchée ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  129. C'est par trop finasser aussi. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  130. Mais pour à l'égard du Baron, il y aura du répit ; car il est à Paris qui plaide ; les procureurs et les avocats ne le lâcheront pas sitôt, et j'avons de la marge. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  131. Car il me semble que ta fureur est que je le haïsse. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  132. C'est que je sais que vous ne l'aimez pas. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  133. Je n'ai point d'aversion pour lui ; et c'en est assez pour une fille raisonnable. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  134. Le pus principal, c'est ce Baron qui arrive. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  135. Ma difficulté est que je l'ai refusé, qu'il s'est nommé, et que je n'ai rien dit. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  136. Allons, c'est bian fait, et vive la grandeur ! (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  137. Tout ce que tu me proposes est extrême. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  138. Oui, Madame, j'ai pleuré, je pleure encore ; et je n'y renonce pas, j'en ai peut-être pour le reste de l'année, qui n'est pas bien avancée. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  139. Qu'est-il donc arrivé ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  140. Mais vous nous poignardez ; et c'est la valeur de deux meurtres que vous vous reprocherez quelque jour. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  141. est-il ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  142. Restez, Lisette, je vous défends de sortir : j'ai quelque chose à vous dire. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  143. N'est-on pas bien récompensée de l'intérêt qu'on prend à vous ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  144. C'est de vote avis. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  145. Soyons ruinées, Madame, et toujours glorieuses ; jamais d'humilité, c'est une pensée que je tians de vous. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  146. Si c'est mal fait, je vous en charge. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  147. Votre fierté est si ridicule, qu'elle me dégoûte de la mienne. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  148. Excusez, Madame : c'est que j'entends parler de bailli. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  149. Ce n'est même que sous prétexte de votre mariage que j'envoie chercher Dorante ; et si votre refus continue, je ne vous verrai de ma vie. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  150. C'est une autre affaire. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  151. Est-ce fait, Madame ? (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  152. Oui, Monsieur de Lépaine, velà qui est rangé. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  153. Il vous est commandé de l'attendre ici. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  154. C'est elle qui me marie avec Lisette, Monsieur. (Acte 1, scène 11, LÉPINE)
  155. Et il va être mon homme, pour à celle fin que vous restiais. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  156. Et je li ai enjoint qu'alle serait votre femme, et alle ne s'est pas rebéquée. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  157. Tout ce que je vous demande, c'est de la voir ; je n'en exige pas davantage. (Acte 1, scène 12, LE-MARQUIS)
  158. Je sais jusqu'où va l'amitié que mon père a pour vous ; et si vous vous étiez nommé, les choses se seraient passées différemment ; il n'aurait pas été question de mes répugnances ; ma tendresse pour lui les aurait fait taire, ou me les aurait ôtées, Monsieur ; il n'a tenu qu'à vous de lui épargner la douleur où je l'ai vu de mon refus ; je n'aurais pas eu celle de lui avoir déplu, et je ne l'ai chagriné que par votre faute. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  159. Il est vrai que Dorante m'est cher, mais je ne saurais vous savoir mauvais gré d'avoir fait un autre choix. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  160. Je vous répète que c'est une chimère. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  161. Très mécontent, vous dis-je ; je sais à quoi m'en tenir là-dessus, et mon parti est pris. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  162. Laissons cela, Angélique ; il n'est pas question ici de consulter mon goût, vous êtes destinée à un autre : c'est au Baron ; vous l'aimez, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  163. Monsieur, cela n'est pas possible. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  164. n'est-il pas vrai qu'elle a de la beauté ? (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  165. Vous restez donc, Monsieur ? (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  166. Il est vrai, Monsieur, j'avais à vous appendre que je consentais à son mariage avec Lisette. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  167. Un inconnu que je refuse, sans savoir que c'est vous ; quand vous vous nommez, il n'est plus temps. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  168. C'est du moins une grande consolation pour moi. (Acte 1, scène 15, DORANTE)

LE TRIOMPHE DE L'AMOUR (1732)

  1. Non, tout est ouvert ; et d'ailleurs nous venons pour parler au maître de la maison. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  2. Restons dans cette allée en nous promenant, j'aurai le temps de te dire ce qu'il faut à présent que tu saches. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  3. Et comme vous savez que, par amusement, j'ai appris à peindre, à peine y sommes-nous quatre ou cinq jours, que, vous enfermant un matin avec moi, vous me montrez deux portraits, dont vous me demandez des copies en petit et dont l'un est celui d'un homme de quarante-cinq ans, et l'autre celui d'une femme d'environ trente-cinq, tous deux d'assez bonne mine. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  4. Cela est vrai. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  5. Qu'est-ce que c'est que cet homme et cette femme qu'ils représentent ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  6. Point du tout ; c'est moi qui vais me remettre au sien. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  7. Ce Prince est depuis dix ans chez le sage Hermocrate, qui l'a élevé, et à qui Euphrosine, parente de Cléomène, le confia, sept ou huit ans après qu'il fut sorti de prison ; et tout ce que je te dis là, je le sais d'un domestique qui était, il n'y a pas longtemps, au service d'Hermocrate, et qui est venu m'en informer en secret, dans l'espoir d'une récompense. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  8. Ce n'est pourtant pas là le parti que j'ai pris ; un sentiment d'équité, et je ne sais quelle inspiration m'en ont fait prendre un autre. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  9. J'ai d'abord voulu voir Agis (c'est le nom du Prince). (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  10. J'appris qu'Hermocrate et lui se promenaient tous les jours dans la forêt qui est à côté de mon château. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  11. Le domestique qui m'y attendait me montra ce Prince lisant dans un endroit du bois assez épais. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  12. Ce que je commence à imaginer de plus clair, c'est que ces charmes-là pourraient bien avoir mis les nôtres en campagne. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  13. J'oublie de te dire que, lorsque je me retirais, Hermocrate parut ; car ce domestique, en se cachant, me dit que c'était lui, et ce philosophe s'arrêta pour me prier de lui dire si la Princesse ne se promenait pas dans la forêt ; ce qui me marqua qu'il ne me connaissait point. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  14. Le parti que j'ai pris l'est encore davantage ; je n'ai feint d'être indisposée et de ne voir personne, que pour être libre de venir ici ; je vais, sous le nom du jeune Phocion, qui voyage, me présenter à Hermocrate, comme attiré par l'estime de sa sagesse ; je le prierai de me laisser passer quelque temps avec lui, pour profiter de ses leçons ; je tâcherai d'entretenir Agis, et de disposer son coeur à mes fins. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  15. Je serai pourtant fâchée qu'il me réduise à la nécessité de m'en servir ; mais le but de mon entreprise est louable, c'est l'amour et la justice qui m'inspirent. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  16. J'ai besoin de deux ou trois entretiens avec Agis, tout ce que je fais est pour les avoir : je n'en attends pas davantage, mais il me les faut ; et si je ne puis les obtenir qu'aux dépens du philosophe, je n'y saurais que faire. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  17. Et cette soeur qui est avec lui, et dont apparemment l'humeur doit être austère, consentira-t-elle au séjour d'un étranger aussi jeune et d'aussi bonne mine que vous ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  18. Il me répugnerait, sans doute, malgré l'action louable qu'il a pour motif ; mais il me vengera d'Hermocrate et de sa soeur qui méritent que je les punisse ; qui, depuis qu'Agis est avec eux, n'ont travaillé qu'à lui inspirer de l'aversion pour moi, qu'à me peindre sous les traits les plus odieux, et le tout sans me connaître, sans savoir le fond de mon âme, ni tout ce que le ciel a pu y verser de vertueux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  19. C'est eux qui ont soulevé tous les ennemis qu'il m'a fallu combattre, qui m'en soulèvent encore de nouveaux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  20. Voilà ce que le domestique m'a rapporté d'après l'entretien qu'il surprit. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  21. Est-ce parce que j'occupe un trône usurpé ? (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  22. Mais ce n'est pas moi qui en suis l'usurpatrice. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  23. Qu'est-ce que c'est que ces gens-là ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  24. Tout est perdu, Corine. (Acte 1, scène 2, PHOCION)
  25. Tenez, la physionomie de ce garçon-là ne m'aura point trompée : assurément, il est traitable. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  26. Cela est extrêmement honnête. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  27. Or, Madame qui est riche, qui ne dépend que d'elle, et qui l'épouserait volontiers, voudrait essayer de le rendre sensible. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  28. Madame ne saurait le rendre sensible qu'en liant quelque conversation avec lui, qu'en demeurant même quelque temps dans la maison où il est. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  29. Malepeste ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  30. Qu'est-ce ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  31. Avec qui est-ce donc qu'ou parlez là, noute ami ? (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  32. Je le vois bian ; mais qui est ce monde ? (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  33. Ce n'est pas par ici qu'on entre ; noute maître m'a enchargé à ce que parsonne ne se promène dans le jardrin ; par ainsi, vous n'avez qu'à vous en retorner par où vous êtes venus, pour frapper à la porte du logis. (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  34. Nous avons trouvé celle du jardin ouverte ; il est permis à des étrangers de se méprendre. (Acte 1, scène 3, PHOCION)
  35. Je le vois bian qu'alle est riche, pisqu'alle garde tout, et moi je garde mon jardrin, alle n'a qu'à prenre par ailleurs. (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  36. Qu'est-ce que c'est donc que ce bruit-là, jardinier ? (Acte 1, scène 4, AGIS)
  37. Il est vrai, Seigneur, que ce jardinier m'a traité brusquement ; mais vos politesses m'en dédommagent ; et si ma physionomie, dont vous parlez, vous disposait à me vouloir du bien, je la croirais en effet la plus heureuse du monde ; et ce serait, à mon gré, un des plus grands services qu'elle pût me rendre. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  38. Il ne mérite pas que vous l'estimiez tant, mais, tel qu'il est, elle vous l'a rendu, Seigneur ; et quoiqu'il n'y ait qu'un instant que nous nous connaissions, je vous assure qu'on ne saurait être aussi prévenu pour quelqu'un que je le suis pour vous. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  39. Sa réputation m'attirait ici ; je ne voulais, quand je suis venu, que l'engager à me souffrir quelque temps auprès de lui ; mais depuis que je vous connais, ce motif le cède à un autre encore plus pressant ; c'est celui de vous voir le plus longtemps qu'il me sera possible. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  40. Tenez, Madame, velà le damoisiau dont je vous parle, et cet autre étourniau est de son équipage. (Acte 1, scène 5, DIMAS)
  41. On m'a dit, Seigneur, que vous demandiez à parler à Hermocrate mon frère ; il n'est pas actuellement ici. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  42. Il en est même qui m'ont permis de vivre quelque temps avec eux ; et j'ai espéré que l'illustre Hermocrate ne me refuserait pas, pour quelques jours, l'honneur qu'ils ont bien voulu me faire. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  43. Il est vrai, Seigneur, qu'à vous voir, vous paraissez bien digne de cette hospitalité vertueuse que vous avez reçue ailleurs ; mais il ne sera pas possible à Hermocrate de s'honorer du plaisir de vous l'offrir ; d'importantes raisons, qu'Agis sait bien, nous en empêchent ; je voudrais pouvoir vous les dire, elles nous justifieraient auprès de vous. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  44. C'est malgré moi. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  45. Puisque vous ne pouvez, Madame, vous rendre à la prière que je vous ai faite, il n'est plus question de vous en presser ; mais peut-être m'accorderez-vous une autre grâce, c'est de vouloir bien me donner un conseil qui va décider de tout le repos de ma vie. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  46. Celui que je vous donnerai, Seigneur, c'est d'attendre Hermocrate, il est meilleur à consulter que moi. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  47. Sa taille, sans être grande, est pourtant majestueuse, je n'ai vu nulle_part un air si noble ; c'est, je crois, la seule physionomie du monde où l'on voie les grâces les plus tendres s'allier, sans y rien perdre, à l'air le plus imposant, le plus modeste, et peut-être le plus austère. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  48. On ne saurait s'empêcher de l'aimer, mais d'un amour timide, et comme effrayé du respect qu'elle imprime ; elle est jeune, non de cette jeunesse étourdie qui m'a toujours déplu, qui n'a que des agréments imparfaits, et qui ne sait encore qu'amuser les yeux, sans mériter d'aller au coeur : non, elle est dans cet âge vraiment aimable, qui met les grâces dans toutes leurs forces, où l'on jouit de tout ce que l'on est, dans cet âge où l'âme, moins dissipée, ajoute à la beauté des traits un rayon de la finesse qu'elle a acquise. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  49. Je ne sais de qui vous parlez, Seigneur, cette dame-là m'est inconnue, et c'est sans doute un portrait trop flatteur. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  50. Celui que j'en garde dans mon coeur est mille fois au-dessus de ce que je vous peins là, Madame. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  51. Cette dame s'entretenait avec quelqu'un, elle souriait de temps en temps, et je démêlais dans ses gestes je ne sais quoi de doux, de généreux et d'affable, qui perçait à travers un maintien grave et modeste. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  52. Je demandai qui elle était, et j'appris qu'elle est la soeur d'un homme célèbre et respectable. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  53. Qu'elle n'est point mariée, et qu'elle vit avec ce frère dans une retraite dont elle préfère l'innocent repos au tumulte du monde toujours méprisé des âmes vertueuses et sublimes ; enfin, tout ce que j'en appris ne fut qu'un éloge, et ma raison même, autant que mon coeur, acheva de me donner pour jamais à elle. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  54. Seigneur, dispensez-moi d'écouter le reste, je ne sais ce que c'est que l'amour, et je vous conseillerais mal sur ce que je n'entends point. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  55. De grâce, laissez-moi finir, et que ce mot d'amour ne vous rebute point ; celui dont je vous parle ne souille point mon coeur, il l'honore, c'est l'amour que j'ai pour la vertu qui allume celui que j'ai pour cette dame ; ce sont deux sentiments qui se confondent ensemble ; et si j'aime, si j'adore cette physionomie si aimable que je lui trouve, c'est que mon âme y voit partout l'image des beautés de la sienne. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  56. Je résolus ensuite de parler à son frère, d'en obtenir le bonheur de passer quelque temps chez lui, sous prétexte de m'instruire, et là, d'employer auprès d'elle tout ce que l'amour, le respect et l'hommage ont de plus soumis, de plus industrieux et de plus tendre, pour lui prouver une passion dont je remercie les dieux, comme d'un présent inestimable. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  57. Figurez-vous, Madame, un coeur tremblant et confondu devant elle, dont elle a sans doute aperçu la tendresse et la douleur, et qui du moins espérait de lui inspirer une pitié généreuse ; tout m'est refusé, Madame ; et dans cet état accablant, c'est à vous à qui j'ai recours, je me jette à vos genoux, et je vous confie mes plaintes. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  58. Après ce que je viens d'entendre, c'est aux dieux à qui j'en demande moi-même. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  59. L'avis des dieux est dans votre coeur, croyez-en ce qu'il vous inspire. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  60. C'est peut-être l'ennemi de mon repos que vous voulez que je consulte. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  61. Phocion, vous aimez la vertu, dites-vous ; est-ce l'aimer que de venir la surprendre ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  62. Je vous ai consacré ma vie, j'aspire à l'unir à la vôtre ; ne m'empêchez pas de le tenter, souffrez-moi quelques jours ici seulement, c'est à présent la seule grâce qui soit l'objet de mes souhaits ; et si vous me l'accordez, je suis sûr d'Hermocrate. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  63. Un amour vertueux peut-il exiger ce qui ne l'est pas ? (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  64. Ce qui m'arrive est-il concevable ? (Acte 1, scène 6, L?ONTINE)
  65. Est-il temps que je sois sensible ? (Acte 1, scène 6, L?ONTINE)
  66. Je le dis à ma honte : mais ils ne sont plus, ou le peu qui m'en reste va se passer bientôt. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  67. Convaincrez-vous mes yeux de ce qui n'est pas ? (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  68. Est-ce là le jeune étranger dont vous me parlez ? (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  69. Oui, Seigneur, c'est lui-même. (Acte 1, scène 7, AGIS)
  70. C'est moi qui ai eu l'honneur de lui parler le premier, et je lui ai toujours fait vos compliments en attendant votre arrivée. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  71. Vous voyez, Hermocrate, le fils de l'illustre Phocion, que son estime pour vous amène ici ; il aime la sagesse, et voyage pour s'instruire ; quelques-uns de vos pareils se sont fait un plaisir de le recevoir quelque temps chez eux ; il attend de vous le même accueil ; il le demande avec un empressement qui mérite qu'on s'y rende ; j'ai promis de vous y engager, je le fais, et je vous laisse ensemble... (Acte 1, scène 7, LÉONTINE)
  72. Je vous rends grâces, Seigneur, de l'honneur que vous me faites : un disciple tel que vous ne me paraît pas avoir besoin d'un maître qui me ressemble ; cependant, pour en mieux juger, j'aurais confidemment quelques questions à vous faire. (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  73. Ce n'est pas sans raison que j'ai voulu vous parler en secret ; j'ai des soupçons dont l'éclaircissement ne demande point d'éclat ; et c'est à vous à qui je l'épargne. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  74. Celui dont vous prenez le nom est actuellement à Athènes, je l'apprends par une lettre de Mermécides. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  75. Ce n'est pas là tout ; c'est que ce nom supposé est la moindre erreur où vous voulez nous jeter. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  76. Cet habit-là n'est pas le vôtre, avouez-le, Madame, je vous ai vue ailleurs. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  77. Si je rougis, je ne me rends pas justice, Seigneur ; et c'est un mouvement que je désavoue ; le déguisement où je suis n'enveloppe aucun projet dont je doive être confuse. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  78. Moi, qui entrevois ce projet, je n'y vois cependant rien de si convenable à l'innocence des moeurs de votre sexe, rien dont vous puissiez vous applaudir ; l'idée de venir m'enlever Agis, mon élève, d'essayer sur lui de dangereux appas, de jeter dans son coeur un trouble presque toujours funeste, cette idée-là, ce me semble, n'a rien qui doive vous dispenser de rougir, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  79. Est-ce ma physionomie qui vous les inspire, et les mérite-t-elle ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  80. Non, Seigneur, je ne viens point ici troubler le coeur d'Agis ; tout élevé qu'il est par vos mains, tout fort qu'il est de la sagesse de vos leçons, ce déguisement pour lui n'eût pas été nécessaire ; si je l'aimais, j'en aurais espéré la conquête à moins de frais, il n'aurait fallu que me montrer peut-être, que faire parler mes yeux : son âge et mes faibles appas m'auraient fait raison de son coeur. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  81. Mais ce n'est pas à lui à qui le mien en veut ; celui que je cherche est plus difficile à surprendre, il ne relève point du pouvoir de mes yeux, mes appas ne feront rien sur lui ; vous voyez que je ne compte point sur eux, que je n'en fais pas ma ressource ; je ne les ai pas mis en état de plaire ; et je les cache sous ce déguisement parce qu'ils me seraient inutiles. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  82. Seigneur, épargnez à votre vertu le regret d'avoir offensé la mienne ; n'abusez point contre moi des apparences d'une aventure peut-être encore plus louable qu'innocente, que vous me voyez soutenir avec un courage qui doit étonner vos soupçons, et dont j'ose attendre votre estime, quand vous en saurez les motifs. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  83. Ne me parlez donc plus d'Agis ; je ne songe point à lui, je le répète : en voulez-vous des preuves incontestables ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  84. Agis n'est point ici pour accepter mes offres. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  85. Non, Madame, je n'écoute plus rien, toute justification est inutile, vous n'avez rien à craindre de mes idées ; calmez vos inquiétudes là-dessus ; mais, de grâce, laissez-moi. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  86. Vous attaquez une âme solitaire et sauvage, à qui l'amour est étranger ; ma rudesse doit rebuter votre jeunesse et vos charmes, et mon coeur en un mot ne pourrait rien pour le vôtre. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  87. Je vous ai dit que je vous aime, voulez-vous que je reste en proie à l'injure que me ferait ce discours-là, si je ne m'expliquais pas ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  88. Vous paraître estimable est le seul avantage où j'aspire, le seul salaire dont mon coeur soit jaloux : qu'est-ce qui vous empêcherait de m'entendre ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  89. Oui, Seigneur, je vous aime ; mais ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas ici d'un penchant ordinaire ; cet aveu que je vous fais, il ne m'échappe point, je le fais exprès : ce n'est point à l'amour à qui je l'accorde, il ne l'aurait jamais obtenu ; c'est à ma vertu même à qui je le donne. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  90. Je ne vous dis point que je vous aime, afin que vous m'aimiez ; c'est afin que vous m'appreniez à ne plus vous aimer moi-même. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  91. Je ne demande point d'être aimée, il est vrai, mais je désire de l'être ; ôtez-moi ce désir ; c'est contre vous-même que je vous implore. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  92. Madame, voici le secours que je vous donne ; je ne veux point vous aimer : que cette indifférence-là vous guérisse, et finissez un discours où tout est poison pour qui l'écoute. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  93. Est-ce ainsi que vous répondez au généreux courage avec lequel je vous expose ma situation ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  94. Le sage ne l'est-il au profit de personne ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  95. J'avais entendu parler de vous ; tout le public est plein de votre nom. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  96. Que ma complaisance est ridicule ! (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  97. Ce récit vous paraît frivole, il est vrai ; mais le soin de rétablir ma raison ne l'est pas. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  98. Seigneur, est-ce que vous les voyez, et craignez-vous de les sentir ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  99. J'ai toujours estimé ton zèle, et tu ne saurais me le prouver mieux qu'en t'acquittant exactement de ce que je te dis là. (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  100. Voute affaire est faite ; pas pus tard que tantôt, je vous apportons toute sa pensée. (Acte 1, scène 9, DIMAS)
  101. C'est par civilité, mon ami ; mais je ne t'en aime pas moins, quoique je te laisse là. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  102. Le vin et l'amiquié, c'est tout un ; pus ils sont vieux tous deux, et mieux c'est. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  103. Cette comparaison-là est de bon goût, nous en boirons la moitié quand tu voudras, et tu boiras gratis à mes dépens. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  104. Il a raison, voilà ce que c'est que de vouloir savoir son compte. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  105. Est-ce qu'il m'a vu aussi compter ma finance ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  106. voirement, c'est bian pis ; faut qu'il se doute de toute la manigance ; car il m'a enchargé de faire ici le renard en tapinois, pour à celle fin de défricher la pensée de ces deux parsonnes dont il a doutance par rapport à l'intention qu'alles avont, dont il est en peine d'avoir connaissance au juste, vous entendez bian ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  107. Preumièrement d'abord, faut pas li déclarer ce que c'est que ce monde-là, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  108. Gage que non, ça ne se peut pas ; ça est par trop difficile. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  109. Est-ce que tu ne le savais pas ? (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  110. Je serais bian dégoûté, si je ne l'étais pas ; mais où est-il cet argent ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  111. Cette étourderie-là n'est pas à bon marché, je vous en avartis. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  112. Je sais bien qu'elle est considérable. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  113. C'est qu'Agis a pris son coeur dans une promenade. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  114. Et elle s'est mise comme ça pour escamoter aussi le coeur d'Agis sans qu'il le voie. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  115. Tout ça est d'un bon revenu pour moi ; tout ça se peut, moyennant que j'escamote itou. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  116. Et ce petit valet Hermidas, est-ce itou une escamoteuse ? (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  117. C'est encore un coeur que je pourrais bien prendre en passant. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  118. Il est avec le jardinier, il n'y a pas moyen de lui parler. (Acte 2, scène 2, HERMIDAS)
  119. Corine, c'en est fait, mon projet est renversé. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  120. Non, Madame, ne vous découragez point ; dans votre projet vous avez besoin d'ouvriers, il n'y a qu'à gagner aussi le jardinier, n'est-il pas vrai, Dimas ? (Acte 2, scène 2, HERMIDAS)
  121. Ne tient-il aussi qu'à cela, Dimas ; prends toujours d'avance ce que je te donne là, et si tu te tais, sache que tu remercieras toute ta vie le ciel d'avoir été associé à cette aventure-ci ; elle est plus heureuse pour toi que tu ne saurais te l'imaginer. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  122. Et moi, me voilà ruiné ; car sans ma peste de langue, tout cet argent-là arrivait dans ma poche, et c'est de mes deniers qu'on achète ce vaurien-là. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  123. Qu'il vous suffise que je vous ferai riches tous deux : mais parlons de ce qui m'amenait ici, et qui m'inquiète : Hermocrate m'a promis tantôt de me garder quelque temps ici ; cependant je crains qu'il n'ait changé de sentiment ; car il est actuellement en grande conversation, sur mon compte, avec Agis et sa soeur, qui veulent que je reste. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  124. Dis-moi la vérité, Arlequin ; ne t'est-il rien échappé avec lui de mes desseins sur Agis ? (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  125. Si tu n'as rien dit, je ne crains rien, vous saurez de Corine à quoi j'en suis avec le philosophe et sa soeur ; et vous, Corine, puisque Dimas est des nôtres, partagez entre Arlequin et lui ce qu'il y aura à faire ; il s'agit à présent d'entretenir les dispositions du frère et de la soeur. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  126. Je vous cherchais, mon cher Phocion, et vous me voyez inquiet ; Hermocrate n'est plus si disposé à consentir à ce que vous souhaitez ; je n'ai encore été mécontent de lui qu'aujourd'hui ; il n'allègue rien de raisonnable ; ce n'est point encore moi qui l'ai pressé sur votre chapitre, j'étais seulement présent quand sa soeur lui a parlé pour vous : elle n'a rien oublié pour le déterminer, et je ne sais ce qu'il en sera ; car une affaire qui demandait Hermocrate, et qui l'occupe actuellement, a interrompu leur entretien ; mais, cher Phocion, que ce que je vous dis là ne vous rebute pas ; pressez-le encore, c'est un ami qui vous en conjure ; je lui parlerai moi-même, et nous pourrons le vaincre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  127. Laissez-moi vous en demander une preuve : voilà la première fois que je goûte le charme de l'amitié ; vous avez les prémices de mon coeur, ne m'apprenez point la douleur dont on est capable quand on perd son ami. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  128. Écoutez le reste : souvenez-vous que vous m'avez dit qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous voir toujours ; et sur ce pied-là voici ce que j'imagine. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  129. Je ne saurais si tôt quitter ces lieux, d'importantes raisons, que vous saurez quelque jour, m'en empêchent ; mais vous, Phocion, qui êtes le maître de votre sort, attendez ici que je puisse décider du mien ; demeurez près de nous pour quelque temps ; vous y serez dans la solitude, il est vrai ; mais nous y serons ensemble, et le monde peut-il rien offrir de plus doux que le commerce de deux coeurs vertueux qui s'aiment ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  130. Je suis content : les dieux m'ont fait naître dans l'infortune ; mais puisque vous restez, ils s'apaisent, et voilà le signal des faveurs qu'ils me réservent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  131. Ce sexe est l'objet de votre haine, Agis ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  132. Cet aveu change tout entre nous, Seigneur : je vous ai promis de demeurer en ces lieux ; mais la bonne foi me le défend, cela n'est plus possible, et je pars : vous auriez quelque jour des reproches à me faire ; je ne veux point vous tromper, et je vous rends jusqu'à l'amitié que vous m'aviez accordée. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  133. Rassurez-vous, Agis ; vous ne me regretterez point ; vous avez craint de connaître ce que c'est que la douleur de perdre un ami ; je vais l'éprouver bientôt ; mais vous ne la connaîtrez point. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  134. Ce n'est point Phocion ?... (Acte 2, scène 3, AGIS)
  135. Mon nom est Aspasie ; je suis née d'un sang illustre dont il ne reste plus que moi. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  136. Je vous y ai rencontré, vous m'avez offert votre amitié, je vous ai vu digne de toute la mienne ; la confiance que je vous marque est une preuve que je vous l'ai donnée, et je la conserverai malgré la haine qui va succéder à la vôtre. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  137. Votre sexe est dangereux, il est vrai, mais les infortunés sont trop respectables. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  138. Le jeune seigneur qu'on veut que j'épouse me paraît estimable ; après tout, plutôt que de prolonger un état aussi rebutant que le mien, ne vaudrait-il pas mieux me rendre ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  139. J'ai toujours entendu dire que le sort le plus triste est d'être uni avec ce qu'on n'aime pas, que la vie alors est un tissu de langueurs ; que la vertu même, en nous secourant, nous accable ; mais peut-être sentez-vous que vous aimerez volontiers celui qu'on vous propose. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  140. Non, Seigneur ; ma fuite en est une preuve. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  141. Toujours, Madame, d'autant plus qu'il n'y a rien à craindre ; puisqu'il ne s'agit entre nous que d'amitié, qui est le seul penchant que je puisse inspirer, et le seul aussi, sans doute, dont vous soyez capable. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  142. Seigneur, personne n'est plus digne que vous de la qualité d'ami : celle d'amant ne vous convient que trop ; mais ce n'est pas à moi à vous le dire. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  143. Laissons donc là l'amour, il est même dangereux d'en parler. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  144. Voici, je pense, un domestique qui vous cherche : Hermocrate n'est peut-être plus occupé ; souffrez que je vous quitte pour aller le joindre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  145. Ils ne manqueront pas aussi de récompenser le mien, car il est bien honnête. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  146. Non, Léontine, cela n'est pas possible ; c'est un sacrifice que mon coeur ne saurait plus vous faire : moi, vous quitter ! (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  147. C'est à votre vertu même à qui je parle, c'est elle que j'interroge ; qu'elle soit juge entre vous et moi. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  148. Non, Phocion ; c'est de l'amour que vous voulez m'inspirer, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  149. Ce n'est pas la douleur d'en avoir que vous voulez que je sente, et je ne sentirais que cela : ainsi, retirez-vous, je vous en conjure, et laissez-moi dans l'état où je suis. (Acte 2, scène 5, L?ONTINE)
  150. Qu'est-ce que cette tyrannie-là ? (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  151. Est-ce que vous me haïssez ? (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  152. Que fait donc là ce domestique, Madame ? (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  153. Va-t'en, Arlequin ; il n'est pas nécessaire que tu restes ici. (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  154. Plus nécessaire que vous ne pensez, Madame ; vous ne savez pas à qui vous avez affaire : ce Monsieur-là n'est pas si friand de la sagesse que des filles sages ; et je vous avertis qu'il veut déniaiser la vôtre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  155. Rien ne m'annonce ce que tu dis là, et c'est une plaisanterie que tu fais. (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  156. Tenez, Madame, tantôt son valet, qui est un autre espiègle, est venu me dire : Eh bien ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  157. Qu'est-ce ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  158. Que votre maîtresse est aimable !... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  159. Restera-t-elle fille ?... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  160. Qui est-ce qui la voit, qui est-ce qui ne la voit pas ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  161. Est-ce que votre maître en est amoureux ?... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  162. Il en perd l'esprit : nous ne restons ici que pour lui avoir le coeur, afin qu'elle nous épouse ; car nous avons des richesses et des flammes plus qu'il n'en faut pour dix ménages. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  163. N'est-il pas vrai, seigneur Phocion, qu'Hermidas n'a fait que s'amuser en lui disant cela ? (Acte 2, scène 6, LÉONTINE)
  164. Puisque le fripon est de vos amis, ce n'est pas la peine de crier au voleur. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  165. C'est apparemment d'un portrait dont vous parlez, Seigneur ? (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  166. Il n'est pas achevé, Madame. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  167. C'est le mien ! (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  168. Je ne veux jamais vous perdre de vue ; la moindre absence m'est douloureuse, ne durât-elle qu'un moment ; et ce portrait me l'adoucira ; cependant vous le gardez. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  169. Est-il donc arrêté que je vous aimerai ? (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  170. Je resterai donc, et vous parlerez à Hermocrate. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  171. Est-il souvent avec Agis ? (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  172. Ce début me fait craindre le reste. (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  173. C'est que je compare voute face à ce qui arrive ; c'est qu'il se passe des choses émerveillables, et qui portont la signifiance de la rareté de voute parsonne ; c'est qu'en se meurt, en soupire. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  174. Par ma foi, c'est de vous, et pis d'un garçon qui n'est qu'une fille. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  175. il n'y a que son habit qui est un homme, le reste est une fille. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  176. Tatigué, qu'alle est remplie de charmes ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  177. Comme je charchions tantôt à obéir à voute commandement, je l'avons vu qui coupait dans le taillis avec son valet Hermidas, qui est itou un acabit de garçon de la même étoffe. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  178. Velà qui est fait, Corine ; il n'y a pus de guarison pour moi, ma mie ; je l'aime trop, cet homme-là, je ne saurais pu que faire ni que dire : Eh mais pourtant, Madame, vous êtes si belle ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  179. Eh mais où est-il ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  180. Il me représente qu'il est sage. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  181. qu'est-ce que ça m'avance ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  182. Est-ce que les vartus ne se mariont pas ensemble ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  183. Il me suffit, te dis-je, c'en est assez. (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  184. Je sis d'avis que vous guarissiez cet enfant-là, noute maître, en tombant itou malade pour elle, et pis la prenre pour minagère ; car en restant garçon ; ça entarre la lignée d'un homme, et ce serait dommage de l'entarrement de la vôtre. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  185. Sois discret, Dimas, je te l'ordonne : il serait fâcheux, pour la personne en question, que cette aventure-ci fût connue ; et de mon côté, je vais y mettre ordre en la renvoyant... (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  186. Et pis, il ne prétend pas que vous restiais. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  187. Eh pargué, c'est qu'il ne s'entend pas li-même ; il ne voit pus goutte à ce qu'il veut. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  188. velà sa darnière parole : toute sa philosophie est à vau l'iau, il n'y en reste pas une once. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  189. Il faudra bien qu'il me cède ce reste-là ; un portrait vient de terrasser la prud'homie de la soeur, j'en ai encore un au service du frère ; car toute sa raison ne mérite pas les frais d'un nouveau stratagème. (Acte 2, scène 10, PHOCION)
  190. Mais, Madame, ayez toujours souvenance que ma fortune est au bout de l'histoire. (Acte 2, scène 10, DIMAS)
  191. C'est que je me suis tantôt aperçue que vous me fuyiez aussi. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  192. Il y a une personne que j'aime ; mais j'ignore si ce que je sens pour elle est amitié ou amour ; car j'en suis là-dessus à mon apprentissage ; et je venais vous prier de m'instruire. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  193. Cela ne vous est pas difficile ; quand vous êtes venue ici, vous savez que je n'aimais rien. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  194. C'est moi ; cela va tout de suite. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  195. Oui, c'est vous, Aspasie, et je vous demande à quoi j'en suis. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  196. Il est vrai que vous n'aviez point encore aimé quand vous êtes arrivée. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  197. Le reste est clair. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  198. C'est donc pour moi que votre coeur est en peine, Aspasie ? (Acte 2, scène 11, AGIS)
  199. C'est de quoi il est question. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  200. Allons, allons, c'est de l'amour ; il est inutile de vous interroger davantage. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  201. Amour comme il n'en est point, peut-être. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  202. Oui, cela est vrai ; vous l'avez deviné, et ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  203. Mais ce n'est pas le tout que d'aimer, il faut avoir la liberté de se le dire, et se mettre en état de se le dire toujours. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  204. C'est bien dit, Agis ; allez-y dès ce moment ; il faudra bien nous retrouver, car j'ai bien des choses à vous dire. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  205. Différentes affaires m'ont retenu, Aspasie ; mais il ne s'agit plus de penchant ; votre séjour ici est désormais impraticable ; il vous ferait tort ; Dimas sait qui vous êtes. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  206. C'est que j'ai peur que votre secret n'éclate, et ne nuise à l'estime qu'on a pour moi ; c'est que je vous sacrifie à l'orgueilleuse crainte de ne pas paraître vertueux, sans me soucier de l'être ; c'est que je ne suis qu'un homme vain, qu'un superbe, à qui la sagesse est moins chère que la méprisable et frauduleuse imitation qu'il en fait. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  207. Voilà ce que c'est que l'objet de votre amour. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  208. L'univers est plein de gens qui me ressemblent. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  209. Vous parlez de ma gloire : en est-il qui vaille celle de vous avoir causé le moindre des mouvements que vous dites ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  210. Non, c'en est fait, Seigneur, je ne vous demande plus le repos de mon coeur ; vous me le rendez par l'aveu que vous me faites ; vous m'aimez, je suis tranquille et charmée. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  211. Il me reste un mot à vous dire, et je finis par là. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  212. Je suis venue vous demander du secours contre mon amour ; vous ne m'en avez point donné d'autre que m'avouer que vous m'aimiez ; c'est après cet aveu que vous me renvoyez ; après un aveu qui redouble ma tendresse ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  213. Les dieux détesteront cette même sagesse conservée aux dépens d'un jeune coeur que vous avez trompé, dont vous avez trahi la confiance, dont vous n'avez point respecté les intentions vertueuses, et qui n'a servi que de victime à la férocité de vos opinions. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  214. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 13, HERMIDAS)
  215. Qu'est-ce que c'est qu'Hermidas te demande ? (Acte 2, scène 13, HERMOCRATE)
  216. J'ai découvert un micmac, seigneur Hermocrate ; il s'agit d'une affaire de conséquence ; il n'y a que le diable et ces personnages-là qui le sachent ; mais il faut voir ce que c'est. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  217. Votre propre visage, à l'exception qu'il est plus court que celui que vous portez ; le nez que vous avez ordinairement tient lui seul plus de place que vous tout entier dans ce minois : Est-ce qu'il est permis de rapetisser la face des gens, de diminuer la largeur de leur physionomie ? (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  218. Cette personne, quelle est-elle ? (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  219. N'en demandez pas davantage, Hermocrate, faites-moi la grâce d'ignorer le reste. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  220. Ce que je vois est à peine croyable. (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  221. Sur ce pied-là, vous devez estimer le mien, et le voilà ; marquez-moi qu'il vous est cher. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  222. C'est l'instant où je triomphe, dites-vous ; ne le laissons pas perdre, il est précieux : vos yeux me regardent avec une tendresse que je voudrais bien qu'on recueillît, afin d'en conserver l'image. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  223. Je venais vous prier, Seigneur, de nous laisser Phocion pour quelque temps ; mais j'augure que vous y consentez, et qu'il est inutile que je vous en parle. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  224. Vous souhaitez donc qu'il reste, Agis ? (Acte 2, scène 15, HERMOCRATE)
  225. Je vous avoue que j'aurais été très fâché qu'il partît, et que rien ne saurait me faire tant de plaisir que son séjour ici ; on ne saurait le connaître sans l'estimer, et l'amitié suit aisément l'estime. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  226. Peut-être que j'interromps la conversation que vous avez ensemble, et c'est à quoi j'attribue la froideur avec laquelle vous m'écoutez ; ainsi je me retire. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  227. Je ne sais ce que j'en dois croire ; depuis qu'il est avec moi, je n'ai rien vu qui l'intéressât tant que vous : vous connaît-il ? (Acte 2, scène 16, HERMOCRATE)
  228. Seigneur, vous me comblez de joie : Vous m'avez dit que vous aviez été jaloux ; il ne me restait plus que le plaisir de le voir moi-même, et vous me le donnez : mon coeur vous remercie de l'injustice que vous me faites. (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  229. Hermocrate est jaloux, il me chérit, il m'adore ! (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  230. Il est injuste, mais il m'aime ; qu'importe à quel prix il me le témoigne ? (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  231. Il s'agit pourtant de me justifier : Agis n'est pas loin, je le vois encore ; qu'il revienne, rappelons-le, Seigneur ; je vais le chercher moi-même ; je vais lui parler, et vous verrez si je mérite vos soupçons. (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  232. Il m'a tantôt marqué tant d'estime pour vous, il m'en a dit tant de bien, que je lui ai promis qu'il resterait, et que vous y consentiriez ; je lui en ai donné ma parole : son séjour sera court, et ce n'est pas la peine de m'en dédire. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  233. Non, Léontine ; vous savez mes égards pour vous, et je ne vous en dédirai point : dès que vous avez promis, il n'y a plus de réplique ; il restera tant qu'il voudra, ma soeur. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  234. D'ailleurs, je regarde que c'est, en passant, un amusement pour Agis, qui vit dans une solitude dont on se rebute quelquefois à son âge. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  235. Et qui est-ce qui ne s'y ennuierait pas ? (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  236. N'est-on pas né pour la société ? (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  237. Après tout, le mal n'est pas sans remède ; heureusement on peut se raviser. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  238. Je ne sais à qui elle en veut ; peut-être est-ce à quelqu'un aussi jeune pour elle que l'est Aspasie pour moi. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  239. Mais il faut remplir sa destinée. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  240. Oui, Madame ; Dimas, sans savoir pourquoi, m'a fourni un homme à qui je les ai remises ; et comme la distance d'ici au château est petite, vous aurez bientôt des nouvelles. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  241. Je lui dis de suivre celui qui les lui rendra ; d'arriver ici avec ses gardes et mon équipage : ce n'est qu'en prince que je veux qu'Agis sorte de ces lieux. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  242. J'ai un mot à vous dire, mon cher Phocion ; le sort en est jeté ; nos embarras vont finir. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  243. Je vous ai dit que c'est un spectacle que je ne voulais pas donner ici, mais les mesures que nous avons prises ne me paraissent pas décentes ; vous avez envoyé chercher un équipage, qui doit nous attendre à quelques pas de la maison, n'est-il pas vrai ? (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  244. Oui-da, vous avez raison ; partez, c'est fort bien dit. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  245. Je sais que le vôtre est impayable, mais ne vous amusez point. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  246. La démarche est innocente, et vous n'y courez aucun hasard ; allez vous y préparer. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  247. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  248. On n'est jamais sûr de rien avec vous. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  249. Il me reste encore une chose à vous dire, et qui m'embarrasse beaucoup. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  250. Vous ne finissez rien, il y a toujours un reste. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  251. Qui est-il donc ? (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  252. Vous avez entendu parler de Cléomène ; Agis est son fils, échappé de la prison dès son enfance. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  253. Votre confidence est en de bonnes mains. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  254. Je ne m'y fierais pas ; elle est née d'un sang qui n'est ni l'un ni l'autre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  255. Elle n'est que l'héritière des coupables ; ce serait là se venger d'un crime par un autre, et Agis n'en est point capable : il suffira de la vaincre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  256. Mais que veulent encore ces domestiques ? (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  257. Et de quoi est-il question ? (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  258. Et voute ouvrage à vous, est-il avancé ? (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  259. Parlons d'affaire ; j'avons vendu du noir, que c'est une marveille ! (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  260. J'avons fait un étouffement de conscience qui était bian difficile, et qui est bian méritoire. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  261. Voute manigance est bientôt finie. (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  262. Achetez le reste de l'aventure ; nous la vendrons à un prix raisonnable. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  263. C'est que, si vous me nuisez, si vous n'êtes pas discrets, je vous ferai expier votre indiscrétion dans un cachot. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  264. Non, c'est peut-être le chemin du cachot ; et j'aime encore mieux rien que quatre murailles. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  265. J'ai presque haï Hermocrate et Léontine de toute l'amitié qu'ils vous marquent ; mais qui est-ce qui ne vous aimerait pas ? (Acte 3, scène 5, AGIS)
  266. Que vous êtes aimable, Aspasie, et qu'il m'est doux de vous aimer ! (Acte 3, scène 5, AGIS)
  267. Vous saurez bientôt, à votre tour, de quel prix votre coeur est pour le mien. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  268. Mais, dites-moi ; cette tendresse, dont la naïveté me charme, est-elle à l'épreuve de tout ? (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  269. Rien n'est-il capable de me la ravir ? (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  270. Je connais vos charmes ; je connais la douceur des sentiments de votre âme, rien ne peut m'arracher à tant d'attraits, et c'en est assez pour vous adorer toute ma vie. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  271. Mais plus il m'est cher, et plus je crains de le perdre ; je vous ai déguisé qui j'étais, et ma naissance vous rebutera peut-être. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  272. C'est Hermocrate. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  273. Ma destinée avec vous ne dépend plus que d'un mot. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  274. Quel est donc le sujet de votre embarras, Seigneur ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  275. Un solitaire qui médite, qui étudie, qui n'a de commerce qu'avec son esprit, et jamais avec son coeur, un homme enveloppé de l'austérité de ses moeurs n'est guère en état de porter son jugement sur certaines choses ; il va toujours trop loin. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  276. C'est un sentiment sur qui tout roule. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  277. Est-ce là le sujet de votre embarras ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  278. Il n'est pas agréable de se dédire ; et je reviens de loin. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  279. Si vous saviez au reste avec quel excès d'amour, avec quelle industrie de passion on est venu me surprendre, vous augureriez mal d'un coeur qui ne se serait pas rendu. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  280. Pour ne point risquer un mauvais accueil, on se déguise, on change d'habit, on devient le plus beau de tous les hommes ; on arrive ici, on est reconnu. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  281. Je veux qu'on se retire ; je crois même que c'est à vous à qui on en veut ; on me jure que non. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  282. Ma main, ma fortune, tout est à vous avec mon coeur : donnez-moi le vôtre ou guérissez le mien ; cédez à mes sentiments, ou apprenez-moi à les vaincre ; rendez-moi mon indifférence, ou partagez mon amour ; et l'on me dit tout cela avec des charmes, avec des yeux, avec des tons qui auraient triomphé du plus féroce de tous les hommes. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  283. Y est-elle venue ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  284. Elle y est encore. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  285. C'est elle-même ; mais n'en dites mot. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  286. Il est assez particulier que nous y ayons tous deux affaire ; vous vous souvenez de ce que vous m'avez dit tantôt : votre voyage ne cache-t-il pas quelque mystère ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  287. Voilà une question qui me ferait douter des motifs du vôtre ; vous vous souvenez aussi des discours que vous m'avez tenus ? (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  288. C'est mon coeur qui me conduit où je vais. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  289. C'est le mien qui me met en voyage. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  290. Tant mieux, Hermocrate, et grâce à notre mutuelle confidence, je crois que celui que j'aime et moi, nous nous épargnerons les frais du départ : il est ici, et puisque vous savez tout, ce n'est pas la peine de nous aller marier plus loin. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  291. Vous avez raison, et je ne partirai point non plus ; nos mariages se feront ensemble, car celle à qui je me donne est ici aussi. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  292. Je ne sais pas où elle est ; pour moi, c'est Phocion que j'épouse. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  293. Celui qui est venu nous trouver ici ? (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  294. Rien n'est plus vrai. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  295. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  296. Ce n'est pas le vôtre, c'est le mien qu'il a fait faire à mon insu. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  297. Tenez, ma soeur, en voilà le double ; le vôtre est en homme, et le mien est en femme ; c'en est toute la différence. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  298. C'en est fait, je n'y saurais plus tenir ; elle ne m'a point donné de portrait, mais je dois l'épouser aussi. (Acte 3, scène 8, AGIS)
  299. Il n'est pas question de se plaindre ; nos domestiques étaient gagnés, je crains quelques desseins cachés ; hâtons-nous, Léontine, ne perdons point de temps : il faut que cette fille s'explique, et nous rende compte de son imposture. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  300. Je vous entends ; tout est découvert. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  301. C'est pour vous que j'ai trompé tout le monde, et je n'ai pu faire autrement ; tous mes artifices sont autant de témoignages de ma tendresse, et vous insultez, dans votre erreur, au coeur le plus tendre qui fut jamais. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  302. Vous m'aimerez, vous m'estimerez, vous me demanderez pardon. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  303. J'ai tout employé pour abuser des coeurs dont la tendresse était l'unique voie qui me restait pour obtenir la vôtre, et vous étiez l'unique objet de tout ce qu'on m'a vu faire. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  304. Ce que vous me dites là est-il possible, Aspasie ? (Acte 3, scène 9, AGIS)
  305. Ce n'est pas là tout ; cette Princesse, que vous appelez votre ennemie et la mienne... (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  306. S'il est vrai que vous m'aimiez, peut-être un jour vous fera-t-elle pleurer ma mort ; elle n'épargnera pas le fils de Cléomène. (Acte 3, scène 9, AGIS)
  307. Disposez vous-même de sa vie ; c'est son coeur ici qui vous la livre. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  308. De qui est ce portrait-là ? (Acte 3, scène 10, HERMOCRATE)
  309. C'est de moi. (Acte 3, scène 10, PHOCION)
  310. Madame, Ariston est arrivé. (Acte 3, scène 11, HERMIDAS)
  311. Il est temps de partir ; vos gardes vous attendent. (Acte 3, scène 11, PHOCION)
  312. Au reste, vous n'êtes point à plaindre, Hermocrate ; je laisse votre coeur entre les mains de votre raison. (Acte 3, scène 11, PHOCION)

LA SURPRISE DE L'AMOUR (1723)

  1. Mais, qu'est-ce qu'il te faut donc ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  2. Tu me veux pour ta femme, eh bian, est-ce que je recule à cela. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  3. Bon, qu'est-ce que ça dit ! (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  4. Est-ce que toutes les filles n'aimont pas à devenir la femme d'un homme ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  5. C'est donc un oisiau bien rare qu'un homme, pour en être si envieuse ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  6. Hé là, là, je parle en discourant, je savons bian que l'oisiau n'est pas rare, mais quand une fille est grande ; alle a la fantaisie d'en avoir un, et il n'y a pas de mal à ça, Jacqueline, car ça est vrai, et tu n'iras pas là contre. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  7. Est-ce que Blaise et le gros Colas ne sont pas affolés de moi tous deux, est-ce qu'ils ne sont pas des hommes aussi bian que toi ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  8. C'est que tu m'aimes mieux qu'eux tant seulement ; mais si je ne te prenais pas moi, ça te fâcherait-il ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  9. Eh morguenne, voilà le tu autem ; je veux de l'amiquié pour la parsonne de moi tout seul : quand tout le Village vianrait te dire, Jacqueline épouse-moi, je voudrais que tu fis bravement la grimace à tout le village, et que tu lui disi, nennin-da, je veux être la femme de Piarre, et pis c'est tout : pour ce qui est d'en cas de moi, si j'allais être un parfide, je voudrais que ça te fâchit rudement, et que t'en pleurisse tout ton soûl ; et velà margué ce qu'en appelle aimer le monde. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  10. Tians, moi qui te parle, si t'allais me changer, il n'y aurait pu de çarvelle cheux moi, c'est de l'amiquié que ça : tatigué que je serais content si tu pouvais itout devenir folle, ah ! (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  11. Je t'ai toujours trouvé une bonne philosomie d'homme, tu m'as fait l'amour, et franchement ça m'a fait plaisir, mais l'honneur des filles les empêche de parler, après ça, ma tante disait toujours qu'un amant, c'est comme un homme qui a faim, pu il a faim, et pu il a envie de manger ; pu un homme a de peine après une fille, et pu il l'aime. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  12. Et pourquoi donc ça, est-ce qu'il y a du mal à aimer son prochain, et morgué je m'en vas lui gager, moi, que ça se pratique chez les Turcs, et si ils sont bien méchants. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  13. Oh, c'est pis qu'un Turc, à cause d'une dame de Paris qui l'aimait beaucoup, et qui li a tourné casaque pour un autre galant plus mal bâti que li : noute monsieur a fait du tapage ; il li a dit qu'alle devait être honteuse ; alle lui a dit qu'alle ne voulait pas l'être ; et voilà bian de quoi ; Ç'a-t-elle fait, et pis des injures, ous êtes cun indeigne, et voyez donc cet impertinent ; et je me vengerai, et moi, je m'en gausse ; tant y a qu'à la parfin, alle li a farmé la porte sur nez, l'i qui est glorieux a pris ça en mal, et il est venu ici pour vivre en harmite, en philosophe, car velà comme il dit, et depuis ce temps, quand il entend parler d'amour, il semble qu'en l'écorche comme une anguille ; son valet Arlequin fait itou le dégoûté, quand il voit une fille à droite, ce drôle de corps se baille les airs d'aller à gauche, à cause de queuque mijaurée de chambrière qui li a, à ce qu'il dit, vendu du noir. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  14. Quiens, véritablement c'est une piquié que ça, il n'y a pas de police, an punit tous les jours de pauvres voleurs, et an laisse aller et venir les parfides, mais velà ton maître, parle li. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  15. Non, il a la face triste, c'est peut-être qu'il rêve aux femmes, je sis d'avis que j'attende que ça soit passé ; va, va, il y a bonne espérance, pisque ta maîtresse est arrivée, et qu'alle a dit qu'alle lui en parlerait. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  16. Le temps est sombre aujourd'hui. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  17. Ma foi oui, il est aussi mélancolique que nous. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  18. Oh, on n'est pas toujours dans la même disposition, l'esprit aussi bien que le temps est sujet à des nuages. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  19. Tout le monde en est assez de même. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  20. C'est que tu as quelque chose qui te chagrine. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  21. Pourquoi, en vérité je n'en sais rien, c'est peut-être que je suis triste de ce que je ne suis pas gai. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  22. Ah, si tu es malade, c'est une autre affaire. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  23. C'est une santé de crocheteur, un honnête homme serait heureux de l'avoir. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  24. Cependant, je me sens pesant et lourd, j'ai une fainéantise dans les membres, je bâille sans sujet, je n'ai du courage qu'à mes repas, tout me déplaît ; je ne vis pas, je traîne, quand le jour est venu, je voudrais qu'il fût nuit ; quand il est nuit, je voudrais qu'il fût jour : voilà ma maladie, voilà comment je me porte bien et mal. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  25. Je t'entends, c'est un peu d'ennui qui t'a pris, cela se passera, as-tu sur toi ce livre qu'on m'a envoyé de Paris... réponds donc ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  26. Qu'est-ce que cette cérémonie ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  27. C'est pour ne pas voir sur cet arbre deux petits oiseaux qui sont amoureux ; cela me tracasse, j'ai juré de ne plus faire l'amour, mais quand je le vois faire, j'ai presque envie de manquer de parole à mon serment, cela me raccommode avec ces pestes de femmes, et puis c'est le diable de me refâcher contre elles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  28. Pardi, cela me fait tout le contraire, à moi, quand ces émotions-là me prennent, c'est alors que ma résolution branle : enseignez-moi donc à en faire mon profit comme vous. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  29. Et moi, Monsieur, je vous assure que je vous aime cent fois plus aussi que de coutume, à cause que vous avez la bonté de m'aimer tant : je ne veux plus voir de femmes, non plus que vous ; cela n'a point de conscience, j'ai pensé crever de l'infidélité de Margot, les passe-temps de la campagne, votre conversation et la bonne nourriture m'ont un peu remis, je n'aime plus cette Margot, seulement quelquefois son petit nez me trotte encore dans la tête : mais quand je ne songe point à elle, je n'y gagne rien, car je pense à toutes les femmes en gros, et alors les émotions de coeur, que vous dites viennent me tourmenter ; je cours, je saute, je chante, je danse, je n'ai point d'autre secret pour me chasser cela, mais ce secret-là n'est que de l'onguent miton-mitaine ; je suis dans un grand danger, et puisque vous m'aimez tant, ayez la charité de me dire comment je ferai, pour devenir fort quand je suis faible. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  30. Cela est tout raisonnable, pourquoi faire du mal à ceux qui ne te font rien. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  31. Quand quelqu'un me vante une femme aimable et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  32. Et qu'est-ce que c'est qu'une femme ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  33. En vérité, c'est pourtant un joli petit animal que cette femme, un joli petit chat, c'est dommage qu'il ait tant de griffes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  34. Tu as raison, c'est dommage ; car enfin, est-il dans l'univers de figure plus charmante ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  35. C'est une créature à manger. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  36. Voyez ces ajustements, jupes étroites, jupes en lanterne, coiffure en clocher, coiffure sur le nez, capuchon sur la tête, et toutes les modes les plus extravagantes, mettez-les sur une femme, dès qu'elles auront touché sa figure enchanteresse, c'est l'Amour et les Grâces qui l'ont habillée, c'est de l'esprit qui lui vient jusques au bout des doigts. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  37. Cela n'est-il pas bien singulier ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  38. Oh, cela est vrai ; il n'y a mardi pas de livre qui ait tant d'esprit qu'une femme, quand elle est en corset et en petites pantoufles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  39. Pour l'aimer, parce que c'est le devoir de notre emploi ; quelle pitoyable façon de faire ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  40. Une femme ne veut être ni tendre ni délicate, ni fâchée ni bien aise ; elle est tout cela sans le savoir, et cela est charmant. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  41. Sans l'aiguillon de la jalousie et du plaisir notre coeur à nous autres est un vrai paralytique, nous restons là comme des eaux dormantes, qui attendent qu'on les remue pour se remuer. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  42. Le coeur d'une femme se donne sa secousse à lui-même, il part sur un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance : elle a beau vous avoir dit qu'elle aime, le répète-t-elle vous l'apprenez toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux, en les relevant, en sortant de sa place, en y restant, enfin c'est de la jalousie, du calme, de l'inquiétude, de la joie, du babil, et du silence de toutes couleurs, et le moyen de ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ; le moyen de se voir adorer sans que la tête vous tourne, pour moi, j'étais tout aussi sot que les autres amants ; je me croyais un petit prodige, mon mérite m'étonnait : ah, qu'il est mortifiant d'en rabattre, c'est aujourd'hui ma bêtise qui m'étonne, l'homme prodigieux a disparu, et je n'ai trouvé qu'une dupe à la place. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  43. Oui, est-ce que tout cela n'est pas bien joli. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  44. Non, tout cela est affreux. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  45. Bon, bon, c'est que vous voulez m'attraper peut-être. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  46. Non, ce sont là les instruments de notre supplice, dis-moi, mon pauvre garçon, si tu trouvais sur ton chemin de l'argent d'abord, un peu plus loin de l'or, un peu plus loin des perles, et que cela te conduisît à la caverne d'un monstre, d'un tigre, si tu veux, est-ce que tu ne haïrais pas cet argent, cet or et ces perles ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  47. Je ne suis pas si dégoûté, je trouverais cela fort bon ; il n'y aurait que le vilain tigre dont je ne voudrais pas, mais je prendrais vitement quelques milliers d'écus dans mes poches, je laisserais là le reste, et je décamperais bravement après. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  48. Oui, mais tu ne saurais point qu'il y a un tigre au bout, et tu n'auras pas plutôt ramassé un écu, que tu ne pourras t'empêcher de vouloir le reste. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  49. Fi, par la morbleu, c'est bien dommage, voilà un sot trésor, de se trouver sur ce chemin-là. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  50. Mon enfant, cet argent que tu trouves d'abord sur ton chemin, c'est la beauté, ce sont les agréments d'une femme qui t'arrêtent ; cet or que tu rencontres encore, ce sont les espérances qu'elle te donne ; enfin ces perles, c'est son coeur qu'elle t'abandonne avec tous ses transports. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  51. Le tigre enfin paraît après les perles, et ce tigre, c'est un caractère perfide retranché dans l'âme de ta maîtresse, il se montre, il t'arrache son coeur, il déchire le tien, adieu tes plaisirs, il te laisse aussi misérable, que tu croyais être heureux. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  52. Ah, c'est justement la bête que Margot a lâchée sur moi, pour avoir aimé son argent, son or, et ses perles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  53. Oh, voilà qui est fait, je renonce à toutes les femmes, et à tous les trésors du monde, et je m'en vais boire un petit coup, pour me fortifier dans cette bonne pensée. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  54. Monsieur, c'est que je voulions vous parler d'une petite affaire. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  55. C'est que, ne vous déplaise... (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  56. Quel est-il ? (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  57. C'est que révérence parler, j'avons le coeur tendre. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  58. Voilà un plaisant aveu ; et qui est le nigaud qui est amoureux de toi ? (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  59. Eh, eh, eh, c'est moi, Monsieur. (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  60. Ah, c'est toi, Maître_Pierre, je t'aurais cru plus raisonnable, eh bien, Jacqueline, c'est donc pour lui que tu as le coeur tendre ? (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  61. Oui, Monsieur, il y a bien deux ans en ça que ça m'est venu... (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  62. Monsieur, franchement, c'est qu'à me trouve gentil, et si ce n'était qu'alle fait la difficile, il y aurait longtemps que je serions ennocés. (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  63. Est-ce que vous croyez que je sommes comme vos girouettes de Paris, qui tournent à tout vent. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  64. Allez, allez, si quelqu'un de nous deux se plante là, ce sera li qui me plantera, et non pas moi. à tout hasard, notre monsieur, donnez-moi tant seulement une petite parmission de mariage, c'est pour ça que j'avons prins la liberté de vous attaquer. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  65. Oui, Monsieur, voilà tout fin dret ce que c'est, et Jacqueline a itou queuque doutance que vous vourez bian de votre grâce, et pour l'amour de son sarvice, et de stilà de son père et de sa mère, qui vous ont tant sarvi quand ils n'étient pas encore défunts, tant y a, Monsieur excusez l'importunance, c'est que je sommes pauvres, et tout franchement, pour vous le couper court... (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  66. C'est donc, ne vous en déplaise, que je voulons nous marier, et, comme ce dit l'autre, ce n'est pas le tout qu'un pourpoint, s'il n'y a des manches ; c'est ce qui fait, si vous parmettez que je vous le disions en bref... (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  67. C'est que j'avons queuque espérance que vous nous baillerez queuque chose en entrée de ménage. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  68. Arlequin, par charité, recommandez-nous à Monsieur, c'est que je nous aimons, Jacqueline et moi ; je n'avons pas de grands moyens, et... (Acte 1, scène 4, PIERRE)
  69. Voilà le caractère perfide qui va venir, je t'expliquerai cela plus au long une autre fois, mais tu le sentiras bien, adieu, pauvre homme, je n'ai plus rien à te dire, ton mal est sans remède. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  70. Queu tripotage est-ce qu'il fait donc là, avec ce remède, et ce caractère ? (Acte 1, scène 4, JACQUELINE)
  71. Marguié, tous ces discours me chiffonnont malheur, je varrons ce qui en est par un petit tour d'adresse. (Acte 1, scène 4, PIERRE)
  72. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  73. Eh bien, on m'a dit que cette comtesse est ici, et qu'elle veut vous parler : j'ai mauvaise opinion de cela. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  74. Je n'en sais rien, mais on dit qu'elle est belle et veuve, et je gage qu'elle est encline à faire du mal. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  75. C'est qu'on dit qu'il y a aussi une fille de chambre avec elle, et voilà mes émotions de coeur qui me prennent. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  76. C'est que nous savons ce qu'en vaut l'aune. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  77. Par la jarni, qu'elle est jolie. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  78. Laisse-le là, je crois qu'il est imbécile. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  79. Et moi je crois que c'est malice. (Acte 1, scène 6, COLOMBINE)
  80. C'est que mon maître a fait voeu de fuir les femmes, parce qu'elles ne valent rien. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  81. Ce n'est pas votre faute, c'est la nature qui vous a bâties comme cela, et moi j'ai fait voeu aussi. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  82. Je ne chercherai point à me justifier ; car il me reste un peu de politesse, et je craindrais d'entamer une matière qui me met toujours de mauvaise humeur, et si je parlais, il pourrait, malgré moi m'échapper des traits d'une incivilité qui vous déplairait, et que mon respect vous épargne. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  83. Mort_de_ma_vie, Madame, est-ce que ce discours-là ne vous remue pas la bile ? (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  84. Madame, dispensez-moi de vous le dire ; c'est un récit que j'accompagne ordinairement de réflexions où votre sexe ne trouve pas son compte. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  85. Je vous devine, c'est une infidélité qui vous a donné tant de colère. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  86. Oui, Madame, c'est une infidélité, mais affreuse, mais détestable. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  87. Oui, votre maîtresse est une indigne, et l'on ne saurait trop la mépriser. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  88. D'accord, qu'il la méprise, il n'y a pas à tortiller : c'est une coquine celle-là. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  89. Comment, Madame, ce n'est donc rien à votre compte, que de cesser sans raison, d'avoir de la tendresse pour un homme ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  90. C'est beaucoup, au contraire ; cesser d'avoir de l'amour pour un homme, c'est à mon compte connaître sa faute, s'en repentir, en avoir honte, sentir la misère de l'idole qu'on adorait, et rentrer dans le respect qu'une femme se doit à elle-même. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  91. Je suis de votre sentiment, cette femme-là est tout à fait méprisable ; amant pour amant, il valait autant que vous déshonorassiez sa raison qu'un autre. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  92. C'est assurément mettre les hommes bien bas, que de les juger indignes de la tendresse d'une femme : l'idée est neuve. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  93. Elle est, pour qui l'examine, encore plus comique, que haïssable. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  94. Vous demandez ce que votre espèce a de comique, qui, pour se mettre à son aise a eu besoin de se réserver un privilège d'indiscrétion, d'impertinence, et de fatuité, qui suffoquerait, si elle n'était babillarde, si sa misérable vanité n'avait pas ses coudées franches, s'il ne lui était pas permis de déshonorer un sexe qu'elle ose mépriser pour les mêmes choses, dont l'indigne qu'elle est, fait sa gloire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  95. Ah, ah, cela est plaisant ! (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  96. Non, la partie ne me pique point, je la tiens gagnée ; mais comme à la campagne il faut voir quelqu'un, soyons amis pendant que nous y resterons, je vous promets sûreté, nous nous divertirons, vous à médire des femmes, et moi à mépriser les hommes. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  97. Ne me trompé-je point, est-ce vous que je vois, Madame_la_Comtesse ? (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  98. Oui, Monsieur, c'est moi-même. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  99. Morbleu, je n'en saurais revenir, c'est le fait le plus curieux qu'on puisse imaginer, dès que je serai à Paris, où je vais, je le ferai mettre dans la gazette. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  100. Nos propres expériences, et les relations de nos voyageurs, nous apprennent que partout la femme est amie de l'homme, que la nature l'a pourvue de bonne volonté pour lui : la nature n'a manqué que Madame : le soleil n'éclaire qu'elle chez qui notre espèce n'ait point rencontré grâce, et cette seule exception de la loi générale se rencontre avec un personnage unique, je te le dis en ami ; avec un homme qui nous a donné l'exemple d'un fanatisme tout neuf ; qui seul de tous les hommes n'a pu s'accoutumer aux coquettes qui fourmillent sur la terre, et qui sont aussi anciennes que le monde ; enfin qui s'est condamné à venir ici languir de chagrin de ne plus voir de femmes, en expiation du crime qu'il a fait quand il en a vu. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  101. Pour moi, je me sais bon gré que la nature m'ait manquée, et je me passerai bien de la façon qu'elle aurait pu me donner de plus, c'est autant de sauvé, c'est un ridicule de moins. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  102. Eh bien il vous tournera : c'est si peu de chose que l'esprit, après tout, il n'est pas encore sûr que la nature vous ait absolument manquée. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  103. Hélas peut-être jouez-vous de votre reste aujourd'hui. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  104. Combien voyons-nous de choses qui sont d'abord merveilleuses, et qui finissent par faire rire : je suis un homme à pronostic, voulez-vous que je vous dise, tenez, je crois que votre merveilleux est à fin de terme. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  105. La peste, vous ne le verriez pas hors du cercle ; il avait plus de peur qu'Antiochus. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  106. Madame, vous pouvez me donner des rivaux tant qu'il vous plaira, mon amour n'est point jaloux. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  107. Laissez-moi, qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  108. Je vous demande pardon, mais vous aimerez s'il vous plaît, Madame, Lélio est mon ami, et je ne veux point lui donner de maîtresse insensible. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  109. Vous ne savez pas encore combien il est tendre. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  110. Monsieur_Lélio est tout je ne sais comment aussi : il a l'air d'un homme qui veut être fier, et qui ne peut pas l'être. (Acte 1, scène 8, COLOMBINE)
  111. Mais où est Arlequin ? (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  112. Quelle heure est-il, Arlequin. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  113. Oh pardi, à bon chat, bon rat, je veux rester ici. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  114. Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises : dans le fond tu me fais pitié, c'est dommage qu'un jeune homme comme toi, assez bien fait, et bon enfant, car tu es sans malice. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  115. C'est dommage qu'il consume sa jeunesse dans la langueur et la souffrance : car, dis la vérité, tu t'ennuies ici, tu pâtis ? (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  116. Oh cela n'est pas croyable. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  117. Il n'y a plus de bon temps pour moi et c'est vous qui en êtes la cause, et malgré tout cela il ne s'en faut de rien que je ne t'aime. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  118. Cela est singulier ! (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  119. C'est que je songe à une chose. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  120. Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  121. C'est que je songe qu'il n'est pas nécessaire que je voie si souvent Lélio. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  122. Hum, il y a du Lélio : votre taciturnité n'est pas si belle que je le pensais ; la mienne, à vous dire le vrai, n'est pas plus méritoire. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  123. Oh pour du mal, il n'y en a pas, mais je croyais que vous ne disiez mot par pure paresse de langue, et je trouvais cela beau dans une femme : car on prétend que cela est rare. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  124. Mais pourquoi jugez-vous qu'il n'est pas nécessaire que vous voyiez si souvent Lélio ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  125. L'imagination de cela est tout à fait plaisante. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  126. Il n'y a pas de commentaire à cela : malepeste, c'est un joli trait d'esprit que cette invention-là. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  127. Le chemin de tout le monde, quand on a affaire aux gens, c'est d'aller leur parler, mais cela n'est pas commode, le plus court est de l'entretenir de loin, vraiment on s'entend bien mieux : lui parlerez-vous avec une sarbacane, ou par procureur ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  128. Monsieur, soyons amis tant que nous resterons ici, nous nous amuserons, vous à médire des femmes, moi à mépriser les hommes, (voilà ce que vous lui avez dit tantôt), est-ce que l'amusement que vous avez choisi ne vous plaît plus ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  129. C'est de cette paysanne dont il s'agit, je lui demande réponse. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  130. Madame, c'est une maladie qui commence : votre coeur en est à son premier accès de fièvre, tenez, le billet n'est plus nécessaire, je vois Lélio qui s'approche. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  131. Oh non, l'éloignement qu'elle a pour moi me donne en vérité beaucoup d'estime pour elle, cela est dans mon goût, je suis ravi que la proposition vienne d'elle, elle m'épargne, à moi, la peine de la lui faire. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  132. C'est-à-dire que vous êtes bien charmé du parti que prend ma maîtresse. (Acte 2, scène 2, COLOMBINE)
  133. Pardi cela est admirable ! (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  134. Fais-lui l'honnêteté de rester avec elle, je vais revenir. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  135. C'est une malédiction que cet amour : il m'a tourmenté quand j'en avais, et il me fait encore du mal à cette heure que je n'en veux point : il faut prendre patience et faire bonne mine. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  136. Peste soit du petit coquin, sérieusement je crois qu'il me pique. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  137. C'est ce lutin-là qui me prend à la gorge : elle veut que je l'aime. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  138. J'ai entrepris la guérison de sa folie, il faut que j'en vienne à bout : va, va, c'est partie à remettre. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  139. Les plus courtes folies sont les meilleures : l'homme est faible, tous les philosophes du temps passé nous l'ont dit, et je m'en fie bien à eux : vous vous croyez leste et gaillard, vous n'êtes point cela ; ce que vous êtes est caché derrière tout cela : si j'avais besoin d'indifférence et qu'on en vendît, je ne ferais pas emplette de la vôtre, j'ai bien peur que ce ne soit une drogue de charlatan, car on dit que l'Amour en est un, et franchement vous m'avez tout l'air d'avoir pris de son Mithridate. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  140. Je pars ; mais mon avis est que vous avez la vue trouble ; attendez qu'elle s'éclaircisse, vous verrez mieux votre chemin ; n'allez pas vous jeter dans quelque ornière, vous embourber dans quelque pas : quand vous soupirerez, vous serez bien aise de trouver un écho qui vous réponde : n'en dites rien, ma maîtresse est étourdie du bateau, la bonne dame bataille, et c'est autant de battu ; motus, Monsieur, je suis votre servante. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  141. Parbleu, Madame_la_Comtesse, vos manières sont tout à fait de mon goût, je les trouve pourtant un peu sauvages ; car enfin, l'on n'écrit pas à un homme de qui l'on n'a pas à se plaindre : je ne veux plus vous voir, vous me fatiguez, vous m'êtes insupportable, et voilà le sens du billet, tout mitigé qu'il est. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  142. La vérité est que je ne croyais pas être si haïssable. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  143. Ne te souvient-il plus de ce que c'est qu'une femme ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  144. Dites-moi, Monsieur, j'ai fait un gros serment de n'être plus amoureux ; mais si Colombine m'ensorcelle, je n'ai pas mis cet article dans mon marché, mon serment ne vaudra rien, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  145. Voilà qui est fini, ce semble. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  146. Point du tout, cela n'est pas fini, j'ai maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies ; équipages d'esprit que toute femme apporte en naissant : Madame_la_Comtesse se met à rêver, et l'idée qu'elle imagine en se jouant serait la ruine de mon repos si j'étais capable d'y être sensible. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  147. Un billet m'arrête en chemin : billet diabolique, empoisonné, où l'on écrit que l'on ne veut plus me voir, que ce n'est pas la peine. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  148. Je serai étonné, déconcerté ; premier degré de folie, car je vois cela tout comme si j'y étais ; après quoi, l'amour-propre s'en mêle, je me croirais méprisé, parce qu'on s'estime un peu, je m'aviserai d'être choqué, me voilà fou complet : deux jours après, c'est de l'amour qui se déclare ; d'où vient-il ? (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  149. D'une petite fantaisie magique qui prend à une femme, et qui plus est, ce n'est pas sa faute à elle : la nature a mis du poison pour nous dans toutes ses idées : son esprit ne peut se retourner qu'à notre dommage, sa vocation est de nous mettre en démence : elle fait sa charge involontairement. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  150. Que je suis heureux, dans cette occasion-ci, d'être à l'abri de tous ces périls : le voilà, ce billet insultant, malhonnête ; mais cette réflexion-là me met de mauvaise humeur ; les mauvais procédés m'ont toujours déplu, et le vôtre est un des plus déplaisants, Madame_la_Comtesse ; je suis bien fâché de ne l'avoir pas rendu à Colombine. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  151. Monsieur, ne me parlez plus d'elle, car, voyez-vous, j'ai dans mon esprit qu'elle est amoureuse, et j'enrage. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  152. Oui, je la voyais tantôt qui badinait, qui ne savait que dire, elle tournait autour du pot, je crois même qu'elle a tapé du pied, tout cela est signe d'amour, tout cela mène un homme à mal. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  153. Eh, mon maître, ce n'est pas la peine que vous fassiez ce chemin-là pour moi, je ne mérite pas cela, et il vaut mieux que j'aime que de vous coûter tant de dépense. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  154. Eh bien, ce billet n'est pas d'elle. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  155. Pardi non, c'est de la Comtesse. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  156. Peste soit de l'animal, avec son galimatias ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  157. Qu'est-ce qui t'a dit cela ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  158. Vous : il n'y a qu'un moment, mais c'est que la mémoire vous faille, comme à moi : voulez-vous que je vous dise, il est bien aisé de voir que le coeur vous démange ; vous parlez tout seul, vous faites des discours qui ont dix lieues de long, vous voulez vous en aller en Turquie, vous mettez vos bottes, vous les ôtez, vous partez, vous restez, et puis du noir, et puis du blanc : pardi, quand on ne sait ni ce qu'on dit ni ce qu'on fait, ce n'est pas pour des prunes : et moi, que ferai-je après, quand je vois mon maître qui perd l'esprit ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  159. Je te dis qu'il ne me reste plus qu'une simple curiosité, c'est de savoir s'il ne se passerait pas quelque chose dans le coeur de la Comtesse, et je donnerais tout à l'heure cent écus pour avoir soupçonné juste. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  160. Franchement, Monsieur, la femme est un peu vaurienne, mais elle a du bon : entre nous, je la crois plus ratière que malicieuse : je m'en vais tâcher de rencontrer Colombine, et je ferai votre affaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  161. C'est misère : j'aime mieux la misère gaillarde que la misère triste : adieu, je vais travailler pour vous. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  162. Attends : tiens, ce n'est pas la peine que tu y ailles. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  163. C'est que ce que je pourrais apprendre ne me servirait de rien. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  164. Si elle ne m'aime pas, je n'ai pas besoin de le savoir ; ainsi, je ferai mieux de rester comme je suis. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  165. Je ne le querelle point, car il est déjà tout égaré. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  166. Je prierai pourtant la Comtesse d'ordonner à Colombine de laisser ce malheureux en repos : mais peut-être elle est bien aise elle-même que l'autre travaille à lui détraquer la cervelle, car Madame_la_Comtesse n'est pas dans le goût de m'obliger. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  167. Monsieur, c'est que je vians vous dire que je veux m'en aller. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  168. C'est que Piarre ne m'aime plus, ce méserable-là s'est amouraché de la fille à Thomas : tenez, Monsieur, ce que c'est que la cruauté des hommes, je l'ai vu qui batifolait avec elle ; moi, pour le faire venir, je lui ai fait comme ça avec le bras, et y allons donc, et le vilain qu'il est m'a fait comme cela un geste du coude ; cela voulait dire : va te promener. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  169. Voilà qui est fait, j'en suis si soûle, si soûle, que je n'en veux plus entendre parler ; et je vians pour cet effet vous demander mon congé. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  170. Je ne comprends pas cela, il m'est avis que c'est un rêve. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  171. C'est pourtant un vice dont il a plu aux femmes d'enrichir l'humanité. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  172. Oh Monsieur, je ne veux pas rester dans le village, car on est si faible ; si ce garçon-là me recharchait, je ne sis pas rancuneuse, il y aurait du rapatriage, et je prétends être brouillée. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  173. Je m'en vas, Piarre est son valet, et ça me fâche itou contre elle. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  174. Elle m'a fui tantôt : si je me retire, elle croira que je prends ma revanche, et que j'ai remarqué son procédé ; comme il n'en est rien, il est bon de lui paraître tout aussi indifférent que je le suis. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  175. Oh parbleu, c'en est trop, Madame vous m'avez fait l'honneur de m'écrire qu'il était inutile de nous revoir, et j'ai trouvé que vous pensiez juste ; mais je prendrai la liberté de vous représenter, que vous me mettez hors d'état de vous obéir. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  176. Hélas Monsieur, je ne vous voyais pas : après cela, quand je vous aurais vu, je ne me ferais pas un grand scrupule d'approcher de l'endroit où vous êtes, et je ne me détournerais pas de mon chemin à cause de vous, je vous dirai cependant que vous outrez les termes de mon billet, il ne signifiait pas, haïssons-nous, soyons-nous odieux : si vos dispositions de haine ou pour toutes les femmes, ou pour moi vous l'ont fait expliquer comme cela, et si vous le pratiquez comme vous l'entendez, ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  177. Madame, je ne veux point être incivil non plus, et je reste, puisque je puis vous rendre service, je vais chercher avec vous. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  178. Parbleu, Madame, c'est trop souffrir de rebuts en un jour, et billet et discours, tout se ressemble : adieu, donc, Madame, je suis votre serviteur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  179. C'est que le neveu de votre fermier ne doit plus compter sur Jacqueline : Madame, cela doit vous faire plaisir, car cela finit le peu de commerce forcé que nous avons ensemble. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  180. Je vous le demande, Madame, cela n'est point à mon usage, et vous le définiriez mieux que moi. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  181. Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-ci, si vous vouliez : il est de votre ouvrage apparemment ; je me mêlais de leur mariage, cela vous fatiguait, vous avez tout arrêté : je vous suis obligée de vos égards. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  182. Oui, Monsieur, il n'était pas nécessaire de vous y prendre de cette façon-là, cependant je ne trouve point mauvais que le peu d'intérêt que j'avais à vous voir fût à charge : je ne condamne point dans les autres ce qui est en moi, et sans le hasard qui nous rejoint ici, vous ne m'auriez vue de votre vie, si j'avais pu. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  183. Vous avez rompu avec les femmes, moi avec les hommes : vous n'avez pas changé de sentiments, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  184. Eh Madame, vous m'en avez accablé de preuves d'opiniâtreté ; ne m'en donnez plus, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  185. Eh bien, Monsieur, vous ne m'aimerez jamais, cela est-il si triste ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  186. Vous vous trompez, je serais fâchée que vous m'aimassiez ; parce que j'ai résolu de ne point aimer : mais quelque chose que j'aie dit, je croirais du moins devoir vous estimer. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  187. La supposition est inutile, puisque vous n'avez point envie de faire l'essai de mes manières, que vous importe ce qui en arriverait ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  188. Morbleu, Madame, vous êtes une dame raisonnable, à la bonne heure, mais accordez donc cette lettre avec vos premières honnêtetés et avec vos offres d'amitié : cela est inconcevable, aujourd'hui votre ami, demain rien. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  189. Un moment : vous êtes de toutes les dames que j'ai vues celle qui vaut le mieux, je sens même que j'ai du plaisir à vous rendre cette justice-là : Colombine vous en a dit davantage ; c'est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre:: Madame, je vous en avertis, ainsi n'en croyez jamais au rapport de vos domestiques. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  190. N'est-ce que cela ? (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  191. Je suis honteux d'être la cause de cette explication-là, mais vous pouvez être persuadée que ce qu'elle a pu me dire ne m'a fait aucune impression : non, Madame, vous ne m'aimez point, et j'en suis convaincu, et je vous avouerai même dans le moment où je suis, que cette conviction m'est nécessaire : je vous laisse. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  192. Cette conviction m'est absolument nécessaire ! (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  193. Tous les diamants y sont, rien n'y manque, hors le portrait que Monsieur_Lélio a gardé : c'est un grand bonheur que vous ayez trouvé cela ; je vous rends la boîte, il est juste que vous la donniez vous-même à Madame_la_Comtesse : adieu, je suis pressée. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  194. Je pense de vous, que vous m'ennuieriez si je restais plus longtemps. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  195. Fi, la mauvaise pensée, causons pour chasser cela, c'est une migraine. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  196. Vous me traitez de Monsieur, cela est-il honnête ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  197. Me dire comment je me porte : par exemple, me faire de petites questions. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  198. Mais laisse-moi faire ; tiens, mon chien d'amour s'en ira, je m'étranglerais plutôt : je m'en vais être ivrogne, je jouerai à la boule toute la journée, je prierai mon maître de m'apprendre le piquet ; je jouerai avec lui ou avec moi, je dormirai plutôt que de rester sans rien faire. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  199. Demande-lui à genoux pardon de toutes tes impertinences, et la grâce t'est accordée. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  200. C'est une autre affaire. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  201. Il est défendu de mentir. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  202. Est-ce fait ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  203. La réparation est un peu cavalière, mais le corps n'est pas formaliste : baise-moi la main, en signe de paix, et lève-toi. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  204. Ce qui n'a jamais été dit n'a pas été répété, Madame, cela est clair : demandez cela à tout le monde. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  205. Il n'est plus temps. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  206. Je vous dis qu'il est trop tard. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  207. Chez ma soeur qui est à sa terre : j'avais dessein d'y passer quelques jours. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  208. Rassurez-vous, Madame, je crois maintenant qu'il n'en est rien. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  209. Il n'en est rien ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  210. Je vous trouve plaisante de me venir dire, qu'il n'en est rien ; vous de qui je sais la chose en partie. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  211. Cela est vrai, je l'avais cru, mais je vois que je me suis trompée. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  212. Ce n'est pas mon intention. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  213. Ce n'est pas son amour qui m'importe, je ne m'en soucie guère, mais il m'importe de ne point prendre de fausses idées des gens, et de n'être pas la dupe éternelle de vos étourderies ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  214. Voilà un sujet de querelle furieusement tiré par les cheveux : cela est bien subtil ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  215. Dites-moi, sur un pareil rapport, qui est-ce qui ne croira pas qu'un homme est amoureux ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  216. Cependant il n'en est rien, il ne plaît plus à Mademoiselle que cela soit, elle s'est trompée. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  217. Si vos ballots sont faits, ce n'est encore qu'en idée, et cela ne dérange rien. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  218. Que signifie le discours qu'il m'a tenu en me quittant : Madame vous ne m'aimez point, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; n'est-ce pas tout comme s'il m'avait dit, je serais en danger de vous aimer, si je croyais que vous puissiez m'aimer vous-même ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  219. Allez, allez, vous ne savez ce que vous dites, c'est de l'amour que ce sentiment-là. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  220. Cela est plaisant ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  221. Cela posé, examinons ce qu'il vous dit : vous ne m'aimez pas, Madame, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; c'est-à-dire pour rester où vous êtes, j'ai besoin d'être certain que vous ne m'aimez pas, sans quoi je décamperais, c'est une pensée désobligeante, entortillée dans un tour honnête, cela me paraît assez net. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  222. J'y étais, je m'y connais, ou bien Lélio est le plus fourbe de tous les hommes ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  223. Et s'il ne m'aime pas, je fais voeu de détester son caractère ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  224. Oui son honneur y est engagé, il faut qu'il m'aime, ou qu'il soit un malhonnête homme ; car il a donc voulu me faire prendre le change ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  225. Et cela n'est pas vrai ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  226. Que j'estime ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  227. Je vous l'avoue, une seule chose me chagrine : c'est de m'apercevoir que vous manquez de confiance pour moi, qui ne veux savoir vos secrets que pour vous servir ; de grâce, ma chère maîtresse, ne me donnez plus ce chagrin-là, récompensez mon zèle pour vous, ouvrez-moi votre coeur, vous n'en serez point fâchée. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  228. Voilà un soupir : c'est un commencement de franchise ; achevez donc ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  229. Est-ce que j'aimerais ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  230. Je crois que oui : mais d'où vient vous faire un si grand monstre de cela, eh bien, vous aimez, voilà qui est bien rare ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  231. Non Colombine, cela n'est pas fait encore, je serais au désespoir. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  232. Madame, mon maître m'a dit que vous avez perdu une boîte de portrait ; je sais un homme qui l'a trouvée ; de quelle couleur est-elle ? (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  233. Tu fais là d'impertinentes questions ! (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  234. Mais c'est la coutume d'interroger le monde pour plus grande sûreté : je n'y pense point à mal. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  235. est-elle, cette boîte ? (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  236. C'est la même, tiens, prends cela en revanche. (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  237. Le portrait n'y est pas ? (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  238. Chut, il n'est pas perdu, c'est mon maître qui le garde. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  239. C'est pour vous mirer quand il ne vous voit plus : il dit que ce portrait ressemble à une cousine qui est morte, et qu'il aimait beaucoup : il m'a défendu d'en rien dire, et de vous faire accroire qu'il est perdu ; mais il faut bien vous donner de la marchandise pour votre argent. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  240. Madame, la cousine dont il parle, peut être morte, mais la cousine qu'il ne dit pas se porte bien, et votre cousin n'est pas votre parent. (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  241. De ce drôle de cousin : mon maître croit bonnement qu'il garde le portrait à cause de la cousine ; et il ne sait pas que c'est à cause de vous, cela est risible, il fait des quiproquos d'apothicaire. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  242. Eh que sais-tu si c'est à cause de moi ? (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  243. Je vous dis que la cousine est un conte à dormir debout. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  244. Est-ce qu'on dit des injures à la copie d'une cousine qui est morte ? (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  245. Colombine, il faut absolument qu'il me rende mon portrait, cela est de conséquence pour moi : je vais lui demander, je ne souffrirai pas mon portrait entre les mains d'un homme. (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  246. Colombine, où est Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  247. C'est bien à vous à vous apercevoir de cela ; n'avez-vous pas dessein de vivre en sauvage, de quoi vous plaignez-vous ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  248. La question est singulière, Mademoiselle_Colombine ; voilà donc le penchant que vous lui connaissez pour moi. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  249. Si elle ne vous a pas dit adieu, c'est qu'entre amis on en agit sans façon. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  250. Monsieur, Madame_la_Comtesse ne part pas, elle attend pour se déterminer qu'elle sache si vous l'aimez, ou non ; mais dites-moi naturellement vous-même ce qui en est, c'est le plus court ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  251. C'est le plus court il est vrai, mais j'y trouve pourtant de la difficulté, car enfin dirai-je que je ne l'aime pas ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  252. Mais, Madame_la_Comtesse est aimable, et ce serait une grossièreté. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  253. Mais en vérité c'est une tyrannie que cette alternative-là ; si je vais dire que je l'aime, cela dérangera peut-être Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  254. Vous voyez donc bien que cela est embarrassant. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  255. Adieu, je vous entends, je lui rendrai compte de votre indifférence, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  256. Dites-lui que je suis plein d'estime, de considération et de respect pour elle. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  257. Ce n'est pas ma faute, je vous en avais averti. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  258. Rien, sinon que je vous ai donné la question, et que vous avez jasé dans vos souffrances : tenez vous gai, l'homme indifférent, tout ira bien. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  259. Ah çà, Monsieur, voilà qui est donc fait ! (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  260. C'est maintenant qu'il faut dire : va comme je te pousse : vive l'amour, mon cher maître, et faites chorus, car il n'y a pas deux chemins : il faut passer par là, ou par la fenêtre. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  261. Madame, je m'en doute du moins, et je consens à tout : nos paysans se sont raccommodés et je donne à Jacqueline autant que vous donnez à son amant : c'est de quoi j'allais prendre la liberté de vous informer. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  262. C'est mon portrait, qu'on m'a dit que vous avez, et je viens vous prier de me le rendre, rien ne vous est plus inutile. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  263. Madame, il est vrai qu'Arlequin a trouvé une boîte de portrait que vous cherchiez ; je vous l'ai fait remettre sur-le-champ ; s'il vous a dit autre chose, c'est un étourdi, et je voudrais bien lui demander où est le portrait dont il parle ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  264. Il est dans votre poche. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  265. Cela est vrai, il me paraît que c'est lui. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  266. Comment donc cela s'est-il fait ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  267. C'est que vous vouliez le garder, à cause, disiez-vous, qu'il ressemblait à une cousine qui est morte, et moi,qui suis fin, je vous disais que c'était à cause qu'il ressemblait à Madame, et cela était vrai. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  268. Ce n'est rien que cela, Monsieur. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  269. C'est une aventure qui ne laisse pas que d'avoir un air singulier. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  270. Quand vous le croiriez encore, je ne vous estimerais guère moins clairvoyante. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  271. On n'est pas clairvoyante quand on se trompe, et je me tromperais. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  272. Ce n'est presque pas une erreur que cela, la chose est si naturelle à penser ! (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  273. Je vous reconnais : l'alternative est bien de vous, Madame ! (Acte 3, scène 6, LÉLIO)

L'ILE DES ESCLAVES (1725)

  1. Dis-moi ; quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l'ont enveloppée, je ne sais ce qu'elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île, et je suis d'avis que nous les cherchions. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  2. Cherchons, il n'y a pas de mal à cela ; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie : j'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j'en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  3. Qu'est-ce que c'est que cette race-là ? (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  4. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  5. Cela est vrai. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  6. Je vous plains de tout mon coeur, cela est juste. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  7. Je t'en prie, je t'en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c'est l'air du pays qui fait cela. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  8. L'embarquement est divin v.1 (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  9. L'embarquement est divin v.3 (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  10. Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  11. Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  12. Ainsi tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  13. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort : eh bien, Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là ; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  14. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est de faire souffrir aux autres. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  15. Prenez cette épée, mon camarade, elle est à vous. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  16. Est-ce mon nom que vous demandez ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  17. Hé, le terme est sans façon ; je reconnais ces Messieurs à de pareilles licences. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  18. Oh, diantre, il s'appelle par un nom, lui ; c'est le seigneur Iphicrate. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  19. Parlez donc, mon bon ami, voilà encore une licence qui lui prend ; cela est-il du jeu ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  20. Ne vous gênez point, soulagez-vous par l'emportement le plus vif ; traitez-le de misérable, et nous aussi, tout vous est permis à présent : mais ce moment-ci passé, n'oubliez pas que vous êtes Arlequin, que voici Iphicrate, et que vous êtes auprès de lui ce qu'il était auprès de vous : ce sont là nos lois, et ma charge dans la République est de les faire observer en ce canton-ci. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  21. Vous me donnez la liberté de lui dire ce qu'il me plaira, ce n'est pas assez ; qu'on m'accorde encore un bâton. (Acte 1, scène 2, IPHICRATE)
  22. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  23. Remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains, durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains ; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  24. Au reste, ne cherchez point à vous sauver de ces lieux, vous le tenteriez sans succès, et vous feriez votre fortune plus mauvaise : commencez votre nouveau régime de vie par la patience. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  25. Dès que c'est pour son bien, qu'y a-t-il à dire ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  26. Quant à vous, mes enfants, qui devenez libres et citoyens, Iphicrate habitera cette case avec le nouvel Arlequin, et cette belle fille demeurera dans l'autre ; vous aurez soin de changer d'habit ensemble, c'est l'ordre. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  27. Passez maintenant dans une maison qui est à côté, où l'on vous donnera à manger si vous en avez besoin. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  28. Je vous apprends, au reste, que vous avez huit jours à vous réjouir du changement de votre état ; après quoi l'on vous donnera, comme à tout le monde, une occupation convenable. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  29. Et vous autres, restez. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  30. Oh Dame, il n'est plus si aisé de me répondre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  31. Mais à présent il faut parler raison ; c'est un langage étranger pour Madame ; elle l'apprendra avec le temps ; il faut se donner patience : je ferai de mon mieux pour l'avancer. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  32. Mais comme vous êtes d'un sexe naturellement assez faible, et que par là vous avez dû céder plus facilement qu'un homme aux exemples de hauteur, de mépris et de dureté qu'on vous a donnés chez vous contre leurs pareils ; tout ce que je puis faire pour vous, c'est de prier Euphrosine de peser avec bonté les torts que vous avez avec elle, afin de les peser avec justice. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  33. Oh tenez, tout cela est trop savant pour moi, je n'y comprends rien ; j'irai le grand chemin, je pèserai comme elle pesait ; ce qui viendra, nous le prendrons. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  34. S'il faut que j'excuse toutes ses mauvaises manières à mon égard, il faudra donc qu'elle excuse aussi la rancune que j'en ai contre elle ; car je suis femme autant qu'elle, moi : voyons, qui est-ce qui décidera. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  35. Souffrez-les, Madame, c'est le fruit de vos oeuvres. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  36. Venons maintenant à l'examen de son caractère : il est nécessaire que vous m'en donniez un portrait qui se doit faire devant la personne qu'on peint, afin qu'elle se connaisse, qu'elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu'elle se corrige. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  37. Oh que cela est bien inventé ! (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  38. Ma chère Dame, cela n'est fait que pour vous ; il faut que vous soyez présente. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  39. Restez, restez, un peu de honte est bientôt passée. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  40. Je vous félicite du petit embarras que cela vous donne ; vous sentez, c'est bon signe, et j'en augure bien pour l'avenir : mais ce ne sont encore là que les grands traits ; détaillons un peu cela. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  41. Madame se tait, Madame parle ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie, c'est tout un, il n'y a que la couleur de différente ; c'est vanité muette, contente ou fâchée ; c'est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse ; c'est Madame, toujours vaine ou coquette l'un après l'autre, ou tous les deux à la fois : voilà ce que c'est, voilà par où je débute, rien que cela. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  42. Attendez donc, ce n'est qu'un début. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  43. Madame verra du monde aujourd'hui ; elle ira aux spectacles, aux promenades, aux assemblées ; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à voir, il n'y a qu'à le promener hardiment, il est en état, il n'y a rien à craindre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  44. Cependant on se mire, on éprouve son visage de toutes les façons, rien ne réussit ; des yeux battus, un teint fatigué ; voilà qui est fini, il faut envelopper ce visage-là, nous n'aurons que du négligé, Madame ne verra personne aujourd'hui, pas même le jour, si elle peut, du moins fera-t-il sombre dans la chambre. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  45. Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n'est point moi, au moins ; ne me regardez pas, remettez à me voir ; ne me jugez pas aujourd'hui ; attendez que j'aie dormi. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  46. Achevez, achevez ; Madame soutiendra bien le reste. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  47. Cette femme-là est aimable, disiez-vous ; elle a les yeux petits, mais très doux ; et là-dessus vous ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  48. Un jour qu'elle pouvait m'entendre, et qu'elle croyait que je ne m'en doutais pas, je parlais d'elle, et je dis : Oh, pour cela il faut l'avouer, Madame est une des plus belles femmes du monde. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  49. Monsieur, je ne resterai point, ou l'on me fera rester par force ; je ne puis en souffrir davantage. (Acte 1, scène 3, EUPHROSINE)
  50. J'allais parler des vapeurs de mignardise auxquelles Madame est sujette à la moindre odeur. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  51. J'attendais une vapeur, elle est encore à venir. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  52. C'est encore une finesse que cet habit-là ; on dirait qu'une femme qui le met ne se soucie pas de paraître, mais à d'autre ; on s'y ramasse dans un corset appétissant, on y montre sa bonne façon naturelle ; on y dit aux gens : Regardez mes grâces, elles sont à moi, celles-là ; et d'un autre côté on veut leur dire aussi : Voyez comme je m'habille, quelle simplicité, il n'y a point de coquetterie dans mon fait. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  53. Je sors, et tantôt nous reprendrons le discours, qui sera fort divertissant ; car vous verrez aussi comme quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle emphase, avec quel air imposant, quoique d'un air distrait et sans y penser ; car c'est la belle éducation qui donne cet orgueil-là. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  54. Nous sommes d'honnêtes gens qui vous instruisons ; voilà tout : il vous reste encore à satisfaire à une petite formalité. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  55. Celle-ci est moins que rien ; je dois faire rapport de tout ce que je viens d'entendre, et de tout ce que vous m'allez répondre. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  56. Elles humilient un peu, mais cela est fort bon. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  57. Déterminez-vous ; une liberté très prochaine est le prix de la vérité. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  58. Par-ci, par-là, n'est point votre compte : avouez-vous tous les faits ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  59. On est d'un certain rang, on aime à plaire. (Acte 1, scène 4, EUPHROSINE)
  60. Et c'est ce qui fait que le portrait vous ressemble. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  61. Vous trouvez aussi le portrait un peu risible, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  62. Gai, camarade, le vin de la République est merveilleux. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  63. Oui, c'est un bon enfant ; j'en ferai quelque chose. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  64. Je lui voulais souvent un mal de diable, car il était quelquefois insupportable ; mais à cette heure que je suis heureux, tout est payé ; je lui ai donné quittance. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  65. C'est-à-dire que vous jouirez modestement de votre bonne fortune, et que vous ne lui ferez point de peine ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  66. Oui, car quand on est le maître, on y va tout rondement, sans façon ; et si peu de façon mène quelquefois un honnête homme à des impertinences. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  67. Ce caractère-là est donc bien plaisant ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  68. Ma foi, c'est une farce. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  69. Cela est encore vrai. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  70. Eh bien, je vous en offre autant, ce pauvre jeune garçon n'en fournira pas davantage ; extravagance et misère, voilà son paquet ; n'est-ce pas là de belles guenilles pour les étaler ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  71. Est-ce la peine d'en tirer le portrait ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  72. Si cela est, il y a là quelque chose qui pourrait assez me convenir d'une certaine façon. (Acte 1, scène 5, IPHICRATE)
  73. Prends tout ; c'est un habit fait sur ta taille. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  74. Malepeste, quand ce visage-là fait le fripon, c'est bien son métier. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  75. Mais parlons d'autres choses, ma belle Damoiselle : qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  76. Soupirez pour moi, poursuivez mon coeur, prenez-le si vous pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous à faire vos diligences, me voilà, je vous attends : mais traitons l'amour à la grande manière ; puisque nous sommes devenus maîtres, allons-y poliment, et comme le grand monde. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  77. Car encore une fois nous sommes d'honnêtes gens à cette heure ; il faut songer à cela, il n'est plus question de familiarité domestique. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  78. Sans difficulté : pouvons-nous être sans eux, c'est notre suite ; qu'ils s'éloignent seulement. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  79. Oh ce n'est rien ; c'est que je m'applaudis. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  80. Cela est étrange ! (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  81. J'y allais aussi, quand il m'est venu une pensée. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  82. Qu'elle est friponne ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  83. Voilà ce que c'est, tombez amoureuse d'Arlequin, et moi de votre suivante ; nous sommes assez forts pour soutenir cela. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  84. Inspirez à Arlequin de s'attacher à moi ; faites-lui sentit l'avantage qu'il y trouvera dans la situation où il est ; qu'il m'épouse, il sortira tout d'un coup d'esclavage ; cela est bien aisé, au bout du compte. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  85. Je n'étais ces jours passés qu'une esclave ; mais enfin me voilà dame et maîtresse d'aussi bon jeu qu'une autre ; je la suis par hasard ; n'est-ce pas le hasard qui fait tout ? (Acte 1, scène 6, CL?ANTHIS)
  86. Conseillez-lui aussi de l'amour pour ma petite personne, qui, comme vous voyez, n'est pas désagréable. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  87. Ils le veulent, si vous voulez ; car dans le grand monde on n'est pas si façonnier ; et sans faire semblant de rien, vous pourriez lui jeter quelque petit mot bien clair à l'aventure pour lui donner courage, à cause que vous êtes plus que lui ; c'est l'ordre. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  88. C'est assez bien raisonner. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  89. Venez çà, écoutez-moi : un honnête homme vient de me témoigner qu'il vous aime ; c'est Iphicrate. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  90. C'est celui qui vient de me quitter. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  91. Est-ce le mot d'amour qui vous effarouche ? (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  92. Il ne vous fera pas de révérences penchées ; vous ne lui trouverez point de contenance ridicule, d'airs évaporés : ce n'est point une tête légère, un petit badin, un petit perfide, un joli volage, un aimable indiscret ; ce n'est point tout cela ; ces grâces-là lui manquent à la vérité ; ce n'est qu'un homme franc, qu'un homme simple dans ses manières, qui n'a pas l'esprit de se donner des airs ; qui vous dira qu'il vous aime, seulement parce que cela sera vrai : enfin ce n'est qu'un bon coeur, voilà tout ; et cela est fâcheux, cela ne pique point. (Acte 1, scène 7, CL?ANTHIS)
  93. Mais vous avez l'esprit raisonnable, je vous destine à lui, il fera votre fortune ici, et vous aurez la bonté d'estimer son amour, et vous y serez sensible, entendez-vous ; vous vous conformerez à mes intentions, je l'espère, imaginez-vous même que je le veux. (Acte 1, scène 7, CL?ANTHIS)
  94. C'est que je n'ai encore rien dit. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  95. Ne mentez point ; on vous a communiqué les sentiments de mon âme, rien n'est plus obligeant pour vous. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  96. Vous me trouvez un peu nigaud, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  97. Mais cela se passera ; c'est que je vous aime, et que je ne sais comment vous le dire. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  98. Eh pardi oui ; qu'est-ce qu'on peut faire de mieux ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  99. Bon, bon, à qui est-ce que vous contez cela ? (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  100. Vous êtes digne de toutes les dignités imaginables : un Empereur ne vous vaut pas ni moi non plus ; mais me voilà, moi, et un Empereur n'y est pas ; et un rien qu'on voit, vaut mieux que quelque chose qu'on ne voit pas. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  101. On m'avait promis que mon esclavage finirait bientôt, mais on me trompe, et c'en est fait, je succombe ; je me meurs, Arlequin, et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu'il a souffertes de toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  102. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; le tien y est encore ; il t'avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même, je t'avais choisi par un sentiment d'amitié pour m'accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m'aimais, et cela m'attachait à toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  103. Et qui est-ce qui te dit que je ne t'aime plus ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  104. Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  105. C'est la vérité. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  106. Cela n'est pas de ma connaissance. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  107. Eh bien va, je dois avoir le coeur meilleur que toi ; car il y a plus longtemps que je souffre, et que je sais ce que c'est que de la peine ; tu m'as battu par amitié, puisque tu le dis, je te le pardonne ; je t'ai raillé par bonne humeur, prends-le en bonne part, et fais-en ton profit. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  108. Ne dites donc point comme cela, mon cher patron , si j'avais été votre pareil, je n'aurais peut-être pas mieux valu que vous : c'est à moi à vous demander pardon du mauvais service que je vous ai toujours rendu. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  109. Qu'est-ce que cela signifie, Seigneur Iphicrate ; pourquoi avez-vous repris votre habit ? (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  110. C'est qu'il est trop petit pour mon cher ami, et que le sien est trop grand pour moi. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  111. C'est pour me châtier de mes insolences. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  112. Mais enfin, je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  113. Fi, que cela est vilain, de n'avoir eu pour tout mérite que de l'or, de l'argent et des dignités : c'était bien la peine de faire tant les glorieux : où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas d'autre mérite que cela pour vous ? (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  114. Il faut avoir le coeur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  115. Estimez-vous à cette heure, faites les superbes, vous aurez bonne grâce ! (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  116. Allons, ma mie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du bien sans dire d'injures ; ils sont contrits d'avoir été méchants, cela fait qu'ils nous valent bien ; car quand on se repent, on est bon ; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  117. Approchez, Madame Euphrosine, elle vous pardonne, voici qu'elle pleure, la rancune s'en va, et votre affaire est faite. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  118. Il est vrai que je pleure, ce n'est pas le bon coeur qui me manque. (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  119. Mais voilà qui est fait, je veux bien oublier tout ; faites comme vous voudrez ; si vous m'avez fait souffrir, tant pis pour vous ; je ne veux pas avoir à me reprocher la même chose, je vous rends la liberté ; et s'il y avait un vaisseau, je partirais tout à l'heure avec vous : voilà tout le mal que je vous veux ; si vous m'en faites encore, ce ne sera pas ma faute. (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  120. Vous ne voyez rien, nous sommes admirables ; nous sommes des Rois et des Reines ; enfin finale, la paix est conclue, la vertu a arrangé tout cela ; il ne nous faut plus qu'un bateau et un batelier pour nous en aller : et si vous nous les donnez, vous serez presque aussi honnêtes gens que nous. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  121. Je n'ai que faire de vous en dire davantage, vous voyez ce qu'il en est. (Acte 1, scène 11, CLÉANTHIS)
  122. Vous me charmez, embrassez-moi aussi, mes chers enfants ; c'est là ce que j'attendais. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  123. La différence des conditions n'est qu'une épreuve que les dieux font sur nous : je ne vous en dis pas davantage. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)

LA MÈRE CONFIDENTE (1735)

  1. Elle arrivera bientôt, elle est avec sa mère, je lui ai dit que j'allais toujours devant, et je ne me suis hâtée que pour avoir avec vous un moment d'entretien, sans qu'elle le sache. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Il est vrai. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Vous êtes tous deux aimables, l'amour s'est mis de la partie, cela est naturel ; voilà sept ou huit entrevues que nous avons avec vous, à l'insu de tout le monde ; la mère, à qui vous êtes inconnu, pourrait à la fin en apprendre quelque chose, toute l'intrigue retomberait sur moi : terminons ; Angélique est riche, vous êtes tous deux d'une égale condition, à ce que vous dites ; engagez vos parents à la demander pour vous en mariage ; il n'y a pas même de temps à perdre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. C'est ici où gît la difficulté. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  5. Il n'est que trop bon. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  6. Tant pis ; je ne suis point contente de cela, qui est-ce qui le devinerait à votre air ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Ce n'est pas le bien d'Angélique qui me fait envie : si je ne l'avais pas rencontrée ici, j'allais, à mon retour à Paris, épouser une veuve très riche et peut-être plus riche qu'elle, tout le monde le sait, mais il n'y a plus moyen : j'aime Angélique ; et si jamais tes soins m'unissaient à elle, je me charge de ton établissement. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  8. Cela est dur, n'héritez-vous de personne, tous vos parents sont-ils ruinés ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. Un oncle riche, voilà qui est excellent ; et il est vieux, sans doute, car ces Messieurs-là ont coutume de l'être. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Oui, mais le mien ne suit pas la coutume, il est jeune. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Cet homme-là n'est bon qu'à être le neveu d'un autre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Il est vrai. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  13. Mais du moins, est-il un peu infirme ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Point du tout, il se porte à merveille, il est, grâce au ciel, de la meilleure santé du monde, car il m'est cher. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  15. Et quelle est l'humeur de ce galant homme ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  16. Il est froid, sérieux et philosophe. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  17. Monsieur, vous m'impatientez avec votre situation ; en vérité, vous êtes insupportable, tout est désolant avec vous, de quelque côté qu'on se tourne. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  18. C'est qu'il est arrivé du monde à qui j'ai tenu compagnie. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  19. As-tu parlé de lui à la concierge du château où il est ? (Acte 1, scène 2, ANG?LIQUE)
  20. Dorante est un homme charmant, un homme aimé, estimé de tout le monde, en un mot, le plus honnête homme qu'on puisse connaître. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  21. Oui, Madame, il n'est pas votre fait. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Il est sans bien. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. N'est-ce que cela ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  24. Explique-toi donc mieux, Lisette : ce n'est pas un défaut, c'est un malheur, je le regarde comme une bagatelle, moi. (Acte 1, scène 2, ANG?LIQUE)
  25. Et quel est le tien là-dessus, Lisette ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  26. Le mien, c'est une autre affaire ; sans vanité, je penserais un peu plus noblement que cela, ce serait une fort belle action que d'épouser Dorante. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  27. Va, va, ne ménage pas mon coeur, il n'est pas au-dessous du tien, conseille-moi hardiment une belle action. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  28. Dorante est un cadet et l'usage veut qu'on le laisse là. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  29. Il a eu la modestie de s'en taire, c'est toujours de nouvelles qualités que je lui découvre. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  30. Allons, Madame, il faut que vous épousiez cet homme-là, le ciel vous destine l'un à l'autre, cela est visible. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  31. Il y a mille autres endroits pour se promener ; point du tout, cet homme, qui nous est inconnu, ne vient qu'à celui-ci, parce qu'il faut qu'il nous rencontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  32. Il vous salue, nous le saluons, le lendemain, même promenade, mêmes allées, même rencontre, même inclination des deux côtés, et plus de livres de part et d'autre ; cela est admirable ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  33. C'est que vous ne voulez jamais que ce qui lui plaît. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  34. Mais si elle fait si bien que ce qui lui plaît me plaise aussi, n'est-ce pas comme si je faisais toujours mes volontés ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  35. Est-ce que vous tremblez déjà ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  36. Non, tu m'encourages, mais c'est ce misérable bien que j'ai et qui me nuira : ah ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  37. Il est vrai. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  38. Est-ce que tu lui as donné rendez-vous ? (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  39. Oui, il va venir, il ne tardera pas deux minutes, il est exact. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  40. Vous n'y songez pas, Lisette ; il croira que c'est moi qui le lui ai fait donner. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  41. Non, non, c'est toujours avec moi qu'il les prend, et c'est vous qui les tenez sans le savoir. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  42. Il a fort bien fait de ne m'en rien dire, car je n'en aurais pas tenu un seul ; et comme vous m'avertissez de celui-ci, je ne sais pas trop si je puis rester avec bienséance, j'ai presque envie de m'en aller. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  43. Je ne sais que trop que c'est à Lisette que j'ai l'obligation de vous voir ici, Madame. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  44. est l'inconvénient de répéter des choses qui ne sont que louables ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  45. Pourquoi ne saurait-il pas que vous êtes charmée que tout le monde l'aime et l'estime ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  46. Je vous avoue qu'elle est bien étourdie. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  47. Je n'ai que mon coeur à vous offrir, il est vrai, mais du moins n'en fut-il jamais de plus pénétré ni de plus tendre. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  48. C'est lui-même. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  49. Puisqu'il nous a vus, c'est le meilleur parti. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  50. Des oisiaux, deux qui restont, et un qui viant de prenre sa volée, et qui est le plus joli de tous. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  51. En velà un qui est bian joli itou, et jarnigué ! (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  52. C'est-à-dire que tu nous as vu, Angélique et moi, parler à Monsieur ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  53. C'est le hasard qui nous a fait rencontrer Monsieur, et voilà la première fois que nous le voyons. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  54. Je vous baille donc la parfarence ; redites voute chance, alle sera pu bonne ce coup-ci que l'autre, d'abord c'est une rencontre, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  55. Et pis queuque bredouille au bout de la révérence, c'est itou ma coutume ; toujours je bredouille en saluant, et quand ça se passe avec des femmes, faut bian qu'alles répondent deux paroles pour une ; les hommes parlent, les femmes babillent, allez voute chemin ; velà qui est fort bon, fort raisonnable et fort civil. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  56. La rencontre, la salutation, la demande, et la réponse, tout ça est payé ! (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  57. Courez donc tant que vous pourrez, ce que vous attraperez, c'est pour vous ; je n'y prétends rin, pourvu que j'attrape itou. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  58. Oui, ne m'épargnez pas, toute mon amiquié est à voute sarvice au même prix. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  59. Angélique est une héritière, et je sais les intentions de la mère, quelque tendresse qu'elle ait pour sa fille, qui vous aime, ce ne sera pas à vous à qui elle la donnera, c'est de quoi vous devez être bien convaincu ; or, cela supposé, que vous passe-t-il dans l'esprit là-dessus ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  60. C'est bien mon dessein ; mais comment s'y prendre ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  61. Il n'y a qu'un petit inconvénient à craindre, c'est qu'on ne marie votre maîtresse pendant que vous rêverez à la conserver. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  62. Est-ce qu'on la veut marier ? (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  63. La partie est toute liée avec la mère, il y a déjà un époux d'arrêté, je le sais de bonne part. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  64. Le plus méchant, c'est la mère d'Angélique. (Acte 1, scène 6, LUBIN)
  65. C'est toi, Lubin, tu es tout seul ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  66. Non, noute maîtresse ; ce n'est que moi qui me parle et qui me repart, à celle fin de me tenir compagnie, ça amuse. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  67. Je te crois, et je suis bien aise de te trouver, car je te cherchais ; j'ai une commission à te donner, que je ne veux confier à aucun de mes gens ; c'est d'observer Angélique dans ses promenades, et de me rendre compte de ce qui s'y passe ; je remarque que depuis quelque temps elle sort souvent à la même heure avec Lisette, et j'en voudrais savoir la raison. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  68. Ça est fort raisonnable. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  69. Je savons bian ce que c'est ; j'ons la pareille. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  70. Oui, ça est fort lucratif ; mais c'est qu'ou venez un peu tard, noute maîtresse, car je sis retenu pour vous espionner vous-même. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  71. Quand Mademoiselle Angélique parle en cachette à son amoureux, c'est moi qui regarde si vous ne venez pas. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  72. Ceci est sérieux ; mais vous êtes bien hardi, Lubin, de vous charger d'une pareille commission. (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  73. C'est-à-dire qu'ils te payent ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  74. Ce que j'en dis n'est pas pour porter exemple, mais ce qu'ou ferez sera toujours bian fait. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  75. Quel est-il ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  76. Un biau jeune homme fait comme une marveille, qui est libéral, qui a un air, une présentation, une philosomie ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  77. C'est ma meine à moi, ce sera la vôtre itou ; il n'y a pas de garçon pu gracieux à contempler, et qui fait l'amour avec des paroles si douces ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  78. C'est un plaisir que de l'entendre débiter sa petite marchandise ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  79. Mais, li dit-elle, qu'est-ce que ma mère s'en souciera ? (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  80. Quel est ce jeune homme ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  81. Attendez, il m'est avis que c'est Dorante, et comme c'est un voisin, on peut l'appeler le voisin Dorante. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  82. ce nom-là ne m'est pas inconnu, comment se sont-ils vus ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  83. Et Lisette, est-elle de la partie ? (Acte 1, scène 7, MADAME-ARGANTE)
  84. oui, c'est leur capitaine, alle a le gouvarnement des rencontres, c'est un trésor pour des amoureux que cette fille-là. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  85. Lui, ma mère, Ergaste, cet homme si sombre si sérieux, il n'est pas fait pour être un mari, ce me semble. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  86. Pour sa figure, je la lui passe, c'est à quoi je ne regarde guère. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  87. Il est froid. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  88. Ma mère, je ne crains point de violence de votre part, ce n'est pas là ce qui m'inquiète. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  89. Allons, ma mère, je me rends, vous me charmez, j'en pleure de tendresse, voyons, quelle est cette grâce que vous me demandez ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  90. Ce n'est point ta mère qui veut être ta confidente, c'est ton amie, encore une fois. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  91. D'accord, mais mon amie redira tout à ma mère, l'un est inséparable de l'autre. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  92. Je les sépare, moi, je t'en fais serment ; oui, mets-toi dans l'esprit que ce que tu me confieras sur ce pied-là, c'est comme si ta mère ne l'entendait pas ; eh ! (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  93. Il est difficile d'espérer ce que vous dites là. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  94. Ce n'est pas la peine, ce nom-là m'est cher, quand je le changerais, il n'en serait ni plus ni moins, ce ne serait qu'une finesse inutile, laissez-le-moi, il ne m'effraye plus. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  95. C'est que vous commencez par une furieuse question. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  96. La question convient à ton âge. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  97. Il est vrai. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  98. Que t'est-il arrivé ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  99. Il est assez permis de s'y tromper, mais c'est du moins pour la plus digne de l'être, pour la plus tendre et la plus chérie de sa fille qu'il y ait au monde. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  100. Ces sentiments-là sont dignes de toi, et je les dirai ; mais il ne s'agit pas d'elle, elle est absente : revenons, qu'est-ce qui te chagrine ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  101. Ne voilà-t-il pas cette mère qui est absente ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  102. C'est pourtant elle qui me répond ; mais rassurez-vous, car je badine. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  103. Vous m'excuserez, c'est l'air que vous avez pris qui m'a alarmée ; mais je n'ai plus peur ; oui, j'aime, c'est un penchant qui m'a surpris. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  104. Tu n'es pas la première, cela peut arriver à tout le monde : et quel homme est-ce ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  105. Est-il à Paris ? (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  106. C'est cela même. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  107. Non, le hasard a tout fait, et c'est Lisette qui en est cause, quoique fort innocemment ; elle tenait un livre, elle le laissa tomber, il le ramassa, et on se parla, cela est tout naturel. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  108. Va, ma chère enfant, tu es folle de t'imaginer que tu aimes cet homme-là, c'est Lisette qui te le fait accroire, tu es si fort au-dessus de pareille chose ! (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  109. Bagatelle, te dis-je, c'est qu'il y a là dedans un air de roman qui te gagne. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  110. Moi, je n'en lis jamais, et puis notre aventure est toute des plus simples. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  111. Tu verras ; te dis-je ; tu es raisonnable, et c'est assez ; mais l'as-tu vu souvent ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  112. Je te tiendrai parole, mais puisque cela est si sérieux, peu s'en faut que je ne verse des larmes sur le danger où je te vois, de perdre l'estime qu'on a pour toi dans le monde. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  113. L'estime qu'on a pour moi ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  114. Est-ce que vous me croyez capable de manquer de sagesse ? (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  115. Ma chère enfant, qui est-ce qui te les ferait faire ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  116. Ce n'est pas un domestique payé pour te trahir, non plus qu'un amant qui met tout son bonheur à te séduire ; tu ne consultes que tes ennemis ; ton coeur même est de leur parti, tu n'as pour tout secours que ta vertu qui ne doit pas être contente, et qu'une véritable amie comme moi, dont tu te défies : que ne risques-tu pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  117. En qualité de simple confidente, je te laisse libre ; je te conseille pourtant de me suivre, car le jeune homme est peut-être ici. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  118. Permettez-moi de rêver un instant, et ne vous embarrassez point ; s'il y est, et qu'il ose paraître, je le congédierai, je vous assure. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  119. Voilà qui est fait, je ne le verrai plus. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  120. Arrêtez, de qui est-elle ? (Acte 1, scène 9, ANG?LIQUE)
  121. C'est voute galant qui vous la mande. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  122. Elle est faite pour rester. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  123. Je vous dis qu'il faut qu'alle demeure, à celle fin que vous la lisiais, ça m'est enjoint, et à vous aussi ; il y a dedans un entretien pour tantôt, à l'heure qui vous fera plaisir, et je sis enchargé d'apporter l'heure à Lisette, et non pas la lettre. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  124. Est-ce là tout ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  125. C'est tout par rapport à vous, mais il y a un restant par rapport à moi. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  126. De quoi est-il question ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  127. C'est que je me repens... (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  128. Tu rêves, et où est le mal de ces rendez-vous ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  129. Moi itou, et tellement honnête, qu'il n'y aura pas moyen d'être un fripon, si on ne me soutient le coeur, par rapport à ce que j'ons toujours maille à partie avec ma conscience ; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage ; à chaque pas que je fais, j'ai le défaut de m'arrêter, à moins qu'on ne me pousse, et c'est à vous à pousser. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  130. Point du tout, qu'est-ce que tu veux dire ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  131. Est-ce que vous me faites itou voute rapporteux auprès d'elle ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  132. Explique-toi donc ; c'est-à-dire que ce que tu en fais, n'est que pour obtenir quelque argent d'elle sans nous nuire ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  133. Velà cen que c'est, je tire d'ici, je tire d'ilà, et j'attrape. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  134. Oui, la voici, Lubin me l'a rendue, j'ignore quelle fantaisie lui a pris, mais il est vrai qu'elle est de fort mauvaise humeur, je n'ai pu m'expliquer avec elle à cause du monde qu'il y avait au logis, mais elle est triste, elle m'a battu froid, et je l'ai trouvée toute changée ; je viens pourtant de l'apercevoir là-bas, et j'arrive pour vous en avertir ; attendons-la, sa rêverie pourrait bien tout doucement la conduire ici. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  135. Monsieur est ici ! (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  136. j'en suis quitte à moins ; pour indifférent, passe, et très indifférent ; quant à votre lettre, je l'ai reçue comme elle le méritait, et je ne croyais pas qu'on eût droit d'écrire aux gens qu'on a vus par hasard ; j'ai trouvé cela fort singulier, surtout avec une personne de mon sexe : m'écrire, à moi, Monsieur, d'où vous est venue cette idée, je n'ai pas donné lieu à votre hardiesse, ce me semble, de quoi s'agit-il entre vous et moi ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  137. Je ne réponds rien pour ma défense, je n'en ai pas la force ; si ma lettre vous a déplu, je vous en demande pardon, n'en présumez rien contre mon respect, celui que j'ai pour vous m'est plus cher que la vie, et je vous le prouverai en me condamnant à ne vous plus revoir, puisque je vous déplais. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  138. Voyons, puisque c'est mon tour pour être grondée ; je ne saurais me vanter de rien, moi, je ne vous ai écrit ni rencontré, quel est mon crime ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  139. Dites-moi, il n'a pas tenu à vous que je n'eusse des dispositions favorables pour Monsieur, c'est par vos soins qu'il a eu avec moi toutes les entrevues où vous m'avez amenée sans me le dire, car c'est sans me le dire, en avez-vous senti les conséquences ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  140. Je répondrai, moi, je n'ai pas perdu la parole : si Monsieur est un homme d'honneur à qui vous faites injure, si je suis une fille généreuse, qui ne gagne à tout cela que le joli compliment dont vous m'honorez, où en est avec moi votre reconnaissance, hem ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  141. J'entre dans votre douleur, Monsieur, mais faites comme moi, je n'avais que de bonnes intentions : j'aime ma maîtresse, tout injuste qu'elle est, je voulais unir son sort à celui d'un homme qui lui aurait rendu la vie heureuse et tranquille, mes motifs lui sont suspects, et j'y renonce ; imitez-moi, privez-vous de votre côté du plaisir de voir Angélique, sacrifiez votre amour à ses inquiétudes, vous êtes capable de cet effort-là. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  142. Adieu, Madame ; je vous quitte, puisque vous le voulez ; dans l'état où vous me jetez, la vie m'est à charge, je pars pénétré d'une affliction mortelle, et je n'y résisterai point, jamais on n'eut tant d'amour, tant de respect que j'en ai pour vous, jamais on n'osa espérer moins de retour ; ce n'est pas votre indifférence qui m'accable, elle me rend justice, j'en aurais soupiré toute ma vie sans m'en plaindre, et ce n'était point à moi, ce n'est peut-être à personne à prétendre à votre coeur ; mais je pouvais espérer votre estime, je me croyais à l'abri du mépris, et ni ma passion ni mon caractère n'ont mérité les outrages que vous leur faites. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  143. Il est parti ? (Acte 2, scène 4, ANGÉLIQUE)
  144. J'ai été trop vite, ma mère, avec toute son expérience, en a mal jugé ; Dorante est un honnête homme. (Acte 2, scène 4, ANGÉLIQUE)
  145. Elle rêve, elle est triste : cette querelle-ci ne nous fera point de tort. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  146. Qu'il passe, qu'est-ce que cela nous fait ? (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  147. Il y a du brit dans le ménage, je m'en retorne donc, je vas me mettre pus près par rapport à ce que je m'ennuie d'être si loin, j'aime à voir le monde, vous me sarvirez de récriation, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 4, LUBIN)
  148. Comme tu voudras, reste à dix pas. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  149. C'est vous qui êtes cause que je me suis accoutumée à le voir. (Acte 2, scène 5, ANGÉLIQUE)
  150. Je n'avais pas dessein de vous rendre un mauvais service, et cette aventure-ci n'est triste que pour lui ; avez-vous pris garde à l'état où il est ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  151. C'est un homme au désespoir. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  152. Cela est aisé à dire à qui ne se soucie pas de lui, mais vous savez avec quelle tendresse il vous aime. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  153. Qu'il revienne donc, s'il y est encore, qu'on lui parle, puisqu'il est si affligé. (Acte 2, scène 5, ANGÉLIQUE)
  154. Est-ce Angélique qui m'appelle ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  155. Oui, c'est moi qui parle, mais c'est elle qui vous demande. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  156. Vous ne m'estimez plus. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  157. Elle en a douté pour en être plus sûre, cela est-il si désobligeant ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  158. est cette lettre que j'ai refusé de recevoir ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  159. Oui, Dorante, je vous le promets, voilà qui est fini ; excusez tous deux l'embarras où se trouve une fille de mon âge, timide et vertueuse ; il y a tant de pièges dans la vie ! (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  160. Il ne me reste plus qu'un chagrin : Que deviendra cet amour ? (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  161. Il n'y a qu'à supposer que vous avez connu Monsieur à Paris, et qu'il y est. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  162. Je m'égare à la seule idée de vous perdre, et il n'est point d'extrémité pardonnable que je ne sois tenté de vous proposer. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  163. C'est bien mon dessein de lui résister, j'aurai bien de la peine, surtout avec une mère aussi tendre. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  164. Tu as raison, c'est une tendresse fort mal entendue, j'en conviens. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  165. Monsieur, parlez, quelle est votre idée ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  166. Votre coeur en est un, achevez, je le veux. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  167. Mais ou j'entends mal, ou cela ressemble à un enlèvement ; en est-ce un, Dorante ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  168. Pardonnez quelque chose au trouble où il est : le moyen est dur, et il est fâcheux qu'il n'y en ait point d'autre. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  169. Est-ce là un moyen, est-ce un remède qu'une extravagance ! (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  170. Ce qu'il vous propose est hardi, mais ce n'est pas un crime. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  171. Concevez-vous ce que c'est que vous perdre ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  172. Nous aurions le secours d'une dame qui n'est heureusement qu'à un quart de lieue d'ici, et chez qui je vous mènerais. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  173. Non, Dorante, laissons là votre dame, je parlerai à ma mère ; elle est bonne, je la toucherai peut-être, je la toucherai, je l'espère. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  174. C'est peut-être celui à qui ma mère me destine, fuyez, Dorante, nous nous reverrons tantôt, ne vous inquiétez point. (Acte 2, scène 7, ANGÉLIQUE)
  175. C'est lui-même. (Acte 2, scène 8, ANGÉLIQUE)
  176. Je suis votre serviteur, Madame ; je devance Madame votre mère, qui est embarrassée, elle m'a dit que vous vous promeniez. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  177. Vous êtes bien modeste. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  178. Ce pays-ci est fort beau. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  179. Il est passable. (Acte 2, scène 8, ANGÉLIQUE)
  180. Quand il a dit un mot, il est si fatigué qu'il faut qu'il se repose. (Acte 2, scène 8, LISETTE)
  181. Non, c'est l'unique. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  182. Un moment, où est ma fille ? (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  183. Ils y étaient tous deux tout à l'heure, Madame, mais Monsieur Ergaste est allé à cette maison d'ici près, remettre une lettre à quelqu'un, et Mademoiselle est là-bas, je pense. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  184. Est-ce que vous le méritez, Lisette ? (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  185. Il est vrai que j'ai l'air plus occupé qu'à l'ordinaire. (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  186. Je veux marier ma fille à Ergaste, vous le savez, et je crains souvent qu'elle n'ait quelque chose dans le coeur ; mais vous me le diriez, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  187. Toute fourbe qu'elle est, je l'ai embarrassée. (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  188. Je ne t'entends pas mais va-t'en, Lubin, j'aperçois ma fille, tu me diras ce que c'est tantôt, il ne faut pas qu'elle nous voie ensemble. (Acte 2, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  189. Voyons de quoi il sera question. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  190. Plus de confidence, Lisette a raison, c'est le plus sûr. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  191. Je vous en dirai volontiers encore, car je l'estime, mais je ne l'aime point, et l'estime et l'indifférence vont fort bien ensemble. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  192. Oui, je l'ai retrouvé, je lui ai dit ce qu'il fallait, et voilà qui est fini. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  193. Tu me charmes, je ne saurais t'exprimer la satisfaction que tu me donnes ; il n'y a rien de si estimable que toi, Angélique, ni rien aussi d'égal au plaisir que j'ai à te le dire, car je compte que tu me dis vrai, je me livre hardiment à ma joie, tu ne voudrais pas m'y abandonner, si elle était fausse : ce serait une cruauté dont tu n'es pas capable. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  194. Va, tu n'as pas besoin de me rassurer, ma fille, tu me ferais injure, si tu croyais que j'en doute ; non, ma chère Angélique, tu ne verras plus Dorante, tu l'as renvoyé, j'en suis sûre, ce n'est pas avec un caractère comme le tien qu'on est exposé à la douleur d'être trop crédule ; n'ajoute donc rien à ce que tu m'as dit : tu ne le verras plus, tu m'en assures, et cela suffit ; parlons de la raison, du courage et de la vertu que tu viens de montrer. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  195. C'est que je vous trompe. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  196. Achève ; voyons de quoi il est question. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  197. J'en ai tremblé, il est vrai ; j'ai pourtant eu la faiblesse de lui pardonner, pourvu qu'il ne m'en parle plus. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  198. Voilà encore ce qui m'afflige dans l'aveu que je vous fais, c'est que vous allez le mépriser vous-même, il est perdu : vous n'étiez déjà que trop prévenue contre lui, et cependant il n'est point si méprisable ; permettez que je le justifie : je suis peut-être prévenue moi-même ; mais vous m'aimez, daignez m'entendre, portez vos bontés jusque-là. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  199. Vous croyez que c'est un jeune homme sans caractère, qui a plus de vanité que d'amour, qui ne cherche qu'à me séduire, et ce n'est point cela, je vous assure. (Acte 2, scène 12, ANG?LIQUE)
  200. Il a tort de m'avoir proposé ce que je vous ai dit ; mais il faut regarder que c'est le tort d'un homme au désespoir, que j'ai vu fondre en larmes quand j'ai paru irritée, d'un homme à qui la crainte de me perdre a tourné la tête ; il n'a point de bien, il ne s'en est point caché, il me l'a dit, il ne lui restait donc point d'autre ressource que celle dont je vous parle, ressource que je condamne comme vous, mais qu'il ne m'a proposée que dans la seule vue d'être à moi, c'est tout ce qu'il y a compris ; car il m'adore, on n'en peut douter. (Acte 2, scène 12, ANG?LIQUE)
  201. Oui, mais je ne les aimerai pas, moi, m'aimassent-ils davantage, et cela n'est pas possible. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  202. Il l'ignorait quand il m'a vue, et c'est ce qui devrait l'empêcher de m'aimer, il sait bien que quand une fille est riche, on ne la donne qu'à un homme qui a d'autres richesses, toutes inutiles qu'elles sont ; c'est, du moins, l'usage, le mérite n'est compté pour rien. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  203. Dites-lui qu'elle ne craigne rien de sa fille, dites-lui que rien ne m'est plus cher qu'elle, et que je ne verrai plus Dorante, si elle me condamne à le perdre. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  204. Tout le bonheur de ma vie ; ayez la bonté de lui dire aussi que ce n'est point la quantité de biens qui rend heureuse, que j'en ai plus qu'il n'en faudrait avec Dorante, que je languirais avec un autre : rapportez-lui ce que je vous dis là, et que je me soumets à ce qu'elle en décidera. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  205. Je me repens d'avoir tout dit ; mon amour m'est cher, je viens de m'ôter la liberté d'y céder, et peu s'en faut que je ne la regrette ; je suis même fâchée d'être éclairée ; je ne voyais rien de tout ce qui m'effraye, et me voilà plus triste que je ne l'étais. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  206. Je ne sais, mais ce que vous inspire votre tendresse m'est d'un bon augure. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  207. C'est qu'il me semble avoir aperçu là-bas Monsieur Ergaste qui se promène. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  208. Est-ce quelque chose de conséquence ? (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  209. Jarni, si c'est de conséquence ! (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  210. La loger ailleurs, la changer de chambre : velà cen que c'est. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  211. Je li ons donné l'ordre de la part de noute damoiselle, il ne peut pas manquer d'être obéissant, et la chaise de poste est au bout de l'allée. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  212. Pour à celle fin qu'alle fasse compagnie à noute damoiselle si alle veut faire un tour dans la chaise, et pis de là aller souper en ville, à ce qui m'est avis, selon queuques paroles que j'avons attrapées et qu'ils disiont tout bas. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  213. Tu ne leur diras pas que c'est moi, à cause de Dorante qui ne m'attendrait pas, mais seulement que c'est quelqu'un qui approche. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  214. Je vous entends, rien que queuqu'un, sans nommer parsonne, je ferai voute affaire, noute maîtresse : enfilez le taillis stanpendant que je reste pour la manigance. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  215. À l'autre, qu'est-ce qu'il viant rôder ici, stila ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  216. Interrogeons ce paysan, il est de la maison. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  217. Il est brusque. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  218. Restez-vous là, Monsieur ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  219. C'est que vous me portez de l'incommodité, j'ons besoin de ce chemin-ci pour une confarence en cachette. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  220. N'est-ce pas lui que tu attends ? (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  221. C'est à moi à savoir ça tout seul, si je vous disais oui, nous le saurions tous deux. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  222. C'est que j'ai vu de loin un homme qui lui ressemblait. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  223. Par la sambille, allez donc oublier ce que vous savez déjà, comment instruire un homme qui est aussi savant que moi ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  224. Gageons que vous savez itou qu'alle est amoureuse de li ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  225. Oui, parce que vous le saviez ; mais transportez-vous plus loin, faites-li place, et gardez le secret, Monsieur, ça est de conséquence. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  226. Dame, s'il n'ignore de rin, ce n'est pas ma faute. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  227. Je le connais, s'il s'appelle Ergaste ; est-ce qu'il est ici ? (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  228. C'est Dorante lui-même. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  229. Me trompé-je, est-ce vous, Monsieur ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  230. Vous m'avez tout l'air d'y être en bonne fortune ; je viens de vous y voir parler à un domestique qui vous apporte quelque réponse, ou qui vous y ménage quelque entrevue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  231. Je ferais scrupule de vous rien déguiser, il y est question d'amour, Monsieur, j'en conviens. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  232. Je m'en doutais, on parle ici d'une très aimable fille, qui s'appelle Angélique ; est-ce à elle à qui s'adressent vos voeux ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  233. C'est à elle-même. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  234. Point du tout, je ne la connais pas, et c'est par hasard que j'ai vu sa fille. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  235. Cet engagement-là ne vous réussira pas, Dorante, vous y perdez votre temps, car Angélique est extrêmement riche, on ne la donnera pas à un homme sans bien. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  236. C'est beaucoup, mais il vous reste encore un autre inconvénient : c'est qu'on dit que sa mère a pour elle actuellement un riche parti en vue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  237. Et dans quelle disposition est-elle là-dessus ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  238. Elle est au désespoir ; et dit-on quel homme est ce rival ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  239. Je le connais ; c'est un honnête homme. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  240. Ce n'est pas là un homme estimable. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  241. C'est risquer beaucoup, peut-être avez-vous meilleure opinion de lui qu'il ne le mérite. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  242. C'est vous, Monsieur ? (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  243. Je suis confus de ce qui m'est échappé, et vous avez raison, votre vie est bien en sûreté. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  244. Elle est plus à vous qu'à moi, je vous dois tout, et je ne dispute plus Angélique. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  245. Point du tout, allez votre chemin, ma façon d'aimer est plus tranquille que la vôtre, j'en suis plus le maître, et je me sens touché de ce que vous me dites. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  246. Ce n'est pas la peine de vous retirer, Madame ; je suis instruit, je sais que Monsieur vous aime, qu'il n'est qu'un cadet, Lubin m'a tout dit, et mon parti est pris. (Acte 3, scène 5, ERGASTE)
  247. Tout est désespéré, le temps nous presse. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  248. M'estimez-vous ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  249. Vous dites que le temps presse, et vous faites des questions inutiles ! (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  250. Achevez de m'en convaincre ; j'ai une chaise au bout de la grande allée, la dame dont je vous ai parlé, et dont la maison est à un quart de lieue d'ici, nous attend dans le village, hâtons-nous de l'aller trouver, et vous rendre chez elle. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  251. Ainsi, qu'il n'en soit plus question ; ne nous effrayons point, nous avons une ressource. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  252. Et quelle est-elle ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  253. Tout ce que j'ai mal fait, c'est que je ne lui ai pas paru effrayée de votre proposition autant qu'il le fallait ; voilà ce qui m'inquiète. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  254. Pas trop, cela est équivoque, je ne sais plus que penser. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  255. De grâce, laissez-moi, Dorante ; épargnez-moi cette démarche, c'est abuser de ma tendresse : en vérité, respectez ce que je vous dis. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  256. Vous nous avez trahis ; il ne nous reste qu'un moment à nous voir, et ce moment décide de tout. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  257. Queuqu'un qui est fait comme une mère. (Acte 3, scène 7, LUBIN)
  258. Non, je crois qu'il se trompe, c'est ma parente. (Acte 3, scène 7, ANGÉLIQUE)
  259. Lubin est venu dire que c'était vous. (Acte 3, scène 8, ANGÉLIQUE)
  260. Dorante s'est sauvé, il se meurt, et je vous conjure qu'on le rappelle, puisque vous voulez lui parler. (Acte 3, scène 8, ANG?LIQUE)
  261. Est-ce que vous êtes itou la tante de voute fille ? (Acte 3, scène 8, LUBIN)
  262. Mais j'aperçois Lisette, c'est un inconvénient ; renvoie-la comme tu pourras, avant que Dorante arrive, elle ne me reconnaîtra pas sous cet habit, et je me cache avec ma coiffe. (Acte 3, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  263. C'est Lubin qui s'est mal expliqué d'abord. (Acte 3, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  264. Un enlèvement est effrayant, Madame, mais le désespoir de perdre ce qu'on aime rend bien des choses pardonnables. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  265. Il est certain qu'on ne consentira pas à nous unir. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  266. Ma naissance est égale à celle d'Angélique, mais la différence de nos fortunes ne me laisse rien à espérer de sa mère. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  267. Je ne viens point ici pour me fâcher, et vous avez la liberté de me répondre, mais n'est-elle pas bien à plaindre d'aimer un homme aussi peu jaloux de sa gloire, aussi peu touché des intérêts de sa vertu, qui ne se sert de sa tendresse que pour égarer sa raison, que pour lui fermer les yeux sur tout ce qu'elle se doit à elle-même, que pour l'étourdir sur l'affront irréparable qu'elle va se faire ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  268. Un amour infini, un respect qui m'est peut-être encore plus cher et plus précieux que cet amour même, voilà tout ce que je sens pour Angélique ; je suis d'ailleurs incapable de manquer d'honneur, mais il y a des réflexions austères qu'on n'est point en état de faire quand on aime, un enlèvement n'est pas un crime, c'est une irrégularité que le mariage efface ; nous nous serions donné notre foi mutuelle, et Angélique, en me suivant, n'aurait fui qu'avec son époux. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  269. que sa réputation en demeure ternie, qu'elle en perd l'estime publique, que son époux peut réfléchir un jour qu'elle a manqué de vertu, que la faiblesse honteuse où elle est tombée doit la flétrir à ses yeux mêmes, et la lui rendre méprisable ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  270. Madame, je me livre à vous, à vos conseils, conduisez-moi, ordonnez, que faut-il que je devienne, vous êtes la maîtresse, je fais moins cas de la vie que des lumières que vous venez de me donner ; et vous, Dorante, tout ce que je puis à présent pour vous, c'est de vous pardonner une proposition qui doit vous paraître affreuse. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  271. N'en doutez pas, chère Angélique ; oui, je me rends, je la désavoue ; ce n'est pas la crainte de voir diminuer mon estime pour vous qui me frappe, je suis sûr que cela n'est pas possible ; c'est l'horreur de penser que les autres ne vous estimeraient plus, qui m'effraye ; oui, je le comprends, le danger est sûr, Madame vient de m'éclairer à mon tour : je vous perdrais, et qu'est-ce que c'est que mon amour et ses intérêts, auprès d'un malheur aussi terrible ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  272. Oui, je l'avais instruite, ses bontés, ses tendresses m'y avaient obligée, elle a été ma confidente, mon amie, elle n'a jamais gardé que le droit de me conseiller, elle ne s'est reposée de ma conduite que sur ma tendresse pour elle, et m'a laissée la maîtresse de tout, il n'a tenu qu'à moi de vous suivre, d'être une ingrate envers elle, de l'affliger impunément, parce qu'elle avait promis que je serais libre. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  273. C'est elle-même ; en connaissez-vous qui lui ressemble ? (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  274. Ce n'est pas tout, j'ai un époux à vous proposer pour Angélique, un jeune homme riche et estimé : elle peut avoir le coeur prévenu, mais n'importe. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  275. Je vous suis obligée, Monsieur ; ma mère n'est pas pressée de me marier. (Acte 3, scène 12, ANGÉLIQUE)
  276. Mon parti est pris, Monsieur, j'accorde ma fille à Dorante que vous voyez. (Acte 3, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  277. Il n'est pas riche, mais il vient de me montrer un caractère qui me charme, et qui fera le bonheur d'Angélique ; Dorante, je ne veux que le temps de savoir qui vous êtes. (Acte 3, scène 12, MADAME ARGANTE)
  278. Je vais vous le dire, Madame, c'est mon neveu, le jeune homme dont je vous parle, et à qui j'assure tout mon bien. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)

LA COMMÈRE (1741)

  1. Puisqu'on dit que Madame_Alain va revenir, ce n'est pas la peine de remonter chez vous pour redescendre après ; nous n'avons qu'à l'attendre ici en devisant. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  2. On dit que l'on meurt de joie ; cela n'est pas vrai, puisque me voilà. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  3. Et si je me réjouis tant de notre mariage, ce n'est pas à cause du bien que vous avez et de celui que je n'ai pas, au moins. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  4. De belles et bonnes rentes sont bonnes, je ne dis pas que non, et on aime toujours à avoir de quoi ; mais tout cela n'est rien en comparaison de votre personne. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  5. Il est donc bien vrai que vous m'aimez un peu, La Vallée ? (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  6. Là, de bonne foi, regardez-moi dans l'oeil pour voir si c'est un peu. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  7. Ce me fait quelquefois douter de votre tendresse, c'est l'inégalité de nos âges. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  8. Ce n'est pas sur votre visage ; est-ce qu'il est votre cadet ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  9. Eh bien, c'est moi qui suis l'autre. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  10. Au surplus, chacun a son tour pour venir au monde ; l'un arrive le matin et l'autre le soir, et puis on se rencontre sans se demander depuis quand on y est. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  11. Est-ce que cela n'est pas admirable ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  12. Cela n'est-il pas bien gracieux ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  13. Ce n'est pas votre bien qui me détermine. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  14. Ce n'est pas ma condition non plus. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  15. Je vous crois ; mais pourquoi regardez-vous tant Agathe, lorsqu'elle est avec nous ? (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  16. Bon, c'est qu'elle m'agace ! (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  17. Pardi, est-ce que la mère ne va pas toujours disant que je suis beau garçon ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  18. Pour la mère, elle ne m'inquiète pas, toute réjouie qu'elle est, et je suis persuadée , après toute l'amitié qu'elle me témoigne, que je ne risque rien à lui confier mon dessein. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  19. Restez ici ; prévenez-la toujours, quand elle sera venue ; je redescends bientôt. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  20. C'est vous, Monsieur_de_la_Vallée. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  21. C'est que je vous vois. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  22. C'est le vôtre qui est gaillard. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  23. Est-ce que par hasard je vous plais un peu, Mademoiselle_Agathe ? (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  24. est-ce qu'est votre petite main que je l'en remercie ? (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  25. Qui est-ce qui pourrait s'empêcher de prendre cela en passant ? (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  26. C'est signe que vous m'aimez mieux que lui, mon mouton. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  27. Tout le monde est amoureux de moi. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  28. Dites-moi donc, gros garçon, qu'est-ce qu'elle me conte là ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  29. Ce n'est pas à elle non plus ; c'est le mot de mariage qui l'abuse. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  30. Et c'est un entretien d'amour et de mariage ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  31. Vous avez tant dit que mon humeur et mes manières vous revenaient, vous êtes toujours si folâtre autour de moi que cela s'entend de reste. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  32. Pour ce qui est dans le cas de vous en vouloir, il est vrai... (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  33. J'ai été mariée à quinze : ma fille est presque aussi vieille que moi ; j'ai encore ma mère, qui a la sienne. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  34. Et cet enfant vous plaît, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  35. Ne vous pressez pas ; je m'en accommode comme ils sont ; ils ne me font pas plus de peur aujourd'hui qu'ils ne m'en feront demain ; et après tout, un mari de vingt ans avec une veuve de trente-cinq vont bien ensemble, fort bien ; ce n'est pas là l'embarras, surtout avec un mari aussi bien fait que vous et d'un caractère aussi doux. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  36. Voyez cette modestie ! (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  37. Ce n'est pas le tout que de se marier il faut faire une fin. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  38. À votre âge, on est bien vivant ; vous avez l'air de l'être plus qu'un autre, et je ne le suis pas mal aussi, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  39. Il est toujours bon d'en supposer plus que moins, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  40. Qu'est-ce que c'est que vous avez de votre côté ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  41. C'est moi qui suis tout mon bien. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  42. Rien, mon fils, mais ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  43. C'est ce que je voulais savoir avant de m'aviser, car pour vous aimer, ce serait besogne faite. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  44. C'est dommage ; j'ai grand regret à vos vingt ans, mais rien, que fait-on de rien ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  45. Est-ce que vous n'avez pas au moins quelque héritage ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  46. Est-ce que cette demoiselle_Habert, votre cousine qui vous aime tant, ne pourrait pas vous avancer quelque chose ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  47. Vraiment, elle m'avancera de reste, puisqu'elle veut m'épouser. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  48. Je vous l'apprends, et c'est de quoi elle a à vous entretenir. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  49. N'allez pas lui dire que je vous donnais la préférence, elle est jalouse, et vous me feriez tort. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  50. Mon ami, est-ce que je dis quelque chose ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  51. Est-ce que je suis une femme qui parle ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  52. Qu'il est beau d'être si rare ! (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  53. Et ce n'était pas ma faute ; mais je n'en ai jamais dit le mot à personne, et ce n'est pas même pour vous l'apprendre que je le dis, c'est seulement pour vous montrer qu'on sait se taire. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  54. Ce que c'est de n'avoir rien ! (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  55. C'est donc un secret ? (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  56. Sans doute ; est-ce que Monsieur_de_la_Vallée ne vous l'a pas dit ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE HABERT)
  57. Vous vous aimez donc, que cela est plaisant ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  58. Vous aimez ce garçon : c'est bien fait. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  59. S'il n'a que vingt_ans, ce n'est pas votre faute, vous le prenez comme il est ; dans dix il en aura trente et vous dix de plus, mais qu'importe ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  60. C'est qu'on s'y méprend à la mine qu'ils vous donnent. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  61. Voyez comme elle s'est soutenue, elle est plus blanche, plus droite ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  62. C'est qu'on peut entrer ici à tout moment, et moyennant la précaution que je prends, il ne viendra personne. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  63. Oui, elle n'est pas assez prudente. (Acte 1, scène 5, LA VALLEE)
  64. C'est afin qu'on ne vienne pas nous troubler. (Acte 1, scène 6, MADAME ALAIN)
  65. Quel est votre dessein ? (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE HABERT)
  66. Ce n'est pas un secret que Mademoiselle veut m'apprendre ; n'allez pas le croire et encore moins le dire. (Acte 1, scène 7, MADAME ALAIN)
  67. Ce que j'en fais n'est que pour être libre et non pas pour une confidence. (Acte 1, scène 7, MADAME ALAIN)
  68. Est-ce là tout ? (Acte 1, scène 7, JAVOTTE)
  69. Est-ce moi qui suis la plus babillarde de la maison ? (Acte 1, scène 7, JAVOTTE)
  70. Vous jouez de bonheur ; une muette et moi, c'est tout un. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  71. Hier au soir, le marchand qui est mon voisin me fit serrer dans ma salle basse je ne sais combien de marchandises_de_contrebande qui seraient confisquées si on le savait : voyez si on me croit sûre. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  72. C'est pour vous rassurer. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  73. C'est que je ne veux pas qu'une soeur que j'ai, et avec qui j'ai passé toute ma vie, le sache. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  74. Cela est bon à savoir. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  75. Ou bien, je dirai : Qu'est-ce que c'est que Mademoiselle_Habert ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  76. C'est que vous ne l'êtes pas du tout. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  77. Que cela est comique ! (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  78. Ce que c'est que l'amour ! (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  79. Parlons du reste. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  80. Ce qu'on dit en pareil cas quand il y a un peu de sujet, et le sujet y est. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  81. C'est par amitié que je parle. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  82. Écoutez-moi, est-ce que j'ai dessein de vous fâcher ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  83. Ce n'est que par zèle, en un mot, que je vous épouvante. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  84. Elle est d'une maladresse, avec son zèle ! (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  85. Sur le registre où il est écrit, mon petit bonhomme. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  86. On est pour vous et vous criez comme des troublés. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  87. Oui, je vous le soutiens, on dira que c'est la grand-mère qui épouse le petit-fils, et par conséquent radote. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  88. Vous n'êtes encore qu'au berceau par rapport à elle, afin que vous le sachiez ; oui, au berceau, mon mignon, il est inutile de se flatter là-dessus. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  89. Toutes les contradictions viendraient uniquement de ce que Monsieur_de_la_Vallée est un cadet qui n'a point de bien... (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  90. est le neveu qui ne compte pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  91. D'accord, mais il n'y aura point de mal que le reste y tienne, à condition que vous le mériterez, Monsieur_de_la_Vallée. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  92. Traitez votre femme en bon mari, comme elle s'y attend ; ne vous écartez point d'elle, et ne la négligez pas sous prétexte qu'elle est sur son déclin. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  93. Surtout, Madame_Alain, qu'on ne soupçonne point, par ce que vous direz, que c'est pour moi que vous envoyez chercher ces messieurs. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  94. Pas même les notaires ne sauront pour qui c'est que lorsqu'ils seront ici ; encore n'en diront-ils rien après si vous voulez. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  95. Je vous réponds d'un qui est jeune, un peu mon allié, qui venait ici du temps qu'il était clerc, et qui nous gardera bien le secret, car je lui en garde un qui est d'une conséquence... (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  96. Je vous dirai une autre fois ce que c'est ; faites m'en souvenir. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  97. L'homme à la robe, il est éperdu de moi ; et à qui appartient aussi cette contrebande que j'ai dans mon armoire. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  98. Que c'est pour servir de témoin ; il n'y a pas d'inconvénient à l'en avertir. (Acte 1, scène 9, MADAME ALAIN)
  99. C'est notre ami, il ne demandera pas mieux. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  100. Que Monsieur_Remy attende que je sois de retour ; au reste, que je l'en prie, que je reviens dans moins de dix minutes. (Acte 1, scène 9, MADAME ALAIN)
  101. Un petit mot : ne lui dites point que c'est pour servir de témoin. (Acte 1, scène 9, MADEMOISELLE HABERT)
  102. Devine-t-elle que c'est pour un mariage ? (Acte 1, scène 10, MADEMOISELLE HABERT)
  103. Ce n'est pas moi qui le lui ai appris. (Acte 1, scène 10, MADAME ALAIN)
  104. C'est qu'elle croit que vous l'épousez. (Acte 1, scène 10, MADAME ALAIN)
  105. Oui, elle croit qu'un notaire n'est bon qu'à cela. (Acte 1, scène 10, MADAME ALAIN)
  106. Mes enfants, je vous quitte, mais c'est pour vous servir au plus tôt. (Acte 1, scène 10, MADAME ALAIN)
  107. 'est ce que nous verrons dans le ménage. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  108. C'est une affaire finie dans le ciel. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  109. Ce qui me surprend, c'est que cette petite Agathe sache que c'est pour un mariage. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  110. Je crois même qu'elle pense que c'est pour elle. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  111. C'est bien le moins que je fasse vos volontés. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  112. Ce n'est pas qu'il n'ait du mérite, mais j'en sais qui en ont davantage. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  113. Je m'estime bien glorieuse que vous m'en ayez trouvé, allez, Mademoiselle. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  114. est donc Madame_Alain, Mademoiselle_Agathe ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR REMY)
  115. Si je vous avais dit qu'elle est sortie, vous ne seriez peut-être pas venu si tôt. (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  116. Ma mère m'a dit en m'envoyant : Dis-lui qu'il reste. (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  117. C'est que vous ne cessez pas d'être aimable. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  118. Si c'est pour le vôtre, je n'en ferai rien. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  119. Ce n'est pas pour moi. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  120. C'est donc pour Mademoiselle_Agathe ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  121. Je vous entends ; c'est pour elle. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  122. C'est une liberté que j'ai pris la première. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  123. Pour celui-là, il m'est permis de le dire. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  124. C'est pour éviter les reproches d'une famille qui ne serait pas contente de lui voir prendre un mari tout des plus jeunes. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  125. Au reste, vous soupez ici, je vous en avertis. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  126. Les notaires vont arriver ; ils seront discrets ; il y en a un dont je suis bien sûre : c'est Monsieur_Thibaut, qui va épouser la fille de Monsieur_Constant, à qui il ne dit qu'il paiera sa charge des deniers de la dot, ce qu'il n'ignore pas que je sais. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  127. C'est à vous de me gouverner là-dessus. (Acte 1, scène 15, AGATHE)
  128. Messieurs, il est question d'un contrat de mariage pour les deux personnes que vous voyez, et Monsieur_Remy, qui est connu de vous, Monsieur_Thibaut, va servir de témoin. (Acte 1, scène 16, MADAME ALAIN)
  129. Nous n'avons rien à demander à Mademoiselle ; elle est en état de disposer d'elle, mais Monsieur me paraît bien jeune. (Acte 1, scène 16, LE-NOTAIRE)
  130. Est-il en puissance de père et de mère ? (Acte 1, scène 16, LE NOTAIRE)
  131. Il n'y manque rien ; le juge du lieu y a passé signature, paraphe, tout y est ; la feuille timbrée dit tout. (Acte 1, scène 16, LA VALLEE)
  132. Cela me paraît en bonne forme, et puis nous nous en rapportons à Madame_Alain dès que c'est chez elle que vous vous mariez. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR-THIBAUT)
  133. Qu'est-il arrivé ? (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  134. C'est vous qui avez deviné. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  135. Oui, mais si c'est quelqu'un qui l'ait vu chez ma soeur ? (Acte 1, scène 17, MADEMOISELLE HABERT)
  136. La réflexion est sensée. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  137. Il n'y a point de mystère ; c'est Monsieur_Remy qui l'a amené. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  138. Oui, il y a une demoiselle qui se marie, et qui n'est peut-être que la vingtième du quartier qui en fait autant. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  139. Reste à savoir si Monsieur connaît la nôtre. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  140. Si c'est celle que je cherche, je suis de ses amis et j'ai quelque chose à lui remettre. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  141. Il est très vrai que j'ai à lui parler et que je suis son ami. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  142. Et c'est cette amitié qui veut la détourner d'un mariage qui déplaît à sa famille et qui n'est pas supportable. (Acte 1, scène 18, LE NEVEU)
  143. Venons d'abord aux choses singulières ; c'est le principal. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  144. Ne dois-je point savoir avant de vous les confier si la personne qui loge chez vous est celle que je cherche ? (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  145. C'est une fille qui se marie ; voilà tout. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  146. Est-ce que la vôtre ne l'est pas ? (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  147. C'est une fille âgée. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  148. Voilà une grande différence et tout le reste va de même. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  149. La mienne est blonde et n'a qu'une tante. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  150. la nôtre est brune et n'a qu'un neveu. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  151. Le portier dira le reste. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  152. Ce n'est point ici qu'on trouvera Mademoiselle_Dumont. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  153. C'est pour nous achever. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  154. Tout est décousu. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  155. C'est mon neveu. (Acte 1, scène 19, MADEMOISELLE HABERT)
  156. Profitez au contraire de l'occasion qu'elle vous offre de rendre service à d'honnêtes gens et ne vous prêtez plus à un mariage aussi ridicule et aussi disproportionné que l'est celui-ci. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  157. C'est sans doute un nom de guerre que ma tante lui a donné. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  158. Son véritable est Jacques Giroux, petit berger, venu depuis sept ou huit mois de je ne sais quel village de Bourgogne, et c'est de lui-même que mes tantes le savent. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  159. Petit paysan, autrement dit ; c'est même chose. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  160. Petit paysan, petit berger, Jacob, qu'est-ce donc que tout cela, Monsieur_de_la_Vallée ? (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  161. Il ne saurait nier que ces demoiselles avaient besoin d'un copiste pour mettre au net nombre de papiers et que ce fut un de ses parents, qui est un scribe, qui le présenta à elles. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  162. C'est ce qu'il y a de plus distingué parmi eux, et le petit garçon sait un peu écrire, de sorte qu'il fut trois semaines à leurs gages, mangeant avec une gouvernante qui est au logis. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  163. Il est bien vêtu. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  164. C'est sans doute ma tante qui lui a fait faire cet habit-là, car il était en fort mauvais équipage au logis. (Acte 1, scène 20, LE NEVEU)
  165. C'est que j'avais mon habit de voyage. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  166. Jugez, Madame, vous qui êtes une femme respectable, et qui savez ce que c'est que des gens de famille... (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  167. Je ne désapprouve pas qu'elle se marie ; toute la grâce que je lui demande, c'est de se choisir un mari que nous puissions avouer, qui ne fasse pas rougir un neveu plein de tendresse et de respect pour elle, et qui n'afflige pas une soeur à qui elle est si chère, à qui sa séparation a coûté tant de larmes. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  168. Ce n'est pas vous que je blâme, Jacob ; mais il n'y a pas moyen d'être, pour un petit berger. (Acte 1, scène 21, MADAME ALAIN)
  169. Il n'est plus question de cela. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  170. Il n'y a point de mariage ; il est du moins remis. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  171. C'est la besogne du parent que vous savez. (Acte 1, scène 22, LA VALLEE)
  172. C'est lui qui a retourné la tête. (Acte 1, scène 22, LA VALLEE)
  173. Ce n'est pas là un parti pour vous, Mademoiselle_Habert. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  174. C'est un jeune homme estimable, et qui, de votre aveu même, est sur le point d'épouser la fille d'un de mes amis. (Acte 1, scène 22, L-AUTRE-NOTAIRE)
  175. Ayez donc la bonté de rester, Monsieur_Thibaut. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  176. Il n'est point encore sûr que vous ayez affaire de moi. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR-THIBAUT)
  177. Cette femme est faible et crédule. (Acte 1, scène 22, MADEMOISELLE HABERT)
  178. Que tout ceci est désagréable pour moi ! (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  179. Ce neveu qui paraît vous aimer est d'une tristesse... (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  180. Est-il possible que vous vous déterminiez à me chagriner sur les rapports d'un homme qui vous doit être suspect, qui a tant d'intérêt à les faire faux, qui est mon neveu enfin, et de tous les neveux le plus avide ? (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  181. Jacob est joli garçon, un bon garçon, je suis de votre avis ; ce n'est pas que je le méprise, on est ce qu'on est, mais il y a une règle dans la vie ; on a rangé les conditions, voyez-vous ; je ne dis pas qu'on ait bien fait, c'est peut-être une folie, mais il y a longtemps qu'elle dure, tout le monde la suit, nous venons trop tard pour la contredire. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  182. C'est la mode ; on ne la changera pas, ni pour vous ni pour ce petit bonhomme. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  183. En France et partout, un paysan n'est qu'un paysan, et ce paysan n'est pas pour la fille d'un citoyen bourgeois de Paris. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  184. Il m'appelle paysan ; mon père est pourtant mort le premier marguillier du lieu. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  185. Vigneron, c'est qu'il avait des vignes, et n'en a pas qui veut. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  186. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  187. C'est ainsi que votre neveu l'entend ! (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  188. C'est que, dans les provinces, c'est l'usage de donner ces noms-là aux enfants dans les familles. (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  189. Il y a de bons coeurs, mais le vôtre est charmant. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  190. Que vous est-il arrivé avec votre air triste ? (Acte 1, scène 24, MADAME ALAIN)
  191. Apparemment que la partie est renouée et que le mariage se termine. (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  192. Est-ce que ce mariage vous déplaît ? (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  193. C'est un malheur pour cette fille-là d'épouser un petit fripon qui ne l'aime point et qui, encore aujourd'hui, faisait l'amour à une autre pour l'épouser. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  194. Il n'aurait qu'à y venir, l'impertinent qu'il est. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  195. C'est bien à un petit rustre comme lui qu'il appartient d'aimer des filles de ma sorte. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  196. Ce n'est pas mon dessein. (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  197. Ce n'est que par bon caractère que je parle. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  198. C'est un homme riche, fier, et qui salue si froidement tout ce qui n'est pas notaire... (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  199. Ce mariage n'est pas rompu ? (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  200. Mademoiselle_Habert ne sait donc pas que ce La_Vallée est de la lie du peuple ? (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  201. Est-ce que le neveu vous a aussi gâté l'esprit ? (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  202. Et puis c'est que ce La Vallée m'a fait un affront qui mérite punition. (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  203. De quelle espèce est-il ? (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  204. Puis-je rester ? (Acte 1, scène 26, MONSIEUR-THIBAUT)
  205. N'est-ce pas bien assez ? (Acte 1, scène 26, AGATHE)
  206. Ce n'est qu'une bagatelle. (Acte 1, scène 26, MONSIEUR-THIBAUT)
  207. Il m'a dit que c'est qu'il n'a pu vous désabuser sans trahir son secret, et vous y avez donné comme une étourdie. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  208. Ce n'est pas lui qui a tort ; il fait sa charge. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  209. Apprenez aussi, soit dit entre nous, que La Vallée songeait si peu à vous que c'est moi qu'il aime, qu'il m'épouserait si j'étais femme à vous donner un beau-père. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  210. C'est à mon refus qu'il se donne à Mademoiselle_Habert, qui, heureusement pour lui, s'imagine qu'il l'aime, et à qui je vous défends d'en parler, puisque le jeune homme n'a rien. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  211. Il rapporte, il redit, c'est une gazette ! (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  212. C'est que sans lui, qui a dit au neveu de Mademoiselle_Habert qu'elle était chez moi, ce neveu ne serait point venu ici débiter mille faussetés qui ont produit la scène que vous avez vue. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  213. C'est qu'avant-hier, elle me pria de lui serrer une somme de quatre mille livres qu'elle a épargnée à_son_insu et qu'il n'épargnerait pas, lui, car il dissipe tout. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  214. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  215. Que cela est beau ! (Acte 1, scène 28, MADAME ALAIN)
  216. Et je vous paierai, Monsieur, je vous paierai, mais priez Madame_Alain de vous garder mieux le secret qu'elle n'a fait à ma femme, et qu'elle ne dise pas à d'autres qu'à moi que vous faites accroire à Monsieur_Constant, dont vous allez épouser la fille, que votre charge est à vous, pendant que vous vous disposez à la payer des deniers de la dot. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  217. Il me reste encore quelque chose de la mienne et vous n'en êtes pas quitte, Monsieur_Remy. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  218. Je reste. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  219. Vraiment laissez-la, ma mère ; elle vient signer au contrat, elle est parente de Monsieur_de_la_Vallée et va l'être de Mademoiselle. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  220. C'est ce qu'on a su dans la maison par le neveu de ma nièce Mademoiselle_Habert, qui, en s'en allant, a dit votre pays, votre nom, ce qui a fait que je vous ai reconnu tout d'un coup, et je l'avais bien dit que vous feriez un jour quelque bonne trouvaille, car il n'était pas plus grand que ça quand je quittai le pays, mais vous saurez, Messieurs et Mesdames, que c'était le plus beau petit marmot du canton. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  221. Qu'est-ce que c'est que votre nièce ? (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  222. C'est pourquoi je viens pour mettre ma marque au contrat, faute de savoir signer. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  223. Est-il vrai, Mademoiselle ? (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  224. C'est qu'elle croyait que c'était elle qu'on mariait. (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  225. C'est vous qui me l'avez dit, ma mère, et même qu'il ne se souciait pas de Mademoiselle. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  226. Et Javotte est la seule à qui j'en ai ouvert la bouche. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  227. C'est en passant que vous me l'avez dit aussi, souvenez-vous-en. (Acte 1, scène 29, MONSIEUR-THIBAUT)
  228. C'est un quiproquo qui vous brouille. (Acte 1, scène 29, LA VALLEE)
  229. Je te déteste. (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  230. Aussi bien est-ce vous, maudite fille, qui m'attirez des reproches ? (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)
  231. Ce n'est pas moi, ma mère, c'est Javotte. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  232. Vous verrez que c'est moi qui ai tort. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)
  233. C'est fort bien fait, Messieurs. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)

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L'HEUREUX STRATAGÈME (1733)

  1. Que ça est agriable ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  2. Point du tout, Monsieur, c'est vous qui charmez les autres. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  3. C'est bian fait à vous ; moi, je me couvre toujours ; ce n'est pas mal fait non pus. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  4. Qu'est-ce ? (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. ça s'est bian amendé. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. C'est un petit bout de civilité en passant, comme ça se doit. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  7. C'est que j'ai affaire. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  8. C'est que je venons par rapport à noute fille, pour l'amour de ce qu'alle va être la femme d'Arlequin voute valet. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  9. Dont je savons qu'ou êtes consentant, à cause qu'alle est femme de chambre de Madame_la_Comtesse qui va vous prendre itou pour son homme. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  10. C'est ce qui fait, ne vous déplaise, que je venons vous prier d'une grâce. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  11. Quelle est-elle ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  12. C'est que faura le troussiau de Lisette, Monsieur Dorante ; faura faire une noce, et pis du dégât pour cette noce, et pis de la marchandise pour ce dégât, et du comptant pour cette marchandise. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  13. C'est noute enfant que la Comtesse ; c'est défunte noute femme qui l'a norrie : noute femme avait de la conscience ; faut que sa norriture tianne d'elle. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  14. Ce que je te dis n'est que trop vrai, Maître Blaise. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  15. Et qu'est-ce que c'est que ça, Madame, et qu'est-ce que c'est que ça ! (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  16. Beaucoup de chagrin pour vous, et à cause de cela, quantité de chagrin pour moi ; car un bon domestique va comme son maître. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  17. Qui est-ce qui vous fâche ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  18. Je n'ai rien à dire ; c'est que je devine que vous serez affligé, et je vous pronostique votre douleur. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  19. C'est que j'étais tout à l'heure dans la salle, où j'achevais... (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  20. Ce n'est rien... (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  21. Ça est naturel. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  22. Faut la laisser là, pisqu'alle est bue. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  23. Quand on rit tant, c'est qu'on est bien gaillard ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  24. C'est signe de joie ; velà tout. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  25. Quand un homme est si joyeux, c'est tant mieux pour lui, mais c'est toujours tant pis pour un autre (montrant son maître), et voilà justement l'autre ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  26. Sans doute : le Chevalier ne la quitte point ; il l'amuse, il la cajole, il lui parle tout bas ; elle sourit : à la fin le coeur peut s'y mettre, s'il n'y est déjà ; et cela m'inquiète, Monsieur ; car je vous estime ; d'ailleurs, voilà un garçon qui doit m'épouser, et si vous ne devenez pas le maître de la maison, cela nous dérange. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  27. Ce qui me désespère, c'est que je n'y vois point de remède ; car la Comtesse m'évite. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  28. C'est pourtant mauvais signe. (Acte 1, scène 3, BLAISE)
  29. De la fidélité, morguienne ; baille cette confusion-là à la Comtesse, n'est-ce pas, Monsieur ? (Acte 1, scène 3, BLAISE)
  30. Je l'aperçois qui vient, elle est seule ; retirez-vous, Monsieur, laissez-moi lui parler. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  31. C'est Dorante qui me quitte, Madame. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  32. C'est lui dont je voulais te parler : que dit-il, Lisette ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  33. Est-ce que vous ne l'aimez plus ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  34. Est-ce que je l'aimais ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  35. Dans le fond, je le distinguais, voilà tout ; et distinguer un homme, ce n'est pas encore l'aimer, Lisette ; cela peut y conduire, mais cela n'y est pas. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  36. C'est que je suis impatiente. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  37. Tout cela est vrai ; nous y voilà : je le distinguais, vous dis-je, et je le distingue encore ; mais rien ne m'engage avec lui ; et comme il te parle quelquefois, et que tu crois qu'il m'aime, je venais te dire qu'il faut que tu le disposes adroitement à se tranquilliser sur mon chapitre. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  38. Qu'est-ce que c'est que l'étalage que tu me fais là ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  39. Bien loin que l'infidélité soit un crime, c'est que je soutiens qu'il ne faut pas un moment hésiter d'en faire une, quand on en est tentée, à moins que de vouloir tromper les gens, ce qu'il faut éviter, à quelque prix que ce soit. (Acte 1, scène 4, LA COMTESE)
  40. Oui, je comprends que l'infidélité est quelquefois de devoir, je ne m'en serais jamais doutée ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  41. Tu vois pourtant que cela est clair. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  42. Dorante est en vérité plaisant ; n'oserais-je, à cause qu'il m'aime, distraire un regard de mes yeux ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  43. C'est apparemment ce qu'il prétend. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  44. Sans doute ; avec ces Messieurs-là, voilà comment il faudrait vivre ; si vous les en croyez, il n'y a plus pour vous qu'un seul homme, qui compose tout votre univers ; tous les autres sont rayés, c'est autant de mort pour vous, quoique votre amour-propre n'y trouve point son compte, et qu'il les regrette quelquefois : mais qu'il pâtisse ; la sotte fidélité lui a fait sa part, elle lui laisse un captif pour sa gloire ; qu'il s'en amuse comme il pourra, et qu'il prenne patience. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  45. Ce n'est pas que je n'estime Dorante ; mais souvent, ce qu'on estime ennuie. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  46. C'est vous, Dorante ! (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  47. N'est-ce que cela ? (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  48. À vous dire vrai, votre prélude n'est pas amusant. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  49. Est-ce de l'amour que vous avez pour moi ? (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  50. Ce n'est pas un crime de vous paraître aimable. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  51. Est-ce de l'amour que vous voudriez que j'eusse, et que je n'ai point ? (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  52. Ce n'est pas ma faute, s'il ne m'est pas venu ; il vous est fort permis de souhaiter que j'en aie ; mais de venir me reprocher que je n'en ai point, cela n'est pas raisonnable. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  53. Les sentiments de votre coeur ne font pas la loi du mien ; prenez-y garde : vous traitez cela comme une dette, et ce n'en est pas une. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  54. Plus est singulier ! (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  55. La fidélité n'est bonne à rien ; c'est mal fait que d'en avoir ; de beaux yeux ne servent de rien, un seul homme en profite, tous les autres sont morts ; il ne faut tromper personne : avec cela on est enterrée, l'amour-propre n'a point sa part ; c'est comme si on avait cent ans. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  56. Ce n'est pas qu'on ne vous estime ; mais l'ennui s'y met : il vaudrait autant être vieille, et cela vous fait tort. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  57. Cela peut y conduire, mais cela n'y est pas. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  58. C'est un fort aimable homme. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  59. Nous avons affaire à de jolies personnes, Monsieur, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  60. C'est sans doute de la Comtesse dont il est question, Dorante ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  61. Pourquoi n'est-ce pas vous que j'aime ? (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  62. La réponse n'est pas flatteuse, mais vous me la devez dans l'état où vous êtes. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  63. Vous êtes aimable, sans doute, il n'est pas difficile de le voir, et j'ai regretté cent fois de n'y avoir pas fait assez d'attention ; cent fois je me suis dit... (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  64. Attendez pourtant ; je vous dispense d'amour pour moi, mais c'est à condition d'en feindre. (Acte 1, scène 8, LA MARQUISE)
  65. Qui est-il donc ? (Acte 1, scène 9, LA MARQUISE)
  66. C'est un garçon adroit et fin, tout valet qu'il est, et dont j'ai fait mon espion auprès de son maître et de la Comtesse : voyons ce qu'il nous dira ; car il est bon d'être extrêmement sûr qu'ils s'aiment. (Acte 1, scène 10, LA MARQUISE)
  67. De quoi donc est-il question ? (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  68. Restez, cela vous amusera. (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  69. Il n'en reste pas vestige, il ne sait pas qui vous êtes. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  70. C'est traiter un incendie d'étincelle. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  71. Son coeur est brûlant, Madame ; il est perdu d'amour. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  72. Non, non, la vérité est à plus de mille lieues de ce que vous dites. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  73. Elle n'y répond plus : toutes ses réponses sont faites, ou plutôt dans cette affaire-ci, il n'y a eu ni demande ni réponse, on ne s'en est pas donné le temps. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  74. Car, comme il est Gascon, je le deviens en ce moment, tout Manceau que je suis ; parce qu'on peut tout, quand on est exact, et qu'on sert avec zèle. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  75. Non, Madame, ou qué la pesté m'étouffe ! (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  76. Mais, Chevalier, donner son portrait, c'est donner son coeur... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  77. Il n'y a point dé mais ; ma vie est à vous, lé portrait à moi ; qué chacun gardé sa part... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  78. C'est donc vous qui le gardez ; ce n'est pas moi qui le donne, au moins... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  79. Jé m'en fais responsable, c'est moi qui lé prends ; vous né faites qué m'accorder dé lé prendre... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  80. C'est la Comtesse qui fait un soupir... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  81. C'est le Chevalier qui repart un second. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  82. Et c'est Monsieur qui fournit le troisième. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  83. Oui. C'est que ces deux soupirs-là sont plaisants, et je les contrefais ; contrefaites aussi, Marquise. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  84. Les fragments qui me restent sont d'un goût choisi. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  85. Ce n'est pas la peine. (Acte 1, scène 12, LA MARQUISE)
  86. On dit qué tu aimes la Comtessé ; moi, jé n'en crois rien, et c'est entré lé oui et lé non qué gît lé petit cas dé conscience qué jé t'apporte. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  87. Est-elle prévenue en ta faveur ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  88. C'est-à-dire que tu lui plais. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  89. Dès qué jé l'aime, tout est dit ; épargne ma modestie. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  90. Ce n'est pas ta modestie que j'interroge, car elle est gasconne. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  91. C'est ton agrément qué j'attends. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  92. Attendez : malepeste ! (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  93. Ceci est sérieux ; j'ai parlé à la Marquise, je lui a fait mon rapport. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  94. Que c'est fort bien fait à vous. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  95. Dorante y est mort de même, d'un coup de caprice. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  96. Non ; lé caprice qui lé tue, lé voilà ; c'est moi qui l'expédie, j'en ai bien expédié d'autres, Frontin : né t'inquiète pas ; la Comtesse m'a reçu dans son coeur, il faudra qu'ellé m'y garde. (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  97. C'est un amour dé ma façon, sandis ! (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  98. Assurément ; il n'y a que le mien qui ait la préférence, comme de raison : d'abord moi, ensuite vous ; voilà comme cela est arrangé dans mon esprit ; et puis le reste du monde va comme il peut. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  99. Mais, Monsieur, ce chapitre-là ne vous regarde pas : c'est de l'amour que j'ai pour elle, et vous n'avez que faire d'amour, vous n'en voulez point. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  100. C'est que les choses ont changé ; c'est que la Comtesse pourrait me soupçonner d'être curieux de ses démarches, et de me servir de toi auprès de Lisette pour les savoir : ainsi, laisse-la en repos ; je te récompenserai du sacrifice que tu me feras. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  101. Point de réplique : Marton, qui est à la Marquise, vaut bien ta Lisette ; on te la donnera. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  102. Ton congé, tu le connaîtras dès aujourd'hui, si tu ne suis pas mes ordres ; ce n'est même qu'en les suivant que tu serais regretté de Lisette. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  103. À propos, garde le secret sur la défense que je te fais de voir Lisette : comme c'était de mon consentement que tu l'épousais, ce serait avoir un procédé trop choquant pour la Comtesse, que de paraître m'y opposer ; je te permets seulement de dire que tu aimes mieux Marton, que la Marquise te destine. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  104. Ne craignez rien, il n'y aura là-dedans que la Marquise et moi de malhonnêtes : c'est elle qui me fait présent de Marton, c'est moi qui la prends ; c'est vous qui nous laissez faire. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  105. Je n'ai pourtant qu'une question à vous faire, et comme vous êtes naturellement vraie, que vous êtes la franchise, la sincérité même, nous aurons bientôt terminé. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  106. Je vous entends : vous ne me croyez pas trop sincère ; mais votre éloge m'exhorte à l'être, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  107. Me diriez-vous ce qui en est ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  108. N'est-ce que cela ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  109. Vous me rassurez ; ce n'est pas qu'il n'ait tort ; vous êtes si aimable qu'il ne devait plus avoir des yeux pour personne : mais peut-être vous était-il moins attaché qu'on ne l'a cru. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  110. Je m'accommode pourtant de celui-ci, j'y sens une petite pointe de dépit qui a son mérite : c'est la jalousie qui me loue. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  111. Oui-da ; mais ce n'est pas assez qu'un peu : ne vous refusez pas le plaisir de me dire que je la suis beaucoup, cela n'empêchera pas que vous ne la soyez autant que moi. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  112. C'est qu'on ne prouve que quand on réussit ; le manque de succès met bien des coquetteries à couvert : on se retire sans bruit, un peu humiliée, mais inconnue, c'est l'avantage qu'on a. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  113. Je réussirai quand je voudrai, Comtesse ; vous le verrez, cela n'est pas difficile ; et le Chevalier ne vous serait peut-être pas resté, sans le peu de cas que j'ai fait de son coeur. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  114. Et peut-on vous demander ce que c'est ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  115. Cette femme-là perd la tête ; sa jalousie l'égare ; elle est à plaindre ! (Acte 2, scène 4, LA-COMTESE)
  116. Il n'y a pas grand mal, Dorante : mais quel est donc ce scrupule qu'on vous oppose ? (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  117. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 5, LA COMTESE)
  118. Madame, c'est une suite de conversation que nous avons eu ensemble, et que je lui rappelais. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  119. Je vous dis, Madame, que ce n'est qu'une bagatelle dont j'ai peine à me ressouvenir moi-même. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  120. C'est, je pense, qu'elle avait la curiosité de savoir comment j'étais dans votre coeur. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  121. C'est moi, qui par hasard, en croyant l'aborder, me suis servi de ce terme-là, sans savoir pourquoi. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  122. Vous en aurez toujours beaucoup, Madame ; et si celui que vous y aviez est un peu diminué, ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  123. Je me sauve pourtant, dans la crainte de céder à celui qui vous reste. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  124. Tâchons dé les accoutumer à moins dé frais : la modé dé mourir pour la consolation dé ses amis n'est pas venue, et dé plus, qué nous importe qué ces deux affligés nous disent : Partez ? (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  125. Qu'en est-il des deux ? (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  126. votre gain est peu sûr : Frontin n'a pas l'air d'avoir bien observé. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  127. Vous m'excuserez, Madame, le désespoir est connaissable. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  128. Si c'étaient de ces petits mouvements minces et fluets, qui se dérobent, on peut s'y tromper ; mais le désespoir est un objet, c'est un mouvement qui tient de la place. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  129. Les désespérés s'agitent, se trémoussent, ils font du bruit, ils gesticulent ; et il n'y a rien de tout cela. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  130. Ce n'est pas votre faute : chacun aime autant qu'il peut, et personne n'aime autant que lui. Voilà pourquoi je le plains. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  131. Mais sur quoi Frontin décide-t-il qu'il est tranquille ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  132. Voyons ; n'est-il pas vrai que tu es aux gages de la Marquise, et peut-être à ceux de Dorante, pour nous observer tous deux ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  133. Oui ; mais je suis mal payé de la Marquise, elle est en arrière. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  134. Et parce qu'elle n'est pas libérale, elle est indifférente ? (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  135. Rien ne remue ; la Marquise bâille en m'écoutant, Dorante ouvre nonchalamment sa tabatière, c'est tout ce que j'en tire. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  136. Votre valet n'est qu'un sot, ses observations sont pitoyables, il n'a vu que la superficie des choses : cela ne se peut pas. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  137. Vous voyez bien ce qui en est, Chevalier ; ils se consolent tant, qu'ils veulent nous rendre jaloux ; et ils s'y prennent avec une maladresse bien digne du dépit qui les gouverne. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  138. Par ma foi, j'y suis : c'est qu'ils ont envie de vous mettre en peine. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  139. C'est que la paix ne régnait pas dans son coeur. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  140. Cette grimace est importante. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  141. Item, c'est qu'en ouvrant sa tabatière, il n'a pris son tabac qu'avec deux doigts tremblants. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  142. Il est vrai aussi que sa bouche a ri, mais de mauvaise grâce ; le reste du visage n'en était pas, il allait à part. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  143. C'est que le coeur ne riait pas. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  144. Pesté du faquin, qui réjetté Madamé dans uné compassion qui sera funeste à mon bonheur ! (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  145. Point du tout : ne vous alarmez point ; Dorante s'est trop mal conduit pour mériter des égards... (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  146. Il m'est revenu que vous retardiez votre mariage avec le Chevalier, par ménagement pour moi. Je vous suis obligée de l'attention, mais je n'en ai pas besoin. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  147. Concluez, Comtesse, plutôt aujourd'hui que demain ; c'est moi qui vous en sollicite. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  148. Attendez donc, Marquise ; dites-moi s'il est vrai que vous vous aimiez, Dorante et vous, afin que je m'en réjouisse. (Acte 2, scène 8, LA-COMTESE)
  149. Réjouissez-vous hardiment ; la nouvelle est bonne. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  150. Elle se sauve : la raillerie est un peu trop forte pour elle. (Acte 2, scène 9, LA COMTESSE)
  151. C'est une petite requête que je vous présente, et qui tend à vous prier qu'il vous plaise d'ôter Lisette à Arlequin, et d'en faire un transport à mon profit. (Acte 2, scène 9, FRONTIN)
  152. Voilà cé qué c'est. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  153. Le transport est tout à fait de son goût. (Acte 2, scène 9, FRONTIN)
  154. Il doit l'être, si elle dit vrai, et je le souhaite : mais voici un moyen infaillible de savoir ce qui en est. (Acte 2, scène 9, LA-COMTESE)
  155. Je n'ai qu'à dire à Lisette d'épouser Frontin ; elle était destinée au valet de Dorante, nous en étions convenus. (Acte 2, scène 9, LA COMTESE)
  156. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  157. C'est, ne vous déplaise, Madame, qu'Arlequin est un mal-appris ; mais que les pus mal-appris de tout ça, c'est Monsieur Dorante et Madame la Marquise, qui ont eu la finesse de manigancer la volonté d'Arlequin, à celle fin qu'il ne voulît pus d'elle ; maugré qu'alle en veuille bian, comme je me doute qu'il en voudrait peut-être bian itou, si an le laissait vouloir ce qu'il veut, et qu'an n'y boutît pas empêchement. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  158. Ceci est curieux ! (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  159. En disant, comme ça, que faut qu'ils s'épousient à Paris, a mijaurée et li, dans l'intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice, qui n'est rien qu'un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vôtre, Madame, se gobarger de nous trois ; et c'est touchant ça que je venons vous demander justice. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  160. Allez, Lisette, ne vous affligez pas : laissez la Marquise proposer tant qu'elle voudra ses Martons ; je vous en rendrai bon compte, car c'est cette femme-là, que je ménageais tant, qui m'attaque là-dedans. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  161. Dorante n'y a d'autre part que sa complaisance : mais peut-être me reste-t-il encore plus de crédit sur lui qu'elle ne se l'imagine. (Acte 2, scène 10, LA COMTESE)
  162. Et moi, je trouve que ce coeur de femme a raison, et ne mérite pas votre réflexion satirique ; c'est un homme qui l'aimait, et qui lui dit qu'il ne l'aime plus ; cela n'est pas agréable, elle en est touchée : je reconnais notre coeur au sien ; ce serait le vôtre, ce serait le mien en pareil cas. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  163. Parce qu'elle sait que nous voulons les marier, et que je m'intéresse à leur mariage, elle imagine, dans sa colère, une Marton qu'elle jette à la traverse ; et ce que j'admire le plus dans tout ceci, c'est de vous voir vous-même prêter les mains à un projet de cette espèce ! (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  164. Arlequin se plaignait d'une infidélité que lui faisait Lisette ; il perdait, disait-il, sa fortune : on prend quelquefois part aux chagrins de ces gens-là ; et la Marquise, pour le dédommager, lui a, par bonté, proposé le mariage de Marton qui est à elle ; il l'a acceptée, l'en a remerciée : voilà tout ce que c'est. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  165. Dorante, qu'il ne soit plus question de cette petite intrigue-là, je vous prie ; car elle me déplaît. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  166. Je me flatte que c'est assez vous dire. (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  167. Attendez, Madame, appelons quelqu'un ; mon valet est peut-être là... (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  168. Quel est votre dessein ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  169. La Marquise n'est pas loin, il n'y a qu'à la prier de votre part de venir ici, vous lui en parlerez. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  170. Est-il nécessaire que vous la consultiez là-dessus ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  171. Qu'elle approuve ou non, c'est à vous à qui je parle, à vous à qui je dis que je veux qu'il n'en soit rien, que je le veux, Dorante, sans m'embarrasser de ce qu'elle en pense. (Acte 2, scène 11, LA COMTESE)
  172. C'est en y songeant que je m'arrête. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  173. C'est à moi, sur ce pied-là, à vous prier d'excuser le ton dont je l'ai pris, il ne me convenait point. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  174. Vous destinez-vous bientôt au Chevalier ? (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  175. Est-ce là tout, Monsieur ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  176. Comtesse, votre jardiner m'apprend que vous êtes fâchée contre moi : je viens vous demander pardon de la faute que j'ai faite sans le savoir ; et c'est pour la réparer que je vous amène ce garçon-cI. Arlequin, quand je vous ai promis Marton, j'ignorais que Madame pourrait s'en choquer, et je vous annonce que vous ne devez plus y compter. (Acte 2, scène 12, LA MARQUISE)
  177. Je vous donne quittance ; mais on dit que Blaise est venu vous demander justice contre moi, Madame : je ne refuse pas de la faire bonne et prompte ; il n'y a qu'à appeler le notaire ; et s'il n'y est pas, qu'on prenne son clerc, je m'en contenterai. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  178. C'est vous, Monsieur le Chevalier, qui êtes cause de tout ce tapage-là ; vous avez mis tous nos amours sens dessus dessous. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  179. C'est démencé d'amour. (Acte 2, scène 12, LE CHEVALIER)
  180. Marquise, je vous apprends une chose, c'est que la Comtesse et le Chevalier se marient peut-être ce soir. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  181. Cé soir est loin encore. (Acte 2, scène 12, LE CHEVALIER)
  182. C'en est trop. (Acte 2, scène 13, LA-COMTESE)
  183. Il est même nécessaire que vous ne me voyiez pas si tôt. (Acte 2, scène 13, LA-COMTESE)
  184. Cette femme est plus femme qu'une autre. (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  185. Quelle est votre méthode à vous, Monsieur ? (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  186. C'est ce qui me semble. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  187. Non, Monsieur ; c'est une question qui vient à propos, et que je vous fais tout en devisant. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  188. Je n'en sais rien ; c'est qu'apparemment il faut de la variété dans la vie. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  189. Le service est touchant ! (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  190. C'est du moins parler cordialement. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  191. Rien ; elle n'est pas à vendre. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  192. Non ; mais je vous dirai bien ce que je voudrais qu'elle projetât, c'est tout ce que je sais. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  193. Qui est-ce qui n'en a pas ? (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  194. Personne n'est sans dessein ; on a toujours quelque vue. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  195. C'est donc un grand mystère ? (Acte 3, scène 3, LA MARQUISE)
  196. Oui : c'est Lisette qui demande Monsieur, et il n'est pas à propos que vous le sachiez, Madame. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  197. Ta discrétion est admirable ! (Acte 3, scène 3, LA MARQUISE)
  198. Voyez ce que c'est, Dorante ; mais que je vous dise un mot auparavant. (Acte 3, scène 3, LA MARQUISE)
  199. C'est apparemment de la part de la Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  200. Sans doute, et vous voyez combien elle est agitée. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  201. Ne vous y trompez point, les mouvements qu'on se donne sont encore équivoques ; il n'est pas sûr que ce soit de l'amour ; j'ai peur qu'on ne soit plus jalouse de moi que de votre coeur ; qu'on ne médite de triompher de vous et de moi, pour se moquer de nous deux. Toutes nos mesures sont prises ; allons jusqu'au contrat, comme nous l'avons résolu ; ce moment seul décidera si on vous aime. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  202. Elle est pourtant raisonnable et je m'y exposerai, je vous le promets. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  203. Je soutiens moi-même un personnage qui n'est pas fort agréable, et qui le sera encore moins sur ces fins-ci, car il faudra que je supplée au peu de courage que vous me montrez ; mais que ne fait-on pas pour se venger ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  204. Monsieur, quelle est donc cette conjoncture où vous êtes avec elle ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  205. C'est que je vais l'épouser : rien que cela. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  206. C'est cette perfide qui le fâche ; mais ce ne sera rien. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  207. Qu'est-ce que c'est que les hommes ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  208. C'est que tes exclamations sur les hommes sont si mal placées, que j'en rougis pour ta maîtresse. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  209. Véritablement l'exclamation est effrontée avec nous ; supprime-la. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  210. C'est pourtant de sa part que je viens vous dire qu'elle souhaite vous parler. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  211. Le plus tôt c'est le mieux. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  212. Est-ce que tu es raccommodé avec Lisette ? (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  213. Monsieur, l'amour l'a voulu, et il est le maître ; car je ne le voulais pas, moi. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  214. Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, Monsieur, cette bonne dame est amendée ; je suis persuadé qu'elle vous dira d'excellentes choses pour le renouvellement de votre amour. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  215. En un mot, Lisette, je ne saurais, tu le vois bien ; c'est une entrevue qui inquiéterait la Marquise ; et Madame_la_Comtesse est trop raisonnable pour ne pas entrer dans ce que je dis là : d'ailleurs, je suis sûr qu'elle n'a rien de fort pressé à me dire. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  216. C'en est trop, vous dis-je ; et je ne la verrai qu'avec la personne que je vais rejoindre. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  217. Oui, Madame, et il est persuadé que vous entrerez dans cette bonne raison qu'il apporte. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  218. Mais ce que tu me dis là est inouï, Lisette. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  219. Ce n'est point là Dorante ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  220. Est-ce de lui dont tu me parles ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  221. Cela n'est pas vrai ; je ne saurais m'accoutumer à cette idée-là, on ne me la persuadera pas ; mon coeur et ma raison la rejettent, me disent qu'elle est fausse, absolument fausse. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  222. En vérité, cette femme-là n'est pas faite pour m'effacer de son coeur, et je ne m'y attends pas. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  223. Madame, elle n'est que trop aimable. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  224. Du moins peut-elle plaire : ajoutez à cela votre infidélité, c'en est assez pour guérir Dorante. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  225. Mais, mon infidélité, où est-elle ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  226. Je me condamne, je me suis mal conduite, il est vrai. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  227. Bien plus ; c'est que c'est un homme que je hais naturellement quand je m'écoute : un homme que j'ai toujours trouvé ridicule, que j'ai cent fois raillé moi-même, et qui me reste à la place du plus aimable homme du monde. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  228. Est-ce là un procédé ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  229. Toi qui dis qu'il a droit d'être fâché, voyons, Lisette, est-ce que j'ai cru le perdre ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  230. Estime infinie, confiance aveugle ; et tu dis que j'ai tort ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  231. Et tout homme qu'on honore de ces sentiments-là n'est pas un perfide quand il les trompe ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESE)
  232. Est-il excusable ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  233. Le haïr autant qu'il est haïssable ; c'est à quoi je le destine, je t'assure : mais il faut pourtant que je le voie, Lisette ; j'ai besoin de lui dans tout ceci ; laisse-le venir ; va même le chercher. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  234. Qu'est-ce que vous dites de ça, Madame ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  235. Car noute fille dit que voute affection a repoussé pour Dorante ; et ce tabellion est un impartinent. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  236. C'est comme une fable ! (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  237. Cette Marquise, maugré le marquisat qu'alle a, n'en agit pas en droiture ; an ne friponne pas les amoureux d'une parsonne de voute sorte : et dans tout ça il n'y a qu'un mot qui sarve ; Madame n'a qu'à dire, mon râtiau est tout prêt, et, jarnigué ! (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  238. Il n'est plus question de Dorante ; tu sens bien que je le déteste : mais on m'insulte. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  239. Madame, j'ons vu le temps qu'il me chérissait : estimez-vous que je sois bon pour li parler ? (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  240. Est-ce ainsi qué vous m'avertissez dé venir ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  241. Quel est lé motif dé l'absence qué vous m'avez ordonnée ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  242. Non, Monsieur le Chevalier, ce n'est pas mon dessein. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  243. Qu'est-ce à dire "non" ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  244. Mais c'est vous qué j'aime, Madame ! (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  245. Mais c'est moi qui ne vous aime point, Monsieur ; je suis fâchée de vous le dire si brusquement ; mais il faut bien que vous le sachiez. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  246. Il n'en a pas été question, cadédis ! (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  247. C'est une vapeur qui passe. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  248. C'est un sentiment qui durera toujours. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  249. J'attends réponse d'une lettre ; vous saurez le reste quand je l'aurai reçue : différez votre départ jusque-là. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  250. Allons, jé suis dupe ; c'est être au fait. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  251. Quand il vous plaira, Madame ; c'est à vous à qui je le demande ; son bonheur est entre vos mains ; vous en êtes l'arbitre. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  252. nous resterons comme nous sommes. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  253. Laissez-moi parler, Madame, je demande audience : écoutez-moi. Il est temps de vous désabuser, Chevalier : vous avez cru que je vous aimais ; l'accueil que je vous ai fait a pu même vous le persuader ; mais cet accueil vous trompait, il n'en était rien : je n'ai jamais cessé d'aimer Dorante, et ne vous ai souffert que pour éprouver son coeur. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  254. Vous avez à vous plaindre de lui, Marquise, j'en conviens : son coeur s'est un peu distrait de la tendresse qu'il vous devait ; mais il faut tout dire. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  255. La faute qu'il a faite est excusable, et je n'ai point à tirer vanité de vous l'avoir dérobé pour quelque temps ; ce n'est point à mes charmes qu'il a cédé, c'est à mon adresse : il ne me trouvait pas plus aimable que vous ; mais il m'a cru plus prévenue, et c'est un grand appât. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  256. Je pense qu'il n'est plus temps, Madame, du moins je m'en flatte ; ou bien, si vous m'en croyez, vous serez encore plus généreuse ; vous irez jusqu'à lui pardonner les noeuds qui vont nous unir. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  257. Jé démande audience : jé perds Madame la Marquise, et j'aurais tort dé m'en plaindre ; jé mé suis trouvé défaillant dé fidélité, jé né sais comment, car lé mérite dé Madame m'en fournissait abondance, et c'est un malheur qui mé passe ! (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  258. Voici lé compte juste ; vous avez contrefait dé l'amour, dites-vous, Madame ; jé n'en valais pas davantage ; mais votre estime a surpassé mon prix. Né rétranchez rien du fatal honneur qué vous m'avez fait : jé vous aimais, vous mé lé rendiez cordialement. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  259. Laisse là l'histoire qu'on té fait, mon ami ; il fâche Madame qué tu la désertes, qué ses appas restent inférieurs ; sa gloire crie, té rédémande, fait la sirène ; qué son chant té trouve sourd. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  260. Dé toutes les épouses, la plus estimable, la plus digne dé respect et d'amour, c'est toi qui la tiens ; dé toutes les pertes, la plus immense, c'est moi qui la fais ; dé tous les hommes, lé plus ingrat, lé plus déloyal, en même temps lé plus imbécile, c'est lé malheureux qui té parle. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  261. Je n'ajouterai rien à la définition ; tout y est. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  262. Je ne daigne pas répondre à ce que vous dites sur mon comte, Chevalier : c'est le dépit qui vous l'arrache, et je vous ai dit mes intentions, Dorante ; qu'il n'en soit plus parlé, si vous ne les méritez pas. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  263. C'est à Dorante à qui je parle, Madame. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  264. C'est elle à qui je devrai votre coeur, si vous me le rendez, Comtesse ; elle a tout conduit. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  265. est la Marquise, que je l'embrasse ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  266. Jé né vous démandais qu'un termé ; lé reste est mon affaire. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)

LE PETIT MAÎTRE CORRIGÉ (1739)

  1. Eh vraiment, je le sais bien, on n'attend plus que votre oncle pour terminer ce mariage ; d'ailleurs, Rosimond, votre futur, n'est arrivé que d'hier, et il faut vous donner patience. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  2. Patience, est-ce que tu me crois pressée ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  3. On l'est ordinairement à votre place ; le mariage est une nouveauté curieuse, et la curiosité n'aime pas à attendre. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  4. Est-ce que Rosimond n'est pas de votre goût ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  5. C'est de lui dont je veux te parler. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. Mais il est d'une jolie figure. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  7. Cela est vrai. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  8. Sa physionomie est aimable. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  9. Et, à vue de pays, tout son défaut, c'est d'être ridicule. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  10. Et c'est ce qui me désespère, car cela gâte tout. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  11. Est-ce que la raison même n'exige pas un autre procédé que le sien ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  12. Eh oui, la raison : mais c'est que parmi les jeunes gens du bel air, il n'y a rien de si bourgeois que d'être raisonnable. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  13. Je m'y connais : cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n'a garde de s'en vanter, parce que vous n'allez être que sa femme ; mais je soutiens qu'il étouffe ce qu'il sent, et que son air de petit-maître n'est qu'une gasconnade avec vous. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  14. Eh bien, je t'avouerai que cette pensée m'est venue comme à toi. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  15. Oui, c'est qu'elle m'est encore venue, voyez. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  16. Franchement c'est grand dommage que ses façons nuisent au mérite qu'il aurait. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  17. Et c'est à quoi je voudrais tâcher ; car, s'il m'aime, il faudra bien qu'il me le dise bien franchement, et qu'il se défasse d'une extravagance dont je pourrais être la victime quand nous serons mariés, sans quoi je ne l'épouserai point ; commençons par nous assurer qu'il n'aime point ailleurs, et que je lui plais ; car s'il m'aime, j'aurai beau jeu contre lui, et je le tiens pour à moitié corrigé ; la peur de me perdre fera le reste. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  18. C'est à quoi je songeais : mais il y a une petite difficulté à cette commission-là ; c'est que le maître a gâté le valet, et Frontin est le singe de Rosimond ; ce faquin croit apparemment m'épouser aussi, et se donne, à cause de cela, les airs d'en agir cavalièrement, et de soupirer tout bas ; car de son côté il m'aime. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  19. Qu'est-ce que c'est que bientôt ? (Acte 1, scène 2, MARTON)
  20. Comme qui dirait dans une heure ; il n'est pas habillé. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  21. Non, Madame a raison, qui est-ce qui sait ce qui peut arriver dans l'intervalle d'une heure ? (Acte 1, scène 2, MARTON)
  22. Il est pourtant très clair ; je te dis que je n'en sais rien. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  23. Ma belle enfant, expliquez-moi la réponse de votre maîtresse, elle est d'un goût nouveau. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  24. Elle est même fantasque. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  25. Mais à propos de fantaisie, savez-vous bien que votre minois en est une, et des plus piquantes ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  26. Oh, il est très commun, aussi bien que la réponse de ma maîtresse. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  27. Elle est d'une ingénuité charmante ; écoutez, nos maîtres vont se marier ; vous allez venir à Paris, je suis d'avis de vous épouser aussi ; qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  28. Très courus ; c'est à qui nous attrapera tous deux, il a pensé même m'en venir quelqu'une des siennes. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  29. Les conditions se confondent un peu à Paris, on n'y est pas scrupuleux sur les rangs. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Tenez, il est bon de vous mettre là-dessus au fait. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  31. Ecoutez, il n'en est pas de Paris comme de la province, les coutumes y sont différentes. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  32. Oui, en province, par exemple, un mari promet fidélité à sa femme, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  33. À Paris c'est de même ; mais la fidélité de Paris n'est point sauvage, c'est une fidélité galante, badine, qui entend raillerie, et qui se permet toutes les petites commodités du savoir-vivre ; vous comprenez bien ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  34. De reste. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  35. Je trouve sur mon chemin une personne aimable ; je suis poli, elle me goûte ; je lui dis des douceurs, elle m'en rend ; je folâtre, elle le veut bien, pratique de politesse, commodité de savoir-vivre, pure amourette que tout cela dans le mari ; la fidélité conjugale n'y est point offensée ; celle de province n'est pas de même, elle est sotte, revêche et tout d'une pièce, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  36. Cela est pourtant fort, et pas une sérieuse... (Acte 1, scène 3, MARTON)
  37. Bon, quelquefois tout cela est expédié dans la semaine ; à Paris, ma chère enfant, les coeurs, on ne se les donne pas, on se les prête, on ne fait que des essais. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  38. À qui que ce soit ; on nous aime beaucoup, mais nous n'aimons point : c'est notre usage. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  39. C'est à peu près de quoi nous nous entretenions, Frontin et moi, Madame ; nous disions que Monsieur votre fils est très aimable, et ma maîtresse le voit tel qu'il est ; mais je demandais s'il l'aimerait. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  40. Quand on est faite comme Hortense, je crois que cela n'est pas douteux, et ce n'est pas de lui dont je m'embarrasse. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  41. C'est ce que je répondais. (Acte 1, scène 4, FRONTIN)
  42. Frontin vient de me l'expliquer, Madame ; c'est comme un étonnement de coeur, et un étonnement ne dure pas ; sans compter que les commodités de la fidélité conjugale sont un grand article. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  43. Qu'est-ce que c'est donc que ce langage-là, Marton ? (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  44. Non, Madame, il n'y a qu'un moment que je sais ce que je vous dis là, c'est une instruction que vient de me donner Frontin sur le coeur de son maître, et sur l'agréable économie des mariages de Paris. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  45. Ma foi, Madame, si j'ai tort, c'est la faute du beau monde que j'ai copié ; j'ai rapporté la mode, je lui ai donné l'état des choses et le plan de la vie ordinaire. (Acte 1, scène 4, FRONTIN)
  46. Non, mon admiration s'était méprise ; c'est ta malice qui est admirable. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  47. Ce n'est pas la peine. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  48. Touche-là, te dis-je, c'est de bon coeur. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  49. N'est-ce pas ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  50. Ces messieurs-là, sous prétexte qu'on est leur nièce et leur héritière, s'imaginent qu'on doit faire quelque attention à eux. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  51. Je vous trouve très curieux à voir aussi, Monsieur, mais je n'ai pas le temps de rester. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  52. De quelle humeur est-elle ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  53. D'une humeur peu piquante, assez insipide, elle n'est que raisonnable. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  54. Insipide et raisonnable, il est parbleu plaisant : tu n'es pas faite pour la province. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  55. Un moment, Marton, j'avais quelque chose à te dire et je m'en ressouviendrai ; Frontin, m'est-il venu des lettres ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  56. À propos de lettres, oui, Monsieur, en voilà une qui est arrivée de quatre lieues d'ici par un exprès. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  57. C'est de ma folle de comtesse... (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  58. C'est apparemment là une lettre de commerce. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  59. Nous disons, Monsieur, que c'est quelque jolie femme qui vous écrit par amourette. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  60. C'est d'elle dont je voulais te parler. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  61. Tout ce que je puis pour votre service, c'est de régaler Hortense de l'honneur que vous lui faites de vous ressouvenir d'elle. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  62. Oh, que non, Monsieur, malpeste vous ne la connaissez pas ; c'est qu'elle se moque. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  63. Mais ce n'est pas à moi qu'elle parlait. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  64. Monsieur, je ne dis pas que je l'approuve ; elle a tort ; mais c'est une maligne soubrette ; elle m'a décoché un trait aussi bien entendu. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  65. Oui, Monsieur ; Marton, dans la conversation, m'a par hasard fait quelques questions sur votre chapitre. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  66. Je les avais prévues : Eh bien, ces questions de hasard, quelles sont-elles ? (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  67. Consolez-vous, je vous ai peint à votre goût, c'est-à-dire, en laid. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  68. Mon coeur avait bien à faire là : passe pour dire qu'on me trouve aimable, ce n'est pas ma faute ; mais me donner de l'amour, à moi ! (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  69. C'est un article qu'il fallait épargner à la petite personne qu'on me destine ; la demi-douzaine de maîtresses est même un peu trop ; on pouvait en supprimer quelques-unes ; il y a des occasions où il ne faut pas dire la vérité. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  70. Non, vous ne vous trompiez point, ce n'est pas de quoi je me plains ; mais c'est que ce n'est pas par hasard qu'on vous a fait ces questions-là. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  71. C'est Hortense qui vous les a fait faire, et il aurait été plus prudent de la tranquilliser sur pareille matière, et de songer que c'est une fille de province que je vais épouser, et qui en conclut que je ne dois aimer qu'elle, parce qu'apparemment elle en use de même. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  72. Il fallait le soupçonner, c'était le plus sûr ; mais passons : est-ce là tout ce qu'elle vous a dit ? (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  73. C'est bien des affaires. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  74. C'est qu'il m'a semblé que vous l'aimiez. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  75. Il est vrai, entre nous, que je lui trouve quelques grâces naïves ; elle a des traits ; elle ne déplaît pas. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  76. N'importe ; comme elle a dit qu'elle ne savait pas quand elle pourrait me voir, ce n'est pas à moi à juger qu'elle le peut à présent, et je me retire par respect en attendant qu'elle en décide. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  77. C'est ce que tu lui diras si elle te parle. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  78. Ce qu'il y a de commode à vos conseils, c'est qu'il est permis de s'en moquer. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  79. C'est sans doute à cause de votre réponse de tantôt ; vous ne saviez pas quand vous pourriez le voir. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  80. Il y a des règles là-dessus ; c'est une faiblesse : excusez-la, Madame, je sais son secret, je vous le confie pour son bien ; et dès qu'il vous l'aura dit lui-même, oh ! (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  81. Marton, prends nos intérêts en main ; empêche Madame de nos haïr, car, dans le fond, ce serait dommage, à une bagatelle près, en vérité nous méritons son estime. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  82. Frontin aime son maître, et cela est louable. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  83. C'est de moi qu'il tient tout le bon sens qu'il vous montre. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  84. Je l'en ai vu déconcerté, quoiqu'il ait feint d'en badiner, et vous voyez bien que c'est de pur dépit qu'il se retire. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  85. Courage, Madame, vous réussirez, vous dis-je ; voilà déjà d'assez bons petits mouvements qui lui prennent ; je crois qu'il est bien embarrassé. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  86. Mais c'est à vos genoux que je l'attends ; je l'y vois d'avance ; il faudra qu'il y vienne. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  87. Continuez ; ce n'est pas avec des yeux comme les vôtres qu'on manque son coup ; vous le verrez. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  88. C'est que la Marquise me presse, et ce mariage-ci me paraît si avantageux, que je voudrais qu'il fût déjà conclu. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  89. Tantôt vous ne saviez pas si vous le pouviez, m'a-t-on dit ; et peut-être est-ce encore de même ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  90. Vous ne demandiez à me voir qu'une heure après, et c'est une espèce d'avenir dont je ne répondais pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  91. Cela est vrai ; il n'y a rien de si exact. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  92. Je me rappelle ma commission, c'est moi qui ai tort, et je vous en demande pardon. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  93. Si vous saviez combien le séjour de Paris et de la cour nous gâtent sur les formalités, en vérité, Madame, vous m'excuseriez ; c'est une certaine habitude de vivre avec trop de liberté, une aisance de façons que je condamne, puisqu'elle vous déplaît, mais à laquelle on s'accoutume, et qui vous jette ailleurs dans les impolitesses que vous voyez. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  94. Il peut y avoir ici quelques personnes qui ont de l'amitié pour moi, et qui pourraient m'y regretter ; mais ce n'est pas de quoi il s'agit. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  95. Si parmi ces amis il en est qui soient autre chose, du moins sont-ils discrets, et je ne les connais pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  96. Il y a bien quelque petite chose à redire à mes discours, n'est-ce pas, mais ce n'est pas ma faute. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  97. C'est que sérieusement vous êtes belle avec excès ; vous l'êtes trop, le regard le plus vif, le plus beau teint ; ah ! (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  98. À laquelle des deux questions voulez-vous que je réponde d'abord ? (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  99. Attendez, la dentelle est passable ; de cet après-midi le hasard en décidera ; de notre mariage, je ne puis rien en dire, et c'est de quoi j'ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  100. C'est une autre affaire ; la difficulté ne me regarderait point : il est vrai que j'espérais, Madame, j'espérais, je vous l'avoue. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  101. Non, sérieusement, je ne plaisante point ; je vous dis qu'il est frappé, je vois cela dans ses yeux ; remarquez-vous comme il rougit ? (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  102. Doucement, il m'appartient ; c'est une espèce d'infidélité qu'il me ferait ; car je l'ai amené, à moins que vous ne teniez sa place, Marquis. (Acte 1, scène 13, DORIMÈNE)
  103. Assurément j'en trouve l'idée tout à fait plaisante, et c'est de quoi nous amuser ici. (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  104. N'est-ce pas, Madame ? (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  105. Je n'ai pas le temps de rester, comme tu vois. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  106. C'est une lettre que je viens de trouver, lettre d'amour écrite à Rosimond, mais d'un amour qui me paraît sans conséquence. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  107. La dame qui vient d'arriver pourrait bien l'avoir écrite ; le billet est d'un style qui ressemble à son air. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  108. Toujours aussi impertinent qu'il est aimable. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  109. Il n'est pas aussi raisonnable que vous me paraissez l'être, et je voudrais bien que vous m'aidassiez à le rendre plus sensé dans les circonstances où il se trouve ; vous savez qu'il doit épouser Hortense ; nous n'attendons que l'instant pour terminer ce mariage ; d'où vient, Monsieur, le peu d'attention qu'il a pour elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  110. Je viens de le voir avec Dorimène, il ne la quitte point depuis qu'elle est ici ; et vous, Monsieur, vous ne quittez point Hortense. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  111. Sans doute, et je ne vous désapprouve pas ; mais ce n'est pas à Dorimène à qui il faut que mon fils fasse aujourd'hui la sienne ; et personne ici ne doit montrer plus d'empressement que lui pour Hortense. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  112. Il est vrai, Madame. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  113. Sa conduite est ridicule, elle peut choquer Hortense, et je vous conjure, Monsieur, de l'avertir qu'il en change ; les avis d'un ami comme vous lui feront peut-être plus d'impression que les miens ; vous êtes venu avec Dorimène, je la connais fort peu ; vous êtes de ses amis, et je souhaiterais qu'elle ne souffrît pas que mon fils fût toujours auprès d'elle ; en vérité, la bienséance en souffre un peu ; elle est alliée de la maison où nous sommes, mais elle est venue ici sans qu'on l'y appelât ; y reste-t-elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  114. est allé le Marquis, Dorante ? (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  115. Il y a deux heures que je n'ai pas le sens commun, Dorante, pas le sens commun ; deux heures que je m'entretiens avec une Marquise qui se tient d'un droit, qui a des gravités, qui prend des mines d'une dignité ; avec une petite Baronne si folichonne, si remuante, si méthodiquement étourdie ; avec une Comtesse si franche, qui m'estime tant, qui m'estime tant, qui est de si bonne amitié ; avec une autre qui est si mignonne, qui a de si jolis tours de tête, qui accompagne ce qu'elle dit avec des mains si pleines de grâces ; une autre qui glapit si spirituellement, qui traîne si bien les mots, qui dit si souvent, mais Madame, cependant Madame, il me paraît pourtant ; et puis un bel esprit si diffus, si éloquent, une jalouse si difficile en mérite, si peu touchée du mien, si intriguée de ce qu'on m'en trouvait. (Acte 2, scène 2, DORIM?NE)
  116. On respecte beaucoup ici, c'est le ton de la province. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  117. Oui, c'est un étourdi à qui j'ai à parler tête à tête ; et grâce à tous ces originaux qui m'ont obsédée, je n'en ai pas encore eu le temps : il nous a quitté. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  118. est-il ? (Acte 2, scène 2, DORIM?NE)
  119. Tant pis, cela n'est pas amusant, il vous en reste encore un air froid et raisonnable, qui me gagnerait si nous restions ensemble ; je vais faire un tour sur la terrasse : allez, Dorante, allez dire à Rosimond que je l'y attends. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  120. Un moment, Madame, je suis chargé d'une petite commission pour vous ; c'est que je vous avertis que la Marquise ne trouve pas bon que vous entreteniez le Marquis. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  121. Je n'en ai pas douté : mais ce n'est pas là tout ; je suis encore prié de vous inspirer l'envie de partir. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  122. Je n'ai jamais eu tant d'envie de rester. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  123. Je pense qu'il n'y perdra pas : et vous, je veux aussi que vous nous aidiez à le débarrasser de cette petite fille ; je me propose un plaisir infini de ce qui va arriver ; j'aime à déranger les projets, c'est ma folie ; surtout, quand je les dérange d'une manière avantageuse. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  124. Cherche, vois partout ; et sans dire qu'elle est à moi, demande-la à tout le monde ; c'est à peu près dans ces endroits-ci que je l'ai perdue. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  125. C'est toi, Dorante ; dis-moi, par hasard, n'aurais-tu point trouvé une lettre à terre ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  126. De qui est-elle ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  127. De Dorimène ; et malheureusement elle est d'un style un peu familier sur Hortense ; elle l'y traite de petite provinciale qu'elle ne veut pas que j'épouse, et ces bonnes gens-ci seraient un peu scandalisés de l'épithète. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  128. Aussi me l'est-il. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  129. Parlons de Dorimène ; c'est elle qui m'embarrasse. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  130. T'a-t-elle dit qu'elle n'est venue ici que pour m'empêcher d'épouser ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  131. Elle a une terre à quelques lieues de la leur, elle y est venue, et à peine arrivée, m'a écrit, par un exprès, qu'elle venait ici, et que je la verrais une heure après sa lettre, qui est celle que j'ai perdue. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  132. Oui, j'étais chez elle alors, et j'ai vu partir l'exprès qui nous a précédé : mais enfin c'est une très aimable femme, et qui t'aime beaucoup. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  133. Tu l'aimes aussi, apparemment, et cela n'est pas étonnant. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  134. J'ai encore quelque goût pour elle, elle est vive, emportée, étourdie, bruyante. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  135. Nous avons lié une petite affaire de coeur ensemble ; et il y a deux mois que cela dure : deux mois, le terme est honnête ; cependant aujourd'hui, elle s'avise de se piquer d'une belle passion pour moi. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  136. Qu'est-ce que c'est que cette fantaisie-là ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  137. Elle est sage. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  138. Voilà qui est fini, Marquis, je désavoue mon idée, et je t'en fais réparation. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  139. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s'il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n'en fait rien ; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  140. Oui : comme elle ne m'est pas destinée, je l'aime assez. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  141. Vous l'aimez, Monsieur l'écolier : ceci est sérieux, je vous défends de lui plaire. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  142. est votre maîtresse, Marton ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  143. C'est qu'elle est piquée. (Acte 2, scène 1, ROSIMOND)
  144. D'une lettre que j'ai trouvée, Monsieur, et qui est apparemment celle que vous avez tantôt reçue de Frontin. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  145. Est-ce que cette lettre est de quelque conséquence ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  146. Cela est désagréable. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  147. L'offre est obligeante et je l'accepte ; j'allais vous en prier. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  148. Point du tout, elle a, ce me semble, parlé de différer et non pas de rompre : mais que ne s'est-elle expliquée ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  149. Il est vrai qu'on est presque sûr d'être aimé quand on vous ressemble, aussi ma maîtresse vous aurait-elle épousé d'abord assez volontiers : mais je ne sais, il y a eu du malheur, vos façons l'ont choquée. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  150. Je suis persuadée qu'elles sont toutes des meilleures : mais, tenez, malgré cela je vous avoue moi-même que je ne pourrais pas m'empêcher d'en rire si je ne me retenais pas, tant elles nous paraissent plaisantes à nous autres provinciales ; c'est que nous sommes des ignorantes. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  151. Vous savez bien que vous avez peur de faire l'amoureux de ma maîtresse, parce qu'apparemment cela ne serait pas de bonne grâce dans un joli homme comme vous ; mais comme Hortense est aimable et qu'il s'agit de l'épouser, nous trouvons cette peur-là si burlesque ! (Acte 2, scène 5, MARTON)
  152. Qu'il n'y a point de comédie qui nous divertisse tant ; car il est sûr que vous auriez plu à Hortense si vous ne l'aviez pas fait rire : mais ce qui fait rire n'attendrit plus, et je vous dis cela pour vous divertir vous-même. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  153. C'est aussi tout l'usage que j'en fais. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  154. Rien ne l'a persuadée ; les gens de ce pays-ci ne sentent point le mérite de ces manières-là ; c'est autant de perdu. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  155. Est-ce votre future qui vous occupe ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  156. Oui, je m'occupais des reproches qu'on me faisait de mon indifférence pour elle, et je vais tâcher d'y mettre ordre ; elle est là-bas avec Dorante, y venez-vous ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  157. Quand est-ce donc que cette indifférence qu'on vous reproche pour elle lui fera prendre son parti ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  158. À qui est-ce la faute ? (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  159. Qu'est-ce que c'est que des parents, Monsieur ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  160. C'est l'amour que vous avez pour moi, c'est le vôtre, c'est le mien qui en décideront, s'il vous plaît. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  161. Le terme est court, on aurait de la peine à faire ce que vous dites là ; je désespère d'en venir à bout, moi, et vous en parlez bien à votre aise. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  162. Non, Monsieur, vous ne vous marierez point : n'y songez pas, car il n'en sera rien, cela est décidé ; votre mariage me déplaît. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  163. Est-il défendu de s'aimer, quand on est aimable ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  164. Je vous épouserai, Monsieur, j'ai du bien, de la naissance, qu'on nous marie ; c'est peut-être le vrai moyen de me guérir d'un amour que vous ne méritez pas que je conserve. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  165. Et moi je reste parce que je suis curieuse. (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  166. Monsieur, Madame est de trop ; la moitié de ce que j'ai à vous dire est contre elle. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  167. Eh bien, Monsieur, ce que j'ai à vous dire, c'est que Madame ici nous portera malheur à tous deux. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  168. Couci-couci, et qu'il baise avec un appétit qui me désespère ; je l'ai laissé comme il en retenait une sur qui il s'était déjà jeté plus de dix fois, malgré qu'on en eût, ou qu'on n'en eût pas, et j'ai peur qu'à la fin elle ne lui reste. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  169. Cela est pourtant vif ! (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  170. C'est Marton qui lui a tourné la cervelle ! (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  171. Non, Monsieur, elle m'a corrigé, j'étais petit-maître aussi bien qu'un autre ; je ne voulais pas aimer Marton que je dois épouser, parce que je croyais qu'il était malhonnête d'aimer sa future ; mais cela n'est pas vrai, Monsieur, fiez-vous à ce que je dis, je n'étais qu'un sot, je l'ai bien compris. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  172. Faites comme moi, j'aime à présent de tout mon coeur, et je le dis tant qu'on veut : suivez mon exemple ; Hortense vous plaît, je l'ai remarqué, ce n'est que pour être joli homme, que vous la laissez là, et vous ne serez point joli, Monsieur. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  173. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  174. Cela est si rare ! (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  175. Je n'ai pas tout dit, la lettre est retrouvée, Hortense et Monsieur_le_Comte l'ont lue d'un bout à l'autre, mettez-y ordre ; ce maudit papier est encore de Madame. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  176. C'est du même que j'avais perdu. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  177. Eh bien, le hasard est heureux, cela les met au fait. (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  178. C'est une petite plaisanterie de campagne. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  179. Je vous crois sincère, Dorante ; mais quels que soient vos sentiments, je n'ai rien à y répondre jusqu'ici ; on me destine à un autre. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  180. Il ne l'est pas encore. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  181. C'est lui avec Dorimène. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  182. Je n'oserais vous demander s'il est aimé. (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  183. Ce n'est pas que j'aie de l'éloignement pour lui, mais si j'aime jamais, il en coûtera un peu davantage pour me rendre sensible ! (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  184. Je n'accorderai mon coeur qu'aux soins les plus tendres, qu'à tout ce que l'amour aura de plus respectueux, de plus soumis : il faudra qu'on me dise mille fois : je vous aime, avant que je le croie, et que je m'en soucie ; qu'on se fasse une affaire de la dernière importance de me le persuader ; qu'on ait la modestie de craindre d'aimer en vain, et qu'on me demande enfin mon coeur comme une grâce qu'on sera trop heureux d'obtenir. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  185. Voilà à quel prix j'aimerai, Dorante, et je n'en rabattrai rien ; il est vrai qu'à ces conditions-là, je cours risque de rester insensible, surtout de la part d'un homme comme le Marquis, qui n'en est pas réduit à ne soupirer que pour une provinciale, et qui, au pis-aller, a touché le coeur de Dorimène. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  186. Quel est donc votre dessein ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  187. Qui est-ce qui me prendrait pour un pis-aller ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  188. Je vous apprends en revanche que vous nous tirez d'un grand embarras ; Rosimond vous est indifférent, et c'est fort bien fait ; il n'osait vous le dire, mais je parle pour lui ; son pis-aller lui est cher, et tout cela vient à merveille. (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  189. Je vous dis qu'il n'est pas question de politesse, et que ce n'est pas là ce que je pense. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  190. Ne faut-il pas en venir à dire ce qui est vrai ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  191. Qui est-ce qui ne vous aimerait pas ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  192. Oui, ceci est sérieux. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  193. Est-ce que tu aimes Madame ? (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  194. Je suis ravi de vous voir curieux ; c'est bien à vous à qui j'en dois rendre compte. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  195. Courage, je suis en butte aux questions. (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  196. Reste ici. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  197. Un moment, Madame ; que tout ce qui vient de se passer ne vous fasse aucune impression : vous voyez ce que c'est que Dorimène ; vous avez dû démêler son esprit et la trouver singulière. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  198. C'est une manière de petit-maître en femme qui tire sur le coquet, sur le cavalier même, n'y faisant pas grande façon pour dire ses sentiments, et qui s'avise d'en avoir pour moi, que je ne saurais brusquer comme vous voyez ; mais vous croyez bien qu'on sait faire la différence des personnes ; on distingue, Madame, on distingue. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  199. Reste, il va peut-être question de ce billet perdu, et il faut que tu le prennes sur ton compte. (Acte 2, scène 10, ROSIMOND)
  200. Le diable, qui a bien des secrets, n'aurait pas celui de persuader les gens, s'il était à ma place ; d'ailleurs Marton sait qu'il est à vous. (Acte 2, scène 10, FRONTIN)
  201. Dans la conjoncture où vous êtes, il est juste qu'on soit instruit là-dessus ; parlez-nous naturellement, le style en est un peu libre sur Hortense ; mais on ne s'en prend point à vous. (Acte 2, scène 11, LA-MARQUISE)
  202. Tout ce que je puis dire à cela, Madame, c'est que je n'ai point perdu de lettre. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  203. Ce n'est pourtant qu'à vous qu'on peut avoir écrit celle dont nous parlons, Monsieur_le_Marquis ; et j'ai dit même à Marton de vous la rendre. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  204. C'est peut-être la tienne. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  205. Non, non, on vous y parle à vous positivement, le nom de Marquis y est répété deux fois, et on y signe la Comtesse pour tout nom, ce qui pourrait convenir à Dorimène. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  206. Mais, oui, je me rappelle du Marquis dans cette lettre ; elle est, dites-vous, signée la Comtesse ? (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  207. Oui, Monsieur, c'est cela même, Comtesse et Marquis, voilà l'histoire. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  208. Eh vraiment oui, il n'y a rien de si aisé ; on m'y appelle Marquis, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  209. De sa grâce, je suis un Marquis de la promotion de Lisette, comme elle est Comtesse de la promotion de Frontin, et cela est ordinaire. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  210. Cela ne se pratique pas autrement ; voilà l'usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous ; c'est ce qui nous distingue. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  211. Ce qu'il vous dit est vrai. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  212. Je le veux bien ; tout ce qui m'inquiète, c'est que ma fille a vu cette lettre, elle ne m'en a pourtant pas paru moins tranquille : mais elle est réservée, et j'aurais peur qu'elle ne crût pas l'histoire des promotions de Frontin si aisément. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  213. Il y pourrait, pourtant, rester une petite difficulté ; c'est que dans cette lettre on y parle d'une provinciale, et d'un mariage avec elle qu'on veut empêcher en venant ici, cela ressemblerait assez à notre projet. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  214. Oui, Monsieur, mais quand nos maîtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat ; le maître épouse la maîtresse, et nous la suivante, c'est encore la règle ; et par cette règle que j'observerai, vous voyez bien que Marton me revient. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  215. Lisette, qui est là-bas, le sait, Lisette est jalouse, et Marton est tout de suite une provinciale, et tout de suite on menace de venir empêcher le mariage ; il est vrai qu'on n'est pas venu, mais on voulait venir. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  216. Tout cela se peut, Monsieur_le_Comte, et d'ailleurs il n'est pas possible de penser que mon fils préférât Dorimène à Hortense, il faudrait qu'il fût aveugle. (Acte 2, scène 11, LA-MARQUISE)
  217. Monsieur est-il bien convaincu ? (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  218. N'en parlons plus, ce n'est pas même votre amour pour Dorimène qui m'inquiéterait ; je sais ce que c'est que ces amours-là : entre vous autre gens du bel air, souffrez que je vous dise que vous ne vous aimez guère, et Dorimène notre alliée est un peu sur ce ton-là. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  219. Pour vous, Marquis, croyez-moi, ne donnez plus dans ces façons, elles ne sont pas dignes de vous ; je vous parle déjà comme à mon gendre ; vous avez de l'esprit et de la raison, et vous êtes né avec tant d'avantages, que vous n'avez pas besoin de vous distinguer par de faux airs ; restez ce que vous êtes, vous en vaudrez mieux ; mon âge, mon estime pour vous, et ce que je vais vous devenir me permettent de vous parler ainsi. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  220. Changeons de discours ; Marton est-elle là ? (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  221. Qu'est-ce qui me demande ? (Acte 2, scène 11, MARTON)
  222. Approchez, Hortense, il n'est plus nécessaire d'attendre mon frère ; il me l'écrit lui-même, et me mande de conclure, ainsi nous signons le contrat ce soir, et nous vous marions demain. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  223. Ma fille, je sens les motifs de votre refus ; c'est ce billet qu'on a perdu qui vous alarme ; mais Rosimond dit qu'il ne sait ce que c'est. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  224. Rosimond est trop honnête homme pour le nier sérieusement, mon père ; les vues qu'on avait pour nous ont peut-être pu l'engager d'abord à le nier ; mais j'ai si bonne opinion de lui, que je suis persuadée qu'il ne le désavouera plus. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  225. Oui, Madame, je l'ai rendu à Monsieur qui l'a remis dans sa poche ; je lui avais promis de dire qu'il ne l'avait pas repris, sous prétexte qu'il ne lui appartenait pas, et j'aurais glissé cela tout doucement si les choses avaient glissé de même : mais j'avais promis un petit mensonge, et non pas un faux serment, et c'en serait un que de badiner avec des interrogations de cette force-là ; ainsi donc, Madame, j'ai rendu le billet, Monsieur l'a repris ; et si Frontin dit qu'il est à lui, je suis obligée en conscience de déclarer que Frontin est un fripon. (Acte 2, scène 12, MARTON)
  226. Je me rappelle même que Monsieur, en ouvrant le billet que Frontin lui donnait, s'est écrié : c'est de ma folle de comtesse ! (Acte 2, scène 12, MARTON)
  227. Ce qui m'en fâche, c'est que me voilà pourtant obligé d'épouser cette folle de comtesse ; il n'y a point d'autre parti à prendre ; car, à propos de quoi Hortense me refuserait-elle, si ce n'est à cause de Dorimène ? (Acte 2, scène 13, ROSIMOND)
  228. Il faut qu'on le sache, et qu'on n'en doute pas : Je suis outré ; allons, tout n'est pas désespéré, je parlerai à Hortense, et je la ramènerai. (Acte 2, scène 13, ROSIMOND)
  229. Il est, dit-on, dans une extrême agitation, il se fâche, il fait l'indifférent, à ce que dit Frontin ; il va trouver Dorimène, il la quitte ; quelquefois il soupire ; ainsi, ne vous rebutez pas, Madame ; voyez ce qu'il vous veut, et ce que produira le désordre d'esprit où il est ; allons jusqu'au bout. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  230. Oui, Marton, je le crois touché, et c'est là ce qui m'en rebute le plus ; car qu'est-ce que c'est que la ridiculté d'un homme qui m'aime, et qui, par vaine gloire, n'a pu encore se résoudre à me le dire aussi franchement, aussi naïvement qu'il le sent ? (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  231. Je lui avais donné de l'amour, vous diriez-vous, et ce n'est pas là un présent si rare ; mais il n'avait point de raison, je pouvais lui en donner, il n'y avait peut-être que moi qui en fût capable ; et j'ai laissé partir cet honnête homme sans lui rendre ce service-là qui nous aurait tant accommodé tous deux. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  232. Cela est bien dur ; je ne méritais pas les beaux yeux que j'ai. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  233. Non, Madame, il n'y a encore rien de réglé là-dessus ; et en attendant, c'est par force qu'il demande à vous voir ; il ne saurait faire autrement : Il n'y a pas moyen qu'il s'en passe ; il faut qu'il vienne. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  234. C'est son coeur qui le mène en dépit qu'il en ait, voilà ce que c'est. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  235. Tu l'as dit : c'est son coeur qui a besoin du vôtre, Madame ; qui voudrait l'avoir à bon marché ; qui vient savoir à quel prix vous le mettez, le marchander du mieux qu'il pourra, et finir par en donner tout ce que vous voudrez, tout ménager qu'il est ; c'est ma pensée. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  236. C'est bien dit : Hâtez-vous de vous retirer, car je crois qu'il avance. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  237. est donc votre maîtresse ? (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  238. Après tout ce qui s'est passé, il ne sied pas beaucoup, dit-elle, que vous ayez un entretien ensemble, elle souhaiterait se l'épargner ; d'ailleurs, je m'imagine qu'elle ne veut pas inquiéter Dorante qui ne la quitte guère, et vous n'avez qu'à me dire de quoi il s'agit. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  239. C'est la peur d'inquiéter Dorante qui l'empêche de venir ? (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  240. Marton, je suis bien aise de la désabuser ; allez lui dire qu'il n'en est pas question, que je n'y songe point, qu'elle peut venir avec Dorante même, si elle veut, pour plus de sûreté ; dites-lui qu'il ne s'agit que de Dorimène, et que c'est une grâce que j'ai à lui demander pour elle, rien que cela ; allez, ah ! (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  241. Marquis, je viens vous avertir que je pars ; vous sentez bien qu'il ne me convient plus de rester, et je n'ai plus qu'à dire adieu à ces gens-ci. (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  242. Je retourne à ma terre ; de là à Paris où je vous attends pour notre mariage ; car il est devenu nécessaire depuis l'éclat qu'on a fait ; vous ne pouvez me venger du dédain de votre mère que par là ; il faut absolument que je vous épouse. (Acte 3, scène 4, DORIM?NE)
  243. Qu'est-ce que c'est que ces mesures ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  244. C'est que je veux ménager un raccommodement entre vous et ma mère. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  245. Ne vous embarrassez pas, c'est un mouvement qu'il faut que je me donne. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  246. C'est qu'on croirait peut-être que je regrette Hortense, et je veux qu'on sache qu'elle ne me refuse que parce que j'aime ailleurs. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  247. Cela est si bien établi et si croyable ! (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  248. Il serait plus flatteur pour moi qu'on s'en passât, si cela se peut, et d'ailleurs c'est que je ne me raccommoderai point : je suis piquée. (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  249. Restez piquée, soit ; ne vous raccommodez point, ne m'épousez pas : mais retirez-vous pour un moment. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  250. Puisque vous voulez le savoir, c'est Hortense que j'attends, et qui arrive, je pense. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  251. Madame, n'hésitez point à entretenir Monsieur_le_Marquis, il m'a assuré qu'il ne serait point question d'amour entre vous, et que ce qu'il a à vous dire ne concerne uniquement que Dorimène ; il m'en a donné sa parole. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  252. Le préambule est fort nécessaire. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  253. Vous n'avez qu'à rester, Marton. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  254. Il ne s'agit plus de rien, Madame ; elle m'avait prié de vous engager à disposer l'esprit de ma mère en sa faveur, mais ce n'est pas la peine, cette démarche-là ne réussirait pas. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  255. Est-ce là tout ? (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  256. J'avais à vous parler de son billet qu'on a trouvé, et je venais vous protester que je n'y ai point de part ; que j'en ai senti tout le manque de raison, et qu'il m'a touché plus que je ne puis le dire. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  257. C'est qu'assurément vous ne méritez pas la façon de penser qu'elle y a eu ; vous ne la méritez pas. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  258. Notre entretien vous est si à charge que j'hésite de le continuer. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  259. Madame, où se récriera-t-on, si ce n'est ici ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  260. Voilà comme on est un sot. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  261. Cet homme-là est incurable. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  262. Il n'y a qu'à suivre ma conduite ; toutes vos attentions ont été pour Dorante, songez-y ; à peine m'avez-vous regardé : là-dessus, je me suis piqué, cela est dans l'ordre. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  263. J'ai paru manquer d'empressement, j'en conviens, j'ai fait l'indifférent, même le fier, si vous voulez ; j'étais fâché : cela est-il si désobligeant ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  264. Est-ce là de la complaisance ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  265. Mais, restez donc, Madame, vous ne me dites mot ; convenons de quelque chose. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  266. Qu'elles restent brouillées, je ne veux point de Dorimène ; je n'en veux qu'à vous. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  267. En est-ce fait ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  268. Qui est-ce qui le saura ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  269. Qu'est-ce que c'est que ce discours ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  270. C'est une étourdie qui parle : mais il faut qu'à mon tour la vérité m'échappe, Monsieur, je n'y saurais résister. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  271. C'est que votre petit jargon de galanterie me choque, me révolte, il soulève la raison : C'est pourtant dommage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  272. Ce n'est pas pour moi qu'il souhaite, Madame, et c'est bien malgré moi qu'il vous en a parlé. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  273. Il est vrai que le motif de son obstination est si tendre, que je me serais rendue ; mais j'accours pour vous prier de laisser tout là. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  274. Je viens de rencontrer la Marquise qui m'a saluée d'un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet ; il y a des moyens de se passer d'une cérémonie si désagréable : elle me rebuterait de notre mariage. (Acte 3, scène 7, DORIM?NE)
  275. C'est que c'est une démarche si dure, si humiliante. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  276. Elle est nécessaire ; il ne serait pas séant de vous marier sans l'aveu de Madame la Marquise, et nous allons agir mon père et moi, s'il ne l'a déjà fait. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  277. Ceci est trop fort. (Acte 3, scène 7, ROSIMOND)
  278. Son air rêveur est de mauvais présage... (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  279. C'est que je lui ai déplu. (Acte 3, scène 8, ROSIMOND)
  280. Est-ce qu'en effet il y aurait de ma faute ? (Acte 3, scène 8, ROSIMOND)
  281. Regardez-moi : Est-ce que vous me reconnaissez, par exemple ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  282. Voyez comme je parle naturellement à cette heure, en comparaison d'autrefois que je prenais des tons si sots : Bonjour, la belle enfant, qu'est-ce ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  283. Cela coule de source, et on est gracieux avec toute la commodité possible. (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  284. Monsieur, ma maîtresse que j'ai rencontrée en passant, comme elle vous quittait, m'a chargé de vous prier d'une chose qu'elle a oublié de vous dire tantôt, et dont elle n'aurait peut-être pas le temps de vous avertir assez tôt : C'est que Monsieur_le_Comte pourra vous parler de Dorante, vous faire quelques questions sur son caractère ; et elle souhaiterait que vous en dissiez du bien ; non pas qu'elle l'aime encore, mais comme il s'y prend d'une manière à lui plaire, il sera bon, à tout hasard, que Monsieur_le_Comte soit prévenu en sa faveur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  285. C'en est trop ; ce trait me pousse à bout : Allez, Marton, dites à votre maîtresse que son procédé est injurieux, et que Dorante, pour qui elle veut que je parle, me répondra de l'affront qu'on me fait aujourd'hui. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  286. Sais-tu ce que c'est ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  287. Mon enfant, c'est qu'il l'aime. (Acte 3, scène 9, FRONTIN)
  288. C'est parler que cela ; voilà ce qu'on appelle des expressions. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  289. Est-ce que ma maîtresse se doute seulement que vous l'aimez ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  290. Jamais le mot d'amour est-il sorti de votre bouche pour elle ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  291. Trop heureuse de vous épouser, vous lui faisiez la grâce d'y consentir : je ne vous parle si franchement, que pour vous mettre au fait de vos torts ; il faut que vous les sentiez : c'est de vos façons dont vous devez rougir, et non pas d'un amour qui ne vous fait qu'honneur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  292. Oui, elle m'a dit que vous l'aviez scandalisée ; car elle est notre amie. (Acte 3, scène 9, FRONTIN)
  293. C'est un malentendu qui nous sépare ; et puis, concluons quelque chose, un mariage arrêté, convenable, dont je faisais cas : voilà de votre style ; et avec qui ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  294. J'ouvre les yeux ; je me déteste, et il n'est plus temps ! (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  295. Me promettez-vous de rester comme vous êtes ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  296. En est-ce fait ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  297. Cela est différent : c'est reconnaissance pour lui, c'était inclination pour vous, et l'inclination reprendra ses droits. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  298. Bonnes nouvelles, Monsieur_le_Marquis, tout est pacifié. (Acte 3, scène 10, HORTENSE)
  299. Je ne mérite pas, Hortense, la bonté que vous avez de m'entendre ; et ce n'est pas en me flattant de vous fléchir, que je viens d'embrasser vos genoux. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  300. Triomphez donc d'un malheureux qui vous adorait, qui a pourtant négligé de vous le dire, et qui a porté la présomption, jusqu'à croire que vous l'aimeriez sans cela : voilà ce que j'étais devenu par de faux airs ; refusez-m'en le pardon que je vous en demande ; prenez en réparation de mes folies l'humiliation que j'ai voulu subir en vous les apprenant ; si ce n'est pas assez, riez-en vous-même, et soyez sûre d'en être toujours vengée par la douleur éternelle que j'en emporte. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  301. Enfin, Marquis, vous ne vous plaindrez plus, je suis à vous, il vous est permis de m'épouser ; il est vrai qu'il m'en coûte le sacrifice de ma fierté : mais, que ne fait-on pas pour ce qu'on aime ? (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  302. Elle est présente ; et je dis que je vous adore ; et je le dis sans être infidèle : approuvez que je n'en dise pas davantage. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  303. Voilà qui est bien particulier ! (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  304. C'est un rêve ! (Acte 3, scène 11, DORIMÈNE)
  305. Ne me sachez pas mauvais gré de ce qui s'est passé ; je vous ai refusé ma main, j'ai montré de l'éloignement pour vous ; rien de tout cela n'était sincère : c'était mon coeur qui éprouvait le vôtre. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  306. Qu'est-ce que cela veut dire ? (Acte 3, scène 12, LE-COMTE)
  307. Mon père, c'est Rosimond qui m'aime, et que j'épouserai si vous le souhaitez. (Acte 3, scène 12, HORTENSE)
  308. Oui, Monsieur, c'est Rosimond devenu raisonnable, et qui ne voit rien d'égal au bonheur de son sort. (Acte 3, scène 12, ROSIMOND)
  309. Nous les destinions l'un à l'autre, Monsieur ; vous m'aviez demandé ma fille : mais vous voyez bien qu'il n'est plus question d'y songer. (Acte 3, scène 12, LE-COMTE)
  310. Je ne me plains point, Madame ; mais votre procédé est cruel. (Acte 3, scène 12, DORANTE)

LA MÉPRISE (1739)

  1. C'est que vous ne savez pas ce que je vaux, mais une fille ne s'y trompera pas : j'ai vu la friponne jeter sur moi de certains regards, qui n'en demeureront pas là, qui auront des suites, vous le verrez. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. N'est-ce rien que des yeux qui parlent ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Ce qu'ils disent est encore plus sûr que des paroles. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. Mon maître en tient pour votre maîtresse, lui dis-je tout bas en me rapprochant d'elle ; son coeur est pris, c'est autant de perdu ; celui de votre maîtresse me paraît bien aventuré, j'en crois la moitié de partie, et l'autre en l'air. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Du mien, vous n'en avez pas fait à deux fois, vous me l'avez expédié d'un coup d'oeil ; en un mot, ma charmante, je t'adore : nous reviendrons demain ici, mon maître et moi, à pareille heure, ne manque point d'y mener ta maîtresse, afin qu'on donne la dernière main à cet amour-ci, qui n'a peut-être pas toutes ses façons ; moi, je m'y rendrai une heure avant mon maître, et tu entends bien que c'est t'inviter d'en faire autant ; car il sera bon de nous parler sur tout ceci, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Je crois que tu as raison, et que c'est la suivante. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  7. Bonjour, chère enfant ; reconnaissez-moi, me voilà, c'est le véritable. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  8. Dès que tu as deviné que tu me plais, n'est-ce pas assez ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Il est vrai, tu ne feras rien pour mon instruction, mais il manque à ma gloire le ragoût de te l'entendre dire. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  10. Allons, allons, tu me voles, il n'y a pas là ce qui m'est dû, fais-moi mon compte. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  11. C'est-à-dire qu'il est officier. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Ce nom-là est connu, et tout ce que tu me dis là nous convient assez. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  13. Quand les minois se conviennent, le reste s'ajuste. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  14. Ils ont eu pour héritières deux filles qui vivent ensemble dans un accord qui va jusqu'à s'habiller l'une comme l'autre, ayant toutes deux presque le même son de voix, toutes deux blondes et charmantes, et qui se trouvent si bien de leur état, qu'elles ont fait serment de ne point se marier et de rester filles. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Ne point se marier fait un article, rester filles en fait un autre. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  16. C'est la même chose. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Quoi qu'il en soit, nous protestons contre l'un ou l'autre de ces deux serments-là ; celle que nous aimons n'a qu'à choisir, et voir celui qu'elle veut rompre ; comment s'appelle-t-elle ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  18. Clarice, c'est l'aînée, et celle à qui je suis. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  19. Depuis qu'elle l'a vu, comment va son voeu de rester fille ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  20. Oui, en ce pays-ci c'est l'usage en été, quand on est à la campagne, à cause du hâle et de la chaleur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  21. Mais n'est-ce pas là Ergaste que je vois là-bas ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. C'est lui-même. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  23. Le doute est de bon sens ; tu es si jolie ! (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  24. Ce que j'ai toujours prévu : que nous triomphons, qu'on est rendu, et que, quand il nous plaira, le notaire nous dira le reste. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  25. Est-ce que sa maîtresse lui a parlé de moi ? (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  26. On ne tarit point, tous les échos du pays nous connaissent, on languit, on soupire, on demande quand nous finirons, peut-être qu'à la fin du jour on nous sommera d'épouser : c'est ce que j'en puis juger sur les discours de Lisette, et la chose vaut la peine qu'on y pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  27. Clarice, fille de qualité, d'un côté, Lisette, fille de condition, de l'autre, cela est bon : la race des Frontins et des Ergastes ne rougira point de leur devoir son entrée dans le monde, et de leur donner la préférence. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  28. Vous parlez du ton d'un suppliant, et c'est à nous à qui on présente requête. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  29. Je vous félicite, au reste, vous avez dans votre victoire un accident glorieux que je n'ai pas dans la mienne : on avait juré de garder le célibat, vous triomphez du serment. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Oui, Monsieur, la vérité toute pure est que je suis adoré, parce qu'avec moi cela va un peu vite, et que vous êtes à la veille de l'être ; et je vous le prouve, car voilà votre future idolâtre qui vous cherche. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  31. N'est-ce pas là ce cavalier que je vis hier ramasser le gant de ma soeur ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  32. Que mon action ne vous irrite point, ne la regardez pas comme un manque de respect pour vous, le mien est infini, j'en suis pénétré : jamais on ne craignit tant de déplaire, mais jamais coeur, en même temps, ne fut forcé de céder à une passion ni si soumise, ni si tendre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  33. Je vous l'apporte, elle est à vous ; mon sort est entre vos mains, je ne saurais plus vivre si vous me rebutez. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  34. Jugez si un manque de respect est compatible avec de pareils sentiments. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  35. Vos expressions sont vives et pressantes, assurément, il est difficile de rien dire de plus fort. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  36. De grâce, Madame, encore un mot qui décide de ma destinée, et je finis : me haïssez-vous ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  37. Achevez donc, ou je m'en vais : car il n'est pas dans l'ordre que je reste. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  38. Nos maisons sont voisines, apparemment qu'il nous viendra voir ; et c'est donc chez lui que vous êtes actuellement, Monsieur ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  39. Dès que ce mariage vous est avantageux, la partie se renouera ; la dame est aimable, sans doute, et vous ferez vos réflexions. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  40. Moi, Monsieur, je ne vous défends rien, je n'ai pas ce droit-là, on est le maître de ses sentiments ; et si le comte de Belfort, dont vous parlez, allait vous mener chez moi, je le suppose parce que cela peut arriver, je serais même obligée de vous y bien recevoir. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  41. À vous dire vrai, Monsieur, j'espère bien n'agir que par ce motif-là, du moins d'abord, car de l'avenir, qui est-ce qui en peut répondre ? (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  42. Non, je ne sais encore rien là-dessus, puisqu'ici même j'ignore ce que c'est que l'amour ; et je voudrais bien l'ignorer toute ma vie. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  43. Il n'est point tard ; continuez-vous votre promenade, Madame ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  44. Si vous me trouvez seule et éloignée des autres, dès que nous nous sommes parlé et que, grâce à votre précipitation, la faute en est faite, je crois que vous pourrez m'aborder sans conséquence. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  45. Il est trop tard pour vous en plaindre : mais vous m'avez vue, séparons-nous ; car on approche. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  46. Je lui donne une espèce de rendez-vous, et j'ai peur de le tenir, qui pis est. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  47. Qu'est-ce que c'est ? (Acte 1, scène 5, HORTENSE)
  48. Non, quelle est-elle, cette compagnie ? (Acte 1, scène 5, HORTENSE)
  49. C'est ce Monsieur Damis, qui est si amoureux de vous. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  50. Est-ce qu'il me cherche ? (Acte 1, scène 5, HORTENSE)
  51. Il ne vient par aucun côté, car il ne bouge, et c'est moi qui viens pour lui, afin de savoir où vous êtes. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  52. Vous avez raison ; quand on s'en va, on n'y est pas : cela est clair. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  53. Je la trouve embarrassée : qu'est-ce que cela signifie, Ergaste y aurait-il part ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  54. Oui, parce qu'il est de bonne heure. (Acte 1, scène 6, CLARICE)
  55. Il est ici. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  56. C'est qu'il vous cherche, et si vous voulez l'éviter, il ne faut pas rester ici. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  57. Est-ce que tu crois qu'il me parlera ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  58. Il n'y manquera pas, la petite aventure d'hier le lui permet de reste. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  59. c'est bien assez qu'il y songe autant. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  60. Je suis encore bien plus hardie que cela, c'est que je crois que vous y seriez venue. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  61. Sans doute, et vous auriez raison, car il est fort aimable, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  62. Et ce n'est pas là tout, c'est qu'il vous aime. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  63. Sans doute, à moins qu'on ne te l'ait dit, et je suis persuadée que non, qui est-ce qui t'en a parlé ? (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  64. Ton maître est-il là ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  65. Oui ; il demande s'il peut reparaître, puisqu'elle est seule. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  66. Madame, c'est Monsieur_le_Marquis Ergaste qui aurait grande envie de vous faire encore révérence, et qui, comme vous voyez, vous en sollicite par le plus révérencieux de tous les valets. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  67. On n'est d'avis de rien, mais qu'il vienne. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  68. Que ce jour-ci est heureux pour moi, Madame ! (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  69. Mon rapport est-il fidèle ? (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  70. Est-ce qu'il est de vos amis ? (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  71. C'est lui, Madame, chez qui il me semble vous avoir dit que j'étais. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  72. Votre question m'embarrasse ; dispensez-moi d'y répondre. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  73. Est-ce que votre réponse me serait contraire ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  74. Et c'est ce qui fait qu'on n'y répond pas. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  75. Retirons-nous vite, Madame ; c'est Arlequin qui vient. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  76. Qu'elle est aimable ! (Acte 1, scène 11, ERGASTE)
  77. Et qu'il est doux d'espérer de lui plaire ! (Acte 1, scène 11, ERGASTE)
  78. Au reste, j'avais oublié de vous dire le meilleur. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  79. Votre maîtresse a bien des grâces ; mais le plus beau de ses traits, vous ne le voyez point, il n'est point sur son visage, il est dans sa cassette. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  80. Savez-vous bien que le coeur de Clarice est une emplette de cent mille écus, Monsieur ? (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  81. C'est bien là à quoi je pense ! (Acte 1, scène 11, ERGASTE)
  82. C'est le beau brun que j'ai vu venir. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  83. Vous êtes mon homme ; c'est vous que je cherche. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  84. est ton chapeau ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  85. Il n'y est plus. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  86. De quoi est-il question ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  87. De la part d'une personne qui s'est moquée de vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  88. Dites vos injures à ma commission, c'est elle qui est insolente, et non pas moi. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  89. Voulez-vous que j'estropie le commissionnaire, Monsieur ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  90. Cela n'est pas de l'ambassade : je n'ai point ordre de revenir estropié. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  91. Qui est-ce qui t'envoie ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  92. Quelle est-elle ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  93. Est-ce que je la connais ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  94. C'est cette dame-là qui t'envoie dire qu'elle s'est moquée de moi ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  95. Oui-da, Monsieur ; esprit de femme et caprice : voilà tout ce que c'est ; qui dit l'un, suppose l'autre ; les avez-vous jamais vus séparés ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  96. Est-ce que les gens d'hier sont de cette taille-là ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  97. Un officier de la Majesté du Roi. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  98. C'est cela même ! (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  99. C'est vous qu'on n'estime pas ; vous voyez bien que le paquet est à votre adresse. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  100. Non, c'est port payé. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  101. On s'est un peu diverti de vous en passant, on vous a regardé comme une farce qui n'amuse plus. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  102. S'il ressemble au reste, nous ne perdons rien de curieux. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  103. Il est tout de son long dans ces tablettes-ci. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  104. Non pas, s'il vous plaît ; je ne dois pas vous les montrer : cela m'est défendu, parce qu'on s'est repenti d'y avoir écrit, à cause de la bienséance et de votre peu de mérite ; et on m'a crié de loin de les supprimer, et de vous expliquer le tout dans la conversation ; mais laissez-moi voir ce que j'oublie... (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  105. Tout juste ; voilà l'article qui nous manquait : plus de fréquentation, c'est l'intention de la tablette. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  106. Arrête, où est-elle ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  107. Attends que j'aie fait, du moins, un mot de réponse ; il est aisé de me justifier : elle m'accuse d'avoir vu sa soeur, et je ne la connais pas. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  108. Grand merci ; quand je parle de chanson, c'est que j'en vais chanter une ; faites à votre aise, mon cavalier ; je n'ai jamais vu de fourbe si honnête homme que vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  109. Est-ce que tu prends ma voix pour un orchestre ? (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  110. C'est qu'en fait de musique, il n'y a que le tambour qui me fasse plaisir. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  111. C'est-à-dire que tu es au concert, quand on bat la caisse. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  112. Le vin, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  113. Cela est malsain ; parlons de ta maîtresse. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  114. Il n'y a pas moyen, elle est trop sincère ; mais il y a remède à tout : paie, et je te le rendrai. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  115. Parlons de cela, faute de mieux : est-ce une grande ville ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  116. Paris, c'est le monde ; le reste de la terre n'en est que les faubourgs. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  117. Oui, c'est ma maîtresse. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  118. J'aimerais mieux être le postillon du diable, qui vous emporte tous deux, vous et ce coquin, qui est la copie d'un fripon ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  119. Un gredin qui dit que je ne suis pas dans le monde, et que mon pays n'est qu'un faubourg ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  120. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  121. C'est une bagatelle, une affaire de jalousie : c'est que nous nous trouvons rivaux, et il en sent la conséquence. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  122. Mais, Monsieur, vous avez vu des amants : devineriez-vous que cet homme-là en est un ? (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  123. Je n'ai vu que ta maîtresse, je ne me suis entretenu qu'avec elle ; sa soeur m'est totalement inconnue, et je n'entends rien à ce qu'on me dit là. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  124. Non, te dis-je, non, encore une fois, non : je n'ai vu de femme que ta maîtresse, et quiconque lui a rapporté autre chose a fait une imposture, et si elle croit avoir vu le contraire, elle s'est trompée. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  125. Vous voilà dans un mouvement épouvantable à cause de la question du monde la plus simple que je vous fais. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  126. Est-ce distraction, méchante humeur, ou fantaisie ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  127. Qui est-ce qui vous en accuse ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  128. Frontin est allé porter un billet à ta maîtresse, où je lui jure que je ne sais ce que c'est. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  129. Qu'elle s'y promène ou non, ce n'est pas ma faute, Lisette, et si quelqu'un s'est jeté à ses genoux, je te garantis que ce n'est pas moi. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  130. Dites-moi seulement si vous n'avez pas vu la soeur de Madame, et puis c'est tout. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  131. C'est là qu'il en tient, quel dommage ! (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  132. Puisque Clarice revient, apparemment qu'elle s'est désabusée, et qu'elle a reconnu son erreur. (Acte 1, scène 17, ERGASTE)
  133. Frontin, on n'est plus fâchée ; et le billet a été bien reçu, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  134. Qui est-ce qui vous fournit vos nouvelles, Monsieur ? (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  135. C'est que moi, qui sors de la mêlée, je vous en apporte d'un peu différentes. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  136. Qu'est-il donc arrivé ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  137. C'est le plus maltraité. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  138. Qu'est-ce que c'est que d'avance ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  139. est-il ? (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  140. Il est déchiré ! (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  141. Dis-moi donc ce qui s'est passé ! (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  142. J'ai trouvé l'inhumaine à trente ou quarante pas d'ici ; je vole à elle, et je l'aborde en courrier suppliant : C'est de la part du marquis Ergaste, lui dis-je d'un ton de voix qui demandait la paix. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  143. Qu'est-ce, mon ami ? (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  144. Qu'est-ce que c'est que cet Ergaste ? (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  145. Madame, que votre beauté ait pour agréable de m'entendre ; je parle pour un homme à demi mort, et peut-être actuellement défunt, qu'un petit nègre est venu de votre part assassiner dans des tablettes : et voici les mourantes lignes que vous adresse dans ce papier son douloureux amour. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  146. Je pleurais moi-même en lui tenant ces propos lugubres, on eût dit que vous étiez enterré, et que c'était votre testament que j'apportais. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  147. Monsieur, je la vois ; la voilà qui arrive, et je me sauve ; c'est peut-être le soufflet qui a manqué tantôt, qu'elle vient essayer de faire réussir. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  148. Je prends l'instant où ma soeur, qui se promène là-bas, est un peu éloignée, pour vous dire un mot, Monsieur. (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  149. Vous reste-t-il encore quelque nouvelle injure à faire à ma tendresse ? (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  150. Qu'est-ce que cela signifie, Monsieur ? (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  151. C'est que vous lui parlez de votre soeur : il ne saurait entendre prononcer ce mot-là sans en être furieux ; je n'en ai pas tiré plus de raison tantôt. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  152. Lisette, sais-tu ce que c'est ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  153. Ne voyez-vous pas bien que le mal est au timbre ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  154. Cela est vrai. (Acte 1, scène 20, ERGASTE)
  155. Vous venez de m'envoyer un billet, Monsieur, qui me fait craindre que vous ne tentiez de me parler, ou qu'il ne m'arrive encore quelque nouveau message de votre part, et je viens vous prier moi-même qu'il ne soit plus question de rien ; que vous ne vous ressouveniez pas de m'avoir vue, et surtout que vous le cachiez à ma soeur, comme je vous promets de le lui cacher à mon tour ; c'est tout ce que j'avais à vous dire, et je passe. (Acte 1, scène 21, HORTENSE)
  156. Mais où diable est donc cette soeur ? (Acte 1, scène 21, FRONTIN)
  157. Ne jurez pas, ce n'est pas la peine, je ne me soucie ni de vous ni de vos serments. (Acte 1, scène 22, HORTENSE)
  158. C'est pourtant le même habit à qui j'ai parlé, mais ce n'est pas la même tête. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  159. Madame, je vous reconnais, c'est vous que j'adore. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  160. Sur ce pied-là, tout est éclairci. (Acte 1, scène 22, CLARICE)
  161. C'est cela même, c'est l'habit qui m'a jeté dans l'erreur. (Acte 1, scène 22, ERGASTE)
  162. Il ne s'agit plus de cela, c'est un détail inutile. (Acte 1, scène 22, HORTENSE)
  163. Demande-lui-en des nouvelles, c'est lui qui me le garde. (Acte 1, scène 22, LISETTE)

LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI (1729)

  1. Je pense que voilà le seigneur Trivelin ; c'est lui-même. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Je lui ai pourtant une obligation : c'est qu'elle m'a mis dans l'habitude de me passer d'elle. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  3. Malepeste ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. Le mépris que je crois avoir pour les biens n'est peut-être qu'un beau verbiage ; et, à te parler confidemment, je ne conseillerais encore à personne de laisser les siens à la discrétion de ma philosophie. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Le coeur de l'homme est un grand fripon ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. Dis-moi, mon ami : qu'est-ce que c'est que ce paquet-là que tu portes ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  7. C'est le triste bagage de ton serviteur ; ce paquet enferme toutes mes possessions. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Était-il question d'avoir de l'honneur ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Je me suis vu quelquefois à mon aise ; mais le moyen d'y rester avec le jeu, le vin et les femmes ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. Cela est vrai. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  11. J'ai logé partout, sur le pavé ; chez l'aubergiste, au cabaret, chez le bourgeois, chez l'homme de qualité, chez moi, chez la justice, qui m'a souvent recueilli dans mes malheurs ; mais ses appartements sont trop tristes, et je n'y faisais que des retraites ; enfin, mon ami, après quinze ans de soins, de travaux et de peines, ce malheureux paquet est tout ce qui me reste ; voilà ce que le monde m'a laissé, l'ingrat ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Quand on renonce à la vanité, il n'en faut pas faire à deux fois ; qu'est-ce que c'est que se ménager des ressources ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Point de quartier, je vendis tout ; ce n'est pas assez, j'allai tout boire. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  14. Comme j'avais besoin d'un prompt secours, et qu'il n'y avait point de temps à perdre, un de mes amis que je rencontrai me proposa de me mener chez un honnête particulier qui était marié, et qui passait sa vie à étudier des langues mortes ; cela me convenait assez, car j'ai de l'étude : je restai donc chez lui. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  15. Et qu'est-ce que c'est que les anciens et les modernes ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. Des anciens..., attends, il y en a un dont je sais le nom, et qui est le capitaine de la bande ; c'est comme qui te dirait un Homère. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  17. C'est dommage ; car c'était un homme qui parlait bien grec. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  18. C'est que tu n'y es pas accoutumé. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  19. Les modernes, c'est comme qui dirait... (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  20. Oui, vraiment, tu es un moderne, et des plus modernes ; il n'y a que l'enfant qui vient de naître qui l'est plus que toi, car il ne fait que d'arriver. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  21. Non que je négligeasse le vin nouveau ; je n'en demandais point d'autre à sa femme, qui vraiment estimait bien autrement les modernes que les anciens, et, par complaisance pour son goût, j'en emplissais aussi quelques bouteilles, sans lui en faire ma cour. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  22. Et qu'est-ce que c'est que ton maître ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  23. C'est une fille habillée en homme dont il s'agit. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  24. Je voulais te le cacher ; mais la vérité m'est échappée, et je me suis blousé comme un sot. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  25. C'est donc une intrigue que vous conduisez tous deux ici, cette fille-là et toi ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  26. Eh bien, m'avez-vous trouvé un domestique ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  27. J'ai trouvé un de mes amis, qui est fort brave garçon ; il sort actuellement de chez un bourgeois de campagne qui vient de mourir, et il est là qui attend que je l'appelle pour offrir ses respects. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  28. Ma soeur, à qui je les adresserais pourrait les égarer aussi ; et il n'est pas besoin, que mon aventure soit sue de tout le monde. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  29. Voici votre commission, écoutez-moi : vous direz à ma soeur qu'elle ne soit point en peine de moi ; qu'à la dernière partie de bal où mes amies m'amenèrent dans le déguisement où me voilà, le hasard me fit connaître le gentilhomme que je n'avais jamais vu, qu'on disait être encore en province, et qui est ce Lélio avec qui, par lettres, le mari de ma soeur a presque arrêté mon mariage ; que, surprise de le trouver à Paris sans que nous le sussions, et le voyant avec une dame, je résolus sur-le-champ de profiter de mon déguisement pour me mettre au fait de l'état de son coeur et de son caractère ; qu'enfin nous liâmes amitié ensemble aussi promptement que des cavaliers peuvent le faire, et qu'il m'engagea à le suivre le lendemain à une partie de campagne chez la dame avec qui il était, et qu'un de ses parents accompagnait ; que nous y sommes actuellement, que j'ai déjà découvert des choses qui méritent que je les suive avant que de me déterminer à épouser Lélio ; que je n'aurai jamais d'intérêt plus sérieux. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  30. Faites venir ce domestique que vous avez arrêté ; dans un instant j'irai voir si vous êtes parti. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  31. Comme vous voudrez, Monsieur ; Bourguignon, Champagne, Poitevin, Picard, tout cela m'est indifférent : le nom sous lequel j'aurais l'honneur de vous servir sera toujours le plus beau nom du monde. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  32. Sans compliment, quel est le tien, à toi ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  33. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  34. C'est un nom que j'ai reçu de père en fils très correctement, et dans la dernière fidélité ; et de tous les Trivelins qui furent jamais, votre serviteur en ce moment s'estime le plus heureux de tous. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  35. Le terme est dur ; il frappe mes oreilles d'un son disgracieux ; ne purgera-t-on jamais le discours de tous ces noms odieux ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  36. La délicatesse est singulière ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  37. C'est la joie que j'ai d'être à vous qui l'emporte sur la petite mortification que je viens d'essuyer. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  38. Cet homme-là est un extravagant. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  39. Oui, cruel ; c'est un reproche tendre que je vous fais. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  40. La passion que j'ai de vous servir est sans quartier ; premièrement cela est dans mon sang, je ne saurais me corriger. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  41. Ne gesticulez point de cette manière-là ; ce geste-là n'est point de votre compétence ; laissez là cette arme qui vous est étrangère : votre oeil est plus redoutable que ce fer inutile qui vous pend au côté. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  42. Puisqu'il m'a trahie, il vaut autant que je t'instruise du reste. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  43. Ce n'est point pour faire du mal. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  44. Ma charge, sous cet habit-ci, est d'attaquer le coeur de la Comtesse ; je puis passer, comme tu vois, pour un assez joli cavalier, et j'ai déjà vu les yeux de la Comtesse s'arrêter plus d'une fois sur moi ; si elle vient à m'aimer, je la ferai rompre avec Lélio ; il reviendra à Paris, on lui proposera ma maîtresse qui y est ; elle est aimable, il la connaît, et les noces seront bientôt faites. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  45. Ainsi, de compte arrêté ; cela fait deux coeurs libres, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  46. Je ne parle point du service domestique que je te rendrai ; sur cet article, c'est à l'amour à me payer mes gages. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  47. Je vous dirai ce que c'est. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  48. Allons, la recette est bonne ; j'aime assez votre manière de hâter le coeur. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  49. Vous méritez que je vous dise non, puisque vous me faites cette question-là. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  50. Ne te fâche point, Chevalier ; ta vivacité m'oblige ; mais passe-moi cette question-là, j'en ai encore une à te faire. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  51. Par exemple, un amant qui dupe sa maîtresse pour se débarrasser d'elle en est-il moins honnête homme à ton gré ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  52. Trahir une femme, c'est avoir une action glorieuse par-devers soi ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  53. Après cela, qu'est-ce que ces femmes-là gagnent à être si sages ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  54. Il n'en est ni plus ni moins. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  55. C'est raisonner juste. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  56. C'est pour te prier de vouloir bien faire ta fortune. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  57. J'aimais la Comtesse, parce qu'elle est aimable ; je devais l'épouser, parce qu'elle est riche, et que je n'avais rien de mieux à faire ; mais dernièrement, pendant que j'étais à ma terre, on m'a proposé en mariage une demoiselle de Paris, que je ne connais point, et qui me donne douze mille livres de rente ; la Comtesse n'en a que six. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  58. Six doivent reculer devant douze ; n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  59. C'est cela même. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  60. Mais qu'est-ce qui t'embarrasse là-dedans ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  61. Madame_la_Comtesse aurait déjà reçu la mienne, s'il ne tenait plus qu'à cette politesse-là ; mais il y a une petite épine qui m'arrête : c'est que, pour achever l'achat que j'ai fait d'une nouvelle terre il y a quelque temps, Madame_la_Comtesse m'a prêté dix mille écus, dont elle a mon billet. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  62. Tu as raison, c'est une autre affaire. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  63. Je ne sache point de révérence qui puisse acquitter ce billet-là ; le titre de débiteur est bien sérieux, vois-tu ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  64. Celui d'infidèle n'expose qu'à des reproches, l'autre à des assignations ; cela est différent, et je n'ai point de recette pour ton mal. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  65. Si c'est moi qui romps avec elle, je lui devrai le billet et le dédit, et je voudrais bien ne payer ni l'un ni l'autre ; m'entends-tu ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  66. Voici ce que c'est : si je donne de l'amour à la Comtesse, tu crois qu'elle aimera mieux payer le dédit, en te rendant ton billet de dix mille écus, que de t'épouser ; de façon que tu gagneras dix mille écus avec elle ; n'est-ce pas cela ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  67. Elle n'en donnerait pas cela, si je m'en fiais à son estimation. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  68. Qui est-ce qui te prie d'avoir de l'amour pour elle ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  69. Est-il besoin d'aimer sa femme ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  70. Tant mieux quand on vit mal avec elle ; cela vous dispense de la voir, c'est autant de gagné. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  71. Voilà qui est fait ; me voilà prêt à exécuter ce que tu souhaites. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  72. On m'écrit qu'elle est belle ; mais, de l'humeur dont je suis, cela ne l'avance pas de beaucoup. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  73. Si elle n'est pas laide, elle le deviendra, puisqu'elle sera ma femme ; cela ne peut pas lui manquer. (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  74. En ce cas-là, j'ai une terre écartée qui est le plus beau désert du monde, où Madame irait calmer son esprit de vengeance. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  75. Je vous laisse avec le Chevalier, il veut nous quitter ; son séjour ici l'embarrasse ; je crois qu'il vous craint ; cela est de bon sens, et je ne m'en inquiète point : je vous connais ; mais il est mon ami ; notre amitié doit durer plus d'un jour, et il faut bien qu'il se fasse au danger de vous voir ; je vous prie de le rendre plus raisonnable. (Acte 1, scène 9, LÉLIO)
  76. Je m'y prendrais un peu tard ; est-ce que vous m'en avez donné le temps ? (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  77. Non, Madame, le mal est fait ; il ne s'agit plus que d'en arrêter le progrès. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  78. La nature y a mis bon ordre, et c'est elle qui vous a flattée. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  79. À l'égard de l'ennui ; si vous saviez l'art de m'en donner auprès de vous, ne me l'épargnez pas, Comtesse ; c'est un vrai présent que vous me ferez ; ce sera même une bonté ; mais cela vous passe, et vous ne donnez que de l'amour ; voilà tout ce que vous savez faire. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  80. Qu'il est heureux, ce garçon-là ! v.3 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  81. Zeste, vous vient entre les bras. v.7 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  82. Rien n'est si biau que le tracas v.9 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  83. Le coeur vous faille, et c'est dommage. v.12 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  84. Combien son amour est extrême. v.56 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  85. Or, moi qui suis un habile homme, est-il naturel que je reste ici les bras croisés ? (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  86. Qu'est-ce que c'est que cette idée-là ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  87. Cela est donc bien effectif ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  88. Est-ce qu'il n'est pas bon français ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  89. Oh il a tort, et le procès que vous lui faites est raisonnable, mais vous m'avouerez qu'il n'y a pas de mal à sentir suffisamment le mérite d'un homme, quand le mérite est réel ; et c'est comme j'en use avec le Chevalier. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  90. Tenez, sentir est encore une expression qui ne vaut pas mieux ; sentir est trop ; c'est connaître qu'il faudrait dire. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  91. Je suis d'avis de ne dire plus mot, et d'attendre que vous m'ayez donné la liste des termes sans reproches que je dois employer, je crois que c'est le plus court ; il n'y a que ce moyen-là qui puisse me mettre en état de m'entretenir avec vous. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  92. Sentir, Madame, c'est le style du coeur, et ce n'est pas dans ce style-là que vous devez parler du Chevalier. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  93. Écoutez ; le vôtre ne m'amuse point ; il est froid, il me glace ; et, si vous voulez même, il me rebute. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  94. Le dédit même qui est entre nous... (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  95. Et qu'est-ce que c'est que ma main sans mon coeur ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  96. Le compliment que vous me faites est digne de l'entretien dont vous me régalez depuis une heure ; et après cela vous me demanderez en quoi vous me déplaisez ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  97. Me voilà devenue visionnaire à présent ; continuez, Monsieur, continuez ; vous ne voulez pas rompre le dédit ; cependant c'est moi qui ne veux plus ; n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  98. Que d'industrie pour vous, sauver d'une question fort simple, à laquelle vous ne pouvez répondre ! (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  99. Le portrait est flatteur ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  100. Je vous passerais de la jalousie ; je ne parle pas de la vôtre, elle n'est pas supportable ; c'est une jalousie terrible, odieuse, qui vient du fond du tempérament, du vice de votre esprit. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  101. Ce n'est pas délicatesse chez vous ; c'est mauvaise humeur naturelle, c'est précisément caractère. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  102. Ce n'est pas là la jalousie que je vous demandais ; je voulais une inquiétude douce, qui a sa source dans un coeur timide et bien touché, et qui n'est qu'une louable méfiance de soi-même ; avec cette jalousie-là, Monsieur, on ne dit point d'invectives aux personnes que l'on aime ; on ne les trouve ni ridicules, ni fourbes, ni fantasques ; on craint seulement de n'être pas toujours aimé, parce qu'on ne croit pas être digne de l'être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  103. Chez vous, c'est des emportements, des fureurs, ou pur artifice ; vous soupçonnez injurieusement ; vous manquez d'estime ; de respect, de soumission ; vous vous appuyez sur un dédit ; vous fondez vos droits sur des raisons de contrainte. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  104. C'est un amour à faire peur. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  105. Vous êtes en colère, mais vous reviendrez, car vous m'estimez dans le fond. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  106. Soit ; j'en estime tant d'autres ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  107. Je ne regarde pas cela comme un grand mérite d'être estimable ; on n'est que ce qu'on doit être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  108. Lui insinuer qu'il nous laisse, c'est-à-dire lui glisser tout doucement une impertinence qui me fera tout doucement passer dans son esprit pour une femme qui ne sait pas vivre ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  109. Toute la subtilité possible n'empêchera pas un compliment d'être ridicule, quand il l'est, vous me le prouvez par le vôtre ; c'est un avis que je vous insinue tout doucement, pour vous donner un petit essai de ce que vous appelez manière insinuante. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  110. Moi-même, et je le dis avec un souvenir modeste, moi-même autrefois, j'ai été du nombre de ces honnêtes gens ; mais vous savez, Monsieur, à combien d'accidents nous sommes sujets dans la vie. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  111. Le sort m'a joué ; il en a joué bien d'autres ; l'histoire est remplie du récit de ses mauvais tours : princes, héros, il a tout malmené, et je me console de mes malheurs avec de tels confrères. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  112. Mais je coupe court ; ce petit préambule me servira, s'il vous plaît, à m'attirer un peu d'estime, et donnera du poids à ce que je vais vous dire. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  113. Vous savez que je fais la fonction de domestique auprès de Monsieur le Chevalier. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  114. Venons donc au reste à présent. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  115. Elles nous mènent à un combat qui se passe entre elles ; la fierté se défend d'abord à merveille, mais son ennemie est bien pressante ; bientôt la fierté plie, recule, fuit, et laisse le champ de bataille à la pauvreté, qui ne rougit de rien, et qui sollicite en ce moment votre libéralité (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  116. Vous y êtes ; les âmes généreuses ont cela de bon, qu'elles devinent ce qu'il vous faut et vous épargnent la honte d'expliquer vos besoins ; que cela est beau ! (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  117. Je consens à ce que tu demandes, à une condition à mon tour : c'est que le secret que tu m'apprendras vaudra la peine d'être payé ; et je serai de bonne foi là-dessus. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  118. Mais n'importe ; votre équité me rendra ce que votre économie me retranche, et je commence : Vous croyez le Chevalier votre intime et fidèle ami, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  119. La Comtesse ne vous aime plus, le Chevalier vous a escamoté son coeur : il l'aime, il en est aimé, c'est un fait ; je le sais, je l'ai vu, je vous en avertis ; faites-en votre profit et le mien. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  120. Cela est bon ; mais rapporte-moi quelque chose que je puisse expliquer, moi, qui ne suis pas si savant que toi (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  121. Laissez-moi donc, disait-elle avec un visage indolent, qui ne faisait rien pour se tirer d'affaires, qui avait la paresse de rester exposé à l'injure ; mais, en vérité, vous n'y songez pas, ajoutait-elle ensuite. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  122. Oui-da ; c'est quelque chose que des baisers. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  123. Il n'est pas nécessaire. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  124. Ce nonobstant, la main est prise, admirée, caressée ; cela va *tout de suite... (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  125. Un coup d'éventail par là-dessus, coup galant qui signifie : Ne lâchez point ; l'éventail est saisi ; nouvelles pirateries sur la main qu'on tient ; l'autre vient à son secours ; autant de pris encore par l'ennemi : Mais je ne vous comprends point ; finissez donc. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  126. Qu'est-ce que cela signifie, Monsieur ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  127. Je désespère de la pousser jamais plus loin ; j'ai vu l'amour naissant ; quand il sera grand garçon, j'aurai beau l'attendre auprès de la palissade, au diable s'il y vient badiner ; or, il grandira, au moins, s'il n'est déjà grandi ; car il m'a paru aller bon train, le gaillard. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  128. C'est ce qu'on appelle faire argent de tout. (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  129. Est-ce que notre faux Chevalier m'en ferait accroire ? (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  130. Tu me parais occupé ; à quoi est-ce que tu rêves ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  131. J'ai aussi un secret qui est bon pour cela, moi ; je l'ai appris au cabaret en perfection. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  132. Est-ce que tu veux qu'ils se disent des injures ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  133. Non, mon ami ; c'est que j'avais quelque petite raison de te demander cela, par rapport à quelque aventure qui m'est arrivée ici. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  134. Et où est-ce que cette rare personne-là habite avec son coeur ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  135. Malpeste, c'est une affaire qui m'est de conséquence. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  136. Elle est jeune ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  137. Elle est jolie ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  138. Vous lui manquez de respect ; sachez qu'elle est charmante, adorable, digne de moi. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  139. Et c'est de sa main mignonne que je tiens ces louis d'or dont tu parles, et que le don qu'elle m'en a fait me rend si précieux. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  140. Ce n'est pas le tout, mon ami : ses discours ont charmé mon coeur ; de la manière dont elle m'a peint, j'avais honte de me trouver si aimable. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  141. Main ; et comme poliment j'ouvrais ma main avec lenteur : prenez donc, s'est-elle écriée, ce n'est là qu'un échantillon du coffre-fort que je vous destine ; alors je me suis rendu ; car un échantillon ne se refuse point. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  142. Tu abuses de mes comparaisons ; je te permets de m'estimer, Arlequin, mais ne me loue jamais. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  143. Il n'est pas digne d'être associé à notre intrigue. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  144. C'est bien peu de chose que rien : et vous me cherchiez tout exprès pour me dire cela ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  145. Retranchez ces petits agréments-là de votre discours ; ce sont des fleurs de rhétorique qui m'entêtent ; je voulais avoir de l'argent, cela est vrai. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  146. Votre argent est-il insociable ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  147. Tu la devineras ; tu n'y es plus ; le mot n'est pas une montre ; la montre en approche pourtant, à cause du métal. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  148. Je suis au désespoir ; mon secret est découvert. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  149. Laissez-moi vous contempler, cassette de mon âme : qu'elle est jolie ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  150. C'est de l'argent qu'il demande. (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  151. Malepeste ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  152. J'entends ; je vous épargne le reste, et je vais coucher à Paris. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  153. Non, vous dis-je ; et si vous voulez rester, en vérité vous êtes le maître. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  154. Je vous dis de rester, je ne saurais aller plus loin ; aidez-vous. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  155. Allez, Monsieur ; je ne saurais attendre ; allez à Paris chercher des femmes qui s'expliquent plus précisément que moi, qui vous prient de rester en termes formels, qui ne rougissent de rien. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  156. Vous ferai-je plaisir de rester ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  157. Oui-da ; oubliez que je souhaitais que vous restassiez ici ; voilà tout. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  158. Voilà une commission qui m'en donne une autre, c'est celle de rester, et je m'en tiens à la dernière. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  159. Il est donc inutile de me retenir, Madame. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  160. Je pars, vous me retenez ; je crois que c'est pour quelque chose qui en vaudra la peine, point du tout ; c'est pour me dire : Je n'entends pas que vous présumiez rien non plus. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  161. N'est-ce pas là quelque chose de bien tentant ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  162. Vous avez là un amour bien mutin, il est bien pressé. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  163. Ce n'est pas ma faute, il est comme vous me l'avez donné. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  164. C'est que le vous crois volage. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  165. Parlons raisonnablement : vous pourrez me plaire, je n'en disconviens pas ; mais est-il naturel que vous plaisiez tout d'un coup ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  166. Non ; mais si vous vous réglez avec moi sur ce qui est naturel, je ne tiens rien ; je ne saurais obtenir votre coeur que gratis. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  167. C'est que j'ai voulu vous raccommoder avec lui. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  168. Qui est-ce qui aurait jamais dit qu'ils, tomberaient sur moi ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  169. Lélio est jaloux de vous. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  170. C'est un nigaud d'en avoir peur ; il devrait en être sûr. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  171. Est-ce encore Lélio qui triomphe ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  172. C'est le caractère le plus singulier. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  173. C'est que vous avez des longueurs qui me désespèrent. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  174. Personne n'est comme vous. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  175. Madame, on est ce que l'on peut quand on vous aime. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  176. Lélio, qui vaut mieux que vous, restera, et vous vous en irez. (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  177. Son procédé n'est-il pas édifiant ? (Acte 2, scène 9, L?LIO)
  178. Votre amitié est belle et bonne, mais je m'en passerai mieux que d'amour pour Madame. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  179. Mais quel est le sujet de ton affliction ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  180. Monsieur, voilà qui est fini ; je ne serai plus gaillard. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  181. C'est un grand chagrin, Monsieur. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  182. Il ne rira plus parce qu'il est triste, et il est triste à cause d'un grand chagrin. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  183. Est-ce qu'on t'a battu ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  184. Est-ce que tu en avais ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  185. Qui est-ce qui te l'avait donné, cet or ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  186. C'est Monsieur le Chevalier qui m'avait fait présent de cet échantillon-là. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  187. Sachons pourtant ce que c'est. (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  188. Tant y a qu'il est ravissant, et qu'il fera aussi rafle de votre coeur, quand vous le connaîtrez. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  189. Vous verrez si ce n'est pas un échantillon qui vous viendra sur-le-champ, et vous me direz si je suis fou. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  190. Mais qui est-il, le Chevalier ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  191. Monsieur, on ne voit point d'hommes comme lui ; il n'y en a point dans le monde ; c'est folie que d'en chercher ; mais sa mascarade empêche de voir cela. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  192. Voici ma mauvaise paye ; la physionomie de cet homme-là m'est devenue fâcheuse ; promenons-nous d'un autre côté. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  193. C'est bien à toi à prendre garde à un petit mal de tête, approche. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  194. Tenez, ce n'est qu'une vétille, mais les vétilles gâtent tout. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  195. Je n'ai vaillant qu'une réplique, qui est que je ne sais rien ; vous voyez bien que je ne vous ruinerai pas en interrogations. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  196. Pour finir une conversation, il n'y a rien de mieux que de la laisser là ; c'est le plus court, ce me semble. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  197. Non, c'est une nouvelle connaissance ; la vôtre et la mienne sont de la même date. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  198. Sais-tu qui il est ? (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  199. Tu me caches la vérité ; le nom de Chevalier qu'il porte n'est qu'un faux nom. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  200. Je l'ai cru réduit à une légitime ; voyez ce que c'est ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  201. Ma foi, Monsieur, vous vous trompez, rien ne me coûte tant que mes devoirs ; plein de courage pour les vertus inutiles, je suis d'une tiédeur pour les nécessaires qui passe l'imagination ; qu'est-ce que c'est que nous ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  202. Ceci est sérieux. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  203. Tu sais quel est son sexe. (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  204. De sexes, je n'en connais que deux : l'un qui se dit raisonnable, l'autre qui nous prouve que cela n'est pas vrai ; duquel des deux le Chevalier est-il ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  205. C'est mon habit qui est un coquin ; pour moi, je suis un brave homme, mais avec cet équipage-là, on a de la probité en pure perte ; cela ne fait ni honneur ni profit. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  206. Mais je voudrais que toutes tes espérances fussent remplies, et j'ai songé à une chose : le dédit que tu as d'elle est-il bon ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  207. Et moi, je ne suis point content de vous, et c'est avec vous que je veux m'égorger. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  208. Qu'est-ce que cette réflexion-là. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  209. Est-ce qu'il vous plairait à présent de prendre le transport au cerveau pour excuse ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  210. Il n'est plus temps ; raisonnable ou fou ; malade ou sain, marchez ; je veux filer ma quenouille. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  211. C'est donc tout de bon ? (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  212. Je me suis, ma foi, trompé ; c'est un cavalier, et des plus résolus. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  213. Quand un homme comme moi est en train, il a de la peine à s'arrêter. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  214. Peste soit du faquin ! (Acte 3, scène 4, LE CHEVALIER)
  215. C'est donc comme cela que vous m'aimez ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  216. Ensuite il a avancé la main pour prendre cet argent ; mais la mienne était là, et il est tombé dedans. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  217. Nous avons été boire ensemble, le cabaret en est témoin et je reviens exprès pour avoir l'or et le coeur ; et voilà qu'on m'appelle un faquin ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  218. J'avais bien conduit tout cela ; rendez-moi justice ; je vous ai fait peur avec mon minois de coquette ; c'est le plus plaisant. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  219. Qui n'avaient pas besoin d'un confident comme moi ; n'est-il pas vrai ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  220. Votre mémoire est fidèle ; mais passons. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  221. Par cette mission-là, c'est une tendre brebis qui échappe au loup, et douze mille livres de rente de sauvées, qui prendront parti ailleurs ; petites, bagatelles qui valaient bien la peine d'un déguisement. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  222. Qu'est-ce que c'est que tout cela signifie ? (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  223. Je m'explique : la brebis, c'est ma maîtresse ; les douze mille livres de rente, c'est son bien, qui produit ce calcul si raisonnable de tantôt ; et le loup qui eût dévoré tout cela, c'est vous, Monsieur. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  224. Non ; vous manquez votre proie ; voilà tout ; il est vrai qu'elle était assez bonne ; mais aussi pourquoi êtes-vous loup ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  225. Ce n'est pas ma faute. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  226. On a su que vous étiez à Paris incognito ; on s'est défié de votre conduite. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  227. Vous êtes donc la femme de chambre de la demoiselle en question ? (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  228. Vous cherchiez à gagner dix mille écus avec elle, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  229. Je vous ouvre aussi mon coeur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n'est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l'honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  230. C'est encore mieux ; j'avoue même qu'elle ne les vaut pas. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  231. J'ai vu de loin, Lélio vous parler ; c'est un homme emporté ; n'ayez point d'affaire avec lui, je vous prie. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  232. Ma foi, c'est un original. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  233. Il est encore de bonne heure ; il peut gagner Paris, et y arriver au soleil couchant ; expédions-le, ma chère âme. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  234. Est-ce qu'il vous en reste encore de la raison, Comtesse ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  235. Vous voilà dans vos petites folies ; Vous savez qu'elles sont aimables, et c'est ce qui vous rassure ; il est vrai que vous m'amusez. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  236. Non, vous dis-je ; je suis sûr de mon fait ; car vous m'aimez votre coeur est à moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  237. J'en ferai ce que je voudrai, comme vous ferez du mien ce qu'il vous plaira ; c'est la règle, et vous l'observerez, c'est moi qui vous le dis. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  238. Mon coeur est à lui ! (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  239. Il nous dit cela avec une aisance admirable ; on ne peut pas être plus persuadé qu'il est. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  240. Je n'ai pas le moindre petit doute ; c'est une confiance que vous m'avez donnée ; et j'en use sans façon, comme vous voyez, et je conclus toujours que Lélio partira. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  241. Et qu'est-ce que c'est que cela ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  242. Ne vous alarmez point ; c'est que je lui ai prêté de l'argent. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  243. Il est vrai ; mais... (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  244. Ha c'est un vrai transport d'amour que ce dédit-là, c'est une faveur. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  245. Voilà ce que c'est que ma facilité pour un homme haïssable, que j'ai toujours deviné que je haïrais ; j'ai toujours eu certaine antipathie pour lui, et je n'ai jamais eu l'esprit d'y prendre garde. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  246. Madame, il s'est bien accommodé de cette antipathie-là ; il en a fait un amour bien tendre ! (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  247. Est-ce que je mérite tout ce que vous me dites ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  248. est l'homme plus chéri que vous l'êtes ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  249. C'en est fait, Comtesse ; votre douleur me rend mon repos et ma joie. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  250. Cela est inconcevable ; je suis charmé. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  251. Reprenons notre humeur gaie ; allons, oublions tout ce qui s'est passé. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  252. Mais pourquoi est-ce que je vous aime tant ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  253. C'est que vous êtes plus aimable qu'un autre, apparemment. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  254. Pour tout ce qui n'est pas comme vous, je le serais peut être assez ; mais je ne suis rien pour ce qui vous ressemble. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  255. Souhaité qu'il prît son parti de lui-même, à cause du dédit ; ce serait dix mille écus que je vous sauverais, Chevalier ; car enfin, c'est votre bien que je ménage. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  256. Est-ce là comme on aime ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  257. Il me suffit que vous y consentiez ; votre amour est à toute épreuve, et je dispense votre politesse d'aller plus loin ; c'en serait trop ; c'est à moi à avoir soin de vous, quand vous vous oubliez pour moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  258. M'aimer, cela n'est pas assez, Comtesse ; distinguez-moi un peu de Lélio ; à qui vous l'avez dit peut-être aussi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  259. Mon sexe n'est pas mal faible. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  260. Je vous épouse ; en est-ce assez ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  261. Je veux que vous le connaissiez à fond ; laissez-moi vous conduire, et sauvons le dédit ; vous verrez ce que c'est que cet homme-là. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  262. Vous êtes vif, Lélio ; mais la cause de votre vivacité est pardonnable, et je vous veux plus de bien que vous ne pensez. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  263. Chevalier, nous avons jusqu'ici plaisanté ensemble, il est temps que cela finisse ; vous m'avez parlé de votre amour, je serais fâchée qu'il fut sérieux ; je dois ma main à Lélio, et je suis prête, à recevoir la sienne. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  264. Sa contenance est plaisante. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  265. C'est de mon frère. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  266. Ce que nous voyons là peut venir d'une chose : pendant que nous nous parlions, elle me soupçonnait d'avoir quelque inclination à Paris ; je me suis contenté de lui répondre galamment là-dessus ; elle a tout d'un coup pris son sérieux ; vous êtes entré sur le champ ; et ce qu'elle en fait n'est sans doute qu'un reste de dépit, qui va se passer ; car elle m'aime. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  267. Si elle continue à vous offrir sa main, tout le remède que j'y trouve, c'est de lui dire que vous l'épouserez, quoique vous ne l'aimiez plus. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  268. Est-ce que vous reculez pour un mauvais procédé de plus qui vous sauve dix mille écus ? (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  269. Ainsi, il n'est plus question de l'attendre, et nous finirons quand vous voudrez. (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  270. Courage ; encore une impertinence, et puis c'est tout. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  271. Qu'est devenu votre désespoir ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  272. Ma foi, Madame, c'est que je croyais que je ne risquerais rien, et que vous me refuseriez. (Acte 3, scène 9, LÉLIO)
  273. est la probité ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  274. Mais il n'est pas juste qu'un misérable dédit vous brouille ensemble ; tenez, ne vous gênez plus ni l'un ni l'autre ; le voilà rompu. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  275. Ha, ha, ha, consolez-vous, Lélio ; il vous reste une demoiselle de douze mille livres de rente ; ha, ha ! (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  276. On vous a écrit qu'elle était belle ; on vous a trompé, car la voilà ; mon visage est l'original du sien. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  277. Ma métamorphose n'est pas du goût de vos tendres sentiments, ma chère Comtesse. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  278. Est le plus grand des biens que le ciel nous dispense. v.3 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  279. Ce n'est plus à l'objet qui cesse de nous plaire v.10 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  280. C'est à l'Amour qu'on les fit faire, v.12 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  281. C'est lui qu'on a juré de ne quitter jamais. v.13 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  282. N'est pas un rigoureux tourment. v.15 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  283. Ce n'est ni Philis, ni Silvie, v.17 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  284. C'est l'objet qui nous fait envie. v.19 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  285. Tel qu'il est, se montrait à nous, v.21 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  286. Le célibat est bien austère ; v.23 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  287. Mais il nous est trop nécessaire. v.25 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  288. Elle est, je vous en avertis, v.30 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)

LES SERMENTS INDISCRETS (1732)

  1. Te voilà, Lisette, approche ; je viens d'apprendre que Damis est arrivé hier de Paris, qu'il est actuellement chez son père ; et voici une lettre qu'il faut que tu lui rendes, en vertu de laquelle j'espère que je ne l'épouserai point. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  2. Non, Madame, je ne ferai point votre message ; Damis est l'époux qu'on vous destine ; vous y avez consenti ; tout le monde est d'accord : entre une épouse et vous, il n'y a plus qu'une syllabe de différence, et je ne rendrai point votre lettre ; vous avez promis de vous marier. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  3. Oui, par complaisance pour mon père, il est vrai ; mais y songe-t-il ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  4. Qu'est-ce que c'est qu'un mariage comme celui-là ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  5. Ne faudrait-il pas être folle, pour épouser un homme dont le caractère m'est tout à fait inconnu ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  6. Est-ce que des yeux décident de quelque chose ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  7. Examinez-vous : vous ne savez pas les difficultés de l'état austère que vous embrassez ; il faut avoir le coeur bien frugal pour le soutenir ; c'est une espèce de solitaire qu'une fille, et votre physionomie n'annonce point de vocation pour cette vie-là. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Je te dis que mon parti est pris, et je veux que tu la portes. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  9. Est-ce que tu crois que je me pique d'être plus indifférente qu'une autre ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  10. Une âme tendre est douce, elle a des sentiments, elle en demande ; elle a besoin d'être aimée, parce qu'elle aime ; et une âme de cette espèce-là entre les mains d'un mari n'a jamais son nécessaire. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  11. Dame, ce nécessaire-là est d'une grande dépense, et le coeur d'un mari s'épuise. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Je les connais un peu, ces messieurs-là ; je remarque que les hommes ne sont bons qu'en qualité d'amants, c'est la plus jolie chose du monde que leur coeur, quand l'espérance les tient en haleine ; soumis, respectueux et galants, pour le peu que vous soyez aimable avec eux, votre amour-propre est enchanté ; il est servi délicieusement ; on le rassasie de plaisirs, folie, fierté, dédain, caprices, impertinences, tout nous réussit, tout est raison, tout est loi ; on règne, on tyrannise, et nos idolâtres sont toujours à nos genoux. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  13. Non, non, Lisette, je n'ai point envie d'être coquette ; mais il y a des moments où le coeur vous en dit, et où l'on est bien aise d'avoir les yeux libres, ainsi, plus de discussion ; va porter ma lettre à Damis, et se range qui voudra sous le joug du mariage ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  14. Je marque mes dispositions à Damis ; je le prie de les servir ; je lui indique les moyens qu'il faut prendre pour dissuader son père et le mien de nous marier ; et si Damis est aussi galant homme qu'on le dit, je compte l'affaire rompue. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  15. Madame, voici un domestique qui demande à vous parler. (Acte 1, scène 3, LE VALET)
  16. Madame, cette fille-ci est-elle discrète ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  17. Il vous demande, Madame, un moment d'entretien avant que de paraître ici tantôt avec son père ; et j'ose vous assurer que cet entretien est nécessaire. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  18. à voir le confident, je n'ai pas grande opinion des pensées ; venez çà, pourtant ; de quoi est-il question ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  19. Il est à vous sur-le-champ, Madame ; il m'attend dans une des allées du bois. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  20. C'est Damis... (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  21. Qu'il est bien fait ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  22. C'est sans doute ma maîtresse que vous cherchez, Monsieur ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  23. C'est elle-même, et l'on m'avait dit que je la trouverais ici. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  24. Il est vrai, Monsieur ; mais elle a cru devoir se retirer, et m'a chargée de vous prier de sa part de me confier ce que vous voulez lui dire. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  25. Est-ce que le mariage dont il s'agit ne lui plaît pas ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  26. Mais, Monsieur, il est bien hardi de se marier si vite. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  27. Excusez-moi, Monsieur ; la voilà : c'est la même chose, je la représente. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  28. Attendez jusqu'au bout ; j'étais donc à mon régiment, quand mon père m'a écrit ce qu'il avait projeté avec celui de Lucile ; c'est, je pense, le nom de la prétendue future ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  29. Cela se peut bien ; mais elle est dans sa lettre la plus aimable personne du monde. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  30. Mon père, ensuite, me presse de venir, me dit que je ne saurais, sur la fin de ses jours, lui donner de plus grande consolation qu'en épousant Lucile ; qu'il est ami intime de son père, que d'ailleurs elle est riche, et que je lui aurai une obligation éternelle du parti qu'il me procure ; et qu'enfin, dans trois ou quatre jours, ils vont, son ami, sa famille et lui, m'attendre à leurs maisons de campagne qui sont voisines, et où je ne manquerai pas de me rendre, à mon retour de Paris. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  31. Ma foi, non, s'il est possible. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  32. Je parle très sérieusement ; et comme on dit que Lucile est d'un esprit raisonnable, et que je lui dois être fort indifférent, j'avais dessein de lui ouvrir mon coeur, afin de me tirer de cette aventure-ci. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  33. Est-ce que vous aimez ailleurs ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  34. Je crois en avoir d'aussi sensés ; c'est qu'en vérité je ne suis pas d'un âge à me lier d'un engagement aussi sérieux ; c'est qu'il me fait peur, que je sens qu'il bornerait ma fortune, et que j'aime à vivre sans gêne, avec une liberté dont je sais tout le prix et qui m'est plus nécessaire qu'à un autre, de l'humeur dont je suis. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  35. Dans le mariage, pour bien vivre ensemble, il faut que la volonté d'un mari s'accorde avec celle de sa femme, et cela est difficile ; car de ces deux volontés-là, il y en a toujours une qui va de travers, et c'est assez la manière d'aller des volontés d'une femme, à ce que j'entends dire. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  36. Mais vous qui riez, est-ce que mes dispositions vous conviennent ? (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  37. Cela est-il sans retour ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  38. Je vous avertis que ma maîtresse est aimable. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  39. Et moi du mien, Monsieur, je vous le promets, car je puis hardiment me montrer après ce que vous venez de dire ; allons, Monsieur, le plus fort est fait, nous n'avons à nous craindre ni l'un ni l'autre : vous ne vous souciez point de moi, je ne me soucie point de vous ; car je m'explique sur le même ton, et nous voilà fort à notre aise ; ainsi convenons de nos faits ; mettez-moi l'esprit en repos ; comment nous y prendrons-nous ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  40. Qu'est-ce que c'est que cette saillie-là qui me compromet ?... (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  41. Je trouve sa question raisonnable, Madame. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  42. Et moi, Monsieur, je la déclare impertinente ; mais c'est une étourdie qui parle. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  43. Tant mieux ; c'est m'avoir fait votre cour que cela. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  44. Est-ce que vous croyez ma vanité attaquée ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  45. Non, Monsieur, elle ne l'est point : supposez que j'en aie, que vous me trouviez redoutable ou non, qu'est-ce que cela dit ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  46. Le goût d'un homme seul ne décide rien là-dessus ; et de quelque façon qu'il se tourne, on n'en vaut ni plus ni moins ; les agréments n'y perdent ni n'y gagnent ; cela ne signifie rien ; ainsi, Monsieur, point d'excuse ; au reste, pourtant, si vous en voulez faire, si votre politesse a quelque remords qui la gêne, qu'à cela ne tienne, vous êtes bien le maître. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  47. Votre prétendue future vaut mieux que tout ce que vous avez vu jusqu'ici ; il n'y a pas de comparaison, je l'emporte ; n'est-il pas vrai que cela va là ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  48. Car je me ferai sans façon, moi, tous les compliments qu'il vous plaira, ce n'est pas la peine de me les plaindre, ils ne sont pas rares, et l'on en donne à qui en veut. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  49. Celui-là est très fin, par exemple, et vous aviez raison de ne le vouloir pas perdre ; mais restons-en là, je vous prie ; car à la fin, tant de politesses me supposeraient un amour-propre ridicule, et ce serait une étrange chose qu'il fallût me demander pardon de ce qu'on ne m'aime point. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  50. Ce serait en m'aimant qu'on m'embarrasserait : mais grâce au ciel, il n'en est rien ; heureusement mes yeux se trouvent pacifiques ; ils applaudissent à votre indifférence ; ils se la promettaient, c'est une obligation que je vous ai, et la seule de votre part qui pouvait m'épargner une ingratitude ; vous m'entendez ; vous avez eu quelque peur des dispositions que je pouvais avoir ; mais soyez tranquille. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  51. Madame, oubliez un discours que je n'ai tenu tantôt qu'en plaisantant ; je suis de tous les hommes celui à qui il est le moins permis d'être vain, et vous de toutes les dames celle avec qui il serait le plus impossible de l'être ; vous êtes d'une figure qui ne permet ce sentiment-là à personne ; et si je l'avais, je serais trop méprisable. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  52. Ce n'est pas là votre chemin ; prenez garde que le diable ne vous écarte ; tenez, vous ne voulez point vous épouser : abrégeons, et tout à l'heure entre mes mains cimentez vos résolutions d'une nouvelle promesse de ne vous appartenir jamais ; allons, Madame, commencez pour le bon exemple, et pour l'honneur de votre sexe. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  53. Est-ce que, s'il voulait m'épouser, il n'en viendrait pas à bout par le moyen de mon père, à qui il faudrait obéir ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  54. C'est donc sa résolution qui importe, et non pas la mienne que je ferais en pure perte. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  55. Elle a raison, Monsieur ; c'est votre parole qui règle tout ; partez. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  56. Vous l'épouserez par respect ; car ce n'est que du galimatias que toutes ces raisons-là ; j'en reviens à vous, Madame. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  57. Mais que Monsieur s'explique, qu'on sache ses intentions sur la difficulté qu'il fait : est-ce respect ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  58. Est-ce égard ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  59. Est-ce badinage ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  60. Est-ce tout ce qu'il vous plaira ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  61. MONSIEUR vous dit qu'il est trop poli pour être naturel. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  62. Il est vrai que je n'ose m'expliquer. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  63. Terminons donc, s'il n'y a que cela qui vous arrête, Monsieur ; voici mes sentiments : je ne veux point être mariée, et je n'en eus jamais moins d'envie que dans cette occasion-ci ; ce discours est net et sous-entend tout ce que la bienséance veut que je vous épargne. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  64. Vous passez pour un homme d'honneur, Monsieur ; on fait l'éloge de votre caractère, et c'est aux soins que vous vous donnerez pour me tirer de cette affaire-ci, c'est aux services que vous me rendrez là-dessus que je reconnaîtrai la vérité de tout ce qu'on m'a dit de vous. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  65. Madame, c'en est fait, et vous n'avez rien à craindre. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  66. Je ne suis point de caractère à persécuter les dispositions où je vous vois ; elles excluent notre mariage ; et quand ma vie en dépendrait, quand mon coeur vous regretterait, ce qui ne serait pas difficile à croire, je vous sacrifierais et mon coeur et ma vie, et vous les sacrifierais sans vous le dire ; c'est à quoi je m'engage, non par des serments qui ne signifieraient rien, et que je fais pourtant comme vous si vous les exigez, vous, mais parce que votre coeur, parce que la raison, mon honneur et ma probité dont vous l'exigez, le veulent ; et comme il faudra nous voir, et que je ne saurais partir ni vous quitter sur-le-champ, si, pendant le temps que nous nous verrons, il m'allait par hasard échapper quelque discours qui pût vous alarmer, je vous conjure d'avance de n'y rien voir contre ma parole, et de ne l'attribuer qu'à l'impossibilité qu'il y aurait de n'être pas galant avec ce qui vous ressemble. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  67. Cela dit, je ne vous demande plus qu'une grâce ; c'est de m'aider à vous débarrasser de moi, et de vouloir bien que je n'essuie point tout seul les reproches de nos parents : il est juste que nous les partagions, vous les méritez encore plus que moi. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  68. Adieu, Madame ; il me tarde de vous montrer que je suis du moins digne de quelque estime. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  69. Madame m'a dit qu'elle avait une soeur à qui je puis feindre de m'attacher ; c'est déjà un moyen d'indiqué. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  70. Je ne le vante point plus qu'il ne vaut, mais je crois qu'en fait d'esprit et de figure, on aurait de la peine à trouver mieux que Damis ; à l'égard des qualités du coeur et du caractère, l'éloge qu'on en fait est général, et sa physionomie dit qu'il le mérite. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  71. C'est mon avis. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  72. C'est pour le savoir que je te parle. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  73. Est-ce que le mérite lui échappe ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  74. Qu'est-ce que c'est que tempérées ? (Acte 2, scène 1, ORGON)
  75. C'est comme qui dirait... entre le froid et le chaud. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  76. C'est Damis, par exemple, qui a la clef de ce secret-là. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  77. Je crois l'avoir aussi, moi ; c'est apparemment qu'il voit que Lucile a de l'éloignement pour lui. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  78. Il ne s'éloigne que parce qu'il est mal reçu. (Acte 2, scène 1, ORGON)
  79. Qu'est-ce que c'est que ce jeu de mots-là ? (Acte 2, scène 1, ORGON)
  80. Est-ce que Damis ne lui convient pas ? (Acte 2, scène 1, ORGON)
  81. Monsieur, c'est un fripon, sur ma parole ; je lui soutiens qu'il a tort ; il sait bien qu'il ne nous aime point. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  82. est-il donc, cet amour qu'il a ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  83. N'est-ce pas là son valet ? (Acte 2, scène 1, ORGON)
  84. Monsieur, c'est que nous ne sommes pas extrêmement camarades. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  85. Dites-moi confidemment, que pense-t-il sur le mariage en question ? (Acte 2, scène 2, ORGON)
  86. Son coeur est-il d'accord avec nos desseins ? (Acte 2, scène 2, ORGON)
  87. Est-ce en fuyant que l'on dit qu'on aime ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  88. Quand on a de l'amour pour une soeur aînée, est-ce à sa soeur cadette à qui on va le dire ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  89. Quant à ma fille, dites-lui, Lisette, que je serais très fâché d'avoir à me plaindre d'elle : c'est sur sa parole que j'ai fait venir Damis et son père ; depuis qu'elle a vu le fils, il ne lui déplaît pas, à ce qu'elle dit ; cependant ils se fuient, et je veux savoir qui des deux a tort ; car il faut que cela finisse. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  90. Va-t'en ; qu'est-ce que tu fais ici ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  91. Bon quartier, ma fille, je t'en conjure ; ménageons-nous, nos intérêts le veulent ; je ne suis resté que pour te le dire. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  92. C'est moi qui suis la sienne : je la gouverne. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  93. Si mon maître prenait femme, c'est un ménage qui tombe en quenouille ; nous avons donc intérêt qu'ils gardent tous deux le célibat. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  94. Ta pupille est d'un caractère rare ; pour mon jeune homme, il hait naturellement le noeud conjugal, et je lui laisse la vie de garçon ; ces Messieurs-là se sauvent ; le pays est bon pour les maraudeurs. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  95. Oui-da ; c'est un embarras qu'on prend volontiers, quand on aime le bien d'un maître. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  96. C'est que la nécessité de nous haïr gâte tout. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  97. C'est que tu n'en crois rien. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  98. Allons, ranimons-nous, voilà qui est fini : tiens, je ne saurais te souffrir. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  99. Je suis bien aise de vous trouver là, Frontin, surtout avec Lisette, qui rendra compte à ma soeur de ce que je vais vous dire ; voici plusieurs fois dans ce jour que j'évite Damis, qui s'obstine à me suivre, à me parler, tout destiné qu'il est à ma soeur ; et comme il ne se corrige point, malgré tout ce que je lui ai pu dire, je suis charmée qu'on sache mes sentiments là-dessus, et Lisette me sera témoin que je vous charge de lui rapporter ce que vous venez d'entendre, et que je le prie nettement de me laisser en repos. (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  100. Non, Madame, je ne saurais ; votre commission n'est pas faisable ; je ne rapporte jamais rien que de gracieux à mon maître ; et d'ailleurs il n'est pas possible que le plus galant homme de la terre ait pu vous ennuyer. (Acte 2, scène 4, FRONTIN)
  101. On lui destine tout ce qu'il y a de plus aimable dans le monde, et Monsieur n'est pas content ; apparemment qu'il n'y voit goutte. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  102. Qu'est-ce que cela veut dire, il n'y voit goutte ? (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  103. Doucement, Lisette ; personne n'est plus aimable que ma soeur ; mais que je la vaille ou non, ce n'est pas à vous à en décider. (Acte 2, scène 4, PH?NICE)
  104. Je n'attaque personne, Madame ; mais qu'un homme quitte ma maîtresse et fasse un autre choix, il n'y a pas à le marchander : c'est un homme sans goût ; ce sont de ces choses décidées, depuis qu'il y a des hommes. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  105. Ma réponse est sur le visage de ma maîtresse. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  106. Ne craignez rien, vous ne demandez qu'un prétexte légitime pour le refuser, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  107. J'ai travaillé à vous en donner un ; et j'ai si bien fait, que votre soeur est actuellement éprise de lui ; ce qui nous produira quelque chose. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  108. N'est-on pas convenu que Damis ferait la cour à votre soeur ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  109. J'achève ; Frontin était avec moi ; votre soeur l'a vu, elle est venue lui parler. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  110. Damis n'est point encore là, et je l'attends. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  111. Frontin, lui a-t-elle dit, votre maître ne s'adresse qu'à moi, quoique destiné à ma soeur ; on croit que j'y contribue, cela me déplaît, et je vous charge de l'en instruire. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  112. Damis est joli, de négliger ma maîtresse, ai-je dit en riant. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  113. Il obéit à nos conventions, cela est différent. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  114. Le parti qu'il prend est comique, ai-je ajouté. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  115. Qu'est-ce que c'est que comique ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  116. C'est du divertissant, ai-je dit. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  117. Il est vrai que ma soeur est aimable, mais d'autres le sont aussi. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  118. Là-dessus elle est partie avec des appas révoltés, qui se promettent bien de l'emporter sur les vôtres ; qu'en dites-vous ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  119. Que je vous ai mille obligations, que mon affront est complet, que ma soeur triomphe, que j'entends d'ici les airs qu'elle se donne, qu'elle va me croire attaquée de la plus basse jalousie du monde, et qu'on ne saurait être plus humiliée que je le suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  120. Vous confondez grossièrement les idées, et dans un petit génie comme le vôtre, cela est à sa place. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  121. Mais refuser d'épouser un homme, ce n'est pas être jalouse de celle qu'il aime, entendez-vous ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  122. Cela change d'espèce ; et c'est cette distinction-là qui vous passe ; c'est ce qui fait que je suis trahie, que je suis la victime de votre petit esprit, que ma soeur est devenue sotte, et que je ne sais plus où j'en suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  123. Est-ce que je suis assez son ennemie pour cela ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  124. Est-ce qu'elle est la mienne ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  125. Est-ce que je lui veux du mal ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  126. C'est perdre deux personnes à la fois. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  127. Ce sont deux destinées que je rends funestes. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  128. C'est un reproche éternel à me faire ; et je suis désolée. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  129. Voilà ce que c'est ; parce que vous ne savez plus que dire, les coeurs à donner ne vous coûtent plus rien, vous en faites bon marché, Lisette ! (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  130. Mais voyons, répondez-moi ; c'est votre conscience que j'interroge. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  131. Ce n'est pas que vous ne valiez mieux qu'elle ; mais tous les jours on laisse le plus pour prendre le moins. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  132. il est inutile de tant crier ; je ne m'en mêlerai plus ; accommodez-vous, ce n'est pas moi qu'on menace de marier et vous n'avez qu'à dire vos raisons à ceux qui viennent ; défendez-vous à votre fantaisie. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  133. Ma fille, nous vous amenons, Monsieur Ergaste et moi, quelqu'un dont il faut que vous guérissiez l'esprit d'une erreur qui l'afflige : c'est Damis. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  134. Il est vrai, Madame, j'ai cru voir que je ne vous convenais point. (Acte 2, scène 7, DAMIS)
  135. Vous n'en savez rien, Damis ; voilà qui est à merveille ; mais je vous avertis d'y songer pourtant ; car je ne suis pas obligée d'avoir plus d'imagination que vous. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  136. Non, Madame, ils ne sauraient le voir ; cela n'est pas possible ; il y a de certaines figures, de certaines physionomies qu'on ne saurait soupçonner d'être indifférentes. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  137. Qui est-ce qui croira que je ne vous aime pas, par exemple ? (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  138. Cela est vrai, vous verrez que tout le monde est aveugle ! (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  139. Cependant, Monsieur, comme il s'agit ici d'affaires sérieuses, voudriez-vous bien supprimer votre qui est-ce qui croira, qui n'est pas de mon goût, et qui a tout l'air d'une plaisanterie que je ne mérite pas. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  140. Est-ce qu'il faut absolument qu'on les aime ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  141. Est-ce que j'ai une de ces physionomies-là, moi ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  142. Est-ce qu'on ne saurait s'empêcher de m'aimer quand on me voit ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  143. Il vous est fort aisé de les réduire à rien, parce que je vous laisse dire, et que moyennant quoi, vous en faites ce qui vous plaît ; mais je me tais, Madame, je me tais. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  144. Qu'est-ce que c'est que ces discours-là, que j'ai la sotte bonté de relever, et qui nous écartent ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  145. Est-ce que vous avez envie de vous dédire ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  146. C'est une autre affaire. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  147. Je crois que c'est la même. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  148. Mais je serais pourtant bien aise de savoir ce qui en est, à vous parler vrai. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  149. C'est ce qui ne se peut pas, Madame ; j'ai promis de me taire là-dessus. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  150. Du reste, je suis parfaitement le maître, et je vous aimerai, s'il me plaît ; ainsi, peut-être que je vous aime, peut-être que je me sacrifie, et ce sont mes affaires. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  151. Mais voilà qui est extrêmement commode ! (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  152. Mais dans le fond, si vous m'aimiez avec cet air dégagé que vous avez, vous seriez assurément le plus grand comédien du monde, et ce caractère-là n'est pas des plus honnêtes à porter, entre vous et moi. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  153. Madame, il vient d'arriver compagnie, qui est dans la salle avec Monsieur Orgon, et il m'envoie vous dire qu'on va se mettre au jeu. (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  154. Ce n'est là ni une vertu ni un défaut ; mais, Monsieur, puisqu'il y a compagnie, que n'y allez-vous ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  155. Mais est-ce que vous restez avec moi ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  156. En ce moment, par exemple, je rêve à notre aventure, elle est si singulière, qu'elle devrait être unique. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  157. Mais je crois qu'elle l'est aussi. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  158. Non, Madame, elle ne l'est point. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  159. C'est-à-dire qu'il y manqua ; cela n'est pas rare. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  160. La dame en question était très aimable ; beaucoup moins que vous pourtant. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  161. Non, je ne suis qu'historien exact ; au reste, Madame, je vous raconte ceci dans la bonne foi, pour nous entretenir et sans aucun dessein. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  162. Il n'eut garde à cause de la parole donnée, et il ne vit qu'un parti à prendre, qui est singulier ; ce fut de lui dire, comme je vous disais tout à l'heure, ou je vous aime, ou je ne vous aime pas, et d'ajouter qu'il ne s'enhardirait à dire la vérité que lorsqu'il la verrait elle-même un peu sensible ; je fais un récit, souvenez-vous en. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  163. La dame en question n'en jugea pas comme vous, Madame ; il est vrai qu'elle avait du penchant pour lui. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  164. C'est encore pis. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  165. C'est dire à une femme : Veux-tu savoir mon amour ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  166. J'ai pitié d'elle, et je devine le reste. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  167. Mais mon inquiétude est de savoir comment s'y prend une femme en pareil cas ; de quel tour peut-elle se servir ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  168. C'est encore trop ; je permets qu'on le rende, mais non pas qu'on le donne. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  169. Qu'est-ce que cela veut dire, Monsieur ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  170. Est-ce qu'il est question de moi ici ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  171. Je continuerai de feindre de la servir, Madame ; c'est tout ce que je puis vous promettre. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  172. D'où vient que j'en ai pour cet homme-là, qui n'est point aimable ? (Acte 2, scène 11, LUCILE)
  173. Non, Monsieur, je vous l'avoue, je ne saurais plus souffrir le personnage que vous jouez auprès de moi, et je le trouve inconcevable : vous n'êtes venu que pour épouser ma soeur ; elle est aimable et vous ne lui parlez point ; ce n'est qu'à moi que vos conversations s'adressent. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  174. J'y comprendrais quelque chose si l'amour y avait part ; mais vous ne m'aimez point, il n'en est pas question. (Acte 3, scène 1, PH?NICE)
  175. Mais, dites-moi, est-ce que vous n'aimez point ma soeur ? (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  176. Mais ce n'est pas là parler raison. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  177. Non, ma fille, je n'ai jamais prétendu vous contraindre : quelque chose que vous me disiez, il est certain que vous ne l'aimez pas ; ainsi n'en parlons plus. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  178. Restez, Phénice, je vous cherchais, et j'ai un mot à vous dire. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  179. Nous sommes obligés de le changer ; le coeur de Lucile en dispose autrement : elle ne l'avoue pas, mais ce n'est que par pur complaisance pour moi, et j'ai quitté ce projet-là. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  180. Cela ne siérait pas ; c'est un langage qu'une fille bien née ne saurait tenir, quand elle en aurait envie. (Acte 3, scène 2, LUCILE)
  181. Et si je vous disais que c'est de Lisette elle-même que je sais qu'il ne vous plaît pas, ma fille ? (Acte 3, scène 2, ORGON)
  182. Je vous dispense de ces considérations-là pour moi ; et pour trancher net, vous ne l'épouserez point : vos dégoûts pour lui n'ont été que trop marqués, et je le destine à votre soeur à qui son coeur se donne, et qui ne lui refuse pas le sien, quoiqu'elle aille de son côté me dire le contraire à cause de vous. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  183. Si elles ne sont pas folles, c'est moi qui ai perdu l'esprit : adieu, je vais informer Monsieur Ergaste du nouveau mariage que je médite, son amitié ne m'en dédira pas. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  184. Pour vous, mes enfants, plaignez-vous ; c'est moi qui ai tort : en effet, j'abuse du pouvoir que j'ai sur vous ; plaignez-vous, je vous le conseille, et cela soulage ; mais je ne veux pas vous entendre, vous m'attendririez trop : allez, sortez sans me répondre, et laissez-moi parler à Monsieur Ergaste, qui arrive. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  185. Vous voyez un homme consterné ; mon cher ami, je ne vois nulle apparence au mariage en question, à moins que de violenter des coeurs qui ne semblent pas faits l'un pour l'autre : je ne saurais cependant pardonner à mon fils d'avoir cédé si vite à l'indifférence de Lucile ; j'ai même été jusqu'à le soupçonner d'aimer ailleurs, et voici son valet à qui j'en parlais ; mais, soit que je me trompe, ou que ce coquin n'en veuille rien dire, tout ce qu'il me répond, c'est que mon fils ne plaît pas à Lucile, et j'en suis au désespoir. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  186. Messieurs, un coquin n'est pas agréable à voir ; voulez-vous que je me retire ? (Acte 3, scène 3, FRONTIN)
  187. Il n'y a qu'à changer d'objet ; substituons la cadette à l'aînée, nous ne trouverons point d'obstacle : c'est un expédient que l'amour nous indique. (Acte 3, scène 3, ORGON)
  188. Il n'y a personne qui n'ait remarqué ce que nous disons là ; c'est un coup de sympathie visible. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  189. Vous me charmez ; est-ce une chose conclue ? (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  190. Tu diras à mon fils que ce n'est plus à Lucile à qui on le destine, et qu'on lui accorde aujourd'hui ce qu'il aime. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  191. Et s'il me demande ce que c'est qu'il aime, que lui dirai-je ? (Acte 3, scène 4, FRONTIN)
  192. Va, va, il saura bien que c'est de Phénice dont on parle. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  193. Tu es bien pressé, ce n'est pas là tout. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  194. Dis-lui qu'il remercie Monsieur Orgon de la bonté qu'il a de n'être pas fâché dans cette occasion-ci ; car si Damis n'épouse pas Lucile, je gagerais bien que c'est à lui à qui il faut s'en prendre : dis-lui que je lui pardonne, en faveur de ce nouveau mariage, le chagrin qu'il a risqué de me donner ; mais que s'il me trompait encore, si après les empressements qu'il a marqués pour Phénice il hésitait à l'épouser, s'il faisait encore cette injure à Monsieur Orgon, je ne veux le voir de ma vie, et que je le déshérite ; je ne lui parlerai pas même que je ne sois content de lui. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  195. Je remarque que ce n'est qu'en baissant le ton que vous prononcez le terrible mot de déshériter ; vous en êtes effrayé vous-même ; la tendresse paternelle est admirable ! (Acte 3, scène 4, FRONTIN)
  196. Obéis ; le reste me regarde. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  197. Qu'est-ce que tu veux dire ? (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  198. Voilà donc pourquoi Lucile m'a si bien reçue tout à l'heure : elle a su que j'ai dit à son père qu'elle n'aimait point Damis, que Damis se déclarait pour sa soeur ; on veut à présent qu'il l'épouse ; je n'ai point prévu ce coup-là, et je me compte disgraciée ; j'ai vu Lucile trop inquiète : apparemment que ton maître ne lui est point indifférent ; et je perds tout, si elle me congédie. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  199. Voilà ce que c'est que de n'avoir pas laissé aller les choses : je crois que nos gens s'aimeraient sans nous. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  200. Mon enfant, tu as beau dire, tous les gouvernements sont lucratifs ; et le célibat où nous les tenions n'était pas mal imaginé ; le pis que j'y trouve, c'est que je t'aime et que tu n'en es pas quitte à meilleur marché que moi. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  201. Voilà notre tort ; c'est de n'avoir pas prévu l'infaillible effet de nos mérites. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  202. Mais, m'amie, notre mal est-il sans remède ? (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  203. Le premier, c'est qu'il ne veut plus entendre parler de vous. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  204. Mais ce n'est pas là l'essentiel ; le second, c'est qu'il vous déshérite. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  205. Ce que tu me dis là n'est pas concevable. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  206. Enfin le troisième, c'est que les deux premiers seront nuls si vous épousez Phénice. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  207. C'est que, sur le penchant qu'on vous croit pour elle, on ne veut pas que vous balanciez à l'épouser, après le refus que vous avez paru faire de sa soeur. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  208. Mais cette soeur, nous ne la refusons point, dans le fond : n'est-il pas vrai, Monsieur ? (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  209. Passe encore, s'il était question d'elle. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  210. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  211. Écoutez : c'est pourtant cette même personne qui, au premier instant qu'elle m'a vu, a marqué assez nettement de l'aversion pour moi, qui m'a fait soupçonner qu'elle aimait ailleurs ! (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  212. Soit : mais souvenez-vous qu'elle a exigé que je ne l'épousasse point ; qu'elle me l'a demandé par tout l'honneur dont je suis capable ; que c'est elle, peut-être, qui, pour se débarrasser tout à fait de moi, contribue aujourd'hui au nouveau mariage qu'on veut que je fasse ; en un mot, je ne sais qu'en penser moi-même. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  213. Je puis me tromper, peut-être vous trompez-vous aussi ; et sans quelques preuves un peu moins équivoques de ses sentiments, je ne saurais me déterminer à violer les paroles que je lui ai données ; non pas que je les estime plus qu'elles valent ; elles ne seraient rien pour un homme qui plairait : mais elles doivent lier tout homme qu'on hait, et dont on les a exigées comme une sûreté contre lui. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  214. J'ai à vous parler pour un moment, Damis ; notre entretien sera court ; je n'ai qu'une question à vous faire ; vous, qu'un mot à me répondre ; et puis je vous fuis, je vous laisse. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  215. Mais vous n'y pensez pas ; revenez donc, Monsieur ; est-ce que la guerre est déclarée entre vous deux ? (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  216. Madame débute par m'annoncer qu'elle n'a qu'un mot à me dire, et puis qu'elle me fuit ; n'est-ce pas m'insinuer qu'elle a de la peine à me voir ? (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  217. Je n'en doute pas, Madame ; mais ce n'est pas à présent qu'il faut me fuir ; c'était dès le premier instant que vous m'avez vu, et que je vous déplaisais, qu'il fallait le faire. (Acte 3, scène 7, DAMIS)
  218. Mais quel est le travers qui vous prend à tous deux ? (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  219. Voilà à quoi je mettrais ma gloire, et non pas à me tenir douloureusement sur mon quant-à-moi, comme vous faites, et à me dire : Voyons ce qu'il dit, voyons ce qu'il ne dit pas ; qu'il parle, qu'il commence ; c'est à lui, ce n'est pas à moi ; mon sexe, ma fierté, les bienséances, et mille autres façons inutiles avec Monsieur qui tremble, et qui a la bonté d'avoir peur que son amour ne vous alarme et ne vous fâche. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  220. Au reste, elle ne me ménage pas plus que vous. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  221. Vous m'excuserez, je me mets à votre place ; il n'est point agréable de s'entendre dire de certaines choses en face. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  222. Est-ce l'idée qu'elle a que je vous aime, que vous trouvez si désagréable pour moi ? (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  223. A propos de la difficulté qu'elle s'imagine qu'il y a à ne vous pas aimer, cela est tout simple ; et si j'en voulais à tous ceux qui me soupçonneraient d'amour pour vous, j'aurais querelle avec tout le monde. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  224. Qu'est-ce que c'est que déserter, Monsieur ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  225. Il est vrai qu'on peut ou haïr ou mépriser les gens de près comme de loin. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  226. Il n'est pas question de ce qu'on peut. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  227. J'aurai pourtant un plaisir ; c'est que vous ne saurez point si je suis digne de haine à cet égard-là ; je dirai toujours : peut-être. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  228. La liste est encore amusante. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  229. Je vais vous dire où elle est, moi ; vous la trouverez dans la règle des égards qu'on doit aux dames ; vous y verrez qu'il n'est pas bien de vous divertir avec un peut-être, qui ne fera pas fortune chez moi, qui ne m'intriguera pas ; car je sais à quoi m'en tenir : c'est en badinant que vous le dites ; mais c'est un badinage qui ne vous sied pas ; ce n'est pas là le langage des hommes ; on n'a pas mis leur modestie sur ce pied-là. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  230. On croit que vous l'aimez ; mais moi, qui ai réfléchi sur l'origine des empressements que vous avez marqués pour elle, je crains qu'on ne s'abuse, et je viens vous demander ce qui en est. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  231. Voilà bien la question d'un homme qui n'a ni frère ni soeur, et qui ne sait pas combien ils sont chers ! (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  232. C'est que je m'intéresse à elle, Monsieur ; c'est que, si vous ne l'aimez pas, ce serait manquer de caractère, ce me semble, ce serait même blesser les lois de cette probité à qui vous tenez tant, que de l'épouser avec un coeur qui s'éloignerait d'elle. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  233. Car j'ai tout lieu de soupçonner que vous en êtes cause, puisque c'est vous qui m'avez d'abord proposé de l'aimer ; au reste, Madame, ne vous inquiétez point d'elle, j'aurai soin de son sort plus sincèrement que vous ; elle le mérite bien. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  234. Qu'elle le mérite ou non, ce n'est pas son éloge que je vous demande, ni à vos imaginations que je viens répondre ; parlez, Damis, l'aimez-vous ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  235. Car s'il n'en est rien, ou ne l'épousez pas, ou trouvez bon que j'avertisse mon père qui s'y trompe, et qui serait au désespoir de s'y être trompé. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  236. Je serai bien aussi vindicative que vous, et nous verrons qui se dédira de nous deux ; assurément le compliment est admirable ! (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  237. C'est une jolie petite partie à proposer. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  238. Souvenez-vous que j'ai servi vos dégoûts pour moi avec un honneur, une fidélité surprenante, avec une fidélité que je ne vous devais point, que tout autre, à ma place, n'aurait jamais eu, et ce procédé si louable, si généreux, mérite bien que vous laissiez en repos un homme qui peut avoir porté la vertu jusqu'à se sacrifier pour vous ; je ne veux pas dire que je vous aime ; non, Lucile, rassurez-vous ; mais enfin vous ne savez pas ce qui en est, vous en pourriez douter ; vous êtes assez aimable pour cela, soit dit sans vous louer ; je puis vous épouser, vous ne le voulez pas, et je vous quitte. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  239. J'en dirais trop si je restais. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  240. Ni moi plus rien à vous répondre ; il n'y a qu'une chose qui m'étonne, et dont je ne devine pas la raison, c'est que vous osiez vous en prendre à moi d'un mariage que je vois qui vous plaît. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  241. Non, Frontin, il n'y a plus rien à tenter là-dessus ; Lisette a beau dire, on ne saurait s'expliquer plus nettement que l'a fait Lucile, et voilà qui est fini, il ne s'agit plus que d'éviter l'embarras où je suis du côté de Phénice. (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  242. Monsieur, une fille qui se marie n'y regarde pas de si près ; elle est trop curieuse pour être délicate. (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  243. Et d'ailleurs il est si aisé de s'accommoder de votre figure... (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  244. Il aime Phénice qu'il va épouser ; je remarque cependant qu'il est triste et rêveur. (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  245. Est-ce qu'il n'est pas content ? (Acte 4, scène 2, ERGASTE)
  246. Monsieur, qui est-ce qui peut l'être dans la vie ? (Acte 4, scène 2, FRONTIN)
  247. Il est, parbleu ! (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  248. C'est qu'il s'est retiré à cause de Monsieur Ergaste ; mais il se promène ici près, où j'ai ordre de l'aller prendre. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  249. À vous préparer à la liberté que je vais prendre, Madame, en vous disant que vous êtes une de ces personnes privilégiées pour qui ce mouvement sympathique m'est venu. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  250. Son coeur ne se marie pas, Madame, il reste garçon. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  251. C'est-à-dire qu'il me hait ? (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  252. C'est encore une autre histoire que cette affaire-là. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  253. C'est qu'ils ont d'abord débuté ensemble par un vertigo ; ils se sont liés mal à propos par je ne sais quelle convention de ne s'aimer ni de s'épouser, et ont délibéré que, pour faire changer de dessein aux pères, qu'on ferait semblant de vous trouver de son goût ; rien que semblant, vous entendez bien ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  254. Et comme le coeur de l'homme est variable, il se trouve aujourd'hui que leur coeur et leur convention ne riment pas ensemble, et qu'on est fort embarrassé de savoir ce qu'on fera de vous : vous entendez bien ? (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  255. Ignorez-vous que notre mariage est conclu ? (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  256. N'est-ce que cela ? (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  257. Ne me raillez point, Madame, je sais bien que ce n'est pas à moi à qui vous destinez cet honneur-là, dont je me tiendrais fort heureux. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  258. Si vous dites vrai, votre bonheur est sûr ; je vous promets que je n'y mettrai point d'obstacle. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  259. Qu'est-ce que c'est que ce langage-là ? (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  260. Écoutez, Madame, toute plaisanterie cessante, ne vous y fiez pas ; on a toujours du penchant de reste pour les personnes qui vous ressemblent, et je vous assure que je ne suis point embarrassé d'en avoir pour vous. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  261. Il est vrai que je suis émue d'un aveu si subit. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  262. Oui, Madame, mon coeur est à vous, et je n'ai souhaité de vous voir que pour vous éprouver là-dessus. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  263. Les circonstances où je me trouvais ont d'abord retenu mes sentiments, je n'osais vous en parler ; mais puisque ma situation est changée, qu'il ne s'agit plus de se contraindre, et que vous approuvez mon amour. (Acte 4, scène 5, DAMIS)
  264. Vous vous seriez bien passé de l'opinion que vous venez de donner de vos sentiments, n'est-il pas vrai ? (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  265. Il n'y a en vérité rien de plus plaisant ; car après ce qu'on vient de voir, qui est-ce qui ne gagerait pas que vous m'aimez ? (Acte 4, scène 6, PH?NICE)
  266. Tant mieux pour vous si vous m'aimez, au reste ; car mon parti est pris, et je ne vous refuserais pas, quand vous en aimeriez une autre, quand je ne vous aimerais pas moi-même. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  267. C'est que si vous ne m'aimiez point, notre mariage ne se ferait point, parce que vous n'iriez point jusque-là ; c'est qu'en y consentant, moi, c'est une preuve d'obéissance que je donnerais à mon père à fort bon marché, et que par là je le gagnerais pour un mariage plus à mon gré, qui pourrait se présenter bientôt : vous voyez bien que j'aurais mon petit intérêt à vous laisser démêler cette intrigue ; ce qui vous serait aisé en retournant à ma soeur qui ne vous hait pas, et que je croyais que vous ne haïssiez pas non plus ; sans quoi, point de quartier. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  268. Est-ce que cet homme-là vous dit qu'il vous aime ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  269. Est-ce que vous en avez deux ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  270. La nouvelle est fort touchante pour une soeur qui vous aime. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  271. C'est qu'il ne faut point aimer, Mademoiselle ; c'est que cela ne convient point non plus ; c'est qu'il y va de tout le repos de votre vie ; c'est que je vous persécuterai jusqu'à ce que vous ayez quitté cet amour-là ; c'est que je ne veux point que vous le gardiez, et vous ne le garderez point : c'est moi qui vous le dis, qui vous en empêcherai bien. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  272. Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? (Acte 4, scène 7, PHÉNICE)
  273. Est-ce là de l'honneur, à votre avis ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  274. Elle est encore plus l'histoire de vos faiblesses que de sa mauvaise foi, le fourbe qu'il est ! (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  275. Tenez, voilà Lisette qui passe ; elle est instruite, appelons-la. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  276. Il se désolait tantôt du mariage en question. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  277. Voilà qui est net. (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  278. C'est à elle à éclaircir ce point-là ; elle est bonne pour répondre. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  279. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  280. Ce discours-là est obscur ; on sait que j'ai refusé Damis. (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  281. On peut le croire, mais on n'en est pas sûr ; quoi qu'il en soit, je n'ai pas peur qu'on me l'enlève. (Acte 4, scène 8, PHÉNICE)
  282. On est bien payée des inquiétudes qu'on a pour vous. (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  283. Elle ne craint point qu'on le lui enlève, dit-elle ; ma foi, Madame, je vous renonce si cela ne vous pique pas ; car enfin il est temps de convenir que Damis ne vous déplaît point, d'autant plus qu'il vous aime. (Acte 4, scène 9, LISETTE)
  284. Quand il vous plaira que je le haïsse, la recette est immanquable, vous n'avez qu'à me dire que je l'aime. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  285. Mais il ne s'agit pas de cela ; je veux avoir raison de l'impertinent orgueil de ma soeur ; et je le puis, s'il est vrai que Damis m'aime, comme vous m'en êtes garant. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  286. Car ne n'est pas moi qui vous y envoie, c'est vous qui y allez. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  287. Est-ce que vous ne le devinez-pas ? (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  288. Oui, Mademoiselle, oui, que je l'aime, puisque vous me forcez à prononcer moi-même un mot qui m'est désagréable, et dont je ne me sers ici que par raison. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  289. Au reste, je ne vous indique rien de ce qui peut appuyer cette fausse confidence : vous êtes fille d'esprit, vous pénétrez les mouvements des autres ; vous lisez dans les coeurs ; l'art de les persuader ne vous manquera pas, et je vous prie de m'épargner une instruction plus ample. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  290. Cependant persuadez Damis ; dites-lui qu'il vienne ; qu'il avoue hardiment qu'il m'aime ; que vous sentez que je le souhaite ; que les paroles qu'il m'a données ne sont rien : comme en effet ce ne sont que des bagatelles ; que je les traiterai de même ; et le reste. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  291. Enfin, Madame, il n'est plus question de notre mariage ; vous voilà libre, et puisqu'il le faut, j'épouserai Phénice. (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  292. Lisette, est-ce là cette personne qui avait tant de penchant pour moi ? (Acte 4, scène 11, DAMIS)
  293. Est-ce pour me demander mon amitié aussi, à moi ? (Acte 4, scène 11, LISETTE)
  294. Je te dis qu'il est au désespoir, et qu'il aurait déjà disparu si je ne l'arrêtais pas. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  295. Qu'on est sot quand on aime ! (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  296. C'est bien pis quand on épouse ! (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  297. Il n'y a pas moyen ; il dit qu'il a suffisamment éprouvé le coeur de Lucile, et qu'il est si mal disposé pour lui, que peut-être publierait-elle l'aveu de son amour pour le perdre. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  298. Le danger où il est d'épouser Phénice, l'impossibilité où il se trouve de la refuser avec honneur, l'idée qu'il a des sentiments de Lucile, tout cela lui tourne la tête et la tournerait à un autre : il ne voit pas les choses comme nous, il faut le plaindre ; malheureusement c'est un garçon qui a de l'esprit ; cela fait qu'il subtilise, que son cerveau travaille ; et dans de certains embarras, sais-tu bien qu'il n'appartient qu'aux gens d'esprit de n'avoir pas le sens commun ? (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  299. Rien, sinon qu'à mon récit il a soupiré, levé les épaules et m'a quitté pour parler à Monsieur Orgon et pour consoler son fils, qui est averti, et qui, de son côté, l'attend avec une douleur inconsolable. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  300. Oui, Madame, et autant qu'il m'a paru, je l'ai laissé très inquiet de vos dispositions ; pour de réponse, Monsieur Ergaste qui est venu le joindre ne lui a pas donné le temps de m'en faire. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  301. Est-ce que vous croyez que je vous porte malheur ? (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  302. Est-ce que tout n'est pas plein de gens qui vous ressemblent ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  303. Et de là vous concluez que c'est moi qui vous les procure ? (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  304. N'est-ce pas vous qui avez renvoyé Damis ? (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  305. Oui, mais qui est-ce qui en est cause ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  306. Depuis que nous sommes ensemble, avez-vous cessé de me parler des douceurs de je ne sais quelle liberté qui n'est que chimère ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  307. Qui est-ce qui m'a conseillé de ne me marier jamais ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  308. Les serments que j'ai faits, qui est-ce qui les a imaginés ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  309. C'est que je me trompais. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  310. Non, je ne suis pas sûre de mon état ; cela n'est-il pas désagréable ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  311. Est-ce moi qui ai décidé de mon sort ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  312. Chacun a sa façon de penser et de sentir, et apparemment que j'en ai une ; mais je ne dirai pas ce que c'est, je ne connais que la vôtre. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  313. Ce n'est ni ma raison ni mon coeur qui m'ont conduit, c'est vous. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  314. Et voilà ce que c'est : on croit se déterminer, on croit agir, on croit suivre ses sentiments, ses lumières, et point du tout ; il se trouve qu'on n'a qu'un esprit d'emprunt, et qu'on ne vit que de la folie de ceux qui s'emparent de votre confiance. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  315. Dites-moi ce que c'était, à mon âge, que l'idée de rester fille ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  316. Qui est-ce qui ne se marie pas ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  317. Qui est-ce qui va s'entêter de la haine d'un état respectable, et que tout le monde prend ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  318. La condition la plus naturelle d'une fille est d'être mariée. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  319. D'ailleurs, la vie est pleine d'embarras : un mari les partage. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  320. C'est un véritable ami qu'on acquiert. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  321. Il n'y avait rien de mieux que Damis, c'est un honnête homme. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  322. Mais malheureusement vous êtes au monde ; et la destination de votre vie est d'être le fléau de la mienne. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  323. Le hasard vous place chez moi, et tout est renversé. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  324. Oui, je l'aime, il n'est que trop vrai, et il ne me manquait plus que le malheur de n'avoir pu le cacher ; mais s'il vous en échappe un mot, vous pouvez renoncer à moi pour la vie. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  325. Qui nous ôterait les faiblesses de notre coeur ne leur laisserait guère de qualités estimables. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  326. Ce cabinet où j'étais cachée pendant que Damis te parlait, qu'on le retranche de mon aventure, peut-être que je n'aurais pas d'amour ; car pourquoi est-ce que j'aime ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  327. Parce qu'on me défiait de plaire, et que j'ai voulu venger mon visage ; n'est-ce pas là une belle origine de tendresse ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  328. Je sors, car voilà votre père ; mais vous aurez beau dire, si Damis se voyait forcé d'épouser Phénice, ne vous attendez pas que je reste muette. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  329. Ma fille, que signifie donc ce que Lisette m'est venu dire de votre part ? (Acte 5, scène 3, ORGON)
  330. De l'homme du monde qui vous est le plus indifférent ! (Acte 5, scène 3, ORGON)
  331. Très indifférent, je l'avoue, mais la manière dont mon père me traite ne me l'est pas. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  332. Non, il est certain que je n'ai point de part aux bontés de votre coeur ; ma soeur en emporte toutes les tendresses. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  333. Ce n'est pas que je trouve mauvais que vous l'aimiez, assurément. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  334. Je sais bien qu'elle est aimable, et si vous ne l'aimiez pas, j'en serais très fâchée ; mais qu'on n'aime qu'elle, qu'on ne songe qu'à elle, qu'on la marie aux dépens du peu d'estime qu'on pouvait faire de mon esprit, de mon coeur, de mon caractère, je vous avoue, mon père, que cela est bien triste, et que c'est me faire payer bien chèrement son mariage. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  335. Tout ce que j'y vois, moi, c'est qu'elle est ta cadette, et qu'elle épouse un homme qui t'était destiné : mais ce n'est qu'à ton refus. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  336. Il a plu sans peine à ta soeur ; nous voulions nous allier, Monsieur Ergaste et moi, et nous profitons de leur penchant mutuel : c'est te débarrasser d'un homme que tu n'aimes point, et tu dois en être charmée. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  337. Il n'était venu que pour moi, tout le monde en est informé ; je ne l'épouse point, tout le monde en sera surpris. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  338. Qu'est-ce que c'est que cette idée-là ? (Acte 5, scène 3, ORGON)
  339. Oui, me voilà condamnée à n'y plus penser ; on ne revient jamais de l'accident humiliant qui m'arrive aujourd'hui : il faut désormais regarder mon coeur et ma main comme disgraciés ; il ne s'agit plus de les offrir à personne, ni de chercher de nouveaux affronts ; j'ai été dédaignée, je le serai toujours, et une retraite éternelle est l'unique parti qui me reste à prendre. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  340. Tu es folle ; on sait que tu as refusé Damis, encore une fois, il le publie lui-même, et tout le risque que tu cours dans cette affaire-ci c'est de passer pour avoir le goût bizarre, voilà tout ; ainsi, tranquillise-toi, et ne va pas toi-même, par un mécontentement mal entendu, te faire soupçonner de sentiments que tu n'as point : voici ta soeur qui vient nous joindre, et à qui j'avais donné ordre de te parler, et je te prie de la recevoir avec amitié. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  341. Quoique Damis ne lui convienne point, on sait qu'il était venu pour elle, et elle croyait qu'on pouvait mieux faire que de vous le donner ; mais elle ne songe plus à cela, voilà qui est fini. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  342. Si ma soeur le regrette, et que Damis la préfère, il est encore à elle ; je le cède volontiers, et n'en murmurerai point. (Acte 5, scène 4, PHÉNICE)
  343. Et moi je vous dis qu'il est mieux que vous ne vous en flattiez pas, Mademoiselle ; vous en serez plus attentive à lui plaire, et son amour aura besoin de ce secours-là. (Acte 5, scène 4, LUCILE)
  344. Qu'est-ce que c'est donc que cet air de dispute que vous prenez entre vous deux ? (Acte 5, scène 4, ORGON)
  345. Est-ce là comme vous répondez aux soins que je me donne pour vous voir unies ? (Acte 5, scène 4, ORGON)
  346. Mais vous voyez bien qu'on le prend sur un ton qui n'est pas supportable. (Acte 5, scène 4, LUCILE)
  347. On vous dit que si mon coeur le souhaitait, on n'aurait que faire de vous, et que la vanité de vos offres est bien inutile sur un objet qu'on vous ôterait avec un regard, si on en avait envie. (Acte 5, scène 4, LUCILE)
  348. Je vous annonce que nous sommes tous d'accord, que nous vous estimons tous, et que mes filles viennent de s'embrasser tout à l'heure. (Acte 5, scène 5, ORGON)
  349. est donc le mot pour rire ? (Acte 5, scène 6, LUCILE)
  350. il y est beaucoup pour moi, et il n'y est pas encore pour vous, j'en conviens ; mais cela va venir... (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  351. Est-ce que vous me fuyez ? (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  352. N'est-ce pas là un homme bien disposé à m'épouser ? (Acte 5, scène 6, PH?NICE)
  353. Approchez, vous dis-je, venez ici, et laissez-vous conduire ; allons, Monsieur, rendez hommage à votre vainqueur, et jetez-vous à ses genoux tout à l'heure... à ses genoux, vous dis-je : et vous, ma soeur, tenez-vous un peu fière ; ne lui tendez pas la main en signe de paix, mais ne la retirez pas non plus ; laissez-la aller, afin qu'il la prenne ; voilà mon projet rempli : adieu ; le reste vous regarde. (Acte 5, scène 6, PH?NICE)
  354. Mais qu'est-ce que cela signifie, Damis ? (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  355. Assurément, voilà qui est particulier ; mais levez-vous donc pour vous expliquer. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  356. En vérité, cela est bien embarrassant. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  357. Je ne serai jamais à Phénice, je ne puis être qu'à vous seule, et si je vous perds, toute ma ressource est de fuir, de ne me montrer de ma vie, et de mourir de douleur. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  358. Mon père, il n'est plus question de mariage avec Madame ; elle n'y a jamais pensé, et mon coeur n'appartient qu'à Lucile. (Acte 5, scène 8, DAMIS)
  359. Oui, Monsieur, à elle-même, qui ne le refusera pas ; mariez hardiment ; tantôt nous vous dirons le reste. (Acte 5, scène 8, LISETTE)

LA COLONIE (1750)

  1. Oui, il en faut un tout neuf ici, et l'heure est venue, nous voici en place d'avoir justice, et de sortir de l'humilité ridicule qu'on nous a imposée depuis le commencement du monde : plutôt mourir que d'endurer plus longtemps nos affronts. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  2. Qu'est-ce que c'est que Timagène, Madame Sorbin, je ne le connais plus depuis notre projet, tenez ferme et ne songez qu'à m'imiter. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  3. Et où est l'embarras ? (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  4. Je n'ai qu'un mari, qu'est-ce que cela coûte à laisser, ce n'est pas là une affaire de coeur. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  5. Oui-da, la trompe est excellente et fort convenable. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  6. C'est qu'apparemment ils vont se rendre au Conseil ; souhaitez-vous que nous les appelions ? (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  7. Qu'est-ce que c'est que tu veux, ma femme, nous avons hâte. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  8. Non, que veux-tu que je te communique, si ce n'est le temps qu'il fait, ou l'heure qu'il est ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  9. Pas un mot, c'est fort bien fait. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  10. Oh rien, c'est que je me parle. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  11. Hélas, c'est ce qui se publie, et ce qui me donne un grand souci. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  12. Tais-toi avec tes femmes, il est bien question de rire ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  13. Ah bien tant mieux, faites, amusez-vous, jouez une farce ; mais gardez-nous votre drôlerie pour une autre fois, cela est trop bouffon pour le temps qui court. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  14. La gaieté est toujours de saison. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  15. Nos vaisseaux nous ont portés dans ce pays sauvage, et le pays est bon. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  16. Le dessein est formé d'y rester, et comme nous y sommes tous arrivés pêle-mêle, que la fortune y est égale entre tous, que personne n'a droit d'y commander, et que tout y est en confusion, il faut des maîtres, il en faut un ou plusieurs, il faut des lois. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  17. Hé, c'est à quoi nous allons pourvoir, Madame. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  18. Doucement, ces lois, qui est-ce qui va les faire, de qui viendront-elles ? (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  19. Dis-nous donc ce que c'est. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  20. Le butor, voilà ce qui est après. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  21. Le tambour vous dira le reste, ou bien le placard au son de la trompe. (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  22. C'est nous faire un nouvel outrage que de ne nous pas entendre. (Acte 1, scène 3, ARTHÉNICE)
  23. C'est l'ancienne coutume d'être impertinent de père en fils, qui leur bouche l'esprit. (Acte 1, scène 3, MADAME SORBIN)
  24. Vous avez raison, c'est une fréquentation qui ne convient plus. (Acte 1, scène 4, MADAME SORBIN)
  25. Mais qui est-ce qui a rompu la paix ? (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  26. Est-ce que vous ne voulez plus qu'il m'aime, ou qu'il m'épouse ? (Acte 1, scène 5, LINA)
  27. Non, ma fille, nous sommes dans une occurrence où l'amour n'est plus qu'un sot. (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  28. Et le mariage, tel qu'il a été jusqu'ici, n'est plus aussi qu'une pure servitude que nous abolissons, ma belle enfant, car il faut bien la mettre un peu au fait pour la consoler. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  29. Cela est bien court. (Acte 1, scène 5, LINA)
  30. Oui, Madame, c'est une coutume qui n'empêche pas l'amour. (Acte 1, scène 5, LINA)
  31. Quand il y est, comment l'ôter ? (Acte 1, scène 5, LINA)
  32. Je ne l'ai pas pris ; c'est lui qui m'a prise, et puis je ne refuse pas la soumission. (Acte 1, scène 5, LINA)
  33. Prends-y garde avec ton Persinet ; si tu n'as pas des sentiments plus relevés, je te retranche du noble corps des femmes, reste avec ma camarade et moi pour apprendre à considérer ton importance ; et surtout qu'on supprime ces larmes qui font confusion à ta mère, et qui rabaissent notre mérite. (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  34. Il nous aurait suffi d'être ornées de nos vertus ; c'est à ces marques qu'on doit nous reconnaître. (Acte 1, scène 6, ARTHÉNICE)
  35. Je fais voeu de vivre pour soutenir les droits de mon sexe opprimé ; je consacre ma vie à sa gloire ; j'en jure par ma dignité de femme, par mon inexorable fierté de coeur, qui est un présent du ciel ; il ne faut pas s'y tromper ; enfin par l'indocilité d'esprit que j'ai toujours eue dans mon mariage, et qui m'a préservée de l'affront d'obéir à feu mon bourru de mari ; j'ai dit. (Acte 1, scène 6, ARTHÉNICE)
  36. Je vois Persinet qui passe, il est plus fort que moi, et il m'aidera si vous voulez. (Acte 1, scène 7, LINA)
  37. C'est bien dit ; dans l'occurrence présente, cela nous portera bonheur. (Acte 1, scène 7, MADAME SORBIN)
  38. Appelez-nous ce domestique. (Acte 1, scène 7, MADAME SORBIN)
  39. Votre service est fait, qu'on s'en aille. (Acte 1, scène 8, MADAME SORBIN)
  40. Voilà qui est bien dur ! (Acte 1, scène 8, PERSINET)
  41. L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  42. Dans l'arrangement des affaires, il est décidé que nous n'avons pas le sens commun, mais tellement décidé que cela va tout seul, et que nous n'en appelons pas nous-mêmes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  43. Je ne suis qu'une femme, dit Madame Sorbin, cela est admirable ! (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  44. Je m'y tiens, Mesdames, je m'y tiens, c'est nous qui avons le mieux, et je bénis le ciel de m'en avoir fait participante, il m'a comblé d'honneurs, et je lui en rends des grâces nonpareilles. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  45. Cela est bien juste. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  46. Si vous entendiez Persinet là-dessus, c'est lui qui est pénétré suivant nos mérites. (Acte 1, scène 9, LINA)
  47. Persinet n'a que faire ici, il est indécent de le citer. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  48. Examinons ce que nous sommes, et arrêtez-moi, si j'en dis trop ; qu'est-ce qu'une femme, seulement à la voir ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  49. Cela est incontestable. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  50. Absolument incontestable. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  51. C'est un fait. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  52. Regardez-la, c'est le plaisir des yeux. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  53. C'est notre chef qui parle. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  54. Je recommence ; regardez-la, c'est le plaisir des yeux : les grâces et la beauté, déguisées sous toutes sortes de formes, se disputent à qui versera le plus de charmes sur son visage et sur sa figure. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  55. Qui est-ce qui peut définir le nombre et la variété de ces charmes ? (Acte 1, scène 9, ARTH?NICE)
  56. C'est une beauté fière, et pourtant une beauté mignarde ; elle imprime un respect qu'on n'ose perdre, si elle ne s'en mêle ; elle inspire un amour qui ne saurait se taire ; dire qu'elle est belle, qu'elle est aimable, ce n'est que commencer son portrait ; dire que sa beauté surprend, qu'elle occupe, qu'elle attendrit, qu'elle ravit, c'est dire, à peu près, ce qu'on en voit, ce n'est pas effleurer ce qu'on en pense. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  57. Et ce qui est encore incomparable, c'est de vivre avec toutes ces belles choses-là, comme si de rien n'était ; voilà le surprenant, mais ce que j'en dis n'est pas pour interrompre, paix. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  58. Venons à l'esprit, et voyez combien le nôtre a paru redoutable à nos tyrans, jugez-en par les précautions qu'ils ont prises pour l'étouffer, pour nous empêcher d'en faire usage ; c'est à filer, c'est à la quenouille, c'est à l'économie de leur maison, c'est au misérable tracas d'un ménage, enfin c'est à faire des noeuds, que ces Messieurs nous condamnent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  59. Ou bien, c'est à savoir prononcer sur des ajustements, c'est à les réjouir dans leurs soupers, c'est à leur inspirer d'agréables passions, c'est à régner dans la bagatelle, c'est à n'être nous-mêmes que la première de toutes les bagatelles ; voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des moeurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  60. Il est vrai qu'on nous traite de charmantes, que nous sommes des astres, qu'on nous distribue des teints de lis et de roses, qu'on nous chante dans les vers, où le soleil insulté pâlit de honte à notre aspect, et comme vous voyez, cela est considérable ; et puis les transports, les extases, les désespoirs dont on nous régale, quand il nous plaît. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  61. Vraiment, c'est de la friandise qu'on donne à ces enfants. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  62. Est-ce notre faute ? (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  63. Sans doute ; mais ce qu'il y a d'admirable, c'est que la supériorité de notre âme est si invincible, si opiniâtre, qu'elle résiste à tout ce que je dis là, c'est qu'elle éclate et perce encore à travers cet avilissement où nous tombons ; nous sommes coquettes d'accord, mais notre coquetterie même est un prodige. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  64. Tout ce qui part de nous est parfait. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  65. Quand je songe à tout le génie, toute la sagacité, toute l'intelligence que chacune de nous y met en se jouant, et que nous ne pouvons mettre que là, cela est immense, il y entre plus de profondeur d'esprit qu'il n'en faudrait pour gouverner deux mondes comme le nôtre, et tant d'esprit est en pure perte. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  66. N'est-ce pas, camarade ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  67. Il me paraît à moi, que c'est prendre à gauche. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  68. Eh mais qui est-ce qui pourrait en être ? (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  69. Tout au contraire, embellissons-nous, s'il est possible, afin qu'ils nous regrettent davantage. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  70. Doucement, cela vous plaît à dire, vous ne jouez pas gros jeu ; vous, votre affaire est bien avancée. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  71. Il n'est pas étonnant que vous fassiez si bon marché de vos grâces. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE)
  72. Dites donc, vous autres pimbêches, est-ce que vous croyez être jolies ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  73. Mais, si nous vous ressemblons, qu'est-il besoin de s'enlaidir ? (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE)
  74. Il est vrai que la Sorbin en parle bien à son aise. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE)
  75. Qui est-ce qui sera donc Madame ici ; me perdre le respect de cette manière ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  76. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  77. Que c'est bien dit ; oui, gardez tous vos affiquets, corsets, rubans, avec vos mines et vos simagrées qui font rire, avec vos petites mules ou pantoufles, où l'on écrase un pied qui n'y saurait loger, et qu'on veut rendre mignon en dépit de sa taille, parez-vous, parez-vous, il n'y a pas de conséquence. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  78. Qu'elle est grossière ! (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  79. C'est votre faute, Mesdames, je ne voulais ni de cette artisane, ni de cette princesse, je n'en voulais pas, mais l'on ne m'a pas écoutée. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  80. Il est vrai qu'il peut me parler lui, on ne m'a pas ordonné de l'en empêcher. (Acte 1, scène 11, LINA)
  81. Me voilà un peu revenu, dites-moi le reste à présent, mais parlez-moi de plus près, et non pas en mon absence. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  82. Est-ce moi qui les en empêche ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  83. Non, Seigneur Timagène, nous ne pouvons pas mieux choisir ; le peuple n'a pas hésité sur Monsieur Sorbin, le reste des citoyens n'a eu qu'une voix pour vous, et nous sommes en de bonnes mains. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  84. Messieurs, permettez l'importunité, je viens à vous, Monsieur Sorbin, les affaires d'État me coupent la gorge, je suis abîmé, vous croyez que vous aurez un gendre, et c'est ce qui vous trompe, Madame Sorbin m'a cassé tout net jusqu'à la paix ; on vous casse aussi, on ne veut plus des personnes de notre étoffe, toute face d'homme est bannie, on va nous retrancher à son de trompe, et je vous demande votre protection contre un tumulte. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  85. Qu'est-ce que c'est qu'un tumulte ? (Acte 1, scène 12, MONSIEUR SORBIN)
  86. C'est une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le gouvernement du royaume ; vous saurez que les femmes se sont mises tout en un tas pour être laides, elles vont quitter les pantoufles, on parle même de changer de robes, de se vêtir d'un sac, et de porter les cornettes de côté pour nous déplaire ; j'ai vu préparer un grand colloque, j'ai moi-même approché les bancs pour la commodité de la conversation, je voulais m'y asseoir, on m'a chassé comme un gredin, le monde va périr, et le tout à cause de vos lois, que ces braves Dames veulent faire en communauté avec vous, et dont je vous conseille de leur céder la moitié de la façon, comme cela est juste. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  87. Ce qu'il nous dit est-il possible ? (Acte 1, scène 12, TIMAGÈNE)
  88. Qu'est-ce que c'est que des lois ? (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  89. Heureusement l'aventure est plus comique que dangereuse. (Acte 1, scène 12, HERMOCRATE)
  90. Ma femme est têtue, et je gage qu'elle a tout ameuté ; mais attendez-moi là, je vais voir ce que c'est, et je mettrai bon ordre à cette folie-là quand j'aurai pris mon ton de maître, je vous fermerai le bec à cela ; ne vous écartez pas, Messieurs. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR SORBIN)
  91. Ce qui me surprend, c'est qu'Arthénice se soit mise de la partie. (Acte 1, scène 12, TIMAGÈNE)
  92. Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la République, n'y travaillerons-nous pas de concert ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  93. À quoi nous destinez-vous là-dessus ? (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  94. C'est-à-dire, à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison, on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot. (Acte 1, scène 13, UN AUTRE HOMME)
  95. Est-ce là votre dernier mot ? (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  96. Mais, qu'est-ce que c'est que cette mauvaise plaisanterie-là ? (Acte 1, scène 13, HERMOCRATE)
  97. Parlez-leur donc, Seigneur Timagène, sachez de quoi il est question. (Acte 1, scène 13, HERMOCRATE)
  98. Lisez l'affiche, l'explication y est. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  99. Tenez donc, c'est que nous n'avons pas la langue assez bien pendue, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  100. Et qu'est-ce que c'est qu'un bonnet carré, Messieurs ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  101. D'ailleurs, il n'est pas de notre bail, non plus que votre Code, jusqu'ici c'est votre justice et non pas la nôtre ; justice qui va comme il plaît à nos beaux yeux, quand ils veulent s'en donner la peine, et si nous avons part à l'institution des lois, nous verrons ce que nous ferons de cette justice-là, aussi bien que du bonnet carré, qui pourrait bien devenir octogone si on nous fâche ; la veuve ni l'orphelin n'y perdront rien. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  102. La belle pointe d'esprit, mais finalement, il n'y a rien à rabattre, sinon lisez notre édit, votre congé est au bas de la page. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  103. C'est que notre esprit manque à la terre dans l'institution de ses lois, c'est que vous ne faites rien de la moitié de l'esprit humain que nous avons, et que vous n'employez jamais que la vôtre, qui est la plus faible. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  104. Voilà ce que c'est, faute d'étoffe l'habit est trop court. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  105. C'est que le mariage qui se fait entre les hommes et nous, devrait aussi se faire entre leurs pensées et les nôtres ; c'était l'intention des Dieux, elle n'est pas remplie, et voilà la source de l'imperfection des lois ; l'Univers en est la victime, et nous le servons en vous résistant. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  106. J'ai dit, il serait inutile de me répondre, prenez votre parti, nous vous donnons encore une heure, après quoi la séparation est sans retour, si vous ne vous rendez pas ; suivez-moi, Madame Sorbin, sortons. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  107. À l'autre avec son jargon d'homme ; c'est justement parce que je suis sensée que cela se passe ainsi. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  108. Vous dites que je lui dois, mais il me doit de même ; quand il me paiera, je le paierai, c'est de quoi je venais l'accuser exprès. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  109. Que nenni, nos mesures sont prises, tout est résolu, nos paquets sont faits. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  110. C'est une rage que cela, mais revenons au bon sens ; savez-vous, Madame Sorbin, de quel bois je me chauffe ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  111. Le pauvre homme avec son bois, c'est bien à lui parler de cela ; quel radotage ! (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  112. Est-ce que vous croyez me faire trembler avec le catalogue de vos qualités que je sais mieux que vous ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  113. Je vous conseille de crier gare ; tenez, ne dirait-on pas qu'il est juché sur l'arc_en_ciel ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  114. Cependant le respect est un sot ; finissons, Monsieur Sorbin, qui êtes élu, mari, maître et chef de famille ; tout cela est bel et bon ; mais écoutez-moi pour la dernière fois, cela vaut mieux ; nous disons que le monde est une ferme, les Dieux là-haut en sont les Seigneurs, et vous autres hommes, depuis que la vie dure, en avez toujours été les fermiers tout seuls, et cela n'est pas juste, rendez-nous notre part de la ferme ; gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  115. Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis ; j'ai parlé pour moi ; ma fille, que je vois là-bas et que je vais appeler, va parler pour elle. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  116. Vous en dites la raison, c'est que ce n'est qu'une enfant : courage, ma fille, prononcez bien et parlez haut. (Acte 1, scène 15, MADAME SORBIN)
  117. Ma chère mère, mon avis, c'est, comme vous l'avez dit, que nous soyons dames et maîtresses par égale portion avec ces Messieurs ; que nous travaillions comme eux à la fabrique des lois, et puis qu'on tire, comme on dit, à la courte paille pour savoir qui de nous sera Roi ou Reine ; sinon, que chacun s'en aille de son côté, nous à droite, eux à gauche, du mieux qu'on pourra. (Acte 1, scène 15, LINA)
  118. Est-ce là tout, ma mère ? (Acte 1, scène 15, LINA)
  119. C'est que c'est le plus difficile à retenir ; votre avis est encore que l'amour n'est plus qu'un sot. (Acte 1, scène 15, LINA)
  120. Ce n'est pas mon avis qu'on vous demande, c'est le vôtre. (Acte 1, scène 15, MADAME SORBIN)
  121. Que le Ciel nous assiste ; en bonne foi, est-ce là un régime_de_vie, notre femme ? (Acte 1, scène 15, MONSIEUR SORBIN)
  122. J'aime ces extravagantes-là plus que je ne pensais, il faudrait battre, et ce n'est pas ma manière de coutume. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR SORBIN)
  123. Qui est-ce qui n'aime pas le beau sexe ? (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  124. C'est vous qui êtes le plus mutin de la bande, Seigneur Hermocrate ; car voilà Monsieur Sorbin qui est le meilleur_acabit d'homme ; voilà moi qui m'afflige à faire plaisir ; voilà le Seigneur Timagène qui le trouve bon ; personne n'est tigre, il n'y a que vous ici qui portiez des griffes, et sans vous, nous partagerions la ferme. (Acte 1, scène 16, PERSINET)
  125. Ce n'est pas moi qui parle, je vous dis ce qu'on a pensé, on ajoute même qu'Arthénice, polie comme elle l'est, doit avoir bien de la peine à s'accommoder de vous. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  126. Et moi de même ; il y en a un qui me déplaît, et que je retranche, c'est la gentilhommerie, je la casse pour ôter les petites conditions, plus de cette baliverne-là. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  127. Vos deux raisons auront contentement ; je commande, en vertu de ma pleine puissance, que les nommées Arthénice et Sorbin soient tout un, et qu'il soit aussi beau de s'appeler Hermocrate ou Lanturlu, que Timagène ; qu'est-ce que c'est que des noms qui font des gloires ? (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  128. Taisez-vous donc, il m'est avis que je vois un enfant qui pleure après son hochet. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  129. Il est un peu plus sensé que le vôtre, la Sorbin, il regarde l'amour et le mariage ; toute infidélité déshonore une femme, je veux que l'homme soit traité de même. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  130. Je ne veux pas moi ; l'homme n'est pas de notre force, je compatis à sa faiblesse, le monde lui a mis la bride sur le cou en fait de fidélité et je la lui laisse, il ne saurait aller autrement : pour ce qui est de nous autres femmes, de confusion nous n'en avons pas même assez, j'en ordonne encore une dose ; plus il y en aura, plus nous serons honorables, plus on connaîtra la grandeur de notre vertu. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  131. Voyez-vous, nous autres petites femmes, nous ne changeons ni d'amant ni de mari, au lieu que des Dames, il n'en est pas de même, elles se moquent de l'ordre et font comme les hommes ; mais mon règlement les rangera. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)

LE DÉNOUEMENT IMPRÉVU (1727)

  1. En-dit que stila qui veut épouser Mademoiselle Argante a un valet ; si le maître épouse notre demoiselle ; il l'emmènera à son châtiau ; Lisette suivra : la velà emballée pour le voyage, et c'est autant de pardu pour moi que ce ballot-là ; ce guiable de valet en fera son proufit. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  2. Je vois tout ça fixiblement clair : stanpendant, je me tians l'esprit farme, je bataille contre le chagrin ; je me dis que tout ça n'est rian, que ça n'arrivera pas ; mais, morgué ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  3. Je me dis : Piarre, tu ne prends point de souci, mon ami, et c'est que tu t'enjôles ; si tu faisais bian, tu en prenrais : j'en prends donc. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  4. Et c'est vous qui en êtes cause. (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  5. Mon enfant, rien n'est plus sûr que notre malheur : l'époux qu'on destine à Mademoiselle Argante doit arriver aujourd'hui, et c'en est fait ; Monsieur Argante, pour marier sa fille, ne voudra pas seulement attendre qu'il soit de retour à Paris. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  6. C'en est donc fait ? (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  7. Mais pourquoi est-ce que Monsieur Argante, noute maître ; ne veut pas vous bailler sa fille ? (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  8. Il est bian vrai quou n'êtes pas chanceux, vous pardez vos causes ; mais que faire à ça ? (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  9. Est-ce que le futur est plus riche que vous ? (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  10. Non : mais il est gentilhomme, et je ne le suis pas. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Boutez-y-en ; ça est-il si char pour s'en faire faute ? (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  12. Ce n'est point cela ; il faut être d'un sang noble. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  13. Je nous traitons tous deux sans çarimonie ; je sis son farmier, et en cette qualité, j'ons le parvilège de l'assister de mes avis ; je sis accoutumé à ça : il me conte ses affaires, je le gouvarne, je le réprimande : il est bavard et têtu ; moi je suis roide et prudent ; je li dis : il faut que ça soit, le bon sens le veut ; là-dessus il se démène, je hoche la tête, il se fâche, je m'emporte, il me repart, je li repars : Tais-toi ! (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  14. Si tu me rends service là dedans, maître Pierre, et que Mademoiselle Argante n'épouse pas l'homme en question, je te promets d'honneur cinquante pistoles en te mariant avec Lisette. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  15. Monsieur Dorante, vous avez du sang noble, c'est moi qui vous le dis ; ça se connaît aux pistoles que vous me pourmettez, et ça se prouvera tout à fait quand je les recevrons. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  16. La preuve t'en est sûre ; mais n'oublie pas de presser Mademoiselle Argante sur ce que je t'ai dit. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  17. Sa bonne femme de mère, alle est défunte, et cette fille-ci qu'alle a eu, alle est par conséquent la fille de Monsieur Argante, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  18. Je le veux bian itou, je n'empêche rian, je sis de tout bon accord ; mais si je voulions souffler une petite bredouille dans l'oreille du papa, il varrait bien que Mademoiselle Argante est la fille de sa mère ; Mais velà tout. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  19. Il est bizarre, je l'avoue ; mais c'est l'unique ressource qui nous reste. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  20. Qui est-il ce quelqu'un ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  21. Mais je veux savoir qui c'était, car je me doute que c'est Dorante. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  22. Cette doutance-là, prenez que c'est une çartitude, vous n'y pardrez rian., (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  23. Et si ce n'est pas son envie de vous faire plaisir, est-ce que les volontés ne sont pas libres ? (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  24. C'est-à-dire, maître Pierre, que vous n'êtes pas content de ce que j'ai congédié Dorante ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  25. Acoutez, peut-être que la raison le voudrait ; mais voute avis est bian pus raisonnable que le sian. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  26. Est-ce que je ne la marie pas à un honnête, homme ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  27. Qu'est-ce quou en voulez faire, de leur musicle ? (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  28. Est-ce quou voulez danser la bourrée avec ces violoneux ? (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  29. Ça n'est pas parmis à un maître de maison. (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  30. C'est que mes bonnes qualités sont entarrées avec vous ; c'est qu'ou voulez marier voute fille à voute tête, en lieu de la marier à la mienne ; et drès qu'ou ne voulez pas me complaire en ça, drès que ma raison ne vous sart de rian, et qu'ou prétendez être le maître par-dessus moi qui sis prudent, drès qu'ou allez toujours voute chemin maugré que je vous retienne par la bride, je pards mon temps cheux vous. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  31. C'est une petite simulitude qui viant fort à propos. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  32. C'est ma fille qui vous fait parler, je le vois bien ; mais il n'en sera pourtant que ce que j'ai résolu ; elle épousera aujourd'hui celui que j'attends. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  33. Je lui fais un grand tort, en vérité, de lui donner un homme pour le moins aussi riche que ce fainéant de Dorante, et qui avec cela est gentilhomme ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR ARGANTE)
  34. Ça est vilain à voute âge de bailler comme ça dans la bagatelle ; en vous amuse comme un enfant avec un joujou. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  35. Jamais je n'endurerai ça ; voyez-vous, Monsieur Dorante est amoureux de voute fille, alle est amoureuse de li ; il faut qu'ils voyont le bout de ça. (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  36. Voute père est bian tarrible... (Acte 1, scène 2, MAITRE PIERRE)
  37. Je ne sais qui l'a enhardi ; mais il n'est pas si timide que de coutume avec moi : il m'a bravement injurié et baillé le sobriquet d'impartinent, et m'a enchargé de dire à Mademoiselle Argante qu'alle est une sotte ; et pisque la velà, je li fais ma commission. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  38. Je ne sais ; mais je suis au désespoir de me voir en danger d'épouser un homme que je n'ai jamais vu ; et seulement parce qu'il est le fils de l'ami de mon père. (Acte 1, scène 3, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  39. J'avons arrêté, Monsieur Dorante et moi, ce qu'ou devez faire, et velà cen que c'est. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  40. Il faut qu'ou deveniais folle ; ça est conclu entre nous ; il n'y a pus à dire non : faut parachever. (Acte 1, scène 3, MAITRE PIERRE)
  41. Adieu ; noute maître est sourti, je pense. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  42. Cela est bien laid. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  43. Qu'est-ce que c'est que la société entre nous autres honnêtes gens, s'il vous plaît ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  44. N'est-ce pas une assemblée de fous paisibles qui rient de se voir faire, et qui pourtant s'accordent ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  45. Ce n'est pas comme à Paris, où il faut tous les matins recommencer son visage, et le travailler sur nouveaux frais. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  46. C'est un embarras que tout cela ; et on ne l'a pas à la campagne : il n'y a là que de bons gros coeurs, qui sont francs, sans façon, et de bon appétit. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  47. La manière les prendre est très aisée ; une face large, massive, en fait l'affaire ; et en moins d'un an vous aurez toutes ces mignardises convenables. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  48. Qu'est-ce que c'est qu'un amour qui commence par mais, et qui finit par car ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  49. Il y a si longtemps que nous nous voyons ; c'est toujours la même personne, les mêmes sentiments : cela ne pique pas beaucoup ; mais au bout du compte, c'est un bon garçon ; je l'aime quelquefois plus, quelquefois moins, quelquefois point du tout ; c'est suivant : quand il y a longtemps que je ne l'ai vu, je le trouve bien aimable ; quand je le vois tous les jours, il m'ennuie un peu, mais cela se passe, et je m'y accoutume : s'il y avait un peu plus de mouvement dans mon coeur, cela ne gâterait rien pourtant. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  50. Qu'est-ce que c'est qu'un homme toujours tendre, toujours disant : Je vous adore ; toujours vous regardant avec passion ; toujours exigeant que vous le regardiez de même ? (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  51. est Dorante ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  52. Il est en chemin pour venir ici ; et moi, Mademoiselle Argante, je vians pour vous dire que ce garçon-là n'a pas encore trois jours à vivre. (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  53. Oui, et s'il m'en veut croire, il fera son testament drès ce soir ; car s'il allait trapasser sans le dire au tabellion, j'aimerais autant qu'il ne mourît pas : ce ne serait pas la peine, et ça me fâcherait trop ; en lieu que, s'il me laissait queuque chouse, ça ferait que je me lamenterais plus agriablement sur li. (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  54. Dis donc ce qui lui est arrivé. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  55. Est-il malade, empoisonné, blessé ? (Acte 1, scène 5, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  56. Allons, allons, nigaud, avec ton testament et tes nippes : il n'y a rien que je haïsse tant que des dernières volontés. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  57. J'attends qu'il nous dise l'état où est Dorante. (Acte 1, scène 5, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  58. Peste du benêt ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  59. Comme il est, blafard ! (Acte 1, scène 5, MAITRE-PIERRE)
  60. Il dit que vous refusez de me conserver votre main, et que vous ne voulez pas en venir à la seule ressource qui nous reste. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  61. C'est que cela est fini ; je n'y songe plus. (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  62. Oui, cela va sans dire : retirons-nous ; je crois que votre père est revenu, vous pouvez l'attendre : mais il n'est pas à propos qu'il nous voie, nous autres. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  63. Heureusement, sur le sujet dont il s'agit, il m'a déjà vue dans quelques écarts, et je crois que la chose ira bien ; car il s'agit d'une malice, et je suis femme : c'est de quoi réussir. (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  64. Il n'est pas question, d'en rire, cela est vrai. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  65. C'est bien de l'honneur à moi, mon père. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  66. Voilà qui est fait ; ce n'était qu'une citation que je voulais faire. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  67. Je me retrouve : vous m'avez proposé, il y a quelques jours, un mariage qui m'a bouleversé la tête à force d'y penser : tout rompu qu'il est, je n'en saurais revenir, et il faut que j'en pleure. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  68. D'où vient tant de répugnance pour un mariage qui t'est avantageux ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  69. Va, je te le pardonne ; c'est un petit travers qui t'a pris. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  70. Ma foi, je l'ai cru bon, parce que c'est votre mot favori. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  71. Je ne le dirai plus ; mais revenons ; contez-moi un peu ce que c'est que votre gendre : n'est-ce pas cet homme des champs ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  72. Est-il question d'un autre ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  73. Et qu'est-ce que c'est que cela ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  74. Mais il est gentilhomme. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  75. Vous d'un côté, et Mademoiselle votre fille d'un autre, vous méritez fort bien vos dix lieues ; ce n'est que chacun cinq. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  76. Sa part est meilleure que la vôtre, car nous venons pour l'épouser. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  77. C'est lui qui ordonne, c'est moi qui exécute. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  78. est-il donc ? (Acte 1, scène 8, MONSIEUR-ARGANTE)
  79. Est-ce qu'il n'est pas venu ? (Acte 1, scène 8, MONSIEUR ARGANTE)
  80. C'est que... (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  81. Vous ne savez pas ce que c'est que l'oreille d'une femme. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  82. La surdité lève tout scrupule ; et cela étant, je vous dirai sans façon que Monsieur Eraste va venir ; mais qu'il vous prie de ne point dire à sa future que c'est lui, parce qu'il se fait un petit ragoût de la voir sous le nom seulement d'un ami dudit Monsieur Eraste ; ainsi ce n'est point lui qui va venir, et c'est pourtant lui ; mais lui sous la figure d'un autre que lui : ce que je dis là n'est-il pas obscur ? (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  83. Je crois que le voilà ; c'est lui-même. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  84. À présent je vais chercher mes ballots et les siens ; mais de grâce, avant que de partir, souffrez, Monsieur, que je vous recommande mon coeur ; il est sans condition, daignez lui en trouver une. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  85. Monsieur, tout le monde me dit que Mademoiselle Argante est charmante et tout le monde apparemment ne se trompe pas ; ainsi quand je demande à la voir sous cet habit-ci, ce n'est pas pour vérifier si ce que l'on m'a dit est vrai ; mais peut-être, en m'épousant, ne fait-elle que vous obéir ; cela m'inquiète ; et je ne viens sous un autre nom l'assurer de mes respects, que pour tâcher d'entrevoir ce qu'elle pense de notre mariage. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  86. Il me suffira : que vous disiez à un domestique qu'un de mes amis ; qui m'a précédé, souhaiterait avoir l'honneur de lui parler. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  87. Qu'est-ce quou nous voulez donc ? (Acte 1, scène 9, MAITRE-PIERRE)
  88. Ca ne se peut pas, alle a mal à son estomac et à sa tête. (Acte 1, scène 9, MAITRE-PIERRE)
  89. Comme il est douçoureux. (Acte 1, scène 9, MAITRE-PIERRE)
  90. Le sieur Argante n'y est plus. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  91. Tenez, vous avez une philosomie de bonne apparence : j'esteme qu'ou êtes un bon compère ; velà ma pensée, parmettez la libarté. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  92. Est-ce praticien ou médecin ? (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  93. Tant mieux pour vous, tant pis pour les autres ; et moi je sis le farmier d'ici, et ce n'est tant pis pour parsonne. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  94. C'est de la malice à lui. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  95. J'ai idée qu'on ne l'épousera pas d'un trop bon coeur ici, et c'est bien fait. (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  96. C'est que la fille de cians a eu l'avisement de devenir ratière : alle a mis par exprès son esprit sens dessus dessous, sens devant darrière, à celle fin, quand il la varra, qu'il s'en retorne avec son sac et ses quilles. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  97. C'est-à-dire qu'elle feindra d'être folle ? (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  98. Velà cen que c'est : et si, maugré la folie, il la prend pour femme, n'y aura pus de rats ; mais ce qu'an mettra en lieu et place, les vaura bian. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  99. Stapendant la fille est sage ; mais quand on a bouté son amiquié ailleurs, et qu'en a un mari en avarsion, sage tant qu'ou vourez, il faut que sagesse dégarpisse ; et pis après, toute voute médecine ne garira pas Monsieur Eraste du mal qui li sera fait, le paure niais ! (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  100. Vous savez qu'on vous a destinés l'un à l'autre : mais il ne veut jouir du bonheur qu'on lui assure, qu'autant que votre coeur y souscrira : c'est un respect que le sien vous doit, et que vous méritez plus que personne : daignez donc, Madame, me confier ce que vous pensez là-dessus ; afin qu'il se conforme à vos volontés. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  101. Je me trompais, c'est dans quatre ans que je voulais dire. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  102. Ne manquez pas aussi de l'assurer de mon estime. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  103. est-il grand, est-il petit ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  104. On dit qu'il est chasseur ; mais sait-il l'histoire ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  105. Il verrait que la chasse est dangereuse. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE ARGANTE)
  106. Ce n'est pas la peine, Madame, il me ressemble trait pour trait. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  107. Ma commission est faite, Madame ; je sais vos sentiments, dispensez-vous du désordre d'esprit que vous affectez ; un coeur comme le vôtre doit être libre, et mon ami sera au désespoir de l'extrémité où la crainte d'être à lui vous a réduite. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  108. On ne saurait désapprouver le parti que vous avez pris : l'autorité d'un père ne vous a laissé que cette ressource, et tout est permis pour se sauver du danger où vous étiez : mais c'en est fait ; livrez-vous au penchant qui vous est cher, et pardonnez à mon ami les frayeurs qu'il vous a données ; je vais l'en punir en lui disant ce qu'il perd. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  109. C'est assurément là Eraste. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  110. C'est que je prends part à ce qui le regarde. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  111. Est-il vrai qu'il vous ressemble ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  112. Il n'est que trop vrai. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  113. Il n'est pas bien loin. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  114. Est-il possible que je vous aie haï ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  115. Au milieu de mon bonheur il me reste une inquiétude. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  116. Dites ce que c'est, et vous ne l'aurez plus. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  117. Qu'est-ce que c'est donc que tout ça ? (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)
  118. Voute père, voute amant, tout ça est content ; mais de tous ces biaux contentements-là, moi et Monsieur Dorante, je n'y avons ni part ni portion. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)
  119. C'est marché fait : chantez et dansez à votre aise, à cette heure, je n'y mets pus d'empêchement. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)

LA DISPUTE (1747)

  1. Tout y est prêt. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  2. Je n'y comprends rien ; qu'est-ce que c'est que cette maison où vous me faites entrer, et qui forme un édifice si singulier ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  3. À un spectacle très curieux ; vous savez la question que nous agitâmes hier au soir. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  4. Cela n'est pas croyable. (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  5. Sans doute, Hermiane, je n'y trouve pas plus d'apparence que vous, ce n'est pas moi qu'il faut combattre là-dessus, je suis de votre sentiment contre tout le monde, vous le savez. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  6. Si c'est par galanterie, je ne m'en doute pas. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  7. Il est vrai que je vous aime, et que mon extrême envie de vous plaire peut fort bien me persuader que vous avez raison, mais ce qui est de certain, c'est qu'elle me le persuade si finement que je ne m'en aperçois pas. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  8. Je n'estime point le coeur des hommes, et je vous l'abandonne ; je le crois sans comparaison plus sujet à l'inconstance et à l'infidélité que celui des femmes ; je n'en excepte que le mien, à qui même je ne ferais pas cet honneur-là si j'en aimais une autre que vous. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  9. Oui, c'est la nature elle-même que nous allons interroger, il n'y a qu'elle qui puisse décider la question sans réplique, et sûrement elle prononcera en votre faveur. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  10. Pour bien savoir si la première inconstance ou la première infidélité est venue d'un homme, comme vous le prétendez, et moi aussi, il faudrait avoir assisté au commencement du monde et de la société. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  11. Nous allons y être ; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu'ils étaient, ou du moins tels qu'ils ont dû être ; ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères ; vous allez voir le même état de coeur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s'il est possible. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  12. logé à part, et où actuellement même il occupe un terrain dont il n'est jamais sorti, de sorte qu'ils ne se sont jamais vus. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  13. C'est toujours le même, mais vous n'en connaissez pas toute l'étendue. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  14. Qu'est-ce que c'est que cette eau ne je vois et qui roule à terre ? (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  15. Vous avez raison, et c'est ce qu'on appelle un ruisseau. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  16. Carise, approchez, venez voir, il y a quelque chose qui habite dans le ruisseau qui est fait comme une personne, et elle paraît aussi étonnée de moi que je le suis d'elle. (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  17. Non, c'est vous que vous y voyez tous les ruisseaux font cet effet-là. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  18. C'est là moi, c'est mon visage ? (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  19. Mais savez-vous bien que cela est très beau, que cela fait un objet charmant ? (Acte 1, scène 3, EGLÉ)
  20. Il est vrai que vous êtes belle. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  21. Qu'est-ce que c'est que cela, une personne comme moi ?... (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  22. La voilà, c'est vous, qu'elle est bien faite ! (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  23. c'est tout comme moi. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  24. C'est ma pensée, mais on ne peut pas se voir davantage, car nous sommes là. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  25. C'est ce qui m'arrive, nous nous ressemblons en tout. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  26. Oui, mais je vous assure qu'il vous sied fort bien de ne l'être pas tant que moi, je ne voudrais pas que vous fussiez autrement, c'est une autre perfection, je ne nie pas la mienne, gardez-moi la vôtre. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  27. Non, vous n'avez qu'à regarder dans cette eau qui coule, mon visage y est, vous l'y verrez. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  28. C'est qu'il y a une grande nouvelle ; vous croyez que nous ne sommes que trois, je vous avertis que nous sommes quatre ; j'ai fait l'acquisition d'un objet qui me tenait la main tout à l'heure. (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  29. Je sais qui c'est, je crois même l'avoir entrevu qui se retirait ; cet objet s'appelle un homme, c'est Azor, nous le connaissons. (Acte 1, scène 5, MESROU)
  30. C'est Azor ? (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  31. C'est Carise et Mesrou, ce sont mes amis. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  32. L'un est l'homme, et l'autre la femme. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  33. Mes enfants, je vous l'ai déjà dit, votre destination naturelle est d'être charmés l'un de l'autre. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  34. Oui, je comprends, c'est d'être toujours ensemble. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  35. Au contraire, c'est qu'il faut de temps en temps vous priver du plaisir de vous voir. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  36. N'en riez pas, elle vous donne un très bon conseil, ce n'est qu'en pratiquant ce qu'elle vous dit là, et qu'en nous séparant quelquefois, que nous continuons de nous aimer, Carise et moi. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  37. Tout ce que vous avez pu faire, c'est de vous supporter l'un et l'autre. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  38. C'est que vous ne me charmez pas ; au lieu que nous nous charmons, Azor et moi ; il est si beau, moi si admirable, si attrayante, que nous nous ravissons en nous contemplant. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  39. Parlez de notre plaisir, vous ne savez pas ce que c'est, nous ne le comprenons pas, nous qui le sentons, il est infini. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  40. Vous m'impatientez, Mesrou ; est-ce qu'à force de nous voir nous deviendrons laids ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  41. Qu'est-ce qui nous empêchera de le sentir puisque nous le sommes ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  42. Qu'est-ce que cela nous ferait ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  43. Est-ce là raisonner ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  44. Azor et moi, nous nous aimons, voilà qui est fini, devenez beau tant qu'il vous plaira, que nous importe ? (Acte 1, scène 6, EGL?)
  45. Ce sera votre affaire, la nôtre est arrêtée. (Acte 1, scène 6, EGL?)
  46. Ils n'y comprendront jamais rien, il faut être nous pour savoir ce qui en est. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  47. Mon amitié, c'est ma vie. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  48. Oui, ma vie, comment est-il possible qu'on soit si belle, qu'on ait de si beaux regards, une si belle bouche, et tout si beau ? (Acte 1, scène 6, AZOR)
  49. Il est vrai qu'il vous adore. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  50. Que c'est bien dit, je l'adore ! (Acte 1, scène 6, AZOR)
  51. Mais il n'y a qu'un moyen de la conserver, c'est de nous en croire ; et si vous avez la sagesse de vous y déterminer, tenez, Eglé, donnez ceci à Azor, ce sera de quoi l'aider à supporter votre absence. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  52. Je me reconnais ; c'est encore moi, et bien mieux que dans les eaux du ruisseau, c'est toute ma beauté, c'est moi, quel plaisir de se trouver partout ! (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  53. C'est Eglé, c'est ma chère femme, la voilà, sinon que la véritable est encore plus belle. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  54. Voyons, je ne saurais l'ouvrir ; essayez, Azor, c'est là qu'elle a dit de presser. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  55. Ce n'est que moi, je pense, c'est ma mine que le ruisseau d'ici près m'a montrée. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  56. Point du tout, cher homme, c'est plus moi que jamais, c'est réellement votre Eglé, la véritable, tenez, approchez. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  57. Oui, c'est vous, attendez donc, c'est nous deux, c'est moitié l'un et moitié l'autre ; j'aimerais mieux que ce fût vous toute seule, car je m'empêche de vous voir tout entière. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  58. Le portrait est aussi une excellente chose. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  59. Sur ces absences, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  60. Ce n'est pas à vous de trembler... (Acte 1, scène 7, AZOR)
  61. Allons, allons, tout bien examiné, mon parti est pris : donnons-nous du chagrin, séparons-nous pour deux heures, j'aime encore mieux votre coeur et son adoration que votre présence, qui m'est pourtant bien douce. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  62. Restez donc pourvu qu'il n'y ait point de danger. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  63. Il n'y est plus, je suis seule, je n'entends plus sa voix, il n'y a plus que le miroir. (Acte 1, scène 8, EGLÉ)
  64. Allons, je vais m'asseoir auprès du ruisseau, c'est encore un miroir de plus. (Acte 1, scène 8, EGL?)
  65. Qu'est-ce que c'est que ce nouvel objet-ci ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  66. Elle me considère avec attention, mais ne m'admire point, ce n'est pas là un Azor. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  67. C'est encore moins une Eglé... (Acte 1, scène 9, EGL?)
  68. Elle est d'une espèce qui ne me revient point. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  69. Non, d'ordinaire on me prévient, c'est à moi qu'on parle. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  70. C'est moi qui charme les autres. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  71. Ni bien aise ni fâchée, qu'est-ce que cela me fait ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  72. Voilà qui est particulier ! (Acte 1, scène 9, ADINE)
  73. C'est que vous regardez ailleurs ; contemplez-moi un peu attentivement, là, comment me trouvez-vous ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  74. Mais qu'est-ce que c'est que vous ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  75. Est-il question de vous ? (Acte 1, scène 9, EGL?)
  76. Je vous dis que c'est d'abord moi qu'on voit, moi qu'on informe de ce qu'on pense, voilà comme cela se pratique, et vous voulez que ce soit moi qui vous contemple pendant que je suis présente ! (Acte 1, scène 9, EGL?)
  77. Sans doute, c'est la plus belle à attendre qu'on la remarque et qu'on s'étonne. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  78. On vous dit que c'est à la plus belle à attendre. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  79. Mais si ce n'est pas moi, où est-elle ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  80. Et moi je sais que je suis si belle, si belle, que je me charme moi-même toutes les fois que je me regarde, voyez ce que c'est. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  81. Il est vrai que vous êtes passable, et même assez gentille, je vous rends justice, je ne suis pas comme vous. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  82. Mais de croire que vous pouvez entrer en dispute avec moi, c'est se moquer, il n'y a qu'à voir. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  83. Mais c'est aussi en voyant, que je vous trouve assez laide. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  84. C'est que vous me portez envie, et que vous vous empêchez de me trouver belle. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  85. Je n'en suis pas en peine, car je l'ai vu, allez demander ce qu'il est aux eaux du ruisseau qui coule, demandez-le à Mesrin qui m'adore. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  86. Les eaux du ruisseau, qui se moquent de vous, m'apprendront qu'il n'y a rien de si beau que moi, et elles me l'ont déjà appris, je ne sais ce que c'est qu'un Mesrin, mais il ne vous regarderait pas s'il me voyait ; j'ai un Azor qui vaut mieux que lui, un Azor que j'aime, qui est presque aussi admirable que moi, et qui dit que je suis sa vie ; vous n'êtes la vie de personne, vous ; et puis j'ai un miroir qui achève de me confirmer tout ce que mon Azor et le ruisseau assurent ; y a-t-il rien de plus fort ? (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  87. Jetez les yeux sur celui-ci pour y savoir votre médiocrité, et la modestie qui vous est convenable avec moi. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  88. C'est une nouvelle figure que j'ai rencontrée et que ma beauté désespère. (Acte 1, scène 10, ADINE)
  89. Je ne lui demande qu'un coup d'oeil dans le mien, qui est le véritable. (Acte 1, scène 10, ADINE)
  90. est son imbécile Mesrin ? (Acte 1, scène 10, EGLÉ)
  91. Mon mérite est son aversion. (Acte 1, scène 10, ADINE)
  92. C'est vous, c'est mon Adine qui est revenue ; que j'ai de joie ! (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  93. Non, remettez votre joie, je ne suis pas revenue, je m'en retourne, ce n'est que par hasard que je suis ici. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  94. Je suis belle, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 12, ADINE)
  95. Elle-même ; en vous quittant, j'ai trouvé une nouvelle personne qui est d'un autre monde, et qui, au lieu d'être étonnée de moi, d'être transportée comme vous l'êtes et comme elle devrait l'être, voulait au contraire que je fusse charmée d'elle, et sur le refus que j'en ai fait, m'a accusée d'être laide. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  96. C'est qu'elle était fâchée. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  97. Mais, est-ce bien une personne ? (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  98. C'en est une aussi. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  99. Oui, c'est une Eglé. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  100. Voici à présent comme elle est faite : c'est un visage fâché, renfrogné, qui n'est pas comme celui de Carise, qui n'est pas blanc comme le mien non plus, c'est une couleur qu'on ne peut pas bien dire. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  101. Prenez-la, c'est pour vous que je l'ai. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  102. Allons, tout est dit, partons. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  103. Mais j'aperçois quelqu'un, c'est une personne comme moi, serait-ce Eglé ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  104. Non, car elle n'est point difforme. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  105. C'est ce que je pensais. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  106. On vous a dit : est-ce que vous connaissez des personnes (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  107. Moi, c'est la même chose, d'où venez-vous ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  108. Est-ce du mien ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  109. Voilà ce que c'est, je vous trouve de même, un bon camarade, moi un autre bon camarade, je me moque du visage. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  110. Quoi donc, c'est par la bonne humeur que je vous regarde ; à propos, prenez-vous vos repas ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  111. Je les prends aussi ; prenons-les ensemble pour notre divertissement, afin de nous tenir gaillards ; allons, ce sera pour tantôt : nous rirons, nous sauterons, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  112. C'est elle qui en a un qui vaut mieux que nous deux. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  113. Est-ce que ma blanche n'en a pas aussi qui sont célestes, et que je caresse tant qu'il me plaît ? (Acte 1, scène 13, AZOR)
  114. Tant mieux, je viens de quitter les miennes, et il faut que je vous quitte aussi pour une petite affaire ; restez ici jusqu'à ce que je revienne avec mon Adine, et sautons encore pour nous réjouir de l'heureuse rencontre. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  115. Qu'est-ce que c'est que cela : qui plaît tant ? (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  116. C'est ma blanche, c'est Eglé. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  117. Eglé, c'est là ce visage fâché ? (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  118. C'est donc un nouvel ami qui nous a apparu tout d'un coup ? (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  119. Oui, c'est un camarade que j'ai fait, qui s'appelle homme, et qui arrive d'un monde ici près. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  120. L'homme, il n'y a qu'à y rester. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  121. C'est ce que nous disions, car il est tout à fait bon et joyeux ; je l'aime, non pas comme j'aime ma ravissante Eglé que j'adore, au lieu qu'à lui je n'y prends seulement pas garde, il n'y a que sa compagnie que je cherche pour parler de vous, de votre bouche, de vos yeux, de vos mains, après qui je languissais. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  122. Doucement, ce n'est pas ici votre blanche, c'est la mienne, ces deux mains sont à moi, vous n'y avez rien. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  123. Il n'y a pas de mal ; mais, à propos, allez vous-en, Azor, vous savez bien que l'absence est nécessaire, il n'y a pas assez longtemps que la nôtre dure. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  124. Mais vous allez rester seule. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  125. Ce n'est peut-être pas la vérité. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  126. Et moi je me doute que ce n'est pas un mensonge. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  127. C'est qu'il y a longtemps que je me promène. (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  128. Ce n'est pas du chagrin non plus, c'est de l'embarras d'esprit. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  129. Il est vrai. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  130. C'est que j'ai dessein d'aimer toujours Azor, et j'ai peur d'y manquer. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  131. Sans doute ; si le plaisir de se voir s'en va quand on le prend trop souvent, est-ce ma faute à moi ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  132. Pas mal de temps ; nous avons déjà eu trois conversations ensemble, et apparemment que la longueur des entretiens est contraire. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  133. Et qui est-ce qui a voulu les baiser ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  134. Et qui est aimable ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  135. Il n'a qu'a me plaire davantage, car à l'égard d'être aimée, je suis bien aise de l'être, je le déclare, et au lieu d'un camarade, en eût-il cent, je voudrais qu'ils m'aimassent tous, c'est mon plaisir ; il veut que ma beauté soit pour lui tout seul, et moi je prétends qu'elle soit pour tout le monde. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  136. Ce n'en est pas une, vous aviez tant promis de l'aimer constamment. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  137. Attendez, quand je l'ai promis, il n'y avait que lui, il fallait donc qu'il restât seul, le camarade n'était pas de mon compte. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  138. Il est vrai que je ne les estime pas beaucoup ; il y en a pourtant une excellente, c'est que le camarade vaut mieux qu'Azor. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  139. Vous vous méprenez encore là-dessus, ce n'est pas qu'il vaille mieux, c'est qu'il a l'avantage d'être nouveau venu. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  140. Mais cet avantage-là est considérable, n'est-ce rien que d'être nouveau venu ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  141. N'est-ce rien que d'être un autre ? (Acte 1, scène 15, EGL?)
  142. Cela est fort joli, au moins, ce sont des perfections qu'Azor n'a pas. (Acte 1, scène 15, EGL?)
  143. Au lieu qu'Azor n'en est pas à vous aimer. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  144. Vous n'écoutez donc pas ; mon bon coeur le condamne, mon bon coeur l'approuve, il dit oui, il dit non, il est de deux avis, il n'y a donc qu'a choisir le plus commode. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  145. C'est de fuir le camarade d'Azor ; allons, venez ; vous n'aurez pas la peine de combattre. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  146. C'est que je vous le défends ; Mesrou et moi, nous devons avoir quelque autorité sur vous, nous sommes vos maîtres. (Acte 1, scène 16, CARISE)
  147. Qu'est-ce que c'est qu'un maître ? (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  148. Je n'espère pas le contraire, il n'y a qu'à lui demander ce qui en est. (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  149. Vous voyez bien qu'il parle de son âme ; est-ce que vous m'aimez ? (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  150. C'est moi qui l'étais, et qui n'ai plus besoin de son portrait. (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  151. Non, c'est ce beau visage-là qui veut que je la laisse. (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  152. C'est qu'il a des yeux, voilà tout. (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  153. Oui, il est triste ; ah ! (Acte 1, scène 17, EGLÉ)
  154. Il est vrai. (Acte 1, scène 17, EGLÉ)
  155. Arrêtez donc, que voulez-vous dire, vous ne m'aimez plus, qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 17, EGLÉ)
  156. Tout à l'heure vous saurez le reste. (Acte 1, scène 17, AZOR)
  157. Laissez-moi faire, je ne vous en aimerai que mieux, si je puis le ravoir, c'est seulement que je ne veux rien perdre. (Acte 1, scène 18, EGLÉ)
  158. C'est que je l'ai donné. (Acte 1, scène 19, MESRIN)
  159. Qu'est-ce que c'est que toutes ces figures-là, qui arrivent en grondant ? (Acte 1, scène 20, EGLÉ)
  160. C'est vous, Carise et Mesrou, tout cela est-il hommes ou femmes ? (Acte 1, scène 20, MESLIS)
  161. Que c'est bien dit ! (Acte 1, scène 20, DINA)
  162. Tout est vu ; allons-nous-en. (Acte 1, scène 20, DINA)
  163. Les deux sexes n'ont rien à se reprocher, Madame : vices et vertus, tout est égal entre eux. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  164. Je vous prie, mettez-y quelque différence : votre sexe est d'une perfidie horrible, il change à propos de rien, sans chercher même de prétexte. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  165. Je l'avoue, le procédé du vôtre est du moins plus hypocrite, et par là plus décent, il fait plus de façon avec sa conscience que le nôtre. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)

ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR (1723)

  1. Le jeune homme que vous avez enlevé à ses parents est un beau brun, bien fait ; c'est la figure la plus charmante du monde ; il dormait dans un bois quand vous le vîtes, et c'était assurément voir l'Amour endormi ; je ne suis donc point surpris du penchant subit qui vous a pris pour lui. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Est-il rien de plus naturel que d'aimer ce qui est aimable ? (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  3. Eh bien, l'un me fait oublier l'autre : cela est encore fort naturel. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  4. C'est la pure nature ; mais il reste une petite observation à faire : c'est que vous enlevez le jeune homme endormi, quand peu de jours après vous allez épouser le même Merlin qui en a votre parole. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Cela devient sérieux ; et entre nous, c'est prendre la nature un peu trop à la lettre ; cependant passe encore ; le pis qu'il en pouvait arriver, c'était d'être infidèle ; cela serait très vilain dans un homme, mais dans une femme, cela est plus supportable : quand une femme est fidèle, on l'admire ; mais il y a des femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées ; vous êtes de celles-là, moins de gloire, et plus de plaisir, à la bonne heure. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. C'est bien dit, poursuivons : vous portez le jeune homme endormi dans votre palais, et vous voilà à guetter le moment de son réveil ; vous êtes en habit de conquête, et dans un attirail digne du mépris généreux que vous avez pour la gloire, vous vous attendiez de la part du beau garçon à la surprise la plus amoureuse ; il s'éveille, et vous salue du regard le plus imbécile que jamais nigaud ait porté : vous vous approchez, il bâille deux ou trois fois de toutes ses forces, s'allonge, se retourne et se rendort : voilà l'histoire curieuse d'un réveil qui promettait une scène si intéressante. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Depuis quinze jours qu'il est ici, sa conversation a toujours été de la même force ; cependant vous l'aimez, et qui pis est, vous laissez penser à Merlin qu'il va vous épouser, et votre dessein, m'avez-vous dit, est, s'il est possible, d'épouser le jeune homme ; franchement, si vous les prenez tous deux, suivant toutes les règles, le second mari doit gâter le premier. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Je vais te répondre en deux mots : la figure du jeune homme en question m'enchante ; j'ignorais qu'il eût si peu d'esprit quand je l'ai enlevé. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  9. Il est déjà le plus beau brun du monde, mais sa bouche, ses yeux, tous ses traits seront adorables, quand un peu d'amour les aura retouchés, mes soins réussiront peut-être à lui en inspirer. (Acte 1, scène 1, LA F?E)
  10. Mais si le jeune homme n'est jamais, ni plus amoureux, ni plus spirituel, si l'éducation que vous tâchez de lui donner ne réussit pas, vous épouserez donc Merlin ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Oh, je m'en serais bien douté, sans que vous me l'eussiez dit : femme tentée, et femme vaincue, c'est tout un. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Je ne l'entends pas, où est-il ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  13. Dame, cela est drôle ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  14. Aimez, aimez, rien n'est si doux. v.7 (Acte 1, scène 3, CHANTEUSE)
  15. C'est-à-dire qu'il soupire après sa collation ; mais voici un paysan qui veut vous donner le plaisir d'une danse de village, après quoi nous irons manger. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  16. Ce n'est pas ma faute, je sais bien que toutes nos bergères ont chacune un berger qui ne les quitte point ; elles me disent qu'elles aiment, qu'elles soupirent ; elles y trouvent leur plaisir. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  17. Par exemple, à présent, je vous haïrais si vous restiez ici. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  18. Je me retirerai donc, puisque c'est vous plaire, mais pour me consoler, donnez-moi votre main, que je la baise. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  19. On dit que c'est une faveur, et qu'il n'est pas honnête d'en faire, et cela est vrai, car je sais bien que les bergères se cachent de cela. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  20. Oui ; mais puisque c'est une faute, je ne veux point la faire qu'elle ne me donne du plaisir comme aux autres. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  21. Mais qui est-ce qui vient là ? (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  22. Est-ce que vous l'aimez, vous ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  23. C'est bien fait, il faut n'aimer personne que nous deux ; voyez si vous le pouvez ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  24. De reste, je ne trouve rien de si aisé. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  25. Qu'est-ce que vous avez, ma chère amie ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  26. C'est que cette Fée est plus belle que moi, et j'ai peur que notre amitié ne tienne pas. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  27. C'est mon mouchoir, donnez. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  28. Qu'est-ce que vous en faites ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  29. est-il à présent ? (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  30. Quoi, qu'est-ce que c'est ? (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  31. Merlin est venu pour vous voir. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  32. Je suis ravie de ne m'y être point rencontrée ; car c'est une grande peine que de feindre de l'amour pour qui l'on n'en sent plus. (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  33. En vérité, Madame, c'est bien dommage que ce petit innocent l'ait chassé de votre coeur ! (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  34. Merlin est au comble de la joie, il croit vous épouser incessamment. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  35. Mais je vois bien que de ces plaisirs-là il n'en tâtera qu'en idée, et cela est d'une triste ressource, quand on s'en est promis la belle et bonne réalité. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  36. Qu'est-ce que cela veut dire ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  37. Je gagerais moi que c'est un linge qui sent le musc. (Acte 1, scène 7, TRIVELIN)
  38. Il ne m'en a jamais tant dit depuis qu'il est ici. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  39. Madame, voulez-vous avoir la bonté de vouloir bien me dire comment on est quand on aime bien une personne ? (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  40. Est-ce que vous sentez tout ce que je dis là ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  41. Non, c'est une curiosité que j'ai. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  42. Il jase, il est vrai, mais sa réponse ne me plaît pas : mon cher Arlequin, ce n'est donc pas de moi que vous parlez ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  43. Qu'est-ce que cela signifie ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  44. À qui est-il ? (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  45. Il est à... (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  46. Il n'est pas à moi et il le baisait ; n'importe, cachons-lui mes soupçons, et ne l'intimidons pas ; car il ne me découvrirait rien. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  47. Je vous avoue, Madame, que voici une aventure où je ne comprends rien, que serait-il donc arrivé à ce petit peste-là ? (Acte 1, scène 8, TRIVELIN)
  48. As-tu vu comme il est changé ? (Acte 1, scène 8, LA FÉE)
  49. Et ce n'est pas de moi qu'il tient toutes ces grâces-là ! (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  50. Il a déjà de la délicatesse de sentiment, il s'est retenu, il n'ose me dire à qui appartient le mouchoir, il devine que j'en serais jalouse ; ah ! (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  51. Tiens, j'étais ici quand il est venu ; dès qu'il s'est approché, le coeur m'a dit que je l'aimais ; cela est admirable ! (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  52. Il s'est approché aussi, il m'a parlé ; sais-tu ce qu'il m'a dit ? (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  53. J'étais plus contente que si on m'avait donné tous les moutons du hameau : vraiment je ne m'étonne pas si toutes nos bergères sont si aises d'aimer ; je voudrais n'avoir fait que cela depuis que je suis au monde, tant je le trouve charmant ; mais ce n'est pas tout, il doit revenir ici bientôt ; il m'a déjà baisé la main, et je vois bien qu'il voudra me la baiser encore. (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  54. Fais comme tu pourras, mais on m'attend, je ne puis rester plus longtemps, adieu, ma cousine. (Acte 1, scène 9, LA-COUSINE)
  55. J'aimerais autant ne point aimer que d'être obligée d'être sévère ; cependant elle dit que cela entretient l'amour, voilà qui est étrange ; on devrait bien changer une manière si incommode ; ceux qui l'on inventée n'aimaient pas tant que moi. (Acte 1, scène 10, SILVIA)
  56. Assez, ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  57. Le coeur me bat quand je baise votre main et que vous dites que vous m'aimez, et c'est marque que ces choses-là sont bonnes à mon amitié. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  58. Baisez, cela est juste. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  59. Il est vrai, mon amie ; cela est donc arrêté ? (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  60. Ce n'est que pour rire au moins, autrement... (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  61. C'est tout de bon ? (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  62. Qu'est-ce que j'ai donc ? (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  63. Je n'ai pu paraître aimable à tes yeux, je n'ai pu t'inspirer le moindre sentiment, malgré tous les soins et toute la tendresse que tu m'as vue ; et ton changement est l'ouvrage d'une misérable bergère ! (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  64. Qu'est-ce que vous voulez ? (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  65. C'est que je n'aime à voir mourir personne. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  66. Mon cher Arlequin, regarde-moi, repens-toi de m'avoir désespérée, j'oublierai de quelle part t'est venu ton esprit ; mais puisque tu en as, qu'il te serve à connaître les avantages que je t'offre. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  67. C'est que j'ai laissé prendre mon coeur par cette petite friponne qui est plus laide que vous. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  68. Elle t'abusait, je le sais bien, puisqu'elle doit épouser un berger du village qui est son amant : si tu veux, je m'en vais l'envoyer chercher, et elle te le dira elle-même. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  69. La peste ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  70. Je ne sais point si ce juron-là est bon ; mais je me souviens à cette heure, quand on me lisait des histoires, d'avoir vu qu'on jurait par le six, le tix, oui le Styx. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  71. C'est la même chose. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  72. N'importe, jurez toujours ; dame, puisque vous craignez, c'est que c'est le meilleur. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  73. Mon serment me lie, mais je n'en sais pas moins le moyen d'épouvanter la bergère sans être présente, et il me reste une ressource ; je donnerai mon anneau à Trivelin qui les écoutera invisible, et qui me rapportera ce qu'ils auront dit. (Acte 1, scène 15, LA FÉE)
  74. Est-il d'aventure plus triste que la mienne ? (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  75. Je n'ai lieu d'aimer plus que je n'aimais, que pour en souffrir davantage ; cependant il me reste encore quelque espérance ; mais voici ma rivale. (Acte 1, scène 17, LA F?E)
  76. Madame, est-ce que vous voulez toujours me retenir de force ici ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  77. Si ce beau garçon m'aime, est-ce ma faute ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  78. Arlequin va paraître ici : je vous ordonne de lui dire que vous n'avez voulu que vous divertir avec lui, que vous ne l'aimez point, et qu'on va vous marier avec un berger du village ; je ne paraîtrai point dans votre conversation, mais je serai à vos côtés sans que vous me voyiez, et si vous n'observez mes ordres avec la dernière rigueur, s'il vous échappe le moindre mot qui lui fasse deviner que je vous aie forcée à lui parler comme je le veux, tout est prêt pour votre supplice. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  79. Cela est-il raisonnable ? (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  80. Il se mettra à pleurer, et je me mettrai à pleurer aussi : vous savez bien que cela est immanquable. (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  81. Ce n'est pas tout; allez prendre l'ingrat qu'elle aime, et donnez-lui la mort à ses yeux. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  82. Si vous versez une larme, si vous ne paraissez tranquille, il est perdu, et vous aussi. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  83. On m'a fait venir ici pour vous parler ; j'ai hâte, qu'est-ce que vous voulez ? (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  84. Est-ce vrai que vous m'avez fourbé ? (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  85. Mon amie, dites franchement, cette coquine de fée n'est point ici, car elle en a juré. (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  86. Oui, encore une fois, tout cela est vrai. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  87. Madame la Fée, pardonnez-moi en quelque endroit que vous soyez ici, vous voyez bien ce qui en est. (Acte 1, scène 18, SILVIA)
  88. Non, mes enfants, ce n'est pas la Fée ; mais elle m'a donné son anneau, afin que je vous écoutasse sans être vu. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  89. Ce serait bien dommage d'abandonner de si tendres amants à sa fureur : aussi bien ne mérite-t-elle pas qu'on la serve, puisqu'elle est infidèle au plus généreux magicien du monde, à qui je suis dévoué : soyez en repos, je vais vous donner un moyen d'assurer votre bonheur. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  90. Pour vous, Arlequin, quand Silvia sera sortie, vous resterez avec la Fée, et alors en l'assurant que vous ne songez plus à Silvia infidèle, vous jurerez de vous attacher à elle, et tâcherez par quelque tour d'adresse, et comme en badinant, de lui prendre sa baguette ; je vous avertis que dès qu'elle sera dans vos mains, la Fée n'aura plus aucun pouvoir sur vous deux ; et qu'en la touchant elle-même d'un coup de la baguette, vous en serez absolument le maître. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  91. Pour lors, vous pourrez sortir d'ici et vous faire telle destinée qu'il vous plaira. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  92. Qu'il est drôle ! (Acte 1, scène 20, SILVIA)
  93. Je me soucie bien de cela : c'est une petite laide qui ne vous vaut pas. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  94. Qu'elle est en colère. (Acte 1, scène 22, SILVIA)
  95. Laissons-la, mon ami, soyons généreux : la compassion est une belle chose. (Acte 1, scène 22, SILVIA)

Dans les 1907 textes du corpus, il y a 35 textes (soit une présence dans 1,84 % des textes) dans lesquels il y a 7374 occurences de la forme recherchée, soit une moyenne de 210,69 occurences par texte.

Titres Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4 Acte 5 Prologue Total
1 F?LICIE840000084
2 FÉLICIE1000001
3 LA DOUBLE INCONSTANCE127112100000339
4 LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE16600000166
5 LES ACTEURS DE BONNE FOI12600000126
6 ANNIBAL37525053350227
7 LE TRIOMPHE DE PLUTUS12700000127
8 LE TRIOMPHE DE PLUTUS120000012
9 LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR9811368000279
10 L'H?RITIER DE VILLAGE14200000142
11 L'?LE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES9709578026296
12 LA JOIE IMPR?VUE17100000171
13 L'?PREUVE17400000174
14 L'ÉPREUVE3000003
15 LES SINC?RES18100000181
16 LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD979972000268
17 LA PROVINCIALE20600000206
18 LE PRINCE TRAVESTI12912141000291
19 LES FAUSSES CONFIDENCES150143108000401
20 LE LEGS21900000219
21 LA R?UNION DES AMOURS12100000121
22 LA FEMME FID?LE10400000104
23 L'?COLE DES M?RES14600000146
24 L'ÉCOLE DES MÈRES4000004
25 LE PR?JUGE VAINCU16800000168
26 LE TRIOMPHE DE L'AMOUR10013973000312
27 LA SURPRISE DE L'AMOUR1177581000273
28 L'ILE DES ESCLAVES12100000121
29 L'ILE DES ESCLAVES2000002
30 LA M?RE CONFIDENTE1238372000278
31 LA COMM?RE23300000233
32 L'HEUREUX STRATAG?ME978782000266
33 LE PETIT MA?TRE CORRIG?10812082000310
34 LA M?PRISE16300000163
35 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI799499000272
36 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI501100016
37 LES SERMENTS INDISCRETS691036853660359
38 LA COLONIE13100000131
39 LE D?NOUEMENT IMPR?VU11900000119
40 LA DISPUTE16500000165
41 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR940000094
42 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR1000001
43 L'ÎLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES0003003
  Total461713411102187101267374

 

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