À deux personnages, c'est à savoir
Texte établi par Paul FIEVRE avril 2016.
publié par Paul FIEVRE mai 2016.
© Théâtre classique - Version du texte du 30/11/2022 à 23:16:00.
ACTEURS
LE PRÊCHEUR.
LE CUISINIER.
Nota : Tiré de "Ancien théâtre français ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusqu'à Corneille" par M. VIOLLET LE DUC, Paris, 1854, Tome II. pp 5-21.
LE PRÊCHEUR, commence.
Bibite et comedite. Mathei undecima secunda. [ 1 Bibite : désinence du verbe boire en latin.]
Messeigneurs, faites paix. Hola !
Les paroles ci proposées
Si furent jadis composées
5 | Dedans le fonds d'un beau sellier, |
Comme récite Saint Valier, [ 2 Saint-Vallier : Valère de Langres, archidiacre et Martyr chrétien mort en 411.]
Écrites d'or en lettre jaune,
Sur un tonneau de vin de Beaune [ 3 Beaune : Ville de Bourgogne, situé à 150km au nord de Lyon, célèbre pour son vin.]
Au quart livre ad Epheseos,
10 | Et furent racontés et dites |
Du tout et de nouveau écrites
Undecimo ad Hebreos,
Là où dit monseigneur Saint Pou
Qu'on doit boire jusques au clou,
15 | Tandis qu'on a denier ne maille, |
Et puis après, vaille que vaille,
Dominus, providebis nos.
LE CUISINIER.
Et qui est ce videur de pots
Qui nous vient ici empêcher
20 | De chanter ? Voise ailleurs prêcher. |
Mais avisez quel champion
Or est-il le plus franc pion
Qui soit point d'ici en Bourgogne.
LE PRÊCHEUR.
Et faites taire cet ivrogne
25 | Que mon sermon puisse parfaire. |
LE CUISINIER.
Il y aurait beaucoup à faire ;
Me tairé-je pour une ivraies ?
Quel vaillant prêcheur de mes braies
Ne sait pas son De profundis. [ 4 De profundis, premier mots latins du Psaume 130, tiré du Livre des Psaumes de la Bible.]
LE PRÊCHEUR.
30 | Seigneurs, entendez à mes dits. |
Dieu pourvoira toujours ceux-là
Qui croiront ces articles là
Que qui bien boit, dire le vueil, [ 5 Vueil : vouloir, volonté. ]
Tant que la larme vient à l'oeil,
35 | Ceux sont cousins germains de Dieu, |
Comil recite en celui [ce lieu ?]
Hebrei sunt et ego.
Dieu le dit de sa bouche ergo,
Au matin te dois avancer
40 | De boire pour bien commencer, |
Et, pour mieux réjouir ton sang,
Fais une rostie au vin blanc,
Et puis, pour trouver le goût bon
Pren(e)s moi la cuisse d'un jambon,
45 | Dont tu mangeras un petit. |
Cela te donnera appétit
Et tu bevras mieux tout le jour
De beau vin claret ; sans séjour,
Bois après jusques à minuit.
LE CUISINIER.
50 | Dépêche toi, car il m'ennuie ; |
Ne nous fais point long prêchement.
Il a tant bu, par mon serment,
Qu'il ne sait qu'il fait ne qu'il dit.
LE PRÊCHEUR.
Or es-tu bien de Dieu maudit
55 | De me détourner ma parole. |
LE CUISINIER.
Tout ce qu'il dit n'est que frivole
Et nous tiendra jusqu'à demain.
LE PRÊCHEUR.
Dieu a commandé de sa main
Qu'on se doit au matin lever
60 | Pour bien arroser le gosier |
Car qui bien boit longuement vit,
Ainsi que le note Davit,
Media nocte surgebam.
Pourquoi ? Pour arroser la dent
65 | Car qui veut es saints cieux aller |
Lui convient souvent avaler
Bonum vinum et optimum.
LE CUISINIER.
Écoutez quel vaillant sermon.
L'autre jour but tant, se m'ait dieux,
70 | Qu'il perdit presque l'un des yeux, |
Et de l'autre n'était pas sain.
Tenez, quel nés de Saint-Poursain,
Enluminé de vin de Beaune !
LE PRÊCHEUR.
Et faites taire ce bec jaune
75 | Qui caquette tant là derrière. |
LE CUISINIER.
Il a bien haussé la bavière ; [ 6 Bavière : ou bavette. Sorte de fraise, de colerette. [Godefroy]]
Tenez, il ne sait où il n'est.
LE PRÊCHEUR.
Seigneurs, écoutez, s'il vous plaît,
Exposer la loi de vinum,
80 | Qui est écrite, se dit-on, |
En Digeste, au douzième livre ;
Ne cuidez pas que je sois ivre. [ 7 Cuider : vieux mot qui signifiait autrefois « penser ». [F]]
LE CUISINIER.
Non, mais il est niais ; tenez,
Qui lui tordrait un peu le nez
85 | De vin rendrait une cimaise. |
LE PRÊCHEUR.
Tu en parles bien à ton aise
Voyez comme il est désiré.
LE CUISINIER.
Mais où a-il si bien pied ?
Il a tant bu qu'il ne voit goutte.
LE PRÊCHEUR.
90 | Et paix que vous ayez la goutte |
LE CUISINIER.
Sera à mon prochain voisin.
LE PRÊCHEUR.
Tu as bien mangé du raisin.
LE CUISINIER.
Je ne bois fors que du meilleur.
LE PRÊCHEUR.
Notre Dame.
LE CUISINIER.
Notre Seigneur.
LE PRÊCHEUR.
95 | Mourir puisses de malle toux ! |
LE CUISINIER.
Je suis sauvé, priez pour vous.
LE PRÊCHEUR.
Pour dieu, qu'on fasse paix meshuyt.
LE CUISINIER.
Dépêche-toi, car il m'ennuie ;
Ne nous fais point longue traînée.
LE PRÊCHEUR.
100 | Dieu te mette en très male année |
Tu ne dusses point boire (de) vin
Mais qui tous jours boit du plus fin
Ne peut avoir que bon courage.
LE CUISINIER.
Mourir puisses de malle rage
105 | L'autre jour but par tel délit |
Qu'il en pissa dedans son lit,
Sauf l'honneur de la compagnie.
LE PRÊCHEUR.
Tu as menti, je te le nie.
LE CUISINIER.
Je m'en rapporte à son hôtesse ;
110 | Car en cuidant faire une vesse |
Il fit tant du prim et du gros [ 8 Vesse : Pet malodorant et silencieux.]
Qu'il lui faillit payer deux gros
Pour lui avancer de blancs draps.
LE PRÊCHEUR.
Or en dis ce que tu voudras
115 | Mais tu es du tout en effet |
Le plus fort ivrogne parfait
Qui soit d'ici en Avignon.
LE CUISINIER.
Et vous êtes mon compagnon
Nous pouvons bien aller ensemble.
LE PRÊCHEUR.
120 | Or écoutez, se bon vous semble ; |
Oyez, s'il vous est acceptable,
Que dit un bon docteur notable
La loi Vinum n'est pas éthique ;
Elle choit souvent en pratique.
125 | Si tu es en mélancolie, |
Bois bon vin, et sans moquerie,
Tu seras en bon point tantôt
Spécialement le mois d'août
Et aussi en toute saison,
130 | On doit boire vin à foyison |
Sans point y mettre de aqua
Car il dit que le rebequa
D'y mettre eau, c'est trop méfait
Dépecer ce que Dieu a fait,
135 | On en doit être bien repris. |
LE CUISINIER.
Aussi ne l'as-tu pas appris ?
Soit au dîner, ou quand on goutte,
Vraiment, s'il en met une goutte,
Je veux être tué d'un vouge ; [ 9 Vouge : arme d'hast médiéval de 2 mètres de long.]
140 | Il lui pert bien à son nez rouge, |
Qui est si très plein de bubettes ; [ 10 Bubette : petite pustule.]
S'il ne porte encor les cliquettes, [ 11 Cliquette : instrument de bois servant à faire du bruit lors de la liturgie exhortant à la charité.]
Je suis content d'être tondu.
LE PRÊCHEUR.
Vas, tu puisses être pendu !
145 | Le très puissant roi divin |
Dit qu'on boive du meilleur vin,
Et nous défendde boire l'eau,
Car autant en fait un chevau Chevau : cheval.
Quant on le mène à la rivière.
150 | Et le prophète nous declare |
Nolite fieri sicut equus et mulus
Quibus non est intellectus.
Le prophète a déclaré
Qu'on boive muscadet, claré,
155 | Ypocras et vin de pineau, |
Et dit qu'on n'y mette point d'eau.
Qui jure, se tu y [en] mets,
Vraiment, tu n'entreras jamais
En paradis ; crois cet article,
160 | Car il est écrit en la Bible, |
Undecimo libri Regum.
LE CUISINIER.
Il n'y a d'ici en Aragon [ 12 Aragon : région du nord de l'Espagne à l'ouest de la Catalogne.]
Un plus fort ivrogne qu'il est,
Et aussi, on voit bien que c'est
165 | Il fut en jeunesse nourri |
De vin, tant qu'il en est pourri,
Et ressemble droit un meseau. [ 13 Meseau : mesel, c'est à dire lépreux.]
LE PRÊCHEUR.
Tu puisses perdre le museau
Et mourir de sanglante rage !
LE CUISINIER.
170 | Mais bien votre sanglant visage |
Car il ne fut anuit lavé. [ 14 Anuit : ou anuyt, aujourd'hui. [Parler angevin]]
LE PRÊCHEUR.
Ceci et voilà trop bavé.
LE CUISINIER.
Regardez ce seigneur notable.
LE PRÊCHEUR.
Or vous taisez, de par le diable.
LE CUISINIER.
175 | Qui vous puisse rompre le col. |
LE PRÊCHEUR.
Et qu'on fasse taire ce fol,
Très fort vilain, puant punais. [ 15 Punais : qui pue du nez.]
LE CUISINIER.
Plus honnête suis que tu n'ais.
Le vez-vous là, ce babouin ? [ 16 Vez : voyez.]
180 | Vraiment, il put tant le vin |
Que je sens d'ici son haleine.
LE PRÊCHEUR.
Et tu fais ta fièvre quartaine. [ 17 Fièvre quartaine : Fièvre quarte ; Fièvre qui ne vient que le quatrième jour, et qui laisse deux jours de repos. [F]]
LE CUISINIER.
C'est bien dit ; reliez-vous là,
Tenez-vous bien.
LE PRÊCHEUR.
Ceci.
LE CUISINIER.
Cela.
LE PRÊCHEUR.
185 | Tant de mines. |
LE CUISINIER.
Tant de caquet. |
LE PRÊCHEUR.
Je te ferai.
LE CUISINIER.
Manger un pet.
LE PRÊCHEUR.
En ton nez.
LE CUISINIER.
Mais bien en ta gorge.
LE PRÊCHEUR.
Tais-toi ; feras ?
LE CUISINIER.
On te le forge.
LE PRÊCHEUR.
N'es-tu pas content que je prêche ?
LE CUISINIER.
190 | Oui bien, mais qu'on se dépêche |
Ne vois-tu pas qu'il est tard ?
LE PRÊCHEUR.
Écoutez que dit Saint Bernard
De pardon mille quarantaines
Auront ceux qui grands tasses pleines
195 | De vin boiront tout à un trait. |
Aussi je le trouve extrait
En un sien livre, où il dit
Bene bibens Deum videbit.
Sont toutes paroles dorées.
200 | En mon livre les ai trouvées, |
Où n'ai mis grand peine à le lire,
Et pourtant vous ose bien dire
Quod ille qui bene bibat,
Par raison bene pissat,
205 | S'il n'a la vessie étoupée. [ 18 Étoupé : remplit d'étoupe. Voir Ronsard, vers 7 du sonnet "Je n'ai plus que les os".] |
Et pour tant la bonne purée
(À) mes amis, je vous recommande
À bien boire chacun ensemble
Tant qu'on pourra signer de croix,
210 | Qui faites gosiers si étroits, |
Faute de bien les arroser.
Buvons jusques aux yeux pleurer,
Car qui boit bien, bien se gouverne,
Et qui ne va à la taverne
215 | Lui faut envoyer son varlet. [ 19 Varlet : Fils de chevalier, page, simple gentilhomme. [L]] |
S'il est aigre, nihil valet.
À l'avaler délicieux,
J'en bois si fort que vers les cieux
Fais tourner les yeux de ma tête.
LE CUISINIER.
220 | Et cet ivrogne déshonnête |
Fera-il hui que caqueter ?
Mais que pouvez-vous conquêter
À lui ? Le me vez-vous là bien ?
LE PRÊCHEUR.
Se dit un théologien :
225 | Bon vin, selon cours de nature, |
Fait grand bien à la créature.
Par autorité je le prouve.
Je suis si aise quand je trouve
Un très bon vin emmy ma voie
230 | Un bon vin jamais ne dévoie, |
Ainsi que fait un vin petit.
Quant j'ai vin à mon appétit,
Je m'y porte aussi vaillant
Que fit Olivier et Roland
235 | En bataille qu'ils firent oncques. |
Or, je vous pris, buvons fort doncques.
Et aussi Dieu nous avisa
De bien boire et nous devisa,
Et nous dit ce mot : Sitio.
LE CUISINIER.
240 | Et ho, de par le diable, ho |
Durera meshuy ce langage [ 20 Meshuy : désromais, tantôt. [F]]
De parler fors que du breuvage ? [ 21 Fors : Terme vieilli pour lequel on dit hors, hormis, excepté. [L]]
Le paillard n'a autre mémoire
Fors à gourmander et à boire.
245 | Soit au dîner ou quant on soupe, |
Il est ivre comme une soupe,
Et s'en va coucher tout vêtu.
LE PRÊCHEUR.
Mais écoutez ce fol têtu.
Com(me) souffrez-vous tel fol coquard ? [ 22 Coquard : Fig. et familièrement, fou, benêt. [L]]
250 | Vous vez que ce n'est qu'un paillard, |
Un coquillart et un ivrogne.
LE CUISINIER.
Il y perd bien à votre groin ;
Comme il est enluminé !
LE PRÊCHEUR.
De la fièvre sois-tu miné.
LE CUISINIER.
255 | Mais votre corps et votre tête. |
LE PRÊCHEUR.
Je fais à tous humble requête
Que vous oyez grands et menus,
Un proverbe de Martinus.
Martinus fuit bonus homo
260 | (Et) ad bibendum totus primo. |
Chacun n'entend pas bien latin,
Car il fut fait d'étain trop fin,
Engendré d'un vieil pot de cuivre ;
Nul ne l'entend si n'est bien ivre ;
265 | Consommé fut de vieil laiton, |
Et le fit le docteur Platon
En son dernier quolibet.
LE CUISINIER.
Il fit ton sanglant gibet.
T'appartient-il prêcher en chaire ?
270 | Or te dût en une rivière |
Guetter, qui ferait son devoir.
LE PRÊCHEUR.
Bonne fête ne peut avoir,
Comme je trouve en réthorique
S'il n'y a de bon vin qui pique.
275 | Vous savez que notre seigneur |
A dit qu'on boive du meilleur ;
Je le puis témoigner par lui.
Aussi, quant le vin fut failli
Aux noces de Archedeclin,
280 | Ne mua[-t-]il pas l'eau en vin ? |
Bonum vinum bibat illam.
LE CUISINIER.
Et paix Dieu te mette en mal
Sanglant paillard, an, ivrognibus.
Il nous tient ci en ces abus,
285 | Et tout ce qu'il dit ne vaut rien. |
Le vez-vous, cet homme de bien ?
Aussitôt qu'il a un liard,
Par ma foi, la gorge lui ard
Qu'il ne le porte au tavernier.
LE PRÊCHEUR.
290 | Mais toi qui n'as pas un denier, |
À ces voisins je m'en rapporte.
Avisez quel habit il porte.
Est-il habile compagnon ?
S'amie est en Avignon ;
295 | Ses chausses tirent contrebas. |
Au fort, laissons tous ces débats.
Cathon note et met avant
Qu'on se doit tremper bien souvent
En bon vin, quant il s'avisa
300 | Dire Vino te tempera. |
Or, omnibus, attendite,
Et venons à comedite ;
Se voulez es saints cieux aller,
Et non pas en bas dévaler,
305 | Se faites, ainsi que j'entends, |
Que ne jeûnez point en nul temps
S'on ne vous fait jeûner par force.
Es chroniques du roi d'Escosse
Il est écrit en droit civil
310 | Qu'il est notable, non pas vil, |
Les jeunes sont à debouter
Du droit civil, sans en douter.
Mais quoi ? Sais-tu que tu feras ?
À double jeune doubleras
315 | Et feras doubles tes morceaux. |
LE CUISINIER.
C'est belle vie de pourceaux
C'est bien à toi parlé en bête.
LE PRÊCHEUR.
Ce ne vous est pas chose honnête
Qu'un tel folâtre me gouverne.
LE CUISINIER.
320 | Quel vrai champion de taverne |
Qui vient ci trancher du sage homme.
LE PRÊCHEUR.
Je cuide que d'ici à Rome
Meilleur que moi on ne doit querre
Pour bien prêcher.
LE CUISINIER.
Au pot et au verre,
325 | De cela il a bon renom. |
LE PRÊCHEUR.
Encore mais tairas-tu ?
LE CUISINIER.
Non.
LE PRÊCHEUR.
Et pourquoi ?
LE CUISINIER.
Il ne me plaît pas.
À bas, de par le diable, à bas ;
Car vous ne savez que vous dites.
330 | Tout son fait ne sont que redites |
Toujours parle sur la vendange.
LE PRÊCHEUR.
S'il convient que de toi me venge,
Tu le connaîtras par justice.
LE CUISINIER.
Tu es bien sot.
LE PRÊCHEUR.
Tu es bien nice : [ 23 Nice : Terme vieilli. Qui ne sait pas, simple par ignorance.]
335 | Laisse m'achever mon sermon. |
LE CUISINIER.
Par ma foi, si ne ferai mon,
Car tu ne dis chose qui vaille.
LE PRÊCHEUR.
Que tu as le bec plein de raille Raille : raillerie.
Faites le taire, ou je m'en vais.
LE CUISINIER.
340 | Et diables après. |
LE PRÊCHEUR.
Or te tais ; |
Dire vueil chose souveraine.
LE CUISINIER.
Tu feras ta fi[e]vre quartaine ;
J'ai le cul tout plein de ta noise.
LE PRÊCHEUR.
Puisqu'il convient que je m'en voise
345 | Par ce paillard à tel diffames, |
Adieu vous dis, seigneurs et dames ;
Plus ne demourai en ce lieu.
LE CUISINIER.
Adieu, de par le diable, adieu.
Le prêcheur va croquer la pie,
350 | Et je vois prendre la copie |
Du vin qui est en la dépense.
Seigneurs et dames d'excellence,
Je vous supplie, hault et bas,
Que prenez en gré nos ébats.
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Notes
[1] Bibite : désinence du verbe boire en latin.
[2] Saint-Vallier : Valère de Langres, archidiacre et Martyr chrétien mort en 411.
[3] Beaune : Ville de Bourgogne, situé à 150km au nord de Lyon, célèbre pour son vin.
[4] De profundis, premier mots latins du Psaume 130, tiré du Livre des Psaumes de la Bible.
[5] Vueil : vouloir, volonté.
[6] Bavière : ou bavette. Sorte de fraise, de colerette. [Godefroy]
[7] Cuider : vieux mot qui signifiait autrefois « penser ». [F]
[8] Vesse : Pet malodorant et silencieux.
[9] Vouge : arme d'hast médiéval de 2 mètres de long.
[10] Bubette : petite pustule.
[11] Cliquette : instrument de bois servant à faire du bruit lors de la liturgie exhortant à la charité.
[12] Aragon : région du nord de l'Espagne à l'ouest de la Catalogne.
[13] Meseau : mesel, c'est à dire lépreux.
[14] Anuit : ou anuyt, aujourd'hui. [Parler angevin]
[15] Punais : qui pue du nez.
[16] Vez : voyez.
[17] Fièvre quartaine : Fièvre quarte ; Fièvre qui ne vient que le quatrième jour, et qui laisse deux jours de repos. [F]
[18] Étoupé : remplit d'étoupe. Voir Ronsard, vers 7 du sonnet "Je n'ai plus que les os".
[19] Varlet : Fils de chevalier, page, simple gentilhomme. [L]
[20] Meshuy : désromais, tantôt. [F]
[21] Fors : Terme vieilli pour lequel on dit hors, hormis, excepté. [L]
[22] Coquard : Fig. et familièrement, fou, benêt. [L]
[23] Nice : Terme vieilli. Qui ne sait pas, simple par ignorance.