GUIGNOL ET LA CABARETIÈRE

THÉÂTRE DE GUIGNOL

1894 Tous droits réservés.

FERNAND BESSIER

PARIS, LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 14, RUE DE GRAMMOMT, 14

IMPRIMERIE GÉNÉRALE de Chatillon-sur-seine. - [...]


Texte établi par Paul FIEVRE, avril 2023

© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:43.


GUIGNOL AU PUBLIC

Ô petits garçons, ô petites filles !

Pour vous, on me fait aujourd'hui sortir

D'un vieux carton vert, où sous des quadrilles

Aux flons-flons naïfs, je semblais dormir.

Pour tous vos aînés vidant ma musette,

J'avais épuisé mes coups de bâton,

J'avais fait la paix - même avec Rosette -

Je croyais finie - ici - ma chanson.

J'avais remisé jusqu'à la potence

Où pendait encor, la fourche à la main.

Le grand diable noir qui, chaque séance,

À me rôtir vif s'escrimait en vain.

Et le coeur encor rempli de leur rire

De leur longue joie et de leur merci,

- Comme un vieil acteur, qui, las, se retire, -

Je me croyais mort.

Mais me revoici !

Car Guignol. Pierrot et Polichinelle

- Chacun à son tour doit les applaudir.

Ils sont à tous trois la joie éternelle,

Ils sont la chanson du gai souvenir ;

C'est le rire vRai qui par eux s'évoque.

Désir des petits - regret des aînés,

Rien qu'en secouant leur maigre défroque

Ils sèment pour tous leurs saines gaités.

Et trempant leur plume aux vieux écritoires,

Trouvant rien de mieux qu'un coup de bâton,

Ils vont vous servir leurs mêmes histoires.

Pourquoi rien changer quand le rire est bon ?

Vous allez les voir donc tous apparaître,

Tous gais et pimpants dans leurs vieux habits.

La mère Michel crie à sa fenêtre.

Le juge est tout prêt. Le gendarme est gris.

Donc ouvrez très grands vos yeux, vos oreilles,

Et ne craignes pas de nous courroucer,

Riez votre saoul. - Voici les merveilles.

Le rideau se lève. On va commencer !


PERSONNAGES.

GUIGNOL.

LA CABARETIÈRE.

LE GENDARME.

LE JUGE.


GUIGNOL ET LA CABARETIÈRE

La grande place du village. - A droite, le cabaret, la prison au fond. - À gauche, des arbres.

SCÈNE PREMIÈRE.
Guignol, La Cabaretière.

GUIGNOL, entre.

J'ai soif... Il fait une chaleur terrible aujourd'hui !

Il va à la porte du cabaret et frappe.

Oh ! Là.

LA CABARETIÈRE.

Tiens, c'est vous, Monsieur Guignol ?

GUIGNOL.

Eh ! Oui,... c'est moi, mère Michel. Ça va bien ce matin ?

LA CABARETIÈRE.

Mais pas mal... je vous remercie.

GUIGNOL.

Allons ! Tant mieux, tant mieux. Dites donc... Vous allez me servir quelque chose.

LA CABARETIÈRE, saluant.

Vous servir à boire ?

GUIGNOL.

À boire, comme vous le dites si élégamment.

LA CABARETIÈRE, même jeu.

Votre servante, Monsieur Guignol.

GUIGNOL.

Vous refusez ?

LA CABARETIÈRE.

Absolument.

GUIGNOL.

Ça n'est pas possible.

LA CABARETIÈRE.

Ça n'est pas possible... mais ça est.

GUIGNOL.

Et pour quelles raisons, s'il vous plaît ?

LA CABARETIÈRE.

Oh !... Une seule... et suffisante... Payez-moi d'abord ce que vous me devez... et puis après nous verrons.

GUIGNOL.

Je vous dois quelque chose ?

LA CABARETIÈRE.

Vous l'avez oublié ?

GUIGNOL.

Non. Alors vous voulez que je vous paie ?

LA CABARETIÈRE.

Payez... et je vous servirai.

GUIGNOL, lui donnant un coup de baton.

Voila !

LA CABARETIÈRE.

Au secours!

GUIGNOL, frappant en comptant ses coups.

Un franc, deux francs, trois francs, quatre francs, cinq, six, sept, huit... Ça fait-il votre compte ?

LA CABARETIÈRE.

Et cinquante centimes.

GUIGNOL, saluant.

Voilà... Et maintenant vous êtes payée.

LA CABARETIÈRE.

Ah ! Gueux ! Bandit!... Je vais aller chercher la police.

GUIGNOL.

Allez chercher qui vous voudrez.

La cabaretiére sort furieuse.

SCÈNE II.

GUIGNOL, seul, la regardant s'en aller.

Et elle court... et elle court. Va donc ! Mais va donc I

Se retournant.

Si du moins elle avait laissé la porte de son cabaret ouverte, j'en aurais profilé... Fermée !... Oh ! La vieille méfiante ! C'est vrai que j'ai cogné un peu... Mais enfin c'est sa faute. - Est-ce qu'on réclame une d'elle ? - Ça ne se fait pas entre gens du monde. Quand votre créancier l'oublie, il ne faut pas l'en faire souvenir. Surtout quand il ne la nie pas.

Regardant.

Ah ! Mon Dieu ! Le gendarme avec la mère Michel. Où me cacher ?... Ah ! Dans les branches de cet arbre.

Il disparaît, à gauche, derrière un arbre.

SCÈNE III.
Le Gendarme, La Cabaretière.

LA CABARETIÈRE.

Oui, mon bon gendarme, il m'a frappée ; il m'a tuée ; je suis morte. Aussi je veux qu'on l'arrête, qu'on le charge déchaînes, qu'on le conduise en prison. Puis on le pendra à une bonne potence, bien solide.

LE GENDARME.

Ça ne va pas être long, vous allez voir. Où est-il ? Montrez-le moi ? Je l'arrête, je le conduis chez le commissaire, on le juge, on le condamne,et on le pend subito.

GUIGNOL, passant sa tête et disparaissant.

Imbécile !

Le gendarme et la cabaretière se retournent étonnés.

LE GENDARME, à la cabaretière.

Pourquoi m'appelez-vous imbécile ?

LA CABARETIÈRE.

Moi. Oh ! Seigneur Dieu ! Si c'est possible!

LE GENDARME.

J'ai bien entendu. - Et faudrait pas recommencer ; sans ça je vous arrête aussi. - J'arrête tout le monde. - Un gendarme, vous savez, c'est sacré. - Il peut faire des bêtises - mais c'est jamais un imbécile.

LA CABARETIÈRE.

Mais...

LE GENDARME.

Suffit !

LA CABARETIÈRE.

Je n'ai...

LE GENDARME, imitant le routaient du tambour.

Rrrr !

LA CABARETIÈRE.

Laissez-moi au moins...

GUIGNOL, même jeu que plus haut.

Vieille marmite !

LA CABARETIÈRE.

Oh !

LE GENDARME.

Quoi ?

LA CABARETIÈRE.

Vieille marmite ! C'est dur.

LE GENDARME, tirant son sabre.

Vieille marmite ! Qui ça, vieille marmite ? - Où ça ? Est-ce encore quelqu'un qu'il faut arrêter ?

LA CABARETIÈRE.

Non. Et d'ailleurs je ne vous en veux pas.

LE GENDARME.

De quoi ?

LA CABARETIÈRE.

Rien. Parlons plutôt de mon voleur.

LE GENDARME, à part.

Elle est folle, la vieille.

LA CABARETIÈRE, à part.

Si je n'avais pas besoin de lui, je lui aurais déjà rompu mon balai sur le dos.

Haut.

Et quand allez-vous l'arrêter ce scélérat ?

LE GENDARME.

Mais tout de suite. Où est-il ?

LA CABARETIÈRE.

Il était là, il n'y a qu'un instant.

LE GENDARME.

Je vais me mettre à sa recherche. - Vous, pendant ce temps, allez-vous en chez le juge ; vous l'amènerez ici. Guignol sera enchaîné, ligoté, ficelé comme un simple saucisson.

LA CABARETIÈRE, saluant.

J'y cours, monsieur le gendarme, mon cher monsieur le gendarme.

LE GENDARME, solennel.

C'est bien. Ah ! Un mot, madame Michel. Laissez-moi donc la clef de votre maison.

LA CABARETIÈRE.

La clef !

LE GENDARME.

Laissez-en la porte ouverte, si vous préférez, pour que je puisse de temps en temps aller me recueillir près d'un bon verre de vin.

LA CABARETIÈRE, à part, allant ouvrir la porte.

Oh ! Si je ne tenais pas tant à ce que tu attrapes le scélérat qui m'a rouée de coups, tu verrais comment je te l'ouvrirais, ma porte. Je le connais ton recueillement. 11 va me coûter quelques bouteilles.

Haut.

V'là ! C'est fait.

LE GENDARME.

Faitement. - Et maintenant à droite, en avant : arrrche ! Accélérez le mouvement et pressez vous.

LA CABARETIÈRE.

Voilà ! Voilà !

LE GENDARME.

Et revenez vite !

LA CABARETIÈRE.

Le plus vite possible :

À part.

Moins je reste, moins il boira.

Haut.

Voilà ! Voilà!

Elle sort par la droite.

SCÈNE IV.

LE GENDARME, seul.

Et maintenant je vais tranquillement attendre que mon prisonnier arrive. - C'est le seul moyen de faire de bonnes et solides arrestations. Pourquoi m'en irais-je courir, me fatiguer, sans savoir où prendre, ni où trouver mon homme ? J'aime bien mieux qu'il vienne de lui-même me tendre ses mains pour les lui enchaîner. - En attendant je vais chercher par là-bas une bonne bouteille de vin - derrière les fagots : je connais le coin. Ça m'inspirera !...

Il entre.

Chantant.

Bouteille jolie,

Chante-nous

Tes jolis glous-glous,

Ma mie.

SCÈNE V.

GUIGNOL, paraissant doucement.

Il y va - il va boire - le sans-coeur. - Et il ne m'invite pas - un gendarme et un prisonnier cependant ça doit aller ensemble. - J'irais bien m'inviter moi-même, mais la potence - Brr ! - Boire - je veux bien - mais être pendu - pas si bête. Si pourtant je pouvais ! Il vient. - Cachons-nous encore.

SCÈNE VI.
Le Gendarme, puis Guignol.

LE GENDARME.

Ah ! Ça va bien, ça va mieux, ça va même très bien. - Je me sens tout ragaillardi. - Maintenant Guignol n'a qu'à paraître, et vous allez voir.

GUIGNOL, passe sa tète entre les branches.

Bonjour, gendarme.

LE GENDARME.

Tiens ! Guignol ! Tu étais là !

GUIGNOL.

Mais oui - je vous admire depuis quelques instants.

LE GENDARME.

Tu sais pourquoi je suis ici ?

GUIGNOL, à l'instant.

Pour m'arrêter.

LE GENDARME.

Faitement. - Aussi tu n'as qu'à descendre, - je vais te ficeler. - Une - deux. - Ce ne sera pas long.

GUIGNOL.

Une - deux. - Il faudra voir!

LE GENDARME.

Allons ! Descends !

GUIGNOL.

S'il vous plaît ?

LE GENDARME.

Ne te fais pas prier - j'ai là une bonne petite corde. - Le juge va venir, - et tu étrenneras une bonne petite potence toute neuve.

GUIGNOL.

Voyez-vous ça.

LE GENDARME.

Tu me feras plaisir !

GUIGNOL.

Vous êtes bien bon. Alors approchez-vous pour me donner la main.

LE GENDARME, s'approchant.

Voila !

GUIGNOL.

Plus près.

LE GENDARME, mêmejeu.

Voilà !

GUIGNOL.

Bien. - Maintenant dressez-vous un peu - baissez la tête, tendez votre dos... - Vous me ferez la courte échelle.

LE GENDARME.

Faitement. - Quand je vous le disais : les prisonniers, ce sont des anges. - Ils viennent se faire arrêter tout seuls.

GUIGNOL.

Y êtes-vous ?

LE GENDARME.

Oui.

GUIGNOL.

Et surtout ne bougez pas.

LE GENDARME.

Je ne bouge pas.

GUIGNOL, descend doucement, puis rient derrière lui et lui donne un grand coup de bâton.

Une - deux.

Il s'enfuit.

LE GENDARME.

Oh ! Ça n'est pas de jeu, et si je t'attrape...

GUIGNOL, reparaissant au haut de l'arbre.

Coucou ! Ah ! Le voilà !

LE GENDARME.

Descends, ou tu vas voir !

GUIGNOL.

Kss... Kss...

LE GENDARME.

Ah ! Si je n'avais pas mes bottes !

GUIGNOL.

Oui, mais tu as tes bottes.

Chantant.

5   Et il a des boites,

Il a des bottes, Bastien.

LE GENDARME.

La moutarde me monte au nez.

GUIGNOL.

Prenez garde, vous allez éternuer.

LE GENDARME.

Et il rit encore le sans-coeur !

GUIGNOL.

Je te crois.

LE GENDARME, à part.

Je vais me cacher. Il ne me verra pas ; il se croira seul et il descendra.

Il se cache au bas de l'arbre.

GUIGNOL, regardant sans le voir.

Personne ! Serait-il parti.... et en laissant la porte du cabaret ouverte ? Voyons un peu.

Il descend.

Il passe sa tête par la coulisse de gauche, - le gendarme avance la sienne, - il lui donne un coup de bâton. Le même jeu recommence plusieurs fois. - Lazzis.

Poursuite de Guignol par le gendarme. Il veut le conduire en prison. Il finit par rattraper, mais au moment de le faire entrer, Guignol s'échappe encore. - La même scène recommence. - Ils se débattent - et finalement c'est Guignol qui enferme le gendarme dans la prison, qui est à droite - du côté du cabaret de la mère_Michel.

GUIGNOL, éclatant de rire.

Ah ! ah ! ah !

LE GENDARME, l'appelant.

Mon petit Guignol, ouvre-moi, je t'en prie.

GUIGNOL, chantant.

Sur l'air du tra

La la la la.

Bonsoir. - Amusez-vous bien. - Et maintenant allons vitement boire un verre.

Il va pour entrer au cabaret, regardant.

Ah ! Mais non ! - Prenons bien garde. Voici le juge et la mère Michel. Ne nous laissons pas surprendre.

Il se cache encore à gauche.

SCÈNE VII.
Le Juge, La Cabaretière, Guignol, caché.

LE JUGE, il arrive, portant une potence sur le dos.

Soyez tranquille, mère Michel. Dans un petit quart d'heure tout va être terminé : je place la potence, je lui lis quelques mots latins ; - le gendarme lui passe la corde au cou.

LA CABARETIÈRE.

À la potence ?

LE JUGE.

Non, à Guignol. Puis une fois bien placée, bien clouée, bien arrangée...

LA CABARETIÈRE.

Qui ? Guignol.

LE JUGE.

Non - la potence. - Vous ne comprenez donc rien ? -

Il lui envoie un coup sur la tête avec le potence.

Ça n'entre donc pas ?

GUIGNOL, vient derrière et à son tour envoie un coup de bâton sur la tête du juge.

Entrez !

LE JUGE.

Je me suis cogné contre l'arbre.

LA CABARETIÈRE, se frottant la tête.

Je comprends, très bien, très bien, monsieur le juge. Vous avez des arguments qui frappent fort.

LE JUGE.

Ce sont les meilleurs.

À part, même jeu.

Sapristi, que je me suis donc cogné fort moi aussi. -

Haut.

Voyons, ce n'est pas le tout. Voici la potence : je la plante.

Il la plante.

Voici la corde. - Maintenant amenez-moi mon gendarme et votre voleur. - Moi je vais ouvrir mon code pour le condamner avec tout le cérémonial obligatoire en pareil cas. Sans le code, voyez vous, pas de jugement. C'est comme nous : sans robe et sans bonnet carré, pas de juge. - Eh bien ! Vous restez là à me regarder. - Cherchez-moi donc tout mon monde. M'auriez-vous dérangé pour rien, nom d'un pantin !

GUIGNOL, caché.

Crétin !

LE JUGE, étonné.

Il y a de l'écho, ici. Répondez, cabaretière... Mais doucement.

LA CABARETIÈRE.

J'ai laissé, ici, le gendarme à la recherche de Guignol.

LE JUGE.

Il cherchait Guignol. Oh ! Alors, soyez tranquille, il ne reviendra que lorsqu'il l'aura trouvé. Nous ne sommes pas pressés. Et puis nous sommes sûrs de notre affaire. Mon gendarme est un dur à cuire - duribus cuiribus, - comme dit le code - jamais un prisonnier ne s'échappe de ses mains. Prisonnierus, prisonnhrum, comme dit le même code. Saluez.

LA CABARETIÈRE.

Que c'est beau les savants ! C'est égal, il me tarde bien de le voir arrêté ce bandit.

Elle s'approche.

Ainsi, je vais le voir se balancer au bout de cette corde. Ça doit gêner sur le moment !

GUIGNOL, doucement, il s'approche sans qu'on le vote.

À part.

Tu vas voir si cela va me gêner.

LE JUGE.

Vous n'avez jamais vu pendre ?

LA CABARETIÈRE.

Jamais.

LE JUGE.

Tenez, on passe la corde au cou comme ceci.

Il fait en même temps les gestes.

Oh ! Il n'y a pas de danger - voyez, le noeud est coulant, j'y passe ma tête, passez-y la vôtre. Puis on tire... et...

GUIGNOL, est approché, il tire la corde, et le juge et la cabaretière se trouvent pendus.

À deux sous, les polichinelles !

LE JUGE, LA CABARETIÈRE.

Au secours ! Au secours !

GUIGNOL.

Tu peux crier, on ne viendra pas.

LE JUGE.

Gendarme ! Gendarme !

SCÈNE VIII.
Les mêmes, puis Le Gendarme, paraissant à la fenêtre de la prison.

LE GENDARME.

Qui m'appelle ? Ciel ! Le juge et la mère Michel pendus ! Qu'est-ce que vous faites-là ?

GUIGNOL.

Ils prennent le frais.

LE JUGE.

Viens nous détacher !

LE GENDARME.

Je ne peux pas, je suis enfermé.

GUIGNOL.

Faut-il tirer le cordon ?

LA CABARETIÈRE.

Bandit !

GUIGNOL.

Ah ! Pas de gros mots ! Soyons polis, ou je cogne. Qu'est-ce que je vous dois ?

LA CABARETIÈRE.

Huit francs cinquante centimes.

GUIGNOL.

En êtes-vous sûr ?

Avec son bâton il frappe sur la calaretière et sur le juge.

LA CABARETIÈRE.

Non ! Non ! Non ! Tu ne me dois rien, plus rien, je te fais crédit. Mais lâche la corde.

GUIGNOL.

Et vous, monsieur le juge, mon bon juge ?

LE JUGE.

Moi, je te ferai pendre. Pendere !

LA CABARETIÈRE, au juge.

Eh ! Laissez là votre Chinois, puisque je ne peux plus me faire payer.

GUIGNOL.

Tu me feras pendre, mon bon juge ?

LE JUGE.

Haut et court.

GUIGNOL.

Hautus, courlus. Haulum, courtum.

À chacun des mots, il cogne du bâton.

LE JUGE.

Non ! non, grâce ! il ne te sera rien foi'..

GUIGNOL.

Vous le jurez?

LE JUGE.

Je le jure.

GUIGNOL.

En latin.

LE JUGE.

Juro.

GUIGNOL, tâchant ta corde.

Bravo ! Et maintenant je vais ouvrir au gendarme.

LE GENDARME, de la fenêtre.

Encore plus bravo !

Guignol, va lui ouvrir, il entre en scène. Le juge et la cabaretière se détachent de la potence.

GUIGNOL.

Et maintenant, pour prix de notre peine, la mère Michel va nous servir un joli dîner. Le juge le paiera. Le gendarme coupera le bois et soufflera le feu. La mère Michel mettra le couvert.

LE GENDARME.

Et toi ?

GUIGNOL.

Moi je mangerai !

Au public.

Ainsi finit la comédie !

 



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