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Personnage |
Vers ou phrase |
Localisation |
1 | PARTHÉNICE |
Mon amour est trahie, ce choeur de musique d?couvre le coeur de Floridan, et ses voeux comme sa chanson s'adressent ? C?linde. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
2 | PARTHÉNICE |
Barbare demande-le ? ta conscience, en elle seule tu trouveras le crime, les supplices et les bourreaux, non non, comme tu ne peux ignorer ton offense, tu ne devais pas douter de mon ressentiment, et cette ?me que tu as idol?tr?e durant deux ann?es, n'a pas appris ? commettre des l?chet?s jusqu'au point de souffrir cette infid?lit? dont tu vas noircir les meilleures actions de ta vie. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1 |
3 | PARTHÉNICE |
Ne crois pas toutefois que ces plaintes que je donne ? la rigueur de ton changement, naissent en moi du dessein de m'opposer au contentement de C?linde, ni du regret de perdre un captif qui a fait des efforts pour sortir de sa prison ; fais si tu veux que cette Aurore qui semble rougir de mon d?guisement, ou plut?t de ton inconstance, compte sur la bouche de C?phale, les baisers que tu as cueillis sur les leurres de celle qui te poss?de maintenant, oblige la renomm?e ? reprendre pour l'amour d'elle le premier usage de ses ailes et de sa voix, afin qu'elle apprenne ? tout le monde, qu'il n'est point d'homme plus heureux que Floridan, ni de beaut? plus aim?e que C?linde, tout cela ne sera pas une mati?re ? nourrir le feu de ma fureur ; mais veux-tu conna?tre ce qui rend ma douleur incapable de rem?de, h?las ! |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
4 | PARTHÉNICE |
Cruel, si l'oubli n'e?t alors r?gn? dans ton ?me, tu eusses fait combattre ton amour contre ton devoir, et puisque tu ne pouvais ?viter d'ob?ir au commandement qui te for?ait de devenir la moiti? d'une femme, tu eusses parl? de Parth?nice ? celle qui peut-?tre ne te proposa C?linde qu'? faute de se souvenir de moi. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1 |
5 | FLORIDAN |
Or mon fils, ajouta-t-elle, tu n'ignores pas ce que peut aujourd'hui ce m?tal, cet Or que les hommes ont ?t? cherch? jusques dans les entrailles de la terre ; tu sais qu'en ce Si?cle perverti on ne fait ?tat que de ceux qui se vantent d'un nombre de tr?sors amass?s, et que le plus honn?te homme du monde para?trait sot sous le visage de la pauvret? : l'Or ouvre des portes qui r?sisteraient ? la foudre des canons, et enfin il a le pouvoir, tant notre imagination en est bless?e, de faire quelquefois asseoir des b?tes dans le tr?ne m?me des Dieux : c'est pour cela que je te conseille de suivre la maladie du temps, et de prendre plut?t C?linde riche, que Parth?nice, avecque peu de biens. |
Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 3 |
6 | PARTHÉNICE |
Quoi, ces caresses que tu soulais nommer le doux entretien de ta vie, et que d?sormais je nommerai la triste cause de ma mort, seront-elles absolument bannies de ta m?moire, aussi bien que tes promesses et tes serments ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
7 | PARTHÉNICE |
Toi-m?me, qui ne pourras ?viter de jeter quelquefois les yeux sur celles que ta m?fiance a exig?es de mon affection, comment ne t'?tonneras-tu point de voir ?teints dans ton ?me tous les feux qu'elles y avaient allum?s ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 7 |
8 | FLORIDAN |
Madame, je ne doute pas que votre amour ne condamne mon ob?issance, mais il n'arrivera jamais qu'? faute d'ob?ir, ma m?re ait droit d'accuser mon amour ; je dis cette v?rit? avecque regret, car sans ?tre le plus ingrat de tous les hommes, je ne saurais nier que je ne doive beaucoup aux honn?tes libert?s dont votre amiti? m'a permis de jouir : mais belle Parth?nice, si vous croyez que je vous sois extr?mement oblig? pour avoir nourri de quelques faveurs le repos de ma vie, jugez ce que je ne dois point ? celle sans qui je n'eusse jamais vu ni Parth?nice ni le jour. |
Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1 |
9 | PARTHÉNICE |
Et bien, puisque tu manques de courage comme d'amour, et qu'au lieu que je soulais voir en toi toutes choses en leur perfection, je n'y remarque aujourd'hui que des d?fauts, rends-moi, rends-moi cette ?p?e ; permets que je donne ? ta tromperie la d?pouille de ce corps qui n'a plus d'?me, depuis qu'il ne poss?de plus Floridan. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
10 | FLORIDAN |
Mais puisqu'il m'est permis d'user envers vous du droit des vainqueurs, je vais appendre cette ?p?e sur un Autel consacr? ? l'Amour : que si l'on entreprend de vous faire quelque outrage, servez-vous de ce que la nature a donn? si avantageusement ? votre sexe, qui n'a besoin pour assujettir les hommes, d'employer d'autres armes que celles de ses yeux. |
Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2 |
11 | PARTHÉNICE |
Comme il n'a plus d'yeux pour voir mes ennuis, il n'a plus d'oreilles pour ou?r mes plaintes : et ce parjure a voulu ajouter ? la qualit? d'insensible, celle de ne pouvoir ?tre vu. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
12 | PARTHÉNICE |
N'est-ce point que me l'ayant tant de fois ou? nommer insensible, tu as d?sesp?r? de le pouvoir toucher ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
13 | PARTHÉNICE |
Ni de feu, puisque je br?le encore d'une flamme qui ne se peut ?teindre. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 5 |
14 | AMINTOR |
Vous avez raison, Madame, comme on ne saurait trop tard ex?cuter un mauvais dessein ; aussi ne saurait-on jamais trop t?t faire une bonne action : par l? vous pouvez juger, que tant s'en faut que je doive me plaindre du sujet qui vous a donn? le soin de me visiter ce matin, qu'au contraire j'en demeure votre oblig?, comme du plus grand bien que vous me pouviez procurer. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
15 | DORICE |
Mais ce point de m?ditation a quelque chose de commun avec le dessein qui m'am?ne, d'autant mieux que m?me par les lois, les p?res ?tant cens?s ?tre une m?me personne avecque leurs enfants, il semble que nous ne mourons point quand nous laissons apr?s nous quelqu'un, dans l'?tre duquel nous allons comme confondant et perp?tuant le n?tre. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 2 |
16 | AMINTOR |
Vaine crainte sans doute, et pardonnez-moi si je la nomme ridicule. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
17 | AMINTOR |
Outre que si cette peste (telle puis-je nommer cette inclination, qui d?robe de l'esprit d'une fille le respect qu'elle doit ? ses parents) si cette peste, dis-je, l'avait infect?e de son venin mortel, je jure que j'userais du pouvoir que la nature me donne, et qu'employant la force, o? les autres moyens me d?faudraient, je saurais bien appliquer un rem?de ? la folie. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3 |
18 | AMINTOR |
Comme il ne faut jamais douter du jour quand le Soleil est lev?, la raison de cela c'est que comme il est impossible que la nuit et le Soleil puissent compatir ensemble, aussi ne voit-on jamais qu'une fille bien n?e soit capable d'autres inclinations que de celles que lui doivent prescrire ceux de qui elle d?pend. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
19 | AMINTOR |
Croyez-moi, Dorice, si les p?res avaient rel?ch? de leur s?v?rit? sur ce point-l?, on verrait d'extr?mes d?sordres dans les familles ; d'autant mieux que le premier fris?, le premier poudr?, qui donnerait dans la vue d'une fille, en ferait presque aussit?t sa femme que sa Ma?tresse. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2 |
20 | AMINTOR |
Pensez-vous qu'une fille qui ne doit savoir distinguer les sexes que par les habits, puisse juger si sous un manteau couvert d'or et de soie, un homme ne porte point cach?e l'image de la pauvret? ? |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 4 |
21 | AMINTOR |
Sage Dorice, vous savez mieux que moi de quel humeur est cet animal que la Nature a fait homme, et que l'Art a fait Courtisan : que si ce que vous dites avait lieu, je ne pense pas qu'il y e?t une fille si retir?e dont il ne triomph?t, et qui ne serv?t d'objet ? son ambition, et ? sa vanit?. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 6 |
22 | DORICE |
Je ne voudrais pas qu'on laiss?t courir une fille ? un ?vident p?ril, comme je ne voudrais pas qu'on lui d?fend?t un bien apparent : en cela je consulterais sa volont? comme un Oracle n?cessaire, apr?s quoi je ferais intervenir mon jugement ; et le laissant neutre entre elle et moi, je lui en ferais prononcer l'arr?t selon la raison, non pas selon sa passion ni la mienne. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
23 | AMINTOR |
Il assemble donc quelques-uns de ses amis, et un jour que Parth?nop? ?tait all?e avec une de ses tantes visiter une maison qu'elle avait aux champs, il l'enl?ve ; et l'ayant conduite dans un ch?teau qu'il avait assez pr?s de l?, il l'?pouse par force, et par force jouit de toutes les faveurs qui sous les noms de femme et de mari ne peuvent l?gitimement ?tre refus?es. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 4 |
24 | AMINTOR |
En ce temps-l? Parth?nop? ?tait arriv?e dans son neuvi?me mois, de sorte que par une rencontre presque miraculeuse, elle mit un fils au monde le jour m?me que le p?re en devait sortir ; et ? peine cette petite cr?ature eut vu la clart?, que son int?r?t faisant un effort sur l'esprit de la m?re, elle commen?a de craindre qu'il y e?t de l'infamie pour lui, si on venait ? lui reprocher d'?tre sorti d'un p?re que l'ignominie aurait accompagn? en la mort. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 9 |
25 | CÉLINDE |
Votre parti, comme le plus juste sans doute, sera toujours le plus fort : et pour moi je sais bien qu'il ne sera jamais de consid?ration assez puissante pour me faire faillir contre l'ob?issance que je vous dois. |
Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
26 | AMINTOR |
Salue donc cette Dame, et regarde-l?, non pas comme les personnes qu'on estime seulement, mais comme celles ? qui on appartient, car pour ne t'amuser pas davantage Floridan son fils sera ton mari. |
Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 2 |
27 | CÉLINDE |
Arrache ? Jupiter la plus pesante de ses foudres, et r?duis en poudre ce corps : mais non, il suffit de tes flammes, elles sont capables de me consommer. |
Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 5 |
28 | LUCIDOR |
Au contraire, l'Amour est l'?me et le soutien du monde, n?cessaire ? la vie comme les ?l?ments. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
29 | LUCIDOR |
Sans lui, qui nous sert de Soleil, nos jours ont un faux nom, et doivent plut?t ?tre appel?s des nuits et des t?n?bres ?ternelles : ses ennemis sont les tyrans et les monstres, et nul homme qui fasse ?tat de la soci?t? humaine, ne condamnera cette passion qui en est l'unique entretien, et la m?re nourrice. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2 |
30 | LUCIDOR |
Non non, crois plut?t que le feu dont il br?le nos coeurs, vient d'un flambeau qui ne donne sa lumi?re que pour r?gler les plus belles actions de notre vie ; et que de m?me que l'homme est Roi des animaux, pour ce qu'il est capable de raison, celui doit ?tre Roi des hommes qui est plus capable d'amour. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 4 |
31 | PHILINDRE |
Quand j'ai commenc? de soutenir contre vous combien cette passion est dangereuse, j'en ai moins consid?r? la cause que les effets ; mais sans nous amuser plus longtemps en cette dispute inutile, dites-moi seulement quel nom vous pouvez donner ? ses ?ternelles inqui?tudes qui accompagnent l'esprit d'un homme v?ritablement amoureux : si le manger est une chose n?cessaire ? la conservation de l'?tre ; si le dormir est un repos accord? par la Nature pour le soulagement de tout ce qu'elle a cr??, appellerez-vous un bien ce qui d?truit le go?t, et emp?che le sommeil ? |
Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 1 |
32 | PHILINDRE |
Jalousie, d'autant plus ? craindre, qu'elle change de visage ? toutes choses ; et que faisant passer jusqu'? nos corps l'aveuglement de notre ?me, elle nous fait bien souvent condamner comme un crime les plus innocentes actions. |
Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 2 |
33 | LUCIDOR |
Les autres qui n'ont que le plaisir pour objet de leur flamme trouvent la fin de leur amour dans la fin de la volupt? ; et s'imaginant que les faveurs dont ils se sont assouvis, peuvent ?tre communiqu?es ? quelque autre aussi facilement qu'elles ont ?t? obtenues, ils entrent dans les fureurs de la Jalousie, et ne laissent pas m?me ? la personne aim?e la libert? des regards. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 4 |
34 | LUCIDOR |
Mais ceux qui aiment purement pour la vertu, ne se lassent jamais d'aimer ; l'objet de leur passion est beaucoup au-dessus de toutes les autres causes : et comme il est louable et l?gitime parfaitement, aussi ne produit-il jamais de mauvais effets en nos ?mes. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 5 |
35 | LUCIDOR |
En effet tu reconnais aussi bien que moi les bonnes qualit?s qu'elle poss?de, tu sais qu'elle est belle jusqu'au point de ne pouvoir ?tre vue d'un homme sans me faire incontinent un rival ; et cependant, oublieuse en ma faveur de l'exc?s de ses m?rites, comme je prends plaisir de la voir triompher de mes d?sirs, elle est bien aise que je me vante d'?tre Roi de ses pens?es. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 7 |
36 | LUCIDOR |
Je t'avoue, Philindre, que mon bonheur est extr?me comme sa beaut?, et qu'il est aussi bien au-dessus de mes esp?rances, que je suis au-dessus de mes rivaux : je reconnais ma fortune, et ne doute pas que je ne sois punissable dans la vanit? que j'en ai devant toi ; mais puisque celle qui fait mes destin?es consent que je ne te cache rien, jette, je te supplie, les yeux sur ce papier, et tu verras si j'ai mal d?crit l'?tat pr?sent de ma vie. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
37 | CÉLINDE |
Cet Oracle que tu viens consulter est le m?me qui depuis une heure a prononc? contre toi un arr?t plus rude que mille morts ; et cette p?leur que tu remarques en moi, est bien un t?moignage de ma douleur, mais elle est aussi une preuve de ma d?faite : car pour ne retenir pas davantage ton esprit en suspens, je te dirai que je viens de rendre un combat, o? au lieu de sang j'ai vers? une infinit? de larmes : j'avais pour partie et pour ennemi celui qui est mon tout, et que la Nature m'ordonne de ch?rir par-dessus tout le reste des hommes. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1 |
38 | LUCIDOR |
Comment, Madame, Floridan usurpe sur moi la gloire de vous poss?der ? |
Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1 |
39 | LUCIDOR |
Cependant, Madame, permettez ? ma juste douleur de vous accuser en ce changement du crime le plus punissable qui ait ?t? commis depuis qu'Amour r?gne dessus les coeurs : souffrez que je reproche ? votre foi viol?e tant de serments dont vous protestiez que l'effet serait infaillible comme celui de la fatalit? : vous m'avez quitt?, C?linde, et un injurieux oubli a pu glacer cette ?me que mon exemple devait faire ?ternellement br?ler. |
Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase |
40 | CÉLINDE |
Condamne leur tyrannie, appelle-les barbares, mais laisse-moi le nom d'innocente comme j'en ai la qualit? ; et souviens-toi que si je pouvais gu?rir ta peine sans blesser ma r?putation, je le ferais au p?ril m?me de ma vie : mais enfin pour ce malheur je ne connais point de rem?de, et ce qui rend ma condition plus d?plorable, c'est qu'en l'?tat o? je suis-je n'ose pas seulement le rechercher. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 6 |
41 | LUCIDOR |
Donc pour ne porter pas les effets de ma rage plus loin que leur cause, et pour commencer d'assouvir la haine que le Ciel a pour moi, voici un papier o? j'avais peint mes triomphes d'une encre d?sormais aussi noire que ma fortune ; mais puisque l'esp?rance dont je m'?tais flatt? ne subsiste plus, et que ce dernier accident me met dans l'?me un Vautour qui la d?chire, il aura le m?me sort, |
Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 2 |
42 | CÉLINDE |
Je te la donne de nouveau, non plus avecque r?serve, mais sans nulle sorte d'exception ; c'est un effet de ma piti?, et si l'on me condamne de quoi pour suivre l'Amour je quitte l'ob?issance que je dois ? mon p?re, qu'on sache que m'y sens forc?e par une puissance que je ne connais point, et que la loi d'un Dieu doit ?tre plus forte que celle d'un homme. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 3 |
43 | LUCIDOR |
Que ne pouvez-vous ?tre r?unis comme nous le sommes C?linde et moi, chers papiers, Madame. |
Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 3 |
44 | CÉLINDE |
Ne passe pas plus outre ni en la demande ni en l'effet, pour ne me donner pas la peine, et peut-?tre le d?plaisir de te refuser ; si tu commences ? faillir, ton outrecuidance me dispensera de mes promesses. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1 |
45 | CÉLINDE |
Comment, la ville est-elle d?j? imbue de la vanit? de Floridan. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
46 | CÉLINDE |
Puisque la connaissance que vous avez de mes affaires, me fait juger inutile de vous en taire les particularit?s, je vous dirai, ch?re Parth?nice, que je re?ois Floridan comme un homme, qui fortifi? de l'autorit? de mon p?re, veut emporter par force une place qui ne se doit rendre que par amour. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2 |
47 | CÉLINDE |
Si Floridan pouvait lire dans mon coeur, qu'il y verrait bien d'autres passions d?crites, il reconna?trait que cette estime que j'avais pour lui au temps qu'il ne me regardait qu'indiff?remment, s'est chang?e en une haine si forte, depuis qu'il montre avoir de l'amour pour moi, que je ne pense pas qu'? son alliance je ne pr?f?rasse celle d'un Monstre ou d'un Barbare : ce n'est pas qu'il ne vaille beaucoup, mais un secret destin veut que cela m?me, d'o? une autre tirerait de la gloire, me soit une mati?re de m?contentement. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2 |
48 | PARTHÉNICE |
Je vous dirai donc, que c'est de Floridan m?me que j'ai su tout ce qui regarde l'int?r?t qu'il a pour vous ; non pas qu'une particuli?re vanit?, comme vous le soup?onnez, l'ait port? ? m'en entretenir, mais c'est qu'il lui a ?t? impossible de cacher ? ma vigilance un int?r?t qui le rend criminel, et moi mis?rable. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 2 |
49 | PARTHÉNICE |
Mais, C?linde, puisqu'un malade ne peut mieux gu?rir qu'en d?couvrant son mal au M?decin qui en a les rem?des infaillibles, je vois bien qu'il faut que je vous d?clare le mien, et que je vous en parle comme ? celle qui a cela de commun avec les Dieux, qu'elle est aujourd'hui l'Arbitre souverain de ma mort ou de ma vie. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 4 |
50 | PARTHÉNICE |
Sachez donc, ma compagne, qu'il y peut avoir deux ans que ce m?me Floridan, qui soupire maintenant pour vous, commen?a de br?ler pour moi d'une flamme qu'autre chose que sa l?g?ret? ne pouvait jamais ?teindre. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 5 |
51 | PARTHÉNICE |
Deux ans ont vu le cours de cette affection ; mais comme la sienne naquit dans un moment, un moment aussi l'a vu mourir. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 9 |
52 | PARTHÉNICE |
Si son inconstance a touch? mon esprit, j'en laisse Juges ceux qui ont ?t? trahis comme moi ; tant y a que ce matin l'ayant surpris en son d?lit, et mes transports m'ayant fait en vain attenter contre sa vie, je suis rest?e sans rem?de, si votre piti? ne m'en laisse d?sormais esp?rer. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 11 |
53 | PARTHÉNICE |
Je vous conjure donc, ch?re C?linde, par notre amiti? contract?e depuis le berceau, et qui s'est accrue comme nos ann?es, de punir par un m?pris ?ternel la trahison de ce perfide, et de ne consentir jamais que son crime trouve un refuge aupr?s de vous. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase |
54 | LUCIDOR |
Je m'en ?tonne pourtant, puisque C?linde et Parth?nice ayant toutes les excellentes qualit?s qui peuvent rendre un corps et un esprit recommandables, il serait difficile qu'elles eussent donn? ? leur entretien un objet qui ne f?t aimable, et plein de m?rite comme elles. |
Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
55 | FLORIDAN |
Si vous donnez vos yeux ? Parth?nice, donnez votre coeur ? Floridan, ou pour le moins permettez qu'il s'approche de mes flammes, peut-?tre quelque ?tincelle le pourra toucher. |
Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 2 |
56 | FLORIDAN |
Je veux dire, Madame, que ces preuves d'une m?diocre inclination, sont une r?compense due ? tous ceux dont l'?me desquels votre beaut? fera quelques blessures ; mais pour moi de qui la passion a paru dans une recherche, qui ayant ?t? re?ue, me promet un triomphe ?ternel, pardonnez-moi si je dis que la seule parole est une faveur petite, et qu'elle est peut-?tre moins une marque de votre flamme que de votre froideur. |
Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1 |
57 | LUCIDOR |
Ne vous affligez plus, belle Parth?nice, mais esp?rez en cette ?ternelle vicissitude qui r?gne sur tous nos mouvements ; et souvenez-vous que de m?me que tel, dont l'exemple n'est pas loin, se flatte de la possession d'un bien dont il peut mettre la conqu?te dans le nombre des choses impossibles, de m?me aussi, tel bien souvent croit ?tre mis?rable, qui dans une heure se voit port? du centre des disgr?ces au sommet des plus hautes f?licit?s. |
Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
58 | AMINTOR |
Maintenant je confesse que tes gr?ces sont au-dessus de notre m?rite, comme ta cl?mence est au-dessus de nos forfaits : ma joie qui a cela de commun avec la douleur, qu'? peine se peut-elle exprimer que par des larmes, m'oblige ? vouer sur tes Autels une ?ternelle suite de victimes. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 4 |
59 | AMINTOR |
Mais achevons notre dessein commenc?. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 5 |
60 | AMINTOR |
Il faut, si je suis cru, qu'aujourd'hui m?me ce mariage se consomme, et je ne serai point plut?t de retour chez moi, que j'en prononcerai l'arr?t ? C?linde. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 7 |
61 | AMINTOR |
Je les ai laiss?s qu'ils ?taient presque achev?s d'habiller, je pense qu'ils commenceront bient?t ; cependant prenons les si?ges les plus commodes pour les voir avecque attention : entre amis les plus petites c?r?monies sont un grand crime, mettez-vous o? vous croirez ?tre le mieux. |
Acte 3, sc. 1, AMINTOR, phrase 1 |
62 |
HOLOFERNE |
Ils sont assez vaincus, et n'importe comment, |
Acte V1, sc. 3, v. 141 |
63 |
ABRA |
Mesurez votre envie au pouvoir d'une femme, |
Acte V2, sc. 1, v. 172 |
64 |
JUDITH |
Ne dormira jamais que d'un sommeil de mort. |
Acte V2, sc. 1, v. 194 |
65 |
OSIAS |
Et de qui comme toi nous r?v?rons les lois, |
Acte V2, sc. 1, v. 197 |
66 |
OSIAS |
Punit comme il lui pla?t l'insolence des Rois. |
Acte V2, sc. 1, v. 198 |
67 |
L'EUNUQUE |
Ils le nomment leur Temple ouvrage magnifique |
Acte V2, sc. 2, v. 220 |
68 |
JUDITH |
Je viens pour te montrer comme il le faut punir. |
Acte V2, sc. 3, v. 238 |
69 |
HOLOFERNE |
Ah comment pouvez-vous beaux yeux rois de nos ?mes |
Acte V3, sc. 1, v. 263 |
70 |
HOLOFERNE |
D'un si petit rayon produire tant de flammes ? |
Acte V3, sc. 1, v. 264 |
71 |
HOLOFERNE |
Douce Nuit fait divorce avecque le sommeil, |
Acte V3, sc. 4, v. 330 |
72 |
HOLOFERNE |
Ah sommeil pour ce coup ?coute mes pri?res, |
Acte V3, sc. 4, v. 343 |
73 |
JUDITH |
?coute comme il ronfle : ? Ciel ! Mon entreprise |
Acte V3, sc. 5, v. 359 |
74 |
ABRA |
Et laisse-lui changer le sommeil ? la Mort. |
Acte V3, sc. 5, v. 362 |
75 | CÉLINDE |
Parents, que d?sormais je nomme barbares, ?tonnez-vous de votre tyrannie, non pas de mon action : votre violence et mon d?sespoir sont les meurtriers de Floridan ; et vous ?prouvez aujourd'hui combien ?tait injuste la loi par laquelle vous me vouliez contraindre ? trahir les flammes de Lucidor : il est mon mari depuis longtemps, et nul homme sans mourir ne pouvait m'emp?cher d'?tre sa femme. |
Acte V3, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1 |
76 | DORICE |
Son crime ne manquera pas de ch?timent, ou je manquerai de vie, car je vais faire armer pour ma vengeance, la Justice du Ciel et celle des hommes. |
Acte V3, sc. 5, DORICE, phrase 1 |
77 | PARTHÉNICE |
Je sais bien que depuis quelque temps la trahison l'a fait vivre coupable, mais je ne saurais m'emp?cher de le plaindre comme s'il mourait innocent. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
78 | PARTHÉNICE |
Qui d'un seul coup as pu commettre deux homicides, quelle main croirai-je qui t'a guid?e celle de C?linde, ou d'Alecton ? |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 6 |
79 | PARTHÉNICE |
Ah C?linde, que vous allumez un grand combat dans mon ?me entre l'Amour et l'Amiti?, et que ces deux puissances, bien que comprises sous une m?me passion, excitent en moi des mouvements contraires ; l'une me fait d?sirer votre ruine, comme vous avez d?truit mes plaisirs, et l'autre condamnant ce d?sir, rejette la principale cause de cet ?trange accident sur moi mis?rable, qui vous ai conjur?e de ne vouloir jamais ?pouser Floridan. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 11 |
80 | PARTHÉNICE |
Quoi que c'en soit, vous avez tu? Floridan, et de quelque oeil que je regarde votre action, il faut toujours que je me consid?re comme celle ? la passion de qui vous avez voulu sacrifier cette victime. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 14 |
81 | DORICE |
? ce compte tu voudrais que l'offense de C?linde demeur?t sans punition, comme toi sans ressentiment : ne crains-tu point qu'en la souffrance de ce crime, on trouve un sujet capable de te faire accuser de l?chet? ? |
Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
82 | FLORIDAN |
Comment Lucidor ? |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 1 |
83 | DORICE |
Je t'en r?citerai tant?t les particularit?s, c'est assez pour cette heure que tu saches qu'il confesse avoir tremp? en cette trahison, et qu'en suite de cela, comme complice de C?linde, de m?me qu'elle il a ?t? constitu? prisonnier. |
Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
84 | FLORIDAN |
Je ne saurais croire qu'un si l?che dessein ait occup? la pens?e d'un Gentilhomme : quoi que c'en soit, cela m'apprend que je ne dois rien esp?rer de C?linde, et que pour ?tre sage je n'y devais rien d?sirer ; ma conscience m'en a parl? souvent, mais, Madame, vous avez autrement dispos? de mes volont?s. |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 1 |
85 | PARTHÉNICE |
Ne dites pas cela, Floridan, comme vous n'avez v?cu que pour elle, elle seule est cause de votre mort. |
Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1 |
86 | FLORIDAN |
Mon esprit n'a pas ?t? aveugle comme mon ob?issance ; et sachez que de quelques flatteries que je l'aie entretenue, la v?rit? m'a toujours dit, que si vous lui deviez c?der en quelque chose, c'?tait en la bonne fortune seulement. |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2 |
87 | FLORIDAN |
Courage donc, belle Parth?nice, achevez ce que C?linde a commenc?, je lui pardonne sa trahison, si elle vous fait consentir ? vous venger de la mienne : vous avez d?j? fait ce dessein une fois, qui vous emp?che ? cette heure de l'ex?cuter ? |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 4 |
88 | PARTHÉNICE |
Ah Floridan ne me pressez pas de commettre cette injustice, vous vivrez au-del? des si?cles, si vous ne mourez que par mon consentement. |
Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1 |
89 | FLORIDAN |
Si mon offense ?tait m?diocre, je pourrais oser ce que vous dites, mais il est de mon p?ch?, comme de certains crimes qui ne pouvant jamais avoir de gr?ce, limitent en quelque sorte la puissance de nos Rois : j'ai trop failli, Madame ; toutefois, si mon repentir, qui est pas moindre que ma faute, est une satisfaction assez grande pour expier ma trahison, recevez-le, ch?re Parth?nice, et accordez-lui, devant que j'expire, le pardon qui me peut faire mourir content. |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 1 |
90 | LUCIDOR |
Non non, puisque je les souffre pour C?linde, je les b?nis, ces malheurs, et les ch?ris comme les agr?ables marques qui lui doivent faire conna?tre l'extr?mit? de ma passion. |
Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 3 |
91 | LUCIDOR |
J'entends qu'on me nomme, n'est-ce point la voix de quelque Ge?lier, qui m'appelle ? |
Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1 |
92 | LUCIDOR |
Puisque je ne saurais ?tre captif sous d'autres fers que les v?tres ; vous n'avez qu'? consulter ce que vous ?tes pour savoir comme est faite ma prison : aussi ne doutez pas que si on vous fait quelque outrage je ne p?risse n?cessairement, comme ceux qui pour ?tre enferm?s dans une Tour, ne sauraient ?viter d'?tre ensevelis sous ses ruines. |
Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1 |
93 | LUCIDOR |
Ce lieu nous est assez commode, puisqu'il est fr?quent? de si peu de personnes, qu'? peine que la solitude n'y r?gne comme dans les bois, apr?s cela je te dirai ? quoi je d?sire m'en servir. |
Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 3 |
94 | PHILINDRE |
Ne doutez pas que je ne le fasse, et que je ne revienne ici aussi souvent que vous me l'ordonnerez, voyons seulement comme je me mettrai. |
Acte 4, sc. 4, PHILINDRE, phrase 1 |
95 | CÉLINDE |
Nullement, ou j'ai droit de t'accuser de la m?me chose, car je vois ton visage qui se meut ; mais je pense qu'? faute que le miroir soit ferme, il nous en prend comme ? ces hauts rochers de qui l'ombre ne laisse pas de se mouvoir sur les ondes ? cause du mouvement des flots. |
Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1 |
96 | FLEURIMON |
Cela me fait souvenir d'une remarque que j'ai faite quelquefois en l'homme, et o? je n'ai pas trouv? un petit sujet d'?tonnement, c'est qu'il se voit si souvent, et a toutefois tant de peine ? se conna?tre : de l? proc?dent presque tous les maux dont nous sommes afflig?s ; et sans que j'en d?duise une quantit? d'exemples, la mort r?cente de Floridan en est une remarquable preuve. |
Acte 4, sc. 5, FLEURIMON, phrase 1 |
97 | AMINTOR |
Amintor infortun?, eusses-tu cru que de la d?sob?issance de ta fille, e?t d? na?tre, comme d'une source de malheurs, tout l'ennui dont ta vieillesse se voit maintenant accabl?e ? |
Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 2 |
98 | FLEURIMON |
Cette belle fille avait br?l? pour lui d'une secr?te flamme, et dit-on que Floridan avait ?t? quelque temps sans br?ler aussi que du m?me feu ; tant y a que ce Chevalier ?tant mort, et Parth?nice ne trouvant plus en lui de chaleur ni de mouvement, elle a commenc? de vomir sur C?linde toutes les impr?cations qui peuvent sortir d'une bouche que la fureur fait parler. |
Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 2 |
99 | ALCANDRE |
Ah si jamais j'eus quelque sujet de porter envie ? la condition de ceux qui vivaient durant l'innocence du premier ?ge, c'est depuis que la voix d'un peuple m'a ?lu souverain Magistrat pour pr?sider en ce tr?ne o? la Justice tient son empire, et pour y prononcer les D?crets des Dieux en faveur des innocents, ou ? la ruine des coupables ; car alors nulles actions ne pouvant porter le nom de crime, la n?cessit? de les punir n'avait pas introduit l'usage des Juges, et la malice des hommes n'avait point fait ?tablir de lois pour r?fr?ner les vices, puisque ces Monstres n'avaient pas encore vu le jour. |
Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 3 |
100 | ALCANDRE |
Mais depuis que l'Avarice et l'Ambition, pestes fatales ? l'Univers, commenc?rent d'infecter les ?mes, les vices naquirent, et cette innocence mourut ; la faim d'avoir, sema la discorde dans les familles, partagea l'inclination des peuples, et mit... |
Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 4 |
101 | DORICE |
C?linde n'a mis qu'un moment ? me ravir celui que mes soins avaient conserv? depuis tant d'ann?es, et semble que sa trahison a pris plaisir d'?prouver, si en la mort de Floridan, mes douleurs seraient extr?mes comme en sa naissance. |
Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 2 |
102 | DORICE |
Je ne pense pas que celle de C?linde n'?clate assez dans la violence de ma douleur, outre qu'elle n'a pas besoin de t?moins, puisqu'elle a ?t? commise publiquement, et que tant?t sa confession a pr?venu mes doutes, comme si elle e?t d? tirer quelque sujet de gloire de l'exc?s de sa l?chet?. |
Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 4 |
103 | LUCIDOR |
Il est raisonnable qu'un homme meure pour un homme, non pas C?linde, qui ne peut ?tre un objet de vengeance ? celui qui l'e?t durant sa vie pour l'objet de son amour. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2 |
104 | CÉLINDE |
Grand Alcandre, comme mon offense ne vous peut ?tre cach?e j'esp?re que votre prudence verra clairement l'innocence de Lucidor, et que votre probit? de tout temps incorruptible, trompera la haine de Dorice, qui n'ayant plus de fils, serait bien aise d'avoir toutes les m?res pour compagnes de son infortune. |
Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 3 |
105 | LUCIDOR |
Oui si l'ombre de Floridan pouvait ?tre consult?e, elle dirait bient?t qui de C?linde et de moi, doit ?tre puni comme coupable, ou conserv? comme innocent, elle vous apprendrait, grand Alcandre, que puisqu'il ?tait fatal ? Floridan de mourir pour elle, il n'importait que ce f?t d'un coup de sa main ou de ses yeux ; mais que ma seule jalousie ayant tram?e cette trahison, on s'en doit prendre ? moi comme ? la premi?re cause : en effet on n'a pas accoutum? de rompre le fer qu'un assassin a tremp? dans le sang de son fr?re, on s'attaque au meurtrier ; ainsi on doit ?pargner C?linde, puisque contrainte de c?der ? la force de mes persuasions, elle n'a servi en cet homicide, que d'instrument ? ma cruaut?. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
106 | CÉLINDE |
Non non, tant s'en faut qu'il ait contribu? quelque chose ? mon offense ; que m?me il n'en a pas su le dessein : ma fureur a ?t? si prompte qu'elle a pr?venu ses soup?ons, et je dirais qu'elle m'a pr?venue moi-m?me, si je n'avais fait une r?solution inviolable de n'all?guer pas une seule excuse en ma faveur : et quant ? ce qu'il dit qu'il est raisonnable qu'un homme meure pour un homme, souvenez-vous qu'autre victime que moi ne peut contenter les M?nes de Floridan, comme autrefois Achille ne put ?tre apais? que par le sacrifice de Polyx?ne. |
Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 6 |
107 | LUCIDOR |
?quitable Juge, je sais bien que la charge que vous exercez veut que votre ?me soit insensible au trait des passions, aussi je ne demande pas que votre coeur re?oive pour C?linde quelque sentiment de piti? ; mais comme elle est ing?nieuse ? chercher les occasions de mourir, permettez-moi de vous d?duire les raisons qui vous doivent faire consentir ? la laisser vivre. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
108 | CÉLINDE |
Non non, g?n?reux Alcandre, je n'ai pas tu? Floridan pour l'amour de lui, comme il dit, mais pour l'amour de moi seulement, qui n'ai trouv? que ce moyen pour m'affranchir de sa possession, et de la tyrannie de mon p?re. |
Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 5 |
109 | CÉLINDE |
Ta faute envers moi n'est pas moindre que l'injure que je t'ai faite, ainsi puisque nous sommes ?galement coupables, je d?sire que nous soyons ?galement pardonn?s. |
Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 3 |
110 | CÉLINDE |
Cher Lucidor, le plus fid?le de tous les hommes, aime le souvenir de C?linde, et sois assur?, que s'il reste parmi les morts quelque m?moire du pass?, je n'aurai dans l'esprit autre entretien que celui de l'amour que tu m'as t?moign?e. |
Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 7 |
111 | ALCANDRE |
Je re?ois vos excuses, et suis bien aise de quoi cette invention s'est oppos?e ? l'ex?cution d'un Arr?t que je n'eusse prononc? qu'avec un d?plaisir extr?me : le seul scrupule qui me reste, c'est que je doute comme il est possible que la blessure de Floridan ait ?t? si petite, et qu'elle ait produit un effet si grand. |
Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 1 |
112 | ALCANDRE |
Ce n'est pas sans cause que l'esprit d'une femme est ? craindre, puisqu'il n'?pargne rien pour venir ? bout de ses intentions. |
Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 2 |
113 | ALCANDRE |
Cependant contre les privil?ges de la Nature, tu as us? de force contre ton propre sang, et as voulu que les flammes de Floridan compatissent avecque les glaces de C?linde. |
Acte 5, sc. 4, ALCANDRE, phrase 3 |
114 | ALCANDRE |
Or tu vois ? quelle extr?mit? ta violence l'a r?duite, puisque destin?e ? mourir pour l'expiation de son crime rien au monde n'est d?sormais capable de la sauver, et pour ce que ton forfait est comme la cause du sien, j'ordonne que tu assisteras ? son supplice, afin que par l'?troite liaison qui unit un p?re ? ses enfants tu participes ? la peine qu'elle a m?rit?e. |
Acte 5, sc. 4, ALCANDRE, phrase 5 |
115 | AMINTOR |
Je n'ai garde de murmurer contre cette ordonnance puisque n'ayant plus de passion que pour mourir, je re?ois comme un grand bien, toutes les occasions qui peuvent avancer la fin de ma vie. |
Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1 |
116 | AMINTOR |
Mais pour ne laisser apr?s moi aucune tache qui puisse noircir ma renomm?e j'atteste les Dieux que ce que vous nommez une tyrannie, n'a ?t? qu'un d?sir violent de procurer ? C?linde un avantage qu'elle ne m?ritait pas. |
Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 2 |
117 | AMINTOR |
Et quant ? ce qui regarde l'int?r?t de Lucidor, je veux ?tre tenu pour le plus m?chant de tous les hommes, si j'en ai jamais rien su qu'apr?s que le mal a ?t? hors de toute esp?rance de rem?de. |
Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 3 |
118 | AMINTOR |
J'accepte votre alliance et la veux ch?rir comme la plus grande gr?ce que je pouvais recevoir du Ciel. |
Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1 |