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Personnage |
Vers ou phrase |
Localisation |
1 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Non, je ne ferai rien ; tenez, reprenez vos habits : je ne veux point ?tre fou par compagnie : et je ne saurais me r?soudre ? tromper tant d'honn?tes gens, comme je vois qu'il y en a ici. |
Prologue, sc. 1, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 1 |
2 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Je ne sais ( Messieurs ) quelle extravagance est aujourd'hui celle de mes Compagnons, mais elle est bien si grande, que je suis forc? de croire, que quelque charme leur d?robe la raison, et le pire que j'y vois, c'est, qu'ils t?chent de me la faire perdre, et ? vous autres aussi. |
Prologue, sc. 1, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 2 |
3 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Ils veulent me persuader que je ne suis point sur un th??tre ; ils disent que c'est ici la ville de Lyon, que voil? une h?tellerie ; et que voici un jeu de paume, o? des Com?diens qui ne sont point nous, et lesquels nous sommes pourtant, repr?sentent une Pastorale, ces insens?s ont tous pris des noms de guerre, et pensent vous ?tre inconnus, en s'appelant, Belle-Ombre, Beau-Soleil, Beau-S?jour, et d'autres encore tous semblables ; ils veulent que vous croyez ?tre au bord du Rh?ne, et non pas ? celui de la Seine ; et sans partir de Paris, ils pr?tendent vous faire passer pour des habitants de Lyon : ? moi-m?me ces Messieurs des petites Maisons, me veulent persuader que la m?tempsychose est vraie, et que par cons?quent Pythagore ?tait un ?vang?liste car ils disent que je suis un certain monsieur de Blandimare, bien que je m'appelle v?ritablement Mondory, et voyez s'ils ont le sens bien ?gar?, ils doivent faire passer ici un tambour et un arlequin, comme le pratiquent les petites troupes dedans, les petites villes ; n'est-ce pas se faire tort, et vous offenser aussi ? |
Prologue, sc. 1, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 3 |
4 | BELLE OMBRE |
Je meure s'il n'est vrai que tout ce qui reluit n'est pas or : et que les belles apparences sont le plus souvent trompeuses, avant qu'avoir go?t? la forme de vie que je m?ne, je me l'imaginais la plus agr?able de toutes : et je croyais indubitablement la com?die aussi plaisante ? faire, qu'? voir : mais l'exp?rience m'a contraint de changer d'opinion : et certes il faudrait que j'eusse le go?t bien malade, pour ne savoir pas faire la diff?rence de ces deux choses, puisque l'une commence, continue, et finit avec plaisir, et que l'autre au contraire, est suivie de mille incommodit?s. |
Acte 2, sc. 1, BELLE OMBRE, phrase 1 |
5 | ARLEQUIN |
Il n'est pas jusqu'aux petits enfants, qui ne soient fols ? force d'?tre sages, et je puis dire sans vanit?, que jamais homme de ma condition ne se vit si mal accompagn?, j'ai m?me plus fait que ne porte ma commission, car ce que les affiches leur montrent par les yeux, j'ai t?ch? de le leur apprendre par les oreilles, et cette ville n'a point de carrefour, o? je n'ai fait le crieur public ; mais je pense qu'ils ont tous voyag? en Egypte, et que le bruit des cataractes du Nil, leur a d?rob? l'ou?e. |
Acte 2, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2 |
6 | BELLE ÉPINE |
Voil? les plus mauvaises nouvelles que tu nous pouvais apprendre : il est vrai qu'elles ne me surprennent point, car je les avais bien pr?vues. |
Acte 2, sc. 3, BELLE ÉPINE, phrase 1 |
7 | BELLE OMBRE |
La repartie n'est pas mauvaise, mais elle me semble un peu bien libre pour une femme. |
Acte 2, sc. 3, BELLE OMBRE, phrase 1 |
8 | MADAME BEAU SOLEIL |
Le troisi?me prenant un ton plus haut, et trop fort pour son haleine, s'engage inconsid?r?ment, ? la censure des po?mes, que nous aurons repr?sent?s : l'un sera trop ennuyeux pour sa longueur, l'autre manque de jugement en sa conduite, celui-l? est plat et trop st?rile en pens?es, celui-l? au contraire ? force d'en avoir s'embarrasse, et parle Galimatias ; un est d?fectueux en ce qu'il ne s'attache pas aux r?gles des anciens, ce qui t?moigne ion ignorance ; l'autre pour les avoir trop religieusement observ?es, est froid, et presque du tout sans action ; celui-ci ne lie pas son discours, et fait des fautes au langage, celui-l? n'a pas la politesse de la Cour ; l'un manque des ornements de la po?sie ; l'autre est trop abondant en fables; ce qui sent plus le p?dant que l'honn?te homme, et plus l'huile que l'ambre gris ; enfin, il n'en ?chappe pas ? la langue de ce critique, qui faisant ainsi le proc?s ? tant de bons esprits, sans les ou?r en leurs d?fenses, montre qu'il est aussi mauvais juge en mati?re de vers, que le font en la connaissance de l'honn?tet? des femmes, ceux qui nous soup?onnent d'en manquer. |
Acte 2, sc. 3, MADAME BEAU SOLEIL, phrase 2 |
9 | BELLE FLEUR |
Je meure si elle n'habille ses raisons de bonne gr?ce ; et bien que cinq heures aient sonn?, depuis qu'elle parle, je m'?tais r?solu de ne l'interrompre point ; mais puisqu'une femme a pu s'imposer silence elle-m?me, faisons en autant, et, rentrons ; et bien que nous ayons accoutum? ailleurs d'avoir achev? ? cette heure, ne laisse pas Belle-Ombre, de te tenir encore quelque temps ? la porte ; car peut-?tre, ce que nous jugeons stupidit?, ne se trouvera que paresse, et le bien ne vient jamais tard, quand il arrive. |
Acte 2, sc. 3, BELLE FLEUR, phrase 1 |
10 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
J'ai tir? la preuve de ce que je dis, dans notre famille m?me, car feu mon fr?re d'Ollinville que vous connaissiez, mon h?te, n'a laiss? qu'un fils ? sa mort, h?ritier de tous ses biens, et des miens encore, puisque je ne marierai jamais qui suivant les caprices qui l'emportent loin de la raison, a d?j? fait mille saillies. |
Acte 2, sc. 4, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 3 |
11 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Les Lettres o? nous le destinions, lui ont sembl? une occupation trop basse, et trop endormie, pour sa vivacit?, il a voulu porter les armes, et le faisant, a couru toute l'Europe : et certes comme ce m?tier n'?tait pas indigne de sa naissance, nous supportions son erreur, mais lorsque nous pensions qu'il d?t faire sa retraite, il est reparti de nouveau, sans que nous ayons pu d?couvrir sa route, et mon fr?re m'ayant suppli? en mourant, d'avoir foin d'en faire la recherche, il n'est forme de vie o? la d?bauche puisse r?duire un jeune homme, dans laquelle je n'ai t?ch? de le rencontrer : mais tout inutilement, de sorte qu'ennuy? d'un si long voyage, enfin me voici dans Lyon, mais si las, qu'il ne m'est pas possible d'en partir de deux ou trois jours, pour revoir apr?s notre ville, la plus belle du monde, Paris. |
Acte 2, sc. 4, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 4 |
12 | BELLE OMBRE |
Je crois que toute la ville est en d?votion aujourd'hui, et qu'on leur a ordonn? pour se mortifier, de ne venir point ? la com?die : enfin la patience m'?chappe ; mais silence, voici un oiseau qui a la mine de se venir jeter dans nos filets peut-?tre comme les canards, les autres feront le m?me ? son exemple. |
Acte 2, sc. 5, BELLE OMBRE, phrase 1 |
13 | BELLE OMBRE |
Ha mon oncle, Dieu me damne si je le suis. |
Acte 2, sc. 5, BELLE OMBRE, phrase 1 |
14 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
La question que tu me fais, n'est pas si ais?e ? r?soudre, qu'on le puisse faire dans la rue, il y a beaucoup de raisons, pour et contre, et de plus, tel se nomme com?dien, qui n'est rien moins que cela, et je vois bien m?me, que je n'apprendrai d'aujourd'hui sur votre th??tre si tes compagnons ont droit ? cette qualit?, ou s'ils l'usurpent : car je n'aper?ois venir personne, et j'ai bien remarqu?, que le jeu de paume voisin, ?tait un tour de ton m?tier. |
Acte 2, sc. 5, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 1 |
15 | BELLE OMBRE |
Jamais je ne me trouvai si emp?ch? de ma contenance ; mais puisque je ne fais plus rien ici, allons rejoindre nos messieurs, et leur rendre compte de mon aventure. |
Acte 2, sc. 5, BELLE OMBRE, phrase 2 |
16 | MADAME BEAU SOLEIL |
Pour nous punir en quelque fa?on de la faute que nous avons commise, en recevant Monsieur votre neveu, votre bel esprit a sembl? avoir pris a t?che, pendant tout le souper, le m?pris de la com?die : mais nous nous en consolons, par la connaissance que nous avons de la bont? de votre jugement, qui fans doute, vous fait avoir dans l'?me, des sentiments de notre profession, tous contraires, ? ce que la raillerie, vous met ? la bouche sur ce sujet. |
Acte 3, sc. 1, MADAME BEAU SOLEIL, phrase 1 |
17 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Tant s'en faut que je la m?prise, que je tiens qu'? moins que d'avoir renonc? au sens commun, il n'est pas possible qu'on ne l'estime quand elle est bien faite mais je vous dirai librement, que j'ai le m?me go?t pour les com?dies, que pour les vers, pour les melons, et pour les amis ; c'est ? dire, que s'ils ne sont excellents, ils ne valent rien du tout. |
Acte 3, sc. 1, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 1 |
18 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Il y a des choses d'une nature si relev?e, que la m?diocrit? les d?truit : et ? n'en point mentir, il faut tant de qualit?s ? un Com?dien, pour m?riter celle de bon, qu'on ne les rencontre, que fort rarement ensemble, il faut premi?rement que la nature y contribue, en lui donnant la bonne mine ; c'est ce qui fait la premi?re impression dans l'?me des spectateurs : qu'il ait le port du corps avantageux, l'action libre, et sans contrainte ; la voix claire, nette, et forte ; que son langage soit exempt des mauvaises prononciations, et des acc?s corrompus, qu'on acquiert dans les Provinces, et qu'il se conserve toujours la puret? du fran?ais, qu'il ait l'esprit et le jugement bon, pour l'intelligence des vers, et la force de la m?moire, pour les apprendre promptement, et les retenir apr?s toujours qu'il ne soit ignorant ni de l'histoire, ni de la fable, car autrement, il fera du Galimatias malgr? qu'il en aie : et r?citera des choses bien souvent ? contre-sens : et aussi hors de ton, qu'un musicien qui n'a point d'oreille : ses actions m?mes seront comme les pas d'un mauvais balladin, qui saute une heure apr?s la cadence ; et de l? vient tant de postures extravagantes, et tant de lever de chapeau hors de saison, comme on en voit sur les th??tres. |
Acte 3, sc. 1, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 2 |
19 | BEAU SOLEIL |
Nous avons encor tout ce jeu imprim?, La Pyrame de Th?ophile, po?me, qui n'est mauvais qu'en ce qu'il a ?t? trop bon : car except? ceux qui n'ont point de m?moire, il ne se trouve personne qui ne le sache par coeur, de sorte que ses raret?s, emp?chent qu'il ne soit rare. Nous avons aussi la Sylvie, la Chrise?de, et la Sylvanire, Les Folies de Cardenio, L'infid?le Confidente, et la Philis de Scire, les Bergeries de Monsieur de Racan , Ligdamon, le Trompeur Puni, M?lite, Clitandre, la Veuve, la Bague de l'oubli, et tout ce qu'ont mis en lumi?re les plus beaux esprits du temps, mais pour maintenant, il suffira que nous vous fassions ou?r une ?glogue Pastorale ? l'auteur du Trompeur puni, nous l'avons apprise parce qu'elle est bonne, et sans dessein de nous en servir au th??tre, pour lequel elle n'a pas ?t? compos?e : prenez la peine de l'entendre. |
Acte 3, sc. 1, BEAU SOLEIL, phrase 1 |
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20 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Non, non tant s'en faut qu'elle me soit en horreur, que voyant comme elle en est son lustre parmi vous, je loue le jugement de mon neveu, de s'?tre mis en votre Troupe: et pour vous montrer que j'ai ce que je dis, aussi bien dans le coeur, que dans la bouche, et que bien, loin de soup?onner votre profession d'ignominie, je la tiens fort glorieuse ; je la veux embrasser moi-m?me, si vous me voulez recevoir. |
Acte 3, sc. 3, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 5 |
21 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Mais n'avez vous point de po?me qui n'aie d?j? ?t? vu ? |
Acte 3, sc. 3, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 1 |
22 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
Elle est de ma connaissance, et de la composition de celui dont nous avons parl?, il m'a fait la faveur de me la donner ?crite de sa main. |
Acte 3, sc. 3, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 1 |
23 | MONSIEUR DE BLANDIMARE |
C'est un po?me ? l'Espagnole, de trois actes ; mis par lui dans la r?gle des vingt et quatre heures. |
Acte 3, sc. 3, MONSIEUR DE BLANDIMARE, phrase 2 |