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Personnage |
Vers ou phrase |
Localisation |
1 | FLORIDAN |
Floridan, me dit-elle, j'aime Parth?nice et l'estime l'une des plus vertueuses filles qui furent jamais, d'autant mieux qu'?tant rest?e Orpheline en l'?ge de six ou sept ans, ses actions toutefois ont donn? depuis de si grandes preuves de sagesse et de vertu, que la m?disance m?me n'a jamais os? s'y attacher : mais en cela C?linde ne lui c?de pas, et bien qu'entre leur ?ge, leur extraction et leur beaut? il se trouve un rapport admirable, je veux que tu saches qu'entre leurs biens, il n'y a nulle sorte de proportion. |
Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2 |
2 | FLORIDAN |
Or mon fils, ajouta-t-elle, tu n'ignores pas ce que peut aujourd'hui ce m?tal, cet Or que les hommes ont ?t? cherch? jusques dans les entrailles de la terre ; tu sais qu'en ce Si?cle perverti on ne fait ?tat que de ceux qui se vantent d'un nombre de tr?sors amass?s, et que le plus honn?te homme du monde para?trait sot sous le visage de la pauvret? : l'Or ouvre des portes qui r?sisteraient ? la foudre des canons, et enfin il a le pouvoir, tant notre imagination en est bless?e, de faire quelquefois asseoir des b?tes dans le tr?ne m?me des Dieux : c'est pour cela que je te conseille de suivre la maladie du temps, et de prendre plut?t C?linde riche, que Parth?nice, avecque peu de biens. |
Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 3 |
3 | PARTHÉNICE |
Quoi, ces caresses que tu soulais nommer le doux entretien de ta vie, et que d?sormais je nommerai la triste cause de ma mort, seront-elles absolument bannies de ta m?moire, aussi bien que tes promesses et tes serments ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
4 | PARTHÉNICE |
Et bien ; puisque le souvenir des larmes dont tes yeux ont mouill? tant de fois mon sein, ni celles que je verse maintenant ne sont capables d'amollir la duret? de ton coeur, change hardiment, et triomphe en m?me temps de mon amour et de ma vie : tu ?prouveras jusqu'? quel point de fureur se peut convertir une patience outrag?e ; tu sauras que sous le corps d'une fille, je porte un esprit capable de me faire imiter les plus grandes actions que le d?sespoir ait inspir?es ? ceux que l'Amour et la fortune n'ont pas mieux trait?s que moi. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1 |
5 | PARTHÉNICE |
Mais perfide, mais trompeur, si tu veux d'un seul coup arr?ter mon bras et ma r?solution, ou quitte le funeste dessein qui te fait consentir ? ce changement, ou toi-m?me ex?cute ce que ta trahison me va forcer d'entreprendre, plonge dans mon sein ce fer qui n'est pas plus dur ni plus insensible que toi, aussi bien ma seule mort te peut dispenser de tes promesses ; que si autrefois une seule goutte de mon sang a pu te rappeler du tr?pas ? la vie, qui t'oblige ? le m?priser maintenant que prodigue de ce bien je ne m'en veux pas r?server une seule goutte ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
6 | PARTHÉNICE |
Et bien, puisque tu manques de courage comme d'amour, et qu'au lieu que je soulais voir en toi toutes choses en leur perfection, je n'y remarque aujourd'hui que des d?fauts, rends-moi, rends-moi cette ?p?e ; permets que je donne ? ta tromperie la d?pouille de ce corps qui n'a plus d'?me, depuis qu'il ne poss?de plus Floridan. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
7 | PARTHÉNICE |
Et toi que la col?re me fit choisir pour instrument de ma vengeance, et dont mon ignorance sans doute emp?cha que je ne me servisse bien ? propos ; dis-moi, je te prie, quel particulier respect t'a fait ?pargner celui qui n'?pargne pas contre ma vie un seul des traits de sa rigueur ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1 |
8 | PARTHÉNICE |
Il faut bien que cela soit ; car enfin tu n'as pas d? manquer de poudre, puisque toutes mes esp?rances y sont r?duites ? |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4 |
9 | PARTHÉNICE |
Je sais ce que c'est, tu as manqu? d'amorce aussi bien que mes yeux ; ou si tu en as eu elle n'a pu avoir son effet, pour avoir ?t? d?tremp?e dans l'humidit? de mes larmes. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 7 |
10 | PARTHÉNICE |
Allons plut?t nous ?claircir de cette doute, et chercher ? ma disgr?ce un rem?de moins violent, j'aurai toujours assez de temps pour recourir aux extr?mes, et quelques accidents que la fortune me pr?pare, elle ne saurait m'interdire de mourir quand il me plaira : aussi bien on entend d?j? force bruit par les rues, les paysans vont au travail, tous les marchands ouvrent leurs boutiques ; et il semble que le Soleil se h?te pour me venir accuser sous cet habit, d'un changement presque aussi punissable, que celui de Floridan. |
Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 12 |
11 | AMINTOR |
Vous avez raison, Madame, comme on ne saurait trop tard ex?cuter un mauvais dessein ; aussi ne saurait-on jamais trop t?t faire une bonne action : par l? vous pouvez juger, que tant s'en faut que je doive me plaindre du sujet qui vous a donn? le soin de me visiter ce matin, qu'au contraire j'en demeure votre oblig?, comme du plus grand bien que vous me pouviez procurer. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
12 | DORICE |
De vous dire maintenant les consid?rations qui m'ont port?e ? cette recherche, je l'estime en quelque fa?on hors de propos, puisque cela ne se peut sans que j'y m?le un r?cit de vos louanges, dont je craindrais que le discours (quoique v?ritable et m?rit?) vous m?t quelque rougeur au front, et en l'esprit quelque petit soup?on de flatterie : toutefois il me sera bien permis de dire, que l'illustre nom que vous portez, et que vos Anc?tres ont rendu fameux depuis plusieurs si?cles ; que la noblesse de votre sang, dont l'origine se tire d'aussi loin que la naissance de cette Monarchie : que vos vertus particuli?res, dont l'?clat se va rendre le plus bel exemple qu'on puisse laisser ? la post?rit? ; et qu'enfin les perfections qui se remarquent au corps et en l'?me de C?linde font une partie des charmes qui m'ont vaincue en faveur de Floridan. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 2 |
13 | AMINTOR |
Vous l'avez bien dit que vous me feriez rougir de vos flatteries : mais, sage Dorice, laissons ? part ce qui me regarde, et demeurons d'accord que tout ce que vous avez dit de moi se rencontre en vous et en Floridan, avec bien plus d'avantage. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
14 | AMINTOR |
Je n'ai donc qu'un mot ? r?pondre, pour vous remercier de l'honneur que vous me faites : et pour satisfaire en m?me temps au d?sir que vous m'avez t?moign? ; c'est que je consens que C?linde, indigne pourtant de ce bien, tombe sous la puissance de Floridan, et laisse entre ses bras ce fruit qui ne peut qu'une fois ?tre cueilli. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2 |
15 | DORICE |
? consentement qui m'oblige ; ? promesse en faveur de laquelle je vous embrasse mille fois : votre parole que je tiens plus inviolable qu'un voeu qui serait fait ? quelque Divinit?, approche si fort mes esp?rances de leur effet, qu'? peine que je ne les prenne pour une chose m?me : toutefois certain scrupule m?le encore quelque amertume parmi les douceurs de ce bien, qui est que C?linde, peut-?tre engag?e ailleurs d'affection, ne rendra pas ses d?sirs conformes aux n?tres. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
16 | AMINTOR |
C?linde, bien que rest?e sans m?re depuis longtemps, a trouv? dans mes soins une nourriture si glorieuse, que je ne la saurais croire coupable du crime dont vous la soup?onnez : d'autant mieux que n'ayant eu qu'elle ? gouverner, et elle n'ayant eu ? partager mon affection avecque nul autre enfant, il serait difficile que je n'eusse imprim? dans son ?me les caract?res dont on marque l'honneur et la vertu. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2 |
17 | AMINTOR |
Outre que si cette peste (telle puis-je nommer cette inclination, qui d?robe de l'esprit d'une fille le respect qu'elle doit ? ses parents) si cette peste, dis-je, l'avait infect?e de son venin mortel, je jure que j'userais du pouvoir que la nature me donne, et qu'employant la force, o? les autres moyens me d?faudraient, je saurais bien appliquer un rem?de ? la folie. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3 |
18 | DORICE |
Je ne vous ai pas propos? cette doute afin de vous irriter contre C?linde, de qui l'innocence, peut-?tre, condamne d?j? le discours que je vous en ai fait : mais le souvenir de ce que j'ai ?t?, et une exp?rience particuli?re m'enseignent qu'il ne faut jamais user de violence sur les inclinations d'une fille bien n?e. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
19 | AMINTOR |
Comme il ne faut jamais douter du jour quand le Soleil est lev?, la raison de cela c'est que comme il est impossible que la nuit et le Soleil puissent compatir ensemble, aussi ne voit-on jamais qu'une fille bien n?e soit capable d'autres inclinations que de celles que lui doivent prescrire ceux de qui elle d?pend. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
20 | AMINTOR |
Il se rencontre rarement qu'un jeune esprit soit capable de discerner le bien d'avecque le mal, et si on le laisse dans la libert? de son choix, il semble que par quelque fatalit? qu'il ne peut ?viter, son aveuglement le fasse tomber dans quelque dangereux pr?cipice. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3 |
21 | DORICE |
Je ne voudrais pas qu'on laiss?t courir une fille ? un ?vident p?ril, comme je ne voudrais pas qu'on lui d?fend?t un bien apparent : en cela je consulterais sa volont? comme un Oracle n?cessaire, apr?s quoi je ferais intervenir mon jugement ; et le laissant neutre entre elle et moi, je lui en ferais prononcer l'arr?t selon la raison, non pas selon sa passion ni la mienne. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
22 | DORICE |
Purement de l'inimiti? qui se forme, ou qui se trouve contract?e entre ceux qu'Amour seulement devrait assembler : il semble que la Nature ait horreur de leurs embrassements forc?s, et pour moi, je sais bien que si j'?tais en votre place, je demeurerais plut?t ?ternellement charg?e d'une fille, que de la marier ? quelqu'un pour qui elle n'aurait pas une particuli?re affection. |
Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 3 |
23 | AMINTOR |
Votre sentiment n'a pas toutes les m?res de son parti : la plupart savent bien qu'il ne faut pas avoir de semblables tendresses pour des esprits ? qui tout doit ?tre bon, pourvu qu'il nous soit agr?able. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1 |
24 | AMINTOR |
Ses parents ?taient des plus riches et des plus illustres de toute la contr?e, de sorte qu'h?ritant de leurs vertus et de leurs biens, elle fut estim?e, sans difficult?, le plus avantageux parti du Royaume. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2 |
25 | AMINTOR |
D?s lors les plus apparents jet?rent les yeux sur elle, mais sur tous un tr?s accompli Seigneur nomm? Cl?andre, en devint si ?perdument amoureux, que perdant l'esp?rance de l'obtenir, pour n'avoir pas assez des biens de fortune, ce qu'il ne pouvait attendre autrement. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3 |
26 | AMINTOR |
Parth?nop? n'eut pas plut?t la libert? de respirer, qu'elle d?sira cent fois de mourir pour ne survivre pas la perte de son honneur : et bien que Cl?andre s'effor??t de lui repr?senter l'exc?s de la passion qui l'avait fait recourir ? cette violence, il ne s?t jamais emp?cher qu'elle ne jur?t de perdre plut?t la vie que le ressentiment d'un si remarquable affront. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 5 |
27 | AMINTOR |
Cette poursuite dura environ quelques mois, apr?s lesquels Parth?nop? se trouva grosse, et Cl?andre fut pris ; car ce Chevalier se lassant de vivre ?loign? de ce qu'il aimait si fort, mit si peu de soin ? se garantir, qu'il tomba bient?t dans les pi?ges que ses ennemis lui avaient dress?s. |
Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 7 |
28 | AMINTOR |
Nous ?tions Dorice et moi sur une dispute bien plaisante, et dont tu nous peux donner la derni?re d?cision. |
Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 2 |
29 | AMINTOR |
Elle par je ne sais quel destin ennemie de son sexe, me soutient, qu'? peine trouverait-on aujourd'hui une fille bien r?sign?e ? la volont? de ses parents ; et moi au contraire je soutiens, qu'? peine en trouverait-on une qui voul?t sortir des termes de son devoir, que t'en semble ? |
Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 3 |
30 | CÉLINDE |
Votre parti, comme le plus juste sans doute, sera toujours le plus fort : et pour moi je sais bien qu'il ne sera jamais de consid?ration assez puissante pour me faire faillir contre l'ob?issance que je vous dois. |
Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
31 | AMINTOR |
Je n'en attendais pas moins de ton bon naturel ; mais bien loin de te commander de mourir, je te veux mettre dans un genre de vie bien plus doux que tu ne l'as go?t? jusqu'ici. |
Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 1 |
32 | CÉLINDE |
Je vois bien qu'on se r?sout de me faire une violence, mais devant que je trahisse mon amour et ta fid?lit?, les Dieux qui m'?coutent porteront envie ? la condition des mortels ; l'Aurore se trouvera au coucher du Soleil, et enfin ce qu'on nous propose de plus impossible se rendra facile ? tout le monde. |
Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 3 |
33 | CÉLINDE |
Que ne m'est-il aussi bien permis d'entrer dans le tombeau ? |
Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2 |
34 | PHILINDRE |
Quand j'ai commenc? de soutenir contre vous combien cette passion est dangereuse, j'en ai moins consid?r? la cause que les effets ; mais sans nous amuser plus longtemps en cette dispute inutile, dites-moi seulement quel nom vous pouvez donner ? ses ?ternelles inqui?tudes qui accompagnent l'esprit d'un homme v?ritablement amoureux : si le manger est une chose n?cessaire ? la conservation de l'?tre ; si le dormir est un repos accord? par la Nature pour le soulagement de tout ce qu'elle a cr??, appellerez-vous un bien ce qui d?truit le go?t, et emp?che le sommeil ? |
Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 1 |
35 | PHILINDRE |
Jalousie, d'autant plus ? craindre, qu'elle change de visage ? toutes choses ; et que faisant passer jusqu'? nos corps l'aveuglement de notre ?me, elle nous fait bien souvent condamner comme un crime les plus innocentes actions. |
Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 2 |
36 | LUCIDOR |
En effet tu reconnais aussi bien que moi les bonnes qualit?s qu'elle poss?de, tu sais qu'elle est belle jusqu'au point de ne pouvoir ?tre vue d'un homme sans me faire incontinent un rival ; et cependant, oublieuse en ma faveur de l'exc?s de ses m?rites, comme je prends plaisir de la voir triompher de mes d?sirs, elle est bien aise que je me vante d'?tre Roi de ses pens?es. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 7 |
37 | LUCIDOR |
Je t'avoue, Philindre, que mon bonheur est extr?me comme sa beaut?, et qu'il est aussi bien au-dessus de mes esp?rances, que je suis au-dessus de mes rivaux : je reconnais ma fortune, et ne doute pas que je ne sois punissable dans la vanit? que j'en ai devant toi ; mais puisque celle qui fait mes destin?es consent que je ne te cache rien, jette, je te supplie, les yeux sur ce papier, et tu verras si j'ai mal d?crit l'?tat pr?sent de ma vie. |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
38 |
PHILINDRE |
A si bien rang? sous mes fers |
Acte 2, sc. 1, v. 20 |
39 | LUCIDOR |
Confesse que si je ne sais pas bien ?crire, je sais au moins parfaitement aimer, mais poursuis : |
Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
40 | CÉLINDE |
Cet Oracle que tu viens consulter est le m?me qui depuis une heure a prononc? contre toi un arr?t plus rude que mille morts ; et cette p?leur que tu remarques en moi, est bien un t?moignage de ma douleur, mais elle est aussi une preuve de ma d?faite : car pour ne retenir pas davantage ton esprit en suspens, je te dirai que je viens de rendre un combat, o? au lieu de sang j'ai vers? une infinit? de larmes : j'avais pour partie et pour ennemi celui qui est mon tout, et que la Nature m'ordonne de ch?rir par-dessus tout le reste des hommes. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1 |
41 | LUCIDOR |
Mais, Madame, cet arr?t peut bien faire que je vous perde, non pas que Floridan cueille les Myrtes que vos promesses m'avaient destin?s ; en leur place mon courage lui pr?pare des Cypr?s, et au lieu de lit je lui veux creuser un tombeau, o? la terre lui fasse jour pour aller faire l'amour aux Ombres. |
Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 2 |
42 | CÉLINDE |
Mais ne sais-tu pas sous quelles conditions je perdis la honte d'avouer que je te voulais du bien ? |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 4 |
43 | CÉLINDE |
Je te commande en premier lieu de n'entreprendre rien contre Florian, puisque tu sais bien qu'ayant ignor? ta passion, il a pu m'aimer sans te faire une injure : en second lieu, que tu ne cherches jamais l'occasion de te pr?valoir de mon amour au pr?judice de mon honneur ; et enfin de ne me demander jamais d'autre preuves de mon affection que ma parole. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 2 |
44 | CÉLINDE |
H?te-toi, et va-t'en pour un peu, aussi bien je vois para?tre Parth?nice qui vient, peut-?tre, pour me visiter. |
Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1 |
45 | CÉLINDE |
Il ne m'est pourtant rien arriv? que je sache, d'o? une personne qui me veuille du bien puisse tirer nul sujet de contentement. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
46 | PARTHÉNICE |
Cette feinte ne vous sied pas mal, et je ne la condamnerais pas pour tout autre que pour moi ; mais ?tant ce que je suis, et ne voyant ici personne qui nous puisse ?tre suspecte, je ne puis que je ne bl?me votre amiti?, de quoi elle me cache l'acquisition d'un serviteur qui doit bient?t prendre la qualit? de ma?tre. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1 |
47 | PARTHÉNICE |
Je le veux bien, ? condition toutefois, que vous me direz auparavant de quelle fa?on vous recevez ce mari. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1 |
48 | PARTHÉNICE |
Il faut bien qu'il ait reconnu votre esprit capable de quelque bonne volont? pour lui, puisqu'il s'est engag? dans cette recherche, car on lui donne la gloire d'avoir assez de jugement pour ne vouloir pas ?pouser une ennemie. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1 |
49 | CÉLINDE |
Si Floridan pouvait lire dans mon coeur, qu'il y verrait bien d'autres passions d?crites, il reconna?trait que cette estime que j'avais pour lui au temps qu'il ne me regardait qu'indiff?remment, s'est chang?e en une haine si forte, depuis qu'il montre avoir de l'amour pour moi, que je ne pense pas qu'? son alliance je ne pr?f?rasse celle d'un Monstre ou d'un Barbare : ce n'est pas qu'il ne vaille beaucoup, mais un secret destin veut que cela m?me, d'o? une autre tirerait de la gloire, me soit une mati?re de m?contentement. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2 |
50 | PARTHÉNICE |
Et pourquoi ne sont-elles pas assez bien expliqu?es, par la rougeur qui me monte d?j? sur le front ? |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 3 |
51 | PARTHÉNICE |
Mais, C?linde, puisqu'un malade ne peut mieux gu?rir qu'en d?couvrant son mal au M?decin qui en a les rem?des infaillibles, je vois bien qu'il faut que je vous d?clare le mien, et que je vous en parle comme ? celle qui a cela de commun avec les Dieux, qu'elle est aujourd'hui l'Arbitre souverain de ma mort ou de ma vie. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 4 |
52 | PARTHÉNICE |
Je r?sistai bien quelque temps aux artifices par lesquels je croyais qu'il voul?t surprendre ma libert?, mais enfin, m'?tant persuad?e qu'il m'aimait v?ritablement, je ne pus m'emp?cher de lui t?moigner que je l'aimais aussi. |
Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 6 |
53 | CÉLINDE |
Ch?re Parth?nice, je suis bien aise de quoi en ce commun accident qui nous pouvait ?tre ?galement funeste, ma passion rencontre un moyen de me satisfaire, et de vous obliger ; je vous jure donc tout ce qui peut rendre un serment puis inviolable, que Floridan ne m'?pousera jamais, et que si la tyrannie de mon p?re va jusqu'? me vouloir forcer d'observer la parole que je lui en ai donn?e, je chercherai dans mon d?sespoir de quoi vous venger, et moi aussi. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
54 | CÉLINDE |
Cet office dont vous t?moignez tant de ressentiment, n'est pas consid?rable au prix de la volont? que j'ai de vous servir ; mais il me reste encore une chose ? vous dire, et dont il est n?cessaire que vous ayez l'esprit ?clairci : c'est qu'ayant enfin promis ? mon p?re, d'ob?ir ? l'arr?t par lequel il me veut soumettre ? la puissance de Floridan, il est ? propos que je feigne pour quelque temps de lui vouloir un peu de bien, afin que sous le d?sir de laisser jeter des racines ? cette affection, naissante en apparence, il me puisse donner le loisir de songer aux moyens qui peuvent arr?ter le cours de sa pr?somption. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
55 | CÉLINDE |
Ne vous ?tonnez donc pas si quelque fois un bruit commun vous dit que je l'aime, ou si vous ?tes vous-m?me t?moin des actions que je pr?pare pour le tromper, cet artifice est absolument n?cessaire ? notre repos ; mais il semble que je l'aper?ois avecque Lucidor il faut qu'ils se soient rencontr?s bien pr?s d'ici. |
Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2 |
56 | LUCIDOR |
Ne vous affligez plus, belle Parth?nice, mais esp?rez en cette ?ternelle vicissitude qui r?gne sur tous nos mouvements ; et souvenez-vous que de m?me que tel, dont l'exemple n'est pas loin, se flatte de la possession d'un bien dont il peut mettre la conqu?te dans le nombre des choses impossibles, de m?me aussi, tel bien souvent croit ?tre mis?rable, qui dans une heure se voit port? du centre des disgr?ces au sommet des plus hautes f?licit?s. |
Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
57 | AMINTOR |
On m'avait d?j? bien averti de votre venue, mais j'ai ?t? bien aise de vous donner le temps de reconna?tre la place que votre m?rite vous doit faire emporter. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1 |
58 | AMINTOR |
Ah quand mon sang bouillonnais jadis ?chauff? des jeunes ardeurs de votre ?ge, j'eusse ?t? bien marri qu'un seul jour se f?t ?coul?, sans me voir employ? dans quelque nouveau passe-temps ; tant?t dans les Joutes et les Tournois, tant?t dans les bals et les assembl?es ; quelquefois en des festins, d'autrefois en des Com?dies. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 2 |
59 | AMINTOR |
Je suis bien tromp? si Parth?nice et Lucidor ne se souviennent encore de leurs personnages. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1 |
60 | AMINTOR |
Sus donc, C?linde, allez de bonne heure mettre ordre ? tout ce qu'il faut, allez-vous faire donner les clefs de ma garde-robe, de tout temps assez bien pourvue d'une grande diversit? d'habits ; fouillez tout, renversez tout, je vous le permets, ? condition qu'on ne parle que de jouer et de se r?jouir ; cependant je prendrai le soin d'en avertir Dorice, et d'y convier nos plus intimes amis. |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1 |
61 | AMINTOR |
Et bien ? |
Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 8 |
62 | LE PAGE |
Elle est sur le point de se mettre ? table, mais elle m'a command? de vous dire que vous serez le bienvenu. |
Acte 2, sc. 5, LE PAGE, phrase 1 |
63 | AMINTOR |
Je les ai laiss?s qu'ils ?taient presque achev?s d'habiller, je pense qu'ils commenceront bient?t ; cependant prenons les si?ges les plus commodes pour les voir avecque attention : entre amis les plus petites c?r?monies sont un grand crime, mettez-vous o? vous croirez ?tre le mieux. |
Acte 3, sc. 1, AMINTOR, phrase 1 |
64 | DORICE |
Me voil? fort bien. |
Acte 3, sc. 1, DORICE, phrase 1 |
65 |
AKIOR |
Il est bien juste amis que je vous satisfasse |
Acte V1, sc. 2, v. 96 |
66 |
MOAB |
Vous les verrez bient?t sous vos lois se ranger |
Acte V1, sc. 3, v. 137 |
67 |
HOLOFERNE |
Mais je sais bien qu'en vain cet id?le te flatte |
Acte V1, sc. 3, v. 151 |
68 |
ABRA |
Bien que mon sentiment s'oppose ? ce voyage |
Acte V2, sc. 1, v. 167 |
69 |
JUDITH |
Ressentira bient?t les coups de la disgr?ce, |
Acte V2, sc. 1, v. 188 |
70 |
OSIAS |
Ah Judith, ce discours a bien peu d'apparence, |
Acte V2, sc. 1, v. 195 |
71 | AMINTOR |
Vous pourrez bient?t cela sur C?linde en qualit? de m?re ; et en qualit? d'amie, je ne pense pas que Parth?nice ne trouve de la gloire ? vous faire plaisir. |
Acte V2, sc. 3, AMINTOR, phrase 1 |
72 |
HOLOFERNE |
Ah je m'en doutais bien que l'exc?s de ses charmes |
Acte V3, sc. 1, v. 255 |
73 |
HOLOFERNE |
Et bien qu'ai-je obtenu le tr?pas ou la vie ? |
Acte V3, sc. , v. 276 |
74 |
ABRA |
M?rite ce me semble un avis bien prudent. |
Acte V3, sc. 3, v. 310 |
75 |
ABRA |
Que vous montrer le soin que j'ai de votre bien. |
Acte V3, sc. 3, v. 318 |
76 |
HOLOFERNE |
Veux-tu me faire un bien qui n'ait point de pareil ? |
Acte V3, sc. 4, v. 329 |
77 | AMINTOR |
Les paroles de C?linde m'?tonnent bien davantage, car ce qu'elle vient de dire ne doit pas ?tre dans ses vers. |
Acte V3, sc. 5, AMINTOR, phrase 1 |
78 | CÉLINDE |
Parents, que d?sormais je nomme barbares, ?tonnez-vous de votre tyrannie, non pas de mon action : votre violence et mon d?sespoir sont les meurtriers de Floridan ; et vous ?prouvez aujourd'hui combien ?tait injuste la loi par laquelle vous me vouliez contraindre ? trahir les flammes de Lucidor : il est mon mari depuis longtemps, et nul homme sans mourir ne pouvait m'emp?cher d'?tre sa femme. |
Acte V3, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1 |
79 | PARTHÉNICE |
Je sais bien que depuis quelque temps la trahison l'a fait vivre coupable, mais je ne saurais m'emp?cher de le plaindre comme s'il mourait innocent. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2 |
80 | PARTHÉNICE |
Il faut bien que l'une des Furies, ou peut-?tre toutes trois aient ensemble projet? ce dessein abominable ; autrement il serait impossible qu'une fille qui ne peut sans horreur ou?r parler du sang et du fer pour satisfaire ? quelque passion particuli?re e?t eu le courage d'employer et le fer et le sang. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 8 |
81 | PARTHÉNICE |
Ah C?linde, que vous allumez un grand combat dans mon ?me entre l'Amour et l'Amiti?, et que ces deux puissances, bien que comprises sous une m?me passion, excitent en moi des mouvements contraires ; l'une me fait d?sirer votre ruine, comme vous avez d?truit mes plaisirs, et l'autre condamnant ce d?sir, rejette la principale cause de cet ?trange accident sur moi mis?rable, qui vous ai conjur?e de ne vouloir jamais ?pouser Floridan. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 11 |
82 | PARTHÉNICE |
Courage, Parth?nice, ta fureur n'a point ici de t?moins : toutefois me voici d?j? proche de son logis, diff?rons pour un peu l'ex?cution de ce dessein, je saurai toujours bien prendre le temps de me mettre au m?me ?tat o? sa blessure l'aura r?duit. |
Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 19 |
83 | FLORIDAN |
Vous savez combien ils ont de haine pour les perfides, et si j'ai m?rit? ce titre envers Parth?nice (puisque je vous en ai quelquefois ouvert mon ?me) je n'en veux point d'autre Juge que vous. |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2 |
84 | DORICE |
Je vois bien o? tu veux tomber, si tu crois avoir fait quelque injure ? Parth?nice, je te donne la libert? de la r?parer ; uses-en discr?tement, et souviens toi que tu ne me trouveras plus ennemie de tes plaisirs : pense seulement ? gu?rir, Floridan. |
Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
85 | DORICE |
C'est plut?t une marque de votre bont?, et j'ai bien du regret de quoi vous n'aurez point ici d'entretien qui vous plaise : Floridan est fort mal, toutefois s'il est vrai qu'une grande beaut? puisse faire des miracles, apr?s qu'il vous aura vue j'esp?rerai quelque chose ce sa gu?rison. |
Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1 |
86 | PARTHÉNICE |
Et bien, Floridan, en quel ?tat vous ont mis les blessures de C?linde ? |
Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1 |
87 | FLORIDAN |
Vous me trouvez bien proche de ce moment, par lequel les Dieux semblent vouloir unir la mort ? la vie : mais croyez-moi, belle Parth?nice, l'outrage que j'ai re?u de C?linde en est moins cause que celui que je vous ai fait. |
Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2 |
88 | PARTHÉNICE |
Mais il me semble que vous feriez bien mieux d'obliger mon amour ? vous pardonner, que mon ressentiment ? vous punir. |
Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 2 |
89 | CÉLINDE |
Cessez, mes pens?e, de m'affliger par la m?moire d'un accident qui ne peut recevoir de rem?de, ou s'il faut que vous me fassiez souvenir de la mort de Floridan, que ce ne soit qu'afin de me faire songer aux moyens qui pourront mieux rendre connue l'innocence de Lucidor : mais il me semble que j'ai entrou? une voix qui se rapporte parfaitement ? la sienne : Dieux qu'un grand bien se m?lerait ? mes disgr?ces, si dans ma captivit? j'?tais au moins assez heureuse pour trouver la libert? de l'entretenir : si c'est lui je n'ai qu'? pr?ter l'oreille un peu attentivement, j'en serai bient?t hors de doute. |
Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
90 | LUCIDOR |
Pourquoi ne remettiez-vous cette charge ? mon courage, qui l'e?t ex?cut?e avec moins de p?ril, et bien plus glorieusement ? |
Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 3 |
91 | CÉLINDE |
Tu sais que le sujet de mes vers m'obligeait ? feindre seulement, mais quand j'ai eu le poignard pr?s de lui, et que je l'ai consid?r? come un voleur, qui, un moment apr?s, te devait ravir le prix de tes services, l'Amour, ou plut?t le d?sespoir, a donn? des forces ? ma r?solution : et bien que ma main, peu accoutum?e ? de semblables actions, trembl?t d'horreur, je n'ai pas laiss? d'achever mon entreprise, aimant bien mieux mourir, que tomber entre les mains de ce t?m?raire. |
Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 3 |
92 | CÉLINDE |
Ainsi ne pouvant me proposer d'exp?dient possible pour ?chapper de ce p?ril, ni par la fuite, ni par un pr?texte de maladie ni autrement, j'ai recouru ? cette derni?re violence, m'assurant bien qu'elle seule ?tait capable d'arr?ter un dessein si ruineux pour nous. |
Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 6 |
93 | CÉLINDE |
Pour cela, cher ami, je serais bien aise de voir le tien : tous mes sens sont jaloux du privil?ge de mon ou?e, mais surtout il me semble que mes yeux sollicitent mon imagination, d'inventer un moyen de te voir : il y a longtemps que je fais des efforts pour cela, mais ces barreaux qui se h?rissent de pointes, semblent n'avoir de la duret? que pour r?sister mieux ? la violence de mes d?sirs ; et toi, cher Lucidor, es-tu dans la m?me contrainte que moi ? |
Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
94 | LUCIDOR |
Cher Philindre, ?coute la voix de Lucidor qui t'appelle, et bien, cher ami, o? allais-tu ? |
Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 2 |
95 | PHILINDRE |
J'allais ? la porte de la prison, demander si l'on me voudrait accorder le bien de vous visiter, car mon affection est pr?te ? ne rien ?pargner pour votre salut ; et s'il faut hasarder la vie de quelqu'un pour mettre la v?tre en s?ret?, je vous conjure de n'employer personne que Philindre. |
Acte 4, sc. 4, PHILINDRE, phrase 1 |
96 | CÉLINDE |
Je te prie cher Lucidor, soulage mon humeur impatiente, et dis-moi si j'obtiendrai par lui le bien que mes d?sirs te demandent. |
Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 2 |
97 | LUCIDOR |
Une commune exp?rience me promet ce contentement, et pourvu que son retour ne trouve point d'obstacle, nous saurons bient?t ce que nous en devons esp?rer. |
Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
98 | LUCIDOR |
Te voil? presque o? il faut, avance seulement un petit pas, et porte le miroir un peu sur ta main gauche ; ? que tu es bien, prends garde que nous ne soyons aper?us, et pardonne, je te prie ? nos amoureux mouvements. |
Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
99 | CÉLINDE |
Non non, Lucidor, ne crains point que je manque de r?solution pour affronter la mort la plus horrible ; et si tu prends la peine de bien ?tudier les traits qui sont dans mes yeux, tu seras contraint d'avouer qu'il est peu de personnes qui puissent porter dans les mis?res un coeur plus assur? que le mien. |
Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 2 |
100 | LUCIDOR |
Oui, mais c'est toujours avecque l'image de notre commune prison, toutefois ce bien ne durera gu?res, je vois que Philindre a ?t? surpris. |
Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1 |
101 | AMINTOR |
Ah voici le Chirurgien que Dorice avait appel? au secours de son fils : et bien, vous voil? de retour, que devons-nous esp?rer de Floridan ? |
Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 1 |
102 | FLEURIMON |
Puisque vous me le commandez, et que bien souvent faute de d?couvrir un mal, on en rend les rem?des impossibles, je vous dirai que Floridan est mort. |
Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 1 |
103 | FLEURIMON |
Apr?s cela lui prenant la main toute froide et glac?e, et la portant tant?t ? sa bouche, tant?t ? ses yeux, ch?re main, a-t-elle dit, quelque insensible que tu sois, re?ois les discr?tes non pas les derni?res marques de mon amour, bient?t mon ressentiment t'en donnera d'autres ; et en attendant, souffre que je me revanche en quelque sorte apr?s ta mort des devoirs qui me furent rendus durant ta vie. |
Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 3 |
104 | DORICE |
De croire aussi qu'elle put autoriser de quelques excuses l'?normit? de sa trahison, c'est une chose que je ne crois pas possible, vu qu'en mati?re d'homicides et d'assassinats, nos lois sont si justes qu'elles condamnent m?me les premiers mouvements : et quand bien une si violente fureur pourrait ?tre pardonn?e, je remontre qu'en l'action de C?linde cette excuse ne se rencontre pas, puisque Lucidor, avouant d'avoir conseill? cette perfidie, il fait conna?tre qu'il y a eu de l'espace entre le dessein et l'ex?cution. |
Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 5 |
105 | CÉLINDE |
Grand Alcandre, comme mon offense ne vous peut ?tre cach?e j'esp?re que votre prudence verra clairement l'innocence de Lucidor, et que votre probit? de tout temps incorruptible, trompera la haine de Dorice, qui n'ayant plus de fils, serait bien aise d'avoir toutes les m?res pour compagnes de son infortune. |
Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 3 |
106 | LUCIDOR |
Oui si l'ombre de Floridan pouvait ?tre consult?e, elle dirait bient?t qui de C?linde et de moi, doit ?tre puni comme coupable, ou conserv? comme innocent, elle vous apprendrait, grand Alcandre, que puisqu'il ?tait fatal ? Floridan de mourir pour elle, il n'importait que ce f?t d'un coup de sa main ou de ses yeux ; mais que ma seule jalousie ayant tram?e cette trahison, on s'en doit prendre ? moi comme ? la premi?re cause : en effet on n'a pas accoutum? de rompre le fer qu'un assassin a tremp? dans le sang de son fr?re, on s'attaque au meurtrier ; ainsi on doit ?pargner C?linde, puisque contrainte de c?der ? la force de mes persuasions, elle n'a servi en cet homicide, que d'instrument ? ma cruaut?. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
107 | LUCIDOR |
Ah C?linde, que le v?tre offense mon amour bien plus cruellement. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
108 | LUCIDOR |
?quitable Juge, je sais bien que la charge que vous exercez veut que votre ?me soit insensible au trait des passions, aussi je ne demande pas que votre coeur re?oive pour C?linde quelque sentiment de piti? ; mais comme elle est ing?nieuse ? chercher les occasions de mourir, permettez-moi de vous d?duire les raisons qui vous doivent faire consentir ? la laisser vivre. |
Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1 |
109 | CÉLINDE |
Et quand il all?gue que mon affection n'a ?t? produite que par la force des sortil?ges, il a raison, mais il sait bien aussi qu'il n'est point de charme dont il ait us? que celui de son m?rite et de sa discr?tion : voil? quelle est la Magie, et quels sont les caract?res qu'il a mis en usage ; que si tu ne veux perdre cher Lucidor, tout ce que ta pers?v?rance s'est acquis sur mon inclination, ne t'oppose plus au commandement que je te fais, de vivre aussi longtemps que le Ciel te le permettra. |
Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 6 |
110 | FLEURIMON |
Je meure si je n'ai bien eu de la peine ? me contenir, car j'ai cru deux fois ou trois fois qu'il ?tait sur le point de rendre l'?me. |
Acte 5, sc. 2, FLEURIMON, phrase 2 |
111 | FLEURIMON |
Ne nous affligeons point devant le temps, mais glissons-nous parmi le peuple, nous en saurons bient?t la v?rit?. |
Acte 5, sc. 2, FLEURIMON, phrase 1 |
112 | CÉLINDE |
Sacr? Tombeau, o? reposent deux corps en faveur desquels la mort a eu plus de privil?ge que la vie, re?ois de C?linde pour une grande offense une bien petite satisfaction. |
Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1 |
113 | LUCIDOR |
Madame, j'esp?re de la justice d'Alcandre, que je vous pr?viendrai en ce funeste passage, ou si ce bonheur m'est interdit, je suis assur? que pour peu que vous m'attendiez, nous passerons dans une m?me barque le fleuve d'Ach?ron ; la m?me fatalit? qui nous unit durant la vie, nous assemblera apr?s le tr?pas, et notre mort sera pareille, bien qu'elle nous attaque sous un visage diff?rent. |
Acte 5, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1 |
114 | DORICE |
Pour cela j'ai fait publier partout que Floridan n'?tait plus au monde, et Parth?nice m?me entre les bras de qui, suivant mon conseil, il a feint de rendre le dernier soupir, a bien eu de la peine ? se gu?rir de cette tromperie. |
Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 2 |
115 | ALCANDRE |
Je re?ois vos excuses, et suis bien aise de quoi cette invention s'est oppos?e ? l'ex?cution d'un Arr?t que je n'eusse prononc? qu'avec un d?plaisir extr?me : le seul scrupule qui me reste, c'est que je doute comme il est possible que la blessure de Floridan ait ?t? si petite, et qu'elle ait produit un effet si grand. |
Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 1 |
116 | FLEURIMON |
Je vous dirai donc, que le coup est parti d'un courage fort, mais d'une main bien faible ; je crois bien que C?linde lui voulait enfoncer le poignard dans la gorge, mais de bonne fortune il a gliss? le long de l'?paule et n'est descendu que sur le bras ; il est vrai qu'il a rencontr? l'un des vaisseaux de la veine que nous nommons Axillaire, et c'est par l? que Floridan a perdu le sang qui l'a fait ?vanouir. |
Acte 5, sc. 3, FLEURIMON, phrase 2 |
117 | AMINTOR |
Je n'ai garde de murmurer contre cette ordonnance puisque n'ayant plus de passion que pour mourir, je re?ois comme un grand bien, toutes les occasions qui peuvent avancer la fin de ma vie. |
Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1 |