Occurences de l'expression

me

dans LA SURPRISE DE L'AMOUR de MARIVAUX (1723)

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 Personnage  Vers ou phrase Localisation
PIERRE Tiens, Jacqueline, t'as une himeur qui me fâche. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
JACQUELINE Tu me veux pour ta femme, eh bian, est-ce que je recule à cela. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 2
PIERRE Est-ce que toutes les filles n'aimont pas à devenir la femme d'un homme ? Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 2
JACQUELINE Tredame ! Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
JACQUELINE C'est donc un oisiau bien rare qu'un homme, pour en être si envieuse ? Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 2
JACQUELINE Est-ce que Blaise et le gros Colas ne sont pas affolés de moi tous deux, est-ce qu'ils ne sont pas des hommes aussi bian que toi ? Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 2
PIERRE C'est que tu m'aimes mieux qu'eux tant seulement ; mais si je ne te prenais pas moi, ça te fâcherait-il ? Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
JACQUELINE Oh dame, t'an veux trop. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
PIERRE Eh morguenne, voilà le tu autem ; je veux de l'amiquié pour la parsonne de moi tout seul : quand tout le Village vianrait te dire, Jacqueline épouse-moi, je voudrais que tu fis bravement la grimace à tout le village, et que tu lui disi, nennin-da, je veux être la femme de Piarre, et pis c'est tout : pour ce qui est d'en cas de moi, si j'allais être un parfide, je voudrais que ça te fâchit rudement, et que t'en pleurisse tout ton soûl ; et velà margué ce qu'en appelle aimer le monde. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
10 PIERRE Tians, moi qui te parle, si t'allais me changer, il n'y aurait pu de çarvelle cheux moi, c'est de l'amiquié que ça : tatigué que je serais content si tu pouvais itout devenir folle, ah ! Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 2
11 PIERRE Ma pauvre Jacqueline dis-moi queuque mot qui me fasse comprendre que tu pardrais un petit brin l'esprit. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 4
12 PIERRE Eh, penses-tu que tu m'aimes, par hasard, dis-moi oui ou non ? Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
13 PIERRE Regarde-moi entre deux yeux, tu ris tout comme si tu disais oui, hé, hé, hé, qu'en dis-tu ? Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
14 JACQUELINE Eh, je dis franchement que je serais bian empêchée de ne pas t'aimer, car t'es bien agriable. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
15 JACQUELINE Je t'ai toujours trouvé une bonne philosomie d'homme, tu m'as fait l'amour, et franchement ça m'a fait plaisir, mais l'honneur des filles les empêche de parler, après ça, ma tante disait toujours qu'un amant, c'est comme un homme qui a faim, pu il a faim, et pu il a envie de manger ; pu un homme a de peine après une fille, et pu il l'aime. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
16 PIERRE Parsanguenne, il faut que ta tante ait dit vrai, car je meurs de faim, je t'en avertis, Jacqueleine. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
17 JACQUELINE Tant mieux, je t'aime de cette himeur-là, pourvu qu'alle dure, mais j'ai bian peur que Monsieur_Lélio, mon maître, ne consente à noute mariage, et qu'il ne me boute hors de chez li, quand il saura que je t'aime ; car il nous a dit qu'il ne voulait point voir d'amourette parmi nous. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
18 PIERRE Et pourquoi donc ça, est-ce qu'il y a du mal à aimer son prochain, et morgué je m'en vas lui gager, moi, que ça se pratique chez les Turcs, et si ils sont bien méchants. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
19 JACQUELINE Oh, c'est pis qu'un Turc, à cause d'une dame de Paris qui l'aimait beaucoup, et qui li a tourné casaque pour un autre galant plus mal bâti que li : noute monsieur a fait du tapage ; il li a dit qu'alle devait être honteuse ; alle lui a dit qu'alle ne voulait pas l'être ; et voilà bian de quoi ; Ç'a-t-elle fait, et pis des injures, ous êtes cun indeigne, et voyez donc cet impertinent ; et je me vengerai, et moi, je m'en gausse ; tant y a qu'à la parfin, alle li a farmé la porte sur nez, l'i qui est glorieux a pris ça en mal, et il est venu ici pour vivre en harmite, en philosophe, car velà comme il dit, et depuis ce temps, quand il entend parler d'amour, il semble qu'en l'écorche comme une anguille ; son valet Arlequin fait itou le dégoûté, quand il voit une fille à droite, ce drôle de corps se baille les airs d'aller à gauche, à cause de queuque mijaurée de chambrière qui li a, à ce qu'il dit, vendu du noir. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
20 PIERRE Quiens, véritablement c'est une piquié que ça, il n'y a pas de police, an punit tous les jours de pauvres voleurs, et an laisse aller et venir les parfides, mais velà ton maître, parle li. Acte 1, sc. 1, PIERRE, phrase 1
21 JACQUELINE Non, il a la face triste, c'est peut-être qu'il rêve aux femmes, je sis d'avis que j'attende que ça soit passé ; va, va, il y a bonne espérance, pisque ta maîtresse est arrivée, et qu'alle a dit qu'alle lui en parlerait. Acte 1, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1
22 LÉLIO Oh, on n'est pas toujours dans la même disposition, l'esprit aussi bien que le temps est sujet à des nuages. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
23 LÉLIO Tout le monde en est assez de même. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
24 ARLEQUIN Avec cela, il me semble que je ne me porte pas bien. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
25 LÉLIO Es-tu fou, si tu n'es pas malade, comment trouves-tu donc que tu ne te portes pas bien ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
26 ARLEQUIN Tenez, Monsieur, je bois à merveille, je mange de même, je dors comme une marmotte, voilà ma santé. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
27 LÉLIO C'est une santé de crocheteur, un honnête homme serait heureux de l'avoir. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
28 ARLEQUIN Cependant, je me sens pesant et lourd, j'ai une fainéantise dans les membres, je bâille sans sujet, je n'ai du courage qu'à mes repas, tout me déplaît ; je ne vis pas, je traîne, quand le jour est venu, je voudrais qu'il fût nuit ; quand il est nuit, je voudrais qu'il fût jour : voilà ma maladie, voilà comment je me porte bien et mal. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
29 ARLEQUIN C'est pour ne pas voir sur cet arbre deux petits oiseaux qui sont amoureux ; cela me tracasse, j'ai juré de ne plus faire l'amour, mais quand je le vois faire, j'ai presque envie de manquer de parole à mon serment, cela me raccommode avec ces pestes de femmes, et puis c'est le diable de me refâcher contre elles. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
30 LÉLIO Eh, mon cher Arlequin, me crois-tu plus exempt que toi de ces petites inquiétudes-là, je me ressouviens qu'il y a des femmes au monde, qu'elles sont aimables, et ce ressouvenir-là ne va pas sans quelques émotions de coeur ; mais ce sont ces émotions-là qui me rendent inébranlable dans la résolution de ne plus voir de femmes. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
31 ARLEQUIN Pardi, cela me fait tout le contraire, à moi, quand ces émotions-là me prennent, c'est alors que ma résolution branle : enseignez-moi donc à en faire mon profit comme vous. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
32 LÉLIO Oui-da, mon ami : je t'aime, tu as du bon sens, quoique un peu grossier, l'infidélité de ta maîtresse t'a rebuté de l'amour ; la trahison de la mienne m'en a rebuté de même, tu m'as suivi avec courage dans ma retraite, et tu m'es devenu cher par la conformité de ton génie avec le mien, et par la ressemblance de nos aventures. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
33 ARLEQUIN Et moi, Monsieur, je vous assure que je vous aime cent fois plus aussi que de coutume, à cause que vous avez la bonté de m'aimer tant : je ne veux plus voir de femmes, non plus que vous ; cela n'a point de conscience, j'ai pensé crever de l'infidélité de Margot, les passe-temps de la campagne, votre conversation et la bonne nourriture m'ont un peu remis, je n'aime plus cette Margot, seulement quelquefois son petit nez me trotte encore dans la tête : mais quand je ne songe point à elle, je n'y gagne rien, car je pense à toutes les femmes en gros, et alors les émotions de coeur, que vous dites viennent me tourmenter ; je cours, je saute, je chante, je danse, je n'ai point d'autre secret pour me chasser cela, mais ce secret-là n'est que de l'onguent miton-mitaine ; je suis dans un grand danger, et puisque vous m'aimez tant, ayez la charité de me dire comment je ferai, pour devenir fort quand je suis faible. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
34 LÉLIO Ce pauvre garçon me fait pitié. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
35 LÉLIO Ah sexe trompeur, tourmente ceux qui t'approchent mais laisse en repos ceux qui te fuient ! Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 2
36 LÉLIO Quand quelqu'un me vante une femme aimable et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
37 LÉLIO Eh, mon cher enfant, la vipère n'ôte que la vie ; Femmes, vous nous ravissez notre raison, notre liberté, notre repos, vous nous ravissez à nous-mêmes, et vous nous laissez vivre, ne voilà-t-il pas des hommes en bel état après, des pauvres fous, des hommes troublés, ivres de douleur ou de joie, toujours en convulsion, des esclaves, et à qui appartiennent ces esclaves ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
38 LÉLIO À des femmes ! Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 6
39 LÉLIO Et qu'est-ce que c'est qu'une femme ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 7
40 LÉLIO Pour la définir il faudrait la connaître : nous pouvons aujourd'hui en commencer la définition, mais je soutiens qu'on n'en verra le bout qu'à la fin du monde. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 8
41 ARLEQUIN En vérité, c'est pourtant un joli petit animal que cette femme, un joli petit chat, c'est dommage qu'il ait tant de griffes. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
42 LÉLIO Voyez ces ajustements, jupes étroites, jupes en lanterne, coiffure en clocher, coiffure sur le nez, capuchon sur la tête, et toutes les modes les plus extravagantes, mettez-les sur une femme, dès qu'elles auront touché sa figure enchanteresse, c'est l'Amour et les Grâces qui l'ont habillée, c'est de l'esprit qui lui vient jusques au bout des doigts. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
43 ARLEQUIN Oh, cela est vrai ; il n'y a mardi pas de livre qui ait tant d'esprit qu'une femme, quand elle est en corset et en petites pantoufles. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
44 LÉLIO L'homme a le bon sens en partage, mais ma foi l'esprit n'appartient qu'à la femme, à l'égard de son coeur, ah ! Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 5
45 LÉLIO Si les plaisirs qu'il nous donne étaient durables, ce serait un séjour délicieux que la terre: nous autres hommes la plupart, nous sommes jolis en amour : nous nous répandons en petits sentiments doucereux : nous avons la marotte d'être délicats, parce que cela donne un air plus tendre ; nous faisons l'amour règlement, tout comme on fait une charge, nous nous faisons des méthodes de tendresse ; nous allons chez une femme, pourquoi ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 7
46 LÉLIO Pour l'aimer, parce que c'est le devoir de notre emploi ; quelle pitoyable façon de faire ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 9
47 LÉLIO Une femme ne veut être ni tendre ni délicate, ni fâchée ni bien aise ; elle est tout cela sans le savoir, et cela est charmant. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 10
48 LÉLIO Regardez-la quand elle aime, et qu'elle ne veut pas le dire, morbleu, nos tendresses les plus babillardes approchent-elles de l'amour qui passe à travers son silence ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 11
49 ARLEQUIN Monsieur, je m'en souviens, Margot avait si bonne grâce à faire comme cela la nigaude ! Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 3
50 LÉLIO Sans l'aiguillon de la jalousie et du plaisir notre coeur à nous autres est un vrai paralytique, nous restons là comme des eaux dormantes, qui attendent qu'on les remue pour se remuer. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
51 LÉLIO Le coeur d'une femme se donne sa secousse à lui-même, il part sur un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance : elle a beau vous avoir dit qu'elle aime, le répète-t-elle vous l'apprenez toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux, en les relevant, en sortant de sa place, en y restant, enfin c'est de la jalousie, du calme, de l'inquiétude, de la joie, du babil, et du silence de toutes couleurs, et le moyen de ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ; le moyen de se voir adorer sans que la tête vous tourne, pour moi, j'étais tout aussi sot que les autres amants ; je me croyais un petit prodige, mon mérite m'étonnait : ah, qu'il est mortifiant d'en rabattre, c'est aujourd'hui ma bêtise qui m'étonne, l'homme prodigieux a disparu, et je n'ai trouvé qu'une dupe à la place. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 2
52 LÉLIO Butor que tu es, ne t'ai-je pas dit que la femme était aimable, qu'elle avait le coeur tendre, et beaucoup d'esprit. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
53 LÉLIO Non, ce sont là les instruments de notre supplice, dis-moi, mon pauvre garçon, si tu trouvais sur ton chemin de l'argent d'abord, un peu plus loin de l'or, un peu plus loin des perles, et que cela te conduisît à la caverne d'un monstre, d'un tigre, si tu veux, est-ce que tu ne haïrais pas cet argent, cet or et ces perles ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
54 ARLEQUIN Je ne suis pas si dégoûté, je trouverais cela fort bon ; il n'y aurait que le vilain tigre dont je ne voudrais pas, mais je prendrais vitement quelques milliers d'écus dans mes poches, je laisserais là le reste, et je décamperais bravement après. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
55 LÉLIO Mon enfant, cet argent que tu trouves d'abord sur ton chemin, c'est la beauté, ce sont les agréments d'une femme qui t'arrêtent ; cet or que tu rencontres encore, ce sont les espérances qu'elle te donne ; enfin ces perles, c'est son coeur qu'elle t'abandonne avec tous ses transports. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
56 LÉLIO Le tigre enfin paraît après les perles, et ce tigre, c'est un caractère perfide retranché dans l'âme de ta maîtresse, il se montre, il t'arrache son coeur, il déchire le tien, adieu tes plaisirs, il te laisse aussi misérable, que tu croyais être heureux. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
57 ARLEQUIN Ah, c'est justement la bête que Margot a lâchée sur moi, pour avoir aimé son argent, son or, et ses perles. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
58 LÉLIO Les aimeras-tu encore ? Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
59 LÉLIO Quand tu seras tenté de revoir des femmes, souviens-toi toujours du tigre, et regarde tes émotions de coeur, comme une envie fatale d'aller sur sa route et de te perdre. Acte 1, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
60 ARLEQUIN Oh, voilà qui est fait, je renonce à toutes les femmes, et à tous les trésors du monde, et je m'en vais boire un petit coup, pour me fortifier dans cette bonne pensée. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
61 LÉLIO Que me veux-tu, Jacqueline ? Acte 1, sc. 3, LÉLIO, phrase 1
62 JACQUELINE Mais, dis toi-même, je ne sis pas assez effrontée de mon naturel. Acte 1, sc. 3, JACQUELINE, phrase 2
63 PIERRE Monsieur, franchement, c'est qu'à me trouve gentil, et si ce n'était qu'alle fait la difficile, il y aurait longtemps que je serions ennocés. Acte 1, sc. 3, PIERRE, phrase 1
64 JACQUELINE Est-ce que vous croyez que je sommes comme vos girouettes de Paris, qui tournent à tout vent. Acte 1, sc. 3, JACQUELINE, phrase 2
65 JACQUELINE Allez, allez, si quelqu'un de nous deux se plante là, ce sera li qui me plantera, et non pas moi. à tout hasard, notre monsieur, donnez-moi tant seulement une petite parmission de mariage, c'est pour ça que j'avons prins la liberté de vous attaquer. Acte 1, sc. 3, JACQUELINE, phrase 3
66 PIERRE Oui, Monsieur, voilà tout fin dret ce que c'est, et Jacqueline a itou queuque doutance que vous vourez bian de votre grâce, et pour l'amour de son sarvice, et de stilà de son père et de sa mère, qui vous ont tant sarvi quand ils n'étient pas encore défunts, tant y a, Monsieur excusez l'importunance, c'est que je sommes pauvres, et tout franchement, pour vous le couper court... Acte 1, sc. 3, PIERRE, phrase 1
67 JACQUELINE C'est donc, ne vous en déplaise, que je voulons nous marier, et, comme ce dit l'autre, ce n'est pas le tout qu'un pourpoint, s'il n'y a des manches ; c'est ce qui fait, si vous parmettez que je vous le disions en bref... Acte 1, sc. 3, JACQUELINE, phrase 2
68 ARLEQUIN Voilà le caractère perfide qui va venir, je t'expliquerai cela plus au long une autre fois, mais tu le sentiras bien, adieu, pauvre homme, je n'ai plus rien à te dire, ton mal est sans remède. Acte 1, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 2
69 PIERRE Marguié, tous ces discours me chiffonnont malheur, je varrons ce qui en est par un petit tour d'adresse. Acte 1, sc. 4, PIERRE, phrase 1
70 PIERRE Allons-nous-en, Jacqueline, Madame_la_Comtesse fera mieux que nous. Acte 1, sc. 4, PIERRE, phrase 2
71 LÉLIO Eh morbleu, toujours des femmes : eh que me veut-elle ? Acte 1, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
72 LÉLIO Et moi enclin à l'éviter : je ne me soucie, ni de sa beauté, ni de son veuvage. Acte 1, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
73 ARLEQUIN C'est qu'on dit qu'il y a aussi une fille de chambre avec elle, et voilà mes émotions de coeur qui me prennent. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
74 LÉLIO Une femme te fait peur ? Acte 1, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
75 LA COMTESSE Voilà un jeune homme bien sauvage. Acte 1, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
76 LA COMTESSE Parle plus clairement. Acte 1, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
77 COLOMBINE Remarquez-vous qu'il n'ose nous regarder, Madame : allons, allons, levez la tête, et rendez-nous compte de la sottise que vous venez de faire. Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 1
78 ARLEQUIN C'est que mon maître a fait voeu de fuir les femmes, parce qu'elles ne valent rien. Acte 1, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
79 ARLEQUIN Ce n'est pas votre faute, c'est la nature qui vous a bâties comme cela, et moi j'ai fait voeu aussi. Acte 1, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
80 ARLEQUIN Nous avons souffert comme des misérables à cause de votre bel esprit, de vos jolis charmes, et de votre tendre coeur. Acte 1, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 2
81 COLOMBINE Quelle lamentable histoire, et comment te tireras-tu d'affaire avec moi ? Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 2
82 LA COMTESSE Va, mon ami, va dire à ton maître que je me soucie fort peu des hommes, mais que je souhaiterais lui parler. Acte 1, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
83 ARLEQUIN Je le vois là qui m'attend, je m'en vais l'appeler ; Monsieur, Madame dit qu'elle ne se soucie point de vous : vous n'avez qu'à venir, elle veut vous dire un mot. Acte 1, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
84 ARLEQUIN Comme cela m'accrocherait, si je me laissais faire. Acte 1, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 4
85 LÉLIO Madame, puis-je vous rendre quelque service ? Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
86 LA COMTESSE Ils ont peur que vous ne consentiez pas à ce mariage, ils m'ont priée de vous engager à les aider de quelque libéralité, comme de mon côté j'ai dessein de le faire. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
87 LÉLIO Madame, j'aurai tous les égards que mérite votre recommandation, et je vous prie de m'excuser si j'ai fui ; mais je vous avoue que vous êtes d'un sexe avec qui j'ai cru devoir rompre pour toute ma vie : cela vous paraîtra bien bizarre. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
88 LÉLIO Je ne chercherai point à me justifier ; car il me reste un peu de politesse, et je craindrais d'entamer une matière qui me met toujours de mauvaise humeur, et si je parlais, il pourrait, malgré moi m'échapper des traits d'une incivilité qui vous déplairait, et que mon respect vous épargne. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
89 COLOMBINE Mort_de_ma_vie, Madame, est-ce que ce discours-là ne vous remue pas la bile ? Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
90 COLOMBINE Allez, Monsieur, tous les renégats font mauvaise fin : vous viendrez quelque jour crier miséricorde et ramper aux pieds de vos maîtres, et ils vous écraseront comme un serpent. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 2
91 LÉLIO Si Madame n'était pas présente, je vous dirais franchement, que je ne vous crains, ni ne vous aime. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
92 LA COMTESSE Tout ce que nous disons ici ne s'adresse point à vous ; regardons-nous comme hors d'intérêt. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
93 LA COMTESSE Et sur ce pied-là, peut-on vous demander ce qui vous fâche si fort contre les femmes ? Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 3
94 LÉLIO Madame, dispensez-moi de vous le dire ; c'est un récit que j'accompagne ordinairement de réflexions où votre sexe ne trouve pas son compte. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
95 LÉLIO Oui, Madame, c'est une infidélité, mais affreuse, mais détestable. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
96 LA COMTESSE Votre maîtresse cessa-t-elle de vous aimer, pour en aimer un autre ? Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
97 LÉLIO En doutez-vous, Madame ? Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
98 LÉLIO La simple infidélité serait insipide, et ne tenterait pas une femme, sans l'assaisonnement de la perfidie. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
99 LÉLIO Oui, Madame. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
100 LÉLIO Comment, cela vous étonne ? Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
101 LÉLIO Voilà pourtant les femmes, et ces actions doivent vous mettre en pays de connaissance. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 3
102 LA COMTESSE J'ai cru d'abord moi, qu'elle n'avait fait que se dégoûter de vous, et de l'amour, et je lui pardonnais en faveur de cela, la sottise qu'elle avait eue de vous aimer. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
103 LA COMTESSE Quand je dis vous, je parle des hommes en général. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
104 LÉLIO Comment, Madame, ce n'est donc rien à votre compte, que de cesser sans raison, d'avoir de la tendresse pour un homme ? Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
105 LA COMTESSE C'est beaucoup, au contraire ; cesser d'avoir de l'amour pour un homme, c'est à mon compte connaître sa faute, s'en repentir, en avoir honte, sentir la misère de l'idole qu'on adorait, et rentrer dans le respect qu'une femme se doit à elle-même. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
106 LA COMTESSE J'ai bien vu que nous ne nous entendions point ; si votre maîtresse n'avait fait que renoncer à son attachement ridicule, eh ! Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
107 LA COMTESSE Je suis de votre sentiment, cette femme-là est tout à fait méprisable ; amant pour amant, il valait autant que vous déshonorassiez sa raison qu'un autre. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 4
108 COLOMBINE Ah, ah, ah, il faudrait bien des conversations comme celle-là pour en faire une raisonnable. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
109 COLOMBINE Vous avez fait des merveilles d'abord. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 4
110 LÉLIO C'est assurément mettre les hommes bien bas, que de les juger indignes de la tendresse d'une femme : l'idée est neuve. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
111 LÉLIO On voit bien que vous êtes fâchée, Madame. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
112 LA COMTESSE Je n'ai point à me plaindre des hommes, je ne les hais point non plus. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
113 LA COMTESSE Vous demandez ce que votre espèce a de comique, qui, pour se mettre à son aise a eu besoin de se réserver un privilège d'indiscrétion, d'impertinence, et de fatuité, qui suffoquerait, si elle n'était babillarde, si sa misérable vanité n'avait pas ses coudées franches, s'il ne lui était pas permis de déshonorer un sexe qu'elle ose mépriser pour les mêmes choses, dont l'indigne qu'elle est, fait sa gloire. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 5
114 LA COMTESSE Fiez-vous à moi, Monsieur, vous ne connaissez pas votre misère, j'oserai vous le dire : vous voilà bien irrité contre les femmes ; je suis peut-être, moi, la moins aimable de toutes. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 9
115 LA COMTESSE Tout hérissé de rancune que vous croyez être, moyennant deux ou trois coups d'oeil flatteurs qu'il m'en coûterait, grâce à la tournure grotesque de l'esprit de l'homme, vous m'allez donner la comédie. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 10
116 LA COMTESSE Je vous défie de me faire payer ce tribut de folie-là. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 12
117 COLOMBINE Ma foi, Madame, cette expérience-là vous porterait malheur. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
118 LÉLIO Madame, peu de femmes sont aussi aimables que vous, vous l'êtes tout autant que je suis sûr que vous croyez l'être ; mais s'il n'y a que la comédie dont vous parlez qui puisse vous réjouir, en ma conscience, vous ne rirez de votre vie. Acte 1, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
119 COLOMBINE En ma conscience, vous me la donnez tous les deux, la comédie, cependant si j'étais à la place de Madame, le défi me piquerait, et je ne voudrais pas en avoir le démenti. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
120 LA COMTESSE Non, la partie ne me pique point, je la tiens gagnée ; mais comme à la campagne il faut voir quelqu'un, soyons amis pendant que nous y resterons, je vous promets sûreté, nous nous divertirons, vous à médire des femmes, et moi à mépriser les hommes. Acte 1, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
121 COLOMBINE Le joli commerce ! Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
122 COLOMBINE On n'a qu'à vous en croire, les hommes tireront à l'orient, les femmes à l'occident, cela fera de belles productions, et nos petits-neveux auront bon air. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 2
123 COLOMBINE Eh morbleu, pourquoi prêcher la fin du monde, cela coupe la gorge à tout : soyons raisonnables, condamnez les amants déloyaux, les conteurs de sornettes, à être jetés dans la rivière, une pierre au col, à merveille : enfermez les coquettes entre quatre murailles ; fort bien, mais les amants fidèles, dressez-leur de belles et bonnes statues pour encourager le public ; vous riez adieu, pauvres brebis égarées : pour moi, je vais travailler à la conversion d'Arlequin. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 3
124 LE BARON Ne me trompé-je point, est-ce vous que je vois, Madame_la_Comtesse ? Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
125 LA COMTESSE Oui, Monsieur, c'est moi-même. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
126 LÉLIO Je n'ai l'honneur de connaître Madame que depuis un instant. Acte 1, sc. 8, LÉLIO, phrase 1
127 LE BARON Comment, ma surprise ! Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
128 LE BARON Morbleu, je n'en saurais revenir, c'est le fait le plus curieux qu'on puisse imaginer, dès que je serai à Paris, où je vais, je le ferai mettre dans la gazette. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 2
129 LE BARON Songez-vous à tous les millions de femmes qu'il y a dans le monde, au couchant, au levant, au septentrion, au midi, Européennes, Asiatiques, Africaines, Américaines, blanches, noires, basanées, de toutes les couleurs ? Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
130 LE BARON Nos propres expériences, et les relations de nos voyageurs, nous apprennent que partout la femme est amie de l'homme, que la nature l'a pourvue de bonne volonté pour lui : la nature n'a manqué que Madame : le soleil n'éclaire qu'elle chez qui notre espèce n'ait point rencontré grâce, et cette seule exception de la loi générale se rencontre avec un personnage unique, je te le dis en ami ; avec un homme qui nous a donné l'exemple d'un fanatisme tout neuf ; qui seul de tous les hommes n'a pu s'accoutumer aux coquettes qui fourmillent sur la terre, et qui sont aussi anciennes que le monde ; enfin qui s'est condamné à venir ici languir de chagrin de ne plus voir de femmes, en expiation du crime qu'il a fait quand il en a vu. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 2
131 LA COMTESSE Pour moi, je me sais bon gré que la nature m'ait manquée, et je me passerai bien de la façon qu'elle aurait pu me donner de plus, c'est autant de sauvé, c'est un ridicule de moins. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
132 LE BARON Madame, n'appelez point cette faiblesse-là, ridicule, ménageons les termes, il peut venir un jour où vous serez bien aise de lui trouver une épithète plus honnête. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
133 LA COMTESSE Oui, si l'esprit me tourne. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
134 LE BARON Eh bien il vous tournera : c'est si peu de chose que l'esprit, après tout, il n'est pas encore sûr que la nature vous ait absolument manquée. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
135 LE BARON Combien voyons-nous de choses qui sont d'abord merveilleuses, et qui finissent par faire rire : je suis un homme à pronostic, voulez-vous que je vous dise, tenez, je crois que votre merveilleux est à fin de terme. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 3
136 LÉLIO Cela se peut bien, Madame, cela se peut bien, les fous sont quelquefois inspirés. Acte 1, sc. 8, LÉLIO, phrase 1
137 LE BARON Tiens mon enfant, moi indigne je te fais un cercle à l'imitation de ce Romain, et sous peine des vengeances de l'Amour, qui vaut bien la République_de_Rome, je t'ordonne de n'en sortir que soupirant pour les beautés de Madame. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
138 LA COMTESSE Monsieur_le_Baron, je vous prie badinez tant qu'il vous plaira, mais ne me mettez point en jeu. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
139 LE BARON Je ne badine point, Madame, je vous le cautionne garrotté à votre char, il vous aime de ce moment-ci, il a obéi. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
140 LÉLIO Madame, vous pouvez me donner des rivaux tant qu'il vous plaira, mon amour n'est point jaloux. Acte 1, sc. 8, LÉLIO, phrase 1
141 LA COMTESSE Messieurs, j'entends volontiers raillerie, mais finissons-la pourtant. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
142 LE BARON Je vous demande pardon, mais vous aimerez s'il vous plaît, Madame, Lélio est mon ami, et je ne veux point lui donner de maîtresse insensible. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
143 LÉLIO Madame, je sais le peu que je vaux, on peut se dispenser de me l'apprendre, après tout votre antipathie ne me fait point trembler. Acte 1, sc. 8, LÉLIO, phrase 1
144 LA COMTESSE Vous seriez fort à plaindre, Monsieur, si mes sentiments ne vous étaient indifférents. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
145 LA COMTESSE En vérité, vos folies me poussent à bout, Baron. Acte 1, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
146 LE BARON Oh, Madame, nous aurons l'honneur, Lélio et moi, de vous reconduire jusque chez vous. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
147 COLOMBINE Comme vous voilà rouge, Madame. Acte 1, sc. 8, COLOMBINE, phrase 2
148 COLOMBINE Monsieur_Lélio est tout je ne sais comment aussi : il a l'air d'un homme qui veut être fier, et qui ne peut pas l'être. Acte 1, sc. 8, COLOMBINE, phrase 3
149 LE BARON Laissez-les là, Colombine, ils sont de méchante humeur ; ils viennent de se faire une déclaration d'amour l'un à l'autre, et le tout en se fâchant. Acte 1, sc. 8, LE BARON, phrase 1
150 ARLEQUIN Ouf, ce gibier-là mène un chasseur trop loin : je me perdrais, tournons d'un autre côté... Acte 1, sc. 9, ARLEQUIN, phrase 1
151 ARLEQUIN Euh, me voilà justement sur le chemin du tigre, maudits soient l'argent, l'or et les perles ! Acte 1, sc. 9, ARLEQUIN, phrase 3
152 COLOMBINE Il ne me plaît pas, moi : passe-le toi-même. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
153 COLOMBINE Hé le fou, qui perd l'esprit en voyant une femme. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
154 COLOMBINE Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises : dans le fond tu me fais pitié, c'est dommage qu'un jeune homme comme toi, assez bien fait, et bon enfant, car tu es sans malice. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
155 COLOMBINE C'est dommage qu'il consume sa jeunesse dans la langueur et la souffrance : car, dis la vérité, tu t'ennuies ici, tu pâtis ? Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
156 COLOMBINE Et pourquoi, nigaud, mener une pareille vie ? Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
157 ARLEQUIN Il n'y a plus de bon temps pour moi et c'est vous qui en êtes la cause, et malgré tout cela il ne s'en faut de rien que je ne t'aime. Acte 1, sc. 9, ARLEQUIN, phrase 2
158 ARLEQUIN La sotte chose que le coeur de l'homme ! Acte 1, sc. 9, ARLEQUIN, phrase 3
159 COLOMBINE Cet original qui dispute contre son coeur comme un honnête homme. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
160 COLOMBINE Comme si on devait rougir de ses bonnes qualités. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 1
161 COLOMBINE Au revoir, nigaud ; tu me fuis, mais cela ne durera pas. Acte 1, sc. 9, COLOMBINE, phrase 2
162 COLOMBINE Je trouve qu'il y a un quart_d_heure que nous nous promenons sans rien dire : entre deux femmes cela ne laisse pas d'être fort. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
163 COLOMBINE Sommes-nous bien dans notre état naturel ? Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
164 COLOMBINE Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
165 COLOMBINE Je me taisais à peu près dans le même goût, je ne rêve pas à Lélio, mais je suis autour de cela, je rêve au valet. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 3
166 COLOMBINE Oh pour du mal, il n'y en a pas, mais je croyais que vous ne disiez mot par pure paresse de langue, et je trouvais cela beau dans une femme : car on prétend que cela est rare. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
167 LA COMTESSE Je n'ai d'autres raisons pour lui parler, que le mariage de ces jeunes gens : il ne m'a point dit ce qu'il veut donner à la fille, je suis bien aise que le neveu de mon fermier trouve quelque avantage, mais, sans nous parler, Lélio peut me faire savoir ses intentions, et je puis le faire informer des miennes. Acte 2, sc. 1, LA COMTESSE, phrase 1
168 LA COMTESSE Ne vas-tu pas faire un commentaire là-dessus ? Acte 2, sc. 1, LA COMTESSE, phrase 1
169 COLOMBINE Comment ? Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
170 COLOMBINE Il n'y a pas de commentaire à cela : malepeste, c'est un joli trait d'esprit que cette invention-là. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
171 COLOMBINE Le chemin de tout le monde, quand on a affaire aux gens, c'est d'aller leur parler, mais cela n'est pas commode, le plus court est de l'entretenir de loin, vraiment on s'entend bien mieux : lui parlerez-vous avec une sarbacane, ou par procureur ? Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 3
172 LA COMTESSE Mademoiselle Colombine, vos fades railleries ne me plaisent point du tout ; je vois bien les petites idées que vous avez dans l'esprit. Acte 2, sc. 1, LA COMTESSE, phrase 1
173 COLOMBINE Je me doute moi, que vous ne vous doutez pas des vôtres, mais cela viendra. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
174 COLOMBINE Mais aussi de quoi vous avisez-vous de prendre un si grand tour pour parler à un homme. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
175 COLOMBINE Monsieur, soyons amis tant que nous resterons ici, nous nous amuserons, vous à médire des femmes, moi à mépriser les hommes, (voilà ce que vous lui avez dit tantôt), est-ce que l'amusement que vous avez choisi ne vous plaît plus ? Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
176 LA COMTESSE Il me plaira toujours ; mais j'ai songé que je mettrai Lélio plus à son aise en ne le voyant plus. Acte 2, sc. 1, LA COMTESSE, phrase 1
177 COLOMBINE Mais voilà des précautions d'un jugement... Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
178 COLOMBINE Madame, c'est une maladie qui commence : votre coeur en est à son premier accès de fièvre, tenez, le billet n'est plus nécessaire, je vois Lélio qui s'approche. Acte 2, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
179 LA COMTESSE Je me retire, faites votre commission. Acte 2, sc. 1, LA COMTESSE, phrase 1
180 LÉLIO Pourquoi donc Madame_la_Comtesse se retire-t-elle en me voyant ? Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
181 LÉLIO Je ne vois pas la finesse qu'il peut y avoir à me laisser là, quand j'arrive, pour m'entretenir dans des papiers. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
182 LÉLIO J'allais prendre des mesures avec elle pour nos paysans : mais voyons ses raisons. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 2
183 LÉLIO « Monsieur, depuis que nous nous sommes quittés j'ai fait réflexion qu'il était assez inutile de nous voir. » Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
184 LÉLIO Très inutile, je l'ai pensé de même. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 3
185 LÉLIO Vous avez raison, Madame, je vous remercie de votre attention. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 5
186 LÉLIO « Vous savez la prière que je vous ai faite tantôt au sujet du mariage de nos jeunes gens, je vous prie de vouloir bien me marquer là-dessus quelque chose de positif. » Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 6
187 LÉLIO Volontiers, Madame, vous n'attendrez point ! Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 7
188 LÉLIO Voilà la femme du caractère le plus passable que j'aie vue de ma vie ; si j'étais capable d'en aimer quelqu'une ce serait elle. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 8
189 LÉLIO Oh non, l'éloignement qu'elle a pour moi me donne en vérité beaucoup d'estime pour elle, cela est dans mon goût, je suis ravi que la proposition vienne d'elle, elle m'épargne, à moi, la peine de la lui faire. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
190 LÉLIO Oui, ma chère enfant, j'y cours : vous pouvez lui dire, puisqu'elle choisit le papier pour le champ de bataille de nos conversations, que j'en ai près d'une rame chez moi, et que le terrain ne me manquera de longtemps. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
191 COLOMBINE Vous êtes distrait, Monsieur, vous me dites que vous courez faire réponse, et vous voilà encore ? Acte 2, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
192 LÉLIO J'ai tort, j'oublie les choses d'un moment à l'autre : attendez là un moment. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
193 LÉLIO Oui, assurément cela me fera plaisir. Acte 2, sc. 2, LÉLIO, phrase 1
194 ARLEQUIN Emmenez-moi avec vous ; car je ne me fie point à elle. Acte 2, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
195 ARLEQUIN J'ai bien affaire, moi, d'être honnête à mes dépens. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
196 COLOMBINE Tu ne m'aimes point, tu ne veux point m'aimer. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 2
197 ARLEQUIN Non, je ne veux point t'aimer, mais je n'ai que faire de prendre la peine de m'empêcher de le vouloir. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
198 COLOMBINE Tu m'aimerais donc, si tu ne t'en empêchais ? Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
199 ARLEQUIN Laissez-moi en repos, Mademoiselle_Colombine, promenez-vous d'un côté, et moi d'un autre, sinon je m'enfuirai, car je réponds tout de travers. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
200 COLOMBINE Puisqu'on ne peut avoir l'honneur de ta compagnie qu'à ce prix-là, je le veux bien, promenons-nous. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
201 COLOMBINE Tout en badinant cependant, me voilà dans la fantaisie d'être aimée de ce petit corps-là. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
202 ARLEQUIN C'est une malédiction que cet amour : il m'a tourmenté quand j'en avais, et il me fait encore du mal à cette heure que je n'en veux point : il faut prendre patience et faire bonne mine. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
203 COLOMBINE Mais vraiment, tu as la voix belle : sais-tu la musique ? Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
204 ARLEQUIN Oui, je commence à lire les paroles. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
205 COLOMBINE Peste soit du petit coquin, sérieusement je crois qu'il me pique. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
206 ARLEQUIN Elle me regarde, elle voit bien que je fais semblant de ne pas songer à elle. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
207 COLOMBINE Je commence à me lasser de la promenade. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
208 COLOMBINE Comment te va le coeur ? Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
209 COLOMBINE Gageons que tu m'aimes ? Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
210 COLOMBINE Oh tu m'ennuies, je veux que tu me dises franchement que tu m'aimes. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
211 ARLEQUIN Encore un petit tour de promenade. Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
212 ARLEQUIN Et que t'ai-je fait pour me haïr ? Acte 2, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
213 COLOMBINE Oui ; ta petite figure me revient assez. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
214 ARLEQUIN C'est ce lutin-là qui me prend à la gorge : elle veut que je l'aime. Acte 2, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 2
215 ARLEQUIN Vous en parlez bien à votre aise : elle a la malice de me dire qu'elle me haïra. Acte 2, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 1
216 COLOMBINE J'ai entrepris la guérison de sa folie, il faut que j'en vienne à bout : va, va, c'est partie à remettre. Acte 2, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
217 LÉLIO Je la fais indifférente: ai-je quelque intérêt de la faire autrement ? Acte 2, sc. 4, LÉLIO, phrase 3
218 COLOMBINE Les plus courtes folies sont les meilleures : l'homme est faible, tous les philosophes du temps passé nous l'ont dit, et je m'en fie bien à eux : vous vous croyez leste et gaillard, vous n'êtes point cela ; ce que vous êtes est caché derrière tout cela : si j'avais besoin d'indifférence et qu'on en vendît, je ne ferais pas emplette de la vôtre, j'ai bien peur que ce ne soit une drogue de charlatan, car on dit que l'Amour en est un, et franchement vous m'avez tout l'air d'avoir pris de son Mithridate. Acte 2, sc. 4, COLOMBINE, phrase 2
219 COLOMBINE Vous vous agitez, vous allez et venez, vous riez du bout des dents, vous êtes sérieux tout de bon : tout autant de symptômes d'une indifférence amoureuse. Acte 2, sc. 4, COLOMBINE, phrase 3
220 COLOMBINE Je pars ; mais mon avis est que vous avez la vue trouble ; attendez qu'elle s'éclaircisse, vous verrez mieux votre chemin ; n'allez pas vous jeter dans quelque ornière, vous embourber dans quelque pas : quand vous soupirerez, vous serez bien aise de trouver un écho qui vous réponde : n'en dites rien, ma maîtresse est étourdie du bateau, la bonne dame bataille, et c'est autant de battu ; motus, Monsieur, je suis votre servante. Acte 2, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
221 LÉLIO Cette folle, qui me vient dire qu'elle croit que sa maîtresse s'humanise, elle qui me fuit, et qui me fuit, et qui me fuit moi présent ! Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
222 LÉLIO Parbleu, Madame_la_Comtesse, vos manières sont tout à fait de mon goût, je les trouve pourtant un peu sauvages ; car enfin, l'on n'écrit pas à un homme de qui l'on n'a pas à se plaindre : je ne veux plus vous voir, vous me fatiguez, vous m'êtes insupportable, et voilà le sens du billet, tout mitigé qu'il est. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 3
223 ARLEQUIN Cela ne vaut pas la peine d'être si content, à moins qu'on ne soit fâché : tenez-vous ferme, mon cher maître, car si vous tombez, me voilà à bas. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
224 LÉLIO Je pars dès demain pour Paris, voilà comme je tombe. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
225 LÉLIO Point du tout, cette femme croirait peut-être que je serais sensible à son amour, et je veux la laisser là pour lui prouver que non. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
226 LÉLIO Tu me suivras. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
227 LÉLIO Bon, ta Colombine, il s'agit bien de Colombine : veux-tu encore aimer, dis ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
228 LÉLIO Ne te souvient-il plus de ce que c'est qu'une femme ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
229 LÉLIO Il faut avouer que les bizarreries de l'esprit d'une femme sont des pièges bien finement dressés contre nous ! Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
230 ARLEQUIN Dites-moi, Monsieur, j'ai fait un gros serment de n'être plus amoureux ; mais si Colombine m'ensorcelle, je n'ai pas mis cet article dans mon marché, mon serment ne vaudra rien, n'est-ce pas ? Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
231 LÉLIO Oh, sans l'inimitié que j'ai vouée à l'amour, j'extravaguerais actuellement, peut-être : je sens bien qu'il ne m'en faudrait pas davantage, je serais piqué, j'aimerais : cela irait tout de suite. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 3
232 ARLEQUIN J'ai toujours entendu dire, il a du coeur comme un César : mais si ce César était à ma place, il serait bien sot. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
233 LÉLIO Le hasard me fit connaître une femme qui hait l'amour ; nous lions cependant commerce d'amitié, qui doit durer pendant notre séjour ici : je la conduis chez elle, nous nous quittons en bonne intelligence ; nous avons à nous revoir, je viens la trouver indifféremment, je ne songe non plus à l'amour qu'à m'aller noyer, j'ai vu sans danger les charmes de sa personne. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
234 LÉLIO Point du tout, cela n'est pas fini, j'ai maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies ; équipages d'esprit que toute femme apporte en naissant : Madame_la_Comtesse se met à rêver, et l'idée qu'elle imagine en se jouant serait la ruine de mon repos si j'étais capable d'y être sensible. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 3
235 LÉLIO Un billet m'arrête en chemin : billet diabolique, empoisonné, où l'on écrit que l'on ne veut plus me voir, que ce n'est pas la peine. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
236 LÉLIO M'écrire cela à moi ! qui suis en pleine sécurité, qui n'ai rien fait à cette femme, s'attend-on à cela ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
237 LÉLIO Je serai étonné, déconcerté ; premier degré de folie, car je vois cela tout comme si j'y étais ; après quoi, l'amour-propre s'en mêle, je me croirais méprisé, parce qu'on s'estime un peu, je m'aviserai d'être choqué, me voilà fou complet : deux jours après, c'est de l'amour qui se déclare ; d'où vient-il ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 4
238 LÉLIO D'une petite fantaisie magique qui prend à une femme, et qui plus est, ce n'est pas sa faute à elle : la nature a mis du poison pour nous dans toutes ses idées : son esprit ne peut se retourner qu'à notre dommage, sa vocation est de nous mettre en démence : elle fait sa charge involontairement. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 6
239 LÉLIO Que je suis heureux, dans cette occasion-ci, d'être à l'abri de tous ces périls : le voilà, ce billet insultant, malhonnête ; mais cette réflexion-là me met de mauvaise humeur ; les mauvais procédés m'ont toujours déplu, et le vôtre est un des plus déplaisants, Madame_la_Comtesse ; je suis bien fâché de ne l'avoir pas rendu à Colombine. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 8
240 ARLEQUIN Monsieur, ne me parlez plus d'elle, car, voyez-vous, j'ai dans mon esprit qu'elle est amoureuse, et j'enrage. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
241 ARLEQUIN Oui, je la voyais tantôt qui badinait, qui ne savait que dire, elle tournait autour du pot, je crois même qu'elle a tapé du pied, tout cela est signe d'amour, tout cela mène un homme à mal. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
242 ARLEQUIN Eh, mon maître, ce n'est pas la peine que vous fassiez ce chemin-là pour moi, je ne mérite pas cela, et il vaut mieux que j'aime que de vous coûter tant de dépense. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
243 LÉLIO Plus j'y rêve, et plus je vois qu'il faut que tu sois fou, pour me dire que je lui plais, après son billet et son procédé. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
244 LÉLIO De qui diantre me parles-tu donc, butor ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
245 ARLEQUIN De Colombine : ce n'était donc pas à cause d'elle que vous vouliez me mener à Constantinople ? Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
246 ARLEQUIN Si fait, j'ai remarqué qu'elle vous aimera bientôt. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
247 ARLEQUIN Et je remarque que vous l'aimerez aussi. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
248 LÉLIO Moi, l'aimer ! Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
249 LÉLIO Moi, l'aimer : tiens, tu me feras plaisir de savoir adroitement de Colombine les dispositions où elle se trouve ; car je veux savoir à quoi m'en tenir : et si contre toute apparence, il se trouvait dans son coeur une ombre de penchant pour moi ; vite à cheval : je pars. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
250 ARLEQUIN Vous : il n'y a qu'un moment, mais c'est que la mémoire vous faille, comme à moi : voulez-vous que je vous dise, il est bien aisé de voir que le coeur vous démange ; vous parlez tout seul, vous faites des discours qui ont dix lieues de long, vous voulez vous en aller en Turquie, vous mettez vos bottes, vous les ôtez, vous partez, vous restez, et puis du noir, et puis du blanc : pardi, quand on ne sait ni ce qu'on dit ni ce qu'on fait, ce n'est pas pour des prunes : et moi, que ferai-je après, quand je vois mon maître qui perd l'esprit ? Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
251 LÉLIO Je te dis qu'il ne me reste plus qu'une simple curiosité, c'est de savoir s'il ne se passerait pas quelque chose dans le coeur de la Comtesse, et je donnerais tout à l'heure cent écus pour avoir soupçonné juste. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
252 LÉLIO Écoute, après tout, mon pauvre Arlequin, si tu te fais tant de violence pour ne pas aimer cette fille-là, je ne t'ai jamais conseillé l'impossible. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
253 ARLEQUIN Franchement, Monsieur, la femme est un peu vaurienne, mais elle a du bon : entre nous, je la crois plus ratière que malicieuse : je m'en vais tâcher de rencontrer Colombine, et je ferai votre affaire. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
254 ARLEQUIN Je ne veux pas l'aimer, mais si j'ai tant de peine à me retenir, adieu panier je me laisserai aller ; si vous m'en croyez vous ferez de même : être amoureux et ne l'être pas, ma foi, je donnerai le choix pour un liard. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 3
255 ARLEQUIN C'est misère : j'aime mieux la misère gaillarde que la misère triste : adieu, je vais travailler pour vous. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 4
256 LÉLIO C'est que ce que je pourrais apprendre ne me servirait de rien. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
257 LÉLIO Si elle m'aime, que m'importe ? Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 2
258 LÉLIO Si elle ne m'aime pas, je n'ai pas besoin de le savoir ; ainsi, je ferai mieux de rester comme je suis. Acte 2, sc. 5, LÉLIO, phrase 3
259 ARLEQUIN Monsieur, si je deviens amoureux, je veux avoir la consolation que vous le soyez aussi, afin qu'on dise toujours : tel valet, tel maître : je ne m'embarrasse pas d'être un ridicule, pourvu que je vous ressemble ; si la comtesse vous aime, je viendrai vitement vous le dire, afin que cela vous achève : par bonheur que vous êtes déjà bien avancé, et cela me fait un grand plaisir. Acte 2, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
260 LÉLIO Je prierai pourtant la Comtesse d'ordonner à Colombine de laisser ce malheureux en repos : mais peut-être elle est bien aise elle-même que l'autre travaille à lui détraquer la cervelle, car Madame_la_Comtesse n'est pas dans le goût de m'obliger. Acte 2, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
261 LÉLIO Vous me laissez, faites comme il vous plaira, j'ai la tête remplie de femmes et de tendresses : ces maudites idées-là me suivent partout, elles m'assiègent, Arlequin d'un côté, les folies de la Comtesse de l'autre, et toi aussi. Acte 2, sc. 6, LÉLIO, phrase 3
262 JACQUELINE C'est que Piarre ne m'aime plus, ce méserable-là s'est amouraché de la fille à Thomas : tenez, Monsieur, ce que c'est que la cruauté des hommes, je l'ai vu qui batifolait avec elle ; moi, pour le faire venir, je lui ai fait comme ça avec le bras, et y allons donc, et le vilain qu'il est m'a fait comme cela un geste du coude ; cela voulait dire : va te promener. Acte 2, sc. 6, JACQUELINE, phrase 1
263 JACQUELINE Oh que les hommes sont traîtres ! Acte 2, sc. 6, JACQUELINE, phrase 2
264 LÉLIO C'est pourtant un vice dont il a plu aux femmes d'enrichir l'humanité. Acte 2, sc. 6, LÉLIO, phrase 2
265 JACQUELINE Oh Monsieur, je ne veux pas rester dans le village, car on est si faible ; si ce garçon-là me recharchait, je ne sis pas rancuneuse, il y aurait du rapatriage, et je prétends être brouillée. Acte 2, sc. 6, JACQUELINE, phrase 1
266 JACQUELINE Je m'en vas, Piarre est son valet, et ça me fâche itou contre elle. Acte 2, sc. 6, JACQUELINE, phrase 3
267 LÉLIO Elle m'a fui tantôt : si je me retire, elle croira que je prends ma revanche, et que j'ai remarqué son procédé ; comme il n'en est rien, il est bon de lui paraître tout aussi indifférent que je le suis. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
268 LÉLIO Ce voisinage-là me déplaît : je crois que je ferai fort bien de m'en aller, dût-elle en penser ce qu'elle voudra. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
269 LÉLIO Oh parbleu, c'en est trop, Madame vous m'avez fait l'honneur de m'écrire qu'il était inutile de nous revoir, et j'ai trouvé que vous pensiez juste ; mais je prendrai la liberté de vous représenter, que vous me mettez hors d'état de vous obéir. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
270 LÉLIO Le moyen de ne vous point voir, je me trouve près de vous, Madame, vous venez jusqu'à moi : je me trouve irrégulier sans avoir tort. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 4
271 LA COMTESSE Hélas Monsieur, je ne vous voyais pas : après cela, quand je vous aurais vu, je ne me ferais pas un grand scrupule d'approcher de l'endroit où vous êtes, et je ne me détournerais pas de mon chemin à cause de vous, je vous dirai cependant que vous outrez les termes de mon billet, il ne signifiait pas, haïssons-nous, soyons-nous odieux : si vos dispositions de haine ou pour toutes les femmes, ou pour moi vous l'ont fait expliquer comme cela, et si vous le pratiquez comme vous l'entendez, ce n'est pas ma faute. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
272 LA COMTESSE Je vous plains beaucoup de m'avoir vue, vous souffrez apparemment, et j'en suis fâchée, mais vous avez le champ libre, voilà de la place pour fuir, délivrez-vous de ma vue. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
273 LA COMTESSE Quant à moi, Monsieur, qui ne vous hais ni ne vous aime, qui n'ai ni chagrin ni plaisir à vous voir, vous trouverez bon que j'aille mon train, que vous me soyez un objet parfaitement indifférent, et que j'agisse tout comme si vous n'étiez pas là : je cherche mon portrait, j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte ; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris, et Colombine à qui je l'ai donné pour le remettre à un de mes gens qui part exprès, l'a perdu ; voilà ce qui m'occupe, et si je vous avais aperçu là, il ne m'en aurait coûté que de vous prier très froidement et très poliment de vous détourner. Peut-être même, m'aurait-il pris fantaisie de vous prier de chercher avec moi, puisque vous vous trouvez là : car je n'aurais pas deviné que ma présence vous affligeait ; à présent que je le sais, je n'userai point d'une prière incivile : fuyez vite, Monsieur, car je continue. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 3
274 LÉLIO Madame, je ne veux point être incivil non plus, et je reste, puisque je puis vous rendre service, je vais chercher avec vous. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
275 LA COMTESSE Ah non, Monsieur, ne vous contraignez pas ; allez-vous-en, je vous dis que vous me haïssez, je vous l'ai dit, vous n'en disconvenez point : allez-vous-en donc, ou je m'en vais. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
276 LÉLIO Parbleu, Madame, c'est trop souffrir de rebuts en un jour, et billet et discours, tout se ressemble : adieu, donc, Madame, je suis votre serviteur. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
277 LA COMTESSE Mais à propos, cet étourdi qui s'en va et qui n'a point marqué positivement dans son billet ce qu'il voulait donner à sa fermière ; il me dit simplement qu'il verra ce qu'il doit faire : Ah ! Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
278 LA COMTESSE Je ne suis pas d'humeur à mettre toujours la main à la plume: je me moque de sa haine, il faut qu'il me parle. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
279 LÉLIO Oui, Madame, je reviens, j'ai quelque chose à vous dire, et puisque vous voilà, ce sera un billet d'épargné et pour vous et pour moi. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
280 LÉLIO C'est que le neveu de votre fermier ne doit plus compter sur Jacqueline : Madame, cela doit vous faire plaisir, car cela finit le peu de commerce forcé que nous avons ensemble. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
281 LA COMTESSE Le commerce forcé ! Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
282 LA COMTESSE Pourquoi donc, s'il vous plaît, Jacqueline ne veut-elle pas de ce jeune homme ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 4
283 LÉLIO Je vous le demande, Madame, cela n'est point à mon usage, et vous le définiriez mieux que moi. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
284 LA COMTESSE Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-ci, si vous vouliez : il est de votre ouvrage apparemment ; je me mêlais de leur mariage, cela vous fatiguait, vous avez tout arrêté : je vous suis obligée de vos égards. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
285 LÉLIO Moi, Madame ! Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
286 LÉLIO Eh je n'en doute pas, Madame, je n'en doute pas. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
287 LA COMTESSE Vous avez rompu avec les femmes, moi avec les hommes : vous n'avez pas changé de sentiments, n'est-il pas vrai ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 3
288 LA COMTESSE Oh mettez-vous dans l'esprit que mon opiniâtreté vaut bien la vôtre, et que je n'en démordrai point. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 7
289 LÉLIO Eh Madame, vous m'en avez accablé de preuves d'opiniâtreté ; ne m'en donnez plus, voilà qui est fini. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
290 LA COMTESSE Eh bien, Monsieur, vous ne m'aimerez jamais, cela est-il si triste ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 3
291 LA COMTESSE Oh je le vois bien, je vous ai écrit qu'il ne fallait plus nous voir, et je veux mourir si vous n'avez pris cela pour quelque agitation de coeur ; assurément vous me soupçonnez de penchant pour vous. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 4
292 LA COMTESSE Vous m'assurez que vous n'en aurez jamais pour moi : vous croyez me mortifier, vous le croyez, Monsieur_Lélio, vous le croyez, vous dis-je, ne vous en défendez point. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 6
293 LA COMTESSE J'espérais que vous me divertiriez en m'aimant : vous avez pris un autre tour, je ne perds point au change, et je vous trouve très divertissant comme vous êtes. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 7
294 LÉLIO Ma foi, Madame, nous ne nous ennuierons donc point ensemble, si je vous réjouis, vous n'êtes point ingrate : vous espériez que je vous divertirais, mais vous ne m'aviez pas dit que je serais diverti. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
295 LÉLIO Quoi qu'il en soit, brisons là-dessus ; la comédie ne me plaît pas longtemps, et je ne veux être ni acteur ni spectateur. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
296 LA COMTESSE Écoutez, Monsieur, vous m'avouerez qu'un homme à votre place, qui se croit aimé, surtout quand il n'aime pas, se met en prise ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
297 LÉLIO Je ne pense point que vous m'aimez, Madame, vous me traitez mal, mais vous y trouvez du goût : n'usez point de prétexte, je vous ai déplu d'abord ; moi spécialement je l'ai remarqué, et si je vous aimais, de tous les hommes qui pourraient vous aimer, je serais peut-être le plus humilié, le plus raillé, et le plus à plaindre. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
298 LA COMTESSE Vous vous trompez, je serais fâchée que vous m'aimassiez ; parce que j'ai résolu de ne point aimer : mais quelque chose que j'aie dit, je croirais du moins devoir vous estimer. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
299 LA COMTESSE Vous êtes injuste, je ne suis pas sans discernement : Mais à quoi bon faire cette supposition, que si vous m'aimiez je vous traiterais plus mal qu'un autre ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
300 LA COMTESSE La supposition est inutile, puisque vous n'avez point envie de faire l'essai de mes manières, que vous importe ce qui en arriverait ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 2
301 LA COMTESSE Cela vous doit être indifférent ; vous ne m'aimez pas ? Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 3
302 LÉLIO Je vous prie, point de menace, Madame : vous m'avez tantôt offert votre amitié, je ne vous demande que cela, je n'ai besoin que de cela : ainsi vous n'avez rien à craindre. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 2
303 LÉLIO Moins gênée ; ma foi Madame, il ne faut pas que vous la soyez du tout, et tout bien pesé, je crois que nous ferons mieux de suivre les termes de votre billet. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
304 LA COMTESSE Oh de tout mon coeur : allons, Monsieur, ne nous voyons plus : je fais présent de cent pistoles au neveu de mon fermier ; vous me ferez savoir ce que vous voulez donner à la fille, et je verrai si je souscrirai à ce mariage, dont notre rupture va lever l'obstacle que vous y avez mis : soyons-nous inconnus l'un à l'autre ; j'oublie que je vous ai vu : je ne vous reconnaîtrai pas demain. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
305 LÉLIO Et moi, Madame, je vous reconnaîtrai toute ma vie, je ne vous oublierai point, vos façons avec moi, vous ont gravé pour jamais dans ma mémoire. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
306 LA COMTESSE Vous m'y donnerez la place qu'il vous plaira, je n'ai rien à me reprocher, mes façons ont été celles d'une femme raisonnable. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
307 LÉLIO Morbleu, Madame, vous êtes une dame raisonnable, à la bonne heure, mais accordez donc cette lettre avec vos premières honnêtetés et avec vos offres d'amitié : cela est inconcevable, aujourd'hui votre ami, demain rien. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
308 LÉLIO Pour moi, Madame, je ne vous ressemble pas, et j'ai le coeur aussi jaloux en amitié, qu'en amour : ainsi nous ne nous convenons point. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 3
309 LA COMTESSE Adieu, Monsieur, vous parlez d'un air bien dégagé, et presque offensant, si j'étais vaine : cependant, et si j'en crois Colombine, je vaux quelque chose, à vos yeux mêmes. Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
310 LÉLIO Un moment : vous êtes de toutes les dames que j'ai vues celle qui vaut le mieux, je sens même que j'ai du plaisir à vous rendre cette justice-là : Colombine vous en a dit davantage ; c'est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre:: Madame, je vous en avertis, ainsi n'en croyez jamais au rapport de vos domestiques. Acte 2, sc. 7, LÉLIO, phrase 1
311 LA COMTESSE Comment ! Acte 2, sc. 7, LA COMTESSE, phrase 1
312 COLOMBINE Que me voulez-vous ? Madame. Acte 2, sc. 8, COLOMBINE, phrase 1
313 LA COMTESSE Je vous trouve bien hardie d'oser, suivant votre petite cervelle, tirer de folles conjectures de mes sentiments ; et je voudrais bien vous demander sur quoi vous avez compris que j'aime Monsieur, à qui vous l'avez dit? Acte 2, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 1
314 COLOMBINE Je vous jure que je l'ai cru comme je l'ai dit, et je l'ai dit pour le bien de la chose. Acte 2, sc. 8, COLOMBINE, phrase 2
315 COLOMBINE Cela ira là, et si la chose arrive, je n'aurai fait aucun mal : à votre égard, Madame, je vais vous expliquer sur quoi j'ai pensé que vous aimiez. Acte 2, sc. 8, COLOMBINE, phrase 4
316 LÉLIO Je suis honteux d'être la cause de cette explication-là, mais vous pouvez être persuadée que ce qu'elle a pu me dire ne m'a fait aucune impression : non, Madame, vous ne m'aimez point, et j'en suis convaincu, et je vous avouerai même dans le moment où je suis, que cette conviction m'est nécessaire : je vous laisse. Acte 2, sc. 8, LÉLIO, phrase 1
317 LÉLIO Si nos paysans se raccommodent, je verrai ce que je puis faire pour eux : puisque vous vous intéressez à leur mariage, je me ferai un plaisir de le hâter, et j'aurai l'honneur de vous porter tantôt ma réponse, si vous me le permettez. Acte 2, sc. 8, LÉLIO, phrase 4
318 LA COMTESSE Que vient-il de me dire ! Acte 2, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 2
319 LA COMTESSE Cette conviction m'est absolument nécessaire ! Acte 2, sc. 8, LA COMTESSE, phrase 4
320 COLOMBINE Tous les diamants y sont, rien n'y manque, hors le portrait que Monsieur_Lélio a gardé : c'est un grand bonheur que vous ayez trouvé cela ; je vous rends la boîte, il est juste que vous la donniez vous-même à Madame_la_Comtesse : adieu, je suis pressée. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
321 ARLEQUIN Eh là, là, ne vous en allez pas si vite, je suis de si bonne humeur. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
322 ARLEQUIN Et allons donc, faut-il avoir des manières comme cela avec moi ? Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
323 ARLEQUIN Vous me traitez de Monsieur, cela est-il honnête ? Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 2
324 ARLEQUIN Me dire comment je me porte : par exemple, me faire de petites questions. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
325 ARLEQUIN Arlequin par-ci, Arlequin par-là ; me demander comme tantôt, si je vous aime : que sait-on ? Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 2
326 COLOMBINE Non, vous haïssez trop les femmes. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
327 COLOMBINE Et moi, à compter d'aujourd'hui, je me brouille avec les hommes, dans un an, ou deux, je me raccommoderai peut-être avec ces nigauds-là. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 1
328 ARLEQUIN Il faudra donc que je me tienne pendant ce temps-là les bras croisés à vous voir venir, moi. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
329 COLOMBINE Je vous entends, vous m'aimez, j'en suis fâchée, mon ami : le Ciel vous assiste ! Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
330 ARLEQUIN Mardi oui, je t'aime. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
331 ARLEQUIN Tu verras, va ; je cours tirer bouteille, pour commencer. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 3
332 ARLEQUIN M'aimeras-tu après cette autre impertinence-là ? Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
333 ARLEQUIN Il est défendu de mentir. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 2
334 COLOMBINE Tu me parais vraiment repentant, cela me fait plaisir. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 3
335 ARLEQUIN Tu m'aimeras au moins ? Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
336 ARLEQUIN Je me sens plus léger qu'une plume. Acte 3, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
337 COLOMBINE N'oublions rien pour les conduire à s'avouer qu'ils s'aiment : quand tu rendras la boîte à la Comtesse, ne manque pas de lui dire pourquoi ton maître en garde le portrait ? Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 2
338 COLOMBINE Je la vois qui rêve, retire-toi, et reviens dans un moment, de peur qu'en nous voyant ensemble, elle ne nous soupçonne d'intelligence. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 3
339 COLOMBINE J'ai dessein de la faire parler ; je veux qu'elle sache qu'elle aime : son amour en ira mieux, quand elle se l'avouera. Acte 3, sc. 1, COLOMBINE, phrase 4
340 COLOMBINE Je n'en sais rien, Madame, je le fais chercher. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
341 LA COMTESSE N'a-t-il rien à me dire de la part de son maître ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
342 COLOMBINE Non, Madame. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
343 LA COMTESSE Avez-vous dit au cocher de mettre les chevaux au carrosse ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
344 COLOMBINE Non, vraiment. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
345 LA COMTESSE Comment, deviner ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
346 COLOMBINE Ce qui n'a jamais été dit n'a pas été répété, Madame, cela est clair : demandez cela à tout le monde. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
347 COLOMBINE Peut-on vous demander où vous vouliez aller Madame ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
348 LA COMTESSE Pour quitter Lélio, qui s'avise de m'aimer, je pense. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
349 COLOMBINE Rassurez-vous, Madame, je crois maintenant qu'il n'en est rien. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
350 LA COMTESSE Je vous trouve plaisante de me venir dire, qu'il n'en est rien ; vous de qui je sais la chose en partie. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
351 COLOMBINE Cela est vrai, je l'avais cru, mais je vois que je me suis trompée. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
352 COLOMBINE Mais, Madame, tout le monde se peut tromper. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
353 LA COMTESSE Je vous dis encore une fois que cet homme-là m'aime, et que je vous trouve ridicule de me disputer cela ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
354 LA COMTESSE Prenez-y garde, vous me répondrez de cet amour-là, au moins ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
355 COLOMBINE Moi, Madame, m'a-t-il donné son coeur en garde ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
356 COLOMBINE Eh, que vous importe qu'il vous aime ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
357 COLOMBINE Voilà un sujet de querelle furieusement tiré par les cheveux : cela est bien subtil ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
358 LA COMTESSE Monsieur Lélio vous aime, Madame, j'en suis certaine, votre billet l'a piqué, il l'a reçu en colère, il l'a lu de même, il a pâli, il a rougi. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
359 LA COMTESSE Dites-moi, sur un pareil rapport, qui est-ce qui ne croira pas qu'un homme est amoureux ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
360 LA COMTESSE Moi, je compte là-dessus, je prends des mesures pour me retirer. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 4
361 LA COMTESSE Mesures perdues. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 5
362 COLOMBINE Quelles si grandes mesures avez-vous donc prises, Madame ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
363 COLOMBINE Au bout du compte tant mieux s'il ne vous aime point. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 3
364 LA COMTESSE Oh vous croyez que cela va comme votre tête, avec votre tant mieux : il serait à souhaiter qu'il m'aimât, pour justifier le reproche que je lui en ai fait, je suis désolée d'avoir accusé un homme d'un amour qu'il n'a pas : mais si vous vous êtes trompée, pourquoi Lélio m'a-t-il fait presque entendre qu'il m'aimait ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
365 LA COMTESSE Me prenez-vous pour une bête ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
366 LA COMTESSE Que signifie le discours qu'il m'a tenu en me quittant : Madame vous ne m'aimez point, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; n'est-ce pas tout comme s'il m'avait dit, je serais en danger de vous aimer, si je croyais que vous puissiez m'aimer vous-même ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
367 LA COMTESSE Allez, allez, vous ne savez ce que vous dites, c'est de l'amour que ce sentiment-là. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
368 COLOMBINE Je la crois pourtant aussi naturelle que la vôtre, Madame ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
369 COLOMBINE Vous savez que Monsieur_Lélio fuit les femmes ! Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
370 COLOMBINE Cela posé, examinons ce qu'il vous dit : vous ne m'aimez pas, Madame, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; c'est-à-dire pour rester où vous êtes, j'ai besoin d'être certain que vous ne m'aimez pas, sans quoi je décamperais, c'est une pensée désobligeante, entortillée dans un tour honnête, cela me paraît assez net. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
371 COLOMBINE Cet air-là, Madame, peut ne signifier encore qu'un homme honteux de dire une impertinence, et qui l'adoucit le plus qu'il peut. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
372 LA COMTESSE Par quel esprit de contradiction veux-tu penser autrement ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
373 LA COMTESSE J'y étais, je m'y connais, ou bien Lélio est le plus fourbe de tous les hommes ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
374 LA COMTESSE Et s'il ne m'aime pas, je fais voeu de détester son caractère ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 4
375 LA COMTESSE Oui son honneur y est engagé, il faut qu'il m'aime, ou qu'il soit un malhonnête homme ; car il a donc voulu me faire prendre le change ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
376 COLOMBINE Il vous aimait peut-être, et je lui avais dit que vous pourriez l'aimer ; mais vous vous êtes fâchée, et j'ai détruit mon ouvrage : j'ai dit tantôt à Arlequin que vous ne songiez nullement à lui : que j'avais voulu flatter son maître pour me divertir, et qu'enfin Monsieur_Lélio était l'homme du monde que vous aimeriez le moins. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
377 LA COMTESSE De quoi vous avisez-vous d'aller mortifier un homme à qui je ne veux point de mal ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 3
378 LA COMTESSE Que j'estime ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 4
379 LA COMTESSE En vérité, vous avez juré de me désobliger ! Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 5
380 COLOMBINE Tenez, Madame, dussiez-vous me quereller, vous aimez cet homme à qui vous ne voulez point de mal ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
381 COLOMBINE Oui, vous l'aimez. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
382 COLOMBINE Madame, il n'y a que l'intention de punissable ; et je fais serment que je n'ai eu nul dessein de vous fâcher ; je vous respecte et je vous aime, vous le savez. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
383 COLOMBINE Je vous l'avoue, une seule chose me chagrine : c'est de m'apercevoir que vous manquez de confiance pour moi, qui ne veux savoir vos secrets que pour vous servir ; de grâce, ma chère maîtresse, ne me donnez plus ce chagrin-là, récompensez mon zèle pour vous, ouvrez-moi votre coeur, vous n'en serez point fâchée. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
384 COLOMBINE Voilà un soupir : c'est un commencement de franchise ; achevez donc ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
385 COLOMBINE Madame. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
386 LA COMTESSE Est-ce que j'aimerais ? Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 2
387 COLOMBINE Je crois que oui : mais d'où vient vous faire un si grand monstre de cela, eh bien, vous aimez, voilà qui est bien rare ! Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
388 LA COMTESSE Non, je n'aime point encore. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 1
389 LA COMTESSE Quand je suis venue ici, j'étais triste ; tu me demandais ce que j'avais : ah Colombine ! Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 5
390 LA COMTESSE C'était un pressentiment du malheur qui devait m'arriver. Acte 3, sc. 2, LA COMTESSE, phrase 6
391 COLOMBINE Voici Arlequin qui vient à nous, renfermez vos regrets. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
392 ARLEQUIN Madame, mon maître m'a dit que vous avez perdu une boîte de portrait ; je sais un homme qui l'a trouvée ; de quelle couleur est-elle ? Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
393 COLOMBINE Te méfies-tu de Madame ? Acte 3, sc. 3, COLOMBINE, phrase 2
394 ARLEQUIN Mais c'est la coutume d'interroger le monde pour plus grande sûreté : je n'y pense point à mal. Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
395 ARLEQUIN La voilà, Madame, un autre que vous ne la verrait pas, mais vous êtes une femme de bien. Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
396 LA COMTESSE C'est la même, tiens, prends cela en revanche. Acte 3, sc. 3, LA COMTESSE, phrase 1
397 LA COMTESSE Il me garde mon portrait, qu'en veut-il faire ? Acte 3, sc. 3, LA COMTESSE, phrase 1
398 ARLEQUIN Motus, le pauvre homme en tient. Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 3
399 COLOMBINE Madame, la cousine dont il parle, peut être morte, mais la cousine qu'il ne dit pas se porte bien, et votre cousin n'est pas votre parent. Acte 3, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
400 ARLEQUIN De ce drôle de cousin : mon maître croit bonnement qu'il garde le portrait à cause de la cousine ; et il ne sait pas que c'est à cause de vous, cela est risible, il fait des quiproquos d'apothicaire. Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
401 COLOMBINE Comment, des injures ? Acte 3, sc. 3, COLOMBINE, phrase 1
402 ARLEQUIN Oui, je l'ai laissé là-bas qui se fâche contre le visage de Madame ; il le querelle tant qu'il peut de ce qu'il aime. Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
403 ARLEQUIN Quelquefois il met de bons gros soupirs au bout des mots qu'il dit : Oh ! Acte 3, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 3
404 LA COMTESSE Colombine, il faut absolument qu'il me rende mon portrait, cela est de conséquence pour moi : je vais lui demander, je ne souffrirai pas mon portrait entre les mains d'un homme. Acte 3, sc. 3, LA COMTESSE, phrase 1
405 LÉLIO Colombine, où est Madame_la_Comtesse ? Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
406 COLOMBINE Madame_la_Comtesse va, je pense, partir tout à l'heure pour Paris. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
407 LÉLIO Quoi, sans me voir ! Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
408 LÉLIO Sans me l'avoir dit ! Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 2
409 LÉLIO De quoi je me plains ? Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
410 LÉLIO Partir sans me dire adieu, et vous voulez que je sois un homme de bon sens, et que je m'accommode de cela, moi ! Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 3
411 LÉLIO Non, les procédés bizarres me révolteront toujours. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 3
412 LÉLIO Oh doucement, je veux du vrai dans mes amis, des manières franches et stables, et je n'en trouve point là ; dorénavant je ferai mieux de n'être ami de personne, car je vois bien qu'il n'y a que du faux partout. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 2
413 COLOMBINE Lui ferai-je vos compliments ? Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
414 COLOMBINE Je vois bien que je ne ferai rien par la feinte, il vaut mieux vous parler franchement. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
415 COLOMBINE Monsieur, Madame_la_Comtesse ne part pas, elle attend pour se déterminer qu'elle sache si vous l'aimez, ou non ; mais dites-moi naturellement vous-même ce qui en est, c'est le plus court ? Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 2
416 LÉLIO C'est le plus court il est vrai, mais j'y trouve pourtant de la difficulté, car enfin dirai-je que je ne l'aime pas ? Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
417 LÉLIO Mais, Madame_la_Comtesse est aimable, et ce serait une grossièreté. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
418 COLOMBINE Eh bien, dites que vous l'aimez. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
419 LÉLIO Mais en vérité c'est une tyrannie que cette alternative-là ; si je vais dire que je l'aime, cela dérangera peut-être Madame_la_Comtesse ? Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
420 LÉLIO Cela la fera partir, si je dis que je ne l'aime point ? Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 2
421 LÉLIO Mon indifférence, voilà un beau rapport, et cela me ferait un joli cavalier. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
422 LÉLIO Vous me mettez dans une désagréable situation. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 1
423 LÉLIO Dites-lui que je suis plein d'estime, de considération et de respect pour elle. Acte 3, sc. 4, LÉLIO, phrase 2
424 COLOMBINE Vous me faites pitié. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
425 COLOMBINE Oui, et vous êtes un étrange homme, de ne m'avoir pas confié que vous l'aimiez. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
426 COLOMBINE Ah vous voilà dans le ton, songez à dire toujours de même, entendez-vous monsieur de l'ermitage ? Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
427 COLOMBINE Rien, sinon que je vous ai donné la question, et que vous avez jasé dans vos souffrances : tenez vous gai, l'homme indifférent, tout ira bien. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 1
428 COLOMBINE Arlequin, je te le recommande, instruis-le plus amplement, je vais chercher l'autre. Acte 3, sc. 4, COLOMBINE, phrase 3
429 ARLEQUIN C'est maintenant qu'il faut dire : va comme je te pousse : vive l'amour, mon cher maître, et faites chorus, car il n'y a pas deux chemins : il faut passer par là, ou par la fenêtre. Acte 3, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
430 LÉLIO Ah je suis un homme sans jugement. Acte 3, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
431 LÉLIO Arlequin, je ne devais jamais revoir de femmes. Acte 3, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
432 LÉLIO Il me prend envie de m'enfermer chez moi, et de n'en sortir de six mois. Acte 3, sc. 5, LÉLIO, phrase 1
433 ARLEQUIN Vous dites une chanson, et je l'accompagne : ne vous fâchez pas, j'ai de bonnes nouvelles à vous apprendre ; cette Comtesse vous aime, et la voilà qui vient vous donner le dernier coup à vous. Acte 3, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
434 LÉLIO Madame, je m'en doute du moins, et je consens à tout : nos paysans se sont raccommodés et je donne à Jacqueline autant que vous donnez à son amant : c'est de quoi j'allais prendre la liberté de vous informer. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
435 LA COMTESSE C'est mon portrait, qu'on m'a dit que vous avez, et je viens vous prier de me le rendre, rien ne vous est plus inutile. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
436 LÉLIO Madame, il est vrai qu'Arlequin a trouvé une boîte de portrait que vous cherchiez ; je vous l'ai fait remettre sur-le-champ ; s'il vous a dit autre chose, c'est un étourdi, et je voudrais bien lui demander où est le portrait dont il parle ? Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
437 ARLEQUIN Si fait, Monsieur, vous vous souvenez bien que vous lui avez parlé tantôt, je vous l'ai vu mettre après dans la poche du côté gauche. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
438 LÉLIO Ah, Madame, vous pouvez m'en croire. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
439 ARLEQUIN Tenez, Monsieur, tâtez, Madame, le voilà. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
440 LA COMTESSE Cela est vrai, il me paraît que c'est lui. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
441 LÉLIO Le voulez-vous, Madame ? Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 2
442 LÉLIO Comment donc cela s'est-il fait ? Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
443 ARLEQUIN C'est que vous vouliez le garder, à cause, disiez-vous, qu'il ressemblait à une cousine qui est morte, et moi,qui suis fin, je vous disais que c'était à cause qu'il ressemblait à Madame, et cela était vrai. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 2
444 LÉLIO En vérité Madame, je ne comprends pas ce coquin-là. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
445 LÉLIO Tu me la paieras. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
446 ARLEQUIN Madame_la_Comtesse ! Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1
447 ARLEQUIN Voilà Monsieur qui me menace derrière vous. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 2
448 ARLEQUIN Madame, vous me feriez bien du plaisir de l'obliger à vous dire qu'il vous aime, il n'aura pas plus tôt avoué cela, qu'il me pardonnera. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 2
449 LÉLIO Eh, Madame, je vous assure que je ne lui veux aucun mal, il faut qu'il ait l'esprit troublé : retire-toi et ne nous romps plus la tête de tes sots discours. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
450 LÉLIO Je vous prie Madame de n'être point fâchée de ce que j'avais votre portrait, j'étais dans l'ignorance. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
451 LA COMTESSE Effectivement. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
452 LÉLIO Il n'y a personne qui ne se persuade là-dessus que je vous aime. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
453 LA COMTESSE Je l'aurais cru moi-même, si je ne vous connaissais pas. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
454 LÉLIO Quand vous le croiriez encore, je ne vous estimerais guère moins clairvoyante. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
455 LA COMTESSE On n'est pas clairvoyante quand on se trompe, et je me tromperais. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
456 LÉLIO Moi, Madame : vous êtes la maîtresse. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
457 LA COMTESSE D'aimer ou de n'aimer pas. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
458 LÉLIO Je vous reconnais : l'alternative est bien de vous, Madame ! Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
459 LÉLIO Ce qu'apparemment vous n'avez pas pensé. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
460 LÉLIO Vous ne me le pardonneriez jamais. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
461 LÉLIO Eh bien, Madame ! Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
462 LÉLIO Me voilà expliqué, m'entendez-vous ? Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 2
463 LÉLIO Vous ne répondez rien ; vous avez raison : mes extravagances ont combattu trop longtemps contre vous, et j'ai mérité votre haine. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 3
464 LÉLIO Non, Madame, condamnez-moi, ou faites-moi grâce. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
465 LA COMTESSE Ne me demandez rien à présent : reprenez le portrait de votre parente, et laissez-moi respirer. Acte 3, sc. 6, LA COMTESSE, phrase 1
466 PIERRE Parguenne ça me boute la joie au coeur. Acte 3, sc. 6, PIERRE, phrase 1
467 LÉLIO Ne vous mettez en peine de rien, mes enfants, j'aurai soin de votre noce. Acte 3, sc. 6, LÉLIO, phrase 1
468 PIERRE Grand marci : mais morgué, pisque je sommes en joie, j'allons faire venir les ménétriers que j'avons retenus. Acte 3, sc. 6, PIERRE, phrase 1
469  LE CHANTEUR S'amuse à me manquer de foi ; Acte 3, sc. 7, v. 2
470  LE CHANTEUR Je ne dis mot, je me tiens coi ; Acte 3, sc. 7, v. 7
471  LE CHANTEUR Me dit : J'enrage contre toi. Acte 3, sc. 7, v. 12
472  LA CHANTEUSE Colas me disait l'autre jour : Acte 3, sc. 7, v. 13
473  ARLEQUIN Femmes, nous étions de grands fous Acte 3, sc. 7, v. 19
474  ARLEQUIN Si de chaque femme volage Acte 3, sc. 7, v. 21

 

Nombre d'occurences de l'expression : me
par acte et par personnage

LA SURPRISE DE L'AMOUR (1723)
MARIVAUX
 Acte 1 Acte 2 Acte 3 Total
PIERRE150217
JACQUELINE144018
LÉLIO000152
ARLEQUIN23252977
LA COMTESSE25323693
COLOMBINE213247100
LE BARON130013
LE CHANTEUR0033
LA CHANTEUSE0011
 Total161158155474

Graphique

 Locuteurs20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 
 PIERRE152 
 JACQUELINE144 
 LÉLIO506537 
 ARLEQUIN232529 
 LA COMTESSE253236 
 COLOMBINE213247 
 LE BARON13 
 LE CHANTEUR3 
 LA CHANTEUSE1 

Légende

 Acte 1  Acte 2  Acte 3 

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